London Pictures Bruno Hellenbosch, dompteur de couleurs À vos

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London Pictures Bruno Hellenbosch, dompteur de couleurs À vos
UP TO ART Galeries
UP TO ART Galeries
Bruno Hellenbosch, dompteur de
couleurs
Star, 2011, mixed media, 151 x 190 cm. © Gilbert & George
London Pictures
Événement bruxellois de la rentrée:
le retour de Gilbert & George aux
cimaises de la Galerie Baronian
(marquée tout récemment par
le départ pour d’autres fonctions
d’Edmond Francey). La célèbre maison, qui fêtera dans quelques mois
ses quarante ans d’activités, présentera treize pièces uniques de la
dernière série en date du binôme:
London Pictures. Comptabilisant à
ce jour quelque 292 œuvres, cet
ensemble est le fruit d’une patiente
collecte de gros titres de journaux
qui ont animé l’actualité depuis de
nombreuses années. D’une logique
implacable, les titres renvoient
précisément à des mots prélevés
par les artistes et se répétant en
rouge dans chaque subdivision
de l’image. Les phrases, que l’on
retrouve ici isolées, évoquent principalement la vie urbaine moderne.
A travers toute leur production,
Gilbert & George se placent en
témoins actifs de l’évolution de la
société occidentale et du malaise
de leurs contemporains. En outre,
les deux hommes apparaissent de
façon presque fantomatique dans
leurs propres œuvres. (gg)
Galerie Baronian
Rue Isidore Verheyden 2
Bruxelles
jusq. 13-10
www.baronianfrancey.com
Prix : de 74.000 à 174.000 €
Âgé d’à peine 35 ans, Bruno
Hellenbosch compte déjà de
belles expositions à son actif…
Trop peu à notre goût ! Sans
doute parce qu’il concentre toute
son énergie sur sa production;
revisitant les techniques, chahutant les médiums, explosant
les frontières, cloisonnant les
disciplines… Du coup, ses ‘assemblages’ mêlent des techniques
empruntées à la peinture, au
textile, au dessin, à la sérigraphie,
à la photographie ou encore à la
gravure. Le résultat ? Des textures
généreuses qui, sous leurs allures
de grande spontanéité, cachent
réflexion et complexité. Avec la
fougue de sa jeunesse, Bruno
Hellenbosch ose les couleurs les
plus sauvages. Mieux, il les apprivoise. Quant aux sujets et sources
d’inspiration, l’artiste ne cache
pas sa fascination pour toutes
les références iconographiques,
que celles-ci appartiennent à
l’histoire de l’art ou au monde
télévisuel et médiatique. En soi,
ce recyclage est courant… Ce
qui l’est beaucoup moins, c’est
le dialogue ici créé entre ces
personnages ‘renommés’ : James
Ensor y rencontrerait Félix le Chat,
Breughel taquinerait Pikachu ! En
résumé : des œuvres d’une très
forte expressivité. (gg)
Galerie d’YS
Rue de l’Arbre Bénit 84
Bruxelles
jusq. 30-09
www.galeriedys.com
Prix : de 300 à 3.000 €
Visage bariolé, 2012, peinture sur toile, 30 x
24 cm. © de l’artiste
La peinture n’a pas d’excuses
Chez Bernadette Prédair,
tout est dans la mesure et
la précision. A l’instar d’une
équilibriste, l’artiste taquine la
frontière – aussi épaisse qu’un
fil – qui sépare la vigilance de
la liberté. La vigilance est celle
de l’artiste perfectionniste qui
envisage la peinture comme
la rencontre de pulsions
spontanées et de profondes
réflexions. À la fois opposée
Bernadette Prédair, Rythmes 2, 2012, 40 x 40 cm,
et si intimement liée, la liberté
huile sur toile. © de l’artiste
s’incarne à travers la volonté
obstinée d’échapper à toutes les modes et tous les mots d’ordre de
notre époque formatée. « Redécouvrir Bernadette Prédair dans la pleine
force de la maturité, c’est retrouver le cheminement ininterrompu de la
peinture. La joie de faire jouer les couleurs et les formes. L’émotion de la
tension entre elles. Entre elles et les figures qui naissent de cette tension
même. La joie de voir comment les figures se bousculent différemment,
selon que l’on travaille de la main droite ou de la main gauche, du bout
des doigts. Approche d’une vérité cachée. Dévoilement par approximation.
Commotion. » (Luc de Heush) En ces termes exemplaires, c’est tout l’univers de Bernadette Prédair qui est ici, magnifiquement, résumé. Une
exposition à expérimenter. (gg)
Galerie Pascal Polar
Chaussée de Charleroi 108
Bruxelles
du 07-09 au 27-10
www.pascalpolar.be
Prix : de 3.000 à 10.000 €
Robin Rhode, Empty Pockets, 2008,
21 digital c-prints face-mounted with plexiglas on
aluminium panels, 35 x 56 cm.
© the artist.
Courtesy Perry Rubenstein Gallery (New York)
and White Cube.
Beyond Beauty
À la rentrée, et sous l’attractif
intitulé ‘Beyond Beauty’, la Twig
Gallery rassemble quatre jeunes
artistes qui n’auront pas de mal à
s’imposer dans le cénacle des plus
réputés : Theaster Gates, Rashid
Johnson, Hank Willis Thomas,
Robin Rhode. Après avoir étudié
l’art et le cinéma à Johannesburg,
Robin Rhode (Cape Town, 1976)
a établi ses quartiers à Berlin.
Depuis, il s’est engagé dans un art
de l’action qui le place d’emblée
dans une histoire de la performance. Son petit plus ? Faire sortir
la performance du cadre institutionnel (atelier ou musée) pour
l’inscrire dans le cadre urbain. En
toile de fond, une critique de la
réalité environnante. « Le geste,
s’il paraît maladroit ou loufoque,
À vos sens…
Desomberg. Terre et dessins
Foisonnante et plurielle, l’exposition ‘Behind the curtain’ se conçoit comme une plongée en zones secrètes,
un voyage au pays de l’intime. Autrement dit : en des lieux où les désirs et les fantasmes se dévoilent
troubles, sombres, drôles ou gais… sans chercher à se dissimuler derrière des fards ou des artifices qui en
gâcheraient la sincérité. Il n’y a d’ailleurs peut-être qu’à travers l’art que nos rêves de sensualité peuvent
s’exprimer avec une telle liberté. A l’affiche de cet événement (nous apparaissant déjà comme incontournable), une ‘orgie’ d’artistes explorant les diverses facettes de l’amour : l’amour fou ou rêvé, l’amour espéré
ou secret... Leurs ambiguïtés, leurs interprétations très cérébrales ou carrément légères. Les amours dionysiaques, orgiaques, parfois truculentes ou charnelles – sans être ici tripales – sont également abordées. Soit
autant d’allégories de cette manifestation chimique et dévorante (si ce n’est inquiétante), très mystérieuse.
Un banquet sensuel, sensible, sensé et pantagruélique que l’on vous recommande… chaudement ! (gg)
Né à Charleroi en 1945, Philippe Desomberg confirme très tôt ses ambitions picturales en poursuivant ses études
à l’Académie des Beaux-Arts de Lille puis à celle de Bruxelles. Parallèlement, il s’inscrit aux cours de sculpture de
l’Académie de Watermael-Boitsfort. En marge de sa production personnelle, l’artiste enseignera de très nombreuses
années dans différentes écoles. Période ponctuée d’une quantité de voyages d’étude en Italie. « Que ce soit d’un bloc
de pierre de petit granit, de terre ou d’une feuille de papier, lentement émerge une silhouette. Longtemps restée prisonnière
des replis du temps, elle semble se déployer, naître ou renaître de la nuit immémoriale. Si d’aucuns pensent que la terre,
la pierre, l’eau (qui se mêle au papier) gardent la mémoire d’un lointain passé des origines, Philippe Desomberg ne serait
alors que le ‘potier’ de la Genèse qui donne forme à l’essence de la vie. » (Ch. Bauwens) Autant d’œuvres nous invitant à
la rencontre de nous-même, de notre intimité qui apparaît ici dans toute sa brutalité, mais aussi à travers ce qu’elle
renferme de délicat et raffiné. (gg)
Mathilde Hatzenberger Gallery
Rue Haute 11
Bruxelles
du 15-09 au 12-11
www.mathildehatzenberger.eu
Prix : de 100 à 10.000 €
Espace B
Haute Rue 33a
Glabais
du 22-09 au 07-10
www.espaceb.be
Prix : dessins au fusain à 1.400 €, dessins au bic sur papier à 500 € et terres cuites à 1.150 €
14 l collect
Yoshifumi Hayashi, La mort du chiot, 1991, mine
de plomb sur papier, 40 x 50 cm.
© de l’artiste
répond en fait à une véritable
stratégie visant à démonter divers
mécanismes sociaux. » Son univers,
mêlant humour et poésie, s’inspire
tant de la tradition du cinéma
muet que des démarches de performers d’aujourd’hui. Quant à ses
instruments, ils sont on ne peut
plus simples : craie, corps, mur et
sol. Le premier, moyen d’expression éphémère, lui permet de
dessiner les objets avec lesquels il
interagira… avant que le temps ne
les efface. (gg)
Twig Gallery
Rue Tenbosch 74
Bruxelles
du 08-09 au 20-10
www.twiggallery.com
Prix : de 12.000 à 80.000 €
Terre, 24 cm, 2011 © de l’artiste / photo :
Luc Schrobiltgen
collect l 15
UP TO ART Galeries
UP TO ART Galeries
Caroline Andrin :
technique et esthétique
Skin Game, Trophée n°5,
argile coulée dans
une paire de gants en cuir, 2011.
© photo : David Marlé.
Longtemps considérée comme
un art mineur, la céramique s’est
définitivement imposée – depuis
une dizaine d’années – comme
une pratique des plus fréquentables. Le travail de la plasticienne
franco-suisse Caroline Andrin (Lausanne, 1972) s’inscrit précisément
dans cette mouvance. L’artiste fait
la synthèse entre les spécificités
de la terre et les concepts de
l’art contemporain. « Sur le plan
technique, elle est une spécialiste
des techniques de moulage d’objets
complexes et de matériaux divers
(textiles, plastiques, cartons, toile,
etc.) dont elle modifie et détourne
les formes et la signification. Ses
œuvres sont des objets sculpturaux
qui parlent des souvenirs et des
traces de l’existence. Cependant, par
un langage plastique fort, elle évite
toute nostalgie et cultive plutôt un
certain sens de l’intrigue. » (Ludovic
Recchia, juillet 2012) Notons en
outre que Caroline Andrin est
depuis 2006 professeur responsable de l’option céramique à La
Cambre Arts Visuels. Une autre
consécration ! (gg)
Galerie Détour
Avenue Jean Materne 166
Jambes
jusq. 06-10
www.galeriedetour.be
Un ange passe…
Né à Héraklion en 1952, Costa Lefkochir se partage depuis 1976 entre la
Belgique et l’île de Paros. Depuis de nombreuses années, il expose ses
œuvres réalisées à l’acrylique sur différents supports. L’artiste réalise
aussi, en collaboration avec des poètes, des livres scellés, des livressculptures et des livres d’artistes. Touche-à-tout de talent, Lefkochir
conçoit également des installations pour des lieux spécifiques et
des peintures monumentales associées à l’architecture. La présente
exposition s’intitule ‘Un ange passe… ‘ : une expression utilisée quand
le silence est ‘habité’. L’ange est quant à lui une figure emblématique
associée à la religion mais dépassant souvent le cadre ecclésiastique. Il
est ce gardien qui nous protège, il est le lien entre notre matérialité et
notre attirance vers l’infini. C’est ce dernier aspect qui interpelle le plus
notre artiste. Cette série (peintures, dessins et sculptures) exprime, par
la présence des ailes, le désir secret de l’être humain de s’envoler… vers
la liberté. (gg)
Galerie Lierhmann
Boulevard Piercot 4
Liège
du 21-09 au 21-10
www.galerie-liehrmann.be
Prix : à partir de 1.500 €
Un ange passe, 2012, 120 x 100 x 5 cm, technique mixte © Galerie Lierhmann
16 l collect
Binôme féminin
En cette rentrée, la galerie SaintRemy convie un binôme féminin :
Marion Tivital et Isabelle Leclercq.
La première peint des paysages
d’une tendre modernité. Elle
s’exprime à travers des formes
adoucies et une palette chromatique délicate et assourdie. « L’univers subtil de Marion Tivital prend sa
source dans les marques souterraines
du dedans. Et dans l’ivresse éternisée
de l’immobile, nature et industrie
fusionnées vivent les secrets de
l’impossible plénitude. » (Christian
Noorbergen) La seconde, Isabelle
Leclercq, façonne ses œuvres à
partir de grès cuits à très haute
température. Elles se distinguent
par leur mélange de rudesse et de
douceur. Ce contraste s’incarne,
par exemple, à travers l’opposition entre aspérité du toucher et
rondeur de la forme. Sa technique
est unique : l’artiste superpose
de fines bandes de terre qu’elle
enroule, généralement, autour
Girlpower au carré
Isabelle Leclercq, Grand cocon. © I. Leclercq / Galerie Saint-Remy
d’une forme qu’elle a conçue
à l’avance. Le résultat évoque
irrésistiblement l’écorce d’un arbre.
Dans cette production, une dominante est évidente : le rapport à la
nature. (gg)
Galerie Saint-Remy
Rue Saint-Remy 12
Liège
jusq. 06-10
www.galerie-saint-remy.be
Prix : de 800 à 3.500 €
Liliane Vertessen, On the Edge, mixed média, néon, 116 x 106 cm. Une édition de
cette photo fut tirée à 50 ex., digigraphie
sur papier Hahnemühle 300 g, 82,9 x 75
cm, prix 950 €. © de l’artiste / Courtesy
Eastmen Gallery
Ne sous-estimez pas Liliane
Vertessen ! L’œuvre de l’artiste limbourgeoise est extrêmement séduisante et incisive. Voilà plus de
trente ans qu’elle travaille obstinément mais, ces derniers temps,
son œuvre était trop peu visible à
mon goût. Elle fut révélée par ses
photos sexy dans lesquelles elle
apparaissait comme aguicheuse,
étoile glamour ou nonne. Grâce à
Peindre avec le corps
des plumes d’autruche, des symboles au néon et des éléments
sculpturaux, ces photos émigraient vers la troisième dimension. Dès les années quatre-vingt,
elle attire en outre l’attention par
des sculptures aérodynamiques
dans l’espace public. À Bruxelles
trône un talon aiguille avec des
ailes. Force, émotion et liberté,
c’est essentiellement ce dont il est
question ici. Alors que le Centre
culturel d’Hasselt propose la
rétrospective ‘Oxygen & Electricity’, l’artiste installe l’exposition
‘Over the Edge’ dans l’Eastmen
Gallery. D’anciennes photos avec
de nouveaux textes au néon
incandescent se fondent dans
l’amalgame d’œuvres passées et
récentes. (cv)
Kazuo Shiraga est un phénomène
historique. Il fut le cofondateur
du groupe Gutai, mouvement
d’avant-garde apparu en 1954
sur les décombres du Japon de
l’après-guerre. L’influence des
opérations de libération artistique, notamment sur Fluxus,
n’est pas négligeable. La première
action de l’artiste japonais (19242008) fut un happening avant la
lettre. Il pratiqua également des
simulations de combat dans de la
boue pour créer des sculptures.
Ensuite, il trouva une méthode
de peinture révolutionnaire : il se
pendait à une corde et répandait
violemment de la peinture avec
ses pieds nus sur la toile vierge
posée au sol. Ce qu’il réalisa
d’abord en public puis plus tard
dans l’atelier. C’est ainsi qu’il s’est
débattu dans l’histoire de l’art.
Lorsqu’il entre dans un monastère
bouddhiste en 1971, il n’abandonne pas la peinture. Jusqu’à un
âge avancé, il saura transmettre
l’énergie de la création. (cv)
Axel Vervoordt Gallery
Vlaeykensgang - Oude Koornmarkt 16
Anvers
du 06-09 au 20-10
www.axelvervoordtgallery.com
Prix sur demande
© Hell’O Monsters.
Eastmen Gallery
Zuivelmarkt 50
Hasselt
du 15-09 au 28-10
www.eastmengallery.com
Prix : œuvres photographiques
entre 2.000 et 8.000 €, œuvres
au néon entre 6.000 et 15.000 €
De petits monstres à embrasser
Hell’O Monsters, jeune trio bruxellois, fit sa percée internationale grâce
à deux parfaites expositions de dessins et de sculptures. Après un
passé de tagueurs dans la ville, Jérôme Meynen, François Dieltiens et
Antoine Detaille développent chacun leur propre style dans un univers
imaginaire peuplé de monstres et de petits monstres issus de leur
propre fantaisie. Dynamiques, ils proposent des métaphores corsées,
tendres et noires de la société malade et désorientée. Il s’agit d’une
iconographie multicolore dans laquelle se distinguent au loin des
références aux bandes dessinées, aux icônes de la pop, aux jeux vidéo,
aux anciennes cultures, aux rituels étranges et à l’univers des enfants.
Avec un clin d’œil à Another Brick in the Wall, la chanson contestataire
de Pink Floyd, ils appellent l’exposition ‘Another Brick in the Hole’. Ainsi,
le programme parallèle de Manifesta 9 à Genk se voit-il conférer une
note joyeuse et rebelle aux courants sous-jacents sombres. (cv)
Alley Art Gallery
Dorpsstraat 38/1
Hasselt
du 08-09 au 27-10
www.alley.be
Kazuo Shiraga, Keishou, 2003, peinture à l’huile sur toile, 72,5 x 91,7 cm. Courtesy Axel Vervoordt Gallery, Anvers
collect l 17