Reportage: Avortement, la grande manipulation

Transcription

Reportage: Avortement, la grande manipulation
Politique
Canadien
Au pays
du Tea Party
Plekanec: la petite histoire
d’un grand battant
6 et 7
46 et 47
Jeudi 28 octobre 2010
Vol. 1 No 1
Par la bouche de nos crayons !
Le journal des employés en lock-out du Journal de Montréal
Avortement
photo olivier jean
La grande
manipulation
2
Nouvelles
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
La confiance
trahie
Alors qu’ils prétendent conseiller les femmes enceintes de façon neutre et
éclairée, de nombreux groupes pro-vie dissimulés derrière de faux airs
d’ouverture inventent des histoires plus alarmantes les unes que les autres
pour les dissuader de se faire avorter, révèle une enquête de Rue Frontenac.
Gabrielle Duchaine
[email protected]
Des fœtus vendus aux compagnies pharmaceutiques pour fabriquer du rouge à
lèvres, un risque accru de développer un
cancer, des problèmes de fertilité et une
vie rongée par le remords: le portrait qu’ils
dressent de l’avortement est mensonger et
n’a aucune assise scientifique. Il reste assez
sombre pour faire changer d’idée.
Regard sur une insidieuse campagne de
manipulation.
«Une grossesse, que tu la mènes à terme
ou non, ça change complètement la vie.
L’important, c’est que tu prennes une décision éclairée.» La femme au bout du fil est
chaleureuse. Dès le début de la conversation,
elle expose les trois options qui s’offrent à
son interlocutrice, une représentante de Rue
Frontenac qui se prétend enceinte. «Que ressens-tu face à l’idée de devenir parent? De
donner en adoption? Et de te faire avorter?»
De prime abord, l’intervenante de l’or-
ganisme Options Grossesse Trois-Rivières
paraît d’une neutralité sans faille. Tout
comme le site Web du groupe, qui promet
«de l’information et un soutien continu, peu
importe le choix», et l’aide d’une conseillère
formée qui donnera «des informations précises concernant la grossesse, l’avortement,
être parent et l’adoption».
Mais derrière cette image d’ouverture se
cache un discours pro-vie particulièrement
radical. Une fois la confiance établie, les
propos que tiennent nos interlocuteurs sur
l’avortement donnent froid dans le dos.
«On entend dire que l’avortement, ce n’est
rien, mais c’est un arrêt de processus. Des
statistiques montrent que ça peut entraîner
la stérilité ou causer des fausses couches
à répétition. Et plus t’es jeune quand tu
avortes, plus t’as de risques que ça t’arrive,
prévient la dame au téléphone. Je veux vraiment te faire comprendre la portée du geste.
Ça va régler ton problème vite, mais il y a
des risques.»
Elle enchaîne avec les cas de cancer du
sein, qui seraient plus nombreux chez les
femmes ayant interrompu leur grossesse,
dit-elle. Sans oublier le stress post-avortement qui amène culpabilité, anxiété et déni.
«Tu pourrais avoir des flashbacks et chaque
fois que tu entendras un aspirateur, ça va te
faire penser à l’avortement.»
Options Grossesse Trois-Rivières n’est pas
unique. De nombreux organismes d’aide
à la grossesse installés un peu partout au
Québec et au Canada laissent planer une
ambiguïté quant à leur allégeance, que ce
soit par leur nom, leur discours public, leur
site Web ou les services qu’ils disent offrir,
avant d’effrayer des femmes enceintes d’un
enfant non désiré. Certains sont si convaincants qu’ils sont recommandés par des hôpitaux ou des centres de santé. Les propos
qu’ils tiennent n’ont pourtant aucune assise
scientifique.
Une campagne de peur
«Il y a des filles qui se mettent à boire ou
qui tombent dans la drogue. D’autres font
des cauchemars et se voient en train de tuer
leur bébé. Il y en a aussi qui se punissent
ou qui ne sont plus capables d’être avec des
enfants plus tard.»
Dans les bureaux du Centre Conseils Gros-
Un vrai fœtus de
11 semaines. Certains
centres malhonnêtes
laissent entendre aux
futures mères qu’il «a tout
ce qu’il faut» et que les
médecins «vont devoir le
briser en morceaux avant
de le sortir».
photos olivieR Jean
sesse, 19e Avenue à Montréal, Lise Brossard
est en pleine séance de désinformation. Assise dans une petite pièce sans fenêtre, décorée de photos de bébés, de magazines pour
mamans et de calendriers destinés à calculer la date présumée de l’accouchement, elle
parle d’une voix douce à la jeune femme installée devant elle.
«C’est ton choix, mais en tant que fille, tu
as le droit de connaître les risques. Si jamais il
t’arrive quelque chose dans cinq ans, disons
un cancer de l’utérus, je ne peux pas te laisser faire sans t’avertir.»
Elle enchaîne avec une histoire encore plus
horrifiante. «Des fondations pour la protection des animaux donnent des subventions
aux laboratoires pour qu’ils utilisent des fœtus avortés au lieu des rats, raconte-t-elle. Ils
s’en servent aussi pour fabriquer des produits
de beauté. Les cliniques les vendent, surtout
s’ils ne sont pas trop maganés.»
Quelques minutes plus tôt, pendant qu’elle
expliquait en détail le déroulement d’un avortement, elle a déposé un bébé en plastique
d’une quinzaine de centimètres de long dans
le creux des mains de notre journaliste. «C’est
à peu près la taille de ton enfant en ce moment. Tu vois, il est déjà tout formé. Il a tout
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Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
ce qu’il faut. Quand tu vas te faire avorter, ils
vont devoir le briser en morceaux avant de
le sortir.»
Même si le Centre Conseils Grossesse prétend aider à prendre une décision éclairée
sans porter de jugement, ses liens avec les
mouvements religieux et pro-vie sont indéniables. La Fondation des œuvres internationales, un groupe chrétien qui a notamment
des missions en Haïti, est un de ses soutiens
financiers, alors que l’Alliance ressource grossesse, un regroupement de 14 centres d’aide
à la grossesse de la province dont plusieurs
s’affichent comme pro-vie, en fait la promotion. Malgré tout, l’hôpital Sainte-Justine y
réfère des patientes via son site Internet.
Un piège bien ficelé
«C’est traître, ils attirent les femmes avec
toutes sortes de stratagèmes. En offrant des
tests de grossesse gratuits, par exemple»,
explique la directrice de l’Association canadienne pour la liberté de choix, Patricia LaRue, qui a mené une étude sur la question.
«En attendant les résultats, ils montrent des
vidéos sur le fœtus», dit-elle.
«Beaucoup de femmes nous ont appelés
complètement traumatisées après avoir été
conseillées par ces centres qui leur ont raconté des mythes complètement faux. Celles qui
nous contactent ont demandé une deuxième
opinion, mais beaucoup d’autres continuent
leur grossesse sous de faux prétextes.»
Le groupe pro-choix SOS Grossesse raconte pour sa part avoir reçu des appels de
femmes particulièrement surprises par l’information tendancieuse que leur ont donnée
les intervenantes de Naître ou ne pas naître,
un organisme qui admet «avoir une tendance pour la vie» mais dont le nom porte
à confusion.
«Si vous saviez le nombre de niaiseries
qu’on entend», rage Anne Marie Messier,
directrice du Centre de santé des femmes
de Montréal, qui pratique des avortements.
Elle se rappelle l’histoire d’une jeune adolescente qui s’est fait dire par un organisme
de soutien que sa grossesse passerait toute
seule. «Elle s’est bien rendu compte que ce
n’était pas le cas quand elle a commencé à
grossir. Elle s’est donc fait avorter plus tard,
et la procédure a été plus difficile», dit-elle.
consultez notRe multimédia suR
la campagne de peuR des gRoupes
pRo-vie suR RueFRontenbac.com
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une loi pour éviter l’ambiguïté
La fausse représentation des groupes
pro-vie préoccupe tellement leurs opposants qu’ils ont demandé au gouvernement du Québec d’intervenir en imposant une certification aux centres d’aide
à la grossesse qui œuvrent dans la province.
Le Centre de planning des naissances
a déposé l’été dernier une série d’ambitieuses recommandations au ministère
de la Santé dans la foulée d’une vaste
enquête que son équipe a menée sur
l’accès aux services d’avortement et parmi lesquelles il demande un mécanisme
de certification qui serait implanté à la
grandeur du Québec. Le Ministère étudie
la question.
Inspiré par un règlement municipal en
vigueur à Baltimore, aux États-Unis, l’organisme espère aussi convaincre la Ville
de Montréal d’obliger tous les centres
d’aide à la grossesse pro-vie à s’afficher
comme tels sur la devanture de l’édifice
qu’ils occupent. Depuis 2009, les centres
de soutien à la grossesse de la métropole
du Maryland doivent indiquer sur leur
façade qu’ils n’offrent ni avortement, ni
outils de contraception.
«Comme ça, les femmes savent à quoi
s’attendre en entrant», dit Anne Marie
Messier.
«Le fait qu’un centre n’offre pas de
services d’avortement est une bonne
façon de voir s’il est pro-choix ou non,
note la directrice de l’Association canadienne pour la liberté de choix, Patricia
LaRue. Certains de ceux auxquels s’est
intéressé Rue Frontenac l’indiquent en
petits caractères au bas d’une page de
leur site Web.
Pour éviter toute ambiguïté, les prochoix suggèrent aux femmes enceintes
qui ont besoin d’aide de s’adresser à
Info-santé pour être dirigées vers des
organismes reconnus par le réseau de la
santé.
4
Nouvelles
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Le mouvement pro-vie
se cache dans l’ombre
Même s’ils ne sont pas subventionnés par le gouvernement, les organismes d’aide à la grossesse qui
propagent de faux renseignements
sur l’avortement ont les moyens de
leurs ambitions. Dans leur ombre se
cache une longue liste de bienfaiteurs
et de partenaires religieux ou issus
du mouvement pro-vie, a constaté
Rue Frontenac.
Gabrielle Duchaine
[email protected]
Nombre d’entre eux sont sous la
tutelle de l’Alliance Ressources Grossesse, un
discret regroupement de 14 centres d’aide
aux femmes enceintes.
L’Alliance n’accorde pas d’entrevues. Son
dirigeant les considère comme une perte
de temps, nous a-t-il dit. Il refuse même de
s’identifier comme pro-vie.
Selon son site Web, le mandat de l’Alliance
est de réunir les responsables des divers
centres, dont le Centre Conseils Grossesse,
le centre Naître ou ne pas naître et Options
Grossesse Trois-Rivières, pour «obtenir
un effet synergétique entre eux, comblant
les besoins de la jeune femme enceinte en
difficulté».
Il organise des congrès, visite les différents
centres pour «encourager et fortifier les
directeurs et leur personnel» et fait circuler
de l’information jugée pertinente. On
ne précise pas si cette information est la
même que les mensonges véhiculés par les
centres d’aide à la grossesse ciblés par Rue Frontenac.
Le groupe a des liens avec une association
ouvertement pro-vie qui publie sur son
portail Internet un document sur l’avortement
reprenant les propos trompeurs entendus
durant notre enquête: Respect de la VieMouvement d’Éducation.
Faussetés
On peut y lire que l’interruption
volontaire de grossesse entraînerait la
stérilité dans 2 à 5% des cas, augmenterait
le risque de souffrir d’un cancer du sein de
30%, accroîtrait par quatre fois les cas de
cancer du col utérin, hausserait les risques
de suicide de 2 à 7 fois, engendrerait 8 fois
plus de grossesses ectopiques qu’en temps
normal et augmenterait de 7 à 15 fois les
risques de subir une césarienne ou de
donner naissance à un enfant handicapé ou
mal formé. Tout cela est faux.
RVME fait aussi la promotion de plusieurs
centres qui ne sont pas membres de
l’Alliance Ressources Grossesse et auxquels
s’est intéressé Rue Frontenac. C’est le cas de
La Roselière et du Centre Options Grossesse,
tous deux dans la région de Québec, et
du Centre d’aide en crise de grossesse de
Châteauguay, en Montérégie.
Ce dernier, avec Options Grossesse,
est affilié à l’Association canadienne des
services et du soutien pendant la grossesse
(CAPSS), une organisation chrétienne
qui compte 71 membres au pays et qui défend
la dignité de l’humain dès la conception.
photo olivieR Jean
Bienfaiteurs chrétiens
Le Centre Conseils Grossesse de Montréal
compte aussi sur des bienfaiteurs chrétiens.
La Fondation des œuvres internationales, qui
a notamment des missions en Haïti, en fait
état comme l’un de ses principaux projets.
Contacté par Rue Frontenac, l’organisme a
dit ne pas avoir beaucoup d’information sur
les activités de Centre Conseils Grossesse et
préférer la publication de notre dossier avant de
commenter.
L’entreprise et son alter ego Options
Grossesse sont également inscrits au Registre
des organismes de charité chrétiens, un outil
de promotion payant offert uniquement
aux clients du Conseil québécois des
organismes chrétiens. Ni l’une ni l’autre ne
s’en vante sur son site Internet ou lors de ses
consultations.
La majorité des organismes d’aide à la
grossesse mentionnés ci-dessus n’ont pas
répondu à nos demandes d’entrevue. Une
employée d’Options Grossesse Trois-Rivières
nous a pour sa part affirmé que l’information
véhiculée par son organisme, notamment que
l’avortement augmente les risques de cancer et
d’infertilité, est vraie, même si les autorités de
santé publique disent le contraire. «Au Québec,
il n’y a pas assez de recherche sur la question.
Mais ça commence», a dit Danielle Houle.
Elle nous a notamment référée aux travaux
d’un médecin de Québec, Michel Robillard, qui
n’est nul autre que le fondateur de ChastetéQuébec.
À Lire aussi
sur RueFrontenac.com
Le billet de Valérie
Dufour: La vie à tout prix
Nouvelles
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Un premier numéro historique
Ce premier numéro du nouvel
hebdomadaire Rue Frontenac
revêt un caractère bien
particulier.
Sortant près de deux semaines
après le rejet massif des premières
offres patronales dans un conflit qui
perdure depuis plus de 21 mois, vous
remarquerez qu’il est salué par l’ensemble du mouvement syndical québécois, pour qui l’attitude de Quebecor est inacceptable.
Pour les lock-outés du Journal de
Montréal eux-mêmes, il coïncide avec
une relance de leur lutte pour un règlement équitable – la conservation d’emplois dans des conditions acceptables
et un futur honorable pour ceux qui ne
retrouveront pas le leur –, un objectif
que le temps n’a pas amoindri.
Mais si l’existence de RueFrontenac.
com et la parution de Rue Frontenac
papier permettent à ce conflit de ne
pas tomber dans l’oubli, pour les travailleurs qui leur donnent vie tous
les jours, il s’agit de médias où la
Un premier numéro à conserver.
Pour atteindre 100 ans de
journalisme indépendant,
il faudra toujours un premier
numéro. Bon succès !
Le Syndicat de la rédaction
du quotidien LE DEVOIR
5
Sommaire
rigueur journalistique prime avant tout
et de l’exercice stimulant d’une presse
libre par de vrais professionnels de
l’information.
Certes, nous traiterons de problèmes sociaux et nous nous intéresserons aux autres conflits de travail,
mais jamais nous ne le ferons avec
complaisance ou engagement envers
qui que ce soit.
Après nous être bâti une crédibilité sur le Web depuis 21 mois, nous
expérimentons une nouvelle voie en
offrant une information générale sur
papier sur une base hebdomadaire.
Vous retrouverez dans Rue Frontenac
du journalisme inédit, le meilleur de
nos enquêtes, reportages, analyses et
entrevues ainsi que le point de vue
pertinent de nos principaux chroniqueurs, tout en continuant à pouvoir
lire nos nouvelles quotidiennes sur
Internet.
Bonne lecture.
Richard Bousquet
Coordonnateur général
de Rue Frontenac
STM
Un centre nerveux préhistorique ............8
École alternative
Des parents prêts à tout..........................11
AFFAIRES
Matrox sur la corde raide .......................... 18
Manoir Richelieu
Des plaies pas encore cicatrisées ....... 20
CULTURE
Guy A. Lepage
Le courage de ses convictions.............. 24
GAMIQ ou ADISQ: la guerre des clans
Ça change pas le monde ........................ 26
DÉTENTE
Plaisirs de la table.................................... 34
Les jeux alphabétiques ........................... 35
SPORTS
Le football québécois en explosion......... 36
Débranchée, la voiture
tout électrique ...........................................40
Tomas Plekanec, le perfectionniste........ 46
6
Nouvelles
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Des Américains en colère
Rue Frontenac vous emmène à une assemblée du Tea Party en Floride
LAKE WORTH, Floride — Ils étaient rassemblés dans la salle
paroissiale d’une banlieue cossue, un dimanche soir, au fond d’un
stationnement bordé de palmiers. Une soixantaine de citoyens
venaient assister à la fondation d’un chapitre local du Tea Party, ce
mouvement politique qui fait dérailler la présidence de Barack Obama.
Marco Fortier
Contre le «socialisme»
[email protected]
Plutôt que de rester chez eux à chialer,
les militants du Tea Party se regroupent,
s’informent, se mobilisent et font bouger les
choses. Des centaines de groupuscules du Tea
Party, comme celui de Lake Worth, naissent
partout aux États-Unis et sont en train de
changer le visage de la politique au pays de
Barack Obama.
«Je sens un niveau de colère jamais vu dans
la population», dit Robert Charles McDonald,
président-fondateur du chapitre de Lake
Worth du Tea Party, à la soixantaine de
citoyens rassemblés dans la salle. Cet ancien
officier de la police et de l’armée américaine se
fait appeler par ses initiales: R. C. Prononcer
«Arsie».
Queue de cheval, moustache, jeans et
bottes de cow-boy. Il a l’air d’un dur, il est
très fâché, mais il reste poli. Jamais un mot
plus haut que l’autre. Ce retraité de 54 ans
et père de quatre enfants n’avait jamais
fait de politique de sa vie, mais l’arrivée
d’Obama à la Maison-Blanche lui a donné un
électrochoc.
Nous sommes entrés sans nous annoncer, ma
collègue Annik de Carufel et moi. Impossible de
passer inaperçus: elle brandissait son appareil
photo muni d’une lentille digne d’un safari en
Tanzanie. Elle a commencé à faire le tour de la
salle pour shooter la faune politique qui discutait
d’hôpitaux, d’écoles et de crise économique. Je
noircissais mon calepin de notes.
Une petite madame d’une cinquantaine
d’années s’est approchée: qui êtes-vous?
— On est journaliste et photographe de Rue
Frontenac, un quotidien de Montréal, au Canada.
— Vous êtes venus du Canada pour nous
rencontrer? Waow, bienvenue parmi nous!
Ce soir-là, dans la petite ville de Lake
Worth, dans le sud de la Floride, on a vu de
nos propres yeux ce qu’est le Tea Party: un
regroupement spontané de citoyens fâchés —
en criss, même — contre les gouvernements.
Contre tous les niveaux de gouvernement.
Contre tous les partis. Contre ce qu’ils appellent
«l’establishment» et «l’élite politique».
Arsie ne digère pas la réforme de la santé
lancée par Obama. Pour Arsie, forcer les
contribuables à payer pour l’assurance-maladie
des 47 millions d’Américains qui n’avaient
aucun filet de sécurité, c’est du «socialisme».
Ça lui déplaît. Et il ne parle pas à travers son
chapeau: Arsie affirme avoir fouillé le projet de
loi durant cinq semaines avant de se prononcer.
«La réforme d’Obama réduit la compétition
entre les compagnies d’assurances. Les primes
vont augmenter», dit-il.
C’est le plan de relance de l’économie de
près de 800 milliards de dollars qui l’a incité
à former un chapitre local du Tea Party. «Notre
dette se compte en trillions de dollars! Les
républicains de Bush n’étaient pas mieux que
les démocrates, ils dépensaient trop, eux aussi.
Tout le monde me décourage en politique
fédérale», dit-il.
Crise de confiance
Ce soir-là, trois candidats aux élections
du 2 novembre sont venus répondre aux
questions du Tea Party. Deux républicains, une
démocrate. Ils ont tous servi le même message:
on n’est pas des politiciens de carrière, on fait
partie du peuple. On va prendre soin de vos
taxes. On va couper dans le gras.
«Le gouvernement ne fait pas partie de la
solution: la crise, c’est le gouvernement», a
lancé Sherry Lee, une agente d’immeubles qui
cherche à se recycler comme commissaire du
comté de Palm Beach (l’équivalent d’un préfet
de MRC au Québec). Les temps sont durs dans
l’immobilier. Les maisons de Palm Beach ont
perdu la moitié de leur valeur en deux ans,
explique la dynamique blonde.
«J’ai regardé mon compte de taxes: je paye
des comptes de dépenses aux fonctionnaires
de 17 niveaux de gouvernement», a ajouté
Sherry Lee. Tonnerre d’applaudissements dans
la salle paroissiale.
Le budget de la commission scolaire a
triplé en 10 ans, note-t-elle. «Où va l’argent
des commissions scolaires? Dans les frais de
déplacement des commissaires.»
Tiens tiens... J’ai tout à coup l’impression
de me trouver à Québec et non dans le sud de
la Floride.
Bill Graham, candidat au poste de
commissaire scolaire, me ramène toutefois
de façon brutale aux États-Unis. Pour lui,
il faudrait abolir non pas les commissions
scolaires, mais le... ministère de l’Éducation,
une «bureaucratie» dont les Américains
pourraient se passer, plaide-t-il. «Je crois à
la gestion locale et souveraine de nos écoles.
Pas besoin de fonctionnaires à Washington
pour nous dire comment enseigner à nos
enfants.»
À lire Aussi
sur RueFrontenac.com
L’heure de gloire
du «monde ordinaire»
L’APPQ tient à saluer
le courage et la détermination
des professionnels de l’information
de Rue Frontenac.
L’ASSOCIATION DES POLICIÈRES ET POLICIERS PROVINCIAUX DU QUÉBEC (APPQ)
Nouvelles
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Arsie a l’air d’un dur, il est très fâché, mais il reste poli. L’arrivée d’Obama à la Maison-Blanche lui a donné un électrochoc.
7
photo Annik mh de cARuFel
Esthétique &
implantologie
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Nouvelles
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
La facture du centre de contrôle qui gère le trafic du métro sera plus salée que prévu.
photo Chantal poiRieR
Un centre nerveux préhistorique
Les mises à jour informatiques doivent être effectuées à la main à la STM
Même si elle a investi des millions pour se doter d’un centre de contrôle à la fine
pointe de la technologie, la STM fonctionne toujours avec un système digne de
«l’âge de pierre» en raison d’un litige avec un fournisseur. Une situation à ce point
«sérieuse» que l’opposition officielle exige une enquête du vérificateur général.
Marilou Séguin
[email protected]
Selon ce qu’a appris Rue Frontenac,
l’ouverture du centre de contrôle, qui devait
Tous mes vœux de succès
aux artisans-nes d’un
journal qui savent se
tenir debout et qui nous
démontrent au quotidien
leur amour du métier et
leur sens de la dignité.
Solidairement
Amir Khadir
Député de Mercier
être prêt en 2008-2009, a été retardée aux
environs de 2012.
Des défis technologiques rencontrés sur
le terrain ont fait en sorte que l’échéancier du projet accuse des délais majeurs
et que la facture, initialement estimée
à environ 50M$, sera plus salée que
prévue.
Des solutions auraient été trouvées,
mais la STM ne veut pas donner de détails sur le litige ou sur le coût du projet
tant que le dossier n’est pas définitivement réglé avec le fournisseur.
Informée de la situation, l’Opposition
officielle a affirmé qu’elle demandera au
vérificateur général d’ouvrir une enquête
pour faire toute la lumière sur la situation.
«C’est assez sérieux pour qu’on demande
à voir toutes les informations», dit Elsie
Lefebvre, porte-parole de Vision Montréal
en matière de transport en commun.
Centre nerveux
Le nouveau centre de contrôle, où sera
effectuée toute la gestion du trafic et de
l’exploitation du métro, remplacera le
centre actuel en activité depuis 1966.
Véritable centre nerveux, le centre de
contrôle reçoit toutes les informations sur
les activités du réseau.
On y gère autant la circulation des
trains en temps réel, grâce à un système informatique, que les communications et la distribution de
l’énergie électrique.
Le système d’ordinateurs actuel, qui date
du milieu des années 1980, est toutefois
désuet et doit être modernisé.
«C’est un projet hautement technolo-
gique, d’une très grande envergure», dit
Odile Paradis, porte-parole de la STM.
Le remplacement des équipements
d’exploitation du métro, qui se fait
graduellement au fil des ans, représente
cependant un réel défi pour la Société.
«Les nouveaux systèmes des années 2000
doivent souvent parler avec de la vieille
technologie des années 1960, indique Donald Desaulniers, directeur du programme
Réno-Systèmes. Le complexité est très
élevée.»
Comme à l’âge de pierre
En attendant que le nouveau centre de
contrôle soit complètement opérationnel, l’équipe d’exploitation, composée
d’employés spécialisés, doit travailler avec
des équipements parfois très vieux.
«On est à l’âge de pierre, mais ça
fonctionne», dit Mme Paradis, soulignant
que les employés font de petits miracles pour
entretenir le système.
Par exemple, dans l’ancien centre de
contrôle, un mur entier est couvert de
fils téléphoniques et les mises à jour
informatiques doivent être effectuées
à la main parce qu’elles ne se font pas
automatiquement. La gestion des trains
est actuellement encore effectuée avec les
vieux ordinateurs, sauf à Laval.
Mais malgré son âge, le centre de
contrôle act uel est encore fiable, assure
M. Desaulniers.
Nouvelles
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
9
Entrevue exclusive avec le nouveau chef de la police de Montréal
Pas de coupes au SPVM
Le nouveau chef de la police de
Montréal, Marc Parent, prévoit sauver
tous les policiers temporaires et ne
couper aucun poste au sein du SPVM
en 2011, selon des scénarios budgétaires qu’il a déposés cette semaine à
la Ville de Montréal.
Daniel Renaud
[email protected]
«Dans les scénarios que je propose, il n’y
a pas de coupes de postes. Au contraire, on
garde tout le monde», a déclaré Marc Parent
dans une entrevue exclusive accordée à RueFrontenac.com la semaine dernière, juste
avant de s’envoler pour Haïti où il a passé
quelques jours pour rencontrer ses troupes
en mission dans ce pays.
En raison des compressions de 35M$ imposées par la Ville de Montréal à la police
depuis deux ans, 145 policiers temporaires
risquaient de perdre leur emploi ce mois-ci.
À la suite d’une entente avec la Fraternité des
policiers de Montréal, M. Parent a annoncé
dernièrement qu’il était parvenu à prolonger
leur mandat jusqu’à la fin décembre.
Or, de tous les scénarios budgétaires que
son service a soumis à la Ville cette semaine,
aucun ne prévoit des mises à pied chez les
temporaires en 2011. Même que Marc Parent
est confiant de pouvoir «régulariser» la situation des policiers temporaires qui termineront leur troisième mandat le 31 décembre,
en leur accordant leur permanence.
Normalement, un policier temporaire doit
effectuer au maximum deux mandats de
300 jours avant de devenir policier permanent. Mais pour éviter de mettre à pied les
plus anciens d’entre eux menacés par les
compressions, la direction de la police et le
syndicat s’étaient entendus pour qu’ils effectuent un troisième mandat en 2010.
Ces policiers temporaires sont des intervenants de première ligne et sont très importants pour plusieurs postes de quartier
qui peuvent en compter dans leurs effectifs
jusqu’à une dizaine à la fois. «De façon globale en 2011, dans les différents scénarios budgétaires que je dépose,
tous les policiers temporaires sont intégrés.
Tous ceux qui sont éligibles à la permanence, on entend régulariser leur situation»,
a confié Marc Parent à RueFrontenac.com.
«Pour y parvenir, je jongle beaucoup avec
mes ressources. Tout est une question de
choix», explique le nouveau chef, selon qui
le fait d’avoir réduit le nombre de directions
au SPVM, de trois à une, permet en partie ce
tour de force.
La police a déposé ses scénarios budgétaires
2011 devant la Commission de la sécurité publique de la Ville de Montréal la semaine dernière. Le Comité exécutif de la Ville en a pris
connaissance cette semaine et le scénario choisi pourrait être connu autour du 5 novembre.
«La réception de la Ville est bonne. Ils ont
la préoccupation que l’on puisse offrir un
bon service aux citoyens. Ils ont également
le souci d’avoir les effectifs policiers nécessaires», dit-il.
Par ailleurs, l’arbitre Jean Barrette vient à
peine de trancher, en juin dernier, les conditions salariales pour les années 2007 à 2010,
que déjà les négociations pour le renouvellement de la convention collective débuteront
dans quelques semaines.
Patrons et syndicats sont déjà en train de
préparer un calendrier de rencontres qui devraient sûrement débuter avant Noël, annonce
M. Parent.
Les augmentations de 8,25% sur quatre ans
accordées par l’arbitre Barrette après deux longues années de délibérations ont déçu autant
la Fraternité, qui demandait des hausses totales
de 13%, que la Ville, qui n’en offrait que 6%.
M. Parent est confiant d’éviter l’arbitrage
cette fois-ci.
Quelque 2000 policiers ont manifesté à
Montréal le 20 octobre, mettant la table pour
les prochaines négociations qui débuteront
dans quelques semaines.
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10
Nouvelles
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
L’identité de MaChouette
Jamais Leblanc n’aurait trahi
Daniel Leblanc, ce journaliste du
Globe and Mail qui a levé le voile sur le
scandale des commandites, n’aurait
jamais, même si la Cour suprême
le lui avait ordonné le 22 octobre,
dévoilé l’identité de la fameuse
source anonyme qui l’a mis sur le
coup, MaChouette.
David Santerre
[email protected]
Pendant les deux années au cours desquelles se sont étirées les procédures, il n’en
a jamais démordu.
Même si une telle bravade aurait pu lui
valoir une accusation d’outrage au tribunal,
ce qui peut valoir à son auteur jusqu’à un
an de prison.
Il n’aurait jamais pu se résoudre à trahir
la promesse d’anonymat faite à MaChouette.
«Si un jour elle veut se faire connaître, écrire
un livre, c’est à elle de décider de le faire, et
à personne d’autre», opine-t-il.
Sans entrer dans les détails, il dit avoir
parlé avec MaChouette pendant cette période. Elle a craint de voir son identité révélée et de subir des représailles.
«Elle a dû se poser des questions. Elle a
agi de bonne foi et devait se demander pourquoi elle aurait dû se dévoiler», confie-t-il.
Même s’il ne s’étend pas sur les états
d’âme par lesquels il est passé pendant ces
deux années, il ne cache pas qu’elles ont été
pénibles.
«C’était long et frustrant. Surtout quand
les tribunaux rendaient des décisions à mon
encontre ou que la Cour d’appel a refusé de
nous entendre. Je n’acceptais pas ces décisions. Je sentais que j’étais victime d’une
injustice», se souvient-il.
L’importance des sources anonymes
Mais c’est au contraire une grande victoire
pour lui, mais aussi pour toute la profession
journalistique.
Car le juge Louis Lebel, qui rédige ce jugement unanime, est clair. C’est un plaidoyer
en faveur du journalisme d’enquête et des
méthodes que les reporters doivent parfois
utiliser, comme l’usage de sources anonymes
non autorisées.
«Force est de constater que, pour mettre
au jour des nouvelles d’une grande importance pour le public, les sources désireuses
de révéler ces informations doivent souvent violer des obligations juridiques. Les
exemples abondent dans l’histoire. À mon
sens, le travail et les activités des médias
seraient par ailleurs dramatiquement perturbés si on obligeait un journaliste (…)
à s’assurer que sa source ne viole aucune
obligation juridique en lui fournissant des
renseignements», ajoute-t-il.
Cette cause a pris naissance à l’automne
2008 avec le litige opposant le gouvernement fédéral au Groupe Polygone, une des
agences de publicité qui ont bénéficié des
largesses du programme des commandites.
Daniel Leblanc a dû témoigner devant la
Cour supérieure du Québec et le juge JeanFrançois de Grandpré lui avait ordonné de
répondre aux questions des avocats de Polygone qui cherchaient à connaître l’identité
de MaChouette.
Leblanc s’est objecté au nom du
privilège de protection des sources généralement reconnu par les tribunaux.
Mais le juge a rendu sa décision «vite,
vite, vite», selon ses propres mots, sans
même entendre les arguments du clan
Leblanc.
Cette absence de débat devant le juge de
Grandpré fait que le juge Lebel se dit malheureusement privé d’information qui lui
aurait permis de trancher le litige sur le
fond.
Il envoie donc l’affaire devant la Cour supérieure à qui il demande de revoir l’affaire
à la lumière du test de Wigmore, qui définit la divulgation de l’identité d’une source
comme moyen de «dernier recours».
Depuis plus de 80 ans, notre quartier a accueilli
plusieurs médias d’envergure.
Le dernier en lice:
L’équipe des élus du Plateau-Mont-Royal
de Projet Montréal, fière d’appuyer la venue au
monde de l’édition papier de Rue Frontenac
Pour que la tradition se poursuive !
11
Nouvelles
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Dénicher une place dans une école alternative
Des parents prêts à tout
Jessica Nadeau
[email protected]
Il est six heures du matin. Il fait encore
noir. Devant l’école alternative Rose-desVents, rue Beaubien, dans Rosemont, une
quinzaine de parents grelottent sous la pluie
froide du mois d’octobre. Certains sont
là depuis quelques heures. D’autres ont
carrément couché là.
C’est le cas de Fernando, père de jumeaux,
Sofia et Nicholas, âgés de 5 ans. Fernando
s’est présenté sur les lieux à 20 h dimanche,
soit 12 heures avant le début de l’inscription. Il voulait être le premier. Car c’est
premier arrivé, premier servi pour le dépôt
des candidatures.
Il tient absolument à ce que ses jumeaux
puissent fréquenter une école alternative,
une institution qui mise sur le développement de l’enfant par le biais de projets plutôt que par l’enseignement traditionnel des
matières. Mais il n’y a que de 20 à 40 nouvelles places chaque année dans les 6 écoles
alternatives de la Commission scolaire de
Montréal (CSDM). Alors, il fait la file.
Fernando a tout organisé. Il a fait
venir une gardienne pour alterner avec sa
conjointe. Il a emprunté la voiture de son
voisin pour qu’ils aient chacun un véhicule.
Il a fait du repérage la veille. Il a pris congé
pour l’occasion. Et il s’est habillé : trois pantalons, deux paires de gants, une tuque, un
manteau d’hiver.
Sur une chaise de camping, emmitouflé
dans son sac de couchage, Fernando déplore
ce mode de recrutement. « C’est complètement fou, ce n’est pas un bon système, je
sais bien que c’est une bonne école et c’est
pour cela que je suis ici. C’est un bon sacrifice, mais ce n’est pas normal de faire coucher du monde dehors pour inscrire son
enfant à la maternelle ! »
peu folle. Mais elle s’est vite rendu compte
qu’elle n’était pas la seule.
« Nous sommes la preuve qu’il y a de la
demande pour ce type de pédagogie qui respecte mieux les particularités de chaque enfant », explique à son tour Jean-François Joly.
La CSDM s’en mêle
À la CSDM, on soutient ne pas favoriser ce
type de procédure et préférer le tirage au sort.
«Ce n’est pas la meilleure idée en ville de
laisser des parents sur le trottoir toute la nuit,
il y a d’autres façons de faire», affirme Alain
Perron, porte-parole de la CSDM, qui ajoute
que des recommandations seront faites afin
que cesse ce mode de recrutement.
L’école Rose-des-Vents avait, jusqu’à l’an
dernier, une liste d’attente, explique-t-il.
C’est le comité d’admission de l’école, qui
regroupe des parents et des gens de l’école,
qui a choisi de procéder avec la formule
premier arrivé, premier servi.
Déception
À côté de lui, Marie tousse. Elle tente de
se remettre d’un vilain rhume. Elle est arrivée à trois heures du matin pour inscrire son
petit Victor. Elle est quatrième sur la liste.
Fernando lui a prêté son deuxième sac de
couchage pour la tenir au chaud. « C’est sûr
que ce n’est pas évident, mais ça en vaut
la peine. Et c’est quand même moins pire
que les CPE où on vous met sur une liste
d’attente pendant quatre ans sans jamais
vous rappeler. Ici au moins, ça se règle en
quelques heures. »
Manon est déçue. Elle est arrivée à
cinq heures du matin. Elle pensait être la
première. Mais non. Il y avait déjà une
dizaine de personnes lorsqu’elle s’est présentée lundi matin. Elle est loin d’être assurée d’avoir une place pour son petit Ludvic.
Isabelle, elle, s’est levée en pleine nuit,
à trois heures du matin. Elle se trouvait un
CENTRE
Passer la nuit dehors à faire la file pour
inscrire leur enfant à l’école primaire,
voilà jusqu’où certains parents sont
prêts à aller pour que leur rejeton
puisse fréquenter l’une des rares
écoles alternatives de Montréal.
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12 L’échangeur Frontenac
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Québec doit-il encore
subventionner le cancer?
Les propriétaires de la mine Jeffrey
d’Asbestos ont besoin que le
gouvernement du Québec garantisse
un emprunt de 58 M$ pour en
continuer l’exploitation souterraine.
Au cours des années 1970, l’amiante était
la propriété de compagnies américaines.
Les syndicats des travailleurs de l’amiante
à Montréal, à Asbestos et à Thetford
Mines clamaient que l’amiantose et les mésothéliomes tuaient les travailleurs qui
maniaient cette fibre.
Ils étaient sans doute conscients du
danger lorsque certains d’entre eux m’ont
jeté un sac de fibres sur la tête en face
de l’Assemblée nationale lorsque j’étais
ministre du Travail.
Le gouvernement dont je faisais partie
était sur le point d’adopter un amendement
à la loi des accidents de travail pour faire
assumer par les compagnies minières
américaines les coûts reliés à ces maladies
au lieu de les faire assumer par l’ensemble
des Québécois par le truchement de l’aide
sociale aux personnes handicapées.
L’industrie s’est alors assagie et a mis en
place ce qu’il fallait pour ne pas avoir à subir
les conséquences de sa négligence à assurer
le maximum de sécurité à ses employés.
Depuis, l’amiante a été interdite en
Amérique du Nord et en Europe parce
qu’elle est dangereuse.
Les exportations d’amiante vers les ÉtatsUnis sont passées de 550 000 tonnes en 1979
à 50 000 tonnes en 1992.
Nouveaux cas
En 2004, 613 nouveaux cas de maladie
reliés à l’amiante sont apparus au Québec.
Selon l’Organisation mondiale de la
santé, environ 125 millions de personnes
dans le monde sont exposées à l’amiante
et en 2004 seulement, 107 000 personnes
sont décédées de maladies associées à
ces fibres.
Le 29 janvier 2010, plus de 100 scientifiques
de 28 pays ont remis une lettre à Jean
Charest qui assistait au World Economic
Forum de Davos; ils y affirmaient que son
gouvernement «dépense des millions de
dollars pour retirer l’amiante chrysotile
et autres formes d’amiante des écoles,
hôpitaux et autres édifices alors qu’au
même moment il exporte ces matériaux
dans les pays en voie de développement
et affirme qu’ils sont sécuritaires»;
ils rappellent qu’une quinzaine d’expertises
publiées par l’Institut de santé publique
du Québec affirment qu’il est prouvé
qu’il est impossible de manipuler
l’amiante chrysotile de façon sécuritaire au
Québec.
Le 13 mai 2010, l’Organisation mondiale
de la santé-OMS revient à la charge et
émet un document qui propose d’arrêter
l’utilisation de l’amiante parce que «tous
les types d’amiante causent le cancer des
poumons, le mésothéliome, le cancer du
larynx et des ovaires et l’amiantose».
Le 29 juin 2010, la Société canadienne du
cancer, la Canadian Public Health Association
et la Canadian Medical Association
indiquent que la reprise éventuelle des
activités d’extraction et d’exportation de la
mine contribuerait à augmenter le nombre
de cas de cancer causé par l’amiante qui
fait déjà 90 000 morts chaque année dans
le monde.
Un homicide
S’il est compréhensible que les Québécois
qui vivent à Asbestos veuillent rouvrir
la mine Jeffrey, ça l’est beaucoup moins
lorsque les Québécois qui vivent au Québec
sont appelés à financer indirectement
ce qui serait considéré ici comme un
homicide.
S’il est normal que les propriétaires
de la mine Jeffrey d’Asbestos veuillent
rentabiliser leur investissement, est-ce
bien au gouvernement du Québec de
garantir un emprunt de 58 M$ pour
lui permettre de damer le pion à ses
concurrents qui veulent vendre le meurtrier
matériau aux entrepreneurs inconscients
de l’Inde?
Je ne suis pas un ennemi de l’industrie
de l’amiante. Ma conscience d’être humain
me fait penser qu’il est immoral de
subventionner l’exportation d’un produit
que mon gouvernement ne veut pas utiliser
chez nous parce qu’il est dangereux pour
notre santé.
Elle me dit que contribuer à vendre
des fibres québécoises à des entrepreneurs
inconnus, c’est contribuer à répandre
des maladies incurables chez des plus
démunis obligés de gagner leur pain
au bénéfice de modernes pachas indiens
sans conscience.
Elle me crie: Ti-Jean, dans le doute
abstiens-toi.
Jean Cournoyer,
commentateur, analyste et
ancien ministre libéral du Travail
MARC BeAudet [email protected]
C’est vous qui le dites
Le féminisme toujours pertinent !
Ces dernières semaines, des personnes
bien en vue ont accusé la Fédération des
femmes du Québec de perpétuer la « guerre
des sexes » et d’être trop à gauche. Est-ce
une critique juste?
Vouloir faire la guerre aux inégalités ne
veut pas dire faire la guerre aux hommes.
Nous sommes plutôt portées à combattre
les structures, valeurs, lois et pratiques qui
défavorisent les femmes et nous pensons
que les hommes sont partenaires dans la
création d’un monde plus égalitaire.
Serions-nous trop à gauche ? Bon nombre
de femmes ont réussi à faire leur place
intéressante dans l’économie actuelle
et c’est tant mieux. Elles sont toutefois
minoritaires à gravir les échelons du
pouvoir économique ou politique. Plusieurs
d’entre elles sont confrontées au plafond de
verre, signe que notre lutte pour l’égalité est
encore pertinente et que les «boys’ clubs»
ne sont pas chose du passé.
Les femmes occupent encore la majorité
des emplois à bas salaire, précaires ou à
temps partiel, gagnant à peine 70 % du
salaire des hommes.
Dans le secteur public, la sous-traitance
fait en sorte que les femmes, qui y avaient
trouvé des emplois intéressants, les perdent
au profit d’entreprises payant des salaires
moindres avec peu ou pas de protection
sociale. La privatisation des services
publics fait pression sur les prochesaidants, en majorité des femmes, qui
doivent quitter le marché du travail pour
assumer gratuitement les responsabilités
délaissées par l’État.
La droite cherche à rendre les gens
plus responsables individuellement de
leur évolution. Ainsi, on veut réduire les
protections sociales et faire payer pour les
services publics comme pour tout autre
bien de consommation. Cette position va à
l’encontre de l’intérêt de la vaste majorité
des femmes.
La FFQ affiche fièrement ses positions
féministes et critiques de la droite,
qu’elle soit au pouvoir, dans les religions
ou chez les ténors d’une économie
individualiste.
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Sciences
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Nouvelles
15
Gros bedon, gros cerveau
Selon une étude américaine, la grossesse rendrait plus intelligente
La maternité fait grossir le cerveau.
Une récente étude américaine révèle
en effet que des zones cérébrales
associées à la motivation et au comportement parental gagneraient en
volume sous l’effet de la maternité.
Louis Mathieu Gagné
[email protected]
Plus étonnant encore, ce phénomène
serait davantage marqué chez les femmes
qui se plaisent à encenser à tout vent la
beauté, l’unicité et l’intelligence de leur
nouveau-né.
La neuroscientifique Pilyoung Kim et ses
collègues de la Yale University School of
Medicine ont fait cette découverte en analysant à l’aide d’imagerie à résonance magnétique le cerveau de 19 nouvelles mamans.
En comparant les images prises entre la
deuxième et la quatrième semaine suivant
un accouchement à celles captées trois à
quatre mois plus tard, les chercheurs ont
observé que la matière grise s’était accrue dans
certaines parties du cerveau.
Les chercheurs ont observé un accroissement – léger mais significatif – au niveau
de l’hypothalamus, une région associée à la
motivation. Cette même observation a été
faite dans les aires du mésencéphale liées
au plaisir et à la récompense, la région du
cortex préfrontal associée au jugement et au
raisonnement de même que celle du lobe
pariétal liée à l’intégration des informations
perçues par les sens.
Plus marqué chez les enthousiastes
De plus, ces changements étaient plus
importants chez les mères les plus enthousiastes quant à l’apparence, l’intelligence
et la singularité de leur poupon.
«Cet accroissement pourrait aider les
mères à ressentir plus de gratification
dans leurs actions et à percevoir de façon
plus positive leur enfant et la maternité»,
affirme en entrevue l’auteure principale
de l’étude, Pilyoung Kim, aujourd’hui au
service de la National Institute of Mental
Health.
«Le cerveau serait ainsi modelé de façon
à répondre de manière plus efficace aux
besoins de leur enfant, ajoute-t-elle. Cela
pourrait aussi permettre aux mères de
développer un attachement émotionnel
profond, ce qui est essentiel au rôle
parental.»
Instinct maternel
Fait à noter, en temps normal, la matière
grise du cerveau ne s’accroît pas en l’espace
de quelques mois seulement chez une adulte,
à moins d’une maladie, d’une blessure ou
d’un important changement environnemental.
Selon les auteurs de cette étude publiée
dans le dernier numéro de la revue Behavioral Neuroscience, les changements hormonaux qui surviennent en cours de grossesse,
tels que la hausse d’œstrogène, de prolactine et d’ocytocine, amèneraient le cerveau
des mères à se restructurer en réponse aux
interactions avec leur enfant afin d’assurer
des soins de qualité.
«L’instinct maternel est basé sur les
changements hormonaux qui s’opèrent dans
le cerveau durant la grossesse et la période
post-partum, période au cours de laquelle les
interactions avec l’enfant jouent aussi un rôle
important. Les changements que nous avons
observés pourraient donc aider les mères à
manifester leur instinct maternel en adoptant
des comportements adéquats pour répondre
aux besoins de leur enfant et à se sentir heureuses et accomplies dans la maternité et la
parentalité», explique la neuroscientifique.
À la lumière de ces résultats, peut-on conclure
que les nouvelles mamans deviennent plus
intelligentes? La présente étude ne peut l’affirmer puisqu’elle s’est uniquement attardée au
volume du cerveau et non à ses fonctions
cognitives. Mais cela pourrait bien être le cas,
du moins en matière d’intelligence parentale,
car ces deux aspects vont normalement de pair
et un ajout de matière grise au niveau du cortex
préfrontal a été observé, selon Mme Kim.
LIBERTÉ D’EXPRESSION | LIBERTÉ DE PRESSE
AVEC VOUS DEPUIS LE DÉBUT
sepb:225-dv
16
Nouvelles
Jeux vidéo
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Le créateur d’Assassin’s
Creed fait le grand saut
jeAn-frAnçois
Codère
[email protected]
Il est à l’origine de l’un des produits
culturels québécois les plus célèbres
à l’échelle internationale et pourtant,
personne ne le connaît. C’est en
partie pour changer cela que Patrice
Désilets, créateur des jeux vidéo
Assassin’s Creed, a abandonné son
bébé pour se joindre à un nouveau
studio montréalais, THQ.
Ensemble, les deux premiers exemplaires
de la série se sont écoulés à plus de 19 millions d’exemplaires partout dans le monde,
faisant d’Assassin’s Creed l’une des marques
les plus puissantes de l’industrie du jeu et
le pilier de tout Ubisoft. L’oeuvre imaginée
par Patrice Désilets, un ancien étudiant en
cinéma, a vraisemblablement généré 100
fois plus de revenus que le plus populaire des
films québécois de l’histoire.
Pourtant, comme il le dit lui-même, «je ne
roule pas en Maserati». Son salaire, c’était
«plus qu’une infirmière, mais ce n’était pas
Hollywood», dit-il. À quelques exceptions
près, les grands créateurs de l’industrie du
jeu vidéo sont considérés comme des employés comme les autres, témoigne-t-il. Ils ne
jouissent pas non plus d’autant de contrôle
sur leur oeuvre que leurs équivalents dans
d’autres formes d’art.
«Dans d’autres médias, les réalisateurs ou
En Amérique du Nord, Désilets sera l’un
des premiers créateurs à bénéficier de ce
traitement, un peu plus répandu au Japon.
Il espère créer un précédent qui changera
la culture de cette industrie. «Si mon départ
change quelque chose, c’est qu’il y a un gars
d’en bas qui se ramasse en haut», image-t-il.
Plus à l’aise
Patrice Désilets a choisi la liberté.
photo olivieR Jean
les metteurs en scène par exemple dégagent
l’impression qu’ils font ce qu’ils veulent de
leur projet. Dans le jeu, ce sont des logos de
compagnies qui mènent le bal. On oublie que
ce sont des gens qui les font, les jeux. Ce qui
fait la qualité d’une oeuvre, c’est toujours la
touche personnelle.»
C’est en partie pourquoi il a annoncé,
en mai dernier, son départ d’Ubisoft Montréal, là où il avait oeuvré pendant 13 ans,
soit depuis les débuts du studio. La semaine
dernière, l’entreprise américaine THQ a fièrement dévoilé que Désilets serait la pierre
d’assise du nouveau studio montréalais
qu’elle inaugurait.
Là-bas, Désilets s’est assuré d’obtenir une
liberté totale. «Je n’ai jamais eu le final cut
sur mes jeux, regrette-t-il. Ce n’est pas grave,
dans le sens que si Ubisoft veut travailler
comme cela, c’est OK. Mais moi je voulais
faire autre chose. Et vous pouvez être sûrs
que je me suis arrangé pour avoir le final cut
chez THQ.»
Qui plus est, les jeux qu’il produira seront
signés conjointement par THQ et par sa
propre étiquette, dont il n’a pas encore choisi
le nom. «Je jongle avec deux ou trois idées,
mais il n’y a rien d’officiel encore.»
Il insiste sur le fait qu’il n’est pas là pour
critiquer son ancien employeur. «Je suis seulement allé me chercher une liberté que je
n’avais plus chez Ubisoft. Ce n’est pas une
question de «Moi le bon» contre «Eux les méchants». Je n’étais simplement plus à l’aise
dans cette merveilleuse boîte qui m’a donné
ma première chance.»
Comme Altaïr et Ezio, héros des deux premiers épisodes d’Assassin’s Creed, Désilets a
fait un grand saut dans le vide en quittant
Ubisoft et sa franchise chérie. Rien ne garantit que sa prochaine création connaîtra autant
de succès.
À Lire sAmedi
sur RueFrontenac.com
À quoi ressemblera
son prochain jeu?
Le Conseil central du Montréal métropolitain–CSN
appuie la lutte des 253 membres du Syndicat des
travailleurs de l’information du Journal de MontréalCSN pour le respect et la dignité.
Longue vie au
A
18
Affaires
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
La société Matrox
sur la corde raide
Les deux propriétaires à parts égales ne se parlent plus depuis sept ans
Considérée au tournant des années 2000 comme un fleuron
des hautes technologies canadiennes, la société Matrox, de
l’arrondissement Dorval, est maintenant sur la corde raide en raison
de la guerre ouverte que se livrent depuis sept ans ses deux seuls
actionnaires à parts égales, soutient l’un d’eux, Branislav Matic.
Alain Bisson
[email protected]
D’après des informations inédites colligées par Rue Frontenac, la Chambre commerciale de la Cour supérieure de Montréal
examine actuellement une série de requêtes
pour décider de l’avenir de Matrox, dont une
déposée par M. Matic demandant la mise
aux enchères forcée du contrôle de l’entreprise entre lui et son associé, Lorne Trottier.
Branislav Matic avance que Matrox n’est
plus l’ombre d’elle-même depuis le début de
la chicane d’actionnaires, en 2003. Au sommet de sa gloire, il y a une dizaine d’années,
la société que les deux hommes ont fondée
en 1976 employait 1800 personnes de par le
monde et enregistrait un chiffre d’affaires de
600 à 700 M$ US.
Selon M. Matic, les affaires du fabricant
de matériel informatique graphique ont réduit comme peau de chagrin à compter de
2003. Il soutient que Matrox a eu peine à
atteindre des revenus de 100 M$ US en 2009
et qu’elle n’emploie plus que 850 personnes.
Impasse corporative
Il explique dans sa requête que la crise
des technologies et sa querelle avec M. Trottier sont responsables de cette décroissance.
«Les effets débilitants de l’impasse corporative de Groupe Matrox rendent impossible
pour ce dernier de répondre avec une stratégie d’affaires claire au déclin de sa performance, laquelle menace de façon imminente
sa viabilité», écrit M. Matic par la plume de
ses avocats.
Dans sa contestation de 913 paragraphes
que Rue Frontenac a également consultée,
Lorne Trottier s’oppose à la demande de M.
Matic et propose plutôt comme première solution que la cour force son rival à lui vendre
ses parts.
M. Trottier concède que Matrox a connu
de meilleurs jours. Il avance cependant que
l’essentiel de la décélération – une perte de
quelque 500 M$ US de chiffre d’affaires –
est survenue entre 1997 et 2003 pour cause
d’éclatement de la bulle des technos, soit
avant le début du pugilat corporatif avec M.
Matic.
M. Trottier soutient que la société a engrangé des revenus de 154 M$ US et un profit net avant impôt de 30 M$ US en 2009. Il
assure que Matrox n’est pas du tout au bord
de la banqueroute.
«Heureusement, en dépit du comportement contreproductif de M. Matic, Matrox
continue d’être une compagnie extrêmement rentable», dit-il.
Des dividendes de 55 M$ en deux ans
M. Trottier en donne pour preuve les 30
M$ US de dividende que lui et M. Matic
se sont partagés en 2009, et les 20 M$
US à 25 M$ US qu’ils empocheront à eux
deux, cette année.
Un homme très discret malgré ses
dons médiatisés de 22 M$ à son alma
mater, l’Université McGill, en 2000 et
2006, et de 2 M$ à l’École polytechnique, en 2005, M. Trottier regrette dans
les premières lignes de sa défense que
les affaires de Matrox, une entreprise
jalousement privée, soient exposées au
grand jour.
Évidemment, le litige ne tire pas son
origine des mêmes faits, selon qu’on se
réfère à l’un ou à l’autre.
D’après M. Matic, Lorne Trottier lui a
fait un coup fourré en 2003 en lançant
une nouvelle entreprise, Encentrus, à
partir d’une technologie développée
avec les ressources et le personnel de
Matrox.
Pour en avoir le cœur net, il a espionné
Matrox, un fleuron des hautes technologies canadiennes est en
photo MaRtin BouFFaRd
difficulté, selon un actionnaire.
les courriels de M. Trottier. Lorsque ce
dernier en a eu vent, il a déposé contre
M. Matic une requête en injonction assortie d’une réclamation en dommages
de 350 000$, en décembre 2004. Ce fut
le début de la fin.
De son côté, Lorne Trottier soutient
que la cassure entre les deux anciens
complices remonte au début de l’année
2000 et qu’elle est attribuable à la mauvaise foi de son associé et à sa volonté
de lui arracher le contrôle de Matrox.
Le traitement du silence
Bien qu’ils président tous les deux aux
destinées de l’entreprise sur une base quotidienne, les deux hommes ne s’adressent
plus la parole depuis près de sept ans. Ils
rencontrent le comité de direction à tour
de rôle et ne communiquent que par courriel ou par la bouche de leurs avocats.
Cependant, Lorne Trottier assure que la
situation n’a pas atteint un point de nonretour comme le prétend M. Matic
Paradoxalement, la requête de M. Trottier expose dans le détail les impacts de
l’imbroglio: les résultats financiers de
Matrox n’ont pas été vérifiés depuis 2005
parce que les deux hommes ne s’entendent
pas sur l’étendue du mandat à confier au
vérificateur et ils se disputent au sujet de
leurs dividendes, du salaire des employés,
de la mise en application des décisions,
du choix de la firme externe d’avocats ou
des mesures à prendre pour faire face à la
récente crise financière. Et ils s’accusent
mutuellement d’être responsables de la
perte d’employés clés et de tenir des propos diffamatoires.
La juge Chantal Corriveau pilote le dossier et aucune date n’a encore été fixée pour
l’audition sur le fond.
Affaires
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
19
Guerre de contrôle
Lorne Trottier refuse une offre de 45 M$ pour ses actions
Quarante-cinq millions de dollars
(45 M$). C’est le montant que
Branislav Matic a proposé à Lorne
Trottier pour devenir le propriétaire
unique de Matrox, en décembre
2008, indique la contestation de
M. Trottier.
Alain Bisson
[email protected]
Sa réponse? Jamais. «Trottier a rejeté
cette offre non seulement parce qu’elle
était extraordinairement basse, mais de
façon plus importante, parce que la totalité de ses actions, comme le sait Matic,
ne sont pas à vendre», écrit-il.
préliminaires, dont celle du fonds d’investissement québécois Novacap, en
juin 2007, n’a pas permis de dénouer
l’impasse. MM. Matic et Trottier s’accusent mutuellement d’être le responsable de cet échec.
Vente aux enchères ?
Branislav Matic n’entrevoit qu’une
seule solution à la dispute : une vente
aux enchères, supervisée par le tribunal, entre les deux actionnaires pour le
50 % des actions qu’ils ne détiennent
pas déjà, afin d’octroyer à l’un ou à
l’autre le contrôle total de la société.
Lui et M. Trottier feraient une première proposition par écrit et le plus
Lorne Trottier dit même être disposé
à accepter le statu quo plutôt que
de perdre «l’œuvre de sa vie»
Avant cela, en 2006 et 2007, les deux
hommes avaient lancé un processus
afin de recruter un acquéreur intéressé
à acheter une petite partie des actions
de chacun. La réception de huit offres
bas soumissionnaire aurait 30 minutes
pour relancer son associé avec une
hausse minimale de 10 % de l’offre la
plus élevée, et ainsi de suite, jusqu’à ce
que l’un d’eux abandonne la partie.
De son côté, même s’il demande dans minoritaire dans l’actionnariat de
un premier temps au tribunal d’obliger Matrox, propose qu’un comité des diM. Matic à lui céder ses actions parce que recteurs de Matrox arbitre leur difféce dernier a cherché et attisé la dispute rend et avance même l’hypothèse d’un
- «Matic… n’arrive pas devant le tribu- premier appel à l’épargne publique
nal avec les mains propres» -, M. Trot- (entrée en bourse). M. Trottier dit
même être disposé à accepter le statu
tier se dit ouvert à d’autres options.
Dans sa requête, il relance notam- quo plutôt que de perdre «l’oeuvre de
PubFondaction.Frontenac.nov10:Layout 1 22/10/10 14:44 Page 1
ment l’idée d’intégrer un partenaire sa vie».
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aux investisseurs de lire le prospectus avant de prendre une décision d'investissement.
20
Affaires
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Après l’achat du Manoir Richelieu, Raymond Malenfant a jeté 307 employés à la rue en 1986.
photos yvan tRemblay
Des plaies pas encore cicatrisées
«Nous n’avons jamais réussi à oublier ce triste épisode», confie la mairesse de La Malbaie
Colère. Frustration. Désillusion.
Trois mots qui traduisent, encore
aujourd’hui, le sentiment des employés et des ex-employés du Manoir
Richelieu qui ont vécu un très douloureux conflit de travail face à l’homme
d’affaires Raymond Malenfant, au
milieu des années 1980.
Yvon Laprade
[email protected]
Rappel des faits: le 16 avril 1986, le gouvernement du Québec vend le Manoir Richelieu à Malenfant sans exiger du nouveau
propriétaire qu’il reconnaisse l’existence du
syndicat. Des «employés de remplacement»
sont embauchés. Les 307 employés syndiqués à la CSN se retrouvent à la rue. La marmite est sur le point d’éclater.
«Nous n’avons jamais réussi à oublier ce
triste épisode qui a marqué notre région à
tout jamais», confie en entrevue à Rue Frontenac la mairesse de La Malbaie, Lise Lapointe.
Elle n’a pas travaillé au Manoir mais sa
sœur, elle, était à l’emploi du Manoir quand la
grève a éclaté à Pointe-au-Pic. Elle y travaille
toujours, près d’un quart de siècle après ce
conflit de travail qui avait fait un mort, le 25
octobre 1986, et détruit des vies. Lors d’une
manifestation qui avait nécessité l’intervention de policiers de la Sûreté du Québec, le
conjoint d’une employée sur le trottoir (Gaston Harvey) avait perdu la vie. Le président
de la CSN, Gérald Larose, avait critiqué le travail de la police lors de cette manifestation.
et qu’il aurait pu agir. Mais il ne l’a pas fait,
comme c’est encore le cas aujourd’hui dans
des conflits qui s’éternisent».
Elle se souvient que l’homme d’affaires,
qui était également propriétaire des motels
Universel, voulait «faire une job de bras» au
syndicat, tout en sachant pertinemment que
«les patrons le regardaient aller».
Job de bras
«Nous avons vite réalisé que ce conflit-là
se déroulait dans une relative indifférence.
On voyait bien qu’à l’extérieur de la région,
ils étaient nombreux à ne pas connaître les
enjeux. À Québec et à Montréal, les gens
avaient tendance à se ranger derrière Raymond Malenfant. C’était décourageant», précise la mairesse de La Malbaie.
Les employés en grève ont mangé leur
pain noir durant et après le conflit. Ceux
et celles qui ont milité activement ont été
mis sur une liste noire. Des aubergistes de
la région ont refusé d’embaucher les grévistes, en guise de solidarité avec l’homme
d’affaires.
«Il ne s’agit pas d’un épisode particulièrement glorieux dans l’histoire de
Lise Lapointe reconnaît qu’elle ne peut
réécrire l’histoire. Elle croit toutefois que «ce
conflit-là aurait pu être évité».
«Tout d’abord, il aurait été préférable que
le gouvernement du Québec ne vende pas
à Raymond Malenfant, surtout au montant
qu’il lui a vendu le Manoir (555 555,55$). À
ce prix-là, il aurait sans doute pu trouver un
autre acheteur», analyse-t-elle après coup.
Elle déplore que le gouvernement n’ait
pas réagi avec vigueur pour mettre un terme
à l’affrontement «qu’avait provoqué le nouveau propriétaire en fermant la porte à ses
employés».
«Je persiste à dire que Québec pouvait
faire quelque chose pour mettre fin au conflit
Indifférence
notre région», concède Lise Lapointe.
Elle ajoute que ce conflit a laissé des cicatrices profondes, même si la paix est revenue au Manoir après la faillite de Raymond
Malenfant, en 1993, et la vente de l’hôtel à
des investisseurs privés. L’hôtel de renom a
été repris par la chaîne hôtelière Fairmount.
Lise Lapointe est catégorique: des affrontements de la sorte qui prennent des allures
de batailles de ruelle «sont malsains» et
risquent de miner le climat des relations de
travail au Québec pour les années à venir.
«On ne devrait jamais renier la contribution
de travailleurs qui ont consacré une partie
de leur vie à faire prospérer une entreprise.
C’était vrai en 1986 lors du conflit au Manoir
Richelieu. Ce l’est tout autant en 2010 quand
des conflits pourrissent et qu’on ne lève pas
le petit doigt pour les régler.»
À lire aussi
sur RueFrontenac.com
Gérald Larose
se souvient
Chronique
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
La frénésie du papier
Affaires
21
jean-phiLippe
décarie
[email protected]
Certains prétendent que la meilleure
façon de faire face à l’adversité,
c’est de l’affronter directement,
sans ménagement, avec l’inaltérable
conviction du vainqueur. D’autres,
plus proches des enseignements
du judo, vous diront qu’il faut
apprendre à rouler avec les coups
de l’adversaire, à utiliser à son
avantage la vélocité de ses attaques.
Le lancement aujourd’hui de la version
papier de Rue Frontenac synthétise un
peu les points de vue de ces deux écoles
de pensée en se voulant une réponse tout
autant imaginative qu’énergique à la «crise
des médias traditionnels».
Ce n’est pas un hasard si la sortie en
format papier d’une édition hebdomadaire
de Rue Frontenac coïncide avec la
publication de données – somme toute
encourageantes – sur les tirages des grands
quotidiens nord-américains.
Selon les données colligées par l’Audit Bureau
of Circulations, rendues publiques lundi, le
tirage de 635 grands journaux américains
a reculé de 5% durant le semestre clos le
31 septembre contre une chute de 8,7% pour le
semestre précédent. La crise de la presse écrite
n’est peut-être pas encore enrayée mais elle
donne enfin des signes d’essoufflement.
Depuis son lancement le 28 janvier
2009, le site Internet d’information
RueFrontenac.com
enregistre
des
augmentations mensuelles de son lectorat
de façon régulière et systématique, et
ce, même durant les mois d’été qui sont
traditionnellement moins achalandés.
Demande répétée
Les journaux écrits demeurent le véhicule privilégié des consommateurs
photo d’aRchives olivieR Jean
d’information et des annonceurs.
Et il faut rappeler qu’on parle ici de
chiffres qui traduisent la réalité d’un pays
qui ne s’est pas encore relevé de la plus
grave crise économique des 50 dernières
années et qui maintient le pire taux de
chômage (9,6%) des 60 dernières années.
Si le déclin du nombre de copies vendues par
journal représente pour toutes les entreprises
de presse une préoccupation majeure qui
témoigne d’un changement certain dans la
façon dont les citoyens ordinaires s’informent
de nos jours, il n’en reste pas moins que
les journaux écrits demeurent le véhicule
privilégié des consommateurs d’information
et des annonceurs qui cherchent à rejoindre
la plus large clientèle possible.
L’ASSOCIATION DES POMPIERS
DE MONTRÉAL TIENT À SOULIGNER LE
COURAGE ET LA DÉTERMINATION
DES ARTISANS DE RUE FRONTENAC
En dépit de ce succès d’estime
surprenant de Rue Frontenac – succès
hautement gratifiant pour ses artisans qui
le produisent quotidiennement dans des
conditions difficiles –, il ne se passe pas un
jour sans que l’un de nos 400 000 visiteurs
uniques mensuels ne nous demande à
quand le lancement d’une version papier
de son site d’information préféré.
De la même façon, toutes nos études de
marché nous ont clairement démontré que
la viabilité commerciale de Rue Frontenac
n’est possible et atteignable que si elle
est couplée à une édition papier où les
annonceurs pourront y trouver leur compte.
Quelle belle convergence! Tous ceux
qui ont fait de Rue Frontenac le succès
numérique que l’on connaît aujourd’hui
sont, à la base, des noircisseurs de
papier. Tout comme leurs lecteurs et leurs
annonceurs, ils renouent aujourd’hui avec
cette fascinante frénésie du papier.
22
Affaires
Chronique
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Essence : faut-il fixer
des prix plancher et plafond?
michEl
van dE wallE
[email protected]
Il n’y a rien de plus enrageant, un
beau matin, que de constater que
le prix de l’essence à la pompe a
bondi de près de 15 cents. Et ce
l’est d’autant plus quand on sait
que celui du pétrole brut sur les
marchés internationaux a peu varié
au cours des jours précédents et
qu’aucun ouragan, tel Katrina, ne
vient de dévaster les côtes du golfe
du Mexique.
Ce scénario, nous venons de le vivre,
alors que le prix d’un litre d’ordinaire est
brutalement passé de 1,04 à 1,18 $ récemment. Depuis, il a reculé de quelques cents
mais c’est drôle, il diminue toujours plus
lentement qu’il ne grimpe.
La semaine précédant ce soudain bond,
l’Association québécoise des indépendants
du pétrole (AQUIP) avait publié un sondage Léger Marketing indiquant que 88%
des Québécois sont favorables à une réglementation qui empêcherait ces hausses
folles et soudaines. L’organisme, qui représente les propriétaires indépendants de
1550 stations-service au Québec (la moitié
environ), profitait de l’occasion pour relancer sa proposition de législation visant
à instaurer un régime de prix plancher et
plafond pour l’essence.
La suggestion de l’AQUIP a reçu l’appui
immédiat de l’Union des consommateurs.
Mais elle fut tout aussitôt dénoncée par le
CAA-Québec.
Marge de profit
Si les prix bondissent aussi soudainement, c’est souvent parce que les détaillants rognent de plus en plus sur leur
marge de profit et veulent se reprendre.
La Régie de l’énergie du Québec estime
chaque semaine ce que devrait être le
prix minimal pour chaque région. Et il
arrive régulièrement que le prix pratiqué à
la pompe se trouve en-deçà de ce qui est
estimé par la Régie. Cela signifie donc que
quelqu’un mange ses bas et, immanquablement, on assiste à une augmentation
brutale des prix.
Pour éviter ce jeu de yo-yo, l’AQUIP
propose donc que soit instauré un régime
de prix minimal et maximal. Ce prix serait fondé sur le prix payé à la rampe de
chargement (là où les détaillants s’appro-
C’est drôle, le prix de l’essence diminue toujours plus lentement qu’il ne grimpe.
visionnent), auquel est ajouté le coût de
transport puis une marge minimale de
3 cents à Montréal (4 cents à Québec et
5 cents en région). Le prix plafond serait
3 cents plus haut dans tous les cas. Il serait
établi quotidiennement.
Selon l’AQUIP, un tel système comporterait plusieurs avantages. Les automobilistes
ne seraient plus frappés par des hausses
point de vue, le CAA-Québec invoque les
expériences menées dans les provinces
maritimes qui ont réglementé les prix de
l’essence.
L’expérience des Maritimes n’est pas
aussi concluante. Chacune d’elles a
mis en place un système différent: certaines avaient seulement un prix plafond
(Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-
Un peu de discipline ne ferait pas de tort
brutales, il resterait une marge pour que les
stations-service se fassent concurrence tandis que les détaillants, surtout les indépendants, ne seraient plus victimes de guerres
de prix ruineuses qui finissent par les obliger à fermer leurs portes.
Si le CAA-Québec s’oppose à un tel système, c’est qu’il estime qu’en fixant un prix
plafond, les détaillants auront tendance à
s’y coller. Cela limitera la concurrence et,
en bout de ligne, les consommateurs paieront toujours plus cher. Pour soutenir son
Labrador), alors que d’autres (NouvelleÉcosse et Île-du-Prince-Édouard) avaient
un minimum et un maximum. En Nouvelle-Écosse, les prix n’étaient fixés qu’à
la semaine. De plus, dans cette province,
il n’y avait qu’une raffinerie, celle d’Imperial Oil (Esso), qui approvisionnait tout
le monde. Les études qui ont été menées
sur les effets des réglementations sont au
mieux nuancées, au pis contradictoires.
Au Québec, le marché est différent. À
côté des raffineries appartenant aux grandes
photo luc laFoRce
pétrolières (Ultramar et Suncor), il y a aussi
un groupe indépendant, Norcan, qui importe de l’essence par bateau. Cela fait en
sorte, soutient l’AQUIP, qu’il y a davantage
de concurrence ici. Les prix au litre (avant
taxes et redevance verte) sont au Québec
plus bas que partout ailleurs au Canada,
selon la firme indépendante MJ Ervin.
Le CAA-Québec soutient que la proposition de l’AQUIP garantirait des marges de
profit de 6 cents aux détaillants, davantage
que les 4,5 cents en moyenne qu’il a calculé à partir des données de la Régie de
l’énergie. L’AQUIP rétorque que la marge
à Toronto est de 7 cents actuellement,
après qu’une dure guerre de prix a fait
fermer de nombreuses stations et réduit la
concurrence.
Évidemment, l’AQUIP représente d’abord
les intérêts de ses membres. Elle veut les
maintenir en vie. Son jupon dépasse.
Mais on ferait erreur en écartant sans
plus de débat ses propositions. À moins
d’être un partisan du libre marché tous
azimuts, avec les excès que cela comporte
comme on le constate régulièrement, un
peu plus de discipline dans l’établissement
des prix de l’essence ne ferait pas de tort.
La FTQ SaLue LeS VraiS
arTiSanS Du JournaL De MonTréaL
En lock-out dEpuis lE 24 janviEr 2009
www.ftq.qc.ca
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CCONVICTIONS
COURAGE
24
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Guy A. Lepage
Culture
LE
DE
SES
«Je voudrais exprimer sur ce plateau ma solidarité envers les journalistes
et employés du Journal de Montréal qui sont en lock-out.»
Pascale Lévesque
[email protected]
Ce plateau, c’était la scène du gala Artis
2009. Le «Je», c’était Guy A. Lepage. Et vous…
vous étiez à l’époque 1,8 million à écouter
l’animateur-vedette de Radio-Canada, sacré
alors favori du public, faire résonner ces mots
devant les caméras de TVA.
Faire un tel geste de solidarité, purement
par principe, sur le terrain même du plus
important événement médiatique de l’empire
Quebecor est lourd de sens.
Un geste symbolique que l’animateur-auteur-producteur-comédien (il se dit aussi
concierge) n’a jamais renié. En fait, Guy A.
Lepage est l’une des rares vedettes à n’avoir
jamais accordé d’entrevue au Journal de Montréal depuis le déclenchement du conflit de travail qui nous accable encore aujourd’hui. Cette
place dans ce numéro historique de Rue Frontenac papier, elle lui revient naturellement.
«Si moi je ne le fais pas, qui va le faire?» se
demande-t-il un an et demi plus tard à propos
de sa décision de ne plus parler au tabloïd.
Facile, diront certains, parce que d’entre tous,
Guy A. Lepage est un rare privilégié à avoir
les moyens de ses convictions.
«Même si ça avait eu lieu il y a 25 ans, avec
zéro cenne dans mes poches, j’aurais fait la
même chose, et toute la gang des RBO aussi
sans doute», précise-t-il, tout en comprenant
que certains de ses pairs ne puissent pas se
passer de la machine Quebecor.
Un geste citoyen
«J’ai toujours reçu Le Journal de Montréal,
depuis mon premier appartement… La Presse
aussi. Ça ne m’a pas fait plaisir de me désabonner, mais c’était un geste citoyen, comme
celui de ne pas lui accorder d’entrevue», explique-t-il, racontant avoir déjà été outré de
voir un homme sur un piquet de grève bien
installé avec entre les mains une copie dudit
quotidien en lock-out.
Conviction, voilà l’un des mots-clés pour
décrire l’homme, qu’on qualifie à tort de pape
de la clique du Plateau Mont-Royal. Car s’il
est une chose que Guy A. Lepage a apprise de
son ami Pierre Bourgault, c’est d’utiliser au
mieux sa tribune au bénéfice de ceux qui ont
besoin de sa voix.
Le Dr Julien et son œuvre, par exemple,
ou encore le pianiste Alain Lefèvre et le réalisateur Simon-Olivier Fecteau, qui ont eu la
chance de lui tomber dans l’œil et de jouir de
son généreux coup de pouce.
«Je ne veux pas abuser de cette tribune, je
suis assez parcimonieux à ce sujet et quand je
le fais, c’est réfléchi, clairement exprimé. Je
préfère alors le mot ‘utiliser’ à ‘profiter’: j’utilise Tout le monde en parle en ce sens, pour
véhiculer des choses qui m’inspirent, mais
aussi des opinions que je ne partage pas»,
avance-t-il.
Transmetteur d’idées
C’est précisément ce qui l’allume encore
après sept saisons de Tout le monde en parle.
Cette chance d’abord, peut-être égoïste, de
pouvoir s’ouvrir et s’intéresser à des sujets ou
croyances qui lui étaient inconnus au départ
et, ensuite, de se faire le transmetteur de ce
brassage d’idées.
Et de le faire selon «ses» règles de l’art, soit
en donnant la parole aux gens qu’il estime les
mieux outillés pour débattre.
«Un crétin, pour moi, ce n’est pas quelqu’un
qui pense différemment de moi, affirme-t-il.
C’est quelqu’un qui ne sait pas articuler sa
pensée… alors là, ça devient glissant: incapable de bien transmettre sa connaissance, on
en vient à galvauder les faits et ça alimente
les préjugés.»
Toucher le public
N’en déplaise à ses amis les artistes, c’est
avant tout une invitée comme Jacqueline Lessard, cette force de la nature de 84 ans qui
tient à bout de bras un orphelinat en Haïti, qui
allume Guy A. dans son siège d’animateur.
«Ça n’enlève rien aux qualités humaines
des artistes qu’on reçoit mais, quand on peut
toucher le public avec des histoire comme
celle de Mme Lessard, avoir un réel impact, je
me dis que suis content que mon équipe et
moi puissions être les intermédiaires de ce
message», souligne-t-il.
Et c’est en faisant ainsi de la télévision citoyenne que Guy A. Lepage réitère sa volonté
d’utiliser ses tribunes au service de la solidarité.
«J’adore mon travail parce que je peux faire
tout ce que je veux. Animer pour animer?
Autre chose que Tout le monde en parle? J’ai
l’impression qu’une fois que j’y aurai mis le
point, je ne reviendrai pas, confie-t-il. Il n’y
a pas de sparkle pour moi dans le monde
artistique.»
Manifestement, faire de la télé pour faire
de la télé, pas pour Guy A. Grand bien nous
fasse.
comment un passage à Tout le monde en
parle, un souper et deux savants fous du jeu
vidéo ont donné naissance à un film policier dans les
rues de Montréal?
4La réponse sur RueFrontenac.com dès samedi.
Culture
25
Photo PAscAL RAtthé
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
26
Culture
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
GAMIQ ou ADISQ: la guerre des clans
Ça change pas le monde
Rue Frontenac a demandé à quelques-uns des artistes visés par les
nouveaux critères d’admissibilité du GAMIQ (Gala de l’alternative
musicale indépendante du Québec), ou qui le seront dans un avenir
rapproché, quels peuvent être les impacts d’une telle mesure et si le
fait d’être présent à l’ADISQ (Association québécoise de l’industrie du
disque, du spectacles et de la vidéo) rend moins alternatif. Pour les
principaux intéressés, leur carrière ne se portera pas moins bien sans
le GAMIQ, tandis qu’elle ne se portera pas nécessairement mieux
avec un Félix en poche!
Philippe Renault
et Philippe Rezzonico
1
Question : Est-ce que la décision
du GAMIQ d’écarter les artistes
bénéficiant d’une visibilité dans
les médias commerciaux, grands
réseaux, ainsi qu’au gala de l’ADISQ
pourrait avoir un effet néfaste pour
ceux-ci?
2
Question : L’obtention d’un
Félix au gala de l’ADISQ est-elle
garante d’une carrière commerciale
pour les artistes et ces derniers sontils soudainement moins alternatifs
dans l’âme et la forme?
Karkwa (Stéphane Bergeron)
Question 1: Je trouve que ce n’est pas la
bonne façon pour arriver à leur but, qui est
de promouvoir les artistes qui manquent de
visibilité dans les médias commerciaux. Ça
laisse place à une zone grise trop grande. Si
tu fais un gala avec comme vocation de promouvoir une musique X, tes critères doivent
être uniquement artistiques. On va s’en remettre, mais on était aussi fiers de gagner un
GAMIQ qu’un Félix.
Question 2:Non, c’est sûr que ce n’est pas
garant d’une carrière commerciale. Ça aide,
mais ça ne change pas le monde. Et est-ce
que l’artiste devient moins alternatif? Quand
on fait un disque, il est soumis à l’ADISQ et
nous n’avons plus le contrôle sur ce qui se
passe. Le disque ne change pas même si on
gagne un Félix.
Yann Perreau
Question 1 : Je trouve qu’il y a des problèmes pas mal plus profonds et sérieux présentement... GAMIQ pas GAMIQ, je continuerai mon combat à travers ma passion qui
est d’écrire, composer et monter sur scène.
Je souhaite aux autres d’en faire autant.
C’est ça que le monde veut.
Question 2: Gagner un Félix peut aider,
mais ça ne garantit rien. Et sincèrement,
pensez-vous qu’un Bernard Adamus deviendrait tout à coup moins alternatif s’il gagnait
un Félix? Être populaire, gagner des prix, ça
n’empêche pas de faire de la musique pour
les bonnes raisons, au contraire. Être pauvre
oui. Plus les artistes cool ou marginaux vivront de leur art, plus ils chieront de bonnes
tounes. Tout le monde gagne à sortir de la
misère.
Bernard Adamus
Question 1: Je pense que hors Montréal,
personne ne sait ce qu’est le GAMIQ. Je
ne sais pas à quel point les Vulgaires
Machins se portent mieux s’ils l’emportent. Je comprends ce que le GAMIQ
veut faire, mais si c’était survenu cette
année pour moi, j’aurais trouvé ça un
peu niaiseux, même si je suis en nomination à l’ADISQ. C’est vrai qu’on voit
ma face dans les journaux depuis un an
et que oui, je vis de la musique. Mais le
travail que cela a représenté est assez
démesuré.
l’événement comme étant surtout une occasion de se rassembler entre artistes pauvres
en se disant que la musique commerciale ce
n’est pas bon.
Question 2: Pas du tout. Ça peut certainement aider à court terme et il y a aussi
des exceptions, mais règle générale, la
durabilité d’un groupe ou d’un artiste
solo et l’amour que les fans portent dépendent de beaucoup trop de facteurs
pour limiter l’analyse à l’obtention du
Félix. Quant à savoir si un artiste gagnant devient par le fait même moins
alternatif, je demande: qu’est-ce qu’un
artiste alternatif? Une démarche alternative n’a rien à voir avec le son d’un
groupe ou une nomination au gala. La
musique alternative, ça n’existe pas.
Vulgaires Machins n’est pas un groupe
alternatif non plus.
Question 2: Ça dépend vraiment de ce que
Radio Radio (Gabriel)
Question 1: C’est sûr que si tu es populaire,
la personne voulait faire au début. Il existe
peu d’exemples, mais il y a moyen de faire
de la pop d’excellente qualité, comme Jean
Leloup qui l’a fait un paquet de fois. Je ne
pense pas qu’il y a quoi que ce soit de garanti, mais c’est sûr que c’est une grosse porte
d’entrée.
tu n’es pas éligible au GAMIQ, mais tu l’es
à l’ADISQ. C’est l’un ou l’autre. Si le GAMIQ
veut se brander dans son créneau alternatif et veut donner une visibilité accrue à des
artistes de la relève, c’est une bonne chose,
mais ça peut être frustrant pour les artistes
qui sont en transition.
Vulgaires Machins
(Guillaume Beauregard)
Question 1: Je n’ai jamais vu concrètement
Question 2: Non. Je ne pense pas que les
artistes sont moins alternatifs. Ça, c’est des
arguments liés aux catégories. De nos jours,
tu as des artistes indépendants qui vendent
plus de disques que des artistes qui sont
sous contrat avec de gros labels. Les Félix,
ce n’est absolument pas une garantie d’avoir
une carrière.
à quoi servait gagner un trophée au GAMIQ.
Les médias de masse ne s’y intéressent
pas vraiment. Le milieu plus underground
connaît souvent déjà très bien les artistes
nommés, gagnants ou non. J’ai toujours vu
Culture
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Quebecor a perdu sur toute la ligne
L’Association québécoise de l’industrie du
disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ)
va monopoliser l’attention au cours des prochains jours avec la tenue de L’Autre Gala
(1er novembre, MusiquePlus et Musimax)
et du gala de l’ADISQ (7 novembre, RadioCanada).
Rien de nouveau sous le ciel d’automne,
mais nombre d’interrogations existentielles
et de menaces planaient sur l’association
l’an dernier, relativement à sa représentation
auprès des membres qu’elle dessert.
Retour en arrière.
En mai 2009, messieurs Pierre Marchand
et Serge Sasseville, de Distribution Sélect
et Archambault, qui représentent Musicor,
propriété de Quebecor Media, quittent le
conseil d’administration de l’ADISQ en raison de divergences de vues, notamment
celles touchant au numérique.
Être membre en règle
Ce retrait du c.a. risquait toutefois de coûter les candidatures d’artistes liés à Musicor en vue du gala 2010. Pour inscrire des
«produits» (CD, DVD, artistes eux-mêmes),
il faut être membre en règle.
Qui plus est, Pierre Marchand avait déclaré que la création d’un gala parallèle de
Quebecor qui aurait mis en vedette les artistes de l’étiquette Musicor était chose du
possible.Menace réelle ou tentative d’intimidation? On l’ignorait et on l’ignore encore.
Mais la perspective de la mise en place d’un
gala «Quebecor» aurait été désastreuse pour
la légitimité de l’ADISQ.
Cette année, sans tambour ni trompette,
l’ADISQ a modifié sa réglementation afin de
permettre aux non-membres de s’inscrire
au gala 2010. Vu de l’extérieur, il y avait
deux perceptions: certains observateurs estimaient que l’association cédait au coup de
force de ses anciens partenaires, d’autres
pensaient plutôt qu’elle amenuisait le danger de la création d’un gala parallèle.
À quelques jours des célébrations du plus
important gala touchant la musique québécoise, force est d’admettre que l’ADISQ a
mieux joué ses cartes.
Contrairement aux membres, les nonmembres doivent débourser des frais pour
inscrire leurs poulains au gala. Un membership annuel de l’ADISQ coûte 1320$ aux
membres, mais il en coûte la même somme
pour les frais de base de recensement des
produits des non-membres.
Surplus
Avec plus d’une dizaine de produits Musicor inscrits cette année, cela veut dire que
quelqu’un – Musicor, en toute logique - a
dû débourser cette somme pour inscrire les
siens. De plus, l’inscription à l’unité des produits est de 85$ pour les membres et de 170$
pour les non-membres. Vous me voyez venir ? L’ADISQ, un organisme sans but lucratif
dont une partie de son fonctionnement est
tributaire des cotisations de ses membres, a
dégagé un microscopique surplus avec les
inscriptions des produits des non-membres.
Le public, lui, y gagne, puisque plusieurs
de ses artistes préférés seront de l’événement et remporteront vraisemblablement
plusieurs statuettes, tant dans des catégories de vote où le poids des ventes de
disques est imposant que dans des catégories de vote public.
Jamais les dirigeants de l’ADISQ ne l’admettront publiquement, mais ils doivent
bien rigoler ces temps-ci. Voyez un peu
ça… Cotisations inchangées dans l’absolu,
la menace d’un gala concurrent écartée, le
public qui voit ses favoris au rendez-vous
et plus de tiraillements internes avec les
représentants de Musicor qui ont déserté
son c.a.
Dans ce bras de fer face à l’ADISQ initié
par elle-même, Quebecor a perdu sur toute
la ligne.
Un billet de Phillipe Rezzonico
27
28
Culture
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Le Devoir sous pression
Quebecor retire ses publicités
Quebecor a retiré pratiquement toutes
ses publicités du journal Le Devoir, a
appris Rue Frontenac. Un geste
qui coïncide avec la publication de
chroniques particulièrement virulentes à l’endroit de Pierre Karl
Péladeau dans les pages du seul
quotidien indépendant au Québec.
David Patry
[email protected]
Selon nos sources, les filiales de Quebecor,
dont les maisons d’édition Libre Expression,
Stanké, etc., ont retiré leurs publicités du Devoir au mois de février. L’entreprise dirigée
par Pierre Karl Péladeau constituait un des
plus gros annonceurs du quotidien, notamment par le biais de ses maisons d’édition.
D’après ce que Rue Frontenac a appris,
le retrait de ces publicités signifie une
perte de revenus de 300 000$ à 400 000$
annuellement.
Quelques jours avant ce retrait massif,
Le Devoir avait publié une chronique particulièrement virulente à l’endroit de Pierre Karl
Péladeau, sous la plume de Michel David.
Intitulé Le dinosaure, le texte comparait le président et chef de la direction de
Quebecor à Raymond Malenfant, un antisyndicaliste primaire ayant sévi dans les
années 1980. Le chroniqueur y qualifiait
notamment Pierre Karl Péladeau de «matamore». Cette chronique s’ajoutait à d’autres,
aussi critiques, signées notamment par Gil
Courtemanche.
Dans la salle de rédaction du journal,
le geste de Quebecor est largement perçu
comme une réprimande vis-à-vis du contenu rédactionnel. Plusieurs journalistes y
voient un lien direct de cause à effet. «Même
un cadre nous a affirmé qu’il s’agissait
d’une mesure de représailles», a affirmé un
journaliste sous le couvert de l’anonymat.
De son côté, le directeur du Devoir, Bernard Descoteaux, ne va pas jusque-là: «S’il y
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a un rapport, ils (Quebecor) ne l’ont jamais
mentionné», affirme-t-il. D’autres entreprises ont cessé d’annoncer dans la publication ces dernières années, précise-t-il.
Le retrait de Quebecor fait surtout mal aux
pages culturelles du quotidien, qui publie un
cahier réservé aux livres chaque semaine.
«D’une semaine à l’autre, le nombre de
pages varie. Et plus il y a de publicités, plus
il y a de pages. C’est comme ça dans n’importe quel journal», affirme le directeur des
pages culturelles, Jean-François Nadeau.
Celui-ci assure néanmoins que la publication du cahier Livre n’est pas en danger.
Des liens étroits
Le quotidien fondé par Henri Bourassa
entretient des liens étroits avec Quebecor. C’est l’entreprise de Pierre Karl Péladeau qui imprime le quotidien à Imprimeries Mirabel, sur les mêmes presses que
Le Journal de Montréal. C’est aussi une
filiale de Quebecor, Messageries Dyna-
miques, qui en assure la distribution.
Le fondateur de Quebecor, Pierre Péladeau, a d’ailleurs joué un important rôle
dans la survie de la publication, au début
des années 1990.
Quebecor était également commanditaire
de l’année du centenaire du journal. «On
est en relation commerciale importante avec
Quebecor», reconnaît Bernard Descoteaux.
Indépendants malgré tout
Malgré cette pression économique de
Quebecor, les journalistes conserveraient
toute la latitude nécessaire pour faire leur
travail, notamment lorsqu’ils doivent traiter des nouvelles concernant l’empire ou le
lock-out au Journal de Montréal.
«Il n’y a eu aucune pression de la direction
pour faire modifier nos textes», indique le
président du Syndicat de la rédaction du
journal Le Devoir, Alec Castonguay.
Le porte-parole de Quebecor ne nous a pas
rappelé.
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Cinéma
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
29
Culture
10 1/2, un autre coup de poing signé Podz
Le réalisateur Daniel Grou, alias Podz,
aime braquer sa caméra sur des
personnages tourmentés condamnés
à affronter leurs démons pour se
libérer de leur souffrance intérieure.
Maxime Demers
[email protected]
C’était un bouncer au passé trouble habité
par une grande rage intérieure dans Minuit,
le soir. Un médecin qui vengeait sa fille en
kidnappant et en torturant son meurtrier
dans Les 7 Jours du Talion. Et maintenant,
dans 10½, c’est un enfant de 10 ans révolté
et agressif qui ne parvient pas à s’exprimer
autrement que par la violence.
Drame social poignant campé en grande partie entre les murs d’un centre jeunesse, 10½,
suit la relation entre un garçon de 10 ans au
caractère violent (Robert Naylor) et son éducateur qui tente difficilement de venir en aide
à ce cas jugé irrécupérable (Claude Legault).
Le long métrage a été scénarisé par Claude
Lalonde (un des deux auteurs des 3 P’tits
Cochons) à partir de sa propre expérience comme
intervenant auprès d’enfants à problèmes.
Le film évite de porter un jugement sur les
personnages ou d’imposer une opinion ou un
message social, laissant plutôt le spectateur
tirer ses propres réflexions sur cette dure et
triste réalité dont on ne parle pas assez souvent. Par souci d’authenticité, Podz a opté
pour une mise en scène crue et directe, sans
artifices ni effets de style ni même de musique
(comme c’était aussi le cas dans Les 7 Jours
du Talion). 10½ est un film coup de poing
qui frappe fort, et dont on ne se remet pas
facilement.
Comme toujours quand il est dirigé par
Podz (voir Minuit, le soir et Les 7 Jours du Talion), Claude Legault est ici au sommet de son
art, livrant une interprétation juste, tout en
retenue. À ses côtés, le jeune prodige Robert
Naylor est tout simplement exceptionnel dans
un rôle très exigeant physiquement et émotionnellement. Tout au long du film, il hurle,
se bat et brise tout sur son passage, mais il
parvient quand même à rendre attachant cet
enfant enragé.
Podz
Photo chaNtaL PoiRieR
101/2
Lire nos entrevues avec Podz
et le jeune Robert Naylor sur RueFrontenac.com
4/5
Saluons la ténacité, la détermination
et la persévérance de tous ceux qui
se battent pour que leur travail soit
reconnu à sa juste valeur.
Depuis bientôt 75 ans, l’UDA a été
de toutes les luttes pour que le talent
des artistes s’inscrive dignement
dans notre culture.
La culture
est une force
Union des artistes
uda.ca
30
Culture
Cinéma
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
L’envie de jouer
D’abord humoriste, puis auteur, Louis Morissette se sent de plus en plus à l’aise dans son rôle d’acteur
Le cinéma tend les bras à Louis Morissette : après avoir joué dans les
comédies Romaine par moins 30 et Cabotins, l’ancien Mec comique
et auteur de la série C.A. mord dans un premier rôle dramatique dans
Reste avec moi, nouveau film de Robert Ménard.
Maxime Demers
[email protected]
Louis Morissette est devenu acteur un peu
par obligation, en s’accordant des rôles dans
les séries qu’il a écrites. D’abord dans 3 X Rien,
aux côtés de ses anciens complices des Mecs comiques, Alex Perron et Jean-François Baril. Puis
dans C.A., son excellente série diffusée sur les
ondes de Radio-Canada pendant quatre saisons.
C’est surtout dans cette comédie dramatique,
dans laquelle il se glissait dans la peau d’un
trentenaire qui a une peur bleue de l’engagement, qu’il a prouvé son réel talent d’acteur.
«Pendant longtemps, je ne me considérais
pas nécessairement comme un acteur, admet
Morissette en entrevue avec Rue Frontenac. Je
me voyais plutôt comme un humoriste qui est
aussi auteur et qui joue dans ses propres séries.
«Puis, à un moment donné, j’ai eu envie de
jouer dans les projets des autres, pour voir si
j’étais capable d’être un acteur au sens large.
J’ai commencé à décrocher des rôles et j’ai aimé
ça. J’ai aimé être confronté à la dynamique et
aux textes d’autres auteurs. Ça fait du bien aussi
d’être sur un plateau et de se concentrer uniquement sur son jeu, sans se soucier du texte,
des horaires ou d’autres dé tails de production.»
L’amour mis à l’épreuve
Dans Reste avec moi, un film choral de
Robert Ménard (L’Enfant d’eau, T’es belle
Jeanne, Cruising Bar) qui suit en parallèle cinq
histoires d’amour ou d’amitié mis à l’épreuve
par une série de drames, Louis Morissette
campe un jeune professionnel qui a tout pour
lui : un bon job payant, un appartement de rêve
et une belle blonde (Maxim Roy) qu’il aime
éperdument et qui vient, à leur grand plaisir, de
tomber enceinte.
La stabilité de leur couple sera toutefois brisée le jour où ils apprendront qu’il y a de forts
risques qu’ils donnent naissance à un enfant
trisomique.
Morissette avait plusieurs raisons, très personnelles, de s’identifier à ce personnage.
«Il y a une chose qui m’a vraiment touché
au premier degré : je tournais Reste avec moi
la même semaine où Véronique (Cloutier, sa
conjointe) a accouché de notre troisième enfant. En plus, quand j’ai lu le scénario, Véro
était enceinte. Ma sœur a la paralysie cérébrale
de naissance, donc chaque fois qu’il y a eu une
grossesse dans notre famille, j’ai toujours été
très stressé et très inquiet.
«C’est comme une loterie et tu ne veux pas
tirer le mauvais numéro et avoir un enfant
malade. En lisant le scénario, je pouvais donc
facilement comprendre en tant que père et en
tant que frère. Ma sœur n’a pas de problèmes
mentaux, ce n’est que ses jambes, mais je comprenais la réflexion que mes parents pouvaient
avoir à l’époque.»
L’amour mis à l’épreuve
La particularité de son personnage, c’est
que lui, contrairement à sa conjointe, manifeste le souhait de garder le bébé malgré le
haut risque de trisomie. Un geste à la fois de
courage et de naïveté, selon lui.
«Je ne suis pas sûr que je réagirais comme ça
mais c’est vrai que c’est très courageux et un peu
naïf en même temps. J’ai vécu avec une personne
handicapée toute ma jeunesse.
«Je ne pense pas que j’aurais la force de mon
personnage dans le film. Un enfant malade, c’est
LE plus gros stress pour un couple. Des ennuis
financiers ou des problèmes dans la famille agrandie, c’est sûr que c’est aussi stressant. Mais un
enfant malade, ça peut détruire bien des couples.».
Reste
avec
moi prend l’affiche
le 5 novembre.
À Lire aussi
sur RueFrontenac.com
Louis Morissette a-t-il l’intention
de parler du conflit au Journal de
Montréal dans le prochain Bye Bye?
4Réponse sur RueFrontenac.com
dès samedi.
photo ANNIK Mh DE CARUFEL
RUE FRONTENAC (PLEINE PAGE)
32
Culture
Médias
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Silencieuse,
la droite?
Il y a des hasards qui semblent
arrangés avec le gars des vues...
Ainsi, cette chronique «Culture
et médias» voit le jour quelques
jours après la tenue du premier
événement organisé par le Réseau
Liberté Québec.
Tenue à Québec, cette journée de conférences et de réseautage a attiré près de 500
personnes, selon nos espions. Qui nous disent
également qu’un grand consortium médiatique était particulièrement présent. Même
qu’on aurait pu croire qu’il était le commanditaire de cet événement de RLQ. C’est vrai que
Ezra Levant, la nouvelle recrue de la chaîne
Sun TV News, était l’un des conférenciers...
Mais ce n’est pas parce que la triste figure
de Pierre Karl Péladeau semble s’agiter en
coulisses que ce soudain sursaut de la droite
nous intéresse. C’est plutôt qu’il repose sur
une affirmation que personne n’a contestée:
la droite serait bâillonnée au Québec.
Des idées essentielles
Mené par Joanne Marcotte, cette ancienne conseillère de Mario Dumont qui
avait fait couler beaucoup d’encre avec
son pamphlet L’Illusion tranquille, Réseau
Liberté Québec se veut un outil de diffusion pour les idées de droite.
Pas de problème jusque-là: peu importe
de quel côté du centre on se trouve, la
diffusion des idées, de droite comme de
gauche, est une condition essentielle à
toute démocratie.
Le problème, c’est quand Joanne
Marcotte affirme que les idées de la droite
ne trouvent pas suffisamment leur chemin
vers le public.
Silencieuse, la droite? Je la croise pourtant
tous les jours dans les pages éditoriales de
La Presse. Elle s’étale à pleines pages dans le
journal qui m’employait il y a longtemps. Je
l’entends toutes les fois que le clergé ouvre
sa grande bouche aux gencives noircies de
ses péchés. Je la vois toutes les fois que les
riches, qui mènent le monde, montent sur
une tribune ou que les puissants empêchent
les faibles d’obtenir leur juste part du gâteau.
Je l’entends toutes les fois que les riches
de ce monde réclament la privatisation des
profits et la socialisation des dépenses...
Et ces dernières niaiseries, on les entend
patrick
gauthier
[email protected]
Ostracisée, la droite?
Tiens! Monsieur le maire, qui sévit
à V - devant un Gildor Roy plus
médusé d’une fois à l’autre - , est un autre
exemple que les idées de droite ne sont pas
«ostracisées» comme le prétendait sans rire
l’ineffable Michael Fortier sur les ondes de
Radio-Canada il y a quelques semaines.
Ostracisée? Ben voyons! Elle est partout!
La justice est à droite. L’économie et les
grandes banques sont à droite. Les gouvernements occidentaux sont à droite. Collés
sur le centre, mais à droite tout de même.
Et, pourtant, cette droite se prétend silencieuse ou, à tout le moins, dit avoir de la
difficulté à faire entendre sa voix.
Avant, les idées de droite, on se
contentait de les imposer. Maintenant,
il faut convaincre les citoyens
de leur pertinence.
beaucoup ces temps-ci...
Remarquez que les paragraphes qui
précèdent peuvent parfaitement se lire en
remplaçant «droite» par «gauche», la droite
ayant autant de tirant dans le paysage
médiatique que la gauche. Car si la gent
journalistique penche peut-être naturellement à gauche, les propriétaires des médias, eux, logent à la même enseigne que
Stéphane Gendron.
Est-ce un hasard si la création de ce
«mouvement» survient en pleine tempête
de copinage politique, de dénonciation de
ces retours d’ascenseur qui, semble-t-il,
rythment les actions de nos gouvernements
depuis belle lurette. Comme si on n’avait
pas encore terminé le grand ménage de la
Révolution tranquille.
C’est peut-être là qu’il faut trouver
la réelle motivation du RLQ: chercher à
combattre ce scepticisme ambiant qui
fait en sorte qu’on ne croit plus les mensonges que nous servent nos «amis» les
politiciens.
Avant, les idées de droite, on se contentait de les imposer. Maintenant, il faut
convaincre les citoyens, de mieux en mieux
informés, de leur pertinence. La tâche
s’annonce ardue, surtout s’il faut d’abord
convaincre les journalistes. C’est peut-être
pour ça que l’autre cherche tant à s’en débarrasser: la propagande ne tolère pas les
interférences.
Force Québec
Le Réseau Liberté Québec n’est pas la
seule créature de droite à avoir vu le jour
ces derniers temps au Québec. On a aussi
droit à Force Québec, sorte de régurgitation des lucides. Alors que RLQ se présente
comme un «think tank», Force Québec
semble avoir un peu plus d’ambitions. On
écrit «semble» parce que les intentions de
François Legault et sa bande sont encore
assez nébuleuses.
Mais eux aussi déplorent le silence qui
entoure la droite. C’est du silence, ça,
cette pleine page (deux textes) dans La
Presse sur l’éventuelle naissance de ce
nouveau parti politique de centre droite?
Silence qui trouvait son écho le même
jour (le vendredi 8 octobre) dans non pas
un mais DEUX éditoriaux, signés par les
deux plumes les plus costaudes du journal de Paul Desmarais.
Bon, c’était d’intérêt public mais, parfois, il y a des silences qu’on préférerait
ne pas entendre.
Culture
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
33
Revenir de loin
Au cœur des choix
Marie Laberge attire l’œil
avec son charisme, sa plume
empreinte d’humanité et
ce sourire qu’elle adresse
à chacun de ses lecteurs
fébriles, fidèles depuis
Juillet, son premier roman.
Claudia Larochelle
[email protected]
Celle qui fait paraître Revenir
de loin, son dixième dans une
carrière amorcée il y a 35 ans, ne
change pas. Ses fans la retrouveront comme on rentre au bercail,
avec hâte. Toujours.
En même temps qu’elle poursuit pour une dernière année
son aventure épistolaire avec
Martha, à travers son nouveau
roman, l’auteure scrute cette
fois la psyché d’une héroïne qui
ébranle, tant par sa profondeur
que par sa recherche sans compromis de la vérité.
Cette Yolande, 56 ans, ramènera ceux qui s’y attacheront
au cœur même des choix qu’ils
ont faits. Un chemin qui ne se
parcourt pas sans heurts, mais
indéniablement dans les frissons. Dame Laberge ne donne
pas dans la tiédeur.
«On est le résultat de nos déci-
sions passées, nos choix on les
porte. Des fois avec panache,
et des fois on s’en passerait…
Quand on se réveille d’un coma
(comme son personnage), il y a
un fossé entre la personne qui
émerge, qui se sent être et celle
qu’elle a été», estime l’auteure
emportée de passion en parlant
d’un sujet sur lequel elle s’est
documentée pendant quatre
ans, avec son habituelle rigueur.
La constance de l’écrivaine
«Même si on ne regarde pas
la vérité en face, on la contient
dans nos tripes. C’est une
mise à jour que mon personnage est forcé de faire en ouvrant les yeux», poursuit une
Marie Laberge qui ne veut pas
briser le suspense.
L’écrivaine s’avance donc
avec prudence et constance.
Dans ses propos par rapport
à son roman, mais aussi dans
l’écriture, fidèle à son processus de création.
«L’important, c’est de descendre au fond de ce que j’ai
à dire et je le fais toujours de
la même façon, ça ne change
pas. Et la surprise quand je
frappe le fin fond sauvage de
mon écriture est toujours la
même et c’est bouleversant.
La seule chose qui change est
le doute, plus substantiel…»
Marie Laberge ne veut pas
passer par les mêmes chemins.
Plus il y a de romans, plus les
risques se multiplient. «Il y a
plus de référents avec les années
et on ne peut pas passer sa vie
à se répéter. On sait bien qu’un
écrivain n’a pas tellement d’obsessions, deux ou trois autour
desquelles tourne l’œuvre. On
ne peut pas se faire croire qu’on
va se renouveler complètement.
Je ne suis que moi.»
Elle avec ses thèmes récurrents
comme l’exigence amoureuse, le
deuil, les relations mère-fille, la
mémoire, l’importance de l’art,
de la poésie surtout. «C’est un
art suprême, ça couronne la littérature, c’est économe au point
de vue de l’addition des mots,
mais puissant dans ce que ça
provoque à l’esprit.»
Revenir de loin, Boréal. venez entendre
Marie Laberge
lire un extrait de son
plus récent livre
Revenir de loin sur
RueFrontenac.com
«Je ne suis que moi», nous confie Marie Laberge en entrevue.
photo AlAin DécARie
Je choisis
Nathalie Labbé, psychologue CLSC St-Hubert
34
Détente
Plaisirs de la table
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Toqué! à bon prix
Le succès de la Brasserie T!,
ouverte cet été dans le Quartier des
spectacles par Normand Laprise
et Christine Lamarche, leur a fait
découvrir l’intérêt des Montréalais
pour les dîners rapides mais bien
mitonnés, à prix doux. D’où leur
décision de rouvrir le Toqué! le midi.
David Santerre
[email protected]
Normand Laprise démocratise le Toqué! avec des menus midi
photo Annik Mh de CARuFel
abordables.
La rédaction
de
souhaite un beau
succès
au premier numéro
hebdomadaire de
Rue Frontenac.
Tout en espérant
la fin d’un conflit
qui interpelle
tous les journalistes.
Le tandem Laprise et Lamarche rend ainsi
possible pour les moins fortunés de s’offrir le
Toqué! à bon prix.
Évidemment, le menu du midi est un peu
plus simple que celui du soir. Mais le savoirfaire de la brigade de cuistots dirigée par
Laprise et, surtout, la qualité exemplaire des
produits essentiellement québécois que le chef
a le secret de dénicher demeurent les mêmes
en tout temps.
Tout y est fait maison, du petit biscuit qui
accompagne le café au boudin.
Bref, pour 25$ à 28$, vous pourrez déguster les midis au Toqué! une entrée, un plat et
un café accompagné de mignardises maison.
Pour chacune des quatre entrées et chacun des
quatre plats au menu, on vous propose un vin,
vendu au verre, qui s’y accorde bien.
Le chef promet, en plus du menu, un plat
du jour, comme son fameux boudin, qui sera
disponible les vendredis.
Comme entrées, vous aurez par exemple
droit à un pâté de campagne maison aux abricots et pistaches. Comme plat principal, j’y ai
dégusté une savoureuse et généreuse portion
de joue de bœuf bourguignonne, dans une
sauce aux lentilles. La viande doucement et
longuement braisée fondait dans la bouche.
Un délice. Comme les rigatonis aux champignons sauvages frais et parmesan, dans leur
sauce à la crème. Simple mais savoureux car
parfaitement exécuté.
«On pourra servir les clients en 45 minutes
ou une heure top chrono s’ils le veulent»,
promet le chef.
Voilà donc votre chance de profiter de cette
table peu accessible de Montréal sans vous
ruiner, et sans rentrer en retard au bureau.
Toqué!
900, place Jean-paul-Riopelle
Montréal • 514 499-2084
www.restaurant-toque.com
À lire aussi:
www.ruefrontenac.com/
detente/trottemenus
La bonne bouteille
ScoTchmanS
hill,
Swan Bay, GeelonG,
auSTralie 2008
Code
SAQ: 10748434
Cépage: pinot noir
19,85$
pour consulter toutes les
chroniques de la Bande
des vins:
www.ruefrontenac.com/
detente/vins
pour suivre la Bande
des vins sur twitter:
www.twitter.com/
BandedesVins
Le pinot noir Swan Bay 2008, de la
région de Geelong tout au sud de l’Australie, à l’ouest de Melbourne, étonne.
Contrairement à bien des pinots australiens, qui déçoivent souvent par leur
manque d’équilibre, leurs saveurs trop
confites et leur lourdeur, celui-ci regorge
de parfums de sous-bois, de pétrole,
de cerise au marasquin, d’humus et de
grenadine.
Ce vin élaboré en climat frais et océanique s’est dignement repris lorsque
nous l’avons dégusté.
Remarquable équilibre entre une
belle minéralité, de la fraîcheur, des
tanins soyeux et de beaux fruits rouges
bien frais. Une teneur en alcool élevée,
14,5%, qui passe pourtant inaperçue. Il
accompagnera à merveille des plats de
viandes braisées tels le veau, le filet de
porc ou la volaille.
Certainement un des beaux pinots
noirs disponibles en SAQ sous les 20$.
David Santerre
alphabétiques
Détente
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
LES JEux
Mots croisés
prochaine pour
la solution.
Pour les sportifs
du cerveau
Par Frédérique Tiéfry
HORIZONTALEMENT
VERTICALEMENT
1 – Le petit David contre le gros Goliath.
2 – Avoir un souffle - Poste de
ravitaillement.
3 – Il se cogne à la santé - Il fait rire
jaune.
4 – Elle est à l’écoute - Délimitation.
5 – Se renseigner - Elle nous fait la peau.
6 – Article - Sortant le venin - Il
s’abstient.
7 – Possessif - Interjection - Détérioré.
8 – C’est sur un comble qu’ils s’appuient
- Planchette.
9 – Fit montre de témérité - On lui est
attaché.
10 – Numéro d’identité - «Bien élevées»,
dirait le macho…
11 – Troublent.
12 – Pulvérisés - Nid de logo.
1 – Elle vise un changement pressant.
2 – De la même eau - Elle fait dire
«quelle famille!».
3 – Être sans itinéraire - Début de la
coagulation (plur.).
4 – Propices à la grasse matinée Négation.
5 – Article pour gaspacho - Maries.
6 – Conjonction - Elle fait dépenser sans
acheter.
7 – Inscrira - Partouze de viande et de
légumes.
8 – Étouffa - Il saute aux yeux! Consonne double.
9 – Dont on a vite joint les bords - Nourri.
10 – Salpêtre - Ils réchauffent.
11 – Dans le vent - Comme du pastis.
12 – Ferais naître - Abréviation
religieuse.
Sudoku lettres
Rendezvous la semaine
35
Rendezvous la
semaine prochaine
pour la solution.
Mot mystère
Solution: 17 lettres
LE CANAdIEN dE MONTRéAL
BOB
GAINEY
GuY
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36
S
Sports
François Foisy
[email protected]
Oui, on est encore loin du soccer et de
ses 200 000 adeptes. Néanmoins, en fait de
croissance, le football constitue l’une des
plus belles histoires des dernières années
chez les jeunes d’ici.
«C’est au Québec que l’augmentation de
popularité est la plus importante, tranche
Rick Sowieta, de Football Canada. Et audelà du nombre, la qualité des joueurs qui
en provient est sensationnelle.»
Seulement dans le milieu scolaire
québécois, du secondaire à l’université,
on est passé de 104 équipes, en 1996, à
306 l’an dernier, pour un total de 16 000
étudiants qui portent les couleurs de leur
institution. «On a vu une augmentation
marquée après l’arrivée du Rouge et
Or de l’Université Laval, en 1995»,
souligne Mylène Vézina, de la Fédération
québécoise du sport étudiant. La région de
Québec est d’ailleurs celle qui a été le plus
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
LE FOOTBALL EN
De Sherbrooke à Chibougamau, de Repentigny à la Baie-des-Chaleurs, ils sont
maintenant près de 30 000 jeunes Québécois à enfiler casque et épaulettes
chaque fin de semaine pour jouer au football, un sport pratiquement réservé
aux anglophones il n’y a pas si longtemps. Et la tendance ne semble pas près
de changer.
Meffe. Entre autres, il y a eu le retour
des Alouettes, mais encore davantage
l’arrivée du président Larry Smith. Il est
allé rejoindre les jeunes dans les écoles.
Il a mis l’accent sur le fait que le football
est un sport communautaire directement
lié à l’école, et qui aide les jeunes à se
développer. Toute la question de la lutte
au décrochage scolaire: Larry est tombé
pile avec ça.»
L’expérience
d’Hochelaga-Maisonneuve
Parlez-en à Pierre Robinette, directeur du
nouveau programme de football et entraîneur
en chef de l’équipe juvénile de l’École
secondaire Édouard-Montpetit, dans l’est
de Montréal.
Après une dizaine d’années d’existence, le
programme civil des Archers d’HochelagaMaisonneuve a été transféré du côté
scolaire cette année et, selon M. Robinette,
les résultats ne se sont pas fait attendre.
«L’impact est très significatif, assure celui qui
Un success story qui peut servir d’outil
pour contrer le décrochage scolaire
envahie par ce regain de popularité depuis
le milieu des années 1990.
Mais qui donc, à cette époque où les
Alouettes revenaient à Montréal dans
l’indifférence la plus totale, aurait pu
prévoir pareille explosion?
«Quand je suis entré en poste, en 1992,
l’état du football québécois était pathétique,
se souvient Jean-Charles Meffe, directeur
général de Football Québec. On n’avait pas
remporté de championnat canadien depuis
les années 1950. Une équipe québécoise,
celle de l’Université McGill, avait bien
gagné la coupe Vanier, en 1986, mais avec
une majorité de joueurs provenant des
autres provinces.»
Puis survint l’explosion.
«C’est un success story dont les causes
sont multiples, explique Jean-Charles
est aussi président de Football Québec depuis
2007 et est impliqué dans le football depuis
25 ans. J’ai des jeunes ici qui, l’an passé
à pareille date, comptaient déjà un grand
nombre d’absences non motivées. Ça fait à
peine deux mois que l’école est commencée
et j’ai déjà hâte de voir les prochains chiffres
au chapitre de l’absentéisme. Ces jeuneslà font maintenant des efforts parce qu’ils
savent que pour continuer à jouer au foot,
ils doivent étudier et réussir.
«Au fil des ans, nous avons vu passer
plusieurs excellents athlètes avec les Archers,
poursuit M. Robinette. Mais lorsqu’on regardait
leur performance scolaire, on remarquait
d’importants retards. Le gars pouvait avoir
17 ans et être en secondaire II ou III. Alors,
quand l’école nous a approchés, on n’a pas
hésité.»
D’autant plus que le football exerce un
attrait chez la clientèle par excellence pour
le décrochage scolaire: les gars.
«Celui qui saute sur un terrain de football
est un gladiateur, quelqu’un qui s’en va au
combat, précise Pierre Robinette. C’est un
sport où tu ne peux pas tricher. Tu vas te
faire cogner ou tu vas cogner quelqu’un.
Et on le sait, dans la société d’aujourd’hui,
si tu oses juste dire un mot qui pourrait
ressembler à de la violence, on t’accole une
étiquette.
«Avec le football, poursuit-il, les gars
peuvent fouler le terrain et canaliser cette
agressivité-là, d’autant plus que c’est un
sport très réglementé.»
Diversité
M. Robinette voit aussi un côté très
rassembleur au football. «Imaginez une
classe de 30 jeunes, explique-t-il. Eh bien,
le petit gros qui n’est pas très vite dans le
cours d’éducation physique peut très bien
être le meilleur joueur de ligne offensive de
l’équipe de football. Et le petit maigre qui
pèse 100 livres mouillé en est probablement
le meilleur receveur de passes. Peu importe
le physique et les aptitudes, tout le monde
peut jouer. Or, vous allez rarement voir un
gars de 6 pieds 5 pouces et 310 livres réussir
à suivre les autres au soccer.
«Cette diversité-là offerte par le football
permet aux jeunes de faire du sport et de
s’accomplir là-dedans.»
Ce que Jean-Charles Meffe appelle la
«contamination» fait le reste: un jeune
qui aime le football en parle à ses amis,
un parent qui constate les bienfaits de
l’activité convainc un autre parent plus
craintif, et voilà, ça donne une augmentation
du nombre de joueurs d’environ 10%
chaque année.
«Le plus gros coup que nous avons réussi,
c’est de s’approprier une discipline qui n’était
pas la nôtre, affirme M. Meffe. Aujourd’hui,
rares sont les jeunes qui n’ont pas l’occasion
de jouer au football dans leur réseau scolaire
ou encore au civil. L’offre est là.»
Secteurs civil et scolaire confondus, le
Québec comptait l’an dernier 528 équipes
de divers niveaux, dont près de cinquante
formées de jeunes âgés de six à neuf ans.
Près de 30 000 jeunes Québécois
pratiquent maintenant le football,
comme ces fiers porte-couleurs
des Grizzlis de Boucherville.
photo MARtIN BoUFFARD
Des athlètes qui auront une bonne douzaine
d’années de football derrière la cravate
lorsqu’ils auront l’âge de tenter leur chance
au camp d’entraînement d’équipes connues
du grand public comme les Carabins et le
Rouge et Or.
«Et nous sommes toujours en croissance,
assure Jean-Charles Meffe. D’ailleurs, je ne
vois pas pourquoi ici, ce serait différent de
ce qui se fait à ce chapitre aux États-Unis:
une école, une équipe. Peut-être même à
l’école primaire.»
Chose
certaine,
l’engouement
ne
semble pas près de s’essouffler. Football
Québec prévoit même, ce printemps, aller
sensibiliser les jeunes sportifs jusqu’à SeptÎles, Port-Cartier et Havre-Saint-Pierre, sur
la Côte-Nord. «Quand la locomotive se met
à avancer, lance Jean-Charles Meffe, tu ne
peux plus l’arrêter.»
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
EXPLOSION
En toute solidarité
avec les lock-outés
Oui ! au boycottage
du Journal de Montréal
Sports
37
Grandir trop vite…
François Foisy
[email protected]
Comme un ado qui grandit trop vite et qui a mal aux
jambes, le football québécois fait connaissance avec les
mauvais côtés qu’amène sa soudaine popularité.
D’abord, le manque criant d’arbitres. Leur nombre augmente, mais jamais au même rythme que celui des joueurs.
«Notre principal problème, c’est l’appel vers le haut de
nos meilleurs officiels, convient le directeur général de
Football Québec, Jean-Charles Meffe. De nos jours, il y a
tellement de programmes universitaires et collégiaux que
nos arbitres d’expérience n’ont plus le temps pour les catégories inférieures.»
C’est là qu’entre en jeu un autre effet pervers de la
croissance effrénée du football: l’arrivée de cultures
sportives différentes.
«De plus en plus, les joueurs nous viennent de disciplines
différentes», explique M. Meffe.
«Or, au football, l’arbitre, c’est l’autorité. Il y a un
grand respect pour lui, ce qui n’est pas le cas dans tous
les sports. Nous avons une politique de tolérance zéro,
mais nous ne pouvons que sévir, pas prévenir. Plusieurs
jeunes veulent devenir arbitres, mais après avoir vécu
de mauvaises expériences, ils se disent parfois qu’ils
ont mieux à faire. Notre problème principal, c’est ça: la
rétention des jeunes officiels. »
Le Syndicat des communications de
Radio-Canada présente ses vœux d’amitié
et de solidarité aux camarades
du Journal de Montréal
en lock-out depuis beaucoup trop longtemps.
Nous souhaitons la bienvenue
à l’apparition papier de ce que vous faites
déjà si bien dans le cyberespace.
Que cette version à la Gutenberg de
Rue Frontenac soit, une fois de plus, la preuve
que la plume est plus forte que l’épée,
et qu’elle contribue à un retour à une véritable
négociation, nécessaire à tout règlement.
38
Sports
NFL
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Une saison à oublier
Vikings et Cowboys vivent des moments pénibles
Si les Cowboys de Dallas et les Vikings du
Minnesota entretenaient encore des espoirs
de participer aux matchs éliminatoires de
la NFL, en janvier 2011, ils ont sans doute
été anéantis la fin de semaine dernière.
Tony Romo est sur le carreau pour huit
photo d’aRchives ReuteRs
semaines au moins.
Le rêve du propriétaire des Cowboys, Jerry Jones, de voir son
équipe devenir la première de l’histoire à disputer un Super Bowl
à son domicile, en février prochain, s’est donc anéanti lundi soir.
Il semble clair que l’entraîneur en chef Wade Phillips paiera
pour ce fiasco, et les Cowboys devraient déjà commencer à
chercher des joueurs de ligne à l’attaque qui pourront mieux
protéger Romo… si c’est à lui qu’ils désirent encore confier
cette attaque la saison prochaine.
Bernard Cyr
Le dernier match de Favre?
[email protected]
La situation n’est guère plus rose au Minnesota où les
Vikings ont un dossier de 2-4 et affronteront eux aussi
seulement deux adversaires avec des fiches inférieures à ,500
(Buffalo et Detroit) dans leurs dix dernières rencontres.
Qui plus est, le quart Brett Favre, celui qui devait conduire
cette équipe à la terre promise, a subi deux fractures au pied
gauche dans la défaite de 28 à 24 face aux Packers de Green
Bay, dimanche soir, une à la cheville et l’autre au talon.
On sait que le quart de 41 ans est très résistant à la douleur,
comme en fait foi sa séquence record de 291 matchs consécutifs
comme quart partant dans la NFL malgré une bonne vingtaine de
blessures subies au cours de sa carrière, et, en début de semaine,
les Vikings n’avaient pas encore exclu sa participation au match
de dimanche contre les Patriots, en Nouvelle-Angleterre.
En s’inclinant 41 à 35 contre les Giants de New York lundi,
non seulement les Cowboys ont subi un cinquième revers en
six matchs, mais encore ils ont perdu les services de leur quart
partant Tony Romo, victime d’une fracture de la clavicule gauche.
On dit que cette blessure nécessitera de six à huit semaines
de convalescence. Si tel est le cas, Romo ne pourra revenir au
jeu qu’en toute fin de saison.
Mais, en toute honnêteté, les Cowboys seront déjà éliminés
à ce moment-là. Ils disputeront huit de leurs dix derniers
matchs contre des équipes qui ont actuellement des dossiers
supérieurs ou égaux à ,500. Seuls les Jaguars de Jacksonville
et les Lions de Detroit ne font pas partie de ce groupe.
DolphinsMiami
BuccaneersTampa Bay
RaidersOakland
»
SteelersPittsburgh
»
LionsDetroit
»
RedskinsWashington
PanthersCaroline
SaintsLa N.-Orléans
TexansHouston
»
RamsSaint Louis
CardinalsArizona
SeahawksSeattle
BillsBuffalo
ChiefsKansas City
PatriotsN.-Angleterre
ColtsIndianapolis
Les travailleurs et travailleuses unis
de l’alimentation et du commerce (TUAC)
sont fiers de s’associer au lancement de la version papier
de RUEFRONTENAC.COM, un journal représentant
une presse libre et fait sans la collaboration de scabs!
»
BengalsCincinnati
ChargersSan Diego
»
Comme quelques autres équipes avant eux,
les Saints de La Nouvelle-Orléans semblent
souffrir d’un «lendemain de veille» de Super
Bowl.
Les Saints ont une fiche de 4-3 après avoir
subi un revers 30 à 17 à domicile face aux
Browns de Cleveland, une équipe qui avait un
dossier de 1-5 avant ce match.
Le quart Drew Brees, joueur par excellence
du dernier Super Bowl, a été victime de
trois sacs et de quatre interceptions, dont
deux ont été ramenées pour des touchés par
le secondeur David Bowens. Dix des passes
de Brees ont déjà été interceptées cette saison,
seulement une de moins que durant toute sa
saison 2009.
»
Lendemain de veille
TitansTennessee
VikingsMinnesota
JaguarsJacksonville
CowboysDallas
JetsNew York
»
Cette blessure mettra vraisemblablement
fin à sa saison et peut-être à sa carrière de
12 saisons dans la NFL.
Dans une équipe qui compte sur des Ben
Roethlisberger, Hines Ward, Troy Polamalu,
James Harrison et autres Heath Miller, Smith
est un joueur méconnu, mais «il est le cœur et
l’âme de cette défense», a déclaré Harrison au
Pittsburgh Post-Gazette après le match.
Pour illustrer en chiffres ce que signifie sa
perte, disons que c’est la troisième fois en quatre
ans qu’une blessure met fin prématurément à
sa saison et que sans lui, les Steelers n’ont pas
connu beaucoup de succès.
En son absence, en 2007, ils ont perdu deux
de leurs trois derniers matchs et ont été sortis
en première ronde des éliminatoires. En 2009,
49ersSan Francisco
»
[email protected]
BroncosDenver
8
PackersGreen Bay
»
Bernard Cyr
ils ont conservé un dossier de 6-5 et raté les
éliminatoires, après qu’il eut été blessé.
Et en 2008, saison que Smith a disputée au
complet, les Steelers ont gagné le Super Bowl.
Les Steelers ont également perdu les services
de deux autres joueurs importants dans ce
match: le secondeur extérieur LaMarr Woodley
et le bloqueur à droite Flozell Adams, blessés
respectivement à la cuisse et à la cheville.
Semaine
»
Dans leur victoire de 23 à 22 face
aux Dolphins, dimanche à Miami,
les Steelers de Pittsburgh ont perdu
les services de l’ailier défensif Aaron
Smith, victime d’une déchirure du
triceps du bras gauche.
MES choix
39
»
Victoire coûteuse pour les Steelers
Sports
»
NFL
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
40
Sports
Automobile
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Débranchée, la voiture
tout électrique
louis
butcher
[email protected]
Il y a une trentaine d’années, les
grands prophètes de la planète
nous annonçaient en grande pompe
que les véhicules électriques
envahiraient le parc automobile au
tournant du siècle.
À l’aube de 2011, force est de constater que
la fameuse voiture verte si révolutionnaire
n’a toujours pas percé le marché et que son
avenir est à nouveau remis en question.
Les constructeurs automobiles ont beau
profiter des grandes expositions, comme
le récent Mondial de Paris, pour étaler au
grand jour le fruit de leurs découvertes
dites prometteuses, leurs beaux concepts
ne tiennent toujours pas la route.
Face à des contraintes incontournables
encore aujourd’hui, la voiture purement
électrique a peu d’espoir de conquérir les
usagers de la route qui recherchent un
moyen de transport efficace et abordable.
Ni l’an prochain et probablement pas dans
dix ans non plus.
On a plutôt affaire à un bel exercice
de relations publiques destiné à redorer
le blason de constructeurs en mal de
publicité.
Cul-de-sac
Les fabricants automobiles qui ont
choisi de s’embarquer à court terme dans
l’aventure de la voiture tout électrique se
dirigent vers un cul-de-sac. Rien de moins.
Le prix élevé de ces modèles, qui dépendent
exclusivement de la motorisation électrique et
dont l’autonomie est très limitée, ne réussiront
pas à convaincre les consommateurs. C’est
sans oublier un temps de recharge qui
nécessitera des dizaines d’heures d’attente,
si vous ne pouvez compter sur une borne
spécifique.
Parlons-en de l’autonomie. Parlons des
vraies choses. En théorie, certains des
produits avant-gardistes font état d’une
autonomie d’environ 300 kilomètres. Peutêtre, mais leurs résultats ont été obtenus
dans des conditions idéales de roulement.
S’il pleut, allez-vous vous priver des
essuie-glaces? Et, par temps froid, du
système de dégivrage? Ces options (parmi
tant d’autres) pourtant essentielles à la
conduite vont affecter la consommation
d’électricité du véhicule et réduire son
autonomie de moitié dans certains cas.
Renault entend proposer ce modèle tout électrique, la Zoé, dès 2012 en Europe. Son temps de recharge
photo CoURtoISIE REnaUlt
normal est estimé à 8 heures et sa facture à environ 35 000$ canadiens.
Dans sa forme actuelle, l’ensemble des
batteries est trop lourd, trop complexe et
parcourent de courtes distances pour se
rendre au travail principalement ou pour
De bien beaux modèles...
qui ne tiennent pas la route
trop coûteux. La voiture qui préconise une
formule tout électrique n’est pas viable.
Elle doit compter sur un moteur d’appoint
pour subvenir à ses besoins, à la manière
des véhicules hybrides.
Courts déplacements
Les constructeurs automobiles souhaitent
d’abord convaincre les citadins d’acheter
leur voiture électrique. Ces gens qui
aller faire des emplettes à proximité de
leur résidence.
L’augmentation du parc automobile va
congestionner davantage un réseau routier
(déjà encombré) au cours des prochaines
années, forçant ainsi les gouvernements à
mettre sur pied des programmes incitatifs
pour utiliser le transport en commun.
Alors, pourquoi acheter un véhicule
électrique si ces barrières de prix et
d’autonomie ne sont pas contournées
et si on réussit enfin à étoffer le système
d’autobus et de trains?
L’exode massif vers les banlieues est
un autre facteur contre l’utilisation des
véhicules électriques. Les consommateurs
choisiront plutôt d’adopter un seul
véhicule, à usage multiple, pour leurs
déplacements. Un véhicule qui déplacera
la famille en toute quiétude, sans risque de
tomber en panne de… courant.
Sans les infrastructures, comme les
fameuses bornes d’alimentation, avez-vous
pensé, à courte échéance, de faire le tour
de la Gaspésie en voiture électrique? Dans
20 ans peut-être…
Et nous n’avons pas encore abordé
les piles, leur coût de remplacement
et leur poids. Car un des inconvénients
majeurs des voitures purement électriques,
c’est qu’elles n’utilisent pas les bonnes
batteries.
Automobile
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Sports
41
Nissan dérape avec la Leaf
La voiture tout électrique, comme
la nouvelle Nissan Leaf dévoilée
en grande pompe il y a quelques
mois, convoite un marché ciblé, qui
s’adresse donc à une minorité.
Louis Butcher
[email protected]
On a beau vouloir exploiter la fibre
écologique de chacun, force est d’admettre
que seuls les mieux nantis risqueront l’achat
(ou la location) d’un véhicule semblable. Ces
gens qui ont le luxe d’avoir deux et même
trois véhicules devant leur entrée de garage
et qui n’auront donc pas à dépendre d’un
seul modèle… à motorisation électrique.
Étrange qu’un constructeur comme
Nissan, dirigé par un patron austère qui
surveille ses finances, en arrive à un modèle
de production aussi peu convaincant dont
l’autonomie par temps très froid peut être
limitée à…100 kilomètres.
Les plus récentes analyses confirment
que, dans une proportion d’à peine deux
pour cent, les automobilistes vont adopter
la voiture électrique d’ici à 2015, alors que
la majorité resteront fidèles aux voitures et
camionnettes à essence.
Dépenses excessives
Alors Nissan peut-il vraiment justifier les
moyens d’investir autant d’argent pour un
secteur d’activité aussi mitigé ?
L’arrivée de la Leaf dans les salles
d’exposition de ses concessionnaires
va forcer ce géant de l’automobile (qui
comprend aussi Renault) à dépenser
des fortunes pour l’entretien de sa
voiture, la formation de ses mécaniciens,
et la mise en place d’une nouvelle
infrastructure dédiée à ce produit qu’il
compte proposer dans un an, environ,
au pays.
Nissan n’a pas encore dévoilé le
prix canadien de la Leaf, mais elle
se vendra 32 780$ aux États-Unis.
Le constructeur japonais compte
sur un crédit d’impôt de 8000$ du
gouvernement québécois pour séduire
les acheteurs. Le temps de recharge
de la voiture est estimé à 20 heures.
Pour compter sur un dispositif de
recharge optionnel plus performant,
qui s’alimente sur une prise de
240 volts (mais nécessitant quand
même 8 heures), il faudra ajouter
2000$ à la facture.
Dans dix ans, les moteurs à combustion
interne traditionnels vont constituer
75 pour cent de la demande mondiale
de véhicules, et les hybrides, de 20
à 25 pour cent. C’est du moins ce
que prévoit la haute direction de
Ford, qui estime que les véhicules
électriques seront à peine plus
populaires en 2020 qu’ils ne le
sont actuellement.
La Nissan Leaf est d’abord et avant tout un bel exercice de…
photo couRtoisie nissan
relations publiques.
UN SYNDICAT DIFFÉRENT !
Message à Pierre Karl Péladeau
Syndicat des employées et employés de la Société des casinos du Québec – CSN
Unité Resto – Unité Sécurité – Unité Générale
Au Casino, on lit Rue Frontenac
SOLIDARITÉ
Les salarié(e)s du Journal de Montréal ne
constituent pas une ressource jetable. Au
contraire, ils sont un actif important et
surtout réutilisable. Laissez de côté votre
mépris envers vos salarié(e)s et cessez de
polluer l’environnement des relations de
travail.
Jean-Pierre Fortin
Directeur québécois des TCA
42
Sports
Chronique
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Les héritiers de
Patrick Roy en déclin
maRio
LecLeRc
[email protected]
Après avoir dominé à la position de
gardien de but pendant près de
25 ans, le Québec semble désormais
avoir le blues des jambières et
de la mitaine. De fait, les héritiers
de Patrick Roy connaissent, pour
la plupart, un début de saison
laborieux.
C’est le cas de Roberto Luongo à
Vancouver, de Pascal Leclaire à Ottawa,
de Martin Brodeur au New Jersey et de
Marc-André
Fleury
à
Pittsburgh.
Jean-Sébastien Giguère est le seul gardien
québécois occupant un poste de numéro un
qui connaisse un départ solide à Toronto.
Quant aux autres, les Martin Biron
(Rangers de New York), Mathieu Garon
(Columbus), Cory Crawford (Chicago),
Jeff
Drouin-Deslauriers
(Edmonton),
Patrick Lalime (Buffalo), José Théodore
(Minnesota) et Jonathan Bernier (Los
Angeles), ils ne jouent qu’un rôle
de seconds violons avec leur équipe
respective.
Un total de 59 gardiens ont été utilisés
jusqu’ici dans la LNH cette année. De ce
nombre, 11 Québécois ont vu de l’action,
pour une moyenne de 18,6%. C’est la
quatrième année de suite que le nombre
de nos représentants masqués se situe en
dessous de la barre des 20%. Cela a toutes
les apparences d’une tendance lourde et
qui n’a rien de réjouissant.
Le Québec a connu son niveau le plus
bas des 20 dernières années en 2008-2009
lorsque seulement 14 gardiens québécois
sur un total de 89 (15,7%) gardiens
avaient été utilisés au cours de la saison.
L’an dernier, il s’agissait de 14 Québécois
sur 83.
La fin d’une époque?
Sans vouloir être alarmiste, nous devons
reconnaître que la situation est inquiétante
pour une province qui était pourtant
devenue la pépinière par excellence des
gardiens sur la planète hockey.
Même que, désormais, il y a lieu de se
demander si nous assistons au déclin de
la filière québécoise. En serait-on arrivé à
l’essoufflement de l’effet Patrick Roy sur
nos jeunes artistes du filet? Il est permis
de le croire.
Du reste, c’est tout un contraste avec
Les grands successeurs de Patrick Roy, Roberto Luongo, Martin Brodeur et Marc-André Fleury,
photos d’aRchives ReuteRs et Rue FRontenac
connaissent un début de saison difficile.
La situation est inquiétante pour une
province qui était pourtant devenue la
pépinière par excellence des gardiens
les belles années où le Québec exerçait
une certaine hégémonie à cette position.
On atteignait alors des moyennes de 25%,
avec une pointe de 27% en 2001-2002.
L’invasion européenne
Et rien ne semble indiquer qu’on
assistera à un revirement de situation dans
les prochaines années. Bien au contraire
puisque les Brodeur, Giguère, Garon,
Lalime, Biron et Théodore notamment sont
déjà au seuil de la retraite.
De fait, le Québec s’est fait damer
le pion par ses semblables européens.
Cette invasion européenne constitue une
autre tendance lourde depuis une dizaine
d’années. Les gardiens en provenance du
Vieux Continent entrent à pleines portes
dans la LNH, et force est de constater qu’ils
sont très bons.
Qu’il suffise de nommer les Halak,
Neuvirth, Varlamov, Backstrom, Rinne,
Gustavsson, Niemi, Rask, Lindback,
Pavelec, sans oublier les vétérans Kiprusoff,
Vokoun, Lundqvist, Bryzgalov, Khabibulin,
Lehtonen, Hiller et bien d’autres.
En tout, 23 des 59 gardiens utilisés cette
année dans la LNH viennent d’Europe. C’est
plus du double des gardiens québécois,
pourtant reconnus comme la référence
dans l’art de stopper les rondelles il n’y a
pas si longtemps.
Si, au milieu des années 1980, Roy a
ouvert la porte à toute une génération de
gardiens talentueux du Québec, tous les
signes actuels nous démontrent, hélas, que
la fin du cycle approche.
C’est bien dommage.
Sports
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
43
Calvillo : le
maigrichon
qui a réussi
Essayez d’imaginer si, en 1998, Anthony Calvillo avait pris la direction
de Regina plutôt que celle de Montréal. Ou si, en 2003, il était devenu
le quart réserviste des Steelers de Pittsburgh.
Bernard Cyr
[email protected]
Il est impossible de dire comment les
choses se seraient passées pour lui dans ces
deux endroits, mais il avoue avoir pris la
meilleure décision de sa carrière en venant à
Montréal jouer avec les Alouettes.
Et quand cette carrière sera terminée, il
y a de bonnes chances qu’il soit reconnu
comme le meilleur quart de l’histoire de
la Ligue canadienne de football, selon son
grand complice, Ben Cahoon.
« Je pense qu’il va éventuellement battre
les records de Damon Allen, mais ce ne
sera probablement qu’à sa retraite qu’on lui
accordera le mérite qui lui revient pour sa
sensationnelle carrière », croit Cahoon, qui
a saisi 903 de ses passes et 60 de ses passes
de touché au cours des 13 dernières saisons.
« On se souviendra de lui comme du plus
grand quart de l’histoire de cette ligue, j’en
suis convaincu », ajoute-t-il.
Pas assez costaud pour la NFL
Pourtant, rien ne destinait Anthony
Calvillo à devenir un athlète d’exception.
« J’ai commencé à jouer au baseball, au
football et au basket-ball à l’âge de cinq ans
et j’étais le petit maigrichon qui faisait du
sport pour s’amuser et qui était bien loin
de penser au sport professionnel », raconte
Calvillo.
Le petit maigrichon a grandi et grossi,
mais pas assez pour jouer dans la NFL, la
seule ligue professionnelle qu’il connaissait
à l’époque.
« Quand j’ai terminé l’université (Utah
State) en 1993, je mesurais 6 pi 2 po et je pesais 185 lb, mais le standard minimum pour
aspirer à un poste de quart dans la NFL était
de 6 pi 3 po, 220 lb. Alors, je savais que mes
chances étaient minces. »
Il a commencé sa carrière dans la Ligue
canadienne en 1994, avec le Posse de Las
Vegas, l’une des sept équipes américaines à
faire partie de la ligue dans les années 1990,
puis a joué avec les Tiger-Cats de Hamilton
pendant trois saisons.
Mais à chacune de ses quatre premières
campagnes, il a totalisé plus ou autant d’interceptions que de passes de touché. C’est à
la fin de la saison 1997, après que les TigerCats l’eurent libéré, qu’il a dû prendre une
grande décision.
« J’avais deux offres sur la table, celle
des Alouettes et celle des Roughriders de
la Saskatchewan, se souvient-il. Je savais
être en mesure de livrer une bonne bataille
à Reggie Slack pour le poste de partant en
Saskatchewan, mais je savais aussi que si je
connaissais une autre mauvaise saison, ma
carrière serait terminée.»
« Les Alouettes venaient de connaître
deux excellentes campagnes à leur retour à
Montréal (avec des fiches de 12-6 et 13-5)
et même si je savais que le poste de partant
appartenait à Tracy Ham, je me suis dit que
ce serait une belle occasion de prendre du
recul et d’apprendre d’un vétéran, un quart
qui avait remporté des championnats. »
Tassé par Charlie Batch
Et puis en 2003, après que les Alouettes
eurent gagné leur première coupe Grey depuis leur retour dans la LCF, Calvillo a obtenu un essai sérieux avec les Steelers pour
devenir le réserviste de Tommy Maddox, qui
venait de ravir le poste de partant à Kordell
Stewart.
« Les Steelers ont été très honnêtes avec
moi et m’ont fait comprendre que s’ils ne
parvenaient pas à s’entendre avec Charlie
Batch, qui est encore avec eux d’ailleurs,
mes chances d’être leur quart numéro 2
étaient très bonnes», rappelle Calvillo.
Anthony Calvillo : trop maigrichon pour la NFL... mais plutôt costaud
photo d’aRchives olivieR Jean
dans la Ligue canadienne.
« J’ai aussi eu des essais avec Seattle et
Jacksonville, mais ces essais furent une
véritable farce », précise-t-il.
S’il avait poursuivi sa carrière avec les
Steelers, il aurait remporté des Super Bowls
en 2005 et en 2008. La vie a plutôt voulu
qu’il gagne une autre coupe Grey avec les
Alouettes en 2009.
Et s’il joue pendant encore quelques saisons, il pourrait battre les records de Damon
Allen et, qui sait, remporter quelques autres
championnats.
« J’ai commencé à penser aux records
de Damon Allen l’hiver dernier, quand j’ai
réalisé qu’avec deux bonnes saisons, je
pourrais le dépasser », admet-il.
« Mais s’il y a une chose que j’ai apprise
dans le sport professionnel, c’est que rien
ne vous est dû. Je pourrais être blessé à
n’importe quel moment et voir ma carrière
prendre fin. »
Le numéro 13
Peu importe ce que lui réserve l’avenir, le
petit maigrichon aura connu une étonnante
et imprévisible carrière. Même le numéro
qu’il porte, le 13, est là pour en témoigner.
« J’ai commencé à porter ce numéro à ma
première saison à l’école secondaire parce que
c’était le seul disponible entre 1 et 20, racontet-il. Personne ne le voulait et ce fut comme ça
dans toutes les autres étapes de ma carrière. Le
numéro 13 était toujours disponible. »
On peut vous dire qu’avec les très peu
connus Bill Bewley, David Martin et Marvin
Graves, Calvillo est le seul autre joueur à
avoir porté le numéro 13 dans l’histoire de
l’équipe montréalaise.
Et après lui, personne d’autre ne le portera…
LA SEMAINE PROCHAINE :
BEN CAHOON
44
Sports
Chronique
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
L’homme qui ressuscite
les hockeyeurs québécois
Le Canadien jouait contre les
Islanders de New York mercredi soir.
Et il les affrontera encore vendredi.
Au moment où vous lisez cette
chronique, vous connaissez donc,
fort probablement, la belle histoire
de Pierre-Alexandre Parenteau, ce
Québécois ressurgi de nulle part qui
est le premier marqueur de l’équipe
new-yorkaise.
Après six ans dans les ligues mineures
(période durant laquelle il n’avait disputé
que cinq matchs dans la LNH), Parenteau
portait jusqu’à l’an dernier un truc invisible
dont la plupart des athlètes de la Terre sont
incapables de se débarrasser: une étiquette.
En fait, il ne portait pas une étiquette. Il était
tatoué en plein front. Et son tatouage était le
sigle de la Ligue américaine de hockey.
L’an dernier, toutefois, alors qu’il végétait
dans l’organisation des Rangers de New
York, Parenteau a eu la chance de tomber sur
l’entraîneur John Tortorella, qu’on pourrait
surnommer le «ressusciteur» de hockeyeurs
québécois.
Tortorella, un Américain, est un personnage
complexe. Et un entraîneur difficile à cerner.
Excellent technicien, il est si exigeant
que ses camps d’entraînement ont été
surnommés «torturella». Anticonformiste, il
n’hésite pas à enfreindre une sacro-sainte
loi non écrite du sport professionnel en
discréditant ses joueurs par l’entremise des
médias. Incapable de tolérer un mauvais
but, il donne des cauchemars à ses gardiens
en sortant constamment le crochet pour
des raisons anodines. Méprisant envers
les journalistes, il les « vire de bord »
constamment. Il interdit même à ses joueurs
d’aborder certains sujets avec eux. Ses
constantes prises de bec avec le columnist
du New York Post Larry Brooks défraient
souvent la manchette.
Mais surtout, Tortorella possède une
qualité que bien peu de gens ont su
cultiver dans le monde du sport, et plus
particulièrement chez les professionnels: il
ne regarde pas les étiquettes. Quand vous
vous présentez à son camp d’entraînement,
il ne se soucie pas de votre contrat, de votre
salaire, de votre curriculum vitæ ou de votre
réputation. Performez ici, maintenant. Sinon
vous êtes mort. Son seul critère de sélection
est la performance sportive.
martin
LecLerc
[email protected]
Redden l’a appris à ses dépens
Dans le monde un peu particulier de
Tortorella, si un joueur qui a passé sa
vie dans les ligues mineures parvient à
démontrer qu’il est plus efficace qu’un
millionnaire détenteur d’un contrat de la
LNH, c’est le millionnaire qui perdra son
job. Dans cette jungle, il faut énormément
de cran pour prendre des décisions comme
celles-là. Parlez-en au défenseur Wade
Redden, qui se promène en autobus dans
la Ligue américaine malgré un salaire de
6,5 millions par année…
En 2009-2010, donc, Pierre-Alexandre
Parenteau en était à sa troisième campagne
dans l’organisation des Rangers. La haute
direction de l’équipe ne le regardait même
plus. À quoi bon? Il avait son étiquette. Mais
Tortorella a décidé de lui faire confiance et
l’a utilisé dans 22 rencontres.
Les voisins d’à côté, les Islanders, l’ont
alors remarqué et ils lui ont offert un
contrat durant la morte-saison. Conte de
fées: Parenteau figure cette semaine parmi
les meilleurs marqueurs de la LNH.
Perrin et Darche en ont profité
De telles histoires ne se produisent à peu près
jamais. Celle de Parenteau rappelle, à quelques
virgules près, les chemins tortueux, imprévisibles
et inusités qui ont mené Éric Perrin (Tampa Bay,
Atlanta) et Mathieu Darche (Canadien) jusqu’à
la LNH.
Et curieusement, c’est aussi John
Tortorella qui leur avait ouvert la voie!
En 2003-2004, Éric Perrin avait 28 ans et
n’avait jamais joué un match dans la LNH
quand Tortorella l’avait rappelé avec le
John Tortorella est en quelque sorte le meilleur ami des hockeyeurs
québécois. Quand il a inscrit son nom sur la coupe Stanley, il a
notamment permis à Éric Perrin d’en faire autant. photo d’aRchives ReuteRs
Tortorella lui fait à nouveau une place et
il dispute tous les matchs de l’équipe. Les
Thrashers d’Atlanta lui consentent ensuite
un contrat de deux ans.
Son seul critère de sélection
est la performance sportive
Lightning de Tampa Bay en fin de saison.
Il avait disputé quelques matchs avant
d’être lancé dans la mêlée pour les séries
éliminatoires. Grâce à Tortorella, quelques
mois plus tard, il gravait son nom sur la
coupe Stanley.
En 2006, après un exil d’un an en Suisse,
Perrin revient au camp du Lightning.
Mathieu Darche était âgé de 31 ans
lorsqu’il s’était présenté au camp du
Lightning de Tampa Bay en 2007. Au
cours des sept saisons précédentes, il avait
disputé un total de 14 matchs dans la
LNH. Il portait exactement le même
tatouage que Parenteau.
Tortorella, qui connaissait à peine le nom de
Darche au début du camp, l’avait néanmoins gardé
avec son équipe, lui faisant disputer 73 matchs,
dont certains aux côtés des Vincent Lecavalier et
Martin Saint-Louis.
Cette expérience de la LNH lui a valu un
contrat avec les Sabres de Buffalo la saison
suivante. Puis un autre avec le Canadien
en 2009-2010. Puis un autre cette année…
à 34 ans! Si Tortorella ne lui avait pas un
jour arraché son étiquette, Darche ne serait
pas un joueur de la LNH en ce moment.
En fait, il ne jouerait peut-être même plus
au hockey. À quoi bon utiliser un joueur de
34 ans – sans expérience de la LNH – dans les
ligues mineures ?
Il est peut-être chiant, ce Tortorella.
Mais contrairement à bien d’autres, il
voit ce qui se déroule sur la patinoire et
ignore les décisions prises dans les bureaux.
Tous les joueurs – et particulièrement trois
Québécois – le respectent pour ça.
Sports
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
45
Départ encourageant
Le Canadien en avance par rapport à l’an dernier sur plusieurs plans
Les inconditionnels du Canadien préféreraient sans doute un titre plus percutant que celui qui
coiffe cette chronique pour décrire le bon début de saison de leur sainte équipe. Un titre du
genre : « Partis pour la gloire ! », « C’est notre année ! » ou le classique « Ça sent la coupe ! ».
Marc de Foy
[email protected]
Gardons ça pour plus tard si vous le voulez bien. Nous
n’en sommes qu’au premier mois de la saison, après tout.
Tenons-nous-en aux faits.
Première constatation : il ne semble pas que la saison sera
aussi catastrophique que le prédisaient les ardents défenseurs de
Jaroslav Halak lors de l’annonce inattendue de la transaction qui
a envoyé le gardien slovaque à Saint Louis, il y a quatre mois.
Carey Price donne l’impression d’avoir retrouvé ses moyens.
On le sent plus concentré et plus rigoureux. Il remporte des
matchs qu’il n’était pas capable de gagner la saison dernière.
Espérons qu’il a vraiment appris de ses erreurs.
Une équipe homogène et en meilleure forme
Deuxième constatation : le Canadien gagne sans Andrei Markov,
ce qui ne se produisait pas souvent quand il était privé des services
de son meilleur joueur dans le passé. C’est signe que l’équipe a
plus de profondeur et qu’elle est plus homogène.
À pareille date l’année dernière, le Tricolore comptait huit nouveaux venus. Les nombreuses blessures qui ont décimé ses rangs
au cours des premiers mois de la saison ont retardé le processus
d’unification.
Rappelons-nous aussi cette déclaration de Jacques Martin
dans les premières semaines de la saison : l’équipe était en
mauvaise forme. L’entraîneur vétéran avait ajouté qu’il faudrait
probablement une année pour que les choses changent.
Son équipe était incapable de fournir un effort soutenu et
accordait des tirs en quantité industrielle.
Le changement est remarquable en ce début de saison.
L’équipe est généralement dans le match du début à la fin et
revendique un bilan positif à cinq contre cinq, ce qui ne s’est
pas vu souvent au cours des dernières années.
Un vrai, ce Plekanec
Sur le plan individuel, Tomas Plekanec montre le grand
professionnel qu’il est. Il ne s’assied pas sur son contrat.
Son ailier droit Andrei Kostitsyn travaille fort pour obtenir un meilleur contrat, mais ce n’est pas Martin qui va
s’en plaindre. Les questions financières sont le rayon de son
patron Pierre Gauthier.
Michael Cammalleri ne se repose pas sur ses lauriers
non plus, ce qui permet au Canadien de miser sur un trio explosif.
Enfin, il y a ce P.K. Subban. Quelle fraîcheur il apporte !
On disait au camp d’entraînement qu’il faudrait vivre
avec ses erreurs, mais il s’est déjà ajusté. Les chiffres ne lui
attribuaient que six revirements au cours des huit premiers
matchs, et il présentait un différentiel respectable de +3.
Moins d’erreurs
En fait, l’équipe montre nettement de meilleures statistiques à ce chapitre par rapport à la même période la
saison dernière. Après huit rencontres, elle avait commis
35 revirements de moins et accordé sept buts de moins.
Voilà pour les aspects positifs.
Vous ne pouvez pas dire qu’on ne donne pas le mérite
qui revient à vos favoris. De plus, il y a lieu d’espérer que
l’attaque massive sera plus productive au retour de Markov.
Si tout est beau pour le moment, on sait par contre que
le Canadien ne pourra pas toujours se fier uniquement
sur le trio Cammalleri-Plekanec-Kostitsyn pour marquer
des buts. Il aura besoin d’une meilleure contribution du
duo Gomez-Gionta de même que de ses attaquants de
soutien.
Gionta n’est pas vraiment à blâmer. Il est dépendant de
Gomez qui avait généré peu de choses avant le match de
mercredi contre les Islanders de New York.
Trois joueurs, Benoit Pouliot, Travis Moen et Tom Pyatt,
ont déjà défilé aux côtés de Gomez et Gionta, mais il serait
peut-être indiqué qu’on accorde une autre chance à Pouliot
ou qu’on se tourne du côté de Lars Eller.
Le Danois a un bon sens du hockey. Il a du talent et n’a
pas froid aux yeux. Il a ce qu’il faut pour surprendre.
CONSEIL QUÉBÉCOIS
Vous avez notre appui !
Syndicat général des employé(e)s de Télé-Québec
LA CAUSE QUE VOUS DÉFENDEZ EST CELLE
DE TOUS LES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES:
LA DIGNITÉ
Marcel Rondeau, président
Jacques Martin a plusieurs bonnes raisons
photo d’aRchives olivieR Jean
de sourire.
(La Calèche du sexe)
Danse contact
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Sam
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328, Sainte-catherine est
514 844 6690
46
Sports
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
Tomas Plekanec,
le perfectionniste
Tomas Plekanec était soulagé le 22 juin dernier d’en être venu
à une entente de longue durée avec le Canadien.
Pierre Durocher
[email protected]
Il ne tenait pas vraiment à tester sa valeur
sur le marché des joueurs autonomes,
même s’il aurait possiblement pu obtenir
plus d’argent ailleurs.
«Le Canadien, c’est l’organisation dans
laquelle j’ai grandi et c’est quelque chose
qui a beaucoup d’importance pour moi,
raconte l’athlète de 27 ans, qui fêtera son
28e anniversaire le 31 octobre. J’aime
jouer pour le Canadien et j’adore la ville
de Montréal, qui a un côté européen et
cosmopolite.
«Je suis fier de faire partie de cette
organisation.
Les
changements
de
personnel ont été nombreux ces dernières
années chez le Canadien. Parmi les
joueurs repêchés avant 2003, il ne reste
plus qu’Andrei Markov et moi», fait-il
remarquer.
Joueur complet
Repêché au 71e rang par le Canadien en
2001, Plekanec a mis du temps à gravir les
échelons, mais il représente l’un des rares
attaquants à s’être bien développés au sein
de l’organisation au cours de la dernière
décennie.
«À mes débuts avec les Bulldogs
de Hamilton, j’étais surtout reconnu
comme un joueur offensif, un joueur
unidimensionnel», de raconter Plekanec.
«Je savais toutefois que je devais
perfectionner mon jeu défensif si je voulais
percer un jour dans la LNH. J’ai donc
travaillé sur cet aspect du jeu, avec le
résultat que je suis devenu un joueur plus
complet.
«J’accorde autant d’importance à mon
jeu défensif, notamment lors des situations
d’infériorité numérique, qu’à mes résultats
à l’attaque. Neutraliser l’adversaire
m’apporte de la satisfaction, car c’est pour
la bonne cause de l’équipe.»
Au
cours
des
dernières
séries
éliminatoires, Plekanec a été moins
productif à l’attaque, avec une récolte de
11 points en 19 rencontres. Il a cependant
relevé avec brio des missions dites
défensives, comme celle de contrer les
efforts d’un certain Sidney Crosby en
deuxième ronde.
«C’est dommage, mais les gens retiennent
surtout les statistiques à l’offensive,
souligne-t-il. J’estime avoir fait ma part
dans les succès de l’équipe lors des séries,
notamment en deuxième ronde.»
Jamais blessé
Si Jacques Martin pouvait compter
sur un plus grand nombre de joueurs
comme Plekanec, son travail serait
beaucoup plus facile. L’entraîneur en chef
est d’ailleurs rapidement devenu un «fan»
de Plekanec.
En plus d’apprécier grandement son
ardeur au travail et sa constance, Martin
peut toujours compter sur Plekanec car il
est rarement blessé (il n’a jamais disputé
moins de 80 matchs au cours des quatre
dernières saisons).
Plekanec est fier de sa ténacité. D’ailleurs,
sur son site Internet, www.tomasplekanec.
net, il utilise ce slogan: «If there is no
struggle, there is no progress. (sans
difficultés, on ne peut pas progresser).»
Vous savez, le genre de voyage qui se
fait dans la Ligue américaine, soit trois
matchs en autant de soirs dans trois villes
différentes. Complètement débile!
L’autocar s’arrêtait de temps à autre
devant un dépanneur afin que les joueurs
puissent s’acheter des friandises... après
avoir avalé quelques pointes de pizza une
fois le match terminé!
C’était tout un contraste avec le traitement
royal auquel ont droit les joueurs une fois
qu’ils ont atteint la Ligue nationale.
Dans l’autocar, Plekanec prenait toujours
place dans la rangée tout juste derrière
nous. Étrangement, aucun coéquipier ne
s’assoyait à ses côtés.
Écouteurs sur les oreilles, il ne parlait
presque pas, se contentant d’esquisser un
petit sourire de temps à autre lorsqu’on
jetait un regard dans sa direction.
Autant il était timide dans la vie de tous
les jours, autant il était fonceur sur la glace.
Sa vitesse et sa vision du jeu m’avaient vite
conquis.
On connaît la suite. Le Canadien a offert
un autre contrat à Plekanec.
Lentement mais sûrement, il est parvenu
à faire ses preuves dans la LNH, surmontant
des hauts et des bas (sa production
est passée de 69 points en 2007-2008
à 39 points en 2008-2009 avant de grimper
à 70 points la saison dernière).
À force de travail, il a fini par se bâtir une
solide confiance en ses moyens.
Alex Kovalev l’a aidé à s’épanouir et
aujourd’hui, c’est Plekanec qui aide ses
compagnons de trio à produire.
C’est drôle de penser à ça, mais parmi les
joueurs qui étaient les plus tapageurs et qui
prenaient beaucoup de place dans l’autocar
au cours de ce périple de trois jours avec
les Bulldogs de Hamilton à l’automne 2004,
très peu d’entre eux évoluent présentement
dans la LNH.
On a parfois raison de dire que le silence
est d’or...
Il a songé à retourner
jouer dans son pays !
Cette saison-là, Plekanec avait terminé au
premier rang des marqueurs des Bulldogs
avec une récolte de 29 buts et 69 points.
Sa confiance était toutefois fragile.
«Je ne suis pas certain d’avoir le talent
nécessaire pour jouer régulièrement dans la
LNH, m’avait-il confié à la fin de la saison,
à mon grand étonnement. Peut-être devraisje aller jouer en République tchèque...»
Timide... à l’extérieur
de la patinoire seulement
J’ai appris à connaître Plekanec à
l’automne 2004. Pendant que les activités
étaient paralysées dans la LNH par un
conflit de travail, le photographe Luc
Laforce et moi on s’était tapé un voyage de
trois jours en autocar avec les joueurs des
Bulldogs de Hamilton.
photo d’aRchives pascal Ratthé
Sports
Rue Frontenac Jeudi 28 octobre 2010
« Je suis fier de
faire partie de cette
organisation »
47
Un leader
silencieux
On ne retrouve ni de C ni de A
sur son chandail, mais si on
devait coudre une lettre sur
l’uniforme de Tomas Plekanec,
ce serait le E.
Pierre Durocher
[email protected]
E pour excellence, effort constant et
estime de ses coéquipiers. Plekanec, c’est un
leader silencieux et un joueur indispensable
pour le Canadien,vu sa polyvalence et son
éthique de travail.
Il forme sans contredit, avec Michael
Cammalleri et Andrei Kostitsyn, le meilleur
trio du Tricolore.
L’histoire de Plekanec, c’est celle d’un
attaquant qui a dû bûcher pour faire sa
marque dans la Ligue nationale.
Ses efforts ont été récompensés en juin
dernier lorsque le Canadien lui a accordé
un faramineux contrat de six ans pour
30 millions de dollars.
« C’est beaucoup d’argent, mais ça ne
change rien à mon attitude ou encore à ma
personnalité, déclare-t-il. J’ai toujours été un
gars terre à terre. »
On n’en doute pas un seul instant.
Plekanec n’est pas le genre à « s’asseoir
sur son contrat », pour reprendre une
expression populaire, ou à s’enfler la
tête.
« J’aimerais surtout aider le Canadien
à remporter la coupe Stanley. C’est
l’objectif ultime de tout joueur.
« Ce serait extraordinaire de vivre cela
à Montréal, une ville qui vibre pour son
équipe de hockey, poursuit-il. Il n’existe
pas, selon moi, de meilleure ville que
Montréal pour jouer au hockey.
sa carrière en chiffres
saison régulière
Année
PJ
B
A
Pts
+/-
2003-2004 Montréal
2
0
0
0
0
2005-2006 Montréal
67
9
20
29
+4
2006-2007 Montréal
81
20
27
47
+10
2007-2008 Montréal
81
29
40
69
+15
2008-2009 Montréal
80
20
19
39
-9
2009-2010 Montréal
82
25
45
70
+5
393
103
151
254
+25
ToTal
RECHERCHE: ÉRIC D’ARGENZIO
Boycottons le
Journal de Montréal.
Appuyons Rue Frontenac!
Françoise David,
À lire aussi
sur RueFrontenac.com
Tomas Plekanec,
un coéquipier apprécié
présidente et porte-parole de
Québec solidaire
Pub SISP Rue Frontenac2.indd 1
En plus de l’édition papier, consultez ruefrontenac.com,
un journal fait par de vrais journalistes.
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le Journal de Montréal !
10-10-25 17:30