Les équations de Lagrange
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Les équations de Lagrange
1 LES ÉQUATIONS DE LAGRANGE I ÉTABLISSEMENT DES ÉQUATIONS DE LAGRANGE 1. Établissement à partir du principe de moindre action considéré comme admis. - On considère un système mécanique dont la position est définie par les variables : qi (t) i = 1, ..., r. On peut avoir qi = x, y, z ou des i variables angulaires, ou d’autres variables. On a : q̇i = dq dt . On suppose qu’il existe une fonction L [qi (t), q̇i(t), t] appelée Lagrangien telle que : S= Z t 2 t1 L [qi (t), q̇i(t), t] dt S est l’action du système. On suppose que la trajectoire réelle dans l’espace des qi : Espace de configuration, est, parmi toutes les trajectoires possibles allant de A à l’instant t1 à B à l’instant t2 , celle qui rend la variation δS pour une petite variation du parcours (en trajectoire spatiale ou en vitesse, ou les deux) nulle : δS = 0. C’est l’analogue du principe de Fermat où δt = 0, le temps de parcours est minimal pour la trajectoire réelle de la lumière. Z t " ∂L 2 # ∂L δS = δqi (t) + δ q˙i (t) dt t1 ∂qi ∂ q˙i # " d dqi = [δqi ] δ q˙i (t) = δ dt dt Z t 2 t1 ∂L d [δqi ] dt = ∂ q˙i dt t2 =0 }| { z ∂L δq i ∂ q̇ i − Z t 2 t1 δqi d ∂L dt dt ∂ q˙i t1 δS = Z t 2 t1 ! d ∂L ∂L − δqi dt = 0 ∀ δqi (t) ∂qi dt ∂ q˙i (Il y a sommation sur i). ⇒ ∀i d ∂L ∂L − = 0 Équations de Lagrange dt ∂ q̇i ∂qi 1 L = T − V = Σ mq˙i 2 − V (q1...qr , t) 2 1 action 1 " mq¨i = Fi . # ∂V ∂V mq¨i − − = 0 mq¨i = − = Fi ∂qi ∂qi On retrouve bien les équations de Newton. 2. Établissement à partir de la loi de Newton : F~ = m~a - Soit un système constitué d’un ensemble de solides soumis à des liaisons entre eux, et avec des objets extérieurs qui peuvent bouger. Les liaisons ne sont pas dissipatives et sont donc du type roulement sans glissement, ou glissement pur sans frottement. Ce système contient N points matériels ayant chacun trois coordonnées, dont les mouvements peuvent être complètement décrit par r paramètres : q1, ..., qi, ..., qr et le temps t : xk = xk (q1, ..., qi, ..., qr , t) ∂xk δqi à t constant i ∂qi (principe des travaux virtuels); mk ẍk = fk . Pour un ensemble de δqi absolument quelconques : X X ∂xk (−fk + mk ẍk ) δxk = (−fk + mk x¨k ) δqi = 0 ∂qi k ik δxk = X Cela exige que le coefficient de chacun des δqi soit nul, soit : Pi − Qi = 0 (r relations) avec : X ∂xk ∂xk ẍk et Qi = fk ∂qi k ∂qi k Introduisons l’énergie cinétique du système : 1X T = mk ẋ2k = T (qi, q̇i, t) (qi représente l’ensemble des q1 ...qr ) 2 k Pi = X mk X ∂xk δqi = Qiδqi ∂qi i k ik ∂V On a donc : Qi = − ∂qi Par ailleurs, nous pouvons écrire : X fk δxk = −δV = X fk d X d ∂xk ∂xk X P i = mk ẋk − mk ẋk dt k ∂qi dt ∂qi k ! Remarquons alors que : a) b) ∂xk ∂ ẋk car ∂ q̇i = ∂qi d ∂xk ∂ 2 xk = dt ∂qi ∂qi ∂t P ∂xk dxk ∂xk dt = ∂t + i ∂qi q̇i P ∂ 2 xk ∂ dxk ∂ ẋk j ∂qi ∂qj q̇j = ∂qi dt = ∂qi ẋk = + 2 On peut alors écrire : ∂ ẋk X ∂ ẋk d X Pi = mk ẋk − mk ẋk dt k ∂ q̇i ∂qi k ! ∂T d ∂T − c’est à dire : Pi = dt ∂ q̇i ∂qi Nous voyons ainsi apparaı̂tre la quantité ∂∂Tq̇i = pi; pi sera désigné sous le nom de moment conjugué de la coordonnée qi. Les équations Pi − Qi = 0 prennent donc la forme : ∂V dpi ∂T =− − dt ∂qi ∂qi soit, en introduisant la “fonction de Lagrange”(ou “Lagrangien”) du système L = T − V , et en remarquant que V ne dépend pas des q̇i : pi = ∂L ; ∂ q̇i dpi ∂L = ṗi = dt ∂qi On obtient ainsi les r équations de Lagrange : ! d ∂L ∂L − =0 dt ∂ q̇i ∂qi dont l’intégration fournira la loi d’évolution du système, c’est à dire l’ensemble des lois de variation qi(t). II DÉVELOPPEMENTS THÉORIQUES 1. Le Hamiltonien - pi = ∂∂L q˙i ; on pose : H = pi q˙i −L. H est le hamiltonien; si L ne dépend pas de t, H = Cte = Énergie du système : ∂L dL ∂L = q̇i + q̈i dt ∂qi ∂ q̇i ! ∂L d ∂L d ∂L dL q̇i − L = q̈i + q̇i − dt ∂ q̇i ∂ q̇i dt ∂ q̇i dt ∂L ∂L dL = q̈i + q̇i − =0 ∂ q̇i ∂qi dt L = pi q˙i − H et S = Z t 2 t1 Ldt = Z t 2 t1 pidqi − Hdt δS = 0 avec cette expression mène aux équations canoniques de Hamilton : q˙j = ∂H ∂pj p˙j = − ∂H ∂qj 3 qui fournissent une nouvelle méthode de résolution d’un problème de mécanique, c’est à dire de détermination du mouvement. En effet, montrons le pour une seule coordonnée q : ∂H ∂H δqdt − δpdt ∂q ∂p Z Z Z pdδq = pδq − δqdp = − δqdp ! ! Z ∂H ∂H dq − dp + dt δp − dt δq = 0 ∂p ∂q ∀ δp ∀ δq ∂H ∂H ⇒ dq = dt dp = − dt ∂p ∂q dq ∂H dp ∂H = =− dt ∂p dt ∂q δS = δS = Z Z δpdq + pdδq − 2. L’Action en fonction des coordonnées et du temps. - On ne compte que les trajectoires physiques effectivement suivies par le système. On choisi un point origine (qi0 , t0). Au point (qi, t) on a : S(qi, t) = Z t t0 L(qi, q̇i, t)dt le long de la trajectoire supposée unique effectivement suivie pour arriver à {qi} à l’instant t. Montrons que : dS = pidqi − Hdt À t fixé : ! " d ∂L ∂L ∂L − δqi dt + δqi δS = t0 ∂qi dt ∂ q̇i ∂ q̇i ∂L ∂S ∂L = δqi ⇒ = = pi ∂ q̇i ∂qi ∂ q̇i Z t D’autre part : dS =L dt dS ∂S ∂S ∂S = + q̇i = + pi q̇i dt ∂t ∂qi ∂t ∂S = L − piq̇i = −H ∂t ∂S = −H ∂t 4 # t t0 D’autre part, on obtient l’équation de Hamilton-Jacobi : ∂S +H =0 ∂t qui est l’analogue de l’équation de Schrödinger : ih̄ ∂ψ − Hψ = 0 ∂t ∂S + H(qi, pi, t) = 0 ∂t soit : ! ∂S ∂S ∂S + H q1 , ...qr ; , ..., ;t = 0 ∂t ∂q1 ∂qr qui donne encore une autre méthode de résolution d’un problème de mécanique. III QUELQUES APPLICATIONS 1. Principe de Maupertuis. - On considère maintenant un sytème pour lequel le Hamiltonien est une constante du mouvement et est identique à l’énergie totale E. Considérons un chemin réel menant de q0 = (q10...qr0) à t0 à q1 à t1 . L’action correspondante est S0 . Sf • Trajectoire non réelle voisine, arrivant à t+dt et de même énergie S0 e ell ir to a Tr jec é er Sv Trajectoire réelle voisine, arrivant à t + dt et d’énergie différente • Considérons un chemin voisin qui est aussi une trajectoire réelle, d’énergie légèrement différente partant de q0 à t0 et arrivant en q1 à t1 + dt. L’action est Sv . Sv − S0 = dS = pi dqi − Hdt = −Hdt = −Edt 5 Considérons un autre chemin voisin non réel mais de même énergie que la trajectoire réelle correspondant à S0 et qui partant de q0 à t0 arrive en q1 en t1 + dt. Son action est Sf . Sf − Sv = δS = 0 car on a deux trajectoires voisines et tous les qi et t sont les mêmes au départ et à l’arrivée. Donc Sf − S0 = −Edt or : Sf − S 0 = δ =δ =δ Z pi dqi − δ Z Z =δ R Z pidqi − Hdt pi dqi − δ Edt = δ Z Z Z Hdt pi dqi − Eδ Z dt pidqi − Edt R En posant SM = pidqi on arrive à δ pi dqi = 0. L’action réduite de Maupertuis SM a un minimum pour la trajectoire réelle, pour un ensemble de trajectoires de mêmes énergies, partant toutes du même point et arrivant toutes au même point, mais en des temps différents. 2. Premier exemple. - On peut ainsi comprendre le mouvement parabolique dans le champ de pesanteur. Pour aller de A à B dans le champ de pesanteur avec une certaine énergie E choisie, •B 2 p = E ⇒ mgz + 2m p(z) = k~ pk(z) connu. Il R ~ faut minimiser p~dl. •A On a intérêt à monter beaucoup pour diminuer k~ pk, quitte à allonger un peu le chemin. On a un principe tout à fait analogue au principe de Fermat pour l’optique. Dans le cas où il n’y a pas de forces, et donc où k~ pk = Cte, on retrouve que la trajectoire est le chemin de longueur minimale, donc la droite! 6 3. Deuxième exemple. - Considérons deux plans parfaitement glissants horizontaux mais d’altitude différente. Ils se rejoignent par une marche rectiligne, en forme de petit plan incliné, pour qu’un point matériel puisse glisser d’un plan à l’autre sans choc. Il va y avoir réfraction du point matériel au passage de la frontière. Calculons cela : D • M (1) h1 > h 2 (2) h2 • A mgh1 + mgh2 + D DM = MA = q −b a ; M v u u u t −x + b −a v u u u t 0+x −a p1 2 2m p2 2 2m −x 0 2 2 = E = E ; A 0 −a = √ x2 − 2bx + b2 + a2 = √ x 2 + a2 q √ √ 2mE − 2m2 gh1 x2 − 2bx + b2 + a2 + 2mE − 2m2 gh2 x2 + a2 minimum √ √ 2mE − 2m2gh1 2mE − 2m2 gh2 (2x − 2b) + 2x = 0 2√ 2√ q q sin r 2mE − 2m2 gh2 = sin i 2mE − 2m2 gh1 vk1 vk2 soit : mv1 = mv2 v1 v2 Soit : vk1 = vk2 , conservation de la composante parallèle à la frontière de la vitesse, ce qui est bien ce qu’il faut trouver! 7 IV LIEN AVEC LA MÉCANIQUE QUANTIQUE 1. La Mécanique classique est “l’Optique géométrique”de la Mécanique quantique (Mécanique ondulatoire). - Nous avons vu au II 2, S étant fonction des coordonnées et du temps, que : S= Z pidqi − Hdt Nous considérons maintenant uniquement des systèmes pour lesquels le Hamiltonien est une constante du mouvement et est donc égal à l’énergie totale. On obtient donc : S(qi, t) = SM (qi) − Et Les surfaces SM (qi) = Cte ont une position fixe dans l’espace. Une surface correspondant à une valeur constante de S coı̈ncide à un instant donné t avec une surface particulière SM = Cte; mais à un autre instant : t + ∆t, la coı̈ncidence se fait avec une autre surface SM = Cte avec une constante différente. Quand ∆t → 0, la deuxième surface tend vers la première. Ainsi lorsque t augmente, S(qi, t) = Cte donne une surface qui avance dans l’espace. Le mouvement de cette surface dans l’espace est analogue à la propagation d’un front d’onde, comme par exemple celui d’une onde de choc. Ainsi, les surfaces S = Cte peuvent être considérées comme des fronts d’onde se déplaçant dans l’espace de configuration à r dimensions des qi . Par commodité, nous allons maintenant considérer un système consistant en une particule unique, et nous prenons les coordonnées cartésiennes : q i , i = 1, 2, 3; correspond à x, y, z. Z ~ − Edt S(qi) = p~ dq ~ ⊥ p~. Les trajecÀ un instant t donné, S(qi, t) = Cte pour un déplacement dq toires de la particule sont donc perpendiculaires aux surfaces S(q i, t) = Cte comme en optique géométrique une surface d’onde est perpendiculaire au rayon lumineux. 8 Deux trajectoires voisines différentes partant du même point q0 , correspondant à deux valeurs de p~ différentes pour la même énergie E ~ dq • q0 Cependant, la caractéristique la plus frappante d’un mouvement d’avancée d’une onde est la périodicité (spatiale et temporelle). Localement, la surface d’onde ressemble à un plan et la trajectoire est −−→ presque rectiligne. On a donc S(qi, t) = Cte ⇔ p~~x −Et = Cte avec p~ = Cte. Une onde plane équivalente aura une phase de la forme ~k~x − ωt. On peut donc postuler : p~~x − Et = h̄ ~k~x − ωt h h̄ étant une constante qui s’identifie à 2π ; h étant la constante de Planck si l’on se rend compte que la mécanique quantique associe à une particule animée d’un mouvement rectiligne uniforme une onde plane de la forme S ~ ψ = ei(k~x−ωt) = ei h̄ avec E = h̄ω et p~ = h̄~k. Cette analogie entre la mécanique et l’optique géométrique fut comprise par Hamilton en 1834; l’équation d’onde correspondante fut découverte par de Broglie et Schrödinger en 1926. Si Hamilton était allé un peu plus loin, il aurait découvert l’équation de Schrödinger. Ainsi, la mécanique classique contient en elle-même le germe de la Mécanique quantique, et la formulation de Hamilton et Jacobi est particulièrement bien adaptée pour une généralisation menant à la construction de la mécanique quantique. Montrons un exemple simple concret de ce qui vient d’être dit avec la réfraction d’une particule ponctuelle au passage d’une barrière de potentiel : 9 λ1 α1 a λ2 α2 h mv1 h λ2 = a sin α2 ; λ2 = mv2 sin α1 v2 λ1 = = ⇒ λ2 sin α2 v1 λ1 = a sin α1 ; λ1 = v1 sin α1 = v2 sin α2 ; d’où la continuité de la composante parallèle à la paroi de la vitesse, comme le donne la loi de la réfraction par une barrière de potentiel de la mécanique classique. 2. Lien avec l’intégrale de chemins de Feynman. - Feynman a découvert une nouvelle formulation de la mécanique quantique, l’intégrale de chemins. Dans cette formulation, on considère qu’un particule emprunte tous les chemins possibles pour aller d’un point A à un autre B. Mais chaque chemin, le k em par exemple, est pondéré par un terme proportioni S (chemink ) h̄ . nel à e S étant l’action entre A et B pour le chemin choisi, la probabilité P qu’il soit emprunté est : P {chemink } ∝ e i S (chemink ) h̄ L’amplitude de probabilité totale pour que le système aille de A à B est donnée par la somme : X P {chemink } K(A, B) = cheminsk ou par une intégrale de chemins si les différents chemins possibles forment un continuum. L’équation précédente est la définition formelle du propagateur de Feynman pour le système. Il contient toute l’information sur le comportement quantique du système. 10 Si maintenant, nous faisons h̄ → 0 nous devons arriver à la limite classique, qui est donc une conséquence de la mécanique quantique. Quand h̄ devient petit, P oscille rapidement, et, à moins que les oscillations soient systématiquement en phase pour les différents termes, la somme donnera 0. La seule manière pour laquelle la cohérence de phase est obtenue pour différents chemins, est en assurant que S est la même. En d’autres termes, dans la limite classique h̄ → 0, seuls les chemins voisins qui vérifient δS = 0 contribuent à l’amplitude finale! δS = 0 décrit ainsi le comportement le plus probable, quasi certain du système en physique classique. On voit donc que derrière le principe de moindre action, réside l’indétermination quantique et la non localisation d’un système. V L’ACTION EN RELATIVITÉ 1. L’action en relativité restreinte - Considérons une particule (R 0) libre, animée d’un mouvement rectiligne uniforme dans un référentiel galiléen (R) (elle est elle-même un référentiel galiléen). Supposons qu’il y ait une horloge liée à cette particule qui indique le temps t. Une horloge identique qui mesure le temps τ est placée dans un objet (M ) qui quitte à l’instant (α), point A de (R), la particule (R0 ) et y revient à l’instant (β), point B de (R). La particule (M ) est accélérée à certains moments. Un résultat classique de relativité restreinte dit que τB − τA < tB − tA . Il y a ralentissement apparent du temps pour l’objet en mouvement (paradoxe des jumeaux de Langevin). On voit que d(τB − τA ) = 0 pour la ligne droite joignant A et B à vitesse constante (mouvement de (R0 )). Donc SAB ∝ −τAB = −(τB − τA ); L’horloge de (M ) mesure directement l’action (au sens du I 1) entre deux évènements, pour une certaine trajectoire. L’horloge de (R0 ) mesure elle, l’action comme fonction des coordonnées et du temps du II 2; cela sera utilisé au § 2. Autrement dit, pour mesurer l’action au sens du I 1 pour une trajectoire (non réelle à priori) parcourue par une particule de masse m, il suffit de faire suivre la trajectoire par une horloge étalon et de voir la durée indiquée et de la multiplier par −mC 2 . L’action est opposée au temps propre. En fait, la relativité restreinte donne : v u u v2 2 2t δS = −mC δτ = −mC 1 − 2 dt C 11 S= et v Z t u u 2 t −mC 2 1− t1 v u u 2t v2 dt C2 1− L = −mC v2 C2 v2 1 2 2 = −mC + v C L ' −mC 2 1 − mv 2C 2 2 On retrouve à une constante près qui ne joue pas de rôle le lagrangien d’une particule libre en mécanique newtonienne : LN = 12 mv 2 . p= E=H= mv r 1− ∂L = ∂ q̇ mv r 2 v2 C2 + mC 1− v u u 2t v2 C2 v2 1− 2 = C mC 2 r 1− v2 C2 2. L’action pour une particule en relativité générale - D’après le principe d’équivalence entre l’inertie et la gravitation d’Einstein, une particule en chute libre dans un champ de gravitation peut être considérée comme l’origine d’un référentiel galiléen local. À chaque instant, on a donc : δS = −mC 2 dτ . Donc : Z 2 S = −mC dτ L’horloge d’une particule en chute libre affiche donc au facteur −mC 2 près, l’action fonction des coordonnées et du temps (au sens du II 2) S(q i, t) de cette particule. Comme application de cela, citons ici Feynman : J’ai refait le même genre de blague un peu plus tard, à Princeton, mais cette fois sur un savant confirmé, un assistant d’Einstein qui devait bien passer huit heures par jour à travailler sur la théorie de la gravitation. Je lui ai posé le problème suivant. On lance une fusée dans laquelle on a placé une horloge. Une autre horloge reste au sol. On veut que la fusée revienne au sol au moment où l’horloge restée sur Terre marque par exemple, une heure de plus. De plus, on veut que l’horloge de la fusée soit alors aussi en avance que possible par rapport à celle du sol. D’après la théorie d’Einstein, plus la fusée va haut, plus son horloge avance (il y a contraction des temps lorsqu’on s’élève dans le champ de gravitation). Mais, d’un autre côté, pour que la fusée atteigne une certaine hauteur et compte tenu du fait que la durée du vol est limitée, il est nécessaire que la fusée atteigne une certaine vitesse ; d’où une dilatation du temps. Il y a donc une hauteur optimale. Question : calculer 12 la vitesse et la hauteur atteintes par la fusée pour que la différence entre les indications des deux horloges au retour soit maximale. Il a fallu pas mal de temps à cet assistant d’Einstein pour s’apercevoir que la réponse était très simple : il suffit de lancer la fusée de manière qu’elle revienne sur Terre une heure après, un point c’est tout. En effet, d’après le principe fondamental de la théorie d’Einstein, ce que l’on appelle le “temps propre”est maximal sur le trajet réel. Mais parce que je lui avais présenté en termes de fusées et d’horloges, l’assistant d’Einstein n’avait pas reconnu ce principe fondamental. Exactement comme mes camarades du dessin industriel. À ceci près que, en l’occurence, il ne s’agissait pas d’un novice. En fait, la fragilité du savoir dont je parlais à l’instant est beaucoup plus répandue qu’on ne le croit. VI L’ACTION AU DELÀ DE LA MÉCANIQUE DU SOLIDE 1. Lagrangien d’interaction - Considérons le système constitué de deux pendules tige reliés par un ressort : • • θ1 θ2 T = ml2 2 ml2 2 θ1 + θ2 6 6 Pour θ1 et θ2 faibles : 1 V = mgθ1 + mgθ2 + k(θ2 − θ1)2 2 V ' mgθ1 + mgθ2 − kθ1θ2 ml2 2 ml2 2 L= θ1 + θ2 − mgθ1 − mgθ2 + kθ1θ2 6 6 Lint = kθ1θ2 est le Lagrangien d’interaction. Considérons un état initial constitué du pendule (1) en mouvement et du pendule (2) immobile. Par le phénomène de battement, le pendule (2) se met en mouvement. En théorie quantique des champs, les particules sont des oscillations quantifiées de champs. Le passage du pendule (1) en mouvement au pendule (2) 13 en mouvement correspond à la transformation d’une particule en une autre grâce au lagrangien d’interaction. 2. Lagrangien pour un système continu - Considérons une chaı̂ne de r points matériels équidistants attachés à un fil de masse négligeable tendu avec la tension T . Quand r → ∞ et que la distance entre deux points tend vers 0, on arrive à une corde ayant une certaine densité linéı̈que de masse λ. À qi (t) correspond φ(x) amplitude de la corde au point d’abscisse x : i ↔ x. R R On a S = Ldt avec L = Ldx, et les équations de Lagrange deviennent : Pour la corde : ∂L ∂ ∂L ∂ ∂L − =0 − ∂φ ∂x ∂ ∂φ ∂t ∂ φ̇ ∂x 1 ∂φ 2 1 2 ∂φ Lλ = λ − λC 2 ∂t 2 ∂x et on obtient l’équation de d’Alembert : ! 1 ∂ 2φ ∂ 2φ − =0 ∂x2 C 2 ∂t2 Pour un champ continu à trois dimensions, L = Lagrange deviennent : !2 R R R Ldτ et les équations de ∂L ∂L ∂ ∂L − =0 − ∇. ∂φ ∂ (∇φ) ∂t ∂ φ̇ 3. Lagrangien du champ électromagnétique - Pour le champ électromagnétique, on obtient : Z Z Z ( Énergie Énergie cinétique z }| { ε0 E 2 potentielle z }| { 2 2 − | {z | {z B 2µ0 ) dτ } Lagrangien du champ électromagnétique Z Z Z Z Z Z ~ ~j dτ − ρ ϕ dτ + A } Lagrangien d’interaction du champ avec les charges −−→ ~ ~ = −gradϕ avec : E − ∂∂tA . 4. Exemples. - On considère une roue de moment d’inertie I tournant sans ~ uniforme qui lui est perpendiculaire. frottement dans un champ magnétique B Le courant passe entre son axe, et un curseur qui glisse parfaitement sur sa périphérie. On branche en série une résistance et un condensateur. 14 + C i +q N a • ~ B R K Lroue = 21 Iω 2; Lchamp = 1 q2 2C; 2 Lcharges−champ = − qC Lcourant−champ = + Z Z Z ~ ~j dxdydz = +φ i A ~ déplacement ∧ courant opposé à B ⇒ 2 Donc : φ = − a 2B θ. signe − 1 1 q2 a2 B θi + Iω 2 − 2 2 2C L’action de la résistance ne peut être mise dans le Lagrangien, car l’énergie ne dérive pas d’un potentiel. Prenons l’exemple d’un point matériel dans le champ de pesanteur. Si on prend comme système le point et la Terre, L = 21 mż 2 − mgz et on obtient mz̈ = −mg, en orientant l’axe des z vers le haut. Si on prend le point matériel seul, L = 12 mż 2 et la force de pesanteur devient une force extérieure. d(EC ) = F dz = −mgdz et on voit qu’il faut mettre −mg dans le second membre. Donc, ici, puisque d(E) = −Ridq quel que soit le signe de dq, il faut mettre −R i dans le second membre; c’est une force généralisée. L=− En q : d ∂L dt ∂i = ∂L ∂q − Ri 2 soit : − a 2B ω = − Cq − Ri En θ : d ∂L dt ∂ θ̇ = ∂L ∂θ I ω̇ = − a 2B i 2 Plus simple, un condensateur branché directement aux extrémités d’une 15 inductance : q2 Lcharges-champ = − + Li2 C 1 q2 1 2 Lchamp = − Li 2C 2 1 q2 1 Ltotal = Li2 − 2 2C Prenons i = dq dt : d ∂L ∂L − =0 dt ∂i ∂q q di L + =0 dt C BIBLIOGRAPHIE : LANDAU Mécanique, Éditions de Moscou; LANDAU Théorie des champs, Éditions de Moscou; GOLDSTEIN Classical Mechanics, Addison-Wesley; NARLIKAR General Relativity and Cosmology, The Macmillan Press; CASTAING Thermodynamique statistique, Masson; AITCHISON Gauge theories in particle physics Volume 1, Institute of Physics Publishing. FEYNMAN Vous voulez rire Monsieur Feynman, InterEditions. 16