Elevage - Chambre d`Agriculture de Nouvelle Calédonie
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Elevage - Chambre d`Agriculture de Nouvelle Calédonie
Partenaire d’un développement agricole durable N°124 • Décembre 2010 500 F Végétale Agir efficacement contre le Bunchy Top > p.8 Dossier Elevage le premier groupement de défense sanitaire calédonien est lancé PORTRAIT René Panue Wacapo arboriculteur à Lifou > p. 40 Agri-tourisme A la découverte du miel de Thia sommaire 4 > Brèves et revue de presse 6 > Dossiers de la CANC • Mission Identification bovine et interprofession viande • Formation, renforcer le rôle des agriculteurs 6 8 > Filière végétale Le Bunchy Top, un fléau toujours d’actualité 16 > Technique Produits phytosanitaires, mieux se protéger 8 22 > Dossier • Elevage, vers une gestion concertée des problématiques sanitaires • Pour une lutte intégrée contre la tique • Rapport d’étape sur l’identification individuelle des bovins • L’UPRA Bovine, en charge de la Certification de Parenté Bovine • Interview de Gérald Blomme et de Raymond Hugueny, éleveurs de bovins 16 34 > Organisation professionnelle Pewake I Ba 36 > Juridique Réforme du registre de l’agriculture 34 38 > Partenaire Un nouveau terrain d’application pour les formations agricoles 40 > Mieux connaître l’agriculture calédonienne Portrait de René Panue Wacapo, arboriculteur à Lifou 44 > Fiche produit La pêche, un fruit de diversification 46 > Agriculture et société Qualité environnementale : les agriculteurs s’engagent 38 50 > Formation - métier • Formation et insertion, l’agriculture comme moteur • Frédéric Barjon, Technicien du GDCSA 54 > Agri-tourisme A la découverte du miel de Thia 56 > Petites annonces N°124 • Décembre 2010 La Calédonie Agricole est une publication de la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Calédonie, BP 111 - 98845 Nouméa cedex, tél. 24 31 60 - Fax : 28 45 87. Directeur de publication : Gérard Pasco. Directeur de rédaction : Yannick Couete. Rédacteur en chef : Pierre Ardorino, Sophie Golfier. Rédacteurs : Thierry Vanhaecke, Clément Gandet, Pierre Ardorino, Florence Castanet, Jean-Michel Favier, Vincent Galibert, Sophie Golfier, GFA. Photos : Sébastien Mérion, Pierre Ardorino. Réalisation : International Concept Pacifique, tél. 24 35 20. Régie publicitaire : Agence Calédonienne de Publications, tél. 24 35 20. Publicité : Daniel, tél. 78 22 41. ISSN : 1257 - 0397. La Calédonie Agricole est tiré à 4000 exemplaires sur les presses de Artypo. N°124 DECEMBRE 2010 édito L’année 2010 s’achève, et de toute évidence, elle ne figurera pas parmi les bons crus de l’agriculture calédonienne. Les conditions climatiques, notamment la sécheresse, ont fortement pénalisé la production agricole, aussi bien l’élevage bovin que les productions végétales. L’utilisation de la ressource en eau pour nos productions est dorénavant devenue une préoccupation majeure, tout comme la dramatique érosion des surfaces foncières agricoles. A l’évidence, les sujets d’inquiétude ne manquent pas… Néanmoins, si notre profession veut se construire un avenir, elle est indéniablement condamnée à s’organiser, se structurer et aller de l’avant. En étroite collaboration avec l’ensemble des partenaires impliqués dans la filière bovine, la Chambre d’agriculture a créé un Groupement de Défense Sanitaire Animal qui s’inscrit parfaitement dans cette logique. Un dossier y est consacré dans ce numéro. Il s’agit de vous faire découvrir les missions confiées à ce GDS Animal en termes de lutte contre la tique, de suivi sanitaire des troupeaux et d’identification des bovins. Son objectif est avant tout d’apporter un service complémentaire aux éleveurs, afin de faciliter le suivi de leur élevage et d’améliorer la rentabilité de leur exploitation. Dans le même esprit et conformément à notre feuille de route, nous venons de finaliser notre proposition d’évolution des textes du Registre de l’agriculture, ainsi que des statuts de notre Chambre. Fruit d’un travail long et minutieux, ces évolutions doivent permettre à notre institution consulaire de fonctionner de façon optimale. J’en finirais en vous souhaitant, ainsi qu’à vos proches, de bonnes fêtes de fin d’année. En tant que président de la Chambre d’agriculture, vous pouvez compter sur mon total engagement pour relayer en 2011 vos préoccupations auprès des partenaires institutionnels et œuvrer avec les élus et techniciens pour vous apporter des solutions concrètes. Gérard Pasco, Président de la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Calédonie LA CALÉDONIE AGRICOLE 3 En bref... UPRA Bovine Le conseil est renforcé L’UPRA bovine a recruté Romain Mirouze, un nouveau technicien spécialisé en élevage allaitant. Il travaillait en métropole pour une union de coopératives d’insémination animale et s’occupait de la commercialisation d’animaux reproducteurs limousin et blond d’aquitaine. Basé à Koumac, il aura pour mission d’accompagner les éleveurs de la province Nord dans leurs démarches de sélection : contrôle des performances, conseil dans le choix des animaux pour le renouvellement, coordination des activités d’insémination artificielle et de transfert embryonnaire. Il travaillera également avec les agents provinciaux en charge du développement de l’élevage. Biocalédonia Reconnaissance officielle Prix de la pomme de terre Augmentation sous réserve Agriculture responsable Premiers audits Les audits de certification en Agriculture Responsable ont démarré chez les producteurs de fruits et légumes. Dans le prochain numéro de LCA, un article sera consacré aux premiers producteurs certifiés. Le signe de qualité « Agriculture Responsable » sera étiqueté sur les produits et sera visible en magasin dès la délivrance du certificat aux producteurs. La grande distribution, déjà partie prenante de cette démarche, devrait participer à l’identification des produits sur les étals via une communication en magasin. Suite à une demande des Syndicats des Exploitants Agricoles, le gouvernement a décidé, sur proposition du conseil d’administration de l’OCEF, de revaloriser les prix d’achat des pommes de terre. A compter de la récolte 2010, les prix maximum d’achat seront donc les suivants : - Pommes de terre de consommation courante : 71 F / kg - Pommes de terre de transformation 55 F / kg - Pommes de terre à chair ferme : 130 F / kg. La prime ERPA de 4 F / kg sur la Red Ruby est maintenue pour cette campagne. Le conseil d’administration de l’OCEF a souhaité conditionner cette augmentation et la réserver aux producteurs s’engageant dans une démarche d’Agriculture Responsable. Pour adhérer à l’Organisme De Gestion (ODG) des signes de qualité (Syndicat pour une agriculture respectueuse de l’environnement), contactez Julie Deffieux au 24 63 74. Mission en Nouvelle-Calédonie Depuis 2009, l’association Biocalédonia œuvre pour le développement de l’agriculture biologique en Nouvelle-Calédonie. Ces efforts aboutissent aujourd’hui à une reconnaissance par la CPS (Communauté du Pacifique Sud) et le POETCOM (Pacific Organic and Ethical Trade Community), l’autorisant officiellement à utiliser la Norme Océanienne d’agriculture biologique, le logo BIOPASIFIKA et validant le fonctionnement de son système participatif de garantie. Cette reconnaissance est une première dans la région. 4 LA CALÉDONIE AGRICOLE Un expert de l’agriculture Didier Marteau, agriculteur dans le département de l’Aube, ancien vice-président de la FNSEA et membre de l’APCA, président de Chambre d’agriculture, était en mission du 17 au 27 octobre dernier en Nouvelle-Calédonie. Sa mission, accompagnée par le cabinet SODIE PACIFIQUE et par le gouvernement, était de rencontrer les partenaires agricoles pour dresser un état des lieux avec propositions de pistes de travail. En France, il est notamment chargé du dossier Ecophyto. Thèse La mouche des fruits Le 15 octobre Christian Mille, ingénieur à la Station de Recherche Agronomique de Pocquereux, a soutenu sa thèse sous la co-direction de Laurent Wantiez (LIVE-UNC) et de Serge Kreiter (Sup-agro de Monpellier) «Les mouches des fruits en Nouvelle Calédonie (Diptera, Tephritidae) : Systématique, comportement, dynamique et gestion des populations ». N°124 DECEMBRE 2010 Revue de presse... Un rempart contre les délocalisations Selon deux études sur l’impact économique et territorial des « signes d’identification de la qualité et de l’origine », réalisées en 2007 et 2008 portant sur cinq produits emblématiques de Midi-Pyrénées, les labels de qualité permettent une « valorisation économique supérieure » par rapport à leurs homologues génériques. Ils constituent aussi une « porte d’entrée » dans la grande distribution, induisant un accroissement des volumes vendus. « Il y a en outre la certitude que les signes d’identification sont des générateurs d’emploi et des remparts contre les délocalisations », a souligné Jacques Poux, directeur d’Irqualim. Les labels liés à une origine géographique fixent l’activité économique sur un territoire et empêchent sa délocalisation du fait de la non reproductibilité des démarches qualité. De manière générale, les filières qualité ont tendance à « tirer vers le haut » la production globale d’une région. Lettre agrisalon du 22/10/2010 La Norvège crée un indice pour évaluer l’état de la nature La Norvège a créé un indice qui permet d’évaluer l’état de la nature. Mis au point cette année, cet indice a été présenté lors de la convention sur la diversité biologique de l’ONU qui s’est tenue en octobre à Nagoya, au Japon. Selon Heidi Soerensen et d’autres responsables norvégiens, l’indice pourrait n’être qu’une étape avant la valorisation de la nature dans le calcul du produit intérieur brut (PIB), ce qui constituerait une révolution de l’économie traditionnelle. «Ce peut être un excellent outil qui pourrait venir en aide aux comptes nationaux. Ce n’est pas le cas avec l’indice, mais c’est un très bon point de départ». Un rapport de l’ONU chiffre le coût des dégâts causés au capital de la nature entre 2 et 4,5 milliards de dollars par an. Or, ces pertes ne sont pas prises en compte dans le calcul du PIB. Le monde 21/10/2010 Documentation Guide des écogestes Depuis l’année dernière, la Maison de la femme et la direction de l’Environnement ont travaillé de concert sur un projet éco citoyen. Leur travail a abouti à l’élaboration d’un guide pratique qui vise à minimiser l’impact sur l’environnement. Ce guide est téléchargeable sur le site de la province sud www.province-sud.nc rubrique environnement Vous pouvez également le consulter sur place à la Chambre d’agriculture. Salons Deux salons sur l’agriculture à Paris Chaque année, la planète perd l’équivalent de l’Italie en surfaces cultivées Jusqu’à 30 millions d’hectares de surfaces cultivées, soit l’équivalent de la superficie de l’Italie, sont perdus chaque année a souligné jeudi 21 octobre un rapport de l’ONU. La combinaison entre la dégradation de l’environnement, l’urbanisation et les acquisitions de grandes surfaces par des investisseurs étrangers constitue «un cocktail explosif» souligne Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation. A l’échelle de la planète. «5 à 10 millions d’hectares de terres agricoles sont perdus chaque année du fait d’une dégradation sévère de l’environnement et 19,5 millions de plus sont perdus du fait de l’industrialisation et de l’urbanisation». La pression des très grands exploitants agricoles a accentué ce phénomène. «Chaque année, des investisseurs expriment leur intérêt dans l’acquisition de plus de 40 millions d’hectares de terres arables. Ces développements ont un impact énorme sur les petits exploitants, les peuples indigènes, les bergers et les pêcheurs qui dépendent de l’accès à la terre et à l’eau pour leur existence». Le monde 21/10/2010 N°124 DECEMBRE 2010 Le salon international de l’agriculture (SIA) et le salon du machinisme agricole (SIMA) se dérouleront à Paris respectivement du 19 au 27 février et du 20 au 24 février. Ces deux salons font référence en matière de découverte du monde agricole. L’un s’attache à faire découvrir l’agriculture au grand public tandis que l’autre est plus « professionnel » (mondial des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage). LA CALÉDONIE AGRICOLE 5 de le Chambre d’agriculture Les dossiers Mission Identification bovine et interprofession viande n Du 27 septembre au 9 octobre, des représentants de la CANC, du Syndicat des éleveurs bovins et de la DAVAR ont effectué une mission en métropole pour travailler sur l’identification bovine et l’interprofession viande. La délégation a rencontré des partenaires de l’identification bovine afin d’asseoir le projet IPG. Une convention tri partite Institut Elevage Bovin / DAVAR/ CANC a été signée à cette occasion. En deuxième semaine, accompagnée par une représentante de l’OCEF susceptible d’être permanente de l’Interprofession Viandes en Nouvelle-Calédonie (IVNC), la mission a rencontré divers représentants des interprofessions en métropole (INTERBEV, Nationales et Régionales). La fin de la mission s’est déroulée au sommet de l’élevage de Cournon, première manifestation d’élevage en France. Partenaires, matériels agricoles, animaux et techniques d’élevage ont tout particulièrement intéressé les membres de la mission. Convention cadre L’identification permanente des animaux de l’espèce bovine Cette convention trie partite, signée le 12 octobre 2010 et pour une durée d’au moins 5 années, a pour objectif de définir les modalités de l’appui technique apporté par la DAVAR, la CANC et l’institut de l’élevage dans la mise en œuvre de l’identification. La convention fixe notamment les missions de l’institut de l’élevage dans son soutien auprès de la DAVAR et de la Chambre d’agriculture. Que ce soit dans la mise en place et la gestion de l’outil ou les modalités de mise en œuvre sur le terrain. Formation, Renforcer le rôle des agriculteurs n La Chambre d’agriculture a réuni lundi 18 octobre les membres de la commission formation pour aborder la place que doivent prendre les agriculteurs dans les dispositifs de formations agricoles. Un débat est nécessaire pour renforcer l’efficacité des dispositifs. Suite aux constats partagés par de nombreux acteurs professionnels agricoles (manque de lisibilité des besoins de formation, mesure difficile de l’insertion des formés dans l’agriculture, adéquation entre les formations agricoles proposées / les publics à former / les professionnels à renforcer), la CANC souhaite occuper une place importante afin devenir le référent privilégié sur les questions de formations agricoles (pour les adultes principalement). En 2010, la Nouvelle-Calédonie, suivie de la DAFE, a reconnu le rôle évident que doit avoir la CANC en tant que repré6 LA CALÉDONIE AGRICOLE sentant des agriculteurs. Les agriculteurs sont les acteurs de la formation L’objectif est de replacer les agriculteurs comme acteurs dans ce dispositif, avec l’appui des partenaires. Pour y parvenir, le pôle formation devra se restructurer et s’étoffer pour couvrir de nouveaux champs d’activités, complémentaires : la formation, l’emploi et l’insertion, l’installation en agriculture. Faire émerger les attentes formation Concrètement, l’une des premières actions serait de faire un point avec tous les acteurs agricoles, les représentants des agriculteurs, des membres de groupements, syndicats, associations pour faire émerger leurs attentes en terme de formation. Ensuite, ces attentes seraient débattues avec les centres de formation agricole pour leur mise en place. Reste à réunir le budget nécessaire pour ce projet qui doit fédérer tous les partenaires afin de rapidement transformer cette belle idée et permettre finalement une meilleure efficacité des dispositifs mis en place. N°124 DECEMBRE 2010 végétale Filière Le Bunchy Top, un fléau toujours d’actualité Certains semblent l’avoir oublié, mais le Bunchy Top continue de sévir. Le grand Nouméa, Farino et Poindimié-Touho, les 3 lieux d’infection d’origine, demeurent un réservoir important du virus. Sans une vigilance constante et une prise de conscience générale, les plantations de bananes pourraient disparaître. Le point sur ce fléau toujours vivace. Arbofruits, en partenariat avec l’Agence de prévention et d’indemnisation des calamités agricoles ou naturelles, mène une veille sanitaire depuis 1999 pour lutter contre le Bunchy Top. Ce virus se transmet d’une souche de bananier à l’autre, via le puceron du bananier qui circule dans la sève, bouche les vaisseaux et empêche la production de bananes. Dans les pays où aucun contrôle n’a été effectué, jusqu’à 95 % de la production de fruits a disparu dans les trois 8 LA CALÉDONIE AGRICOLE années qui ont suivi l’introduction de la maladie. En Nouvelle-Calédonie, la gestion effectuée par Arbofruits a permis de maintenir la production de bananes et de limiter la propagation du virus. Aujourd’hui, trois foyers sont toutefois atteints : Poindimié-TouhoPonérihouen, Farino-Sarraméa et le Grand Nouméa. Aujourd’hui, seule l’éradication des pieds malades avec leur souche, et en annexe le traitement du puceron, vecteur du virus, permet de lutter contre cette maladie. Une équipe de techniciens aidée de guides, sillonne une partie du territoire pour surveiller la progression de la maladie et sensibiliser la population aux risques encourus. Mais cette lutte est aussi l’affaire de chacun, et il est important de continuer à signaler les cas suspects en dehors de ces zones et de ne pas transporter de plants, pour ne pas faire migrer la maladie. N°124 DECEMBRE 2010 Filière végétale “ La lutte contre le Bunchy Top est l’affaire de tous ! Action de la province Nord La province Nord entreprend une action d’envergure depuis 2008, en partenariat avec Arbofruits, dans les zones où le virus du Bunchy Top est durablement installé, sur les communes infectées de Poindimié et de Touho. Là, le SIVAP n’intervient plus, mais la province Nord prend le relais, pour continuer à sensibiliser et faire des opérations de destruction massive avec des guides de tribus, parfois des associations. Dans ces zones, on prône des destructions manuelles à la barre à mine, pour que les propriétaires de bananiers s’approprient la méthode et voient qu’il n’est pas nécessaire d’avoir du matériel spécifique pour gérer la maladie. Ce travail est plus fastidieux, mais il a aussi le mérite d’être plus respectueux de l’environnement. N°124 DECEMBRE 2010 Rappel des symptômes • Au début de la maladie, les dernières feuilles sorties sont plus courtes, s’enroulent vers l’intérieur et leur bord est jaune fluo. • Lorsque la maladie progresse, les feuilles sont étroites et cassantes, les bords des feuilles se recourbent vers le haut et jaunissent. • Au dernier stade, les feuilles forment un bouquet touffu d’où son nom anglais : Bunchy Top. ” Ouégoa : Une parcelle d’essai pour des bananes de qualité Billonnage, analyse de terre, fertigation, choix des rejets, désaisonnement, gestion de l’enherbement : autant de techniques vulgarisées dans la parcelle d’essai d’Henri Dubois, à l’initiative de la province Nord et en partenariat avec Arbofruits. Avec l’installation des nouveaux périmètres irrigables, ce champ de démonstration fait déjà recette, puisque déjà 3 producteurs se (re)lancent dans des projets de production raisonnée de bananes poingos ou william. Le lointain bassin de production de Ouégoa Pouébo a l’avantage de son climat plus chaud ; et le Bunchy Top y est encore absent. Chaque année, des prospections y sont organisées. LA CALÉDONIE AGRICOLE 9 végétale Agir contre le Bunchy top Filière La lutte contre le virus est l’affaire de tous. Rencontres et témoignages des acteurs qui œuvrent au quotidien pour contenir ce fléau. Alain DUBOIS, producteur de Ouégoa J’ai commencé par replanter 900 pieds qui vont produire à partir de janvier 2011, puis je continue à planter au fur et à mesure (encore 0,5 ha de poingos et 0,5 ha de William). Je suis intéressé par le label agriculture responsable et je suis les conseils techniques de la DDE et Arbofruits. Le Bunchy Top ? Un très grand danger pour la commune. Le travail de prospection mené par Arbofruits est indispensable. Moi, je connais la maladie car je l’ai vue chez un ami à Nouméa, mais je ne sais pas si les habitants de la commune ou de Pouébo connaissent bien ses symptômes. Ferrand KECINE, technicien de la province Nord, en charge de la zone infectée du nord : Pour détruire, on a complètement abandonné le glyphosate. La méthode que nous montrons, c’est le manuel : les gens peuvent faire eux-mêmes, ils ont tout le matériel chez eux, et c’est respectueux de l’environnement. Ils brûlent le cœur des feuilles pour éliminer tous les pucerons, puis ils dessouchent à la barre à mine. Mon mot d’ordre : « Quand tu rentres dans ton champ de taros, tu tires les mauvaises herbes… et bien là, dès que tu traverses ton champ de bananes, tu arraches les pieds malades. Il faut que ce soit un automatisme… » Jean Marcel SIU, dit ‘Pousse’, producteur de bananes à Dumbéa en conversion vers l’agriculture biologique. (11 000 pieds de bananes dessert produisant 5 à 6 tonnes par mois) « Il y a 10 ans on a tout détruit. J’ai re- planté des vitroplants. Malheureusement, il y a eu des refus dans le voisinage et la maladie est restée. Chaque semaine, mon employé passe dans les champs pour piquer les fleurs au Dipel. Il repère les pieds atteints de Bunchy Top. On repasse plus tard pour arracher à la barre à mine. Il nous faut environ 3 jours par mois pour assainir nos plantations. On pourrait estimer à une moyenne de 2 ou 3 % de pieds touchés par le Bunchy Top sur l’ensemble de mes champs. Les gens traitent chez eux s’ils connaissent. Ceux qui ne connaissent pas, ils laissent. C’est une erreur. » 10 LA CALÉDONIE AGRICOLE Mathieu GIRARD, technicien à Touho en zone infectée : « Le travail d’un guide de tribu, c’est plus que juste un boulot ponctuel, c’est une mission pour la tribu ; la personne qui travaille doit aussi être impliquée tout au long de l’année : elle devient la référente si d’autres ont des doutes sur la maladie. Le problème, c’est que le bananier, c’est une plante facile ! Tu la laisses dans la brousse, elle produit, cela ne demande pas beaucoup de soin… C’est pour cela que les gens n’ont pas pris l’habitude de s’occuper des bananiers… Notre travail, c’est de les convaincre de changer d’attitude. » N°124 DECEMBRE 2010 Témoignages Emmanuel KOLELE, président du conseil des clans de Tiwae (Touho), « guide » agent de destruction du Bunchy Top : « Au bout d’un moment certaines tribus ont réalisé que leurs bananiers ne produisaient plus. Au début, on en avait beaucoup détruits ; alors ils ne voulaient plus qu’on détruise. Maintenant, ils réalisent qu’il faut de nouveau planter, et qu’il faut arracher les souches malades. » Kaloï : Petit chef de Bayes - vice président du district de Bayes, Poindimié. « Je cultive 400 pieds de poingos depuis 2001. Je ne vends pas, je donne. Ce que je voudrais mettre en avant, c’est que le régime est très important dans la coutume. Il ne faut pas se laisser aller. J’encourage les techniciens à continuer le travail et les autorités coutumières à faire de la prévention. Il faut donner du temps à la parole. » Jean-Paul LOLO, technicien d’Arbofruits à Lifou Nous avons distribué des prospectus à la foire des îles, les réactions c’est « Nous ne voulons pas de Bunchy Top chez nous ! ». Les gens du fret à Aircal qui vérifient les marchandises confisquent les bananiers s’ils en trouvent… André GOPOEA, Maire de Ponérihouen ( Zone tampon du Bunchy Top : ) « Nous sommes tous concernés par le Bunchy Top parce qu’on ne peut pas envisager la disparition du bananier. Le Bananier fait partie de notre vie. On le trouve partout dans notre alimentation et dans nos échanges coutumiers. Le développement actuel du Bunchy Top nous inquiète beaucoup, surtout s’il s’ancre durablement dans Ponérihouen et ne régresse pas. Si rien n’est fait, le stock va diminuer, et à terme on pourrait envisager le pire, ne plus avoir de bananiers. Ceux qui veulent toujours n’en faire qu’à leur tête, en transportant des plants des zones infestées vers les zones indemnes, devraient commencer à le comprendre. Certains sont réceptifs : ils prennent des précautions. Pour mieux agir, il faut continuer à faire des informations au niveau des tribus, maintenir une veille sanitaire, voire sévir en infligeant une amende. Enfin, on ne sait pas toujours qui a planté les bananiers en premier : ce sont tous les vieux, et de ce fait les gens y sont très attachés, car on ne connaît pas leur histoire. S’ils les ont plantés là, c’est pour une raison. Ici, tout se respecte, alors certains hésitent à faire disparaître ce qui a été planté par les anciens. Si donc, la lutte contre le Bunchy Top n’est pas bien expliquée aux habitants des tribus, on peut rencontrer des freins dans le travail à faire. » Le Bunchy Top continue de progresser N°124 DECEMBRE 2010 LA CALÉDONIE AGRICOLE 11 végétale Filière Témoignages Interview : Elodie Dubois Phytopathologiste au Service d’Inspection Vétérinaire Alimentaire et Phytosanitaire (SIVAP) et coordinatrice technique au SIVAP pour le Bunchy Top. Depuis quand la Nouvelle-Calédonie agit-elle contre le Bunchy Top ? Plus de 10 ans maintenant. La maladie a été déclarée en 1999. Il y a eu 2 phases : la phase d’éradication qui a été menée par la Nouvelle-Calédonie puis une phase de surveillance qui lie depuis 2003 l’APICAN, Arbofruits et la DAVAR. La lutte était considérée comme trop radicale au début. Comment et pourquoi la méthode de lutte a-t-elle évolué ? A l’époque, le but était d’éradiquer la maladie par la manière forte c’est-àdire en détruisant tous les plants atteints. Il y avait une incompréhension sur les raisons de ce choix et sur les risques encourus. Les gens étaient plus ou moins récalcitrants. Le fait qu’il y ait eu des bananiers « cachés » et donc un maintien de la maladie dans certaines zones nous a poussés à changer de stratégie. Réduire au maximum la progression de cette maladie plutôt que chercher à la faire disparaître. Aujourd’hui, on est dans une démarche de sensibilisation pour que les gens prennent conscience de cette maladie et arrivent à la reconnaitre et limiter eux-mêmes les dégâts, par une destruction. tampons pour contenir la maladie et préserver les zones saines. Vous insistez sur la prévention. Que faire en cas de doute ? Il est important que chacun connaisse les symptômes du Bunchy Top et ait le réflexe de contacter Arbofruits au plus vite en cas de suspicion. Le Bunchy Top est un virus dévastateur. Par exemple, nos voisins Fidjiens, autrefois exportateurs de bananes n’ont aujourd’hui plus aucune production commerciale. La Nouvelle-Calédonie ne souhaite pas en arriver là. Il y a également des zones infectées où il n y’a plus de lutte car le Bunchy Top y est trop important. Les gens doivent savoir que cette maladie existe toujours et qu’ils peuvent aider à améliorer la situation actuelle en dessouchant eux-mêmes leurs bananiers malades. Pourquoi la règlementation interdit-elle le transport des bananiers ? Pourquoi l’APICAN et le SIVAP continuentils d’intervenir contre le Bunchy Top ? La règlementation définit des zones saines, des zones tampons et des zones infectées. Souvent les gens n’identifient pas les symptômes sur leurs bananiers et s’imaginent qu’ils sont sains. En donnant un bananier à leur famille pour aller le planter en Brousse, ils sont susceptibles d’introduire « le loup dans la bergerie ». Le transport des bananiers est donc interdit pour ne pas infecter des zones saines. Arbofruits est chargé d’intervenir dans les zones C’est une maladie à répercussion mondiale : elle est redoutable au niveau sanitaire et d’un impact économique majeur. C’est pourquoi on intervient et on tient à continuer à intervenir. Le but de cette surveillance est de protéger les zones de production comme Ouégoa et Pouébo par exemple. 12 LA CALÉDONIE AGRICOLE Les Australiens et d’autres ont mis en place des moyens de lutte semblables aux nôtres, mais quelles sont les spéci- ficités de la Nouvelle-Calédonie ? Le milieu tribal rend très spécifique cette lutte contre le Bunchy Top de par l’isolement des tribus mais également leur style de vie et leurs coutumes. Les techniciens font du porte à porte et il faut parfois beaucoup discuter pour que les gens comprennent et acceptent leur intervention. Les gens en tribu sont encore plus concernés que les gens en ville ou en zone plus rurale : ils vivent de ce bananier, et y sont aussi coutumièrement liés. De plus, les bananiers ne sont pas plantés bien droits en ligne ; il y a ceux des anciens champs aujourd’hui en jachère, ceux des endroits tabous ou ceux plantés par les chasseurs dans la montagne. Les refus et la non compréhension des propriétaires sont les principales barrières à franchir pour atteindre l’objectif fixé. Toute la Nouvelle-Calédonie est concernée ! En Australie, la maladie a pratiquement été éradiquée et cela n’aurait pas pu être possible sans la coopération de tous. Quelle serait la conclusion? Je pense que l’essentiel aujourd’hui est de communiquer sur cette maladie. Les gens sont souvent surpris quand je leur parle du Bunchy Top : ils n’en entendent plus vraiment parler, ils pensent que la maladie a été éradiquée. Le travail réalisé par Arbofruits est important mais nécessite une prise de conscience et une implication générale. N°124 DECEMBRE 2010 Technique Produits phytosanitaires, mieux se protéger Maux de tête, vertiges, nausées, irritations cutanées, troubles respiratoires… une mauvaise utilisation de produits phytosanitaires peut en être la cause. Pour préserver sa santé, il est indispensable de mieux connaître les risques liés à leur utilisation et prendre en conséquence des mesures pour limiter leur dangerosité. Retour sur les Journées Santé Sécurité 2010 de la Direction Territoriale de l’Emploi avec le Service Médical Interentreprises du Travail (SMIT), à la station IAC de Pocquereux, le jeudi 15 octobre. On évoque généralement la santé des consommateurs lorsque l’on aborde le sujet sensible des produits phytosanitaires. Mais une mauvaise utilisation de ces produits touche en premier lieu les applicateurs eux-mêmes et leur entourage. Les produits phytosanitaires, bien qu’ils soient élaborés pour lutter contre des insectes ou des mauvaises herbes, peuvent également avoir une action indirecte sur l’homme : un herbicide a beau être conçu pour détruire les adventices, il n’est pas sans consé16 LA CALÉDONIE AGRICOLE quence pour l’applicateur. Ces produits sont des préparations destinées à protéger les végétaux ou les produits végétaux contre les organismes nuisibles ou prévenir leur action. Ils exercent une action sur les processus vitaux des nuisibles, en agissant sur leur système nerveux (neurotoxique) ou en modifiant le fonctionnement hormonal. La probabilité de subir des effets néfastes sur la santé dépend de la nature des produits utilisés, de la quantité à laquelle on est exposé, de la durée et de la fréquence de l’exposition. En matière de santé des agriculteurs, la prévention est à privilégier, il est donc nécessaire de bien connaître les effets des produits phytosanitaires pour adapter ses comportements et se protéger efficacement. Quelles sont les voies de pénétration dans l’organisme ? Elles sont multiples : cutanée, digestive, respiratoire et oculaire. N°124 DECEMBRE 2010 “ Il est important de bien connaître les matières actives utilisées. Notre peau est relativement épaisse mais elle peut être facilement traversée par des substances solubles dans les graisses. Or on rajoute fréquemment des adjuvants pour améliorer l’accroche (tensio-actif) des produits. Des produits comme le mazout augmentent la pénétration des matières actives au travers de la peau. La voie digestive, c’est l’absorption par la bouche avec un effet corrosif sur le tube digestif. L’absorption se fait souvent lorsque l’on boit, fume ou mange pendant les applications ou après si les mains n’ont pas été correctement nettoyées. L’absorption peut aussi être indirecte par une pénétration via les mucosités nasales et respiratoires (absence de masque ou masque pas adapté). Dans les voies respiratoires, la pénétration dépend de la taille des gouttes dans l’atmosphère. L’absorption par voie respiratoire peut se produire lorsqu’on travaille à partir de poudres, dans une ambiance de gouttelettes en suspension dans l’air (brouillards) ou de vapeurs. Le risque lié à une application à basse N°124 DECEMBRE 2010 pression est assez faible, étant donné que les gouttelettes sont trop grosses pour demeurer en suspension dans l’air. L’application à l’aide d’un équipement à haute pression, à très faible volume ou de type brumisateur peut augmenter le risque parce que les gouttelettes sont plus fines et qu’elles peuvent voyager dans l’air sur des distances considérables. Ces petites gouttelettes vont plus profondément dans les poumons et sont mieux absorbées. Les produits qui présentent un risque d’inhalation élevé portent une étiquette où figurent des instructions concernant le port d’un appareil de protection respiratoire. En synthèse, on peut retenir que le risque de pénétration dans l’organisme est variable selon la formulation des produits phytosanitaires. Le risque est plus important pour les aérosols et les poudres. Il est plus réduit pour les liquides et presque nul pour les granulés et les briquettes. S’il est important de bien connaître les matières actives utilisées, il ne faut pas pour autant oublier de prendre en ” Les missions du SMIT • Consultation d’un médecin spécialiste en Médecine du Travail. • Expertise sur les lieux de travail assurée par une équipe de spécialistes afin de promouvoir la Santé, la Sécurité au Travail. • Nombreuses interventions pour aider les entreprises agricoles à pratiquer leur activité dans le maintien, le respect de la Santé et de la Sécurité. • Consultations centralisées ou près de vos exploitations tous les 2 ans ou plus pour les postes à risques. • Avis du médecin sur l’aptitude du salarié pour son poste de travail. • Examens complémentaires, interventions sur le plan de l’hygiène de la sécurité gratuits. Service Médical Interentreprises du Travail (SMIT), tél : 35 23 52 LA CALÉDONIE AGRICOLE 17 Technique compte les propriétés des adjuvants et des additifs. Quels sont les effets sur la santé ? Plus souvent, une mauvaise utilisation de produits phytosanitaires a une incidence sur le système nerveux (le système de notre organisme qui contrôle les nerfs et les muscles). Les effets généraux sur la santé sont différents qu’il s’agisse d’une exposition aiguë (court terme) ou d’une intoxication chronique (exposition faible mais régulière). Certains effets néfastes sur la santé dus à l’exposition à un pesticide peuvent se faire sentir immédiatement. Certains symptômes peuvent apparaître plusieurs heures après l’exposition. D’autres effets peuvent se manifester après plusieurs années, par exemple le cancer. Certains symptômes dus à l’exposition à un pesticide cessent dès la fin de l’exposition. D’autres peuvent mettre un certain temps à disparaître. Chez les personnes exposées régulièrement à des pesticides, les effets à long terme sur la santé sont plus préoccupants. Quelles sont les causes les plus fréquentes d’accidents ? La majorité des accidents avec les produits phytosanitaires n’est jamais due au hasard mais à une mauvaise utilisation des équipements, à du matériel inadapté notamment des équipements de protection périmés, au non respect des consignes de sécurité. Les incidents les plus fréquents sont dus à des projections accidentelles lors de la préparation des bouillies. Il est donc 18 LA CALÉDONIE AGRICOLE nécessaire avant tout traitement de prendre le temps de choisir le bon produit, le bon matériel et de porter un équipement de protection, ce qui n’est pas toujours facile compte tenu de notre climat. La précipitation, (vouloir faire vite) et la sous-estimation de l’importance du choix et du port des équipements de sécurité sont les principales causes d’accidents. Comment puis-je travailler en toute sécurité avec les produits phytosanitaire? On n’insistera jamais assez sur l’importance de travailler en toute sécurité avec des produits phytosanitaires ou en présence de ces derniers. Le port d’équipements de protection individuels, s’il est nécessaire, ne constitue pas la solution qui dispense de toutes autres mesures de protection, d’autant qu’en matière de combinaison le choix sur le marché est restreint et qu’elles sont contraignantes à porter sur une longue période. La protection commence donc bien en amont du traitement. Choisir en priorité les produits les moins toxiques possibles, prendre attentivement connaissance des précautions d’emploi et une préparation minutieuse des opérations à effectuer sont des règles essentielles à observer. Les équipements de protection se situent en bout de chaîne, ils viennent en complément de ces mesures de sécurité préalables. Pour l’application, le tracteur équipé d’une filtration à haute efficacité entretenue et vérifiée est considéré comme une protection de qualité. De nombreux incidents surviennent lorsque des produits phytosanitaires sont mélangés ou sont préparés en vue de leur utilisation. Il convient donc de respecter les points ci-dessous : • Assurez-vous que le local dans lequel vous mélangez vos produits est bien ventilé et éclairé. • Mélangez toujours les pesticides selon la concentration et la quantité recommandées. Ne mesurez pas « à l’aveuglette ». • Calculez à l’avance la quantité de bouillie nécessaire pour éviter d’en préparer trop. • Ne pas manipuler les produits tant que vous n’avez pas mis vos équipements de protection. • Gardez le contenant sous le niveau des yeux pour éviter les éclaboussures ou le déversement dans le visage et les yeux. • Utilisez un couteau ou des ciseaux servant UNIQUEMENT à ouvrir les sacs de produits phytosanitaires. Que dois-je faire lorsque j’applique des produits phytosanitaires? • Lire la Fiche de Données de Sécurité de la substance avant chaque application. • Gardez l’équipement en bon état. Par exemple, n’utilisez pas de vaporisateurs dont les tuyaux coulent ou dont les raccords sont lâches. • Adaptez votre équipement de protection au produit utilisé et assurezvous de son bon état • Appliquez toujours le produit au moment recommandé et dans des conditions météorologiques favorables. Ne vaporisez jamais un jour N°124 DECEMBRE 2010 “ Protégez-vous et pensez à vous former. La Chambre d’agriculture vous accompagne dans la formation. de grand vent, et assurez-vous que le brouillard ne se déplace pas vers vous ni vers personne d’autre. • Réduisez la dérive du brouillard en approchant la buse du vaporisateur de la cible. Utilisez le type de buse qui produit les gouttelettes les plus grosses qui sont néanmoins efficaces. • Après l’application, éloignezvous jusqu’à la fin du délai de sécurité après traitement indiqué sur l’étiquette. • Lavez-vous les mains et le visage après avoir effectué un traitement. On doit toujours se laver les mains avant de manger ou de fumer, avant de quitter le travail. • Changez de vêtements après avoir appliqué un traitement. Lavez vos vêtements séparément avant de les porter à nouveau. Faites un cycle de rinçage à vide avant de laver d’autres vêtements (hors du cycle des vêtements civils). Que faire en cas d’accident? En cas d’accident, il convient de rapidement prévenir les secours (Samu, pompiers, dispensaire), il est donc nécessaire d’afficher sur le local de stockage des produits phytosanitaires les numéros de téléphone d’urgence. Dans l’attente de l’arrivée des secours, vérifier : • L’état de conscience de la personne accidentée, • Son pouls, sa fréquence respiratoire, ses éventuelles difficultés respiratoires • Vérifier les consignes de premiers N°124 DECEMBRE 2010 ” secours indiquées sur la Fiche de Données de Sécurité : faut il faire ou ne pas faire vomir ? Faire boire ou pas de l’eau ? Les FDS des produits utilisés doivent donc être stockées dans le local phytosanitaire. Mettre des personnes le long de la route ou de la piste pour baliser l’itinéraire aux secours et penser à laisser libre la ligne de téléphone. Applicateurs, protégez vous en vous formant La formation au diplôme « distributeurs et applicateurs de produits antiparasitaires à usage agricole » (DAPA) dispensée par la Chambre d’agriculture a pour objectif de former à l’application des produits antiparasitaires à usage agricole et des produits assimilés, dans les règles de sécurité des personnes et de l’environnement. Info : Chambre d’agriculture Tél. : 24 63 73 [email protected] ou [email protected] Symptômes généraux pouvant indiquer une intoxication par des produits phytosanitaires Intoxication légère Intoxication modérée Intoxication grave Un ou plusieurs des symptômes suivants : •irritation des voies nasales, de la gorge, des yeux ou de la peau •Difficulté respiratoire •maux de tête •étourdissements •perte d’appétit •soif •nausée •diarrhée •transpiration •faiblesse ou fatigue •agitation •nervosité •humeur changeante •insomnie Un ou plusieurs des symptômes d’intoxication légère et des symptômes suivants : •vomissements •salivation excessive •toux, asthme •sensation de constriction au niveau de la gorge et du thorax •sensation de main cartonnée (intoxication à long terme) •crampes abdominales •vision trouble •pouls rapide •transpiration excessive •grande faiblesse •tremblement •incoordination motrice •confusion Un ou plusieurs des symptômes d’intoxication légère, des symptômes d’intoxication modérée et des symptômes suivants : •infertilité (intoxication à long terme) •incapacité de respirer •sécrétions abondantes (mucosité) dans les voies respiratoires •rétrécissement des pupilles. •brûlures chimiques sur la peau •augmentation du rythme respiratoire •perte de réflexes •secousses musculaires irrépressibles •perte de conscience •mort LA CALÉDONIE AGRICOLE 19 Le dossier Elevage, vers une gestion concertée des problématiques sanitaires Le premier groupement de défense sanitaire calédonien vient de voir le jour. Sa mission, fédérer les intervenants de la filière pour une gestion concertée des problématiques sanitaires. Les deux premières actions du GDS sont la lutte contre la tique et l’identification pérenne généralisée. Explications… L a Chambre d’agriculture a créé, en partenariat avec le gouvernement, le premier groupement de défense sanitaire (GDS) calédonien. Pour la première fois dans l’histoire calédonienne, l’administration partage avec une organisation professionnelle, la Chambre d’agriculture, la maitrise et la conduite d’une politique agricole publique. C’est clairement, une démarche de confiance et de responsabilisation des éleveurs. L’objectif premier d’un groupement de défense sanitaire est de veiller au bon état sanitaire des troupeaux. Il a pour mission de fédérer les éleveurs, les organisations professionnelles (Chambre d’agriculture, groupement technique vétérinaire, UPRA Bovine, syndicat des éleveurs de bovins) et l’administration afin de permettre aux éleveurs d’accéder, sur l’ensemble du territoire, aux mêmes services de conseil et de gestion des problématiques sanitaires. Un fonctionnement novateur Le GDS est partie intégrante de la Chambre d’agriculture. Il fonctionne autour d’une Commission GDS qui se charge d’étudier les décisions et mesures à prendre pour remplir ses missions. Les décisions sont prises par le bureau de la Chambre d’agriculture sur avis conforme de la DAVAR. Le président est nommé parmi les élus de la Chambre d’agriculture. Le président actuel est Guy Monvoisin. 22 LA CALÉDONIE AGRICOLE Les règles de fonctionnement sont les suivantes : • La Commission sert de lieu d’échanges et de concertation. Elle donne les orientations qui doivent ensuite être entérinées par le bureau de la Chambre d’agriculture, dans le respect des termes de la convention d’objectifs et de moyens signée le 22 juin 2010 entre la Chambre et la DAVAR. Les décisions sont prises de manière collégiale par consensus ou à l’unanimité. Les propositions et les orientations sont préalablement discutées au sein de groupes de travail. • Les groupes de travail ont pour mission de préparer les protocoles d’interventions du GDS. Ils font le lien entre les différents intervenants afin de faciliter le travail et de préparer les commissions. Des groupes de travail spécialisés Deux groupes de travail ont pour le moment été constitués. L’un est chargé de la lutte contre la tique, l’autre de l’identification pérenne généralisée. D’autres groupes pourront être envisagés pour mener toutes nouvelles mis- N°124 DECEMBRE 2010 L’équipe du GDS De gauche à droite, le Dr Vincent Galibert (vétérinaire conseil et responsable du GDS), Karim Salem, (technicien santé animale SIVAP), Cindy Hermant (secrétaire du GDS, responsable de la tenue du serveur ORANI, de l’enregistrement des données) et Emmanuelle Marlier (technicienne GDS) sions sanitaires nécessaires à la protection et l’amélioration du cheptel bovin. Chaque groupe de travail est composé de permanents du GDS, d’un représentant des partenaires les mieux à même de travailler sur la problématique. Leur composition peut évoluer en fonction des questions à traiter. L’essentiel est de mettre autour de la table les différents intervenants afin de travailler ensemble dans la même direction. Le groupe de travail « Tiques » réunit des représentants de la DDR, DDEE, GTV,UPRA Bovine, IAC, LNC, SIN°124 DECEMBRE 2010 VAP et deux représentants des éleveurs parmi les élus de la chambre (actuellement Philipe Rolland et Jean Michel Delathière). Le groupe de travail « Identification » réunit des représentants du SESER, DDR, DDEE, UPRA Bovine, SIVAP et deux représentants des éleveurs parmi les élus de la chambre (actuellement Guy Monvoisin et Jean Michel Nagle). Ce nouvel outil est géré par des professionnels pour les professionnels. Il a la charge d’organiser sur le terrain l’activité des différents intervenants, en impliquant davantage les éleveurs. Il centralise les données liées à l’identification et aux aspects sanitaires. Il a la lourde tâche de pérenniser la production de viande bovine d’un point de vue sanitaire et de permettre aux éleveurs de mieux vivre de leur production tout en garantissant aux consommateurs une viande de qualité, toujours plus respectueuse de l’environnement, des animaux. Qui fait quoi ? • Le travail des techniciens est de réaliser le suivi terrain des problèmes de tiques et d’identification, l’encadrement technique des traitements et la gestion de l’approvisionnement des centres de distribution en tiquicide sur le territoire. Une équipe encadrée par les éleveurs élus à la CANC au service des éleveurs. • La Commission GDS est animée par le vétérinaire conseil et est composée de quatorze membres : - 5 éleveurs parmi les élus de la CANC ou nommés par son bureau - Le président du syndicat des éleveurs bovins ou son représentant - Le président de l’UPRA Bovine ou son représentant - Le directeur de la DAVAR ou son représentant - Le directeur de l’APICAN ou son représentant - Le directeur DDR province Sud ou son représentant - Le directeur DDE province Nord ou son représentant - Le directeur DDE province des Iles ou son représentant • Le président du GTV ou son représentant • Le directeur de l’IAC ou son représentant LA CALÉDONIE AGRICOLE 23 Le dossier Pour une lutte intégrée contre la tique La présence de tique du bétail (Boophilus microplus) représente l’une des principales contraintes environnementales de l’élevage calédonien. La lutte chimique ayant atteint ses limites, le GDS travaille à la mise en place d’une nouvelle stratégie, la lutte intégrée. L’introduction de la tique semble remonter à 1942 avec l’importation de mules américaines. Depuis cette date, aucune stratégie de lutte ne s’est avérée réellement efficace. Le gouvernement a toujours mis à disposition des éleveurs les molécules nécessaires à la conduite d’une lutte dite chimique. Mais, cette stratégie a systématiquement débouché sur l’apparition de résistances (entre 7 et 15 ans en moyenne). Aujourd’hui, l’industrie pharmaceutique n’ayant pas de nouveaux principes actifs à mettre sur le marché, cette approche, qui consiste à enchainer les produits jusqu’à leur 24 LA CALÉDONIE AGRICOLE inefficacité, conduit à une impasse. Une remise en cause des pratiques s’impose. Cette nouvelle méthode de travail s’appelle la lutte intégrée. Il faut noter qu’au-delà des problématiques de production, cette lutte intégrée s’inscrit clairement dans une démarche de développement durable. La mise en place de la lutte intégrée contre la tique est l’une des missions prises en charge par le GDS. L’autre mission du GDS est la réalisation de l’Identification Pérenne Généralisée (IPG) du cheptel Calédonien (voir article page…),un outil de gestion et de conduite de l’élevage. Fédérer les acteurs Le rôle du GDS est de fédérer, par la concertation, les différents acteurs pour gérer les problématiques sanitaires liées à la filière. Eleveurs, organisations professionnelles, administration travailleront ensemble. La lutte intégrée contre la tique Pour mettre en place un système d’intervention au cas par cas et dans toutes les exploitations, la transition se fera progressivement. La priorité est donnée aux élevages déclarés résistants ou tolérants à N°124 DECEMBRE 2010 “ Il faut rompre le cycle de la tique par la mise en place de rotations et la mise en défens. l’amitraze afin de ralentir autant que possible la diffusion de résistances. Ces éleveurs devront choisir un vétérinaire qui servira de référent auprès du GDS et de l’administration. Ensemble, avec l’appui du GDS et de techniciens, ils définiront un protocole de lutte contre la tique. Ce protocole servira de feuille de route pour l’éleveur et de contrat de financement et de suivi dans sa lutte contre la tique. Pour les autres élevages, la distribution et l’usage des produits resteront pour l’instant identiques. A terme, chaque élevage sera suivi individuellement par son vétérinaire et le GDS, afin de faire profiter à chacun des avis des personnes les plus compétentes en matière de lutte contre la tique. Dans un premier temps, l’intégralité des traitements sera prise en charge financièrement par le GDS. Mais, chaque éleveur devenu résistant devra choisir entre poursuivre sa production en race sensible avec des contraintes nouvelles ou entamer une transition génétique partielle ou totale vers une race résistante. Pour ce travail l’UPRA Bovine est le partenaire privilégié pour le choix et la conduite de cette transition. Il est important de comprendre qu’il n’existe pas de situation type transposable à tous les élevages et que seul le dialogue et la concertation permettront la poursuite, dans les meilleures conditions, de l’élevage de bovins. Changer ses habitudes Pour fonctionner efficacement, il est impératif de pouvoir adapter à chaque situation une méthode de gestion du problème tique. Il faut changer les habitudes et pour cela, il n’y a qu’un seul moyen, la formation et l’information. Depuis 50 ans, les connaissances en matière de lutte contre la tique ont profondément évolué. Nous sommes passés d’un bain préconisé tous les 15 jours, à la notion de bain à vue. Aujourd’hui, il faut poursuivre et aller encore plus loin. Voir des tiques N°124 DECEMBRE 2010 sur son bétail n’est pas inacceptable. Il faut gérer les tiques en fonction de la saison, de la pluviométrie, du type de pâturage, de la température, de la présence d’ombre, d’humidité etc.… L’idéal n’est pas d’agir sur les tiques visibles sur le bétail mais de gérer la population de tiques présentes dans les runs. Il faut rompre le cycle de la tique par la mise en place de rotations et la mise en défens. L’intérêt majeur de traiter les troupeaux avec un produit rémanent est d’effectuer ces traitements avant de faire basculer les animaux dans un run ayant une forte densité de tiques afin de travailler à assainir les parcelles. Enfin, il faut chercher à modifier l’environnement dans les pâtures afin d’isoler les zones d’hébergement des tiques favorables à la ponte (gyrobroyage, entretien des bordures de marais, isolement des zones humides…). Les élevages qui font le choix d’utiliser des molécules rémanentes bénéficieront d’une visite de suivi annuelle, financée par le GDS. Cette visite aura pour objectif de faire le point sur les pratiques de l’exploitation, les conditions de travail (nombre d’animaux, surface, races…) et devra permettre de déterminer avec l’éleveur, un protocole de lutte contre la tique adapté à l’exploitation. Ce protocole combinera différentes méthodes de lutte. La lutte chimique sera complétée par une lutte agronomique (système de rotation, contrôle de charge parasitaire à l’ha…) et éventuellement en fonction de la stratégie à long terme retenue par l’éleveur, d’une lutte génétique. Le protocole détaillera les grandes lignes à suivre, rythme des traitements, le choix des produits. Enfin, il servira de contrat d’engagement de l’éleveur à s’équiper en fonction de ses besoins et des recommandations qui lui seront faites (et qu’il aura acceptées et comprises). Enfin, il servira de base de suivi du financement de la lutte contre la tique dans son élevage. ” Du bon usage de la lutte chimique La lutte chimique n’est pas une fin en soi mais un moyen de contenir le niveau d’infestation à un niveau compatible avec la pratique de l’élevage. Les dernières molécules actives disponibles sont plus un moyen d’assainir les parcelles pâturées en faisant baisser la charge parasitaire (en particulier larvaire). Ces molécules sont les Ivermectines longue action (Ivomec GoldND) et les inhibiteurs de synthèse de la chitine, un composant important de la carapace des tiques (AcatakND ou Génésis : FluazuronND). Les éleveurs rentrant dans un schéma de traitement intégrant ces molécules doivent bien en percevoir les contraintes et limites d’action. Pour des raisons scientifiques et techniques, il faut envisager un maximum de 3 traitements rémanents par an. Un rythme supérieur est le signe clair d’une situation non contrôlée au niveau parasitaire. Enfin, l’usage de l’amitraze (ParatrazND) et de la deltaméthrine (ButoxND) reste d’actualité. L’action du GDS est de raisonner leur utilisation en les associant avec des méthodes de lutte agronomique et génétique. Rappel Il est important de rappeler que les dernières molécules disponibles après l’Amitraze et la Deltaméthrine sont les Avermectines et le Fluazuron. Leur usage doit s’accompagner d’un double avertissement : • en cas de résistance avérée à l’une de ces deux molécules, la poursuite de l’élevage avec des races sensibles (Bos taurus) sera quasiment impossible à envisager ; • les formes longues actions (ou rémanentes) seront obligatoirement encadrées. Le troupeau devra pour cela être identifié IPG et l’éleveur devra tenir un carnet de traitement, à jour, animal par animal, et ce afin de garantir aux consommateurs une viande de qualité. LA CALÉDONIE AGRICOLE 25 Le dossier Rapport d’étape sur l’identification individuelle des bovins en Nouvelle-Calédonie. Depuis des décennies, les éleveurs bovin calédoniens marquent au fer rouge leurs animaux afin d’identifier le propriétaire. Bien que cette pratique soit la seule identification officielle à ce jour, elle ne permet pas de réaliser de suivi individuel par l’éleveur, ni de quantifier la production locale et son évolution. La mise en place l’identification pérenne généralisée (IPG) est le moyen le plus efficace d’analyser sa production et de faire le suivi des naissances, filiations, sorties. Rapport d’étape. Pour pallier cette limite, les éleveurs ont utilisé au fil du temps des boucles auriculaires ou de marquages individuels (tatouage ou marquage au fer). La nécessité d’identifier individuellement pour les sélectionneurs adhérents à l’UPRA Bovine, l’obligation pour ceux en suivi sanitaire, l’intérêt trouvé par certains pour une amélioration de la productivité, ont engendré une multiplication des systèmes. A cela s’est rajouté depuis 2007, l’identification et la déclaration de naissances des veaux, liées à une prime à la production de veaux. Une volonté des professionnels A partir de cette incitation et face à une volonté croissante des éleveurs, les professionnels, accompagnés par le gouvernement, ont souhaité prendre en charge l’homogénéisation et l’uniformisation de l’identification pérenne généralisable (IPG), via le GDS. «L’augmentation de sang Bos indicus sur le territoire donne des animaux à grandes oreilles, donc nous pourrions apposer plus de boucles sur nos vaches, au risque de ne plus rien comprendre » confiait ironiquement un éleveur. L’ensemble des organisations professionnelles (syndicat des éleveurs, UPRA bovine et CANC) ainsi que les administrations (DAVAR, services 26 LA CALÉDONIE AGRICOLE provinciaux en charge du secteur agricole) ont trouvé un accord pour mettre en place un système d’identification unique. Le principe du double bouclage, identique à celui du « bouclage DAVAR » des veaux actuels, a été retenu. La gestion des boucles et informations liées à l’identification est confiée progressivement au GDS. Déjà, une centaine d’élevages sont en suivi depuis plus d’un an. Chez les sélectionneurs, ce N°124 DECEMBRE 2010 système est actuellement à l’essai : dès janvier 2011, l’ensemble des veaux nés dans les troupeaux en sélection seront identifiés avec ce système. L’objectif est de proposer un système d’identification simple d’utilisation, peu contraignant mais suffisamment 1- Identification de tous les animaux • L’identification des animaux adultes est réalisée par l’éleveur avec la présence d’un agent GDS, en une fois. Un registre des animaux présents dans l’élevage est donc créé. • L’identification des veaux à la naissance est ensuite faite par l’éleveur, de façon régulière. Tous les animaux identifiés et tatoués UPRA gardent leur numéro et leur identification UPRA. Tous les animaux identifiés et bouclés DAVAR depuis 2007 gardent leur identification. Boucle électronique : A mettre de préférence à l’oreille gauche. A placer au fond de l’oreille sur la partie haute complet pour qu’il rende service aux éleveurs et aux partenaires techniques. En pratique, les éleveurs qui entrent dans le dispositif IPG doivent s’engager à mener deux actions majeures : Identifier et Notifier. N°124 DECEMBRE 2010 Boucle de travail ou conventionnelle : A utiliser comme N° de travail par l’éleveur NC 99 .............................. Code pays NouvelleCalédonie 8 chiffres et n° d’ordre Un n° à 10 chiffres précédés de la mention NC. Toutes les informations reliées à ce n° d’ordre sont disponibles dans une base de données. LA CALÉDONIE AGRICOLE 27 Le dossier 2- Notification des mouvements sur un seul document • Les mouvements d’animaux (naissances, entrées, sorties) sont notifiés tous les trimestres par l’éleveur. Ces documents sont transmis au GDS. Pour les animaux en sélection, les mouvements sont notifiés chaque mois. • Les déclarations de naissances doivent contenir les informations suivantes : N° de boucles posées ; sexe ; date de naissance, type racial. Pour les dates de naissance des animaux inscrits à l’UPRA, l’éleveur doit notifier en plus (sur la partie grisée) toutes les informations qu’il déclarait au préalable à l’UPRA dans la déclaration de naissance. Un accompagnement des éleveurs est réalisé par les techniciens GDS et/ ou ceux des provinces, surtout dans les premiers temps. Dans la mesure où ces deux actions sont faites régulièrement par l’éleveur (identifier et 28 LA CALÉDONIE AGRICOLE notifier tous les mouvements), il en découle les avantages suivants : • Le GDS s’engage dans les 48 heures après réception des feuilles de notification à transférer les informations relatives à l’identification à l’UPRA Bovine, pour les animaux en sélection, et à la DAVAR pour la mise en paiement de la prime VA aux éleveurs qui y émargent. • De mettre à disposition des éleveurs leur registre des animaux mis à jour régulièrement ; ces registres pourront être utilisés par les techniciens d’élevage sur accord de l’éleveur. • Ces données d’identification seront utilisées dans le cadre du suivi de lutte conte la tique, notamment dans les élevages résistants à l’Amitraz, et pour tout type de suivi sanitaire (Babésiose, prophylaxies…). Cette adhésion à l’identification reste volontaire. Cependant, elle est incitée par des aides, notamment la prime à la vache allaitante par le bouclage des veaux. Elle devient règlementaire ou obligatoire dans les élevages en sélection ou ceux ayant fait le choix d’utiliser des produits rémanents dans la lutte contre la tique. L’harmonisation de l’identification implique des interfaces informatiques entre les différents systèmes et nécessite de reprendre les informations existantes sans modifier complètement les habitudes et en conservant l’existant. Ces travaux, managés par le GDS et supervisés par la Commission GDS avec l’assistance technique de l’institut de l’élevage, sont en cours. Nous avons besoin du soutien de tous, y compris des éleveurs, premiers bénéficiaires de ce service offert par le GDS. N°124 DECEMBRE 2010 Le dossier L’UPRA Bovine, en charge de la Certification de Parenté Bovine (CPB) L’UPRA Bovine de Nouvelle-Calédonie est le partenaire des éleveurs dans tous les domaines relatifs à l’amélioration génétique des troupeaux. Son rôle est de conseiller les éleveurs dans leur choix de race, de lutte génétique contre la tique et d’amélioration des performances animales (aptitudes reproductrices, poids, conformation, rendement carcasse….). Plusieurs solutions peuvent être envisagées pour répondre aux attentes des éleveurs : le travail en race pure ou en croisement, l’utilisation de l’insémination artificielle, du transfert d’embryon ou de taureaux testés… Néanmoins, le point de départ de toute démarche visant à améliorer le niveau génétique d’un troupeau doit passer par la certification de parenté bovine (CPB) des animaux en sélection. La CPB est l’aboutissement d’une démarche qui permet d’assurer qu’un veau est bien issu d’une mère et d’un père donné. Pour cela, l’UPRA utilise : • Les informations transmises par l’éleveur lors de la déclaration de naissance. • Les informations gérées par la base de données IPG : sexe et âge des parents, localisation géographique des parents… • Les informations gérées par la base de données UPRA : Intervalle Vêlage-Vêlage, date d’insémination ou de transplantation embryonnaire… • Dans des cas litigieux, le recours à un contrôle de filiation ADN peut être réalisé. Le lien avec la cellule identification du GDS est donc indispensable. Ce lien est cours de mise en place et déjà testé sur les troupeaux des stations pu30 LA CALÉDONIE AGRICOLE bliques du territoire. Une fois la CPB réalisée, l’UPRA attribue un code race à l’animal afin de l’inscrire dans un livre généalogique. Le code est fonction de la race des parents. Il existe actuellement 14 livres généalogiques gérés par l’UPRA Bovine (Cf. Tableau récapitulatif des codes races). Deux autres sont en cours de création pour les croisements Sénépol/Charolais et Sénépol/Limousin. La connaissance de cette filiation permet à l’UPRA Bovine, après l’analyse des performances de chaque individu, de définir des lignées d’animaux génétiquement supérieurs ou inférieurs à la moyenne des animaux du fichier racial. L’objectif étant d’accoupler les meilleurs animaux entre eux car l’amélioration des performances génétiques (conformation, poids carcasse, fertilité…) augmentera la rentabilité des élevages. Tableau 1 : Récapitulatif codes races Race Pure Code lettre Code chiffre Limousin LM 34 Charolais CH 38 Santa-Gertrudis SG 27 Prim-Holstein PH 66 Hereford HE 85 Brahman HA 81 Devon DV 45 Maine-Anjou MA 41 Blonde d’Aquitaine GR 79 Race Composite Code lettre Code chiffre Droughtmaster DM 44 Sénépol ND 54 Brahmousin BM 24 Brahford BF 25 Charbray CB 32 Sénélais SL 55 Sénésin ou SEMOUSIN SM 56 N°124 DECEMBRE 2010 Le dossier Interview Gérald Blomme, éleveur de bovins à Nessadiou LCA : Quelle perception avezvous sur l’IPG réalisée dans votre troupeau ? GB : Pour le moment, rien à redire. La réactivité est bonne, hier encore, la secrétaire du GDS m’a appelé pour m’expliquer mes oublis sur une déclaration de naissance. Elle avait déjà effectué les corrections. Il faut admettre l’utilité et la nécessité de la traçabilité. C’est plus facile de travailler les bêtes avec cet outil. LCA : Comment percevez vous l’avenir avec la montée croissante des résistances chimiques des tiques aux produits disponibles ? GB : Pas brillant, mais je tacherai de tout mettre en place pour combattre la tique avec d’autres races. J’ai commencé il y a 4 mois à travailler avec du Droughmaster. Je me suis aperçu que cette race était résistante. Il faudra apprendre à travailler avec. Certains jours, il y a une montée de tiques et deux jours plus tard il n’y a plus rien, les animaux n’en souffrent pas. GB : C’est difficile à dire. J’ai le sentiment de repartir de zéro. Je fais du limousin depuis 30 ans, mais aujourd’hui, le troupeau est porteur de tiques résistantes (à l’amitraze, ndlr). Je suis aussi inquiet de la différence de rentabilité des carcasses, le limousin, c’est mon préféré. Il faut savoir s’adapter et aller de l’avant. J’aimerais bien trouver des femelles, adultes ou génisses, mais ça reste très difficile à trouver. Pourquoi ne pas ouvrir un marché à l’import ? LCA : Comment vous est venu le choix pour le Droughmaster ? On est venu me parler du Brahman, et je n’ai rien contre, mais il faut reconnaître que sur des petites propriétés, voisins contre voisins, c’est beaucoup plus difficile à travailler que le Droughmaster. Mes taurillons sont doux comme des agneaux, c’est très agréable. LCA : Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans la mise en place de cette approche génétique de la lutte contre la tique ? 32 LA CALÉDONIE AGRICOLE N°124 DECEMBRE 2010 Interview Raymond Hugueny, éleveur de bovins à Gouaro/Boghen* LCA : Comment percevez-vous la mise en place de l’IPG ? RH : Professionnellement c’est utile, on aura des données réelles sur le poids de l’élevage dans l’agriculture calédonienne. Pour l’instant on reste trop dans l’à peu près. Peut être que ça donnera une indication claire aux politiques que l’élevage calédonien décline avec des difficultés croissantes pour se rémunérer et s’installer. LCA : En tant que sélectionneur limousin, comment percevez-vous l’importance de la génétique dans la lutte intégrée contre la tique ? RH : je travaille sur du charbrais. L’introduction de races résistantes (Brahman, Sénépol, Santa Gertrudis, Droughmaster, Jersiaise, ndlr) est une nécessité pour sortir du tout chimique, mais on se pose beaucoup de questions rapport aux rendements carcasse des produits issus de ces races. La solution privilégiée pour le moment est de travailler en croisement pour amener la qualité bouchère d’un côté et la résistance aux tiques de l’autre. nancière des investissements conduits depuis de nombreuses années (IA, transfert d’embryon). Mais compte tenu des limites de la lutte chimique, c’est une solution technique sûre. LCA : Comment imaginez-vous l’organisation de la filière dans ce système de races croisées ? RH : Si nous voulons préserver une production bouchère de qualité en faisant du croisement, il faut préserver des troupeaux limousins et cha- rolais purs en sélection et travailler en insémination. La filière va avoir besoin d’un appui public fort si nous voulons que ça marche. Les qualités bouchères des races croisées (ex : limousinxBrahman=Bramousin) ne garantissent plus dans les même conditions le maintien des revenus. Ou alors, il faut envisager une classification des carcasses (dont dépend le paiement à l’éleveur par l’abatteur) spécialement adaptée aux nouvelles carcasses. LCA : Comment percevez-vous le changement de race. Vous restez très attaché au limousin ? RH : C’est un sentiment de perte fi*Vice-président du Syndicat des éleveurs de bovins de Nouvelle Calédonie N°124 DECEMBRE 2010 LA CALÉDONIE AGRICOLE 33 professionnelle Organisation Pewake I Ba, une association en devenir L’OGAF de Houaïlou arrive à son terme. L’association Pewake I Ba (APIB), créée en 2006 pour porter ces actions, continue de se développer et voit plus loin. Objectif, continuer à accompagner et développer la dynamique agricole initiée il y a 4 ans. Aperçu du travail réalisé et perspectives. L’objectif principal d’une opération groupée d’aménagement foncier (OGAF) est d’initier une dynamique de développement en s’appuyant sur les ressources locales, humaines et naturelles. La commune de Houaïlou dispose de nombreux atouts pour répondre à cette approche, un fort potentiel humain, des pratiques agricoles qui continuent à rythmer le quotidien des habitants et l’existence d’un foncier aux fortes potentialités agronomiques. Aujourd’hui, avec 150 adhérents et plus de 300 fournisseurs sur la commune, l’APIB a su, en seulement quatre ans, insuffler cette dynamique. Pour ce faire elle s’est attachée à structurer les filières commerciales en organisant la commercialisation des productions et en ouvrant un centre d’approvisionnement en petit matériel. Un travail d’animation important a de plus été réalisé, afin de mieux coordonner les partenaires liés au développement agricole et d’améliorer la diffusion de l’information vers les producteurs. S’appuyer sur les forces locales Pour rendre ces actions pérennes, l’association s’est d’abord appuyée sur les forces de la commune. Une population à forte tradition agricole n’utilisant pas ou peu d’intrants. La mise en place d’un service efficace de collecte a rapidement permis de prendre la mesure des potentialités, confie Aurélien Degoy, chef de projet de l’OGAF. « La première année, nous avons acheté 20 tonnes de produits agricoles, 51 tonnes l’année suivante et cette année nous avons dépassé les 50 tonnes à la fin du mois d’août, malgré des conditions météo catastrophiques pour les producteurs ». L’association s’est également fortement impliquée dans l’agriculture biologique. 34 LA CALÉDONIE AGRICOLE « La majeure partie des produits agricoles provient de très petits producteurs. Leurs pratiques sont proches de celles nécessaires pour obtenir l’agrément agriculture biologique. Il faut se fixer des objectifs ambitieux, et se dire qu’on peut avoir 50 producteurs labellisés à Houaïlou d’ici 5 ans », précise Aurélien. L’association travaille également à la mise en place d’un atelier de transformation pour la restauration scolaire et de la mine. Comme chaque action mise en place par l’association, celle-ci a vocation à s’inscrire dans la durée. « Il faut travailler des produits qui permettent d’offrir un prix rémunérateur aux producteurs, tout en assurant un prix de revente raisonnable pour la restauration. On croit beaucoup à des produits mal valorisés en brut, comme la chouchoute, la citrouille ou le manioc ». « Il y a beaucoup d’intervenants sur le terrain mais on constate souvent un manque de coordination entre eux. L’objectif de l’association est de permettre la professionnalisation des producteurs dans leurs pratiques mais également dans leurs démarches administratives ». Pour obtenir l’agrément « agriculture biologique » par exemple, il faut être ressortissant de la Chambre d’agriculture. « Au sein de l’association nous avons beaucoup travaillé sur l’animation, l’information et la formation. Il faut continuer, faciliter l’accès à l’information en regroupant les agents de terrains des différents partenaires par exemple, créer du lien entre les différents dispositifs ». Les producteurs ont pris conscience de l’importance de faire vivre « l’outil du peuple », un outil qui leur appartient. Ils ont démontré le potentiel de la commune, en répondant présent au niveau de l’approvisionnement en produits agricoles. De son côté l’association œuvre quotidiennement pour apporter un service de qualité aux agriculteurs. Pewake I ba en chiffres 10 administrateurs 6 employés 150 adhérents 350 fournisseurs de produits agricoles 51 tonnes achetée en 2009 pour une valeur de 11 millions (2009) 9 formations thématiques pour 80 participants (2009) N°124 DECEMBRE 2010 Juridique Registre de l’agriculture la réforme en cours La Chambre d’agriculture poursuit son travail sur la refonte du registre de l’agriculture. Un travail de fond en plusieurs étapes. Après de longs mois de travail et de réunions de concertation entre élus et techniciens de la Chambre d’agriculture, le projet de texte qui réforme le registre de l’agriculture a été récemment présenté aux élus de la Chambre d’agriculture, ainsi qu’aux partenaires institutionnels. Le projet a reçu l’aval des partenaires dans la mesure où il répond aux attentes des professionnels : à savoir, rendre les conditions d’accès au registre plus difficiles pour éviter les abus liés aux inscriptions de personnes qui ne souhaitent qu’en tirer des avantages fiscaux et autre ; créer un registre des chefs d’exploitation agricole et un registre des exploitations agricoles en les définissant clairement, exiger une capacité pro36 LA CALÉDONIE AGRICOLE fessionnelle ou un engagement à l’acquérir dans un délai d’un an. Telles sont les grandes lignes de cette réforme qui s’inscrit dans une véritable volonté des élus de la Chambre d’agriculture de professionnaliser le registre de l’agriculture. Le projet final de ce texte sera présenté lors de la prochaine Assemblée Générale de la Chambre d’agriculture le 11 décembre. Ensuite, le projet sera soumis au vote du Congrès avant les élections des élus de la Chambre d’agriculture en décembre 2011. L’étape suivante consistera à réformer le barème du registre de l’agriculture, travail qui devrait débuter en 2011. Droits d’enregistrement réduits Tout agriculteur inscrit au registre qui achète un terrain destiné exclusivement à l’agriculture peut bénéficier des droits d’enregistrement réduits (droit fixe de 7000F) sous certaines conditions. Les droits d’enregistrement correspondent à une taxation fiscale obligatoire pour certains actes notariés. Pour en bénéficier, l’exploitation doit être mise en valeur par l’exploitant inscrit au registre qui doit y consacrer au moins 50% de son temps de travail au bout de la 5ème année, et s’engager à ne faire que de l’agriculture sur ce terrain durant 5 ans. Attention, il faut être inscrit au registre de l’agriculture avant de faire le dossier de droits d’enregistrement réduits. N°124 DECEMBRE 2010 Partenaire Un nouveau terrain d’application pour les formations agricoles à la CANC Au terme d’une année de travail, trois membres du Gouvernement, Pierre Ngaiohni, Jean-Louis d’Anglebermes et Bernard Deladrière se sont rendus, le 13 octobre dernier, sur le site de l’association l’Accueil, à Dumbéa, pour soutenir le projet de mutualisation présenté par la CANC et l’association l’Accueil. L e bail mettant à disposition l’actuel terrain d’application de la CANC (à Nouville) utilisé pour les formations en techniques agricoles, expire fin 2011. Compte tenu des projets sur ce terrain, il devenait indispensable pour la CANC de trouver une solution durable. Une rencontre entre les équipes de l’association l’Accueil et du service formation de la CANC, en août 2009, a permis de fixer les bases de ce nouveau partenariat. Une terre d’accueil pour la CANC L’association l’Accueil dispose d’un terrain de 15 ha à Dumbéa, dont près de la moitié est utilisée pour de l’agriculture, pour des ateliers de production poulets de chair, du maraîchage, de l’apiculture... Egalement en recherche de partenaire, l’association l’Accueil cherchait à renforcer sa vocation agricole. C’est dans ce contexte que le partenariat a été scellé. Un partenariat gagnant – gagnant Le rapprochement entre l’Accueil et la CANC conforte cette vocation première en permettant une diversification des activités et des débouchés. L’objectif principal des formations de 38 LA CALÉDONIE AGRICOLE la CANC est l’insertion ou la qualification des publics dans l’agriculture. La vocation de l’Accueil est de réinsérer les accueillis au travers de leur implication sur des activités de socialisation, d’insertion et de professionnalisation. L’association et la CANC disposent chacune d’installations et de matériels qui seront mutualisés. Le rapprochement entre la CANC et l’association va permettre aux activités mises en place conjointement de répondre aux enjeux de la formation, tout en s’assurant de leur suivi, leur entretien par les accueillis (personnes accompagnées par l’Accueil) qui pourront bénéficier de l’apport formation. Ce projet renforce donc la dynamique de projets, autour de l’agriculture, donne du sens et permet une émulation positive entre les publics, assure le maintien et le développement des activités réalisées par la CANC et amène à moyen terme, de nouveaux débouchés, aux productions agricoles conduites conjointement. Un soutien de la Nouvelle-Calédonie Le 13 octobre, en présence de trois membres du Gouvernement, Pierre Ngaihoni, Jean-Louis d’Anglebermes et Bernard Deladrière et du maire de Dumbéa, Georges Naturel, la CANC et l’association l’Accueil, représentés par Gérard Pasco et Jean-François Torre ont fait visiter le site de Dumbéa. Une présentation du projet a ensuite permis d’échanger et d’avoir la confirmation du soutien de la Nouvelle-Calédonie pour permettre à la CANC d’’installer son terrain d’application sur Dumbéa et de donner toute sa dimension à ce beau partenariat. La CANC et l’Association l’Accueil L’association l’Accueil a pour but de répondre au besoin d’un public en situation d’exclusion, autour de l’accueil humanitaire, la resocialisation et l’accompagnement vers l’insertion et la réinsertion. Le service formation de la CANC est chargé de la formation des apprentis agricoles et de la réalisation de formations thématiques. N°124 DECEMBRE 2010 calédonienne Mieux connaître l’agriculture Portrait, René Panue Wacapo, arboriculteur à Lifou René Wacapo est installé chez lui à Lifou dans la tribu de Hnacaom, à Kep. Amoureux de l’agriculture, il nous parle de son parcours et bien entendu de son exploitation, AGRIHNAWEJ. Après avoir suivi un CAPA à Bourail en 1991, René Wacapo s’est formé auprès du CFPPA à Lifou de 1996 à 1998. Là il a appris le travail d’arboriculteur et de maraîcher. « Toutes ces personnes m’ont bien aidé car j’étais revenu à Lifou dans le but de travailler ma terre ». C’est en 2000 qu’il monte son exploitation sur son terrain palabré de six hectares. Il a donc commencé à y travailler seul, à défricher au sabre et 40 LA CALÉDONIE AGRICOLE à planter ses premiers litchis, puis des avocatiers. « C’était très difficile au début car je ne disposais d’aucun outil, tout était manuel ». Sa motivation était sa force. En 2003 grâce à une DIA et à une aide de la province des Îles, le matériel arrive (tracteur, dock, clôtures,….). Aujourd’hui, il possède deux hectares plantés principalement en avocatiers en plein rendement et environ un hectare de maraîchage. Deux hectares supplémentaires sont en cours d’être plantés en avocatiers. Ses projets consistent à exploiter au maximum son terrain de six hectares, avec quatre hectares en avocatiers et deux hectares de maraîchage. Son projet est également de disposer d’un demi hectare de plantation de vanille. Une production diversifiée René produit annuellement 4 à 5 tonnes d’avocats et plusieurs tonnes de carottes, concombres, courgettes, aubergines, pommes de terre, oignons, pastèques, ignames et taros de montagne. Les avocats sont commercialisés à l’UCPA (unité de Conditionnement de produits agricoles) à Lifou. Tous ses produits issus du maraîchage sont vendus aux principaux magasins de Lifou et aux marchés. Une partie de sa production part nécessairement aux coutumes mais cela ne lui pose pas de problème, car « c’est normal ici ». Il estime à environ l’équivalent d’un peu moins d’une tonne d’avocats par an donnés aux coutumes. Développer la production biologique Avec des pratiques proches de l’agriculture biologique et fasse à une demande croissante de la part des consommateurs pour ces produits, René a suivi une formation au CFPPA sur l’agriculture biologique. « On fait déjà du bio, mais il faut aller plus loin et pouvoir offrir des produits certifiés biologiques ». Maintenant le relais est pris avec Julien Drouin de Biocalédonia pour accompagner le producteur dans sa démarche de conversion à l’agriculture biologique. L’exploitation de René possède une particularité : ses coupe-vents sont des neems. C’est en 2003 que Michel Guihard, véritable pionner en agriculture biologique sur le caillou, conseille N°124 DECEMBRE 2010 Interview au producteur de planter ces arbres comme brise vent. Ils sont souvent utilisés dans l’agriculture principalement dans le maraîchage comme insecticide naturel pour lutter contre les maladies et les ravageurs. Aujourd’hui, ces brises vents mesurent plus de 30 mètres de haut. S’impliquer dans la profession René est aussi élu de la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Calédonie depuis 2006. Il est aussi membre du syndicat des arboriculteurs Ne Drehu (le SAND) de Lifou. Ce syndicat, créé en 2003, a pour but de rassembler les arboriculteurs afin de partager leurs connaissances et de se faire entendre par les pouvoirs publics. Ils sont une dizaine d’adhérents et se retrouvent tous les lundis pour travailler ensemble sur l’exploitation de l’un d’entre eux. René est très impliqué dans le développement de l’agriculture sur Lifou. D’ailleurs, il s’investit pour fédérer les différents partenaires pour maintenir les jeunes à la terre. Il pense à l’avenir de son exploitation et aimerait bien que son fils de 16 ans reprenne l’exploitation. « Depuis qu’il est tout petit il travaille avec moi sur l’exploitation. Il maitrise déjà un peu tout. Quand il aura fini ses études, j’espère qu’il voudra prendre la suite et continuer le travail que j’ai entamé». Des Neems comme brise vent René est pour une agriculture durable, propre. Il utilise un insecticide naturel à base de feuilles de neem. Ces feuilles, une fois macérées dans l’eau, broyées et filtrées, donnent de nombreux composés naturels dont le principal l’azadirachtine, substance naturelle chimique qui peut être directement appliqué sur les cultures. La solution obtenue agit contre les noctuelles, les nématodes, les papillons, les sauterelles, les pucerons… Il a donc créé une pépinière de ces neems qu’il propose désormais à la vente. N°124 DECEMBRE 2010 Votre vision de l’agriculture sur Lifou ? Les jeunes sont découragés de s’installer en agriculture. Entre les problèmes d’accès à l’eau, la disponibilité du broyeur de la province et les problèmes fonciers, la difficulté de signer un palabre, c’est vraiment difficile pour un jeune de se dire qu’il va faire le choix de s’installer. Ils ont tendance à se décourager et préfèrent partir chercher du travail sur Nouméa ou sur Goro. Un conseil pour un jeune qui voudrait s’installer ? Il faut d’abord aimer la terre. Mais ça ne suffit pas, il faut aussi une bonne dose de motivation ! Malheureusement on voit beaucoup trop de jeunes partir. On a de la chance d’avoir de bonnes terres. Mais pour la mettre en valeur il faut investir dans du matériel et aller jusqu’au bout. Ici il y a du potentiel ! LA CALÉDONIE AGRICOLE 41 Fiche produit La Pêche, un fruit de diversification Avec quatre principaux producteurs de pêches en province Sud, la pêche est encore un marché de niche. Deux producteurs détaillent leurs productions. semaine de novembre à la troisième semaine de décembre. En 2010, l’association Arbofruits a réalisé pour le compte de la DAVAR un inventaire du verger de NouvelleCalédonie. Le recensement des exploitations à vocation marchande comptabilise 3.272 pieds de pêchers recensés sur le territoire contre plus de 10.000 manguiers, 22.000 mandariniers et 35.000 orangers. C’est donc une production de niche pour le territoire. Idem au niveau de chaque exploitation. En effet, il est constaté que la pêche n’est jamais la production principale. On trouve quatre producteurs principaux de pêches en Nouvelle-Calédonie, tous situés en province Sud. Il est estimé qu’en 2009, l’ensemble de ces producteurs a mis sur le marché 30 tonnes de fruits. La consommation totale est évaluée sur la même période à 120 tonnes, sur un marché total de 3.700 tonnes de fruits frais locaux. 44 LA CALÉDONIE AGRICOLE Zoom sur deux producteurs, au Sud de Nouméa Marc Viallon, situé au Mont Dore, cultive la variété de pêche blanche Flordalgo. Son verger a été planté en 1996, lorsqu’il n’était pas encore gérant de la Ferme du Sud, mais il a tenu à garder cette production. La première récolte a pu se faire en 2001, avec la première réelle pleine production deux ans plus tard. Actuellement, la totalité du verger est irrigué. Soucieux des bonnes pratiques agricoles, l’acquisition de sécateur électrique a facilité le travail de taille, et surtout amélioré la cicatrisation. En 2009 il n’y a eu aucun traitement sur cette culture. Le rendement moyen est depuis environ de 5 tonnes, avec des aléas, comme cette année où les conditions climatiques ne permettront que d’atteindre une tonne à peine. La récolte s’étale généralement de la troisième Claudine Verger, est quand à elle situé au col de Mouirange. Elle a acquis ces 500 pieds de pêcher, chez monsieur Moglia en 2004. Elle a pour sa part optée pour deux variétés, la Flordalgo et la pêche Floragles, de couleur brune. Ses arbres, plantés sur des sols pentus, et sans irrigation, ont commencé à fournir des fruits dès 2008. Les principaux soucis sanitaires sont l’attaque des fourmis électriques, et les cochenilles. Un seul traitement a été nécessaire en combinaison avec deux méthodes douces : un ramassage des fruits tombés à terre, et la plantation de rosier autour du verger. Ces deux producteurs encouragent les agriculteurs à planter des pêches. Une récolte manuelle, à une maturité bien calculée et des fruits conditionnés avec soin vous permettent d’avoir sur votre table des prunes juteuses et savoureuse. N°124 N°124 decembre DECEMBRE 2010 société Agriculture et Qualité environnementale en agriculture ; les agriculteurs s’engagent n Les consommateurs évoluent. L’agriculture aussi. L’esthétisme et le calibrage des produits ne sont plus les seules préoccupations des consommateurs. Pour tous, la qualité doit aussi s’attacher à préserver la santé et l’environnement. La multiplication de groupements de producteurs calédoniens œuvrant pour le développement de modes de production innovants et respectueux de l’environnement, montre que le monde agricole, lui aussi, change sa conception du « bon produit ». Les producteurs se regroupent et s’engagent pour la qualité L’association Biocalédonia, le syndicat pour une agriculture respectueuse de l’environnement et le Groupement de Défense des Cultures sous Abri (GDCSA), sont trois exemples concrets de mobilisation des producteurs sur les problématiques sanitaires et environnementales. Si tout le monde connaît plutôt bien l’agriculture biologique qui exclut les substances chimiques de ses pratiques (et qui concerne aujourd’hui 54 producteurs activement engagés), la protection biologique intégrée (PBI) et l’agriculture responsable (AR) sont deux démarches moins évidentes pour le consommateur lambda. Pourtant, elles sont déjà mises en œuvre 46 LA CALÉDONIE AGRICOLE chez près de 30 producteurs. A eux seuls, les producteurs de ces groupements fournissent environ la moitié de la production locale de produits maraîchers ainsi que la moitié de la production de bananes. Ces chiffres ne sont pas négligeables : à terme, les impacts sur la qualité sanitaire des produits et sur la protection de l’environnement peuvent donc être conséquents et les produits certifiés seront suffisamment nombreux sur le marché pour être repérables par le consommateur. Le syndicat pour une agriculture respectueuse de l’environnement, est l’organisme de défense et de gestion des signes de qualité AR et PBI. Il vise, en collaboration étroite avec le GDCSA, à promouvoir ces démarches dans le but, à terme, de faire certifier les exploitations et de voir leurs produits clairement identifiés sur le marché. Le GDCSA, groupement d’appui technique, expérimente actuellement la mise en place de la PBI sur les exploitations. Cette pratique vise à limiter considérablement l’utilisation des insecticides sur les cultures grâce, principalement, à l’introduction d’insectes auxiliaires luttant contre les ravageurs des cultures. Pour pratiquer la PBI dans les meilleures conditions et en obtenir la certification, l’exploitant doit, au préalable, répondre aux exigences de l’AR. N°124 DECEMBRE 2010 Agriculture et société Qu’apporte l’AR par rapport à l’agriculture conventionnelle ? L’agriculture responsable fait évoluer la gestion globale de l’exploitation en intégrant, dans ses pratiques, l’ensemble des paramètres pouvant influer sur la biodiversité et sur la qualité sanitaire des produits. Les producteurs sont amenés à respecter des impératifs sur la base des thématiques suivantes : La formation du chef d’exploitation ; La connaissance des zones sensibles de l’exploitation ; La santé et la sécurité au travail ; La gestion des sols ; La fertilisation minérale et organique ; La protection des cultures ; L’irrigation ; La gestion des déchets ; Le paysage et la biodiversité ; La transformation, le transport, le stockage et la distribution des produits. Pour toutes ces thématiques, un même impératif : la traçabilité. Celle-ci doit être assurée grâce à l’enregistrement systématique des pratiques de l’exploitant en vue des contrôles (cahiers de culture, entretien du matériel…). Le contrôle des enregistrements est complété par des contrôles documentaires (factures, fiches techniques…), par une interrogation orale de l’exploitant et de ses salariés et par des repérages sur le terrain. Le contrôle des pratiques par un orN°124 DECEMBRE 2010 ganisme certificateur indépendant et impartial est un élément clé en termes d’avancées pour le consommateur, mais aussi pour le producteur qui bénéficie d’un œil extérieur dont la critique et le jugement ne peuvent être remis en cause. Son approbation est une véritable reconnaissance de sa démarche de qualité. Concrètement, quelles sont les avancées de l’AR en matière de phytosanitaire ? En « agriculture responsable », chaque décision de traitement doit être justifiée et adaptée. Elle doit être précédée d’une observation attentive. En outre, les méthodes de lutte alternatives sont fortement encouragées (prophylaxie, pièges à insectes, produits biologiques, rotations culturales, …). L’agriculture responsable est également très regardante sur l’utilisation des appareils de traitement : ceux-ci doivent être adaptés et parfaitement entretenus. Ces obligations de moyens sont essentielles pour faire évoluer les pratiques. Mais les producteurs calédoniens engagés dans la démarche souhaitent déjà apporter des garanties supplémentaires aux consommateurs. Des garanties sur le résultat. Dans ce but, les résultats d’analyses A ce jour, les agriculteurs ne disposent d’aucun registre indiquant les usages ainsi que les doses homologués des produits phytosanitaires en Nouvelle Calédonie. L’ACTA (registre des homologations métropolitaines), le Novachem (« ACTA néozélandais ») et les étiquettes (quand elles sont traduites) sont les seules sources d’information disponibles. De fait, les pratiques des agriculteurs ne peuvent être homogènes. La profession agricole demande également, avec insistance, une réévaluation des Limites Maximales de Résidus (LMR) comme cela s’est fait en Europe, afin de disposer de références fiables, ne pouvant être soumises à interprétations. A savoir que le gouvernement planche actuellement sur une nouvelle réglementation en matière de phytosanitaires. Cette refonte du dispositif réglementaire devra être accompagnée de l’édition d’un registre des usages des produits phytosanitaires et d’une clarification des LMR pour retrouver un climat apaisé dans le débat sur la qualité sanitaire des productions locales. LA CALÉDONIE AGRICOLE 47 société Agriculture et de résidus de pesticides réalisées par le SIVAP seront pris en compte dans le processus de contrôle de l’AR. Mais au préalable, une refonte de la réglementation en matière de phytosanitaires s’impose. Selon les producteurs, celle-ci est aujourd’hui obsolète et incomplète et constitue un frein au développement des démarches de qualité en agriculture (voir encadré). Dans l’attente, et ceci est une avancée conséquente, les résultats d’analyse de résidus seront tout de même utilisés dans le cadre du contrôle des exploitations certifiées : tout résultat nonconforme donnera lieu à un contrôle sur le terrain pour en identifier les causes, apporter les corrections nécessaires, mais aussi pour mettre en exergue, le cas échéant, les incohérences de la réglementation. Dès que possible, en fonction des avancées réglementaires, les résultats d’analyse de résidus feront l’objet d’une simple obligation de résultats pouvant se révéler d’office disqualifiante. Notons que l’Agriculture raisonnée en métropole n’intègre pas ce type d’exigence. L’AR : un levier pour le développement des signes de qualité ? Dans le contexte de mise en place des signes officiels de qualité calédoniens, l’agriculture responsable sera la première certification à prendre place sur le marché. Elle est en effet la plus accessible (gestion globale de l’exploitation pour toutes productions végétales) mais aussi la plus évidente puisqu’elle répond à des préoccupations essentielles de notre société : la protection de l’environnement et la sécurité sanitaire des aliments. En métropole, en 2005, une étude du ministère de l’agriculture démontrait la complémentarité entre l’agriculture rai- sonnée et les autres démarches de qualité en agriculture. Aujourd’hui, on peut constater que de nombreux producteurs engagés dans l’agriculture raisonnée ont développé d’autres démarches de qualité sur leurs exploitations. Dans son rapport d’expertise du cahier des charges de l’AR, l’IAC indiquait « le référentiel AR constitue une étape importante dans la formalisation de bonnes pratiques agricoles en Nouvelle-Calédonie. Il pourra constituer un socle de référence pour d’autres modes de production ». Destinée à toucher le plus grand nombre d’agriculteurs, l’agriculture responsable calédonienne constituera probablement, comme en métropole, un levier pour la mise en place de certifications plus exigeantes. Certains agriculteurs en sont d’ores et déjà demandeurs en participant aux expérimentations sur la protection biologique intégrée. L’agriculture responsable illustrée... ce poster est à votre disposition pour l’afficher dans votre exploitation. MIEUX COMPRENDRE L'AGRICULTURE RESPONSABLE L'Agriculture Responsable respecte un cahier des charges de plus de 50 exigences réparties par grands thèmes. IMPACT DES PRODUCTIONS ANIMALES Lorsque il y a un élevage sur l’exploitation, son impact environnemental est également maîtrisé. PROTECTION DES CULTURES L’observation quotidienne des cultures (ex : plaques engluées jaunes) permet un suivi rigoureux de leur état sanitaire. Les traitements sont réalisés si nécessaire en respectant de nombreuses exigences permettant d' assurer la protection de l’applicateur, du consommateur et de l’environnement. Les traitements systématiques sont interdits. GESTION DES SOLS, FERTILISATION Des analyses de sol sont réalisées pour une meilleure connaissance de la terre. Calculer au plus juste la quantité d’engrais permet d’éviter les excès et donc de préserver la qualité et la fertilité des sols. TRACABILITÉ DES PRATIQUES Tous les apports de produits phytosanitaires ou d’engrais sont enregistrés et suivis. Chaque traitement est justifié. STOCKAGE DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES Les produits sont stockés dans un local sécurisé (fermé à clef, réservé à ce seul usage, aéré…). Aucun risque de fuites dans l’environnement. STOCKAGE DES ENGRAIS Les engrais sont stockés de manière à éviter toute contamination. Les sacs sont rangés sur palettes, dans un local couvert et séparés des matières dangereuses. RÉGLAGE DU PULVÉRISATEUR Un diagnostic et un réglage du pulvérisateur, réalisé par un spécialiste, permet d’éviter les surdosages et les fuites de produits dans la nature. 48 LA CALÉDONIE AGRICOLE GESTION DES DÉCHETS Les déchets sont triés, stockés dans une zone réservée à cet usage. L’incinération des déchets sur place est interdite. L’exploitation est maintenue propre. GESTION DE L'EAU L’exploitant dispose d’une autorisation de captage d’eau. Une bande enherbée de 10 mètres minimum de large en bordure des cours d’eau permet de protéger la ressource en eau. N°124 DECEMBRE 2010 Formation Formation et insertion, l’agriculture comme moteur Au rythme de quatre journées par semaine et ce pendant 6 mois, dix détenus volontaires et motivés du camp Est ont pu suivre la formation dispensée par le CFPPA. Au programme, maraîchage et travaux paysagers avec l’objectif de développer leurs compétences et, pour certains, leur donner l’envie d’aller plus loin. C ertains détenus du camp Est, ayant une peine courte ou proche de la sortie et disposant d’une forte motivation ont la possibilité de suivre une formation agricole pendant leur période de détention. L’objectif, mettre à profit cette période grâce à la formation pour augmenter les chances de réinsertion à la sortie. Pour Erick Aouchar, directeur d’insertion et de probation du ministère de la justice « il s’agit d’assurer une continuité entre la formation qu’ils suivent ici et les formations qualifiantes qu’ils peuvent suivre après leur période de détention. On appuie la démarche de ceux qui sont motivés en renforçant les liens avec les différents centres de formation ». Orienter vers des formations qualifiantes Le centre de détention du camp Est dispose d’un terrain qui se prête parfaitement à la réalisation de formations agricoles. Comme le souligne Denis Scharwatt, formateur au CFPPA sud en charge de la coordination de cette formation : « Quand les cours ont commencé, ce terrain était en friche, 50 LA CALÉDONIE AGRICOLE maintenant regardez le résultat. Les stagiaires ont fait du bon boulot. La formation permet d’insuffler une dynamique, de travailler en équipe et surtout de voir directement les résultats du travail accompli. Leur production est consommée dans le centre. Ca donne un sens au travail réalisé. L’intérêt de ce type de formation est que ceux qui le souhaitent peuvent poursuivre et intégrer une formation diplômante. Cette année, 2 stagiaires vont poursuivre avec un BEPA ». Mettre en valeur ses propres terres Pour certains stagiaires, cette formation est un plus pour se changer les idées. Pour d’autres c’est la possibilité de développer leurs compétences et de les lier à leurs projets personnels. Emile 22 ans, stagiaire : « On a appris plein de choses pendant cette formation. J’ai envie de continuer, d’approfondir et d’apprendre dans d’autres domaines comme l’informatique et la mécanisation. J’ai des terres et, avec ce que j’ai appris et ce que je vais apprendre au BEPA je vais pouvoir monter mon projet en maraîchage ». Pierre 31 ans, stagiaire : « Quand on a commencé la formation, c’était la brousse. Après 6 mois de travail en équipe, le terrain est transformé. Notre production est consommée sur place et ça fait plaisir de voir les autres manger nos produits. Comme Emile, j’ai envie de continuer avec le BEPA pour monter mon propre projet, sur mes terres ». Thierry 22 ans, élève au CFA de la Chambre d’agriculture Contacté par Serge Gos conseillé social au CFA, Thierry a intégré en 2009 le capa travaux paysagers. La formation arrive à sa fin et Thierry souhaite poursuivre les études. « J’ai envie de continuer parceque je veux monter les échelons. J’ai une fille de trois ans et j’ai envie de bien gagner ma vie. Je savais pas qu’on pouvait faire ces formations. On manque d’information. Quand j’ai parlé de ça à mes amis, ça en a motivé certains de venir suivre cette formation. J’ai travaillé à Botanéa, c’était du boulot mais j’ai vraiment appris et je veux pas m’arrêter là» N°124 DECEMBRE 2010 Technicien du GDCSA Frédéric a un parcours véritablement atypique ! Après des études menées dans le secteur informatique, il décide finalement de rechercher un emploi dans un autre secteur qui lui convenait mieux. C’est ainsi qu’il découvre le secteur agricole et se forme aux techniques agricoles. Aujourd’hui, il est technicien du GDSA. Frédéric Barjon est le technicien du Groupement de défense des cultures sous abri en Nouvelle-Calédonie (GDCSA). Au travers ce groupement, il accompagne les 16 agriculteurs en suivant de très près les cultures de leurs. Ses missions consistent à passer régulièrement, chaque semaine pour inspecter les cultures et conseiller sur la lutte contre les organismes nuisibles. La finalité de son action étant que les adhérents au groupement ne pratiquent plus de façon systématique des traitements phytosanitaires. D’où l’intérêt de l’observation et du suivi régulier afin de traiter uniquement quand cela est nécessaire. En plus de l’appui pour traiter au bon moment et dans le respect des bonnes pratiques, Frédéric est chargé de la promotion de techniques alternatives aux produits phytosanitaires chimiques. « En revenant sur le territoire, je voulais rester dans l’agriculture ». Aujourd’hui, technicien pour le GDCSA, il a trouvé toute sa place. « C’est un métier qui me plaît, de part la variété des cultures et de part la rencontre avec la diversité d’agriculteurs de Nouvelle-Calédonie». Et c’est ainsi que Frédéric s’est pris de N°124 DECEMBRE 2010 passion pour la Protection Biologique Intégrée. « C’est hyper intéressant la PBI ! On travaille sur des êtres vivants. C’est complexe, et c’est tout l’intérêt, de connaître et de comprendre comment les insectes vivent et fonctionnent ». Etre agriculteur c’est selon Frédéric, travailler avant tout avec du vivant, et c’est ce qui en rend l’agriculture passionnante. De plus, pour lui, « c’est un véritable challenge de tenter de travailler sans produit chimique. Réussir à travailler en symbiose avec le vivant, avec son environnement, c’est tout l’enjeu de l’agriculture aujourd’hui ! ». En quoi consiste son métier ? • En plus des missions d’observation et de conseil sur les stratégies de lutte, Frédéric apporte un accompagnement technique aux adhérants du groupement pour être certifiés en Agriculture Responsable et plus tard en PBI. • Il forme et aide les adhérents, à la tenue de cahiers de culture adaptés à la situation de chaque exploitation. • Il conseil également les adhérents du groupement, pour la mise aux normes de leurs locaux de stockage des produits phytosanitaires. Fiche métier Frédéric Barjon Parcours Après un Bac électrotechnique en poche, il obtient un deug informatique en métropole. Puis, il change de voie et s’oriente vers les espaces verts. Pendant 5 ans, il devient jardinier pour des particuliers et réalise des jardins privatifs. Après 5 ans en métropole, il choisit de revenir en NouvelleCalédonie et de s’investir pleinement dans le secteur agricole. Tout d’abord, il se forme au CFPPA sud, dans la filière production horticole, puis est recruté comme technicien du GDCSA. Dans ce poste qu’il occupe depuis deux années, il doit en permanence se remettre en question sur ses connaissances et continuer à se former. Frédéric vient ainsi de se perfectionner à la PBI auprès des agriculteurs réunionnais et de leurs services d’appui technique. LA CALÉDONIE AGRICOLE 51 tourisme Agri- A la découverte du miel de Thia La passion des abeilles… C’est ce que vous propose de partager Lyliane et Gérard Dorchy. A 3 km de l’entrée de La Foa, l’exploitation Miel de Thia propose aux visiteurs de découvrir ou de s’initier au monde fascinant des abeilles… Visite guidée avec les exploitants. 80 000 abeilles dans une ruche ! « Quand nos visiteurs découvrent la réalité d’une ruche, ils sont toujours très surpris ». Liliane et Gérard Dorchy sont installés sur La Foa depuis 2004 et ont ouvert leur propriété en 2006. C’est leur passion pour les abeilles qui les a amené à ouvrir leurs portes. Le réseau Bienvenue à la ferme les a découvert à l’occasion des nombreux marchés sur lesquels ils vendaient leur production de miel et notamment à la Foire de Bourail. Et c’est tout naturellement que le réseau leur a proposé d’intégrer Bienvenue à la Ferme. L’impact est fort puisque les visites de l’exploitation se font essentiellement avec les outils de communication du réseau, dont le livret, qui draine de nombreux visiteurs. « Nous recevons de plus en plus de visiteurs. Avant, c’était de l’ordre de 10 personnes par mois. Aujourd’hui, nous sommes autour de 30 personnes par mois». Nous apprécions 54 LA CALÉDONIE AGRICOLE de pouvoir échanger avec des amateurs de miel et leur faire partager notre passion. Certains se prennent au jeu et souhaite mettre en place des ruchers ». Mais attention, Gérard apporte quelques précisions sur le métier d’apiculteur. « ll faut d’abord investir dans le matériel et commencer par une ruche ou deux. Ne pas se lancer dans une grosse exploitation tout de suite. Il faut du matériel de qualité, et ce matériel doit être régulièrement changé. Il faut en permanence disposer de matériels d’avance». Dans un premier temps, il ne faut pas aller trop vite… La réflexion doit primer sur l’action. Ferme pédagogique Mieux connaître la vie des abeilles ? Comment extrait-on le miel ? Les visiteurs sont tous différents. La plupart sont des touristes, souvent japonais ou réunionnais, ou des familles qui se dé- placent pour connaître tous les détails de l’apiculture. « Nous avons des relations privilégiées avec Alpha International. C’est presque un rituel maintenant. Nous avons un groupe de japonais toutes les semaines, à la même heure. Les relations avec le tour opérator se sont tissées suite aux Etats généraux du tourisme à la Foa ». Séduits par la chaleur de l’accueil et l’originalité de l’exploitation, la ferme de découverte fait désormais partie du circuit des touristes nippons. Les apiculteurs sont aussi amenés à intervenir dans les écoles en présentant, grâce à une ruche vitrée, comment préparer le miel. 70 ruches La ferme est composée de 70 ruches, d’une miellerie, d’un laboratoire, avec un bac, un extracteur, et un maturateur. Il y a également un dock qui se révèle N°124 DECEMBRE 2010 tourisme Agri- être un atelier où se déroule la construction des ruches et leur assemblage. Un travail préalable et indispensable. Un autre local permet aussi d’exposer les produits pour favoriser la vente directe. Plusieurs systèmes de ruches sont présentés dont la célèbre ruche « kenyanne authentique ». Thia propose toutes sortes de miels… Ruchers de forêt, ruchers d’arbres fruitiers, ruchers dans la savane à niaouli très léger et très clair, ruchers dans les cafés, ou encore miels de toutes fleurs, plus sucré et plus épais. Recyclage des cires Le recyclage des cires avec un certificateur solaire permet de faire des bougies, des savons ou de la cire encaustique. « Le propolis à mâcher, récolté dans les ruches, est aussi efficace pour les petites piqûres d’insectes » précise les exploitants. C’est un argument qui à l’air de plaire aux clients. Pour les autres produits, l’exploitation propose du vinaigre de miel, ou encore du pollen frais en saison. Une nouvelle initiative remporte un franc succès, il s’agit de stages de sensibilisation à l’apiculture qui sont organisés deux fois par an. Le dernier s’est d’ailleurs déroulé en octobre. Sur deux journées, les apiculteurs offrent l’occasion aux amateurs de découvrir le fonctionnement d’une ruche et de s’initier à Le livret BAF 2010 Il répertorie les structures adhérentes au réseau. Il est disponible à la CANC et dans ses antennes, dans les offices du tourisme et chez les adhérents… Renseignements au 44 23 48 www.bienvenue-a-la-ferme.com N°124 DECEMBRE 2010 la pratique. Un plus certain pour donner l’envie de faire une halte chez ces adhérents du réseau Bienvenue à la ferme. Initiative Le Miel de Thia Liliane et Gérard Dorchy Thia - La Foa Tél : 44.18.02 / 76.48.87 [email protected] Ouvert tous les jours mais sur réservation, 48 heures à l’avance. • Nouvelles du réseau Bienvenue à la Ferme La fin de l’année se termine par deux marchés avec les adhérents du réseau : • le marché de Névaho le 4 décembre et • le marché de Poindimié le 5 décembre 2010. LA CALÉDONIE AGRICOLE 55 Les petites annonces agricoles A vendre Un lot de 8 veaux Prix : 360 000 F Contact : 89 06 23 / 41 22 58 Urgent, SCA de 20 Ha sur Tontouta donne herbage pour chevaux/bétail contre coupe, participation financière possible. Contact : 24 04 12 soir / 82 87 55 4 taureaux, 2 de race limousine, 1 Brahman pur, 1 Brahman/Limousin Contact : 35 10 69 Maïs vert à la coupe pour retaille Contact : 82 26 25 Chiens Teckel noir et feu, 2 femelles et 2 mâles, vaccinés et vermifugés. 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Niemant au : 46.99.00 ou [email protected] Vente ou location ou location/ vente Propriété à la Foa, terre d’alluvion, bordure rivière, 9 ha, irrigation en place par aspersion et goutte à goutte. Pour maraîchage ou grande culture. Prix : 25 M Contact : 44 32 65/76 37 73 Recherche propriété de rapport élevage/culture en province Sud Etudie toutes propositions Contact : 85 86 96 Recherche 150 pieds de Bois de fer et 150 pieds de Gaiac. Faire offre au 77 39 73 Recherche un responsable d’exploitation maraichère (hydroponique/plein champ) et fruitière. Contact : 43 59 20/ 77 29 22 Cherche personne sérieuse autonome et motivée pour entretien et mise en valeur d’une propriété région Ouenghi à temps complet ou partiel, permis et conduite matériel agricole souhaité. Contact : 79 34 13 Pacifique jardin jardinerie recrute en CDD évolutif en CDI un vendeur polyvalent pour les rayons plantes et horticole, niveau BEP, BT, BTS issu de la filière horticole. Envoyer CV + lettre de motivation + photo à pdoisy@pacifiquejardin. nc ou par courrier BP 3516 – 98846 Nouméa cedex Afin de vous aider à vendre ou acheter, à recruter ou à trouver du travail, La Calédonie Agricole met en place une rubrique “Petites annonces“. Il suffit de remplir cette fiche et de la renvoyer à la Chambre d’agriculture : BP : 111 - Nouméa - Tél : 24 31 60 (service gratuit). Nom : Prénom : Cochez la rubrique correspondant à votre annonce : Adresse : Téléphone : Rédigez votre annonce en majuscule, une lettre par case, un vide entre chaque mot 58 LA CALÉDONIE AGRICOLE q Demande d’emploi q Offre d’emploi q Matériel q Terrain q Animaux q Autres N°124 N°124 DECEMBRE 2010
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