arrêtés de catastrophe naturelle dans les communes littorales

Transcription

arrêtés de catastrophe naturelle dans les communes littorales
Contexte
Les communes littorales françaises hébergent plus de 7,5 millions d’habitants et ont une capacité d’accueil
touristique très élevée. A la rencontre entre la terre et la mer, ces communes sont confrontées à des aléas
naturels terrestres (crues torrentielles et feux de forêt en zone méditerranéenne, retrait/gonflement des argiles en
Charente-Maritime, risques sismiques dans les Antilles…) mais aussi à des aléas dus à la proximité de la mer
comme la submersion et l’érosion marines. Ainsi, les communes littorales comportent des enjeux importants et
sont soumises à de nombreux aléas naturels. Le littoral est donc un territoire à risques.
Risques
Indicateur : arrêtés de catastrophe naturelle dans les communes littorales
Il est important de caractériser les risques naturels dans ces communes : évaluation des enjeux, connaissance
des aléas et caractérisation des évènements naturels majeurs ; la connaissance de la population présente tout
au long de l’année est donc intéressante à déterminer.
Définitions
Lors d’évènements importants, l'état de catastrophe naturelle (catnat) peut être constaté par un arrêté
interministériel. Il précise l’aléa, les communes touchées, la période concernée ainsi que la nature des
dommages occasionnés et permet aux personnes concernées d’être indemnisées par leurs assurances.
Les aléas pris en compte sont nombreux. Ils sont regroupés en 8 catégories dans cette fiche :
- inondation intérieure : inondations de plaine, crues, inondations locales, inondations par remontée de
nappes avec leurs phénomènes associés (coulées de boues, glissements de terrain) ;
- inondations marines : raz de marée, submersion marine, chocs mécaniques dus à l'action des vagues, et
phénomènes associés (affaissement, éboulements) ;
- séismes ;
- avalanches ;
- mouvements de terrains, hors sécheresse : glissements et affaissements de terrain, effondrements,
éboulements, lave torrentielle, éboulements de falaise ou de coteaux, chutes de rochers ;
- mouvements de terrains consécutifs à la sécheresse : tassements différentiels dus au phénomène de
retrait et de gonflement des argiles ;
- phénomènes tropicaux : ouragans, cyclones, ondes tropicales et phénomènes associés (coulées de
boues, inondations) ;
- phénomènes atmosphériques : poids de la neige, verglas, tornades et grêle, tempêtes.
On compte un « catnat » pour un arrêté dans une commune. Lorsque plus d’une commune est concernée, un
même aléa correspond à plusieurs « catnat ». Les tempêtes de novembre 1982 et décembre 1999, ayant
concerné un nombre très important de communes sur le territoire métropolitain, ne sont pas prises en compte.
Tous ces « catnat » sont recensés dans la base Gaspar mise en œuvre par la direction générale de la prévention
des Risques du ministère de l’Écologie.
Objectifs
Les enjeux humains et matériels sont importants dans les communes littorales. La densité de population y est
forte et les capacités d’accueil touristique généralement élevées. Un aléa majeur peut donc y avoir un impact très
important. L’analyse des arrêtés de catastrophe naturelle permet de connaitre l’ampleur des évènements
touchant les communes littorales et de pouvoir le comparer au reste du territoire pour comprendre ses
spécificités. Comment évoluent les « catnat » depuis près de 30 ans ? Les communes littorales présentent-elles
des caractéristiques propres par rapport au reste du territoire ? Existe-t-il des différences significatives entre
façades maritimes ? Voici quelques questions auxquelles répond cette fiche.
Indicateur à relier aux indicateurs suivants :
- érosion côtière sur le littoral métropolitain (disponible) ;
- population présente dans les départements littoraux (disponible).
Champ géographique
Ensemble des communes maritimes de métropole (885 communes) et d’outre-mer (89 communes) soumises à la
loi « Littoral ».
Source
MEDDTL - DGPR, base de données Gaspar. Voir : www.prim.net
Date de rédaction, version
Fiche rédigée en mai 2011, version 1.
Observatoire du Littoral Rédaction SOeS
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A retenir
Les arrêtés de catastrophe naturelle sont plus nombreux dans les communes littorales que la moyenne nationale.
On y recense, en moyenne, 4,6 arrêtés par commune contre 2,5 sur l’ensemble du territoire de 1982 à 2009. On
ne distingue pas de tendance claire de l’évolution des « Catnat » dans les communes littorales sur la période
étudiée et très peu de ces communes (3,7 %) n’ont eu aucun « catnat » sur leur territoire. C’est 6 fois moins que
la moyenne française. Par contre, plus de 40 % d’’entre elles ont eu au moins 5 « catnat ».
De 1982 à 2009, les « catnat » sont plus nombreux sur la façade méditerranéenne (6,9 par commune) et en outremer (5,4). Ils sont moins nombreux sur les deux autres façades maritimes, bien que plus importants que la
moyenne nationale : 3,9 catnat/commune en Manche et mer du Nord, et 3,6 en Atlantique.
La répartition des types de « catnat » affectant les communes littorales est différente de la répartition française
moyenne. Les inondations sont importantes sur le littoral métropolitain. Il en est de même pour les mouvements
de terrain hors sécheresse et les phénomènes atmosphériques. Par contre, les mouvements de terrain dus à la
sécheresse (retrait-gonflement des argiles) sont moins nombreux que la moyenne. Sur le littoral ultramarin, les
inondations, dont celles d’origine marine, sont importantes. Les catastrophes naturelles d’origine sismique
représentent une part non négligeable des arrêtés. Les phénomènes tropicaux sont aussi importants. Ils
représentent 30 % des « Catnat ». A l’inverse, on ne compte aucun « catnat » dû au retrait-gonflement des
argiles.
Tableau récapitulatif
Tableau 1 : nombre moyen d’arrêtés de catastrophe naturelle dans les communes
littorales de 1982 à 2009
Source : MEDDTL-DGPR, base Gaspar, 2010. Traitements : SOeS (Observatoire du littoral).
Étude générale
Les arrêtés de catastrophe naturelle sont plus nombreux dans les communes littorales que la moyenne
nationale. Entre 1982 et 2009, on a enregistré, en moyenne, 4,6 arrêtés par commune littorale contre 2,5 pour
l’ensemble du territoire. Cet indicateur est plus élevé sur le littoral ultramarin que sur le littoral métropolitain avec
des valeurs respectives de 5,4 et 4,5.
Le nombre de « catnat » varie fortement d’année en année en fonction des évènements naturels, de leur gravité
et de leur étendue géographique. Les principaux pics correspondent à des évènements majeurs. On peut par
exemple citer la tempête de 1987 ayant touché la Bretagne et la Basse-Normandie ou les inondations de 1999
dans le Languedoc-Roussillon. On ne note pas de tendance claire depuis 1982. Il semble cependant que les
« catnat » étaient plus nombreux durant les années 90 que sur la dernière décennie. La diminution du nombre de
« Catnat » peut cependant être contrebalancée par l’augmentation des enjeux dans les zones à risques
(construction en zone inondable ou submersible par exemple).
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Figure 1 : évolution du nombre d’arrêtés de catastrophe naturelle en France
Source : MEDDTL-DGPR, base Gaspar, 2010. Traitements : SOeS (Observatoire du littoral).
Seulement 3,7 % des communes littorales – 6,7 % en métropole et 3,4 % en outre-mer – n’ont eu aucun arrêté
de catastrophe naturelle sur leur territoire de 1982 à 2009. Elles sont six fois plus nombreuses sur l’ensemble du
territoire où plus d’une commune sur cinq n’en a pas eu.
Par contre, une part très importante des communes du bord de mer a eu plus de 5 « catnat » durant la période
étudiée : elles sont 38,6 % sur le littoral métropolitain et 64,0 % en outre-mer. Ainsi, la moyenne littorale est 2,5
fois supérieure à la moyenne nationale estimée à 17,6 %.
Parmi les 9 communes françaises où plus de 30 « Catnat » ont été recensés depuis 1982, les deux tiers sont
situées sur le littoral de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Figure 2 : répartition des communes suivant le nombre de catnat entre 1982 à 2009
Source : MEDDTL-DGPR, base Gaspar, 2010. Traitements : SOeS (Observatoire du littoral).
Les types de catnat
La nature des arrêtés de catastrophe naturelle affectant les communes littorales de distingue de ceux touchant
l’ensemble du territoire.
Sur le littoral métropolitain, les inondations, qu’elles soient d’origine marine ou terrestre, sont plus nombreuses. Il
en est de même pour les mouvements de terrain hors sécheresse et les phénomènes atmosphériques. Par
contre, les mouvements de terrain dus à la sécheresse (retrait-gonflement des argiles) sont moins nombreux.
Sur le littoral ultramarin, les inondations, dont celles d’origine marine, sont importantes. Les catastrophes
naturelles d’origine sismique représentent une part non négligeable des « catnat » du fait de la situation des
Antilles à la rencontre entre le plancher océanique Atlantique (plaques Nord Amérique et Sud Amérique) et la
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plaque Caraïbe. Les phénomènes tropicaux sont aussi importants. Ils représentent 30 % des « Catnat ». A
l’inverse, on ne compte aucun « catnat » dû au retrait-gonflement des argiles.
Figure 3 : répartition des arrêtés de catastrophe naturelle par type sur l’ensemble du
territoire français de 1982 à 2009
Source : MEDDTL-DGPR, base Gaspar, 2010. Traitements : SOeS (Observatoire du littoral).
Analyse régionale
De 1982 à 2009, le nombre d’arrêtés de catastrophe naturelle par commune varie de 1,25 à 9,9 sur les
différentes façades littorales régionales. Il est minimal en Guyane et maximal en Paca. Il est particulièrement
important sur le littoral méditerranéen où on recense près de 7 arrêtés par commune sur la période étudiée. C’est
près de deux fois plus que sur les deux autres façades maritimes métropolitaines.
Figure 4 : répartition des arrêtés de catastrophe naturelle par type sur les différentes
façades littorales régionales de 1982 à 2009
Source : MEDDTL-DGPR, base Gaspar, 2010. Traitements : SOeS (Observatoire du littoral).
Excepté pour les littoraux de Poitou-Charentes et de Martinique, les inondations, d’origine terrestre ou marine,
représentent la majorité des « catnat » sur les différentes façades littorales régionales. Elles sont
particulièrement importantes en Méditerranée et à la Réunion.
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Les « catnat » concernant les inondations d’origine marine sont assez nombreux à la Réunion et dans les Antilles
qui se démarquent, par ailleurs, par l’importance des phénomènes tropicaux et des séismes.
Les mouvements de terrain dus au retrait-gonflement des argiles sont nombreux sur les littoraux de Paca et
surtout de Poitou-Charentes.
Enfin, les « catnat » dus aux tempêtes se concentrent particulièrement dans l’ouest de la France, en Bretagne,
en Basse-Normandie et en Aquitaine, rivages par où arrivent les grandes tempêtes atlantiques hivernales.
En savoir plus : analyse sur une longue période des submersions et des tsunamis
Les submersions dues aux tempêtes et les tsunamis varient fortement au cours des siècles. Ils ont par exemple
été très nombreux en Atlantique durant le XVIIIème siècle et la première moitié du XXème siècle. En Méditerranéen,
ème
ces évènement ont surtout eu lieu au XIX
siècle.
Figure 5 : tempêtes de submersion et tsunamis depuis 1500
Littoraux saintongeais et vendéens
Littoraux méditerranéens
Note : les tsunamis sont des évènements ayant une origine géologique (séisme, glissement de terrain...).
D’après E. Garnier et F. Surville (Dir.), 2010. La tempête Xynthia face à l’histoire. Submersions et tsunamis sur les littoraux
français du Moyen Âge à nos jours. Ed. Le Croît Vif, 174p.
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Annexe :
La répartition des « Catnat » n’est pas homogène sur le territoire métropolitain.
Certains secteurs sont particulièrement concernés comme :
les zones urbaines : Lille, banlieue parisienne, Toulouse, Tours... ;
certains corridors fluviaux (Rhône, Saône, vallée de la Somme...) ;
les territoires argileux concernés par les problèmes de retrait / gonflement : Seine-et-Marne, Quercy et Périgord,
Touraine et Anjou...
Sur le littoral, quelques zones ressortent particulièrement comme le littoral centre-atlantique, la Côte d’Azur et le littoral
oriental de la Corse.
Figure 5 : arrêtés de catastrophe naturelle dans les communes métropolitaines de 1982
à 2009
Source : MEDDTL-DGPR, base Gaspar, 2010. Traitements : SOeS (Observatoire du littoral).
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