octobre 2006 - Guts Of Darkness

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octobre 2006 - Guts Of Darkness
Guts Of Darkness
Les archives du sombre et de l'expérimental
octobre 2006
Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com
© 2000 - 2008
Un sommaire de ce document est disponible à la fin.
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Les interviews
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NEMESIS - (interview réalisée par Nicko, Phaedream)
Comment se porte la carrière de Nemesis ?
Ami : Nemesis est un projet qui a débuté avec Jyrki, quand nous étions écoliers en 1987. L'idée était de faire la
musique sans modèle spécifique, juste les bruits que nous avons aimés. Nous tenions absolument à faire le
genre de musique qui nous inspirait. Depuis, notre carrière va assez bien.
Depuis la formation du groupe, en 1987, Nemesis n'a produit que 5 cd, alors que la majorité des groupes en
sortent 1 par année. Est-ce que Nemesis est plus pointilleux dans ses productions où le groupe a peu de temps
pour enregistrer son matériel ?
Ami : Nous n'avons pas vraiment de contrat de disque. Donc, nous n'avons pas cette pression de réaliser des
cd à tout prix. Habituellement, nous enregistrons quand nous jugeons que nous avons assez de matériel. Ce
qui peut prendre une couple d'années (Sourires)
Comment votre dernier cd, Audio Archeology Vol. 1 fut accueilli par vos fans et la critique ?
Ami : Nous avons d'excellents commentaires.ça regarde mieux que dans le milieu des années 90. Ce qui est
vraiment une bonne chose, selon moi. Il n'y a pas beaucoup de groupes techno, de qui le vieux matériel sonne
bien de nos jours.
On s'attend à ce qu'il y ait un Volume 2, est-ce que Nemesis a un bon contact avec son auditoire en concert ?
Ami : Oui, un autre volume est en preparation. Nous espérons produire un nouvel opus en studio avant de
sortir le volume 2.
Doit-on s'attendre à un DVD prochainement ?
Ami : Je ne pense pas, car nos concerts n'ont pas d'aspect visuel spéciaux. C'est seulement que 3 gars qui
jouent leurs instruments. Probablement que si nous ferions un DVD, ça sera un genre de documentaire ou des
images de la nature ou autres choses pour compléter notre performance en concert.
Plusieurs artistes sont découragés devant les faibles assistances lors des concerts de MÉ. Est-ce votre cas ?
Ami : Eh bien.nous jouons seulement quelques concerts par année, mais c'est un peu vrai. Ce n'est plus très à
la mode de jouer de la MÉ, donc c'est seulement nos vrais fans qui assistent à nos concerts. Mais Nemesis
tente d'avoir une plus grande ouverture, une plus grande vision, face à la musique. Donc nous espérons attirer
ceux qui aiment les choses non conventionnelles afin qu'ils viennent à nos concerts un moment ou l'autre.
Selon vous, est-ce que la MÉ est un véhicule culturel viable pour un artiste ?
Ami : Définitivement ! J'ai joué plusieurs styles de musique et avec différents groupes. Je pense que Nemesis
est le plus fluide et le plus intéressant groupe avec qui j'ai joué. La MÉ donne l'espace nécessaire pour réaliser
les choses d'une façon différente... malheureusement, il y a beaucoup de MÉ qui n'est pas vraiment géniale,
créative. Ce qui est compréhensible, parce qu'il y a tellement de gens qui font de la MÉ de nos jours. Par contre,
il y a autant de bon matériel que de mauvais.
Sentez-vous que cet art est boudé par les médias? Si oui, quelles sont les causes ?
Ami : La MÉ n'est pas vraiment intéressante pour les affaires et la mode... aussi, les musiciens ne sont pas
nécessairement des vedettes de cinéma ou des ''bums''. Donc, il y a peu de personnages intéressants pour les
médias. (Sourires)
Est-ce que la MÉ survit bien aux évolutions musicales ?
Ami : La MÉ n'est pas si technologique que les gens peuvent croire. Au début, les synthétiseurs digitaux
créaient de la musique ''plastic''. Mais de nos jours, ils sont si bons, si évolués que ce n'est plus un problème.
Nemesis a toujours tenté d'utiliser le bon instrument, pour le bon effet, donc nous n'avons aucun plan pour
prioriser l'un tant que l'autre. On utilise tout ce qui est bon pour notre musique. Personnellement, j'aime mieux
les vieux synthés analogues. Ils sont si faciles pour improviser, on a un accès direct à tous les paramètres
sonores. Pas de menus sans fins, ni de sous menu comme les synthés digitaux.
On dit de ceux qui font de la MÉ, qu'ils ne sont pas de vrais artistes, mais plutôt des génies de la console.
Êtes-vous d'accord avec cette énoncée ?
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Ami : Eh bien.dans un sens c'est vrai. Il faut avoir de bonnes habilités techniques pour travailler sur la plupart
des synthés. Mais la vision artistique est aussi importante.sans cela, la musique deviendrait seulement qu'une
démonstration technique.
Quel fut votre principale source d'inspiration ?
Ami : J'aime une variété de styles. La MÉ des années 70 est très près de mon cour, comme vous pouvez
l'entendre sur la musique de Nemesis J . J'aime aussi le Kraut Rock; Cluster, Can, Amon Duul II, Kraan et
plusieurs autres. L'Allemagne avait plusieurs groupes magnifiques à l'époque du début des années 70. Jyrki
aime Ozric Tentacles et la musique ethnique, alors que Joni, notre dernier membre aime bien Jean Michel Jarre.
Comment se porte la MÉ en Finlande ?
Ami : Les meilleurs années étaient 1998-2001. Je suis vraiment fier d'en avoir fait parti. Certes, personne ne
savait à l'époque que c'était les années d'or. Mais, en tout pour tout, il y a beaucoup de groupes de nos jours, et
ils n'ont pas beaucoup d'exposition ou de présences dans les médias. La Finlande est un pays de heavy metal
(Nightwish, HIM et autres).
Quels sont les 5 albums qui vous ont marqué ?
Ami : Peut-être que cette liste est tout à fait appropriée :
<ul><li>Tangerine Dream: Rubycon</li><li>Amon Duul II: Wolf City</li><li>King Crimson: Lark´s Tongues in
Aspic</li><li>Hawkwind: Space Ritual</li><li>Godspeed you Black Emperor: Lift your skinny
fists...</li></ul>Avant la MÉ, y avait-il d'autres préférences musicales ?
Ami : J'aimais le heavy Rock comme Blue Oyster Cult et Black Sabbath. J'étais, et je le suis encore, un gros fan
de Pink Floyd.
Vous caressez plusieurs styles musicaux ; Berlin School, Electronica et Ambiant. Ne pensez-vous pas que ça
peut déstabiliser vos fans ?
Ami : Honnêtement, nous nous pensons pas à cela. Si nous pensons que c'est bon, on va le faire. Je pense que
les autres l'aimeraient aussi.
Avec quel style vous êtes le plus à l'aise ?
Ami : Probablement l'improvisation de section électroniques, qui sont à la fois très ambiant et, parfois, très
féroce et pesant. Nous n'aimons pas créer des petits titres avec seulement un style. J'aime les titres longs qui
font voyager l'auditeur à plusieurs places.
Musicalement, à quoi doit-on s'attendre du prochain cd studio de Nemesis ?
Ami : Le produit usuel J Il va y avoir de plus courte, du matériel plus clair en addition avec les improvisations.
Une couple de surprises est aussi emmagasinée.
Quels sont les prochains projets pour Nemesis ?
Ami : Un nouvel opus en studio et la suite de notre Live Archive.
Aucun projet solo ?
Ami : J'ai 6 compositions de prêtes. si je trouve le temps d'en produire plus, il y aurait un cd solo pour moi l'an
prochain.
Au nom des lecteurs de GOD, merci pour votre patience et votre musique.
Ami : ça m'a fait plaisir, merci à bien le bonjour à vos lecteurs Internautes.
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Entrevue Mac de BIOnighT - (interview réalisée par Phaedream)
Black Light est l’un des 10 meilleurs cd en 2006. À date, les critiques sont très bonnes, comment réagis-tu face
à cet engouement?
MAC : C’est vraiment flatteur et je suis tout à fait heureux de la situation. J’espère que ça n’engendra pas trop
d’attentes en égard de mes prochaines réalisations, et que les amateurs ne me catalogueront pas uniquement
comme un compositeur de MÉ. Cependant, je suis très content que Black Light ait été i apprécier par les fans
de MÉ
Sans jeu de mots, Black Light est un cd noir, obscur. Une sombre atmosphère entoure l’écoute. Suis-je à la
bonne place? Que se cache-t-il derrière le sombre Black Light?
MAC : Je vivais des périodes difficiles lorsque j’ai entrepris l’enregistrement de Black Light. L’année a mal
débutée avec un accident fâcheux. En sciant du bois, la scie à chaîne a rebondie et a coupée mon visage en
deux. Un accident affreux qui a fait de sérieux dommages esthétiques et médicaux. J’ai dû réapprendre à parler,
manger et manipuler les muscles et expressions de mon visage. Pendant ma convalescence, d’autres
évènements, plus personnels, sont survenus. Des malheurs que je considère plus lourd que mon accident avec
la scie à chaîne .La résultante est une douleur émotionnelle qui m’a suivie dans ma msusique.
Black Light est un opus d’une rare intensité. Il y a peu de moments atmosphériques et les séquences sont
vraiment agressives. Est-ce que Mac étouffe dans le style plus léger de BIOnighT?
MAC : BIOnight a toujours été une opportunité pour que je me réalise amplement. Ordinairement, je suis de
nature optimiste, donc je fais une musique aussi légère dans mes projets solos.
Les séquences sur Black Light sont très puissantes, pesantes. Est-ce que mac a développé une nouvelle manie
des séquenceurs, un peu à la Mark Shreeve? Ou était-ce que pour les besoins de Black Light?
MAC : J’ai toujours été un friand des séquenceurs, et ce depuis que j’ai entendu Ricochet de Tangerine Dream
pour la 1ière fois, je devais avoir 19 ans. J’aime utiliser cet instrument peu importe le genre musical. Et c’est
grâce aux séquenceurs que la MÉ, Berlin School a acquis ses lettres de noblesse. Sans séquences, la musique
ne serait plus la même &#61514;
Pourquoi un titre comme Black Light, lorsque l’on sait, par définition, comme lumière c’est clair? N’y a-t-il pas
un côté paradoxal à ce titre? Le Ying vs le Yang? L’éternel conflit entre la nuit et le jour?
MAC : L’apparence et le sens dépendent de la façon que vous le percevez. Une lumière n’est pas
nécessairement claire et positive. Ça dépend commet on le perçoit. Si l’on est dans une mauvaise passe, la
lumière peut être sombre et négative. La réalité peut être objective, mais l’interprétation que vous en avez
dépend de votre condition émotive.
Êtes-vous satisfait du résultat?
MAC : Lorsque je compose il y a 2 choses qui m’intéressent. Premièrement, la musique doit décrire
parfaitement les émotions, les sensations, les concepts et les expériences dont j’ai besoin pour les transformer
en musique. C’est la chose la plus importante. Deuxièmement, la communication. Dans le sens que ceux qui
écoutent soient capables de ressentir ce que je ressentais, ou à tout le moins, le comprendre et d’être touché
d’une certaine façon. Avec Black Light, je crois avoir atteint ces deux éléments. Donc oui, je suis satisfait.
Qui est le vrai Mac? Celui de Black Light ou le romantique et mélancolique que nous avons découvert avec
Egoheart?
MAC : Il y a des gens sans personnalités qui pourraient être représentés par un mur gris, mais je pense que la
plupart du monde possède différentes facettes, différents côtés. Il y en a qui en ont beaucoup, d’autres peu. Je
crois que ma vraie personnalité est une combinaison de mes différentes facettes, un peu comme tout le monde.
Votre partenaire a réalisé aussi un cd solo. Est-ce la fin de BIOnighT? Peut-on s’attendre à du nouveau matériel,
ou vous allez poursuivre, chacun, un carrière solo?
MAC : BIOnighT est vivant et se porte bien.ça fait près de 8 ans que nous nous connaissons et nous avons
encore beaucoup de projets et d’enthousiasme&#61514;. Il devrait y avoir du nouveau bientôt pour BIOnighT,
car nous sommes dans une période active. Syngate devrait sortir The Art of Friendship que nous avons terminé
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en 2005. Nous finalisons notre tout dernier; The Rain is Over et nous travaillons, en ce moment, sur un autre
opus…
Est-ce plus difficile en solo ou en équipe?
MAC : Comme dans la vie. Être seul est généralement plus facilitant, car il n’y a pas de discussions, ni de
compromis à faire. Cependant, j’ai été chanceux de rencontrer FaBIO, qui et un chic type, ainsi qu’un ami
fantastique. Donc, les choses finissent toujours par ce faire, peu importe
Pourquoi, tous les deux, vous avez sentie le besoin de travailler seul?
MAC : J’ai toujours travaillé sur mes propres projets, avant et durant BIOnighT. Peu de gens le savent, car
Syngate débute la commercialisation de mes ouvrages solos, donnant l’impression de nouveauté. L’œuvre solo
de FaBIO est un évènement que je souhaitais ardemment. Il n’a jamais senti le besoin de faire ses propres
choses, mais ce que j’avais entendu de ses compositions était tout simplement fantastique, donc je l’ai
encouragé à ce qu’il fasse son projet solo, Comunicare. Je suis content pour lui, c’est un très bon cd.
Est-ce que Mac travaille sur des nouveaux projets, en ce moment?
MAC : Je travaille toujours sur différents projets, et ce simultanément. De 5 à 10 projets, de différents styles
musicaux. Visitez mon site, au www.macvibes.com. Et vous constaterez que mes projets musicaux sont divisés
par genres musicaux. Il y a du Berlin School, de la musique rythmée et séquencée. Je peux faire aussi du genre
techno, de la musique de film, de sci-fi et d’horreur. Il y a toute une panoplie de genres et de styles à découvrir.
Oui, j’ai remarqué qu’il y a plusieurs projets musicaux sur votre site, qui est bien fait en passant.
MAC : Merci. Je n’ai pas vraiment d’emploi régulier, parce que je deviendrais cinglé à faire la même chose tous
les jours. Je n’ai pas de famille, étant incapable de vivre avec les mêmes personnes, tous les jours. Peut-être
qu’un jour cela va changer et que je vais trouver le confort dans la monotonie, dans la répétition. En ce
moment, cela m’est impensable. J’ai besoin de changements. C’est pour cela que je ne peux faire la meme
musique à tous les jours. Sur mon site, vous trouvez tout ce qui m’inspire au quotidien.
Quel est la popularité de Mac, BIOnighT et la MÉ en général, en Italie.
MAC : Zéro! Zip! Nada! La culture Italienne prend du recul. Les gens sont plus intéressés par la mode et les
dernières technologies. Tout le monde devient de stupides marionnettes aux mains des maîtres de marketing.
Pas de cerveaux, pas de personnalités, tout ce qui importe est de bien paraître et de vivre en haut de leur
capacité. La MÉ n’est pas en relation avec une époque semblable où le plastique et le pastiche prime sur les
émotions. Et c’est valable pour n’importe quel forme d’art. La littérature et le cinéma en sont des exemples
parfaits. C’est malheureux, mais tout le monde va dans la même direction, et ça dépasse des choses plus
importantes que l’art, la MÉ…
Qu’est-ce qui vous a attirez vers la MÉ?
MAC : Je devais avoir 7 ans lorsque j’ai entendu les premières chansons avec un Moog. Je rendais ma mère
folle, parce que je lui demandais sans cesse, comment une machine peut faire de la musique. Je pense que ça
vient de cette époque, où j’ai passé beaucoup de temps dans ma chambre à expérimenter sur magnétophone.
J’ai commencé à faire de la vraie musique vers l’âge de 16 ans.
Pour la simple curiosité de nos lecteurs, quels sont vos top 5 en littérature, cinéma et musique?
MAC : Ça fait trop longtemps que j’ai lu ou vu un film pour en lister 5&#61514;. Il y a une courte histoire de
Stephen King que j’ai lu souvent; My Pretty Pony.Selon moi, Ricochet de Tangerine Dream est le meilleur album
à vie. Ça va être difficile d’en trouver seulement 4 autres, car il y en a eu tellement que j’ai aimé. Allons-y avec
ceux-ci qui représentent ce que j’aime vraiment; Oxygene de Jean Michel Jarre, Tango de Matia Bazar (un des
bons albums synth-pop), Discovery de Mike Oldfield, Atla Ufo Robot d’Actarus (Certains se souviennet de
Goldorak?:) et Breva e Tivan de David Van De Sfroos
Quels sont tes principales sources d’inspiration?
MAC : Toutes ses œuvres que je viens d’énumérer et toutes les chansons que j’ai entendues dans ma vie.
D’autres formes musicales avant la MÉ?
MAC : J’ai toujours aimé la musique, peu importe les genres :-)
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Certaines personnes pensent que ceux qui font de la MÉ, ne sont pas de vrais musiciens, mais plutôt des
techniciens de la console. Êtes-vous de cet avis?
MAC : Je pense qu’il y énormément de confusion autour de la musique. La très grande majorité confond la
musique avec la performance. Mozart écrivait de la musique, sans donner de concert. Cela aurait pris au-delà
un orchestre pour qu’il puisse jouer ses symphonies. Était-il un idiot pour autant? Un artiste de MÉ peut
composer une musique nécessitant de 30 à 40 pistes, pour autant d’instruments. Ça prendrait autant de gens
pour jouer ses compositions. Avec la technologie, il peut l’écrire et la jouer seul. Mozart en aurait fait autant?
Non? Par dessus, il fait le mixage, applique les effets. Du travail de studio, de technicien. Mais on le snobe et le
diminue parce qu’il ne peut jouer sa musique en même temps, avec plus de 40 bras. Où est la logique? Faire de
la MÉ est similaire à peindre. Pas de concert, mais des émotions sur papier. Si la MÉ n’est pas de la vraie
musique, alors la peinture n’est pas de l’art! Et, il ne faut pas oublier qu’un musicien est quelqu’un qui joue un
instrument de musique. Et qu’est-ce qu’un studio, un synthé, si ce ne sont pqs des instruments?
Est-ce que la MÉ va toujours avoir sa place? Ne sera-t-elle pas déloger par la techno, l’électronica?
MAC : Merci à Internet. Je pense qu’avec ce média, tous les genres vont survivre et trouver leur public. Mais la
MÉ ne sera jamais le courant principal.
Que pensez-vous des nouvelles technologies versus l’évolution de la musique?
MAC : C’est comme les autres technologies; cela dépend comment on l’utilisera. À date, l’humanité a le don de
mal ’utiliser les nouvelles technologies.
Que pensez-vous des MP3
MAC : Mauvais, mauvais, mauvais
Est-ce aidant pour faire connaître la MÉ, ou cela va nuire comme au reste de l’industrie musicale?
MAC : Ça arrêté les ventes, et ça va finir par tuer la musique éventuellement
Au nom des lecteurs de GOD, merci de votre patience, temps et musique
MAC : Merci pour l’entrevue et merci à tous ceux qui écoutent ma musique. C’est vraiment apprécier. Et à tous
ceux que ne la connaissent pas, visitez mon site. Merci
Site Web : http://www.macvibes.com/MUSICE.htmlhttp://www.bionight.net/
Discographie BIOnighT
<ul><li>EGOHEART 1999 Disponible chez Syngate</li><li>AFTERPOST 2001 Disponible chez
Syngate</li><li>DAYBREAK Disponible chez Syngate</li><li>SONGSWELL Disponible chez
Syngate</li><li>THE ART OF FRIENDSHIP Disponible à la BIOnighT Shop</li><li>THE RAIN IS OVER Dernier cd
Disponible à la BIOnighT Shop</li></ul>
Discocraphie de Mac BIOnighTJust Music series ( Une série qui inclut tous les genres)
<ul><li>APHASIA Disponible chez Syngate</li><li>Dinning Room Disponible à la shop Mac of
BIOnighT</li><li>A DECEITFUL HAND Disponible à la shop Mac of BIOnighT</li><li>A DECEITFUL MIND
Disponible à la shop Mac of BIOnighT</li><li>THE COMET FISH Disponible à la shop Mac of BIOnighT</li></ul>
Classic EM Series
<ul><li>Black Light Disponible chez Syngate</li><li>TALES OF BODIES AND SOULS Disponible à la shop Mac
of BIOnighT</li><li>TALES OF BODIES AND SOULS 2 Disponible à la shop Mac of BIOnighT</li></ul>
Plusieurs autres styles et genres, notamment pour des films d'horreur et Sci0Fi sont égalment en ligne
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NEGURA BUNGET - (interview réalisée par Nicko)
1/ Bonjour, bienvenu sur Guts Of Darkness ! Votre nouvel album, "OM", doit sortir dans quelques jours. Il était
prévu pour 2005. Pourquoi a-t-il été si retardé ?
Negru : Salut ! (NDLR : en français dans le texte) Honoré d'être là ! Effectivement, l'album était initialement
prévu pour 2005, et même pour le printemps 2005 ! Nous avons eu énormément de retard de par la complexité
du projet, et nous ne voulions compromettre aucun aspect de l'album pour le simple fait de le sortir plus tôt. Le
DVD nous a particulièrement prit de temps, de l'enregistrement à la post-production en passant par l'édition et
jusqu'au mix en 5.1, et ce pour la totalité du DVD. De plus, nous l'avons réalisé entièrement par nous-même,
avec simplement quelques amis qui nous ont un peu aidés. Je suis assez confiant car nous avons fait du très
bon boulot, surtout aux vues des circonstances (pas mal de gens spécialisés dans le mix 5.1, mais personne
pour l'interprétation d'un DVD si complexe...). Bien que la musique ait été terminée et enregistrée en mai 2005,
nous avons été incapables de finir le reste plus tôt. C'est pourquoi ce nouvel album ne sort qu'à présent...
2/ Ce nouvel album semble être le plus varié ainsi que le plus folklorique de vos albums, avec une plus grande
utilisation d'éléments traditionnels et plus de chants clairs selon moi. Es-tu d'accord avec cela ?
Negru : Je dirais que c'est une opinion juste. Je pense qu'il y a plus de chant clair sur cet album, ainsi que de
parties folkloriques. Mais je ne pense pas que cela rende l'album plus soft dans son ensemble parce qu'il y a
encore beaucoup de parties agressives. Nous avons toujours aimé explorer différents moyens d'expression,
avec le contraste entre l'agressivité et la mélodie étant l'élément clé, et cet album ne fait pas exception à la
règle.
3/ La production et le son d'"OM" sont bien meilleurs que ceux de vos précédents travaux. Où avez-vous
enregistré ce nouvel album ? Comment s'est déroulé l'enregistrement ?
Negru : Nous avons enregistré, mixé et masterisé l'album nous-même, dans notre propre studio. Nous avons
pris tout le temps nécessaire, et quand nous n'étions pas satisfaits par quelque chose, on le refaisait tout
simplement. Et de cette manière, quand tout était enregistré, nous avons passé beaucoup de temps à mixer le
tout et à ajouter de petits détails pour terminer l'album. C'est aussi une raison pour laquelle cela nous a pris
beaucoup de temps pour terminer l'album. D'un autre côté, nous étions capables ainsi de travailler avec plus ou
moins aucune pression, de la manière dont nous voulions, et de ce fait, nous avons pu énormément
expérimenter. La limite se situait simplement au niveau de notre technique et de nos équipements (qui ne sont
pas du tout mauvais).
4/ Pourrais-tu nous expliquer le processus de création d'un album de Negura Bunget ?
Negru : Ce n'est pas un travail facile... hé hé ! On commence généralement d'une partie musicale seule, ou
d'une idée que nous pensons être sympa à transposer en musique. Ensuite, nous ajoutons des parties, nous en
enlevons, en changeons, en supprimons, en lions entre elles, nous discutons de ce qui serait le plus approprié
au morceau, nous méditons sur la manière dont le morceau devrait sonner... jusqu'à ce qu'à la fin nous
atteignions un morceau dont nous soyons tous pleinement satisfaits.
5/ Pourrais-tu nous expliquer la signification du titre de l'album, "OM" ?
Negru : "OM" signifie l'homme (l'être humain) en roumain. Mais en même temps, "OM" est un symbole principal
dans l'ésotérisme traditionnel, très proche de l'élévation de l'esprit humain. Je trouve que le titre va très bien
avec le contenu de l'album.
6/ Est-ce que "OM" est un album conceptuel ?
Negru : C'est un album conceptuel d'autant plus qu'il y a un concept derrière cela. Et "OM" est un concept
tellement riche... "OM" part de la nature, ses occupants, les montagnes et les rivières, les lieux et les bases que
chacun a et que chacun utilise. Il construit une réflexion intérieure sur l'évolution de l'esprit humain - en
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roumain, OM signifie l'HUMAIN - son élévation à travers la méditation, dans une histoire d'ésotérisme
traditionnel, où le symbole principal "OM" permet à l'esprit individuel de passer le voile et d'entrer dans un état
transcendantal, au-delà du rêve, jusqu'au silence de la conscience.
7/ Revenons à l'album précédent, "'N crugu bradului". J'ai entendu parler qu'il s'agit d'un album conceptuel sur
les quatre saisons d'une année. Pourrais-tu nous en dire plus sur ce concept ? Et la raison pour laquelle vous
avez choisi un tel concept ?
Negru : "'N crugu bradului" était un album au sujet de la spiritualité locale, vue plus ou moins d'un seul bloc.
Nous nous sommes focalisés sur la spiritualité des lieux situés dans les hautes montagnes et sur les
communautés pastorales parce que ce sont les endroits où les anciennes croyances et les anciennes pratiques
religieuses continuent d'être réalisées, et sont de ce fait les plus réfractaires aux influences du monde
moderne. Nous sommes assez chanceux d'avoir encore ce genre d'endroits chez nous, et comme Negura
Bunget est plus ou moins dans ce genre d'éléments depuis nos débuts, nous sentions que cet album DEVAIT
être fait. Nous avons choisi ce concept des quatre saisons car il nous a aidé à donner une perspective globale
de la spiritualité locale. Nous avons essayé de représenter symboliquement les choses telles qu'elles
apparaîtraient sur une durée d'une année...
8/ Pourquoi n'avez-vous pas choisi de "vrais" titres pour les morceaux de cet album ? Pourquoi "I", "II", "III" et
"IV" ?
Negru : Comme chacun des morceaux représente symboliquement une saison, nous pensions qu'il serait trop
simple de les appeler par le nom des saisons. Donc à la place, nous avons opter pour ces nombres et par cela
nous avons permis aux auditeurs de trouver eux-mêmes quel morceau représente quel saison... Je peux te dire
que certains se sont vraiment pris au jeu, et que différentes personnes ont trouvé des morceaux différents pour
représenter la même saison... hé hé !
9/ Cet album est sorti dans un magnifique Digipack au format A5. Etait-ce votre choix de sortir un tel objet ?
Negru : Ce n'était pas seulement notre idée de faire un Digipack de ce format, mais nous avons réalisé tous les
exemplaires nous-mêmes. Et ce fut réellement un travail très difficile, crois-moi ! Néanmoins, cela valait le coup
parce que le Digipack te donne le visuel que nous espérions au départ...
10/ Au sujet de beaux éléments visuels, vous avez réalisé un clip vidéo pour le morceau "Vazduh", contenant
de magnifiques paysages roumains, et vous avez l'un des plus beaux site Internet de groupe de black metal
(http://www.negurabunget.com). Est-ce que l'aspect visuel est aussi important que l'aspect musical dans
Negura Bunget ? Espérez-vous continuer à développer le côté visuel dans le futur ?
Negru : Oui, je dirais que l'aspect visuel est assez important pour nous. Dès le départ nous pensions que tous
les aspects comptent, donc vous avons essayé de nous occuper du mieux possible de chacun des aspect d'un
disque, de les faire se connecter afin de transmettre certaines atmosphères. Je pense que l'aspect visuel du
nouvel album est aussi assez complexe et élaboré (et cela inclut le livret, l'artwork du Digipack, les nouveaux
vidéo-clips sur le DVD, une nouvelle mise à jour du site ainsi que le marchandising autour de l'album, les
t-shirts, etc) et nous continuerons à travailler sur cet aspect dans le futur bien entendu.
11/ Presque toutes vos paroles sont écrites en roumain, est-ce important pour vous de chanter dans votre
langue maternelle ?
Negru : Je pense que d'écrire les paroles en roumain est quelque chose de totalement naturel pour nous. Ecrire
en anglais représente toujours un effort supplémentaire pour des résultats moins probants car il est très
difficile d'exprimer les mêmes sentiments dans une langue étrangère. Le roumain convient naturellement avec
ce que nous essayons d'exprimer à travers nos paroles. On ne fait pas cela pour nous rendre plus intéressants.
Nous allons aussi avoir une traduction en anglais des paroles d'"OM", de la même manière que nous en avions
pour "'N crugu bradului".
12/ Pourrais-tu nous parler un peu de la scène black metal en Roumanie ?
Negru : La scène black metal n'est pas beaucoup développée par ici. Il y a quelques groupes comme Vokodlok,
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Darken My Grief, Argus... Récemment les choses ont commencé à aller dans la bonne direction, avec plus de
concerts, festivals, magazines... Etrangement, il n'y a aucun autre groupe roumain de black metal qui est
intéressé par l'exploration de l'héritage local. C'est assez paradoxal finalement.
13/ Etes-vous satisfaits par le travail de Code666 ?
Negru : Nous n'avons pas à nous plaindre de leur travail jusqu'à présent. Ils nous soutiennent beaucoup, ne se
sont jamais plaints à chaque fois que nous leur annoncions que nous étions en retard avec l'album, et
maintenant ils ont commencé une campagne de promotion très importante pour l'album. Ils sont vraiment
professionnels dans leur boulot.
14/ Quels étaient vous influences musicales quand vous avez commencé le groupe ?
Negru : Nous avions des influences assez classiques dans le genre quand nous avons fondé le groupe :
Emperor, Burzum, Immortal, Satyricon.
15/ Quels groupes écoutes-tu ces jours-ci ? Quels ont été pour toi les meilleures sorties de l'année 2006 jusque
là ?
Negru : J'écoute beaucoup de musique, pas seulement du black metal, mais toutes sortes de styles, de Dead
Can Dance à la musique traditionnelle roumaine. La meilleure sortie de 2006... mhhh... Je pense que l'album de
Tenhi "Maaet" devrait être la meilleure sortie de l'année à ce jour, peut-être avec celui d'Enslaved, "Ruun", et
celui de Kampfar, "Kvass".
16/ Un concert est prévu à Paris en décembre prochain. Y'a-t-il d'autres dates de prévu ? Ferez-vous une
tournée européenne ?
Negru : Nous avons quelques dates de prévues en Roumanie pour la fin du mois d'octobre et le début du mois
de novembre. A part Paris, on devrait aussi jouer à Lyon en décembre et nous allons probablement faire 2-3
concerts en république Tchèque et en Hongrie... Ensuite nous ferons une tournée européenne complète au
printemps de l'année prochaine. Et comme la Roumanie aura rejoint l'Union Européenne à ce moment-là, nous
n'aurons plus besoin de visas, donc j'espère que nous pourrons aller en Grande-Bretagne et en Irlande cette
fois-ci aussi.
17/ Merci d'avoir pris le temps de répondre à l'interview. Je te laisse les derniers mots ! Salut !
Negru : Thank you too for the support ! I hope some will join us in the "OM" elevation.
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Les chroniques de concerts
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SECRETS OF THE MOON : La Locomotive, Paris, 30 sept. 2006 - (concert chroniqué par
Nicko)
Première partie
Antaeus + Vorkreist + oOo
Chronique
Une fois n'est pas coutume, n'ayant pu assister au concert, ce n'est pas moi qui me charge de ce report. Je
laisse donc la parole à Rémy :
Le concert commençait par un groupe qui m'était totalement inconnu : "oOo". En fait de groupe, il s'agissait de
4 joyeux jeunes gens s'acharnant à poser des riffs de guitare simplissimes et de grands cris (qui résonnent
sans doute encore dans les tréfonds de la Loco) sur une bande techno (banale mais ultra rapide) au volume
défiant les capacités de résistance d'un tympan humain. Seul point positif : ce groupe n'eut pas à attendre
l'arrivée de la batterie qui se fit vers 20h, quelque peu gênant pour un concert sensé commencer à 17h.
A partir de ce moment tous les groupes allaient bénéficier d'un son très correct en tout cas aux vues de la
précipitation générale, de la configuration du lieu et de la nature underground des groupes. Vorkreist ouvrait
les (vraies) hostilités avec un black/death bien en place (surtout Death d'ailleurs). Pas de surprises
extraordinaires mais un set tout à fait honorable.
Puis venait le tour d'Antaeus. Le principal sujet d'inquiétude portait sur l'intégration des nouveaux musiciens
(voir des musiciens intérimaires, Fabrice, le batteur de Horrid Flesh, et non Jorg de Secrets Of The Moon pressenti dans un premier temps, faisant une pige pour l'occasion). Sur ce point, on fût vite rassurés, ceux-ci
tinrent leur rang, mais la réussite d'un concert d'Antaeus dépend surtout de la performance des deux membres
historiques Set et MkM, et plus particulièrement de celle de ce dernier. Lui aussi fût plus qu'à la hauteur, en
effet sa voix n'a jamais été aussi crédible et intense, peut être légèrement moins variée que par le passé mais
ce qu'on demande à un chanteur de Black ce n'est pas de "faire des voix" mais d'interpréter (voir de vivre) les
morceaux. Autre satisfaction dont on prendra conscience dès "Words as weapons" et "Gates to the outside" :
bien que le groupe n'oublie pas ses premiers brûlots comme "Inner war", les nouveaux morceaux sont
particulièrement adaptés à la scène, c'est même l'un d'entre eux qui clôturera ce set trop court (une petite
demi-heure) reléguant leur hymne "Blood War III", toujours aussi efficace, en avant dernière position. A noter
aussi qu'il s'agissait normalement du dernier concert du groupe en France ainsi que de leur dernière tournée.
Enfin c'était aux allemands de Secrets Of The Moon de monter sur scène. Ceux-ci devaient justifier leur
inattendu statut de tête d'affiche (l'ordre de passage des deux derniers groupes ayant été inversé par rapport à
ce qu'annonçaient les flyers). Première constatation : Le caractère si ce n'est mélodique ou progressif en tout
cas varié de leur Black Metal se prête bien à la scène, une légère touche death permettant même à certains
mid-tempos de se révéler assez propices au headbanging. S'il n'égalera pas l'intensité de ses prédécesseurs, le
groupe d'outre-Rhin pourra se targuer d'être incontestablement le plus «pro» de la soirée. On regrettera à
nouveau que le retard accumulé et la pression des nightclubbers aient eu raison de ce concert qui dépassera à
peine la demi-heure. Une organisation un peu difficile mais au final, malgré un premier groupe dispensable, une
vraie bonne affiche.
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Les chroniques
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OBITUARY : World demise
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Comme beaucoup de grandes gloires du death à cette époque, Obituary a estimé nécessaire qu'il était temps
d'évoluer. Il est vrai que 3the end complete", malgré son immense qualité, marquait une sérieuse non-avancée
musicale. Du coup, "World demise" peut-être considéré comme l'album "experimental" des américains. Très
controversé à sa sortie, ce disque surprend beaucoup sans non plus réellement transformer le style du groupe
. Des explications ? Et bien on sent réellement l'apport de Donald Tardy à la composition. Terminées les
rythmiques super binaires, bienvenues les breaks et roulements incessants, les rythmiques décharnées, voire
carrément sautillantes. Le groupe montre une vision plus hardcore de son metal, on se retrouve avec des
rythmiques cassées, le plus souvent mid tempos qui contrastent beaucoup avec la simplicité passée. Attention,
Obituary continue à jouer du death metal hein. Disons simplement que le groupe a cherché à évoluer, à
experimenter (les percus sur "Kill for me", des samples de ci de là, la rythmique hip hop sur "Redefine"...) tout
en conservant sa base typique death metal. ainsi, le son reste directement estampillé Obituary : même riffing
très simple et "groovy", un John Tardy qui n'offre peut-être pas sa meilleure prestation mais qui pose toujours
sa patte inimitable, un songwriting assez irréprochable... On regrettera cependant pour le death metal maniac
de base, que seule "Solid state" se rattache au passé plus speed du groupe. A ce sujet, parlons du plus gros
défaut de cet album (justifiant à 90% la note d'ailleurs) : le niveau évolue dangereusement en dents de scie. En
effet, mis de côté les gros hits que sont "Don't care", "Redefine" ou encore "Final thoughts" ou l'excellent
bonus "Killing victims found" (je ne compte pas "Solid state" qui n'est finalement qu'un pastiche des albums
précédents), on s'ennuie assez vite sur cet album. Manque de relief, rythmiques finalement répétitives malgré la
surprise des débuts, le groupe se ramollit et s'enfonce dans son death "groovy" mid tempo. Alors bien
évidemment il y a des coups d'éclats de ci de là, le plus souvent une accélération à la double, ou des mosh
parts propices à une baston dans le pit, mais il manque clairement quelque chose à cet album pour se montrer
digne de ses prédecesseurs... Pas un mauvais album non plus, juste que finalement, il aurait bien gagné à être
écrémé de quelques titres beaucoup trop bouche trous... A noter cependant un concept "Greenpeace" bien fait
au niveau de l'artwork et des textes, mais rien qui ne me fera changer d'avis quant au fait que "World demise"
est certes un album importnt d'Obituary, mais sûrement pas un grand album. Petit 4/6.
Note : 4/6
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MIRRORTHRONE : Carriers of dust
Chronique réalisée par Nicko
Voici le retour du p'tit suisse ! Le virtuose nous propose ici le deuxième album de son projet black
symphonique, Mirrorthrone. Pas facile, vraiment pas évident à chroniquer Mirrorthrone, je peux vous le dire.
Déjà, le premier album m'avais valu de longues heures d'écoute pour venir à bout et apprécier l'album. Et quel
album ce fût ! Là, c'est trop pour moi. La complexité et la richesse des 4 morceaux ont eu raison de mes
écoutes. J'ai un peu l'impression que Vladimir a voulu faire un opus encore plus grand, plus ambitieux, plus
recherché, plus baroque, plus diversifié, bref plus... Et peut-être qu'à vouloir trop bien faire, on en fait trop.
Alors bon, attendez, les morceaux proposent de bonnes choses, il y a de très beaux arrangements, des
enchaînements bien trouvés, un chant très diversifié et qui s'est beaucoup amélioré depuis le premier album.
Les atmosphères sont aussi réussies, parfois cela fait penser à du Cradle Of Filth au meilleur de leur forme, ou
à du Anorexia Nervosa. On a aussi des passages qui se rapprochent de ses autres projets (plus brutaux)
Unholy Matrimony et Weeping Birth. Un problème de l'album peut se situer au niveau de sa construction. On a
en effet droit à 4 pavés plus ou moins gros, mais tous très intenses, sans possibilité de se "reposer" sur des
interludes (comme c'était le cas d'"Of wind and weeping") ou sur des titres plus directs. Pas que ça soit pied au
plancher du début à la fin, mais comme il y a beaucoup de changements de rythmes, c'est souvent dur à suivre.
Je trouve donc ce deuxième effort trop complexe, un peu fourre-tout, et manquant d'efficacité pour être
véritablement accrocheur.
Note : 3/6
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JUDAS ISCARIOT : Under the black sun
Chronique réalisée par Nicko
Ce live officiel représente le tout dernier concert donné par Akhenaten pour le compte de Judas Iscariot. Ce
concert a été joué dans le cadre du "Under The Black Sun Black Metal Festival en Allemagne près de Berlin
durant l'été 2000. Pour l'épauler sur scène, on a un peu droit à une dream team de l'underground, à savoir
Imperial de Krieg, Kanwulf de Nargaroth et Butcher, batteur entre autre de Maniac Butcher. Comme c'est
souvent le cas lors des live de black metal UG, le son est exécrable (mais audible). Oui, mais ce qui fait la force
des bonnes formations live de black metal, c'est de pouvoir utiliser ce son et en faire ressortir toute la noirceur,
la haine, issue de la musique. Et c'est exactement le cas ici. Déjà le chant... Akhenaten a un chant terrifiant très
convaincant, véritablement possédé, avec un écho rendant très bien. Ensuite, il faut bien le reconnaître, le style
de Judas Iscariot se prête parfaitement à l'exercice du concert avec une alternance entre blasts frénétiques
(très bien exécutés par Butcher, impeccable du début à la fin) et mid-tempos lancinants et mélodiques très
prenants. Pour le reste, ce n'est que destruction, haine et dévotion au Prince Sombre. En fin de set, on a même
droit à une petite reprise de Nargaroth. Normal, Kanwulf est à une guitare et on est en Allemagne. En bonus au
concert, on nous propose un inédit studio de Judas Iscariot. Et là, c'est 10 minutes de bonheur, du très grand
Judas Iscariot, mid-tempo super mélodique avec un riff entêtant fabuleux. Bref, là, on a du très bon black metal
sur cet album, du bon live (ce qui est rare dans le genre) et qui retranscrit parfaitement bien l'atmosphère d'un
concert de black metal underground.
Note : 5/6
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TV ON THE RADIO : Young liars
Chronique réalisée par dariev stands
Voilà une formation qui a su susciter bien des curiosités depuis son apparition, somme toute assez récente. On
ne savait pas trop où ranger TV On The Radio, déjà à l’époque du premier album, coincé entre suspicion
mainstream (un groupe catapulté comme la nouvelle sensation garage new yorkaise) et curiosité indéfectible
devant leur assurance affichée… Finalement ce fut l’engouement qui prévaluera, suite à la découverte du
prodigieux single « Staring At The Sun », et de ce son si particulier, cathédrale numérique nimbée de lourds
nuages acides, qui ne pouvait qu’être l’œuvre d’un producteur aux mains expertes. Banco, le Brian Eno (et par
ailleurs le seul blanc) de la troupe s’appelle David Sitek et promet autant qu’un Reznor en matière de
production ciselée-mais-savamment-crade. Outre les Liars, il est responsable de la production « hénaurme » du
premier Yeah Yeah Yeahs et de celle du futur « Weather Underground » de Massive attack… Et ce n’est qu’un
début. L’homme bosse tout le temps. Mais il ne se place pas vraiment en leader de TV On The Radio. Quand on
y pense, les groupes de rock de blacks ne sont vraiment pas monnaie courante tout de même. A part les Bad
Brains et Living Colour… Et dieu sait que les nos trois expérimentateurs de Brooklyn ne jouent pas dans la
même catégorie. Cet EP, leur toute première sortie, est bien plus accessible que le dernier LP en date. Une
excellente mise en bouche pour découvrir le groupe, et même plus que ça. N’oublions pas que « Staring At The
Sun » était déjà présent ici, cet OVNI improbable qui a pris tout le monde de court en 2004 (eh non, tout n’a pas
déjà été fait !! un noir qui chante une incantation sur la « petite mort » sur fond de bourdonnements glacés
futuristes, vous aviez jamais étendu ça, hein ?). Et la bonne nouvelle, c’est ce « Young Liars » recèle d’autres
perles, absentes de l’album ! Plus directes et limpides (c’est pas dur) que les deux LP qui ont suivi, ces trois
tueries inclassables accrochent instantanément l’auditeur, pour le plonger malicieusement dans une noirceur
assez peu courante dans le circuit « indé », auquel on a un peu vite rattaché ce groupe d’ailleurs. C’est plutôt
du hors-piste, là. Le ravageur et obsédant (une écoute suffit) « Satellite » ouvre le bal, suivi de « Staring… »,
puis de « Blind » : 7 minutes de paysages industriels fracassés, dans lesquels un homme isolé erre
indéfiniment. « Been so long since last december », nous dit-il. La dessus embraye la chanson-titre, impériale,
aux harmonies vocales parfaites. Une telle cohésion se révèle encore plus sur la chanson cachée : une reprise
gospel de Mr Grieves des Pixies !! Impressionnant. Alors qu’on croit le disque terminé arrive ce gros machin
noir et grotesque, descendant des cieux tel un présage lugubre, comme un cheveu sur la soupe, après
l’apocalypse. Et on ne sait pas si l’on doit en rire ou en frissonner. Une impression très bizarre. En tout cas le
doute n’est plus permis : ces types sont fous et géniaux, et la suite s’annonce palpitante.
Note : 6/6
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ARMAGEDDA : Ond spiritism
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Je n'ai jamais été un gros fan du Armagedda pré-"Ond spiritism". "The final war approaching" et "Only true
believers" sonnaient trop Darkthrone/ black'n'roll à mon goût. J'ai donc été surpris de trouver un groupe à
l'identité si marquée sur ce troisième et apparemment tout dernier album du groupe suédois qui a décidé de
passer à autre chose. On peut dire dès le début de l'album que "Ond spiritism" fait la part belle à la basse, une
chose assez rare dans le black metal pour être soulignée. Des notes de basses au son sec et acoustique, une
montée en puissance jouissive et c'est là qu'on comprend qu'Armagedda n'est plus vérotablement le même. La
production est parfaite, les riffs tueurs s'enchainent et surtout l'atmosphère est superbe. Les paroles sont
désormais écrite en suédois, notons que l'artwork a été réalisé par Erik de Watain et que l'album a été
enregistré au Necromorbus, bien que le son se détache plutôt des productions typiques de ce studio suédois.
Armagedda frappe là ou ça fait mal et affirme enfin son propre son avec ce troisième album. L'album fait preuve
d'une belle homogénéïté sans être trop linéaire et comporte quelques morceaux qui font mouche: le mid-tempo
« Döpt I Oheligt Vatten », un « Afsked » parfois proche d'un Sigrblot, un «Döden Styr Livet » rythmé et un «
Afgrundsvisioner » décapant. L'unique mauvaise chose concernant cette sortie est le fait qu'elle ait été produite
par Agonia Records, label polonais de sinistre réputation. En revanche, "Ond spiritism" est bien l'album le plus
inspiré d'Armagedda et assurément le meilleur de leur discographie. Et de loin.
Note : 5/6
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TV ON THE RADIO : Return to cookie mountain
Chronique réalisée par dariev stands
C’est sympa de se dire que quelque part dans le monde il y a des types qui pensent aux gens comme moi qui
trouvent National Anthem de Radiohead dansant… Voici un album entier qui me rappelle ce morceau, quoique
définitivement ancré dans des tempos lents et décousus, mais accompagné des mêmes dissonances, et de la
même utilisation des cuivres comme d’un appel funèbre. Leur travail le plus sombre à ce jour. « Return to
Cookie Mountain » catapulte nos sens dans un autre espace, là où la gravité se voit altérée, où nos pas
semblent ceux d’un ivrogne ( « Playhouses », étourdissant et sombre.). L’album commence de la façon la plus
dérangée possible, avec un « I Was A Lover » crépusculaire, dangereux, futuriste, dont les syncopes
découpées par Sitek s’écrasent sur un sample évoquant le cri d’un éléphant, lui-même placé sur un tapis de
guitares similaire à celui de « Teardrop » de qui-vous-savez. Le ton est donné, TVOTR se situe dans
l’avant-garde, l’utilisation de sons nouveaux. Originellement trois personnes, ils sont devenus un collectif à
géométrie variable (accueillant par exemple Katrina Ford de Celebration, un des multiples projets produits par
Sitek), élargissant sa gamme sonore, étoffant le son, et surtout devenant encore plus sur de lui qu’avant. Pour
preuve, les voici désormais distribués par la major Interscope aux USA. Qu’est-ce que ce « Retour à Cookie
Mountain » - fruit de très très longues séances de studio - a donc de si spécial ? Et déjà, pourquoi un tel titre ?
Cookie Mountain, pour beaucoup, c’est le 4eme monde de Mario World… Mais bon, avant de décortiquer le titre
de leur dernier cd il faudrait déjà élucider leur nom. Autant passer tout de suite à la musique : alors à quoi
a-t-on affaire, docteur guts ? A un gospel gothique mâtiné de krautrock, aux nappes de guitares toutes
shoegaziennes, oscillants entre loops, drones, hoquetements de samples, et soul digitale compressée sous la
lourdeur des synthés. Voilà. Me demandez pas de faire plus court, j’ai pas réussi. Un programme aussi absurde
que cohérent, en somme. Etonnamment cohérent en effet, car si les premières écoutes s’avèrent difficiles et
même pénibles, les suivantes révèlent une homogénéité parfaite, une régularité dans ces rythmes electronica
jouées par un vrai batteur, et dans ces « oouuuuh » omniprésents en arrière-plan, évoquant une meute de loup
garous. Un thème récurrent du disque, dévoilé dans le single « Wolf Like Me » qui renvoie Bloc Party à ses
chères études. Et puis n’oublions pas la présence du Thin White Duke, autre vampire notoire. D’ailleurs, on
n’est pas si loin que ça de sa trilogie berlinoise, pour les mélodies tarabiscotées qui n’expriment aucune
émotion en particulier. C’est vrai, qu’exprime le chant de « A Method », si ce n’est une étrangeté confondante et
une lugubre perplexité ? Ni joie, ni tristesse en tout cas. Le break de batterie vient achever de déshumaniser
tout ça. Et des breaks comme celui-là, il y en a à la pelle sur Cookie Mountain… (on pense à celui de « I Was a
lover », au piano). Tous inattendus, témoins d’un désir d’exploration que rien ne peut contenir, mais qui au final
brouillent la perception globale qu’on peut avoir de tel ou tel morceau. C’est donc avec une classe noire et
cuivrée que s’écoulent ces dix titres tout en retenue, gardant pour eux le sens des lyrics, opaques et difficiles à
comprendre du premier coup, à cause d’une voix souvent doublée et trafiquée. On sait que « Province » (avec
Bowie aux backing vocals donc, depuis Transformer il ne se lasse pas d’être dans l’ombre derrière tous les
coup de poker) est là pour « accompagner le monde dans sa chute » dixit le chanteur du groupe, reflet de notre
époque angoissée (« just like autumn leaves, we’re in for change »)… Sur « Hours » la joyeuse troupe de rats de
studio se métamorphose en une parade funeste à la Arcade Fire - même intensité fébrile, même chœurs
fantomatiques, même voix féminine aigue derrière (ici, Kazu Makino, la poupée sous helium de blonde
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redhead), le tout sur une rythmique de marche militaire… Sur « Dirty little whirlwind », les voilà en groupe vocal
black des 60’s, provoquant force dandinements et moult claquements de doigts chez l’auditeur, sur fond de
Fender Rhodes. La fin du disque s’alanguit sur 3 morceaux légèrement plus longs que les autres, un « Blues
From Down Here » caverneux où résonnent des trompettes de mort, un « Tonight » magnifique et apaisé et
enfin un « Wash the day away » plus exténué que jamais, qui en deviendrait même poussif à ce stade de
l’écoute… Mais qu’on imaginerai bien transcendé par Björk (à quand une reprise, bibi phoque ?). Tout l’album
jongle ainsi entre attraction et répulsion, entre sophistication extrème des arrangements et rugosité sonore,
entre élaboration mélodique et dissonances douloureuses… L’équilibre étant toujours magiquement préservé,
sauf sur « Let The Devil In », trop criard et incisif, le seul plantage de l’album. Pour le reste, on est suspendu
aux plans machiavéliques de la bande à David Sitek, guettant un assaut sonore qui menace de percer à chaque
seconde l’amoncellement de couches d’instruments, et qui n’y parvient jamais. Le groupe se plaît à empiler les
states sonores, formant ainsi un genre de « wall of sound » mutant et marécageux qui n’appartient qu’à eux,
comme un ciel éternellement orageux et noir qui refuserait de laisser tomber la pluie. Un des groupes les plus
innovants et exigeants de ces dernières années, à ranger quelque part entre Funkadelic et Bauhaus, c'est-à-dire
là où vous voulez, du moment que vous écoutez ce disque.
Note : 5/6
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ALCEST : Le secret
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Nommé d'après le héros du Misanthrope de Molière, ce projet français est mené par un seul homme, le
dénommé Neige, membre par ailleurs de Peste Noire et Amesoeurs, ainsi que précédemment dans Mortifera.
Après une première demo de bonne facture intitulée "Tristesse hivernale", Alcest remet le couvert avec ce
premier mini cd sorti chez Drakkar Productions en janvier 2005. "Le secret" présente deux longs titres d'un
black metal très atmosphérique et émotionnel, à la fois doux et brut. C'est d'ailleurs une belle réussite de cet
enregistrement que de proposer une musique sensible, travaillé et très mélodique avec un son cru et efficace
qui ancre définitivement Alcest dans le genre black metal, même si vous comprendrez que c'est probablement
un peu plus que ça. Après une introduction fort réussie, le titre éponyme propose par exemple sur un riff éthéré
au son brut, une belle harmonie vocale qui n'a rien à voir avec le black metal. Un long titre magnifique qui vous
emporte loin des vicissitudes de la vie urbaine, proche d'un conte féérique. "Elévation" évolue dans la même
veine, ce qui confère à ce mini cd un aspect homogène pertinent, un ensemble qui a du sens. On notera un
superbe break au milieu du titre pour un morceau qui sonne résolument plus black metal que le précédent, de
bons effets aux percussions et le texte tiré d'un poème de Charles Baudelaire. En bref, "Le secret", premier
mini cd d' Alcest, propose une musique fignolée très originale, à mille lieues des standards black metal actuels,
pour peu que cet enregistrement soit véritablement classable dans cette catégorie, ce dont je doute plus en
plus au fil des écoutes. Une énorme réussite pour un projet qui n'a pas fini de faire parler de lui, au même titre
qu' Amesoeurs, autre incarnation musicale de Neige.
Note : 5/6
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INDRA : The Call Of Shiva Vol. 1
Chronique réalisée par Phaedream
Lorsque vous regarderez la pochette de The Call of Shiva, autant les volumes 1 que 2, ne vous laissez pas
berner par cette pochette aux allures mythique Indien. Loin d’être inspiré par une quelconque religion Hindoue,
The Call of Shiva est un cd puissant aux mouvements aléatoires et complexes, dans une atmosphère survoltée.
L’un des bons titres, qui respecte l’essence de la Berlin School jusqu’à la plus éloignées de ses frontières
imaginaires, depuis fort longtemps. Un voyage intemporel, avec la sonorité d’aujourd’hui, que peu d’artistes
sont capables de nous faire vivre. Indra persiste, et signe un autre monument de MÉ. Lui qui commence à nous
habituer de ses petits chefs d’œuvres.
Pole Shift démarre avec une ligne séquentielle carillonnée qui voltige avec grâce et voluptuosité, sur un
mouvement spiralé qui monte et descend en douceur. Claquantes, les percussions maintiennent un tempo
nerveux qui modifie subtilement sa course sur des notes limpides, qui se détachent du mouvement séquentiel.
Un beau Berlin School, avec toute sa noblesse sur un rythme qui dérape pour croiser une atmosphère
vaporeuse, histoire de refaire ses forces et repartir avec plus de luminosité. Sur une mer cosmique, aguichée
par des sirènes astrales Great Ancient Gods Are Coming flotte sur un doux mouvement atmosphérique. Le
synthé berce ses lames orchestrales avec profondeur et sérénité, alors qu’un superbe séquenceur émerge et
agite la marée, qui tourbillonne en se repliant sur ses sillons.
L’intro d’In Search for a New Land fusionne une séquence modérée, genre Polar Shift, avec la quête vaporeuse
de Great Ancient Gods Are Coming. Un alliage parfait qui démontre la subtilité des genres chez Indra. Le
mouvement progresse sur un souffle mellotronné discret jusqu’à la 9ième minute, où une brève pause
atmosphérique ramène le mouvement à la case départ. C’est sous d’intenses roulements de percussions et un
tempo ‘’groovy-jazz‘’ que le titre repart. Encore sous le joug du génie Roumain, cette séquence permute à
nouveau, pour devenir plus suave et reprendre son mouvement initial, avec plus de mordant. Un excellent titre
où Indra nous démontre son habilité à évoluer sur des rythmes complexes avec limpidité et aisance. Sinai
débute avec une pulsation séquentielle endiablée. Un rythme débridé, nourri par de superbes effets sonores
métalliques et un synthé arabesque qui souffle des solos tortueux. Indra joue avec les rythmes et développent
des atmosphères industrielles sur une texture sonore aux ornements d’un Moyen Orient très conservateur. Un
titre puissant qui étonne par la spontanéité des tempos et qui mystifie par sa beauté exotique. On se remet à
peine de cette séquence survoltée que Magic Circle nous entoure d’une aura séquentielle tout aussi puissante.
Nerveuse, une ligne séquentielle basse et mordante serpente un mouvement vrillant qui joue avec les tempos,
aussi flexibles et imprévisibles que des montagnes russes. Tantôt frénétiques, tantôt atmosphériques, les
rythmes s’entrecroisent pour terminer le bal des insoumis à une rectitude rythmique sur des hymnes ‘’trance ‘’.
Un excellent titre pour terminer un opus percutant qui plaira à tout amateur de MÉ, tant la Berlin School que la
progressive.
Note : 5/6
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INDRA : The Call Of Shiva Vol.2
Chronique réalisée par Phaedream
Ordinairement, à tout le moins au cinéma, une suite laisse toujours un petit goût amer. Un petit quelque chose
qui ressemble à du réchauffer. On se souvient que Magic Circle clôturait The Call of Shiva Vol1 avec des
soubresauts techno. Enigmatic Rumours, de The Call of Shiva Vol 2 poursuit sur cette lancée. Très lourde, avec
un séquenceur qui hoquette une pulsation basse et dynamique, Enigmatic Rumours parcours un hymne
‘’techno trance‘’ avec des spasmes synthétiques qui parcourt une atmosphère survoltée. Tout un effet pour
partir un opus qui a un sens du beat indéniable. Sans vriller avec autant d’énergie Ankh est un titre bouillant.
Statique il tourbillonne avec force sur des intonations variées. Discret, le mellotron est superbe. Il encadre à
merveille un synthé exploratoire qui fuse des complaintes éparses et de merveilleuses strates synthétiques qui
moulent une ambiance lente qu’une faible et timide percussion anime. Courtisé par des souffles et effets
sonores tant cosmiques qu’analogiques, ainsi que des petites percussions tablas, Ankh continue sa
progression sur de suaves souffles synthétiques. Subtilement, le mouvement varie avec une infinie tendresse,
même si le séquenceur tente de brasser la marmite. Une superbe procession cosmique d’une sensibilité à faire
lever le poil. Quoiqu’un peu plus agité, Bindu nous maintien dans ce cycle statique. Les percussions
minimalistes survolent un tempo qui croît feutrement à la mesure de sa progression. Flottant, le synthé garnit
l’atmosphère d’une obscurité placide, filtrant parcimonieusement des raies sonores envahissantes aux élans
mellotronnées. Du grand art hypnotique qui nous ramènent, par moments au grand Totem de Klaus Schulze, ce
qui n’est pas négligeable. Dhurjati est un vrai festin musical. Une bombe musicale de près de 27 minutes qui
débute avec nonchalance sur une intro planante, aux souffles cosmiques. Peu après, des notes flottent avec
lourdeur formant un tempo circulaire en immersion. Le mouvement s’agite, mu par des percussions
martelantes qui pulsent un rythme assourdissant, derrière ses percussions métalliques. Une bonne ligne de
basse s’ajoute et Dhurjati part à la croisée des rythmes aussi variés que pesants et entraînants. Une fresque
musicale unique, qui regroupe tous les ingrédients nécessaires à un ‘’party psychédénique‘’. De mouvements
séquencés ambigus aux rythmes pulsatifs endiablés, en passant par des séquences techno ‘’techno trance‘’,
Indra peaufine les genres avec en maintenant une aisance harmonieuse assez déroutante. Rarement j’ai
entendu un titre aussi long qui a autant de rythme, sans verser dans l’hypnotisme facile. Courte, mais combien
sublime est Nataraja. Sur une faible basse pulsative, un superbe synthé emprunte les différents souffles
mellotronnés pour agrémenter nos oreilles de suaves mélodies, qui nous décroche une larme, juste une petite.
J’en ai écouté de la MÉ. Et Indra ne cesse d’impressionner. D’opus en opus, il arrive toujours à me soutirer un
froncement de sourcils. The Call Of Shiva Vol.2 est sa plus grande œuvre. Un opus intense, mélodieux et d’une
infinie tendresse, et ce même avec les rythmes endiablés qui nous couvrent tout autour. Malgré les folies
passagères, et ses audaces, tant dans les rythmes que les structures, Indra conserve sa sensibilité latente qui
finie toujours par sortir à l’ombre d’un superbe passage mélodieux. Un titre sans failles, sans bavures et sans
une seconde de trop, The Call of Shiva Vol 2 est, à mon avis, l’album de 2005. Un incontournable.
Note : 5/6
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FOOD FOR FANTASY : The Secret Of Dreamin'
Chronique réalisée par Phaedream
Food For Fantasy (FFF) est la version 2006 du célèbre duo d’un album, Double Fantasy. Sur étiquette IC, Robert
Schroeder (alias Dreamstar) et Charly McLion avaient réalisé en 1986 un superbe album, Universal Ave., l’un
des rares opus de MÉ à avoir atteint les palmarès américains. Étiqueté comme étant une musique ‘’Californian
Dreamin‘’, Double Fantasy unissait des synthés à une guitare aux sonorités étranges et robotisées. Pour
différentes raisons contractuelles, il n’y avait jamais eu de suite à cet exotique opus de MÉ, style libre. Près de
20 ans plus tard, Double Fantasy revit sous FFF et, toujours sous la plume de Dreamstar et un nouveau
guitariste en Phil Molto, nous réserve une agréable surprise.
L’intro de Remember Double Fantasy porte fièrement son titre. Dès les premières notes on se rappelle
l’introduction mielleuse de Heartbreaker sur Universal Ave. Ombre synthétique flottante, dont la ligne principale
dévie subtilement de son axe avec des percussions en arrière-plan qui intensifient la mesure, sur un synthé
flottant qui se lamente langoureusement. Quel délicieux retour dans le temps. Si le titre se fondait sur The
Secret of Dreamin’, l’illusion serait parfaite, car le beat ‘’groovy ‘’, sur basse glissante et guitare mordante est
tout à fait conforme à ce premier titre accrocheur qui emplissait les baladeurs à l’été 1987. Ce ne sont pas les
seuls titre qui ont cette influence directe, Long Running Highways possède les accords, la guitare, le rythme
sensuel estival et le chaleureux souffle synthétique de Universal Ave. Tout comme le superbe
The Spirit Of Freedom avec son rythme hypnotique pulsateur, sa guitare tranchante, ses délectables strates
synthétiques denses et enveloppantes sur des percussions audacieuses. Un titre aux saveurs des îles, tout
comme l’audacieux Keep on Searching et son beat langoureux sur de superbes arrangements synthétiques et
une guitare pincée, style sitar.
Le jeu de guitare, sur un fond mellotronné ambiant, dans Create Yourself, rappelle les belles années
psychédéliques de Pink Floyd. Si ce doux moment de guitare sur trame atmosphérique vous séduit,
Fundamental Relaxing est dans le même moule. Un autre beau moment de jeu de guitare, plus animé par
contre, se retrouve sur Fantasy Refresher, où la guitare acoustique défile à belle allure sur un fond synthétique
pulsant et ondulant, enrobé de belles strates flottantes.
Avec Fast Food on entre dans une catégorie plus progressive. Des percussions à effet de balancier narguent
un synthé sifflant un refrain chérubin qui colle aux tympans avec une facilité déconcertante. Des gros éclats
symphoniques modulent les rythmes soutenus par de bonnes riffs de guitares et des percussions agressives.
Les couches synthétiques se mixent avec les couches de guitares qui ruent dans un mouvement aux multiples
secousses et rebondissements. Un titre pesant aux esquisses industrielles métalliques très prononcées, qui
subit une agréable transformation sur le ‘’snack version‘’.
Avec son roulement de batterie, son style un peu ‘’bleusy‘’ et son approche ‘’hispano lounge‘’ Night Lights
accroche. Un style assez particulier que l’on n’attend juste pas sur un opus de MÉ. La guitare y est sublime et
elle flirte allégrement sur un synthé agencé qui tantôt est austère et d’autres moments plus légers avec ses
intonations de trompette. On dirait Carlos Santana qui fait de l’électro.
Si, comme moi, vous vous êtes délecté de Universal Ave., vous allez adorez The Secret Of Dreamin'. Moins
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atmosphérique, Robert Schroeder réussi là où plusieurs se pètent le nez. La symbiose entre les guitares et les
instruments de MÉ est tout simplement divine. Même si, à plusieurs endroits, la guitare est fortement à l’avant
plan, le fait électronique demeure avec de superbes strates mellotronnées sur des passages hautement
élaborés et des rythmes en constantes évolutions. Un très bon cd aux essences diverses, qui renferme
plusieurs petits bijoux qui accrochent et accrochent encore plus, à mesure qu’on l’écoute.
Note : 5/6
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ROACH (Steve) : Storm Surge: Live at NEARfest
Chronique réalisée par Phaedream
Pendant plus de 45 minutes, Steve Roach a sidéré les spectateurs au Nearfest de 2005, un évènement musical
haut en couleurs pour amateur de musique progressive. Steve Roach a offert une solide performance qu’il rend
disponible au plus grand plaisir de ses fans. Un superbe opus qui démontre la profondeur artistique de ce
coloré compositeur contemporain. L’un des rares artistes à moduler les rêves, la pensée magique en
expérience musicale.
This Planet débute ce concert ininterrompu avec une approche atmosphérique unique à Steve Roach. Les sons
d’une nature déchaînée entourent cette aura cosmique que se fond sur Mystic Passage avec un
bourdonnement intense qui amplifie à l’approche de Wings of Icarus. Un titre lourd qui flotte aux grés des
modulations atmosphériques et effets sonores qui composent le paysage graphique de Roach. De belles
strates synthétiques inondent avec tendresse un mouvement qui flotte avec sensibilité jusqu’aux portes de
Core Meditation où une lourde impulsion séquentielle atmosphérique pulse avec percussions une structure
sonore caverneuse. Void Passage-Portal reprend l’essence personnelle de la musique ‘’landscape ‘’ tribal de
Steve Roach. Possible Passage ouvre la 2ième partie de Nearfest avec une ambiance plus légère sur de belles
nappes synthétiques flottantes, jusqu’aux mouvements séquentiels de Nearstorm. Un titre qui honore son nom
avec un rythme débridé sur des synthés fluctuants et aigus. Une superbe flûte, arrosée de notes qui serpentent
harmonieusement, ajoute une texture profonde à ce titre qui moule rythme et ambiance avec ingéniosité et
intensité. L’enveloppe synthétique est superbe. Du Roach à son meilleur. End Portal glisse en fusion jusqu’à
Holding the Pearl, un solide titre dans la même veine que Nearstorm. Bouillonnant et intense, la structure
sonore amplifie ses ambiances atmosphériques jusqu’à ce que le rythme pousse ses premiers soubresauts
sous une intense couverture synthétique qui nous accompagne jusqu’aux derniers souffles de Darktime.
Une des forces de Roach est de d’enrober son magnétisme musical d’une intensité et d’une sensibilité peu
commune, ce qu’il réussit à merveille sur cet opus. En fait, si l’on pouvait condenser la carrière de Steve Roach
en 45 minutes, Storm Surge: Live at NEARfest est le parfait exécutoire de son immense talent. Tout y est
présent. Sa légendaire sonorité ‘’landscape ‘’, qui est un superbe mélange de musique ambiante et tribale,
annexé à la férocité de ses ambiances taciturnes, font de cet opus un incontournable pour découvrir l’univers
sonore complexe et créatif de Steve Roach.
Note : 5/6
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ROACH (Steve) : Proof Positive
Chronique réalisée par Phaedream
Ouf! À l’heure où la MÉ se ‘’technolise ‘’. Où les séquenceurs numériques et les percussions électroniques sont
les moteurs des rythmes, Steve Roach rentre au bercail de l’analogue et nous offre une œuvre époustouflante.
Le genre d’opus qui nous rappelle la chaleur des glorieuses années de la complexité des mouvements
analogues.
Les premières lignes de Westwind ne laissent aucun doute. Une superbe séquence modulaire trace ses boucles
qui virevoltent avec grâce et limpidité, autour d’effets sonores bigarrés aux essences analogues.
Introspectives, ces superbes ondes sonores réverbèrent dans une sphère cosmique, donnant une texture
onctueuse et chaleureuse à un rythme nerveux, qui agite ses accords avec fébrilité. À mi course, le titre relâche
sa tension pour plonger dans un mouvement plus atmosphérique, teinté de boucles isolées sur de courtes
séquences qui s’agitent dans une mer d’effets sonores caustiques. Le mellotron nourri une ambiance sonore
sombre et luxuriante.
Living The Pulse reprend la route du rythme avec un tempo aérer, soutenu par de légers tintements et une belle
ligne basse qui progresse avec lourdeur à mesure que le titre avance. Le genre de titre que l’on n’attendait de
Steve Roach. Il se fond sur Essential Occurrence, un court titre génial. Séquenceur lourd et intense, les notes
valsent avec discordance dans une atmosphère fluide qui flotte sous un superbe synthé vaporeux. Étrange et
fascinant, Roach joue avec les sons avec une facilité qui inouïe. Adreno Stream pourrait se titrer Westwind II,
tant la structure séquentielle est similaire. En arrière scène, on a la vague impression d’entendre un orgue
flottée. Inondant le titre d’un décor archaïque avec un souffle contemporain. Un peu plus et on croirait entendre
Picture Music de Schulze. Tout simplement sublime, à mesure que Proof Positive progresse, Steve Roach ne
cesse d’étonner. La pièce titre poursuit sur ce mouvement séquentiel avec un rythme plus fluide, plus limpide.
De longues boucles circulaires sur un synthé bourdonnant et flottant. Épousant deux univers sonores
parallèles qui offrent une perspective harmonieuse copieuse et profonde.
Du grand art synthétique. Avec Proof Positive, Steve Roach démontre qu’il est autant à l’aise sur les rythmes
que les ambiances flottantes. Un opus d’une incroyable profondeur qui étonne par la lourdeur de ses boucles
hypnotiques. Un peu comme Jarre l’avait fait en 1976, avec Oxygene, Roach vient de replacer les aiguilles de la
MÉ à l’heure des longues épopées analogues, avec toute l’intensité et l’émotion qui entouraient ces œuvres
mystiques. Proof Positive, l’un des grands de la cuvée 2006.
Note : 5/6
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BLACK COBRA : Bestial
Chronique réalisée par Yog Sothoth
En matière de gros son, on connaissait déjà la formule du power trio Basse / Guitare / Batterie, sans fioritures,
les potards à fond direct in your face et tout le tremblement (les débuts d'Electric wizard quoi)... Sauf que bon,
un bassiste, quand on y pense, non seulement c'est le genre de mec qui s’autorise de pourrir le son en ne
s'accordant jamais avec les autres, mais en plus il se permet quand même d'arriver toujours à la bourre, de
gaver tout le monde avec ses blagues pas drôles et finit toujours défoncé avant les autres... bref, un bassiste,
ça ne sert à rien et en plus, on fait aussi bien sans, y'a juste besoin d'accorder la guitare à un niveau un peu
plus infrasonique que d'habitude. C'est ce genre de considérations qui a dû amener les deux américains de
Black cobra (un exilé de chez Cavity à la guitare et au chant + un expatrié d'Acid king à la batterie) à se
dispenser de 4-cordiste, afin de laisser la part belle à un mur de guitare à l’image du titre de l’album,
absolument bestial. Passé cette petite particularité de line up, Black cobra évolue dans un Sludgecore bovin de
première catégorie, qui tabasse souvent (il est bon de voir que certains n’ont pas oublié le Core dans le
Sludge), ralentit parfois dans un fracas vaguement dronisant avant de repartir de plus belle dégueuler son
aversion envers le monde entier, sans complexe et surtout sans retenue… C’est un véritable travail de sape
auquel se livre le groupe sur ce premier disque, à grand coup de riffs mastodontes et de larsens, avec la
volonté évidente de laminer tout ce qui pourrait se présenter en face. Les rares accalmies sont plutôt bien
senties et de suffisamment courte durée pour ne pas briser le coté matraquage de l’album. Les fans des
groupes les plus teigneux issus de la scène de NOLA devraient trouver leur compte dans ce disque qui ne
révolutionne rien mais dont l’impact immédiat et viscéral pourrait bien lui permettre de se tailler une jolie place
au milieu des rejetons les plus énervés d’EyehateGod et Iron monkey.
Note : 5/6
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NUUK : Hide
Chronique réalisée par Twilight
Voilà qui sent le premier album, avec tout ce que cette remarque comporte de positif et de négatif. Je suis à
même d'en parler ayant découvert le groupe en remontant le temps de sa discographie. Les membres de Nuuk
ont écouté les Cure, c'est certain mais ils affirment d'emblée leur identité (malgré quelques relents de type
'Bloodflowersiens'). Je les rapprocherais davantage des débuts de Pink turns blue, on y trouve cette même
tristesse, un peu brumeuse mais qui n'a pas encore atteint son plein potentiel. Les atmosphères sont posées et
efficaces, rien à dire là-dessus: mid-tempi, claviers froids et mélancoliques, guitares tristes qui s'autorisent
quelques envolées influencées par le Floyd ('Port', 'Lay') version cold wave. Le chant a quelque chose de
résigné, ni vraiment déséspéré, ni vraiment plaintif, quelque chose de plus prenant...Le seul hic réside plutôt
dans la qualité des albums suivants. En effet, si 'Hide' est un bon disque, il lui manque les mélodies, le spleen
de 'Play' ou surtout 'Cold kissed eyes'...Certaines pièces manquent même de profondeur (le, à mon goût, trop
'enjoué' 'Crazy') et la fin sonne un peu monotone de par une trop grande linéarité des compositions...défauts de
jeunesse pour une formation prometteuse qui le confirmera quelques années plus tard.
Note : 3/6
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COMPILATION DIVERS : New Dark Age 2
Chronique réalisée par Twilight
L'Age Sombre est bel et bien là, un second volume (lui aussi double cd ) vient le prouver. L'existence de ce
genre de compilations à thème n'est jamais assuré car l'essoufflement reste toujours à craindre. Au niveau de
l'idée de base, pas de souci, il n'y a pas meilleur moyen de se renseigner sur la scène deathrock/batcave/gothic
et affiliés contemporaines, Strobelight étant devenu LA référence du genre. Autre constatation, l'Age s'est
étendu au monde entier: jugez plutôt avec les Unholy Guests de Russie, les Crucifix Nocturnal Christians
d'Argentine, les Quidam D'Espagne, les Götterdämmerung de Hollande, les last Days of Jesus de Tchéquie,
sans parler de tous les groupes allemands, anglais, américains, français (abondamment représentés avec Eat
your make up, Jacky Bitch, Alan Woxx, Sleeping Children, Katzenjammer Kabaret...). Si le premier volume était
un sans faute, ce second, s'il est de qualité, montre aussi parfois les limites du genre; qu'on le veuille ou non,
certaines formations se détachent nettement du lot. Dans les bonne surprises, je citerais l'arrivée de Eat your
make up dont le deathrock old school fait merveille, Katzenjammer Kabarett avec leur excellent mélange de
cabaret et d'influences deathrock, les Quidam avec leur deathrock/batcave aux vocaux féminins complètement
fous, ainsi que les Unholy Guests dont le chant efficace m'a séduit, sans parler de la folie Tchiki Boum. On
retrouve également avec plaisir la dark wave de Alan Woxx, artiste décidément trop rare, les fabuleuses volûtes
de clavier des géniaux Phantom Limbs ou encore la passion 'Siouxsiesque' des Cauda Pavonis. En fait, il est
plus facile de parler des déceptions. La plus grande reste la version maladroite de 'Poppies screen the light'
des pourtant prometteurs Sleeping Children; la production manque de pêche et sonne très amateur. Je citerais
également Skeletal Family dont le 'All my best friends', s'il n'est pas désagréable, prouve une fois de plus
l'inutilité du groupe depuis le départ de Anne-Marie, quant aux Funhouse, ils sonnent à nouveau comme des
clônes de Sisters et Fields et pas forcément doués. Sans vouloir m'acharner, je m'interroge aussi sur la
présence de Bella Morte dont le son adolescent un peu trop formaté MTV jure assez dans l'atmosphère
générale. Notons que la compilation s'ouvre à une approche très new wave minimale telles que nous la
présente Graphik Magazine. Dois-je encore vous préciser que vous trouverez ici Voodoo Church, Frank the
Baptist, House of Usher, Voices of Masada ou The Vanishing ? Mais non, vous savez déjà qu'il vous la faut...
Note : 5/6
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ALMOND (Marc) : Stranger things
Chronique réalisée par Twilight
'Stranger things' est un album nocturne qui bat au rythme d'une nuit sensuelle, légèrement sulfureuse,
vaguement introspective sans être trop sérieuse...Pas d'excitation superflue, les beats sont lents, les
arrangements oscillent entre l'intimiste et les envolées épiques un brin kitsch. Si le ton est résolument pop,
quelques touches dramatiques ('Come out') ou tristes (le poignant 'Tantalise me') donnent la profondeur
nécessaire à ce disque. Ce n'est un secret pour personne que Marc Almond est un roi de la pop et qu'il sait
mieux que personne en exploiter toutes les nuances; son amour du cabaret et sa voix de crooner font le reste.
Les morceaux opèrent un crossover réussi de rythmiques trip-hop, de piano, d'arrangements music-hall, de
pop décadente mais intimiste. Si 'Glorious' et 'Born to cry' faussent la donne par une entrée en matière
relativement légère, des chansons plus tendues ou mélancoliques comme 'Dancer', 'Come out', 'Tantalise me'
ou 'End in tears' viennent corriger rapidement cette première impression. Marc ne cède jamais à la facilité, il
écrit de la musique profonde, destinée à être ressentie et non dansée, pop ou non, et 'Stranger things' se révèle
au final un opus profond et sincère contrairement à ce que sa pochette paillettée pouvait laisser supposer.
Note : 4/6
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COMPILATION DIVERS : Rhythms for decay
Chronique réalisée par Marco
Pour sa première sortie, le tout jeune label anglais Infekted Sound frappe très très fort. En rameutant des
grands noms de la scène electro-techno-indus/breakcore (Iszoloscope, Lith, Flint Glass pour les plus connus)
et des projets émergeant notamment du collectif Audiotrauma (Twinkle, Chrysalide, FYD) leur "Rhythms for
decay" risque en effet d'accélérer la dégénérescence de nos cervelles et d'accentuer l'atrophie de nos membres
et articulations. tant d'énergie distilée pour un peu plus d'une heure, voilà qui va ravir les fins amateurs de beat
distordus et d'atmosphères angoissantes. Car si le rythme est roi, ça n'est pas pour autant que la danse de
Saint-Guy est au programme sans faire la part belle aux ambiances plutôt hypnotiques (l'excellent morceau
d'introduction de Twinkle, le superbe et aérien "Connected" de Shizuka) voire carrément indus old school
(EVA|3), crossover (l'assassin vs de Chrysalide et F.Y.D.) et même trance agressive façon Cubanate
(Dyspraxia). Bref tout le monde y va de sa sauce personnelle, Iszoloscope nous offre une relecture d'un titre de
"The audient void", Flint Glass une preview de l'album alors à venir ("Nyarlathotep") et Lith s'en donne à coeur
joie avec son mix tribal et industriel d'une rare violence mais qui comme toujours sait rester limpide. Rares sont
les compilations à rester cohérente et variée à la fois, et c'est absolument le cas ici !
Note : 5/6
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RINGLAGE (Lambert) : Pearls
Chronique réalisée par Phaedream
Un petit rendez-vous doux, teinté de nostalgie musicale. Ça vous tente? C’est ce qui vous attends avec Pearls
de Lambert Ringlage. Fondateur de Spheric Music, Lambert était avant tout un musicien très avant-gardiste, qui
créait une musique électronique au début des années 80. Paru initialement en 1990 Pearls est une réédition de
la cassette, avec en prime Dreamland qui figurait sur la cassette Dreaming. Une musique onctueusement
mélodieuse, qui repose sur de doux mouvements synthétiques qui se déplacent avec souplesse et délicatesse.
Après une intro psycho cosmique statique, Far Away se développe sur une belle mélodie, style berceuse, qui
se métamorphose en ligne principale séquentielle. Cette douce séquence progresse harmonieusement sur une
basse ondulante et des percussions sobres. La ligne de basse joue un rôle prépondérant, aidant aux subtiles
modifications dans les tons. Les strates synthétiques survolent chaleureusement Far Away, parsemant
l’atmosphère de brefs, mais délectables, solos de synthé, agrémentés de chœurs discrets, donnant une aura
intimiste à Far Away. Un superbe titre qui a des odeurs de déjà entendu, comme quoi il a eu son influence dans
les modes à suivre. Un étonnant mouvement staccato s’organise autour de l’introduction de Rai169ow pour
former une séquence hypnotique très harmonieuse. Suaves, les notes voltigent entrecroisant leurs résonances
pour insuffler un tempo vrillant, recouvert de superbes strates séquentielles bouclées sur des percussions
sobres. Le mouvement progresse avec des passages plus soutenus par des riffs d’un clavier agressif, pimenté
de solos de synthé très élaborés. Il y a de belles passes de synthétiseur dans ce titre. Après un petit arrêt
atmosphérique Rai169ow repart de plus belle avec sa séquence initiale, plus animée mais toujours saupoudré
de merveilleux solos à faire rougir Keith Emerson. Un très bon moment. Pearls déploie cette même énergie
séquentielle. Derrière un piano mélodieux, des accords de synthé défilent à grande vitesse sur un mellotron
ouateux, divisant une sphère musicale en deux formes; flottant et frénétique. Vers la 4ième minute, une
quiétude s’installe sur des effets sonores d’une jungle surréaliste. Un lent mouvement se dandine et s’éclairci
sur des notes qui forme un étrange ballet musical d’une souplesse harmonieuse. La séquence vrille avec
agressivité, à mesure de sa progression, pour clore sur un tempo lourd aux grosses riffs agressives.
Une atmosphère feutrée, avec des pulsations brumeuses, ouvre l’intriguant Mysterious Fog, un titre tout à fait
prédestiné. Hypnotique, le tempo tourbillonne avec une atmosphère lourde, enrobé de strates synthétiques et
d’effets sonores vaporeux. De notes spiralées serpentent une mélodie minimaliste sur de faibles percussions
claquantes et de belles couches synthétiques orchestrales, qui donnent à Mysterious Fog une ambiance
lugubre sur un fond très harmonieux. De fines notes limpides dansent sur un rythme scintillant, enveloppé d’un
synthé mellotronné aux formes, et couleurs, aussi variées qu’animées pour introduire Dreamland. Une
séquence, très mélodieuse, sculpte le paysage sonore. Elle évolue, à l’ombre d’un mellotron qui emprunte
différentes formes flûtées, en modifiant son tempo et sa structure symphonique minimaliste en crescendo,
avant de s’éteindre dans les douces atmosphères flottantes et ses souffles mellotronnés.
Pearls est une perle de MÉ, style Berlin School, oubliée dans les labyrinthes intemporels. C’est une superbe
collection qui renferme une panoplie d’idées musicales qui ont inspirées des artistes comme Software, Jiannis,
Keller & Schonwalder et toute cette génération d’artistes Allemands qui ont germés au début des années 90. Un
opus à la fois progressif et mélodieux qui bourré de strates mellotronnées à faire rêver et à faire frémir.
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Lambert, un nom qui semble oublié et qu’on aurait intérêt à redécouvrir.
Note : 5/6
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KIRKWOOD (Jim) : Foxhalt Edge
Chronique réalisée par Phaedream
Amateurs de gothique, amateurs de MÉ séquencé à outrance, Satanic Jim vous offre un autre rendez-vous avec
la rythme des ténèbres sur des séquences démentielles. Amateurs de musique de salon; s’abstenir.
Dans les sombres marécages de Foxhalt Edge, des soupirs intrigants avoisinent nos oreilles. Des ténèbres,
une orgue lourde se fait entendre, parmi des chœurs esseulés qui cherchent de la fraîche à humer. Annonçant
sa lourde menace, In the Court of the Stag Head God s’abat sur nos têtes avec une orgue fougueuse qui
tourbillonne un refrain zombiesque sur des effusions synthétiques aléatoires et des chants grégoriens. Une
intro échevelée qui nous propulse entre des mouvements frénétiques et atmosphériques, aussi courts que
dense. Le titre prend plus de stabilité vers la 8ième minute avec une séquence ascendante, qui dessine une
ligne pulsative animée. Un synthé virevolte dans une atmosphère lourde qui est inondé de mouvements
séquentiels tant synthétiques que rythmiques. Vers la 14ième le tempo se détache avec des percussions
frivoles et des notes pulsatives qui tracent un sillon musical dans une ambiance statique. Le même refrain
séquentiel d’orgue ténébreux revient sur une séquence basse ondulante et un synthé stylé acuité. Quoique
plus flottant le mouvement est toujours lourd, menaçant et explosif qui remonte, inlassablement, à ses
ritournelles séquentielles délirantes, qui ponctuent ce titre génial de long en large.
C’est tout en douceur que débute Blood on the Pough. Sur une intro ambiant où un violon fait la cour à des
choeurs virtuels, des percussions flottent en boucle sur une atmosphère coite. Un tempo langoureusement
orchestral, traîne sur un discret synthé spectral, jusqu’à le ton devienne plus mordant. Une séquence
vindicative se révèle derrière un refrain synthétique suave et combien captivant. Et c’est la bizarrerie des
éléments qui tracent un rythme étrange, incongru qui alterne entre la raison et l’étrange beauté synthétique qui
se profilait. Sieur Kikwood manipule ses atouts avec toute la sagesse d’un magicien médiéval. Les chœurs
angéliques façonnent une aura de mystère sur des rythmes sautillants et des percussions séquentielles
diaboliques. Les synthés sont sulfureux et poussent des solos caustiques sur un rythme qui côtoie l’atonique
avec douceur et intimidation. Du grand Kirkwood. Doucereuse, The Other Village détonne dans cet univers
démoniaque. Un beau souffle de paix circule dans une sphère silencieuse où un synthé arracherait une larme à
n’importe quel Goblin, tellement il est doux et mélancolique. Une soie synthétique si sensible qu’elle vient
conquérir nos âmes…jusqu’au prochain voyage du prince des princes.
Foxhald Edge est tout simplement sublime. Un opus nerveux qui à le rythme à fleur de peau et qui déverse un
fiel diabolique d’une rare intensité. Du gothique extrême dans un univers séquencé sur des rythmes variés,
mais qui étonne par leurs agressivités renouvelées. Un des bons titres en 2005.
Note : 5/6
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Mac of BIOnighT : Black Light
Chronique réalisée par Phaedream
Mac, c’est la moitié du duo Italien Bionight, qui nous avait offert le suave et mélodieux Egoheart. Dark Light est
un album tout aussi mélodieux, mais avec un côté sombre, obscur. Un opus écrit dans un contexte difficile où
Mac partage ses émotions pour un monde…noir.
Une onde synthétique incertaine flotte avant qu’une nuée de percussion technoïde bascule le rythme qui
ondule sur une belle séquence basse. Inadequate, les percussions vieillottes assument un tempo circulaire,
enveloppé de strates synthétiques envahissantes ainsi qu’un beau jeu de clavier où les notes circulent avec
limpidité et harmonie. Manmade Horrors continue sur cette poussée d’adrénaline rythmique avec une séquence
solitaire qui pousse un rythme voltigeur. Une autre séquence, plus ronde et basse, s’ajoute, approfondissant un
rythme suave et nerveux sur d’excellents coussins synthétiques flottants. Un contraste dans les rythmes qui
charme et attire. A Deeper Pain parle par son titre. Un clavier nostalgique et amer sur une séquence fluide et
basse. En constante rotation, le synthé larmoie sur un séquenceur spiralé qui enjolive sa séquence avec de
sobres percussions vers la finale. Waiting for Winter to End est un superbe titre d’une grande sensibilité. Sur
un synthé mellotronné aux esquisses de violons, des notes de piano parcourent un souffle nostalgique avec
tendresse et amertume. Trying to Understand reprend la route séquentielle avec panache. Un synthé
tournoyant sculpte l’atmosphère de ses formes louvoyantes. Il croise un séquenceur audacieux qui ondule un
rythme langoureux parmi des cris d’oiseaux synthétiques. Les solos de synthé virevoltent dans une ambiance
lourde qui explose sur des percussions séquentielles roulantes et vaporeuses. Un moment intensément
délicieux subjugué par une guitare virtuelle agressive et un synthé fantomatique. Un grand titre, l’un des très
bons que j’ai entendu dernièrement. C’est avec une ligne séquentielle grondante et lugubre que Scars décolle.
Nous pénétrons dans la portion ténébreuse de Dark Light. Statique, l’atmosphère est noyée par un synthé aux
souffles obscurs qui se pavane comme un violon joué par un gnome sur une séquence minimalisme qui arrête
sa pulsation stoïque, sur un souffle synthétique en suspension. L’atmosphère ténébreuse se poursuit avec If I
have to où une grosse riff de guitare étire ses grognements, tout en croisant une séquence ondulante qui débite
des notes ondoyantes. Comme sur Trying to Understand, les percussions moulent un rythme infernal où riffs et
séquences tourbillonnent âprement, pour s’éteindre sur des strates synthétiques apaisantes. Passage
atmosphérique intense qui se poursuit sur Blade of Loneliness. All Wrong reprend la route séquentielle avec un
mouvement staccato lourd qui varie ses cadences sur des pulsations aux rythmes aléatoires, truffé de souffles
synthétiques stridents, à la Redshift. Intense et percutant. La pièce titre coiffe cet opus avec un lourd vent
métallique qui abrite une séquence aux percussions tribales, qui tourbillonnent autour d’accords pesants
vibrant d’intensité dans une mer cosmique. Black Light de Mac of BIOnighT est un titre puissant, l’un des bons
opus en 2006. Mac nous offre 10 titres très différents les uns des autres, mais interconnectés par une
atmosphère à la fois lourde et mélodieuse. Un croisement entre Redshift et Robert Fox. Tout simplement
superbe.
Note : 5/6
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WINTERDOME : Weltendämmerung
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Groupe allemand fondé en 1996, Winterdome n'avait jusqu'ici sorti qu'un seul ep intitulé "Moravian- or a god's
dawn" en 1997. En 2006, le premier album du groupe parait enfin, il s'agit d'un concept album sur le peuple des
Elasaj et Ashaj, héros principal de cette épopée. Le problème avec ces concept albums qui raconte une histoire
sans doute fort intéressante est que s'il n'y a pas de traduction disponible dans le livret et que tout est chanté
en allemand comme c'est le cas ici, forcément ça enlève pas mal de chances à beaucoup de monde pour
comprendre ledit concept. D'autant plus quand la musique accompagne les pérégrinations d'Ashaj.
Musicalement, Winterdome propose une mixture de dark et de gothic metal médiéval plutôt médiocre. Les
nombreuses plages contées par le narrateur Dr. Bernd Seestaedt renforce encore plus l'incompréhension du
non-germaniste que je suis. L'épais livret contient tout les textes de cette épopée fantastique et épique mais
une traduction en anglais aurait été réellement judicieuse, finalement c'est à se demander si cet album n'est pas
uniquement destiné à un public qui comprend l'allemand. On passe de morceaux atmosphériques parfois pas
loin d'un In Extremo en moins carré et plus gothique sans instruments traditionnels remplacés par le violon, la
voix féminine et les claviers ("Nehmt diese opfer...") à des titres avec voix extrême carrément plats ("Leid und
qual"). "Weltendämmerung" est donc un album au concept fantastique auquel on ne comprend rien à moins de
pratiquer la langue de Goethe et qui musicalement n'est pas fameux du tout car il manque d'une ligne directrice
forte.
Note : 2/6
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DOM DRACUL : Attack on the crucified
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Formé en 1998 à Gothe169urg en Suède, Dom Dracul pratique un black metal satanique résolument old school.
Mené par une âme solitaire ô combien maléfique, le projet a réalisé une demo ("Genocide in the name of
Satan") et un album tous deux sortis chez le tape label suédois Satanic Propaganda Records. Cet album intitulé
"Attack on the crucified" se voit aujourd'hui édité pour la première fois en cd par Blasphemous Underground
Productions. Therramon nous propose donc un black metal rigoureux composé dans les règles de l'art, proche
d'un Darkthrone avec une production parfaite, pas moderne pour un sou mais pas dégueulasse non plus. Ce
qui permet à l'auditeur de bien percevoir l'art noir de Dom Dracul. Vous voulez du black metal qui vous fera
taper du pied et headbanger comme un malade? "Attack on the crucified" est fait pour vous. Sans proposer
quelque chose de réellement novateur, Dom Dracul parvient tout de même à insuffler un air frais à son art
résolument tourné vers les racines du style. Pour preuve, je citerais l'excellente entrée en matière "666 drops of
blood", un très noir "Cold presence" ou le darkthronien "From dark evil". Le maître mot de cet album pourrait
très bien être efficacité: chaque riff fait mouche, les vocaux de Therramon sont dans la plus pure tradition et la
batterie renvoie directement au jeu de Fenriz. Alors oui, parallèlement, on regrettera peut-être un manque
d'originalité, mais quand le résultat est là, pourquoi faire la fine bouche. On notera en fin de disque une reprise
enlevée de "You don't move me (I don't give a fuck)" de Bathory. Tous les enregistrements de Dom Dracul
seront par ailleurs réédités en cd et lp par Blasphemous Underground Productions, à savoir la première demo
citée précédemment dans cette chronique, ainsi que deux albums jamais parus auparavant: "Cold grave" et
"Devil dedication". Un fier assault de black metal efficace, rythmé et jouissif.
Note : 4/6
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ZORN (John) : The book of heads
Chronique réalisée par Nicko
John Zorn, vous le connaissez, il est capable du meilleur comme du pire, il créé des trucs incroyable, d'une
intensité rare et à côté de ça, il s'amuse à sortir tout pleins de CD annexes, parfois marrants, parfois
intéressants, parfois curieux... et parfois inutiles ! Bon, là, clairement, avec ce "Book of heads", on est
directement dans la dernière catégorie. Pour schématiser, cet album nous propose 1000 et 1 manières de faire
des sons (qui a dit du bruit ?) avec une guitare. Voici donc 35 morceaux pour 35 "études" avec que de la
guitare. Alors je ne sais pas, peut-être que ça peut arriver à intéresser les fans de Derek Bailey, mais moi, je
peux pas ! Je ne dis pas que c'est nul à chier en soit, il y a de bonnes trouvailles et idées, mais alors il faut plus
voir cela comme une démo où l'artiste serait en train d'essayer différentes manières de faire sonner sa guitare
pour ensuite pouvoir incorporer ce qui ressort de mieux dans des "vrais" morceaux ! Parce que s'enfiler ces 56
minutes que dure ce CD, ça ne passe pas ! Mais c'est vrai qu'on a une panoplie assez développée de l'outil
guitaristique, guitare électrique, acoustique, sèche, mouillée (euh....), des gratouillages en tout genre, au milieu
de ça, on peut entendre quelques notes (si, si !), un ou deux petit cris gentillets et puis voilà ! Une bizarrerie
zornienne de plus, une !
Note : 1/6
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LOREFICE (Sebastian) : Short stories, infinite corridors
Chronique réalisée par Progmonster
Nos défauts, ce sont des qualités poussées à leur paroxysme ; de celles qui deviennent tellement
envahissantes qu'elles finissent par étouffer tout le monde. S'il prête à rire à la simple lecture de son nom,
Sebastien Lorefice n'en est pas moins un musicien et un compositeur accompli, maîtrissant parfaitement son
instrument de prédilection (le clavier) et les techniques d'enregistrement modernes. Cette perfection - ou cette
recherche de perfection plus précisément - finit hélas par rendre complètement stériles ses compositions
pourtant ciselées dans une trame jazz sensée me captiver. La présence du guitariste studio Peter Pistevos sur
les deux premières pistes, "Soldier" et "Street Gangs", a pour but de rendre tout cela plus vivant. Cela reste
malgré tout terriblement artificiel. La timide excursion en territoire ambient sur "Lugosi's Lullaby" ou l'inclusion
d'éléments électroniques plus prépondérants sur des titres comme "Espionage", "Shaolin Temple" (comme figé
dans les sonorités développées sur le mésestimé "Aura" de Miles Davis) ou "Hostile Planet" ne seront pas de
trop pour tenter de tirer l'album vers le haut, loin d'une muzak de pacotille qu'on aurait plutôt tendance à
écouter dans les stations de métro. Sans succès toutefois. Je préfère mille fois m'écouter les derniers Franck
Balestracci ou Daniel Palomo Vinuesa que ce "Short Stories, Infinite Corridors", aux histoires en réalité fort
longues et dont les couloirs paraissent, eux, bels et bien interminables.
Note : 2/6
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ENHUMA : La tête dans la chèvre
Chronique réalisée par Progmonster
Marseille a Biocide. Brest a Enhuma. Autrement dit, en guise de rattrapage pour ceux qui ne voient toujours pas
de quoi je parle (et je n'en démords pas ; bien que succinte, ma chronique de Eisheilig était on ne peut plus
explicite), voici deux formations qui ne se seraient sans doute pas senties pousser des ailes dans le dos si
elles n'avaient pas succombé, elles aussi, à ce que l'on peut raisonnablement qualifier désormais de maladie
infectieuse incurable à haut facteur de contagion, j'ai nommé, bien sûr, le Pattonisme. Non pas que le chanteur
d'Enhuma perde son temps à singer le chanteur de Tomahawk - c'est même nettement moins flagrant que pour
Biocide - ici, c'est en fait tout le groupe qui prend à bras le corps le pari de créer à son tour un rock aventureux
qui ne craint pas les mélanges mais qui plutôt les suscite. Se définissant eux-mêmes comme les dignes
représentants d'un fraggle rock dont ils sont les seuls dépositaires, empruntant au passage à Slipknot leur goût
prononcé pour les déguisements grotesques de figurines burlesques, leur premier album réussit la gageure de
conserver une unité de ton entre les titres bien que chacun d'entre eux se plait à se perdre dans les dédales de
genres pourtant très différents (funky, métal, noise). Planne au dessus de ces quatorze chansons le rêve
inaccessible d'un jour devenir le nouveau Mr.Bungle. Et si l'esprit est indéniablement là, la barre est sans doute
bien trop haute, quelque part tout là haut dans la stratosphère, que pour espérer y parvenir d'emblée avec ce
premier essai. En bien des points, Enhuma est beaucoup plus conventionnel, ne voyez rien de péjoratif dans
cet adjectif, illustré par un potentiel mélodique ("Porky Pink Lady") que "Disco Volante" n'avait pas. Les
retournements de situations et autres surprises inattendues au détour d'un accord font de "La Tête dans la
Chèvre" un album au plaisir d'écoute sur le long terme tout à fait appréciable.
Note : 4/6
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JESUS IS MY SON : Sacrifices odieux
Chronique réalisée par Progmonster
On lui a coupé les jambes, on lui a vidé les tripes, mais Duby, guitariste de The Invisible Frog et K-Branding, est
toujours là, increvable. Son nouveau projet en date nous donne enfin l'occasion de l'écouter dans un contexte
autre que celui du bruit joli dont il s'était fait jusqu'ici le chantre. Collaborant pour l'occasion avec Xavier
Dubois (Dolph Lundgren, Moufle, Yermo), Jesus Is My Son est donc un duo de guitariste qui verse, on l'aura
compris - ou peut-être pas, et permettez moi alors de préciser ma pensée - dans le contemplatif. Charriant avec
eux le souvenir d'un "Incident at Cima" (Scenic) tout aussi pesant, la musique de ce premier EP, "Sacrifices
Odieux", révèle une fois encore à quel point la beauté ne tient qu'à un fil, tressé autour de simples notes
s'extrayants de l'ampli comme autant de bulles de savon s'élevant dans les airs, captivant l'attention, figeant
l'instant dans un moment d'éternité. Cette country lente et paresseuse, pas spécialement propre sur elle,
semble vouloir nous raconter des histoires douloureuses ("Nu et Seul") et le fait toujours avec retenue. Dix-huit
minutes d'un minimalisme exquis, c'est peu et c'est déjà beaucoup. Si Jesus Is My Son décide de développer
davantage son discours au point de s'essayer à l'album, il devra faire attention à ne pas tomber dans la
redondance. En l'état, "Sacrifices Odieux" est une petite galette plastique bien sympathique dont l'écoute, par
la simple évocation de ce soleil de plomb qui nous avait nargué pendant tout l'été, contribuera au
réchauffement de nos os gelés en cette saison humide.
Note : 3/6
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HELLA : Hold your horse is
Chronique réalisée par Progmonster
Parler d'un disque, parfois, ça tient à peu de choses. Pas plus tard qu'hier, je discutais avec un pote à la gare de
Namur. "Don Caballero passe au Recyclart, tu comptes aller les voir ?", me dit-il "Non" lui répondis-je avec une
pointe d'embarras, "sur disque ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Leur dernier album m'a
particulièrement déçu. Je préfère m'écouter le premier Hella..." Et en moi-même de penser ; ça fait trop
longtemps que j'en parle, faudrait quand même que je me décide un jour à en toucher un mot... Alors, voilà, je
me lance. J'ai enfin trouvé un peu de temps devant moi ce week-end, les piles de disques qui s'amoncèlent
dans mon fatras m'incitant à un écrémage urgent. Hella, c'est juste une guitare et une batterie. Et parfois un peu
de délire électro aussi ("The D.Elkan", "Brown Metal" aux confins du nintendocore). Ils sont deux, et ils font du
boucan pour quatre. Oui, c'est clair, Don Caballero n'a qu'à bien se tenir. Le batteur, Zach Hill, est
particulièrement impressionnant d'agilité. Il développe un son entre Tim Alexander (Primus) et Damon Che, et
semble s'amuser comme un fou en jouant tout et son contraire dans un très court laps de temps, un peu
comme Tatsuya Yoshida (Ruins). Spencer Seim, le guitariste, n'est pas en reste ; il double ses pistes, invente
des lignes de basse dronesques sur lesquelles il fait hoqueter sa guitare qui suit au pied de la lettre les
injonctions rythmiques. Contrairement au groupe de Pittsburgh, Hella ne s'épanche pas dans des
développements kilométriques mais préfère concentrer une haute densité d'information dans un mouchoir de
poche. Bref, "Hold Your Horse Is", premier manifeste du duo américain Hella, convulsif et filandreux comme un
album de Full Cycle, vous donnera l'impression d'écouter un cd d'occasion pourri et méchamment griffé, sauf
que c'est pas le disque qui est niqué, mais eux.
Note : 4/6
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BANKS (Tony) : A curious feeling
Chronique réalisée par Progmonster
Ah, ça lui aurait arraché une jambe à Banks de nous pondre un album purement instrumental ! Pour son
premier exercice en solitaire, sa motivation pop qui tourne plus que jamais à l'obsession l'incite à faire appel
aux services de Kim Beacon, chanteur de String Driven Thing. Peu d'émotions se dégagent de cette voix qui n'a
pour seul mérite que le souci de faire oublier celle de Collins. Et on pourrait en dire de même de Chester
Thompson dont le boulot se révèle pour le moins insipide. Tant de points critiques qui laissent à désirer
appeleront à un jugement sans appel de la part de ceux qui n'éprouvent pas la moindre tendresse à l'égard de
Genesis. Les autres feront l'effort de fermer les yeux, à défaut des oreilles, sur un album aux nobles
prétentions, gâchant son réel potentiel derrière une pudeur mal placée. Esthétiquement, nous sommes bel et
bien à cheval entre "...And Then There Were Three..." et le "Duke" à venir, avec même quelques rémanences
d'un "Wind & Wuthering" encore tout frais ("After The Lie"). Dans ses passages les plus inspirés, comme sur
"Forever Morning" par exemple, symphonique en diable, ou "The Waters of Lethe", "A Curious Feeling" lorgne
plutôt du côté des premiers essais de The Enid. Et quand, presque par erreur, un début de mélodie digne de ce
nom réussit enfin à faire tintinnabuler nos tympans, c'est pour se rendre compte qu'il ne s'agit que de pales
resucées de plans que l'on a déjà depuis longtemps intégrés à l'écoute de merveilles intemporelles comme
"Entangled" ou "One for The Vine". Sur les plages plus carrées, ses ballades sirupeuses ("For A While") ou ses
chansons pop au calibrage indéfini, c'est même plus mauvais que les titres les plus ignobles de "Defector",
dernier album encore vaguement fréquentable de Steve Hackett. Parfaitement anecdotique, "A Curious
Feeling", premier essai solo de Tony Banks - et considéré comme son meilleur - est typiquement le genre de
disque qu'on est content d'avoir pu entendre pour assouvir sa curiosité, mais qu'on aura aussitôt oublié.
Note : 2/6
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RUTHERFORD (Mike) : Smallcreep's day
Chronique réalisée par Progmonster
La magie, ça ne s'explique pas. Vouloir trahir le secret de ce qui rend l'anodin extraordinaire, c'est corrompre sa
nature intrinsèque. Point de magie sur "Smallcreep's Day", et curieusement, c'est bien en quoi le premier album
solo de Mike Rutherford est intéressant. Aux côtés de Tony Banks, le bassiste a depuis toujours incarné la
force créatrice de Genesis. Pourtant, aucun des deux n'est parvenu à honorer les espoirs fondés en eux à
l'heure du premier exercice solitaire en dehors de la cellule familiale. Ce n'est qu'alors et seulement alors que
l'on comprend que Genesis, avec ses bons et ses mauvais côtés, qu'on soit amateur ou non, est avant tout une
aventure humaine qui prend sa source dans une alchimie exceptionnelle, alchimie qui a bien du mal à
transparaître dans des efforts tels que "A Curious Feeling" ou ce "Smallcreep's Day". Point de magie, disais-je,
excepté quelques trucs dans lesquels on se laisse embarquer bien volontiers à force de se languir. Les albums
respectifs du claviériste et du bassiste nous permettent au moins de prendre conscience de deux choses :
d'une part, le son Genesis est déjà bien en place. Sur les deux disques précités, c'est l'atmosphère de "...And
Then There Were Three..." et "Duke" que l'on retrouve. D'autre part, et c'est bien normal, on identifie presque
instantanément les traits caractéristiques qui différencient depuis toujours la patte des deux musiciens. En
l'occurence, le côté lourdingue des ballades qui n'en finissent jamais ("Time and Time Again" ou "At The End of
The Day") ; après tout, pour les mauvaises langues, Mike Rutherford restera à jamais Monsieur "Your Own
Special Way"... Et puis aussi un aspect nettement plus dynamique, illustré par la longue suite qui donne son
nom à l'album et qui, comme pour "Duke" fait du faux vrai ou du vrai faux progressif, selon le point de vue de
chacun. Tout aussi daté que "A Curious Feeling" et quoique épargné par la monotonie qui plombait ce dernier,
"Smallcreep's Day" restera lui aussi l'affaire exclusive de quelques acharnés.
Note : 2/6
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KOENJI HYAKKEI : Hundred Sights of Koenji
Chronique réalisée par Progmonster
Koenji Hyakkei est un des multiples projets du batteur japonais Tatsuya Yoshida. Si vous vous êtes toujours
demandé pourquoi les Ruins eurent à un moment un revirement radicalement progressif sur "Symphonica", il
n'y a qu'ici que vous pourrez trouver les éléments de réponse à même de vous satisfaire. En effet, à ses côtés,
nous retrouvons déjà l'ex-chanteuse des Bondage Fruit, Aki Kubota, ainsi que le fidèle Ryuichi Masuda, pilier
des Ruins à son âge d'or. Formuler un avis sur "Hundred Sights of Koenji" pourrait très bien se faire sans mise
en perspective. Cependant, de par sa diversité, de par son accessibilité toute relative et enfin la nature tout à
fait remarquable de cette collaboration unique qui ne va hélas pas perdurer, le premier album de Koenji Hyakkei
se démarque nettement du reste de leurs productions à venir. Sur ce disque, Yoshida nous offre un premier
tour d'horizon du progressif le plus extrême à travers le prisme de son regard mutin qui ne craint jamais de
sauter à pieds joints dans le ridicule. Des louches de clavier qui partent dans tous les sens, avec un côté aussi
flippé que coloré ("Ozone Fall"), contribuent de manière déterminante à la mise sur pied de cette atmosphère
zeuhl très connotée qui va à très court terme définir l'esthétique du groupe. Les doigts de Kubota sont aussi
capables de choses plus subtiles, comme sur "Molavena" et ses airs canterburiens qu'elle assure
simultanément au chant. Un chant magnifique et lyrique que l'on peut entendre sur une de ses deux
compositions, "Zoltan", quasi lithurgique (Renaissance quelqu'un ?). Ryuichi Masuda, lui, délaisse son
instrument fétiche au profit de la guitare, dans des gimmicks mi-Frippien mi-Holdsworthien qui s'adaptent très
facilement au gré des décors sonores mis sur pied. Koenji Hyakkei se paye même l'audace de sonner presque
folk sur "Yagonahh", complétant ainsi la visite guidée d'un courant passéiste dépoussiéré par les manies
schizophrènes de nos contemporains nippons dopés aux neuroleptiques.
Note : 4/6
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KOENJI HYAKKEI : Ni
Chronique réalisée par Progmonster
Plus connu sous le titre de "Viva Koenji!!" pour le besoin de rééditions ultérieures, le second Koenji Hyakkei
est une abomination. La rolls de l'école zeuhl nippone, faisant la nique à Bondage Fruit en leur brûlant la
politesse au passage. Pas cool. Pour le double sens qu'il induit, son titre d'origine me paraît à vrai dire
nettement plus approprié. Le mot japonais "ni" signifie en effet "deux" - jusque là, cela paraît sommes toutes
logique - mais également "charge". Et cette charge, on se la prend en pleine face avec les dix minutes de
"Grembo Zavia". Un tourbillon zeuhl doté de l'énergie post punk, à faire trembler vos murs. Les gars de Koenji
Hyakkei sont à fond dans leur trip. Et quand ça s'emballe, c'est presque comme la maladie de Parkinson ;
impossible de s'arrêter. Des guitares grinçantes, des notes de basse qui se marchandent aux mégatonnes, un
clavier vintage cra cra épileptique et une chorale d'enfer menée par cette diablesse de Aki Kubota qui peut, une
ultime fois, nous étonner par l'étendue de ses talents. Kido Natsuki a du se mordre les doigts de la voir partir,
pour sûr... "Ni" ne joue pas la carte de la diversité comme l'avait fait à sa façon son prédecesseur. Le seul
objectif qu'ils ont dans leur ligne de mire, les comparses de notre ami Yoshida, c'est jauger l'intensité du
moment puis crisper l'auditeur, au point de ne plus pouvoir déserrer la mâchoire, happé par cette inarrêtable
zeuhl machine (l'ultra speed "Rissenddo Rraimb"). On verse même dans l'horreur pure et simple avec des titres
comme "Quidom", digne de figurer au générique de n'importe quel film de Dario Argento, ou "Brahggo",
possible reflet de l'esprit perturbé d'une Sadako trentenaire dont les yeux ne supportent plus le moindre rayon
de lumière. La pression est forte et ne cesse d'augmenter plus on s'enfonce dans le disque. Sauf qu'en bout de
course, un "Pamillazze" contre-nature, impro totale au piano préparé, se met en travers de la route. Comme si le
groupe avait besoin de quelque chose d'aussi incongru pour pouvoir s'arrêter.
Note : 5/6
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KOENJI HYAKKEI : Nivraym
Chronique réalisée par Progmonster
La multiplicité des projets dans lesquels s'est retrouvé impliqué le batteur Tatsuya Yoshida et les connexions
possibles qui en relient certains entre eux ont de quoi générer la confusion. Pour ceux qui se sont raccrochés
au train Ruins en sautant dans son wagon le moins représentatif, à savoir "Symphonica", paru en 1998 sur
Tzadik, "Nivraym" ne devrait pas les dépayser outre mesure. Pourtant, Koenji Hyakkei entre ici - et c'est là mon
point de vue - dans une seconde ère de son existance avec le départ crucial de la chanteuse et claviériste Aki
Kubota. En contrepartie, s'opère alors un transfuge stratégique puisque, si on a pu l'entendre officier une
dernière fois sur le disque des Ruins, c'est le claviériste de cette session, Oguchi Kenichi, qui embarque alors
dans le véhicule Koenji, il est vrai plus à la mesure de sa démesure. On avait déjà pu se familiariser à son style
pompier qui n'est pas sans rappeler les heures les plus critiques d'un Emerson Lake and Palmer. Toutefois,
l'étrangeté de leur univers godzillesque fait passer comme une lettre à la poste ce travers typiquement
progressif commun aux formations telles que Ars Nova, Bellaphon, Fromage ou Gerard. Si Koenji Hyakkei est
plus digeste, c'est sans doute parce qu'il assume jusqu'au bout ses options extrêmes d'une musique zeuhl
qu'on n'avait plus entendue si puissante et originale depuis Eskaton ! "Nivraym" dispute à "Ni" le titre d'album
le plus intense du combo japonais. Si le précédent a su imposer leur style avec, avant tout, des délires tirés en
longueur - chose qui n'est pas spécialement du goût de tout le monde - leur troisième disque se veut un album
plus ramassé, peut-être encore plus référentiel que leur illustre prédécesseur, qu'une production parfois un peu
brouillon n'arrive même pas à ternir. Contrairement aux honteux britanniques de Guapo, Koenji Hyakkei a su
capter l'esprit de la musique zeuhl et la diluer dans une énergie et une fausse désinvolture en tous points
moderne.
Note : 5/6
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KOENJI HYAKKEI : Angherr shisspa
Chronique réalisée par Progmonster
"Angherr Shisspa", bien que ne laissant planer aucun doute sur ses géniteurs, est un album emblématique à
plus d'un titre. Tout d'abord, c'est le premier disque du groupe à être publié sur un label étranger, Skin Graft en
l'occurence, avec pour conséquence une plus grande exposition sur la scène internationale. Un mauvais point
pour ceux qui se réfugiaient jusqu'à présent derrière cette excuse pour ne rien chercher à savoir à leur sujet.
Ensuite, excepté l'obligatoire Yoshida et le bassiste Kengo Sakamoto, à ses côtés depuis "Ni", le groupe au
complet a été remodelé de a à z. Enfin, et c'est sans doute l'élément le plus déterminant, celui qui donne son
identité au présent disque, l'arrivée du clarinettiste Komori Keiko apporte une nouvelle dimension à la musique
du groupe. On l'aperçoit très vite sur un titre comme "Rattims Friezz" ; à cette voix toujours délurée,
aujourd'hui assurée par Kyoko Yamamoto, piano et instruments à vents bataillent sur une section rythmique
versatile. Il n'en faut pas plus pour se dire que le groupe glisse là tout doucement sur la pente d'un Canterbury
qui s'ignore. Jin Harada s'en est allé, emportant avec lui ses guitares acides et les parties de synthétiseurs se
limitent désormais à un discret soutien aux lignes de basse, "Tziidall Raszhisst" étant peut-être une des rares
exceptions ou encore les courtes envolées de la plage titre. Ceci étant, il est tout de même important de
souligner que Koenji Hyakkei n'a en rien perdu de son intensité, bien au contraire. Le décryptage de sa
musique se fait peut-être même avec plus d'aisance qu'autrefois. Et le parallèle avec Magma plus éloquent que
jamais ("Wammilica Iffirom"). Autant vous prévenir tout de suite ; ceux qui ont encore du mal à concevoir
qu'une musique puisse dégager de la puissance sans électricité risquent d'être surpris. "Angherr Shisspa" est
un très bon album, dans la veine des deux précédents, mais avec une touche jazz beaucoup plus prononcée, ce
qui, évidemment, n'est pas pour me déplaire.
Note : 4/6
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CORELINE : Please keep moving forward
Chronique réalisée par Marco
Après une excellente compilation en guise de présentation, Infekted Sound nous revient avec cet album de
Coreline plus que rafraîchissant dans le monde étriqué de l'electro-tech industrielle. des beats saturés assez
percutants emplissent ce "Please keep moving forward" qui sonne comme un appel à une prise de conscience
sur l'état de l'environnement physique mais également sonore. Non pas que Coreline ait la prétention
d'apporter LA solution à tous nos maux, mais l'évidente spontanéité qui se dégage de ce mix electro-breakcore
prouve qu'il est possible d'apporter du sang neuf en entretenant une continuité dans le genre. Samples
légèrement symphoniques à la limite de l'ambiance cinématographique, sensiblité proche d'un hip-hop
industriel par moments ("Jump"), Coreline joue sur divers tableaux sonores tout en appuyant sa démarche de
rouleau-compresseur. Varié dans son homogénéité, cet album devrait plaire aux amateurs des productions
Hands ou Ant-Zen sans pour autant tomber dans la techno industrielle décérébrée comme il en apparaît un peu
trop souvent ces dernières années...
Note : 4/6
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TANGERINE DREAM : Wavelength
Chronique réalisée par Phaedream
Pour plusieurs, 1984 était une année fantôme pour Tangerine Dream. Aucun album, aucun concert. Est-ce que
le Dream existait encore? En réalité, le trio Allemand était plus qu’occupé à peaufiner ses nouveaux
équipements et à reconsidérer son approche artistique en expérimentant encore la profondeur des sens et des
sons, débuté avec White Eagle. En fait, depuis Exit, le trio favorise de plus en plus une approche musicale
moins élaborée, plus condensée dans le temps de ses compositions. Avec le recul, on constate que Sphinx
Lightning, d’Hyperborea sera la dernière longue pièce, en studio, du Rêve Mandarin. Tranquillement, le Dream
entreprend un virage commercial. C’est dans cette foulée que la gang à Froese débute une collaboration
accentuée avec le cinéma.
Emballé par toute la panoplie de son que le trio exploite, et par les images virtuelles que projettent cette
musique, le 7ième art s’arrache les services de TD. En 4 ans, le groupe composera 11 trames sonores officiels,
et pas moins d’une demi douzaine d’autres qui n’ont jamais été publiées officiellement, dont le mythique The
Keep-La Forteresse Noire. Des œuvres majeures, qui sont passées comme ça, en coup de vent.
Wavelenght fait parti de ces petits bijoux passés totalement inaperçus. Pourtant, c’est un mine de d’or
concentré qui est à la source de plusieurs chefs d’œuvre inédits. Rarement le Dream a atteint un niveau de
perfection si élevé sur de courtes compositions. Tout est suave et coule avec une limpidité harmonieuse,
incroyablement riche. Un opus de 16 titres, pour moins de 40 minutes, même pas une moyenne de 3 minutes
par titre. Des titres courts, des pièces en développement qui connaîtrons leurs heures de gloire en concert (
Church Theme pour Silver Scale) ou sur des compilations. Wavelenght survole les atmosphères du Dream, de
Force Majeure à Poland. Un titre qui fourmille de ses petites œuvres que nous rappellent tous quelque chose.
Comme un bijou encore impoli, mais dont on connaît toute la valeur. Sans doute l’une des meilleurs trames
sonores de TD, qui est passé inaperçue. Mais elle n’est pas la seule. Qui connaît Legend? The Keep?
Note : 5/6
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TANGERINE DREAM : Firestarter
Chronique réalisée par Phaedream
Un peu comme Wavelenght, Firestarter n’as pas connu une sortie très médiatisée. Descendant plus direct des
inspirations de White Eagle et d’Hyperborea, et même Poland (Testlab), ça demeure une œuvre superbe, plus
ouverte que Wavelenght. L’un des premiers opus à savoir commercial de TD.
Crystal Voice ouvre cette trame sonore, inspirée du livre de Stephen King, avec une superbe mélodie évasif.
Sur un séquenceur bien sobre le mouvement synthétique est fluide sur de beaux accords harmonieux. Un
grand titre avec un potentiel commercial énorme. Et il n’est pas le seul dans cette catégorie. Charlie the Kid,
Shop Territories et l’émouvant Out of the Heat sont d’autres superbes melodies. Le coté atmosphériques
séquencé est toujours d’actualité avec Testlab, Rai169irds Move et l’audacieux Between Realities, totalement
génial avec sa mélodie qui flotte sur de merveilleux coussins synthétiques denses et des percussions
séquencées comme Franke savait si bien les élaborées. Dommage, c’est trop court, mais se sont les aléas
d’une trame sonore. Malgré une approche nettement plus populaire, le Dream conserve toujours son petit côté
progressif avec des titres comme The Run, Escaping Point et Flash Final.
Firestarter est le genre de trame sonore qui reflète à merveille l’atmosphère du livre de Stephen King. Sa grande
force et qu’il a autant les apparences d’un vrai album studio que d’une trame sonore. Fortement inspiré
d’Hyperborea et de Flashpoint, c’est un opus très mélodieux.
Note : 4/6
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230 DIVISADERO : A vision of lost unity EP
Chronique réalisée par Marco
Mais quelle faute a bien pu commettre Nick Grey pour fuir la terre ferme ? Quelles sirènes aux voix séductrices
ont bien pu l'entraîner au large avec maints compagnons d'infortune ? Ici accompagné de Matt Shaw (Tex La
Homa), l'artiste résolument international s'embarque une fois de plus en des eaux inexplorées et mystérieuses,
épaulé par une cartographie marine tout aussi porteuse de rêves étoilés et de remous rédempteurs. Un périple
d'une demi-heure qui traverse autant les profondeurs brumeuses d'une ambient délétère (à la lisière de la dark
et space-ambient) que les saveurs mélancoliques d'un post-rock à la Godspeed You Black Emperor ou celui
plus traditionnel et progressif de Harvestman (projet de Steve Von Till/Neurosis). Un mélange qui ne perd à
aucun moment de son attrait, pour ne pas dire de sa force hypnotique. A tel endroit on évite les récifs
menaçant, à d'autres le roulis que subit la frêle embarcation de nos marins se fait presque palpable tant est si
bien que le doute que les deux puissent arriver à bon port subsiste jusqu'au bout. Un scénario épique se
construit progressivement, ponctué par les drames et le désespoir (omniprésence du violoncelle/narrateur) et
la promesse de regagner une terre hospitalière. La courte coda qui s'impose après le silence abrupt offre un fin
des plus ouvertes quand à la conclusion de l'aventure des deux protagonistes. La réponse se trouve très
certainement dans ce trip superbe dont il faudra à l'évidence sonder les différentes escales avant de statuer sur
ce "Dit du vieux marin" musical, moderne et enchanteur.
Note : 5/6
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BLACKTHRONE : Black metal juggernaut
Chronique réalisée par Nicko
Avec le label Amortout, il faut savoir s'attendre à l'inattendu ! Déjà, avec Costes, on avait eu un aperçu des
délires qui peuvent sortir chez eux. Là, avec Blackthrone, on passe dans une autre catégorie du délire, on
s'attaque en effet à un genre (!) plus ou moins nouveau : la parodie de black metal ! Le groupe finlandais est
d'ailleurs haï par une frange non négligeable de la scène black metal scandinave (surtout finlandaise - ils ont
même créé un site Internet exprès !). En fait, Blackthrone enchaine les clichés inhérent au style. Il n'y a pas qu'à
voir le nom du groupe, de l'album et des titres... Après, musicalement, je m'attendais à du trve black metal des
cavernes pourri, bah nan ! Globalement, c'est du black/thrash très moyen à la production mauvaise (mais pas
non plus ultra-pourrie). C'est juste sans puissance ni profondeur et la batterie est mal mixée, beaucoup trop
mise en avant avec un son de cymbales trop strident qui gâche pas mal le reste. De plus, ça manque de rythme,
c'est banal et même s'il y a de la diversité (on passe du speed thrash metal slayeresque à du mid-tempo puis à
du limite doom vers la fin), c'est tout simplement mauvais. Le pire là-dedans, c'est quand même le chant, ou
plutôt les chants vu qu'ils sont 3 chanteurs. D'ailleurs, sur ce plan, le début de l'album est infâme !
Globalement, les chanteurs manquent de puissance, de haine et d'agressivité. Il y a en un, spécialement dédié
aux parties les plus "aggressives", ça ressemble au chanteur du groupe macédonien, Baltak. Pour ceux qui
connaissent, ils comprendront vite... Musicalement, c'est vite plié, des riffs sans génie, avec des parties up et
mid-tempo déjà vu 100 fois chez les Slayer , Impiety (ça a l'air d'être la principale influence musicale) et
consorts. Les quelques bonnes idées comme sur "Black metal juggernaut" ou "Vomito negro" et son
atmosphère vaguement militaire sont très mal exploitées et bâclées. Il y a quand même le (très) court et limite
punk "Panzerfisting" qui m'a bien fait marrer. Après, c'est quand même un peu vide. J'ai réellement l'impression
que Blackthrone n'a été signé que pour son concept parodique, parce que derrière, il n'y a pas grand chose.
Note : 2/6
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BUSH (Kate) : The kick inside
Chronique réalisée par Nicko
Pour ma 1000ème chronique, je me devais de trouver un album particulier. Et là, plus qu'un album, il s'agit
véritablement d'un ou plutôt d'une artiste particulière pour moi ici. Kate Bush. Il faut tout remettre dans son
contexte. J'ai grandi dans les années 80 avec une sœur aînée danseuse et des parents fans, entre autres, de
pop. C'est donc tout naturellement que son album "Never for ever", son album phare, s'est retrouvée à tourner
en boucle, ou presque, dans ma jeunesse. Il ne faut pas non plus oublier les clips très soignés de la demoiselle,
et remplis d'une atmosphère envoûtante et fascinante. En tout cas, moi, ils m'ont vraiment marqué ! Aussi, ici,
ce n'est pas de cet album dont je vais vous parler (Progmonster l'ayant très bien fait par le passé). Non. Tout
comme "Deep Purple in rock" n'est pas le premier album de Deep Purple, "Never for ever" ne représente pas les
débuts de la carrière musicale de l'anglaise. Alors qu'elle est âgée d'à peine 17 ans, la toute jeune ballerine
débarque avec son timbre de voix cristallin, limite suraiguë, mais aussi d'une douceur extrême. Quelques
années plus tard, avec l'aide d'un certain David Gilmour, Kate arrive avec ce premier album, "The kick inside".
Ce premier essai propose 13 titres de pop aventureuse et limite féerique, aux sonorités parfois proches du
progressif 70's. Alors bien sûr il y a le méga-tube "Wuthering heights", magnifique, tiré du livre du même nom
d'Emily Brontë, mais limiter ce disque à ce seul morceau me semble être un raccourci hâtif que je n'emprunterai
personnellement pas ! Les 12 autres morceaux ont aussi leur grain de sel à apporter à l'image des très bons et
très beaux "Strange phenomena", "Them heavy people" ou "Moving". Par contre, et c'est là où Kate Bush nous
montre tout son talent, les compositions et leur interprétation musicale manquent à mon avis d'un peu de
conviction et de folie. Dans leur ensemble, elles sont un peu trop classiques. Mais quand arrive le chant, c'est
une toute autre histoire. La maîtrise que la jeune fille a de son organe transcende totalement les morceaux et
les transforme en profondeur. Et c'est vraiment cela qui fait la force de cet album, la capacité qu'elle a, rien
qu'avec sa voix, de nous transporter dans un autre univers. Non, "The kick inside" n'est pas un chef d'oeuvre,
mais il s'agit simplement d'un bon album, alliant une certaine dose de naïveté et de maîtrise de son sujet à sa
musique. Bref, une bonne introduction au monde si singulier de la (très) jolie demoiselle.
Note : 4/6
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LOS ASESINOS DEL PENTAGRAMA : Cuando la noche calla
Chronique réalisée par Nicko
Voilà de retour les panaméens de Los Asesinos Del Pentagrama ! Après un premier album prometteur très
encré dans le heavy metal traditionnel, le quatuor sort ici un nouvel EP avec au programme 2 nouveaux
morceaux. Pas de grand bouleversements à l'horizon, si ce n'est une meilleure maîtrise et une évolution
classique j'oserais dire. Le premier morceau est du pur heavy-metal bien speed toujours influencé par le
Maiden de la grande époque. Le jeu des américains s'affine, les solos sont plus percutants, les riffs sont
inspirées et entraînants. Bref, les quatre jeunes gens s'améliorent. Le deuxième morceau est quant à lui plus
diversifié, plus lent aussi, mid-tempo, mais toujours avec des bons riffs heavy à souhait, plus que jamais
influencés par la bande à Steve Harris. Le chant, entièrement en espagnol, est à 100% clair, sans véritable
agressivité, mais avec ce qu'il faut comme puissance pour aller avec la musique. Les variations et
enchaînements montrent un groupe maîtrisant totalement son sujet. Cet EP confirme tout le bien que je pensais
de combo de Panama après leur premier album. Une évolution logique dans leur carrière qui, je l'espère, pourra
bientôt voir la sortie d'un deuxième album qui s'annoncerait plus que prometteur !
Note : 4/6
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JARRE (Jean-Michel) : The Symphonic Jean Michel Jarre
Chronique réalisée par Phaedream
Après Pink Floyd, Yes et de nombreux autres artistes, voici que la musique de Jean Michel Jarre se retrouve
interprétée par un orchestre symphonique. Dans la foulée de sa dernière kermesse musicale allégorique en
Pologne, Jean Michel Jarre a subjugué la Pologne entière et c’est l’orchestre philharmonique de Prague qui a
hérité du lourd mandat de créer l’atmosphère cosmico techno pop de Jarre avec instruments à vents, à cordes
et grosses caisses. Le résultat? Plutôt tiède.
Déjà que la musique de Jarre est lourdement hypothéquée des strates symphoniques électroniques
(Rendez-Vous, Revolution et Chronologie), une ré édition avec orchestre symphonique laisse pantois.
Dès les premières notes Chronologie, on comprend la nature du défi. Même flanqué de la profondeur d’un
univers philharmonique, l’orchestre de Prague n’arrive pas à faire décoller le mythe sensitif de Jarre derrière ce
monument qu’est Chronologie.
J’aime bien Gloria, en fait je l’aime mieux ici que sur l’œuvre de Jarre, à cause justement de cette sensibilité
que l’on y retrouve. Un très beau titre qui ferait une trame sonore idéale à un film d’amour. J’avais hâte
d’entendre les éléments analogiques de JMJ versus un orchestre symphonique et je dois admettre que le
traitement réservé à Equinoxe IV est assez honnête. Mais dès que les instruments entreprennent le chassé
croisé synthétique du magicien Français on perd un peu intérêt. Fishing Junks at Sunset est en tout point
conforme aux aspirations symphoniques que JMJ lui avait trouvé en 81. Un des bons moments sur cet opus.
Souvenir de Chine, plus mielleux et vaporeux ainsi que Magnetic Fields 5, The Last Rumba, très français,
subissent de superbes modifications symphoniques. Nous sommes en plein dans les meilleurs moments de
The Symphonic Jean Michel Jarre. Si l’ouverture de Revolution est bien réussie, les parties 1 et2 subissent une
aseptisation en règle, et ce, malgré les superbes arrangements. Il y a de bons moments, notamment sur la
partie 2, mais ça n’arrive pas à enlever l’empreinte sonore de l’original qui revient inlassablement. Ce que je
trouve agaçant.
Le 2ième cd inclut des titres un peu plus disparates du répertoire de Jarre, incluant un inédit en Acropolis qui
est tout désigné pour un orchestre symphonique. Un très beau morceau, digne des grandes fresques
musicales de Maurice Jarre et Ennio Morricone.
Après un Eldorado très anémique Oxygene 13 et Magnetic Fields 1 s’écoutent assez bien pour ne pas s’ennuyer
des versions originales. The Emigrant est superbe de sensibilité, alors qu’Oxygene IV , Rendez-Vous et
Computer Weekend ne font pas le poids et nous envahit plutôt d’une aura de frustration tant il semble à bout de
souffle.
Je ne suis pas un adepte des albums hommages. Trop souvent l’interprétation personnalisée n’atteint pas le
degré d’émotivité de son propre créateur. C’est ce qui me frappe en écoutant ce genre d’hommage à l’œuvre de
Jarre. Malgré la panoplie d’instruments disponibles, l’orchestre n’arrive pas à insuffler un souffle de sensibilité
constante. Il y a de bons moments, comme The Emigrant, Gloria ou Acropolis, mais il y a des moments vides
où le choix des pièces laisse songeur. Comment oublier Chronologie 5 et comment penser que Computer
Weekend se philarmonise? Un cd simple aurait trouvé un peu plus de réceptivité, qu’un long double qui
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aseptise des œuvres majeures du répertoire de Jean Michel Jarre.
Note : 3/6
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JARRE (Jean-Michel) : Solidarnosc Live
Chronique réalisée par Phaedream
Jean Michel Jarre est l’explication, dans toute sa forme, de la stagnante qui oppresse les concerts de MÉ.
Prince des extravagances, le superbe synthésiste Français a su, au fil des ans, redonner toute la noblesse à un
art qui se fait crucifier par une presse et un public des plus confondus versus la MÉ.
C'est à la demande de Lech Walesa, co-fondateur de Solidarnosc et prix Nobel de la paix, que Jean-Michel Jarre
organisa ce gigantesque concert le 25 août 2005, sur les célèbres quais de la Pologne, pour fêter le 25ème
anniversaire de Solidarnosc, syndicat ouvrier, né dans le chantier naval de Gdansk, qui fut à l'origine de la
chute du communisme soviétique.
Avec son intro fort paradoxale; un grand patron adulé de ses employés ou un méchant lutteur de la WWF, Jarre
fait son entrée, aussi grandiose que le personnage, sur une plate forme amovible, sous les cris frénétiques de
170 000 spectateurs et plusieurs millions de curieux qui ont acheté l’évènement sur circuit câblé. Multi
dimensionnel, Jarre est le parfait étendard pour promouvoir la MÉ, avec ses spectacles grandioses à effets
pyrotechniques. Sonores et visuels aussi étonnants que perspicaces. Filmé le sur les chantiers navals de
Gdansk, le scène est mémorable et est à l’effigie d’un futuriste décadent à la Blade Runner. La foule est
déchaînée, faisant oublier la froideur de China, le dernier concert d’envergure de Jean Michel Jarre.
Shipyards Overture (ou Revolution Industrielle) donne le ton à une soirée magique sous le signe d’une musique
industrialisée par de nouveaux arrangements et de superbes percussions. Une belle ouverture, gâchée par les
paroles de JMJ à la foule. Pas qu’elles ne soient de circonstances, mais les traductions simultanées, ainsi que
ses échanges verbales, d’un orateur Polonais finissent par enlever du dynamisme à ce concert. Il me semble
qu’un meilleur système, dont une traduction écrite dans le bas de l’écran, aurait été de mise.
Au niveau musical, Jarre nous défile son répertoire avec de bonnes retouches et des beaux intros, notamment
sur Oxygene 2, 4 et 8. L’intro de Chronology 2, soit Theremin est un incontournable pour saisir toute la
dimension magique des mouvements synthétiques. Il y a des moments forts, comme des moments magiques
avec Around Mury et Tribute to Jean-Paul II. Et que serait un concert de JMJ sans la présence du bouillant
guitariste Patrick Rondat? Ce dernier apparaît sur 2 titres; Rendez-Vous 2 et Vivaldi. L’audio est en Surround
5.1 et la qualité, tant visuel que sonore, est excellente.
D’ailleurs au niveau visuel, ‘’the star is JMJ‘’ et ç’est plus vrai que jamais. Avec des feux d’artifices à profusion,
Jarre est fin seul, avec un percussionniste, et occupe toute la place, amusant la foule et plaisant aux caméras,
occuper qu’il est à soigner son image avec de nombreux placements de tifs indisciplinés. Plus de 20 caméras,
hautes définition, suivent les allées et venues d’un Jarre en pleine forme, tout en multipliant les angles sur la
foule, les quais et les infrastructures environnantes, jetant un regard sombre et futuriste d’un événement
planétaire et social de grande envergure.
La seule faiblesse du DVD se situe au niveau de sa structure. Il n’y a pas grand boni, seulement qu’un court
documentaire d’une quinzaine de minutes avec des prises alternatives. Pas de commentaires, ni de ‘’making of
‘’, encore moins de vidéo clips ni d’entrevues….dommage. Mais la qualité y est, tant au niveau du contenu que
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de la musique. Un excellent DVD, et si vous avez une télé HD, vous en deviendrez un accro. Excellent
Note : 5/6
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SYN : The Glass Bridge
Chronique réalisée par Phaedream
Syn c’est le synthésiste Anglais David T. Dewdney. En 2002, il avait impressionné avec la parution de son
premier opus Soundwave Traveller, classé 5ième meilleur titre de l’année. Lors d’une entrevue, il mentionnait
posséder plus de 70 heures d’enregistrement. Glass Bridge fait donc partie de cette gigantesque banque
musicale qui repose dans les intrants de sa créativité.
Après une intro très flottante, où les strates synthétiques se multiplient en douceur sur de frugales
complaintes, Glass Bridge Parts I-III s’anime vers la 8ième minute avec un séquenceur bouclé qui rappelle
étrangement le dialecte analogue de Jean Michel Jarre sur Equinox. Vrillant le rythme progresse sur de belles
couches synthétiques mellotronnées, des percussions atmosphériques et un synthé soufflant des accords
synthétiques soyeux et aigus, dans le même moule que Jean Michel Jarre sur Magnetic Fields.
Shadowfall est un long titre flottant et très atmosphérique. Un croisement entre Meddle de Pink Floyd et Music
for Airports de Brian Eno. Long, flottant et très ombrageux.
Heart of Orion est un long tiraillement entre les atmosphères denses et des éclats musicaux qui surgissent ici
et là, sans vraiment prendre de forme.
Glass Bridge de Syn est un opus bien personnel. Le genre de création qui en dit long sur le caractère d’un
artiste… Syn a fait de grandes choses, notamment au tout début. Pour une raison que j’ignore, le personnage
est devenu plus gros que ses fans, que la musique elle-même. C’est un opus aux atmosphères inachevées. Un
titre qui aurait dû rester dans les la banque de Mr Dewdney. C’est en plein le genre de production que fait les
délices des journalistes, et chroniqueurs, qui voudrait tomber à bras raccourci sur la MÉ pour décrier que c’est
de la masturbation culturelle. De l’art abstrait. Je n’aime pas le négativisme, mais avec Glass Bridge, Syn sert
du réchauffé qui a déjà garni, amplement et avec plus d’originalité, d’autres tables.
Note : 2/6
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SIXTEEN HORSEPOWER : Olden
Chronique réalisée par Twilight
Suite à la séparation de Sixteen Horsepower, leur label Glitterhouse a eu l'idée intéréssante de ressortir deux
démos sous forme de deux sessions enregistrées en 1993 et 1994 accompagnées d'un live à Denver saisi en
1994 lui aussi. Comme toujours, ce genre de disque s'adresse avant tout aux fans mais il n'en demeure pas
moins qu'assister à la genèse de galettes aussi fabuleuses que le seront 'Sackloth'n'ashes' ou 'Low estate'
présente un intérêt certain. Le son Sixteen Horsepower est déjà en place mais plus brut au niveau des
arrangements; il s'articule principalement sur une forme de rock rapide composé de country, de blues baigné
d'un feeling torturé. A celà s'ajoutent déjà les instruments traditionnels tels que le bandoneon, le banjo, même
s'ils n'ont pas encore la place qu'ils occuperont par la suite. Ces arrangements dépouillés mettent en évidence
l'autre atout du groupe, le chant de David Eugene Edwards. Plaintif et déséspéré, il porte les compositions, en
accentue la mélancolie et confère à ces ébauches une touche de rage, moins présente sur les albums (encore
que sur 'Sackloth'n'ashes'...). Une chose est certaine, ce rock redneck mystique est pêchu et glauque à souhait.
Les six pièces live en témoignent même si la production manque un tantinet d'énergie.Il eût été intéressant de
conserver les applaudissements et autres réactions du public; en effet, David a la réputation d'un chanteur très
charismatique et impressionnant, sentiment confirmé par quelques bribes d'interview où certains s'accordent à
dire que peu importe si l'on aime ou non, la présence du groupe capte forcément l'attention, ce que je suis tout
à fait prêt à croire. Des inédits, me demanderez-vous ? Oui, oui, quelques-uns, rassurez-vous. Si vous aimez
Sixteen Horsepower, 'Olden' reste donc un bon document d'archives pour compléter votre collection.
Note : 4/6
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SHE WANTS REVENGE : She wants revenge
Chronique réalisée par Twilight
N'y allons pas par quatre chemins, She wants revenge est un de ces groupes qui surfe sur la vague revival cold
wave/new wave inaugurée par The Faint, Interpol, Bloc Party et autres Kaiser Chiefs...je ne vais pas débattre sur
ce domaine, étant donné que personnellement je me réjouis de ce revival même si originalité n'est pas toujours
le maître mot en la matière. Alors ? She wants revenge ? Un duo que j'apprécie particulièrement pour son
approche dépouillée qui emprunte beaucoup à la new wave minimale: une boîte à rythmes basique, presque
binaire, des sons de guitare qui doivent tant à Joy Division qu'aux Cure, le tout enrichi de touches de clavier
mélodiques et surtout un chant que j'aime beaucoup pour ma part, quelque part entre un tout jeune Peter
Murphy et Interpol. On pourra argumenter avec raison que justement le spectre de Interpol ne plane jamais bien
loin mais ce serait bien réducteur et faire fi des influences new wave ('I don't wanna fall in love'). Autre point fort
de She wants revenge selon moi, un très bon sens de la mélodie, il suffit pour s'en convaincre de jeter une
oreille à 'Red flags and long nights', 'Tear you apart', 'Out of control' ou ' Monologue'; Justin Warrfield use d'un
chant vaguement lointain qui sied à merveille à la touche froide des orchestrations et à la tristesse générale qui
baigne les compositions. Si vous cherchez de l'originalité dans cette galette, passez votre chemin, si vous
appréciez les groupes de cold wave capables de développer une immédiateté pop, vous pourriez bien apprécier
She wants revenge, aussi éphémère que puisse être cette formation. Après tout, n'était-ce pas déjà le cas lors
de la première vague goth au tout début des 80's ? 4,5/6
Note : 4/6
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JARRE (Jean-Michel) : Oxygene
Chronique réalisée par Phaedream
En 1976, la MÉ atteint des nouveaux sommets harmonieux. Klaus Schulze produit l’énigmatique Moondawn,
Ashra ouvre de nouvelles dimensions sonores avec l’incontournable New Age on Earth, alors que Tangerine
Dream séduit encore plus avec le superbe Statosfear. En France, Jean Michel Jarre travaille comme un forcené
sur le même projet depuis bientôt 2 ans. L’arrivée d’Oxygene est une onde de choc dans les sphères très
éthérées de la MÉ. Plus qu’un tournant dans l’histoire de la musique, Oxygene marque une époque. Au-delà de
la netteté de sa sonorité et des effets d’une stéréophonie ré inventée et audacieuse, Jarre multiplie les longs
mouvements planants à des rythmes ambivalents sur des harmonies et des mélodies synthétiques qui
prennent d’assaut les ondes radiophoniques et les postes de télévision qui ont trouvé un nouveau créneau
pour promouvoir l’irréel. Classique intemporel, Oxygene, de même qu’Equinoxe, est vite devenu une œuvre
référentiel pour tester la précision et la qualité sonore des chaînes hi-fi. Tiré à plus de 15 millions
d’exemplaires, il est la preuve, hors de tout doute, qu’il y a de la place pour une musique électronique
intelligente et bien séquencée.
Timidement les premières notes d’Oxygene flottent dans une ambiance cosmique très analogue. Les
complaintes du synthé s’étalent sur de suaves coussins synthétiques qui flottent dans un espace où traînent
d’étranges effets sonores, qui deviendront la source d’originalité de Jarre. L’ambiance est parfaite, nous
sommes en état d’apesanteur, mais dans un monde harmonieux. Déjà, on sent une profondeur tout à fait
nouvelle. Des accords serpentent en descendant un lourd tribun synthétique où multitudes de lignes isolées
harmonisent un mouvement qui se cherche dans une abstraction qui se morcelle. Divinement, nous sommes
aux portes d’une flottaison qui prend sa réalité à l’ombre d’une fumée aborigène. Nous planons, avant de nous
buter à des accords plus virils qui créent une valse cosmique hésitante. Tourbillonnant de liberté la partie 1 se
fond dans la 2 avec une désinvolture apaisante, c’est le coup d’envoi d’Oxygene. Derrière une pulsation basse,
des effets sonores analogues d’un espace angoissant et synthé qui se lamente de ses plus beaux soupirs, le
titre prend une tangente révolutionnaire avec un synthé en crescendo mélodieux, sur des percussions uniques
à Jarre qui soutiennent ce rythme électronique ondulant, qui marquera toute une génération. Oxygene 2 est très
sci-fi high tech et se déplace sur un rythme suave qui se moule aux couleurs du temps, avec des solos et des
mouvements synthétiques qui n’avaient jamais été exploités auparavant. La partie 3 est ahurissante de
profondeur avec son synthé spectral sur percussion qui martèle le glas, comme un rythme cardiaque à bien
être égal. Les notes croisent un tempo entre deux eaux, deux réalités. Oxygene 4 est le plus gros tube de MÉ
progressive. Qui ne connaît pas ce rythme évolutif sur des complaintes synthétiques rebelles, toujours
soutenus par les percussions que le synthésiste Français a su brillamment exploitées. On dirait des crickets
qui roulent dans tambours cylindriques résonnants. Oxygene 4 est un hymne à la beauté, un hymne à la vie où
Jarre fait parler son synthé comme Hendrix le faisait avec sa guitare. Un superbe titre qui se perd dans les
dédales de la sublime partie 5. Un long titre atmosphérique, sinueux, réveillé par de lourdes notes. Et
d’atmosphère planant, nous galopons vers les méandres synthétiques d’un rythme indiscipliné qui se promène
d’une enceinte acoustique à l’autre, sur de superbes solos de synthé. De superbes vagues virtuelles nous
introduisent sur Oxygene 6, un léger titre mélodieux au mouvement d’une samba électronique, enrobé d’effets
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sonores plus près d’une nature que d’un espace cosmique, laconiquement froid.
Avec Oxygene, Jean Michel Jarre a révolutionné l’art électronique, en lui insufflant un côté harmonieux,
mélodieux et chaleureux. Il utilise les synthés de façon à créer des rythmes à la fois complexes et mélodieux
qui accrochent aisément l’oreille. Un album intense que le temps n’arrive pas à altérer, un chef d’œuvre de la
Musique Électronique contemporaine, qui fait courir les foules près de 30 plus tard.
Note : 6/6
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JARRE (Jean-Michel) : Equinoxe
Chronique réalisée par Phaedream
Après un méga succès planétaire comme Oxygene, Jean Michel Jarre confirme son talent de musicien, de
compositeur et de concepteur avec un album à deux volets. En conformité avec son concept, qui représente les
24 heures d’une journée, la première partie d’Equinoxe est un long réveil, comme un long processus
d’émerveillement. Les parties 1 à 4, qui représentaient la face A de l’album, sont plus flottantes, alors que les
rythmes s’éveillent à partir de la 5ième partie, qui débutait férocement la face B dudit album.
De légères strates synthétiques résonnent et se multiplient sur leurs échos, afin de réveiller les sens d’un
profond sommeil. L’exactitude de l’ébahissement matinal est ponctuelle, avec les parcelles sonores qui
fluctuent une espace très cosmique, comme si l’éveil était un lancinant retour du cosmos. Plus flottante, la
2ième partie est une invitation à une profonde relaxation. Un mouvement serein qui nous transporte aux grés
d’un synthé moulant aux effets sonores qui ont fait la noblesse d’Oxygene. Le mouvement nous aspire dans les
recoins les plus tranquilles de notre être où l’on prend le temps d’admirer les délicats impacts d’une onde
synthétique qui tranquillement se transforme en étrange valse sur la 3ième partie. Doucement, les notes
voltigent sur un superbe serpentin qui défile avec fragilité, dans les confins d’une galaxie sonore débauchée
par l’audace d’un Jarre en parfait contrôle de ses sonorités. Avec ses percussions camouflées, ses pulsations
basses, son synthé hoquetant dans des strates étouffantes, Equinoxe 4 est la meilleure partie de cette journée
éclectique. Un rythme percutant, qui caresse autant la tendresse que la férocité, Jarre bat la mesure sur des
accords incendiaires qui vrillent sur des pulsations ondulantes, juxtaposés aux superbes percussions
obsessionnelles jarresques.
La face B, soit à partir de la 5ième partie, représente l’œuvre la plus audacieuse et complète de Jarre à ce jour.
Ça débute avec un éclat de tonnerre sur un rythme saccadé, aux percussions claquantes et une ligne de basse
massive. Zombiesque, le synthé minimalise son mouvement sur de superbes infusions synthétiques et un
refrain qui accroche et déboule sur des accords indisciplinés qui se fondent sur la 6ième partie avec un rythme
synthétique tout droit sorti d’une arcade galactique. Les notes fusionnent sur des percussions éparses qui
aromatisent les hauts parleurs d’une intensité peu commune. Un dialecte électronique tout à fait ingénieux, qui
se poursuit lascivement sur la somptueuse 7ième partie où le rythme évolue lentement. Avec souplesse et
tendresse, le mouvement se subdivise sur un superbe mellotron et bouillonne sur des percussions volages. Un
synthé superbement mellotronné qui pousse une mélodie à faire fondre la céramique Italienne. Intense et
dense, Equinoxe 7 est un bain sonore qu’il faut prendre au moins une fois à haut volume pour saisir la subtilité
dimensionnelle qui en découle. Cette journée se termine dans la fantaisie? Ou la mélancolie? On ne sait
toujours pas quel volets donné à Equinoxe 8, où, sous la pluie un saltimbanque fait rouler sa machine à
musique d’un air extrêmement Parisien pour finir dans une finale hautement dramatique. Les accords défilent
lentement avec mélancolie, comme si notre vie n’était qu’ombre de pluies à ne plus finir.
Même si sa structure est basée sur l’esquisse d’Oxygene, Equinoxe possède son identité propre et est un peu
plus ‘’osé ‘’, si je peux me permettre, que son prédécesseur. Avec des rythmes et des séquences nettement
plus progressifs, le synthésiste Français marque un autre coup d’éclat qui se vendra à plus de 10 millions
d’exemplaires, démontrant que la MÉ n’est pas affaire de plastique, mais d’émotion, de sensibilité et
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d’harmonies.
Note : 6/6
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RUN RUN VANGUARD : Suck success
Chronique réalisée par Twilight
Hé hé la fameuse banane Wahrolienne...la voilà baignant soudain dans une sorte de jus plastique douteux...A
qui doit-on ce pastiche ? A un petit projet de Alexander Veljanov, Ze voice of Deine Lakaien. Bien loin des
expérimentations électro dark wave du duo, le macédonien renoue ici avec des racines plus rock, pour être
plus précis un mélange de blues gothique inspiré du Velvet Underground ou de formations comme Crime and
the city solution ('Debauchees', 'Harbour of silence') mais aussi de racines post punk ('Believers', 'Keyvent',
'Suck success') traversé de temps à autre de touches plus roots de par l'apport d'un violon. Si l'on s'attendait
peu à retrouver Veljanov dans ce contexte gothic rock, force est de reconnaître que le résultat, à défaut d'être
génial reste très convainquant. En effet, si l'on pouvait craindre qu'il manque à sa voix un côté âpre ou
déséspéré, son timbre mélancolique confère au gothic rock à la fois rageur et triste de ses collègues une
touche presque cabaret du plus bel effet. La production floue accentue selon moi ce sentiment de groupe
jouant dans une cave collant ainsi volontiers à l'aspect nocturne et noir de la galette. D'ailleurs si la palette
étendue des possibilités vocales du sieur Veljanov n'est un secret pour personne, certains seront peut-être
étonnés de l'entendre se lâcher à ce point, notamment sur 'Keyvent' (qui n'est pas sans évoquer Bauhaus) où il
frise le hurlement. Autre titre à relever, 'Taga sa jug' qui mêle de belles guitares tristes et profondes avec un
chant grave, très cabaret. Ce projet n'a pas eu de suite, toujours est-il que 'Suck success' est un disque qui
mérite le détour et présente une face peu connue de la personnalité de Veljanov.4,5/6
Note : 4/6
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TIAMAT : Skeleton skeletron
Chronique réalisée par Twilight
Je ne suis certes pas un spécialiste de Tiamat mais je sors de ma grotte suffisamment souvent pour savoir qu'il
s'agit d'un groupe métal à la base qui n'a eu de cesse de progresser et surprendre au fil de ses travaux.
'Skeleton Skeletron' n'échappe pas à la règle. A force d'avoir flirté avec le côté le plus gothique de son métal
ambient, Tiamat a fini par faire du rock gothique. Délaissant les atmosphères aériennes et obscures, Johan
Edlund et ses collègues nous livrent un album très terre à terre, plus direct dans ses approches. S'inspirant
d'un rock gothique qui doit beaucoup à la dernière période des Sisters of Mercy ('Brighter than the sun' frise le
clônage) laissant la part belle à des guitares appuyées, le groupe opte pour des arrangements dépouillés,
moins complexes qu'à leur habitude et... cette option leur sied comme un gant. Le timbre de Johan, pas si
éloigné de Andrew Eldtrich, se révèle très crédible. Bien entendu, on sent que Timat vient du métal et non du
goth car les guitares n'ont pas perdu toute leur lourdeur mais cela n'a rien d'excessif, les climats louchant
parfois carrément vers une forme de mélancolie (l'excellent 'To have and have not'). Il faut dire que les
arrangements sont superbes et maîtrisés, avec quelques incursions de clavier de fort bon aloi ('Lucy'). Des
pièces comme 'Church of Tiamat', 'To have and have not' ou ' Lucy' démontrent le talent de nos lascars pour
une écriture plus directe, plus rock (tir confirmé sur l'album suivant ou celui de Lucyfire). J'avoue ne pas être
fan de la reprise des Stones ni du 'Brighter than the sun' qui a pourtant dû faire les délices de pas mal de goths
mais je pardonne volontiers ces quelques petites erreurs.4,5/6
Note : 4/6
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TIAMAT : Judas christ
Chronique réalisée par Twilight
Il faudrait vraiment l'avoir fait exprès, être surpris par 'Judas Christ' après 'Skeleton Skeletron'. Un peu à l'instar
de Moonspell, Tiamat semble décidément tenté par les infidélités au métal pur pour explorer un aspect plus
direct de sa musique au travers d'un gothic rock pesant épicé de rock et de relents métalliques. Le plus beau
dans l'histoire est que, tout comme leurs camarades portugais, Johan Edlund et Cie parviennent à emprunter
une voie en apparence plus commerciale sans pourtant se renier. On peut distinguer deux angles d'écriture
principaux: l'un que je qualifierais de gothic rock lent encore teinté de métal, notamment au niveau des guitares
lourdes, sans être lourdingues ('Return of the son of nothing'), l'autre plus proche d'un goth'n'roll à la Billy Idol
que l'on retrouvera chez Lucyfire ('Vote for love' et ses choeurs féminins, 'Angel holograms'). Quelle que soit
l'option choisie, le résultat est à la hauteur, même quand le groupe s'offre quelques touches plus aériennes
('Fireflower'), les arrangements sont superbes (le côté épique, vaguement oriental de 'Sumer by night'), qu'ils
soient dépouillés ou plus riches. 'Judas Christ', loin de tant brouiller les pistes, asseoit surtout la réputation de
Timat tout en élargissant le cercle de fans.4,5/6
Note : 4/6
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CHRISTIAN DEATH : Death in Detroit
Chronique réalisée par Twilight
Ils sont terribles chez Cleopatra ! Non contents d'avoir eu l'outrecuidance de faire remixer Christian Death par
des artistes plutôt électro indus ('Death mix'), je découvre qu'il n'en étaient pas à leur coup d'essai ! Le plus
drôle, c'est que sur quatre morceaux passés à la moulinette, deux sont des reprises ! La soif d'argent conduit
décidément à bien des écarts...Bien entendu, on remarque une fois de plus que les remixeurs sont eux-mêmes
des artistes de choix : Leaether strip, Rosetta Stone, Numb, des membres de Spahn Ranch et die Krupps...Mais
il faut bien le dire, la démarche est totalement creuse (quel est l'intérêt d'écouter 'Figurative Theatre' avec des
grosses guitares bourrines ? Ou d'entendre la voix de Rozz noyée sous une tonne de bidouillages électro ?). Ce
disque ne vaut que par un excellent remix, celui de Leaether Strip qui pare 'Venus in furs' d'une atmosphère
lente, funèbre, de par une programmation dépouillée et efficace, d'un usage judicieux de l'écho sur le chant,
avec une touche mélodique envoûtante au clavier. Pour le reste; ça ne vaut pas grand chose...eurk ! Pourquoi
un artiste de la trempe de Rozz Williams a-t-il fini sur un label tel que Cleopatra ?
Note : 2/6
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TANGERINE DREAM : 40 years Roadmap to Music
Chronique réalisée par Phaedream
2007 sera l’année du 40ième anniversaire de Tangerine Dream. Une grande tournée mondiale est cédule pour
cette occasion, sous le titre de 40 Years Roadmap to Music et un autre cd, donc le titre hypothétique serait
2010. Lors du concert au Tempodrom à Berlin le 21 Septembre dernier, cet Maxi EP fut vendu (déjà épuisé, c’est
une pièce de collection) contient 3 titres écrits par Edgar Froese, Jerome Froese et Thorsten Quaeschning.
Trois inédits qui ne devraient pas, comme ils pourraient y arriver aussi, être sur aucun autre cd. Mais nous,
fans de TD, connaissons nos mercantiles capitalistes de Berlin Est et on ne serait pas étonner qu’ils exploitent
le filon, jusqu’à sillions s’en meurt.
Ce Maxi EP est dans la même veine que les derniers TD. Ceux qui comme moi, rêvent à une renaissance, à une
réunion, devront en faire leur deuil. Ceci étant dit, ça demeure de la belle musique. Les rythmes sont souples et
suaves. Pas agressifs, mais extrêmement mélodieux, comme ce que TD fait depuis 1992. Tangines on and
Running ondule sur des synthés enveloppants qui galope sur un tempo minimaliste, aux sonorités très TD.
Plus agressif Quartermaster's Nightmare carbure sur des percussions agressives, des accords déchaînés sur
un synthé harmonieux. Jouer à haut volume, son effet est total. Un bon titre racé. Day Shift est de loin la plus
intéressante, puisque plus progressive et plus audacieuse. La structure est superbe et répand une onde
harmonieuse sur un synthé aux mouvements romantiques, genre synth pop mélodieux, mais avec une lourdeur
sensuelle profonde et dense.
Bah…ce n’est pas Poland, mais ce n’est non plus l’insipidité anticipée par ceux qui en veulent à TD. Moi j’en ai
fait mon deuil et je suis capable d’admettre que la musique est bonne…elle ne colle juste pas à ce nom
grandiose. Ce nom synonyme de complexité, d’innovation et de créativité. Hummm…Mais si TD vient à
Montréal, j’irais bien les voir, même en chaise roulante &#61514;
À suivre
Note : 4/6
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PADILLA (Craig) : Ibiida Lahaa
Chronique réalisée par Phaedream
Voir la Musique Électronique! Depuis 2 ans, le monde de la MÉ s’ouvre de plus en plus à la vidéo, au monde du
DVD. Jean Michel Jarre propose des spectacles haut en couleur, Mind Flux, des graphiques sur une musique
très appropriée et d’autres artistes présentent leurs musiques sur des images de la nature. Les Américains sont
fort à ce niveau, eux qui affectionnent les sonorités dites ‘’ landscape‘’. Craig Padilla a offert sa musique au
cinéaste Bart Hawkins, pour l’accompagner dans un voyage cinématographique, justement à saveur ‘’
landscape‘’, d’une intense beauté visuelle. Tournée en haute définition, Ibiida Lahaa qui signifie ‘’ Je deviens en
transe’’ en langue Wintu (je n'ai pas vraiment trouvé de liens, hormis la nature), est l’exemple parfait que la MÉ
est un monde subjectif où la synthèse s’harmonise avec l’imagination débordante de tout rêveur audacieux. Et
ça Bart Hawkins l’a compris.
Tout au long de ce voyage vidéo/audio, les deux artistes multiplient les clins d’œil artistiques qui étonnent et
charment, tant par la beauté que les effets visuels d’une perspicacité très stylisée.
La musique de Padilla berce les images avec une justesse touchante, comme si le rêve pouvait se concrétiser
par l’œil d’une caméra assoiffée de tourments et de tendresse. Que ce soit sur les berges, à flots de torrent, sur
les cimes brumeuses ou à flanc de montagne, la tendresse et la profondeur de Padilla cohabite admirablement
avec la beauté des éléments de la nature. Les prises de vue d’une lune sombre et intrigantes sont à couper le
souffle. Seules, ces images ne pèsent pas lourds, car Hawkins ne réinvente pas le cinéma d’émotion, ni
naturiste. Mais la musique de Padilla est tout simplement majestueuse. Les images de la lune, sur une musique
hautement dramatique permet au réalisateur d’exploiter un nouveau côté. Un côté obscurisé par les couches
synthétiques lourdes et mouvantes de Padilla.
Tout est habillement synchronisé. Craig Padilla harmonise sa musique aux images parfois surréelles de
Hawkins qui profite des prouesses et des arrangements du synthésiste américain pour émanciper sa vision
avec des effets troubles, broyés. Mélangeant les sépias sur des couleurs primaires, ou jouant avec l’érosion
virtuelle, pour alimenter ses frasques visuelles, Hawkins nous en met plein la vue. Padilla, plein les oreilles. Car
fidèle à ses habitudes, sa musique est un habile mélange de planant, sur des bourdonnements séquentiels, et
de rythme léger, par instant dramatique. Le rythme séquentiel côtoie la beauté de strates synthétiques
enveloppantes et harmonieuses. Une harmonie rehaussée par la vision poétique de l’œil du cinéaste Hawkins.
Le résultat? C’est près de 60 minutes de beauté naturelle cimentée dans l’effusion des strates atmosphériques
de Craig Padilla. Certes, nous sommes loin des images suffocantes de Chronos ou des graphiques
multicolores à la Mind Flux. C’est serein et beau. Cette même beauté qui accompagne les symphonies
abstraites de Padilla qui cache toujours ses émotions dans l’absence de rythme. Qui réussit toujours à faire
vibrer nos cordes avec la sensibilité de ses mouvements. Imaginer et voir la musique de Craig Padilla, c’est en
plein ce que Bart Hawkins a réussi à faire. Étonner et charmer avec simplicité, ça existe encore.
Distribué de façon indépendante, vous pouvez vous procurez ce superbe DVD sur le site de Craig Padilla;
http://www.craigpadilla.com/IbiidaLahaa.htm
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Faites plaisir à vos sens. Faites-vous plaisir.
Note : 5/6
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MY DYING BRIDE : A line of deathless kings
Chronique réalisée par Chris
Il est des groupes dont on a l'impression qu'ils sont là depuis toujours. C'est le cas avec My Dying Bride dont
voici le neuvième effort studio. Toujours fidèles depuis leurs débuts au label Peaceville Records, les anglais
poursuivent lentement mais surement leur chemin et ajoutent une pierre de plus à un édifice déjà riche et
solide. "A line of deathless kings" s'inscrit sans surprise dans la continuité. My Dying Bride y distille son gothic
doom avec toujours autant de passion et poursuit sa quête imperturbablement, délivrant sur cette nouvelle
fournée 9 titres très réussis, aux atmosphères toujours aussi pesantes et tristes. La qualité des compositions,
gros point fort de l'album, saute tout de suite aux oreilles, et quand on se lance dans l'écoute du cd, on a du
mal à le lacher avant la fin. Musicalement, le groupe est vraiment au top et "A line of deathless kings" sonne de
façon résolument moderne et efficace. Le nouveau batteur s'est parfaitement intégré dans l'univers du groupe,
et niveau chant, Aaron Stainthorpe nous sort une excellente prestation, assurant des lignes mélodiques d'une
grande justesse et d'une grande beauté. Cette voix, mi-désabusée, mi-résignée, porte véritablement en elle
l'âme du groupe. "A line of deathless kings" est un disque très réussi et homogène mais s'il fallait retenir un
titre ou deux je choisirais "Love's intolerable pain", un titre mélodiquement parfait, et "L'amour détruit" qui
déchire tout grâce à un riff de malade hyper accrocheur ! Déjà 15 ans de carrière pour les anglais, mais avec
des albums de cette qualité quelque chose me dit que ça ne va pas s'arrêter là...
Note : 5/6
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VREID : Pitch black brigade
Chronique réalisée par Chris
Si je devais résumer ce "Pitch black brigade" en trois mots, ce serait : efficacité, efficacité, efficacité. Vreid,
quatuor norvégien né sur les cendres du groupe Windir avec lequel il partage trois de ses membres, avoine
sévère, mais avoine mélodique ce qui permet de mieux faire passer la pilule ! Les norvégiens possèdent une
énorme puissance de frappe et ne se gènent pas pour nous exploser les oreilles à un rythme supersonique !
Les gars ne sont pas des manchots, et jouent un genre de black thrash n'roll très carré, très technique, avec un
son assez crade parfaitement mise en valeur par une production paradoxalement nette et précise. Le chant
black est aussi incisif que la musique du groupe, avec des effets qui ne sont pas sans rappeler par moments
ceux de Marilyn Manson. Rythme déchainé, brutal, du blast en veux tu en voilà, vous l'aurez compris Vreid n'est
pas là pour rigoler. Cependant quelques titres un peu plus mid-tempo nous laissent par moment un petit répis
bien mérité, et on a même droit à un bon break atmosphérique avec claviers à la Windir en plein milieu du
disque, mais sinon c'est vraiment à fond la caisse all the time ! Alors oui efficace, c'est sûr, mais pour ma part
je regrette un peu la froideur de l'ambiance dégagée sur la totalité des titres, froideur qui fait que malgré les
nombreuses qualités mentionnées ci-dessus je n'arrive jamais à rentrer complètement dans l'album sur la
durée...
Note : 4/6
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MY DYING BRIDE : The angel and the dark river
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Rendre grâce à cet album magnifique et légendaire n'est pas chose aisée. Mais il le mérite amplement, ça oui.
Le sextette britannique présente avec "The angel and the dark river" son troisième album après un "As the
flower withers" brut et réussi puis un "Turn lose the swans" qui pose les bases du style My Dying Bride. "The
angel and the dark river" emmène l'ensemble à un niveau supérieur. Comme le dit la chronique précédente,
"The cry of mankind" vaut l'achat de l'oeuvre à lui tout seul, cependant le disque ne s'arrête pas là fort
heureusement. Ce hit anti-commercial, d'une durée de plus de douze minutes, est un appel à la mélancolie et à
la tristesse, soutenu par un clip réussi dans lequel Aaron Stainthorpe se prend pour le porteur du fardeau. On
continue sur un "From darkest skies" tout aussi triste, avec une intro basse-violon fort réussie, Martin Powell
faisant toujours partie du groupe à l'époque. "Black voyage" s'enfonce encore plus dans la lourdeur à coups de
guitares rythmiques pachydermiques. "A sea to suffer in" est un autre titre très réussi, à mon goût le meilleur
en compagnie de "The cry of mankind": nostalgie, mélancolie, beauté sombre, tout y est. "Two winters only"
est un long morceau lent et posé. Le rythme s'accélère légèrement avec l'excellent "Your shameful heaven" qui
clôture la version normale de ce disque. La version digipack comprend un titre bonus non-négligeable avec
"The sexuality of bereavement: la production est légèrement différente et le titre est très sombre, il me rappelle
par moments le mythique "Symphonaire Infernus Et Spera Empyrium". L'édition double cd comprend un
enregistrement live de cinq titres au Dynamo Open Air 1995 que l'on peut également voir en video sur le
premier dvd du groupe "For darkest eyes". "The angel and the dark river" est jusqu'à ce jour le chef d'oeuvre de
My Dying Bride, qui même s'il propose toujours des albums fort réussis aujourd’hui, ne parvient pas totalement
à retrouver cette alchimie et cette ambiance qui font de cet album incontestable une pierre angulaire du style.
Amen.
Note : 6/6
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SPEAR OF LONGINUS : Nothing is forever, and , forever is nothing
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Après un "TYONS" détonnant, dire que j'attendais cet album avec impatience relève de l'euphémisme. Le voilà
en la personne de "Nothing is forever, and, forever is nothing", produit en août 2006 par le label néerlandais
Blazing Productions. Oui mais voilà, même si je suis un gros fan du groupe, cet album est une déception. Spear
of Longinus côtoie ici le pire et le meilleur. Après une intro sympathique ("Knwoledge of the cause and effect of
fear"), "Robot seig, form and function" fait partie du pire: un titre peu inspiré voire même chiant. "Better of
dead" par contre nous rappelle les bons moments du "Domni satnasi", ce black/thrash basique et primitif mais
foutrement efficace. Tout l'album alterne entre des bons titres et des morceaux médiocres qui inspirent l'ennui
et Spear of Longinus ne m'avait pas habitué à ça. Parmi les meilleurs je citerais "Brothers Wyrd", "Venus
(people of the flame) I saw him" et "End us though began deathray". Oui mais voilà, une moitié d'album ça ne
suffit pas à me convaincre et ce "Nothing is forever, and, forever is nothing" est à mes yeux l'enregistrement le
moins réussi du combo australien. Espérons que la deuxième moitié du "TYONS" enregistré à la même époque
et qui devrait paraître d'ici quelques mois nous ramènera le SOL tant apprécié. Une bonne déception donc pour
un disque mitigé. 3,5/6.
Note : 3/6
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CATHAR : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Grâce au boum considérable que connaîssent aujourd'hui les circuits indépendants, notamment par le biais de
ce formidable outil de diffusion qu'est internet, tout le monde ou presque a ainsi la possibilité de jouir de ses
quinze petites minutes de gloire, comme nous l'avait annoncé Andy Warhol dans un bref éclair de lucidité. Mais
personne ou presque n'a jamais émis le moindre doute quant à la petinence d'un tel raz de marée. Je fais
personnellement partie des idéalistes ; de ceux qui rêvent d'un monde où le travail serait à jamais aboli et où
l'homme pourrait passer des heures, des jours, des semaines, des mois, des années à créer. Cet optimisme un
peu niais en prend parfois pour son grade quand je suis confronté à des productions telles que celle-ci. Cathar
est un jeune groupe français dont l'ambition est de pouvoir eux aussi se lancer dans l'aventure : sortir leur
premier vrai disque, avoir leur vrai site, se constituer une liste de vrais fans, et enchaîner les vrais concerts.
Tout ça avec une vraie musique, la leur, qui, hélas, manque singulièrement d'aplomb. Je ne pérorerais pas sur
leur style qui vogue entre rock symphonique et métal progressif ; c'est une question de goût et,
accessoirement, pas le genre de la maison. Par contre, je me demande ce qui a bien pu se passer à
l'enregistrement ! J'ai du mal à croire que Cathar puisse se promotionner avec ce six titres à la production tout
bonnement indigne. Aucun respect des balances, aucune recherche d'équilibre ; on pousse juste
grossièrement le volume quand l'un ou l'autre des musiciens doit se faire la main dans des solii, certes
maîtrisés, mais qui bouffent tout le spectre musical. Du haut de ses huit ans de pratique, Florian, intrônisé pilié
(sic) du groupe, multiplie plus que de raison les coups de grosses caisses qui s'emballent et qui tombent
n'importe où sauf là où il faut, devenant ainsi le parrain d'une métronomie aléatoire et flottante qu'on n'avait pas
encore eu l'audace d'inventer jusqu'ici. Catharstrophique.
Note : 2/6
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CHEVREUIL : Capoeira
Chronique réalisée par Progmonster
Qui n'a pas encore reçu sa ration de Chevreuil ? Il en reste encore... Venez ! On vient juste de réchauffer une
vieille casserole de soupe. Y en aura pour tout le monde. Les mêmes ingrédients, les mêmes épices qui vous
faisaient déjà fourmiller des pieds avant mais avec une petite pointe de poivre en plus que vous sentirez
passer, vous pouvez me croire ! Tony C. et Julien F. nous reviennent donc avec un quatrième album qui semble
vouloir clamer que l'essouflement n'est pas encore à l'ordre du jour. On a ainsi l'impression que des disques
comme ça, Chevreuil pourrait encore en aligner une bonne centaine sans problèmes. C'est ça qui est génial.
C'est ça qui est gênant aussi. L'utilisation intensive du synthétiseur sur "Capoëira" montre que le groupe
Nantais n'envisage pour l'instant que des changements dans la forme, pas nécessairement sur le fond.
Aujourd'hui, le synthétiseur qui leur donne parfois l'air d'un Daft Punk iconoclaste et peu propre sur lui. Mais
quel autre instrument demain ? "Capoëira" n'arrondit pas pour autant les angles. Si les trente cinq minutes de
leur nouveau disque passent on ne peut plus vite, le déluge d'informations qui nous tombent sur le travers de
la gueule à l'écoute de plages telles que "Gendarme" ou "Tonnerre Mécanique" nous rappele que la jubilation
qu'il y a à voir Chevreuil sur scène n'a toujours pas égalé celle qu'il y a à les entendre, à se les imaginer
prendre possession de l'espace tout en lançant leurs boucles lobotomisantes avec une précision
métronomique diabolique. Alors bon... Vous en reprenez de ma soupe ? Dépêchez-vous, il ne m'en reste déjà
plus beaucoup, et vaut mieux en boire tant qu'elle est chaude.
Note : 4/6
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CHRONO.FIXION : 2006
Chronique réalisée par Progmonster
Voici l'enfant désiré d'une grossesse difficile. Voici le fruit d'un amour qui aurait bien pu se flétrir face aux
coups durs de la vie, à ses coups de putes, à ses fausses couches qui se déclinent aujourd'hui sous forme de
crash informatique. Chrono.Fixion est le projet électronique de Matthieu Ducheine, un projet qu'il assume et
qu'il s'engage à mener à bien en dépit des circonstances défavorables. La sérénité qui se dégage de "2006" est
pour le moins paradoxale quant on songe au stress et au doute qui auraient bien pu assaillir l'artiste suite aux
caprices de son seul outil de travail. Les treize titres de ce nouvel album glissent sur nous sans précipitation,
mettant en exergue l'inquiétude et les préoccupations légitimes de l'auteur de ces paysages à l'apparente
quiétude. Piochant ses trouvailles mélodiques dans l'image fantasmé d'un Gran Orient soucieux de s'engager
dans une quête de modernité sans pour autant renier les acquis de sa culture, Chrono.Fixion distille ce
mysticisme de bon aloi au milieu de champs de riz embrumés dans les échos pénétrants d'un trip hop
souverain, plus dub que jamais, flirtant avec le dark ambient pratiqué à ses heures par Material. Tout se déroule
dans un état d'apesanteur permanent. Une béatitude musicale dont le vrai moteur est pourtant une inquiétude
palpable en chaque recoin du présent disque ; d'abord au travers de ces redoutables accords mineurs,
charriants comme toujours avec eux mélancolie et nostalgie, ensuite par le biais des extraits radiophoniques et
télévisuels scrupuleusement choisis ("La cupidité nous emprisonnera tous", 'Collateral brain damage" et "La
révolution n'est pas un diner de gala"). "2006" est un périple souterrain à entreprendre lors de ballades
nocturnes en solitaire.
Note : 3/6
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CONSCIENCE : Half sick of shadows
Chronique réalisée par Progmonster
Conscience. Voilà un nom de groupe audacieux. Mais conscience de quoi exactement ? Conscience qu'on n'est
rien d'autre qu'un numéro de plus, quelque part entre le douze mille six cent quarante-huitième et le quinze
mille sept cent quatre-vingt neuvième, à s'accrocher à la caravane sans fin des prog métaleux chercheurs d'or
et de gloire ? Conscience que, même s'ils ne sont pas cités parmi leurs influences directes, les incontournables
Dream Theater demeurent la référence du genre dont personne ne semble vouloir (pouvoir ?) se détacher ? En
temps normal, j'aurais déjà arrêté ma chronique ici. Mais on m'a suffisamment critiqué quant à ma manière on
ne peut plus succinte d'avoir abordé le cas du groupe allemand Eisheilig, aussi ne rééditerais-je pas
l'expérience ici. Être succint ; voilà sans doute quelque chose que l'on ne pourra jamais reprocher aux gars très
pro de Conscience. Après tout, c'est le genre qui veut ça... Donc, on bâtit des morceaux sans fins et sans buts
préalables autour de plans préconçus ; là, un break inattendu finalement fort prévisible à la Pain of Salvation,
ici des harmonies guitaristiques à la Maiden pour montrer qu'on a du respect pour les ancêtres, des arpèges en
veux-tu en voilà, des espaces millimétrés pour que chacun puisse faire valoir sa maîtrise respective de chaque
instrument, et la liste à compléter est interminable. Je pourrais vous parler aussi du packaging très classe qui
montre tout le sérieux et l'ambition du groupe français. Je pourrais encore vous toucher un mot du copieux
DVD qui est joint au digipack, histoire de s'immiscer encore un peu plus dans l'univers finalement très
stéréotypé de Conscience. Faire cela, ce serait adopter le travers dans lequel le groupe se complait sans le
moindre scrupule, or il se fait que j'ai une sainte horreur du remplissage.
Note : 3/6
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GATECHIEN : Trois
Chronique réalisée par Progmonster
Le troisème album de Gâtechien, duo Poitevin basse batterie qui passe la plus grande partie de l'année à
écumer les salles, voire même - et de préférence nous dit-on - les cafés concerts, ne fait que confirmer tout le
bien-fondé de la réputation qui les honore depuis maintenant quelques années. Énergique et bordélique à
souhait, la musique de ce logiquement intitulé "Trois" baigne dans une désinvolture délirante qui, c'est
heureux, ne nuit jamais à l'efficacité de l'ensemble. La recette a beau être simple, encore faut-il pouvoir la
rendre pertinente ! Et Gâtechien d'y parvenir avec un naturel désarmant grâce à son enchâinement sans temps
morts de morceaux noisy rock à l'entrain délectable qui gardent toujours en point de mire une accroche
mélodique de tous les instants. Le chant de Laurent Paradot, entre jovial état d'ébriété et manifestations orales
d'un cauchemar éveillé, y contribue largement. Mais son jeu de basse en fait tout autant, si pas plus encore !
Coloré et nerveux à la fois, il est celui par lequel le ballet d'éléphants roses que l'on se surprend à imaginer
parfois vient à se matérialiser pour de bon. Si l'héritage de Chevreuil semble évident, il faut peut-être aller en
amont de ce cours d'eau influent pour y découvrir la ou les sources principales, que l'on situera sans doute du
côté de Shellac ou de Ui, tout en se démarquant nettement par leur esprit plaisantin, trait gaulois
caractéristique. Demi-frères du Singe Blanc avec qui ils partagent et l'esprit, et, à présent aussi, la firme de
disque, Gâtechien est un groupe sautillant et original qu'on aurait tort ne pas vouloir découvrir. Sur scène
d'abord. Sur disque ensuite. À la bonne vôtre !
Note : 4/6
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GERMANO (Lisa) : In the maybe world
Chronique réalisée par Progmonster
Ce matin, ma boîte aux lettres contenait une nouvelle carte postale de ma chère amie Lisa. Elle m'y donne de
ses nouvelles. Rapidement. Distraitement. Elle me manquait cette petite brune touchante. Lisa. Trois ans déjà
que nous nous sommes vus. Elle et moi. À moins d'un mètre l'un de l'autre, dans ce piano bar. Dans cette
atmosphère si particulière à jamais inscrite dans ma mémoire. Elle n'a pas l'air d'aller très bien. Elle me parle de
perte. Elle me parle de décès. Elle me parle de toutes ces choses horribles qui arrivent quand on s'y attend le
moins et qui vous isolent un peu plus du reste du monde à chaque fois. Elle se confie. Elle se laisse aller. C'est
sa manière à elle d'exorciser ses peurs, d'évacuer ce poison qui asphyxie le sang qui circule dans ses veines et
qui, quelques fois, est déjà allé voir comment ça se passait au dehors. Elle est touchante ma petite Lisa. Elle
m'arrache une larme à chaque fois que je parcours de son écriture frêle et mal assurée les mots doux qu'elle
vient déposer dans le creux de l'oreille. Une fille brisée, Lisa, mais qui a su conserver toute son humanité. Elle
me renvoie l'image la plus négative que je puisse avoir de ma propre personne, celle d'un garçon au fond
dépressif incurable et dont je me sens de plus en plus loin un peu plus chaques jours. J'ai une tendresse infinie
pour toi, Lisa. Tu le sais. J'ai partagé tes peines. J'ai partagé tes joies aussi. Tu as toujours été là, à mes côtés,
dès les premiers instants de notre rencontre inopinée. Nous étions si proches, deux âmes soeurs. Ton monde
approximatif ne me fait pas peur, ma chère et tendre Lisa. Car c'est aussi un peu le mien. Constellé de notes de
piano qui scintillent dans le ciel comme l'explosion lointaine d'autant d'étoiles mortes. La voix de l'enfant que tu
n'as jamais cessé d'être ricochant à la surface d'une eau peu profonde mais irrémédiablement opaque. Tu
aimerais oublier tout ça Lisa. Tu aimerais t'oublier. Mais on n'oublie pas. On n'oublie jamais. On vit avec nos
blessures. On vit de nos blessures.
Note : 4/6
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GYPSOPHILE : Assunta
Chronique réalisée par Progmonster
Gypsophile est un microcosme à lui seul. La prédominance de l'acoustique et leurs bouts de mélodies mises en
boucle confèrent à leur univers une aura que d'aucun serait en droit de qualifier de claustrophobique.
Cependant, chacun des treize titres de leur (déjà) sixième album comporte suffisamment d'éléments de
surprise, parfois antonymiques, pour revendiquer une réelle ouverture sur le monde extérieur. Articulé avant
tout autour de la guitare acoustique et de la voix susurrée de son principal compositeur, Guillaume Belhomme,
Gypsophile se complique la vie - et embellit la nôtre - en brouillant les pistes du confort tout relatif
habituellement admis dans les musiques à teneur plus folk. Entravé dans son déroulement par des bruitages
divers, soudainement accompagné d'une phrase de clarinette, l'atmosphère générale de "Assunta" n'invite pas,
comme on aurait pu le croire, au recueillement. De lancinantes complaintes douces amères, parfois
interprétées par une voix féminine - celle de Marine Livernette - dessinent au-dessus de nos têtes un ciel gris
délavé aux teintes irréelles. Un décor familier, fatalement triste, arraché à l'automne et dont l'étrangeté dérange.
Comme extraite d'un monde parallèle dont nous ignorions même jusqu'à l'existence. Un post rock introverti et
sombre qui n'aurait conservé que sa faculté à mettre en musique des décors urbains déchirés par un mode de
vie générant trop de frustrations et de contradictions. "Assunta" déploie avec nonchalance un romantisme bien
dans l'air du temps, froid et désincarné, mais loin d'être impersonnel.
Note : 4/6
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LE SINGE BLANC : Strak!
Chronique réalisée par Progmonster
Le Singe Blanc persiste et signe. Peut-être bien une des formations hexagonales les plus passionnantes et les
plus originales de ces dernières années, nos trois Messins imposent d'emblée "Strak!" comme un nouveau
chapitre important dans leur escalade suicidaire sur la pente du grand n'importe quoi. La débordante énergie
que ce duo de bassiste et leur batteur parviennent à déployer est leur véritable moteur, la folie pure étant
depuis toujours leur seul fil rouge. Les amateurs d'absurdités dignes du Primus de la première heure vont se
régaler. Ceux qui ne jurent que par l'esprit punk aussi. Les quelques fanatiques de Magma et de Ruins non
dépourvus d'humour (heureusement il y en a) qui s'étaient rencontrés par hasard dans l'un ou l'autre concert
vont bientôt se rendre compte que l'influence de leurs groupes fétiches va bien au-delà des cercles fermés
dans lesquels ils évoluent d'habitude. Enfin, comme si ce n'était pas suffisant, rajoutez à cela l'esprit
iconoclaste et insaisissable de formations comme Devo et Mr.Bungle, et vous aurez un petit aperçu du potentiel
de ce super trio. Je vous avais déjà parlé de certaines de ces références autrefois, sans conséquences dirait-on
; elles sont plus que jamais d'actualité ici. Comme sur "Witz", l'aspect terriblement fun du Singe Blanc est une
donnée essentielle pour qui désire pénétrer dans leur univers en quadrichromie. L'esprit loufoque y règne donc
en maître et Le Singe Blanc de prouver ainsi à qui oserait encore en douter qu'il est possible de s'amuser tout
en faisant une musique complexe et barrée. Mieux ; c'est même vivement recommandé !
Note : 5/6
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NO RECESS : What a beautiful slum
Chronique réalisée par Progmonster
Cinq titres bien emballés, bien produits, bien promotionnés aussi ; voilà comment je pourrais résumer en
quelques mots tout ce qu'il y a à dire au sujet de ce "What A Beautiful Slum" que l'on doit à No Recess. Que
peuvent-ils bien attendre de moi ? Que peuvent-ils attendre de plus que ce qui a déjà été dit, écrit et entendu
partout où ils passent, jusqu'à emporter (mais avec les moyens dont ils disposent, le contraire eut été étonnant)
des concours radio qui, me semble-t-il, sont d'abord ouverts aux purs amateurs ? No Recess pratique un
grunge retro - eh oui, c'est fou ce que le temps passe vite - où l'écoute intensive de "Bleach" transpire tellement
que même un sourd pourrait s'en rendre compte. Un sourd oui. Mais pas le jury d'une radio publique dont plus
de la moitié ont des comptes à rendre aux grosses maisons de disques. Nous sommes en octobre 2006, et nos
quatre jeunes gens vivent des jours heureux, alignent les concerts, foutent l'ambiance le temps d'une soirée, en
speculant sur un avenir dont on devine tous l'issue. Il y aura bien un jour où on finira par se ranger et vivre une
vie de famille pépère, avec femme et enfants, se levant tôt le matin pour se rendre au boulot en costume trois
pièces dans une belle voiture de société. L'esprit rebelle dans tout ça ? Ah, parce que ça existe vraiment ? Moi,
je croyais qu'il fallait faire semblant. Pour tout alternatif qu'il soit, No Recess reste un produit de consommation
de masse ou, s'il ne l'est pas, cela ne les dérange pas de le devenir pour arriver à leur fin. Comme le sent bon
qu'on fout dans les chiottes pour couvrir l'odeur de merde, quand la cartouche sera vide, on n'aura plus qu'à la
remplacer pour se laisser à nouveau séduire par les dernières fragrances odorantes à la mode. Rock'n'roll
qu'ils disaient...
Note : 3/6
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PASSE MONTAGNE : Long play
Chronique réalisée par Progmonster
Le premier Passe Montagne a plus de titres que le dernier Chevreuil mais dure pourtant moins longtemps. Le
premier Passe Montagne a ceci de commun avec Chevreuil qu'il s'agit d'un groupe alternatif à vocation
instrumentale, qu'il est non seulement signé sur Ruminance mais qu'en plus son batteur, Julien Fernandez,
officie dans les deux formations. Autant de raisons en fin de compte qui font donc du premier Passe Montagne,
intitulé "Long Play", un album recommandable voire même, à bien des égards, bien plus captivant que le
dernier "Capoëira". Deux guitares cette fois, doublée d'une basse, et toujours cette batterie abstraite qui
semble mener la danse entre les mailles de titres courts (aucun ne dépasse les trois minutes) toujours
intenses, forts de déviations multiples. Passe Montagne sonne finalement encore plus Don Caballero que
Chevreuil ne l'a jamais été. Bref, y a pas à chier ; si vous êtes un indécrottable de la scène de Chicago (Shellac
et compagnie), "Long Play" pourra très difficilement vous décevoir. Si je fais plus court, c'est pas que je fatigue
niveau chronique ; mais y a encore une pile conséquente de disques promos qui attendent de se faire
descendre et je meurs d'impatience de pouvoir les satisfaire.
Note : 4/6
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PNEUMATIC HEAD COMPRESSOR : From Freddy to Lemmy
Chronique réalisée par Progmonster
Rien ne semble pouvoir faire infléchir la détermination des frères Masson. Faisant presque figure de vétéran
sur la scène alternative belge, Pneumatic Head Compressor, présent depuis 1994, a connu de nombreux
changements de line-up sans jamais avoir baissé les bras à la première déconvenue. Stabilisé tout un temps
dans une formule à trois, c'est en 2003 que le chanteur Suisse Jérôme décide de jeter l'éponge pour des
raisons personnelles. Régis et Christophe Masson, en tant qu'amateurs éclairés de rock indus, avaient déjà pris
le pli d'une utilisation intensive des machines. C'est pourquoi ce dernier coup de théâtre ne pouvait en rien
changer la ligne de conduite qu'ils s'étaient depuis longtemps fixés. Et voici donc que nous arrive en ce
millésime 2006 "From Freddy to Lemmy", monumental album d'une rare densité qui nous ramène aux plus
belles heures de Godflesh et Ministry. La programmation des boîtes à rythme est foutrement complexe ; et elles
se doivent de l'être puisqu'elles charpentent tout l'édifice à l'écriture tout aussi exigeante. Les riffs sont bien
lourds, secondés par une basse d'outre-tombe, les growls profonds et jamais ridicules - vous m'excuserez mais
d'habitude ça me fait rire - dignes en somme d'un White Zombie. En un mot comme en cent, vous prenez
pêle-mêle ce brassage d'influences remarquables et ces quelques caractéristiques d'ordre plus technique que
vous croisez avec l'ignoble faculté qu'on des groupes tels que Meshuggah ou Dillinger Escape Plan à ériger
des dédales à la bestialité plus mécanique que vraiment humaine, et vous obtiendrez une image plus ou moins
crédible de la puissance que peut dégager ce "From Freddy to Lemmy", parfois à la limite de la lobotomie. De
quoi en tout cas balayer le mauvais souvenir de "Rio Grande Blood".
Note : 4/6
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SEDIA : The even times
Chronique réalisée par Progmonster
Pour une obscure raison, j'avais fait l'impasse sur le premier album homonyme du trio italien Sedia. Non pas
qu'il fût mauvais ou indigne de figurer dans nos colonnes (la bonne blague) ; juste que je n'avais pas réussi à
lui trouver des qualités fondamentales. Pas assez en tout cas, si bien que j'avais préféré alors m'attarder sur
d'autres productions du label Wallace Records. Comme j'ai pu le dire pour le compte d'un autre magazine pour
lequel j'use aussi mes touches de clavier, "Sedia est un groupe énergique, oui, mais essentiel ?" Sur "The Even
Times", leur second effort publié en avril 2006, j'ai le sentiment que le groupe se laisse (enfin) aller à plus de
spontanéité. Les structures de leurs compositions gardent tout l'attrait des constructions mathématiques
chères au genre du même nom, mais Sedia semble nettement moins figé dans la crainte de ne jamais se laisser
emporter par leur nature fougueuse. Des débordements aux allures d'improvisations contrôlées, marchant sur
les plates bandes des regrettés A Minor Forest, avec une débauche de décibels bien juvénile. Sur la longueur,
les débuts trépidants de ce nouvel album des ex-From Hands tend à s'essoufler quelque peu. "Das Kabinett
Des Doktor Magistralisss" étant un des rares moments où Sedia varie les plaisirs, en jouant sur les dynamiques
et autres effets divers. Certains groupes n'ont besoin de vraiment rien d'autre pour faire la différence. Sedia, lui,
ne peut pas se contenter de cela s'il espère avoir un impact durable sur ceux qui les écoutent. Pouvoir captiver
l'auditeur et faire en sorte que celui-ci n'ait jamais envie de décrocher dépend d'une multitude de facteurs, et je
ne suis pas sûr que Sedia soit encore parvenu à tous les réunir.
Note : 3/6
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SHELVING : Mécanique sessions
Chronique réalisée par Progmonster
Et tout là-bas, dans le Jura, que se passe-t-il ? Eh bien, nos amis suisses de Forceed, Lest et XsTrack ont allié
leurs forces pour donner jour à Shelving et un premier disque de toute beauté, "Mécanique Sessions", nourri
au biberon de ce qui se fait de mieux dans le genre post rock qui tâche. Se réclamant plutôt de Fugazi ou de
Honey for Petzi, notre quatuor (devenu depuis trio), donne le sentiment d'en avoir peut-être appris encore plus
à l'écoute des meilleures réalisations de Mogwai et June of 44. La production est impeccable et permet de
savourer toutes les nuances d'un morceau comme "Oh Birdy", délicat mais tendu, sans doute la plage que je
préfère de ce tir groupé de neuf titres. Sur ce titre comme sur "Voltaire" ou encore "Boreal", Shelving privilégie
particulièrement les climats, faits de montées en puissance de toute beauté, sèches et précises, poignantes
aussi, fatalement. C'est là une option que le groupe privilégie désormais puisque réduit à trois. Les nouvelles
sessions studio prévues pour cette année devraient très rapidement pouvoir nous en dire plus sur l'évolution
de ce projet honteusement peu connu, certes pas révolutionnaire, mais terriblement solide ("Hunting Season",
meilleur morceau de Rush depuis plus de vingt ans ?) et dans lequel on éprouve toujours autant de plaisir à
s'abandonner.
Note : 4/6
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SOYSOY : Liquid
Chronique réalisée par Progmonster
Le monde de Soysoy se veut féérique, enchanteur. Si tout au long de "Liquid", premier album de la formation
belge, on peut y déceler très clairement le penchant de nos trois musiciens pour le côté le plus mystique des
musiques développées dans les cultures celtes ou slaves, le traîtement qui en est fait est plus à rapprocher des
Creatures que de Dead Can Dance. On pourrait même élargir le spectre de Soysoy au point d'y inclure Kate
Bush ou Collection d'Arnell-Andréa. Bien qu'évoluant dans leurs genres respectifs, tous ces artistes partagent
une sensibilité commune que l'on retrouve aussi chez Soysoy. Le couple Wiz (Franck Marchand) et Seesayle
(Cécile Gonay), quand ils marient leurs voix, font effectivement penser à Brendan Perry et Lisa Gerrard, moins
pour le timbre des voix que pour le choix des harmonies. Mais ce chant, quand il est assumé seul par Franck,
pourrait très bien plaire à celles et ceux sensibles aux moments les plus tendres de Porcupine Tree ou
Anekdoten ("Hide and Seek"). Le plus souvent, c'est tout de même Cécile qui tire la couverture, d'autant que la
belle joue aussi du violon, de quoi faire rendre les armes à n'importe quel âme esseulée. Curieusement, Soysoy
a exprimé son regret de ne pas avoir de batteur attitré. Ce sont pourtant les plages dépourvues de parties de
batterie - qu'elles soient programmées ou pas - qui demeurent les plus belles. À vrai dire, je ne pense pas que
le groupe en ait spécialement besoin, malgré sa volonté manifeste de tirer sa musique vers d'autres cieux que
ceux prévisibles d'une musique aux accents strictement folk dans laquelle ils se sentiraient peut-être à l'étroit.
Sur "Liquid", de belles choses en côtoient d'autres plus inutiles, affaire de goûts, mais dans l'ensemble ce
premier album a pour lui assez d'atouts que pour convertir sans trop d'efforts les vrais amateurs de heavenly
pop.
Note : 3/6
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TO-MERA : Transcendental
Chronique réalisée par Progmonster
Est-il nécessaire de vous rappeler quel est le pédigree du bassiste Lee Barrett ? Je suppose que non. Je vais
pourtant calmer tout de suite vos ardeurs ; point de grindcore ici. Le nouveau projet de l'ancien Extreme Noise
Terror réunit autour de lui une équipe de fines lames qui, de toute évidence, se sont fixés comme objectif
d'enfoncer toutes les portes du métal progressif le plus démonstratif. La chanteuse hongroise Julie Kiss vient
prêter main forte à ce conglomérat de grosses pointures, poussant l'art du contraste dans ses ultimes
retranchements. Le plus incroyable dans tout ça, c'est que "Transcendental" recèle son lot de pas si mauvaises
surprises. Bien entendu, To-Mera est ultra technique mais, pour une raison que je ne m'explique pas, je ne
parviens pas à les trouver suffisants ou opportunistes dans ce qu'ils font. Les enchaînements et autres
transitions radicales qui, tôt ou tard, se doivent de briser la continuité des morceaux ne me semblent pas
forcées (excepté peut-être les petits ponts jazz aux airs obligés qui interviennent sur deux ou trois titres). Bien
souvent, les titres se terminent en débauches de blasts bien plus radicaux que tout ce qu'a bien pu réaliser
Pain of Salvation jusqu'ici. Je ne me serais jamais imaginé écrire ça un jour, mais il est vrai que dans un tel
contexte, la voie de Julie Kiss, bien que fort plaisante, semble par moments complètement hors propos.
Autrement, ce disque m'oblige à une mise en perspective car je dois bien avouer qu'il me pose un véritable cas
de conscience. Le métal progressif n'est pas en odeur de sainteté sur Guts of Darkness, vous aurez pu le noter.
Si les portes du site restent closes pour des groupes comme Symphony X ou Dream Theater, c'est de manière
tout à fait préventive, afin de contenir le flot des innombrables et imbuvables copies carbones qui innondent les
pages des magazines papiers spécialisés. Curieusement, ça n'a jamais empêché des groupes métal prog
amateur de nous envoyer leur promo. Curieusement aussi, ça n'a jamais empêché mes collègues et néanmoins
amis de me les laisser, comme si personne ne voulait s'y coller... Il ne me reste d'autres choix que de faire de
To-Mera une des très rares exceptions qui confirment la règle.
Note : 4/6
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SCHULZE (Klaus) : Ballet 1
Chronique réalisée par Phaedream
Initialement paru sur étiquette Rainhorse, dans le coffret Contemporay Works, Ballet 1 est le 3ième cd à être ré
éditer, avec un remastering, sur étiquette SPV de ce célèbre coffret qui n’est plus disponible depuis fort
longtemps.
Qui dit Wolfgang Tiepold, dit échange d’accords entre synthé un violoncelle et c’est purement dans cet esprit
que débute Getting Near. Un titre dont le ballant rythmique tient sur le jeu synchronisé de Tieplod et des strates
symphoniques de Schulze. Un titre dans la plus pure des traditionnelles collaborations entre ses deux amis.
Slightly Touched démarre avec un cello pleureur, larmoyant sur un synthé mellotronné aux émotions
mélancoliques. Graduellement, le tempo prend un peu plus de profondeur, mais reste inlassablement soumis à
la tristesse et nostalgie du délire de Tiepold. Un bon titre, qui s’étire un peu trop. Agony est aussi affaire de
Wolfgang Tiepold. C’est une longue complainte de violoncelle sur un synthé obscur qui se cache derrière les
lamentations de Tiepold. Un long titre que je trouve particulièrement ennuyant.
Ballet 1 démontre l’attachement que Schulze a pour le classique et la musique de chambre. C’est une œuvre
pour violoncelle solitaire et nostalgique.
Ceux qui recherchent les longues envolées synthétiques du maître ou encore une œuvre classico-progressif
seront peut-être déçus. Selon moi, Schulze a voulu mettre son copain Wolfgang Tiepold en évidence, et ce
dernier le lui rend bien. Car au-delà de notre déception face à nos attentes, le violoncelliste laboure ses cordes
avec dextérité sur un Klaus Schulze assez effacé.
Note : 3/6
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OIL 10 : Beyond
Chronique réalisée par Marco
Après avoir exploré l'univers retro-futuriste d'un Blade Runner qui se déroulerait au coeur de Metropolis, Oil 10
exécute un crochet par la terre ferme, le temps de nous indiquer que dorénavant l'on pourra observer son
périple musical depuis l'observatoire qui trône impérieux face au soleil couchant. Et pour cause, "Beyond"
manifeste l'envie de son géniteur de décoller vers de nouvelles sphères, ce qu'il n'a par ailleurs cessé de faire à
chaque nouvelle réalisation. Mais "Beyond" s'impose véritablement comme une synthèse classieuse des
styles/thèmes abordés par Oil 10 jusqu'ici : une electro "vintage" digne des pionniers (Kraftwerk, Jean-Michel
Jarre) flirtant avec une techno hypnotique plutôt clubby mais jamais rébarbative ("Synchro 4 all", "X fleet") et
surtout une dimension cinématographique affirmée entre space opera et classique de la SF (l'épique et
tubesque "Grand illusion", "High adventure"). La teneur atmosphérique de ce "Beyond" est à vrai dire présente
dans chaque séquence et harmonique, entrelacs subtils de mélodies omniprésentes par les biais de boucles
variées (house/electronica, voire EBM) mais aussi et surtout de cet emblématique arpégiateur que les
amoureux de l'électronique analogique affectionnent particulièrement. En résulte un voyage par-delà les
constellations à la découvertes de paysages irréels et de peuplades pittoresques, voyage orchestré par un chef
de bord soucieux de laisser un souvenir impérissable aux passagers de son imperturbable vaisseau. N'oubliez
pas de prendre votre billet retour, vous risquez d'avoir beaucoup de souvenirs à partager.
Note : 5/6
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TANGERINE DREAM : Flashpoint
Chronique réalisée par Phaedream
Soyons honnête! Combien d’entre vous ont entendu Flashpoint? Combien connaît l’existence de cette trame
sonore? Pourtant Flashpoint est sans doute l’oeuvre des années 80 qui se rapproche le plus des atmosphères
des années 70. C’est tout un tour de force que Franke, Froese et Schmoelling ont réussi. Car après les froideurs
cybernétiques des géniaux White Eagle et Hyperborea, le Dream réussit à nous faire revivre l’époque
nostalgique des strates envahissantes et du mellotron sensible de Froese.
Going West, l’une des pièces les plus connues du répertoire de TD, ouvre Flashpoint avec des percussions
électroniques en boucles, soutenu par une belle basse vicieuse. Le synthé souffle une mélodie mellotronnée
aux souffles nostalgiques aigus. Plus rock que progressif Going West étonne par son approche rythmique.
D’ailleurs, c’est l’une des facettes de Flashpoint, avec des titres comme Going West, Lost in the Dunes,
Highway Patrol et Mad Cap Story, tout simplement sublime, TD exploite un style plus lourd et rythmé avec des
percussions électroniques, et séquentielles, hautement colorées. Mystery Tracks est un entre deux, une belle
petite ballade synthétique qui s’écoute confortablement bien, alors que Love Phantasy et Afternoon in the
Desert sont les seules pièces à ambiance atmosphérique sur Flashpoint, c’est tout dire. Et Afternoon in the
Desert fait une courte escapade pour trouver du rythme, avec des percussions lobotomisées et un synthé
mellotronné qui prend tout le contrôle. Planet Ride jouit de percussions lourdes sur des strates synthétiques
obscures et un gros séquenceur menaçant qui finit par exploser, comme dans Poland. Un titre qui va vraiment
avec l’atmosphère désertique de Flashpoint et qui a dû servir de base à Near Dark. Dirty Cross Roads est un
autre titre coulé dans le même moule, mais avec une coche supérieure au niveau de l’intensité.
Comme on peut voir, Flashpoint regorge de petits bijoux méconnus. Et le drame c’est qu’il risque de le
demeurer, car à qui sont les droits? Est c’est un des problèmes de TD. À force d’éparpiller ses œuvres chez
différents distributeurs, qui a les droits sur quoi? Car au niveau des trames sonores, Tangerine Dream possède
une panoplie de bandes encore inédites qui, j’en suis certains, pourraient donner lieu à des ré éditions gonflé à
bloc avec des inédits explosifs. Un peu comme fait Schulze avec Revisited Records. Mais il y a un petit quelque
chose qui me dit qu’Edgar n’a pas tout dévoilé son jeu. Attendez quelques années, Edgar est comme la
fourmi…et la cigale!! Tiens, tiens…
Note : 5/6
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PADILLA MURPHY : Phantasma
Chronique réalisée par Phaedream
Phantasma est le 3ième titre issu d’une collaboration Murphy Padilla. Et, comme sur Planetary Elements 1 & 2,
le duo de synthésiste américain nous offre un opus ambiant, avec quelques passages séquencés où les
rythmes sont contrôlés, afin de maintenir cette ambiance profondément flottante et atmosphérique. Et c’est
dans une tranquillité absolue que débute Shadowed Transistion. À la croisée des mouvements sereins de Steve
Roach et Michael Stearns, Shadowed Transistion flotte sur de belles couches synthétiques
multidimensionnelles, aux tonalités subtilement évolutives. Un cosmos dense et profond, qui donne le goût de
s’y bercer, et qui se fond dans Eternal Path où un beau mouvement séquentiel émerge d’un lointain
bourdonnement. De fines boucles encerclent le titre avec une douceur minimaliste, sur de superbes strates
synthétiques orchestrales. La séquence se subdivise pour échapper des notes qui ondulent mélodieusement,
enrichissant davantage Eternal Path. Sleepwalking et A Midnight Muse épousent les mêmes structures que
deux premiers titres. Illusions est un long titre atmosphérique aux couleurs d’un cosmos sombre. Un long
mouvement statique qui évolue parmi des effets sonores galactiques et analogues et ses synthés sobres qui se
poursuit jusque dans les limbes dramatique de la pièce titre, qui poursuit le mouvement atonique avant de
secouer son séquenceur vers la 12ième minute. Et la secousse est plus dense que mouvante. De lourdes
strates qui s’embourbent dans une ambiance sombre et inerte, sans faire de vagues ni rythmé Phantasma. Un
titre lourd, à l’image de l’opus entier.
Sur le guide de presse, on vante ce cd comme étant du rétro Berlin School, séquencé. Je ne sais pas sur quoi
les relationnistes se basent pour affirmer une telle chose, mais c’est comme prendre les clients pour des
pigeons. Le seul élément séquencé de Phantasma est… atonique.
Ceux qui aiment la musique planante intense et sombre seront aux petits oiseaux avec ce nouvel effort de
Padilla Murphy. Ceux qui s’attendent à des mouvements séquencés à la Berlin School devront écouter ailleurs!
Phantasma est un opus tranquille, qui ne révolutionne pas le genre. Le duo Américain niche dans le confort
d’un style qu’il maintient, sans chercher à aller plus loin, depuis ses touts débuts. Un cd creux, qui a moins de
charme que Planetary Elements, mais qui s’écoute agréablement bien, par un beau dimanche pluvieux.
Note : 4/6
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THE EXPLOITED : Horror epics
Chronique réalisée par Twilight
Cette opinion est totalement subjective mais j'aime 'Horror Epics' parce qu'il constitue un excellent complément
à 'Death before dishonour', musicalement parlant. The Exploited me semblent, en ce milieu des 80's, libérer un
potentiel de plus en plus certain par rapport au chaos sonore des débuts. Certes, leur style reste violent et
colérique mais il est mieux maîtrisé d'un point de vue mélodique. Croyez-le ou non mais pour ma part, je trouve
cette rage bien plus efficace dans des morceaux comme 'Horror Epics' ou 'No more idols' que dans des pièces
rapides et violentes comme 'Maggie'. Pourquoi ? A cause de la noirceur inquiétante que dégagent ces
chansons, que ce soit dans la batterie roulante comme une cavalcade de 'Horror epics', les guitares puissantes
et lourdes de 'No more idols' ou sifflantes de 'Down below'. A ce moment-là vraiment, la violence des Exploited
me touche, d'autant plus que cet album est bourré d'énergie. La basse roule comme une percussion, la batterie
éclate en breaks, roulements de tout poil, les guitares ont un son vaguement étouffé, très sombre, quant à
Wattie Buchan, son chant rauque et colérique colle parfaitement à ces atmosphères, impression renforcée par
quelques effets d'échos. Certes, les schémas sont basiques mais d'une efficacité tranchante, de par une
production correcte, prouvant que la véritable violence n'est pas toujours celle issue du chaos total même si
nous ne l'oublions pas...4,5/6
Note : 4/6
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CHEJU : As the leaves turn
Chronique réalisée par Marco
C'est avec le single MP3 "Closed circuit" que l'on fait connaissance avec CHEjU, projet atatchant mené par Will
Bolton. Inspiré en grande partie (et jusque dans son nom, une île au large de la Corée) par la culture asiatique,
Bolton y fait allusion autant dans ses mélodies orientalisantes que par l'apport de voix féminines ("Dragon head
rock") qui ajoutent à la dimension onirique de cette electronica atmosphérique, douce et mélancolique, proche
d'une ambient spatiale des plus touchantes ("Sometimes", titre typique du style CHEjU). "As the leaves turn"
offre un aperçu plus que satisfaisant du talent de l'anglais pour créer des mondes à part, une sorte de "fantasy"
musicale qui trouvera sa place à quelle que saison que ce soit. Une musique qui dépasse les frontières et le
temps en somme, prenante et surtout vivante !
Note : 4/6
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CHEJU : A year apart
Chronique réalisée par Marco
"A year apart" fait suite au sympathique "As the leaves turn" paru l'année précédente et au ep "Glow worms"
qui se composait d'un unique titre. C'est à aprtir de ce ep que l'anglais va faire preuve d'une productivité assez
impressionnante que la grande activité des netlabels favorise à coup sûr, mais dont la qualité est encore plus
remarquable. Pas de grands bouleversements dans l'electronica de CHEjU, un mélange de rythme nonchalants
entre trip-hop et electro-ambient, de mélodies toujours minutieusement développées. Un petit côté rétro
s'insinue sur "Blots" qui casse légèrement l'aspect éthéré propre à CHEjU. Pas le meilleur de l'anglais, la
recette étant assez similaire à "As the leaves turn", mais suffisamment porteuse du sceau de Bolton pour s'y
arrêter.
Note : 4/6
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BONE IDOL : The Triumph of Entropy
Chronique réalisée par Phaedream
Bone Idol est totalement inconnu. Une nouveauté intrigante sur catalogue Synth Music Direct. Pour prolonger
l’effet de secret, il n’y a aucun nom sur la pochette, excepté celui du graphisme. Seulement que des têtes de
squelettes sur un fond noir. Et, selon le très enthousiasme, ainsi que propriétaire de SMD, Dave Law, il s’agirait
d’un des cd de l’année 2006. Qu’en est-il au juste? Je l’ai écouté pour vous en faire un fidèle portrait.
Un doux souffle synthétique lance Descent Into The Abyss. Flottante, la courte intro est prise d’assaut par un
puissant séquenceur qui étend son rythme pulsateur martelant. Un bon rythme infernal, assaisonné d’effets
spéciaux dans la note, amenant une identité lugubre. Le mouvement se calme, embrassant sa douceur originale
qui glane avec un bel effet flûté sur une macabre marche feutrée et parsemée de coups de percussions. Bien
que lourde, l’atmosphère flotte ponctuée de couches synthétiques enveloppantes, de lamentations électriques
d’une six-cordes égarée et de notes d’un clavier épars. Un beau moment doux qui s’étend jusqu’à une forme de
comptine ou de berceuse. Une berceuse du diable qui s’éteint avec les yeux et les craintes d’un chérubin oublié
sur le bord de ses cauchemars. Un peu comme son titre l’indique, Deep Breathing est une séance de
respiration lourde. Sur un lourd synthé flottant, toujours imbibé d’ambiance cornue, les voix traînent et les
lamentations synthétiques pulsent au travers d’un épais brouillard, qui laisse filtrer un ricanement peu invitant.
Des voix paniquent, derrière des lamentations d’une guitare aussi flottante qu’un synthé qui développe de
belles strates mélodieuses, ouvrant la voie à un rythme plus cristallin qui s’amène en lent crescendo, tintillant
sous les coups de percussions et de basses à pulsations déviantes. Une belle finale, tout ce qu’il y a de plus
sombre. Un mélange de Redshift et Mark Shreeve. Un titre à effets très réussis.
L’Intro de la pièce titre baigne dans une ambiance lascive. De petites pulsations d’un bass drum anime le
tempo, enjoint par une guitare et de superbes strates synthétiques qui évoluent avec souplesse, sur des
accords bouclés d’une guitare aguichante. Subtilement, la tonalité se modifie pour embrasser une sphère fort
mélodieuse, à la sensibilité inattendue. Un superbe passage qui s’anime avec de beaux solos de synthé et des
percussions métalliques claquantes, fortifiant une atmosphère aux odeurs de souffre, qui s’amplifie avec
l’arrivée de chœurs charmeurs qui restreint la progression du rythme. De fines riffs ré animent ce tempo
vacillant, qui intensifie son ascension avec de belles ondes synthétiques enveloppantes. Graduellement, le
tempo prend plus de force, sans pour autant exploser, avec la panoplie d’accords, d’instruments et de chœurs
qui s’y greffe. Ascent From The Abyss est une courte pièce à la structure plus atmosphérique, malgré les
mouvements incitatifs aux rythmes que l’on retrouve partout sur l’opus et une belle progression, en crescendo,
laissant entrevoir une perspective très harmonieuse. Un court résumé, ou une introduction à une prochaine
œuvre? Une belle façon de clore un excellent cd.
Quoique fort excité par son nouveau poulain, il faut donner raison à David Law. Sans être l’album de l’année,
The Triumph of Entropy de Bone Idol se doit de figurer dans la liste privilégiée des Top 10. Un album cinglant,
avec du rythme lourd et pesant. Un croisement entre Jean Michel Jarre et Mark Shreeve avec un soupçon de
Redshift. Avec une telle combinaison, impossible de rater le tir. Il y a de bons moments qui font sourciller et qui
étonnent, signe d’un opus bien fignolé avec de bons effets. Disponible en ligne, sur le site de SMD
(http://www.synthmusicdirect.com/03entrop.cfm) , vous avez même la possibilité d’y télécharger gratuitement,
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lorsque vous achetez The Triumph of Entropy, un premier opus de Bone Idol qui regroupe des titres écrits entre
1993 et 2004. Un opus qui dépasse, et de loin, d’autres titres parus cette année. Bone Idol, un nom à retenir
pour amateur de MÉ ‘’punchy‘’ et vivante.
Note : 5/6
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HYPOTHERMIA : Svarta Nyanser Av Ljus
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Fort d'une pelletée de demos et de trois albums qui vont sortir de manière plus ou moins rapprochée,
Hypothermia fait petit à petit son trou. La demo chroniquée ici est un peu particulière car elle est composée
d'un seul long morceau et parue dans la série Passions du label belge Antihumanism Records (par ailleurs
organisateur du tout premier concert d'Hypothermia, le 30 septembre dernier à Liège). Hypothermia est un
groupe suédois de black metal minimaliste, monotone et négatif. Je préfère négatif à l'adjectif dépressif trop
utilisé pour des groupes comme Xasthur qui me semblent beaucoup plus vivants que le groupe en question. Un
titre de près de 20 minutes compose donc cette demo.On commence avec des bruits ambient inquiétants en
introduction puis Hypothermia présente ensuite tout simplement ce qu'il sait faire: une musique lente,
hypnotique et volontairement sous-produite (ce qui sera moins criant sur les albums), ce qui à mes yeux, ajoute
une réelle touche d'authenticité et de dépouillement. Les vocaux sont extrêmement éraillés, K. pète parfois
même les plombs, tournant vers quelque chose de difficilement supportable. Hypothermia joue avant tout sur
l'ambiance, un pari réussi puisque sa création vous rentre dans le lard aussi bien que les groupes qui blast
beat à fond la caisse. C'est moins direct mais bien plus efficace sur le long terme. Hypothermia sortira son
premier album "Veins" dans les jours qui viennent en coproduction entre Insikt et Konklav Records ainsi que
son deuxième album intitulé "Köld" au mois de novembre/décembre sur Those Opposed Records (promo
inside). A noter que cette demo spéciale originellement limitée à 50 copies sera rééditée prochainement à 150
copies par le même label. Ne ratez pas l'occasion de vous la procurer cette fois-ci. Hypothermia est la
glorification de la négativité, tout simplement: 4.5 / 6 .
Note : 4/6
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KLANGWELT : XOIO
Chronique réalisée par Phaedream
XOIO est une icône abstraite qui signifie la façon, les séquences et les sons qui composent la musique de
Klangwelt.
J’ai entendu et j’ai écouté avant d’écrire cette chronique. Parce que trop beau, je ne voulais pas faire de
déclarations incendiaires, sous le coup du charme, style; c’est le cd de l’année. Certes, c’est l’un des beaux cd
que j’ai entendu, toute catégories confondues, depuis fort longtemps. La dernière fois que j’ai eu le coup de
foudre pour un opus de ce genre, c’était le fabuleux Signal to the Stars de Callisto.
Okzident démarre XOIO avec des effets vocaux très étonnants qui forment une symbiose parfaite avec le
mouvement musical qui s’installe. Tout de suite, Klangwelt défini son axe créateur avec des effets sonores qui
se fondent en souplesse sur les accords et les rythmes. Des pulsations circulaires résonnent avec délicatesse,
pavant la voie à une belle ligne de basse et de discrètes percussions qui forment la rythmique principale d’un
titre léger qui trouve son charme sur une sonorité du Moyen Orient, avec ses chœurs, ses strates synthétiques
et un tempo suave aux effluves arabesques. Un très beau titre avec un bon rythme entraînant, des percussions
fort ingénieuses et un superbe jeu de synthé mellotronné, qui parfois sonne comme un beau vieil accordéon.
Sublime… un titre accrocheur qui part ce nouvel opus de Klangwelt en rythme et harmonie, tout comme Spirits
d’ailleurs et les vocalises à la Jon Anderson.
XOIO, la pièce titre possède un rythme plus entraînant. Sous de bonnes strates synthétiques enveloppantes, le
tempo souffle un beat ‘’dance’’ avec une bonne basse, une batterie plus martelante et des cymbales qui font
‘’tchiketi’’, sur des effets sonores pulsatrices denses. Encore là, et d’ailleurs c’est tout au long de l’opus, les
synthés sont intensément enveloppants, les percussions sont géniales et soulèvent constamment
l’étonnement. XOIO est un titre très entraînant aux tendances ‘’dance’, comme No Response et son beat techno
où les mains claquent au rythme des fouets électroniques qui percutent l’ambiance de danse.
Fun-Fair est une superbe ballade avec de beaux arrangements qui donnent l’impression que nous sommes
vraiment dans un carrousel. Le rythme est sobre et fluide avec une ligne mélodieuse qui accroche aisément.
Tout à fait génial. L’intro de Bed of Clouds est à fendre l’âme, tant elle est teintée de douceur mélancolique. Un
titre flottant avec un superbe synthé aux saveurs d’un saxe solitaire qui hurle sa peine avec passion et émotion
sur des voix d’outre espace. Un beau moment tendresse qui se poursuit avec River (for Alina), un titre à la
Vangelis. Une ballade qui augmente en rythme et intensité sur des percussions vaporeuses et de beaux
arrangements, tout comme La Bella et Fade Away.
XOIO est sans contredit un incontournable. Un opus mélodieux, plein de rythme et d’éléments accrocheurs qui
surprend, tant par l’ingéniosité que leurs effets. On ne peut ne pas aimer, tant les styles se recoupent. À la
croisée entre une MÉ moderne, tribal et la New Berlin School, Klangwelt nous offre un cd qui réveille nos sens
et qui séduit par sa beauté, sa profondeur, sa sensibilité et son audace. J’ai aimé d’un bout à l’autre. Disponible
chez www.sphericmusic.com.
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Note : 5/6
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SKY OF YUGGOTH : Transmissions from the chtonic depths
Chronique réalisée par Marco
Avec un nom aussi évocateur, il serait difficile d'imaginer que Sky Of Yuggoth soit originaire de Malte. La bio
nous précise que J[K] est par ailleurs le seul à donner dans le domaine ambient et indus (avec également des
explorations black metal et trance !), ce qui est déjà beaucoup moins surprenant. Toujours est-il que sonder les
profondeurs chtoniennes, d'où que l'on soit, résulte systématiquement de découvertes dont on se serait passé.
Inspiré donc par les écrits de Lovecraft et particulièrement par ses "Fungi de Yuggoth", le maltais dépeint un
univers extra-terrestre (Yuggoth figurant Pluton) où se téléscopent mouvements telluriques et atmosphères
industrielles. Bruits metalliques étirés à l'envi, infra-basses affables et liées en d'interminables litanies
infernales, le microscosme illustré ici est tout sauf hospitalier. On imagine aisément les visions les plus
dérangées des sonnets de Lovecraft (du moins les plus axés "horreur"), et l'effet est assez saisissant à fort
volume. Une chute abyssale monolithique qui offre peu d'espace à l'évasion mais dont le rendu plus qu'honnête
s'avère très intéressant. Il manque juste un peu de variété à l'ensemble (Lustmord est quand même bien
présent) pour que l'impact soit total. A suivre !
Note : 4/6
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SATOR ABSENTIA : Exis time
Chronique réalisée par Marco
Le parcours de Cédric Codognet est exemplaire à plus d'un titre. Discret, toujours soucieux de marquer chaque
réalisation du sceau d'une identité propre et surtout imprévisible, le français a toujours laissé libre court à
l'expérimentation la plus spontanée, sans pour autant l'abandonner aux sacro-saints canons des musiques
atmosphériques. En quittant Asmorod (autre entité essentielle) à la suite du premier album, il crée Sator
Absentia (en fait une continuité d'un projet pré-Asmorod nommé Taliesin's Bards Order), et "Mercurian
orgasms" est édité, encore marqué par les schémas dark-ambient initiés par Asmorod, mais déjà habité par ce
violon typique aux tons quasi-maléfiques. L'évolution qui amène à "Exis time", quatrième livraison officielle (le
précédent "Sublimation of vacuity" était une album téléchargeable désormais indisponible) suit une logique
rituelle conforme à la philosophie du projet (alchimie, distortion du temps, mythes ancients, décadence) mais
encore une fois présenté de manière surprenante. Les boucles électroniques abondent, introduisant un transe
chamanique dès "Logos", et l'on s'approche au fur et à mesure de l'esprit des travaux rituels des belges de
Hybryds. De ces longues plages ambient émaillées de sons métalliques, de basses et de cordes démoniaques
s'élèvent par instants des choeurs et incantations d'un autre temps, d'une autre dimension. Le temps n'a plus
de prise alors que l'on sombre dans ce tourbillon d'images et d'échos anciens, tantôt secoué par des
séquences rythmiques intelligentes tantôt ralenti par des passages éthérés tout aussi hypnotisant. Un album
atypique dans le parcours de Sator Absentia et qui tout simplement nous sort du morne ordinaire.
Note : 5/6
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KNUTSEN (Roy-Arne) : Old boat house
Chronique réalisée par Marco
Court ep que ce "Old boat house", mais d'une telle présence et beauté qu'il se suffit à lui-même. Une beauté
cristalline qui forcément trouve ses racines dans l'oeuvre d'un Biosphere, mais qui s'émancipe de celle-ci par
un aspect plus éthéré et un propos plus personnel. Roy-Arne Knutsen image avec clarté et onirisme les
souvenirs de ce vieil abri à bateaux occupés par ses grands-parents et sa mère. Un lieu presque isolé du
quotidien trivial, l'endroit se situant à plusieurs heures de marche d'une première échoppe. On peut aisément
entrevoir la vie contemplative et les regards jetés au loin sur l'horizon lointain et ses promesses de voyage. Une
ambient très pure, quelques choeurs enfouis sous les clapotis des remous aquatiques, une lumière hésitante
entre éclat et estompement. Trois compositions évocatrices d'un moment, d'un lieu, en toute simplicité et avec
un résultat attachant et d'une très grande beauté.
Note : 5/6
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TYR : Ragnarok
Chronique réalisée par Nicko
Je vous l'avais bien dit qu'il fallait compter sur les féroïens de Tyr ! Après deux albums sortis sur le label
national principal du pays, les voilà signés sur le label autrichiens Napalm Records. Ces derniers s'étaient
d'ailleurs empressés de sortir leur précédent opus, l'excellent "Eric the Red" plus tôt cette année. Voici donc le
p'tit dernier du quatuor de viking metal. Oui, viking ! C'est le mot juste ici. Plus que jamais Tyr joue du metal
viking ; viking, mais avec une base résolument heavy metal (sans pour autant être un clone de Bathory période
"Hammerheart"). Toute l'évolution de la formation vient de là. A leurs début, sur "How far to Asgaard", la
musique proposée était du heavy metal un peu progressif et assez moderne mais qui manquait cruellement
d'originalité (ainsi que d'influence viking). Puis, de plus en plus, ces références viking se sont multipliées, avec
plus de choeurs, des mélodies tirées de chansons du folklore traditionnel féroïen, des paroles de plus en plus
écrites dans leur langue natale. Tout cela est intégré de façon admirable à leur base heavy metal traditionnel,
donnant par la même toute son originalité et son identité à la musique de Tyr. Sur cet album, ce qui est marrant,
c'est d'avoir avant quasiment chaque "véritable" morceau, une petite intro traditionnelle (le plus souvent
acoustique) ajoutant une touche pittoresque supplémentaire ! Après, il faut bien l'avouer, l'évolution depuis
"Eric the Red" (déjà bien encré dans leurs influences viking) est mince. On retrouve le même type de riff, à peu
près la même production, bref, plus ou moins le même style général. Et c'est véritablement le seul point faible
de l'album. Parce que pour le reste, les compos sont bien ficelées, elles sont épiques et recherchées. Les
chœurs viking rendent très bien. On peut juste regretter le léger manque de puissance du chanteur, mais son
timbre de voix se marie bien avec le reste de la musique et il fait parti intégrante du son 'Tyr'. Donc celui qui va
découvrir le groupe avec cet album devrait y trouver son compte facilement (en partant du principal qu'il aime
le viking metal !), par contre, celui qui connaît déjà (et qui apprécie !) le précédent album "Eric the Red", il
pourrait être un peu déçu au premier abord par la similarité, mais après quelques écoutes, on se rend compte
facilement de la richesse et de la réussite de ce "Ragnarok". En effet, ici, le groupe a véritablement trouvé sa
voix et son identité propre. Tyr confirme donc avec ce nouvel album tout le bien qu'on pensait de lui après leur
deuxième album. Un bon album de heavy metal... viking ! Hail Thor !
Note : 4/6
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RICH (Robert) : Electric Ladder
Chronique réalisée par Phaedream
Je n’ai jamais été trop friand de la sonorité ‘’landscapes’’ de Robert Rich et de ses compatriotes de même
acabit. J’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose d’abstrait, ou d’incomplet, au travers ses œuvres.
C’est donc avec une forme de paresse mentale que j’ai écouté son dernier cd, qu’un ami m’a prêté avec
insistance, me disant que je devrais l’aimer. Et il ne s’est trompé qu’à moitié. La pièce titre est époustouflante.
Après une intro très atmosphérique, un superbe tempo minimaliste en boucle séquentielle déploie un tempo
minimaliste sur des complaintes de la ‘’steel guitar’’. L’atmosphère est sublime avec les tablas qui accélèrent la
cadence sur un rythme souple qui se moule parfaitement avec l’atmosphère obsessionnelle des ondulations de
la guitare. Une atmosphère tribale envoûtante à laquelle Rich a mis beaucoup de chaleur. Et c’est la force
d’Electric Ladder. L’opus défile en mode minimaliste, embrassant les inspirations d’un Roach et les
mouvements séquentiels de Philip Glass. Rien de nouveau vous allez me dire. Mais pas tout a fait. Electric
Ladder renoue avec la chaleur et la sensibilité des mouvements minimalistes vifs qui ont fait sa renommée.
Mais on sent que l’opus prend une tournure plus ‘’landscapes’’, à la saveur des longues plaines désertiques
Texanes, lorsqu’ Electric Ladder se fond dans le suave Shadowline. Un beau titre qui se colle à cette même
structure répétitive, mais avec un tempo plus doux, une tonalité plus claire et un synthé plus enveloppant.
Toujours dans la force d’un minimalisme hypnotique, Poppy Fields défile avec originalité, lorsque les sonorités
acoustiques d’un accordéon frôlent nos tympans.
Sombre, Sky Tunnel saisit avec la grosse basse de Paul Henson. Un titre plus obscur et plus agité. Un
croisement entre Steve Roach et Philip Glass. Concentric continue le parcours tribal nerveux aux essences
sonores de Steve Roach, qui s’atténue sur Aquifer et Never Alone, deux titres forts ambiants aux sombres
reflets soporifiques. Le charme de Electric Ladder est la sensibilité des lamentations de la ‘’steel guitar’’ dans
un monde d’atmosphères aux effluves d’une musique tribal minimaliste. J’ai bien aimé ce dernier opus de
Robert Rich, surtout les deux premiers titres qui caressent les ambiances d’une Berlin School. Robert Rich
consolide son emprise sur son style bien particulier en offrant harmonie et sensibilité sur des passages
ambiants, teintés d’un minimalisme mélodieux. Une agréable surprise qui plaira aux amateurs de Robert Rich,
de même que les fanas de la MÉ, Berlin School. Une œuvre musicale poétique,
Note : 4/6
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HERBERT : Scale
Chronique réalisée par dariev stands
Ce disque, on l'attendait depuis longtemps de la part de Herbert. Plus que la synthèse de ces précédents
travaux, il constitue l'aboutissement de toutes ses recherches à ce jour. Le groove d'"Around the house", la
soul et le chant suave de "Bodily Functions", l'ambiance jazz de "Goodbye swingtime", le travail dadaïste sur
les sons de "Plat du jour", le tout réuni en une seule galette. On compte même quelques résidus de basses
sub-aquatiques de "100lbs" ça et là (la ligne de basse du tubesque "The movers & the shakers"). Et la bonne
nouvelle, c'est qu'il n'y a nullement besoin d'avoir écouté les disques précités pour apprécier celui-là. Non,
puisque notre habituel savant fou à tête de russe n'a gardé que les meilleurs éléments de chaque lp pour
confectionner "Scale". Je dirais même plus : si vous ne connaissez pas encore le bonhomme, commencez par
là. Voici son album le plus accessible, le plus pop, le plus mélodique ! Et pourtant l'un des plus expérimentaux.
Exemple : pour son enregistrement, Matthew Herbert, alchimiste sonore devant l'éternel, a demandé à son
batteur de jouer dans des endroits "inhabituels", afin d'obtenir une acoustique différente (ou plus
vraisemblablement pour "voir ce que ça fait", expérimenter, tester, innover) : au fond d’une mine, à bord d’une
mongolfière, dans un break lancé à 160 km/h... Mais ce n'est pas tout. La frénésie de sampling de l'anglais a
repris son cours. Il continue donc d'utiliser sur tout le disque des sons bruitistes provenant d'objets aussi
divers qu'une pince à linge, un toucan, une pompe à essence ou encore un jeu PS2. Soyons clairs, on ne
discerne rien de tout ça à l'écoute, tant tout coule de source. Les 635 objets nécessaires à la création de l'album
sont donc exposés dans le livret et sur la pochette, incluant tous les instruments - et il y en a pléthore - et le
matériel (la jaquette représente en fait divers cables audio enroulés). L’avant-dernière piste, « Just Once », a été
concue avec des sons envoyés par des fans, excepté pour la voix. Tout cela pour un disque de pop, finalement.
Certainement pas electro et encore moins house, lorgnant par contre souvent sur le disco avec des cordes
luxueuses à la Abba ou Boney M. Les 4 premiers morceaux sont autant de tueries comme Prince n’en fait plus.
De la pop donc, ambitieuse, aventureuse, avec un big band planqué sous des arrangements stratosphériques
(l'aérien "We're In Love"). 14 jazzmen pour être exact, ainsi qu’un orchestre de chambre de 23 personnes… Et
toujours cette production parfaite, cette atmosphère jazzy super classieuse, cet entrelacs de cuivres et de voix
souvent sur le fil de la justesse... Tout est donc minutieusement calibré, millimétré. Les sons "sauvages"
capturés dans la nature sont domptés, coupés, compressés, trafiqués, et calibrés pour apparaître dans un
ordre bien précis, au service d'un fastueux cirque pop dont Herbert serait le Monsieur Loyal et Dani Siciliano la
gracieuse trapéziste en justaucorps à paillettes. Gracile, dédaigneuse, elle passe à travers des cercles de feu,
doit parfois se contorsionner pour se frayer un chemin parmi les sons étrangers ("Moving like a train"), et pour
finir, s’adapter à toute vitesse aux changements de tempos et de mélodies incessants (« Harmonise »), qui font
toute la richesse de « Scale ». On pense à Peaches sur "Down", à M.I.A. ou Ms Dynamite sur le refrain de
"Movie Star". Miss Siciliano est parfois accompagnée de discrets vocalistes masculins, Neil Thomas et Dave
Okumu (de Jade Fox), qui tiennent le filet sous les acrobaties vocales de la demoiselle, comme dans une
comédie musicale; improbable allusion lorsqu'on connaît les premiers travaux d'Herbert... La dernière chanson
est une courte outro jazz, Herbert seul au piano savourant sa réussite... Sans doute épuisé (on imagine le
travail colossal pour mettre au point un tel puzzle) mais heureux. Du lourd.
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Note : 6/6
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CDATAKILL : Valentine
Chronique réalisée par Marco
Une légère vague de changement dans l'univers de Cdatakill. Les visuels "Art Nouveau" qui ornent
délicieusement le packaging évoque une sensualité et une poésie plutôt inhabituelle dans un registre electro
comme celui-ci. Le contenu de "Valentine" en est d'autant plus contrasté qu'il se joue finalement des références
affichées par les visuels. Les onze compositions proposées ici retracent cependant une ensemble hétéroclite
au centre duquel la rythmique se développe et mute vers une lourdeur quasi trip-hop, aux frontière du tribal.
Drum'n'bass alambiquée, breakcore énergique ou séquences en apesanteur, "Valentine" se pare de nappes et
de mélodies presques éthérées, comme baigné dans une absinthe des plus pures. Ces sons cotonneux se
dessinent du début à la fin de l'album, régulièrement accompagnées de choeurs fantômatiques de sirènes
tentatrices. Un disque assez atypique car jamais stable, rarement agressif au regard des travaux précédents de
Zak Roberts mais pas complètement rassérenant pour que l'on puisse se fier aux muses perverties qui
l'habitent.
Note : 4/6
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EL-KA : Galactic Sequences
Chronique réalisée par Phaedream
EL-KA, pour le L de Liese et le K de Kooper, est un duo Allemand qui privilégie une approche électronique des
années 70. Fortement influencé par les sombres mellotron de TD, à l’époque de Phaedra et Strartosphere,
EL-KA s’est forgé une réputation enviable de bouches à oreilles, grâce à son site et ses concerts. La maison
Syngate propose et distribue la 1ière œuvre de El-KA, Galactic Sequences, enregistré en concert en Avril de
cette année.
Yetis Dream est une longue introduction atmosphérique avec de faibles pulsations, des chœurs sobres et de
belles strates synthétiques fuyantes et sombres aux odeurs des années de gloire, aux mellotrons denses et
riches, pour nous amener à la pièce maîtresse; Galactic Sequences. Structuré en 3 morceaux, Galactic
Sequences poursuit avec de lourds accords qui résonnent dans une ambiance plus animée qui souffle la vie
sur des harmonies vivantes, aux effluves analogue des années Thierry Fervant. Très belle intro qui débouche
sur une séquence de notes hypnotiques qui serpente un mouvement linéaire, avant de subir l’emprise d’un
synthé statique qui débloque sur un passage à la TD avec des lignes de Stratosphere. Un bon rappel du temps
qui fait bon entendre. Les percussions robotiques animent la rythmique de Galactic Sequence sur des effets
vaporeux, alors que les clins d’œil de à Stratosphere continuent de pleuvoir sur des synthés aux ondes
symphoniques à la TD. Un drôle d’effet, car ce titre culte prend des aises d’hymne indien avec les percussions
monotones et répétitives. Par contre, le mellotron flûté est tout simplement sublime et l’exploration des
séquences galactiques se poursuit avec Frozen Water Canyon et son synthé lourd, flottant ainsi que ce
superbe mellotron aux douces harmonies reposantes, sur des souffles aux arômes de flûte d’une douceur
exquise enrobée de belles strates riches. Master of the Universe renoue avec la séquence d’ouverture et un
mouvement de notes linéaires qui arpente une structure plus dramatique sur un rythme robotique et les
inlassables percussions pulsatives. Un superbe titre rétro qui s’éteint, sous des applaudissements nourris,
dans les limbes d’un mellotron aux chœurs solitaires et tristes.
Relaxing Under Revolving Stars est un court titre ambiant qui démontre que le mellotron et les soufflés
analogues des années 70, n’ont plus de secrets pour EL-KA.
J’ai adoré ce premier disque de EL-KA. C’est un gentil retour aux sources. Un voyage dans le temps qu’il fait
bon se payer. Histoire de rêver et de revivre la nostalgie des souffles harmonieux des mellotrons de Baumann
et Froese. Le seul point négatif est le mixage. On y entend trop de gens tousser. Un peu comme un
enregistrement pirate, depuis l’audience, que les fans de TD se mettent sous les oreilles depuis des lunes.
Est-ce voulu pour recréer la vraie époque? Si c’est le cas, c’est un petit coup de génie.
Afin d’avoir une meilleure idée de la richesse musicale de EL-KA, je vous encourage à visiter leur site web. Il y a
plusieurs titres disponibles en téléchargement gratuit, dont quelques extraits de ce concert.
Note : 5/6
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DETRITUS : Thresholds
Chronique réalisée par Marco
Un an après le superbe "Origin" avec lequel Detritus affirmait véritablement une sensibilité mélodique, l'anglais
poursuit son périple avec ce "Thresholds" court mais efficace. Si la nature plus "posée" de Detritus est
maintenue (piano, séquences symphoniques), l'aspect cinématographique est ici réintégré dans une approche
plus directe: les rythmiques breakbeat s'emballent un peu plus sans nuire à la cohérence des arrangements
("U(s)") et reprennent un peu de la vigueur industrielle qui caractérisait "Endogenous" ("Fragments"). La
production en est d'ailleurs révélatrice, plus brute que celle de "Origin" sans en avoir oublié les subtilités. Une
progression tout en finesse, qui honore bien entendu Detritus et confirme à l'évidence sa place parmi les
projets les plus inspirés et jouissifs à l'heure actuelle.
Note : 4/6
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DRUMCORPS : Grist
Chronique réalisée par Marco
Wooosh ! Voilà une déflagration à souffler les implants capillaires les plus tenaces ! L'américain Aaron Spectre
(ça c'est du pseudo!), résidant à Berlin depuis peu, met a profit sa formation de batteur et fonde Grimcorps,
hommage à la Bong-Ra au punk et au metal furieux (death, grind et assimilés) en plus efficace ! Imaginer des
beats complètement schizo, partant dans tous les sens et suivant les structures rythmiques du grindcore sur
fond de gros riffs bien gras samplés et joués. Une voix d'écorché vif qui lorgne du côté screamo et hardcore et
surtout une folie incontrôlée (en apparence) qui ne s'interrompt que très rarement ("Worse", seul répit réel) sur
les 34 minutes de ce "Grist" halluciné. "Power violence" est le maître-mot accompagné de ses séides
"Agression", "Epilepsie" et "Neurones en veilleuse". Rendez-vous à l'HP est pris et en attendant...
THAAAAAAASSSSH !
Note : 4/6
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SONIC YOUTH : Experimental, trash, jet set & no star
Chronique réalisée par dariev stands
Les Sonic Youth sont des créatures piquantes, extrêmement cultivées, dotées d’un humour féroce et acerbe,
qu’ils cachent sous un sérieux monacal arty qui pourrait faire gloser. Ils sont aussi prudents et sibyllins. En
1994, craignant de se voir mis en boîte par l’industrie du disque au rayon godfathers du grunge, ils
s’échappèrent de leur bulle de disto pour aller chasser sur des territoires inconnus. Point de lo-fi, de hardcore,
ou de coups de crosse à la Pavement, les voilà lancés sur les traces du jazz anguleux et de la pop. Mais alors,
une pop à l’envers. Alors que le suicide de Kurt Cubain entraîne tout le rock américain dans une chute qui
semble ne jamais avoir fini, la clique à Lee Ranaldo délaisse la niche confortable créée par Goo et Dirty,
refusant d’usiner une rébellion sous vide pour une génération qui écoutait les Guns quand « Daydream Nation
» est sorti. Morcelé, en retrait, difforme, « Experimental… » est leur dixième disque, le premier pour lequel il
n’ont pas tourné, ainsi qu’un objet bien étrange. C’est la première fois qu’ils font machine arrière… Tous leurs
albums précédents se rapprochaient d’un noise-rock mâtiné de pop spectrale. Et paradoxalement, c’est la seule
fois où ils montrent leur gueules sur la pochette… Peut-être pour sous-entendre : "ceci est notre white album"
? (après le whitey album !) Peut-être pour mieux illustrer le titre ? Interprétation courante : Lee Ranaldo c’est
l’Experimental, Kim Gordon la Jet Set, Thurston Moore le Trash et Steve Shelley le No Star. On peut également
prendre l'énumération du titre comme une mise en garde pour dissuader l'amateur de musique formatée
d'acheter le disque... Les Sonic Youth souhaitaient réaliser ici ce que Nirvana n'a pas réussi avec In Utero : un
retour à l'underground. Mission Accomplie. Si le single "Bull In The Heather" sera lancé en grande pompe un
peu partout, propulsant le disque dans le top 10 anglais, (ironie du sort : aucun effet sur la gratte, refrain
batterie + voix) ce sera le seul de l'album. Plus personne n'ira essayer de les promouvoir nouvelles idoles
jetables, c'est promis. Dorénavant le groupe avance en formation dispersée, chacun bricolant des chansons
dans son coin, un peu comme les beatles de l'album blanc (tiens, tiens). La maturité approche. Le reste est une
collection de courtes pop-songs ébouriffées, aigres, du genre elles viennent de se lever et elles ronchonnent. Si
une quelconque routine s’installe, un quelconque confort mélodique, alors la chanson implose ou s’écrabouille
prématurément dans un gratouillis de feedback. La plupart des morceaux sonnent comme des défouloirs après
la tournée Dirty… Joués live, sans préméditation. Et pourtant le lancinant « Skink » et le désopilant « Screaming
Skull » que Cobain aurait adoré (sorte de boutade envers leur ancien label SST, légende de la scène indé
ricaine, par un Thurston Moore qui imite les gémissements de Kim Gordon) sont parmi leurs meilleurs
morceaux : désinvoltes, habités par une guitare serpentine qui s’esbaut sur tout le disque avec économie et
réussite (Tokyo Eye, ou la guitare n’apparaît que pour un solo génial). On sent le groupe mal à l’aise, cherchant
à s’extirper du format couplet/refrain, à renier son talent mélodique. Une réinvention s’impose. Elle se fera tout
naturellement par la suite. Mais ce superbe moment de transition que fut ETJANS (eh oui) restera dans les
mémoires.
Note : 5/6
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COMPILATION DIVERS : Shrine
Chronique réalisée par Marco
Du bon old school qui tâche ça vous tente ? A peine le temps de s'y préparer avec le spoken word introductif
de Jarboe que l'agression commence avec Paul Lemos (Controlled Bleeding) heureusement "allégée"par une
structure rythmique répétitive mais qui évite l'enlisement. Ce qu'omettront plus loin Grey Wolves avec
"Fragmentation", leur boucle unique manipulée avec force s'avère inintéressante et indigne d'eux. Une
atmosphère plus "éthérée" avec Skullflower, sorte de mix Godflesh/Cable Regime, ces derniers offrant une très
bonne version live d'un rock indus lourd et lancinant, comme Playground plus loin sur l'excellent "Conception".
On retrouve avec surprise Justin Broadrick (Godflesh entre autres) et son projet minimaliste Final, qui ici ne
brille pas par l'inspiration mais arrive malgré tout à créer un univers sonore assez bizarre, ainsi que Techno
Animal, le seul projet véritablement atmosphérique de cette compilation. Hétéroclite et de fait assez
surprenante, une excellente compilation que je vous recommande dans votre quête incessante d'incongruités
musicales.
Note : 4/6
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COMPILATION DIVERS : 40 wings
Chronique réalisée par Marco
Qu'il est loin le temps où Ant-Zen ne laissait pas encore le boum-boum bruitiste envahir son catalogue ! Encore
qu'il faut reconnaître que Stefan Alt semble s'être orienté vers des univers un peu plus inspiré ces dernières
années. Ce "40 wings" reste malgré tout une des rares incursions du label dans la dark-ambient indus et
rituelle, mais la qualité valant mieux que la quantité, peut-être est-ce aussi bien. nappes profondes et
sentencieuses (Mercantan), percussions et invocations (Chöd), sensation d'impériosité (Stupor), célébrations
de créatures menaçante (Hybryds, Ah Cama-Sotz), bref rien n'est épargné lorsqu'il s'agit de créer des climats et
des topographies mythologiques. L'objet est de plus superbe, sobre mais efficace dans son rendu. Une pièce
de collection désormais, mais qui vaut le détour.
Note : 5/6
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SPEARHEAD : Deathless steel command
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Groupe anglais relativement inconnu, Spearhead sort son premier album en format cassette chez le label
québecois Tour de Garde dans un premier temps puis en version cd chez le label irlandais Invictus
Productions. Le groupe de la perfide Albion officie dans un death metal travaillé et pas bêtement bourrin de A à
Z, agrémenté de vocaux blacks et de quelques passages thrashy. Spearhead a choisi d'aborder des thèmes
comme la guerre ("Operation Overlord", "Deathless steel command", "Nuclear imperator") ou l'opposition à la
religion ("Destroying the law of Jahweh") plutôt que le gore sanguinolent qui personnellement ne m'intéresse
pas du tout, question de goût. Le groupe fait preuve d'une belle virulence avec une musique tantôt bien
bourrine ("Deathless steel command", "Dominion") avec un son de caisse claire assez particulier lors des blast
beats ce qui pourra en gêner certains, tantôt plus aérée et efficace ("Operation Overlord", "Destroying the law
of Jahweh"). Dans les passages les plus violents, Spearhead me fait parfois penser à une version death metal
du groupe belge Enthroned, notamment avec la voix qui n'est pas très éloignée de celle de Shabathan. On
notera également un soin particulier apporté à l'artwork qui est selon moi bien réussi. Malgré un son de caisse
claire lors des passages très speedés qui peut taper sur les nerfs, j'en conviens (je m'y suis fait mais au début
ca gâche presque le plaisir), "Deathless steel command" est un fier assaut de death metal direct et agressif
agrémenté de quelques touches black metal.
Note : 4/6
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DERNIERE VOLONTE : Obéir et mourir
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Paru en 1998 à l'initiative de La Nouvelle Alliance en format double cassette, le premier enregistrement
discographique de Dernière Volonté s'intitule "Obéir et mourir". En 2005, le label français Nuit et Brouillard
réédite le matériel sous deux cds dans une jolie boîte rigide accompagnée de cartes postales. On perçoit ici un
Dernière Volonté qui en est à ses balbutiements, une musique très sombre, un côté sans doute renforcée par la
production rugueuse et amateur qui n'est pas dénuée de charme par ailleurs. Une musique moins mélodique
que sur les albums qui suivront, plus industrielle dans l'âme et plus dure. L'oeuvre se compose de deux cds de
quatorze titres chacun pour un total de près de 2H et 20 minutes. Dans le premier chapitre, on remarque un
lugubre "Le travail rend libre", un "Roma" rythmé et un sinistre "La croix sacrée". La musique de Dernière
Volonté se compose de longues nappes de synthé froides et mécaniques, plutôt lentes pour un résultat
d'inspiration guerrière accompagnées de beats et de passages de discours. Je dois avouer ma préférence pour
le second chapitre plus efficace dans son ensemble, avec notamment "Un matin d'automne" qui préfigure déjà
ce que deviendra le projet par la suite, un fier "PPF", un "Radiophone" assez proche de "Le feu sacré", l'album
qui suivra, un "Berlin" dans la même lignée et une belle outro avec "...V...". Dernière Volonté évoluera par la
suite vers une musique plus construite et plus musicale également. Cependant, redécouvrir les origines du
projet à travers ce double cd à l'aspect soigné est intéressant, voire indispensable pour les fans du Dernière
Volonté actuel. Il faut également préciser au regard de certains titres ou l'utilisation de certains discours que, je
cite, "Obéir et mourir n'est que l'illustration d'observations d'une période passée" et " ne se veut d'aucune
tendance politique, extrémiste ou révisionniste". Une bonne entrée en matière pour cette création musicale aux
tons définitivement hors de l’époque.
Note : 4/6
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KYLA : Glory of negativity
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Kyla est l'autre incarnation musicale de K. du groupe suédois Hypothermia. Finalement, il n'y a pas de
différence fondamentale entre les deux projets si ce n'est que la musique de Kyla est plus saturée encore et
plus monotone avec moins de vocaux également. Alors même si les albums de Hypothermia qui vont paraitre
sous peu s'annoncent tous supérieurs à ce premier album de Kyla, sorti en 2004 sur le label américain Northern
Sky Productions, il n'en reste pas moins que ce "Glory of negativity" est un assaut destabilisant de black metal
d'une noirceur totale plongé dans une monotonie et un dénuement presque monacales dans leur orthodoxisme.
Les guitares sont sur-saturées, ce qui sur l'ensemble de l'album donne un mur de son assez agréable et qui
témoigne d'une belle homogénéïté, la boîte à rythmes est plutôt en retrait et les vocaux (qui ne sont pas légion)
sont déchirés et agonisés dans le plus pur style Hypothermia. L'album contient quelques très bons titres,
notamment le long "Insignificance" très représentatif de l'oeuvre complète, "Beyond nothing part II" et le
meilleur pour la fin, dommage qu'il ne soit pas plus long, avec "Desolation" et son riff glacé foncièrement
mélancolique (qui n'est en fait qu'une version presque similaire de l'intro du disque, la boucle est bouclée). Le
côté sur-saturé de l'album et la monotonie qui s'en dégage en déconcertera probablement certains, peut-être
même beaucoup mais à mes yeux, ce "Glory of negativity", premier album de Kyla, est un bon album, peut-être
pas assez travaillé par endroits mais brut et authentique, ça c'est certain. Kyla-Hypothermia: même combat à
peu de choses près, la négativité en musique.
Note : 4/6
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JARRE (Jean-Michel) : Les Chants magnétiques
Chronique réalisée par Phaedream
Trois méga succès en ligne. Il y a peu d’artistes qui sont capable d’en faire autant, surtout à un niveau créatif
aussi élevé. Après Oxygene et Equinoxe, Jean Michel Jarre répète l’exploit avec l’œuvre progressive la plus
éclatante de sa carrière. Sans avoir la prestance commerciale de ses deux premiers opus, Magnetic Fields/Les
Chants Magnétiques est tout aussi sublime. En ce qui me concerne, c’est l’œuvre la plus complete et la plus
mature à date. Elle marque un tournant dans la carrière du synthésiste Français, car il est l'un des premiers à
utiliser massivement la technique de l'échantillonnage, pavant la voie aux folies synthétiques de Zoolook et
enrichissant les prestances scéniques des concerts de Jarre.
Les Chants Magnétiques 1 démarrent sur une superbe envolée séquentielle qui suit sa trace dans l’écho de ses
boucles. Ce tourbillon de notes mélodieuses marquera l’histoire de Jean Michel Jarre car il servira d’intro à
plusieurs émissions de météo locales, bulletins de nouvelles, jingles télévisés et la célèbre série américaine
Bare Essence, en 1982-1983. Après cet intro, le rythme s’anime sur une belle ligne de basse et des strates
synthétiques pénétrantes qui virevoltent dans une atmosphère vertigineuse où les chutes de synthés abondent
et les cadences alternent entre la frénésie des mouvements saccadés et mélodieux. Vers la 6ième minute, un
calme dramatique s’installe où Jarre nous présente son nouveau jouet, l’échantillonneur Fairlight. Derrière les
coussins synthétiques flottants, les bruits de toutes sortes (Voix, contrebasse, réacteur, etc…) habillent
l’atmosphère d’une texture sonore riche et innovatrice. Un superbe passage qui nous conduit vers un tempo
encre plus saccadé vers la 11ième minute, où de superbes solos de synthé s’entrecroisent en harmonie. Un
grand moment dans la MÉ.
Avec ses claquements de mains et son rythme effréné Les Chants Magnétiques II deviendra un des classiques
de Jarre. Suave et énergique, les solos sont en symbiose avec la rythmique, soutenue par de bonnes
percussions, une bonne basse et des accords nerveux qui se fondent sur les rails d’un titre avant de tomber
dans les bras obscurs de la partie III. Un titre hautement atmosphérique qui ouvre la magistrale partie IV. Un
hymne électronique à la douceur, à la tendresse. Une mélodie accrocheuse sur des agencements synthétiques
suaves qui traversent la peau pour en réveiller la racine de nos émotions. Un superbe titre où l’échantillonnage
est superbement étonnant sur des percussions claquantes et vaporeuses, à la Jarre. Les Chants Magnétiques V
ferme sur une autre samba rumba qui a fait l’étrangeté des monuments cosmiques d’Oxygene et Equinoxe.
Les Chants Magnétiques est un superbe opus. Une œuvre totale, à cause des échantillonnages qui ajoutent une
dimension encore plus surréaliste à une œuvre qui surpasse déjà les limites de l’imaginaire. Un indispensable.
Note : 5/6
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JARRE (Jean-Michel) : Zoolook
Chronique réalisée par Phaedream
Avec Zoolook, Jean Michel Jarre transcendait le merveilleux monde de la MÉ, pour faire la démonstration que
son potentiel exponentiel était toujours à l’état foétal. Plus qu’avant-gardiste, l’utilisation des échantillonnages
dépassait l’originalité pour faire plus à l’ébahissement général. Même son père, célère compositeur de musique
de film aux odeurs classiques, en fut sidéré. Afin de réalisé sa fresque sonore expérimentale, Jarre multiplia les
collages de différentes voix humaines, enregistrées au travers ses nombreux voyages au quatre coins de la
planète. Et, pour humaniser cette musique, Jarre s’entoure d’un band et casse sa coquille pour faire émerger
une nouvelle folie musicale qui l’entraînera dans des grands concerts à grandes échelles où des millions de
yeux, d’oreilles seront à jamais marqués par ce bizarroïde Français.
Les premières notes d’Ethnicolor me porte aux nues. Des sons de mammouth se promènent parmi des voix
difformes d’un dialecte synthétique, auxquels la superbe voix de Laurie Anderson apaise l’inquiétude. Flottant
et moulant, le premier mouvement circule parmi ses effets vocaux ainsi que des percussions éparses et des
ondes synthétiques sinueuses qui arquent l’atmosphère de stries sonores multicolores. La basse ronfle et
crescende sur des voix hoquetantes, des strates synthétiques menaçantes et des effets bourdonnants. Et la
batterie casse le rythme avec force sur un tempo saccadé, nerveux et nourrie par une basse infâme. Pris dans
un tourbillon, ces éléments sont aspirés et recraché avec un rythme fougueux aux effets sonores et vocaux
incontestablement délirants qu’une immense strate englobe avec harmonie. Un chef d’œuvre. Point d’autres à
rajouter. Ethnicolor vaut le prix de la discographie de Jarre.
Diva, sorti des sessions de Musique pour Supermarché, tout comme Blah Blah Café d’ailleurs, débute sur une
intro atmosphérique. Un lent passage où les effets vocaux, mélangées aux exclamations enfantines de Laurie
Anderson, sont d’un charme intriguant. Un léger tempo, saccadé par les coups de basse, s’installe. Un tempo
simplet mais animé d’un jeu de voix et de percussions qui maintiennent un intérêt croissant. Un titre pour une
Diva avant-gardiste, qui sied parfaitement à Laurie Anderson.
Zooloook est infernal. Un titre bouillant qui respire la vie, la transe. Un titre, à saveur techno progressive, qui
sera remixé sans limite. La section rythmique est hallucinante, et jouer à plein volume fait décaper la peinture
des murs. Zoolookologie est de même acabit. Plus claire, et les voix plus présentes, c’est l’élément commercial
de cet opus. À noter le superbe jeu percussions/basse. Blah-Blah Café est un autre titre entraînant avec de
grosses notes grasses, croisant les effluves d’un sax enrhumé et d’un synthé débonnaire. Les arrangements et
échantillonnages sont géniaux, tant qu’on ne sait même pas si ce ne serait pas les synthés qui parlent.
Wooloomooloo, et Ethnicolor II sont de courtes pièces où les atmosphères croisent des ambiances bigarrées
par les effets vocaux et les échantillonnages déments.
Zoolook est un chef d’œuvre d’audace. Après 3 albums aux déviances atmosphériques entraînantes et
mélodieuses, Jean Michel Jarre tire le cordon et innove un nouveau genre, et des suites en mouillera, car c’est
une naissance d’un techno plus intelligent et plus progressif qui s’annonce…quelques années plus tard. C’est
évident que les fans de la première heure furent déçus. Moi-même j’ai flippé d’étonnement quand j’ai entendu
les rythmes dansants de Diva, 2ième partie, Zoolook, Zoolookologie et Blah Blah Café. Mais, Jarre n’est pas un
nul. Les effets sonores sont si craints d’ingéniosité et si performants sur un système hi-fi que l’écoute en était
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une obligation. Et la dépendance s’ensuivit. Un coup de génie, point à la ligne.
Note : 6/6
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COMPILATION DIVERS : Full metal garage : The songs that drove Metallica
Chronique réalisée par Nicko
Il fallait bien qu'ils sortent ce genre de compilation... Après toutes les reprises que Metallica a enregistré
années après années par l'intermédiaire des différents "Garage days re-re-re-re-...-visited", "Garage Inc." ou
faces-B, une compilation des versions originales de ces titres pourraient intéresser les fans des Four
Horsemen. C'est donc l'objet de ce double-CD réalisé par Burke Shelley, chanteur de Budgie. Au programme,
au départ c'est pas trop dur, on a le "Garage Inc." (sortie en 1998) en V.O.. Pas trop la peine de s'éterniser sur
les origines des groupes choisis, cela a été fait 100 sur les albums dédiés de Metallica. Il y a du connu et du
moins connu... J'ai souvent trouvé que les reprises de Metallica des années 80 étaient bonnes, mais que celle
des années 90 n'étaient vraiment pas top. Et je dois dire que cette compilation confirme mon constat. Le disque
I reprend le premier disque du "Garage Inc." (sans le "Turn the page" de Bob Seger). Là-dedans, il y a deux
classes, les groupes dont les versions sont meilleures que celles de Metallica (Black Sabbath, Mercyful Fate,
Thin Lizzy et Lynyrd Skynyrd - dans une moindre mesure Blue Öyster Cult) et le reste... qui sont du même
niveau (c'est-à-dire vraiment pas géniales !). Pour ces derniers, j'ai été extrêmement surpris et déçu par la
pauvreté des morceaux, la palme revenant à Discharge. Sur le deuxième CD, les choses s'améliorent. Ca
commence très bien avec les morceaux d'origine qui ont donné le fameux "$5.98 E.P. garage days re-revisited"
(sans les deux titres des Misfits) et même si dans l'ensemble les versions de Metallica sont meilleures,
"Helpless" et "The small hours" m'ont convaincu avec une atmosphère dantesque (surtout pour le deuxième
morceau !). Les titres du "Garage days revisited" ("Blitzkrieg" et "Am I evil ?") ainsi que "Breadfan" m'ont aussi
bien étonné par leur puissance et leur énergie. Les solos d'"Am I evil ?" sont fabuleux je trouve ! Par la suite, ça
se gâte méchamment et à part les jouissifs "Overkill" et "Too late, too late" de Motörhead (seuls rescapés du
"Motörheadache") ainsi que l'illustre "So what", la deuxième partie du CD est plutôt médiocre. D'ailleurs, je ne
comprends pas la présence des deux titres de Savage ainsi que celui de jaguar (après, Metallica les a peut-être
repris, mais je ne sais pas où ??). Aussi, on ne peut que déplorer l'absence de l'excellent "Stone cold crazy" de
Queen. Au final, même si la qualité de cette compilation s'avère inégal, les fans du groupe à Hetfield et Ulrich
pourront connaître les influences de leurs idoles. Et puis si ça peut permettre à certains de découvrir Black
Sabbath avec un "Sabbra cadabra" non amputé de son magnifique pont, ça sera toujours ça de gagné !!!
Note : 3/6
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ZORN (John) : Pool
Chronique réalisée par Nicko
Dans la série John Zorn fait chier, voici "Pool", deuxième album de la fameuse collection des Parachute Years.
Vous vous souvenez peut-être de ma chronique de "Hockey" où il y avait un minimum de fun. Ben là, nada !
C'est du bruitage non stop sur 50 minutes. Alors peut-être que ce genre d'expérimentations a pu aider le jeune
Zorn au début de sa carrière pour créer son univers et assembler différentes techniques de
jeu/composition/interprétation, mais là, à écouter, c'est l'horreur. C'est le plus souvent sans queue ni tête avec
du gratouillage abstrait de cordes, des sons d'origines diverses. L'ambiance générale est plutôt calme, limite
feutrée par moment, avec des bribes de sons par-ci par-là, des bruits divers et variés pouvant être stridents et
exaspérants ou tout simplement doux, du jeu de saxo style caneton, bref, du grand n'importe quoi. Je ne
discute pas la démarche. c'est juste que le rendu est totalement foiré !
Note : 1/6
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BANDE ORIGINALE DE FILM : Cannibal Holocaust
Chronique réalisée par Nicko
Cannibal Holocaust... Voilà un film culte, l'un des plus insoutenables réalisé. Rarement on aura vu un film aller
aussi loin, d'ailleurs, le réalisateur, Ruggero Deodato, sera même poursuivi par la justice de son pays au début
des années 80 ! Pour illustrer musicalement ce film, Riz Ortolani a écrit une bande originale très variée et
totalement encrée dans une atmosphère 70's. On a à la fois une petite mélodie douce et enjouée (avec guitare
sèche et flûte !), parfaite pour créer un climat de confiance et aussi pour faire contraste avec l'horreur des
scènes de torture et de viol. A côté de ça, on a toute une gamme de morceaux à tendance electro ( de l'époque,
donc forcément bien cheap !), allié à un orchestre symphonique, le tout rendant une atmosphère inquiétante et
synthétique (?). Au milieu de tout ça, l'italien nous a concocté quelques morceaux limite disco et fun ! Parfois,
on a même l'impression d'avoir la musique d'un vieux film érotique pourri de l'époque !! Assez déconcertant,
mais au final, ça correspond bien à cette période et à l'état d'esprit des jeunes aventuriers. Alors bien sûr, rien
ne vaut le visionnage du film (très réussi), mais même sans images, cette BO s'écoute simplement et avec
plaisir. Une bonne idée en tout cas de la part de Killjoy (Necrophagia) de re-sortir cette BO sur l'un de ses
labels.
Note : 4/6
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REVEREND BIZARRE : Thulsa doom
Chronique réalisée par Nicko
Ne nous voilons pas la face, les travaux les plus récents de Reverend Bizarre furent décevants. Faut dire que
les finlandais avaient fait fort avec leur premier album "Inthe rectory of the Bizarre Reverend" et leur EP de 74
minutes (!) "Harbinger of metal". En 2006, le trio nous sort ce 45 tours avec au programme 2 titres. Alors je ne
sais pas si c'est dû au manque de génie, de variété ou d'évolution, ou que tout simplement je suis blasé par le
style récurrent, mais je ne peux m'empêcher de trouver ces morceaux mauvais ! "The tree of suffering" est
semblable à une lente marche sur fond de heavy/doom pré-machée sans génie ni inspiration. "The children of
doom" est quant à lui légèrement plus intéressant avec un très bon chant, limite incantatoire (proche sur
certains points d'un chant gothique d'ailleurs). Mais hélas, au milieu du morceau, on retombe dans les travers
du premier titre avec un retour aux rythmiques saccadées déjà entendues 100 fois. C'est d'autant plus
dommage qu'il y avait de quoi faire un titre très sombre et macabre et qui aurait donné une possibilité
d'évolution intéressante à l'avenir. Un EP décevant donc de la part d'un groupe qui a véritablement du mal à
évoluer.
Note : 2/6
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PHANTOM ROCKERS : On the loose
Chronique réalisée par Twilight
On connaissait déjà une sorte de squelettes, ceux avec un iroquois osseux planté sur le crâne, tout droit sortis
de l'icônographie Exploited. On découvre à présent qu'il y en a d'autres mais avec une banane cette fois...Alors
? Phantom Rockers, une version psychobilly des Exploited ? C'est peut-être un brin réducteur mais il est clair
que leur musique dépotte pas mal; on navigue dans des rivages pas si éloignés du punk. D'un autre côté, pas
trop de saturation non plus, les vocaux, bien que rocailleux restent mélodiques. Pareil pour le son, les attaques
de guitare sont musclées, les tempi rapides mais celà n'empêche pas nos spectres de savoir varier les
atmosphères (le côté rockabilly de la bonne reprise du 'King rocker' de Generation X, les cuivres mexicains de
l'excellent 'Gunfight of El Paso'...). Bref, voilà du bon psychobilly qui ne révolutionnera certes pas le genre mais
qui confirme la vitalité du style à l'heure actuelle. Nos lascars se paient même le luxe d'une surprenante et
réussie adaptation psychobilly du 'You spin me round' des Dead or Alive, à déguster sans modération !
Note : 4/6
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BLACK LABEL SOCIETY : The blessed hellride
Chronique réalisée par Nicko
C'est reparti comme chaque année ! Un nouvel album de Black Label Society sort dans les bacs tous les
printemps sans discontinuer depuis leurs débuts en 1998. Et comme pour les précédents opus, ce cru 2003
nous apporte notre dose annuelle de gros riffs Zakk-Wyldiens, lourds et harmonisés. Je me souviens qu'à sa
sortie, j'avais écouté en boucle ce "Blessed hellride", faut dire que pour mettre la pêche, "Stoned and drunk"
n'est pas le moins énergique. Mais avec le temps, il n'y a pas grand chose à retenir de cet album. Encore très
marqué par les attentats des deux tours, Zakk (qui joue tous les instruments sur cet album à part la batterie)
nous a composé un album encore très sombre et très dur. Dur dans le message, dans l'artwork du livret et dur
musicalement aussi, un peu à l'image de "1919 * eternal", le précédent opus, mais là où ce dernier était inspiré,
ce nouveau disque sent le réchauffé à plein nez, malgré le feeling présent, inhérent au jeu de guitare de Zakk. Et
ce ne sont pas les solos toujours fabuleux ou la présence d'Ozzy Osbourne sur "Stillborn" qui vont changer le
constat, ce quatrième album studio de Black Label Society reste un ton en dessous et manque d'accroche sur
la durée. Il faudrait selon moi un changement dans la musique du groupe pour que cela cesse de tourner en
rond.
Note : 3/6
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ZORN (John) : New traditions in east Asian bar bands
Chronique réalisée par Nicko
"Bonjour ! Entrez, n'ayez pas peur. Ne soyez pas timide. Nous avons tout ce dont vous avez besoin à l'intérieur.
Vous avez très certainement eu une journée très éprouvante aujourd'hui. Asseyez-vous, mettez-vous à l'aise.
Nous allons très bien nous occuper de vous. Voulez-vous quelque chose à boire avant que la première hôtesse
ne soit disponible pour le début des soins ?" Après cette petite introduction, le décor est planté. Sur cet album
de John Zorn, le mot d'ordre est relaxation. Tout au long de ces trois longues pièces, comme trois types de
massages différents, nous voyageons au travers de délices orientaux ancestraux. Pour ce faire, Zorn a choisi le
même schéma pour chacune des pièces, à savoir des duos agrémentés de paroles orientales douces récitées
(en chinois, coréen et vietnamien) par des demoiselles tout aussi douces. La première partie se veut une entrée
en matière relativement calme, très bluesy, à la Neil Young, avec un duo de guitares, tantôt posées (pour un
massage tout en volupté), tantôt aventureuses (pour agrémenter le massage de quelques surprises locales...),
le tout baignant dans une atmosphère très feutrée et sereine. Pour la suite, pas la peine de faire un dessin. Le
deuxième morceau est un duo de batterie/percussions, toujours avec des paroles récitées par une demoiselle.
La rythmique est saccadée et (forcément) percutante, vigoureuse. L'atmosphère est donc plus énergique et
puissante, pour un résultat revigorant et tonifiant ! La dernière partie est un peu plus pesante, elle consiste en
un duo de claviers très très classieux et calme avec une voix qui susurre, qui chuchote, qui murmure à l'oreille
de... l'auditeur (!) de douces odes orientales. Cette pièce est très longue (plus d'une demi-heure), tout en
tension retenue, soyeuse, donnant une impression de sérénité (comme seuls les orientales en sont capables, à
la limite de la méditation !) et de limpidité, comme si tout coulait de source, avec toujours cette sensation de
chaleur moite et humide, entre calme et volupté. bref, voilà donc un album dédiée au repos. Et pour moi, son
seul défaut se situe au niveau de la durée. Les pièces sont vraiment très très longues. Après, je ne sais pas,
mais il est fort probable qu'en charmante compagnie, l'écoute du CD soit plus appropriée et le résultat probant
(ajoutant donc peut-être un point à la note finale). N'ayant pas pu tester cette configuration à l'heure actuelle, je
ne pourrais me prononcer...
Note : 4/6
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IRON BUTTERFLY : In-a-gadda-da-vida
Chronique réalisée par Nicko
Avec Iron Butterfly, bienvenue dans le monde psychédélique du flower-power dans toute sa splendeur !
Honnêtement, si je me retrouve là en 2006 à vous parler de cet album, c'est juste parce que les anglais ont
pondu le fameux morceau, de plus d'un quart d'heure, "In-a-gadda-da-vida" qui donne son nom à l'album. Pour
la petite histoire, ce nom (à coucher dehors, on est d'accord !) vient de l'expression "In the garden of Eden"
(dans le jardin d'Eden pour les non-anglophones) dite après une bonne cuite (essayez, vous comprendrez !).
Bref, ce morceau de rock/folk psyché contient un riff qui tue (mais vraiment !) et tout au long de ce titre, on a
une succession de solos en tout genre, de parties plus ou moins free style, autour de ce riff. Bien entendu, il a
été repris un nombre de fois incalculable ce qui a contribué à la notoriété du quatuor (faut dire qu'à part ça, il
n'y a rien qu e l'histoire ait retenu !), notamment par les thrasheurs californiens de Slayer. Pour finir avec ce
morceau, et pour bien vous montrer le poids de celui-ci, ma version de cet album comporte en bonus une
version live (pareil, la bonne quinzaine de minutes) ainsi qu'une version single (bah forcément ! Ils ont pas
epsné à une version spéciale à siffloter sous la douche non plus ??!!), ce qui fait que ce seul morceau
correspond à plus des deux tiers de la durée du CD !! Rien que ça ! Pour le reste de l'album (oui, car il y a
quand même 5 autres morceaux), on a affaire à du folk/rock plus soft, plutôt conventionnel et typique de
l'époque, dont les principales influences sont les Doors avec ce même synthé si reconnaissable, ainsi que
Deep Purple Mk I avec un chant ressemblant comme deux gouttes d'eau à celui de Rod Evans. En y ajoutant
une touche du premier Pink Floyd, on obtient Iron Butterfly. Ce n'est pas mauvais, c'est juste basique et sans
originalité. Et s'il n'y avait pas eu le morceau titre, il est bien évident qu'on n'aurait jamais retenu le nom du
papillon de fer au début du 21ème siècle !
Note : 3/6
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GHOSTING : Disguised in black
Chronique réalisée par Twilight
Il aura fallu le temps, il aura fallu la drogue, la plongée dans la scène trance, puis le retour à la musique dark, il
aura fallu près de 10 ans pour que Ghosting acouche finalement d'un album réussi et adulte. Il y avait bien eu
'L'Etat c'est moi' mais qui témoignait surtout d'une grande rage. Avec ce 'Disguised in black' et aussi incroyable
que celà puisse paraître, Sascha Tayefeh parvient à tirer le meilleur de toutes ses expériences passées, tant au
sein de la scène gothique que des soirées goa. Cette fois, le son de Ghosting est sombre et débarrassé de sa
naïveté adolescente. Séparé en trois parties, 'Disguised in black' propose cinq premier titres d'une dark wave
froide et dépouillée, fusion de l'aspect dansant de l'électro et des sons plus noirs hérités des 90's. Les
morceaux 6 à 9 sont, eux, plus ouvertement inspirés de la techno mais avec une touche plus malsaine. Sascha
exploite au mieux l'aspect schizophrène et angoissant des côtés planants de la trance par des orchestrations
minimales et dépouillées, des effets sur les vocaux...Quant aux quatre dernières pièces, elles louchent presque
carrément vers le gothique avec de la guitare, tout en conservant l'obscurité des sons électroniques. On passe
de la mélancolie de 'Where bodies sleep' à la pêche de 'Lion King'. Si la musique sonne nettement plus mature
et maîtrisée, il en va de même pour le chant, débarrassé de ses intonations prépubères énervantes, qui y gagne
en crédibilité. Je ne suis pas en train de dire que Ghosting est devenu LE groupe de la décennie mais force est
de reconnaître qu'ils ont sacrément progressé (les mauvaises langues diront que c'était pas difficile) et qu'il
serait un peu snob de ne pas leur rendre cette justice.
Note : 5/6
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HUYGEN (Michel) : Sensorial
Chronique réalisée par Phaedream
Vous me connaissez! Je ne suis pas un amateur de musique flottante, de musique ambiante. Sensorial, le
dernier né de Michel Huygen est un album flottant. Mais, je ne sais pas si c’est parce que je communique avec
lui et que c’est un type super sympa, la musique de Michel Huygen semble différente des autres longues
kermesses musicales.
Une onde symphonique tombe, en levée de rideau de Geomagnetica, Un peu comme des violons qui flottent,
assaisonnée de hautbois, l’intro se berce doucement sur de superbes mouvements synthétiques qui se bercent
dans un vent sidéral. Loin d’être ennuyant, la sérénade est superbement mélodieuse avec des souffles d’un
synthé qui imitent de belles flûtes aigues, sifflant des hymnes libérateurs. Un long voyage tranquille où des
chœurs agrémentent la pieusité des moments de tendresse. Des chutes synthétiques, comme des étoiles
filantes, toisent les silences, amenant de petits tourbillons d’harmonie qui entraînent aux rêves, à la nostalgie.
Vers la 20ième minute, l’atmosphère secoue ses sonorités alors que nous pénétrons dans un mouvement plus
dense. Animé d’étranges percussions et effets sonores brillants qui nous déconnecte d’aplomb de la quiétude
initiale, démontrant l’audace d’un Huygen, qui n’a pas peur de secouer l’audace.
Neuromagnetica est une longue quête atmosphérique où les chœurs et les strates synthétiques flottent avec
harmonie, avec émotivité. Encore là, Huygen multiplie les souffles éthérés afin de créer une atmosphère intense
et riche. Ce n’est pas de l’ambiant insipide. Ce sont des atmosphères colorés par de belles voix et des beaux
segments où le synthétiseur puise dans ses cordes harmonieuses pour embellir ce mouvement intimiste lent.
Ces éléments statiques composent l’intro de Senso. Après une dizaine de minutes, le tempo s’agite un peu et
des spirales de notes serpentent les abysses du silence avec harmonie, créant un passage aux effets
dramatiques. La quiétude reprend son souffle sur une belle guitare/sitar et des souffles mellotronnés aux effets
cosmiques pénétrant. Tout au long de Senso, nous assistons à un somptueux duel guitare/synthé. Huygen,
comme Pico multiplie les strates harmonieusement atmosphérique avec émotion et un brin de nostalgie
mélancolique.
En fin de compte, ce n’est pas parce que Michel Huygen est fort sympathique que j’aime sa musique. C’est
parce que sa musique vie, respire. Sensorial n’est pas un ambiant inerte. C’est de la musique flottante, certes,
mais avec du mouvement, de la profondeur. De l’ambiant avec des passages moulants. Des boucles qui se
lovent à la sérénité des ambiances avec justesse, passion et harmonie. Ceux qui sont fana de musique
ambiante, flottante et ésotérisme, sans verser dans l’insipidité du New Age, seront ravi des mouvements
flottants qui onctuent la richesse atmosphérique de Sensorial. Un vrai opus ambiant, qui vibre avec émotion et
chaleur.
Note : 4/6
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ENCHANTMENT : Dance the marble naked
Chronique réalisée par Yog Sothoth
Enchantment, c'est le groupe type qui avait tout pour s'assurer un statut un peu "culte" dans le petit monde du
Doom de la première moitié des 90s. Apparu dans le sillage des pionniers du Doom Death, le groupe anglais
enregistre en 1994 son premier album au mythique Academy studio (les premiers My dying bride et Anathema
viennent de là, autant dire que c'est un studio où ça se passait plutôt bien), en compagnie du non moins
mythique Mags. Le son de l'album est d'ailleurs très typé et on sent bien les reminiscences d'un Turn loose the
swans, autant dans le coté "acide" des guitares que dans le son de batterie absolument nickel. Niveau compos,
on est donc en présence d'un Doom Death basique d'époque, qui alterne les gros riffs mid tempos avec des
passages en son plus clair très mélancolique, plutôt efficaces, à tel point que certains morceaux auraient
quasiment pû faire office de classiques du genre (My oceans vast en tête). Coté chant, on oscille ici entre le
chant clair nasillard à la MDB et pour les parties les plus aggressives des beuglements vaguement braillés, pas
vraiment convainquants et surtout monocordes sur toute la durée du disque. Ces parties vocales constituent
d'ailleurs à mes yeux le gros point faible du disque, et le groupe aurait sûrement beaucoup gagné à intégrer un
chant Death plus traditionnel dans la veine de ce qui faisait à l'époque, ce qui lui aurait permis d'apporter une
plus grande variété au disque qui souffre un peu sa linéarité sur la fin. Au final, au lieu du classique qu'on
aurait pû attendre, on tient là un disque juste moyen, et malgré ses quelques défauts, il laissait augurer du bon
pour l'avenir du groupe... qui splitta après sa sortie (comme quoi ça ne sert à rien d'augurer...)
Note : 3/6
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NEURONIUM : Synapsia
Chronique réalisée par Phaedream
Synapsia est le 2ième volet de la trilogie sur les réflexions de la vie, la mort et les croyances religieuses qui
inspirent Michel Huygen. Débuté avec Mystykatea, l’an passé (le 3ième volet étant prévu pour 2007 avec
Nihilophobia), Synapsia est un album concept qui supporte la cause de l’euthanasie. À l’intérieur du livret cd,
nous trouvons la courte histoire de Brainsucker, un gentil ET que nous apercevons sur la pochette, dont le
grand défaut est qu’il se nourrit de cerveaux humains; il faut l’euthanasier. Une idée originale pour approfondir
un sujet délicat qui se mondialise. Suivant la sonorité arabesque de Mystykatea, Synapsia emprunte les mêmes
structures musicales aux sonorités du Moyen Orient avec une approche nettement plus agressive.
Une longue intro statique ouvre Absynthe. Lentement, le mouvement déploie ses émotions sur des riffs de
synthé qui flottent, en harmonie avec une envolée synthétique fluctuante. Des fines percussions augmentent un
tempo, qui se love avec intensité sur la profondeur des ondes synthétiques, qui jouissent d’une superbe flûte,
pour terminer l’éclosion de Absynthe. Avec Geopurgatorio, Neuronium poursuit les rythmes légers et
mélodieux avec une intro éthérée. Des chœurs célestes tracent une superbe harmonie sur une ligne nerveuse
qui zigzague avec un léger bourdonnement. Souple, le tempo respire la vie sur un synthé aux flûtes arabesques
et des percussions tablas qui épousent un rythme près des sonorités du Moyen Orient. Un superbe titre, qui
gagne en harmonie à mesure qu’il progresse, et qui nous réserve une belle finale.
Suspendue dans le temps, la flûte qui ouvre Virtopsia est divine. Lorsque son souffle embrasse les
mouvements orchestraux, l’effet est encore plus envoûtant. Mais lorsqu’un suave et sensuel mouvement
s’installe et s’agrippe à ses souffles et aux râles des cordes de violons, on ne peut qu’être absorbé par la
douceur Virtopsia. Un superbe titre qui ferait les délices des soi-disant paranormaux qui flippe sur le New Age.
Mais c’est plus que du New Age. Ça en a les douceurs, mais le côté progressif du mouvement annihile toute
trace d’apparence à la légèreté d’être.
Brainsucker est de loin ma préférée sur Synapsia. Un dialogue électronique s’installe, comme si la bête reçoit
ses ordres ou réfléchit tout haut. Des lourds arrangements de violon, supportés par des percussions pesantes
et martelantes, tracent un rythme lent qui s’agite avec nervosité sur un mouvement symphonique qui gagne
plus d’ampleur, de lourdeur. Un solo de synthé déchire l’air sur un tempo qui crescende avec fébrilité sur des
solos encore plus dynamiques, plus tortueux et des strates synthétiques encore plus denses et intenses qui
vrillent avec une aisance étonnante. Le combat interne de la bête. Les arrangements sont incroyablement bons,
un des bons titres que j’ai entendu cette année.
Un des rares moments cosmiques sur cet opus est l’intro de Eutanasia. De belles notes discrètes dansent sur
une voie spatiale, comme une comptine chinoise, et se fondent en rythme sur une percussion franche. Les
coups pilonnent un tempo lent, aromatisé de superbes strates synthétiques lancinantes, de belles flûtes
éthérées et des accords de synthé/guitares qui se perdent dans les dédales hypnotiques d’un mouvement qui
fluctue, en cadence et en harmonie. Un beau titre mélodieux et hypnotique qui nous transporte aux portes du
rêve, du néant. Un peu comme les derniers instants de notre existence.
Michel Huygen et Neuronium continuent de surprendre. Synapsia est une œuvre pas banal. Toujours avec
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élégance et sensibilité, Michel Huygen décortique ses compositions avec adresse et leurs insufflent une vie
musicale teintée d’un romanesque à l’épreuve du temps. Autant Mystykatea m’avait agréablement surpris,
autant Synapsia étonne. De beaux rythmes, parfois légers, parfois lourds. De superbes mélodies, aux
arrangements divins, qui secouent nos émotions sur de superbes solos de synthé. Neuronium résiste à
l’assaut du temps et conserve le goût de toujours aller plus loin, sans renier ses origines. Un bel album que je
vous recommande fortement.
Note : 5/6
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UNTOTEN : Herz der Finsternis
Chronique réalisée par Twilight
Avec 'Herz der Finsternis', Untoten achève sa trilogie des 'Grabsteinland', avec talent qui plus est. Il faut en
effet reconnaître que malgré leur tendance au stakanovisme (un album par an en moyenne, sans compter les
side-projects, les concerts...), David et Greta nous pondent toujours des oeuvres de qualité. Certes, à la
différence des précédentes galettes qui voyaient changer les styles à chaque fois, la trilogie 'Grabsteinland'
conserve une unité d'atmosphère et de son, mélange de gothic rock et d'influences cabaret. J'aurais presque
envie de parler de trilogie berlinoise tant l'influence de la ville (que les Untoten adorent visiblement) est ici
présente, ce qui confère aux compositions cette petite touche allemande lyrique, presque grandiloquente (je
n'ai pas dit kitsch mais...) et fait de Greta une sorte de Marlène Dietrich gothique contemporaine ('des Raben
Flug', 'Hexenfieber'). Plus que de noirceur, on parle ici de mélancolie, de nostalgie, malgré quelques incursions
bien senties au domaine des ombres ('Der Herzen viele ass ich', 'Mit dem Wind' avec son feeling carnaval
macabre...). On objectera avec raison que niveau surprise, c'est plus vraiment ça mais comment imaginer la
cohérence de trois cds sans cette unité sonore ? Le travail des samples est soigné, les guitares ajoutent une
touche de noirceur bien équilibrée et les mélodies, la voix de Greta font le reste. Peut-être les Untoten ont-ils
gagné en profondeur ce qu'ils ont perdu en audace ? 'Herz der Finsternis' se déguste donc avec le même plaisir
que les deux premiers volets tout en révélant ses mystères, écoute après écoute.
Note : 4/6
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SHREEVE (Mark) : Assassin
Chronique réalisée par Phaedream
Enregistré en 1981, Assassin est le 3ième opus de Mark Shreeve, après Embryo et Thoughts of War.
Initialement paru sur une étiquette indépendante, Uniton en Juin 83, Jive Records en rachèterait les droits pour
distribuer la musique de Shreeve à une plus grande échelle. Cet album mythique démarrait le mouvement que
les musicologues de l’époque baptisaient British Electronic School. Aux travers des séquences sobres,
Shreeve multiplie les harmonies à l’aide de mouvement souple, agrémentés par des percussions lourdes, tirées
du TR808.
Inspiré du très célèbre film de John Carpenter; Assault On Precinct 13, la pièce titre débute avec un lourd vent
obscur vaporeux, étiré par un synthé analogue aux sonorités lugubres. Les cymbales dansent dans une
obscurité croissante, comme les pas feutrés d’un assassin qui furtivement, marque sa proie. Un rythme
bourdonnant s’amène sur des percussions électroniques précises, qui marquent la cadence d’un tempo décidé.
Plaintif, le synthé gémit son refrain accrocheur, qui étale ses coussins synthétiques aux résonances
réverbérantes, enveloppant l’atmosphère d’une richesse sonore intense. Vers la 5ième minute, les rythmes
croisent une atmosphère sombre et flottante aux échantillonnages et souffles spectraux intrigants, avant de
labourer nos oreilles sur l’hypnotique séquence d’ouverture. Un titre culte qui deviendra un hymne électronique
pour plusieurs générations.
Favorisant toujours les intros vaporeux où le patibulaire règne en maître, on n’est pas surpris par l’intro
vaporeux d’Angel Of Fire. Un peu comme la pièce titre, la séquence vrille sur une approche minimaliste où les
souffles synthétiques obscurcissent l’ambiance par de lourdes strates aux effets fantomatiques sur des
stridences sonores d’ambiance. Un bon titre où les accords de synthé ne sont pas sans rappeler la sonorité de
TD. Comme tout long titre de la Berlin, ou English, School de l’époque, nous avons droit à un moment
d’atmosphère où les chauves souris voltigent sur des percussions aux tintements métalliques, avant de
reprendre le tempo initial. Tyrant est une superbe marche funèbre parsemée de superbes complaintes d’un
synthé lourd et mélancolique.
System Six est la pièce de résistance de Assassin. Après une intro brumeuse, des percussions métalliques
dictent un tempo lent, habillé par des strates synthétiques flottantes qui alimentent la tourmente. Sombres et
fumantes, les ondes synthétiques emplissent l’atmosphère d’une texture sonore riche, alors qu’une séquence
ronde et martelante insuffle un tempo laconique. Le jeu des percussions sur cette cadence est hallucinant et
emplie la pièce d’une richesse sonore incroyable. Un formidable tourbillon séquentiel s’installe truffant
l’atmosphère d’une rare intensité, que peu d’artiste atteignait à l’époque des synthés analogues. La longueur
du titre et son tempo hypnotique permettent à Shreeve d’exploiter à fond ses tonalités et d’y annexer de
fulgurants solos de synthé qui se lovent harmonieusement aux réverbérations planantes qui font office de
refrain. Un superbe titre, à la fois doux et vindicatif.
High Frontier est un titre en prime, paru sur l’édition du CD en 94. Un titre métallique aux rythmes décousus qui
s’apparente très peu aux sonorités d’Assassin. Mais c’est rythmé, mélodieux avec de bonnes percussions et un
synthé symphonique. Le titre vire à un genre très rock avec de gros solos de synthé et de guitares (virtuelles?).
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Assassin est un album référence qui a ouvert l’éclosion à une multitude de jeunes artistes et techniciens de
son, en Angleterre. Le bien versus le mal qui s’épanche sur des rythmes hypnotiques qui croisent tant les
atmosphères que les séquences polyrythmiques. Shreeve fait chanter ses lignes synthétiques avec harmonies
aux travers des percussions innovatrices (pour l’époque) ainsi que de suaves et aigus solos de synthé,
toujours entourés d’une aura sombre et lugubre. Une sonorité qu’il exploite encore. Tant avec Redshift qu’avec
Ian Boddy dans Arc.
Note : 5/6
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THE CHAMELEONS : Script of the bridge
Chronique réalisée par Twilight
Dégaine d'épouvantails, attitude modeste...à priori, personne n'aurait misé un penny sur eux et pourtant que
seraient Nazca, Frank the Baptist, Interpol et autres sans les Chameleons ? Pour vous donner une idée, je cite
Mark Burgess (chanteur et bassiste) dans le livret de ce premier cd, tout à la fin de sa présentation: 'Nous
sommes les Chameleons, et voici notre premier album, peut-être en ferons-nous un autre, qui le sait ? Pas moi
en tous cas...'. Le secret est là, ne pas se prendre la tête mais y mettre un maximum de sincérité. Le groupe
semble avoir appliqué cette maxime et elle lui a réussi. Piochant des braises de post punk goth, les mêlant avec
une new wave flamboyante à la Manic Street Preachers, U2 et autres Big Country ('Up the down escalator',
'Pleasure and the pain') et corsant le tout d'une touche de mélancolie, nos Anglais se sont forgé un son bien
plus particulier qu'il n'y paraît à première vue...Des influences gothiques certes mais au niveau de l'énergie, non
d'une quelconque noirceur sépulcrale, des touches de pop passionnée oui mais pas d'effet pour épater la
gallerie, plutôt une émotion directe toute post punk dans son feeling, de la tristesse, il en faut bien mais pas
ouvertement développée, plutôt ce pincement au coeur dont on ne sait s'il fait du bien ou du mal (dur de garder
les yeux secs à l'écoute du magnifique 'As high as you can go')...Les Chameleons pratiquent une musique
emplie d'une passion communicative construite sur des mélodies en béton armées, des tourbillons de guitares
profonds héritiers de la cold wave ('Second skin', 'Less than human', 'A person isn't safe...') et du post punk
goth, et les vocaux si particuliers de Mark Burgess qui sans jamais tomber dans la noirceur de Joy Division,
And Also the trees, ni même le côté plaintif du jeune Bono parvient à dégager ce même type d'émotion qui vous
prend aux tripes pour ne plus vous lâcher que ce soit dans des chansons rapides ('Don't fall', 'Less than
human' et son rythme puissant...ou plus intimes ('Here today')...Oui, ce sont les Chameleons et fort
heureusement, ils ne se sont pas arrêté après ce premier disque qui est juste un petit chef d'oeuvre...
Note : 6/6
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MOEBIUS (Dieter) : Nurton
Chronique réalisée par Phaedream
Bienvenu dans l’antre de la musique abstraite. Dans un monde musical surréel où les échantillonnages et les
collages musicaux sont maîtres. Après 8 ans d’absence, Dieter Moebius revient en force avec un opus
percutant, dérangeant. Ici, vous ne trouverez pas de rythme structuré. Bien au contraire. Sur une palette de 14
titres, Moebius explore les recoins d’une folie exploratoire à la poursuite de rythmes ambiguës et
d’échantillonnages complexes.
Anfhart est sans doute le seul titre structuré. Malgré une intro bigarré, qui ressemble à des ‘’samplers‘’ de
Death in Vegas, le tempo accroche l’oreille avec un rythme lourd et lent qui se dandine avec perversité sur un
tempo diaboliquement langoureux. Assailli par des effets sonores striés, Anfhart évolue avec une pesanteur
métallique tout en soufflant une mélodie morbide.
Gangig et Mahalmal poursuivent avec des rythmes lents, envoûtants aux étranges essences d’un reggae
industriel. Mahalmal est sublime avec ses percussions vaporeuses, ainsi que ses sonorités métalliques aux
effets d’enclume martelée avec un silencieux. Bornneo poursuit la quête des rythmes évasifs avec un tempo
aussi lent, voire hypnotique. Précis comme un tic-tac, le mouvement est sinueux avec des striures synthétiques
sonores flottantes et des effets sonores martelants. L’ambiance bizarroïde se poursuit avec Schleudergang. De
loin le titre le plus animé avec des rythmes saccadés, échevelés sur un mélange efficace de ‘’samplers‘’ aux
effluves synthétiques. Le reste de Nurton privilégie un rythme plus lent et traînant, voire atonique, mélangé
judicieusement à des échantillonnages aux milles saveurs. Une flore musicale dense, comme une jungle
psychédélique avec des papous délirants sur une acide nouveau genre.
Nurton est franchement déroutant. Une œuvre étoffée par un collage, tant underground que futuriste, balançant
des rythmes insaisissables aux multiples orientations culturelles. Étrange et audacieux, c’est une épreuve
fantastique pour un système de son, tant la multiplicité des tonalités et tempos est variée.
Une œuvre de ce genre s’adresse à un public bien précis. Un public qui aime ce qui sort de l’ordinaire. Et à ce
niveau, vous ne serez pas déçu. Nurton est un opus expérimental, un habile mélange de techno, de transe et de
MÉ progressive de haut niveau qui exploite tout ce que l’inimaginaire n’a osé. À écouter à haut volume, pour en
saisir toute la dimension, car c’est la seule façon d’apprécier l’audace percutante de Dieter Moebius.
Note : 5/6
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THE CHAMELEONS : What does anything mean basically ?
Chronique réalisée par Twilight
C'est clair, si l'on me demande quel est mon album favori des Chameleons, ce n'est pas 'What does anything
mean basically' que je citerai un premier, pourtant l'achat de ce cd est indispensable ! Tout d'abord car il
contient le splendide 'In shreds' que je compte parmi les plus belles pièces jamais écrites par le groupe, l'une
des plus noires également (' ...and I suddenly knew, my life meant nothing at all...'): rythmique martelante,
guitares mêlant restes post punk et cold wave , vocaux passionnés...difficile de résister à l'efficacité d'une telle
mélodie...Ce n'est pourtant pas la seule perle de cette galette (qui ne contient de toute manière pas la moindre
faiblesse) et je citerais notamment le magnifique 'Intrigue in Tangiers' parfait exemple de cet aspect à la fois
flamboyant et désespéré du son Chameleons, coincé quelque part entre The Bolshoi et The Manic Street
Preachers. La profondeur des guitares, la tristesse du clavier tissent une mélodie littéralement portée par le
chant qui sait se faire intimiste dans les moments les plus calmes, presque écorché sur les parties les plus
pêchues...Vous êtes à genoux ? J'en ai encore pour vous, 'One flesh', plus lyrique, dans la plus pure tradition
des premiers U2 et des Manic Street Preachers, avec ce petit plus si typique des Chameleons, ces mélodies qui
font mal tellement c'est beau, ces lignes simples mais qui frappent justes, comme sur 'Home is where the heart
is' et ses plages de clavier...je ne suis pas là pour dresser une liste, alors passons aux choses sérieuses; ce qui
fait la puissance des Chameleons, c'est leur sincérité, pas d'effets superflus, pas de masques mais des
morceaux profondément sincères. Qui plus est, nos Anglais ne cèdent jamais à la facilité et n'hésitent pas à
écrire des arrangements audacieux qui tout en gardant une immédiateté toute pop évite tout carcan
commercial...et en plus, ils sont tellement modestes.
Note : 5/6
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VIOLET TEARS : Cold memories and remains
Chronique réalisée par Twilight
Et du Sud s'éleva un vent froid, un halo de brume mélancolique qui baignait le paysage de formes étranges et
de reflets fantômatiques...les Italiens de Violet Tears m'avaient déjà charmé de par la tristesse, la maturité et la
beauté de leur premier opus, et voilà qu'ils remettent ça en mieux encore. D'ailleurs, le label Fossil Dungeon ne
s'y est pas trompé qui les a pris sous son aile. Autant vous le dire tout net, mettre cette galette dans la platine,
c'est l'y laisser pour longtemps...Dès 'In the thorat of the u169ounded', la voix de Carmen vous perce l'âme et
vous hypnotise comme un chant de sirène. Violet Tears pratiquent un rock gothique lent et mélancolique teinté
de grisaille, de couleurs d'automne où se croisent des influences à la Cure, Canaan, Lycia, parfois même
Collection d'Arnell Andrea dans ce qu'ils ont de plus goth. Et nos Italiens sont de véritables orfèvres, tissant
des nappes de guitares sombres, légèrement aériennes, soutenues de nappes de clavier froides et belles, le
tout mené par des tempi lents comme les pas d'un promeneurs parmi les feuilles et les branches. C'est Carmen
qui assure la plupart des vocaux, parfois en duo avec Claudio ('Polvere') et la demoiselle ayant travaillé encore
son chant, le résultat est d'une force incroyable, son timbre sonnant profond et non pas éthéré. Violet Tears,
c'est une recherche de la beauté, beauté de l'émotion pure, de la mélodie qui envoûte, de la tristesse ('Don't
wake me up', 'In the throat of the u169ounded')...même le superbe packaging est à l'image du travail du groupe.
Une perle, tout simplement, recommandée aux amateurs d'esthétisme sonore.
Note : 6/6
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MOI DIX MOIS : Nocturnal opera
Chronique réalisée par Twilight
Le visual ? Un goût prononcé pour les atmosphères baroques, un esthétisme ultra développé et des
packagings qui donnent envie d'acheter. 'Nocturnal opera' ne fait pas exception à cette règle, d'autant que la
personne à l'origine du projet n'est nullement née de la dernière pluie puisqu'il s'agit de Mana, ex-guitariste et
compositeur de Malice Mizer. Pour qui connaît la dernière période du groupe, le lien avec Moi Dix Mois est
évident, tant les atmosphères musicales sont semblables. On y retrouve ce goût pour une forme de démesure
symphonique glauque et baroque, ainsi que les attaques de guitare, les breaks...Seulement voilà, Malice Mizer
portait le poids de ses débuts encore empreints de rock, voir de pop décadente et hésitait parfois à plonger à
100% dans les ténèbres malgré quelques belles réussites dans ce domaine ('Beast of blood', l'album 'Bara no
Seidou'). Mana, lui m'hésite plus, il plonge à fond, donne à sa nouvelle formation une coloration légèrement
plus metal sur certains passages vocaux, accentue encore l'aspect baroque par un usage intensif de cordes, de
clavecin et d'orgue, le tout épicé de quelques choeurs féminins. Si certains morceaux ont un feeling soft
('Mephisto waltz' et son piano délicieusment tristo-kitsch), d'autres sont nettement plus lourds au niveau des
climats ('Wizard' et ses riffs death metal, ses vocaux gutturaux, 'Mad Ingrain' et ses montées symphoniques
sombres, ...), on note même quelques influences purement deathrock (l'excellent 'Perish') quant à l'artwork, il
ne laisse planer aucun doute...du noir, du noir et encore du noir, avec de l'occulte. Il faut reconnaître que c'est
efficace et bien balancé, la production est très bonne et ce mélange d'influences symphoniques
grandiloquantes, de métal gothique et de goth est équilibré et maîtrisé. Les vocaux sont magistraux, le nouveau
chanteur assure, quel que soit le registre. 'Nocturnal opera' est en outre accompagné d'un second cd dans le
même état d'esprit qui propose quelques morceaux accompagné de leur version instrumentale ainsi qu'une
plage vidéo avec deux clips.
Note : 5/6
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MOI DIX MOIS : Beyond the gate
Chronique réalisée par Twilight
Pour son nouvel album, Mana reprend la formule qui avait fait la beauté et le succès de ' Nocturnal opera', soit
un savant mélange d'influences symphoniques, métal, et gothiques mais de manière plus sobre cette fois.
Secondé d'un nouveau chanteur, il a davantage basé ses compositions sur la guitare et la programmation,
abandonnant les violons et les choeurs, d'où une attaque plus directe, plus agressive. Ce n'était pas une si
mauvaise idée car même si la musique n'a pas perdu de sa qualité, force est de reconnaître que l'on commence
à connaître les schémas d'écriture de notre androgyne: montées symphoniques, accélérations, breaks,
attaques hâchées...Cette orientation plus violente et sombre permet de goûter au plaisir de ce disque sans trop
de lassitude. D'autant que la recette prend à nouveau, la production est très bonne, les arrangemenst superbes,
les atmosphères glauques à souhait à coup de plages d'orgues, d'accélérations de batterie, de guitares
sombres, presque death métal parfois dans certains riffs ('Unmoved'), ainsi que dans une place accrue des
vocaux gutturaux de Shadow X, seuls ou en duo avec ceux clairs de Seth. Petit bémol, l'album n'est pas très
long, d'autant que 'The other side in blood' et 'The other side of the door' sont construits sur le même thème
musical. Attention par contre à ne pas vous faire avoir sur l'édition limitée qui propose soit disant des bonus,
en réalité les instrumentaux de cinq chansons ainsi qu'un sticker, si son prix est plus élevé, abstenez-vous !
Note : 4/6
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KOZI : Khaos/Kinema
Chronique réalisée par Twilight
Suite au split de Malice Mizer, on a très vite retrouvé la trace de Mana qui a de suite lancé son nouveau groupe
Moi Dix Mois. Pour les avoir vus deux fois en concert, je savais que Közi oeuvrait comme guitariste au sein du
projet goth Eve of destiny (d'aileurs bien avare en disques). Ce n'est que récemment que j'ai découvert qu'il
avait également enregistré sous son propre nom. Pas à dire, ces Japonais disposent parfois de moyens assez
impressionnants puisque ce double digipack est en réalité un double maxi ! Le premier volet, 'Kahos', comme
son nom l'indique est une expérimentation sauvage à coups de breakbeats, de vocaux déformés, de sonorités
indus, de programmation électronique...on y trouve en vrac des restes de Aphex Twin, Foetus et je ne sais pas
quoi encore; c'est sympathique mais un peu bordélique. Le second, 'Kinema' est assez typique du visual kei où
l'artiste est capable de passer d'une musique ultra glauque à de la pop sur le même cd, voir le même morceau.
Comment on pouvait s'y attendre, ces deux morceaux sont plus calmes, encore que 'Promenade' garde une
touche rock marquée de par un schéma plus traditionnel et la présence des guitares. En revanche, 'Honey
vanity' est une pure ballade pop bien soft, un brin kitsch...Que penser donc de tout ça ? C'est sympathique
mais Közi n'est pas un chanteur exceptionnel et n'a pas le talent d'écriture de Mana. Du coup, ce double maxi a
surtout la gueule d'un essai isolé qui peine à se trouver une identité réelle.
Note : 3/6
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TRANSCEIVE : Intrigue
Chronique réalisée par Phaedream
Moi qui voulait en faire une brève chronique! Disons que ça sera pour une prochaine fois, car mes oreilles ont
toisées une œuvre remarquable. Encore? Direz-vous! Eh…oui. J’ai cette chance d’écouter la musique que
j’aime et de vous en faire partager mes impressions. Ici, j’étais un peu sceptique. Les publicités et les
chroniques autour de Intrigue de Transcieve étaient trop relevées que je devais vous en faire un rapport. Et j’ai
passé d’agréables moments à écouter les 2 premières, et seules, œuvres de Steve Nelson.
Et ça part avec le fougueux Bygone Daze. Après une brève intro aux éléments intergalactiques, un beat lourd
s’installe. Résonnant sur des notes grasses et rondes qui se percutent et se nourrissent de leurs échos, le
tempo s’amplifie sur des percussions martelantes et une séquence qui zigzague parmi un synthé brumeux et
une seconde séquence en staccato. Des voix fluides, des strates harmonieuses, de superbes solos et de bons
échantillonnages maquillent un titre lourd, aux limites d’un techno incisif et un rock lourd. Bygone Daze
matraque le rythme avec férocité, tout en laissant une place à une superbe mélodie qui ressort de cette lourde
structure pilonnante vers la toute fin. Un titre assommeur, qui annonce les couleurs de Transcieve.
Derrière des effets sonores cosmiques, Intrigue débute sur un synthé mélodramatique qui souffle une courte
mélodie avant d’entendre une strie métallique saccadée cassée cette structure mélodieuse. Suivant le concept
de la pièce d’ouverture, la séquence est martelante, mais moins agressive. Juste assez pour agencer une douce
mélodie, genre Far West spatial. Polyrythmique, la pièce titre embrasse différentes lignes sur des basses
bourdonnantes, des séquences ondulantes et d’enveloppantes strates synthétiques aux multiples dimensions
harmonieuses, sur des percussions entraînantes. Mais après l’infernal Bygone Daze, le tempo semble
anémique. Et pourtant, il percute en masse. Emor Femus démarre sur un beau piano mélancolique. Les notes
voltigent avec tendresse. Et, de l’écho de la dernière note, des cymbales entreprennent une danse lascive sur
une voix suave. Des notes serpentent le mouvement sur des percussions vaporeuses qui prennent forme de
plus en plus. Suspendu, le rythme est toujours hésitant, tiraillé par cette douce voix et des percussions plus
énergiques. La structure prend forme sur une séquence lourde et nerveuse qui trace un mouvement ‘’dance‘’
sur de belles strates synthétiques flottantes et des notes mélodieuses qui tapissent une superbe harmonie sur
des percussions martelantes. Un superbe titre, qui souffre du même complexe qu’Intrigue.
Courte, mais foutrement efficace Tera's Secret débute avec un beat lent sur des percussions tablas et un
synthé aux effluves du Moyen Orient. Une superbe ligne sautillante se joint à un synthé aux souffles
arabesques et une guitare aux accords similaires. Aspirés par un tourbillon synthétique, le mouvement revient
en force, avec des arrangements encore plus percutants.
Un synthé valsant annonce Internal Inferno qui s’agite sur des notes nerveuses et des strates flottantes,
envahissantes qui zigzaguent et se perdent dans un dédale rythmique assourdissant. Dès lors, le mouvement
décolle avec force sur un rythme saccadé et bourré de stéroïdes percussionants. Un titre furieux qui purge une
cadence incessante, sur des séquences agressives et qui ressource son rythme infernal aux courtes aires de
repos, où il s’abreuve d’intensités renouvelées et de synthés plus acérés. Resume suit avec une courte mélodie
à la Software C’est beau, c’est suave et incroyablement mélodieux. Extremes embarque sur le souffle de
Resume avec une intro bigarrée où des métaux s’entrechoquent dans un univers futuriste. Au loin, on entend
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une ligne se dessiner. Des notes nerveuses croisent des violons corrosifs, bientôt matraqué par une nuée de
percussions lourdes. Une séquence ronde et saccadée en émerge, sur une pulsation lourde. Sans réellement
développer un concept harmonieux soutenu, Extremes maintient le cap sur des percussions qui roulent et
matraquent des brides séquentielles et harmonieuses avec fureur pour se fondre au très romanesque Beneath
The Lake. Un moment magique, et reposant, qui démontre que Steve Nelson peut aussi créer des pièces
tendres et touchantes où la mélancolie se dessine sur un beau mouvement de piano. Intrigued termine ce
brillant opus avec un remixage plus corsé de la pièce titre, qui est dénuée de ses atouts planants et
enveloppants, livrant son rythme avec une intensité mélodieuse.
Intrigue est une œuvre majeure qui perpétue le son très distinct de la British Electronic School. Mouvement
initié par Mark Shreeve, au début des années 80. Un album puissant qui multiplie les rythmes sur des mélodies
incendiaires et harmonieuses dans un univers martelant.. De beaux arrangements, des séquenceurs pesants et
lourds, ainsi que des strates enveloppantes et harmonieuses. Un mélange de Mark Shreeve, Jean Michel Jarre
et Tangerine Dream dans un même opus. Après avoir fait le tour, et plus d’une fois, d’Intrigue, je dois bien
admettre que Steve Nelson, alias Transcieve est vraiment à la hauteur de sa publicité.
Note : 5/6
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TRANSCEIVE : Transformation 88:98
Chronique réalisée par Phaedream
En 2002, Transcieve avait séduit le monde de la MÉ, format lourd et entraînant, avec le fougueux Intrigue.
Depuis… le silence. Voilà que Steve Nelson réapparaît avec un nouvel opus, Transformation 88:98. Ce n’est pas
tout à fait nouveau, car il renferme du matériel composé entre 1988 et 1998, d’où le titre. Malgré plus de 16 ans
d’écart entre les premières esquisses et le produit final, Transformation 88:98 est très actuel. Un furieux
mélange de styles aussi diversifiés que Jarre, Shreeve, Depeche Mode et Juno Reactor. Vous aurez compris
qu’avec de telles inspirations, ce n’est pas un cd pour chercher le sommeil.
Au-delà des effets sonores lugubres, des accords lourds tracent un moule intrigant qui explose sur de bonnes
percussions forçant la main à une bonne séquence ronde, et un synthé agressif qui pousse une belle mélodie.
Landscape Of Tomorrow démarre cette compilation d’inédits de façon agressive. Un beau présage à la force
rythmique qui entourera nos oreilles pour la prochaine heure. Les tempos dévient sur des changements de
tonalité, mais conserve la même structure sur un rock progressif fougueux avec de bons arrangements. Avec
son piano hésitant Element Of Intrigue nous plonge dans l’atmosphère des films à suspense. Appuyé sur de
légères percussions flottantes et claquantes, le séquenceur est lourd et vrille sur l’écho de son ondulation.
Superbement mélodieux, le synthé amène une touche empreinte de mystère.
Une avalanche de percussions enclumées déferle sur le rythme lourd et nerveux de Moving Target. Des
échantillonnages de voix donnent une dimension paranoïaque à un titre qui pilonne vertigineusement. C’est un
titre lourd, martelant qui défile avec férocité dans un tourbillon de percussions assommantes. Après un titre
aussi intense, un repos pour les oreilles ferait du bien. C’est ce qu’on imagine avec l’intro de Biomechanoid.
Erreur! Car des percussions volages annoncent un rythme débridée sur une grosse ligne de basse
bourdonnante et des percussions qui font le ‘’tsitt tsitt‘’ des mouvements techno. Un autre titre puissant qui
brûle la plante des pieds, à force de frapper le plancher.
Avec ses percussions et ses flûtes d’une jungle chimérique, Steve Nelson utilise des échantillonnages vocaux
d’un film de Yéti, pour donner plus de réalisme à Creature Of Legend. Une belle ballade avec chœur et guitare
virtuelle, aussi rapide que son ombre, sur un rythme puissant, mais bien calibré afin d’y maintenir un effet
romanesque. De fines percussions bouclées et des coussins synthétiques flottants procurent une atmosphère
sombre à The Rebus Tape, un de mes titres préférés. Le synthé explose, accompagné d’une puissante batterie,
et laisse fuser de superbes stries sonores, avant de reprendre la route de la quiétude sinistre. En mi parcours,
le tempo change carrément pour prendre un mouvement lourd et saccadé, aux frontières d’un techno modéré.
Ce qui n’est pas tout à fait le cas avec Delusions. Un titre intense et survolté où les rythmes effrénés cohabitent
à merveille avec les harmonies et de bons échantillonnages vocaux. Un titre intense qui donnerait des leçons à
Juno Reactor, surtout sur l’art de dévier et jouer sur les mouvements corrosifs. Facade est une courte pièce
atmosphérique qui crescende sur de belles strates enveloppantes et menaçantes, un peu comme le très
ambiant The All Seeing Eye. Seul vrai moment reposant de l’opus, précédent le fougueux techno qu’est Eastern
Promise. Thru Rugged Terrain clôture ce dernier opus de Transcieve avec la fougue des rythmes qui parsèment
sans cesse ce bouillant opus. Un rythme lourd, abrasif avec de superbes solos de synthé, des percussions
endiablées, survolées par des strates synthétiques mélodieuses. Un fidèle reflet de Transformation 88:98.
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Intense et mélodieux, rythmique et harmonieux. Transformation 88:98 frappe avec la force d’un train, tout en
charmant par ses superbes arrangements et le souci de la mélodie dans un tourbillon infernal. Pour ceux qui
aiment bouger, sur une musique intelligente.
Note : 5/6
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JARRE (Jean-Michel) : Les Concerts en Chine
Chronique réalisée par Phaedream
En Octobre 1981, Jean Michel Jarre devient le premier artiste occidental à jouer en Chine, depuis la mort de
Mao Zedong. Cela a pris 2 ans de négociations avant que les autorités chinoises acceptent de voir le
synthésiste Français foulé la terre Chinoise. Les habitants de Pékin et Shanghai seront les privilégiés. Et près
de 150 000 spectateurs assisteront à cette fête musicale étrange, où Jarre et ses copains donnent 2
représentations électriques qui sidéreront et les Chinois, et les autres amateurs avec la sortie d’un double
album et d’une vidéo qui a, hélas mal vieillie.
Ouverture, qui ressemble drôlement à la 1ière partie des Chants Magnétiques, fraîchement sorti dans les bacs,
ouvre ses concerts. On dirait une nouvelle adaptation qui est sublime avec un rythme plus lent, plus bouclé qui
enchante avec une richesse sonore insoupçonnée et des solos aigus d’un synthé aux touches nerveuses. On
reconnaît à peine le titre.Arpégiateur, un des titres inédits, suit avec un superbe synthé flottant, en boucle, avec
les superbes percussions styles croquets métalliques hoquetants qui sont devenues la référence
percussionniste de Jarre. Equinoxe IV suit, sur un tempo plus suave et plus lent, avec de vraies batteries,
donnant une dimension plus rock à ce classique en devenir. Après cette pièce, nous avons droit aux premiers
échantillonnages Polaroïd du voyage en Chine. Sur des voix Chinoises, on peut entendre un film photo
s’enrouler aux sons des flashes, comme un touriste qui photographie tout ce qui bouge. La 2ième pièce inédite
est une puissance orchestrale avec Jonques de Pêcheurs au Crépuscule. Un très beau titre qui allie les cordes
et violons chinois aux souffles synthétiques cosmiques, harmonieux et sublimement mélodieux de Jarre. Un
monument, un classique qui démontre la complexité créative de Jarre. Après un Band in the Rain bien
chronométré, Equinoxe VII prend un tout autre tournant avec la foule chinoise qui scande et tape des mains
avec une solennellité respectueuse et clandestine. Une belle adaptation avec les multiples synthés disponibles.
Autre nouveauté; Orient Express avec un rythme soutenu, synthé sobre et mélodieux qui progresse sur un
bourdonnement intense, des percussions claquantes et des solos sinueux. Abasourdis, les Chinois entendent
un jeu de ‘’ping pong‘’ virtuel sur Magnetic Fields I. Original et craquant, le titre se fond sur un ‘’sampler‘’de
gare, introduisant le suave Magnetic Fields III et le superbe Magnetic Fields IV qui sont rendus avec un justesse
qu’on aurait pas cru possible.
Autre élément fort des concerts de Jarre est la harpe laser qui étonne, tant par son étrangeté que par les
harmonies qui en dégagent. Pas tout à fait au point, elle se fond aux multiples ‘’samplers‘’ qui meublent
l’espace temps et qui amènent un titre hautement atmosphérique. Shangaï Nights déroule ses boucles
analogues avec finesse sur des percussions non agencées et des strates hurlantes qui se mélangent
habillement aux cordes symphoniques. Après une dernière visite à Magnetic Fields, le concert se termine avec
un autre inédit; Souvenir of China où la mélancolie habille ce titre progresse sur des strates lourdes et
enveloppantes, de belles percussions et les ‘’samplers‘’ d’une caméra qui fige ses derniers souvenirs.
Les Concerts en Chine est une œuvre remarquable. Un genre de compilation où Jarre donne une nouvelle
étoffe à ses pièces, avec le support d’un groupe fort bien aiguisé et d’un orchestre symphonique à la sonorité
unique. Un souvenir intemporel qui s’écoute, près de 25 ans plus tard, avec le même charme et le même
engouement. Un incontournable pour les fans de Jarre et une très belle façon de découvrir ce diplomate
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culturel mondial.
Note : 5/6
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TANGERINE DREAM : Heartbreakers
Chronique réalisée par Phaedream
Toujours très en demande auprès des producteurs de films, les trames sonores de Tangerine Dream se
succèdent à un rythme effréné. Friands des nouvelles technologies, les membres du trio travaillent sans
relâche pour pouvoir se payer leurs propres studios à la fine pointe des dernières technologies. Mais,
tranquillement, certains membres s’essoufflent dont Johannes Schmoelling. Et, à force de travail et d’écrire
continuellement, il en passe un moins bon de temps en temps. Heartbreaker fait parti de ces moins bons. Dans
les faits, TD s’américanise et semble renier ses origines en produisant un album d’une faiblesse qui laisse un
son amer dans les oreilles des fans, même les purs et durs.
Et dès les premiers accords de la pièce titre, on sent la tournure synth pop léger que tente de prendre le trio
Allemand. En réalité Heartbreaker est un album pénible. On a droit à un Dream tout petit, tout gentil qui pond
des titres style ’’Bubble Gum’’ pour adolescents rêveurs et boutonneux. Des ballades, comme Footbridge to
Heaven, Rain In N.Y. City et Daybreak, sont noyées dans des rythmes sans couleur, ni identités ainsi que des
synthés banals et ennuyants. Du rock New Age qui semble tracer les prochaines directions musicales du
Dream
Twilight Painter semble sortir des sessions de Le Parc, tant les accords sont similaires à Tiergarden.
Fougueuses, Gemini et Pastime ont une approche plus rock avec des rythmes simplets et une guitare tout ce
qu’il y a de plus ordinaire.
The Looser est potable avec une belle séquence, un bon rythme lent, torturé par la guitare d’Edgar qui semble à
son aise. Sans être superbement mélodieuse, Breathing The Night Away nous berce sur le beau piano
romanesque de Schmoelling. Desire est ma pièce favorite. Un beau morceau très mélancolique qui nous
surprend par sa douceur, et ses beaux souffles synthétiques mélangés aux flûtes mélancoliques. Du TD, Next
Generation. Thorny Affair? Incapable de sentir. Vide et insipide sur des gros riffs irréfléchis.
Heartbreaker est décevant sur toute la ligne. Une œuvre qui n’aurait jamais dû voir le jour et qui dépeint un
malaise créatif évident à l’intérieur du groupe. Difficile à trouver, c’est aujourd’hui une pièce de collection fort
prisée. Pas pour le contenu, mais pour sa rareté, il se vend à gros prix. Comme quoi que Tangerine Dream sera
toujours plus gros que son mythe.
Note : 3/6
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TANGERINE DREAM : Le Parc
Chronique réalisée par Phaedream
Le Parc, où le chant du cygne d’une légende. Le Parc? C’est le dernier album du trio le plus électrique, et
électronique, de la longue carrière du Rêve Mandarin. (Il y a toujours bien le mythique Legend, mais les dates
d’enregistrements sont aussi nébuleuses que sa création.). C’est le dernier opus, en studio, de Franke, Froese
et Schmoelling. Le dernier album, excluant les nombreuses trames sonores, étant Poland, les amateurs eurent
tout un choc en constatant que Le Parc était un court album (même pas 40 minutes), divisé par 9 titres. Le
Dream laissait tomber les longs voyages musicaux complexes pour frayer dans de courtes harmonies, plus
près d’un Nouvel Age que de la MÉ, style Berlin School.
Pour expliquer le changement d’orientation musicale du Dream, Edgar Froese déclarait
‘’ Tangerine Dream, c’est comme la respiration : les 12 ou 13 premières années on respirait dehors et l'autre
décennie, on respire dedans. Le concept est simplement le monde intérieur et extérieur. Il est plus compliqué
d’y enter, mais respirer à l’intérieur est un aspect naturel du respire. C’est en dedans et non dans l’espace. Ce
n'est pas macrocosme, c’est microcosme. Je compare nos compositions à de la musique de voyage. De la
musique d’aventure qui est beaucoup inspiré par les endroits que nous avons visités au cours des années‘’
Et c’est un peu l’idéologie derrière Le Parc; 9 titres pour 9 parcs qui ont séduit les membres du Dream. Bois de
Boulogne débute ce voyage avec un rythme sobre, léger avec de belles percussions et une utilisation d’un
synthé flûté aux essences numériques. C’est une belle sonorité, mais ça ne se compare pas aux chaleurs des
mellotrons analogues. Avec ses percussions explosives, sa basse tortueuse et son rythme endiablé, Central
Park en a dérouté plus d’un. Les accords sont secs et un superbe piano serpente ses notes avec légèreté,
amenant un aspect mélodieux déroutant dans ce contexte rythmique violent, un peu à l’image de sa ville. Un
bon titre qui prend son effet à haut volume.
Percussions cadencées sur des notes qui tombent avec un fracas échotique, séquenceur spiralé qui déboule
avec lourdeur, l’intro de Gaudi Park est saisissante. De mélodieuses strates synthétiques parcourent un tempo
nuancé, enrichi de chœur et d’effets sonores. Un titre qui se fond au superbe et mélancolique Tiergarten.
Dominant, le piano voltige sur des stries de violons et un synthé sifflant une mélodie aussi accablée que ses
accords d’ouverture. On se croirait en plein après midi, sous un soleil rayonnant, éclairant les divisions d’une
humanité déchirée. Zen Garden respire les valeurs traditionnelles chinoises. Atonique, les instruments flottent
avec légèreté, parfois avec dramatiste. Un peu comme les arts corporelles des divinités Asiatique. Le Parc, la
pièce titre, bouillonne d’intensité avec un séquenceur martelant qui croise des envolées synthétiques
déviantes. Un titre fort animé, il est devenu l’emblème musical d’une émission de télé culte et le single du cd.
Hyde Parc est un coup de génie. Sur un court laps de temps, le trio Allemand réussi à construire
un superbe titre aux intonations royales, sur un tempo qui augmente, tant en intensité qu’en rythme, sur une
mélodie en constante évolution. Superbe et stoïque, à l’Anglaise. Après des petits échantillonnages aux cris de
mouettes, The Cliffs Of Sydney poursuit avec un tempo soutenu par de bonnes percussions roulantes et un
synthé aux effets de violons légers. Le rythme est lourd et les notes se dandinent, filtrant des coussins
synthétiques qui flottent avec une harmonie croissante. Un très beau titre qui nous guide au paroxysme
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musical avec le superbement beau Yellowstone Park. Un titre d’une infinie beauté qui démarre sur un souffle
flûté, dans les égarements d’une orchestre qui s’ajuste. Un tempo suave, sensuel arrosé par la magnifique voix
de Clare Torry, qui en a enchantée plus d’un sur The Great Gig in the Sky de Pink Floyd. Sa voix spectrale se
marie avec les finesses d’une flûte aux sonorités coulantes et un synthé en plein contrôle d’une mélodie qui
capture l’esprit et la beauté de ce parc aux milles trésors.
Différent certes, Le Parc n’en demeure pas moins un bel opus bourré de belles petites pièces, à la fois
mignonnes et bien cadencées. Nous sommes loin des tirades complexes et progressives auxquelles Tangerine
Dream nous avait initiés. C’est le début d’un temps nouveau où TD initie un mouvement qui s’appellera la New
Berlin School.
Note : 5/6
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SLAUGHTER LORD : Thrash 'til death
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Vous aimez le thrash sauvage et couillu? Alors, cette galette est faite pour vous. Premier véritable groupe de
thrash australien, Slaughter Lord (auparavant Onslaught et Devastator) se forme à Sydney en mai 1985, ça nous
rajeunit pas tout ça. Vous l'aurez donc compris, on a ici affaire à un assaut de thrash metal violent et direct. Le
groupe n'a jamais sorti de disque jusqu'ici, ce cd produit par Invictus Productions en 2000 et réédité en 2006
puisqu'épuisé est une compilation de titres jamais parus, de morceaux enregistrés en répétition et de la demo
"Taste of blood" d'où la disparité de production entre les pistes. On oscille entre le son correct ("Destructor",
"Slaughter Lord") et le son brut de décoffrage mais quand même audible je vous rassure ("Die by power",
"Taste of blood"). Le thrash pratiqué par Slaughter Lord est réellement sauvage et sans répit, la voix est éraillé
et le style bien direct et agressif. Cette compilation contient d'excellents titres comme "Slaughter Lord" ou le
meilleur à mon goût avec une fort jolie intro à la guitare: "Steel lords of war". Ce disque est fait pour les fans du
genre désireux de se familiariser avec ce groupe éphémère qui a quand même laissé une trace puisque Chuck
Keller (Ares Kingdom, Vulpecula, ex-Order from Chaos) commente son admiration pour le groupe dans le livret
par ces mots: "This band was what thrash metal was (and is) all about". Pas besoin de traduction...
Note : 4/6
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THESYRE : August 2002
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Premier véritable enregistrement publié du combo canadien Thesyre, cette demo porte le nom de la date à
laquelle elle a été enregistrée en répétition, à savoir "August 2002" (Août 2002). Les cinq titres seront
réenregistrés sur le premier album éponyme du groupe, édité en 2003 par Ascent Records. L'enregistrement est
extrêmement cru, le son est agressif et punit véritablement l'auditeur. La voix d'Eric Syre diffère de celle des
albums du groupe, plus saturée et plus en retrait. Enregistrée en répétition, cette demo met en avant un son
presque punk/hardcore, le son de basse est vrombissant au possible, gare à vos conduits auditifs. On entrevoit
déjà la capacité de Thesyre à composer des titres efficaces, directs, de véritables machines à headbang. Ce
n'est probablement pas l'enregistrement par lequel il vous faudra commencer si vous souhaitez (et vous devez)
découvrir le groupe québecois, cependant, les fans apprécieront cette demo quoique ultra limitée (200 copies
seulement, objet rare aujourd'hui) qui nous plonge dans les racines de ce combo très intéressant. Hailz
Thesyre!
Note : 4/6
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MIND OVER MATTER : Trance'n'Dance
Chronique réalisée par Phaedream
Que se cache-t-il derrière une pochette où une Hindoue tient, posément, une guitare? Un énorme contraste par
rapport à un titre laissant transpirer la possibilité d’une musique de danse, de transe. C’est un peu à l’image de
Klaus Hoffmann-Hoock. Flamboyant guitariste et mellotronniste Allemand, avec Mind Over Matter il crée une
musique qui transcende les frontières de la MÉ, Berlin School, pour épouser des mouvements plus
ésotérismes, plus planant aux confins d’un Nouvel Age progressif aux influences Hindoue. Tout un micmac! Ça
donne des albums assez particuliers, parfois inégaux mais toujours intéressants.
Trance'n'Dance est un petit chef d’oeuvre qui a passé totalement inaperçu. La guitare de Klaus
Hoffmann-Hoock est à couper le souffle. Et quand elle triture des stries flottantes, incisives elle nous transporte
aussi loin que notre imagination peut le permettre.
Une lointaine procession se fait entendre, alors que Children of the Midnight prend forme. Une superbe voix
lancinante en émerge, sur une douce et harmonieuse basse, des notes de guitares et de claviers éparses. Nous
sommes dans un pré virtuel où les brebis broutent paisiblement, parmi de lointains gazouillements chérubins.
Cette paisible structure sonore augmente en intensité, martelant un rythme hypnotique. La guitare mord ce
rythme bâtit sur de grosses riffs saccadés, dignes des gros rock progressifs pesant. Elle virevolte et déchire
l’atmosphère de superbes solos bouclés et stridents. Un moment intense qui me mord les oreilles à chaque
écoute. La Stratocaster perce la structure sonore avec passion et une douce folie révoltée. Le mouvement nous
conduit vers un passage plus atmosphérique où une superbe flûte flotte mélodieusement nous entraînant dans
un couloir cadencé comme une horloge sur des notes soyeuses qui se dandinent en harmonie. Au chant du
coq, les tablas indiens font leur entrée, guidant Children of the Midnight à ses derniers pas sur des notes de
claviers et de guitares cosmiques, des voix et des souffles éthérés. Tout un classique. Un monument dans
l’histoire de la MÉ.
Spacelab est superbement atmosphérique. Composé avec Peter Mergener, de Software, c’est un titre moulant
où la guitare est rêveuse et flotte sur les souffles d’un synthé discret, mais fort mélodieux. Hypnotique, la
guitare de Klaus Hoffmann-Hoock suspend le temps avec ses lourdes nappes stagnantes et ses accords à la
fois graves et aigus.
Un léger souffle flûté donne le coup de départ à Jack the Bear. Léger, le rythme est ensoleillé par une flûte
harmonieuse et des tablas animés. Comme de la musique des îles. Une belle voix féminine ensorcelle le
moment, et nous conduit à un saxophone survolté par une cadence de plus en plus animé. Un mouvement
fluide qui prend toute sa splendeur avec des riffs de guitare agressifs, dérivant sur des solos déchirants et
incisifs. Un moment totalement brillant où la six-cordes multiplie les frissons.
Mahatma est un lent mouvement ondulatoire aux essences de la spiritualité Hindoue. Lent et sensuel, le
mouvement progresse sur les souffles flûtés ainsi que d’un saxophone solitaire et des accords serpentins d’un
sitar. Une superbe couche synthétique enrobe la structure avec chaleur, donnant une profondeur agréable à
Mahatma.
Très atmosphérique, The Silence clôture ce 3ième opus de Mind Over Matter dans une quiétude mélancolique.
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Si vous êtes un amateur de MÉ progressive, Trance'n'Dance doit trouver sa niche dans votre collection. Un
album puissant, qui résiste à l’usure du temps, et qui prend toute une dimension lorsqu’on l’écoute avec des
écouteurs. Chaque titre est un pur joyau, même quand les atmosphères endorment les rythmes, tant l’émotion
et la sensibilité est au rendez-vous. Amateurs de musique, vous devez au moins une fois, vous payez Children
of the Midnight.
Note : 6/6
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ROODZANT (Frank) : Mix the Signals
Chronique réalisée par Phaedream
Frank Roodzant est un nouveau venu dans le monde de la MÉ. Artiste indépendant, il nous présente un premier
opus; Mix the Signals. Un titre où l’auteur veut insuffler, par sa musique, ses réflexions sur la détresse, l’espoir,
le désire et la passion, aux travers différentes approches musicales électroniques.
Aliens Among us ouvre ce premier opus de Frank Roodzant sur une note atmosphérique qui ressemble à Shine
on you Crazy Diamonds de Pink Floyd, avec ses légers effets sonores qui descendent sur des cousins
synthétiques cosmiques. Une brève guitare acoustique berce nos attentes alors qu’un mouvement
symphonique les charme.
Des pulsations cadencées imposent un rythme lourd et lent sur Was Sich Liebt, Das Neckt Sich. De superbes
souffles flûtés embrassent une structure musicale riche et dense où de belles strates flottent dans un univers
menaçant qui prend sa mesure sur un séquenceur rond et sautillant. Un titre à mouvements ambigus, qui
possède de beaux segments mélodieux, il cogite entre la sibylline de son aura et la lourdeur irrégulière d’un
séquenceur efficace. Fabelhaft est un superbe titre très symphonique qui me rappelle les bons moments de
Software. Un rythme sobre sur une belle mélodie poignante, entouré de percussions symphoniques, de strates
synthétiques aux arrangements orchestraux, imitant la splendeur d’une section de violon aux intrants
nostalgiques.
Une douce flûte, sur une harpe mystique qui serpente un mouvement ésotérique, prend les premières mesures
de The Outerworld System Part 1. Un titre romanesque avec de beaux chœurs virtuels qui parfument un
mouvement sobre dont la principale séquence se poursuit sur la partie 2.
C’est entouré d’un beau synthé lourd et mélancolique, comme un gros vent mellotronné, que cette séquence
est engloutie dans les premiers instants de The Outerworld System part 2. Un très beau piano en émerge, alors
que la séquence devient plus fluide. Flûtes, chœurs et beaux souffles synthétiques aux solos vrillants ornent
un mouvement qui crescende avec harmonie, sur un piano plus vivace.
L’intro de Laura-Sophie respecte la douce philosophie musicale de Mix The Signals. Mais le rythme explose
très vite, sur de bonnes percussions et un synthé agressif.qui déchire l’ambiance de ses stries aigues. Après
un bref moment atmosphérique, le titre devient plus lourd, plus rock. Un rythme endiablé sur des pulsations
lourdes digne des planchers de ‘’dance trance‘’, mais toujours avec cette petite mélodie insouciante qui
accroche. Other Worlds clôture avec une ambiance atonique. De lourds coussins synthétiques flottent dans un
univers statique où un séquenceur pesant circule en un mouvement rotatif. Des souffles synthétiques
harmonieux y circulent, sans bousculer l’ambiance atonique du séquenceur.
Mix the Signals est un premier opus prometteur. Frank Roodzant est très à l’aise dans cette MÉ aux intonations
symphoniques, guidées par les influences de Vangelis et Jean Michel Jarre. Un peu à l’image de sa vision, son
style emprunte différents sentiers musicaux et flotte plus près du Nouvel Age que de la MÉ pure. Mais quand il
se donne à fond, comme sur Was Sich Liebt, Das Neckt Sich, Fabelhaft et Laura-Sophie, on souhaite qu’il
récidivera dans ce style percutant, qu’il semble maîtriser avec une facilité naturelle. Un artiste à découvrir, et ça
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débute par son site web au www.artavenue-studios.com
Note : 4/6
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Informations
Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com.
© 2000 - 2008
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Table des matières
Les interviews............................................................................................................................................................................. 3
NEMESIS - (interview réalisée par Nicko, Phaedream).................................................................................................... 4
Entrevue Mac de BIOnighT - (interview réalisée par Phaedream) .................................................................................... 6
NEGURA BUNGET - (interview réalisée par Nicko)....................................................................................................... 9
Les chroniques de concerts ..................................................................................................................................................... 12
SECRETS OF THE MOON : La Locomotive, Paris, 30 sept. 2006 - (concert chroniqué par Nicko) ............................ 13
Les chroniques ......................................................................................................................................................................... 14
OBITUARY : World demise............................................................................................................................................ 15
MIRRORTHRONE : Carriers of dust .............................................................................................................................. 16
JUDAS ISCARIOT : Under the black sun....................................................................................................................... 17
TV ON THE RADIO : Young liars.................................................................................................................................. 18
ARMAGEDDA : Ond spiritism ....................................................................................................................................... 19
TV ON THE RADIO : Return to cookie mountain.......................................................................................................... 20
ALCEST : Le secret ......................................................................................................................................................... 22
INDRA : The Call Of Shiva Vol. 1 .................................................................................................................................. 23
INDRA : The Call Of Shiva Vol.2 ................................................................................................................................... 24
FOOD FOR FANTASY : The Secret Of Dreamin'.......................................................................................................... 25
ROACH (Steve) : Storm Surge: Live at NEARfest ......................................................................................................... 27
ROACH (Steve) : Proof Positive...................................................................................................................................... 28
BLACK COBRA : Bestial ............................................................................................................................................... 29
NUUK : Hide.................................................................................................................................................................... 30
COMPILATION DIVERS : New Dark Age 2................................................................................................................. 31
ALMOND (Marc) : Stranger things................................................................................................................................. 32
COMPILATION DIVERS : Rhythms for decay ............................................................................................................. 33
RINGLAGE (Lambert) : Pearls ....................................................................................................................................... 34
KIRKWOOD (Jim) : Foxhalt Edge.................................................................................................................................. 36
Mac of BIOnighT : Black Light ....................................................................................................................................... 37
WINTERDOME : Weltendämmerung............................................................................................................................. 38
DOM DRACUL : Attack on the crucified ....................................................................................................................... 39
ZORN (John) : The book of heads ................................................................................................................................... 40
LOREFICE (Sebastian) : Short stories, infinite corridors................................................................................................ 41
ENHUMA : La tête dans la chèvre .................................................................................................................................. 42
JESUS IS MY SON : Sacrifices odieux........................................................................................................................... 43
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HELLA : Hold your horse is ............................................................................................................................................ 44
BANKS (Tony) : A curious feeling ................................................................................................................................. 45
RUTHERFORD (Mike) : Smallcreep's day ..................................................................................................................... 46
KOENJI HYAKKEI : Hundred Sights of Koenji ............................................................................................................ 47
KOENJI HYAKKEI : Ni.................................................................................................................................................. 48
KOENJI HYAKKEI : Nivraym ....................................................................................................................................... 49
KOENJI HYAKKEI : Angherr shisspa............................................................................................................................ 50
CORELINE : Please keep moving forward ..................................................................................................................... 51
TANGERINE DREAM : Wavelength ............................................................................................................................. 52
TANGERINE DREAM : Firestarter ................................................................................................................................ 53
230 DIVISADERO : A vision of lost unity EP................................................................................................................ 54
BLACKTHRONE : Black metal juggernaut.................................................................................................................... 55
BUSH (Kate) : The kick inside ........................................................................................................................................ 56
LOS ASESINOS DEL PENTAGRAMA : Cuando la noche calla .................................................................................. 57
JARRE (Jean-Michel) : The Symphonic Jean Michel Jarre............................................................................................. 58
JARRE (Jean-Michel) : Solidarnosc Live ........................................................................................................................ 60
SYN : The Glass Bridge................................................................................................................................................... 62
SIXTEEN HORSEPOWER : Olden ................................................................................................................................ 63
SHE WANTS REVENGE : She wants revenge .............................................................................................................. 64
JARRE (Jean-Michel) : Oxygene..................................................................................................................................... 65
JARRE (Jean-Michel) : Equinoxe.................................................................................................................................... 67
RUN RUN VANGUARD : Suck success ........................................................................................................................ 69
TIAMAT : Skeleton skeletron.......................................................................................................................................... 70
TIAMAT : Judas christ..................................................................................................................................................... 71
CHRISTIAN DEATH : Death in Detroit ......................................................................................................................... 72
TANGERINE DREAM : 40 years Roadmap to Music.................................................................................................... 73
PADILLA (Craig) : Ibiida Lahaa ..................................................................................................................................... 74
MY DYING BRIDE : A line of deathless kings .............................................................................................................. 76
VREID : Pitch black brigade............................................................................................................................................ 77
MY DYING BRIDE : The angel and the dark river ........................................................................................................ 78
SPEAR OF LONGINUS : Nothing is forever, and , forever is nothing .......................................................................... 79
CATHAR : S/t .................................................................................................................................................................. 80
CHEVREUIL : Capoeira.................................................................................................................................................. 81
CHRONO.FIXION : 2006 ............................................................................................................................................... 82
CONSCIENCE : Half sick of shadows ............................................................................................................................ 83
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GATECHIEN : Trois........................................................................................................................................................ 84
GERMANO (Lisa) : In the maybe world......................................................................................................................... 85
GYPSOPHILE : Assunta.................................................................................................................................................. 86
LE SINGE BLANC : Strak!............................................................................................................................................. 87
NO RECESS : What a beautiful slum .............................................................................................................................. 88
PASSE MONTAGNE : Long play................................................................................................................................... 89
PNEUMATIC HEAD COMPRESSOR : From Freddy to Lemmy ................................................................................. 90
SEDIA : The even times................................................................................................................................................... 91
SHELVING : Mécanique sessions ................................................................................................................................... 92
SOYSOY : Liquid ............................................................................................................................................................ 93
TO-MERA : Transcendental ............................................................................................................................................ 94
SCHULZE (Klaus) : Ballet 1 ........................................................................................................................................... 95
OIL 10 : Beyond............................................................................................................................................................... 96
TANGERINE DREAM : Flashpoint................................................................................................................................ 97
PADILLA MURPHY : Phantasma .................................................................................................................................. 98
THE EXPLOITED : Horror epics .................................................................................................................................... 99
CHEJU : As the leaves turn............................................................................................................................................ 100
CHEJU : A year apart..................................................................................................................................................... 101
BONE IDOL : The Triumph of Entropy ........................................................................................................................ 102
HYPOTHERMIA : Svarta Nyanser Av Ljus ................................................................................................................. 104
KLANGWELT : XOIO.................................................................................................................................................. 105
SKY OF YUGGOTH : Transmissions from the chtonic depths .................................................................................... 107
SATOR ABSENTIA : Exis time.................................................................................................................................... 108
KNUTSEN (Roy-Arne) : Old boat house ...................................................................................................................... 109
TYR : Ragnarok ............................................................................................................................................................. 110
RICH (Robert) : Electric Ladder .................................................................................................................................... 111
HERBERT : Scale .......................................................................................................................................................... 112
CDATAKILL : Valentine .............................................................................................................................................. 114
EL-KA : Galactic Sequences.......................................................................................................................................... 115
DETRITUS : Thresholds................................................................................................................................................ 116
DRUMCORPS : Grist .................................................................................................................................................... 117
SONIC YOUTH : Experimental, trash, jet set & no star ............................................................................................... 118
COMPILATION DIVERS : Shrine ............................................................................................................................... 119
COMPILATION DIVERS : 40 wings ........................................................................................................................... 120
SPEARHEAD : Deathless steel command..................................................................................................................... 121
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DERNIERE VOLONTE : Obéir et mourir .................................................................................................................... 122
KYLA : Glory of negativity ........................................................................................................................................... 123
JARRE (Jean-Michel) : Les Chants magnétiques .......................................................................................................... 124
JARRE (Jean-Michel) : Zoolook.................................................................................................................................... 125
COMPILATION DIVERS : Full metal garage : The songs that drove Metallica ......................................................... 127
ZORN (John) : Pool ....................................................................................................................................................... 128
BANDE ORIGINALE DE FILM : Cannibal Holocaust................................................................................................ 129
REVEREND BIZARRE : Thulsa doom ........................................................................................................................ 130
PHANTOM ROCKERS : On the loose ......................................................................................................................... 131
BLACK LABEL SOCIETY : The blessed hellride ....................................................................................................... 132
ZORN (John) : New traditions in east Asian bar bands ................................................................................................. 133
IRON BUTTERFLY : In-a-gadda-da-vida .................................................................................................................... 134
GHOSTING : Disguised in black................................................................................................................................... 135
HUYGEN (Michel) : Sensorial ...................................................................................................................................... 136
ENCHANTMENT : Dance the marble naked................................................................................................................ 137
NEURONIUM : Synapsia .............................................................................................................................................. 138
UNTOTEN : Herz der Finsternis ................................................................................................................................... 140
SHREEVE (Mark) : Assassin......................................................................................................................................... 141
THE CHAMELEONS : Script of the bridge.................................................................................................................. 143
MOEBIUS (Dieter) : Nurton.......................................................................................................................................... 144
THE CHAMELEONS : What does anything mean basically ? ..................................................................................... 145
VIOLET TEARS : Cold memories and remains............................................................................................................ 146
MOI DIX MOIS : Nocturnal opera ................................................................................................................................ 147
MOI DIX MOIS : Beyond the gate ................................................................................................................................ 148
KOZI : Khaos/Kinema ................................................................................................................................................... 149
TRANSCEIVE : Intrigue ............................................................................................................................................... 150
TRANSCEIVE : Transformation 88:98 ......................................................................................................................... 152
JARRE (Jean-Michel) : Les Concerts en Chine............................................................................................................. 154
TANGERINE DREAM : Heartbreakers ....................................................................................................................... 156
TANGERINE DREAM : Le Parc .................................................................................................................................. 157
SLAUGHTER LORD : Thrash 'til death ....................................................................................................................... 159
THESYRE : August 2002 .............................................................................................................................................. 160
MIND OVER MATTER : Trance'n'Dance .................................................................................................................... 161
ROODZANT (Frank) : Mix the Signals......................................................................................................................... 163
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