LAmérique
Transcription
LAmérique
DOSSIER PEDAGOGIQUE L!Amérique Serge Kribus Distribution Mise en scène : Serge Kribus Avec Bernard Sens : Jo Serge Kribus : Babar Scénographie et costumes : Lionel Lesire Lumières : Jacques Magrofuoco Son : Nicolas Perretier Assistant à la mise en scène : Jean-François Viot Guitare électrique enregistrée : Alain Lapiower Violon enregistré : Emmanuel Emerich Training physique : Boris Herszbojn Une production de l!Atelier Théâtre Jean Vilar et du Festival de Théâtre de Spa Dates : du 13 au 16 janvier 2009 Lieu : Théâtre Jean Vilar Durée du spectacle : 1h20 Réservations : 0800/25 325 Contact écoles : Adrienne Gérard - 010/47.07.11 – [email protected] Bibliographie : - Jean-Pierre LE GOFF, Mai 68, l!héritage impossible (préface de François Gèze), Ed. La Découverte, Paris, 1998. - Sous la direction de Claude MAGGIORI, Années 70, la décennie où tout bascule, Paris, Larousse, septembre 2006. - David COOPER, Mort de la famille, Paris, Seuil, 1972. - A. S. NEILL, Libres enfants de Summerhill, Paris, François Maspero, 1971. - R. L. STEVENSON, Essais sur l!art de la fiction, Paris, La table ronde, 1988. - Michel CORVIN, Dictionnaire encyclopédique du Théâtre, Paris, Larousse (in extenso), 1998. - Agnès PIERRON, Dictionnaire de la langue du Théâtre, Paris, Le Robert - www.artsalive.ca - www.dvdrama.com Serge Kribus, auteur, metteur en scène et comédien (Babar) Serge Kribus est né à Bruxelles en 1962. Il vit à Paris depuis sept ans. Formé au Conservatoire Royal de Bruxelles dans la classe d!André Debaar, il reçoit son Premier Prix en 1985. Il se tourne rapidement vers l!écriture de pièces dont Arloc (Mise en scène de Jorge Lavelli au Théâtre de La Colline en 1996, prix triennal de la littérature dramatique attribué par la Communauté française de Belgique), Le Murmonde, monté au Théâtre du Campagnol en 2000, et Le Grand Retour de Boris S. (Mise en scène de Marcel Bluwal au Théâtre de l!Œuvre en 2000, Prix Beaumarchais, Prix de la Critique, Prix de la Francophonie de la SACD, Prix Lucien Barrière, nomination aux Molières 2001). Ses textes sont publiés aux éditions Actes Sud-Papiers. Comme comédien, Serge Kribus a joué dans une quinzaine de pièces. Au cinéma et à la télévision, il a tourné notamment avec Tonie Marschall, Yves Boisset, Radu Mihaïleanu, Jean-Daniel Verhaeghe, Edouard Molinaro et Robert Guédiguian. Serge Kribus a reçu en 2006 le prix Théâtre de SACD pour sa pièce L!Amérique, pièce pour laquelle il a été nominé aux Molières en 2006 dans la catégorie Meilleur auteur. La pièce a été créée en Belgique en août 2006 au Festival de Théâtre de Spa, puis reprise au Théâtre Jean Vilar la saison suivante. Cette saison, le spectacle est repris au Rideau de Bruxelles, à Spa, à Ath et à Louvain-la-Neuve. Le dernier texte de Serge Kribus, Infamies, vient d!être lu à la Comédie-Française dans le cadre des Petites Formes de la Comédie-Française. Il est publié dans l!Avant-scène Théâtre, La Famille. Sa pièce Le Grand Retour de Boris S. a été jouée en Suisse en novembre 2008. Bernard Sens, comédien (Jo) Bernard Sens est né le 07 août 1960. Il a suivi une formation de comédien au Conservatoire Royal de Bruxelles (Premier Prix en juin 1986). Depuis 1984, il foule les planches de tous les Théâtres en Communauté française : du Théâtre National, au Théâtre Royal du Parc, en passant par l!Atelier Théâtre Jean Vilar, le Théâtre du Rideau, le Théâtre de l!Ancre, le Théâtre Le Public… Il joue sous la direction de metteurs en scène aussi diversifiés que Dominique Serron, Frédéric Dussenne, Pierre Laroche, Daniel Scahaise, Jean-Claude Drouot, Armand Delcampe, Roumen Tchakarov. Jean-Claude Idée, Jules-Henri Marchant, Pierre Fox, Adrian Brine, Philippe Sireuil… Au cinéma, il joue sous la direction de Claude Bouché, Olivier Masset-Depas, Frédéric Fonteyn, Eric Woreth, Marian Handwerker, Eric Lacroix, Paula Vanderhoest, Denis Delcampe, Delphine Gleize. Vous avez pu le voir au Théâtre National dans Tartuffe de Molière et Mesure pour Mesure de Shakespeare, mis en scène par Philippe Sireuil, Le Béret de la tortue de Gérald Sibleyras et Jean Dell, mis en scène par Patricia Houyoux au Théâtre des Galeries, Un Vrai Bonheur de Didier Caron, mis en scène par Martine Willequet au Théâtre des Galeries, Vendredi jour de liberté de Hugo Claus, mis en scène par Christophe Sermet au Théâtre Le Public (repris cette saison au Théâtre de l!Ancre). Il a obtenu le prix du Théâtre 2006 comme meilleur comédien pour son interprétation dans Mesure pour Mesure et Vendredi jour de liberté. Cette saison, vous avez pu l!applaudir dans Nuit avec ombres en couleurs de Paul Willems et Hamlet(s) d!après William Shakespeare, deux spectacles mis en scène par Frédéric Dussenne. En 2009, il sera à l!affiche de Mort de chien de Hugo Claus dans une mise en scène de Philippe Sireuil. 2 Cher professeur, Nous avons la chance pour ce spectacle d!avoir le témoignage d!un auteur contemporain, vivant, metteur en scène et comédien. Serge Kribus est de plus un auteur reconnu tant en France qu!en Belgique, publié chez Actes-Sud, nominé aux Molières 2006… Ce dossier se présente sous forme de pistes de réflexions élaborées par l!auteur. En annexe vous trouverez quelques textes, documents, informations à consulter au besoin. « Knocking on heaven!s door » Bob Dylan J!ai effectué pendant plus de dix ans de nombreux ateliers de théâtre et d!écriture. Ma seule ambition au cours de ces rencontres a été de témoigner de mon expérience pour encourager celle des autres, et éveiller si besoin en était l!envie de vivre, de regarder, de faire. Et susciter la confiance en soi qui permet de penser le monde (ou du moins l!environnement dans lequel nous évoluons) et de s!y inscrire par un projet. Je proposerais deux points de vue pour approcher les élèves et susciter leur questionnement et la conscience de leur singularité. Je laisse aux élèves et aux professeurs le soin de choisir l!une ou l!autre des approches ou les deux. Chacune des deux approches est indépendante. Chacune contient les questions de l!autre. Et elles sont bien entendu toutes deux complémentaires. Serge Kribus 1ère approche : le théâtre Pourquoi fait-on du théâtre ? Pourquoi des individus ont envie ou besoin d!écrire des pièces, de les produire, de les jouer ? Est-ce que le théâtre ou le cinéma sont des « produits » de loisir, de distraction, ou bien sont-ils aussi autre chose ? Y a-t-il une différence, et si oui, quelle est cette différence entre le théâtre et les cours d!histoire ? Ya-t-il des différences entre le théâtre, le cinéma et la littérature ? Un auteur de théâtre fait-il un métier ? Un acteur exerce-t-il un métier ? Qu!est-ce qu!un métier ? Si écrire ou jouer du théâtre est un métier, comment pourrait-on, sinon définir, au moins qualifier les conditions de ces « métiers » ? Comment fait-on pour pour élaborer une histoire ? Comment fait-on pour faire vivre des personnages ? Et comment fait-on pour les faire vivre dans l!imaginaire des spectateurs ? 3 2de approche : La pièce et sa thématique. L!Amérique raconte une histoire. Quelle est cette histoire ? Quels sont les enjeux de l!histoire ? Le contexte des années "70, les lieux dans lesquels l!action se déroule, les caractères des personnages, leur origine sociale et familiale, leur évolution, leur apprentissage, ou comme on dit leur trajet iniatique racontent une époque, un mode de vie, un mode de pensée. Une volonté de se démarquer des générations précédentes. Une volonté de changer le monde. Mais au-delà d!une époque, animée par une explosion créatrice qui touchait au cinéma, au théâtre, à la musique et aux mœurs, la pièce évoque quelque chose qui n!est peut-être pas spécifique à cette époque. Peut-on vivre, comment vivre, comment trouver sa place dans une société qui impose des règles, et des cadres ? Faut-il faire disparaître les cadres ou faut-il essayer de comprendre le sens ou la nécessité du cadre? Et le cas échéant, faut-il réfléchir, voire proposer des changements à ces cadres ? Quel est le message que la jeunesse des années 70 entendait ? Quel avenir lui promettait-on ? Quel avenir voulait-elle ? Quelles étaient dans ses rêves les parts de construction et celles de destruction ? Est-il resté quelque chose de tout cela ? Quel est le message que la jeunesse d!aujourd!hui entend ? Quel avenir lui promet-on ? Pensez-vous à l!avenir ? Si oui, Comment ? Peut-on vivre si nous n!avons pas de rêves, d!utopie ou de perspectives ? 4 La jeunesse, avant tout en quête d!identité Cette quête peut être abordée de différents points de vue. Ce qu'il y a à mon sens de fascinant dans le théâtre, le cinéma et la littérature, c'est que les thématiques, dans les œuvres qui me plaisent et me paraissent importantes, ne sont jamais réduites à une théorie. Les œuvres de fiction brassent les théories pour les passer par le filtre des individus et de leur parcours. Et les parcours sont toujours plus éloquents, plus riches, et plus contradictoires et finalement plus vrais que les théories. Les évènements qui jalonnent les histoires que les auteurs imaginent posent des situations complexes où les personnages s'affrontent avec leurs références, leur origine, et leur difficulté à mener leur quête. C'est le conflit entre les personnages et l'impossibilité parfois pour ceux-ci de résoudre les conflits qui racontent une époque, avec ses enjeux. C'est donc un débat en soi. Qu'est-ce que le théâtre ? Et que permet-il ? Pour ce qui nous concerne, ces enjeux sont l'émancipation, la quête de l'identité, la nécessaire découverte de l'autonomie, celle des limites, la confrontation au monde, la confrontation à sa propre histoire. La confrontation à l'omniprésence étouffante de la famille ou au contraire à sa cruelle absence. Nos origines culturelles et sociales sont notre richesse, mais nous les portons parfois avec douleur et honte. Comment arriver à se dire sans fierté et sans honte ? La découverte de soi passe aussi par la découverte de l'autre. Et la découverte de soi comme de l'autre nous mène à la découverte du corps et de la sexualité. Ce sont ces aventures diverses et multiples qu'on résume souvent aux "années d'apprentissage" ou au parcours "initiatique" dont on sait tous qu'ils ne sont pas faits que de chemins éclairés, faciles et balisés. Au contraire les chemins sont tortueux, épineux, violents, difficiles mais l'adversité n'empêche jamais l'aventure et n'empêche pas non plus que l'aventure soit pleine de vie, de forces, de joies, de rires, de passions. La jeunesse, ivre de son audace, de ses exigences et de son appétit fait souvent voler en éclats les interdits dont elle souffre et les injustices dont elle est le témoin et qu'elle ne peut accepter. Comment peut-on s'inscrire dans une société? N'a-t-on pas besoin d'un idéal pour pouvoir vivre et se construire et s'inscrire dans un projet collectif? Quelle est notre histoire? Quelles sont nos singularités? Pourquoi avons-nous tant de mal à nous dire? Pourquoi avons-nous si peu confiance en notre légitimité? Les poètes, les musiciens, les cinéastes, les auteurs, les romanciers nous aident un peu à évoquer ces difficultés auxquelles nous avons tous été confrontés et nous aident à nous sentir moins seuls et moins honteux devant nos questions. Serge Kribus 5 ANNEXES Voici en annexe quelques documents, pistes de réflexions pour aborder ces différentes questions avec vos élèves. 1ère approche : l!auteur dramatique : pistes de réflexion 1. Tentative de définition de l!auteur et de sa fonction L!auteur dramatique (in Dictionnaire La langue du Théâtre, Agnès Pierron, Le Robert) C!est le fournisseur de l!élément de base d!une prestation scénique, si l!on tient à la tradition qui consiste à monter une pièce. À partir du XIX siècle, on peut employer aussi le mot dramaturge. (…). Mais la valorisation de l!auteur dramatique ne date que du XVIII siècle ; jusque-là, ce sont les comédiens qui font la loi et ont le pouvoir sur les textes. C!est avec l!intervention de Beaumarchais que les choses se mettent à changer. Pourtant, en 1743, déjà, à la première de Mérope de Voltaire, le 20 février 1743, la salle avait demandé « L!auteur ! l!auteur ! », pour qu!il vienne saluer. Voltaire, tapi au fond d!une loge, fait le modeste. Il aura l!élégance d!attribuer le succès de la pièce à l!interprète, Melle Dumesnil (1713-1802). En fait, une telle attitude ne répond pas seulement à la délicatesse et à du savoir-vivre ; elle est révélatrice d!une réalité : le texte dramatique ne vaut que dans la mesure où il est animé par un acteur. (…), on peut dire qu!il est pris dans un cercle vicieux. Il n!a des chances d!être publié que s!il est joué et il ne peut être joué que s!il parvient à être lu. (…). L!auteur dramatique (Extrait de www.artsalive.ca) Les auteurs dramatiques écrivent les pièces de théâtre. Comme la plupart des écrivains, les auteurs dramatiques racontent des histoires en faisant vivre et parler des personnages. L'œuvre d'un auteur dramatique est une production littéraire en soi, qu'il est possible de lire de la même façon qu'un roman ou une nouvelle, mais son potentiel ne se trouve entièrement réalisé que si d'autres artistes lui prêtent leur talent et transforment le texte écrit en une production théâtrale jouée sur scène. Un bon auteur dramatique doit avoir une imagination débordante une histoire passionnante à raconter une bonne compréhension de la psychologie humaine une bonne oreille capable de capter la façon dont les gens parlent une connaissance pratique de la structure dramatique une bonne maîtrise des modes d'expression non verbaux : le son, le mouvement, le décor, les costumes, l'éclairage, la musique, le rythme et le tableau scénique Si la plupart des auteurs dramatiques, comme la plupart des écrivains, travaillent seuls, il arrive parfois qu'ils partagent le travail d'élaboration d'une pièce avec des comédiens et un metteur en scène : c'est ce qu'on appelle la création collective. Dans ce genre d'exercice, tout le monde participe à la construction de l'histoire et au développement de la pièce. Mais à l'étape de la mise en forme de la matière brute et de l'écriture proprement dite, on s'en remet généralement au talent et au savoir-faire de l'auteur dramatique. 6 2. Le parcours de l!auteur, aujourd!hui (Extrait du Dictionnaire encyclopédique du Théâtre, Michel Corvin, Paris, Larousse) L!écriture solitaire est le lot de la majorité des poètes dramatiques. Ils écrivent, épousant les formes théâtrales mises en scène aujourd!hui, à savoir les formes classiques du répertoire : à elles seules, elles représentent 70% de la production théâtrale ; ou bien, ils affichent un souci de recherche de nouvelles écritures et s!engagent dans un processus créatif visant à découvrir des formes neuves. Le dépôt de manuscrit à la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques), soit à la SABAM (Société belge des Auteurs, Compositeurs et Editeurs), qui protège les droits de l!auteur tant financiers qu!intellectuels. Le manuscrit peut aussi être déposé auprès d!une institution susceptible de le lire, voire de la recréer. La réécriture : on juge intéressante la facture de l!écrit ; on demande, cependant, des ajustements, des modifications, des ajouts. La mise en voix ou la lecture publique, et la mise en espace : un ou des acteurs, après quelques services de répétitions, font partager à un public restreint les états d!un texte, galops d!essai avant l!établissement d!une appréciation sur l!œuvre proposée. Les aides à l!écriture (ministère de la Culture et de la Communication) : aide à la création d!œuvres dramatiques ou à la recherche d!une écriture associant texte dramatique, musique, danse, mime, vidéo ; commande à un auteur par une entreprise dramatique professionnelle ; aide à la première reprise. (…). L!édition théâtrale : elle est limitée. Les collections spécialisées chez les grands éditeurs de littérature générale (Gallimard, Le Seuil, Flammarion, Stock) tendent vers zéro. Des éditeurs militants, au premier rang desquels Théâtre Ouvert, Actes Sud-Papiers, Théâtrales, l!Avant-Scène, l!Arche, dans le domaine étranger, luttent pour revivifier le champ de l!édition dramatique, participant parfois à la production d!œuvres contemporaines. La mise en scène : fort de ce parcours, le texte aboutit entre les mains d!un metteur en scène, quelquefois commanditaire de l!œuvre. Il tente de produire le texte, à condition, la plupart du temps, qu!il ne comporte pas trop de personnages, impliquant l!engagement de nombreux acteurs et aggravant les coûts. Reste le jugement porté par les spectateurs, les critiques et les faiseurs d!opinion. (…) l!auteur a traversé de rudes épreuves, d!autant que beaucoup de pièces de théâtre s!écrivent aujourd!hui, sans toujours aboutir à une présentation publique. 3. Quelques citations pour rebondir… L'écrivain ne fait que répondre à des questions qui n'ont pas été posées. (Extrait du recueil de poèmes Wilderness - Jim Morrison) Il y a de nombreuses manières d!écrire une histoire. Le sensationnalisme n!en est pas une. (Bob Dylan) Il n'y a de théâtre vivant que si les auteurs y sont attachés. Ce sont les auteurs autant que les troupes qui font les théâtres. (Jean-Louis Barrault) L'auteur doit céder la parole à son oeuvre. (Friedrich Nietzsche) Ecrire ? Métier pour introvertis et contemplateurs de nombril. (Jacques Lamarche - Extrait des Confessions d'un enfant d'un demi-siècle) 7 2de approche : pistes de réflexions : la pièce et sa thématique Le résumé de la pièce Babar vit à Bruxelles. Il est étudiant en médecine. Idéaliste et révolté, il pense que le monde doit changer. Mais il a peur de tout, et il ose pas avec les filles. Un jour, il en a un peu marre, alors il part à Paris, comme ça pour voir. Il est dans un bar, et Jo lui parle. Jo, il n!a peur de rien. Il se bat. Il vole dans les magasins. Il fume. Il claque des doigts et il couche avec une fille. Le voyage qu!ils feront ensemble ne sera pas seulement celui de la liberté, des odeurs interdites, et des déconnades. Ce sera aussi celui d!un apprentissage violent qui les mènera vers une fin difficile et douloureuse. La fin de l!adolescence. Ces deux personnages évoluent au rythme des années !70, balancés entre le rock et la liberté nouvellement conquise par la jeunesse. Tout semble possible, le monde change et le jeune s!y sent libre ; libre de tenter toutes les expériences de la vie, libre de son corps et de sa sexualité. Pour un peu mieux comprendre ce contexte à l!aube de notre nouveau millénaire, tentons de revenir quelques années en arrière, dans les années !60, là où tout s!est joué… Le contexte social des années "60 A la fin des années !60, la France est prospère et en paix (la guerre d!Algérie et celle du Vietnam sont terminées). L!emploi est assuré, l!économie florissante : la monnaie est solide et la croissance annuelle frôle les 5 %. La modernisation a permis un net progrès économique et social dans l!ensemble de la société. De Gaulle confiait lui-même juste avant mai 1968 « Cela ne m!amuse plus beaucoup ; il n!y a plus rien de difficile, ni d!héroïque à faire ». La France, pacifiée, prend des positions internationales peu communes. Elle reconnaît la Chine communiste en 1964, dénonce l!hégémonie du dollar dans l!économie mondiale. Le discours de De Gaulle à Phnom Penh dénonce les risques d!intervention militaire américaine en Indochine. La politique envers les pays arabes vaut à la France gaulliste un fort courant de sympathie dans les pays du tiers monde, là où précisément des jeunes peuvent reporter leur espoir révolutionnaire. La période de la « guerre froide » est terminée et la déstalinisation est entamée. En l!espace d!une génération, le monde a complètement changé. « Aucune génération n!a jamais connu, assimilé des changements aussi rapides ; aucune n!a vu les sources de l!énergie, les moyens de communication, la définition de l!humanité, les limites de l!univers explorable, les certitudes d!un monde connu et limité, les impératifs fondamentaux de la vie et de la mort se transformer à ce point sous ses yeux. » (Margaret Mead, anthropologue américaine) Les jeunes des années !60 sont les enfants du baby-boom de l!après-guerre, entre 1946 et 1950. Ils sont nombreux, n!ont pas connu la faim et la misère, la guerre et les privations. Ils vivent dans une société pacifiée et prospère, une société de « facilités » disent leurs parents, comme pour mieux rappeler leurs sacrifices et leur aspiration à une vie calme et rangée, sous l!autorité « paternaliste » de De Gaulle. Pour la jeunesse, l!enrichissement et la consommation doivent remplacer les engagements et les combats héroïques du passé, l!expérience des aînés ne pouvant plus leur servir de référence pour s!orienter dans le monde moderne. Ecartelé entre un passé sans ressources et un avenir sans surprises, le présent s!ouvre sur le vide et l!ennui favorisant la révolte existentielle de la jeunesse qui se sent 8 coincée. De plus, la prolongation de la scolarité et le passage à l!université accroissent le temps d!instabilité entre le moment où l!on quitte la famille et celui où l!on entre dans la vie active. L!allongement de cette période intermédiaire transforme l!adolescence en jeunesse, véritable phénomène, avec des comportements spécifiques et nouveaux. Cette jeunesse affiche une rage de vivre qui passe entre autres par la musique : le rock, la soul, la funk. Le choc entre générations commence à se lever au grand jour. La vague contestataire de la jeunesse fonde ses rêves et son identité sur son opposition aux institutions de la famille, de l'école, de l'autorité. Les années !70 des babas cool Qui sont les babas ? Une tribu ? Un look ? Une mode ? Au IIIème millénaire, les clichés demeurent. Les babas étaient donc une tribu folklorique dont les membres vêtus de chemises indiennes et de pantalons pattes d!éph! vivaient en communautés, pratiquaient l!amour libre, fumaient de gros joints, mangeaient des fleurs, partaient sur la route jusqu!au bout de l!Orient un sac sur le dos et voulaient changer le monde avec de bons sentiments ? Pas si simple. Les « babas » ont fait partie du grand mouvement de contestation qui bousculait nos sociétés occidentales. (…) Les babas sont naturellement politiques. Après les événements de Mai !68, les babas pensent poursuivre la lutte… ils appliquent les propositions de l!anarchiste Jerry Rubin, qui écrivait en 1968 : « Après la révolution, il n!y aura plus de prisons, plus de tribunaux et plus de police. Le monde ne sera plus qu!une seule communauté où le logement et la nourriture seront libres, où nous partagerons tout. Toutes les montres seront détruites. Les coiffeurs seront intégrés dans des camps de rééducation et se laisseront pousser les crins. Le Pentagone sera remplacé par une ferme d!expérimentation du LSD. Il n!y aura ni école ni église, car le monde entier ne sera plus qu!une seule école, une seule église. Le matin, les gens cultiveront la terre, l!après-midi, ils feront de la musique et baiseront autant qu!ils en auront envie. » Les babas sont des gauchistes, mais plutôt que de rêver à un mythologique Grand Soir, ils préfèrent « changer la vie, ici et maintenant ». Les babas sont pacifistes. Ils rêvent de changer le monde sans fusils, juste avec des fleurs… Chaque communauté devient un « lieu » d!expérimentation. Aux abords de Foix, en Ariège, la Communauté du Clou se veut politique. Elle réfléchit au potlatch indien, c!est-à-dire l!échange de dons, l!économie du troc, l!abolition de l!argent. Pour bien comprendre le mouvement baba, il nous faut aussi relire ces lignes de l!acteur Julian Beck, fondateur du Living Theater, avec lequel il parcourt le monde dans tous les sens au cours de la décennie : « Nous ne pouvons pas nous débarrasser de l!argent sans transformer la psychologie et les rapports humains ; or, on ne peut pas transformer la psychologie et les rapports sociaux sans transformer ou libérer la sexualité » (…) Cette libération sexuelle sera possible grâce à l!arrivée de la pilule et la quasidisparition de la syphilis. Ce moment de grâce, unique dans l!histoire, ne durera que vingt ans, jusqu!à l!arrivée du virus du sida au début des années "80… Le passé n'existe pas puisqu'il est passé, le futur n'est pas encore là en conséquence il n'y a que le présent puisqu'on y est. (Bob Dylan) Cette vision des choses aura des conséquences également sur l!éducation des enfants. Comment ces jeunes « babas cool » voient-ils leur rapport à leurs enfants ? Voici 9 venu le temps des libertés. En témoigne par exemple le livre Libres enfants de Summerhill, de Neill, qui décrit l!expérience d!une école autogérée qui se dresse contre l!école traditionnelle et le conformisme qu!elle amène. Dans la même mouvance, le livre Mort de la famille de David Cooper, propose de s!affranchir des structures aliénantes de la famille qui étouffe la vérité de l!individu et se répercute dans toutes les structures sociales. La jeunesse aujourd!hui On entend souvent dire que les jeunes d!aujourd!hui n!ont connu depuis leur naissance qu!une société « en crise ». Une société dure, de consommation, où l!avenir n!est jamais sûr et où l!argent est roi. On parle de la « perte des valeurs » à l!heure où seule la valeur de l!argent fait sens dans le monde capitaliste dans lequel nous vivons. Bref une société aux antipodes de celle que nos parents ont vécue 40 ans plus tôt. Le baby-boom est loin, voici le temps du « papy-boom », dans une société inquiète. Le vaccin du sida est toujours introuvable, le terre toujours de plus en plus polluée, le chômage bat son plein. L!avenir est à réinventer. L!utopie aurait-elle laissé la place au désenchantement ? Années !70 ou 2000 : avant tout, une quête d!identité. Une quête d!identité difficile, la question de l!exil « Nos arrière-grands-parents ont défendu la France, nos grands-parents l!ont reconstruite, nos parents l!ont nettoyée. A nous de la raconter » Jamel Debbouze, in L!Humanité Dimanche, 21-27 septembre Cette citation de Jamel est à replacer dans le contexte de la sortie du film Indigènes de Rachid Bouchareb en septembre 2006. Le film est un hommage aux 130.000 combattants des colonies françaises qui durant la Seconde guerre mondiale ont combattu le nazisme aux côtés de la France. D!un point de vue historique, en 1940, la France est vaincue et 1.400.000 soldats français sont prisonniers en Allemagne (40.000 décéderont en captivité). L'Armée française n'existe plus. Pendant près de deux années, l!Empire colonial va être au centre des enjeux de légitimité entre les forces gaullistes et le régime de Vichy. Dès le 18 juin 1940, et dans la foulée de l!appel du général de Gaulle à poursuivre la lutte, les ralliements sont d'abord individuels. En juillet 1940, la France Libre peut compter sur un peu plus de 7.000 hommes. Puis, ses effectifs vont croître tout au long de l!année 1940, à la suite du ralliement de plusieurs colonies africaines, océaniennes et asiatiques. Ce soutien de l!empire colonial donne une légitimité à la France Libre et va lui permettre de s!imposer, petit à petit, aux côtés des alliés dans le conflit… Extrait d!une interview de Jamel Debbouze (…) On a cherché à nous rassurer, on nous a assommés à coup d!intégration, ils ont même inventé un ministre de l!intégration pour nous expliquer comment il fallait que l!on agisse pour être un jour complètement reconnu et accepté au sein de ce pays, au sein de la France ! C!est assez schizophrénique de se sentir en fait étranger dans son propre pays ! Alors évidemment, lorsque Rachid m!a parlé pour la première fois d!Indigènes, au même titre que lorsque je suis monté pour la première fois sur scène, il n!y a pas qu!un petit rebeu, avec un bras dans la poche qui parle, qui habite en banlieue, qui se promène à Barbès, c!est un 10 acteur investi d!une mission qui joue un rôle et c!est difficile pour certaines personnes de l!admettre. Alors ce film, c!était une manière pour moi de dire que j!étais français, fier de l!être, et rendre de cette façon hommage à ces tirailleurs algériens, c!était pour moi merveilleux. Rachid m!a offert un incroyable cadeau. (…) C!est assez étrange de se faire traiter d!immigrés au Maroc, de ne pas avoir l!impression d!être chez soi et de vivre la même chose en France, d!avoir le sentiment de n!être nulle part chez soi. Toutes les personnes qui traversent une crise d!identité ont des choses à crier, à sortir, à partir du moment où ils se laissent aller, ils peuvent avancer, comme lorsque l!on fait une thérapie, il faut dire les choses, mettre des mots sur certaines émotions, certaines peurs, les extérioriser pour se construire. Beaucoup d!entre nous ont trop occulté les problèmes, ne se sont pas assez exprimés, toutes ces frustrations, le fait de ne pas se sentir accepté. En ce sens le film de Rachid est très important, il va pouvoir rappeler à tous ces gamins qu!ils existent, qu!il y a eu des héros qui avaient leur tronche, qui sont morts ensemble, pour la France. Il faut qu!ils soient fiers d!être français. J!adore la France et, lorsque je m!éloigne, dès que j!arrive à Paris, je me souviens immédiatement d!où je viens et où je vais. Au-delà du film ce fut même une expérience personnelle, qui vous a permis de vous ouvrir à votre propre histoire familiale, ce fut du coup difficile à porter ? Saïd, c!est effectivement le nom de mon propre grand-père et le film était chargé pour moi de nombreux symboles. J!ai appris que mes grands-parents avaient été engagés pratiquement à la même période, pour combattre les mêmes ennemis et j!ai eu l!impression soudainement de les incarner, de faire d!eux ce qu!ils sont vraiment, des héros. Je suis heureux de pouvoir aujourd!hui répondre librement à votre question. Ils ont combattu contre le nazisme et lorsque j!observe le contexte géopolitique aujourd!hui j!ai vraiment l!impression que l!on n!a rien compris, que l!on ne tire aucune leçon du passé. On s!est regroupé pour contrer le nazisme et aujourd!hui on se déchire tous juste parce que nous n!avons pas le même pendentif, c!est tragique. C!est vrai que de savoir que nos grands-parents ont traversé ce que nous traversons à notre tour dans le film, que nous racontons d!une certaine façon leur propre histoire 50 ans après, c!est une aventure humaine bouleversante. Je n'ai jamais ressenti ça sur un plateau. Est-ce que c!est le rôle qui vous a permis d!aller vraiment au fond de vous même, de sortir de vos propres retranchements, de la coquille « Jamel » ? (…) En vivant dans certaines banlieues, on a besoin de désamorcer certaines choses, face à la misère, aux échecs, à la mort, il y a une solidarité, on fait bloc ensemble, dans ces blocs et j!ai toujours eu l!impression de vivre dans des villages. Je suis née à Barbès, j!ai grandi à Casa dans un bidonville, j!ai vécu ensuite à Trappes, et je ne me souviens pas d!avoir un jour considéré avec un certain sérieux la gravité de certaines situations car nous avions l!habitude de tout désacraliser, en dehors de la mort, rien n!était grave. L!humour a donc toujours été pour moi le meilleur vecteur pour dire les choses, vraiment, tu es plus détendu, moins sur tes gardes, donc plus réceptif. Lorsque l!on devient plus grave les choses passent mais différemment et personnellement j!ai le sentiment d!être moins crédible dès que j!adopte un ton plus dramatique, peut-être parce que j!ai toujours fonctionné de cette façon. En ce sens Indigènes a été une expérience unique, Rachid m!a interdit de déconner entre les prises, il m!a forcé à me replier sur mon personnage, j!ai eu l!impression soudainement de me retrouver plongé dans le monde des adultes, d!y faire un stage. J!ai découvert la concentration avec Sami Bouajila, je ne savais pas que ça existait. Ne plus parler, se mettre dans un coin, se remplir du personnage, c!était de l!ordre du surnaturel pour moi. Lorsque je faisais mes devoirs scolaires plus jeune, mon frère écoutait en même temps NTM, ma grandmère Oum Kalsoum, ma mère chantait, mon grand-père réparait le toit, et je tentais de trouver la racine carrée de deux, au milieu de tout ce tumulte. (Propos recueillis par Sophie Wittmer) 11 3. Quelques documents à consulter Des textes Les textes des chansons de Bob Dylan, Jim Morrison, Jimi Hendrix… Blowin! in the Wind – Bob Dylan How many roads must a man walk down Before you call him a man? Yes, 'n' how many seas must a white dove sail Before she sleeps in the sand? Yes, 'n' how many times must the cannon balls fly Before they're forever banned? The answer, my friend, is blowin' in the wind, The answer is blowin' in the wind. How many times must a man look up Before he can see the sky? Yes, 'n' how many ears must one man have Before he can hear people cry? Yes, 'n' how many deaths will it take till he knows That too many people have died? The answer, my friend, is blowin' in the wind, The answer is blowin' in the wind. How many years can a mountain exist Before it's washed to the sea? Yes, 'n' how many years can some people exist Before they're allowed to be free? Yes, 'n' how many times can a man turn his head, Pretending he just doesn't see? The answer, my friend, is blowin' in the wind, The answer is blowin' in the wind. Freedom – Jimi Hendrix You got my pride hanging out of my bed You're messin' around with my life So I bought my ... You even mess with my children And you're screamin' at my wife, baby Get off my back, if you wanna get outta here alive Freedom, give it to me That's what I want now Freedom, that's what I need now Freedom to live Freedom, so I can give You got my heart speak electric water You got my soul screamin' and howlin' You know you hook my girlfriend You know the drugstore man But I don't need it now I was trying to slap it out of her head Freedom, so I can give Freedom, yeah Freedom, that's what I need You don't have to say that you love if you don't mean it You'd better believe If you need me or you just wanna bleed me you'd better stickin' your dagger in someone else So I can leave Set me free (Yeah) Right on, straight ahead Stay up and straight ahead Freedom 12 Machine Gun - Jimi Hendrix HAPPY NEW YEAR FIRST OF ALL. I HOPE WE'LL HAVE A MILLION OR TWO MILLION MORE OF THEM... IF WE CAN GET OVER THIS SUMMER, HE HE HE. RIGHT I'D LIKE TO DEDICATE THIS ONE TO THE DRAGGIN' SCENE THAT'S GOIN' ON ALL THE SOLDIERS THAT ARE FIGHTIN' IN CHICAGO, MILWAUKEE AND NEW YORK... OH YEAS, AND ALL THE SOLDIERS FIGHTIN' IN VIETNAM. LIKE TO DO A THING CALLED 'MACHINE GUN' MACHINE GUN TEARING MY BODY ALL APART MACHINE GUN TEARING MY BODY ALL APART EVIL MAN MAKE ME KILL YA EVIL MAN MAKE YOU KILL ME EVIL MAN MAKE ME KILL YOU EVEN THOUGH WE'RE ONLY FAMILIES APART WELL I PICK UP MY AXE AND FIGHT LIK A BOMBER (YOU KNOW WHAT I MEAN) HEY AND YOUR BULLETS KEEP KNOCKING ME DOWN HEY I PICK UP MY AXE AND FIGHT LIKE A BOMBER NOW YEAH BUT YOU STILL BLAST ME DOWN TO THE GROUND THE SAME WAY YOU SHOOT ME DOWN BABY YOU'LL BE GOING JUST THE SAME THREE TIMES THE PAIN AND YOUR OWN SELF TO BLAME HEY MACHINE GUN OOOOOOOOOO I AIN'T AFRAID OF YOUR MESS NO MORE, BABE I AIN'T AFRAID NO MORE AFTER A WHILE YOUR YOUR CHEAP TALK DON'T EVERN CAUSE ME PAIN SO LET YOUR BULLETS FLY LIKE RAIN 'CAUSE I KNOW ALL THE TIME YOU'RE WRONG BABY AND YOU'LL BE GOIN' JUST THE SAME YEAH MACHINE GUN TEARING MY FAMILY APART YEAH YEAH ALRIGHT TEARING MY FAMILY APART DON'T YOU SHOOT HIM DOWN HE'S ABOUT TO LEAVE HERE DON'T YOU SHOOT HIM DOWN HE'S GOT TO STAY HERE HE AIN'T GOING NOWHERE HE'S BEEN SHOT DOWN TO THE GROUND OH WHERE HE CAN'T SURVIVE NO NO YEAH THAT'S WHAT WE DON'T WANNA HEAR ANY MORE, ALRIGHT NO BULLETS AT LEAST HERE, HUH HUH NO GUNS, NO BOMBS HUH HUH NO NOTHIN', JUST LET'S ALL LIVE AND LIVE YOU KNOW INSTEAD OF KILLIN' 13 Des textes d!auteurs Tokyo-Montana express de Richard Brautigan Las Vegas Parano de Hunter S. Thompson Une bande dessinée On vit une époque formidable de Jean-Marc Reiser Des films Mémoires d'immigrés de Yamina Benguigui America de Elia Kazan Mean Streets de Martin Scorsese Easy Rider de Denis Hopper La musique dans le spectacle Vous entendrez de courts extraits musicaux des titres suivants : Morceau Auteur Album Waiting Santana Carlos Santana Aisha John Coltrane Olé Coltrane Going Up The Country Canned Heat Livin' The Blues Mirrors Bobby Hutcherson The Kicker I Don't Need No Doctor Ray Charles His Greatest Hits/ Frémaux Cry Baby Janis Joplin Pearl Summertime Janis Joplin Live At Winterland '68 Ziggy Stardust Concerto N°1 en La Mineur BWV 1041 Allegro David Bowie Changesbowie J.S. Bach Anthologie Y. Menuhin Bold As Love Jimi Hendrix The Jimi Hendrix Experience Little Wing Jimi Hendrix The Jimi Hendrix Experience Concierto De Aranjuez Miles Davis/Gil Evans Sketches Of Spain Tranquillity Bobby Hutcherson Components Tippi-Toes The Meters All Along The Watchtower Jimi Hendrix Best Of Jimi Hendricks La danse du bonheur John Mac Laughlin Shakti Voir aussi toute la musique de l'époque : Bob Dylan, Joan Baez, Cat Stevens, Simon and Garfunkel, Jethro Tull, The Who, Neil Young, Pink Floyd, Peter Gabriel, etc... 14