LAmérique

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LAmérique
DOSSIER PEDAGOGIQUE
L!Amérique
Serge Kribus
Distribution
Mise en scène : Serge Kribus
Avec
Bernard Sens : Jo
Serge Kribus : Babar
Scénographie et costumes : Lionel Lesire
Lumières : Jacques Magrofuoco
Son : Nicolas Perretier
Assistant à la mise en scène : Jean-François Viot
Guitare électrique enregistrée : Alain Lapiower
Violon enregistré : Emmanuel Emerich
Training physique : Boris Herszbojn
Une production de l!Atelier Théâtre Jean Vilar et du Festival de Théâtre de Spa
Dates : du 13 au 16 janvier 2009
Lieu : Théâtre Jean Vilar
Durée du spectacle : 1h20
Réservations : 0800/25 325
Contact écoles :
Adrienne Gérard - 010/47.07.11 – [email protected]
Bibliographie :
- Jean-Pierre LE GOFF, Mai 68, l!héritage impossible (préface de François Gèze),
Ed. La Découverte, Paris, 1998.
- Sous la direction de Claude MAGGIORI, Années 70, la décennie où tout bascule,
Paris, Larousse, septembre 2006.
- David COOPER, Mort de la famille, Paris, Seuil, 1972.
- A. S. NEILL, Libres enfants de Summerhill, Paris, François Maspero, 1971.
- R. L. STEVENSON, Essais sur l!art de la fiction, Paris, La table ronde, 1988.
- Michel CORVIN, Dictionnaire encyclopédique du Théâtre, Paris, Larousse (in
extenso), 1998.
- Agnès PIERRON, Dictionnaire de la langue du Théâtre, Paris, Le Robert
- www.artsalive.ca
- www.dvdrama.com
Serge Kribus, auteur, metteur en scène et comédien (Babar)
Serge Kribus est né à Bruxelles en 1962. Il vit à Paris depuis sept ans.
Formé au Conservatoire Royal de Bruxelles dans la classe d!André Debaar, il
reçoit son Premier Prix en 1985.
Il se tourne rapidement vers l!écriture de pièces dont Arloc (Mise en scène de
Jorge Lavelli au Théâtre de La Colline en 1996, prix triennal de la littérature dramatique
attribué par la Communauté française de Belgique), Le Murmonde, monté au Théâtre du
Campagnol en 2000, et Le Grand Retour de Boris S. (Mise en scène de Marcel Bluwal au
Théâtre de l!Œuvre en 2000, Prix Beaumarchais, Prix de la Critique, Prix de la
Francophonie de la SACD, Prix Lucien Barrière, nomination aux Molières 2001). Ses
textes sont publiés aux éditions Actes Sud-Papiers.
Comme comédien, Serge Kribus a joué dans une quinzaine de pièces. Au cinéma et
à la télévision, il a tourné notamment avec Tonie Marschall, Yves Boisset, Radu Mihaïleanu,
Jean-Daniel Verhaeghe, Edouard Molinaro et Robert Guédiguian.
Serge Kribus a reçu en 2006 le prix Théâtre de SACD pour sa pièce L!Amérique,
pièce pour laquelle il a été nominé aux Molières en 2006 dans la catégorie Meilleur auteur.
La pièce a été créée en Belgique en août 2006 au Festival de Théâtre de Spa, puis reprise
au Théâtre Jean Vilar la saison suivante. Cette saison, le spectacle est repris au Rideau de
Bruxelles, à Spa, à Ath et à Louvain-la-Neuve.
Le dernier texte de Serge Kribus, Infamies, vient d!être lu à la Comédie-Française
dans le cadre des Petites Formes de la Comédie-Française. Il est publié dans l!Avant-scène
Théâtre, La Famille. Sa pièce Le Grand Retour de Boris S. a été jouée en Suisse en
novembre 2008.
Bernard Sens, comédien (Jo)
Bernard Sens est né le 07 août 1960. Il a suivi une formation de comédien au
Conservatoire Royal de Bruxelles (Premier Prix en juin 1986).
Depuis 1984, il foule les planches de tous les Théâtres en Communauté française :
du Théâtre National, au Théâtre Royal du Parc, en passant par l!Atelier Théâtre Jean Vilar, le
Théâtre du Rideau, le Théâtre de l!Ancre, le Théâtre Le Public… Il joue sous la direction de
metteurs en scène aussi diversifiés que Dominique Serron, Frédéric Dussenne, Pierre
Laroche, Daniel Scahaise, Jean-Claude Drouot, Armand Delcampe, Roumen Tchakarov.
Jean-Claude Idée, Jules-Henri Marchant, Pierre Fox, Adrian Brine, Philippe Sireuil…
Au cinéma, il joue sous la direction de Claude Bouché, Olivier Masset-Depas,
Frédéric Fonteyn, Eric Woreth, Marian Handwerker, Eric Lacroix, Paula Vanderhoest, Denis
Delcampe, Delphine Gleize.
Vous avez pu le voir au Théâtre National dans Tartuffe de Molière et Mesure pour
Mesure de Shakespeare, mis en scène par Philippe Sireuil, Le Béret de la tortue de Gérald
Sibleyras et Jean Dell, mis en scène par Patricia Houyoux au Théâtre des Galeries, Un Vrai
Bonheur de Didier Caron, mis en scène par Martine Willequet au Théâtre des Galeries,
Vendredi jour de liberté de Hugo Claus, mis en scène par Christophe Sermet au Théâtre Le
Public (repris cette saison au Théâtre de l!Ancre). Il a obtenu le prix du Théâtre 2006 comme
meilleur comédien pour son interprétation dans Mesure pour Mesure et Vendredi jour de
liberté.
Cette saison, vous avez pu l!applaudir dans Nuit avec ombres en couleurs de Paul
Willems et Hamlet(s) d!après William Shakespeare, deux spectacles mis en scène par
Frédéric Dussenne. En 2009, il sera à l!affiche de Mort de chien de Hugo Claus dans une
mise en scène de Philippe Sireuil.
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Cher professeur,
Nous avons la chance pour ce spectacle d!avoir le témoignage d!un auteur
contemporain, vivant, metteur en scène et comédien. Serge Kribus est de plus un auteur
reconnu tant en France qu!en Belgique, publié chez Actes-Sud, nominé aux Molières 2006…
Ce dossier se présente sous forme de pistes de réflexions élaborées par l!auteur. En
annexe vous trouverez quelques textes, documents, informations à consulter au besoin.
« Knocking on heaven!s door »
Bob Dylan
J!ai effectué pendant plus de dix ans de nombreux ateliers de théâtre et d!écriture. Ma
seule ambition au cours de ces rencontres a été de témoigner de mon expérience pour
encourager celle des autres, et éveiller si besoin en était l!envie de vivre, de regarder, de
faire. Et susciter la confiance en soi qui permet de penser le monde (ou du moins
l!environnement dans lequel nous évoluons) et de s!y inscrire par un projet. Je proposerais
deux points de vue pour approcher les élèves et susciter leur questionnement et la
conscience de leur singularité.
Je laisse aux élèves et aux professeurs le soin de choisir l!une ou l!autre des
approches ou les deux.
Chacune des deux approches est indépendante.
Chacune contient les questions de l!autre.
Et elles sont bien entendu toutes deux complémentaires.
Serge Kribus
1ère approche : le théâtre
Pourquoi fait-on du théâtre ?
Pourquoi des individus ont envie ou besoin d!écrire des pièces, de les produire, de les
jouer ?
Est-ce que le théâtre ou le cinéma sont des « produits » de loisir, de distraction, ou bien
sont-ils aussi autre chose ?
Y a-t-il une différence, et si oui, quelle est cette différence entre le théâtre et les cours
d!histoire ?
Ya-t-il des différences entre le théâtre, le cinéma et la littérature ?
Un auteur de théâtre fait-il un métier ?
Un acteur exerce-t-il un métier ?
Qu!est-ce qu!un métier ?
Si écrire ou jouer du théâtre est un métier, comment pourrait-on, sinon définir, au moins
qualifier les conditions de ces « métiers » ?
Comment fait-on pour pour élaborer une histoire ?
Comment fait-on pour faire vivre des personnages ?
Et comment fait-on pour les faire vivre dans l!imaginaire des spectateurs ?
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2de approche : La pièce et sa thématique.
L!Amérique raconte une histoire.
Quelle est cette histoire ?
Quels sont les enjeux de l!histoire ?
Le contexte des années "70, les lieux dans lesquels l!action se déroule, les caractères des
personnages, leur origine sociale et familiale, leur évolution, leur apprentissage, ou comme
on dit leur trajet iniatique racontent une époque, un mode de vie, un mode de pensée.
Une volonté de se démarquer des générations précédentes.
Une volonté de changer le monde.
Mais au-delà d!une époque, animée par une explosion créatrice qui touchait au cinéma, au
théâtre, à la musique et aux mœurs, la pièce évoque quelque chose qui n!est peut-être pas
spécifique à cette époque.
Peut-on vivre, comment vivre, comment trouver sa place dans une société qui impose des
règles, et des cadres ?
Faut-il faire disparaître les cadres ou faut-il essayer de comprendre le sens ou la nécessité
du cadre? Et le cas échéant, faut-il réfléchir, voire proposer des changements à ces cadres ?
Quel est le message que la jeunesse des années 70 entendait ?
Quel avenir lui promettait-on ?
Quel avenir voulait-elle ?
Quelles étaient dans ses rêves les parts de construction et celles de destruction ?
Est-il resté quelque chose de tout cela ?
Quel est le message que la jeunesse d!aujourd!hui entend ?
Quel avenir lui promet-on ?
Pensez-vous à l!avenir ?
Si oui, Comment ?
Peut-on vivre si nous n!avons pas de rêves,
d!utopie ou de perspectives ?
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La jeunesse, avant tout en quête d!identité
Cette quête peut être abordée de différents points de vue. Ce qu'il y a à mon sens de
fascinant dans le théâtre, le cinéma et la littérature, c'est que les thématiques, dans les
œuvres qui me plaisent et me paraissent importantes, ne sont jamais réduites à une théorie.
Les œuvres de fiction brassent les théories pour les passer par le filtre des individus et de
leur parcours. Et les parcours sont toujours plus éloquents, plus riches, et plus
contradictoires et finalement plus vrais que les théories.
Les évènements qui jalonnent les histoires que les auteurs imaginent posent des
situations complexes où les personnages s'affrontent avec leurs références, leur origine, et
leur difficulté à mener leur quête. C'est le conflit entre les personnages et l'impossibilité
parfois pour ceux-ci de résoudre les conflits qui racontent une époque, avec ses enjeux.
C'est donc un débat en soi. Qu'est-ce que le théâtre ? Et que permet-il ?
Pour ce qui nous concerne, ces enjeux sont l'émancipation, la quête de l'identité, la
nécessaire découverte de l'autonomie, celle des limites, la confrontation au monde, la
confrontation à sa propre histoire. La confrontation à l'omniprésence étouffante de la famille
ou au contraire à sa cruelle absence.
Nos origines culturelles et sociales sont notre richesse, mais nous les portons parfois
avec douleur et honte. Comment arriver à se dire sans fierté et sans honte ? La découverte
de soi passe aussi par la découverte de l'autre. Et la découverte de soi comme de l'autre
nous mène à la découverte du corps et de la sexualité.
Ce sont ces aventures diverses et multiples qu'on résume souvent aux "années
d'apprentissage" ou au parcours "initiatique" dont on sait tous qu'ils ne sont pas faits que de
chemins éclairés, faciles et balisés. Au contraire les chemins sont tortueux, épineux, violents,
difficiles mais l'adversité n'empêche jamais l'aventure et n'empêche pas non plus que
l'aventure soit pleine de vie, de forces, de joies, de rires, de passions.
La jeunesse, ivre de son audace, de ses exigences et de son appétit fait souvent
voler en éclats les interdits dont elle souffre et les injustices dont elle est le témoin et qu'elle
ne peut accepter.
Comment peut-on s'inscrire dans une société?
N'a-t-on pas besoin d'un idéal pour pouvoir vivre et se construire et s'inscrire dans un
projet collectif?
Quelle est notre histoire?
Quelles sont nos singularités?
Pourquoi avons-nous tant de mal à nous dire?
Pourquoi avons-nous si peu confiance en notre légitimité?
Les poètes, les musiciens, les cinéastes, les auteurs, les romanciers nous aident un
peu à évoquer ces difficultés auxquelles nous avons tous été confrontés et nous aident à
nous sentir moins seuls et moins honteux devant nos questions.
Serge Kribus
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ANNEXES
Voici en annexe quelques documents, pistes de réflexions pour aborder ces différentes
questions avec vos élèves.
1ère approche : l!auteur dramatique : pistes de réflexion
1. Tentative de définition de l!auteur et de sa fonction
L!auteur dramatique (in Dictionnaire La langue du Théâtre, Agnès Pierron, Le Robert)
C!est le fournisseur de l!élément de base d!une prestation scénique, si l!on tient à la
tradition qui consiste à monter une pièce. À partir du XIX siècle, on peut employer aussi le
mot dramaturge. (…). Mais la valorisation de l!auteur dramatique ne date que du XVIII
siècle ; jusque-là, ce sont les comédiens qui font la loi et ont le pouvoir sur les textes. C!est
avec l!intervention de Beaumarchais que les choses se mettent à changer. Pourtant, en
1743, déjà, à la première de Mérope de Voltaire, le 20 février 1743, la salle avait demandé
« L!auteur ! l!auteur ! », pour qu!il vienne saluer. Voltaire, tapi au fond d!une loge, fait le
modeste. Il aura l!élégance d!attribuer le succès de la pièce à l!interprète, Melle Dumesnil
(1713-1802). En fait, une telle attitude ne répond pas seulement à la délicatesse et à du
savoir-vivre ; elle est révélatrice d!une réalité : le texte dramatique ne vaut que dans la
mesure où il est animé par un acteur.
(…), on peut dire qu!il est pris dans un cercle vicieux. Il n!a des chances d!être publié
que s!il est joué et il ne peut être joué que s!il parvient à être lu. (…).
L!auteur dramatique (Extrait de www.artsalive.ca)
Les auteurs dramatiques écrivent les pièces de théâtre. Comme la plupart des
écrivains, les auteurs dramatiques racontent des histoires en faisant vivre et parler des
personnages. L'œuvre d'un auteur dramatique est une production littéraire en soi, qu'il est
possible de lire de la même façon qu'un roman ou une nouvelle, mais son potentiel ne se
trouve entièrement réalisé que si d'autres artistes lui prêtent leur talent et transforment le
texte écrit en une production théâtrale jouée sur scène.
Un bon auteur dramatique doit avoir
une imagination débordante
une histoire passionnante à raconter
une bonne compréhension de la psychologie humaine
une bonne oreille capable de capter la façon dont les gens parlent
une connaissance pratique de la structure dramatique
une bonne maîtrise des modes d'expression non verbaux : le son, le mouvement, le
décor, les costumes, l'éclairage, la musique, le rythme et le tableau scénique
Si la plupart des auteurs dramatiques, comme la plupart des écrivains, travaillent
seuls, il arrive parfois qu'ils partagent le travail d'élaboration d'une pièce avec des comédiens
et un metteur en scène : c'est ce qu'on appelle la création collective. Dans ce genre
d'exercice, tout le monde participe à la construction de l'histoire et au développement de la
pièce. Mais à l'étape de la mise en forme de la matière brute et de l'écriture proprement dite,
on s'en remet généralement au talent et au savoir-faire de l'auteur dramatique.
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2. Le parcours de l!auteur, aujourd!hui (Extrait du
Dictionnaire encyclopédique du Théâtre, Michel Corvin, Paris, Larousse)
L!écriture solitaire est le lot de la majorité des poètes dramatiques. Ils écrivent,
épousant les formes théâtrales mises en scène aujourd!hui, à savoir les formes classiques
du répertoire : à elles seules, elles représentent 70% de la production théâtrale ; ou bien, ils
affichent un souci de recherche de nouvelles écritures et s!engagent dans un processus
créatif visant à découvrir des formes neuves.
Le dépôt de manuscrit à la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs
Dramatiques), soit à la SABAM (Société belge des Auteurs, Compositeurs et Editeurs), qui
protège les droits de l!auteur tant financiers qu!intellectuels.
Le manuscrit peut aussi être déposé auprès d!une institution susceptible de le lire,
voire de la recréer.
La réécriture : on juge intéressante la facture de l!écrit ; on demande, cependant,
des ajustements, des modifications, des ajouts.
La mise en voix ou la lecture publique, et la mise en espace : un ou des acteurs,
après quelques services de répétitions, font partager à un public restreint les états d!un texte,
galops d!essai avant l!établissement d!une appréciation sur l!œuvre proposée.
Les aides à l!écriture (ministère de la Culture et de la Communication) : aide à la
création d!œuvres dramatiques ou à la recherche d!une écriture associant texte dramatique,
musique, danse, mime, vidéo ; commande à un auteur par une entreprise dramatique
professionnelle ; aide à la première reprise. (…).
L!édition théâtrale : elle est limitée. Les collections spécialisées chez les grands
éditeurs de littérature générale (Gallimard, Le Seuil, Flammarion, Stock) tendent vers zéro.
Des éditeurs militants, au premier rang desquels Théâtre Ouvert, Actes Sud-Papiers,
Théâtrales, l!Avant-Scène, l!Arche, dans le domaine étranger, luttent pour revivifier le champ
de l!édition dramatique, participant parfois à la production d!œuvres contemporaines.
La mise en scène : fort de ce parcours, le texte aboutit entre les mains d!un metteur
en scène, quelquefois commanditaire de l!œuvre. Il tente de produire le texte, à condition, la
plupart du temps, qu!il ne comporte pas trop de personnages, impliquant l!engagement de
nombreux acteurs et aggravant les coûts.
Reste le jugement porté par les spectateurs, les critiques et les faiseurs d!opinion.
(…) l!auteur a traversé de rudes épreuves, d!autant que beaucoup de pièces de théâtre
s!écrivent aujourd!hui, sans toujours aboutir à une présentation publique.
3. Quelques citations pour rebondir…
L'écrivain ne fait que répondre à des questions qui n'ont pas été posées.
(Extrait du recueil de poèmes Wilderness - Jim Morrison)
Il y a de nombreuses manières d!écrire une histoire. Le sensationnalisme n!en
est pas une. (Bob Dylan)
Il n'y a de théâtre vivant que si les auteurs y sont attachés. Ce sont les auteurs
autant que les troupes qui font les théâtres. (Jean-Louis Barrault)
L'auteur doit céder la parole à son oeuvre. (Friedrich Nietzsche)
Ecrire ? Métier pour introvertis et contemplateurs de nombril.
(Jacques Lamarche - Extrait des Confessions d'un enfant d'un demi-siècle)
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2de approche : pistes de réflexions : la pièce et sa thématique
Le résumé de la pièce
Babar vit à Bruxelles. Il est étudiant en médecine. Idéaliste et révolté, il pense que le
monde doit changer. Mais il a peur de tout, et il ose pas avec les filles. Un jour, il en a un peu
marre, alors il part à Paris, comme ça pour voir. Il est dans un bar, et Jo lui parle. Jo, il n!a
peur de rien. Il se bat. Il vole dans les magasins. Il fume. Il claque des doigts et il couche
avec une fille.
Le voyage qu!ils feront ensemble ne sera pas seulement celui de la liberté, des
odeurs interdites, et des déconnades. Ce sera aussi celui d!un apprentissage violent qui les
mènera vers une fin difficile et douloureuse. La fin de l!adolescence.
Ces deux personnages évoluent au rythme des années !70, balancés entre le rock et
la liberté nouvellement conquise par la jeunesse. Tout semble possible, le monde change et
le jeune s!y sent libre ; libre de tenter toutes les expériences de la vie, libre de son corps et
de sa sexualité.
Pour un peu mieux comprendre ce contexte à l!aube de notre nouveau millénaire,
tentons de revenir quelques années en arrière, dans les années !60, là où tout s!est joué…
Le contexte social des années "60
A la fin des années !60, la France est prospère et en paix (la guerre d!Algérie et celle
du Vietnam sont terminées). L!emploi est assuré, l!économie florissante : la monnaie est
solide et la croissance annuelle frôle les 5 %. La modernisation a permis un net progrès
économique et social dans l!ensemble de la société. De Gaulle confiait lui-même juste avant
mai 1968 « Cela ne m!amuse plus beaucoup ; il n!y a plus rien de difficile, ni d!héroïque à
faire ». La France, pacifiée, prend des positions internationales peu communes. Elle
reconnaît la Chine communiste en 1964, dénonce l!hégémonie du dollar dans l!économie
mondiale. Le discours de De Gaulle à Phnom Penh dénonce les risques d!intervention
militaire américaine en Indochine. La politique envers les pays arabes vaut à la France
gaulliste un fort courant de sympathie dans les pays du tiers monde, là où précisément des
jeunes peuvent reporter leur espoir révolutionnaire. La période de la « guerre froide » est
terminée et la déstalinisation est entamée.
En l!espace d!une génération, le monde a complètement changé.
« Aucune génération n!a jamais connu, assimilé des changements aussi rapides ;
aucune n!a vu les sources de l!énergie, les moyens de communication, la définition de
l!humanité, les limites de l!univers explorable, les certitudes d!un monde connu et
limité, les impératifs fondamentaux de la vie et de la mort se transformer à ce point
sous ses yeux. »
(Margaret Mead, anthropologue américaine)
Les jeunes des années !60 sont les enfants du baby-boom de l!après-guerre, entre
1946 et 1950. Ils sont nombreux, n!ont pas connu la faim et la misère, la guerre et les
privations. Ils vivent dans une société pacifiée et prospère, une société de « facilités » disent
leurs parents, comme pour mieux rappeler leurs sacrifices et leur aspiration à une vie calme
et rangée, sous l!autorité « paternaliste » de De Gaulle. Pour la jeunesse, l!enrichissement et
la consommation doivent remplacer les engagements et les combats héroïques du passé,
l!expérience des aînés ne pouvant plus leur servir de référence pour s!orienter dans le
monde moderne.
Ecartelé entre un passé sans ressources et un avenir sans surprises, le présent
s!ouvre sur le vide et l!ennui favorisant la révolte existentielle de la jeunesse qui se sent
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coincée. De plus, la prolongation de la scolarité et le passage à l!université accroissent le
temps d!instabilité entre le moment où l!on quitte la famille et celui où l!on entre dans la vie
active. L!allongement de cette période intermédiaire transforme l!adolescence en jeunesse,
véritable phénomène, avec des comportements spécifiques et nouveaux.
Cette jeunesse affiche une rage de vivre qui passe entre autres par la musique : le
rock, la soul, la funk. Le choc entre générations commence à se lever au grand jour. La
vague contestataire de la jeunesse fonde ses rêves et son identité sur son opposition aux
institutions de la famille, de l'école, de l'autorité.
Les années !70 des babas cool
Qui sont les babas ? Une tribu ? Un look ? Une mode ? Au IIIème millénaire, les
clichés demeurent. Les babas étaient donc une tribu folklorique dont les membres vêtus de
chemises indiennes et de pantalons pattes d!éph! vivaient en communautés, pratiquaient
l!amour libre, fumaient de gros joints, mangeaient des fleurs, partaient sur la route jusqu!au
bout de l!Orient un sac sur le dos et voulaient changer le monde avec de bons sentiments ?
Pas si simple. Les « babas » ont fait partie du grand mouvement de contestation qui
bousculait nos sociétés occidentales. (…)
Les babas sont naturellement politiques. Après les événements de Mai !68, les babas
pensent poursuivre la lutte… ils appliquent les propositions de l!anarchiste Jerry Rubin, qui
écrivait en 1968 : « Après la révolution, il n!y aura plus de prisons, plus de tribunaux et plus
de police. Le monde ne sera plus qu!une seule communauté où le logement et la nourriture
seront libres, où nous partagerons tout. Toutes les montres seront détruites. Les coiffeurs
seront intégrés dans des camps de rééducation et se laisseront pousser les crins. Le
Pentagone sera remplacé par une ferme d!expérimentation du LSD. Il n!y aura ni école ni
église, car le monde entier ne sera plus qu!une seule école, une seule église. Le matin, les
gens cultiveront la terre, l!après-midi, ils feront de la musique et baiseront autant qu!ils en
auront envie. »
Les babas sont des gauchistes, mais plutôt que de rêver à un mythologique Grand
Soir, ils préfèrent « changer la vie, ici et maintenant ». Les babas sont pacifistes. Ils rêvent
de changer le monde sans fusils, juste avec des fleurs… Chaque communauté devient un
« lieu » d!expérimentation. Aux abords de Foix, en Ariège, la Communauté du Clou se veut
politique. Elle réfléchit au potlatch indien, c!est-à-dire l!échange de dons, l!économie du troc,
l!abolition de l!argent.
Pour bien comprendre le mouvement baba, il nous faut aussi relire ces lignes de
l!acteur Julian Beck, fondateur du Living Theater, avec lequel il parcourt le monde dans tous
les sens au cours de la décennie : « Nous ne pouvons pas nous débarrasser de l!argent
sans transformer la psychologie et les rapports humains ; or, on ne peut pas transformer la
psychologie et les rapports sociaux sans transformer ou libérer la sexualité » (…)
Cette libération sexuelle sera possible grâce à l!arrivée de la pilule et la quasidisparition de la syphilis. Ce moment de grâce, unique dans l!histoire, ne durera que vingt
ans, jusqu!à l!arrivée du virus du sida au début des années "80…
Le passé n'existe pas puisqu'il est passé, le futur n'est pas encore là en
conséquence il n'y a que le présent puisqu'on y est. (Bob Dylan)
Cette vision des choses aura des conséquences également sur l!éducation des
enfants. Comment ces jeunes « babas cool » voient-ils leur rapport à leurs enfants ? Voici
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venu le temps des libertés. En témoigne par exemple le livre Libres enfants de Summerhill,
de Neill, qui décrit l!expérience d!une école autogérée qui se dresse contre l!école
traditionnelle et le conformisme qu!elle amène.
Dans la même mouvance, le livre Mort de la famille de David Cooper, propose de
s!affranchir des structures aliénantes de la famille qui étouffe la vérité de l!individu et se
répercute dans toutes les structures sociales.
La jeunesse aujourd!hui
On entend souvent dire que les jeunes d!aujourd!hui n!ont connu depuis leur
naissance qu!une société « en crise ». Une société dure, de consommation, où l!avenir n!est
jamais sûr et où l!argent est roi. On parle de la « perte des valeurs » à l!heure où seule la
valeur de l!argent fait sens dans le monde capitaliste dans lequel nous vivons. Bref une
société aux antipodes de celle que nos parents ont vécue 40 ans plus tôt. Le baby-boom est
loin, voici le temps du « papy-boom », dans une société inquiète. Le vaccin du sida est
toujours introuvable, le terre toujours de plus en plus polluée, le chômage bat son plein.
L!avenir est à réinventer. L!utopie aurait-elle laissé la place au désenchantement ?
Années !70 ou 2000 : avant tout, une quête d!identité. Une quête
d!identité difficile, la question de l!exil
« Nos arrière-grands-parents ont défendu la France,
nos grands-parents l!ont reconstruite,
nos parents l!ont nettoyée.
A nous de la raconter »
Jamel Debbouze, in L!Humanité Dimanche, 21-27 septembre
Cette citation de Jamel est à replacer dans le contexte de la sortie du film Indigènes
de Rachid Bouchareb en septembre 2006. Le film est un hommage aux 130.000 combattants
des colonies françaises qui durant la Seconde guerre mondiale ont combattu le nazisme aux
côtés de la France.
D!un point de vue historique, en 1940, la France est vaincue et 1.400.000 soldats
français sont prisonniers en Allemagne (40.000 décéderont en captivité). L'Armée française
n'existe plus. Pendant près de deux années, l!Empire colonial va être au centre des enjeux
de légitimité entre les forces gaullistes et le régime de Vichy. Dès le 18 juin 1940, et dans la
foulée de l!appel du général de Gaulle à poursuivre la lutte, les ralliements sont d'abord
individuels. En juillet 1940, la France Libre peut compter sur un peu plus de 7.000 hommes.
Puis, ses effectifs vont croître tout au long de l!année 1940, à la suite du ralliement de
plusieurs colonies africaines, océaniennes et asiatiques. Ce soutien de l!empire colonial
donne une légitimité à la France Libre et va lui permettre de s!imposer, petit à petit, aux côtés
des alliés dans le conflit…
Extrait d!une interview de Jamel Debbouze
(…) On a cherché à nous rassurer, on nous a assommés à coup d!intégration, ils ont même
inventé un ministre de l!intégration pour nous expliquer comment il fallait que l!on agisse pour
être un jour complètement reconnu et accepté au sein de ce pays, au sein de la France !
C!est assez schizophrénique de se sentir en fait étranger dans son propre pays ! Alors
évidemment, lorsque Rachid m!a parlé pour la première fois d!Indigènes, au même titre que
lorsque je suis monté pour la première fois sur scène, il n!y a pas qu!un petit rebeu, avec un
bras dans la poche qui parle, qui habite en banlieue, qui se promène à Barbès, c!est un
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acteur investi d!une mission qui joue un rôle et c!est difficile pour certaines personnes de
l!admettre. Alors ce film, c!était une manière pour moi de dire que j!étais français, fier de
l!être, et rendre de cette façon hommage à ces tirailleurs algériens, c!était pour moi
merveilleux. Rachid m!a offert un incroyable cadeau.
(…) C!est assez étrange de se faire traiter d!immigrés au Maroc, de ne pas avoir
l!impression d!être chez soi et de vivre la même chose en France, d!avoir le sentiment de
n!être nulle part chez soi. Toutes les personnes qui traversent une crise d!identité ont des
choses à crier, à sortir, à partir du moment où ils se laissent aller, ils peuvent avancer,
comme lorsque l!on fait une thérapie, il faut dire les choses, mettre des mots sur certaines
émotions, certaines peurs, les extérioriser pour se construire. Beaucoup d!entre nous ont
trop occulté les problèmes, ne se sont pas assez exprimés, toutes ces frustrations, le fait de
ne pas se sentir accepté. En ce sens le film de Rachid est très important, il va pouvoir
rappeler à tous ces gamins qu!ils existent, qu!il y a eu des héros qui avaient leur tronche, qui
sont morts ensemble, pour la France. Il faut qu!ils soient fiers d!être français. J!adore la
France et, lorsque je m!éloigne, dès que j!arrive à Paris, je me souviens immédiatement d!où
je viens et où je vais.
Au-delà du film ce fut même une expérience personnelle, qui vous a permis de
vous ouvrir à votre propre histoire familiale, ce fut du coup difficile à porter ?
Saïd, c!est effectivement le nom de mon propre grand-père et le film était chargé pour moi de
nombreux symboles. J!ai appris que mes grands-parents avaient été engagés pratiquement
à la même période, pour combattre les mêmes ennemis et j!ai eu l!impression soudainement
de les incarner, de faire d!eux ce qu!ils sont vraiment, des héros. Je suis heureux de pouvoir
aujourd!hui répondre librement à votre question. Ils ont combattu contre le nazisme et
lorsque j!observe le contexte géopolitique aujourd!hui j!ai vraiment l!impression que l!on n!a
rien compris, que l!on ne tire aucune leçon du passé. On s!est regroupé pour contrer le
nazisme et aujourd!hui on se déchire tous juste parce que nous n!avons pas le même
pendentif, c!est tragique. C!est vrai que de savoir que nos grands-parents ont traversé ce
que nous traversons à notre tour dans le film, que nous racontons d!une certaine façon leur
propre histoire 50 ans après, c!est une aventure humaine bouleversante. Je n'ai jamais
ressenti ça sur un plateau.
Est-ce que c!est le rôle qui vous a permis d!aller vraiment au fond de vous
même, de sortir de vos propres retranchements, de la coquille « Jamel » ?
(…) En vivant dans certaines banlieues, on a besoin de désamorcer certaines choses, face à
la misère, aux échecs, à la mort, il y a une solidarité, on fait bloc ensemble, dans ces blocs
et j!ai toujours eu l!impression de vivre dans des villages. Je suis née à Barbès, j!ai grandi à
Casa dans un bidonville, j!ai vécu ensuite à Trappes, et je ne me souviens pas d!avoir un jour
considéré avec un certain sérieux la gravité de certaines situations car nous avions
l!habitude de tout désacraliser, en dehors de la mort, rien n!était grave. L!humour a donc
toujours été pour moi le meilleur vecteur pour dire les choses, vraiment, tu es plus détendu,
moins sur tes gardes, donc plus réceptif. Lorsque l!on devient plus grave les choses passent
mais différemment et personnellement j!ai le sentiment d!être moins crédible dès que
j!adopte un ton plus dramatique, peut-être parce que j!ai toujours fonctionné de cette façon.
En ce sens Indigènes a été une expérience unique, Rachid m!a interdit de déconner entre les
prises, il m!a forcé à me replier sur mon personnage, j!ai eu l!impression soudainement de
me retrouver plongé dans le monde des adultes, d!y faire un stage. J!ai découvert la
concentration avec Sami Bouajila, je ne savais pas que ça existait. Ne plus parler, se mettre
dans un coin, se remplir du personnage, c!était de l!ordre du surnaturel pour moi. Lorsque je
faisais mes devoirs scolaires plus jeune, mon frère écoutait en même temps NTM, ma grandmère Oum Kalsoum, ma mère chantait, mon grand-père réparait le toit, et je tentais de
trouver la racine carrée de deux, au milieu de tout ce tumulte. (Propos recueillis par Sophie Wittmer)
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3. Quelques documents à consulter
Des textes
Les textes des chansons de Bob Dylan, Jim Morrison, Jimi Hendrix…
Blowin! in the Wind – Bob Dylan
How many roads must a man walk down
Before you call him a man?
Yes, 'n' how many seas must a white dove sail
Before she sleeps in the sand?
Yes, 'n' how many times must the cannon balls
fly
Before they're forever banned?
The answer, my friend, is blowin' in the wind,
The answer is blowin' in the wind.
How many times must a man look up
Before he can see the sky?
Yes, 'n' how many ears must one man have
Before he can hear people cry?
Yes, 'n' how many deaths will it take till he
knows
That too many people have died?
The answer, my friend, is blowin' in the wind,
The answer is blowin' in the wind.
How many years can a mountain exist
Before it's washed to the sea?
Yes, 'n' how many years can some people
exist
Before they're allowed to be free?
Yes, 'n' how many times can a man turn his
head,
Pretending he just doesn't see?
The answer, my friend, is blowin' in the wind,
The answer is blowin' in the wind.
Freedom –
Jimi Hendrix
You got my pride
hanging out of my bed
You're messin' around
with my life
So I bought my ...
You even mess with my children
And you're screamin' at my wife, baby
Get off my back,
if you wanna get outta here alive
Freedom, give it to me
That's what I want now
Freedom, that's what I need now
Freedom to live
Freedom, so I can give
You got my heart
speak electric water
You got my soul
screamin' and howlin'
You know you hook my girlfriend
You know the drugstore man
But I don't need it now
I was trying to slap it out of her head
Freedom, so I can give
Freedom, yeah
Freedom, that's what I need
You don't have to say that you love
if you don't mean it
You'd better believe
If you need me
or you just wanna bleed me
you'd better stickin' your dagger in someone
else
So I can leave
Set me free
(Yeah)
Right on, straight ahead
Stay up and straight ahead
Freedom
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Machine Gun - Jimi Hendrix
HAPPY NEW YEAR FIRST OF ALL. I HOPE WE'LL HAVE
A MILLION OR TWO MILLION MORE OF THEM... IF WE
CAN GET OVER THIS SUMMER, HE HE HE. RIGHT I'D
LIKE TO DEDICATE THIS ONE TO THE DRAGGIN' SCENE
THAT'S GOIN' ON ALL THE SOLDIERS THAT ARE FIGHTIN'
IN CHICAGO, MILWAUKEE AND NEW YORK... OH YEAS, AND
ALL THE SOLDIERS FIGHTIN' IN VIETNAM. LIKE TO DO
A THING CALLED 'MACHINE GUN'
MACHINE GUN
TEARING MY BODY ALL APART
MACHINE GUN
TEARING MY BODY ALL APART
EVIL MAN MAKE ME KILL YA
EVIL MAN MAKE YOU KILL ME
EVIL MAN MAKE ME KILL YOU
EVEN THOUGH WE'RE ONLY FAMILIES APART
WELL I PICK UP MY AXE AND FIGHT LIK A BOMBER
(YOU KNOW WHAT I MEAN)
HEY AND YOUR BULLETS KEEP KNOCKING ME DOWN
HEY I PICK UP MY AXE AND FIGHT LIKE A BOMBER NOW
YEAH BUT YOU STILL BLAST ME DOWN TO THE GROUND
THE SAME WAY YOU SHOOT ME DOWN BABY
YOU'LL BE GOING JUST THE SAME
THREE TIMES THE PAIN
AND YOUR OWN SELF TO BLAME
HEY MACHINE GUN
OOOOOOOOOO
I AIN'T AFRAID OF YOUR MESS NO MORE, BABE
I AIN'T AFRAID NO MORE
AFTER A WHILE YOUR YOUR CHEAP TALK DON'T EVERN CAUSE ME PAIN
SO LET YOUR BULLETS FLY LIKE RAIN
'CAUSE I KNOW ALL THE TIME YOU'RE WRONG BABY
AND YOU'LL BE GOIN' JUST THE SAME
YEAH MACHINE GUN
TEARING MY FAMILY APART
YEAH YEAH ALRIGHT
TEARING MY FAMILY APART
DON'T YOU SHOOT HIM DOWN
HE'S ABOUT TO LEAVE HERE
DON'T YOU SHOOT HIM DOWN
HE'S GOT TO STAY HERE
HE AIN'T GOING NOWHERE
HE'S BEEN SHOT DOWN TO THE GROUND
OH WHERE HE CAN'T SURVIVE NO NO
YEAH THAT'S WHAT WE DON'T WANNA HEAR ANY MORE, ALRIGHT
NO BULLETS
AT LEAST HERE, HUH HUH
NO GUNS, NO BOMBS
HUH HUH
NO NOTHIN', JUST LET'S ALL LIVE AND LIVE
YOU KNOW INSTEAD OF KILLIN'
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Des textes d!auteurs
Tokyo-Montana express de Richard Brautigan
Las Vegas Parano de Hunter S. Thompson
Une bande dessinée
On vit une époque formidable de Jean-Marc Reiser
Des films
Mémoires d'immigrés de Yamina Benguigui
America de Elia Kazan
Mean Streets de Martin Scorsese
Easy Rider de Denis Hopper
La musique dans le spectacle
Vous entendrez de courts extraits musicaux des titres suivants :
Morceau
Auteur
Album
Waiting
Santana
Carlos Santana
Aisha
John Coltrane
Olé Coltrane
Going Up The Country
Canned Heat
Livin' The Blues
Mirrors
Bobby Hutcherson
The Kicker
I Don't Need No Doctor
Ray Charles
His Greatest Hits/ Frémaux
Cry Baby
Janis Joplin
Pearl
Summertime
Janis Joplin
Live At Winterland '68
Ziggy Stardust
Concerto N°1
en La Mineur BWV 1041 Allegro
David Bowie
Changesbowie
J.S. Bach
Anthologie Y. Menuhin
Bold As Love
Jimi Hendrix
The Jimi Hendrix Experience
Little Wing
Jimi Hendrix
The Jimi Hendrix Experience
Concierto De Aranjuez
Miles Davis/Gil Evans
Sketches Of Spain
Tranquillity
Bobby Hutcherson
Components
Tippi-Toes
The Meters
All Along The Watchtower
Jimi Hendrix
Best Of Jimi Hendricks
La danse du bonheur
John Mac Laughlin
Shakti
Voir aussi toute la musique de l'époque : Bob Dylan, Joan Baez, Cat Stevens, Simon and
Garfunkel, Jethro Tull, The Who, Neil Young, Pink Floyd, Peter Gabriel, etc...
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