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Magazine pratique de lʼéco-habitat et des énergies renouvelables DOSSIER Plancher et mur chauffants Le summum du chauffage conventionnel Visite : Cantercel De plain-pied et de lumière Irlande Irlande :: Gaïa Gaïa ecotecture ecotecture Réhabilitons le mur capteur Se préserver des champs électromagnétiques Bimestriel n°12 décembre - janvier 2003 Prix : 5€ BP 60 145 14504 VIRE Cedex Téléphone : 02 31 66 96 49 Télécopie : 02 31 66 98 47 Courriel : [email protected] 4 5 6 Magazine bimestriel - numéro 12 Décembre 2002 - janvier 2003 Tirage : 7 000 exemplaires Hérault : Le site expérimental de Cantercel Yvan Saint-Jours Rédaction Jean-Paul Blugeon, Claude Bossard, Jef, Nicolas Knapp, Barbara Peschke, Ivan Pujol, Yvan Saint-Jours, Cécile Talvat, Bruno Thouvenin Relecture Michel Noël et Patricia Roussel Responsable des abonnements Aline Martin Éditeur Association Bio Ch’min 58, rue des Acres 14500 VIRE Commission paritaire 0303 G 80419 Pré-presse et impression Schuller-Graphic 02 31 66 29 29 Régie de publicité et distribution dans les magasins spécialisés AlTerreNat Presse Sandrine Novarino et Jean-Yves Udar Le Bourg - 82120 Mansonville Tél : 05 63 94 15 50 Fax : 05 63 94 16 69 Aucun texte ou illustration ne peut être reproduit sans l’autorisation du magazine. Merci. Les photos et dessins non signés sont de Yvan Saint-Jours 10 À la lo u p e Photo MER 17 Responsable de la publication Visite guidée Une maison bioclimatique de plain-pied et de lumière 14 Dossier Plancher et mur chauffant : Le summum du chauffage conventionnel Découvrez deux systèmes de chauffage sain, confortable, esthétique, économique à l’usage... 22 Rencontre à l’horizon Irlande : Paul Leech, architecte de Gaïa ecotecture 25 Ça mérite débat Platanes et éoliennes 26 Énergies renouvelables Solaire passif : réhabilitons le mur capteur 29 Électricité Fin de la série d’articles sur les champs électromagnétiques : comment s’en préserver ? 32 33 34 Photo Cantercel Imprimé sur papier 100 % recyclé blanchi sans chlore 8 Éditorial Quoi de neuf Actualité, le coin lecture So m m a ire Formations, stages, découvertes et Calendrier Annonces Anciens numéros et abonnement n°12 décembre-janvier 2003 3 É d it o ria l Flop et coucou Une grande surface de bricolage, dont nous tairons le nom pour éviter de faire de la publicité gratuite, et que nous appellerons Virgule V, afin de conserver son anonymat, s’est offert un magnifique 16 pages en papier recyclé et en couleurs, intitulé Réponse “bio-construction”. J’avoue que mon sentiment, lorsque j’ai ouvert ce beau document, fut partagé entre la joie de voir enfin arriver des matériaux d’écoconstruction dans les magasins classiques, et celui, fort bien illustré par Jef dans notre numéro de janvier, de voir débarquer des matériaux sans éthique, aux compositions parfois douteuses. Mais quelle ne fut pas ma surprise, en lisant la jolie plaquette, de découvrir un vide quasi abyssal (voir intersidéral). En réalité, rien de bien neuf sous le soleil, si ce n’est une plaque d’isolant en lin, une autre en chanvre (Isover), et une peinture glycéro ayant l’écolabel européen “qui respecte l’environnement”... ce qui, implicitement, est un aveu concernant les dizaines de peintures vendues par ce magasin (et toutes les autres grandes surfaces de bricolage) qui ne respectent donc pas l’environnement. La seule véritable avancée concerne quelques produits bois (lambris, planchers...) provenant de forêts “protégées”, et ayant des traitements non toxiques, ou n’étant pas traités... ce qui reste à vérifier, et nous ne manquerons pas de le faire. En appelant le numéro vert InfoBio, “service de la bio-construction”, pour avoir quelques précisions, une musique d’attente avec des bruits de la nature et le chant du coucou me fait patienter. Finalement, personne ne répond, seulement le coucou. Pourquoi le coucou ? Estce un signe... celui de l’oiseau qui pond dans le nid des autres, et dont l’oisillon nouveau-né éjecte tous les œufs s’y trouvant... ou celui du coucou dont le chant annonce le printemps ? Bonne lecture, 4 Yvan Saint-Jours n°12 décembre-janvier 2003 À n o u s la p a ro le Installation autonome Je viens de lire un article de votre revue "une installation autonome", qui expose, très bien, les constituants d'une installation photovoltaïque. Prenant ma calculette, j'en tire quelques conclusions qui me semblent tellement invraisemblables que je me dis qu'il doit y avoir une erreur quelque part. Vous estimez qu'elle peut produire 240 kWh par an ce qui en estimant le prix moyen du kWh EdF à 0,45 F représente une économie annuelle de 108 F. Le total de l'investissement étant de 20300 F (hors coupe-circuit, câbles,etc.) j'en déduis que le temps pour amortir l'installation (hors loyer de l'argent) est de 188 ans ?! Soit mon calcul est faux, soit il est aberrant de faire une telle installation d'autant que, en supposant que les panneaux durent 30 ans (ce qui reste à prouver), les batteries, elles, ne durent que quelques années. Dans l'attente de vos lumières, sincères salutations. Raymond Bodard Notre réponse : Votre calculette ne vous joue pas de tour, néanmoins il serait bon de prendre en considération l’ensemble du “problème”. - le coût du kWh n’est pas de 0,45 F, mais de 0,75 F (moyenne tenant compte du prix de l’abonnement), - le coût de la pose d’un kilomètre de ligne EdF est d’environ 75 000 euros (500 000 F), aussi il faut tenir compte de la distance à laquelle se trouve la maison à électrifier, - les panneaux photovoltaïques ont une garantie de production à 90 p.100, de 25 ans, et durent bien au moins 30 ans, - il est vrai que les batteries ont une durée de vie réduite, et représentent l’élément polluant de l’installation. Nous reviendrons d’ailleurs bientôt sur ce problème avec un article sur la façon d’entretenir, et d’optimiser son parc de batteries. Et la réponse de Gérard Nallet : Du point de vue comptable, c'est imparable. Mais s'équipe-t-on en photovoltaïque pour des raisons comptables ? Des raisons philosophiques ou éthiques n'ont-elles rien à voir là-dedans ? La prise de conscience qui conduit à faire ce choix n'est-elle pas porteuse d'évolution pour celui qui le fait et par extension pour la planète ? Pour des raisons comptables on rase des forêts, on remplit de pétrole des poubelles flottantes qui sombrent au premier coup de vent, on élimine des cultures et des peuples, on contamine des régions entières, on Tchernobyl, on Bophal. Oui le kWh photovoltaïque coûte près de 0,46 € (3F) Si c'est la condition pour éviter un nouveau Tchernobyl, je suis prêt à payer ce prix et à réduire ma consommation électrique à ce que consommait une famille en 1950. Mais rassurez-vous si une volonté politique forte décidait de développer les énergies renouvelables, ce prix baisserait considérablement. Cela se fera s'il y a une volonté populaire fortement exprimée... Laine de mouton Je me permets de revenir, avec un peu de retard, sur l’article sur l’isolation en laine de mouton (paru dans le n°5). Quoi de neuf ? Notre papier a changé Cela ne vous aura sans doute pas échappé, notre papier a changé avec le numéro précédent. En réalité c’est le même papier qu’avant : 100 p.100 recyclé et non blanchi au chlore... mais au lieu d’être du Cyclus Offset, c’est du Cyclus Print (couché). Nous ne pensions pas changer de papier tout de suite car nous voulions d’abord réaliser une enquête sur cette filière, afin de trouver le papier le plus écologique. Une petite erreur avec notre imprimeur a précipité les choses. Nous reportons donc notre enquête à un peu plus tard. Nous espérons que vous aurez apprécié le rendu des photos qui, sur ce papier, sont beaucoup plus nettes et colorées. Rectificatif Dossier filtrer son eau La quantité d’eau sur l’ensemble de la planète est estimée à 1 400 millions de km3 et non 1 400 milliards de m3 comme nous l’avions écrit (ce qui n’est pas une goutte d’eau). Merci au lecteur assidu qui nous a signalé cette erreur. Annuaire Les retardataires ont encore quelques jours pour être référencés : Contacter : Cécile Galiay par email : L’utilisation de la laine de mouton en isolation est une très bonne initiative et idée. Mais il faut préciser que la laine entrant dans ce type de fabrication, s’achète aux alentours de 1 franc le kilo, soit 0,15 euros. Or les frais du tondeur, pour une brebis s’élèvent à 0,7 à 1 euros. Aussi les frais de tonte ne sont pas couverts par la vente de laine, même si l’éleveur tond luimême. La tonte est obligatoire pour le bien-être de l’animal, même si en cas de non-tonte, dans les races rustiques, la laine s’effiloche au bout d’un an et plus. Seuls les Mérinos ne perdent pas leur laine qui croît continuellement. Aussi, pour être rentable à l’éleveur, cette laine devrait être vendue entre 1,5 et 2 euros le kilo, serait alors mieux entretenue, et connaîtrait, je crois, un véritable essor. Je fais partie d’une petite association du Lot “La Causseroule” qui valorise la laine des brebis de race Causse du Lot en la faisant travailler par la filature de Bélès tenue par Longo Maï qui la transforme, pour l’instant, à notre demande, en couvertures. Cette laine est issue d’animaux élevés en agriculture bio, et nous nous sommes posé la question de l’isolant laine, notamment pour valoriser certaines parties de la toison, plus grossières : cou, cuisse, arrière-train, ou des toisons très jaunes. Sa valorisation pour l’éleveur correspond à 8 francs le kilo, soit 1,2 euros, mais est limitée par le marché de la couverture acrylique et polaire qui se développe et par le fait qu’aujourd’hui, la laine ne correspond plus à la “tendance” du moment. Dominique Ayral [email protected] Ou par fax : 04 76 24 86 73 Pré-vente de l’annuaire Si vous le désirez, vous pouvez d’ores et déjà commander l’annuaire, et bénéficier d’un tarif préférentiel. Envoyez un chèque d’un montant de 18 euros en précisant «pré-vente annuaire», ce tarif est franco de port. Prix de vente public : 20 euros. La Maison écologique BP 60145 14504 Vire cedex. n°12 décembre-janvier 2003 5 Énergies renouvelables Budget de l’ADEME 6 Le projet de loi de Finances 2003 prévoit de diviser par deux le budget de l’Ademe : de 480 millions d’euros en 2002, il passerait à 265 en 2003. La part consacrée à la maîtrise de l’énergie serait amputée de 42 p. 100. Cette baisse du budget signe la fin des efforts de maîtrise de l’énergie et de développement des énergies renouvelables pourtant indispensable à la lutte contre l’effet de serre ainsi qu’à l’efficacité énergétique. Rappelons qu’en France métropolitaine, le taux d’équipement en éolien, chauffe-eau solaires et électricité photovoltaïque est déjà le plus faible d’Europe. De plus, cette décision, tout comme les investissements massifs dans les domaines de la Défense et de l’Intérieur, est en totale contradiction avec les engagements présidentiels, puisque Jacques Chirac déclarait le 2 septembre dernier à Johannesburg : “Nier les contraintes à long terme au nom de l’urgence n’a pas de sens (...). Le réchauffement climatique est encore réversible. Lourde serait la responsabilité de ceux qui refuseraient de le combattre.” Une telle coupe budgétaire aura de nombreuses conséquences négatives : affaiblissement de la lutte contre le changement climatique, diminution des subventions aux énergies renouvelables, dysfonctionnements dans la mise en œuvre de la directive «énergies renouvelables», réduction des aides à la maîtrise de l’énergie, ralentissement des efforts de sensibilisation du public (Espaces Info Énergie), et d’information des médias, etc. Plus grave encore, et encore plus en désaccord avec les déclarations de M. Chirac, une décision va être prise pour réaliser le réacteur nouvelle génération EPR moyennant un budget de 4 milliards d’euros. À plusieurs reprises, il a été réaffirmé la primauté du nucléaire pour la production d’électricité, et ce malgré l’absence de réponse concernant le problème des déchets et le coût du démantèlement. Les membres du Réseau Action Climat, Greenpeace, France Nature Environnement, les Amis de la Terre et le Comité de Liaison des Énergies Renouvelables en appellent au gouvernement et au Président de la République pour modifier le projet de loi de finances et rétablir le budget 2003 de l’Ademe. Il en va de la crédibilité de la France dans ses engagements environnementaux. RAC-F, 2 B rue Jules Ferry 93100 Montreuil Tél : 01 48 58 83 92 Fax : 01 48 51 95 12 Site web : www.rac-f.org Éolien etLPO Un projet de parc éolien est prévu à Bouin, face à l’île de Noirmoutier, à la limite de la Loire-Atlantique. Huit éoliennes devraient fournir une puissance de 19,5 MW. Elles seront gérées par le syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée pour trois d’entre elles et par SIIF-Énergies, filiale d’EDF pour les cinq autres. L’originalité de ce projet réside dans le fait que la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) y a été associée afin d’étudier et de réduire les conséquences pour la faune locale. La production devrait être de 40 millions de kWh, soit de quoi alimenter 20 000 foyers. Tél : 02 41 18 59 40. Source : Silence Pas d’éolienne à la Hague L’Ademe a identifié sept sites particulièrement favorables à l’installation d’éoliennes offshore dans le département de la Manche. Les explorations ont débuté au large de Flamanville, Saint Marcouf, et Saint Rémy des Landes. TotalFinaElf situe dans ce département l’un de ses trois projets de parc offshore en France et Eole-Res envisage d’installer une quarantaine de machines totalisant 100 MW. Par contre la Cogéma vient de renoncer à son projet d’implanter des éoliennes sur le site de son usine de retraitement des déchets nucléaires de la Hague en raison “des perturbations hertziennes qui seraient préjudiciables au Cross Jobourg (centre responsable des secours en mer)”. La Cogéma est une filiale du groupe Areva, qui détient aussi, par l’intermédiaire de Framatome, Jeumont Industrie, fabricant français d’éoliennes de grande puissance. Source : Systèmes Solaires Poêle à inertie et innovation technologique Le fabricant (concepteur et installateur) de poêles de masse, Martin Hiemstra domicilié à Prades dans le Tarn, vient de recevoir le prix de l’Innovation technologique dans le cadre de la 4ème édition du concours Talents, pour la création d’entreprise. Ce prix récompense ainsi un produit écologique à haute performance énergétique, utilisant des techniques innovantes de combustion et de stockage de la chaleur (rendement de 90 p.100 et émissions de polluants réduites à n°12 décembre-janvier 2003 moins de six grammes par jour grâce à une combustion quasi intégrale). Martin Hiemstra - 81220 Prades Nouveau matériau Ouate de cellulose : une nouvelle plaque Homaterm relance sa plaque semi-rigide en ouate de cellulose. Il avait abandonné le marché français suite à quelques problèmes à la fois techniques et de distribution. La FlexCL 040, c’est son nom, est toujours composée de papier recyclé, mais elle est beaucoup plus souple qu’avant. On la trouve dans des épaisseurs allant de 30 à 160 mm, pour des prix allant de 4,75 euros (30 mm) à 19,60 euros (160 mm) H.T. le m2. Pour connaître le revendeur le plus proche de chez vous : Homaterm France Tél. : 03 20 11 19 10 Fax. : 03 20 11 07 80 Émail : [email protected] Réseau Du nouveau à Keryac’h La fédération bretonne de l’écoconstruction, Keryac’h, a renouvelé les membres de son bureau et changé provisoirement d’adresse : Keryac’h - BP4 29120 Plomeur Nucléaire Aréva... snif! Au moment du bouclage nous apprenons avec beaucoup de chagrin, que le Défi français Areva, bateau mû par l’énergie éolienne mais “roulant” pour l’industrie nucléaire, a été éliminé de la course «America’s Cup» en NouvelleZélande. La question qui se pose après cet échec est : qui en patîra, l’éolien ou le nucléaire ? Homaterm A c t u a lit é L e c o in le c t u re SYSTÈMES SOLAIRES Spécial architecture MAISONS ÉCOLOGIQUES D’AUJOURD’HUI Voici un bien beau livre que nous attendions avec impatience, dans lequel sont présentées pas moins de 32 maisons écologiques. 17 maisons à ossature bois avec divers matériaux de remplissage, huit en briques monomur, trois en pierres, deux en briques de terre crue, une en pisé, une en bois massif et une en bois cordé. Pour chaque maison il y a un témoignage du maître d’ouvrage, quelques photos (trop peu), un plan simple lisible, une fiche technique détaillée et un point technique qui reprend une spécificité de la maison. Les coûts au mètre carré de ces maisons s’étalent de 605 F (autoconstruction totale avec uniquement des matériaux de récupération) à 12 500 F (maison en bord de Seine proche de Paris) ! Bref le panel est assez large et plutôt bien représentatif de la maison écologique d’aujourd’hui. Dommage que les deux tiers des réalisations se trouvent dans le sud (dont 12 maisons en Rhône-Alpes). À offrir (ou s’offrir) pour Noël ! Maisons écologiques d’aujourd’hui de Claude Aubert, Antoine Bosse-Platière, et Jean-Pierre Oliva. Éditions Terre Vivante. 144 pages en couleurs - Format 20 x 26,5 cm Prix : 32 euros NOTRE HABITAT ÉCOLOGIQUE Détails pratiques d’une expérience réussie Ce livre a été écrit par une personne désirant témoigner de son expérience de maître d’ouvrage d’une maison écologique. Diplômée d’une École supérieure de commerce, l’auteure a détaillé de façon très scrupuleuse les coûts de tous les différents postes liés à la construction de sa maison. Bien sûr il s’agit de son habitation avec toutes ses spécificités (sept demi-niveaux sur un terrain pentu, 200 m2 habitables, plancher solaire direct avec appoint intégré au gaz naturel...), mais c’est une bonne base de départ qui peut servir aussi bien aux personnes désireuses de faire construire leur habitat, qu’aux autoconstructeurs. Cette maison est présentée dans l’ouvrage de Terre Vivante, précédemment cité. Notre habitat écologique de Annie Bertrand. Éditions du Dauphin. 192 pages - Format 15 x 22 cm Prix : 14,95 euros Ce numéro spécial architecture est le résultat du concours “Habitat solaire, habitat d’aujourd’hui 2001-2002”, on trouve donc dans cette huitième édition les 14 lauréats, sur 121 dossiers déposés. Comme toujours, de belles photos et de nombreux plans et croquis en couleurs agrémentent ce numéro spécial, mais contrairement aux éditions précédentes la mention “écologique”a disparu ! L’écoconstruction a pourtant largement sa place dans “l’habitat solaire d’aujourd’hui”, comme le prouvent de nombreuses maisons présentées dans ce magazine, ou encore dans le livre de Terre Vivante. Spécial architecture. N° 151 de septembre - octobre 2002. Éditions Systèmes solaires. 136 pages - Format 21 x 29,7 cm Prix : 35 euros n°12 décembre-janvier 2003 7 V isit e g u id é e Le site expérimental d’architecture de Cantercel À la recherche de l’équilibre entre l’homme et son milieu Photo Cantercel Entre Entre buis buis et et rochers, rochers, sur sur les les derniers derniers contreforts contreforts des des hauts hauts plateaux plateaux de de lʼHérault, lʼHérault, àà 48 48 km km au au nord nord de de Montpellier, Montpellier, se trouve un site expérimental se trouve un site expérimental dʼarchitecdʼarchitecture. ture. Sur Sur un un terrain terrain dʼenviron dʼenviron 100 100 hechectares, tares, lʼassociation lʼassociation Cantercel Cantercel travaille travaille sur sur le le “développement “développement dʼune dʼune architecture architecture environnementale environnementale en en rapport rapport avec avec les les milieux humains”. milieux humains”. Maison en bois construite sur pilotis Can-ter-cel signifie “chante la terre et le ciel” De la toile en toiture, des habitations provisoires et légères, des baies vitrées en losanges, des charpentes d’ateliers sans angles droits et une maison bioclimatique... Nos deux guides, Annick Lombardet et Jean-Pierre Campredon, membres fondateurs de Cantercel, nous entraînent dans une visite afin d’ouvrir nos sens à des expérimentations inhabituelles sur l’habitat et son environnement. L’objectif de Cantercel Annick Lombardet : “L’idée du site expérimental est née dans un atelier d’architectes à Paris. Nous cherchions un terrain que nous avons trouvé ici en 1989. L’objectif du site est de développer une approche globale de l’habitat, de concevoir et de réaliser des projets d’architecture. C’est un lieu permanent de démonstrations et d’expérimentations.” Pourquoi ce site ? 8 Jean-Pierre Campredon : “Nous avons choisi le site à cause de ses données géographiques : c’est un site avec des lignes de ruptures topographiques, géologiques et thermiques. Les grandes failles provoquent de grandes perturbations. C’est un endroit avec des décharges électromagnétiques fortes : tout cela crée de la dynamique. Ce n’est pas un lieu tranquille, c’est un lieu peu habitable de façon générale, mais qui privilégie l’expérimentation.” A.L. : “La commune de la Vacquerie a mis à notre disposition ce terrain, à l’origine c’était de la terre classée agricole. En 1993, 30 hectares ont été classés constructibles de manière pérenne, les autres 70 hectares ont été classés “site expérimental”. Nous, les membres fondateurs de Cantercel, avons constin°12 décembre-janvier 2003 tué une Société civile immobilière pour acquérir les 30 hectares constructibles, avec un bail emphytéotique. Les autres sont restés terre communale.” Notre visite commence par les bureaux et les ateliers spacieux et lumineux. C’est un ensemble de bâtiments à la fois grands et légers, avec peu d’angles droits, construits en ossatures bois (douglas), et de grandes vitres en forme de losanges. Les toitures de ces bâtiments lumineux sont en toile... “Cette toile, enduite de PVC pour l’étanchéité, ressemble à de la bâche de camion”, explique Annick. “Habituellement, elle sert à de grandes structures comme les arènes de Nîmes. Mais ici, nous faisons des expériences en architecture textile, en partenariat avec un industriel qui fabrique cette toile.” Qu’est-ce que «l’architecture environnementale», qui est developpée ici ? A.L. : “Nous partons de la lecture d’un site. Dans notre conception, les formes d’un bâtiment devraient être le plus possible en accompagnement ou en compensation du site. Nous prenons en compte les données de géobiologie et d’espace. Prenons cet atelier par exemple, la direction du bâtiment suit les données de son environnement : assez caché dans les pins, adossé et enraciné d’un côté, avec une dynamique en direction de son ouverture. Le choix de sa forme, l’utilisation de losanges et le côté de l’ouverture se sont presque imposés.” J.-P.C. : “Dans nos recherches, nous partons d’abord de l’usage et de la relation de l’habitant avec le lieu. Quelles sont les relations de l’habitant avec son environnement, les voisins, le paysage ? Comment réintégrer la sensorialité dans la conception architecturale ? Comment introduire une qualité au niveau des matériaux?” Photo Cantercel Le travail sur le site A.L. : “Sur le site, on peut distinguer trois zones, qui sont destinées à des activités différentes : ici, dans la zone la plus reculée et boisée, se trouvent les ateliers de mise en œuvre. C’est l’endroit des travaux pour les chantiers, de la fabrication et des stages pratiques pour les étudiants. La zone centrale sert à l’hébergement et aux bureaux. Enfin, il y a la zone “été” avec ses structures légères et démontables, destinées à l’accueil. “Nous poursuivons à la fois une démarche pédagogique et professionnelle. Nous avons une agence d’architectes ici, un atelier de menuiserie et un bureau d’ingénieurs. Nous travaillons avec des industriels pour faire des expériences avec des matériaux. L’été, Cantercel accueille des stages d’étudiants sous forme de chantiers. Ils viennent souvent avec leurs professeurs. Les membres de Cantercel font des conférences et interviennent en fonction de la demande des stagiaires. Trois étudiants italiens de l’université de Turin ont ainsi réalisé un pavillon sur le site. C’était leur travail de diplôme. Ils ont fait une étude très intéressante du lieu. Avec les étudiants, nous réalisons aussi des structures légères, démontables.” J.-P.C. : “Dans le travail que nous menons avec les étudiants, il s’agit d’ouvrir leurs sens et leur perception. Ils sont amenés à poser des questions, à définir des critères et à travailler avec des matériaux (bois, terre crue, toile...). Nous n’avons pas une seule philosophie, chacun doit devenir acteur.” Nous poursuivons la visite avec Annick. Après être passés devant un petit “kiosque” d’expérimentation avec le matériau “toile enduite”, notre guide nous amène vers une des deux maisons d’habitation du site : la maison “arborescence”. “Cette maison est construite d’après les critères écologiques et bioclimatiques. La maison, assise sur une terrasse naturelle, est exposée plein sud, posée sur pilotis. La partie nord est enterrée. Les murs extérieurs et une partie du toit sont couverts de bardeaux de douglas, les parois à l’intérieur sont en plaques de gypse-cellulose (Fermacell), et enduites avec un enduit de terre. Le sol en partie nord (buanderie et cave) est en terre battue, l’autre partie en briques de terre crue.” À l’intérieur de la maison, au centre de la salle de séjour arrondie avec ses grandes ouvertures vitrées au sud, une ossature en bois, en forme d’arbre ou de parapluie surprend. “Voilà la structure qui tient le toit et qui donne son nom à la maison” explique notre guide. “Le mur central arrondi, en briques de terre crue va servir pour le chauffage. Nous y mettrons probablement un poêle à inertie. L’air chauffé par la serre du côté sud de la maison est envoyé par un ventilateur dans des drains posés dans le sol (en briques de terre crue) pour chauffer les chambres au nord. Des capteurs solaires posés à côté de la maison fourniront l’eau chaude. L’assainissement de l’eau par phytoépuration et les WC à compost, ne sont pas encore terminés.” En face de la maison “arborescence”, sur une colline déboisée, une deuxième maison d’habitation est en construction. “C’est la future maison “horizon”. Nous avons choisi le site pour sa vue exceptionnelle. Avec cette maison, nous travaillons sur le contact sensible avec l’extérieur, sur le déploiement de l’espace. Il y aura une grande surface de baies vitrées, et des doubles parois en polycarbonate. Nous construirons les murs en briques et en pierre, avec, à l’intérieur de la terre crue et de la chaux pour les enduits. La maison sera chauffée par une pompe à chaleur, et par l’ensoleillement. L’été, nous utiliserons des “isolants mobiles” (plantes grimpantes) pour l’occultation.” À Cantercel, la dynamique du paysage se reflète dans la diversité des approches et des constructions: des formes et des matériaux originaux, du bioclimatique, du démontable, de la pierre et de la roche, du provisoire, du lumineux, des espaces surprenants... L’ouverture d’esprit règne dans ce lieu. Et nous sommes curieux de voir quelle forme prendra la maison “horizon” une fois terminée... Barbara Peschke Contact : Cantercel Site Expérimental d’Architecture 34520 La Vacquerie Tél. 04 67 44 60 06 Fax. 04 67 44 62 20 mail: [email protected] net: www.cantercel.com Photo Cantercel Visites possibles toute l’année sur rendez-vous Publications : Les Cahiers de Cantercel aux Éditions Édisud n° 1: Habiter Autrement n° 2: Enveloppes & Murs n°12 décembre-janvier 2003 9 À la lo u p e De plain-pied et de lumière Thierry et Nathalie Maneval habitent non loin de Romans, dans la Drôme. Leur maison est le fruit de deux envies personnelles poursuivies par le couple. Lui, avait le désir d'utiliser des produits écologiques, et d'avoir une maison avec du bois et des matériaux alternatifs, cette démarche s'inscrivant dans un acte militant écologiste d'autonomie. Elle, privilégiait l'aspect “matériaux sains”, avec la volonté première d'être dans une maison “positive” pour ses habitants. Le tout avec beaucoup d'espace, et de lumière ! 10 n°12 décembre-janvier 2003 Le point de vue des maîtres d’ouvrage La maison Les commandes d’arrivée d’eau au pied Située sur une ancienne prairie protégée par des haies au nord et à l'est, cette maison s'ouvre largement au sud profitant ainsi au maximum du soleil. Construite de plain-pied, la maison est logiquement assez basse, ce qui lui permet de s'intégrer plus facilement dans les lignes à dominante horizontale du paysage. La pente de toit à 35 p.100, et l'esthétique générale s'inspirent de surcroît des formes traditionnelles locales. On ne la distingue d'ailleurs pas des maisons voisines lorsque l'on se trouve sur la route communale. Seule la verrière solaire en plein sud, visible uniquement du jardin, “trahit” l'aspect bioclimatique. L’intérieur est plus surprenant : passée la porte d'entrée, on découvre un volume très spacieux se développant dans plusieurs directions, rythmé par les multiples pans lambrissés de la toiture, posée comme un éventail à demi ouvert à quelque quatre mètres de hauteur. Au fil de la journée, la lumière sculpte différemment ces différents plans, visibles de tous les points de l'espace central. Cette lumière entre abondamment par la grande baie vitrée coulissante et par les deux fenêtres à châssis fixes séparant la serre de l'espace principal. La disposition en L de l'espace intérieur se démarque du traditionnel bloc rectangulaire des maisons allongées, et permet à toutes les pièces de vie de bénéficier du soleil. Les trois chambres des enfants, le coin jeux et la salle de bains se trouvent sur le côté sud-est de la maison. La salle à manger, le coin cuisine sont disposés de façon plutôt centrale, alors que le salon et la chambre des parents avec coin douche, ainsi que le bureau se situent sur la partie sud-ouest. Au nord, se trouve un cellier-buanderie et le coin télé, abrités du vent par l’espace tampon du garage. Toutes les pièces se distribuent sans couloir, il n’y a donc pour ainsi dire, aucun espace perdu. Le sol est en céramique dans l’entrée, la salle à manger, la cuisine et le cellier. Et il est en bois (parquet) dans le coin salon, et dans les chambres, créant ainsi des environnements différents dans le même espace. Certains aménagements : demi-oeil de boeuf, mezzanine dans le salon, muret de séparation dans la salle, mur joliment décoré... participent au côté personnel de cette maison. Nathalie et Thierry ont eu l’occasion de rencontrer Jean-Pierre Oliva, le maître d'oeuvre qui s'est occupé de leur chantier, lors du salon Primevère qui se déroule à Lyon à la fin de l'hiver. Au début de leur cogitation, en 1997, ils se rappellent avoir eu beaucoup de mal à trouver des informations, et surtout des personnes qui acceptaient de les suivre dans cette démarche. Le choix de Jean-Pierre Oliva comme coordinateur de leur projet, fut le résultat d'un bon contact avec celui-ci. Il semblait être plus à l'écoute que d’autres et, notamment que les architectes qu’ils avaient déjà contactés. “Le reste se fit également avec ce même ressenti. Aussi nous avons travaillé avec les gens qui étaient prêts à nous écouter,” confie Nathalie. “Par exemple, lorsque nous avons parlé de câblages en épi à l’électricien et qu’il nous répondit que ce n’était qu’une lubie d’architecte, nous avons coupé court.” “Nous partions sur une maison à étage, mais JeanPierre nous montra que le coût d’un habitat en plainpied serait moindre, et surtout que la topographie du terrain, plat et grand, ne s’y prêtait pas. L’aspect bioclimatique s’imposa de lui même.” Ajoute Thierry, puis de poursuivre : “on a fait une vingtaine de plans “autour” de l’idée de la verrière. C’est dans ces moments de conception que l’on apprécie l’aide d’un professionnel. En effet, ce dernier imagine la maison en volume, en élévation, alors que nous restions sur des plans à plat, en deux dimensions.” Chauffage au bois turbo Les maîtres d’ouvrage ont eu le désir de chauffer l’ensemble du volume avec un poêle à bois (ici un “turbo fermé” - voir p. 13 - d’une puissance de 16 kW) placé de façon centrale. Ce qui ne manqua pas de les faire passer pour des fous aux yeux de certains de leur proches. Craignant finalement de ne pas réussir à tout chauffer, ils ont fait poser une installation électrique en prévision d’un chauffage électrique d'appoint qui n’a jamais servi. C’était de surcroît sans compter sur le gain bioclimatique de la maison. “Avec la véranda nous ne chauffons pas les jours de soleil en hiver. De plus elle nous apporte une forte luminosité qui est pour nous primordiale.” Pour conclure sur le chauffage, on peut dire que c’est plutôt une très belle réussite puisque la maison ne consomme que huit stères de bois par an. Eau chaude et tiède L’eau chaude est produite par un cumulus électrique. “Nous n’avons pas pu installer un chauffe-eau solaire faute de finances à l’époque, même si c’était notre idée de départ. Aujourd’hui nous pensons que c’était une erreur”, explique Thierry. “Cependant nous avons essayé de ne pas mettre une installation bas de gamme classique et avons opté pour un système un peu particulier. En effet, les deux points de puisage les plus utilisés, à savoir le lavabo de la salle de bains et l’évier de la cuisine, sont équipés de petits ballons de préchauffage fournissant de l’eau tiède. De plus les commandes d’ouverture d’arrivée d’eau se font au pied à l’aide de pédales qui actionnent des électrovannes en 12 V. Une rouge pour l’eau tiède, et une bleue pour l’eau froide. Il n’y a pas de robinets, on garde donc les mains libres, c’est très confortable, surtout pour les enfants, et au final économique. n°12 décembre-janvier 2003 11 La verrière “Sinon nous avons un chauffe-eau de 100 litres pour toute la maison, et un tout petit pour le coin douche dans notre chambre. Dans les deux cas il n’y a pas plus d’un mètre de tuyauterie entre la production et le puisage, ici aussi on fait des économies d’eau et d’électricité.” Les maîtres d’ouvrage n’ont pas hésité à mettre la main à la pâte, ainsi ils se sont occupé des tuyauteries d’évacuation, de la pose du plancher, du traitement des bois avec des produits écologiques, de la pose des menuiseries avec le menuisier et de la zinguerie avec le plombier. Ils ont également fait le suivi du chantier, et pour finir ont installé le poêle. L’économie réalisée sur le coût global de la maison est d’environ 10 p.100. Questions au maître d’oeuvre Le coin cuisine 12 Une maison de plain-pied est-elle plus économique quʼune maison à étage ? “En théorie une maison à étage est plus économique, car il y a moins de surface de toiture et de linéaire de fondations. Mais si l’on veut obtenir une bonne isolation phonique entre le rez-de-chaussée et l’étage, et que l’on prend en compte le temps de chantier, plus court pour une maison de plain-pied, alors la différence n’est plus si évidente. “Dans ce cas précis, Thierry et Nathalie avaient émis le désir d’avoir des pièces de vie spacieuses, et que les chambres enfants et parents soient éloignées. Cette répartition des parties “jour” et des parties “nuit” était peu compatible avec une maison à étage qui aurait occasionné trop de gaspillage d'espace, et aurait dû être plus grande, donc plus coûteuse. n°12 décembre-janvier 2003 Lʼextérieur est un peu austère, cela manque de végétalisation. “Je ne suis pas très satisfait de la volumétrie extérieure, qui souffre d'un compromis trop grand entre une conception franchement bioclimatique et une référence obligée au vocabulaire “néo-régional”. Un bardage bois aurait été plus adapté à cette volumétrie et aurait permis plus de transitions. “Dans le projet de permis, il y avait une pergola qui courait sur la façade sud, de chaque coté de la serre. Cela avait pour effet de prolonger la maison par une structure mi-construite mi-végétale. La serre est déjà un espace de transition entre l'intérieur habité en permanence et l'extérieur. “La pergola prolongeait cet espace de manière plus immatérielle et plus légère, rendant la frontière entre la maison et la nature plus floue et plus mouvante. Et sa fonction bioclimatique de protection du rayonnement solaire en été était pertinente. Mais pour des raisons de budget, Thierry et Nathalie ont préféré installer des rideaux sur la verrière. De mon point de vue, la maison n’est “pas vraiment finie”, mais ce n'est peut-être qu’une question de temps...” Les résultats au niveau thermique semblent être très bons : huit stères de bois pour 146 m2 habitables, avec des plafonds atteignants quatre mètres par endroit ? “Effectivement, c’est un bon résultat, car même si la maison se trouve dans la Drôme, elle est juste à côté du Vercors, et le climat n’y est pas toujours doux. Cela prouve l'efficacité d'une bonne étude bioclimatique basée sur l’orientation et la distribution des espaces, sur une optimisation de l'enveloppe (isolation) avec un bon coefficient de forme (volume) et un bon équilibre isolation-inertie. La serre est la chaudière principale de la maison, en branchement direct avec le soleil. Par sa position centrale, elle fournit l’essentiel du chauffage à l’ensemble du volume habité. Le poêle à bois, situé en arrière dans l’espace habité, mais lui aussi en position centrale fournit l’appoint quand le soleil n’est plus là et que les calories stockées par les parois de la serre se raréfient. La faible inertie du poêle turbo est compensée par celle du mur sur lequel il s'adosse. Soleil et bois, c'est un couple qui marche bien.” Le charpentier semble sʼêtre beaucoup investi : charpente, pose de lʼisolant, pose des enduits... “En réalité le charpentier est un maçon, surtout spécialisé dans la réhabilitation ! Cependant, les maîtres d’ouvrage s’étaient déjà engagés depuis longtemps à faire effectuer la partie maçonnerie (fondations, montage des murs en briques alvéolées) par un maçon qu’ils connaissaient quand je leur ai présenté Jacques Moulin. Néanmoins, ils ont sympathisé avec lui, et étant très sensible à l'écoconstruction, il s'est alors proposé pour faire la charpente, puis d'autres travaux. “Cependant, je pense qu'il aurait été plus intéressant que ce soit la même entreprise qui se charge de tout le gros œuvre. On aurait évité le fractionnement du travail, et la liaison entre les différentes parties, les murs et la charpente par exemple, délicate pour ce type de couverture, n'en aurait été que plus harmonieuse.” Yvan Saint-Jours Jean-Pierre Oliva La Plaine du Pont - 26510 Sahune Fin du chantier : août 1999, après neuf mois de travaux. Le coût de la maison en 1997, fut de 700 000 F pour 146 m2 de surface habitable (plus un cellier de 10 m2 et un hangar de 26 m2). Soit 4 700 F (713 €) le m2 habitable. Les murs sont en briques monomur de 37,5 cm d’épaisseur (Migeon aujourd'hui Sturm). Elles ont été plâtrées à l'intérieur et enduites d’un crépi de chaux aérienne éteinte et de sable local à l’extérieur. La couverture est en tuiles de terre cuite grand moule faiblement galbées. La charpente est en douglas qui provient d’une scierie ardéchoise, elle a subi un traitement superficiel au sel de bore. Le bois apparent a, lui, été traité avec une huile dure de chez Livos. Le bois utilisé pour la véranda est du chêne, le reste des menuiseries est en châtaignier brut. L’isolant en sous-toiture est du chanvre en vrac. Il a été posé par le charpentier avant de mettre la couverture. La météo fut favorable, alors que le chantier s’est déroulé au début février. La pose s’est échelonnée sur près de six semaines. À l’intérieur le plafond atteint quatre mètres, pour 4,70 m de faîtage à l’extérieur. Chauffage : Le poêle “turbo” est un poêle en acier avec foyer fonte, dont l’air de combustion secondaire arrive par le dessus (à mi-hauteur de la chambre de combustion). Le rendement à plein régime est élevé (environ 70 p.100), et par conséquent les émissions de polluants fortement réduites. De plus son prix reste tout à fait compétitif : entre 700 et 1 500 €. Plan de coupe de la toiture Dessin Jean-Pierre Oliva Descriptions techniques Dessin Jean-Pierre Oliva Plan de la maison n°12 décembre-janvier 2003 13 D o ssie r Plancher et mur chauffants Le summum du chauffage conventionnel Le plancher et le mur chauffant basse température sont deux exemples de modes de chauffage conventionnels presque parfaits. Ils sont à la fois confortables, sains, économiques à l’usage et esthétiques. Même leurs versions classiques (chape de béton sur polystyrène et chaudière gaz) sont acceptables d’un point de vue écologique en regard des avantages sus-nommés. Nous détaillons donc dans ce dossier les principes de base pour en comprendre le fonctionnement et les effets sur le bien-être des personnes utilisatrices. Mais, appétit de maison écologique oblige, nous mettons l’accent sur les techniques ayant un impact minimum sur l’environnement. De l’habitat abri... Depuis la nuit des temps, l’être humain n’a eu de cesse d’améliorer sa vêture (deuxième peau), de rechercher puis de fabriquer son abri (troisième peau), dans le but de se protéger du climat. Pour cela il a développé des tonnes d’intelligence, et nous a laissé quelques exemples remarquables : les cités des Indiens Pueblos, les cases des tribus africaines, les maisons en terre sur tous les continents... Certains types d’habitat traditionnel sont encore de nos jours des modèles qui ne pourront guère être améliorés : les maisons en briques de terre et leurs “tours à vent” en Iran, les maisons en pisépaille en Europe... Mais les premières au hit-parade, ce sont les quelques réalisations qui ont su associer une enveloppe et un système de chauffage performants pour obtenir un résultat proche de la perfection : la guer mongole et son poêle métallique central, la maison en rondins d’Europe du Nord ou l’isba russe et leurs poêles de masse, la maison en briques terre-paille du Sinkiang et son kuang (podium chauffant). Du point de vue du thermicien, à côté de ces “formules un” qui datent de plusieurs siècles, la maison bretonne en blocs de granit et sa cheminée à feu ouvert ne jouent pas dans la même catégorie (ce n’est qu’un exemple, nous n’avons rien contre la Bretagne, ndlr). ...à l’habitat-confort 14 Ce que l’on demande aujourd’hui à un habitat, c’est de satisfaire les besoins de confort des occupants (confort hygrothermique, ambiance lumineuse, acoustique, esthétique). Si on fait le bilan en France, après cinquante ans de programmes de construction intensifs, on s’aperçoit que, certes, la quasi-totalité de la population est logée mais que les solutions techniques développées pour réduire le coût de la construction et du chauffage n’ont toujours pas tenu compte de cette notion de confort hygrothermique : - les appartements des années 70 avec chauffage par le sol qui provoquaient des problèmes de circulation veineuse, - les maisons individuelles réalisées par les “pavillonneurs” dans lesquelles, grâce à la politique commerciale d’EdF, on a pratiqué presque exclusivement l’association isolation intérieure des murs et convecteurs électriques. En matière de confort hygrothermique, c’est ce que l’on pouvait faire de pire (aucune inertie thermique dans les parois, stratification thermique des couches d’air, dessèchement excessif de l’air, carbonisation des poussières, ionisation positive de l’air) sans parler du montant des factures. Il faut rappeler que le choix de l’isolation intérieure des murs est une spécificité “franco-française”. Heureusement, il y a eu quelques îlots d’irréductibles, des thermiciens formés à la bonne école - qui se battant contre les légions romaines d’EdF (euh, pardon !!!)- ont œuvré pour développer deux systèmes qui réunissent de nombreux avantages : le plancher et le mur chauffant basse température à circulation d’eau. n°12 décembre-janvier 2003 Plancher et mur chauffant, partie commune Un chauffage sain qui rompt avec les idées reçues Le chauffage par le sol, à haute température, est arrivé en France dans les années soixante. Bien qu’il n’ait plus rien à voir avec celui d’aujourd’hui, à basse température, il continue aujourd’hui à lui causer du tort. En effet, les sols trop chauds de l’époque provoquaient des troubles de la circulation veineuse (jambes enflées et lourdes). Certaines personnes se plaignaient également de maux de tête ou encore d’irritation O.R.L., et d’allergies, causés par le soulèvement du sol des poussières carbonisées. Mais, depuis une quinzaine d’années, avec les systèmes de planchers chauffants à basse température, la chaleur étant uniformément répartie, il n’y a ni zones froides, ni zones chaudes, pas d’assêchement de l’air, et plus de déplacements de poussières et d’acariens. Bref voici un chauffage sain. Comment cela fonctionne-t-il ? Le plancher chauffant basse température à circulation d’eau, est constitué d’une dalle flottante à forte inertie, dans laquelle circule un réseau de tuyaux qui véhicule un fluide caloporteur. Ainsi c’est comme si on transformait la dalle de la maison en un immense radiateur. La température de surface du plancher ne doit pas dépasser 28°C, température de la voûte plantaire, ce qui évite tout problème de circulation. Un des gros avantages de ce système de chauffage, est que pour une même sensation de confort, on se contentera d’une température d’ambiance de 18,5°C, là où l’on aurait eu 20°C avec un système convectif. Pour cela, la température du fluide caloporteur oscille entre 30 et 40°C, selon les caractéristiques thermiques de la maison, la température extérieure, et la température ambiante. Le mur chauffant, utilise le même principe, mais cette fois le tuyau serpente dans le mur, et c’est donc lui qui fait office de radiateur. Dans quels cas l’utiliser ? Le plancher chauffant convient tout à fait pour une construction neuve, mais peut également être installé dans le cadre Le cas des pompes à chaleur géothermiques Nous avons très souvent des demandes sur “la géothermie”. Attention, ce terme est galvaudé, volontairement, par les commerciaux de pompes à chaleur, involontairement par d’autres personnes non-informées. La géothermie, énergie renouvelable, utilise l’eau chaude provenant directement des nappes phréatiques de fortes profondeurs. Les systèmes thermodynamiques fonctionnant avec une pompe à chaleur, utilisent quant à eux l’énergie contenue dans le sol à faible profondeur, ou dans un puits. Elle les transmet ensuite grâce à un fluide frigorigène, au plancher chauffant. Voici les différents systèmes existants, du moins au plus performant : - le système air-eau, - le système eau-eau (ou hydraulique), - le système à détente directe (c’est le fluide frigorigène qui passe directement dans le plancher chauffant), - le système à capteur de sol, dit géothermique, qui se divise en deux : la technique du puits vertical, avec un forage supérieur à 100 m ; et la technique, très en vogue actuellement, de capteurs de sol de surface enterrés à 60 cm, qui utilisent l’énergie solaire stockée dans le sol. Pour 1 kWh électrique consommé, ces systèmes peuvent produire entre 2 et 4 kWh en chaleur, c’est ce qu’on appelle le C.O.P. (coefficient de performance) qui n’est rentable qu’à partir de trois. Il est bien sûr indispensable d’avoir de l’électricité pour faire fonctionner la pompe. Suivant les systèmes, nous sommes dans le domaine de l’utilisation intelligente de l’électricité, et à la lisière de celui des énergies renouvelables... N’oublions pas que près de 80 p.100 de l’électricité française est d’origine nucléaire. d’une rénovation. Il en va de même pour le mur chauffant, qui trouve encore plus sa place dans la rénovation, ou lorsque le plancher est en bois, ou encore à l’étage s’il est impossible de couler une dalle à cause des surcharges qu’occasionnerait le poids d’un tel ouvrage. L’inconvénient principal de ce système de chauffage, est sa très forte inertie. En effet, il faut environ quatre heures pour le mettre en chauffe, et une fois en fonctionnement il est difficilement régulable. Par conséquent, si la chaudière s’enclenche le matin mais que le soleil vient chauffer quelques heures après, il faudra ouvrir les fenêtres car il fera trop chaud! C’est le revers de la médaille des systèmes de chauffage rayonnant à forte inertie. Par conséquent, ils sont déconseillés pour l’habitat solaire passif. Esthétique Plus de radiateurs ! Cela peut paraître dérisoire, mais la suppression totale des radiateurs amène un gain de place non négligeable. Un petit bémol pour le mur chauffant : attention à ne pas mettre de mobilier, ni de tableaux sur les murs émetteurs, ceux-ci entraveraient le rayonnement du chauffage. Quelle énergie utiliser ? Bien sûr, le plancher ou le mur chauffant, ne sont que les émetteurs, il faut trouver un moyen de produire l’eau chaude. Ici, comme dans le cas d’un chauffage par radiateurs, il est possible d’utiliser toutes les sources d’énergie, le solaire et les systèmes thermodynamiques en plus. Le cas du solaire est un peu particulier, et nous lui réservons un article complet pour l’été prochain, cependant voici ce qu’il faut savoir au minimum. Il y a quelques années, une société savoyarde, Clipsol, lançait le Plancher solaire direct (PSD), qui équipe aujourd’hui plus de 700 maisons en France (depuis, tous les fabricants de chauffe-eau solaires proposent un produit à peu près similaire). Son principe est simple (contrairement aux “usines à gaz solaires” d’avant) : le fluide caloporteur est chauffé dans les capteurs solaires, et est ensuite directement envoyé dans la dalle, d’où son nom de plancher solaire direct. Il n’y a pas de gros ballon de stockage, mais un appoint est nécessaire pour les jours froids sans soleil. Pour parer à ce besoin d’appoint (poêle à bois, radiateur gaz indépendant... qui souvent occupent de la place, alors que l’on veut en gagner avec le plancher chauffant), il y a quelques années, a été développé le plancher solaire direct à appoint intégré (PSDAI). Une chaudière d’appoint est donc directement intégrée dans l’installation solaire, et vient suppléer automatiquement le manque de soleil. Pour chauffer le fluide caloporteur, on peut également utiliser une autre énergie renouvelable, le bois (bûches, bois déchiqueté ou granulés), qui convient tout à fait dans ce cas de figure. Sinon on pourra utiliser le gaz, le fioul, ou encore l’électricité (voir l’encart). Il faut savoir que quelle que soit la source de chaleur, les économies sont d’environ 10 p.100 par rapport à un chauffage à radiateurs (voir page 18). Ce qui, sur quelques années, soulage le porte-monnaie... et épargne l’environnement. Planchers rafraîchissants La plupart des vendeurs de planchers et murs chauffants “classiques”, proposent des versions chauffantes et rafraîchissantes. Bien sûr on peut voir cela comme une “climatisation” silencieuse, mais il ne faut pas oublier qu’une habitation habilement conçue, suivant les principes bioclimatiques, n’a pas besoin de climatisation. Ou du moins peut se suffire d’un système d’ouvertures bien agencées, ou de techniques ne nécessitant pas la consommation de quelque énergie que ce soit (relire Le puits canadien, La Maison écologique n°10). n°12 décembre-janvier 2003 15 Le plancher chauffant L’isolant Ce qui est couramment proposé par les revendeurs de plancher chauffant, c’est le polystyrène expansé. Simple à installer, certains sont pré-équipés de plots pour faire serpenter les tuyaux dessus, d’un coût très faible, trouvable partout... mais avec le très mauvais bilan écologique qu’on lui connaît : gourmand en énergie (22 500 kWh / tonne), issu de la pétrochimie, impossible à recycler... Il en va de même pour les deux autres isolants souvent utilisés : le polystyrène extrudé, et le polyuréthane. La laine de roche qui sert parfois, a un éco-bilan un peu meilleur. Pour éviter les remontées capillaires, le D.T.U* oblige que l’on pose un polyane (film plastique) sous l’isolant, et pour éviter que le béton de la chape d’enrobage ne coule entre les plaques d’isolants, on en rajoute un audessus ! Dessin Multibéton Coupe d’un plancher chauffant classique La chape d’enrobage C’est dans cette chape d’enrobage de 6 cm que seront noyés les tuyaux où circulera le fluide caloporteur, la chaleur sera alors diffusée par conduction des tuyaux vers cette chape. Elle est en béton armé spécial avec adjuvant chimique pour le rendre plus fluide, permettant ainsi une meilleure adhérence avec les tuyaux. 16 Le revêtement de sol Très souvent en grès ou en terre cuite, il n’y a aucune différence notable entre ces deux matériaux quant à leur capacité d’émission. Car, même si le grès à tendance à se refroidir plus vite que la terre cuite, avec ce système de chauffage par rayonnement, on ne constate pas de changement de température. n°12 décembre-janvier 2003 Mise en oeuvre de tuyaux en PER (à gauche), et en cuivre (à droite). Alors que les planchers en bois brut sont incompatibles, il existe des parquets flottants spéciaux. Prix Il faut compter un léger surcoût pour l’installation d’un plancher chauffant basse température, par rapport à un système de chauffage central par radiateur. Cependant, l’économie réalisée à l’utilisation, permet de rapidement le rembourser. Prix du plancher chauffant environ 60 euros /m2 fourniture et pose incluses (sans la chaudière, ni le revêtement de sol). Option : Chape de finition On peut améliorer le tout en coulant une chape de finition sur la chape d’enrobage, ce qui augmentera l’inertie thermique, pour un surcoût relativement faible. Cette chape sera indispensable pour sceller des carreaux en terre cuite. Perturbations dues aux tuyaux ? De l’avis de géobiologues et autres personnes spécialisées dans le domaine, il apparaît que concernant les tuyaux plastiques, un léger champ électrostatique dû au frottement du fluide caloporteur contre les parois du tuyau peut se créer. Il demeure cependant minime, du fait de la très basse vitesse à laquelle circule le liquide. De surcroît le champ reste confiné à quelques centimètres au dessus de la dalle. Dans le cas d’un tuyau de cuivre, ce champ électrostatique pourrait être presque totalement annulé, par une simple mise à la terre. Aucune autre perturbation notable n’est à signaler sous les pieds des occupants de plancher chauffant. Photo Cuprasol Le tuyau Les planchers classiques sont équipés avec des tuyaux en polyéthylène réticulé (PER). La plupart de ces tuyaux en PER ont une épaisseur de paroi assez fine, et un diamètre relativement petit. Ceci a son importance, car le PER se décompose légèrement et crée une boue qui peut boucher le tuyau. Or, en cas d’embouage, si le tuyau est trop fin, il ne résistera pas à la pression nécessaire au débouchage. Pour parer à ce problème, il suffit d’employer des tuyaux en PER, plus épais. On peut également employer un tuyau en cuivre. D’un surcoût d’environ 10 p.100 par rapport à son pendant plastique, il est indéniablement plus résistant dans le temps, et est recyclable. Par contre il est moins facile à installer par un autoconstructeur. Photo Acome Version standard Version écologique Presque toutes les pratiques suivantes, courantes dans la plupart des pays, ne sont pas mentionnées dans le D.T.U.* en France ! Mais il est possible d’avoir des avis techniques, valables au cas par cas. Deux poids (en béton), deux mesures (de pétrole). *D.T.U. Documents techniques unifiés, petit rappel : Cahiers des charges édicté par le Centre scientifique et technique du bâtiment (C.T.S.B.) réglementant les conditions minimales de mise en oeuvre des ouvrages du bâtiment. Les D.T.U. sont souvent des freins à la mise en oeuvre de techniques alternatives ou traditionnelles. Le tuyau Le tuyau sera de préférence en cuivre avec une mise à la terre. L’isolant Il pourra être constitué d’un mélange chanvre et chaux, ou en panneaux de fibres de bois, en liège, ou encore avec une plaque spéciale de gypse et cellulose. La chape d’enrobage La version écologique est en chaux hydraulique fibrée (rajout de fibres de verre pour l’armature, ou avec un treillis en fibres de verre). En haut : Mise en oeuvre du mur chauffant de briques Hélioterre - pose du tuyau, - tuyau en gros plan dans la gorge aménagée dans la brique, - maillage sur différents murs de la maison. Le mur chauffant Le mur chauffant à circulation d’eau est assez récent en France, il peut s’adapter à l’existant plus facilement. En outre, on peut travailler avec une température plus élevée et donc réduire les surfaces émissives, mais attention aux meubles qui sont opaques au rayonnement! On distingue aujourd’hui quatre techniques différentes : La technique classique Elle est proposée par les grandes sociétés de plancher chauffant. Sur un mur préalablement isolé, ou sur un mur en briques alvéolées (briques de grandes largeurs à la fois porteuses et isolantes) est disposé un treillis métallique sur lequel serpente un tuyau en cuivre ou en PER fixé à l’aide d’attaches particulières. Le tout est ensuite enduit d’un mortier de ciment puis recouvert d’un revêtement mural classique (papier peint, peinture, carrelage...). Coût : 100 euros le m2 Hélioterre Technique développée par Joseph Colzani du Centre de Terre à Lavalette, à côté de Toulouse. Les parois sont montées avec des briques de terre crue stabilisées de 33 x 22 x 12 (13 au m2). Elles sont montées à l’aide d’un mortier composé de chaux et de terre. Les Prix Il faut compter un surcoût pour la mise en oeuvre de ces produits, il oscille entre 30 et 50 p.100 de plus au m2, suivant les matériaux utilisés. Version terre crue Il existe en France quelques exemples de planchers chauffants en terre battue. Jacques Bovis, maçon installé dans le sud Bretagne a accompagné un ami autoconstructeur pour la réalisation d’un tel chantier. “Tout d’abord nous avons mis en place un hérisson (lit de pierres qui permet d’éviter les remontées capillaires), sur lequel vient reposer la dalle isolante qui est un mélange terre-paille, sur une hauteur de 20 cm. Nous avons ensuite fait serpenter le tuyau en PER sur cette dalle, avant de recouvrir le tout d’une autre dalle d’argile de 8 à 10 cm. Le tout a été damé à la main, et les petites fissures qui se sont révélées après séchage, ont été rebouchées avec de la terre bien mouillée. La dalle est en cours de séchage, il faut compter environ trois mois. Une fois sèche, nous passerons de l’huile de lin, et elle sera cirée. Les principaux avantages sont bien entendu le coût, et l’aspect matériau local. Ce n’est pas forcément plus long à mettre en oeuvre qu’un plancher chauffant classique, mis à part le séchage.” briques, fabriquées par la briqueterie Fontes, à Revel, en Haute-Garonne, sont déjà rainurées, il suffit donc d’y faire circuler le tuyau en PER et de reboucher les rainures avec un mortier coloré. Les murs peuvent ainsi rester tels quels, aux couleurs de la terre. Un mur peut-être aménagé des deux côtés, ou sur une seule face suivant les besoins. Ce système mis au point il y a quelques années équipe depuis peu des maisons H.L.M. près de Toulouse. Coût : environ 150 euros le m2 (mur inclus). Depuis quelques semaines, la brique Hélioterre existe également en terre cuite (dimension : 40 x 20 x 5,5 cm). Les panneaux chauffants Calorimur Technique importée d’Allemagne par la société Solaire Connexion. Ce sont des modules de réseaux de cuivre prêts à poser sur tous types de murs. Une fois posés, ils sont recouverts d’un enduit de 3 cm, en terre de préférence. Il y a plus de convection que dans les autres systèmes, mais ils sont très appropriés pour le chauffage solaire. L’entreprise s’est même spécialisée dans les “murs chauffants solaires” (avec PSDAI - voir p. 15). Coût : 161 euros le module de 76 cm x 75 cm. Autre version écologique Les tuyaux en PER chevillés sur des panneaux de roseaux (isolant) et recouverts d’un enduit en terre. C’est celle détaillée par Bruno Thouvenin en page 19. n°12 décembre-janvier 2003 17 Le confort hygrothermique Dessin Clipsol Pour comprendre pourquoi on se sent bien dans certains types d’habitat et moins bien dans d’autres, il faut connaître le fonctionnement de notre système thermorégulateur. Cette explication concerne des locaux en période de chauffage situés en Europe. Le corps humain devant maintenir sa température intérieure autour de 37 °C, échange en permanence de la chaleur avec le milieu environnant sous quatre modes: - par conduction (sol-siège-lit) - par convection (échanges convectifs air-peau, airvêtement) - par rayonnement vers les surfaces environnantes (parois intérieures diverses, sources ponctuelles) - par évaporation (respiration, transpiration) Ces échanges varient en permanence en fonction de six facteurs : - deux liés au sujet : activité et tenue vestimentaire - quatre liés au local : température de l’air ambiant, température rayonnante des parois, humidité relative, vitesse de l’air. Répartition des niveaux de température dans une pièce selon le type d’émetteur de chaleur 18 Les capteurs du système thermorégulateur enregistrent en permanence ces quatre données et les convertissent en une sensation globale de confort. Il est à noter que son efficacité varie en fonction des individus (âge, sexe, état de santé, alimentation, état psychologique). À activité égale, et tenue vestimentaire égale, les quatre facteurs sus-cités vont avoir une incidence fluctuante sur la sensation de confort. Rappelons que lorsqu’on lit 20°C sur le thermomètre, c’est la valeur de la température de l’air ambiant. Pour simplifier la compréhension de ce phénomène complexe, les spécialistes ont pris l’habitude de fixer les valeurs de l’humidité relative et de la vitesse de l’air dans une plage qui correspond à la zone de confort et de caractériser la sensation de confort par la valeur résultante sèche (Trs) : Trs = (Trm [température rayonnante moyenne] +Ta [température ambiante]) / 2 Exemple : pour Trs = 20°C (sensation de confort) si Trm = 18°C, Ta devra être égale à 22°C si Trm = 22°C, Ta devra être égale à 18°C n°12 décembre-janvier 2003 Or on a pu constater qu’une variation de 1°C de la température rayonnante moyenne a un effet supérieur de 40 p.100 sur les échanges par rapport à une variation de 1°C de la température ambiante (Ta). Donc le concepteur devra donner la priorité à la température rayonnante des parois. Rappelons que 1°C de température ambiante en moins, c’est 7 p.100 d’économie sur la facture de chauffage. Quelques cas d’école pour comprendre : Vous avez acheté une maison ancienne dont les murs sont en pierre de taille. Trois solutions s’offrent à vous: - solution A : vous choisissez de ne faire que des travaux d’aménagement intérieur. Caractéristiques de l’enveloppe : murs extérieurs en pierre sans isolation, menuiseries extérieures d’origine, carrelage d’origine sur sol en terre, pas de système de ventilation - solution B : vous faites réaliser des travaux d’optimisation énergétique minimum Caractéristiques : isolation intérieure des murs par complexe isolant/plaques de plâtre, menuiseries extérieures neuves double vitrage, carrelage sur dalles isolées sur hérisson ventilé, système de ventilation, chauffage par foyer bois dans la pièce principale et convecteurs électriques dans les autres pièces. - solution C : vous faites réaliser des travaux de hautes performances énergétiques Caractéristiques : isolation extérieure des murs, menuiseries extérieures neuves double vitrage peu émissif, chauffage par PCBT, système de ventilation hygroréglable. Faisons une analyse comparative des trois solutions : - solution A : les parois sont froides (sol, murs, vitrages), l’humidité relative sera importante, la vitesse de l’air ne sera pas contrôlée parce que la maison ne sera pas imperméable à l’air (vent coulis). Il faudra donc augmenter la température ambiante pour contrebalancer les effets négatifs des trois autres facteurs et chauffer beaucoup plus pour une même sensation de confort. - solution B : les parois ne seront plus froides, l’humidité relative et la vitesse de l’air seront maîtrisées. Vous chaufferez donc beaucoup moins pour une même sensation de confort. En revanche, vous aurez perdu l’inertie thermique des murs et vous aurez une humidité relative trop faible (bouche sèche). - solution C : les parois seront chaudes (sol, murs, vitrages), l’humidité relative et la vitesse de l’air seront maîtrisées. Vous chaufferez donc encore moins pour une même sensation de confort. On ne le dira jamais assez : un habitat qui optimise le confort hygrothermique résulte de l’association d’une enveloppe performante et d’un système de chauffage performant. En conclusion, la conception et les solutions techniques ont une grande influence sur la sensation de confort et permettent donc une baisse de la consommation d’énergie en conservant un même niveau de confort. Description de la réalisation d’un mur chauffant hydraulique avec enduit terre Cadre du chantier Bruno Thouvenin, plombier de formation, relate ici son expérience de réalisation de mur chauffant avec des matériaux écologiques. Ce chantier a été réalisé dans le cadre de la rénovation d’une maison des années 50, à Balma, en Haute-Garonne. Réalisation l’Atelier blanc, conception Akterre, architecte Jean François Collart. Cette fiche s’inscrit dans un travail d’enquête sur les pratiques d’écoconstruction effectué par les adhérents du réseau Écobatir. machine. En réalisant un serpentin horizontal de 15 à 20 cm de pas (suivant l’exposition de la pièce en partant du bas et en terminant par le haut). On peut s’arrêter à 2,20 m de haut, au dessus ce n’est plus nécessaire car la chaleur rayonnante n’a plus lieu d’être. Le tuyau prend aisément des courbes de 20 cm de diamètre, mais en dessous il faut le guider avec le ressort. À partir de là, on peut faire un essai de pression à 10 bars, puis laisser le tuyau en pression pendant toute la durée du chantier, tout en surveillant la pression au manomètre. Technique employée : Photo Bruno Thouvenin Objectifs : Il fallait d’une part assurer le chauffage des chambres, de la salle de bains et de l’entrée en complément d’un plancher chauffant pour le séjour. L’énergie utilisée est le gaz naturel avec un appoint solaire. Et d’autre part amener de la terre dans une maison plutôt béton, et créer de l’inertie thermique pour le chauffage solaire tout en isolant la maison. Nous avons donc retenu la pose d’un isolant intérieur végétal pour l’ensemble des murs extérieurs, sur lesquels est fixé un tuyau en serpentin noyé dans un enduit terre de 6 cm d’épaisseur. La finition sera réalisée par la cliente avec des enduits fins de terre colorée. Descriptif En bas : Autre technique d’isolation avec du liège 3°) La première couche de terre : 2 à 3 cm On utilise ici une terre de base bien fibrée (pailles de 50 mm). D’abord il faut noyer le tuyau en dressant l’enduit un peu liquide au droit du tuyau, puis plaquer l’enduit à la taloche large en remontant. On raye ensuite la surface pour faciliter l’accroche de la couche suivante. Laisser sécher une semaine jusqu’au changement de couleur. À partir de ce moment, on peut mettre en route le chauffage (30° C) et bien aérer. La terre se fendra ainsi suivant les rayures. 2°) La pose du tuyau : Le tuyau polyéthylène multicouches (avec une couche d’aluminium) de 16 mm est particulièrement bien adapté à ce travail pour sa légèreté et sa malléabilité. On peut raccorder les tuyaux pour limiter les chutes ou des manipulations complexes de couronne (200 mètres linéaires !) avec des raccords à sertir , mais on peut aussi utiliser du cuivre de 14 mm. Et ne pas oublier les agrafes pour plancher chauffant, agrafeuse ad hoc, et pince à sertir. Il faut d’abord faire un circuit par pièce en tirant le tuyau depuis le collecteur, cela permet de réguler chaque pièce indépendamment et de limiter à 100 mètres linéaires maximum la longueur de chaque circuit. L’un déroule le tuyau et l’autre l’agrafe avec la Photo Bruno Thouvenin En haut : Première couche d’enduit en terre pour noyer les tuyaux (sur une isolation en panneaux de roseaux). 1°) La pose de l’isolant : Le matériau isolant employé ici est un panneau de roseaux de 50 mm d’épaisseur, qui sera fixé par des chevilles de 8 mm de diamètre à large couronne. Il sera enduit de terre «de base» (Claytec). Il faut d’abord découper l’isolant à la scie circulaire. Il vaut mieux utiliser une vieille lame. Attention au fil de fer pendant la découpe, qui fait de surcroît beaucoup de poussière. Puis on reprend l’assemblage des panneaux à la tenaille. Ensuite on enduit la face mur, de terre de base pour les coller et ne pas laisser d’espace d’air entre l’isolant et le mur (ce qui occasionnerait un problème de condensation). Pour finir il faut plaquer le panneau en tapant à la règle, percer 5 chevilles avec rosace par mètre carré, et repérer au sol les joints de panneaux verticaux. n°12 décembre-janvier 2003 19 4° Deuxième couche de terre : 3 cm La deuxième couche se fait avec de la terre plus épaisse. On colle des règles de 3 cm d’épaisseur sur la hauteur, tous les deux mètres, ça suffit pour tirer l’enduit bien droit. Mieux vaut éteindre le chauffage pendant l’application, la terre tirera moins vite pour l’étape suivante : le collage de la toile de jute. 5 ° Application de la toile de jute : Si la terre est encore bien fraîche on peut directement maroufler (appliquer) à la spatule inox large la toile sur la surface, en engravant un côté et en rabattant l’autre par dessus sans sur-épaisseur. Largeur des lés : un mètre, à croiser par rapport aux panneaux de roseaux sur toute la hauteur. Si la terre a séché, faire une barbotine de terre fine et enduire la surface. On peut remettre le chauffage en route (doucement), et laisser sécher une à deux semaines avant l’enduit de finition qui sera appliqué en une couche si la toile est bien posée. La toile évite la fissuration de la terre et augmente la résistance de l’enduit aux coups. Photo Bruno Thouvenin Points particuliers et conseils: Autre technique : Pour faire une cloison assez massive entre deux pièces : ossature bois + torchis + maillage de tuyau des deux côtés de la cloison. - La pose de l’isolant en roseau est assez simple, on peut choisir le sens des panneaux : horizontal ou vertical. Attention, il y a de la perte : prévoir 5 à 10 p.100 pour les chutes non récupérables (direction : le compost). - La pose du tuyau est très rapide mais il est nécessaire d’être deux. Attention à ne pas pincer le tuyau en serrant trop un coude. La purge de l’air se fait par rinçage du tuyau à débit maximum grâce à la vanne de purge du collecteur. Je n’ai pas rencontré de problème de fonctionnement après, le diamètre du tuyau est suffisamment faible pour que l’air soit évacué vers les purgeurs. Les débitmètres du collecteur servent à équilibrer les circuits et à régler l’émissivité des murs, prévoir aussi des thermomètres pour contrôler la température de retour. - J’ai resserré le pas du tuyau à 12,5 cm pour la salle de bains pour augmenter l’émissivité. - Pour l’enduit des encadrements de fenêtres qui étaient en place, j’ai préféré faire des angles arrondis plus faciles à traiter que des angles saillants et une tablette en bois pour l’appui de la fenêtre. La partie haute de l’entourage est la plus délicate. - La marge de calcul d’émissivité pour les murs est plus large que pour les planchers où on est limité par la température de surface max. de 28 °C. Pour les murs on peut augmenter la température de surface jusqu’à 37 °C sans gêne pour l’habitant (émissivité entre 100 et 160 W/m2). Intérêts et avantages de cette technique 20 L’application de la terre est un vrai plaisir, même pour un plombier. Elle s’accroche facilement même en forte épaisseur et on peut interrompre son travail sans risque de rater sa gâchée. Donc moins de stress n°12 décembre-janvier 2003 qu’avec le plâtre ou les enduits à la chaux. Pour le chauffage d’une maison il est important d’utiliser au maximum des émetteurs à basse température pour réduire les déperditions et augmenter le rendement du chauffage. Aussi les murs fonctionnant sur le même circuit que le plancher chauffant, il n’y a pas de nécessité de réaliser un deuxième circuit. L’utilisation des murs extérieurs annule la sensation de parois froides et permet de diminuer la température de la pièce, d’où d’importantes économies d’énergie en gardant une bonne sensation de chaleur. En rénovation on a pas toujours la possibilité de faire un plancher chauffant surtout à l’étage. On peut aussi appliquer cette technique à des cloisons intérieures en faisant attention de bien traiter les ponts thermiques. Autres intérêts : - la possibilité de finition avec tous les enduits terre, chaux ou badigeons et l’absence de radiateurs sur les murs, - le confort thermique unique du rayonnement horizontal, comme le soleil au travers d’une vitre, ou un mur, le soir en été, sans oublier la qualité de l’air apportée par la terre (régulation hygrométrique). Accidents possibles Faire attention à la pose de tableaux ou de tringles à rideaux, faire un essai avant de percer à la perceuse avec un tournevis pour vérifier s’il y a un tuyau. Je fais une photo du mur avant l’enduit pour visualiser le serpentin et les raccords. En cas de percement du tuyau on peut le réparer avec un raccord à sertir après avoir dégagé sur 15 cm de part et d’autre, puis reboucher à la terre après vérification de l’étanchéité. Inconvénients - en rénovation dans une maison habitée la réalisation d’un enduit de forte épaisseur apporte beaucoup d’humidité avec un temps de séchage très long : il faut compter un mois minimum avant de pouvoir habiter la pièce. - le chantier «terre» est salissant et se déroule en plusieurs étapes étalées dans le temps. - il faut faire très attention aux ponts thermiques. - je suppose qu’il faudrait augmenter l’épaisseur de l’isolant car la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur du mur est supérieure à une paroi de pièce normalement chauffée. Problèmes rencontrés - dans la salle de bains j’ai préféré utiliser un isolant synthétique (mousse de polyuréthane hélas) pour augmenter la valeur de l’isolation sans augmenter l’épaisseur et par crainte d’enfermer le roseau sans respiration possible entre le mur existant en briques enduites au ciment et le carrelage sur enduit bâtard dans lequel j’ai noyé le tuyau. J’aurai pu utiliser du liège en 10 cm d’épaisseur mais avec un certain surcoût, - l’inertie du mur ne permet pas vraiment de gérer des abaissements de température journaliers. La régulation se fait comme pour le plancher chauffant, en fonction de la température extérieure mais avec un peu moins d’inertie. Bilan chiffré pour un chantier de 36 m2 Prix de revient matière : environ 50 € H.T. / m2 (hors enduit de finition) Main d’oeuvre (artisan et apprenti) : 1,2 heure par m2 comprenant toutes les phases du chantier, de la conception au nettoyage du chantier. Conclusion Le plancher et le mur chauffant à circulation d’eau sont des systèmes matures. Il aura quand même fallu attendre 2 000 ans pour qu’ils reviennent sur le devant de la scène... les Romains utilisaient déjà un système ressemblant dans les thermes : le chauffage hypocauste. Ils constituent aujourd’hui dans la gamme des chauffages conventionnels ce qui se fait de mieux. Les concepteurs de systèmes de chauffage n’ont pas toujours fait preuve de rationalité dans leurs innovations (on l’a vu avec les convecteurs électriques, on continue à le voir avec les foyers bois à air pulsé). Mais pour le coup, ils auront du mal à faire mieux que ces deux systèmes de chauffage. D’ailleurs, les thermiciens scrupuleux sont satisfaits de constater que l’offre Vivrelec (offre proposée par EdF) abandonne de plus en plus les convecteurs au profit de systèmes rayonnants. Yvan Saint-Jours et Ivan Pujol (thermicien, chargé de cours à l’Université de Tarbes). Merci à Bruno Thouvenin pour sa participation Adresses Plancher et mur chauffants classiques ACOME 50140 Mortain Tél : 02 33 89 31 00 Télécopie : 02 33 89 31 31 Courriel : [email protected] Site web : www.acome.fr CUPRASOL Energypark 6 150/154, Boulevard de Verdun 92413 Courbevoie Cedex Tél : 01 56 37 06 80 Télécopie : 01 56 37 06 81 Courriel : [email protected] MULTIBÉTON FRANCE 6 rue Charles Desgranges Z.I. du grand bois BP 80707 57207 Sarreguemines Cedex Tél : 03 87 98 69 11 Télécopie : 03 87 98 69 12 Courriel : [email protected] Site web: multibeton-france.fr Mur chauffants écologiques HÉLIOTERRE Centre de Terre 31590 Lavalette Tél : 05 61 84 73 98 Télécopie : 05 61 84 39 51 Site : http://archeologie.free.fr SOLAIRE CONNEXION Chanareilles F - 07270 EMPURANY tél : +33 04.75.06.34.96 fax: +33 04.75.06.90.43 L’ATELIER BLANC Bruno Thouvenin 157 Chemin Lanusse 31200 TOULOUSE Téléphone et fax 05 61 47 01 63 www.atelierblanc.ouvaton.org Autres CLIPSOL - Plancher solaire direct Les Combaruches 73100 AIX-LES-BAINS Tél : 04 79 34 35 36 www.clipsol.com AKTERRE - Enduits terre Le Gît - 38210 St Quentin sur Isère Tél : 04 76 07 42 05 - Fax : 04 76 07 42 07 Courriel : [email protected] n°12 décembre-janvier 2003 21 R e n c o n t re à l’ h o rizo n Irlande : Photo Paul Leech Gaïa Ecotecture Cʼest en Irlande que nous avons rencontré Paul Leech, architecte faisant partie du mouvement Gaïa. Ce groupe promeut une architecture écologique “pour être en harmonie avec la planète, pour la paix de lʼâme, et pour la santé du corps”. Tout un programme qui ne sʼarrête pas à la maison individuelle, mais qui peut également sʼappliquer à de lʼhabitat collectif, et même plus... Dès que le vent soufflera L’Irlande est un pays qui ne compte que 3,6 millions d’habitants pour une superficie de 70 000 km2. Le pays est totalement dépourvu de centrale nucléaire, ce qui est suffisamment rare pour être signalé. Ses habitants ont même une grande peur de l’atome, devenue encore plus palpable depuis les attentats du 11 septembre 2001. Car, même si l’île verte est dépourvue de centrale, sa voisine la Grande-Bretagne en possède un très beau spécimen situé à 200 km à vol d’oiseau et de nuages radioactifs : la trop célèbre Sellafield. “Un vent défavorable conduirait à contaminer une grande partie du pays, les grandes villes devraient être évacuées (dont Dublin : plus d’un quart de la population irlandaise !)... et l’économie du pays serait ruinée,” écrivait le Docteur Nick Armstrong, dans le magazine irlandais de l’environnement, au printemps 2002. Mais cela, c’est pour le vent défavorable. Pour le favorable, il se pourrait que l’an prochain il fasse tourner le plus grand parc éolien du monde, en off-shore, au large de Dublin. L’énergie produite pourrait électrifier toute la capitale ! 22 n°12 décembre-janvier 2003 Gaïa ecotecture C’est dans cette capitale animée que nous avons rencontré Paul Leech, seul représentant irlandais du mouvement Gaïa. Ce dernier fut créé en 1983 par un groupe d’architectes intéressés par une approche écologique globale de la construction. Le groupe possède un bureau à Oslo, en Norvège, et un autre pied à terre dans le sud de ce pays. Il fut pionnier dans la recherche d’une atmosphère saine à l’intérieur de l’habitat, ainsi que dans la construction à haute efficacité énergétique “respirante” (en effet, les premières réalisations d’habitats à haute efficacité énergétique, furent des “maisons thermos”). Aujourd’hui une douzaine de pays se retrouvent dans les réflexions du groupe Gaïa, quasiment tous de cultures anglo-saxones ou nordiques, la France n’ayant aucun représentant. Pour eux, la maison est un centre spirituel, l’endroit où nous sommes vraiment nousmêmes. Aussi, la maison doit être un endroit harmonieux entre l’environnement et la personne. Elle doit être confortable et avoir des effets bénéfiques pour ses habitants. Un sentiment d’appartenance, de fusion avec la nature est au cœur de ce qu’ils nomment “la nouvelle écologie”, dans laquelle notre planète, entité vivante, s’efforce continuellement de créer et de perpétuer la vie, comme Gaïa, la terre originelle déesse des Grecs. Aussi les êtres humains ne sont-ils pas les Maîtres de la nature, mais font partie intégrante de Gaïa. Il est donc indispensable de coopérer avec la nature, et d’instaurer dans notre vie un équilibre entre santé, conservation des ressources et spiritualité. Exemples de maisons Gaïa conçues par Paul Leech Maison Kentstown La maison de Charles Coughlan à Kentstown dans la région de Meath, au nord de Dublin, est bâtie dans un site superbe, sur les fondations d’un vieux moulin et près d’une cascade. Mélange de pierres “recyclées” des ruines du moulin et de vieux bâtiments alentours, de bois, et de verre pour le solarium à plusieurs niveaux qui s’ouvre sur des terrasses en encorbellement descendant jusqu’à l’étang. Une partie de la chaleur est collectée dans la serre de façon passive, et est ensuite simplement redistribuée dans le salon, la cuisine et la salle à manger par des fenêtres ouvrant sur cet espace chauffé naturellement. Le “cœur” de la maison, constitué de pierres maçonnées sert à la fois de structure porteuse, et de masse thermique qui emmagasine la chaleur solaire et la redistribue dans toutes les pièces de vie à l’aide de conduits et de murs pariétodynamiques (circulation d’air chaud dans des murs munis de chicanes). L’éléctricité est générée par une turbine hydro-électrique. Le surplus du courant alimente un grand ballon d’eau au rez-de-chaussée. L’eau chaude circule dans un plancher chauffant, qui sert de chauffage d’appoint. Maison-tipi Cette maison tipi est l’extension d’un petit cottage situé sur les bords de la rivière Shannon, à l’ouest du pays. Paul Leech a choisi ici une forme très originale, et qui, contre toute attente, s’intègre plutôt bien dans le paysage. C’est une maison tout en bois construite avec des matériaux sains, et utilisant la technique des murs “respirants”. La hauteur totale du cône est de huit mètres, et en face sud, on retrouve l’incontournable baie vitrée pour capter l’énergie solaire sur une hauteur de cinq mètres. Cette maison a été construite autour d’un ancien puits qui sert à arroser le jardin (en permaculture) en été, et à fournir les calories nécessaires à la pompe à chaleur pour le chauffage d’hiver. Une cheminée ronde en pierres maçonnées au centre de la pièce, sert de structure porteuse pour le plancher de l’étage. Photo Paul Leech Photo Paul Leech La maison taupinière Maison à ossature bois (en rondins), recouverte de terre végétale et engazonnée. Elle se trouve face à la mer et plusieurs îles, dans un environnement de prairies verdoyantes. Autant dire qu’on ne la voit quasiment de nulle part tellement elle se fond dans le paysage. Du petit bonheur... au grand projet “Gaïa Architecture en Irlande est un mauvais exemple, tout comme en Angleterre d’ailleurs” explique Paul Leech. “Dans ces deux pays, les gouvernements se succèdent, depuis plus de dix ans et disent qu’il est grand temps d’agir pour l’environnement, mais rien ne se passe... Cependant les choses risquent de bouger prochainement, car il y a de l’eau qui court sous le sol. On ne la voit pas, on ne l’entend pas, mais le jour où elle jaillira, rien ne pourra l’arrêter. C’est comme une révolution, ça arrive d’un coup, sans prévenir.” “Je pense qu’il est grand temps que cette folle inflation s’arrête. L’écologie et par conséquent l’écoconstruction ne peuvent pas voir le jour pendant le “boom”. Or le revers de la médaille de ce “boom” pointe son nez, et c’est un moment propice pour réaliser des projets écologiques et sociaux.” En effet, le Tigre Celtique (nom donné à l’Irlande en référence aux pays d’Asie du sud-est) qui a vu son économie et son niveau de vie exploser ces dernières années, commence à donner ses premiers signes de faiblesse. “J’ai arrêté aujourd’hui de faire des maisons individuelles, des “petits bonheurs” (en français dans l’interview). Comme beaucoup de mes confrères, nous avons beaucoup œuvré dans ce sens durant des années, mais il est temps de passer la vitesse supérieure. Cela fait plus de trois ans aujourd’hui que nous travaillons sur un projet d’écosite au nord de Dublin. Sur la commune de Laytown, là où se trouve déjà un petit centre pratique sur l’écologie. Le terrain prévu pour ce projet, est d’une superficie de 74 hectares, ce qui n’est pas de trop lorsque l’on sait qu’y vivront près de 5 000 personnes. “Au début les autorités locales s’y sont complètement opposées” se rappelle Paul, “Alors nous sommes allés voir les responsables de la région les Charte de la maison Gaïa Pour être en harmonie avec la planète. - Situation et orientation de la maison pour tirer le meilleur parti des ressources naturelles renouvelables. Utilisation de toutes les formes d’énergies renouvelables... et bannissement des énergies fossiles et nucléaire. - Utilisation de produits écologiques, non toxiques, ayant un bon écobilan, et n’ayant pas été testés sur des êtres vivants. - Conception de la maison pour utiliser intelligemment les ressources et les mécanismes naturels complémentaires, si nécessaire avec des systèmes de contrôles efficaces (électricité, chauffage, ventilation...). - Intégration de la maison dans l’écosystème local (plantations, compost, jardin bio et même en permaculture, utilisation de l’eau de pluie, de WC sans eau...). - Installation de systèmes pour éviter de polluer l’eau, l’air et le sol. 24 Pour la paix de lʼâme. - Harmonisation de la maison avec son environnement pour l’intégrer à la communauté, à l’architecture, aux dimensions et aux matériaux de l’endroit. - Participation à chaque phase de la construction, utilisant ainsi les idées et compétences personnelles de chacun pour obtenir un lieu de vie holistique. n°12 décembre-janvier 2003 uns après les autres. Et avons passé un après-midi entier avec chacun d’entre eux à discuter autour d’une tasse de thé. Le résultat fut plutôt positif puisque les cinq représentants du Council (équivalent de nos conseillers régionaux) ont trouvé ce projet excellent et y sont donc très favorables. “Aujourd’hui, le terrain appartient à une personne âgée très compréhensive, et qui est heureuse de contribuer à la naissance d’un projet d’avenir.” Les 74 hectares du site sont découpés en différentes zones de vie ou d’activités : au nord, près de la moitié de la surface est réservée aux entreprises ; au centre les activités mixant des bureaux, de l’artisanat ou de la production pour un quart de la superficie ; au sud enfin, les zones d’habitations, les espaces culturels, sociaux et communautaires... Bien entendu, tout cela en écoconstruction, et pour y développer des activités liées elles aussi à l’écologie. Les impacts environnementaux (hydrologiques, géologiques...), les impacts visuels, sonores, les contraintes liées aux transports... rien ne semble avoir été oublié pour que le site puisse vraiment s’intégrer dans son environnement. Ce projet devrait voir le jour très prochainement, et nous ne pouvons que souhaiter à son initiateur, une pleine réussite. En espérant qu’il ouvre la voie à des projets similaires en France... et ailleurs. Yvan Saint-Jours Paul Leech - Gaïa Associates 11 Upper Mount Street Dublin 2 - Irlande email : [email protected] À noter : www.thevillage.ie. Un village virtuel sur internet. C’est un groupe d’une trentaine de personnes qui cherchent un lieu pour s’implanter en Irlande, en vue de créer une sorte d’écovillage. - Choix des formes, des proportions, des lignes harmonieuses afin de créer une maison belle et calme. - Utilisation des couleurs et des textures pour créer un environnement chromatique personnel et bienfaisant. - Situation et conception de la maison de façon à améliorer la vie et favoriser le bien-être de ses occupants (ce que propose le feng-shui, art traditionnel chinois). - Liaison de la maison à la nature, aux rythmes et aux cycles de la terre, aux saisons et aux jours. - Création d’un univers apaisant, propice à l’épanouissement de l’esprit et de l’âme. Pour la santé du corps. - Création d’un climat intérieur sain et laissant respirer la maison. - Éloignement de la maison des sources de champs électromagnétiques. - Utilisation de ventilation et de systèmes de circulation de l’air naturels pour avoir une atmosphère saine. - Conception d’une maison calme, et dans un environnement phonique agréable et bienfaisant. - Utilisation de la lumière naturelle. Extrait de Vivre au Naturel de David Pearson, Éditions Flammarion 1992. Ç a m é rit e d é b a t Sur la route «Le délicieux était de pénétrer des portions de fraîcheur, la route bordée de part et d'autre par la forêt, puis de ressortir, malgré l'allure de la course dans l'étau du cagnard...» Extrait de Hongroise de Éric Holder. Qui n'a pas éprouvé sur les routes de l'été ce sentiment de confort : rouler à l'abri des arbres - qu'ils soient forêts ou arbres d'alignement - dans leur pénombre et leur fraîcheur, éviter l'éblouissement de la route, la déshydratation, ouvrir les fenêtres. L'hiver aussi, arbres et haies jouent leur rôle pour la sécurité des voyageurs . S’ils n'évitent pas les plaques de verglas qui traîtreusement peuvent se cacher dans leur ombre, ils limitent les congères qui par grand vent s'accumulent sur la chaussée et entravent la circulation. Outre ces vertus climatiques, ombre, fraîcheur, brise-vent, l'arbre de bord de route joue un rôle essentiel de structuration du paysage. Au loin, il signale les axes de circulation qu'ils soient routes, chemins ou rivières. Pour l'usager de la route, il filtre et cadre les vues, premier plan derrière lequel se dévoilent plaines ou montagnes. Et puis l'arbre d'alignement qu'il soit platane, tilleul, noyer est d'abord un arbre. Alors plutôt que de les couper au nom d'une sécurité routière qui devrait s'attaquer à bien d'autres facteurs beaucoup plus mortels, plantons des arbres au bord de routes, des petits chemins vicinaux aux grandes nationales, pour notre confort et notre plaisir, pour le paysage et pour l'avenir. D'autres «arbres» étranges et géants commencent à pousser ici et là, que l'on observe, curieux, au loin. Monstrueux par leurs dimensions, inquiétants par ce qu'ils représentent de technologie et de capitaux et si peu discrets dans le paysage. Pour ma part je me réjouis quand je les découvre au loin, sculptures mobiles et futuristes, moulins à vent modernes, hommages à Éole. Ils témoignent d'une recherche vers un développement plus «durable» et j'accepte leur trace sur le territoire comme une nécessité et un symbole. Bien sûr il y a des intérêts contradictoires en jeu. Ceux des investisseurs qui cherchent à minimiser leur investissement et accroître leur rentabilité et ceux des riverains de ces machines à vent, humains ou animaux qui subissent leur présence. Pour arbitrer entre eux, il convient de définir des règles qui prennent en compte les intérêts des uns et des autres : étudier sérieusement l'impact d'une installation sur un site donné, s'assurer que les nuisances liées au fonctionnement sont minimisées, obliger à une remise en état des lieux en fin de vie de l'installation (mais que n'en demande-t-on autant pour les zones commerciales ou industrielles ?). La réglementation semble aller dans ce sens comme le montre le projet de loi relative à «l'implantation des éoliennes et à la protection de l'environnement» du sénateur Le Grand qui prévoit, entre autres et au minimum, une «notice d'impact» et, pour les plus grosses éoliennes, «la constitution de garanties financières, destinées à assurer la remise en état du site en fin d'exploitation». Mais il ne faut pas se tromper de combat. Quand on lit dans l'exposé des motifs de ce projet de loi que «le nucléaire n'est pas la seule réponse, mais il n'y a, sans aucun doute, pas de réponses sans le nucléaire», quand il y est prévu que toute éolienne soit soumise à permis de construire, quelle que soit sa taille et sa puissance, et que serait saisie systématiquement pour avis la Commission départementale des sites, on peut s'inquiéter des intentions réelles du législateur. S'opposer aux éoliennes au nom de la préservation des paysages est une position ignorante de l'histoire du paysage qui est faite de tous temps de bouleversements profonds liés à l'évolution des techniques. C'est aussi une position dangereuse pour le développement en France d'une alternative, fût-elle modeste, au tout nucléaire. Certains s'appuieraient volontiers sur une opinion rétive à ces installations pour entraver durablement (sans jeux de mots) leur développement. Alors, plantons des arbres et des éoliennes. Nicolas Knapp architecte en Normandie. n°12 décembre-janvier 2003 25 É n e rg ie s re n o u v e la b le s Photo MER 17 Réhabilitons le Mur capteur Mur trombe dans la Vienne Peut-on transformer un mur en capteur solaire, pour produire une partie des besoins de chauffage d'une habitation? C'est la question que se sont posés, dès les années 50, les pionniers du solaire, en France et aux USA. Des réponses intéressantes sur lesquelles Jean-Paul Blugeon a trouvé bon de revenir. Simplicité et rusticité Dessin Speak’r Un mur capteur-accumulateur est un mur exposé au sud, face aux apports solaires les plus forts en hiver et équipé d'un vitrage, à l'extérieur (à 10 centimètres minimum). Le mur doit être en matériaux lourds (pierres denses, briques pleines, de terre crue ou cuite, pisé, blocs de béton pleins ou béton banché). C’est un procédé de chauffage solaire passif, par apport indirect (par opposition au «gain direct» qui est celui apporté par les vitrages). Le vitrage réalise l'effet de serre, piégeant la chaleur. Lors d'une journée ensoleillée, (pendant la saison de chauffage), le mur recueille la chaleur sur sa face externe, en accumule une partie dans sa masse grâce à son inertie 26 thermique, et la restitue par sa face interne le soir, avec un décalage (déphasage) de quelques heures. Le flux de chaleur a traversé le mur, par conduction dans la masse du matériau, et la transmission se fait par rayonnement (infrarouge) du côté habité. Si les professionnels du bioclimatisme affirment que le capteur solaire le moins cher est le vitrage sud, on peut considérer que le mur capteur en est l'extension n°12 décembre-janvier 2003 logique, par sa fonction de stockage de chaleur dans sa masse. Il s'agit même d'un «capteur-stockeur » économique, car il assure également la fonction porteuse du bâtiment. Par sa simplicité et comme pour nombre de systèmes passifs, il est propice à l'autoconstruction. Avec de l'eau Autre type de mur capteur : le mur d'eau. Expérimenté aux USA, à la même époque, il fait appel à des empilements de réservoirs, soit opaques et peints en noir (plastique, métal, béton) soit transparents. Ils sont emplis d'eau, matière ayant la meilleure capacité calorifique et le coût le plus faible. Un exemple célèbre est la maison de Steve Baer, à Albukerque au Nouveau Mexique. Avantage par rapport au mur capteur minéral : l’espacement des colonnes d'eau permet le passage de la lumière, avec des jeux d'ombre esthétiques. Inconvénients : la convection, dans les réservoirs, homogénéise la température du fluide réduisant le déphasage de la restitution de chaleur qui peut interagir avec le gain direct et occasionner des surchauffes. Ne parlons pas du risque que font peser ces mètres cubes d'eau entreposés dans une maison. L’esthétique des bidons noirs est assez discutable. Le principe reste néanmoins intéressant pour accumuler de la chaleur en fond de serre horticole. Et dans les conditions extrêmes ? Le principal handicap du mur capteur est la déperdition nocturne de la chaleur accumulée dans la journée. Diverses réponses y ont été apportées. La nuit, la vitre peut être occultée par des volets ou un store roulant isolant. Le double vitrage sera à basse émissivité (VIR). Dans les année 70 a été expérimentée l'isolation nocturne par insufflation de billes de polystyrène, comblant l'espace entre le vitrage et le mur. Aujourd'hui, haute technologie oblige, on interpose plutôt une plaque d'isolant translucide, entre le vitrage et la lame d'air. En été, un débord de toit (casquette) protège le mur du soleil direct, très haut dans le ciel. Le store peut également intervenir, à la fin du printemps et à la fin de l'été, quand le soleil est plus bas, mais la température encore élevée, et que la casquette ne protège plus que partiellement le mur. Le mur Trombe Photo MER 17 En 1956, le Professeur Félix Trombe, ingénieur thermicien au CNRS, inventeur des fours solaires de Mont-Louis et d'Odeillo (Pyrénées Orientales), a donné son nom au plus célèbre des murs capteurs. En 1962, puis en 1967, aidé par l'architecte Jacques Michel, il utilisa ce concept pour deux maisons expérimentales (voir photo) où toute la façade sud en était équipée. L'esthétique architecturale n'était pas de mise mais le bâtiment fut truffé de sondes de température permettant d’étudier son comportement thermique. Le rendement du système était de 36 p.100, permettant une économie de chauffage de 70 p.100. Malgré ces bons résultats, (il n’y avait pratiquement pas besoin de chauffage d'appoint), le principe ne La maison expérimentale du Pr. Trombe (1967). fut, par la suite, utilisé que dans très peu de réalisations en France, les plus célèbres étant situées à Font-Romeu. L'innovation du mur Trombe consiste en une circulation passive de l'air de la pièce adjacente dans l'espace mur-vitrage, par des ouvertures traversantes, en haut et en bas. L'air chaud, plus léger, monte, passe, par les ouvertures hautes, dans la pièce et est remplacé par de l'air «froid» plus dense (c’est le principe physique, et naturel de la thermo-circulation). Ainsi, le mur Trombe utilise les trois modes de transmission de la chaleur : la conduction, le rayonnement et la convection. Plutôt intéressant pour un système «rustique» ! Par rapport au mur capteur simple, le rendement est 10 p.100 supérieur (productivité annuelle : entre 100 et 300 kWh/m2 selon le rendement du mur et la situation géographique), les apports de chaleur plus réguliers, bien que l’on ne puisse pas comparer la circulation d'air chaud dans la journée avec le rayonnement en soirée et la nuit, le second étant incomparablement plus confortable et sain. Il est également possible de mécaniser le système (ventilation forcée) mais il s’agit alors d’un système actif, qui n’est plus autonome et requiert une régulation. Le rendement, encore amélioré, réduit cependant la part relative du rayonnement. Et le brassage de l'air, appauvri en ions négatifs (ce sont les bons !) et enrichi en poussières, n’est pas forcément une bonne chose. En été, des ouvertures, en haut du vitrage, évacuent la chaleur à l’extérieur, créant une “climatisation” par pénétration d'air plus frais grâce à une ouverture au nord du bâtiment. Mieux, il est possible de coupler le système à un puits canadien ventilant et rafraîchissant la maison (voir La Maison écologique n°10). Dans ce cas, il est possible de couper son ventilateur, le mur Trombe jouant le rôle de «cheminée thermique» et d'aspirateur. Reste malgré tout, le problème de l’accumulation de chaleur dans le mur, et sa restitution dans la maison la nuit, mais elle est alors combattue par la ventilation nocturne. Dimensionnement et optimisation La simplicité du mur capteur n'est qu’apparente et il nécessite une étude thermique pour bien fonctionner, car il est difficile de réguler ses apports sans générer de surchauffe en intersaison, quand la température est clémente et le soleil encore puissant. Il est sage de dimensionner le mur capteur pour les besoins de chaleur de ces saisons et non de l'hiver, afin de ne pas avoir à supporter un système surdimensionné. Nous avons vu que la gamme de matériaux utilisables est importante, sous réserve qu’ils soient denses, possèdent une bonne capacité calorifique et une bonne conductibilité. L’épaisseur du mur est un facteur important, à la fois pour stocker une bonne quantité de chaleur et aussi pour optimiser le déphasage, qui peut varier de 5 à 11 heures, 30 cm étant un bon compromis entre un déphasage qui permet la prise de relais du gain direct, et le rendement thermique du mur qui, lui, baisse avec l’augmentation d’épaisseur. Le bon ratio varie de 1 à 2 m2 de mur capteur pour 10 m3 de volume à chauffer, soit de 25 à 80 p.100 de la surface du mur sud, selon la forme de la maison plus ou moins bien exposée, et la zone climatique. Les facteurs qui influencent le rendement sont : la situation géographique (environ 30 p.100), l’isolation nocturne (gain de 50 p.100), et l’inertie thermique de la maison (plus 15 p.100 pour une inertie forte). Les ouvertures dans le mur ont une section totale de 6 p.100 de sa surface (10 p.100 de plus pour les ouvertures hautes, pour une bonne circulation de l'air). Pour éviter la circulation inverse dans le mur, la nuit (refroidissement) il convient d'équiper les ouvertures de clapets automatisés ou, plus simplement, de feuilles de plastique léger, qui se plaquent contre les ouvertures, soupapes économiques et fiables. Prévoir également la possibilité d’ouvrir le vitrage pour son nettoyage, la circulation d’air l’encrassant régulièrement et équiper les ouvertures du mur de grillage anti-insectes. Enfin éviter de meubler devant le mur capteur, ce qui entraverait son rayonnement nocturne et diminuerait ses performances. La désuétude Sans parler de disgrâce, le mur capteur, pourtant l'un des emblèmes de l'architecture bioclimatique des n°12 décembre-janvier 2003 27 En haut : Une serre Trombe Photo MER 17 Ci-dessous : Un mur capteur à Claustra au Centre solaire du Castellet Un bel exemple : le Centre Solaire du Castellet Ce centre de démonstration des technologies solaires, dans le Var, a été présenté dans le précédent numéro du magazine. La construction, conçue par le thermicien Thierry Cabirol il y a vingt ans, et entièrement réalisée en briques de terre crue, est un véritable catalogue des techniques solaires passives : forte inertie thermique, terre crue, puits à lumière, puits canadien (provençal). Il profite également de plusieurs murs Trombe, avec le même matériau. Certains sont à claustra (ajourés par espacement des briques) permettant la pénétration de la lumière solaire avec, comme pour le mur d’eau, de jolis effets d’ombres se déplaçant dans la journée au rythme de la course du soleil. Je vous encourage à le visiter, si vous passez dans la région. La serre Trombe 28 Une serre adossée, ou mieux, enclavée, au sud d'une habitation combine les deux procédés d'apports solaires passifs : direct (vitrages) et indirects (murs capteurs de fond de serre ). On peut la considérer comme une extension du mur capteur-accumulateur, où le vitrage n'est plus à 10 centimètres, n°12 décembre-janvier 2003 mais à plusieurs mètres du mur, libérant un espace de vie bien agréable toute l'année. En effet, l’hiver le système participe au chauffage et l’été, les murs lourds limitent les surchauffes. Si les murs sont équipés d'ouvertures hautes et basses, permettant d'envoyer passivement de l'air chaud dans l’habitation, on parle de «serre Trombe». Si la maison possède un étage, la serre (sur deux niveaux) faisant la jonction entre les deux, la thermo-circulation et le transfert de chaleur vers l’intérieur se font plus aisément sans stratification des températures (homogènes entre le rez-de-chaussée et l’étage). Je suis un inconditionnel de ce principe, surtout si les murs capteurs sont en terre crue (adobe, briques compressées ou pisé) matériau esthétique, très intéressant, pour ses qualités thermiques et hygro-régulatrices ainsi que pour sa très faible énergie grise. Je l'ai adopté pour ma maison, à Rochefort (voir La Maison écologique n° 9) pour le plus grand bonheur de la famille, ainsi que du chat, du chien et des poissons rouges. Plaidoyer pour le mur capteur Que reste-t-il des expérimentations assez audacieuses, des «purs et durs» de l'âge d'or du solaire passif ? Quelques réalisations, qui font un peu figure de pièces de musée, ce qui est injuste. Car le mur capteur présente de belles qualités de simplicité et de fiabilité, ainsi que de réelles opportunités architecturales, surtout si l'on pense à la possibilité d'en équiper les serres. Il mérite d'être réhabilité, de réintégrer la boîte à outils de tout architecte, maître d’œuvre ou auto-constructeur bioclimaticien qui se respecte et de retrouver une place de choix dans le catalogue des techniques solaires passives que je vous présenterai dans de futurs articles. Jean-Paul Blugeon Bibliographie Soleil, nature, architecture (D. Wright - Éd. Parenthèses 1979) Le guide de l’énergie solaire passive (E. Mazria - Éd. Parenthèses 1979) L’habitat bioclimatique (R. Camous & D. Watson - Éd. L’étincelle 1983) Chauffage de l’habitat et énergie solaire (T. Cabirol & D. Roux - Éd. Édisud 1984) La maison des négawatts (T. Salomon - Éd. Terre vivante 1999) Les énergies renouvelables (Jean-Christian Lhomme - Ed. Delachaux & Niestlé 2001) Photo MER 17 années 70 et 80, n'est plus guère employé. Le bioclimatique «à la papa», délicat à concevoir, est un peu passé de mode, au profit d'un solaire technologique, plus lucratif pour les fabricants de capteurs solaires. Les autres raisons de son abandon sont liées à des critiques qui lui ont été opposées : 1) L'esthétique. Elle est discutable pour un mur peint en noir mat (rendement d’absorption de 90 p.100), mais on peut, avec une perte raisonnable (de 10 à 15 p.100) opter pour des couleurs plus gaies : rouge, vert ou bleu sombres, ce qui permet l'emploi de matériaux plus sympathiques que le béton, par exemple des briques, du schiste ou de l’ardoise, que l'on laissera brutes. Quand il est équipé d'isolant translucide, la couleur du fond se devine à peine. 2) Son aspect « mur aveugle ». Le sud étant l'exposition qui apporte également le plus de lumière naturelle, il convient de ne pas masquer une trop grande proportion de cette façade. On peut également percer le mur d'une fenêtre fixe, ou mettre en œuvre un mur à «claustra». 3) Sa vulnérabilité aux ombrages, l'hiver, par sa position plus basse que des capteurs solaires en toiture. Mais ce handicap est partagé par les systèmes à gain direct: vitrages et serres sud. Tous reproches, on le voit, qui ne sont pas sans solutions. É le c t ric it é Les champs électromagnétiques III Nous connaissons les champs électriques et les champs magnétiques et leurs risques. Nous savons dans quelles situations nous pouvons être exposés. Nous arrivons maintenant au dernier chapitre, essentiel : comment se préserver de ces fameux champs électromagnétiques ? À droite : Rouleau de fil blindé Dans la plupart des situations, il est possible de maîtriser les champs électriques et les champs magnétiques. Les cas pour lesquels on n’a pas de solutions sont les champs magnétiques provenant des lignes électriques et surtout à haute tension. Il faut donc éloigner les habitations des lignes électriques et aussi des émetteurs de rayonnement électromagnétique de toutes fréquences, en particulier des antennes de relais de téléphonie mobile. Comment se préserver champs magnétiques ? des Il faut se rappeler que les champs magnétiques traversent la plupart des matériaux sans être atténués. Un mur, quel qu’il soit n’est pas un obstacle. 1) Le champ magnétique s’atténue avec l’éloignement. Une solution simple consiste donc à mettre une distance suffisante entre les sources de CEM et les personnes. Lors de l’agencement d’une pièce, il faudra disposer les appareils et équipements électriques de manière à minimiser les expositions. Les tableaux de l’article précèdent nous permettent de déterminer approximativement les distances de sécurité. Pour un radio réveil , elle est de 0,5 à 1 mètre selon le modèle. et devrait être de 1 mètre pour un transformateur de fax. 2) Débrancher ou couper l’alimentation des appareils tant qu’ils ne sont pas utilisés. Dans la conception d’une installation électrique, on peut prévoir des interrupteurs pour couper les alimentations des prises de courant de certains équipements électriques tels que les appareils électroménagers, audiovisuels ou informatiques. Les blocs de prises de courant avec interrupteur sont parfois pratiques (ndlr : ils évitent de surcroît les consommations pernicieuses des veilles). 3) Choisir des appareils électriques qui génèrent le moins possible de champs magnétiques : - éviter les lampes halogènes de bureau (elles comportent un transformateur dans le pied), - proscrire les tables à induction, - choisir du matériel informatique qui rayonne le moins possible : exemple l’écran cathodique conforme à la norme TC099, ou encore mieux l’écran plat, - pour les éclairages par tubes fluorescents (appelés néons), choisir les ballasts électroniques plutôt que les ballasts ferromagnétiques. 4) Pour les câbles dans lesquels passent de fortes intensités de courant, le torsadage est la solution la plus efficace pour neutraliser le champ magnétique. 5) Des matériaux de forte perméabilité magnétique peuvent être utilisés pour les canaliser. Des matériaux de très haute conductibilité peuvent les dissiper. Ce sont là des solutions onéreuses, utilisables pour atténuer les champs magnétiques dans des cas particuliers. 6) Il est impératif que les deux fils d’un circuit (neutre et phase) passent par le même itinéraire, sinon il y a un bouclage, cause de champ magnétique. Comment se préserver champs électriques ? des Contrairement aux champs magnétiques, les champs électriques sont arrêtés ou atténués par la plupart des matériaux. Lorsqu’ils proviennent de l’extérieur ou de chez le voisin, ils ne pénètrent pas dans l’habitation, sauf si les parois sont en bois (ou dérivés), en plaques de plâtre, ou tout autres matériaux conducteurs. Pour supprimer ou minimiser les champs électriques, on pourra utiliser les moyens suivants : 1) Le raccordement à la terre des structures métalliques de la construction, des carcasses métalliques n°12 décembre-janvier 2003 29 À droite : Cable blindé (le quatrième fil étant celui du blindage). des appareils et machines électriques est une solution simple et très efficace pour supprimer le rayonnement émis par ces éléments en métal. C’est le fil vert-jaune qui sert à faire les raccordements à la terre. Une bonne prise de terre est un élément essentiel pour éliminer les champs électriques (on conseille généralement une résistance de l’ordre de 10 ohms). Une machine à laver, un réfrigérateur, doivent être obligatoirement connectés à la terre pour être conformes aux normes de sécurité. Mais il arrive parfois que les liaisons à la terre ne soient pas réalisées. Sur certaines installations électriques, la prise de terre est même inexistante. Il est essentiel de remédier à ces défauts. 2) Le débranchement des appareils et des prolongateurs inutilisés est une précaution simple. 3) L’observation d’une distance suffisante entre les personnes et les sources de champs électriques est aussi une bonne solution. Pour déterminer cette distance on peut se référer aux tableaux de l’article précédent. Pour une chaîne hi-fi, l’éloignement doit être de plus d’un mètre. Dans la chambre, il faut éloigner du lit la plupart des appareils, y compris le radioréveil. 4) Brancher les lampes de chevet et, en général toutes les lampes, de manière à ce que l’interrupteur coupe bien le fil de phase (voir schéma). L’interrupteur automatique de courant On l’installe dans le tableau électrique, au départ des circuits. Ce système supprime la tension de 230 volts dans les circuits tant qu’il n’y a pas de consommation de courant. Il ne subsiste alors qu’une basse tension continue. Il est bien adapté pour les chambres, où l’on n’a plus besoin d’électricité la nuit, une fois les lumières éteintes. Attention : l’IAC n’est pas compatible avec l’utilisation du radio-réveil ou de tout autre appareil qui reste en veille. De toute façon, il vaut mieux éviter ces appareils qui émettent des CEM. Les IAC présentent des avantages : - ils peuvent être installés aussi bien sur une installation existante que sur une installation nouvelle ; - ils éliminent les champs électriques émis par les réseaux, par les interrupteurs et les prises de courant. On peut trouver de nombreux modèles d’IAC, la plupart venant d’Allemagne. Certains sont garantis cinq ans, certains compatibles avec les lampes fluocompactes (basse consommation). Avec d’autres modèles, il est nécessaire d’ajouter une résistance auxiliaire pour pouvoir allumer les lampes fluocompactes. Coût d’un interrupteur automatique de courant: 140 à 225 euros l’unité selon le modèle. 30 Comment vérifier si l’interrupteur de la lampe coupe bien le fil de phase ? 1ère méthode : démonter l’ampoule et vérifier, avec un tournevis testeur, l’absence de tension sur chacune des deux bornes de la douille, l’interrupteur étant en position éteint. Si la tension est présente, il faut inverser le sens de branchement. Cette manipulation n’est pas sans risques, puisqu’il faut effectuer un contrôle sous tension. Elle ne doit donc être effectuée que par une personne avertie, en prenant les précautions d’usage. 2ème méthode : avec un détecteur de champ électrique, vérifier l’absence de champ sur la n°12 décembre-janvier 2003 lampe lorsqu’elle est éteinte. Il est préférable de remplacer l’interrupteur unipolaire par un interrupteur bipolaire (qui coupe les deux fils). Ainsi, il ne sera plus nécessaire de vérifier le sens de branchement. 5) L’utilisation de fils ou câbles blindés, permet de supprimer les émissions de champs électriques par les réseaux de fils électriques. Il est impératif que le blindage de chaque fil ou câble soit connecté à la terre à une extrémité. Le blindage est une très bonne solution car l’élimination des champs électriques par le réseau est totale. Cela a un coût évidemment, ainsi pour une installation entièrement en fil blindé il faudra compter 400 à 600 euros (hors supplément de main d’oeuvre). Si seuls les circuits des chambres sont réalisés en fil blindé, les surcoûts seront de 200 à 250 euros environ. 6) Si on veut éliminer complètement les champs électriques, on va utiliser des boîtiers faradisés (c’est-à-dire blindés). Ce sont des boîtiers dont on a recouvert la surface extérieure avec une peinture conductrice à base de graphite. Celle-ci doit être connectée à la terre. L’utilisation de tels boîtiers est justifiée lorsqu’ils sont posés dans des murs ou cloisons en bois. 7) La mise hors tension des circuits par l’intermédiaire d’un interrupteur manuel ou par d’autres systèmes (radio-commande, horloge, interrupteurs automatiques) est souvent une solution intéressante. L’interrupteur automatique de courant (IAC) ou “biorupteur” (cette dernière appellation est réservée à la marque PSO) est souvent utilisé. Un encadré ci-dessous décrit ce système. 8) L’alimentation électrique en courant continu basse tension semble intéressante car les champs électriques et magnétiques générés ne présentent pas de risques. Mais comme la plupart des appareils fonctionnent en 230 volts alternatifs, il n’est pas concevable de réaliser la distribution en courant continu. Cependant, dans les habitations ayant une production autonome d’électricité par éolienne ou Interrupteur automatique de courant installé dans un tableau panneaux photovoltaïques, cette solution peut être intéressante, pour l’éclairage en particulier. 9) La basse tension est parfois une bonne solution pour minimiser les champs électriques, notamment pour les circuits de commande des télérupteurs. Mais la réalisation de l’ensemble en basse tension n’est pas une bonne solution. En effet, pour une puissance identique, si la tension est diminuée, l’intensité est augmentée. Et les champs magnétiques sont proportionnels à l’intensité. Et puis il faut des fils électriques de fortes sections, en rapport avec les intensités de courant. 10) Des matériaux spécifiques tels que des peintures ou des tissus spéciaux peuvent constituer des écrans qui empêchent le rayonnement de champs électriques. Ces écrans sont appliqués sur les murs ou autres parois. Ils doivent être connectés à la prise de terre. 11) S’il est situé dans les pièces de vie ou contre une cloison de ces pièces, le tableau électrique devrait être logé dans un coffret faradisé pour éliminer les rayonnements de champs électriques. Conclusion L’énergie électrique, aujourd’hui indispensable, est à consommer avec modération. La maîtrise des champs électromagnétiques va de pair avec une démarche d’économie et d’efficacité énergétique : - pour le chauffage, pour la cuisson, pour le chauffeeau, l’énergie électrique n’est pas appropriée. Les consommations sont très lourdes et les CEM sont souvent excessifs. - les appareils qui restent en veille consomment beaucoup d’énergie et sont émetteurs de champs électriques et de champs magnétiques. - la ventilation mécanique contrôlée n’est pas toujours le système de ventilation le mieux approprié. - les lampes halogènes sont souvent de grosses consommatrices d’électricité, et sources de champs magnétiques et électriques. Trop souvent, dans nos maisons ou nos appartements, nous sommes exposés à des champs électromagnétiques excessifs. Pourtant, nous l’avons vu, il est assez simple de les supprimer, de les minimiser, et encore plus facile de s’en prévenir. La réalisation d’un habitat écologique passe immanquablement par la gestion de ces risques de champs électriques et magnétiques. Maintenant, vous ne pourrez plus dire que vous n’étiez pas au courant ! Claude Bossard (article et photos) Électricien spécialisé en environnements électromagnétiques 4, rue de Haute Bretagne - 35380 Treffendel Site internet : www.electromagnetique.com Bibliographie Pourquoi et comment mesurer les champs électriques et magnétiques 50/60 hertz ? (J.M. Danze, P. Leruz, R. Santini - Éd. Encre) Guide pratique européen des pollutions électromagnétiques de l’environnement (R. Santini, J.M. Danze, B. Louppe - Éditions Marco Pietteur) Science et Avenir n° 2267 (mai 2002) n°12 décembre-janvier 2003 31 Formations, stages, C a le n d rie r découvertes Pour une insertion (gratuite) dans le prochain numéro, envoyez vos informations avant le 1er janvier 2003 par courrier à l’attention de Cécile Talvat. Gironde............................................................................. Matières et Couleurs, artisan coloriste, propose les stages suivants : la chaux : badigeon et stucco (enduit de finition intérieur) ou encore les enduits à la chaux et leurs différents agrégats ; la détrempe ; la fresque ; et spécialement à l’intention des professionnels : les enduits spécifiques : le stuc, le sgraffitto et le marmoniro. MATIÈRES ET COULEURS 45, rue Sainte Colombe - 33000 Bordeaux Tél : 05 56 52 04 79 - Télécopie : 05 56 51 39 32 www.matieres-et-couleurs.com Loire-atlantique......................................................... Dans le cadre des “rendez-vous de l’habitat sain”, Habitats et Énergies Naturels organise, le 14 décembre 2002, la visite d’une maison équipée d’un chauffe-eau solaire auto-construit, d’une chaudière à bois déchiqueté, isolation en laine de mouton, isolation des combles en chaux et chanvre. Les places étant limitées, il est nécessaire de s’inscrire au préalable. D’autre part, le vendredi 6 décembre 2002, aura lieu une conférence sur le thème de l’habitat sain avec comme intervenant, Claude Aubert, co-fondateur du centre Terre Vivante. HABITATS ET ÉNERGIES NATURELS 11, route d’Abbaretz - 44170 NOZAY Tél : 02 40 79 76 68 Courriel : [email protected] Haute-Savoie............................................................... Le Geeb, Groupe d’études des énergies biotiques propose un enseignement sur trois stages de deux jours concernant la géobiologie. La première session aura lieu les 8 et 9 février 2003 à Faverges. GEEB BP 1 - 74210 Faverges Téléphone : 04 50 44 68 97 Site web: http://www.geeb.com Seine et Marne........................................................... Ces stages se déroulent au Châtelet-en-Brie dans une maison rurale restaurée suivant les prescriptions de l’éco-construction. initiation à l’éco-construction du 9 au 11 décembre. Le thème de la première journée du stage sera : “pourquoi bâtir sain ?” : définir ses besoins et ses moyens, où s’installer, faire appel à un architecte, le bâtiment dans son environnement. La deuxième sera consacrée à l’isolation, et la dernière abordera les sujets de l’aménagement, de l’électricité, de l’eau et de la géobiologie. Le stage coûte 300 euros pour les trois jours. MAISONS PAYSANNES DE FRANCE Tél : 01 44 83 63 66 Courriel : [email protected] Belgique........................................................................... 32 Nature et Progrès Belgique propose des formations destinées aux professionnels le 4 décembre : climat intérieur le 18 décembre : formes et couleurs le 8 janvier : gestion de l’eau le 22 janvier : bois et peintures le 5 février : énergies renouvelables et aux particuliers : les samedis de la bioconstruction le 21 décembre : géobiologie, feng-shui et vatchu le 18 janvier : éco-construction et environnement NATURE ET PROGRÈS B- 5100 Jambes - Tél : 081/ 30 36 90 - Télécopie : 081/ 31 03 06 n°12 décembre-janvier 2003 ASPHODÈLE Pau, Pyrénées-Atlantiques, les 14 et 15 décembre 2002 Salon des produits biologiques et des alternatives. 180 exposants régionaux, nationaux et européens : producteurs bios, presse, jardin écologique, habitat sain et matériaux écologiques de construction, énergies renouvelables, carburants propres etc. Conférences : les traitements de l’eau potable, l’habitat, et le chauffage au bois. Utovie - 40320 Bats - Fax : 05 58 79 19 59 - email : [email protected] SALON BIEN -ÊTRE ET MIEUX VIVRE Vannes, Morbihan, du 24 au 26 janvier 2003 Loire Evénement, société organisatrice de ce salon, souhaite pour cette deuxième édition, l’élargir au thèmes de l’écoconstruction. Les exposants présents sont liés aux domaines des énergies renouvelables, de l’habitat sain, de l’environnement. Loire Evénement, 40, rue Beaurepaire - 49400 Saumur Tél : 02 41 38 60 00 - Fax : 02 41 38 60 60 P e t it e s a n n o n c e s OFFRE D’EMPLOI L'atelier blanc entreprise d'éco-construction à Toulouse recherche, pour continuer de développer l'activité plomberie solaire et thermique du bâtiment, un collègue à l'esprit coopératif et autonome. contact: Bruno Thouvenin, téléphone et fax 05 61 47 01 63 web : www.atelierblanc.ouvaton.org RECHERCHE STAGE EN ENTREPRISE Ancien technicien de l’industrie automobile aujourd’hui en première année de DUT Génie Thermique et Énergie, cherche stage en entreprise, projet tutoré (courant 2004) et activités saisonnières (vacances scolaires par exemple) chez architecte, concepteur, constructeur de maisons bioclimatiques en France et à l’étranger (Allemagne, Suisse, Pays-Bas, Belgique, etc.). Étudie toutes propositions. Yan : 03 81 32 34 10 Pour passer une petite annonce Pour passer une annonce veuillez nous envoyer votre texte rédigé de façon lisible, cela nous évitera des erreurs... et de nous arracher les cheveux. Inscrivez s’il vous plaît, vos nom, adresse et téléphone. Merci. Date limite pour le numéro de février-mars 2003 : lundi 1er janvier La Maison écologique se réserve le droit de refuser une annonce qui n’est pas en relation avec l’objet du magazine. Tarifs rubrique «Petites annonces» Pas de limite de texte... dans la limite du raisonnable ! Rubrique demande et offre d’emploi : gratuite Autres rubriques : Pour les abonné-e-s : 2 euros l’annonce Pour les non abonné-e-s : 4 euros l’annonce (possibilité de régler en timbres) Règlement à La Maison écologique BP 60 145 -14504 Vire Cedex TÉMOIGNAGE Cherche témoignages, tuyaux sur cheminée couplée avec un circulateur d’air chaud dans le sol (chauffage hypocauste). Gilles : 04 67 96 97 78 taud(e) ou super pro, bonne humeur et bonne volonté suffisent. Gilles : 04 67 96 97 78 CHERCHE MAISON à restaurer ou déjà restaurée en bioconstruction (150/200 m2) dans environnement très calme, même isolé, si possible boisé, plan d’eau bienvenu, terrain souhaité entre 1000 m2 et 1 hectare. Région : Bretagne, Normandie, Pays de Loire. Maryse Coutant Tél-télécopie : 02 43 70 10 17 Courriel : [email protected] MAROC Recherche un partenaire / investisseur pour un projet de camping écologique au Maroc (environ 15 000 euros). Contact : 04 77 46 64 47 et/ou [email protected] PARATAGE D’EXPÉRIENCE Pour nous aider à affiner notre projet d’écoconstruction dans le Calvados, nous recherchons des personnes prêtes à partager leur expérience dans ce domaine. Merci de nous contacter au 02 31 77 77 91 ou par email [email protected] GÎTE ET COUVERT Sud Larzac, proche Lodève, offre gîte et couvert contre un coup de main pour rénover une bergerie de manière traditionnelle et écologique. Pas besoin d’être super cos- GUYANE FRANÇAISE L’association “L’arche d’Amazonie” (représentant le collectif des porteurs de projets) recherche porteurs de projets en éco-développement : agricuture, tourisme, alimentation, artisanat, habitat écologique, etc. Nous sommes ouverts à toute initiative. Envoyez vos idées et projets à : Jean-Claude Ducret - CD 5 - Pk 7- route du pont des Cascades - 97356 Montsinery-Tonnegrande Tél - fax : 0594 37 86 34 Courriel : [email protected] VOITURE ÉLECTRIQUE Vends 106 électrique toutes options, 5 portes, 29 000 km, 38 500 francs TBE. [email protected] - Tél : 02 31 62 88 05 n°12 décembre-janvier 2003 33 A n c ie n s n u m é ro s 3 4 5 Sommaires des anciens numéros N°3 juin-juillet 2001 Dossier : Chauffe-eau solaire, prenez un bon bain de soleil ! La Ferme des Chèvres dans le Vent. Eco-habitat en ville. Pisé en Australie. Economie d’énergie. Une cuisinière solaire familiale. N°4 août-septembre 2001 Dossier : Construire en paille, ça vous botte ? Centre Terre Vivante. Une maison dans les bois. La pile à combustible. Cartes postales d’Océanie. Le linoléum naturel. N°5 octobre-novembre 2001 Dossier : Isolation thermique : isoler sain, isoler bien La caravane Tourne-sol. Un chauffage qui a du coeur. Nouvelle-Zélande : une maison tout en couleur. Plaque de gypse et cellulose. Choisir une fluocompacte. 7 6 N°6 décembre 2001-janvier 2002 Dossier : Petites éoliennes : qui aime le vent récolte les kW Bio-lopin. L’art du Feng-Shui en appartement. Québéc : de la paille au coeur de Montréal. Se chauffer aux granulés. Pour un bois écologique. 8 N°7 février-mars 2002 Dossier : Poêles à inertie : à la recherche de la volupté thermique Carapa. Maison en bois sur pilotis. Belgique : récupérer l’eau de pluie. Isoler en laine de mouton. Les bases de l’autoconstruction. Index 2001. N°8 avril-mai 2002 Dossier : Assainissement autonome : histoires d’eau... usée Maison Charmeau. Architecture organique. Allemagne : Institut pour la bioconstruction. Les veilles (énergie cachée). Fabriquer des adobes. N°9 juin-juillet 2002 Dossier : Solaire photovoltaïque, comment tomber dans le panneau La Maison du soleil. La poésie des cabanes. Suisse : La Villa Guisan. Bolivia Inti (cuisine solaire solidaire). Le badigeon de chaux. 9 10 N°10 août-septembre 2002 Dossier : Bois, le b-a ba du bois et de ses dérivés Le Musée du poète ferrailleur. Maison en papier. Allemagne : Le Quartier Vauban. Le puits canadien. Les champs électromagnétiques. N°11 octobre-novembre 2002 Dossier : Filtrer son eau Le Centre solaire du Castellet. Une seconde vie en chanvre. Angleterre : Living Village. L’énergie grise. Les sources de champs électromagnétiques. 11 Commande d’ancien(s) numéro(s) Prix d’un ancien numéro : 5 € (franco) n°3 n°4 n°5 n°9 n°10 n°11 n°6 Abonnement Je m’abonne à La Maison écologique pour une année (6 numéros) Mon abonnement commence au numéro :....... Nom.................................................................. Prénom............................................................. Adresse............................................................ ......................................................................... ......................................................................... Code postal...................................................... Ville................................................................... Pays................................................................. 34 Téléphone (facultatif)....................................... n°12 décembre-janvier 2003 n°7 n°8 Tarifs abonnement Particulier ....................27,40 € (179,75 F) Pour deux ans ...............47,00 € (308,30 F) Association.....................32,00 € (209,90 F) Institution.........................45,70 € (299,80F) Soutien...........................36,60 € (238,10 F) Petit budget....................19,80 € (129,90 F) Europe............................30,00 € TOTAL : (196,80 F) ........................................ € Règlement à La Maison écologique BP 60 145 - 14504 Vire Cedex