Dossier de presse

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Dossier de presse
Lili Reynaud Dewar
LOVE = U.F.O
Exposition du 25 ja
nvier au 28 mars 2008
Installation-performance avec Mary Knox, Lionel Fernandez, Jean-Marie Racon et la
coiffeuse Plaza de Memphis.
Lili Reynaud Dewar investit l'espace de la galerie du Frac Aquitaine, le soir du vernissage,
pour une performance intitulée LOVE = U.F.O À l’image de ce titre dérivé d’une vidéo de
Robert Filliou dans laquelle ces mots apparaissent furtivement (Teaching and Learning as
Performing Arts, collection Frac Aquitaine), la performance additionne une somme de
références plus ou moins explicites. L’artiste convoque ici des gestes et des sculptures,
usant de l’espace comme d’une scène. L’installation est constituée de la coiffeuse Plaza de
Michael Graves, d’un paravent, d’un portant, d’une sculpture en bois en forme de chiffre
huit et d’une vidéo projetée au mur. Activée lors de la performance, elle est traversée par
Mary Knox, aux allures de pin-up, par le chanteur créole Jean-Marie Racon et le musicien
Lionel Fernandez (Sister Iodine) pour une séquence en trois actes. Au sein de LOVE =
U.F.O, il est question de faire cohabiter et circuler ensemble des éléments étrangers
(culturels, artistiques, physiques), d’intervertir des polarités. Mais aussi d’exploiter, à travers
les personnalités de la performeuse Mary Knox et du chanteur Jean-Marie Racon, le mythe
de l’Autre (l’U.F.O comme « Unidentified Flying Object »), non sans insinuer une vision
critique de la spectacularisation des expressions alternatives. LOVE = U.F.O s’élabore
autour de notions et d’accessoires propres au spectacle, qu’ils relèvent du Camp, du
burlesque ou du rite. Suivant la logique du rituel, la performance se divise en trois phases et
se déroule sur un espace scénique délimité par des affiches au sol, outil même de la
communication de l’exposition.
La première correspond à la préparation de la performeuse.
Assise devant la coiffeuse Plaza éditée par Memphis, elle se maquille. Cette action est un
hommage à la vidéo Art Make Up de Bruce Nauman, dans laquelle l’artiste recouvre
uniformément son visage de couleurs qui se superposent et se fondent les unes aux autres.
Les couleurs utilisées sont celles du drapeau de la Jamaïque.
La seconde phase est celle de la présentation de la performeuse.
Se tenant debout derrière un paravent de verre, Mary Knox prend des poses, revêt un
costume, organise l’espace autour d’elle, déplace des objets énigmatiques, des accessoires
(des props) qui lui serviront pour le dernier volet de cette mise en scène. Elle revêt
notamment un costume en cuir « inspiré de l’habit de scène du compositeur et pianiste de
jazz afro-américain Sun Ra avec des éléments graphiques dont une partie est tirée d’une
veste Adidas aux couleurs rasta » explique Lili Reynaud Dewar.
La dernière phase consiste en une sorte de conférence, de discours incohérent produit par
l’assemblage de figures et d’objets divers. Sur le sol, la performeuse dispose, tout en les
décrivant à voix haute, objets ésotériques, abstractions (des chiffres) et accessoires faisant
référence à des personnages médiatiques. Ces bribes de récit décousu sont illustrées par
des images que la performeuse appose directement sur le paravent de verre. Au final, la
fonction initiale du paravent, la dissimulation, lui est donc restituée : de transparent, il est
Le Frac-Collection Aquitaine est financé par le Conseil régional d’Aquitaine et la Direction régionale des Affaires
culturelles d’Aquitaine – Ministère de la culture et de la communication
rendu opaque par l’accumulation d’images qui le recouvrent. Les objets ainsi disposés
constituent l’exposition, que la coiffeuse Plaza éclaire de manière spectrale.
Lili Reynaud Dewar met en place des dispositifs hybrides et surchargés, liés notamment à la
notion de camp, ouvrant de nouvelles perspectives sur des réalités contemporaines.
En 1964, Susan Sontag - essayiste et romancière américaine – définit le camp par « un
enchevêtrement entre théâtre joué et théâtre vécu.
Le camp repose sur l’innocence. Ce qui signifie que le camp révèle l’innocence, mais aussi
lorsqu’il le peut, la corrompt. Les objets ne changent pas lorsqu’ils sont vus sous le prisme
de la vision camp. Cependant les personnes répondent à une audience. Certaines
personnes peuvent même être camp sans même le savoir. Considéré un peu moins
catégoriquement, le camp est soit totalement naïf, soit entièrement conscient. »
Lili Reynaud Dewar pratique l’appropriation, faisant ainsi sienne une nouvelle mythologie de
sources empruntées, détournées, réhabilitées, rejouées, de cultures alternatives « black,
rasta, punk, queer, gay, féministe ». Elle questionne ainsi, dans nos sociétés occidentales,
la place des cultures marginales, alternatives, minoritaires, qu’elle qualifie de périphériques.
Avec LOVE = U.F.O, elle fait s’entremêler les références underground avec un art du
métissage déconcertant, car sans hiérarchisation ou distinction des codes – ni même de
justification rationnelle à tel ou tel signe (le chiffre 8 par exemple) de manière à interroger la
force de l’excentricité des marges qui s’incarne dans le jeu des formes et des présences qui
habitent l’espace.
« Le corps des artistes devient une surface sur laquelle s’inscrit le langage visuel et
l’identification à la fois réalité et expression de stéréotypes. Le nomadisme identitaire est mis
en acte en public, en une sorte de mascarade centrée sur la confusion des rôles. »
S’il existe de nombreux parallèles entre l’attitude camp et le travail de Lili Reynaud Dewar,
on retiendra la vision de Patrick Cardon : « Le camp est un camp de réfugiés, non pas pour
une quelconque élite, mais pour tous ceux que la norme dominante gêne à un tel point
qu’elle les oblige à se créer, voir, se voir différemment » (cité par Cécile Broqua et Cyril
Vergès, dans Spirit janvier/février 2008).
Avec LOVE = U.F.O., Lili Reynaud Dewar signe à la fois un espace et un jeu, précis et
néanmoins indéterminé, de la permutabilité.
Claire Jacquet
Commissaire
------------------------------------------------------Lili Reynaud Dewar, née en 1975, vit et travaille à Bordeaux.
Elle est diplômée de l’École Régionale des Beaux-Arts de Nantes (DNAP), Post-Diplôme de la
Glasgow School of Art et Post-Diplôme de l’École Régionale des Beaux-Arts de Nantes.
Elle est représentée par la galerie Mary Mary : http://www.marymarygallery.co.uk
Commissariat : Claire Jacquet, assistée de Hélène Squarcioni
Cette exposition de Lili Reynaud Dewar fait l’objet d’une collaboration avec Mary Knox,
Lionel Fernandez, Jean-Marie Racon.
Lili Reynaud Dewar a été assistée pour le montage de son exposition par Sacha Béraud et Anthony
Force, étudiants à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux.
Remerciements au Fonds National d’art contemporain pour le prêt de la coiffeuse Plaza.
Le Frac-Collection Aquitaine est financé par le Conseil régional d’Aquitaine et la Direction régionale des Affaires
culturelles d’Aquitaine – Ministère de la culture et de la communication