Ouvrir la voie à la Troisième Révolution Industrielle

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Ouvrir la voie à la Troisième Révolution Industrielle
Ouvrir la voie à la Troisième Révolution Industrielle :
Un Noveau plan énergétique pour l'Union européenne au 21ème siècle
- La prochaine étape de l'Intégration européenne par Jeremy Rifkin*
Résumé
Nous approcherons dans la première moitié du 21ème siècle la fin de l'ère du pétrole. Son
prix sur les marchés mondiaux ne cesse de grimper et les prochaines décennies connaîtront
le plafonnement de sa production ("peak oil"). Corrélativement, la hausse spectaculaire des
émissions de dioxyde de carbone résultant de la consommation d'énergies fossiles
augmente la température de la Terre et fait courir à la planète un risque de changements
sans précédent dans sa chimie et son climat, aux conséquences menaçantes pour le futur
de la civilisation humaine et des écosystèmes terrestres.
La croissance du coût de l'énergie fossile et la détérioration accélérée du climat et de
l'écologie de la Terre pèseront sur toutes les décisions économiques et politiques qui seront
prises pendant la première moitié du 21ème siècle. La question de fond que tout pays et que
toute branche économique doivent se poser est celle de savoir comment assurer une
croissance durable d'une économie mondialisée dans les décennies à venir qui verront le
déclin du système énergétique dont les coûts externes et les défaillances croissants pèsent
désormais plus que les avantages potentiels, naguère considérables.
Le pétrole, le charbon et le gaz naturel continueront certes à fournir une part substantielle
de l'énergie consommée dans l'Union européenne et dans le monde pendant une grande
partie du 21ème siècle. Pour autant, chacun s'accorde à penser que nous entrons dans une
période de transition où notre dependance de la consommation d'énergies fossiles
commence à agir comme un frein sur l'économie mondiale. Pendant cette période
incertaine de transition, les 27 Etats membres de l'UE feront le maximum pour obtenir que
1
le stock résiduel d'énergies fossiles soit utilisé de manière plus efficace. A cette fin, ils
mettront en oeuvre des méthodes expérimentales pour limiter par des techniques
énergétiques "propres" la production de dioxyde de carbone résultant de la combustion des
combustibles fossiles. Ces efforts sont en cohérence avec l'engagement pris par l'UE
d'accroître sa performance énergétique de 20 % à l'horizon 2020 et parallèlement de réduire
d'autant au même horizon ses émissions globales de CO2 de 20 % (par rapport aux niveaux
de 1990). La gestion plus économe des sources d'énergie et la réduction des émissions de
gaz à effet de serre ne permettront pas à elles seules de répondre de manière adéquate à la
crise sans précédent que constituent le réchauffement planétaire et la raréfaction ("peak
oil") du pétrole et du gaz. Pour préparer l'avenir, chaque gouvernement devra explorer de
nouvelles sources énergétiques et établir de nouveaux modèles économiques avec l'objectif
d'atteindre au plus près le niveau zéro d'émissions de gaz à effet de serre.
LES GRANDES REVOLUTIONS ECONOMIQUES DANS L'HISTOIRE : LA
CONVERGENCE DE NOUVEAUX SYSTEMES D'ENERGIE ET DE
COMMUNICATION
Les grands changements économiques centraux de l'histoire du monde se sont produits
quand de nouveaux systèmes d'énergie ont convergé avec de nouveaux systèmes de
communication. Quand cette convergence se produit, la société est restructurée dans des
voies complètement nouvelles. Par exemple, les premières sociétés à base d'hydraulique et
d'agriculture - Mésopotamie, Egypte, Chine, Inde - inventèrent l'écriture pour gérer la
culture, le stockage et la distribution des grains. Les surplus de grain stockés permirent une
expansion de la population et l'alimentation d'une main-d'oeuvre d'esclaves qui, à son tour,
a fourni la “force de travail" faisant fonctionner l'économie. La convergence de la
communication écrite et de l'énergie stockée, sous forme de grain en surplus, a débouché
sur la révolution agricole et a provoqué le développement même de la civilisation. Dans la
période moderne récente, la convergence de la technique de la machine à vapeur actionnée
par le charbon et de la presse écrite a donné naissance à la première révolution industrielle.
Il aurait été impossible d'organiser l'augmentation spectaculaire de la forme, de la vitesse,
du flux, de la densité et de la mise en réseau de l'activité économique, rendue possible par la
machine à vapeur, en conservant le code ancien et les vieilles formes orales de
communication. A la fin du 19ème siècle et pendant les deux premiers tiers du 20ème siècle,
les formes électriques de communication de première génération - le télégraphe, le
2
téléphone, la radio, la télévision, les machines à écrire électriques, les calculateurs, etc - ont
coïncidé avec l'introduction du pétrole et du moteur à combustion interne, et sont
devenues les mécanismes de commande et de contrôle des communications permettant de
mettre en oeuvre la deuxième révolution industrielle.
Une grande révolution dans le domaine des communications s'est produite dans les années
90. Les formes électriques de communication de deuxième génération - ordinateurs
personnels, Internet, le World Wide Web et les technologies de communication sans fil ont connecté le système nerveux central de plus d'un milliard de personnes sur Terre à la
vitesse de la lumière. Et, bien que les nouvelles révolutions de logiciels et de
communications aient commencé à augmenter la productivité dans chaque industrie, leur
vrai potentiel est loin encore d'être entièrement réalisé. Ce potentiel réside dans leur
convergence avec l'énergie renouvelable, partiellement stockée sous forme d'hydrogène,
pour créer les premiers régimes d'énergie "distribuée".
Les mêmes principes de conception et les technologies intelligentes qui ont rendu possible
l'Internet et les grands réseaux de communication globale distribuée, seront utilisés pour
reconfigurer les réseaux mondiaux de transport d'énergie de sorte que les gens puissent
produire l'énergie renouvelable et la partager en liaison directe, exactement comme ils
produisent et partagent actuellement l'information, créant une nouvelle forme d'utilisation
d'énergie décentralisée. "Des inter-réseaux" rudimentaires sont actuellement expérimentés
aux Etats-Unis et en Europe.
La création d'un système d'énergie renouvelable, partiellement stockée sous forme
d'hydrogène et distribuée via des inter-réseaux intelligents, ouvre la porte à une Troisième
Révolution Industrielle. Elle devrait avoir au 21ème siècle un effet économique
multiplicateur aussi puissant qu'au 19ème siècle la convergence de la technologie
d'imprimerie de masse avec la technologie exploitant l'énergie du charbon et de la machine
à vapeur et qu'au 20ème siècle l'arrivée concomitante des formes électriques de
communication avec le pétrole et le moteur à combustion interne. La Troisième Révolution
Industrielle pointe à l'horizon et la première grande zone à exploiter son plein potentiel
aidera à définir le chemin pour le développement économique du reste du siècle.
L'UE a commencé le cheminement vers une Troisième Révolution Industrielle en décidant
3
que 20 % de toute l'énergie de la région serait produite par les sources renouvelables
d'énergie d'ici 2020. En s'engageant sur la voie d'un avenir d'énergie renouvelable, l'UE a
posé les fondations d'une ère économique durable à émission zéro. La consolidation de ces
fondations exigera toutefois l'établissement de deux piliers complémentaires : l'introduction
de la technologie de la pile à combustible à base d'hydrogène ainsi que d'autres
technologies telles les batteries et le transfert d'énergie hydraulique par pompage pour
stocker les formes intermittentes d'énergie renouvelable, et la création à l'échelle du
continent d'un inter-réseau intelligent pour permettre que les sources réparties d'énergie
renouvelable soient produites et partagées avec la même qualité d'accès et de transparence
dont nous bénéficions actuellement dans la production et la distribution de l'information
sur Internet.
Cet article décrit, en détail, les trois piliers qui devront être mis en place pour établir les
bases de la Troisième Révolution Industrielle et une nouvelle ère d'énergie pour l'Union
européenne. Le rapport examine aussi le rôle critique que la Troisième Révolution
Industrielle jouera dans la promotion des priorités majeures de l'Union, incluant la
réalisation complète du marché unique, la croissance économique durable, le
développement de l'emploi, la sécurité énergétique et la démocratisation du processus de
globalisation. L'article conclut par des recommandations majeures pour mettre en oeuvre
la Troisième Révolution Industrielle à travers l'ensemble de l'Union.
LES TROIS PILIERS DE LA TROISIEME REVOLUTION INDUSTRIELLE
La Troisième Révolution Industrielle reposent sur trois piliers fondamentaux qui doivent
être développés simultanément et être conçus de façon entièrement intégrée pour que
chacun de ses composants puisse développer entièrement son potentiel et pour que le
nouveau paradigme économique devienne opérationnel : énergies renouvelables,
technologie de stockage et réseaux d'énergie intelligents.
LE PREMIER PILIER : ENERGIES RENOUVELABLES
Les formes renouvelables d'énergie - énergie d'origine solaire, éolienne, hydraulique,
géothermique, marine, biomasse - constituent le premier des trois piliers de la Troisième
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Révolution Industrielle. Ces énergies émergentes ne représentent encore qu' un petit
pourcentage de l'ensemble des énergies. Mais, elles croissent rapidement car les
gouvernements fixent des objectifs et des références pour favoriser leur large introduction
sur le marché tandis que leurs coûts décroissants les rendent de plus en plus compétitives.
Des milliards d' euros de fonds publics et privés vont à la recherche, au développement et à
la pénétration du marché, tandis que les entreprises et les particuliers cherchent à réduire
leurs émissions de carbone et à rendre leur utilisation d'énergie plus efficiente et
indépendante.
LE DEUXIEME PILIER : LA TECHNOLOGIE DE STOCKAGE
L'introduction du pilier des énergies renouvelables de la Troisième Révolution Industrielle
exige l'introduction simultanée d'un deuxième pilier. Pour maximiser l'énergie renouvelable
et réduire au minimum les coûts, il sera nécessaire de développer les méthodes de stockage
qui facilitent la conversion des productions intermittentes de ces sources d'énergie en
ressources fiables. Les batteries, le transfert d'énergie hydraulique par pompage et d'autres
moyens, peuvent fournir une capacité de stockage limitée. Il y a, cependant, un moyen de
stockage largement disponible et qui peut être relativement efficace. L'hydrogène est le
moyen universel qui "stocke" toutes les formes d'énergie renouvelable afin d'assurer qu'une
ressource stable et fiable soit disponible pour la production d'énergie et, ce qui est aussi
important, pour le transport.
L'hydrogène est l'élément le plus léger et le plus abondant dans l'univers et quand il est
utilisé comme source d'énergie, ses seuls sous-produits sont l'eau pure et la chaleur.
L'énergie nécessaire au fonctionnement de nos vaisseaux spatiaux depuis plus de 30 ans a
été fournie par des piles à combustible de haute technologie fonctionnant à l'hydrogène.
L'hydrogène se trouve partout sur la Terre. Cependant il existe rarement à l'état libre dans
la nature. Il doit être extrait des carburants fossiles, de l'eau, ou de la biomasse.
Aujourd'hui, la façon la plus rentable de produire de l'hydrogène commercial est de
l'extraire du gaz naturel via un processus de transformation à la vapeur. Mais la réserve de
gaz naturel est limitée comme notre réserve de pétrole et n'est donc pas une source sûre.
L'hydrogène pourrait aussi être extrait du charbon et de sables bitumineux, mais cela
signifierait une augmentation considérable de l'émission de dioxyde de carbone dans
5
l'atmosphère. L'énergie nucléaire pourrait aussi être utilisée, mais cela augmenterait
significativement la quantité de déchets radioactifs dangereux, ainsi que l'utilisation d'eau
froide disponible pour refroidir les réacteurs, créerait des menaces de sécurité sérieuses
dans une époque de terrorisme et pour finir, accroîtrait considérablement le coût que les
contribuables et les consommateurs doivent consentir pour disposer de l'énergie.
Pourtant, il y a une autre façon d'utiliser l'hydrogène, comme support de stockage pour
toutes les formes d'énergie renouvelable. Les sources renouvelables d'énergie - d'origine
solaire, éolienne, hydraulique, géothermique, océanique - sont de plus en plus utilisées pour
produire de l'électricité. Cette électricité, à son tour, peut être utilisée, dans un processus
appelé l'électrolyse, pour séparer l'eau en hydrogène et oxygène. L'hydrogène peut aussi être
extrait directement de récoltes énergétiques, de déchets animaux et forestiers, et de déchets
organiques - biomasse - sans passer par le processus d'électrolyse.
Le point important à souligner est que l'énergie renouvelable devient viable dès lors qu'une
partie de cette énergie peut être stockée sous forme d'hydrogène. Cela tient à ce que
l'énergie renouvelable est intermittente. Le soleil ne brille pas toujours, le vent ne souffle
pas toujours, l'eau ne coule pas toujours quand il y a une sécheresse et les rendements
agricoles varient d'une année sur l'autre. Quand une énergie renouvelable n'est pas
disponible, l'électricité ne peut pas être produite et l'activité économique s’arrete. Mais si
une part de l'électricité produite quand l'énergie renouvelable est abondante peut être
utilisée pour extraire l'hydrogène de l'eau, qui peut alors être stocké pour une utilisation
postérieure, la société aura alors une fourniture continue d'énergie. D'autres technologies
de stockage incluant des batteries électriques, des stations de transfert d'énergie hydraulique
par pompage, des volants, les ultra-condensateurs, et autres, fournissent la capacité de
stockage le long du réseau de fourniture d'énergie intelligent et complètent l'hydrogène
dans le maintien d'une fourniture sûre d'énergie disponible. L'hydrogène peut aussi être
extrait de la biomasse et stocké de la même façon.
L'exemple du Brésil montre les conséquences d'une politique énergétique s'appuyant sur
une forme d'énergie renouvelable intermittente pour l'électricité sans aucun moyen de
stockage. Plus de 80 % de l'électricité du Brésil proviennent d'une source renouvelable
d'énergie - l'hydro-électricité (1). En 2001, le Brésil a subi une sécheresse. Le débit d'eau a
diminué et la production d'électricité a rencontré des difficultés, entrainant des coupures de
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courant électrique dans diverses parties du pays. Si une infrastructure à hydrogène avait été
en place, le Brésil aurait pu utiliser un peu de ses surplus d'électricité, produits quand le
niveau de l'eau était suffisant pour électrolyser l'eau et stocker l'hydrogène pour garantir la
production d'énergie pendant la sécheresse.
Tandis que les dépenses nécessaires à la mise en oeuvre de l'énergie renouvelable
deviennent rapidement compétitives, le coût de production de l'hydrogène reste toujours
relativement élevé. Cependant, de nouvelles percées technologiques et des économies
d'échelle réduisent radicalement ces dépenses chaque année. De plus, les piles à
combustible fonctionnant à l'hydrogène sont au moins deux fois aussi efficaces que le
moteur à combustion interne. Corélativement, les coûts directs et indirects du pétrole et du
gaz sur les marchés mondiaux continuent de monter. Nous approchons du point de
rencontre entre le prix décroissant du couple "énergie renouvelable et "hydrogène" et le
prix croissant des carburants fossiles, à partir duquel l'ancien régime de l'énergie laissera
place à la nouvelle ère de l'énergie.
La base d'une transition vers une Troisième Révolution Industrielle a été établie par le
Conseil de l'Union européenne en mars 2007. L'Union européenne est devenue la première
superpuissance à mettre en place un engagement contraignant de produire 20 % de son
énergie à partir de sources d'énergies renouvelables en 2020 (2).
Quand la contribution d'énergie renouvelable à la production d'électricité devient
significative, même un ralentissement provisoire du flux solaire, du vent et du débit d'eau,
peut entraîner une insuffisance de production, une pointe dans les prix et des coupures
d'électricité. Utiliser l'hydrogène comme “support de stockage” pour l'énergie renouvelable
sera essentiel si l'Union européenne doit assurer une fourniture fiable d'énergie.
L'hydrogène est aussi la façon de stocker et utiliser l'énergie renouvelable pour tous les
transports.
La Commission européenne reconnaît que le recours accru aux formes renouvelables
d'énergie serait énormément facilité par le développement de capacité de stockage de piles à
à combustible fonctionnant à l'hydrogène et, en 2003, elle a mis en place la Plate-forme de
Technologie Hydrogène, qui constitue un effort massif de recherche et développement
pour placer l'Europe au premier rang dans la course vers un futur faisant appel à
7
l'hydrogène (3).
Les régions et les gouvernements nationaux à travers l'Europe ont déjà commencé à mettre
en place des programmes de recherche et développement sur l'hydrogène et commencent à
introduire des technologies à hydrogène sur le marché.
En 2006, l'Allemagne a consacré 500 millions d'euros à la recherche et au développement
des techniques à hydrogène et a commencé à préparer des plans permettant de créer un
réseau hydrogène national, dans le but affiché de conduire l'Europe et le monde dans l'ère
hydrogène à l'horizon 2020 (4). En 2007, la Chancelière Angela Merkel et les membres de
son cabinet ont appelé à une Troisième Révolution Industrielle dans des discours publics (5).
En octobre 2007, la Commission européenne a annoncé un partenariat public/privé de
plusieurs milliards d'euros pour accélérer l'introduction commerciale d'une économie de
l'hydrogène dans les 27 Etats membres de l'Union européenne, en mettant principalement
l'accent sur la production d'hydrogène à partir de sources d'énergie renouvelable.
LE TROISIÈME PILIER : LE RÉSEAU ELECTRIQUE INTELLIGENT
En évaluant l' intérêt d' un changement ambitieux en faveur des énergies renouvelables et
en finançant un programme énergique de recherche et développement dans la technologie
des piles à combustible à l' hydrogène, l'UE a mis en place les deux premiers piliers de la
Troisième Révolution Industrielle. Le troisième pilier, la reconfiguration du réseau
électrique européen, s'appuyant sur le réseau Internet, permettant aux entreprises et aux
particuliers de produire eux-mêmes leur énergie et de la partager, est en cours
d'expérimentation au sein des compagnies électriques en Europe.
L'inter-réseau intelligent est constitué de trois composants essentiels. Des mini-réseaux
permettant aux particuliers, aux petites et moyennes entreprises (PME) ainsi qu'aux grandes
entreprises de produire l'énergie renouvelable localement − au moyen de piles photovoltaïques, de l' énergie éolienne, de la mini -hydraulicité, des déchets animaux et agricoles,
des détritus, etc.− et de l'utiliser hors réseau pour leurs besoins propres en électricité. La
technologie du comptage intelligent permet aux producteurs locaux de vendre réellement
leur énergie au réseau électrique principal, mais aussi d'accepter l'électricité du réseau,
8
rendant ainsi les flux d'électricité bi-directionnels. La technologie du réseau intelligent est
incorporée dans des appareils et des puces installés dans tout le système du réseau,
permettant de relier chaque appareil électrique. Le logiciel permet à l' intégralité du réseau
électrique de connaître la quantité d'énergie utilisée, à tout moment, n'importe où sur le
réseau. Cette inter-connexion peut être utilisée pour réorienter les utilisations d'énergie et
les flux pendant les heures de pointe et les heures creuses et même de s'adapter à tout
moment aux variations de prix de l'électricité.
A l' avenir, les réseaux intelligents seront aussi de plus en plus connectés, en temps réel,
aux changements de temps enregistrant les variations des vents, des flux solaires, de la
température ambiante, etc., donnant au réseau électrique la capacité d'ajuster en
permanence le flux d'électricité aux conditions météorologiques externes ainsi qu'à la
demande des consommateurs. Par exemple, si le réseau électrique connaît un pic
d'utilisation énergétique et une possible surcharge du fait d' un excès de demande, le logiciel
peut commander à la machine à laver d'un particulier de descendre d' un cycle par charge
ou de réduire la climatisation d' un degré. Les consommateurs qui sont d'accord avec des
ajustements légers dans leur utilisation d'électricité reçoivent des «crédits» sur leurs factures.
Puisque le vrai prix de l'électricité sur le réseau varie constamment en 24 heures,
l'information en temps réel en matière d'énergie ouvre la porte "à une politique de prix
dynamique", permettant aux consommateurs d'augmenter ou faire chuter leur utilisation
d'énergie automatiquement, selon le prix de l'électricité sur le réseau. Jusqu'au point où la
politique de prix permet aussi aux producteurs de mini-réseaux locaux d'énergie de vendre
l'énergie au réseau ou de s' en retirer, de manière automatique.
L'inter-réseau intelligent donnera non seulement plus de pouvoir aux utilisateurs finaux
pour leurs choix en matière énergétique, mais sera aussi source d'une nouvelle efficacité
significative dans la distribution d'électricité.
De façon intéressante, le nouveau plan énergétique de l'UE prévoit l'inter-réseau, avec
l'exigence que le réseau électrique soit "dégroupé", ou au moins rendu plus indépendant par
rapport aux entreprises énergétiques qui produisent aussi le courant électrique, de telle
sorte que les nouveaux acteurs -en particulier les petites et moyennes entreprises et les
particuliers - aient la possibilité de produire et de vendre l' énergie au réseau dans les
mêmes conditions de facilité et de transparence que celles dont ils bénéficient maintenant
9
dans la production et le partage de l'information sur Internet. La Commission européenne a
mis en place une Plate-forme européenne de la Technologie des Réseaux Intelligents et a
préparé une vision à long terme et un document de stratégie en 2006 pour reconfigurer le
réseau électrique européen de manière à le rendre intelligent, uniforme et interactif (6).
En 2007, le Parlement européen a adopté une déclaration écrite appelant à une transition
vers les énergies renouvelables, une économie de l'hydrogène et la génération d'un réseau
électrique intelligent - les trois piliers fondamentaux de la Troisième Révolution
Industrielle(7). Une majorité écrasante de parlementaires de l'UE a signé le texte, ainsi que
les chefs des sept partis politiques principaux de l'Europe et Hans-Gert Poettering, le
président du Parlement européen. Le Parlement européen est ainsi devenu la première
assemblée parlementaire dans le monde à endosser officiellement la stratégie des trois
piliers pour entrer dans la Troisième Révolution Industrielle.
LA PROCHAINE ETAPE DE L'INTÉGRATION EUROPÉENNE
L'Union européenne a commencé par réunir les nations européennes autour d'une
politique énergétique commune, d'abord avec la Communauté du Charbon et de l'Acier
puis, peu après, avec la formation d'EURATOM. Maintenant, pour le 50ème Anniversaire
de la création de la Communauté européenne, la politique énergétique est de nouveau
devenue centrale pour l'avenir de l'Europe.
L'industrie européenne a le savoir-faire scientifique, technologique et financier pour être le
fer de lance du basculement vers les énergies renouvelables, une économie de l'hydrogène
et un réseau électrique intelligent et, ce faisant, faire entrer le monde dans une nouvelle ère
économique. L'industrie de niveau mondial de l' UE dans les domaines de l' automobile, de
la chimie, des biens d'équipement, de la construction, de l'informatique, des logiciels, des
ordinateurs, des télécommunications et du secteur bancaire et des assurances, donne à
celle-ci de l' avance dans la course à la Troisième Révolution Industrielle. L'Union
européenne s' enorgueillit aussi d' être un des plus grands marchés solaires du monde et est
le premier producteur mondial d'énergie éolienne.
L'UE est aussi le leader dans la R/D et les applications commerciales dans le domaine des
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piles à combustibles fonctionnant à l'hydrogène. Les technologies des piles à combustible
mobiles, fixes, et de transport sont développées et évaluées à travers l'Europe et les
premiers produits sont en train d'arriver sur le marché. En effet, un grand nombre de
chariots élévateurs, scooters, voitures, bus et camions alimentés avec des piles à
combustible fonctionnant à l' hydrogène sont en cours d'essai sur les routes des pays de
l'Union. Le premier sous-marin à hydrogène est opérationnel en Allemagne. Le premier
ferry à hydrogène est en développement aux Pays-Bas et en Allemagne. Et le premier train
à hydrogène de Europe doit être sur rails en 2010.
Le lancement d'une Troisième Révolution Industrielle peut aider à faciliter l'intégration en
Europe pour mettre en oeuvre l'agenda de LISBONNE et faire de l'Europe l'économie la
plus compétitive dans le monde. Alors qu'il y a eu beaucoup de discussions à propos de la
mise en oeuvre d'une directive sur les services pour assurer une plus grande mobilité du
travail au sein de l'UE, beaucoup moins d'attention a été prêtée à la création de réseaux
"seamless" de transport, d'électricité, de télécommunications et d' une politique énergétique
afin de faciliter les échanges d'information, de marchandises et de services, à travers les 27
Etats membres de l'UE. En favorisant les énergies renouvelables, une infrastructure de
l'hydrogène et un inter-réseau intelligent à l' échelle du continent, l'UE et ses Etats
membres peuvent aider à créer un cadre de développement économique durable et faire du
rêve européen, visant à créer un marché intégré unique, une réalité pour presque 500
millions de citoyens dans la première moitié du 21ème siècle.
DEVELOPPER L'ECONOMIE DE L'UNION EUROPEENNE
La reconfiguration de l'infrastructure énergétique de l'Union européenne va créer de
nouvelles opportunités pour l'économie et les emplois dans les vingt cinq prochaines
années. Et parce que le recours aux énergies renouvelables ainsi que la mise en oeuvre
d'une infrastructure pour l'hydrogène et de réseaux de services intelligents sont
instrinsèquement liés sur une zone donnée, tout l'emploi généré le sera à l'intérieur de
l'Europe.
L'investissement mondial dans les énergies renouvelables a atteint un record de 74 milliards
€ en 2006
(8)
, et on s'attend à ce qu'il bondisse à 250 milliards € d'ici à 2020 et à 460
11
milliards € d'ici à 2030
(9)
. Aujourd'hui la production, l'exploitation et l'entretien liés à
l'énergie renouvelable fournissent environ deux millions d'emplois dans le monde
(10)
. Une
étude récente indique que le nombre d'emplois créés par euro investi (et par kilowatt-heure
produit), à partir des technologies d'énergie renouvelable propre, est de 3 à 5 fois supérieur
à celui des emplois créés par la production de l'énergie issue du combustible fossile (11).
L'Union européenne est idéalement placée pour conduire la Troisième Révolution
Industrielle. En devenant la première superpuissance à fixer un objectif contraignant de
20% d'énergie renouvelable d'ici à 2020, elle a mis en mouvement le processus d'un très
fort accroissement de la part de l'énergie renouvelable dans l'ensemble de ses sources
d'énergie. Traduisant le nouvel engagement pour des objectifs plus ambitieux en matière
d'énergie renouvelable, la Banque Européenne d'Investissement a augmenté ses
investissements dans ce domaine et se propose d'accorder des prêts pour un montant de
plus de 800 millions € par an (12). Rien qu'en Allemagne, l'industrie de l'énergie renouvelable
affiche un chiffre d'affaires de 21,6 milliards € et de 214 000 salariés en 2006, et le secteur
prévoit d'atteindre entre 244 000 et 263 000 emplois en 2010, entre 307 000 et 354 000 en
2020, et entre 330 000 et 415 000 en 2030 (13).
Les 26 autres Etats membres de l'UE créent également de nouveaux emplois en mettant les
sources d'énergie renouvelable en phase avec l'objectif qu'ils ont de parvenir à une situation
où l'émission de carbone serait voisine de zéro. L'énergie renouvelable dans l'UE a
engendré 8,9 milliards € de profits en 2005 et on s'attend à ce qu'elle bondisse à 14,5
milliards € d'ici 2010 (14). Plus de 700 000 emplois devraient y être crées d'ici la même année
dans le domaine de la production d'électricité issue des sources d'énergie renouvelable
(15)
.
D'ici 2050, on prévoit que l'énergie renouvelable fournira près de la moitié de l'énergie
primaire, et 70 % de l'électricité produite dans l'UE, et représentera plusieurs millions de
nouveaux emplois (16).
L'Union européenne a aussi avancé à grands pas dans le financement de la recherche et du
développement pour l'économie de l'hydrogène. L'ensemble du marché européen de
l'hydrogène était estimé à environ 283 millions € en 2005 et on prévoit, avec un taux de
croissance annuel de 15 %, qu'il atteigne 569 millions € d'ici 2010 (17). Le programme de la
Commission européenne pour la technologie de l'hydrogène a déjà affecté plus de 500
millions € pour ouvrir la voie à une utilisation commerciale de la technologie de
12
l'hydrogène et de la pile à combustible
(18)
. On prévoit que le secteur privé dépensera 5
milliards € supplémentaires pour mettre l'hydrogène sur le marché au cours des 10
prochaines années
(19)
. Les fonds publics de l'UE, avec un niveau attendu de 320 à 350
millions € par an entre 2007 et 2015, devraient apporter un montant total de 7,4 milliards €
en vue de faire de l'économie de l'hydrogène une réalité dans la seconde décennie du 21ème
siècle. L'industrie européenne de la pile à combustible pourrait générer plus de 500 000
emplois d'ici 2030 (20).
La perspective d'une mise en oeuvre opérationnelle du troisième pilier de la Troisième
Révolution Industrielle, le réseau de services intelligents de l'UE, suscite également un
enthousiasme croissant à la fois dans le secteur public et privé, au moment où l'Europe est
confrontée au défi de la remise en état d'un réseau de production d'énergie vieux d'un demi
siècle, inefficace et dépassé, pour transformer une infrastructure électro-mécanique de la
seconde révolution industrielle en une infrastructure numérique de la Troisième Révolution
Industrielle.
La Troisième Révolution Industrielle demandera un remodelage complet des secteurs du
transport, de la construction et de l'électricité, qui créera de nouveaux emplois et services,
fera naître de nouvelles entreprises et exigera de nouvelles qualifications professionnelles.
Le secteur des transports est la troisième cause d’origine humaine d’émissions de gaz à effet
de serre conduisant au réchauffement de la planète, après les constructions et la filière
élevage
(21)
. Les transports représentent actuellement 7 % du PNB de l’Europe, et 5 % de
l’emploi(22). La transition au cours des 2ème et 3ème décennies du 21ème siècle, des moteurs à
essence à combustion interne vers des piles à combustible à zéro émission fonctionnant à
l’hydrogène, pour la plupart des modes de transport – chariots élévateurs, scooters,
voitures, camions, autobus, trains, bateaux et navires à passagers-- va créer d’importantes
perspectives nouvelles de développement pour les entreprises et générer de nouveaux
emplois dans toutes les activités liées aux transports, dans l'ensemble des pays membres de
l’UE. Rééquiper les transports nécessitera la fabrication commerciale à grande échelle de
piles à combustible, la production de masse de combustible à hydrogène, la réalisation à
l’échelle du continent d'infrastructures pour le ravitaillement en carburant, de nouveaux
modèles de véhicule et de nouveaux logiciels pour les transports, développera de nouvelles
synergies et aura des effets multiplicateurs considérables.
13
On estime que la mise en place complète d’un système de transport à hydrogène dans l’UE
pour équiper 100 millions de véhicules pourrait largement coûter plusieurs centaines de
milliards €. Bien qu'il soit considérable, ce coût est attrayant si on le confronte aux coûts
actuels de l’économie des transports, fondée sur l’essence et la combustion interne. Le
Conseil Mondial de l’Energie prévoit qu'il coûtera plus de 1300 milliards $, du puits à la
roue, pour les 30 prochaines années, pour entretenir et développer l’économie Nordaméricaine reposant sur l’essence(23). Comme l’Union européenne a, en gros, le même
nombre de voitures que les Etats-Unis, le coût est vraisemblablement comparable (24). Bien
sûr, ce coût pourrait être beaucoup plus élevé au fur et à mesure que nous approcherons du
pic mondial de la production de pétrole et que le changement climatique commencera à
produire en temps réel des effets écologiques et économiques négatifs à travers le
continent. La question cruciale est de savoir s’il faut continuer à financer un régime
énergétique et un système de transports crépusculaires, ou engager la transition vers les
énergies renouvelables et une économie de l’hydrogène pour la plupart des modes de
transport.
Le secteur de la construction est le plus grand employeur industriel de l’UE et représentait,
en 2003, 10 % du PNB et 7 % de l’emploi dans l’Union à 15 (25). L’essentiel est consacré à la
construction d’immeubles, qui sont le principal contributeur au réchauffement mondial
d’origine humaine. Dans le monde, les immeubles consomment 30 à 40 % de toute
l’énergie produite et sont responsables à concurrence des mêmes pourcentages de toutes les
émissions de CO2 (26). En Europe, ces chiffres s’élèvent respectivement à une fourchette de
40 à 50 %
(27)
. Cette activité, comme les transports, représentera nombre des nouveaux
développements d’activités et d’emplois, dès lors que l’Europe s’engagera plus fortement
dans la mise en oeuvre de la Troisième Révolution Industrielle.
Le mandat pour un bon rendement énergétique et le benchmarking sur l’énergie
renouvelable, récemment annoncés par l'UE, conduisent déjà à une implication croissante
dans la «construction verte». Par exemple, l’Espagne rend obligatoire pour toute nouvelle
construction l’incorporation directe dans les infrastructures des technologies de l’énergie
solaire (28). Le «verdissement» de la construction va créer des milliers de nouveaux emplois,
entre aujourd'hui et 2030, dans la mesure où les constructions neuves et existantes feront
passer de la seconde à la Troisième Révolution Industrielle les modèles, les matériaux, les
14
technologies ainsi que les normes et les règles de construction.
A l’avenir, chacun des trois piliers de la Troisième Révolution Industrielle se concrétisera à
la fois dans les constructions et l’ensemble des modes de transports.
Le secteur de l’électricité dans l’UE a atteint un chiffre d’affaires d’environ 112 milliards €
en 2003 et contribué à 1,5 % du PNB
(29)
. L’industrie employait 608 000 salariés dans
(30)
l’Union à 15 en 2004
. La reconfiguration de l’ensemble du réseau énergétique de l’UE
dans les 30 prochaines années pour créer une interconnexion, en utilisant les réseaux
d’internet, devrait coûter plus de 750 milliards € et génèrera des dizaines de milliers de
nouveaux emplois
(31)
. Nombre des emplois nécessiteront la requalification des ouvriers
dans le domaine des techniques énergétiques et des technologies de l’information et de la
communication.
En étant la première sur le marché, l’Union européenne se positionnera comme leader de la
Troisième Révolution Industrielle et bénéficiera de l’avantage commercial pour exporter
dans le monde entier le savoir-faire et les équipements des technologies vertes. Mettre en
oeuvre une nouvelle génération des technologies de l’énergie renouvelable, fabriquer des
piles à combustible mobiles et fixes, réinventer l’automobile, rénover les bâtiments et les
infrastructures vieillissantes de l’Europe en appliquant les meilleures pratiques
architecturales vertes, reconfigurer le réseau d’énergie électrique, comme produire toutes les
technologies d’accompagnement, les biens et les services qui font une économie hautetechnologie de la Troisième Révolution Industrielle, tout ceci aura un effet économique
multiplicateur qui s’étendra jusqu’aux décennies du milieu du 21ème sicècle.
LA SECURITE ENERGETIQUE
L'inquiétude croissante liée à la dépendance au gaz russe et au pétrole du Golfe Persique
alimente beaucoup de débats sur la façon d'assurer au mieux la sécurité énergétique de
l'UE. Avec le prix du pétrole à plus de 52 $ le baril sur les marchés mondiaux, les
gouvernements de l'UE, les industriels et les consommateurs se sentent de plus en plus
vulnérables et se préoccupent d'affirmer leur indépendance énergétique. L'apparition de la
Chine et de l'Inde comme des pouvoirs économiques de premier plan a ajouté une tension
supplémentaire sur les réserves de combustibles fossiles. L'intensification des tensions
15
politiques au Moyen-Orient est aussi une préoccupation croissante, d'autant plus que
l'instabilité politique pourrait mettre en danger l'approvisionnement en pétrole de l'Europe.
La perspective d'augmenter significativement la production d'énergie nucléaire accroît aussi
le sentiment de malaise chez les Européens. La connexion au réseau électrique d'un grand
nombre, voire des centaines, de centrales nucléaires dans le monde entier au cours des
décennies à venir fournit une cible évidente pour des attaques terroristes. De plus, la
probabilité de transport de grandes quantités d'uranium et de plutonium à une époque de
croissance des extrémismes politiques et religieux est un facteur troublant.
La clef de la sécurité énergétique européenne sera de produire de l'énergie localement à
partir de sources d'énergies renouvelables, en la stockant sous forme d'hydrogène ou
d'autres techniques, grâce aux réseaux et en partageant les surplus d'électricité au travers
d'un réseau intelligent reliant tous les consommateurs d'Europe.
Les considérations de sécurité à l'origine du développement d'Internet se retrouvent dans le
développement d'une telle interconnexion. Le ministère de la défense des Etats-Unis
(DoD) a créé le précurseur d'Internet à la fin des années soixante. Il avait pour objectif de
faire des économies sur la fourniture de super ordinateurs coûteux aux universités et aux
chercheurs sous contrat avec la Défense; il cherchait à partager les ordinateurs entre des
personnes séparées par de grandes distances. Les militaires étaient également préoccupés
par la vulnérabilité potentielle des systèmes centralisés face aux attaques et aux pannes. Ils
voulaient un nouveau type de moyen de communication décentralisé dans lequel tous les
partenaires pouvaient échanger des informations, même si une partie du système était
interrompue ou détruite. La solution fut ARPANET, développé par l'Agence des projets de
recherche avancés (ARPA) du DoD. Le premier ordinateur d'accueil fut opérationnel en
1969. En 1988, plus de 60 000 ordinateurs d'accueil étaient connectés. La Fondation
nationale pour les sciences (NSF) créa son propre réseau pour connecter les universités et
les chercheurs dans le pays. Lorsque ARPANET a été fermé en 1990, le réseau de la NSF e
st devenu en fait Internet(32). Comme l'Internet, en cas d'interruptions locales des échanges
d'électricité − qu'elles soient militaires, politiques ou environnementales − un maillage du
réseau électrique permettrait aux autres parties du réseau de continuer à fonctionner.
Un maillage intelligent, totalement intégré à l'échelle du continent permet à chaque Etat
membre de l'UE à la fois de produire son énergie et de partager tout surplus avec le reste
16
de l'Europe dans une approche de réseau assurant la sécurité énergétique de l'UE. L'Italie
peut partager ses surplus d'énergie solaire avec la Grande-Bretagne et celle-ci peut partager
son excès d'énergie éolienne avec le Portugal qui, lui-même, peut partager son abondante
énergie hydroélectrique avec la Slovénie, laquelle peut partager ses surplus forestiers avec la
Pologne qui peut partager sa biomasse agricole avec la Norvège, etc. Lorsque n'importe
quelle région de l'Europe bénéficie d'un surplus d'énergie renouvelable, celle-ci peut être
partagée avec ceux qui sont en déficit temporaire. L'hydrogène, soutenu par d'autres
moyens de stockage, est un moyen de transport universel pour toutes les formes d'énergie
renouvelable, pour utilisation dans les transports ou pour la production d'électricité lorsque
le réseau en a besoin.
En optimisant l'exploitation des énergies renouvelables produites localement ou
régionalement, en la stockant sous forme d'hydrogène ou autre, et en la partageant au
travers de l'Europe, au moyen d'un maillage continental, l'UE peut créer un vrai régime
énergétique durable et intégré, soutenir la sécurité énergétique, faciliter l'achèvement du
marché intérieur et atteindre l'objectif de l'Agenda de Lisbonne de rendre l'économie
européenne la plus compétitive au monde et d'aider le Monde à entrer dans la Troisième
Révolution Industrielle.
LA DISTRIBUTION DE L'ENERGIE. DE LA GEOPOLITIQUE A LA
POLITIQUE DE LA BIOSPHERE
Les énergies fossiles et le nucléaire représentent les principales sources d'énergies d'élite du
vieux système centralisé de gestion des ressources caractérisant les 19ème et 20ème siècles.
Parce qu'elles ne sont disponibles qu'en des endroits précis, ces ressources énergétiques ont
souvent requis de grands efforts de protection militaire et des investissements importants
pour les exploiter. Le résultat a été un accroissement du fossé entre ceux qui disposent des
sources d'énergie et ceux qui en sont démunis.
L'énergie renouvelable est disponible partout sur Terre. Le rayonnement solaire, le vent,
l'hydraulique, la géothermie, les énergies marines, les déchets agricoles et forestiers ainsi
que les déchets domestiques sont tous largement accessibles dans le monde. Transformée
et stockée sous la forme d'hydrogène et distribuée sous la forme d'électricité au travers de
maillages intelligents, l'énergie renouvelable peut être partagée et distribuée équitablement
17
de la même façon que nous partageons aujourd'hui l'information.
La Troisième Révolution Industrielle rend possible une large redistribution de l'énergie
avec des bénéfices conséquents pour la société. Le système actuel de distribution d'énergie
centralisé est de plus en plus obsolète. A l'avenir, les industries, les municipalités et les
particuliers pourront devenir des producteurs autant que des consommateurs de leur
propre énergie, grâce au système de production d'énergie répartie. Même l'automobile est
une centrale sur roues avec un potentiel de vingt kilowatts ou plus. Comme celle-ci reste la
plupart du temps au parking, elle peut être branchée pendant ce temps sur la maison, le
bureau ou le réseau électrique interactif, fournissant de l'électricité au réseau. Les piles à
combustible alimentant ces véhicules deviennent ainsi un moyen de stockage massif
d'énergie sous la forme d'hydrogène qui peut être reconverti en électricité dans le maillage
énergétique principal. Si seulement 25% des conducteurs utilisaient leur véhicule comme
centrale électrique pour vendre de l'énergie au réseau, toutes les centrales électriques de
l'UE pourraient être éliminées(33).
En notant les similitudes étonnantes entre ce qui a été déjà réalisé avec Internet et ce qui
est en cours pour la production d'énergie répartie, l'Institut de recherche pour l'énergie
électrique (EPRI), le groupe de réflexion de l'industrie américaine de l'électricité, a conclu
dans ses "Perspectives pour le futur" que cette production répartie est amenée à éclore de
la même façon que l'industrie des calculateurs. "Les grands calculateurs ont cédé la place à de petits
ordinateurs de bureau dispersés géographiquement mais interconnectés dans des réseaux intégrés et flexibles.
Dans notre industrie, les centrales continueront à jouer un rôle important, mais nous aurons de plus en plus
besoin de générateurs répartis, plus petits et plus propres... tous soutenus par des technologies de stockage
énergétique. Une exigence essentielle de tels systèmes sera la mise au point des contrôles informatiques
performants : ils seront absolument essentiels pour gérer le flux énorme d'information et d'énergie qu'une
telle interconnexion générera (34) ".
Dans le futur les producteurs et transporteurs d'énergie permettront de plus en plus son
partage en rassemblant l'énergie renouvelable produite localement, en la stockant sous
forme d'hydrogène ou autres techniques, et en la distribuant sur un réseau intelligent au
travers de l'Europe.
L'avènement simultané de technologies de communication et d'énergie renouvelable
18
décentralisées au travers d'un réseau intelligent et d'accès ouvert consiste à donner le
pouvoir aux populations. Pour la nouvelle génération qui a grandi dans un monde moins
hiérarchique et plus en réseau, la possibilité de produire sa propre énergie comme celle de
produire sa propre information dans un réseau d'accès libre sera naturelle et banale.
Le passage des combustibles fossiles et de l'énergie nucléaire vers les énergies renouvelables
réparties sort le monde de la géopolitique qui caractérisa le 20ème siècle pour le faire entrer
dans la politique de la biosphère du 21ème siècle. La plupart des confrontations
géopolitiques du siècle dernier ont eu pour origine le contrôle des ressources énergétiques.
Des guerres ont eu lieu et d'innombrables victimes furent sacrifiées dans les combats entre
les nations pour la conquête de gisements d'énergie fossile ou d'uranium.
L'accompagnement de la Troisième Révolution Industrielle sera un long chemin semé
d'embûches autour de tensions croissantes pour l'accès à des ressources énergétiques en
diminution, mais facilitera un sens de la responsabilité collective en créant une politique de
la biosphère sauvegardant les écosystèmes terrestres. Le demi-siècle de transition entre la
seconde et la Troisième Révolution Industrielle et le mouvement concomitant de la
géopolitique vers la biosphère politique auront un impact grandissant sur la mondialisation.
La Troisième Révolution Industrielle aura vraisemblablement un impact significatif sur les
pays en développement. Il est frappant que la moitié de la population mondiale n'ait
aujourd'hui jamais utilisé de téléphone et qu'un tiers n'ait pas accès à l'électricité
(35)
.
Aujourd'hui, la consommation énergétique individuelle dans le monde en développement
est seulement le quinzième de celle des Etats-Unis
(36)
. La disparité entre le monde
connecté et le monde non connecté est profonde et menace de l'être plus encore lorsque la
population va passer de 6,2 milliards d'habitants aujourd'hui à 9 milliards dans le prochain
demi-siècle.
Le manque d'accès à l'électricité est un facteur clef de la perpétuation de la pauvreté dans le
monde. A contrario, l'accès à l'énergie signifie plus d'opportunités économiques. En
Afrique du Sud, par exemple, pour cent maisons électrifiées, dix à vingt entreprises sont
créées
(37)
. L'électricité libère le travail humain des tâches de survie. Elle fournit l'énergie
pour le matériel agricole, pour mettre en oeuvre de petites usines et les boutiques de
souvenirs, elle éclaire les maisons, les écoles et les entreprises. L'évolution vers l'énergie
renouvelable produite localement, partiellement stockée sous forme d'hydrogène, et la
19
création des maillages de production reliant les communautés autour du monde, est une
grande promesse pour sortir des milliards d'hommes de la pauvreté.
Lorsque tous les individus et les communautés du monde seront les producteurs de leur
propre énergie, nous verrons une évolution considérable de configuration de l'énergie. Les
populations seront moins entre les mains de pouvoirs lointains. Les communautés
pourront produire localement et vendre globalement. C'est l'essence de la politique du
développement durable et de re-mondialisation du bas vers le haut.
La question clef que chaque nation doit poser maintenant est de savoir où son pays sera
dans dix ans : dans les énergies et les industries du crépuscule de la seconde révolution
industrielle ou dans les énergies et les industries de l'aube de la Troisième Révolution
Industrielle. La Troisième Révolution Industrielle est le dernier élément qui sortira le
monde de la vieille énergie tirée du carbone et de l'uranium pour le faire évoluer vers le
futur non polluant et durable de l'espèce humaine.
RECOMMANDATIONS POUR LA MISE EN OEUVRE DE LA TROISIEME
REVOLUTION INDUSTRIELLE
GOUVERNANCE
Dix huit des directions générales de la Commission sont impliquées dans les politiques, les
programmes et les activités qui ont un impact sur les aspects spécifiques de la troisième
révolution industrielle.
De plus, plusieurs agences de la Communauté ont des mandats ou sont impliquées dans
des programmes ayant une influence sur la mobilisation pour une Troisième Révolution
Industrielle. Il y a aussi 19 plates-formes technologiques indépendantes qui travaillent dans
les domaines qui sont essentiels pour l'accompagnement d'une Troisième Révolution
Industrielle dans l'Union européenne.
La Commission européenne devrait donc établir un plan général de maîtrise d'oeuvre de la
Troisième Révolution Industrielle et institutionnaliser un réseau formel opérationnel
constitué de l'ensemble des directions générales, des agences communautaires, des plates20
formes technologiques et des initiatives conjointes en matière de technologie qui sont en
relation avec le projet. Le plan général devrait préciser les objectifs communs ainsi que les
objectifs spécifiques et les études de référentiels avec l'objectif de mettre en place une
infrastructure rudimentaire de la Troisième Révolution Industrielle en Europe pour 2020.
Les 27 Etats membres devraient en retour créer chacun un plan général national, miroir,
de la Troisième Révolution Industrielle ainsi qu'un réseau opérationnel associé en y
rattachant leurs propres service nationaux, agences et plates-formes technologiques. Les
réseaux ainsi constitués devraient être engagés de manière formelle avec le réseau européen
afin d'échanger les meilleures pratiques, de coopérer sur des programmes communs et de
travailler ensemble pour faire avancer les objectifs et les travaux de référence au niveau
européen.
FINANCEMENT DE LA TROISIEME REVOLUTION INDUSTRIELLE
La Commission européenne devrait établir un comité financier formel constitué des
directions générales appropriées. Le comité financier aurait pour charge de mettre au point
un portefeuille de recommandations pour l'établissement de partenariats public/privé, de
stimuler les investissements sur la recherche, le développement et la pénétration du marché,
de créer des critères fiscaux afin de définir un cadre cohérent pour les subventions
destinées à la fois aux industries consacrées aux énergies traditionnelles et à la mise en
oeuvre de nouvelles énergies renouvelables, enfin d'encourager l'adoption précoce de ses
objectifs par les agences gouvernementales, par les industries de grande taille et par les
petites et moyennes entreprises, ainsi que par les consommateurs. Un rapport détaillé
comprenant ces recommandations devrait être soumis à la Commission européenne et aux
27 Etats membres dans un délai de 12 mois.
ETABLISSEMENT DE CODES DE NORMES ET REGLEMENTATIONS
COMMUNES
La Commission européenne devrait établir des codes, des normes et des réglementations
communes pour les trois piliers de la révolution industrielle - énergies renouvelables, pile à
combustible à hydrogène et autres technologies de stockage, réseau d'interconnexion
intelligente - pour éviter toute duplication coûteuse, assurer l'adoption précoce (early
adoption) de ces principes, faciliter une intégration commerciale sans faille et une rapide
21
pénétration du marché. En étant la première à institutionnaliser des codes, normes et
règlements communs, l'Union européenne prendrait une position dominante vis-à-vis du
transfert de technologie vers le reste du monde et se présenterait ainsi comme le leader en
matière d'exportation de technologies liées à la Troisième Révolution Industrielle.
CONDUITE D'UN AUDIT SUR LES ENERGIES RENOUVELABLES A
L'ECHELLE DU CONTINENT
L'Agence européenne de l'environnement devrait être chargée de conduire un audit
complet sur l'énergie dans les 27 Etats membres afin d'étudier les possibilités de recours à
toutes les sources d'énergies renouvelables à court, moyen et long terme. Les études
devraient prendre en compte les dimensions spatiales et temporelles ainsi que les effets du
changement de climat sur le potentiel des énergies renouvelables aussi bien que les autres
paramètres évolutifs démographiques, technologiques ou autres. L'audit sur l'énergie
devrait être achevé dans un délai de 12 mois et soumis à la Commission et aux 27 Etats
membres afin d'apporter un support aux gouvernements dans leurs exercices de
prospective énergétique.
CONDUITE D'UNE PREVISION ECONOMIQUE A L'ECHELLE DU
CONTINENT
Chaque direction générale de la Commission Europèenne devrait passer commande d'une
série d'études sur les impacts économiques potentiels de la Troisième Révolution
Industrielle par son secteur de pertinance et par industrie. En utilisant différents modèles
de prévision dans le domaine de la pénétration du marché, les études devraient mettre à
disposition des images de ce que seront les flux économiques et sociaux aussi bien par
région et par nation qu'au niveau européen et devraient comporter une expression des
possibilités d'exportation de technologies. Le modèle devrait permettre de prendre en
compte l'émergence et la réussite de technologies encore en cours de développement, ainsi
que les effets de synergie et de multiplication pour démontrer de manière la plus réaliste
possible les potentiels futurs des tendances et développements des principaux éléments de
la Troisième Révolution Industrielle. L'étude devrait être achevée dans un délai de 12 mois.
22
CREATION DE COMMUNAUTES PHARES DE LA TROISIEME
REVOLUTION INDUSTRIELLE
La Communauté européenne devrait créer des partenariats public/privé dans le but
d'établir un état de l'art "phare" de la "Communauté" de la Troisième Révolution
Industrielle dans chacun des 27 Etats membres. Chaque État membre devrait désigner une
communauté de l'ordre de 5000 personnes comportant à la fois des entreprises et des
particuliers pour faciliter la mise en oeuvre de la Troisième Révolution Industrielle. Ces
communautés serviront de banc d'essai pour les technologies et meilleures pratiques de la
Troisième Révolution Industrielle et agiront comme démonstrateur pour l'éducation du
public et la mobilisation nécessaire en vue de la transition vers la Troisième Révolution
Industrielle.
*
*
*
Jeremy Rifkin est le président de la Fondation pour les Tendances économiques à
Washington, DC. Il enseigne à la Wharton School’s Executive Education Program de
l'Université de Pennsylvanie. Mr. Rifkin est le conseiller du président de l'Union
européenne, Jose Socrates, Premier ministre du Portugal, pour les questions d'énergie et
d'économie. Il est aussi conseiller spécial du groupe du Parlement européen sur
l'avancement de la Troisième Révolution Industrielle et le recours à l'économie de
l'hydrogène. Mr. Rifkin est l'auteur de dix-sept ouvrages sur l'environnement, l'énergie et les
questions économiques dont The
Hydrogen Economy: The Creation of the World Wide Energy Web and the Redistribution
of Power on Earth (Tarcher/Penguin).
23
Remerciements aux personnes ayant participé à la préparation de ce rapport
Terry Tamminen
Former Secretary of the California Environmental Protection Agency and Cabinet
Secretary, the Chief Policy Advisor, to Governor Arnold Schwarzenegger. Mr. Tamminen
continues to advise the Governor on energy and environmental policy. In 2007, Mr.
Tamminen was named the Cullman Senior Fellow and Director, Climate Policy Program,
of the New America Foundation.
Alan C. Lloyd
President of the International Council on Clean Transportation in Reno, Nevada. Dr.
Lloyd served as the Secretary of the California Environmental Protection Agency from
2004 through 2006, and as the Chairman of the California Air Resources Board (CARB)
from 1999 to 2004. Dr. Lloyd was also the 2003 Chairman of the California Fuel Cell
Partnership and is a Co-Founder of the California Stationary Fuel Cell collaborative. Dr.
Lloyd is currently Chairman of the Hydrogen and Fuel Cell Advisory Committee (HTAC)
that was created under the Energy Act. HTAC reports directly to the Secretary of Energy
of the US Department of Energy.
Woodrow W. Clark
Founder, Managing Director, and CEO of Clark Strategic Partners (AKA Clark
Communications) in Beverly Hills, California. Dr. Clark was formerly the Deputy Director
and Senior Policy Advisor on Energy Reliability to Governor Gray Davis of California.
Daniel M. Kammen
Distinguished Professor of Energy at the University of California, Berkeley, holding
appointments in the Energy and Resources Group, the Goldman School of Public Policy,
and the department of Nuclear Engineering. Prof. Kammen is the founding director of the
Renewable and Appropriate Energy Laboratory (RAEL) and Co-Director of the Berkeley
Institute of the Environment. Prof. Kammen also serves on the National Advisory Board
of the Union of Concerned Scientists.
Angelo Consoli
Director of the Brussels based European Affairs and Progressive Communication
Consultancy CODECO , Belgium, and of the European Office of Jeremy Rifkin.
Mis en forme : Anglais
(Royaume-Uni)
Mis en forme : Anglais
(Royaume-Uni)
Shannon Baxter-Clemmons
Former Assistant Secretary for Hydrogen and Alternative Fuel Policy at the California
Environmental Protection Agency, and head of development for the California Hydrogen
Blueprint Plan. Dr. Clemmons also previously served at the California Air Resources Board
in the Chairman’s Office of Science and Advanced Technology and as Director of Special
Projects at Fuel Cells 2000 in Washington, DC.
24
Mis en forme : Anglais
(Royaume-Uni)
Timothy Lipman
Research Director for the Transportation Sustainability Research Center and Assistant
Research Engineer at the Institute of Transportation Studies, University of California,
Berkeley. Dr.Lipman also serves as Co-Director of the Pacific Region Combined Heat and
Power Application for the US Department of Energy and the California Energy
Commission.
B.B. Blevins
Executive Director of the California Energy Commission. Mr. Blevins also previously
served as the Undersecretary of the California Environmental Protection Agency (CalEPA) under Governor Pete Wilson.
Douglas M. Grandy
Principal of Distributed Energy Strategies, Inc., and Vice President of Business
Development for the Distributed Energy Resource Group, Inc. Previously, Mr. Grandy
worked in the Governors’ Cabinets on energy policy and advanced energy technologies in
both the Davis and Schwarzenegger administrations, as well as with the California
Stationary Fuel Cell Collaborative within the California Environmental Protection Agency
Office of the Secretary.
25
Notes
1) International Energy Agency. “Focus on Brazil”. In World Energy Outlook 2006. p. 479.
Retrieved from http://www.worldenergyoutlook.org/Brazil.pdf.
2) Council of the European Union. (2007, May 2). Brussels European Council, 8/9 March 2007.
Presidency Conclusions. (Publication No. 7224/1/07 REV 1). P. 21. Retrieved from
http://www.consilium.europa.eu/ueDocs/cms_Data/docs/pressData/en/ec/93135.pdf.
3) Advisory Council of the Hydrogen and Fuel Cells Technology Platform, Implementation
Panel. (March2007). European Hydrogen and Fuel Cell Technology Platform. “Implementation PlanStatus 2006”. Retrieved from
https://www.hfpeurope.org/uploads/2097/HFP_IP06_FINAL_20APR2007.pdf.
4) Wasserstoff Strategierat Brennstoffzellen. (30 April 2007). National Development Plan,
Version 2.1.“Hydrogen and Fuel Cell Technology Innovation Programme”. Preamble. Retrieved from
http://www.hyweb.de/gazette-e/NIP_Programm_2-1_EN.pdf.
5) Allianz Group. Interview with Hans Joachim Schellnhuber. (26 January 2007). Retrieved
from
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%20druck.pdf.
6) European Commission Directorate-General for Research. (2006). European SmartGrids
Technology Platform: Vision and Strategy for Europe’s Electricity Networks of the Future. Retrieved
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7) European Parliament. (12 February 2007). Written Declaration. (Publication No.
0016/2007, PE385.621v01-00). Retrieved from
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L+P6-DCL-2007 0016+0+DOC+PDF+V0//EN&language=EN.
8) United Nations Environment Programme and New Energy Finance. Global Trends in
Sustainable Energy Investment 2007: Analysis of Trends and Issues in the Financing of Renewable
Energy and Energy Efficiency in OECD and Developing Countries. Retrieved from
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ASustainable Investment Plan for the Power Sector to Save the Climate. Retrieved from
http://www.erecrenewables.org/fileadmin/erec_docs/Documents/Publications/futu_r_eInvestment.pdf.
9) German Federal Ministry for the Environment, Nature Conservation and Nuclear
Safety. (June 2006).Renewable Energy: Employment Effects: Impact of the Expansion of Renewable
Energy on the German Labour Market. Retrieved from
http://www.bmu.de/files/pdfs/allgemein/application/pdf/employment_effects_061211.pdf.
26
10) Worldwatch Institute and Center for American Progress. (September 2006). American
Energy: The Renewable Path to Energy Security. Retrieved from
http://images1.americanprogress.org/il80web20037/americanenergynow/AmericanEnergy.pdf.
11) Daniel M. Kammen, Kamal Kapadia, Matthias Fripp (2004). “Putting Renewables to Work:
How Many Jobs Can the Clean Energy Industry Generate?” A Report of the Renewable and
Appropriate Energy Laboratory, University of California, Berkeley. Retrieved from
http://rael.berkeley.edu/publications.
12) European Investment Bank. (29 January 2007). Corporate Operational Plan 2007-2009.
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13) German Federal Ministry for the Environment, Nature Conservation and Nuclear
Safety. (21 February 2007). Development of Renewable Energies in 2006 in Germany. Retrieved
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ahlen2006_eng.pdf.
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the German Labour Market. Retrieved from
http://www.bmu.de/files/pdfs/allgemein/application/pdf/employment_effects_061211.pdf.
14) PR Newswire (14 November 2006). European Renewable Energy Revenues Expected to Double
Market Boosted by Government Support and Global Warming. Citing Frost & Sullivan report
“European Renewable Energy Market- Investment Analysis and Growth Opportunities”,
October 2005. Retrieved from LexisNexis Academic.
15) Greenpeace International. (September 2005). Energy Revolution: A Sustainable Pathway to a
Clean Energy Future for Europe. Retrieved from
http://www.greenpeace.org/raw/content/international/press/reports/energy-revolutiona-sustainab.pdf.
16) Ibid.
European Renewable Energy Council. (2007). Renewable Energy Technology Roadmap Up to
2020. Retrieved from
http://www.erecrenewables.org/fileadmin/erec_docs/Documents/Publications/ERECTe
chnoloy_Roadmap_def1.pdf.
17) Fuji-Keizai USA, Inc. (May 2005). Executive Summary. Hydrogen Market, Hydrogen R&D
and Commercial Implication in the U.S. and EU. Retrieved from
http://www.mrgco.com/TOC_HydrogenMarket_May05.html.
18) Advisory Council of the Hydrogen and Fuel Cells Technology Platform,
Implementation Panel. (March 2007). European Hydrogen and Fuel Cell Technology Platform.
“Implementation
PlanStatus
2006”.
Retrieved
from
https://www.hfpeurope.org/uploads/2097/HFP_IP06_FINAL_20APR2007.pdf
19) Ibid.
27
Mis en forme : Italien (Italie)
Mis en forme : Anglais
(Royaume-Uni)
20) Ibid.
European Commission Directorate-General for Research. (March 2007). Third Status Report
on the European Technology Platforms. Retrieved from
ftp://ftp.cordis.europa.eu/pub/technologyplatforms/docs/etp3rdreport_en.pdf.
European Hydrogen and Fuel Cell Technology Platform. The Proposed Joint Technology
Initiative (JTI) on Hydrogen and Fuel Cells- Key Issues at a Glance. Retrieved from
https://www.hfpeurope.org/uploads/835/JTI_QA_11JUL2005.pdf.
Personal correspondence with Alan Lloyd regarding a not-yet-released DOE study on the
fuel cell industry. Dr. Lloyd is currently Chairman of the Hydrogen and Fuel Cell Advisory
Committee (HTAC) that was created under the Energy Act. HTAC reports directly to the
Secretary of Energy of the US Department of Energy. The employment potential for the
EU fuel cell industry is extrapolated from the not-yet-released DOE study regarding
employment potential in the US market. Because the hydrogen economy is further
advanced in the EU and the internal market of the 27 member-states is larger than the US
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