Reportage: Avortement, la grande manipulation
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Reportage: Avortement, la grande manipulation
Politique Canadien Au pays du Tea Party Plekanec: la petite histoire d’un grand battant 6 et 7 46 et 47 Jeudi 28 octobre 2010 Vol. 1 No 1 Par la bouche de nos crayons ! Le journal des employés en lock-out du Journal de Montréal Avortement photo olivier jean La grande manipulation 2 Nouvelles Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 La confiance trahie Alors qu’ils prétendent conseiller les femmes enceintes de façon neutre et éclairée, de nombreux groupes pro-vie dissimulés derrière de faux airs d’ouverture inventent des histoires plus alarmantes les unes que les autres pour les dissuader de se faire avorter, révèle une enquête de Rue Frontenac. Gabrielle Duchaine [email protected] Des fœtus vendus aux compagnies pharmaceutiques pour fabriquer du rouge à lèvres, un risque accru de développer un cancer, des problèmes de fertilité et une vie rongée par le remords: le portrait qu’ils dressent de l’avortement est mensonger et n’a aucune assise scientifique. Il reste assez sombre pour faire changer d’idée. Regard sur une insidieuse campagne de manipulation. «Une grossesse, que tu la mènes à terme ou non, ça change complètement la vie. L’important, c’est que tu prennes une décision éclairée.» La femme au bout du fil est chaleureuse. Dès le début de la conversation, elle expose les trois options qui s’offrent à son interlocutrice, une représentante de Rue Frontenac qui se prétend enceinte. «Que ressens-tu face à l’idée de devenir parent? De donner en adoption? Et de te faire avorter?» De prime abord, l’intervenante de l’or- ganisme Options Grossesse Trois-Rivières paraît d’une neutralité sans faille. Tout comme le site Web du groupe, qui promet «de l’information et un soutien continu, peu importe le choix», et l’aide d’une conseillère formée qui donnera «des informations précises concernant la grossesse, l’avortement, être parent et l’adoption». Mais derrière cette image d’ouverture se cache un discours pro-vie particulièrement radical. Une fois la confiance établie, les propos que tiennent nos interlocuteurs sur l’avortement donnent froid dans le dos. «On entend dire que l’avortement, ce n’est rien, mais c’est un arrêt de processus. Des statistiques montrent que ça peut entraîner la stérilité ou causer des fausses couches à répétition. Et plus t’es jeune quand tu avortes, plus t’as de risques que ça t’arrive, prévient la dame au téléphone. Je veux vraiment te faire comprendre la portée du geste. Ça va régler ton problème vite, mais il y a des risques.» Elle enchaîne avec les cas de cancer du sein, qui seraient plus nombreux chez les femmes ayant interrompu leur grossesse, dit-elle. Sans oublier le stress post-avortement qui amène culpabilité, anxiété et déni. «Tu pourrais avoir des flashbacks et chaque fois que tu entendras un aspirateur, ça va te faire penser à l’avortement.» Options Grossesse Trois-Rivières n’est pas unique. De nombreux organismes d’aide à la grossesse installés un peu partout au Québec et au Canada laissent planer une ambiguïté quant à leur allégeance, que ce soit par leur nom, leur discours public, leur site Web ou les services qu’ils disent offrir, avant d’effrayer des femmes enceintes d’un enfant non désiré. Certains sont si convaincants qu’ils sont recommandés par des hôpitaux ou des centres de santé. Les propos qu’ils tiennent n’ont pourtant aucune assise scientifique. Une campagne de peur «Il y a des filles qui se mettent à boire ou qui tombent dans la drogue. D’autres font des cauchemars et se voient en train de tuer leur bébé. Il y en a aussi qui se punissent ou qui ne sont plus capables d’être avec des enfants plus tard.» Dans les bureaux du Centre Conseils Gros- Un vrai fœtus de 11 semaines. Certains centres malhonnêtes laissent entendre aux futures mères qu’il «a tout ce qu’il faut» et que les médecins «vont devoir le briser en morceaux avant de le sortir». photos olivieR Jean sesse, 19e Avenue à Montréal, Lise Brossard est en pleine séance de désinformation. Assise dans une petite pièce sans fenêtre, décorée de photos de bébés, de magazines pour mamans et de calendriers destinés à calculer la date présumée de l’accouchement, elle parle d’une voix douce à la jeune femme installée devant elle. «C’est ton choix, mais en tant que fille, tu as le droit de connaître les risques. Si jamais il t’arrive quelque chose dans cinq ans, disons un cancer de l’utérus, je ne peux pas te laisser faire sans t’avertir.» Elle enchaîne avec une histoire encore plus horrifiante. «Des fondations pour la protection des animaux donnent des subventions aux laboratoires pour qu’ils utilisent des fœtus avortés au lieu des rats, raconte-t-elle. Ils s’en servent aussi pour fabriquer des produits de beauté. Les cliniques les vendent, surtout s’ils ne sont pas trop maganés.» Quelques minutes plus tôt, pendant qu’elle expliquait en détail le déroulement d’un avortement, elle a déposé un bébé en plastique d’une quinzaine de centimètres de long dans le creux des mains de notre journaliste. «C’est à peu près la taille de ton enfant en ce moment. Tu vois, il est déjà tout formé. Il a tout Nouvelles Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 ce qu’il faut. Quand tu vas te faire avorter, ils vont devoir le briser en morceaux avant de le sortir.» Même si le Centre Conseils Grossesse prétend aider à prendre une décision éclairée sans porter de jugement, ses liens avec les mouvements religieux et pro-vie sont indéniables. La Fondation des œuvres internationales, un groupe chrétien qui a notamment des missions en Haïti, est un de ses soutiens financiers, alors que l’Alliance ressource grossesse, un regroupement de 14 centres d’aide à la grossesse de la province dont plusieurs s’affichent comme pro-vie, en fait la promotion. Malgré tout, l’hôpital Sainte-Justine y réfère des patientes via son site Internet. Un piège bien ficelé «C’est traître, ils attirent les femmes avec toutes sortes de stratagèmes. En offrant des tests de grossesse gratuits, par exemple», explique la directrice de l’Association canadienne pour la liberté de choix, Patricia LaRue, qui a mené une étude sur la question. «En attendant les résultats, ils montrent des vidéos sur le fœtus», dit-elle. «Beaucoup de femmes nous ont appelés complètement traumatisées après avoir été conseillées par ces centres qui leur ont raconté des mythes complètement faux. Celles qui nous contactent ont demandé une deuxième opinion, mais beaucoup d’autres continuent leur grossesse sous de faux prétextes.» Le groupe pro-choix SOS Grossesse raconte pour sa part avoir reçu des appels de femmes particulièrement surprises par l’information tendancieuse que leur ont donnée les intervenantes de Naître ou ne pas naître, un organisme qui admet «avoir une tendance pour la vie» mais dont le nom porte à confusion. «Si vous saviez le nombre de niaiseries qu’on entend», rage Anne Marie Messier, directrice du Centre de santé des femmes de Montréal, qui pratique des avortements. Elle se rappelle l’histoire d’une jeune adolescente qui s’est fait dire par un organisme de soutien que sa grossesse passerait toute seule. «Elle s’est bien rendu compte que ce n’était pas le cas quand elle a commencé à grossir. Elle s’est donc fait avorter plus tard, et la procédure a été plus difficile», dit-elle. consultez notRe multimédia suR la campagne de peuR des gRoupes pRo-vie suR RueFRontenbac.com 3 une loi pour éviter l’ambiguïté La fausse représentation des groupes pro-vie préoccupe tellement leurs opposants qu’ils ont demandé au gouvernement du Québec d’intervenir en imposant une certification aux centres d’aide à la grossesse qui œuvrent dans la province. Le Centre de planning des naissances a déposé l’été dernier une série d’ambitieuses recommandations au ministère de la Santé dans la foulée d’une vaste enquête que son équipe a menée sur l’accès aux services d’avortement et parmi lesquelles il demande un mécanisme de certification qui serait implanté à la grandeur du Québec. Le Ministère étudie la question. Inspiré par un règlement municipal en vigueur à Baltimore, aux États-Unis, l’organisme espère aussi convaincre la Ville de Montréal d’obliger tous les centres d’aide à la grossesse pro-vie à s’afficher comme tels sur la devanture de l’édifice qu’ils occupent. Depuis 2009, les centres de soutien à la grossesse de la métropole du Maryland doivent indiquer sur leur façade qu’ils n’offrent ni avortement, ni outils de contraception. «Comme ça, les femmes savent à quoi s’attendre en entrant», dit Anne Marie Messier. «Le fait qu’un centre n’offre pas de services d’avortement est une bonne façon de voir s’il est pro-choix ou non, note la directrice de l’Association canadienne pour la liberté de choix, Patricia LaRue. Certains de ceux auxquels s’est intéressé Rue Frontenac l’indiquent en petits caractères au bas d’une page de leur site Web. Pour éviter toute ambiguïté, les prochoix suggèrent aux femmes enceintes qui ont besoin d’aide de s’adresser à Info-santé pour être dirigées vers des organismes reconnus par le réseau de la santé. 4 Nouvelles Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Le mouvement pro-vie se cache dans l’ombre Même s’ils ne sont pas subventionnés par le gouvernement, les organismes d’aide à la grossesse qui propagent de faux renseignements sur l’avortement ont les moyens de leurs ambitions. Dans leur ombre se cache une longue liste de bienfaiteurs et de partenaires religieux ou issus du mouvement pro-vie, a constaté Rue Frontenac. Gabrielle Duchaine [email protected] Nombre d’entre eux sont sous la tutelle de l’Alliance Ressources Grossesse, un discret regroupement de 14 centres d’aide aux femmes enceintes. L’Alliance n’accorde pas d’entrevues. Son dirigeant les considère comme une perte de temps, nous a-t-il dit. Il refuse même de s’identifier comme pro-vie. Selon son site Web, le mandat de l’Alliance est de réunir les responsables des divers centres, dont le Centre Conseils Grossesse, le centre Naître ou ne pas naître et Options Grossesse Trois-Rivières, pour «obtenir un effet synergétique entre eux, comblant les besoins de la jeune femme enceinte en difficulté». Il organise des congrès, visite les différents centres pour «encourager et fortifier les directeurs et leur personnel» et fait circuler de l’information jugée pertinente. On ne précise pas si cette information est la même que les mensonges véhiculés par les centres d’aide à la grossesse ciblés par Rue Frontenac. Le groupe a des liens avec une association ouvertement pro-vie qui publie sur son portail Internet un document sur l’avortement reprenant les propos trompeurs entendus durant notre enquête: Respect de la VieMouvement d’Éducation. Faussetés On peut y lire que l’interruption volontaire de grossesse entraînerait la stérilité dans 2 à 5% des cas, augmenterait le risque de souffrir d’un cancer du sein de 30%, accroîtrait par quatre fois les cas de cancer du col utérin, hausserait les risques de suicide de 2 à 7 fois, engendrerait 8 fois plus de grossesses ectopiques qu’en temps normal et augmenterait de 7 à 15 fois les risques de subir une césarienne ou de donner naissance à un enfant handicapé ou mal formé. Tout cela est faux. RVME fait aussi la promotion de plusieurs centres qui ne sont pas membres de l’Alliance Ressources Grossesse et auxquels s’est intéressé Rue Frontenac. C’est le cas de La Roselière et du Centre Options Grossesse, tous deux dans la région de Québec, et du Centre d’aide en crise de grossesse de Châteauguay, en Montérégie. Ce dernier, avec Options Grossesse, est affilié à l’Association canadienne des services et du soutien pendant la grossesse (CAPSS), une organisation chrétienne qui compte 71 membres au pays et qui défend la dignité de l’humain dès la conception. photo olivieR Jean Bienfaiteurs chrétiens Le Centre Conseils Grossesse de Montréal compte aussi sur des bienfaiteurs chrétiens. La Fondation des œuvres internationales, qui a notamment des missions en Haïti, en fait état comme l’un de ses principaux projets. Contacté par Rue Frontenac, l’organisme a dit ne pas avoir beaucoup d’information sur les activités de Centre Conseils Grossesse et préférer la publication de notre dossier avant de commenter. L’entreprise et son alter ego Options Grossesse sont également inscrits au Registre des organismes de charité chrétiens, un outil de promotion payant offert uniquement aux clients du Conseil québécois des organismes chrétiens. Ni l’une ni l’autre ne s’en vante sur son site Internet ou lors de ses consultations. La majorité des organismes d’aide à la grossesse mentionnés ci-dessus n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue. Une employée d’Options Grossesse Trois-Rivières nous a pour sa part affirmé que l’information véhiculée par son organisme, notamment que l’avortement augmente les risques de cancer et d’infertilité, est vraie, même si les autorités de santé publique disent le contraire. «Au Québec, il n’y a pas assez de recherche sur la question. Mais ça commence», a dit Danielle Houle. Elle nous a notamment référée aux travaux d’un médecin de Québec, Michel Robillard, qui n’est nul autre que le fondateur de ChastetéQuébec. À Lire aussi sur RueFrontenac.com Le billet de Valérie Dufour: La vie à tout prix Nouvelles Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Un premier numéro historique Ce premier numéro du nouvel hebdomadaire Rue Frontenac revêt un caractère bien particulier. Sortant près de deux semaines après le rejet massif des premières offres patronales dans un conflit qui perdure depuis plus de 21 mois, vous remarquerez qu’il est salué par l’ensemble du mouvement syndical québécois, pour qui l’attitude de Quebecor est inacceptable. Pour les lock-outés du Journal de Montréal eux-mêmes, il coïncide avec une relance de leur lutte pour un règlement équitable – la conservation d’emplois dans des conditions acceptables et un futur honorable pour ceux qui ne retrouveront pas le leur –, un objectif que le temps n’a pas amoindri. Mais si l’existence de RueFrontenac. com et la parution de Rue Frontenac papier permettent à ce conflit de ne pas tomber dans l’oubli, pour les travailleurs qui leur donnent vie tous les jours, il s’agit de médias où la Un premier numéro à conserver. Pour atteindre 100 ans de journalisme indépendant, il faudra toujours un premier numéro. Bon succès ! Le Syndicat de la rédaction du quotidien LE DEVOIR 5 Sommaire rigueur journalistique prime avant tout et de l’exercice stimulant d’une presse libre par de vrais professionnels de l’information. Certes, nous traiterons de problèmes sociaux et nous nous intéresserons aux autres conflits de travail, mais jamais nous ne le ferons avec complaisance ou engagement envers qui que ce soit. Après nous être bâti une crédibilité sur le Web depuis 21 mois, nous expérimentons une nouvelle voie en offrant une information générale sur papier sur une base hebdomadaire. Vous retrouverez dans Rue Frontenac du journalisme inédit, le meilleur de nos enquêtes, reportages, analyses et entrevues ainsi que le point de vue pertinent de nos principaux chroniqueurs, tout en continuant à pouvoir lire nos nouvelles quotidiennes sur Internet. Bonne lecture. Richard Bousquet Coordonnateur général de Rue Frontenac STM Un centre nerveux préhistorique ............8 École alternative Des parents prêts à tout..........................11 AFFAIRES Matrox sur la corde raide .......................... 18 Manoir Richelieu Des plaies pas encore cicatrisées ....... 20 CULTURE Guy A. Lepage Le courage de ses convictions.............. 24 GAMIQ ou ADISQ: la guerre des clans Ça change pas le monde ........................ 26 DÉTENTE Plaisirs de la table.................................... 34 Les jeux alphabétiques ........................... 35 SPORTS Le football québécois en explosion......... 36 Débranchée, la voiture tout électrique ...........................................40 Tomas Plekanec, le perfectionniste........ 46 6 Nouvelles Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Des Américains en colère Rue Frontenac vous emmène à une assemblée du Tea Party en Floride LAKE WORTH, Floride — Ils étaient rassemblés dans la salle paroissiale d’une banlieue cossue, un dimanche soir, au fond d’un stationnement bordé de palmiers. Une soixantaine de citoyens venaient assister à la fondation d’un chapitre local du Tea Party, ce mouvement politique qui fait dérailler la présidence de Barack Obama. Marco Fortier Contre le «socialisme» [email protected] Plutôt que de rester chez eux à chialer, les militants du Tea Party se regroupent, s’informent, se mobilisent et font bouger les choses. Des centaines de groupuscules du Tea Party, comme celui de Lake Worth, naissent partout aux États-Unis et sont en train de changer le visage de la politique au pays de Barack Obama. «Je sens un niveau de colère jamais vu dans la population», dit Robert Charles McDonald, président-fondateur du chapitre de Lake Worth du Tea Party, à la soixantaine de citoyens rassemblés dans la salle. Cet ancien officier de la police et de l’armée américaine se fait appeler par ses initiales: R. C. Prononcer «Arsie». Queue de cheval, moustache, jeans et bottes de cow-boy. Il a l’air d’un dur, il est très fâché, mais il reste poli. Jamais un mot plus haut que l’autre. Ce retraité de 54 ans et père de quatre enfants n’avait jamais fait de politique de sa vie, mais l’arrivée d’Obama à la Maison-Blanche lui a donné un électrochoc. Nous sommes entrés sans nous annoncer, ma collègue Annik de Carufel et moi. Impossible de passer inaperçus: elle brandissait son appareil photo muni d’une lentille digne d’un safari en Tanzanie. Elle a commencé à faire le tour de la salle pour shooter la faune politique qui discutait d’hôpitaux, d’écoles et de crise économique. Je noircissais mon calepin de notes. Une petite madame d’une cinquantaine d’années s’est approchée: qui êtes-vous? — On est journaliste et photographe de Rue Frontenac, un quotidien de Montréal, au Canada. — Vous êtes venus du Canada pour nous rencontrer? Waow, bienvenue parmi nous! Ce soir-là, dans la petite ville de Lake Worth, dans le sud de la Floride, on a vu de nos propres yeux ce qu’est le Tea Party: un regroupement spontané de citoyens fâchés — en criss, même — contre les gouvernements. Contre tous les niveaux de gouvernement. Contre tous les partis. Contre ce qu’ils appellent «l’establishment» et «l’élite politique». Arsie ne digère pas la réforme de la santé lancée par Obama. Pour Arsie, forcer les contribuables à payer pour l’assurance-maladie des 47 millions d’Américains qui n’avaient aucun filet de sécurité, c’est du «socialisme». Ça lui déplaît. Et il ne parle pas à travers son chapeau: Arsie affirme avoir fouillé le projet de loi durant cinq semaines avant de se prononcer. «La réforme d’Obama réduit la compétition entre les compagnies d’assurances. Les primes vont augmenter», dit-il. C’est le plan de relance de l’économie de près de 800 milliards de dollars qui l’a incité à former un chapitre local du Tea Party. «Notre dette se compte en trillions de dollars! Les républicains de Bush n’étaient pas mieux que les démocrates, ils dépensaient trop, eux aussi. Tout le monde me décourage en politique fédérale», dit-il. Crise de confiance Ce soir-là, trois candidats aux élections du 2 novembre sont venus répondre aux questions du Tea Party. Deux républicains, une démocrate. Ils ont tous servi le même message: on n’est pas des politiciens de carrière, on fait partie du peuple. On va prendre soin de vos taxes. On va couper dans le gras. «Le gouvernement ne fait pas partie de la solution: la crise, c’est le gouvernement», a lancé Sherry Lee, une agente d’immeubles qui cherche à se recycler comme commissaire du comté de Palm Beach (l’équivalent d’un préfet de MRC au Québec). Les temps sont durs dans l’immobilier. Les maisons de Palm Beach ont perdu la moitié de leur valeur en deux ans, explique la dynamique blonde. «J’ai regardé mon compte de taxes: je paye des comptes de dépenses aux fonctionnaires de 17 niveaux de gouvernement», a ajouté Sherry Lee. Tonnerre d’applaudissements dans la salle paroissiale. Le budget de la commission scolaire a triplé en 10 ans, note-t-elle. «Où va l’argent des commissions scolaires? Dans les frais de déplacement des commissaires.» Tiens tiens... J’ai tout à coup l’impression de me trouver à Québec et non dans le sud de la Floride. Bill Graham, candidat au poste de commissaire scolaire, me ramène toutefois de façon brutale aux États-Unis. Pour lui, il faudrait abolir non pas les commissions scolaires, mais le... ministère de l’Éducation, une «bureaucratie» dont les Américains pourraient se passer, plaide-t-il. «Je crois à la gestion locale et souveraine de nos écoles. Pas besoin de fonctionnaires à Washington pour nous dire comment enseigner à nos enfants.» À lire Aussi sur RueFrontenac.com L’heure de gloire du «monde ordinaire» L’APPQ tient à saluer le courage et la détermination des professionnels de l’information de Rue Frontenac. L’ASSOCIATION DES POLICIÈRES ET POLICIERS PROVINCIAUX DU QUÉBEC (APPQ) Nouvelles Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Arsie a l’air d’un dur, il est très fâché, mais il reste poli. L’arrivée d’Obama à la Maison-Blanche lui a donné un électrochoc. 7 photo Annik mh de cARuFel Esthétique & implantologie Dr Marie-Renée Godbout Avant Après Avant Après Dr Marie-Renée Godbout Dentiste généraliste Chirurgie 514 251-0101 drgodbout.com Facettes luMinEERs Illuminez votre sourire! Sans anesthésie Sans douleur 8 Nouvelles Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 La facture du centre de contrôle qui gère le trafic du métro sera plus salée que prévu. photo Chantal poiRieR Un centre nerveux préhistorique Les mises à jour informatiques doivent être effectuées à la main à la STM Même si elle a investi des millions pour se doter d’un centre de contrôle à la fine pointe de la technologie, la STM fonctionne toujours avec un système digne de «l’âge de pierre» en raison d’un litige avec un fournisseur. Une situation à ce point «sérieuse» que l’opposition officielle exige une enquête du vérificateur général. Marilou Séguin [email protected] Selon ce qu’a appris Rue Frontenac, l’ouverture du centre de contrôle, qui devait Tous mes vœux de succès aux artisans-nes d’un journal qui savent se tenir debout et qui nous démontrent au quotidien leur amour du métier et leur sens de la dignité. Solidairement Amir Khadir Député de Mercier être prêt en 2008-2009, a été retardée aux environs de 2012. Des défis technologiques rencontrés sur le terrain ont fait en sorte que l’échéancier du projet accuse des délais majeurs et que la facture, initialement estimée à environ 50M$, sera plus salée que prévue. Des solutions auraient été trouvées, mais la STM ne veut pas donner de détails sur le litige ou sur le coût du projet tant que le dossier n’est pas définitivement réglé avec le fournisseur. Informée de la situation, l’Opposition officielle a affirmé qu’elle demandera au vérificateur général d’ouvrir une enquête pour faire toute la lumière sur la situation. «C’est assez sérieux pour qu’on demande à voir toutes les informations», dit Elsie Lefebvre, porte-parole de Vision Montréal en matière de transport en commun. Centre nerveux Le nouveau centre de contrôle, où sera effectuée toute la gestion du trafic et de l’exploitation du métro, remplacera le centre actuel en activité depuis 1966. Véritable centre nerveux, le centre de contrôle reçoit toutes les informations sur les activités du réseau. On y gère autant la circulation des trains en temps réel, grâce à un système informatique, que les communications et la distribution de l’énergie électrique. Le système d’ordinateurs actuel, qui date du milieu des années 1980, est toutefois désuet et doit être modernisé. «C’est un projet hautement technolo- gique, d’une très grande envergure», dit Odile Paradis, porte-parole de la STM. Le remplacement des équipements d’exploitation du métro, qui se fait graduellement au fil des ans, représente cependant un réel défi pour la Société. «Les nouveaux systèmes des années 2000 doivent souvent parler avec de la vieille technologie des années 1960, indique Donald Desaulniers, directeur du programme Réno-Systèmes. Le complexité est très élevée.» Comme à l’âge de pierre En attendant que le nouveau centre de contrôle soit complètement opérationnel, l’équipe d’exploitation, composée d’employés spécialisés, doit travailler avec des équipements parfois très vieux. «On est à l’âge de pierre, mais ça fonctionne», dit Mme Paradis, soulignant que les employés font de petits miracles pour entretenir le système. Par exemple, dans l’ancien centre de contrôle, un mur entier est couvert de fils téléphoniques et les mises à jour informatiques doivent être effectuées à la main parce qu’elles ne se font pas automatiquement. La gestion des trains est actuellement encore effectuée avec les vieux ordinateurs, sauf à Laval. Mais malgré son âge, le centre de contrôle act uel est encore fiable, assure M. Desaulniers. Nouvelles Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 9 Entrevue exclusive avec le nouveau chef de la police de Montréal Pas de coupes au SPVM Le nouveau chef de la police de Montréal, Marc Parent, prévoit sauver tous les policiers temporaires et ne couper aucun poste au sein du SPVM en 2011, selon des scénarios budgétaires qu’il a déposés cette semaine à la Ville de Montréal. Daniel Renaud [email protected] «Dans les scénarios que je propose, il n’y a pas de coupes de postes. Au contraire, on garde tout le monde», a déclaré Marc Parent dans une entrevue exclusive accordée à RueFrontenac.com la semaine dernière, juste avant de s’envoler pour Haïti où il a passé quelques jours pour rencontrer ses troupes en mission dans ce pays. En raison des compressions de 35M$ imposées par la Ville de Montréal à la police depuis deux ans, 145 policiers temporaires risquaient de perdre leur emploi ce mois-ci. À la suite d’une entente avec la Fraternité des policiers de Montréal, M. Parent a annoncé dernièrement qu’il était parvenu à prolonger leur mandat jusqu’à la fin décembre. Or, de tous les scénarios budgétaires que son service a soumis à la Ville cette semaine, aucun ne prévoit des mises à pied chez les temporaires en 2011. Même que Marc Parent est confiant de pouvoir «régulariser» la situation des policiers temporaires qui termineront leur troisième mandat le 31 décembre, en leur accordant leur permanence. Normalement, un policier temporaire doit effectuer au maximum deux mandats de 300 jours avant de devenir policier permanent. Mais pour éviter de mettre à pied les plus anciens d’entre eux menacés par les compressions, la direction de la police et le syndicat s’étaient entendus pour qu’ils effectuent un troisième mandat en 2010. Ces policiers temporaires sont des intervenants de première ligne et sont très importants pour plusieurs postes de quartier qui peuvent en compter dans leurs effectifs jusqu’à une dizaine à la fois. «De façon globale en 2011, dans les différents scénarios budgétaires que je dépose, tous les policiers temporaires sont intégrés. Tous ceux qui sont éligibles à la permanence, on entend régulariser leur situation», a confié Marc Parent à RueFrontenac.com. «Pour y parvenir, je jongle beaucoup avec mes ressources. Tout est une question de choix», explique le nouveau chef, selon qui le fait d’avoir réduit le nombre de directions au SPVM, de trois à une, permet en partie ce tour de force. La police a déposé ses scénarios budgétaires 2011 devant la Commission de la sécurité publique de la Ville de Montréal la semaine dernière. Le Comité exécutif de la Ville en a pris connaissance cette semaine et le scénario choisi pourrait être connu autour du 5 novembre. «La réception de la Ville est bonne. Ils ont la préoccupation que l’on puisse offrir un bon service aux citoyens. Ils ont également le souci d’avoir les effectifs policiers nécessaires», dit-il. Par ailleurs, l’arbitre Jean Barrette vient à peine de trancher, en juin dernier, les conditions salariales pour les années 2007 à 2010, que déjà les négociations pour le renouvellement de la convention collective débuteront dans quelques semaines. Patrons et syndicats sont déjà en train de préparer un calendrier de rencontres qui devraient sûrement débuter avant Noël, annonce M. Parent. Les augmentations de 8,25% sur quatre ans accordées par l’arbitre Barrette après deux longues années de délibérations ont déçu autant la Fraternité, qui demandait des hausses totales de 13%, que la Ville, qui n’en offrait que 6%. M. Parent est confiant d’éviter l’arbitrage cette fois-ci. Quelque 2000 policiers ont manifesté à Montréal le 20 octobre, mettant la table pour les prochaines négociations qui débuteront dans quelques semaines. .ca Le spécialiste Apple au Québec QUARTIER DIX30 En face du cinéma CENTRE EATON Entrée maisonneuve 514.270.4477 PARC 6615 ave Parc SHERBROOKE Centre Les Tourelles 10 Nouvelles Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 L’identité de MaChouette Jamais Leblanc n’aurait trahi Daniel Leblanc, ce journaliste du Globe and Mail qui a levé le voile sur le scandale des commandites, n’aurait jamais, même si la Cour suprême le lui avait ordonné le 22 octobre, dévoilé l’identité de la fameuse source anonyme qui l’a mis sur le coup, MaChouette. David Santerre [email protected] Pendant les deux années au cours desquelles se sont étirées les procédures, il n’en a jamais démordu. Même si une telle bravade aurait pu lui valoir une accusation d’outrage au tribunal, ce qui peut valoir à son auteur jusqu’à un an de prison. Il n’aurait jamais pu se résoudre à trahir la promesse d’anonymat faite à MaChouette. «Si un jour elle veut se faire connaître, écrire un livre, c’est à elle de décider de le faire, et à personne d’autre», opine-t-il. Sans entrer dans les détails, il dit avoir parlé avec MaChouette pendant cette période. Elle a craint de voir son identité révélée et de subir des représailles. «Elle a dû se poser des questions. Elle a agi de bonne foi et devait se demander pourquoi elle aurait dû se dévoiler», confie-t-il. Même s’il ne s’étend pas sur les états d’âme par lesquels il est passé pendant ces deux années, il ne cache pas qu’elles ont été pénibles. «C’était long et frustrant. Surtout quand les tribunaux rendaient des décisions à mon encontre ou que la Cour d’appel a refusé de nous entendre. Je n’acceptais pas ces décisions. Je sentais que j’étais victime d’une injustice», se souvient-il. L’importance des sources anonymes Mais c’est au contraire une grande victoire pour lui, mais aussi pour toute la profession journalistique. Car le juge Louis Lebel, qui rédige ce jugement unanime, est clair. C’est un plaidoyer en faveur du journalisme d’enquête et des méthodes que les reporters doivent parfois utiliser, comme l’usage de sources anonymes non autorisées. «Force est de constater que, pour mettre au jour des nouvelles d’une grande importance pour le public, les sources désireuses de révéler ces informations doivent souvent violer des obligations juridiques. Les exemples abondent dans l’histoire. À mon sens, le travail et les activités des médias seraient par ailleurs dramatiquement perturbés si on obligeait un journaliste (…) à s’assurer que sa source ne viole aucune obligation juridique en lui fournissant des renseignements», ajoute-t-il. Cette cause a pris naissance à l’automne 2008 avec le litige opposant le gouvernement fédéral au Groupe Polygone, une des agences de publicité qui ont bénéficié des largesses du programme des commandites. Daniel Leblanc a dû témoigner devant la Cour supérieure du Québec et le juge JeanFrançois de Grandpré lui avait ordonné de répondre aux questions des avocats de Polygone qui cherchaient à connaître l’identité de MaChouette. Leblanc s’est objecté au nom du privilège de protection des sources généralement reconnu par les tribunaux. Mais le juge a rendu sa décision «vite, vite, vite», selon ses propres mots, sans même entendre les arguments du clan Leblanc. Cette absence de débat devant le juge de Grandpré fait que le juge Lebel se dit malheureusement privé d’information qui lui aurait permis de trancher le litige sur le fond. Il envoie donc l’affaire devant la Cour supérieure à qui il demande de revoir l’affaire à la lumière du test de Wigmore, qui définit la divulgation de l’identité d’une source comme moyen de «dernier recours». Depuis plus de 80 ans, notre quartier a accueilli plusieurs médias d’envergure. Le dernier en lice: L’équipe des élus du Plateau-Mont-Royal de Projet Montréal, fière d’appuyer la venue au monde de l’édition papier de Rue Frontenac Pour que la tradition se poursuive ! 11 Nouvelles Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Dénicher une place dans une école alternative Des parents prêts à tout Jessica Nadeau [email protected] Il est six heures du matin. Il fait encore noir. Devant l’école alternative Rose-desVents, rue Beaubien, dans Rosemont, une quinzaine de parents grelottent sous la pluie froide du mois d’octobre. Certains sont là depuis quelques heures. D’autres ont carrément couché là. C’est le cas de Fernando, père de jumeaux, Sofia et Nicholas, âgés de 5 ans. Fernando s’est présenté sur les lieux à 20 h dimanche, soit 12 heures avant le début de l’inscription. Il voulait être le premier. Car c’est premier arrivé, premier servi pour le dépôt des candidatures. Il tient absolument à ce que ses jumeaux puissent fréquenter une école alternative, une institution qui mise sur le développement de l’enfant par le biais de projets plutôt que par l’enseignement traditionnel des matières. Mais il n’y a que de 20 à 40 nouvelles places chaque année dans les 6 écoles alternatives de la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Alors, il fait la file. Fernando a tout organisé. Il a fait venir une gardienne pour alterner avec sa conjointe. Il a emprunté la voiture de son voisin pour qu’ils aient chacun un véhicule. Il a fait du repérage la veille. Il a pris congé pour l’occasion. Et il s’est habillé : trois pantalons, deux paires de gants, une tuque, un manteau d’hiver. Sur une chaise de camping, emmitouflé dans son sac de couchage, Fernando déplore ce mode de recrutement. « C’est complètement fou, ce n’est pas un bon système, je sais bien que c’est une bonne école et c’est pour cela que je suis ici. C’est un bon sacrifice, mais ce n’est pas normal de faire coucher du monde dehors pour inscrire son enfant à la maternelle ! » peu folle. Mais elle s’est vite rendu compte qu’elle n’était pas la seule. « Nous sommes la preuve qu’il y a de la demande pour ce type de pédagogie qui respecte mieux les particularités de chaque enfant », explique à son tour Jean-François Joly. La CSDM s’en mêle À la CSDM, on soutient ne pas favoriser ce type de procédure et préférer le tirage au sort. «Ce n’est pas la meilleure idée en ville de laisser des parents sur le trottoir toute la nuit, il y a d’autres façons de faire», affirme Alain Perron, porte-parole de la CSDM, qui ajoute que des recommandations seront faites afin que cesse ce mode de recrutement. L’école Rose-des-Vents avait, jusqu’à l’an dernier, une liste d’attente, explique-t-il. C’est le comité d’admission de l’école, qui regroupe des parents et des gens de l’école, qui a choisi de procéder avec la formule premier arrivé, premier servi. Déception À côté de lui, Marie tousse. Elle tente de se remettre d’un vilain rhume. Elle est arrivée à trois heures du matin pour inscrire son petit Victor. Elle est quatrième sur la liste. Fernando lui a prêté son deuxième sac de couchage pour la tenir au chaud. « C’est sûr que ce n’est pas évident, mais ça en vaut la peine. Et c’est quand même moins pire que les CPE où on vous met sur une liste d’attente pendant quatre ans sans jamais vous rappeler. Ici au moins, ça se règle en quelques heures. » Manon est déçue. Elle est arrivée à cinq heures du matin. Elle pensait être la première. Mais non. Il y avait déjà une dizaine de personnes lorsqu’elle s’est présentée lundi matin. Elle est loin d’être assurée d’avoir une place pour son petit Ludvic. Isabelle, elle, s’est levée en pleine nuit, à trois heures du matin. Elle se trouvait un CENTRE Passer la nuit dehors à faire la file pour inscrire leur enfant à l’école primaire, voilà jusqu’où certains parents sont prêts à aller pour que leur rejeton puisse fréquenter l’une des rares écoles alternatives de Montréal. EURêKA Au service des 40 Ans et plus en recherche d’emploi Un emploi en poche! www.centreeureka.org blogue.centreeureka.org tél.: 514 937-8998 services grAtuits en collaboration avec : Fernando et Luis ont passé la nuit dehors pour inscrire leur enfant photo Luc LaFoRce à l’école alternative Rose-des-Vents. • 40 ans c’est le moment idéal pour faire le point sur votre emploi et donner une orientation nouvelle à votre carrière. • Le Centre Eurêka vous aide à faire un bilan, clarifier vos objectifs d’emploi, découvrir les emplois cachés, sortir gagnant des entrevues. 4377, rue Notre Dame Ouest, Montréal (Québec) H4C 1R9 téléc.: 514 937-7529 Membres des réseaux : inc. 12 L’échangeur Frontenac Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Québec doit-il encore subventionner le cancer? Les propriétaires de la mine Jeffrey d’Asbestos ont besoin que le gouvernement du Québec garantisse un emprunt de 58 M$ pour en continuer l’exploitation souterraine. Au cours des années 1970, l’amiante était la propriété de compagnies américaines. Les syndicats des travailleurs de l’amiante à Montréal, à Asbestos et à Thetford Mines clamaient que l’amiantose et les mésothéliomes tuaient les travailleurs qui maniaient cette fibre. Ils étaient sans doute conscients du danger lorsque certains d’entre eux m’ont jeté un sac de fibres sur la tête en face de l’Assemblée nationale lorsque j’étais ministre du Travail. Le gouvernement dont je faisais partie était sur le point d’adopter un amendement à la loi des accidents de travail pour faire assumer par les compagnies minières américaines les coûts reliés à ces maladies au lieu de les faire assumer par l’ensemble des Québécois par le truchement de l’aide sociale aux personnes handicapées. L’industrie s’est alors assagie et a mis en place ce qu’il fallait pour ne pas avoir à subir les conséquences de sa négligence à assurer le maximum de sécurité à ses employés. Depuis, l’amiante a été interdite en Amérique du Nord et en Europe parce qu’elle est dangereuse. Les exportations d’amiante vers les ÉtatsUnis sont passées de 550 000 tonnes en 1979 à 50 000 tonnes en 1992. Nouveaux cas En 2004, 613 nouveaux cas de maladie reliés à l’amiante sont apparus au Québec. Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 125 millions de personnes dans le monde sont exposées à l’amiante et en 2004 seulement, 107 000 personnes sont décédées de maladies associées à ces fibres. Le 29 janvier 2010, plus de 100 scientifiques de 28 pays ont remis une lettre à Jean Charest qui assistait au World Economic Forum de Davos; ils y affirmaient que son gouvernement «dépense des millions de dollars pour retirer l’amiante chrysotile et autres formes d’amiante des écoles, hôpitaux et autres édifices alors qu’au même moment il exporte ces matériaux dans les pays en voie de développement et affirme qu’ils sont sécuritaires»; ils rappellent qu’une quinzaine d’expertises publiées par l’Institut de santé publique du Québec affirment qu’il est prouvé qu’il est impossible de manipuler l’amiante chrysotile de façon sécuritaire au Québec. Le 13 mai 2010, l’Organisation mondiale de la santé-OMS revient à la charge et émet un document qui propose d’arrêter l’utilisation de l’amiante parce que «tous les types d’amiante causent le cancer des poumons, le mésothéliome, le cancer du larynx et des ovaires et l’amiantose». Le 29 juin 2010, la Société canadienne du cancer, la Canadian Public Health Association et la Canadian Medical Association indiquent que la reprise éventuelle des activités d’extraction et d’exportation de la mine contribuerait à augmenter le nombre de cas de cancer causé par l’amiante qui fait déjà 90 000 morts chaque année dans le monde. Un homicide S’il est compréhensible que les Québécois qui vivent à Asbestos veuillent rouvrir la mine Jeffrey, ça l’est beaucoup moins lorsque les Québécois qui vivent au Québec sont appelés à financer indirectement ce qui serait considéré ici comme un homicide. S’il est normal que les propriétaires de la mine Jeffrey d’Asbestos veuillent rentabiliser leur investissement, est-ce bien au gouvernement du Québec de garantir un emprunt de 58 M$ pour lui permettre de damer le pion à ses concurrents qui veulent vendre le meurtrier matériau aux entrepreneurs inconscients de l’Inde? Je ne suis pas un ennemi de l’industrie de l’amiante. Ma conscience d’être humain me fait penser qu’il est immoral de subventionner l’exportation d’un produit que mon gouvernement ne veut pas utiliser chez nous parce qu’il est dangereux pour notre santé. Elle me dit que contribuer à vendre des fibres québécoises à des entrepreneurs inconnus, c’est contribuer à répandre des maladies incurables chez des plus démunis obligés de gagner leur pain au bénéfice de modernes pachas indiens sans conscience. Elle me crie: Ti-Jean, dans le doute abstiens-toi. Jean Cournoyer, commentateur, analyste et ancien ministre libéral du Travail MARC BeAudet [email protected] C’est vous qui le dites Le féminisme toujours pertinent ! Ces dernières semaines, des personnes bien en vue ont accusé la Fédération des femmes du Québec de perpétuer la « guerre des sexes » et d’être trop à gauche. Est-ce une critique juste? Vouloir faire la guerre aux inégalités ne veut pas dire faire la guerre aux hommes. Nous sommes plutôt portées à combattre les structures, valeurs, lois et pratiques qui défavorisent les femmes et nous pensons que les hommes sont partenaires dans la création d’un monde plus égalitaire. Serions-nous trop à gauche ? Bon nombre de femmes ont réussi à faire leur place intéressante dans l’économie actuelle et c’est tant mieux. Elles sont toutefois minoritaires à gravir les échelons du pouvoir économique ou politique. Plusieurs d’entre elles sont confrontées au plafond de verre, signe que notre lutte pour l’égalité est encore pertinente et que les «boys’ clubs» ne sont pas chose du passé. Les femmes occupent encore la majorité des emplois à bas salaire, précaires ou à temps partiel, gagnant à peine 70 % du salaire des hommes. Dans le secteur public, la sous-traitance fait en sorte que les femmes, qui y avaient trouvé des emplois intéressants, les perdent au profit d’entreprises payant des salaires moindres avec peu ou pas de protection sociale. La privatisation des services publics fait pression sur les prochesaidants, en majorité des femmes, qui doivent quitter le marché du travail pour assumer gratuitement les responsabilités délaissées par l’État. La droite cherche à rendre les gens plus responsables individuellement de leur évolution. Ainsi, on veut réduire les protections sociales et faire payer pour les services publics comme pour tout autre bien de consommation. Cette position va à l’encontre de l’intérêt de la vaste majorité des femmes. La FFQ affiche fièrement ses positions féministes et critiques de la droite, qu’elle soit au pouvoir, dans les religions ou chez les ténors d’une économie individualiste. Alexa Conradi, Présidente, Fédération des femmes du Québec L’INJUSTICE, EN VENTE PARTOUT. S N O T T BOYCO R N A L L E JO UNTRÉAL O M E D ACHETER LE JOURNAL DE MONTRÉAL, C’EST ENDOSSER L’INJUSTICE. POUR QUE L’ABUS CESSE, INSCRIVEZ VOTRE NOM : WWW.CSN.QC.CA/BOYCOTTONS-LE-JOURNAL SOLIDARITÉ! LES MEMBRES DU SYNDICAT CANADIEN DES COMMUNICATIONS, DE L’ÉNERGIE ET DU PAPIER (SCEP-FTQ) SALUENT LE COURAGE ET LA DÉTERMINATION DES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES EN LOCK-OUT DU JOURNAL DE MONTRÉAL. Pub_SCEP_PleinePage_RueFrontenac_V2.indd 1 www.scepquebec.qc.ca 10/26/10 10:29 AM Sciences Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Nouvelles 15 Gros bedon, gros cerveau Selon une étude américaine, la grossesse rendrait plus intelligente La maternité fait grossir le cerveau. Une récente étude américaine révèle en effet que des zones cérébrales associées à la motivation et au comportement parental gagneraient en volume sous l’effet de la maternité. Louis Mathieu Gagné [email protected] Plus étonnant encore, ce phénomène serait davantage marqué chez les femmes qui se plaisent à encenser à tout vent la beauté, l’unicité et l’intelligence de leur nouveau-né. La neuroscientifique Pilyoung Kim et ses collègues de la Yale University School of Medicine ont fait cette découverte en analysant à l’aide d’imagerie à résonance magnétique le cerveau de 19 nouvelles mamans. En comparant les images prises entre la deuxième et la quatrième semaine suivant un accouchement à celles captées trois à quatre mois plus tard, les chercheurs ont observé que la matière grise s’était accrue dans certaines parties du cerveau. Les chercheurs ont observé un accroissement – léger mais significatif – au niveau de l’hypothalamus, une région associée à la motivation. Cette même observation a été faite dans les aires du mésencéphale liées au plaisir et à la récompense, la région du cortex préfrontal associée au jugement et au raisonnement de même que celle du lobe pariétal liée à l’intégration des informations perçues par les sens. Plus marqué chez les enthousiastes De plus, ces changements étaient plus importants chez les mères les plus enthousiastes quant à l’apparence, l’intelligence et la singularité de leur poupon. «Cet accroissement pourrait aider les mères à ressentir plus de gratification dans leurs actions et à percevoir de façon plus positive leur enfant et la maternité», affirme en entrevue l’auteure principale de l’étude, Pilyoung Kim, aujourd’hui au service de la National Institute of Mental Health. «Le cerveau serait ainsi modelé de façon à répondre de manière plus efficace aux besoins de leur enfant, ajoute-t-elle. Cela pourrait aussi permettre aux mères de développer un attachement émotionnel profond, ce qui est essentiel au rôle parental.» Instinct maternel Fait à noter, en temps normal, la matière grise du cerveau ne s’accroît pas en l’espace de quelques mois seulement chez une adulte, à moins d’une maladie, d’une blessure ou d’un important changement environnemental. Selon les auteurs de cette étude publiée dans le dernier numéro de la revue Behavioral Neuroscience, les changements hormonaux qui surviennent en cours de grossesse, tels que la hausse d’œstrogène, de prolactine et d’ocytocine, amèneraient le cerveau des mères à se restructurer en réponse aux interactions avec leur enfant afin d’assurer des soins de qualité. «L’instinct maternel est basé sur les changements hormonaux qui s’opèrent dans le cerveau durant la grossesse et la période post-partum, période au cours de laquelle les interactions avec l’enfant jouent aussi un rôle important. Les changements que nous avons observés pourraient donc aider les mères à manifester leur instinct maternel en adoptant des comportements adéquats pour répondre aux besoins de leur enfant et à se sentir heureuses et accomplies dans la maternité et la parentalité», explique la neuroscientifique. À la lumière de ces résultats, peut-on conclure que les nouvelles mamans deviennent plus intelligentes? La présente étude ne peut l’affirmer puisqu’elle s’est uniquement attardée au volume du cerveau et non à ses fonctions cognitives. Mais cela pourrait bien être le cas, du moins en matière d’intelligence parentale, car ces deux aspects vont normalement de pair et un ajout de matière grise au niveau du cortex préfrontal a été observé, selon Mme Kim. LIBERTÉ D’EXPRESSION | LIBERTÉ DE PRESSE AVEC VOUS DEPUIS LE DÉBUT sepb:225-dv 16 Nouvelles Jeux vidéo Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Le créateur d’Assassin’s Creed fait le grand saut jeAn-frAnçois Codère [email protected] Il est à l’origine de l’un des produits culturels québécois les plus célèbres à l’échelle internationale et pourtant, personne ne le connaît. C’est en partie pour changer cela que Patrice Désilets, créateur des jeux vidéo Assassin’s Creed, a abandonné son bébé pour se joindre à un nouveau studio montréalais, THQ. Ensemble, les deux premiers exemplaires de la série se sont écoulés à plus de 19 millions d’exemplaires partout dans le monde, faisant d’Assassin’s Creed l’une des marques les plus puissantes de l’industrie du jeu et le pilier de tout Ubisoft. L’oeuvre imaginée par Patrice Désilets, un ancien étudiant en cinéma, a vraisemblablement généré 100 fois plus de revenus que le plus populaire des films québécois de l’histoire. Pourtant, comme il le dit lui-même, «je ne roule pas en Maserati». Son salaire, c’était «plus qu’une infirmière, mais ce n’était pas Hollywood», dit-il. À quelques exceptions près, les grands créateurs de l’industrie du jeu vidéo sont considérés comme des employés comme les autres, témoigne-t-il. Ils ne jouissent pas non plus d’autant de contrôle sur leur oeuvre que leurs équivalents dans d’autres formes d’art. «Dans d’autres médias, les réalisateurs ou En Amérique du Nord, Désilets sera l’un des premiers créateurs à bénéficier de ce traitement, un peu plus répandu au Japon. Il espère créer un précédent qui changera la culture de cette industrie. «Si mon départ change quelque chose, c’est qu’il y a un gars d’en bas qui se ramasse en haut», image-t-il. Plus à l’aise Patrice Désilets a choisi la liberté. photo olivieR Jean les metteurs en scène par exemple dégagent l’impression qu’ils font ce qu’ils veulent de leur projet. Dans le jeu, ce sont des logos de compagnies qui mènent le bal. On oublie que ce sont des gens qui les font, les jeux. Ce qui fait la qualité d’une oeuvre, c’est toujours la touche personnelle.» C’est en partie pourquoi il a annoncé, en mai dernier, son départ d’Ubisoft Montréal, là où il avait oeuvré pendant 13 ans, soit depuis les débuts du studio. La semaine dernière, l’entreprise américaine THQ a fièrement dévoilé que Désilets serait la pierre d’assise du nouveau studio montréalais qu’elle inaugurait. Là-bas, Désilets s’est assuré d’obtenir une liberté totale. «Je n’ai jamais eu le final cut sur mes jeux, regrette-t-il. Ce n’est pas grave, dans le sens que si Ubisoft veut travailler comme cela, c’est OK. Mais moi je voulais faire autre chose. Et vous pouvez être sûrs que je me suis arrangé pour avoir le final cut chez THQ.» Qui plus est, les jeux qu’il produira seront signés conjointement par THQ et par sa propre étiquette, dont il n’a pas encore choisi le nom. «Je jongle avec deux ou trois idées, mais il n’y a rien d’officiel encore.» Il insiste sur le fait qu’il n’est pas là pour critiquer son ancien employeur. «Je suis seulement allé me chercher une liberté que je n’avais plus chez Ubisoft. Ce n’est pas une question de «Moi le bon» contre «Eux les méchants». Je n’étais simplement plus à l’aise dans cette merveilleuse boîte qui m’a donné ma première chance.» Comme Altaïr et Ezio, héros des deux premiers épisodes d’Assassin’s Creed, Désilets a fait un grand saut dans le vide en quittant Ubisoft et sa franchise chérie. Rien ne garantit que sa prochaine création connaîtra autant de succès. À Lire sAmedi sur RueFrontenac.com À quoi ressemblera son prochain jeu? Le Conseil central du Montréal métropolitain–CSN appuie la lutte des 253 membres du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de MontréalCSN pour le respect et la dignité. Longue vie au A 18 Affaires Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 La société Matrox sur la corde raide Les deux propriétaires à parts égales ne se parlent plus depuis sept ans Considérée au tournant des années 2000 comme un fleuron des hautes technologies canadiennes, la société Matrox, de l’arrondissement Dorval, est maintenant sur la corde raide en raison de la guerre ouverte que se livrent depuis sept ans ses deux seuls actionnaires à parts égales, soutient l’un d’eux, Branislav Matic. Alain Bisson [email protected] D’après des informations inédites colligées par Rue Frontenac, la Chambre commerciale de la Cour supérieure de Montréal examine actuellement une série de requêtes pour décider de l’avenir de Matrox, dont une déposée par M. Matic demandant la mise aux enchères forcée du contrôle de l’entreprise entre lui et son associé, Lorne Trottier. Branislav Matic avance que Matrox n’est plus l’ombre d’elle-même depuis le début de la chicane d’actionnaires, en 2003. Au sommet de sa gloire, il y a une dizaine d’années, la société que les deux hommes ont fondée en 1976 employait 1800 personnes de par le monde et enregistrait un chiffre d’affaires de 600 à 700 M$ US. Selon M. Matic, les affaires du fabricant de matériel informatique graphique ont réduit comme peau de chagrin à compter de 2003. Il soutient que Matrox a eu peine à atteindre des revenus de 100 M$ US en 2009 et qu’elle n’emploie plus que 850 personnes. Impasse corporative Il explique dans sa requête que la crise des technologies et sa querelle avec M. Trottier sont responsables de cette décroissance. «Les effets débilitants de l’impasse corporative de Groupe Matrox rendent impossible pour ce dernier de répondre avec une stratégie d’affaires claire au déclin de sa performance, laquelle menace de façon imminente sa viabilité», écrit M. Matic par la plume de ses avocats. Dans sa contestation de 913 paragraphes que Rue Frontenac a également consultée, Lorne Trottier s’oppose à la demande de M. Matic et propose plutôt comme première solution que la cour force son rival à lui vendre ses parts. M. Trottier concède que Matrox a connu de meilleurs jours. Il avance cependant que l’essentiel de la décélération – une perte de quelque 500 M$ US de chiffre d’affaires – est survenue entre 1997 et 2003 pour cause d’éclatement de la bulle des technos, soit avant le début du pugilat corporatif avec M. Matic. M. Trottier soutient que la société a engrangé des revenus de 154 M$ US et un profit net avant impôt de 30 M$ US en 2009. Il assure que Matrox n’est pas du tout au bord de la banqueroute. «Heureusement, en dépit du comportement contreproductif de M. Matic, Matrox continue d’être une compagnie extrêmement rentable», dit-il. Des dividendes de 55 M$ en deux ans M. Trottier en donne pour preuve les 30 M$ US de dividende que lui et M. Matic se sont partagés en 2009, et les 20 M$ US à 25 M$ US qu’ils empocheront à eux deux, cette année. Un homme très discret malgré ses dons médiatisés de 22 M$ à son alma mater, l’Université McGill, en 2000 et 2006, et de 2 M$ à l’École polytechnique, en 2005, M. Trottier regrette dans les premières lignes de sa défense que les affaires de Matrox, une entreprise jalousement privée, soient exposées au grand jour. Évidemment, le litige ne tire pas son origine des mêmes faits, selon qu’on se réfère à l’un ou à l’autre. D’après M. Matic, Lorne Trottier lui a fait un coup fourré en 2003 en lançant une nouvelle entreprise, Encentrus, à partir d’une technologie développée avec les ressources et le personnel de Matrox. Pour en avoir le cœur net, il a espionné Matrox, un fleuron des hautes technologies canadiennes est en photo MaRtin BouFFaRd difficulté, selon un actionnaire. les courriels de M. Trottier. Lorsque ce dernier en a eu vent, il a déposé contre M. Matic une requête en injonction assortie d’une réclamation en dommages de 350 000$, en décembre 2004. Ce fut le début de la fin. De son côté, Lorne Trottier soutient que la cassure entre les deux anciens complices remonte au début de l’année 2000 et qu’elle est attribuable à la mauvaise foi de son associé et à sa volonté de lui arracher le contrôle de Matrox. Le traitement du silence Bien qu’ils président tous les deux aux destinées de l’entreprise sur une base quotidienne, les deux hommes ne s’adressent plus la parole depuis près de sept ans. Ils rencontrent le comité de direction à tour de rôle et ne communiquent que par courriel ou par la bouche de leurs avocats. Cependant, Lorne Trottier assure que la situation n’a pas atteint un point de nonretour comme le prétend M. Matic Paradoxalement, la requête de M. Trottier expose dans le détail les impacts de l’imbroglio: les résultats financiers de Matrox n’ont pas été vérifiés depuis 2005 parce que les deux hommes ne s’entendent pas sur l’étendue du mandat à confier au vérificateur et ils se disputent au sujet de leurs dividendes, du salaire des employés, de la mise en application des décisions, du choix de la firme externe d’avocats ou des mesures à prendre pour faire face à la récente crise financière. Et ils s’accusent mutuellement d’être responsables de la perte d’employés clés et de tenir des propos diffamatoires. La juge Chantal Corriveau pilote le dossier et aucune date n’a encore été fixée pour l’audition sur le fond. Affaires Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 19 Guerre de contrôle Lorne Trottier refuse une offre de 45 M$ pour ses actions Quarante-cinq millions de dollars (45 M$). C’est le montant que Branislav Matic a proposé à Lorne Trottier pour devenir le propriétaire unique de Matrox, en décembre 2008, indique la contestation de M. Trottier. Alain Bisson [email protected] Sa réponse? Jamais. «Trottier a rejeté cette offre non seulement parce qu’elle était extraordinairement basse, mais de façon plus importante, parce que la totalité de ses actions, comme le sait Matic, ne sont pas à vendre», écrit-il. préliminaires, dont celle du fonds d’investissement québécois Novacap, en juin 2007, n’a pas permis de dénouer l’impasse. MM. Matic et Trottier s’accusent mutuellement d’être le responsable de cet échec. Vente aux enchères ? Branislav Matic n’entrevoit qu’une seule solution à la dispute : une vente aux enchères, supervisée par le tribunal, entre les deux actionnaires pour le 50 % des actions qu’ils ne détiennent pas déjà, afin d’octroyer à l’un ou à l’autre le contrôle total de la société. Lui et M. Trottier feraient une première proposition par écrit et le plus Lorne Trottier dit même être disposé à accepter le statu quo plutôt que de perdre «l’œuvre de sa vie» Avant cela, en 2006 et 2007, les deux hommes avaient lancé un processus afin de recruter un acquéreur intéressé à acheter une petite partie des actions de chacun. La réception de huit offres bas soumissionnaire aurait 30 minutes pour relancer son associé avec une hausse minimale de 10 % de l’offre la plus élevée, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’un d’eux abandonne la partie. De son côté, même s’il demande dans minoritaire dans l’actionnariat de un premier temps au tribunal d’obliger Matrox, propose qu’un comité des diM. Matic à lui céder ses actions parce que recteurs de Matrox arbitre leur difféce dernier a cherché et attisé la dispute rend et avance même l’hypothèse d’un - «Matic… n’arrive pas devant le tribu- premier appel à l’épargne publique nal avec les mains propres» -, M. Trot- (entrée en bourse). M. Trottier dit même être disposé à accepter le statu tier se dit ouvert à d’autres options. Dans sa requête, il relance notam- quo plutôt que de perdre «l’oeuvre de PubFondaction.Frontenac.nov10:Layout 1 22/10/10 14:44 Page 1 ment l’idée d’intégrer un partenaire sa vie». 40% de crédits d’impôt + REER Mieux se préparer pour la retraite grâce aux crédits d’impôt de 40 %, en plus de la déduction REER, et permettre des investissements dans les entreprises d’ici. C’est le choix qu’ont fait les 100 000 actionnaires de Fondaction. Les salariés-es de la Fédération nationale des communications-CSN saluent votre grande détermination ! www.fondaction.com Adhérez en ligne ! I 1 800 253-6665 Ce placement est effectué au moyen d'un prospectus. Le prospectus contient une information détaillée importante au sujet des titres offerts. On peut se procurer un exemplaire du prospectus aux bureaux de Fondaction ou dans son site Internet. Il est recommandé aux investisseurs de lire le prospectus avant de prendre une décision d'investissement. 20 Affaires Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Après l’achat du Manoir Richelieu, Raymond Malenfant a jeté 307 employés à la rue en 1986. photos yvan tRemblay Des plaies pas encore cicatrisées «Nous n’avons jamais réussi à oublier ce triste épisode», confie la mairesse de La Malbaie Colère. Frustration. Désillusion. Trois mots qui traduisent, encore aujourd’hui, le sentiment des employés et des ex-employés du Manoir Richelieu qui ont vécu un très douloureux conflit de travail face à l’homme d’affaires Raymond Malenfant, au milieu des années 1980. Yvon Laprade [email protected] Rappel des faits: le 16 avril 1986, le gouvernement du Québec vend le Manoir Richelieu à Malenfant sans exiger du nouveau propriétaire qu’il reconnaisse l’existence du syndicat. Des «employés de remplacement» sont embauchés. Les 307 employés syndiqués à la CSN se retrouvent à la rue. La marmite est sur le point d’éclater. «Nous n’avons jamais réussi à oublier ce triste épisode qui a marqué notre région à tout jamais», confie en entrevue à Rue Frontenac la mairesse de La Malbaie, Lise Lapointe. Elle n’a pas travaillé au Manoir mais sa sœur, elle, était à l’emploi du Manoir quand la grève a éclaté à Pointe-au-Pic. Elle y travaille toujours, près d’un quart de siècle après ce conflit de travail qui avait fait un mort, le 25 octobre 1986, et détruit des vies. Lors d’une manifestation qui avait nécessité l’intervention de policiers de la Sûreté du Québec, le conjoint d’une employée sur le trottoir (Gaston Harvey) avait perdu la vie. Le président de la CSN, Gérald Larose, avait critiqué le travail de la police lors de cette manifestation. et qu’il aurait pu agir. Mais il ne l’a pas fait, comme c’est encore le cas aujourd’hui dans des conflits qui s’éternisent». Elle se souvient que l’homme d’affaires, qui était également propriétaire des motels Universel, voulait «faire une job de bras» au syndicat, tout en sachant pertinemment que «les patrons le regardaient aller». Job de bras «Nous avons vite réalisé que ce conflit-là se déroulait dans une relative indifférence. On voyait bien qu’à l’extérieur de la région, ils étaient nombreux à ne pas connaître les enjeux. À Québec et à Montréal, les gens avaient tendance à se ranger derrière Raymond Malenfant. C’était décourageant», précise la mairesse de La Malbaie. Les employés en grève ont mangé leur pain noir durant et après le conflit. Ceux et celles qui ont milité activement ont été mis sur une liste noire. Des aubergistes de la région ont refusé d’embaucher les grévistes, en guise de solidarité avec l’homme d’affaires. «Il ne s’agit pas d’un épisode particulièrement glorieux dans l’histoire de Lise Lapointe reconnaît qu’elle ne peut réécrire l’histoire. Elle croit toutefois que «ce conflit-là aurait pu être évité». «Tout d’abord, il aurait été préférable que le gouvernement du Québec ne vende pas à Raymond Malenfant, surtout au montant qu’il lui a vendu le Manoir (555 555,55$). À ce prix-là, il aurait sans doute pu trouver un autre acheteur», analyse-t-elle après coup. Elle déplore que le gouvernement n’ait pas réagi avec vigueur pour mettre un terme à l’affrontement «qu’avait provoqué le nouveau propriétaire en fermant la porte à ses employés». «Je persiste à dire que Québec pouvait faire quelque chose pour mettre fin au conflit Indifférence notre région», concède Lise Lapointe. Elle ajoute que ce conflit a laissé des cicatrices profondes, même si la paix est revenue au Manoir après la faillite de Raymond Malenfant, en 1993, et la vente de l’hôtel à des investisseurs privés. L’hôtel de renom a été repris par la chaîne hôtelière Fairmount. Lise Lapointe est catégorique: des affrontements de la sorte qui prennent des allures de batailles de ruelle «sont malsains» et risquent de miner le climat des relations de travail au Québec pour les années à venir. «On ne devrait jamais renier la contribution de travailleurs qui ont consacré une partie de leur vie à faire prospérer une entreprise. C’était vrai en 1986 lors du conflit au Manoir Richelieu. Ce l’est tout autant en 2010 quand des conflits pourrissent et qu’on ne lève pas le petit doigt pour les régler.» À lire aussi sur RueFrontenac.com Gérald Larose se souvient Chronique Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 La frénésie du papier Affaires 21 jean-phiLippe décarie [email protected] Certains prétendent que la meilleure façon de faire face à l’adversité, c’est de l’affronter directement, sans ménagement, avec l’inaltérable conviction du vainqueur. D’autres, plus proches des enseignements du judo, vous diront qu’il faut apprendre à rouler avec les coups de l’adversaire, à utiliser à son avantage la vélocité de ses attaques. Le lancement aujourd’hui de la version papier de Rue Frontenac synthétise un peu les points de vue de ces deux écoles de pensée en se voulant une réponse tout autant imaginative qu’énergique à la «crise des médias traditionnels». Ce n’est pas un hasard si la sortie en format papier d’une édition hebdomadaire de Rue Frontenac coïncide avec la publication de données – somme toute encourageantes – sur les tirages des grands quotidiens nord-américains. Selon les données colligées par l’Audit Bureau of Circulations, rendues publiques lundi, le tirage de 635 grands journaux américains a reculé de 5% durant le semestre clos le 31 septembre contre une chute de 8,7% pour le semestre précédent. La crise de la presse écrite n’est peut-être pas encore enrayée mais elle donne enfin des signes d’essoufflement. Depuis son lancement le 28 janvier 2009, le site Internet d’information RueFrontenac.com enregistre des augmentations mensuelles de son lectorat de façon régulière et systématique, et ce, même durant les mois d’été qui sont traditionnellement moins achalandés. Demande répétée Les journaux écrits demeurent le véhicule privilégié des consommateurs photo d’aRchives olivieR Jean d’information et des annonceurs. Et il faut rappeler qu’on parle ici de chiffres qui traduisent la réalité d’un pays qui ne s’est pas encore relevé de la plus grave crise économique des 50 dernières années et qui maintient le pire taux de chômage (9,6%) des 60 dernières années. Si le déclin du nombre de copies vendues par journal représente pour toutes les entreprises de presse une préoccupation majeure qui témoigne d’un changement certain dans la façon dont les citoyens ordinaires s’informent de nos jours, il n’en reste pas moins que les journaux écrits demeurent le véhicule privilégié des consommateurs d’information et des annonceurs qui cherchent à rejoindre la plus large clientèle possible. L’ASSOCIATION DES POMPIERS DE MONTRÉAL TIENT À SOULIGNER LE COURAGE ET LA DÉTERMINATION DES ARTISANS DE RUE FRONTENAC En dépit de ce succès d’estime surprenant de Rue Frontenac – succès hautement gratifiant pour ses artisans qui le produisent quotidiennement dans des conditions difficiles –, il ne se passe pas un jour sans que l’un de nos 400 000 visiteurs uniques mensuels ne nous demande à quand le lancement d’une version papier de son site d’information préféré. De la même façon, toutes nos études de marché nous ont clairement démontré que la viabilité commerciale de Rue Frontenac n’est possible et atteignable que si elle est couplée à une édition papier où les annonceurs pourront y trouver leur compte. Quelle belle convergence! Tous ceux qui ont fait de Rue Frontenac le succès numérique que l’on connaît aujourd’hui sont, à la base, des noircisseurs de papier. Tout comme leurs lecteurs et leurs annonceurs, ils renouent aujourd’hui avec cette fascinante frénésie du papier. 22 Affaires Chronique Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Essence : faut-il fixer des prix plancher et plafond? michEl van dE wallE [email protected] Il n’y a rien de plus enrageant, un beau matin, que de constater que le prix de l’essence à la pompe a bondi de près de 15 cents. Et ce l’est d’autant plus quand on sait que celui du pétrole brut sur les marchés internationaux a peu varié au cours des jours précédents et qu’aucun ouragan, tel Katrina, ne vient de dévaster les côtes du golfe du Mexique. Ce scénario, nous venons de le vivre, alors que le prix d’un litre d’ordinaire est brutalement passé de 1,04 à 1,18 $ récemment. Depuis, il a reculé de quelques cents mais c’est drôle, il diminue toujours plus lentement qu’il ne grimpe. La semaine précédant ce soudain bond, l’Association québécoise des indépendants du pétrole (AQUIP) avait publié un sondage Léger Marketing indiquant que 88% des Québécois sont favorables à une réglementation qui empêcherait ces hausses folles et soudaines. L’organisme, qui représente les propriétaires indépendants de 1550 stations-service au Québec (la moitié environ), profitait de l’occasion pour relancer sa proposition de législation visant à instaurer un régime de prix plancher et plafond pour l’essence. La suggestion de l’AQUIP a reçu l’appui immédiat de l’Union des consommateurs. Mais elle fut tout aussitôt dénoncée par le CAA-Québec. Marge de profit Si les prix bondissent aussi soudainement, c’est souvent parce que les détaillants rognent de plus en plus sur leur marge de profit et veulent se reprendre. La Régie de l’énergie du Québec estime chaque semaine ce que devrait être le prix minimal pour chaque région. Et il arrive régulièrement que le prix pratiqué à la pompe se trouve en-deçà de ce qui est estimé par la Régie. Cela signifie donc que quelqu’un mange ses bas et, immanquablement, on assiste à une augmentation brutale des prix. Pour éviter ce jeu de yo-yo, l’AQUIP propose donc que soit instauré un régime de prix minimal et maximal. Ce prix serait fondé sur le prix payé à la rampe de chargement (là où les détaillants s’appro- C’est drôle, le prix de l’essence diminue toujours plus lentement qu’il ne grimpe. visionnent), auquel est ajouté le coût de transport puis une marge minimale de 3 cents à Montréal (4 cents à Québec et 5 cents en région). Le prix plafond serait 3 cents plus haut dans tous les cas. Il serait établi quotidiennement. Selon l’AQUIP, un tel système comporterait plusieurs avantages. Les automobilistes ne seraient plus frappés par des hausses point de vue, le CAA-Québec invoque les expériences menées dans les provinces maritimes qui ont réglementé les prix de l’essence. L’expérience des Maritimes n’est pas aussi concluante. Chacune d’elles a mis en place un système différent: certaines avaient seulement un prix plafond (Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et- Un peu de discipline ne ferait pas de tort brutales, il resterait une marge pour que les stations-service se fassent concurrence tandis que les détaillants, surtout les indépendants, ne seraient plus victimes de guerres de prix ruineuses qui finissent par les obliger à fermer leurs portes. Si le CAA-Québec s’oppose à un tel système, c’est qu’il estime qu’en fixant un prix plafond, les détaillants auront tendance à s’y coller. Cela limitera la concurrence et, en bout de ligne, les consommateurs paieront toujours plus cher. Pour soutenir son Labrador), alors que d’autres (NouvelleÉcosse et Île-du-Prince-Édouard) avaient un minimum et un maximum. En Nouvelle-Écosse, les prix n’étaient fixés qu’à la semaine. De plus, dans cette province, il n’y avait qu’une raffinerie, celle d’Imperial Oil (Esso), qui approvisionnait tout le monde. Les études qui ont été menées sur les effets des réglementations sont au mieux nuancées, au pis contradictoires. Au Québec, le marché est différent. À côté des raffineries appartenant aux grandes photo luc laFoRce pétrolières (Ultramar et Suncor), il y a aussi un groupe indépendant, Norcan, qui importe de l’essence par bateau. Cela fait en sorte, soutient l’AQUIP, qu’il y a davantage de concurrence ici. Les prix au litre (avant taxes et redevance verte) sont au Québec plus bas que partout ailleurs au Canada, selon la firme indépendante MJ Ervin. Le CAA-Québec soutient que la proposition de l’AQUIP garantirait des marges de profit de 6 cents aux détaillants, davantage que les 4,5 cents en moyenne qu’il a calculé à partir des données de la Régie de l’énergie. L’AQUIP rétorque que la marge à Toronto est de 7 cents actuellement, après qu’une dure guerre de prix a fait fermer de nombreuses stations et réduit la concurrence. Évidemment, l’AQUIP représente d’abord les intérêts de ses membres. Elle veut les maintenir en vie. Son jupon dépasse. Mais on ferait erreur en écartant sans plus de débat ses propositions. À moins d’être un partisan du libre marché tous azimuts, avec les excès que cela comporte comme on le constate régulièrement, un peu plus de discipline dans l’établissement des prix de l’essence ne ferait pas de tort. La FTQ SaLue LeS VraiS arTiSanS Du JournaL De MonTréaL En lock-out dEpuis lE 24 janviEr 2009 www.ftq.qc.ca Pub_FTQ_DemiePage_RueFrontenac_V2.indd 2 10/26/10 10:54 AM CCONVICTIONS COURAGE 24 Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Guy A. Lepage Culture LE DE SES «Je voudrais exprimer sur ce plateau ma solidarité envers les journalistes et employés du Journal de Montréal qui sont en lock-out.» Pascale Lévesque [email protected] Ce plateau, c’était la scène du gala Artis 2009. Le «Je», c’était Guy A. Lepage. Et vous… vous étiez à l’époque 1,8 million à écouter l’animateur-vedette de Radio-Canada, sacré alors favori du public, faire résonner ces mots devant les caméras de TVA. Faire un tel geste de solidarité, purement par principe, sur le terrain même du plus important événement médiatique de l’empire Quebecor est lourd de sens. Un geste symbolique que l’animateur-auteur-producteur-comédien (il se dit aussi concierge) n’a jamais renié. En fait, Guy A. Lepage est l’une des rares vedettes à n’avoir jamais accordé d’entrevue au Journal de Montréal depuis le déclenchement du conflit de travail qui nous accable encore aujourd’hui. Cette place dans ce numéro historique de Rue Frontenac papier, elle lui revient naturellement. «Si moi je ne le fais pas, qui va le faire?» se demande-t-il un an et demi plus tard à propos de sa décision de ne plus parler au tabloïd. Facile, diront certains, parce que d’entre tous, Guy A. Lepage est un rare privilégié à avoir les moyens de ses convictions. «Même si ça avait eu lieu il y a 25 ans, avec zéro cenne dans mes poches, j’aurais fait la même chose, et toute la gang des RBO aussi sans doute», précise-t-il, tout en comprenant que certains de ses pairs ne puissent pas se passer de la machine Quebecor. Un geste citoyen «J’ai toujours reçu Le Journal de Montréal, depuis mon premier appartement… La Presse aussi. Ça ne m’a pas fait plaisir de me désabonner, mais c’était un geste citoyen, comme celui de ne pas lui accorder d’entrevue», explique-t-il, racontant avoir déjà été outré de voir un homme sur un piquet de grève bien installé avec entre les mains une copie dudit quotidien en lock-out. Conviction, voilà l’un des mots-clés pour décrire l’homme, qu’on qualifie à tort de pape de la clique du Plateau Mont-Royal. Car s’il est une chose que Guy A. Lepage a apprise de son ami Pierre Bourgault, c’est d’utiliser au mieux sa tribune au bénéfice de ceux qui ont besoin de sa voix. Le Dr Julien et son œuvre, par exemple, ou encore le pianiste Alain Lefèvre et le réalisateur Simon-Olivier Fecteau, qui ont eu la chance de lui tomber dans l’œil et de jouir de son généreux coup de pouce. «Je ne veux pas abuser de cette tribune, je suis assez parcimonieux à ce sujet et quand je le fais, c’est réfléchi, clairement exprimé. Je préfère alors le mot ‘utiliser’ à ‘profiter’: j’utilise Tout le monde en parle en ce sens, pour véhiculer des choses qui m’inspirent, mais aussi des opinions que je ne partage pas», avance-t-il. Transmetteur d’idées C’est précisément ce qui l’allume encore après sept saisons de Tout le monde en parle. Cette chance d’abord, peut-être égoïste, de pouvoir s’ouvrir et s’intéresser à des sujets ou croyances qui lui étaient inconnus au départ et, ensuite, de se faire le transmetteur de ce brassage d’idées. Et de le faire selon «ses» règles de l’art, soit en donnant la parole aux gens qu’il estime les mieux outillés pour débattre. «Un crétin, pour moi, ce n’est pas quelqu’un qui pense différemment de moi, affirme-t-il. C’est quelqu’un qui ne sait pas articuler sa pensée… alors là, ça devient glissant: incapable de bien transmettre sa connaissance, on en vient à galvauder les faits et ça alimente les préjugés.» Toucher le public N’en déplaise à ses amis les artistes, c’est avant tout une invitée comme Jacqueline Lessard, cette force de la nature de 84 ans qui tient à bout de bras un orphelinat en Haïti, qui allume Guy A. dans son siège d’animateur. «Ça n’enlève rien aux qualités humaines des artistes qu’on reçoit mais, quand on peut toucher le public avec des histoire comme celle de Mme Lessard, avoir un réel impact, je me dis que suis content que mon équipe et moi puissions être les intermédiaires de ce message», souligne-t-il. Et c’est en faisant ainsi de la télévision citoyenne que Guy A. Lepage réitère sa volonté d’utiliser ses tribunes au service de la solidarité. «J’adore mon travail parce que je peux faire tout ce que je veux. Animer pour animer? Autre chose que Tout le monde en parle? J’ai l’impression qu’une fois que j’y aurai mis le point, je ne reviendrai pas, confie-t-il. Il n’y a pas de sparkle pour moi dans le monde artistique.» Manifestement, faire de la télé pour faire de la télé, pas pour Guy A. Grand bien nous fasse. comment un passage à Tout le monde en parle, un souper et deux savants fous du jeu vidéo ont donné naissance à un film policier dans les rues de Montréal? 4La réponse sur RueFrontenac.com dès samedi. Culture 25 Photo PAscAL RAtthé Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 26 Culture Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 GAMIQ ou ADISQ: la guerre des clans Ça change pas le monde Rue Frontenac a demandé à quelques-uns des artistes visés par les nouveaux critères d’admissibilité du GAMIQ (Gala de l’alternative musicale indépendante du Québec), ou qui le seront dans un avenir rapproché, quels peuvent être les impacts d’une telle mesure et si le fait d’être présent à l’ADISQ (Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacles et de la vidéo) rend moins alternatif. Pour les principaux intéressés, leur carrière ne se portera pas moins bien sans le GAMIQ, tandis qu’elle ne se portera pas nécessairement mieux avec un Félix en poche! Philippe Renault et Philippe Rezzonico 1 Question : Est-ce que la décision du GAMIQ d’écarter les artistes bénéficiant d’une visibilité dans les médias commerciaux, grands réseaux, ainsi qu’au gala de l’ADISQ pourrait avoir un effet néfaste pour ceux-ci? 2 Question : L’obtention d’un Félix au gala de l’ADISQ est-elle garante d’une carrière commerciale pour les artistes et ces derniers sontils soudainement moins alternatifs dans l’âme et la forme? Karkwa (Stéphane Bergeron) Question 1: Je trouve que ce n’est pas la bonne façon pour arriver à leur but, qui est de promouvoir les artistes qui manquent de visibilité dans les médias commerciaux. Ça laisse place à une zone grise trop grande. Si tu fais un gala avec comme vocation de promouvoir une musique X, tes critères doivent être uniquement artistiques. On va s’en remettre, mais on était aussi fiers de gagner un GAMIQ qu’un Félix. Question 2:Non, c’est sûr que ce n’est pas garant d’une carrière commerciale. Ça aide, mais ça ne change pas le monde. Et est-ce que l’artiste devient moins alternatif? Quand on fait un disque, il est soumis à l’ADISQ et nous n’avons plus le contrôle sur ce qui se passe. Le disque ne change pas même si on gagne un Félix. Yann Perreau Question 1 : Je trouve qu’il y a des problèmes pas mal plus profonds et sérieux présentement... GAMIQ pas GAMIQ, je continuerai mon combat à travers ma passion qui est d’écrire, composer et monter sur scène. Je souhaite aux autres d’en faire autant. C’est ça que le monde veut. Question 2: Gagner un Félix peut aider, mais ça ne garantit rien. Et sincèrement, pensez-vous qu’un Bernard Adamus deviendrait tout à coup moins alternatif s’il gagnait un Félix? Être populaire, gagner des prix, ça n’empêche pas de faire de la musique pour les bonnes raisons, au contraire. Être pauvre oui. Plus les artistes cool ou marginaux vivront de leur art, plus ils chieront de bonnes tounes. Tout le monde gagne à sortir de la misère. Bernard Adamus Question 1: Je pense que hors Montréal, personne ne sait ce qu’est le GAMIQ. Je ne sais pas à quel point les Vulgaires Machins se portent mieux s’ils l’emportent. Je comprends ce que le GAMIQ veut faire, mais si c’était survenu cette année pour moi, j’aurais trouvé ça un peu niaiseux, même si je suis en nomination à l’ADISQ. C’est vrai qu’on voit ma face dans les journaux depuis un an et que oui, je vis de la musique. Mais le travail que cela a représenté est assez démesuré. l’événement comme étant surtout une occasion de se rassembler entre artistes pauvres en se disant que la musique commerciale ce n’est pas bon. Question 2: Pas du tout. Ça peut certainement aider à court terme et il y a aussi des exceptions, mais règle générale, la durabilité d’un groupe ou d’un artiste solo et l’amour que les fans portent dépendent de beaucoup trop de facteurs pour limiter l’analyse à l’obtention du Félix. Quant à savoir si un artiste gagnant devient par le fait même moins alternatif, je demande: qu’est-ce qu’un artiste alternatif? Une démarche alternative n’a rien à voir avec le son d’un groupe ou une nomination au gala. La musique alternative, ça n’existe pas. Vulgaires Machins n’est pas un groupe alternatif non plus. Question 2: Ça dépend vraiment de ce que Radio Radio (Gabriel) Question 1: C’est sûr que si tu es populaire, la personne voulait faire au début. Il existe peu d’exemples, mais il y a moyen de faire de la pop d’excellente qualité, comme Jean Leloup qui l’a fait un paquet de fois. Je ne pense pas qu’il y a quoi que ce soit de garanti, mais c’est sûr que c’est une grosse porte d’entrée. tu n’es pas éligible au GAMIQ, mais tu l’es à l’ADISQ. C’est l’un ou l’autre. Si le GAMIQ veut se brander dans son créneau alternatif et veut donner une visibilité accrue à des artistes de la relève, c’est une bonne chose, mais ça peut être frustrant pour les artistes qui sont en transition. Vulgaires Machins (Guillaume Beauregard) Question 1: Je n’ai jamais vu concrètement Question 2: Non. Je ne pense pas que les artistes sont moins alternatifs. Ça, c’est des arguments liés aux catégories. De nos jours, tu as des artistes indépendants qui vendent plus de disques que des artistes qui sont sous contrat avec de gros labels. Les Félix, ce n’est absolument pas une garantie d’avoir une carrière. à quoi servait gagner un trophée au GAMIQ. Les médias de masse ne s’y intéressent pas vraiment. Le milieu plus underground connaît souvent déjà très bien les artistes nommés, gagnants ou non. J’ai toujours vu Culture Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Quebecor a perdu sur toute la ligne L’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ) va monopoliser l’attention au cours des prochains jours avec la tenue de L’Autre Gala (1er novembre, MusiquePlus et Musimax) et du gala de l’ADISQ (7 novembre, RadioCanada). Rien de nouveau sous le ciel d’automne, mais nombre d’interrogations existentielles et de menaces planaient sur l’association l’an dernier, relativement à sa représentation auprès des membres qu’elle dessert. Retour en arrière. En mai 2009, messieurs Pierre Marchand et Serge Sasseville, de Distribution Sélect et Archambault, qui représentent Musicor, propriété de Quebecor Media, quittent le conseil d’administration de l’ADISQ en raison de divergences de vues, notamment celles touchant au numérique. Être membre en règle Ce retrait du c.a. risquait toutefois de coûter les candidatures d’artistes liés à Musicor en vue du gala 2010. Pour inscrire des «produits» (CD, DVD, artistes eux-mêmes), il faut être membre en règle. Qui plus est, Pierre Marchand avait déclaré que la création d’un gala parallèle de Quebecor qui aurait mis en vedette les artistes de l’étiquette Musicor était chose du possible.Menace réelle ou tentative d’intimidation? On l’ignorait et on l’ignore encore. Mais la perspective de la mise en place d’un gala «Quebecor» aurait été désastreuse pour la légitimité de l’ADISQ. Cette année, sans tambour ni trompette, l’ADISQ a modifié sa réglementation afin de permettre aux non-membres de s’inscrire au gala 2010. Vu de l’extérieur, il y avait deux perceptions: certains observateurs estimaient que l’association cédait au coup de force de ses anciens partenaires, d’autres pensaient plutôt qu’elle amenuisait le danger de la création d’un gala parallèle. À quelques jours des célébrations du plus important gala touchant la musique québécoise, force est d’admettre que l’ADISQ a mieux joué ses cartes. Contrairement aux membres, les nonmembres doivent débourser des frais pour inscrire leurs poulains au gala. Un membership annuel de l’ADISQ coûte 1320$ aux membres, mais il en coûte la même somme pour les frais de base de recensement des produits des non-membres. Surplus Avec plus d’une dizaine de produits Musicor inscrits cette année, cela veut dire que quelqu’un – Musicor, en toute logique - a dû débourser cette somme pour inscrire les siens. De plus, l’inscription à l’unité des produits est de 85$ pour les membres et de 170$ pour les non-membres. Vous me voyez venir ? L’ADISQ, un organisme sans but lucratif dont une partie de son fonctionnement est tributaire des cotisations de ses membres, a dégagé un microscopique surplus avec les inscriptions des produits des non-membres. Le public, lui, y gagne, puisque plusieurs de ses artistes préférés seront de l’événement et remporteront vraisemblablement plusieurs statuettes, tant dans des catégories de vote où le poids des ventes de disques est imposant que dans des catégories de vote public. Jamais les dirigeants de l’ADISQ ne l’admettront publiquement, mais ils doivent bien rigoler ces temps-ci. Voyez un peu ça… Cotisations inchangées dans l’absolu, la menace d’un gala concurrent écartée, le public qui voit ses favoris au rendez-vous et plus de tiraillements internes avec les représentants de Musicor qui ont déserté son c.a. Dans ce bras de fer face à l’ADISQ initié par elle-même, Quebecor a perdu sur toute la ligne. Un billet de Phillipe Rezzonico 27 28 Culture Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Le Devoir sous pression Quebecor retire ses publicités Quebecor a retiré pratiquement toutes ses publicités du journal Le Devoir, a appris Rue Frontenac. Un geste qui coïncide avec la publication de chroniques particulièrement virulentes à l’endroit de Pierre Karl Péladeau dans les pages du seul quotidien indépendant au Québec. David Patry [email protected] Selon nos sources, les filiales de Quebecor, dont les maisons d’édition Libre Expression, Stanké, etc., ont retiré leurs publicités du Devoir au mois de février. L’entreprise dirigée par Pierre Karl Péladeau constituait un des plus gros annonceurs du quotidien, notamment par le biais de ses maisons d’édition. D’après ce que Rue Frontenac a appris, le retrait de ces publicités signifie une perte de revenus de 300 000$ à 400 000$ annuellement. Quelques jours avant ce retrait massif, Le Devoir avait publié une chronique particulièrement virulente à l’endroit de Pierre Karl Péladeau, sous la plume de Michel David. Intitulé Le dinosaure, le texte comparait le président et chef de la direction de Quebecor à Raymond Malenfant, un antisyndicaliste primaire ayant sévi dans les années 1980. Le chroniqueur y qualifiait notamment Pierre Karl Péladeau de «matamore». Cette chronique s’ajoutait à d’autres, aussi critiques, signées notamment par Gil Courtemanche. Dans la salle de rédaction du journal, le geste de Quebecor est largement perçu comme une réprimande vis-à-vis du contenu rédactionnel. Plusieurs journalistes y voient un lien direct de cause à effet. «Même un cadre nous a affirmé qu’il s’agissait d’une mesure de représailles», a affirmé un journaliste sous le couvert de l’anonymat. De son côté, le directeur du Devoir, Bernard Descoteaux, ne va pas jusque-là: «S’il y J-KYLL DE MUZION PRÉSENTE SON PREMIER ALBUM SOLO JENNYSALGADO.COM a un rapport, ils (Quebecor) ne l’ont jamais mentionné», affirme-t-il. D’autres entreprises ont cessé d’annoncer dans la publication ces dernières années, précise-t-il. Le retrait de Quebecor fait surtout mal aux pages culturelles du quotidien, qui publie un cahier réservé aux livres chaque semaine. «D’une semaine à l’autre, le nombre de pages varie. Et plus il y a de publicités, plus il y a de pages. C’est comme ça dans n’importe quel journal», affirme le directeur des pages culturelles, Jean-François Nadeau. Celui-ci assure néanmoins que la publication du cahier Livre n’est pas en danger. Des liens étroits Le quotidien fondé par Henri Bourassa entretient des liens étroits avec Quebecor. C’est l’entreprise de Pierre Karl Péladeau qui imprime le quotidien à Imprimeries Mirabel, sur les mêmes presses que Le Journal de Montréal. C’est aussi une filiale de Quebecor, Messageries Dyna- miques, qui en assure la distribution. Le fondateur de Quebecor, Pierre Péladeau, a d’ailleurs joué un important rôle dans la survie de la publication, au début des années 1990. Quebecor était également commanditaire de l’année du centenaire du journal. «On est en relation commerciale importante avec Quebecor», reconnaît Bernard Descoteaux. Indépendants malgré tout Malgré cette pression économique de Quebecor, les journalistes conserveraient toute la latitude nécessaire pour faire leur travail, notamment lorsqu’ils doivent traiter des nouvelles concernant l’empire ou le lock-out au Journal de Montréal. «Il n’y a eu aucune pression de la direction pour faire modifier nos textes», indique le président du Syndicat de la rédaction du journal Le Devoir, Alec Castonguay. Le porte-parole de Quebecor ne nous a pas rappelé. EN SPECTACLE AU COUP DE CŒUR FRANCOPHONE 8 NOVEMBRE 21H / AU LION D’OR (1676 ONTARIO EST) PAULCARGNELLO.COM .......................................................................................... ALBUMS DISPONIBLES MAINTENANT // EN VENTE À 9,99 $ SUR BOUTIQUE .COM Cinéma Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 29 Culture 10 1/2, un autre coup de poing signé Podz Le réalisateur Daniel Grou, alias Podz, aime braquer sa caméra sur des personnages tourmentés condamnés à affronter leurs démons pour se libérer de leur souffrance intérieure. Maxime Demers [email protected] C’était un bouncer au passé trouble habité par une grande rage intérieure dans Minuit, le soir. Un médecin qui vengeait sa fille en kidnappant et en torturant son meurtrier dans Les 7 Jours du Talion. Et maintenant, dans 10½, c’est un enfant de 10 ans révolté et agressif qui ne parvient pas à s’exprimer autrement que par la violence. Drame social poignant campé en grande partie entre les murs d’un centre jeunesse, 10½, suit la relation entre un garçon de 10 ans au caractère violent (Robert Naylor) et son éducateur qui tente difficilement de venir en aide à ce cas jugé irrécupérable (Claude Legault). Le long métrage a été scénarisé par Claude Lalonde (un des deux auteurs des 3 P’tits Cochons) à partir de sa propre expérience comme intervenant auprès d’enfants à problèmes. Le film évite de porter un jugement sur les personnages ou d’imposer une opinion ou un message social, laissant plutôt le spectateur tirer ses propres réflexions sur cette dure et triste réalité dont on ne parle pas assez souvent. Par souci d’authenticité, Podz a opté pour une mise en scène crue et directe, sans artifices ni effets de style ni même de musique (comme c’était aussi le cas dans Les 7 Jours du Talion). 10½ est un film coup de poing qui frappe fort, et dont on ne se remet pas facilement. Comme toujours quand il est dirigé par Podz (voir Minuit, le soir et Les 7 Jours du Talion), Claude Legault est ici au sommet de son art, livrant une interprétation juste, tout en retenue. À ses côtés, le jeune prodige Robert Naylor est tout simplement exceptionnel dans un rôle très exigeant physiquement et émotionnellement. Tout au long du film, il hurle, se bat et brise tout sur son passage, mais il parvient quand même à rendre attachant cet enfant enragé. Podz Photo chaNtaL PoiRieR 101/2 Lire nos entrevues avec Podz et le jeune Robert Naylor sur RueFrontenac.com 4/5 Saluons la ténacité, la détermination et la persévérance de tous ceux qui se battent pour que leur travail soit reconnu à sa juste valeur. Depuis bientôt 75 ans, l’UDA a été de toutes les luttes pour que le talent des artistes s’inscrive dignement dans notre culture. La culture est une force Union des artistes uda.ca 30 Culture Cinéma Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 L’envie de jouer D’abord humoriste, puis auteur, Louis Morissette se sent de plus en plus à l’aise dans son rôle d’acteur Le cinéma tend les bras à Louis Morissette : après avoir joué dans les comédies Romaine par moins 30 et Cabotins, l’ancien Mec comique et auteur de la série C.A. mord dans un premier rôle dramatique dans Reste avec moi, nouveau film de Robert Ménard. Maxime Demers [email protected] Louis Morissette est devenu acteur un peu par obligation, en s’accordant des rôles dans les séries qu’il a écrites. D’abord dans 3 X Rien, aux côtés de ses anciens complices des Mecs comiques, Alex Perron et Jean-François Baril. Puis dans C.A., son excellente série diffusée sur les ondes de Radio-Canada pendant quatre saisons. C’est surtout dans cette comédie dramatique, dans laquelle il se glissait dans la peau d’un trentenaire qui a une peur bleue de l’engagement, qu’il a prouvé son réel talent d’acteur. «Pendant longtemps, je ne me considérais pas nécessairement comme un acteur, admet Morissette en entrevue avec Rue Frontenac. Je me voyais plutôt comme un humoriste qui est aussi auteur et qui joue dans ses propres séries. «Puis, à un moment donné, j’ai eu envie de jouer dans les projets des autres, pour voir si j’étais capable d’être un acteur au sens large. J’ai commencé à décrocher des rôles et j’ai aimé ça. J’ai aimé être confronté à la dynamique et aux textes d’autres auteurs. Ça fait du bien aussi d’être sur un plateau et de se concentrer uniquement sur son jeu, sans se soucier du texte, des horaires ou d’autres dé tails de production.» L’amour mis à l’épreuve Dans Reste avec moi, un film choral de Robert Ménard (L’Enfant d’eau, T’es belle Jeanne, Cruising Bar) qui suit en parallèle cinq histoires d’amour ou d’amitié mis à l’épreuve par une série de drames, Louis Morissette campe un jeune professionnel qui a tout pour lui : un bon job payant, un appartement de rêve et une belle blonde (Maxim Roy) qu’il aime éperdument et qui vient, à leur grand plaisir, de tomber enceinte. La stabilité de leur couple sera toutefois brisée le jour où ils apprendront qu’il y a de forts risques qu’ils donnent naissance à un enfant trisomique. Morissette avait plusieurs raisons, très personnelles, de s’identifier à ce personnage. «Il y a une chose qui m’a vraiment touché au premier degré : je tournais Reste avec moi la même semaine où Véronique (Cloutier, sa conjointe) a accouché de notre troisième enfant. En plus, quand j’ai lu le scénario, Véro était enceinte. Ma sœur a la paralysie cérébrale de naissance, donc chaque fois qu’il y a eu une grossesse dans notre famille, j’ai toujours été très stressé et très inquiet. «C’est comme une loterie et tu ne veux pas tirer le mauvais numéro et avoir un enfant malade. En lisant le scénario, je pouvais donc facilement comprendre en tant que père et en tant que frère. Ma sœur n’a pas de problèmes mentaux, ce n’est que ses jambes, mais je comprenais la réflexion que mes parents pouvaient avoir à l’époque.» L’amour mis à l’épreuve La particularité de son personnage, c’est que lui, contrairement à sa conjointe, manifeste le souhait de garder le bébé malgré le haut risque de trisomie. Un geste à la fois de courage et de naïveté, selon lui. «Je ne suis pas sûr que je réagirais comme ça mais c’est vrai que c’est très courageux et un peu naïf en même temps. J’ai vécu avec une personne handicapée toute ma jeunesse. «Je ne pense pas que j’aurais la force de mon personnage dans le film. Un enfant malade, c’est LE plus gros stress pour un couple. Des ennuis financiers ou des problèmes dans la famille agrandie, c’est sûr que c’est aussi stressant. Mais un enfant malade, ça peut détruire bien des couples.». Reste avec moi prend l’affiche le 5 novembre. À Lire aussi sur RueFrontenac.com Louis Morissette a-t-il l’intention de parler du conflit au Journal de Montréal dans le prochain Bye Bye? 4Réponse sur RueFrontenac.com dès samedi. photo ANNIK Mh DE CARUFEL RUE FRONTENAC (PLEINE PAGE) 32 Culture Médias Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Silencieuse, la droite? Il y a des hasards qui semblent arrangés avec le gars des vues... Ainsi, cette chronique «Culture et médias» voit le jour quelques jours après la tenue du premier événement organisé par le Réseau Liberté Québec. Tenue à Québec, cette journée de conférences et de réseautage a attiré près de 500 personnes, selon nos espions. Qui nous disent également qu’un grand consortium médiatique était particulièrement présent. Même qu’on aurait pu croire qu’il était le commanditaire de cet événement de RLQ. C’est vrai que Ezra Levant, la nouvelle recrue de la chaîne Sun TV News, était l’un des conférenciers... Mais ce n’est pas parce que la triste figure de Pierre Karl Péladeau semble s’agiter en coulisses que ce soudain sursaut de la droite nous intéresse. C’est plutôt qu’il repose sur une affirmation que personne n’a contestée: la droite serait bâillonnée au Québec. Des idées essentielles Mené par Joanne Marcotte, cette ancienne conseillère de Mario Dumont qui avait fait couler beaucoup d’encre avec son pamphlet L’Illusion tranquille, Réseau Liberté Québec se veut un outil de diffusion pour les idées de droite. Pas de problème jusque-là: peu importe de quel côté du centre on se trouve, la diffusion des idées, de droite comme de gauche, est une condition essentielle à toute démocratie. Le problème, c’est quand Joanne Marcotte affirme que les idées de la droite ne trouvent pas suffisamment leur chemin vers le public. Silencieuse, la droite? Je la croise pourtant tous les jours dans les pages éditoriales de La Presse. Elle s’étale à pleines pages dans le journal qui m’employait il y a longtemps. Je l’entends toutes les fois que le clergé ouvre sa grande bouche aux gencives noircies de ses péchés. Je la vois toutes les fois que les riches, qui mènent le monde, montent sur une tribune ou que les puissants empêchent les faibles d’obtenir leur juste part du gâteau. Je l’entends toutes les fois que les riches de ce monde réclament la privatisation des profits et la socialisation des dépenses... Et ces dernières niaiseries, on les entend patrick gauthier [email protected] Ostracisée, la droite? Tiens! Monsieur le maire, qui sévit à V - devant un Gildor Roy plus médusé d’une fois à l’autre - , est un autre exemple que les idées de droite ne sont pas «ostracisées» comme le prétendait sans rire l’ineffable Michael Fortier sur les ondes de Radio-Canada il y a quelques semaines. Ostracisée? Ben voyons! Elle est partout! La justice est à droite. L’économie et les grandes banques sont à droite. Les gouvernements occidentaux sont à droite. Collés sur le centre, mais à droite tout de même. Et, pourtant, cette droite se prétend silencieuse ou, à tout le moins, dit avoir de la difficulté à faire entendre sa voix. Avant, les idées de droite, on se contentait de les imposer. Maintenant, il faut convaincre les citoyens de leur pertinence. beaucoup ces temps-ci... Remarquez que les paragraphes qui précèdent peuvent parfaitement se lire en remplaçant «droite» par «gauche», la droite ayant autant de tirant dans le paysage médiatique que la gauche. Car si la gent journalistique penche peut-être naturellement à gauche, les propriétaires des médias, eux, logent à la même enseigne que Stéphane Gendron. Est-ce un hasard si la création de ce «mouvement» survient en pleine tempête de copinage politique, de dénonciation de ces retours d’ascenseur qui, semble-t-il, rythment les actions de nos gouvernements depuis belle lurette. Comme si on n’avait pas encore terminé le grand ménage de la Révolution tranquille. C’est peut-être là qu’il faut trouver la réelle motivation du RLQ: chercher à combattre ce scepticisme ambiant qui fait en sorte qu’on ne croit plus les mensonges que nous servent nos «amis» les politiciens. Avant, les idées de droite, on se contentait de les imposer. Maintenant, il faut convaincre les citoyens, de mieux en mieux informés, de leur pertinence. La tâche s’annonce ardue, surtout s’il faut d’abord convaincre les journalistes. C’est peut-être pour ça que l’autre cherche tant à s’en débarrasser: la propagande ne tolère pas les interférences. Force Québec Le Réseau Liberté Québec n’est pas la seule créature de droite à avoir vu le jour ces derniers temps au Québec. On a aussi droit à Force Québec, sorte de régurgitation des lucides. Alors que RLQ se présente comme un «think tank», Force Québec semble avoir un peu plus d’ambitions. On écrit «semble» parce que les intentions de François Legault et sa bande sont encore assez nébuleuses. Mais eux aussi déplorent le silence qui entoure la droite. C’est du silence, ça, cette pleine page (deux textes) dans La Presse sur l’éventuelle naissance de ce nouveau parti politique de centre droite? Silence qui trouvait son écho le même jour (le vendredi 8 octobre) dans non pas un mais DEUX éditoriaux, signés par les deux plumes les plus costaudes du journal de Paul Desmarais. Bon, c’était d’intérêt public mais, parfois, il y a des silences qu’on préférerait ne pas entendre. Culture Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 33 Revenir de loin Au cœur des choix Marie Laberge attire l’œil avec son charisme, sa plume empreinte d’humanité et ce sourire qu’elle adresse à chacun de ses lecteurs fébriles, fidèles depuis Juillet, son premier roman. Claudia Larochelle [email protected] Celle qui fait paraître Revenir de loin, son dixième dans une carrière amorcée il y a 35 ans, ne change pas. Ses fans la retrouveront comme on rentre au bercail, avec hâte. Toujours. En même temps qu’elle poursuit pour une dernière année son aventure épistolaire avec Martha, à travers son nouveau roman, l’auteure scrute cette fois la psyché d’une héroïne qui ébranle, tant par sa profondeur que par sa recherche sans compromis de la vérité. Cette Yolande, 56 ans, ramènera ceux qui s’y attacheront au cœur même des choix qu’ils ont faits. Un chemin qui ne se parcourt pas sans heurts, mais indéniablement dans les frissons. Dame Laberge ne donne pas dans la tiédeur. «On est le résultat de nos déci- sions passées, nos choix on les porte. Des fois avec panache, et des fois on s’en passerait… Quand on se réveille d’un coma (comme son personnage), il y a un fossé entre la personne qui émerge, qui se sent être et celle qu’elle a été», estime l’auteure emportée de passion en parlant d’un sujet sur lequel elle s’est documentée pendant quatre ans, avec son habituelle rigueur. La constance de l’écrivaine «Même si on ne regarde pas la vérité en face, on la contient dans nos tripes. C’est une mise à jour que mon personnage est forcé de faire en ouvrant les yeux», poursuit une Marie Laberge qui ne veut pas briser le suspense. L’écrivaine s’avance donc avec prudence et constance. Dans ses propos par rapport à son roman, mais aussi dans l’écriture, fidèle à son processus de création. «L’important, c’est de descendre au fond de ce que j’ai à dire et je le fais toujours de la même façon, ça ne change pas. Et la surprise quand je frappe le fin fond sauvage de mon écriture est toujours la même et c’est bouleversant. La seule chose qui change est le doute, plus substantiel…» Marie Laberge ne veut pas passer par les mêmes chemins. Plus il y a de romans, plus les risques se multiplient. «Il y a plus de référents avec les années et on ne peut pas passer sa vie à se répéter. On sait bien qu’un écrivain n’a pas tellement d’obsessions, deux ou trois autour desquelles tourne l’œuvre. On ne peut pas se faire croire qu’on va se renouveler complètement. Je ne suis que moi.» Elle avec ses thèmes récurrents comme l’exigence amoureuse, le deuil, les relations mère-fille, la mémoire, l’importance de l’art, de la poésie surtout. «C’est un art suprême, ça couronne la littérature, c’est économe au point de vue de l’addition des mots, mais puissant dans ce que ça provoque à l’esprit.» Revenir de loin, Boréal. venez entendre Marie Laberge lire un extrait de son plus récent livre Revenir de loin sur RueFrontenac.com «Je ne suis que moi», nous confie Marie Laberge en entrevue. photo AlAin DécARie Je choisis Nathalie Labbé, psychologue CLSC St-Hubert 34 Détente Plaisirs de la table Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Toqué! à bon prix Le succès de la Brasserie T!, ouverte cet été dans le Quartier des spectacles par Normand Laprise et Christine Lamarche, leur a fait découvrir l’intérêt des Montréalais pour les dîners rapides mais bien mitonnés, à prix doux. D’où leur décision de rouvrir le Toqué! le midi. David Santerre [email protected] Normand Laprise démocratise le Toqué! avec des menus midi photo Annik Mh de CARuFel abordables. La rédaction de souhaite un beau succès au premier numéro hebdomadaire de Rue Frontenac. Tout en espérant la fin d’un conflit qui interpelle tous les journalistes. Le tandem Laprise et Lamarche rend ainsi possible pour les moins fortunés de s’offrir le Toqué! à bon prix. Évidemment, le menu du midi est un peu plus simple que celui du soir. Mais le savoirfaire de la brigade de cuistots dirigée par Laprise et, surtout, la qualité exemplaire des produits essentiellement québécois que le chef a le secret de dénicher demeurent les mêmes en tout temps. Tout y est fait maison, du petit biscuit qui accompagne le café au boudin. Bref, pour 25$ à 28$, vous pourrez déguster les midis au Toqué! une entrée, un plat et un café accompagné de mignardises maison. Pour chacune des quatre entrées et chacun des quatre plats au menu, on vous propose un vin, vendu au verre, qui s’y accorde bien. Le chef promet, en plus du menu, un plat du jour, comme son fameux boudin, qui sera disponible les vendredis. Comme entrées, vous aurez par exemple droit à un pâté de campagne maison aux abricots et pistaches. Comme plat principal, j’y ai dégusté une savoureuse et généreuse portion de joue de bœuf bourguignonne, dans une sauce aux lentilles. La viande doucement et longuement braisée fondait dans la bouche. Un délice. Comme les rigatonis aux champignons sauvages frais et parmesan, dans leur sauce à la crème. Simple mais savoureux car parfaitement exécuté. «On pourra servir les clients en 45 minutes ou une heure top chrono s’ils le veulent», promet le chef. Voilà donc votre chance de profiter de cette table peu accessible de Montréal sans vous ruiner, et sans rentrer en retard au bureau. Toqué! 900, place Jean-paul-Riopelle Montréal • 514 499-2084 www.restaurant-toque.com À lire aussi: www.ruefrontenac.com/ detente/trottemenus La bonne bouteille ScoTchmanS hill, Swan Bay, GeelonG, auSTralie 2008 Code SAQ: 10748434 Cépage: pinot noir 19,85$ pour consulter toutes les chroniques de la Bande des vins: www.ruefrontenac.com/ detente/vins pour suivre la Bande des vins sur twitter: www.twitter.com/ BandedesVins Le pinot noir Swan Bay 2008, de la région de Geelong tout au sud de l’Australie, à l’ouest de Melbourne, étonne. Contrairement à bien des pinots australiens, qui déçoivent souvent par leur manque d’équilibre, leurs saveurs trop confites et leur lourdeur, celui-ci regorge de parfums de sous-bois, de pétrole, de cerise au marasquin, d’humus et de grenadine. Ce vin élaboré en climat frais et océanique s’est dignement repris lorsque nous l’avons dégusté. Remarquable équilibre entre une belle minéralité, de la fraîcheur, des tanins soyeux et de beaux fruits rouges bien frais. Une teneur en alcool élevée, 14,5%, qui passe pourtant inaperçue. Il accompagnera à merveille des plats de viandes braisées tels le veau, le filet de porc ou la volaille. Certainement un des beaux pinots noirs disponibles en SAQ sous les 20$. David Santerre alphabétiques Détente Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 LES JEux Mots croisés prochaine pour la solution. Pour les sportifs du cerveau Par Frédérique Tiéfry HORIZONTALEMENT VERTICALEMENT 1 – Le petit David contre le gros Goliath. 2 – Avoir un souffle - Poste de ravitaillement. 3 – Il se cogne à la santé - Il fait rire jaune. 4 – Elle est à l’écoute - Délimitation. 5 – Se renseigner - Elle nous fait la peau. 6 – Article - Sortant le venin - Il s’abstient. 7 – Possessif - Interjection - Détérioré. 8 – C’est sur un comble qu’ils s’appuient - Planchette. 9 – Fit montre de témérité - On lui est attaché. 10 – Numéro d’identité - «Bien élevées», dirait le macho… 11 – Troublent. 12 – Pulvérisés - Nid de logo. 1 – Elle vise un changement pressant. 2 – De la même eau - Elle fait dire «quelle famille!». 3 – Être sans itinéraire - Début de la coagulation (plur.). 4 – Propices à la grasse matinée Négation. 5 – Article pour gaspacho - Maries. 6 – Conjonction - Elle fait dépenser sans acheter. 7 – Inscrira - Partouze de viande et de légumes. 8 – Étouffa - Il saute aux yeux! Consonne double. 9 – Dont on a vite joint les bords - Nourri. 10 – Salpêtre - Ils réchauffent. 11 – Dans le vent - Comme du pastis. 12 – Ferais naître - Abréviation religieuse. Sudoku lettres Rendezvous la semaine 35 Rendezvous la semaine prochaine pour la solution. Mot mystère Solution: 17 lettres LE CANAdIEN dE MONTRéAL BOB GAINEY GuY LAPOINTE CAREY PRICE hALAK NILAN PATRICE BRISEBOIS KEN DRYDEN PATRICK ROY LuC STEVE ShuTT GILLES LuPIEN MARIO TREMBLAY TOE BLAKE GuY CARBONNEAu MAuRICE RIChARD GuY LAFLEuR MIKE DON RÉJEAN LARRY ROBINSON hOuLE SAKu KOIVu LÉON DOuG hARVEY GASTON GINGRAS LA SOLuTION LA SEMAINE PROChAINE. RuE FRONTENAC www.ruefrontenac.com 4603, rue d’Iberville Montréal (Québec) h2h 2L9 Tél. : 514 524-5001 Adresse courriel : [email protected] Copies imprimées : 75 000 exemplaires Coordonnateur général : Richard Bousquet RédACTION Coordonnateur adjoint : Jean-Philippe Décarie Coordonnateur nouvelles : Jean-Philippe Pineault Journalistes aux nouvelles : Mathieu Boivin, Yves Chartrand, Jean-François Codère, Gabrielle Duchaine, Valérie Dufour, Marco Fortier, Louis M. Gagné, Vincent Larouche, Jessica Nadeau, David Patry, Charles Poulin, Daniel Renaud, David Santerre, Marilou Séguin Journalistes aux affaires : Alain Bisson, Yvon Laprade, Michel Van de Walle Coordonnateur culture : Philippe Rezzonico Journalistes à la culture : Maxime Demers, Agnès Gaudet, Patrick Gauthier, Claudia Larochelle, Pascale Lévesque, Philippe Meilleur, Philippe Renault, Philippe Rezzonico, Jean-Paul Sylvain Coordonnateur sports : Jean-Guy Fugère Journalistes aux sports : Jonathan Bernier, Mario Brisebois, Daniel Cloutier, Bernard Cyr, Marc de Foy, Léandre Drolet, Pierre Durocher, François Foisy, Marc Lachapelle, Martin Leclerc, André Rousseau, Martin Smith, Serge Touchette, Serge Vleminckx Statisticiens : Robert Amiot, Éric D’Argenzio, Annie Lachapelle, Pierre Vanier Caricaturiste : Marc Beaudet Conception des jeux : Frédérique Tiéfry Coordonnateurs de la photo : Alain Décarie et Olivier Jean Photographes : hugo-Sébastien Aubert, Rogerio Barbosa, Martin Bouffard , Annik Mh de Carufel, Luc Laforce, Benoit Pelosse, Chantal Poirier, Pascal Ratthé, Yvan Tremblay Chefs de pupitre : Pierre Baraby, Richard Bousquet, Louis Butcher, Daniel David, Guy Des Rochers, Pascal Filotto, Jean-Guy Fugère, Patrick Gauthier, Maude Goyer, Mario Leclerc , Réal Marchessault, François Robert, Michel Rousseau, Louis Senay Réviseurs : Thérèse Béliveau, Michael Flookes, Martin Labrosse, Guy Légaré, Frédérique Tiéfry, Marie Tousignant Coordonnateur de l’infographie : Frédéric Gagné Infographistes : Pierre Boisvert, Suzanne Breton, Manon Charette, Martin Desrosiers, Bruno Dubois, Yves hamelin, Patrice Lussier, Benoit Mineau, Martin Richard, Pascal Rinfret, Michel Senécal, Maquette : Céline Leduc, Christiane Piette PROMOTION Nathalie huard, Johanne Robichaud dISTRIbuTION En présentoirs : Diffumag demandes spéciales : [email protected] PubLICITé 514 524-2484 Adresse courriel : [email protected] Coordonnateur : Jean-François Lacerte Représentants : Lise Bachand, Éric D’Argenzio, Johanne Demers, François Lavoie, Linda L’Italien, Martin Pelletier, Marjolaine Roy, Graphistes : Daniel Bossis, Carole Bouchard, Patrice Lussier, Jean-François Ouimet COMPTAbILITé Diane Dupont, Manon Lamothe, Lise Perron IMPRIMERIE Hebdo-Litho 8695, rue du Creusot Saint-Léonard (Québec) h1P 2A8 Tél. : 514 955-5959 dépôt légal : Bibliothèque et archives nationales du Québec, 2010 dépôt légal : Bibliothèque et archives Canada, 2010 Le journal a été produit par les employés en lock-out du Journal de Montréal avec la participation financière de la Caisse d’économie solidaire desjardins, qui contribue à bâtir un Québec plus juste dans la perspective d’un développement durable (www.caissesolidaire.coop). Toute reproduction, en totalité ou en partie, des textes, photos ou publicités de Rue Frontenac est strictement interdite sans l’autorisation écrite de la direction. Les opinions émises dans cette publication par les chroniqueurs et journalistes ne reflètent pas nécessairement celles de la direction. 36 S Sports François Foisy [email protected] Oui, on est encore loin du soccer et de ses 200 000 adeptes. Néanmoins, en fait de croissance, le football constitue l’une des plus belles histoires des dernières années chez les jeunes d’ici. «C’est au Québec que l’augmentation de popularité est la plus importante, tranche Rick Sowieta, de Football Canada. Et audelà du nombre, la qualité des joueurs qui en provient est sensationnelle.» Seulement dans le milieu scolaire québécois, du secondaire à l’université, on est passé de 104 équipes, en 1996, à 306 l’an dernier, pour un total de 16 000 étudiants qui portent les couleurs de leur institution. «On a vu une augmentation marquée après l’arrivée du Rouge et Or de l’Université Laval, en 1995», souligne Mylène Vézina, de la Fédération québécoise du sport étudiant. La région de Québec est d’ailleurs celle qui a été le plus Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 LE FOOTBALL EN De Sherbrooke à Chibougamau, de Repentigny à la Baie-des-Chaleurs, ils sont maintenant près de 30 000 jeunes Québécois à enfiler casque et épaulettes chaque fin de semaine pour jouer au football, un sport pratiquement réservé aux anglophones il n’y a pas si longtemps. Et la tendance ne semble pas près de changer. Meffe. Entre autres, il y a eu le retour des Alouettes, mais encore davantage l’arrivée du président Larry Smith. Il est allé rejoindre les jeunes dans les écoles. Il a mis l’accent sur le fait que le football est un sport communautaire directement lié à l’école, et qui aide les jeunes à se développer. Toute la question de la lutte au décrochage scolaire: Larry est tombé pile avec ça.» L’expérience d’Hochelaga-Maisonneuve Parlez-en à Pierre Robinette, directeur du nouveau programme de football et entraîneur en chef de l’équipe juvénile de l’École secondaire Édouard-Montpetit, dans l’est de Montréal. Après une dizaine d’années d’existence, le programme civil des Archers d’HochelagaMaisonneuve a été transféré du côté scolaire cette année et, selon M. Robinette, les résultats ne se sont pas fait attendre. «L’impact est très significatif, assure celui qui Un success story qui peut servir d’outil pour contrer le décrochage scolaire envahie par ce regain de popularité depuis le milieu des années 1990. Mais qui donc, à cette époque où les Alouettes revenaient à Montréal dans l’indifférence la plus totale, aurait pu prévoir pareille explosion? «Quand je suis entré en poste, en 1992, l’état du football québécois était pathétique, se souvient Jean-Charles Meffe, directeur général de Football Québec. On n’avait pas remporté de championnat canadien depuis les années 1950. Une équipe québécoise, celle de l’Université McGill, avait bien gagné la coupe Vanier, en 1986, mais avec une majorité de joueurs provenant des autres provinces.» Puis survint l’explosion. «C’est un success story dont les causes sont multiples, explique Jean-Charles est aussi président de Football Québec depuis 2007 et est impliqué dans le football depuis 25 ans. J’ai des jeunes ici qui, l’an passé à pareille date, comptaient déjà un grand nombre d’absences non motivées. Ça fait à peine deux mois que l’école est commencée et j’ai déjà hâte de voir les prochains chiffres au chapitre de l’absentéisme. Ces jeuneslà font maintenant des efforts parce qu’ils savent que pour continuer à jouer au foot, ils doivent étudier et réussir. «Au fil des ans, nous avons vu passer plusieurs excellents athlètes avec les Archers, poursuit M. Robinette. Mais lorsqu’on regardait leur performance scolaire, on remarquait d’importants retards. Le gars pouvait avoir 17 ans et être en secondaire II ou III. Alors, quand l’école nous a approchés, on n’a pas hésité.» D’autant plus que le football exerce un attrait chez la clientèle par excellence pour le décrochage scolaire: les gars. «Celui qui saute sur un terrain de football est un gladiateur, quelqu’un qui s’en va au combat, précise Pierre Robinette. C’est un sport où tu ne peux pas tricher. Tu vas te faire cogner ou tu vas cogner quelqu’un. Et on le sait, dans la société d’aujourd’hui, si tu oses juste dire un mot qui pourrait ressembler à de la violence, on t’accole une étiquette. «Avec le football, poursuit-il, les gars peuvent fouler le terrain et canaliser cette agressivité-là, d’autant plus que c’est un sport très réglementé.» Diversité M. Robinette voit aussi un côté très rassembleur au football. «Imaginez une classe de 30 jeunes, explique-t-il. Eh bien, le petit gros qui n’est pas très vite dans le cours d’éducation physique peut très bien être le meilleur joueur de ligne offensive de l’équipe de football. Et le petit maigre qui pèse 100 livres mouillé en est probablement le meilleur receveur de passes. Peu importe le physique et les aptitudes, tout le monde peut jouer. Or, vous allez rarement voir un gars de 6 pieds 5 pouces et 310 livres réussir à suivre les autres au soccer. «Cette diversité-là offerte par le football permet aux jeunes de faire du sport et de s’accomplir là-dedans.» Ce que Jean-Charles Meffe appelle la «contamination» fait le reste: un jeune qui aime le football en parle à ses amis, un parent qui constate les bienfaits de l’activité convainc un autre parent plus craintif, et voilà, ça donne une augmentation du nombre de joueurs d’environ 10% chaque année. «Le plus gros coup que nous avons réussi, c’est de s’approprier une discipline qui n’était pas la nôtre, affirme M. Meffe. Aujourd’hui, rares sont les jeunes qui n’ont pas l’occasion de jouer au football dans leur réseau scolaire ou encore au civil. L’offre est là.» Secteurs civil et scolaire confondus, le Québec comptait l’an dernier 528 équipes de divers niveaux, dont près de cinquante formées de jeunes âgés de six à neuf ans. Près de 30 000 jeunes Québécois pratiquent maintenant le football, comme ces fiers porte-couleurs des Grizzlis de Boucherville. photo MARtIN BoUFFARD Des athlètes qui auront une bonne douzaine d’années de football derrière la cravate lorsqu’ils auront l’âge de tenter leur chance au camp d’entraînement d’équipes connues du grand public comme les Carabins et le Rouge et Or. «Et nous sommes toujours en croissance, assure Jean-Charles Meffe. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi ici, ce serait différent de ce qui se fait à ce chapitre aux États-Unis: une école, une équipe. Peut-être même à l’école primaire.» Chose certaine, l’engouement ne semble pas près de s’essouffler. Football Québec prévoit même, ce printemps, aller sensibiliser les jeunes sportifs jusqu’à SeptÎles, Port-Cartier et Havre-Saint-Pierre, sur la Côte-Nord. «Quand la locomotive se met à avancer, lance Jean-Charles Meffe, tu ne peux plus l’arrêter.» Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 EXPLOSION En toute solidarité avec les lock-outés Oui ! au boycottage du Journal de Montréal Sports 37 Grandir trop vite… François Foisy [email protected] Comme un ado qui grandit trop vite et qui a mal aux jambes, le football québécois fait connaissance avec les mauvais côtés qu’amène sa soudaine popularité. D’abord, le manque criant d’arbitres. Leur nombre augmente, mais jamais au même rythme que celui des joueurs. «Notre principal problème, c’est l’appel vers le haut de nos meilleurs officiels, convient le directeur général de Football Québec, Jean-Charles Meffe. De nos jours, il y a tellement de programmes universitaires et collégiaux que nos arbitres d’expérience n’ont plus le temps pour les catégories inférieures.» C’est là qu’entre en jeu un autre effet pervers de la croissance effrénée du football: l’arrivée de cultures sportives différentes. «De plus en plus, les joueurs nous viennent de disciplines différentes», explique M. Meffe. «Or, au football, l’arbitre, c’est l’autorité. Il y a un grand respect pour lui, ce qui n’est pas le cas dans tous les sports. Nous avons une politique de tolérance zéro, mais nous ne pouvons que sévir, pas prévenir. Plusieurs jeunes veulent devenir arbitres, mais après avoir vécu de mauvaises expériences, ils se disent parfois qu’ils ont mieux à faire. Notre problème principal, c’est ça: la rétention des jeunes officiels. » Le Syndicat des communications de Radio-Canada présente ses vœux d’amitié et de solidarité aux camarades du Journal de Montréal en lock-out depuis beaucoup trop longtemps. Nous souhaitons la bienvenue à l’apparition papier de ce que vous faites déjà si bien dans le cyberespace. Que cette version à la Gutenberg de Rue Frontenac soit, une fois de plus, la preuve que la plume est plus forte que l’épée, et qu’elle contribue à un retour à une véritable négociation, nécessaire à tout règlement. 38 Sports NFL Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Une saison à oublier Vikings et Cowboys vivent des moments pénibles Si les Cowboys de Dallas et les Vikings du Minnesota entretenaient encore des espoirs de participer aux matchs éliminatoires de la NFL, en janvier 2011, ils ont sans doute été anéantis la fin de semaine dernière. Tony Romo est sur le carreau pour huit photo d’aRchives ReuteRs semaines au moins. Le rêve du propriétaire des Cowboys, Jerry Jones, de voir son équipe devenir la première de l’histoire à disputer un Super Bowl à son domicile, en février prochain, s’est donc anéanti lundi soir. Il semble clair que l’entraîneur en chef Wade Phillips paiera pour ce fiasco, et les Cowboys devraient déjà commencer à chercher des joueurs de ligne à l’attaque qui pourront mieux protéger Romo… si c’est à lui qu’ils désirent encore confier cette attaque la saison prochaine. Bernard Cyr Le dernier match de Favre? [email protected] La situation n’est guère plus rose au Minnesota où les Vikings ont un dossier de 2-4 et affronteront eux aussi seulement deux adversaires avec des fiches inférieures à ,500 (Buffalo et Detroit) dans leurs dix dernières rencontres. Qui plus est, le quart Brett Favre, celui qui devait conduire cette équipe à la terre promise, a subi deux fractures au pied gauche dans la défaite de 28 à 24 face aux Packers de Green Bay, dimanche soir, une à la cheville et l’autre au talon. On sait que le quart de 41 ans est très résistant à la douleur, comme en fait foi sa séquence record de 291 matchs consécutifs comme quart partant dans la NFL malgré une bonne vingtaine de blessures subies au cours de sa carrière, et, en début de semaine, les Vikings n’avaient pas encore exclu sa participation au match de dimanche contre les Patriots, en Nouvelle-Angleterre. En s’inclinant 41 à 35 contre les Giants de New York lundi, non seulement les Cowboys ont subi un cinquième revers en six matchs, mais encore ils ont perdu les services de leur quart partant Tony Romo, victime d’une fracture de la clavicule gauche. On dit que cette blessure nécessitera de six à huit semaines de convalescence. Si tel est le cas, Romo ne pourra revenir au jeu qu’en toute fin de saison. Mais, en toute honnêteté, les Cowboys seront déjà éliminés à ce moment-là. Ils disputeront huit de leurs dix derniers matchs contre des équipes qui ont actuellement des dossiers supérieurs ou égaux à ,500. Seuls les Jaguars de Jacksonville et les Lions de Detroit ne font pas partie de ce groupe. DolphinsMiami BuccaneersTampa Bay RaidersOakland » SteelersPittsburgh » LionsDetroit » RedskinsWashington PanthersCaroline SaintsLa N.-Orléans TexansHouston » RamsSaint Louis CardinalsArizona SeahawksSeattle BillsBuffalo ChiefsKansas City PatriotsN.-Angleterre ColtsIndianapolis Les travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) sont fiers de s’associer au lancement de la version papier de RUEFRONTENAC.COM, un journal représentant une presse libre et fait sans la collaboration de scabs! » BengalsCincinnati ChargersSan Diego » Comme quelques autres équipes avant eux, les Saints de La Nouvelle-Orléans semblent souffrir d’un «lendemain de veille» de Super Bowl. Les Saints ont une fiche de 4-3 après avoir subi un revers 30 à 17 à domicile face aux Browns de Cleveland, une équipe qui avait un dossier de 1-5 avant ce match. Le quart Drew Brees, joueur par excellence du dernier Super Bowl, a été victime de trois sacs et de quatre interceptions, dont deux ont été ramenées pour des touchés par le secondeur David Bowens. Dix des passes de Brees ont déjà été interceptées cette saison, seulement une de moins que durant toute sa saison 2009. » Lendemain de veille TitansTennessee VikingsMinnesota JaguarsJacksonville CowboysDallas JetsNew York » Cette blessure mettra vraisemblablement fin à sa saison et peut-être à sa carrière de 12 saisons dans la NFL. Dans une équipe qui compte sur des Ben Roethlisberger, Hines Ward, Troy Polamalu, James Harrison et autres Heath Miller, Smith est un joueur méconnu, mais «il est le cœur et l’âme de cette défense», a déclaré Harrison au Pittsburgh Post-Gazette après le match. Pour illustrer en chiffres ce que signifie sa perte, disons que c’est la troisième fois en quatre ans qu’une blessure met fin prématurément à sa saison et que sans lui, les Steelers n’ont pas connu beaucoup de succès. En son absence, en 2007, ils ont perdu deux de leurs trois derniers matchs et ont été sortis en première ronde des éliminatoires. En 2009, 49ersSan Francisco » [email protected] BroncosDenver 8 PackersGreen Bay » Bernard Cyr ils ont conservé un dossier de 6-5 et raté les éliminatoires, après qu’il eut été blessé. Et en 2008, saison que Smith a disputée au complet, les Steelers ont gagné le Super Bowl. Les Steelers ont également perdu les services de deux autres joueurs importants dans ce match: le secondeur extérieur LaMarr Woodley et le bloqueur à droite Flozell Adams, blessés respectivement à la cuisse et à la cheville. Semaine » Dans leur victoire de 23 à 22 face aux Dolphins, dimanche à Miami, les Steelers de Pittsburgh ont perdu les services de l’ailier défensif Aaron Smith, victime d’une déchirure du triceps du bras gauche. MES choix 39 » Victoire coûteuse pour les Steelers Sports » NFL Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 40 Sports Automobile Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Débranchée, la voiture tout électrique louis butcher [email protected] Il y a une trentaine d’années, les grands prophètes de la planète nous annonçaient en grande pompe que les véhicules électriques envahiraient le parc automobile au tournant du siècle. À l’aube de 2011, force est de constater que la fameuse voiture verte si révolutionnaire n’a toujours pas percé le marché et que son avenir est à nouveau remis en question. Les constructeurs automobiles ont beau profiter des grandes expositions, comme le récent Mondial de Paris, pour étaler au grand jour le fruit de leurs découvertes dites prometteuses, leurs beaux concepts ne tiennent toujours pas la route. Face à des contraintes incontournables encore aujourd’hui, la voiture purement électrique a peu d’espoir de conquérir les usagers de la route qui recherchent un moyen de transport efficace et abordable. Ni l’an prochain et probablement pas dans dix ans non plus. On a plutôt affaire à un bel exercice de relations publiques destiné à redorer le blason de constructeurs en mal de publicité. Cul-de-sac Les fabricants automobiles qui ont choisi de s’embarquer à court terme dans l’aventure de la voiture tout électrique se dirigent vers un cul-de-sac. Rien de moins. Le prix élevé de ces modèles, qui dépendent exclusivement de la motorisation électrique et dont l’autonomie est très limitée, ne réussiront pas à convaincre les consommateurs. C’est sans oublier un temps de recharge qui nécessitera des dizaines d’heures d’attente, si vous ne pouvez compter sur une borne spécifique. Parlons-en de l’autonomie. Parlons des vraies choses. En théorie, certains des produits avant-gardistes font état d’une autonomie d’environ 300 kilomètres. Peutêtre, mais leurs résultats ont été obtenus dans des conditions idéales de roulement. S’il pleut, allez-vous vous priver des essuie-glaces? Et, par temps froid, du système de dégivrage? Ces options (parmi tant d’autres) pourtant essentielles à la conduite vont affecter la consommation d’électricité du véhicule et réduire son autonomie de moitié dans certains cas. Renault entend proposer ce modèle tout électrique, la Zoé, dès 2012 en Europe. Son temps de recharge photo CoURtoISIE REnaUlt normal est estimé à 8 heures et sa facture à environ 35 000$ canadiens. Dans sa forme actuelle, l’ensemble des batteries est trop lourd, trop complexe et parcourent de courtes distances pour se rendre au travail principalement ou pour De bien beaux modèles... qui ne tiennent pas la route trop coûteux. La voiture qui préconise une formule tout électrique n’est pas viable. Elle doit compter sur un moteur d’appoint pour subvenir à ses besoins, à la manière des véhicules hybrides. Courts déplacements Les constructeurs automobiles souhaitent d’abord convaincre les citadins d’acheter leur voiture électrique. Ces gens qui aller faire des emplettes à proximité de leur résidence. L’augmentation du parc automobile va congestionner davantage un réseau routier (déjà encombré) au cours des prochaines années, forçant ainsi les gouvernements à mettre sur pied des programmes incitatifs pour utiliser le transport en commun. Alors, pourquoi acheter un véhicule électrique si ces barrières de prix et d’autonomie ne sont pas contournées et si on réussit enfin à étoffer le système d’autobus et de trains? L’exode massif vers les banlieues est un autre facteur contre l’utilisation des véhicules électriques. Les consommateurs choisiront plutôt d’adopter un seul véhicule, à usage multiple, pour leurs déplacements. Un véhicule qui déplacera la famille en toute quiétude, sans risque de tomber en panne de… courant. Sans les infrastructures, comme les fameuses bornes d’alimentation, avez-vous pensé, à courte échéance, de faire le tour de la Gaspésie en voiture électrique? Dans 20 ans peut-être… Et nous n’avons pas encore abordé les piles, leur coût de remplacement et leur poids. Car un des inconvénients majeurs des voitures purement électriques, c’est qu’elles n’utilisent pas les bonnes batteries. Automobile Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Sports 41 Nissan dérape avec la Leaf La voiture tout électrique, comme la nouvelle Nissan Leaf dévoilée en grande pompe il y a quelques mois, convoite un marché ciblé, qui s’adresse donc à une minorité. Louis Butcher [email protected] On a beau vouloir exploiter la fibre écologique de chacun, force est d’admettre que seuls les mieux nantis risqueront l’achat (ou la location) d’un véhicule semblable. Ces gens qui ont le luxe d’avoir deux et même trois véhicules devant leur entrée de garage et qui n’auront donc pas à dépendre d’un seul modèle… à motorisation électrique. Étrange qu’un constructeur comme Nissan, dirigé par un patron austère qui surveille ses finances, en arrive à un modèle de production aussi peu convaincant dont l’autonomie par temps très froid peut être limitée à…100 kilomètres. Les plus récentes analyses confirment que, dans une proportion d’à peine deux pour cent, les automobilistes vont adopter la voiture électrique d’ici à 2015, alors que la majorité resteront fidèles aux voitures et camionnettes à essence. Dépenses excessives Alors Nissan peut-il vraiment justifier les moyens d’investir autant d’argent pour un secteur d’activité aussi mitigé ? L’arrivée de la Leaf dans les salles d’exposition de ses concessionnaires va forcer ce géant de l’automobile (qui comprend aussi Renault) à dépenser des fortunes pour l’entretien de sa voiture, la formation de ses mécaniciens, et la mise en place d’une nouvelle infrastructure dédiée à ce produit qu’il compte proposer dans un an, environ, au pays. Nissan n’a pas encore dévoilé le prix canadien de la Leaf, mais elle se vendra 32 780$ aux États-Unis. Le constructeur japonais compte sur un crédit d’impôt de 8000$ du gouvernement québécois pour séduire les acheteurs. Le temps de recharge de la voiture est estimé à 20 heures. Pour compter sur un dispositif de recharge optionnel plus performant, qui s’alimente sur une prise de 240 volts (mais nécessitant quand même 8 heures), il faudra ajouter 2000$ à la facture. Dans dix ans, les moteurs à combustion interne traditionnels vont constituer 75 pour cent de la demande mondiale de véhicules, et les hybrides, de 20 à 25 pour cent. C’est du moins ce que prévoit la haute direction de Ford, qui estime que les véhicules électriques seront à peine plus populaires en 2020 qu’ils ne le sont actuellement. La Nissan Leaf est d’abord et avant tout un bel exercice de… photo couRtoisie nissan relations publiques. UN SYNDICAT DIFFÉRENT ! Message à Pierre Karl Péladeau Syndicat des employées et employés de la Société des casinos du Québec – CSN Unité Resto – Unité Sécurité – Unité Générale Au Casino, on lit Rue Frontenac SOLIDARITÉ Les salarié(e)s du Journal de Montréal ne constituent pas une ressource jetable. Au contraire, ils sont un actif important et surtout réutilisable. Laissez de côté votre mépris envers vos salarié(e)s et cessez de polluer l’environnement des relations de travail. Jean-Pierre Fortin Directeur québécois des TCA 42 Sports Chronique Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Les héritiers de Patrick Roy en déclin maRio LecLeRc [email protected] Après avoir dominé à la position de gardien de but pendant près de 25 ans, le Québec semble désormais avoir le blues des jambières et de la mitaine. De fait, les héritiers de Patrick Roy connaissent, pour la plupart, un début de saison laborieux. C’est le cas de Roberto Luongo à Vancouver, de Pascal Leclaire à Ottawa, de Martin Brodeur au New Jersey et de Marc-André Fleury à Pittsburgh. Jean-Sébastien Giguère est le seul gardien québécois occupant un poste de numéro un qui connaisse un départ solide à Toronto. Quant aux autres, les Martin Biron (Rangers de New York), Mathieu Garon (Columbus), Cory Crawford (Chicago), Jeff Drouin-Deslauriers (Edmonton), Patrick Lalime (Buffalo), José Théodore (Minnesota) et Jonathan Bernier (Los Angeles), ils ne jouent qu’un rôle de seconds violons avec leur équipe respective. Un total de 59 gardiens ont été utilisés jusqu’ici dans la LNH cette année. De ce nombre, 11 Québécois ont vu de l’action, pour une moyenne de 18,6%. C’est la quatrième année de suite que le nombre de nos représentants masqués se situe en dessous de la barre des 20%. Cela a toutes les apparences d’une tendance lourde et qui n’a rien de réjouissant. Le Québec a connu son niveau le plus bas des 20 dernières années en 2008-2009 lorsque seulement 14 gardiens québécois sur un total de 89 (15,7%) gardiens avaient été utilisés au cours de la saison. L’an dernier, il s’agissait de 14 Québécois sur 83. La fin d’une époque? Sans vouloir être alarmiste, nous devons reconnaître que la situation est inquiétante pour une province qui était pourtant devenue la pépinière par excellence des gardiens sur la planète hockey. Même que, désormais, il y a lieu de se demander si nous assistons au déclin de la filière québécoise. En serait-on arrivé à l’essoufflement de l’effet Patrick Roy sur nos jeunes artistes du filet? Il est permis de le croire. Du reste, c’est tout un contraste avec Les grands successeurs de Patrick Roy, Roberto Luongo, Martin Brodeur et Marc-André Fleury, photos d’aRchives ReuteRs et Rue FRontenac connaissent un début de saison difficile. La situation est inquiétante pour une province qui était pourtant devenue la pépinière par excellence des gardiens les belles années où le Québec exerçait une certaine hégémonie à cette position. On atteignait alors des moyennes de 25%, avec une pointe de 27% en 2001-2002. L’invasion européenne Et rien ne semble indiquer qu’on assistera à un revirement de situation dans les prochaines années. Bien au contraire puisque les Brodeur, Giguère, Garon, Lalime, Biron et Théodore notamment sont déjà au seuil de la retraite. De fait, le Québec s’est fait damer le pion par ses semblables européens. Cette invasion européenne constitue une autre tendance lourde depuis une dizaine d’années. Les gardiens en provenance du Vieux Continent entrent à pleines portes dans la LNH, et force est de constater qu’ils sont très bons. Qu’il suffise de nommer les Halak, Neuvirth, Varlamov, Backstrom, Rinne, Gustavsson, Niemi, Rask, Lindback, Pavelec, sans oublier les vétérans Kiprusoff, Vokoun, Lundqvist, Bryzgalov, Khabibulin, Lehtonen, Hiller et bien d’autres. En tout, 23 des 59 gardiens utilisés cette année dans la LNH viennent d’Europe. C’est plus du double des gardiens québécois, pourtant reconnus comme la référence dans l’art de stopper les rondelles il n’y a pas si longtemps. Si, au milieu des années 1980, Roy a ouvert la porte à toute une génération de gardiens talentueux du Québec, tous les signes actuels nous démontrent, hélas, que la fin du cycle approche. C’est bien dommage. Sports Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 43 Calvillo : le maigrichon qui a réussi Essayez d’imaginer si, en 1998, Anthony Calvillo avait pris la direction de Regina plutôt que celle de Montréal. Ou si, en 2003, il était devenu le quart réserviste des Steelers de Pittsburgh. Bernard Cyr [email protected] Il est impossible de dire comment les choses se seraient passées pour lui dans ces deux endroits, mais il avoue avoir pris la meilleure décision de sa carrière en venant à Montréal jouer avec les Alouettes. Et quand cette carrière sera terminée, il y a de bonnes chances qu’il soit reconnu comme le meilleur quart de l’histoire de la Ligue canadienne de football, selon son grand complice, Ben Cahoon. « Je pense qu’il va éventuellement battre les records de Damon Allen, mais ce ne sera probablement qu’à sa retraite qu’on lui accordera le mérite qui lui revient pour sa sensationnelle carrière », croit Cahoon, qui a saisi 903 de ses passes et 60 de ses passes de touché au cours des 13 dernières saisons. « On se souviendra de lui comme du plus grand quart de l’histoire de cette ligue, j’en suis convaincu », ajoute-t-il. Pas assez costaud pour la NFL Pourtant, rien ne destinait Anthony Calvillo à devenir un athlète d’exception. « J’ai commencé à jouer au baseball, au football et au basket-ball à l’âge de cinq ans et j’étais le petit maigrichon qui faisait du sport pour s’amuser et qui était bien loin de penser au sport professionnel », raconte Calvillo. Le petit maigrichon a grandi et grossi, mais pas assez pour jouer dans la NFL, la seule ligue professionnelle qu’il connaissait à l’époque. « Quand j’ai terminé l’université (Utah State) en 1993, je mesurais 6 pi 2 po et je pesais 185 lb, mais le standard minimum pour aspirer à un poste de quart dans la NFL était de 6 pi 3 po, 220 lb. Alors, je savais que mes chances étaient minces. » Il a commencé sa carrière dans la Ligue canadienne en 1994, avec le Posse de Las Vegas, l’une des sept équipes américaines à faire partie de la ligue dans les années 1990, puis a joué avec les Tiger-Cats de Hamilton pendant trois saisons. Mais à chacune de ses quatre premières campagnes, il a totalisé plus ou autant d’interceptions que de passes de touché. C’est à la fin de la saison 1997, après que les TigerCats l’eurent libéré, qu’il a dû prendre une grande décision. « J’avais deux offres sur la table, celle des Alouettes et celle des Roughriders de la Saskatchewan, se souvient-il. Je savais être en mesure de livrer une bonne bataille à Reggie Slack pour le poste de partant en Saskatchewan, mais je savais aussi que si je connaissais une autre mauvaise saison, ma carrière serait terminée.» « Les Alouettes venaient de connaître deux excellentes campagnes à leur retour à Montréal (avec des fiches de 12-6 et 13-5) et même si je savais que le poste de partant appartenait à Tracy Ham, je me suis dit que ce serait une belle occasion de prendre du recul et d’apprendre d’un vétéran, un quart qui avait remporté des championnats. » Tassé par Charlie Batch Et puis en 2003, après que les Alouettes eurent gagné leur première coupe Grey depuis leur retour dans la LCF, Calvillo a obtenu un essai sérieux avec les Steelers pour devenir le réserviste de Tommy Maddox, qui venait de ravir le poste de partant à Kordell Stewart. « Les Steelers ont été très honnêtes avec moi et m’ont fait comprendre que s’ils ne parvenaient pas à s’entendre avec Charlie Batch, qui est encore avec eux d’ailleurs, mes chances d’être leur quart numéro 2 étaient très bonnes», rappelle Calvillo. Anthony Calvillo : trop maigrichon pour la NFL... mais plutôt costaud photo d’aRchives olivieR Jean dans la Ligue canadienne. « J’ai aussi eu des essais avec Seattle et Jacksonville, mais ces essais furent une véritable farce », précise-t-il. S’il avait poursuivi sa carrière avec les Steelers, il aurait remporté des Super Bowls en 2005 et en 2008. La vie a plutôt voulu qu’il gagne une autre coupe Grey avec les Alouettes en 2009. Et s’il joue pendant encore quelques saisons, il pourrait battre les records de Damon Allen et, qui sait, remporter quelques autres championnats. « J’ai commencé à penser aux records de Damon Allen l’hiver dernier, quand j’ai réalisé qu’avec deux bonnes saisons, je pourrais le dépasser », admet-il. « Mais s’il y a une chose que j’ai apprise dans le sport professionnel, c’est que rien ne vous est dû. Je pourrais être blessé à n’importe quel moment et voir ma carrière prendre fin. » Le numéro 13 Peu importe ce que lui réserve l’avenir, le petit maigrichon aura connu une étonnante et imprévisible carrière. Même le numéro qu’il porte, le 13, est là pour en témoigner. « J’ai commencé à porter ce numéro à ma première saison à l’école secondaire parce que c’était le seul disponible entre 1 et 20, racontet-il. Personne ne le voulait et ce fut comme ça dans toutes les autres étapes de ma carrière. Le numéro 13 était toujours disponible. » On peut vous dire qu’avec les très peu connus Bill Bewley, David Martin et Marvin Graves, Calvillo est le seul autre joueur à avoir porté le numéro 13 dans l’histoire de l’équipe montréalaise. Et après lui, personne d’autre ne le portera… LA SEMAINE PROCHAINE : BEN CAHOON 44 Sports Chronique Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 L’homme qui ressuscite les hockeyeurs québécois Le Canadien jouait contre les Islanders de New York mercredi soir. Et il les affrontera encore vendredi. Au moment où vous lisez cette chronique, vous connaissez donc, fort probablement, la belle histoire de Pierre-Alexandre Parenteau, ce Québécois ressurgi de nulle part qui est le premier marqueur de l’équipe new-yorkaise. Après six ans dans les ligues mineures (période durant laquelle il n’avait disputé que cinq matchs dans la LNH), Parenteau portait jusqu’à l’an dernier un truc invisible dont la plupart des athlètes de la Terre sont incapables de se débarrasser: une étiquette. En fait, il ne portait pas une étiquette. Il était tatoué en plein front. Et son tatouage était le sigle de la Ligue américaine de hockey. L’an dernier, toutefois, alors qu’il végétait dans l’organisation des Rangers de New York, Parenteau a eu la chance de tomber sur l’entraîneur John Tortorella, qu’on pourrait surnommer le «ressusciteur» de hockeyeurs québécois. Tortorella, un Américain, est un personnage complexe. Et un entraîneur difficile à cerner. Excellent technicien, il est si exigeant que ses camps d’entraînement ont été surnommés «torturella». Anticonformiste, il n’hésite pas à enfreindre une sacro-sainte loi non écrite du sport professionnel en discréditant ses joueurs par l’entremise des médias. Incapable de tolérer un mauvais but, il donne des cauchemars à ses gardiens en sortant constamment le crochet pour des raisons anodines. Méprisant envers les journalistes, il les « vire de bord » constamment. Il interdit même à ses joueurs d’aborder certains sujets avec eux. Ses constantes prises de bec avec le columnist du New York Post Larry Brooks défraient souvent la manchette. Mais surtout, Tortorella possède une qualité que bien peu de gens ont su cultiver dans le monde du sport, et plus particulièrement chez les professionnels: il ne regarde pas les étiquettes. Quand vous vous présentez à son camp d’entraînement, il ne se soucie pas de votre contrat, de votre salaire, de votre curriculum vitæ ou de votre réputation. Performez ici, maintenant. Sinon vous êtes mort. Son seul critère de sélection est la performance sportive. martin LecLerc [email protected] Redden l’a appris à ses dépens Dans le monde un peu particulier de Tortorella, si un joueur qui a passé sa vie dans les ligues mineures parvient à démontrer qu’il est plus efficace qu’un millionnaire détenteur d’un contrat de la LNH, c’est le millionnaire qui perdra son job. Dans cette jungle, il faut énormément de cran pour prendre des décisions comme celles-là. Parlez-en au défenseur Wade Redden, qui se promène en autobus dans la Ligue américaine malgré un salaire de 6,5 millions par année… En 2009-2010, donc, Pierre-Alexandre Parenteau en était à sa troisième campagne dans l’organisation des Rangers. La haute direction de l’équipe ne le regardait même plus. À quoi bon? Il avait son étiquette. Mais Tortorella a décidé de lui faire confiance et l’a utilisé dans 22 rencontres. Les voisins d’à côté, les Islanders, l’ont alors remarqué et ils lui ont offert un contrat durant la morte-saison. Conte de fées: Parenteau figure cette semaine parmi les meilleurs marqueurs de la LNH. Perrin et Darche en ont profité De telles histoires ne se produisent à peu près jamais. Celle de Parenteau rappelle, à quelques virgules près, les chemins tortueux, imprévisibles et inusités qui ont mené Éric Perrin (Tampa Bay, Atlanta) et Mathieu Darche (Canadien) jusqu’à la LNH. Et curieusement, c’est aussi John Tortorella qui leur avait ouvert la voie! En 2003-2004, Éric Perrin avait 28 ans et n’avait jamais joué un match dans la LNH quand Tortorella l’avait rappelé avec le John Tortorella est en quelque sorte le meilleur ami des hockeyeurs québécois. Quand il a inscrit son nom sur la coupe Stanley, il a notamment permis à Éric Perrin d’en faire autant. photo d’aRchives ReuteRs Tortorella lui fait à nouveau une place et il dispute tous les matchs de l’équipe. Les Thrashers d’Atlanta lui consentent ensuite un contrat de deux ans. Son seul critère de sélection est la performance sportive Lightning de Tampa Bay en fin de saison. Il avait disputé quelques matchs avant d’être lancé dans la mêlée pour les séries éliminatoires. Grâce à Tortorella, quelques mois plus tard, il gravait son nom sur la coupe Stanley. En 2006, après un exil d’un an en Suisse, Perrin revient au camp du Lightning. Mathieu Darche était âgé de 31 ans lorsqu’il s’était présenté au camp du Lightning de Tampa Bay en 2007. Au cours des sept saisons précédentes, il avait disputé un total de 14 matchs dans la LNH. Il portait exactement le même tatouage que Parenteau. Tortorella, qui connaissait à peine le nom de Darche au début du camp, l’avait néanmoins gardé avec son équipe, lui faisant disputer 73 matchs, dont certains aux côtés des Vincent Lecavalier et Martin Saint-Louis. Cette expérience de la LNH lui a valu un contrat avec les Sabres de Buffalo la saison suivante. Puis un autre avec le Canadien en 2009-2010. Puis un autre cette année… à 34 ans! Si Tortorella ne lui avait pas un jour arraché son étiquette, Darche ne serait pas un joueur de la LNH en ce moment. En fait, il ne jouerait peut-être même plus au hockey. À quoi bon utiliser un joueur de 34 ans – sans expérience de la LNH – dans les ligues mineures ? Il est peut-être chiant, ce Tortorella. Mais contrairement à bien d’autres, il voit ce qui se déroule sur la patinoire et ignore les décisions prises dans les bureaux. Tous les joueurs – et particulièrement trois Québécois – le respectent pour ça. Sports Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 45 Départ encourageant Le Canadien en avance par rapport à l’an dernier sur plusieurs plans Les inconditionnels du Canadien préféreraient sans doute un titre plus percutant que celui qui coiffe cette chronique pour décrire le bon début de saison de leur sainte équipe. Un titre du genre : « Partis pour la gloire ! », « C’est notre année ! » ou le classique « Ça sent la coupe ! ». Marc de Foy [email protected] Gardons ça pour plus tard si vous le voulez bien. Nous n’en sommes qu’au premier mois de la saison, après tout. Tenons-nous-en aux faits. Première constatation : il ne semble pas que la saison sera aussi catastrophique que le prédisaient les ardents défenseurs de Jaroslav Halak lors de l’annonce inattendue de la transaction qui a envoyé le gardien slovaque à Saint Louis, il y a quatre mois. Carey Price donne l’impression d’avoir retrouvé ses moyens. On le sent plus concentré et plus rigoureux. Il remporte des matchs qu’il n’était pas capable de gagner la saison dernière. Espérons qu’il a vraiment appris de ses erreurs. Une équipe homogène et en meilleure forme Deuxième constatation : le Canadien gagne sans Andrei Markov, ce qui ne se produisait pas souvent quand il était privé des services de son meilleur joueur dans le passé. C’est signe que l’équipe a plus de profondeur et qu’elle est plus homogène. À pareille date l’année dernière, le Tricolore comptait huit nouveaux venus. Les nombreuses blessures qui ont décimé ses rangs au cours des premiers mois de la saison ont retardé le processus d’unification. Rappelons-nous aussi cette déclaration de Jacques Martin dans les premières semaines de la saison : l’équipe était en mauvaise forme. L’entraîneur vétéran avait ajouté qu’il faudrait probablement une année pour que les choses changent. Son équipe était incapable de fournir un effort soutenu et accordait des tirs en quantité industrielle. Le changement est remarquable en ce début de saison. L’équipe est généralement dans le match du début à la fin et revendique un bilan positif à cinq contre cinq, ce qui ne s’est pas vu souvent au cours des dernières années. Un vrai, ce Plekanec Sur le plan individuel, Tomas Plekanec montre le grand professionnel qu’il est. Il ne s’assied pas sur son contrat. Son ailier droit Andrei Kostitsyn travaille fort pour obtenir un meilleur contrat, mais ce n’est pas Martin qui va s’en plaindre. Les questions financières sont le rayon de son patron Pierre Gauthier. Michael Cammalleri ne se repose pas sur ses lauriers non plus, ce qui permet au Canadien de miser sur un trio explosif. Enfin, il y a ce P.K. Subban. Quelle fraîcheur il apporte ! On disait au camp d’entraînement qu’il faudrait vivre avec ses erreurs, mais il s’est déjà ajusté. Les chiffres ne lui attribuaient que six revirements au cours des huit premiers matchs, et il présentait un différentiel respectable de +3. Moins d’erreurs En fait, l’équipe montre nettement de meilleures statistiques à ce chapitre par rapport à la même période la saison dernière. Après huit rencontres, elle avait commis 35 revirements de moins et accordé sept buts de moins. Voilà pour les aspects positifs. Vous ne pouvez pas dire qu’on ne donne pas le mérite qui revient à vos favoris. De plus, il y a lieu d’espérer que l’attaque massive sera plus productive au retour de Markov. Si tout est beau pour le moment, on sait par contre que le Canadien ne pourra pas toujours se fier uniquement sur le trio Cammalleri-Plekanec-Kostitsyn pour marquer des buts. Il aura besoin d’une meilleure contribution du duo Gomez-Gionta de même que de ses attaquants de soutien. Gionta n’est pas vraiment à blâmer. Il est dépendant de Gomez qui avait généré peu de choses avant le match de mercredi contre les Islanders de New York. Trois joueurs, Benoit Pouliot, Travis Moen et Tom Pyatt, ont déjà défilé aux côtés de Gomez et Gionta, mais il serait peut-être indiqué qu’on accorde une autre chance à Pouliot ou qu’on se tourne du côté de Lars Eller. Le Danois a un bon sens du hockey. Il a du talent et n’a pas froid aux yeux. Il a ce qu’il faut pour surprendre. CONSEIL QUÉBÉCOIS Vous avez notre appui ! Syndicat général des employé(e)s de Télé-Québec LA CAUSE QUE VOUS DÉFENDEZ EST CELLE DE TOUS LES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES: LA DIGNITÉ Marcel Rondeau, président Jacques Martin a plusieurs bonnes raisons photo d’aRchives olivieR Jean de sourire. (La Calèche du sexe) Danse contact écor d u a ve • Nou ion V.I.P. tration t s • Sec e admini bre • Mêm cto o 0 di 3 e ANc eeN I b AM w e Sam lo l d’hA 328, Sainte-catherine est 514 844 6690 46 Sports Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 Tomas Plekanec, le perfectionniste Tomas Plekanec était soulagé le 22 juin dernier d’en être venu à une entente de longue durée avec le Canadien. Pierre Durocher [email protected] Il ne tenait pas vraiment à tester sa valeur sur le marché des joueurs autonomes, même s’il aurait possiblement pu obtenir plus d’argent ailleurs. «Le Canadien, c’est l’organisation dans laquelle j’ai grandi et c’est quelque chose qui a beaucoup d’importance pour moi, raconte l’athlète de 27 ans, qui fêtera son 28e anniversaire le 31 octobre. J’aime jouer pour le Canadien et j’adore la ville de Montréal, qui a un côté européen et cosmopolite. «Je suis fier de faire partie de cette organisation. Les changements de personnel ont été nombreux ces dernières années chez le Canadien. Parmi les joueurs repêchés avant 2003, il ne reste plus qu’Andrei Markov et moi», fait-il remarquer. Joueur complet Repêché au 71e rang par le Canadien en 2001, Plekanec a mis du temps à gravir les échelons, mais il représente l’un des rares attaquants à s’être bien développés au sein de l’organisation au cours de la dernière décennie. «À mes débuts avec les Bulldogs de Hamilton, j’étais surtout reconnu comme un joueur offensif, un joueur unidimensionnel», de raconter Plekanec. «Je savais toutefois que je devais perfectionner mon jeu défensif si je voulais percer un jour dans la LNH. J’ai donc travaillé sur cet aspect du jeu, avec le résultat que je suis devenu un joueur plus complet. «J’accorde autant d’importance à mon jeu défensif, notamment lors des situations d’infériorité numérique, qu’à mes résultats à l’attaque. Neutraliser l’adversaire m’apporte de la satisfaction, car c’est pour la bonne cause de l’équipe.» Au cours des dernières séries éliminatoires, Plekanec a été moins productif à l’attaque, avec une récolte de 11 points en 19 rencontres. Il a cependant relevé avec brio des missions dites défensives, comme celle de contrer les efforts d’un certain Sidney Crosby en deuxième ronde. «C’est dommage, mais les gens retiennent surtout les statistiques à l’offensive, souligne-t-il. J’estime avoir fait ma part dans les succès de l’équipe lors des séries, notamment en deuxième ronde.» Jamais blessé Si Jacques Martin pouvait compter sur un plus grand nombre de joueurs comme Plekanec, son travail serait beaucoup plus facile. L’entraîneur en chef est d’ailleurs rapidement devenu un «fan» de Plekanec. En plus d’apprécier grandement son ardeur au travail et sa constance, Martin peut toujours compter sur Plekanec car il est rarement blessé (il n’a jamais disputé moins de 80 matchs au cours des quatre dernières saisons). Plekanec est fier de sa ténacité. D’ailleurs, sur son site Internet, www.tomasplekanec. net, il utilise ce slogan: «If there is no struggle, there is no progress. (sans difficultés, on ne peut pas progresser).» Vous savez, le genre de voyage qui se fait dans la Ligue américaine, soit trois matchs en autant de soirs dans trois villes différentes. Complètement débile! L’autocar s’arrêtait de temps à autre devant un dépanneur afin que les joueurs puissent s’acheter des friandises... après avoir avalé quelques pointes de pizza une fois le match terminé! C’était tout un contraste avec le traitement royal auquel ont droit les joueurs une fois qu’ils ont atteint la Ligue nationale. Dans l’autocar, Plekanec prenait toujours place dans la rangée tout juste derrière nous. Étrangement, aucun coéquipier ne s’assoyait à ses côtés. Écouteurs sur les oreilles, il ne parlait presque pas, se contentant d’esquisser un petit sourire de temps à autre lorsqu’on jetait un regard dans sa direction. Autant il était timide dans la vie de tous les jours, autant il était fonceur sur la glace. Sa vitesse et sa vision du jeu m’avaient vite conquis. On connaît la suite. Le Canadien a offert un autre contrat à Plekanec. Lentement mais sûrement, il est parvenu à faire ses preuves dans la LNH, surmontant des hauts et des bas (sa production est passée de 69 points en 2007-2008 à 39 points en 2008-2009 avant de grimper à 70 points la saison dernière). À force de travail, il a fini par se bâtir une solide confiance en ses moyens. Alex Kovalev l’a aidé à s’épanouir et aujourd’hui, c’est Plekanec qui aide ses compagnons de trio à produire. C’est drôle de penser à ça, mais parmi les joueurs qui étaient les plus tapageurs et qui prenaient beaucoup de place dans l’autocar au cours de ce périple de trois jours avec les Bulldogs de Hamilton à l’automne 2004, très peu d’entre eux évoluent présentement dans la LNH. On a parfois raison de dire que le silence est d’or... Il a songé à retourner jouer dans son pays ! Cette saison-là, Plekanec avait terminé au premier rang des marqueurs des Bulldogs avec une récolte de 29 buts et 69 points. Sa confiance était toutefois fragile. «Je ne suis pas certain d’avoir le talent nécessaire pour jouer régulièrement dans la LNH, m’avait-il confié à la fin de la saison, à mon grand étonnement. Peut-être devraisje aller jouer en République tchèque...» Timide... à l’extérieur de la patinoire seulement J’ai appris à connaître Plekanec à l’automne 2004. Pendant que les activités étaient paralysées dans la LNH par un conflit de travail, le photographe Luc Laforce et moi on s’était tapé un voyage de trois jours en autocar avec les joueurs des Bulldogs de Hamilton. photo d’aRchives pascal Ratthé Sports Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010 « Je suis fier de faire partie de cette organisation » 47 Un leader silencieux On ne retrouve ni de C ni de A sur son chandail, mais si on devait coudre une lettre sur l’uniforme de Tomas Plekanec, ce serait le E. Pierre Durocher [email protected] E pour excellence, effort constant et estime de ses coéquipiers. Plekanec, c’est un leader silencieux et un joueur indispensable pour le Canadien,vu sa polyvalence et son éthique de travail. Il forme sans contredit, avec Michael Cammalleri et Andrei Kostitsyn, le meilleur trio du Tricolore. L’histoire de Plekanec, c’est celle d’un attaquant qui a dû bûcher pour faire sa marque dans la Ligue nationale. Ses efforts ont été récompensés en juin dernier lorsque le Canadien lui a accordé un faramineux contrat de six ans pour 30 millions de dollars. « C’est beaucoup d’argent, mais ça ne change rien à mon attitude ou encore à ma personnalité, déclare-t-il. J’ai toujours été un gars terre à terre. » On n’en doute pas un seul instant. Plekanec n’est pas le genre à « s’asseoir sur son contrat », pour reprendre une expression populaire, ou à s’enfler la tête. « J’aimerais surtout aider le Canadien à remporter la coupe Stanley. C’est l’objectif ultime de tout joueur. « Ce serait extraordinaire de vivre cela à Montréal, une ville qui vibre pour son équipe de hockey, poursuit-il. Il n’existe pas, selon moi, de meilleure ville que Montréal pour jouer au hockey. sa carrière en chiffres saison régulière Année PJ B A Pts +/- 2003-2004 Montréal 2 0 0 0 0 2005-2006 Montréal 67 9 20 29 +4 2006-2007 Montréal 81 20 27 47 +10 2007-2008 Montréal 81 29 40 69 +15 2008-2009 Montréal 80 20 19 39 -9 2009-2010 Montréal 82 25 45 70 +5 393 103 151 254 +25 ToTal RECHERCHE: ÉRIC D’ARGENZIO Boycottons le Journal de Montréal. Appuyons Rue Frontenac! Françoise David, À lire aussi sur RueFrontenac.com Tomas Plekanec, un coéquipier apprécié présidente et porte-parole de Québec solidaire Pub SISP Rue Frontenac2.indd 1 En plus de l’édition papier, consultez ruefrontenac.com, un journal fait par de vrais journalistes. 1011-72 Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Rue Frontenac ! ez Souten ac ! onten Rue Fr Soutenez Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Sou Rue F tenez Soutenez ronte nac ! Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Rue Fronten ac ! Rue Sout Fro enez nte nac ! Soutenez Rue FrontenacSo! utenez Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! Soutenez Rue Frontenac ! — Un appEl dU SISp — Soutenons concrètement les 253 lock-outés. BoycottonS le Journal de Montréal ! 10-10-25 17:30