vestiaires+n°55 - Templiers
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Novembre Décembre 2013 Premier magazine consacré aux éducateurs de football n°55 Bien communiquer pour motiver Enjeux, problématiques et solutions ENTRETIEN Sylvain Matrisciano Abonnement 6 numéros (hors frais de port) : 45 € Prix au numéro : 9 € "Trop d'éducateurs cernent mal les attentes de leurs joueurs" ÉTRANGER PROGRAMME FOOT ANIMATION REPORTAGE AU STANDARD DE LIÈGE 1 MOIS POUR AMÉLIORER LE JEU SUR LES CÔTÉS AU SECOURS, JE NE PARVIENS PAS À TENIR MES JOUEURS ! www.vestiaires-magazine.com ∫ Sommaire ª 20 26 page ACTUALITE Les dernières infos du monde de l'éducateur. P6 P12 EN DIRECT DE LA DTN Formation de cadre : bilan et perspectives P14 CÔTÉ SCIENCE La représentation mentale au service du tireur de coup franc ? P16 60 page page 37à 59 LE CAHIER PÉDAGOGIQUE P38 : ENTRAINEMENT (par Charles MONTESPAN) Vous n'avez rien eu le temps de préparer ? Que faire ? P40 : PREPARATION PHYSIQUE (par Laurent BOSQUET) DÉCRYPTAGE La taille "utile" des effectifs au haut niveau P18 QUESTION DU MOIS Comment constituer ses groupes à l'entraînement ? P26 DOSSIER Mieux communiquer pour motiver P60 UNE SEMAINE AVEC... Le centre de formation de l'AJ Auxerre P68 PROGRAMME 1 mois pour optimiser le jeu sur les côtés P74 FOOTBALL D'ANIMATION Au secours, je ne parviens pas à tenir mes joueurs ! Liège P82 EXPATRIÉ Guillaume Beuzelin, entraîneur à l'Edusport Académy (Ecosse) P84 RÉCIT TACTIQUE Toulouse-Lyon (25/11/2012) avec Alain Casanova P86 COACH DE LÉGENDE Helenio Herrera, architecte du football moderne P90 NOS EXPERTS VOUS RÉPONDENT La "hotline" de VESTIAIRES ! 68 page Directeur de la publication/ Rédacteur en chef : Julien Gourbeyre Responsable abonnements : Pascal Muller Chargé de développement : Vincent Gourbeyre Secrétariat : Claudia Gioscia Comptabilité : Sylvie Pavie Community Manager : Valentin Deudon Rédaction : Olivier Goutard, François Villebrun, Valentin Deudon, Julien Gourbeyre, Antoine Armand. www.vestiaires-magazine.com P44 : GARDIEN (par David MERLET) Apprendre à son gardien à bien se placer sur CPA P48 : TABLEAU NOIR (par Didier OLLE-NICOLLE) Comment se préparer à affronter une équipe du haut de tableau ? P50 : TECHNIQUE (par François VILLEBRUN) Le contrôle orienté P78 ETRANGER Reportage à l'Académie Robert-Louis Dreyfus du Standard de Premier magazine consacré aux éducateurs de football Mensuel édité par RC MEDIA, SARL au capital de 5000 euros SIRET : 507 848 257 RCS Lyon 17 rue Louis Pasteur - 38540 HEYRIEUX TEL : 04 72 77 69 04 P42 : STRATÉGIE (par Jérémy DOS SANTOS) Corners et coups francs : les joueurs "à la ramasse" P20 ENTRETIEN DU MOIS Sylvain Matrisciano Vestiaires Coup de mou du mois de novembre : comment agir ? P54 : MANAGEMENT (par Jean-Paul ANCIAN) La gestion des remplaçants et remplacés P56 : SANTÉ (par Philippe KUENTZ) Pourquoi applique-t-on du froid après une blessure musculaire ? P58 : JURIDIQUE 1000 emplois d'avenir pour structurer le foot amateur 74 78 page Maquette/infographie : Xavier Boglione Photo pages 20 à 24 : Simon Daval Ont collaboré à ce numéro : Eric Hernandez, Alain Casanova, Jean-Marc Kuentz, Alexandre Hidalgo, Laurent Coasse, Charles Montespan, Laurent Bosquet, Jérémy Dos Santos, David Merlet, Didier Ollé-Nicolle, Jean-Paul Ancian, et Philippe Kuentz Impression : Imprimerie Chirat 744 rue de Sainte -Colombe, 42540 Saint-Just-La-Pendue. page N° Commission paritaire : 0211 T 89754 N° ISSN : 2101-4566 Crédits photos : FOTOLIA pages 1, 4, 5, 10, 12, 22, 24, 25, 26, 27, 34, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52, 58,et 60. Toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation, qu’elle soit intégrale ou partielle, quel qu’en soit le procédé, le support ou le média est strictement interdite sans l’autorisation de RC MÉDIA. 3 ∫ Editorial ª Julien Gourbeyre Directeur de la rédaction Comme un malentendu 'éducateur serait-il un égoïste qui L l'importance de recueillir les attentes de ses s'ignore ? Pas tous, bien entendu. joueurs et de les prendre en considération. Mais un certain nombre quand- L'expert même... Ceux en tout cas qui semblent (Dossier), nous éclaire sur la meilleure oublier trop souvent que le propre du béné- manière d'y répondre, en utilisant une vole, en milieu associatif, est de donner. Or, communication adaptée, génératrice de ils sont nombreux les pour “prendre”. Du plaisir, bien sûr, et c'est normal, mais aussi de la reconnaissance, un statut, Chanceaulme, lui, motivation. Pierre Sage, enfin “techniciens”, quelle que soit la catégorie, à venir en club Patrick (Football d'animation), nous A trop écouter ses aspirations personnelles, on en oublie celles des licenciés. conseille sur l'attitude à adopter et la méthode à employer dans un contexte bien précis, celui de l'école de de l'argent... Des moteurs foot, où règne souvent en sources de malentendus par la maître ce décalage entre les suite entre entraîneurs et entraînés. Car à motivations d'un groupe d'enfants venus trop écouter ses aspirations personnelles, pour jouer et celles d'un éducateur qui n'as- on en oublie celles des licenciés. C'est le pire qu'à gagner. Puisse ces quelques pages sens de plusieurs de nos articles ce mois-ci. nous aider à faire fi de notre ego de côté de Sylvain Matrisciano d'abord, (Entretien du façon à mettre nos compétences au service mois) nous fait prendre conscience de du club et de ses licenciés. Et non l'inverse.■ www.vestiaires-magazine.com 5 ∫ Actualités ª Une appli pour l'entraînement physique M arles Sport Invest et Mac Lloyd ont lancé fin septembre l'application FIT-TESTS. Un outil permettant aux entraîneurs et préparateurs physiques de mesurer la vitesse maximale de course, les temps de passage sur différentes distances, l'accélération maximale, la détente verticale, mais aussi d'établir des profils de joueurs en terme de "puissance force" ou "puissance vitesse". Son coût : 359,99 euros. Renseignements : www. fit-tests.com ■ Expérimentation : les effets de 6 matches disputés tous les 3 jours ! n temps envisagé avec les jeunes de l'ESTAC, l'expérimentation menée par Laurent Bosquet et Georges Cazorla dans le cadre des travaux de la Cellule de Recherche de la FFF, sera réalisée finalement avec les U19 et la réserve des Girondins de Bordeaux. L'objectif : enchaîner 6 matches tous les 3 jours de façon à mesurer les effets - en plus de la fatigue aigüe - de l'apparition éventuelle d'une fatigue chronique. Pour s'adonner à cette expérimentation, les joueurs s'affronteront le mercredi avant de jouer dans leur championnat respectif le samedi. ■ U A LIRE Christian Gourcuff, "Un autre regard sur le football" S ous la plume de Loïc Bervas, "Un autre regard sur le football" relate tous les éléments et épisodes ayant participé à construire la philosophie de jeu, la conception de l'entraînement et les convictions morales de l'actuel entraîneur du FC Lorient. Un ouvrage passionnant qui permet d'en découvrir un peu plus sur cet entraîneur pas comme les autres, amoureux du beau jeu quand d'autres ne fonctionnent que sur un mode binaire (victoire/défaite), obsédés qu'ils sont par les résultats aux détriments du spectacle et d'une certaine idée du sport. ■ 6 VESTIAIRES : bientôt 1000 followers sur Twitter ! D epuis la rentrée, VESTIAIRES est très présent sur les réseaux sociaux, notamment via sa page Facebook, mais aussi sur son compte Twitter. Alors n'hésitez pas vous aussi à nous rejoindre et ainsi découvrir chaque semaine des contenus, exercices et infos inédites.■ Vestiaires IL A DIT Marc Wilmots à la cote T out va très vite en football. Successeur de Georges Leekens à la tête des Diables Rouges en mai 2012, pour un intérim de deux rencontres amicales, Marc Wilmots est toujours le sélectionneur de la Belgique. Et peut-être pour longtemps. Car non content d'avoir su redonner une âme et un jeu à cette équipe, le technicien est parvenu à la qualifier pour la phase finale de la Coupe du Monde 2014. Douze années que cela n'était pas arrivée… ■ "Le meilleur moyen d'aider un partenaire…" J ohan Cruijff, au cours d'une émission de télévision sur une chaîne néerlandaise :"En football, un mot peut avoir une signification très différente. Aider le porteur, par exemple. Dans la vie de tous les jours, aider quelqu'un, c'est se rapprocher de lui. Alors que sur un terrain de football, le meilleur moyen d'aider un partenaire qui a le ballon, c'est de s'en éloigner". ■ Les fils uniques auraient-ils plus de chances de percer ? n entend souvent les formateurs affirmer que le deuxième de la fratrie a plus de chances de réussir que l'aîné étant donné qu'il se trouve, dès son plus jeune âge, entraîné dans le sillage de son grand frère qu'il cherche à suivre et imiter. D'où une habileté motrice plus précoce. Seulement voilà, en 1992, les techniciens de l'Ajax Amsterdam se sont rendu compte que 30% des joueurs du centre de formation étaient des fils uniques, statut pourtant assez rare aux Pays-Bas ! Hasard ou facteur favorable ? "On peut penser que l'enfant unique consacre plus de temps à son sport", avançait à l'époque Co Adriaanse, le directeur du centre. Il serait intéressant aujourd'hui de réactualiser ces statistiques… ■ O SUR LA TOILE experts-metiers-sports.com L ancé par la société Per f In Sport, le site Internet "expertsmetiers-sports.com" aspire à devenir "le plus grand réseau francophone des experts en métiers du sport". Sa vocation est de mettre en relation ces experts avec leurs clients potentiels. Un portail virtuel permettant de trouver un professionnel rapidement (préparateur physique, coach mental, nutritionniste…) près de chez vous, et dans votre budget. ■ www.vestiaires-magazine.com Bientôt un espace de récupération pour les Bleus L e 12 novembre dernier a été posé la première pierre de la future zone de récupération des joueurs de l'équipe de France, à Clairefontaine. Cet espace de 400 m2 comprendra une salle d'étirements, un SPA, une salle de massages et un coin réservé à la musculation. Les travaux s'achèveront en mai 2014 dans le cadre de la préparation des Bleus à la Coupe du Monde. ■ Suite page suivante 7 ∫ Actualités ª Réformes : et maintenant le foot à 11 ? A près l'entrée en vigueur, cette saison, des réformes du football d'animation, la Direction Technique Nationale avance actuellement sur un autre dossier : le foot à 11 des jeunes. Certaines mesures visant notamment à fidéliser davantage les licenciés des catégories U15 à U19 sont à l'étude. Plaisir, progression et offres de pratique s'inscrivent en fil rouge de ce nouveau et non moins vaste chantier. ■ A LIRE Sur mon banc 1392 "F ootballeur du dimanche", Jean Bréhon est maître de conférence à l'Université d'Artois. Il est aussi éducateur de football. Une passion. C'est elle qui l'a amené à écrire un livre, "Sur mon banc" (éditions Les Lumières de Lille), où l'auteur parle du jeu, un peu, mais aussi et surtout de "l'espoir, des doutes, des joies, des déceptions et des crises qui animent la vie d'un club amateur". Un récit riche en émotions et en vécu. Original. ■ C 'est le nombre d'entraîneurs ayant passé le DEF entre la saison 20112012 (692) et 20122013 (700). Et 9418 BE1 sur la même période ! ■ Espoirs : un questionnaire individuel à la fin de chaque séance la fin de chaque séance d'entraînement de l'équipe de F r a n c e E s p o i r s d i r i g é e p a r Wi l l y S a g n o l e t S y l v a i n Matrisciano, un questionnaire individuel est remis aux joueurs. L'objectif : demander à ces derniers d'exprimer leur ressenti (note sur 10) sur le contenu de la séance d'un point de vue physique, tactique et mental. Un bon moyen d'inciter le joueur à mener une réf lexion sur l'entraînement (donner du sens) tout en permettant à l'encadrement de mieux cerner les individus (leurs attentes) et d'ajuster les charges de travail. ■ À À VOS CARNETS Passe et frappe sous la dominante vitesse D ifficile à l'entraînement de trouver des exercices de frappe et de vitesse/vivacité qui sortent un peu de l'ordinaire. On n'échappe rarement aux trois-quatre mêmes exercices de son répertoire… Aussi, voici une situation permettant de travailler la frappe en mouvement, après un contrôle orienté, mais aussi la passe, le tout sous une dominante vitesse et en compétition pour un aspect plus ludique ! A (source de balle) passe à B qui effectue un contrôle orienté et se décale de la cage afin d'effectuer une passe appuyée (pour aller vite) en diagonale à D qui effectue un appel (vitesse) dans la porte. D contrôle et frappe en 2 touches. Compétition entre les bleus et les rouges. Le premier qui cadre a 1 point. Si but = 2 points. Chaque joueur travaillera sur les 3 postes. Au bout de 10 minutes (manche aller), on change le sens du circuit (B passe du droit).■ Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D 8 Vestiaires IL A DIT "Pas d'âge pour entraîner" ndré VILLAS-BOAS (entraîneur de Tottenham) : "Peu importe l'âge de l'entraîneur, l'important est que le joueur ait l'impression qu'il peut apprendre quelque chose de son coach. Si celui-ci développe des idées auxquelles les joueurs adhèrent et, surtout, si ses idées réussissent, alors c'est facile. Tous les joueurs veulent apprendre, progresser. Si vous y parvenez, alors vous gagnez leur respect". ■ A Le PSG recrute 18 recruteurs ! A lors que l'horizon s'est obscurci pour les j e u n e s p e n s i o n n a i r e s d u Pa r i s S a i n t Germain, qui n'ont aujourd'hui en point de mire qu'une constellation de stars achetées à prix d'or, le club n'a pas pour autant tiré un trait sur sa formation, bien au contraire ! Après avoir mis en place de nouveaux partenariats avec des clubs franciliens, le PSG a recruté cet été pas moins de 18 recruteurs sur le territoire ! Leur mission : sillonner la France à la recherche de LA perle rare. ■ Pierre Mankowski tiendra une conférence à Montréal U ne étude récente, signée Alexandre Hidalgo (préparateur physique à Arles-Avignon), tend à démontrer que l'entraînement de type crossfit (musculation dynamique utilisant uniquement le poids du corps) donne de meilleurs gains à court terme en termes de vitesse et de détente, qu'un travail de musculation traditionnelle en salle avec charges (plus coûteux qui plus est pour l'organisme). Pour en savoir plus : [email protected] ■ www.vestiaires-magazine.com LE SAVIEZ-VOUS ? uAprès Rennes en 2011 puis Sochaux en 2012, c'est Lyon qui, en 2013 (saison 2012-2013), a terminé en tête du classement des meilleurs centres de formation établi par la DTN. L'OL devance Sochaux, Montpellier, Auxerre et Monaco. Rennes a rétrogradé de la 2e à la 6e place. uDébut novembre, pas moins de 27 acteurs du football féminin allemand, anglais, suédois, néerlandais, norvégien, danois et français se sont réunis au siège de la Fédération Française de Football afin d'échanger leurs expériences, dresser un état des lieux, et définir les enjeux de demain. uDans le cadre de sa formation au DEPF, Vincent Hognon (entraîneur adjoint à l'AS NancyLorraine) a passé une semaine à l'AS Roma. uMarama Vahirua, l'ancien attaquant de Nantes, Nice et Lorient notamment, a été nommé Directeur Technique National de la Fédération Tahitienne de Football. uL'ancien entraîneur emblématique du Bayern Munich, Ottmar Hitzfeld, qui avait fait l'objet d'un bel entretien dans VESTIAIRES, il y a trois ans, mettra un terme à sa fonction de sélectionneur de la Suisse après le Mondial 2014. uLe magazine Sport et Vie publie ce mois-ci un large dossier sur la place de la préparation mentale dans le sport et notamment le football. uMarco Simone a remplacé Laurent Roussey à la tête de Lausanne Sports (D1 suisse). L'ancien coach de Monaco est sur le point de passer ses premiers diplômes d'entraîneur. uUn module gardien de but et un module futsal verront le jour d'ici un an dans la nouvelle architecture des diplômes mise en place par la Direction Technique Nationale. uLe nombre moyen de dribbles par match ne cesse de diminuer dans les grandes compétitions internationales depuis 20 ans. Une tendance que l'on retrouve dans les équipes de jeunes en formation, où les "purs dribbleurs" se font de plus en plus rares… uLe magazine VESTIAIRES publiera au cours du premier trimestre 2014 un ouvrage référence sur l'entraînement toutes catégories du gardien de but. Suite page suivante 9 ∫ Actualités ª QUESTIONS A… ""Ce n'était qu'un match de foot, mais…" Julien ROZEC. Malgré l'élimination (1-2), l'entraîneur de Quimper Kerfeunteun FC (DSR) se souviendra longtemps de son 6e tour de Coupe de France disputé face à Auray dans le cadre de l'opération "Match de rêve" organisée par la FFF (voir ci-contre). Comment avez-vous vécu cette aventure sur le plan humain ? Elle a permis de créer des liens entre tous les joueurs et bénévoles du club.Tout le monde s'est regroupé et mobilisé autour de cet événement. Chacun a pu voir qu'on travaillait bien en senior où les jeunes ont leur place. Je suis convaincu que ce match va nous faire franchir un cap, et pas seulement d'un point de vue sportif. psychologique, que technique ou tactique. On l'a vu sur le terrain. Les joueurs sont allés au bout d'eux-mêmes. C'est pour cette raison que je suis déçu pour eux. Les trois quarts ont fini avec des crampes. Ils se sont dépassés, surpassés. Dommage que le résultat ne soit pas au bout… Et maintenant, comment allez-vous gérer la suite ? Il va falloir dans un premier temps se relever d'une telle aventure, qui a Comment avez-vous préparé votre généré beaucoup d'émotions. Et ça, ce n'est semaine d'entraînement avant cette jamais facile. Les joueurs vont devoir digérer en affiche ? Très franchement, à part un ou deux espérant que cela nous soit utile pour la suite et "Se relever d'une aventure qui a généré détails, on n'a pas changé grand chose. Cela ne notamment en championnat cette saison. Mais chez nous beaucoup d'émotions" servait à rien de tout chambouler. En dehors du la vie ne s'arrête pas. Encore une fois, cela n'était prestige que confère une telle opération, ça reste un match de foot. Seul qu'un match de foot, un plaisir et un loisir avant tout. J'ai une équipe l'environnement était différent. jeune et j'espère qu'ils vivront encore des matches comme ça. Et pour y parvenir, il faudra aller encore plus loin dans la compétition la saison Et au niveau du plan de jeu, y avait-il des particularités ? prochaine ! Vous savez, dans ces moments-là, on insiste davantage sur l'aspect humain, ■ Propos recueillis par Eric Hernandez Les primes de présence à l'entraînement ? POUR Dominique Dresco, titulaire du DEF et entraîneur à Mornant (69) "J 'y suis favorable, mais seulement si cette prime est liée à la prime de match, laquelle vise alors à valoriser non seulement la performance, mais aussi la présence à l'entraînement. Je m'explique : si la prime de match est de 60 euros en cas de victoire, et qu'il y a deux séances hebdomadaires, le joueur qui en rate une ne percevra par exemple que 40 euros (20 euros s'il rate les deux et qu'il joue quand-même le match). Après, dans tous les cas, y compris si l'équipe perd le week-end, on peut toujours rembourser des frais de déplacement pour les joueurs qui viennent à l'entraînement, à condition que le club en ait les moyens… Toujours est-il que le système de prime mutualisée entre les entraînements et le match me semble être un système équitable et juste, qui permet à tout le monde de s'y retrouver. Et d'assurer plus de présence à l'entraînement, ce qui est le but recherché". ■ 10 CONTRE Ali Helal, Conseiller Technique Départemental du district Flandre (59) "L e fait de donner des primes de présence à l'entraînement me fait penser à cette ville qui, pour inciter les enfants à lire, donne un euro à chaque garçon ou fille qui vient emprunter un livre à la bibliothèque ! En arriver, dans le foot amateur, à payer les joueurs pour les inciter à venir s’entraîner relève pour moi de la même incohérence. Alors certes, la mesure peut être parfois jumelée avec les primes de matches, mais le joueur vénal, lui, interprète cela comme une prime à l’entraînement. Et c’est précisément cela qui est malsain : "Il faut me payer pour que je vienne m’entraîner afin d’améliorer mes performances et celles de l’équipe". Cela est encore plus gênant si le club utilise les cotisations versées par les enfants de l’école de football pour payer ce type de joueur ! L’avenir du football amateur serait préoccupant si des valeurs telle que l’éthique devenait à ce point désuète. ■ Vestiaires Publireportage C'était vraiment un "Match de rêve" ! Réalisé dans les conditions du direct. Le FC Auray s'est imposé fin octobre face au club hôte, le Quimper KFC, dans le cadre de la seconde édition de l'opération "Match de rêve" organisée par la FFF et comptant pour le 6e tour de la Coupe de France. Retour sur une manifestation ayant rencontré, cette année encore, un franc succès. our la deuxième année consécutive, la Fédération une rencontre amateur en une affiche de phase finale de Française de Football a permis à un "petit" club Coupe de France ! L'occasion de valoriser l'esprit de la amateur de vivre un véritable "match de rêve" grâce "Vieille Dame" en mettant en avant les "petits" clubs dès à l'opération nationale qui porte le même nom. C'était le les tours régionaux. 26 octobre dernier pour le compte du 6e tour de la Coupe Après l'Etoile Sportive Labeuvrière en 2012, le Quimper KFC de France. Devant près de 3000 spectateurs, les joueurs du fut l'heureux élu cette année grâce aux quelque 10 000 FC Auray se sont imposés 1-2 au Stade du suffrages récoltés sur la page FacebookPlus de 10 000 votes Pavillon de Penvillers face au Quimper Coupe de France où les fans étaient récoltés sur la page Kerfeuteun FC. Deux écuries engagées en invités à voter pour leur club préféré. Facebook-Coupe de Division Supérieur Elite (DSE) et qui ont L'écurie bretonne a devancé de plus de France vécu ce jour-là une affiche à nulle autre 2000 voix le CS Sedan Ardennes, pareil ! Et pour cause, la rencontre s'est déroulée dans des s'octroyant ainsi le droit, l'espace d'une journée, de jouer conditions dignes de la finale de Coupe de France, avec son comme des pros ! Et même si la victoire ne fut pas au bout, protocole habituel et de multiples animations (présence de nul doute que la petite ville du Finistère n'est pas prête la coupe, habillage du stade aux couleurs de l'épreuve et d'oublier ce match de rêve… de ses partenaires, kit supporters…) ! Le match, retransmis en direct (fff.fr, francetvsport.fr) et commenté par Emmanuel Petit, Claude Eymard et Steve Savidan, avec conférence de presse de veille de match, interviews à la mi-temps et au coup de sifflet final, a tenu une nouvelle fois toutes ses promesses. Et permis aux 22 acteurs de vivre une journée inoubliable. Un événement rendu possible par l'opération "Match de rêve" organisée par la FFF et qui vise donc à transformer P ∫ en DIRECT DE LA DTN ª Une équipe = un éducateur, ■ Par François BLAQUART Directeur Technique National. Premier bilan et perspective. La nouvelle architecture des diplômes mise en place l'année dernière va incontestablement dans le sens d'une augmentation de la compétence des éducateurs, comme en atteste les premières statistiques recueillies pour la saison 2012-2013. L'occasion de faire un point avec le DTN, François Blaquart, sur l'avancée d'un projet d'envergure qui devrait atteindre sa vitesse de croisière à l'horizon 2014-2015 uPlus 125% de candidats aux formations de base en 20122013 Les premiers chiffres recueillis sur la saison 2012-2013 vont au-delà de ce qu'on avait imaginé (voir par ailleurs). L'objectif à moyen terme que nous nous étions fixé était de 25 000 candidats. Or, nous l'avons déjà atteint, plus vite que prévu, et alors même que tout n'est pas encore acté. Il manque par ailleurs le CFF4 et certains modules ne verront le jour que dans un ou deux ans (U7, futsal, gardiens de but). Cette première tendance montre que notre nouvelle approche de la formation plaît bien. Ces chiffres nous permettent aujourd'hui d'espérer aller vers l'objectif réel de cette réforme qui est de faire en sorte que chaque équipe de football en France, quelle que soit la catégorie, soit encadrée par quelqu'un d'initié, c'est-à-dire un éducateur ayant suivi un module de formation de 16 heures. uDes formations de proximité, plus accessibles Le succès de cette nouvelle approche de la formation tient incontestablement dans son caractère de proximité et d'accessibilité. De ce point de vue-là, nous avons répondu à une véritable attente. Cela permet aujourd'hui à des per sonnes qui n'avaient pas forcément la volonté, le courage ou la possibilité de s'investir sur un Initiateur 1, par exemple, lequel leur paraissait trop contraignant en terme de temps et d'exigence, de venir passer un module de 16 heures, sans examen, et en lien avec leur catégorie. On leur apporte ainsi de la compétence, c'est ce qui nous intéresse. En 12 plus, l'idée est d'organiser ces modules en club. Les dirigeants peuvent donc inciter plus facilement leurs éducateurs à venir y assister. uOn vient autant pour être certifié que pour être formé Sur les diplômes, les pré requis sont effectivement plus précis aujourd'hui. L'idée est de dire aux candidats : "On est vigilant lorsque vous vous engagez en formation quant à votre niveau de jeu ou d'expérience, par contre, on fera tout ensuite pour vous amener au bout". C'est un vrai changement ! Auparavant, les éducateurs ne préparaient qu'une certification, ce qui dénaturait complètement l'enseignement, avec un impact non négligeable sur les compor- tements. La nouvelle approche modifie complètement le climat d'apprentissage. Il y a moins la pression de l'examen. La certification n'est que la conclusion de la formation, laquelle ne devient plus un mauvais moment à passer. On vient plus pour être certifié, mais pour être formé. uSusciter des vocations La plus grande proximité, la meilleure accessibilité et l'optimisation du climat d'apprentissage en formation participent à appâter en quelque sorte les candidats potentiels. C'est aussi une manière de les intéresser, de les motiver. Comme je l'ai dit - et les chiffres nous le confirment déjà certains vont suivre un module de formation alors qu'ils n'auraient pas souhaité Nombre de candidats aux diplômes de base en 2011-2012 et 2012-2013 Initiateur 1 CFF1 TOTAL 2011-2012 6290 99 6389 2012-2013 699 12 644 13 343 Initiateur 2 CFF2 TOTAL 2011-2012 2623 48 2671 2012-2013 272 6560 6832 Animateur Senior CFF3 TOTAL 2011-2012 2091 31 2122 2012-2013 239 4781 5020 + 109% + 156% + 137% Précision : certaines ligues et districts (une minorité) ont mis en place le système de modules de formation dès la saison 2011-2012, ce qui explique l'apparition sur ces tableaux de candidats CFF1, 2 et 3 sur ladite saison. En revanche, certaines ligues et districts (là encore une minorité) n'ont pas mis en place ce système de formation modulaire avant janvier 2013, ce qui explique aussi la présence de candidats aux Initiateurs 1, 2 et Animateur Senior sur la saison 2012-2013. Vestiaires c'est pour demain ! qu'est le joueur et de ce qu'il a envie de faire Aujourd'hui, des accès aux différents diplômes sont facilités en fonction du "pedigree" du candidat. Par exemple, le bon joueur de CFA et à fortiori le footballeur professionnel va pouvoir entrer directement sur un BEF. Auparavant, nous étions plutôt sur une démarche unique. Désormais, on offre à chacun des moyens de se former en tenant compte de ce qu'il est et ce qu'il a envie de faire. C'est un plus indéniable. Imaginez qu'un bon joueur de 21 ans, par exemple, en panne de diplôme, va pouvoir passer en une année une formation professionnelle de niveau 4 voire de niveau 3 ! C'est une véritable opportunité. uUne réforme en profondeur La richesse de cette démarche a été de se servir de la nouvelle architecture des diplômes pour revisiter la méthode d'entraînement et d'accompagnement des athlètes. Ce qui nous a conduit inévitablement à mener une vraie réflexion sur la méthode d'enseignement et donc la formation des cadres. Cette méthode repose sur quatre axes qui confèrent un sens complet de ce que l'on souhaite de notre football dans les prochaines années : priorisation par le jeu ; connaissance du joueur avec prise en compte du contexte sociétal et de l'évolution des publics ; définition d'une nouvelle approche méthodologique pour la conceptualisation de l'entraînement et les pédagogies utilisées ; et optimisation des climats d'apprentissage, de progrès et de compétition. Aujourd'hui, l'idée de cette réforme est admise par tous. Elle est d'ailleurs présente dans le projet fédéral. Mais elle ne sera efficace que si l'on va jusqu'au bout de la démarche. Et l'on compte bien y parvenir ! uLa différence entre BMF www.vestiaires-magazine.com Cette réforme est ambitieuse, passionnante, et relativement difficile à mettre en place. On n'accouche pas comme ça d'un projet d'une telle envergure ! Aujourd'hui, les retours que l'on a nous montrent que nous sommes plutôt dans la bonne direction. L'ensemble de nos cadres techniques affichent leur enthousiasme, alors que ce n'était pas une évidence au départ… Il y avait naturellement quelques freins au changement. Toujours est-il que nous ne considérons pas à ce jour ce projet comme définitivement abouti. Dans les mois et les a n n é e s à v e n i r, i l y a u r a s a n s d o u t e quelques réglages à faire. D'ailleurs, pour accompagner au mieux cette réforme, nous avons mis en place une cellule de veille. Mais, comme pour les chiffres, les p re m i e r s re t o u r s s o n t t r è s p o s i t i f s . L'aboutissement du projet est donc sur la bonne voie, et l'objectif que chaque joueur puisse être encadré par une personne initiée apparaît enfin à portée de main. De toute façon, si demain nous souhaitons l'imposer sur les feuilles de match, il faudra parvenir impérativement à cet objectif de : "une équipe = un éducateur". Le module au niveau local, la certification au niveau régional, et les diplômes professionnels au niveau national. ■ BEPF et BEF Le BMF est un diplôme construit sur des modules très basiques. Il est axé sur l'apprentissa ge d'une méthode. Le BEF, lui, est d'un niveau supérieur dans le sens où il vise à rendre un éducateur complètement autonome dans la conceptualisation de l'entraînement et l'organisation du club. Le détenteur du BEF doit avoir une parfaite maîtrise de la pédagogie et de la méthodologie. Le BEF est à la fois l'entraîneur de niveau régional, national jeunes, et aussi le directeur technique de club amateur. Bref, si le BMF et le BEF se ressemblent un peu en uUn projet ambitieux Certificats de spécialité : BEFF FORMATION PROFESSIONNELLE uFormer en tenant compte de ce terme de listing de compétences, nous sommes sur des compétences basiques d'un côté, et une expertise que l'on s'approprie de l'autre. Cadre Technique DES Préparation Physique Gardien de But BEF Futsal BMF Santé Sécurité - Arbitrage Brevets fédéraux U9 U11 U13 Projets "Club" U15 U19 SEN. Spécialités FORMATION DE PROXIMITÉ passer un Initiateur dans le cadre de l'ancienne architecture des diplômes. C'est déjà une réussite. Et c'est aussi la possibilité de voir certains se prendre au jeu et vouloir aller encore plus loin ! Une manière en quelque sorte de susciter des vocations. Le fait d'accéder au premier diplôme professionnel (BMF) par capitalisation d'unités peut nous ramener des publics de trentenaires ou quadragénaires confirmés qu'on n'aurait pas eu si on leur avait imposé, comme avant, six semaines de stage dans l'année. 13 ∫ CÔTÉ SCIENCE ª La représentation mentale Concentration. Le taux d’échec constaté dans la réalisation du coup-franc direct (et corner) chez les amateurs, comme au haut niveau du reste, nous questionne sur l’optimisation des critères de réalisation dans cet exercice. Alors que le footballeur confond souvent vitesse et précipitation, arrêtons-nous sur le travail de préparation mentale qui peut être mis en place pour utiliser au mieux les 20 secondes qui précèdent la frappe. e coup de pied arrêté, l’arme fatale du football moderne ! Au plus haut niveau, on estime à près de 30% le taux de buts inscrits sur CPA. En professionnel comme en amateur, quand les organisations collectives réduisent les espaces au sol, c’est bien dans les airs et sur des phases arrêtées qu’il faut aller chercher la différence. Logique donc de vouloir améliorer son efficacité dans un exercice de plus en plus décisif. Intéressons-nous ici à la concentration et au travail de préparation mentale du tireur de coup-franc direct. Lorsqu’on prononce le mot "coup-franc", on se souvient naturellement de Juninho, référence en la matière. L On pense à cette façon si particulière de frapper le ballon (sans mettre d’effet, pour que la balle flotte sur la fin de sa trajectoire), à ce talent sans cesse optimisé par un travail assidu à l’entraînement, et à cette confiance grandissante au fil du temps (44 buts sur coup-franc avec l’OL de 2001 à 2009 !). Mais il est également intéressant d’observer le rituel du Brésilien avant la frappe. Ce dernier parvient à se mettre dans sa bulle, visage concentré et regards précis, à la façon d'un botteur au rugby. Ces 15 à 20 secondes qui précèdent le tir sont détermi- nantes.Tout se joue sur la capacité du joueur à intégrer les informations utiles à son choix de frappe, sur son aptitude à visualiser la trajectoire décidée,et sur sa facilité à faire appel à une référence positive précédemment réalisée et mémorisée. Un travail où la préparation, la concentration et le ressenti de l’individu jouent donc un rôle majeur. Pour une efficacité optimisée.Alors pourquoi si peu de footballeurs y ont recours ? Est-ce vraiment utile ? Et comment le mettre en place ? Des éléments de réponse avec nos experts. ■ Valentin Deudon "Imaginer la réussite du geste et le mémoriser Experte. Maître de conférences, alliant l’enseignement et la recherche à l’UFR STAPS de Caen, Corinne MOLINARO a mené des études dans différents sports, notamment le tir au pistolet, le tir à l’arc, le volley-ball, le golf... Elle nous détaille les données scientifiques qui expliquent l’efficacité du travail de représentation et de préparation mentale pour les sportifs. Que sait-on aujourd’hui sur les mécanismes de la concentration au niveau du cerveau ? Nous disposons depuis une trentaine d’années d’une information essentielle ! Lorsqu’on imagine un mouvement en se concen- 14 trant dessus, on va mettre en jeu au niveau du cerveau, au moins au départ, les mêmes processus moteurs que lorsqu’on effectue réellement ce mouvement. Donc le cerveau interprète de la même manière un mouvement, qu’il soit imaginé ou réel. Comment a-t-on découvert ce phénomène ? Des analogies ont été observées sur différentes mesures. Grâce à un outil proche du scanner, et à l’aide de substances traçantes, on a pu se rendre compte que les régions du cerveau qui élaborent le programme moteur sont activées dans les deux cas. Cela a été confirmé ensuite grâce à des indicateurs périphériques comme la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire, l’irrigation sanguine cutanée et des données électrodermales. Mais nos muscles sont-ils sollicités rien qu’en imaginant un Vestiaires au service du tireur? Un protocole d’entraînement Ancien joueur professionnel, ex-recruteur au Stade Rennais et actuel entraîneur du FC Chartres en CFA2, Pascal GROSBOIS est spécialisé dans le travail de préparation sur coup de pied arrêté. Il travaille actuellement avec deux joueurs de Ligue 1. "L’idée, c’est de pouvoir aider le joueur à se construire une routine personnalisée durant les 20 secondes dont il dispose avant la frappe, en respectant une chronologie".Voici donc un exemple de protocole d’entraînement qui donne une idée plus précise du travail à accomplir. "Mais le temps passé, les axes de travail et certains détails dépendent beaucoup du joueur, de son ressenti", précise l'intéressé. 1/ LA PRISE D’INFORMATION Il s’agit dans un premier temps d’analyser les spécificités d’une situation donnée dans le but de prendre la meilleure décision. "C’est un moment d’analyse de la situation et de l’environnement. La position du ballon par rapport au but, les conditions météo, la position du mur, le placement du gardien et éventuellement son côté faible… Ces informations vont permettre au tireur de choisir sa trajectoire et la surface de pied à utiliser. Il ne devra plus revenir sur son choix par la suite". 2/ LA VISUALISATION Lorsque la décision est arrêtée, il est important de prendre quelques secondes pour visualiser et imaginer la trajectoire décidée pour sa frappe. "Le joueur va se représenter dans son esprit la trajectoire du ballon jusqu’à ce qu’il rentre dans le but. Il va aussi se fixer un point de trajectoire intermédiaire qui va correspondre au franchissement du mur. La précision avec laquelle il va visualiser les points de départ, intermédiaire et final permet au cerveau d’enregistrer les distances et de gagner en efficacité". 3/ LE RELACHEMENT C’est un moment durant lequel le joueur va utiliser ses propres ressorts pour s’installer dans une zone de confiance. "Le but est de donner des certitudes au joueur. Ca demande un travail préalable important, basé sur le ressenti, les émotions. Il s’agit d’ancrer dans son esprit une image de réussite, un geste moteur réussi en séance et mémorisé grâce à la visualisation. Pour être efficace, cette mémorisation doit s’accompagner des sensations perçues à ce moment-là, un bruit, la chaleur, le vent… Après, je lui conseille d’associer cette référence positive à un mot clé qui fera office de déclencheur une fois en situation. En faisant appel à sa référence, le tireur va se retrouver dans une zone de confort qui va lui donner confiance et lui permettre de faire abstraction d’éléments perturbants. C’est un gros travail en amont qui permet de rendre le processus rapide et automatique". 4/ LA REALISATION MOTRICE C’est le moment de vérité, l’exécution de la frappe. "Juste avant la frappe, il est important de focaliser son regard sur le ballon, plus précisément sur le point d’impact où l’on souhaite le frapper. Pour que tout ce travail de préparation devienne naturel, on va entraîner le joueur à se fabriquer mentalement un clip personnel qui correspond aux 20 secondes avant le tir. Ce clip va contenir le plus de détails possibles, va reproduire des sensations précises. Une partie de l’entraînement va consister à ce que le joueur se passe mentalement ce clip de manière à rendre le processus de plus en plus naturel. En général, en dix séances, le garçon aura déjà fait des progrès et deviendra autonome, il aura alors les outils pour répéter et progresser seul". participe à sa réussite motrice" mouvement de notre corps ? Oui, on parle d’activité subliminale. Grâce à un électromyogramme, qui permet d’enregistrer l’activité électrique des muscles, on a décelé un signal très faible, à peine détectable, mais qui existe, au niveau des muscles mis en jeu. C’est une amorce, comme si le cerveau avait programmé le mouvement à produire et qu’il commençait à commander nos muscles, mais très faiblement. Le cerveau mémorise-t-il également de la même manière un mouvement, qu’il soit réel ou imagé ? Oui, car la représentation mentale, c'est-à-dire la visualisation par la pensée d’une situation, fait appel entre autres au système limbique, qui est le siège de la mémoire et des émotions. Ces informations ont eu des conséquences importantes sur l’entraînement des sportifs… Effectivement, puisqu’on a pu dès lors www.vestiaires-magazine.com s’entraîner à la réalisation d’un geste sportif en associant la représentation mentale du geste à son exécution motrice. Imaginer la réussite du geste et le mémoriser va participer à sa réussite motrice. Comment fonctionne ce processus ? Toutes les études ont prouvé que c’est l’association de l’entrainement moteur et de la représentation mentale qui est le plus efficace. En quelque sorte, si on réussit un geste moteur parfait, on peut travailler à le mémoriser pour plus tard faire mentalement appel à ce souvenir, afin de réussir à nouveau le geste juste. Au niveau du cerveau, le système limbique construit une référence de la situation et y intègre les aspects émotionnels. Il est donc très important d’ajouter à la représentation mentale le maximum de détails et d’impressions qui font appel à nos sens et que l’on retrouve lorsque l’on est réellement en situation. 15 ∫ DECRYPTAGE ª La taille "utile" des effectifs Etude. Alors que l’immense majorité des clubs européens de Jürgen Klopp haut niveau table sur un groupe de 25 joueurs, une étude commandée par la DTN questionne sur le nombre le plus approprié, le profil et le statut des joueurs au sein de l’effectif. Cette étude, que VESTIAIRES s'est procuré, ne manque pas de nous donner une nouvelle lecture de ce qu'est ou doit être la taille "utile" d'un effectif professionnel. Explications. ’excellence des résultats du Borussia Dortmund depuis quelques années interroge sur le savoir-faire du club allemand. Mais au-delà des considérations technico-tactiques, un chiffre interpelle : 12. C'est quasiment le nombre de joueurs que les Borussen ont utilisé au cours de la saison 2010-2011, année où ils furent champions de Bundesliga ! Quasiment, car entre le 12e et le 13e joueur utilisé, l'écart est de 12 titularisations (voir par ailleurs).Au cours des deux saisons suivantes (2011-2012 puis 2012-2013),les chiffres furent quelque peu semblables. Avec toujours le même succès au rendez-vous (champion en 2012, 2e et finaliste de la C1 en 2013).Autant dire que les jaunes et noirs accumulent les titres et les honneurs en utilisant un nombre très restreint de joueurs. Une stratégie qui diffère de la grande majorité d’autres grandes écuries pour lesquelles la performance passe par le nombre voire l’empilement de joueurs. L Un état de fait qui ne laisse pas indifférent et remet au goût du jour une étude commandée par la DTN, il y a deux ans. Ludovic Debru, responsable administratif de la FFF et rapporteur de l’étude explique : "Initialement, l’étude visait à démontrer que la politique de formation était toujours une alternative viable au football business". De fait, la commande a débouché sur d’autres constats concernant la totalité des clubs professionnels des 5 grands championnats européens. >Une aberration économique "D'abord, on constate des écarts très significatifs entre les joueurs ayant participé à au moins 10 matchs et les autres (indicateur modulé en fonction du nombre d’équipes dans le championnat, ndlr). Cette cassure s’apparente à ce que nous qualifions de taille utile de l’effectif. Par utile, il faut comprendre effectif utilisé pour tenir les principaux objectifs… Pour certains clubs et sur certaines saisons, la limite intervient au 12ème joueur (Dortmund, Ndlr). Pour d’autres, elle apparait à partir du 21ème ! On peut dire toutefois qu'en moyenne, la taille utile de l’effectif pro au niveau européen se situe aux alentours de 16 joueurs". Quest-ce que cela’implique au juste ? Ludovic Debru poursuit : "Sur un groupe de 25 joueurs, une proportion importante débute très peu de rencontres ou ne participe qu'à des bouts de match. C’est une aberration économique. Il Borussia Dortmund : une vie en dehors de l’équipe type ? Comme signalé par ailleurs, le cas du Borussia Dortmund interpelle tout particulièrement. Saisons après saisons, le parti pris de Jürgen Klopp et de son staff est de s’appuyer sur un nombre très restreint de joueurs pour disputer les grandes compétitions. Les autres membres de l’effectif devant se contenter de la Coupe d’Allemagne et autres accessits. Cette logique est illustrée par le décryptage de la saison 2010-2011. L’étude menée à ce sujet démontre en effet que le club de la Ruhr a remporté le championnat en s’appuyant essentiellement sur 12 joueurs (voir tableau ci-contre) ! Ou plus précisément que 12 joueurs seulement ont été titularisés à au moins 10 reprises en championnat (seulement 13 joueurs ont participé à 10 matches ou plus). Record européen à battre !La saison 20112012 a été sensiblement plus ouverte à l'effectif puisque 17 joueurs ont disputé au moins 10 matches. Si les remplaçants ont pu s'exprimer plus que la saison précédente, l'équipe type, elle, n'a que très peu évolué dans la saison puisque 13 joueurs seulement ont été titulariés à l'entame d'au moins 10 rencontres... Lors de la saison 2012-2013, le Borussia ne termine "qu’à" la 2e place de sa compétition nationale… Une fois encore, seuls 15 joueurs ont participé à l'équivalent temps de jeu de10 rencontres de Bundesliga. A savoir les 12 joueurs mentionnés 16 page de droite (en grisé) auxquels il faut ajouter Mario Götze, Lettner et Santana partis depuis sous d'autres cieux. Peut-on s’attendre à de grands changements pour cette saison ? Pas sûr… A ce jour, l’effectif du Borussia dénombre 28 joueurs (dont 8 formés au club). Après 9 journées (au 21/10/2003),14 joueurs s'étaient partagés l’immense majorité du temps de jeu. Vestiaires Avec notre partenaire Leader paneuropéen des statistiques de football avec plus de 17 ligues et compétitions couvertes pour l’analyse des matchs, l’étude des adversaires et l’aide au recrutement des clubs professionnels. www.optasportspro.com professionnels "La formation française à de belles heures à venir devant elle…" Guy LACOMBE. Tour à tour, formateur et directeur de centre de formation (AS Cannes), entraîneur des clubs français les plus renommés (PSG, Monaco, Rennes….) et néo membre de la DTN, Guy Lacombe est le témoin privilégié d’une certaine évolution du football. Nous l’avons sollicité afin qu’il nous fasse part de son éclairage sur l'étude dont il est question ici. La taille utile de l’effectif ? "Attention à ne pas se tromper sur les conclusions de l’étude. Même si tous les joueurs n'ont effectivement pas le même temps de jeu, il n’empêche que la décision se fait très souvent avec ceux qui jouent moins mais qui, sur un match, une entrée en jeu, permettent de l’emporter. Pour peu que vous remportiez le championnat ou que vous vous sauviez à un point près, vous réalisez alors l’intérêt de pouvoir tabler sur un effectif large…". Quelle stratégie d’utilisation de l’effectif ? "Le paradoxe est que, bien souvent, les meilleurs résultats sont le fruit d’effectifs restreints dégageant une équipe type… En France, où les joueurs sont plus individualistes, ce type de gestion semble moins naturel qu’en Allemagne, par exemple, où la culture du collectif est plus présente". Quel effectif pour quel club ? "Le nombre et surtout le profil des joueurs composant l’effectif est fonction du club, de son sta- nous parait qu’à partir du 17ème jusqu’au 25ème, soit la frange dite de complément, il reste de la place pour les jeunes du centre…". >Pas de corrélation entre le nombre de joueurs utilisés et un objectif de compétition. Deuxième constat : "Il n’y a pas de corrélation entre le nombre de joueurs utilisés et un objectif de compétition.L’utilisation d’un groupe de joueurs n’est pas liée à la performance. Les stratégies d’utilisation de l’effectif ne préfigurent en rien la réussite ou l’échec de la saison". A cet égard, il est fort à parier que la prochaine (probable ?) mise en place du "fair-play financier" redistribuera les cartes et que les clubs se pencheront avec une attention plus soutenue encore sur l’optimisation des ressources internes du club. Dont le capital Joueur. Si tel est le cas, les décideurs techniques et institutionnels ne manqueront pas de se replonger sur les résultats d’une étude dont on n’a, peut-être, pas fini d’entendre parler. ■ Olivier Goutard www.vestiaires-magazine.com Nom tut et de son histoire. Il me semble naturel qu’un club devant tenir des objectifs élevés comme le PSG, par exemple, compte 23 internationaux sur un effectif de 25 joueurs … Un club nourrissant des ambitions plus modestes tablera peut-être sur 15 joueurs confirmés et veillera à intégrer les éléments les plus prometteurs de son centre de formation. Les clubs disposant de faibles budgets ou en cours de reconstruction feront plus souvent appel à des joueurs ayant quelque chose à prouver et aux jeunes du centre. Ici, c’est souvent le contexte économique qui dicte les éléments avec lesquels les techniciens vont composer". L’évolution probable, les tendances à venir dans le football français ? Il me parait qu’à quelques rares exceptions, les clubs vont devoir s’appuyer de plus en plus fréquemment sur les éléments issus de leurs centres de formation. Certains prétendent que l’on s’achemine vers un football d’élite à deux, voire trois vitesses. Personnellement, je me réjouis en pensant que la formation française à de belles heures à venir devant elle… Poste Match Bundesliga 2012-2013 Gardien 31 R.WEIDENFELLER Gardien 3 M.LANGERAK Def 4 O.KIRCH Def 25 N.SUBOTIC Def 28 M.HUMMELS Def Werder Breme S.PAPASTHOPOULOS Def 29 L.PISCZEK Def 29 M.SCHMELZER Def Equipe réserve E.DURN Mdt 21 S.KEHL Mdt Shaktar Donetsk H.MKHITARYAN Mdt Equipe réserve M.DUCKSCH Mdt 27 J.BLAZCZYKOWSKI Mdt 29 K.GROSSKREUTZ Mdt 28 I. GUNDOGAN Mdt 19 S.BENDER Mdt 32 M.REUS Mdt 3 J.HOFMANN Mdt 15 (arrivée cours de sais.) N.SAHIN Att 31 R.LEWANDOWSKY Att 22 J.SCHIEBER Att St Etienne P.E AUBAMEYANG Mtch Bdlg 2013-2014 Nb à la 9ème journée Titularisations 8 1 1 8 7 5 0 6 5 2 6 2 7 8 1 9 9 7 9 9 0 9 7 1 0 8 7 3 0 6 3 1 6 1 4 8 1 8 8 0 8 8 0 7 Nb mn jouées 720 90 45 693 575 341 0 483 283 95 477 91 340 720 56 660 648 146 763 743 0 639 ■ saison 2012-2013, joueurs (14) ayant disputé au moins 10 matchs de bundesliga (manque Mario Gotze) ■ saison 2013-2014, joueurs (14) ayant disputé au moins 1/3 du temps de jeu total en Bdlg 17 MOIS ª U D N IO T S ∫ la QUE r e u t i t s n o c t n Comme ? t n e m e n î a r t n e ' l à s e p u o r ses g ation. prendre en emier critère doit pr l ue Q e… br m née d'âge, par no e en revue les ? VESTIAIRES pass Par niveau, par an t en m ne aî im tr n en 'a d' d En foot réflexion. r ses groupes t quelques pistes de oment de constitue an m os au op ur pr te us ca vo du en l'é ut ai re s le s compte problématiques, to et à so n ou se s pa rt en ux je en s nt re ffé di les" par crainte de le plus "faib e ce s de r: nt ve sa le pe rd re , ta nd is qu rs eu at es éduc pas à receance nier s ne cherchent avoir préparé sa sé le pe rd re bo n vo ir le ba llo n, ca r ne su ffi t pa s à so n proches re So us pr éserait synonyme de fo nc tio nn em en t ! pa rt es de ser des de la pa rt du ou Bref, texte de propo s… ué do ires les plus réfléchies na s, ive ct ra att s ce an st ra sé na vi gu e ic i en tre fru s, ils fo nt on te ui tr ns co en bi et , individuauvent le tion, dévalorisation passer bien so et pe ur de av an t le lis m e, in hi bi tio n, co nt en u (le "q uo i") ce te m ps , les encam al fa ire . Pe nd an t "comment". Or, tous ogresse. it la catépersonne ne pr drants, quelle que so touchent ne nt à un Surtout ceux qui go r i e , s e re t ro u ve ir et qui cu de nt la projamais la boule moment donné deva creuser se rt ca ient ainsi l'é nte : de vo va i u s e u q i t a m é bl pareilles ns tit ue r avec les autres… En qu el le m an iè re co qui doivent nt ra în ees, il y a des signes nc sta on rc ci m es gr ou pe s à l’e an té , ba iss e de iffres av ré el , avec du ca te ur (ir rit ab ili isé, bien que les ch l'é on r éc rte pr ale nt ve m en t ? L'e nj eu es t du e ce gu és en ce à l'e nTR Li r la gestion de la séan sc al La f le ur ie l (C io n, de pl ais ir, de pr at Pa iv r ot pa m s cé r un impact certain su pa la r , oi 11 (v a aussi et surtout rta nt s joueur. En foot à ement…). Mais il y ) so ie nt pl us im po în re nt tra Ce , et la progression du nt e na m te stè ain sy en amont. Quid de tatif m fférente car le s). Sur le plan quali e réflexion à mener ur un le ail t problématique est di es sséparer ne ra gè un ro à té r exemple ? Doit-on oupe trop hé ramidal incite pa , gr py ge n n 'u d'â io qu ée tit te nn pé no m l'a co on de nonan ce ou ipe. s le dé bu t de la sé urce d'inégalités, de urs par groupe/équ dè so ue s t jo pe en de m t ou le gr en ra s em le né bl gé m se ? Il s ? Quel est im at io n, qu e fa ire t sur certains atelier et de conf lits. en n, m io at ue iq ér un op co M ai s en fo ot d' an ér er no m br e de ie r lie u de co ns id pp or t éd uc at eu r/ ra n bo le co nv ie nt en pr em s. tio ns qu e no us hétérogène est tit at ifs et qu al ita tif s ? Au ta nt de qu es ur ue jo de ux as pe ct s : qu an on sa it pe rt in em - Un groupe trop s, de nt s in te rv en an ts , ie r, source d'inégalité lits t s po sé es à di ffé re en on av uv e. so S'a gi ss an t du pr em de t an dagogique et pratiqu e tr op im po rt n, et de conf pour un éclairage pé m en t qu 'u n no m br at el ie r in du it un non-coopératio êm e e beyre jo ue ur s su r un m sn et Ju lie n Go ur ut se passer : le jeun ns et donc de progre io ■ François Villebru emple de ce qui pe Ex n manque de répétit llo 9 -U ba le U7 er en s nn ur s do pour 8 joue ur "doué" ne veut pa sion. Un éducateur le plus sou- joue t es 3 U1 1U1 en et un pour 12 Nord L TD Finistère Olivier CADIC, C roupe é g t e il e u c c a e p "Grou lite" me s n’ au ro nt pa s le mê pe , to us les jo ue ur ou agr uc me éd mê les s, un nt t, da ns en structuré re nd re qu ’à l’i ns ta n ! Pour des clubs bi mp bo e it co iqu so en e log bi nd e it un mo do r le ns iquement da rait que tout "U n éd uc at eu s … même si on voud el cas, on se place un de ce qu ec an au av rm s, " rfo ale eil pe ég ccu de rts niveau de joueurs à pa té des groupes "a re cô n mb d’u no r le r ue rti tit ns ns pa piratio aussi co teurs peuvent se ré i présentent des as eur). Mais on peut joueurs par éducat pour des enfants qu " es lit parer les sé "é s s, pe rit ou ba gr ga du nombre (12-14 différences de , de l’autre, des et les x ne au er ve nc ni co i les qu us foot du futur du fin, pour ce joueurs de to erreur ! Car dans le jouer plus haut. En re de siè os vie gr en e e les un un it et ra différentes fférentes se de mélanger tous current de tailles di onise au contraire ré éc te pr ex je à ét oi ce pr qu fa le ur ire us po s ! C’est joueurs so nt je vais fa terme de "comme s grands et des petit en de n rs tio ou es uj to qu la ra r au se y po gamin, il différences… et se faire accepter ces e". lèm ob pr le joueurs pour leur r ite év " plutôt que d’ ille ta de an gr de s des joueur 18 Vestiaires Haut niveau. R esponsable coo et ancien CTD de Haute-Savoie rdination école de foot-préfo rmation à l'O (74), Jean-F groupe d'entraî rançois VULLIEZ apporte un é lympique Lyonnais, nement en préfo cl rmation à l'OL. airage sur la notion de "S’entraîner avec des joue urs plus âgés thlétiques, sp impose des a t ia le E n p ré fo rm at s e t temporelles io n , q u e p ré co n is ez -v o u s p o u r co n st it supérieures" u er le s gr o u p es d ’e n tr aî n em en t ? A l’ contraintes a O L, on tr av ai lle su r un e ba se de groupe d’entraî nement par an née d’âge, mais on fa it de s in té gr at io ns ré gu li èr es da ns le s groupes. Par ex emple, 4-5 joue ur s U13 vont en U 1 4 et q u el q u es U 1 4 b as cu le n t ch aq u e se m ai ne avec le s U 15 . Q u el es t l’ o b je ct if d e ce tt e in té gr at io n ? C el a no us p er m et d’ ab or d d’ éq groupes d’entr aînement en te ui li br er le s rme d’ef fectifs, m ai s au ss i et su rt ou t de do nn er la je un es jo ue ur s de p ou vo ir s’ ag p os si bi lit é à de s ué rr ir au co nt ac p lu s âg és . A qu al it t de s’entraîner avec és te ch ni qu es et ta ct iq ue s éq jo ue ur s des joueur s plus ui va le nt es , athlétiques, sp âgés impose de atiales et tempo s contraintes relle so nt oblig és de s’ ad ap te r et de s supérieures. Les joueur s tr ou ve r de s so si tu at io ns p lu s co m p lexe s. Il lu s’ ag it de m ob ili ti on s à de s capacités d’ap se r to ut es le s prentissage ch ez les joueur s qu l’a nn ée d’ âge su i évoluent dans pé le remettre dans ri eu re , pu is de le s fa ire re de sc en dre po ur une "zone de co de stabiliser ce nfor t" qui va le ur permettre qu’ils ont appr is et regénérer p sy ch ol og iq ue leur s capacité s. s N ’y a- t- il p as u n ri sq u e d e n iv p ar le b as ? N on , ca r no us ne el le m en t m en se m bl e de s jo ue ur s de tr ân et to ns p as ch e d’ âge di ffé re nt e p ou r cr ée b ie n p o u r p ro r de la co nc ur re nc e, m ai s vo q u er u n st im u li m o ti va tionnel néce ssaire à une p r o gr e s s i o n co ns ta nt e. C lo is on ne r ri sq ue ra it de cr ée r un e fr ac tu re da n s le gr ou p e. Il fa ut in n ove r, su rp re n d re , p o u r q u e le je u n e so it co n st am m en t st im u lé d an s u n co n te x te fa vo ra bl e. Comment s ont choisis ch an ge n t d e les joueurs gr o u p e d ’e n tr qui aî n em en t ? C ti on qu i co nc er ’e st ne le ur s. Il s so nt to to us le s jo ue ur s, p as se ul em un e ro ta en t le s m ei lus m is su r un m êm de va lo ri sa ti on , de cl im at de co e p ie d d’ ég al it é en te rm e nf ia nc e, de bi en d’ ap p re nt is sa ge . Il fa ut êt re ve ill an ce et at te nt if à ch aq ti fi er so n év ol ue je un e et id en ut io n sp or ti ve et p er so nn el le ai t p as de dé cr p ou r qu ’i l n’ y oc h age br ut al de ni ve au qu i p er te de co nf en ge nd re un e ia nc e, de m ot iv at io n et d’ ap ra p p or t à l’ év p re nt is sa ge p ol ut io n du gr ar ou p e. en co m p te d es jo u eu rs en d if C ’e st p ou rq uo i la p ri se fi cu lt é (b le ss m ot iv at io n… ) es t ég al em en és , b ai ss e d e t im p or ta nt e. L'avis de Pasc al LAFLEURIEL , CTR de la Lig ue du Centre C O N S T IT U E R L ES G R O U P E S PA R N OM BR E : : il n’ ex is te pa s de pr éc on is at io n considérer que de la D TN im po le rapport d’un sa nt un ta ux d’ éd à 5 ucateur pour 15 (U 9/U8), et ce, afin en ca drem en t, m un éducateur po joueurs est un m de ga rd ai s on pe ut er une certaine ur 18 joueur s po aximum pour to qualité de travai ur les équipes év utes les équipes l. On peut monte oluant à 8 (U10 qui jouent rà à U13). TR AN CH E D' AG E : le s co m pé tit ions ont été cons po nd en t, da ns tr uites par la fé la m dération en tena Pour autant, lors aj or it é de s ca s, à la co ns ti tu ti nt compte des ca on de grou pe s qu’un joueur es tégories sur 2 an qu i pe rm et te nt t plus avancé que groupe d’entraî s car elles corres d’ êt re ef fic ac e les autres, il ne fa nement de la tr et de pa ss er no anche d’âge supé ut pas hésiter, da s ap pr rieure. ns le souci de sa progression, à le en ti ss ages . N IV EA U : cons passer dans le tituer des groupe s de niveau n’a pa en re va nche in s dispensa ble de d’intérêt chez le réal s pl prentissage (ne pas figer les grou iser des groupes de niveau à la us petits (U6-U7). Pour les caté gories U8 à U13 pes à l’année, ga condition impé évoluer le joue , il me semble rder rative de toujou ur dans la catégo rs garder le bo rie supérieure po du plaisir, de la confiance…) sa n climat d’apns tomber dans ur certains appr l’élitisme. L’idéa entissages et de l serait de faire le remettre dans sa catégorie en suite. www.vestiaires-magazine.com 19 ∫ l'ENTRETIEN ª Sylvain MATRISCIANO "Trop d'éducateurs cernent mal les attentes de leurs joueurs" Prise de conscience. Adjoint de Willy Sagnol en équipe de France Espoirs, Sylvain Matrisciano est surtout reconnu dans le milieu pour son expertise dans le domaine mental et managérial. Un savoir qu'il a développé en même temps que ses compétences de technicien depuis la fin de sa carrière sportive, il y a vingt ans. Aujourd'hui entraîneur national à la DTN, celui qui fut cadre technique à la ligue de Franche-Comté nous parle des enjeux et problématiques liés à la fonction d'éducateur de football. Un entretien "utile" visant à aider les encadrants à ouvrir les yeux sur leur vocation véritable, et sur ce qu'ils doivent entreprendre, personnellement, pour rendre leur mission plus efficace et agréable. Entretien. VESTIAIRES : Qu'est-ce qui pousse une personne, d'après vous, à devenir éducateur ? Quel est son "moteur" la plupart du temps ? contributions, et ainsi donner du sens à l'entraînement et à la mission d'encadrement. Sylvain MATRISCIANO : Cette question, c'est avant tout aux éducateurs de se la poser. Moi, je sais pourquoi j'ai accédé à cette fonction, pourquoi j'ai passé mes diplômes. J'ai eu très tôt cette volonté de m'inscrire dans l'éducatif et dans la performance, de bonifier l'autre et de prendre des responsabilités. Je crois que chaque éducateur, avant de se lancer, doit commencer par identifier ses motivations ainsi que le degré d'investissement qu'il est prêt à assurer. L'éducateur ne peut pas être performant sur la durée s'il fait l'économie, dès le départ, d'un travail d'introspection et de communication, c'est ça ? Posons la question différemment : pensez-vous que la plupart des éducateurs deviennent éducateurs pour les "bonnes" raisons ? S. M. : Exactement. Plus les éducateurs iront en amont sur leur raison d'être, leur fonctionnement, la connaissance de soi et celle d'autrui, plus ils seront efficaces et épanouis dans leur activité. C'est aussi un travail de recherche. Savoir par exemple si l'on fonctionne sur un mode auditif, visuel, kinesLe public n’est plus le même, la thésique, si l'on fait preuve d'une intellisociété a changé. Entraîner gence plutôt inter ou intra personnelle. Sans comme nous l'avons été serait entrer dans de grandes théories, il est facile de se documenter sur le sujet. On peut aussi une grave erreur pour les joueurs se faire filmer au bord du terrain pour voir comment on se déplace, comment on et pour l’éducateur qui ne communique… Il peut y avoir de grosses trouverait par son compte et surprises ! S. M. : Je pense que oui. Par contre, je suis convaincu qu'un certain nombre d'entre arrêterait rapidement. eux cernent mal leurs attentes, celles de l'activité et des joueurs. Beaucoup gagneraient Mais dans les faits, très peu d'éduà se pencher davantage sur les souhaits personnels et mutuels. cateurs font ce travail de recherche et d'analyse ! Et il C'est-à-dire ? S. M. : Qu'est-ce que j'attends de l'activité en tant qu'éducateur ? Qu'est-ce que j'attends de mes joueurs ? Qu'est-ce qu'ils attendent de moi ? Qu'est-ce que je suis prêt à mettre en place pour répondre à leurs attentes ? Qu'est-ce que mes joueurs sont prêts à faire pour satisfaire aux miennes ? Bref, clarifier les contraintes et les ressources de façon à trouver une cohérence, un juste équilibre entre souhaits et 20 en va de même concer nant l'identification des attentes de leurs joueurs… S. M. : C'est une prise de conscience à avoir. Il y a un mode opératoire que tout le monde connaît, c'est l'entraînement. Mais il y en a d'autres comme l'entretien individuel ou la réunion collective. L'éducateur doit savoir profiter de certains moments avec ses joueurs, hors terrain, pour travailler sur les attentes personnelles et mutuelles. Interroger ses troupes sur la représentation qu'ils ont de l'entraînement, de Suite page suivante Vestiaires "Plus qu'obtenir des résultats, mesurer des progrès est le vrai match pour l'éducateur." www.vestiaires-magazine.com Suite page suivante 21 ∫ l'ENTRETIEN ª l'effort, du jeu, de l'entraîneur, du dirigeant, du remplaçant… C'est ce que j'appelle la préparation mentale éthique, ou gainage mental. L'idée est de se forger des valeurs communes pour recentrer les enjeux et avancer tous dans le même sens. Le fait qu'un certain nombre d'éducateurs négligent cette phase consistant à cerner d'abord leurs attentes ainsi que celles du groupe, pour adapter ensuite leur approche pédagogique, méthodologique, et fixer des objectifs, est-il de nature à expliquer ce décalage souvent constaté entre l'entraîneur, qui veut gagner, et les joueurs, qui souhaitent d'abord se faire plaisir ? séance par semaine ! Il a commencé à mettre en place des groupes de travail par VMA, etc… Les mecs ne touchaient jamais le ballon ! Je n'ai peut-être pas suffisamment insisté à l'époque sur le fait que la première des choses est de s'adapter à son public. Le maçon qui vient à l'entraînement, il veut faire un foot. Courir, il peut y aller seul le dimanche matin avec un cardio… L'erreur de cet éducateur fut d'être centré uniquement sur la performance, comme beaucoup… S. M. : Ce qui engendre inévitablement de la frustration. Il convient alors de resituer ses priorités. Moi, éducateur U11, quel est mon objectif ? Etre champion de ma poule départementale ou champion de l'éducatif ? Remporter le "derby" face au village voisin ou d'abord faire en sorte que l'enfant sorte du terrain avec le sourire, la santé, et quelques règles de vie comme la politesse, la solidarité, le respect et le goût de l'effort ? Il ne faut pas se tromper. S. M. : Le risque est là, en effet.Trop d'éducateurs cherchent à répondre à des attentes qui étaient peut-être les leurs, lorsqu'ils étaient joueurs, il y a dix, vingt ou trente ans, mais qui ne sont pas ou plus celles de leurs protégés aujourd'hui. Le public n’est plus le même, la société a changé. Et entraîner comme nous l'avons été serait une grave erreur pour les Quels sont les signes, à l'entraînejoueurs et aussi pour l’éducateur qui ne trouou en match, qui montrent "La première des choses est de ment verait pas son compte et arrêterait rapideque l'éducateur fait fausse route ? s'adapter à son public" ment. Les joueurs attendent autre chose de S. M. : On peut répondre en évoquant les l'activité désormais. Et cette chose peut varier signes qui permettent d'avancer que l'éduénormément d'un public à l'autre, d'une cateur est dans le vrai : la présence des joueurs équipe à l'autre, d'un club à l'autre… D'où la nécessité, pour le coach, aux séances, l’adhésion du groupe et des parents au projet, la gesde commencer par se poser les bonnes questions afin d'éviter de se tion des émotions lors des oppositions, la cohésion affective… retrouver très rapidement hors sujet si je puis dire. Avec quelles conséquences ? S. M. : Une incompréhension réciproque, source de tension, de conflits et de démotivation, alors même que l'éducateur a le sentiment de "faire ce qu'il faut" ! Sauf qu'il se trompe de public… S. M. :Voilà. J'ai formé un garçon, il y a quelques années, qui a terminé major de promotion au BE1 et qui est ensuite parti entraîner une équipe de 2e ou 3e division de district. Il a mis en place tout le contenu de la formation du Brevet d'Etat avec des joueurs qui faisaient une Tout ce que vous venez de dire est une manière de tordre le cou à l'idée trop répandue selon laquelle l'indice de réussite et de compétence d'un éducateur n'est représenté que par les résultats de son équipe… S. M. : C'est juste. Ils sont nombreux à croire, parfois à raison malheureusement, qu'ils seront jugés par les joueurs, les parents et les dirigeants, uniquement sur les résultats, et pas sur la qualité du jeu produit, encore moins sur les valeurs transmises et le respect du projet club. En cas de défaite, le regard des autres, les remarques, la déception des joueurs sont vécus comme autant de coups de couteau à l'ego de l'éducateur. Or, il y a des indicateurs visuels, comme des exercices et situations référence à l'entraînement, qui permettent d'abord de mesurer une progression. Le vrai match pour l'éducateur, il est là ! Mesurer une progression avec des enfants n'est pas toujours aisé… S. M. : C'est pourquoi j'invite tous les éducateurs à choisir des situations référence à l'entraînement. C'est le meilleur moyen de mesurer concrètement les progrès effectués et ainsi donner du sens à ce que l'on fait d'un point de vue technique. Pouvoir dire à un moment donné aux enfants : "Vous voyez, on ne parvenait pas à réaliser correctement ce jeu en début de saison. Maintenant, on réussit à faire des séries de cinq, six passes. Bravo". Le progrès est déjà une première victoire pour l'éducateur. L’épanouissement individuel dans un collectif, une 22 Vestiaires deuxième. Rendre le joueur intelligent en terme d’adaptation, mais aussi acteur et même auteur de ses performances en est une autre. On parle beaucoup à l'heure actuelle de la notion de plaisir qu'il convient d'entretenir afin d'emporter la pleine adhésion de ses joueurs. Mais se pose-t-on la question de savoir si l'éducateur, lui, prend du plaisir dans des contextes pas toujours évidents à l'entraînement ? enfants ont certes besoin d'un cadre de fonctionnement, mais l'éducateur doit leur laisser un minimum de liberté à l'intérieur de ce cadre. Sur le plan disciplinaire ou sur le plan de l'évolution dans le jeu ? S. M. : Les deux. En match, par exemple, il faut réhabiliter le statut de l'erreur. Il faut l'accepter car elle est essentielle dans la construction de l'individu. Or, certains joueurs vivent très mal la compétiS. M. :A la DTN, on se dit que le plaisir de l'éducateur est véhiculé par tion, comme certains entraîneurs du reste, car ils sont convaincus l'épanouissement qu'induit son sentiment de compétence. Plus il qu'ils seront jugés uniquement sur le résultat. Il faut dédramatiser tout va être formé, bien formé, mieux il pourra accompagner les gamins. ça. Le match n'est qu'un mode opératoire du cycle d'entraînement. Et s'il accompagne correctement les gamins, en maîtrisant tous les Un outil d’apprentissage et non une finalité. C'est un point de repère outils, notamment pédagogiques, on estime alors que ce sera un vrai dans une situation réelle avec un petit peu plus d'émotionnel parce qu'on s'étalonne par rapport à des adverplaisir pour lui d'être éducateur. Car il sera saires. C'est tout. en mesure de mettre son empreinte. À l'in"Le plaisir de l'éducateur est verse, celui qui passe la séance ou le match à véhiculé par l'épanouissement hurler "sors, reviens, passe, déborde, Malheureusement, pour dédramaqu'induit son sentiment de presse…", sans réel impact visible sur le tiser la compétition, certains vont groupe, aura l'impression de faire son boujusqu'à la dénaturer en prônant compétence." lot, mais ce n'est pas ça. Et très vite, il va le par exemple la suppression des ressentir au plus profond de lui. Ce qui ne manquera pas, là encore, de classements dans les tournois. Ne se trompent-ils faire naître de la frustration. pas de cible ? Ne feraient-ils pas mieux d'aider les éducateurs à voir la compétition d'un autre œil ? D'une manière générale, que traduit l'interventionnisme d'un éducateur, que ce soit à l'entraînement ou en match ? Juste de l'incompétence ? S. M. : Non, pas forcément. Certains pensent que c'est ce qu'il faut faire. Ils sont persuadés que c'est ce que les enfants attendent pour faire les efforts. Parfois, c'est aussi parce que l'éducateur a été construit comme ça, au contact d'un entraîneur qui était très dirigiste à l'époque. Une chose est sûre : celui qui réussit à se montrer ferme, tout en rendant les joueurs autonomes et responsables, a gagné. Les www.vestiaires-magazine.com S. M. : Je suis d'accord. Ce n'est qu'un problème de regard. Moi je suis un compétiteur, j'ai été footballeur professionnel, j'adore gagner... La compétition n'est pas un problème en soi. D'où vient l'aspect ludique d'un exercice ou d'une situation à l'entraînement ? Du comptage des points entre les chasubles jaunes et les chasubles rouges… La compétition demeure une composante essentielle. En revanche, l'éducateur qui, dans l'activité, n'aime que la victoire, et non les moyens pour y parvenir, va au-delà de grandes désillusions. Il faut laisser la compétition aux jeunes et l’éducation à l’entraîneur. 23 ∫ l'ENTRETIEN ª Être sur les moyens et non pas uniquement sur les résultats réclame d'avoir un minimum de compétences induites par la formation. Or, dans les petits clubs surtout, beaucoup de parents s'improvisent "éducateurs" sans en avoir la fibre ni la volonté d'être dans la réflexion. Ne devrait-on pas, par exemple, travailler davantage à utiliser les "seniors" du club, ce qui, en plus de capitaliser sur leur sensibilité football, permettrait de renforcer à terme l'identité club, ce qui fait de plus en plus défaut de nos jours ? teur de football est avant tout une personne qui doit se poser des questions. "L'entraîneur est un chercheur", disait Frédéric Hantz dans nos colonnes. S. M. : Oui, et en ce qui concerne l'éducateur en amateur, les questions sont spécifiques et multiples. Qu'est-ce que j'attends de l'activité ? Qu'est-ce que je peux lui amener ? Quelle peut être ma contribution réelle ? Qu'est-ce que je peux en retirer ? Des gratifications, un statut, un regard ? L'idée bien évidemment n'est pas de faire une psychanalyse de comptoir de nos éducateurs. Simplement de savoir sur quelles valeurs et quelles motivations ils fonctionnent, et jusqu'où ils peuvent aller ? Plus leurs motiva"Certains joueurs vivent très mal tions seront profondes et bien ancrées, plus ils auront envie de continuer dans cette voie, la compétition, comme certains d'apporter et de bonifier l'autre. S. M. : On peut aussi travailler à former les parents qui le souhaitent, cela se fait déjà. Les parents, à partir du moment où ils font l'effort de se poser un minimum de questions sur l'activité, et qu'ils ne suivent pas leur entraîneurs du reste, car ils sont gamin dans toutes les catégories… je trouve Bonifier au sens large. convaincus qu'ils seront jugés cela très bien. Maintenant, s'agissant des S. M. : Oui.Accompagner le joueur dans sa uniquement sur le résultat. " seniors à utiliser comme éducateurs chez les construction sportive et éducative, l’intégrer, petits, c'est une piste intéressante, en effet. le sécuriser, l’écouter et le reconnaître. D'abord, un changement de statut (entraîneur-entraîné-entraîneur) Partager collectivement les valeurs qui lui sont chères (plaisir, respeut favoriser l’appropriation de principes de jeu. Ensuite, l’intérêt pect, engagement, tolérance …) sont autant de petits pas vers le plaipour l’identité club est indéniable. Ceci étant, une formation fédé- sir de la pratique. Le football doit être un outil éducatif ; l’éducateur, un rale (module de 16h) reste incontournable pour les volontaires. Le der- maillon de cette chaîne éducative ; le joueur un acteur qui joue, qui nier point qui me semble positif est la prise de confiance et d’affirma- s’amuse et s’épanouie ; les parents des accompagnateurs ; et le dirition quand on s’occupe de plus jeunes. geant le metteur en scène, réalisateur de cette belle production. En définitive, si l'on résume cet entretien, l'éduca- 24 ■ Propos recueillis par Julien Gourbeyre Vestiaires ∫ Dossier ª ■ Par Patrick CHANCEAULME ancien footballeur professionnel, expert en management du sport, et auteur du livre "Les entraîneurs sont-ils entraînés ?" (Collection New PEPS). Bien communiquer pour motiver ses troupes : enjeux et solutions Extrait de l'ouvrage "Les entraîneurs sont-ils entraînés ?". VESTIAIRES a choisi ce mois-ci de publier un long extrait du livre de Patrick Chanceaulme, qui connaît à l'heure actuelle un franc succès. Un ouvrage destiné à tous les éducateurs et entraîneurs. Dans ses pages, l'auteur nous ouvre les yeux sur le mode de communication bien souvent défaillant des techniciens, quel que soit le diplôme ou le niveau de pratique, tout en nous apportant des clés concrètes pour y remédier. Et en tirer profit ! Passionnant. L’entraîneur sportif existe par les joueurs. S’il n’y a pas de joueurs, il n’y a pas d’entraîneur, il n’y a pas même de club. Voilà bien une évidence, mais si cela va sans dire, cela va mieux en le disant… et en le rappelant régulièrement ! Voici une autre évidence. Parmi les grandes missions d’un éducateur ou d’un entraîneur, il en est deux qui prédominent : • diriger la préparation technique au sens large (technique tactique - physique) 26 • diriger la préparation psychologique au sens large (état d’esprit - motivation - implication) >Le motivé s’occupe, l’impliqué se préoccupe Le corps et l’esprit, c’est l’un ET l’autre qu’il convient de préparer concomitamment. Or, force est de constater que les "préparateurs" sont généralement plus à l’aise avec l’un qu’avec l’autre... Pourquoi ? La raison principale est à cherVestiaires COUP DE CŒUR DE LA RÉDACTION cher dans leur passé sportif. Leurs propres entraîneurs privilégiaient déjà la dimension technique à la dimension psychologique ou mentale. Les entraîneurs ont donc une tendance naturelle à reproduire les schémas qu’ils ont connus. Or, l’entraîneur de demain est un manager de l’humain, au moins autant qu’un coach de terrain. Bref, les techniciens d’aujourd’hui sont déjà des entraîneurs du passé, des entraîneurs dépassés, s’ils ne prennent pas en compte dans leur mission, au quotidien, les variables affectives, cognitives et psychologiques. C’est sur ce terrain-là que l’éducateur trouvera les clés de la motivation et de l’implication de ses joueurs, deux notions primordiales et distinctes : le motivé s’occupe, l’impliqué se préoccupe ! >Observer et écouter, c'est déjà communiquer ! Alors, de manière plus précise, quelle est la première condition de la motivation et de l’implication ? C’est bel et bien l’attention et l’intérêt portés à chaque joueur, à ses attentes et à ses besoins. Chaque joueur nourrit le groupe et chacun se nourrit du groupe. Chacun a donc besoin de se sentir important, utile et reconnu au sein du groupe. L’entraîneur se doit de veiller à cela, c’est l’une de ses missions premières. Et puis, si la nature lui a donné deux yeux et deux oreilles (et une seule bouche), ce n’est pas pour rien ! La meilleure façon d’avoir un impact sur un individu reste encore de s’intéresser à lui, aux idées qu’il véhicule, aux arguments qu’il avance, aux émotions qu’il ressent, aux postures qu’il adopte. L’observation et l’écoute constituent les deux piliers fondamentaux d’une relation respectueuse et fructueuse. Ces deux comportements sont dénués de violence. Ils ne peuvent nuire à autrui. Ils constituent le point de départ "obligé" de toute coopération. Pourtant, lorsque ces deux notions sont évoquées avec des éducateurs ou des entraîneurs sportifs, leurs premières réactions sont quasiment toujours les mêmes : "Oui, je sais, observer et écouter davantage… peut-être !" (ah bon, ce n’est même pas sûr !) ; "Mais je ne vais pas passer mon temps à ça !" (allons donc, mieux vaut se centrer sur son propre nombril !) ; "Et puis en attendant on ne fait rien !" (tiens donc, ce serait ne rien faire que de s’intéresser aux autres !) ; "Et puis, et puis il n’y a rien de particulier à savoir pour simplement observer et écouter les joueurs !" (faux !). Observez et écoutez vos joueurs, ils vous donneront tout… même davantage ! www.vestiaires-magazine.com Carlo Ancelotti "J’aime les joueurs, les écouter, leur parler, parfois m’amuser avec eux ; j’ai besoin d’entretenir une relation de qualité avec chacun d’eux" C’est faux. L’observation et l’écoute sont deux comportements fondamentaux qui nécessitent un sérieux apprentissage. Rien n’est plus difficile que d’être dans l’écoute et l’observation du présent. Sauf que les entraîneurs, tellement obnubilés par les scores, ont désappris à écouter et à observer. Ils se privent d’un levier phénoménal pour booster un effectif sur la durée. >"Tu n'as pas été bon…" Tout coach sportif doit faire l’effort de développer son acuité visuelle et auditive. Cela va plus loin que de prendre le pouls de l’équipe. Il doit s'exercer à relever des faits, des opinions et des sentiments exprimés, sans y mêler de jugement, d’interprétation, de généralisation ou d’accusation, sans banaliser les problèmes, sans ramener tout à lui… "Tu n’as pas été bon...". Voilà le type de formule que l’on retrouve régulièrement dans la bouche de coachs sportifs. Normal, notre système éducatif nous a habitué à juger. Dès l’école, "c’est bien ou c’est mal", "tu auras un bon point ou une punition". "Tu n’as pas été bon"... Exprimé en l’état, il s’agit d’un jugement de valeur qui ne s’appuie sur rien de précis à mettre en Suite page suivante 27 ∫ Dossier ª >Les entraîneurs se croient trop souvent obligés d’être agressifs verbalement pour que leurs joueurs le soient sur le terrain. Alors j’entends déjà certains avancer que "dans ces conditions, on ne peut plus rien leur dire". Eh bien si, l’on peut dire beaucoup de choses, de manière très directe et très ferme s’il le faut, sur la base d’observations factuelles, sans blesser, sans agresser, sans humilier, sans accuser, sans juger tout simplement. L’un des problèmes rencontrés dans le sport, c’est que les entraîneurs se croient trop souvent obligés d’être agressifs verbalement pour que leurs joueurs le soient sur le terrain. Ottmar Hitzfeld "Mon expérience me permet aujourd’hui d’observer les choses de manière objective, pour mieux travailler et dépassionner les débats" parallèle avec des objectifs clairs qui auraient été définis préalablement par les deux parties. Ce jugement très violent génère une perte de confiance et d’estime de soi. Il s’accompagne de comportements défensifs ou de contre-attaque tout aussi violents. Yann M’Vila (TéléFoot 22 avril 2012) "Lorsqu’un journaliste me dit que j’ai été nul, je rigole. Lorsque c’est le coach qui me le dit, ça me fait mal !" Les jugements de valeur démolissent même les plus costauds. Notons que la comparaison est une forme de jugement. Lorsque l’entraîneur dit : "Tu as été meilleur que lors du match précédent", le joueur n’entend et ne retient qu’une chose : "Lors du match précédent, je n’ai pas été bon". Même partant d’une bonne intention, le jugement de valeur ainsi exprimé fait à nouveau des dégâts conséquents. Il est prouvé scientifiquement que toute agression du cerveau limbique (siège des émotions) empêche l’accès au cerveau cortical (siège de l’analyse et de la raison). Dès lors, la relation est altérée entre l’émetteur et le récepteur, entre l’entraîneur et le joueur. Jean Renoir, après avoir filmé une scène qui ne lui convenait pas, disait à ses acteurs : "Vous avez été merveilleux ! On va la refaire !". Et ça leur donnait envie de faire plus et mieux. 28 "Tu es toujours en retard à l’entraînement !".Voilà une autre formule qui peut facilement sortir de la bouche d’un éducateur. Elle va inévitablement faire de la casse. L’expression ne repose pas sur une réelle observation. Dans ce cas précis, la remarque n’est pas factuelle et relève d’une généralisation abusive. Comme tous les adverbes de temps, "toujours" est de trop. Il est facilement contestable par l’intéressé : "non c’est faux, avant-hier j’étais à l’heure". Et la partie de pingpong de s’enclencher : "si c’est vrai", "non c’est faux"… L’indisposition du joueur est assurée. Cela peut sembler sans conséquences majeures, mais cette "micro-rupture", ajoutée à des dizaines d’autres, va accentuer la distance entre l’entraîneur et l’entraîné, pour aboutir un jour à un clash sérieux que ni l’un ni l’autre ne sauront expliquer. Aussi, une observation se doit d’être précise et factuelle : "Lors de deux séances d’entraînement de la semaine dernière, mardi et jeudi après-midi, j’ai pu constater ton arrivée avec 10 minutes de retard". Les faits exprimés ne sont pas contestables, ils ne sont donc pas contestés. Le joueur est réceptif. L’entraîneur peut à présent demander que le retard ne se reproduise pas, ou bien d’être averti en cas d’empêchement. Il va obtenir l’adhésion du joueur, sans avoir recours à la menace ou au système classique des amendes qui est surtout un pis-aller, la solution de facilité et l’arme du "faible". Vestiaires COUP DE CŒUR DE LA RÉDACTION marque d’attention. Cherchez la progession… plus que la perfection ! Observez et faites valider les progrès Pour éviter les jugements, accusations et autres généralisations abusives, il est essentiel de fixer un cadre, un pacte de travail, un contrat de progrès avec chaque joueur. Idéalement, ces axes de travail doivent être validés par les deux parties (entraîneur et entraîné), après chaque compétition et pour la semaine d’entraînement qui se présente. Les éléments concrets et précis qui ont été relevés (parfois filmés) lors du match précédent vont servir de base à la définition concertée d’un plan de progrès pour la semaine à venir. La vision est partagée, les échanges deviennent constructifs, sur la base de points précis et pré-définis. Les progrès s’opèrent. C’est la politique des petits pas (progrès), le capital confiance augmente, le cercle vertueux se met en marche. Avec les démarches centrées sur la recherche de perfection, les risques sont accrus. D’une part, qui peut définir ce qu’est la perfection ? D’autre part, la barre étant toujours très haute, les échecs sont nombreux, le capital doute est activé, le cercle vicieux se met en route. >L’ouverture au dialogue par l’écoute L’observation a pour but de rapporter des faits observables par les deux parties. Cependant, il est possible qu’elle soit incomplète ou faussée par certains éléments. Il faut donc permettre au joueur de s’exprimer pour confronter les réalités. L’écoute, au même titre que l’observation, ne s’improvise point ! 2/ Poser des questions ouvertes Il s’agit de privilégier l’expression libre. Eviter de multiplier les questions fermées auxquelles l’interlocuteur ne peut répondre que par oui ou non, par blanc ou noir. Bannir les questions inductives, celles qui contiennent déjà la réponse, du style "ne penses-tu pas que tu aurais pu t’aligner mieux en défense ?". Préférer plutôt : "que penses-tu de ta manière de t’aligner lors des phases défensives de hors-jeu ?". Cette deuxième formulation ouvre au dialogue. Elle permet l’expression du joueur. Il se sent reconnu. Il existe ! 3/ Laisser répondre et ne pas couper A ce sujet, certains coachs sportifs prétendent que bon nombre de joueurs s’expriment peu, voire pas du tout, lorsqu’on les questionne. Permettons-nous donc de les interroger euxmêmes. "Les avez-vous habitués à recevoir des questions ouvertes et non inductives ? Leur avez-vous laissé le temps de répondre ? Si oui, les avez-vous écoutés jusqu’au bout, sans les couper ?". Alex Ferguson "J’ai appris avec le temps qu’il fallait laisser les joueurs s’exprimer et les écouter. Eric Cantona ne serait pas devenu le joueur qu’il a été si je ne l’avais pas aidé à se construire et à s’exprimer librement" 4/ Reformuler sans altérer Voici donc les règles d’une bonne écoute : 1/ Poser des questions Force est de constater que la part des questions posées dans les échanges que peut avoir un entraîneur avec ses joueurs, ou avec les membres de son staff, est infime. Or, le questionnement est d’une puissance remarquable, c’est même la première www.vestiaires-magazine.com La reformulation doit se faire sans distorsion quelconque de ce qui a été exprimé. Le coach doit renvoyer une image, sans ajouter ni retrancher quoi que ce soit aux faits, idées et sentiments exprimés. Il garde le fond, voire il le révèle ; il change uniquement la forme. La reformulation présente un double avantage. Elle permet au coach de vérifier qu’il a bien compris ce qui vient de lui être dit. Elle permet au joueur de se sentir (enfin) écouté et compris. De là, il est en confiance et enclin à parler davantage, à chercher lui-même des solutions ou à exprimer clairement et sereinement ce qu’il attend de son coach. Prenons l’exemple d’un joueur qui dirait à son entraîneur : "Avec toi, il n’y en a que pour le jeu offensif, les attaquants par ci, les attaquants par là… !". La reformulation "clarifiante" permet au coach de s’assurer, de manière synthétique, qu’il a bien compris : "Si je te comprends bien, je ne m’occupe que des attaquants". Il est une autre forme de reformulation, dite "miroir" : "Tu aimerais donc que je m’occupe plus de toi ?". Cette technique permet un autre angle d’écoute. Suite page suivante 29 ∫ Dossier ª deux axes : l’axe horizontal : celui-ci porte sur l’action de répondre positivement ou de ne pas répondre à l’attente du(des) joueur(s). l’axe vertical : celui-là relève du niveau de motivation (ou de démotivation) obtenu, du fait d’une réponse (ou non réponse) à l’attente en question. Concrètement, cela donne lieu à une classification des attentes des joueurs en trois grandes familles : Elle met à jour ce qui était en filigrane. Enfin, la reformulation "empathique" cherche à révéler le sentiment du joueur, audelà des mots qu’il a prononcés : "Il me semble ressentir beaucoup d’amertume dans tes propos !". Ce procédé favorise un rapprochement et libère le joueur qui va pouvoir exprimer ce qu’il a sur le cœur. >Identifier et distinguer les attentes et les besoins des joueurs Les joueurs ont tous des sensibilités différentes, des vécus différents, des ambitions différentes… et des attentes qui peuvent différer, pour la bonne raison que, derrière ces attentes, se cachent des besoins profonds qui sont différents. L’attente revêt un caractère plus contextuel que le besoin sous-jacent. L’attente est plus facilement exprimable, si tant est que l’entraîneur soit sensible à ce qu’elle soit exprimée. En revanche, le besoin qui la porte n’est pas aussi facile à identifier. Un p’tit truc pour identifier un besoin sous-jacent : Face à l’expression d’une demande ou d’une attente par un joueur, demandez systématiquement pourquoi. Dans 99% des cas, la réponse qui suit n’est autre que la formulation d’un besoin plus profond. Pour motiver les joueurs sur la durée, il ne suffit pas de répéter "allez les gars". Il importe de comprendre leurs besoins et d’y apporter des réponses adaptées.Tout entraîneur (ou staff) qui veut tirer le meilleur de son groupe doit avant toute chose accepter les idées suivantes : • les sportifs ont des attentes derrière lesquelles se cachent des besoins, conscients ou non, avouables ou pas, avoués ou non. • la façon de répondre à ces attentes et ces besoins, ou de ne pas y répondre sciemment et en connaissance de cause, en expliquant pourquoi, va permettre de sceller une relation de confiance et un état d’esprit conquérant chez chaque joueur. La qualification des attentes s’obtient par le croisement de 30 1/ Les attentes implicites des joueurs Il s’agit d’éléments que les joueurs considèrent comme un dû. • si l’entraîneur répond à ces attentes, il ne génère pas de satisfaction particulière, puisque, pour les joueurs, c’est ’’la moindre des choses’’. • si l’entraîneur n’y répond pas, il génère une grande démotivation. Il est clair sur le schéma ci-contre que ces attentes (cf courbe de méritent une réponse systématique, "obligatoire", sans quoi la démotivation est grande. Lorsque vous prenez l’avion, vous avez une attente implicite : qu’il arrive à bon port. Besoin de sécurité ! Il ne vous vient pas à l’esprit de le demander lorsque vous achetez votre billet. Eh bien, il en est de même des joueurs qui considèrent par exemple naturel et obligatoire, sans avoir à le demander, que l’entraîneur soit respectueux de leur personne. Qu’il ne les critique pas, par exemple, sur la place publique. Cette règle est pourtant bafouée régulièrement. Nous sommes à la fin du mois d’août 2011. L’équipe de France de football prépare son match de qualification pour l’Euro 2012 contre l’Albanie. Dans un entretien accordé à FranceFootball, Samir Nasri glisse qu’il aurait préféré entendre en tête à tête les critiques de Laurent Blanc, plutôt que par presse interposée. Le mal est fait, il laissera des traces. La prestation de couleur rouge) Vestiaires COUP DE CŒUR DE LA RÉDACTION Samir Nasri sera décevante contre l’Albanie.A qui croyez-vous qu’il en revienne la plus grande responsabilité ? Certains vont crier aux caprices de star, quand une analyse approfondie met à l’index les manquements du sélectionneur. Même les joueurs qui ne sont pas cités savent dorénavant que Laurent Blanc est capable de leur réserver le même sort dans le futur. Pas loupé ! Quarante-huit heures avant le quart de finale du même Euro contre l’Espagne, notre ex-sélectionneur national récidive. Il regrette sur RMC "de ne pas avoir de joueurs qui aient l’intelligence du jeu". Même s’il ne cite personne cette fois-ci, chaque joueur entend dans sa chambre d’hôtel qu’il est un écervelé. Ce type de dérapage incontrôlé de communication interpelle au premier chef et relève quasiment de la faute professionnelle. Ottmar Hitzfeld "J’ai toujours protégé mes joueurs des médias et du public. Je donne ma confiance à priori et j’attends en retour que le joueur me rende cette confiance. Si ce n’est pas le cas, je peux être dur, mais seulement en interne, jamais en le critiquant dans la presse" Chez un sportif, l’attente implicite de ne pas être critiqué sur la place publique par son entraîneur (ou son président) émane d’un besoin de respect de l’individu, le béaba de la communication. Des attentes implicites, il y en a tant et plus. Certaines sont communes à tous les joueurs, quel que soit le club dans lequel ils évoluent. D’autres sont communes aux joueurs d’un même club, du fait d’un contexte spécifique. D’autres encore sont propres à certains joueurs, du fait de leur passé ou de leur personnalité. Il apparaît primordial qu’un coach sportif sache identifier clairement les besoins fondamentaux de ses joueurs, pris individuellement et collectivement. C’est dans la non réponse aux attentes implicites et à leurs besoins sousjacents qu’un entraîneur devra chercher en premier lieu les causes de démotivation et d’ambiance dégradée. Il devra immanquablement revenir aux fondamentaux, en pareil cas. • moins il répond à ce type d’attentes, plus il génère de la démotivation. Nous trouvons dans cette famille des attentes généralement liées à des notions de délai, de fréquence, d’intensité… L’individualisation de la préparation fait partie de cette catégorie. Pas seulement la préparation physique, laquelle serait même à classer, chez bon nombre de joueurs et du fait d’une quasi généralisation de cette pratique, parmi les attentes implicites, considérées comme un dû aujourd’hui par les sportifs. Non, il est ici davantage question de l’individualisation de séquences de travail technique. Kevin Gameiro me disait fin 2007, alors qu’il évoluait au RC Strasbourg : "J’aimerais travailler davantage à l’entraînement les décrochages avec le défenseur carrément sur les talons". Derrière une telle attente, il y a naturellement un besoin plus profond. Quel estil ? Pour le savoir, l’entraîneur se doit de le demander à l’intéressé et de mettre ses antennes en éveil. Nous revenons à l’importance du questionnement ouvert et à la notion d’écoute. Avant même d’apporter la moindre réponse qui pourrait être inadaptée, il importe de comprendre pourquoi.Après reformulation du coach ("si je comprends bien, tu souhaites…"), à la fois pour vérifier sa bonne compréhension et pour faire montre d’écoute, une question s’impose : "Pourquoi ?". "Pour quelle(s) raison(s) désires-tu répéter ce type de séquences ?". Dès lors, les besoins profonds vont émerger. Le coach va clairement identifier chez le joueur un besoin de se rassurer, après une période de blessure, voire un besoin de progresser, quoi de plus naturel ! Son rôle, en pareil cas, après avoir entendu l’attente et compris le besoin, va consister en trois choses. Premièrement, il va devoir vérifier et faire valider au joueur les vrais besoins. Deuxièmement, il va devoir lui demander s’il y a d’autres initiatives ou exercices, en plus de la séquence demandée, qui peuvent satisfaire ces besoins (cf nouvelle phase d’investigation et d’écoute). Troisièmement, il va devoir favoriser la mise en œuvre d’une solution qui répond à ces besoins. 2/ Les attentes explicites des joueurs Nous sommes là en présence d’éléments qui s’expriment généralement de manière claire, dans un langage construit, ou à l’inverse primitif ou imagé. Il s’agit d’attentes significatives, mais à propos desquelles les joueurs peuvent comprendre qu’il ne soit pas toujours possible de répondre (cf courbe de couleur bleue ). Le coach a donc dans ce type de cas une marge de manœuvre, sachant que : • plus il répond souvent et fortement à ce type d’attentes, plus il génère de la motivation ; www.vestiaires-magazine.com Suite page suivante 31 ∫ Dossier ª Résultat : le joueur est motivé. Il était inquiet, il retrouve la sérénité et le plaisir de s’entraîner. Dans ce cas précis, certains entraîneurs diront spontanément que si cette pratique est adoptée pour Kewin Gameiro, elle doit l’être pour les autres membres de l’équipe. Puis ils ajouteront qu’il n’est pas possible d’organiser pour tous des séquences individualisées de travail technique car "il faudrait trop d’entraîneurs, c’est inenvisageable". A ceux-là, nous pouvons répondre sans ambages par une charmante maxime empruntée à un futurologue : "Ceux qui pensent qu’on ne peut pas le faire doivent laisser la place à ceux qui le font déjà". Ceux qui pensent qu’on ne peut pas le faire doivent laisser la place à ceux qui le font déjà ! A bien y réfléchir, tous les joueurs ne sont pas forcément en même temps en demande de personnalisation et d’individualisation. De plus, si le nombre de préparateurs techniques n’est pas suffisant, l’entraîneur dispose de joueurs d’expérience qui seront motivés et compétents pour faire travailler efficacement le(s) sportif(s) en demande de personnalisation et d’individualisation. Cela porte un nom : déléguer. La délégation, s’inscrivant dans un cadre clair et précis, présente un double avantage. Elle répond au besoin d’accompagner notre sportif en demande. Elle permet dans le même temps de reconnaître et de valoriser son tuteur et partenaire de club, via l’attribution concertée d’une mission nouvelle. Certains entraîneurs penseront que l’idée est utopique, qu’ils n’ont pas vraiment de joueurs suffisamment "intelligents" pour assumer cette mission de tuteur, même ponctuellement. A ceux-là Coluche répondrait "qu’ils ne peuvent pas être intelligents si on ne cesse de les prendre des cons". Ils ne peuvent pas être intelligents si on ne cesse de les prendre pour des cons ! Lorsque la coopération inter-postes ou intergénérationnelle s’opère, la solidarité s’accroît rapidement. L’esprit d’équipe s’en trouve considérablement renforcé, bien plus qu’avec tous les appels vibrants à faire corps. Il existe d'autres exemples d’attentes explicites à s’efforcer de satisfaire. Le respect par l’entraîneur des horaires annoncés (début et fin d’entraînement, début et fin de brief ou de débrief…). Plus les horaires sont respectés, plus la satisfaction augmente, et inversement. La satisfaction des joueurs est également proportionnelle au nombre de feed-back personnalisés (et bienveillants) qu’ils reçoivent de leur entraîneur. La 32 répétition des gammes entre aussi dans cette famille. Plus le joueur a la possibilité de répéter les gammes, plus ça le rassure, plus il est satisfait, et inversement. En parallèle, l’un n’empêchant pas l’autre, plus les entraînements sont variés, plus les joueurs prennent du plaisir. Selon la saison, la durée (courte) et le rythme (soutenu) des entraînements impactent la satisfaction des joueurs. Mieux vaut laisser les joueurs légèrement sur leur faim, plutôt que les saturer. Susciter l’envie sans créer de manque, tout un art ! Plus les débriefings vidéo sont participatifs et vivants, plus les joueurs sont prolixes et satisfaits, et inversement. Plus les joueurs se sentent utiles et plus ils se sentent reconnus, plus ils sont motivés. Cela pose la question de savoir combien de fois par semaine ou par mois l’entraîneur reconnaît ouvertement l’utilité de chaque joueur. Combien de fois également il manifeste sa reconnaissance à ses joueurs, de manière individuelle autant que collective. La liste est loin d’être exhaustive et il appartient au coach d’identifier ces attentes dites "explicites", pour y répondre de manière savamment dosée et appropriée. 3/ Les attentes latentes des joueurs Nous sommes dans ce cas de figure en présence d’attentes non exprimées par les joueurs, mais néanmoins bien présentes en eux. Elles concernent des éléments relevant du ’’plus’’ ou du "bonus" ( cf courbe de couleur verte ). Le coach peut chercher à y répondre, ou non : • s’il répond à ces attentes, il provoque une stimulation ponctuelle ; • s’il n’y répond pas, il ne génère pas d’insatisfaction particulière, puisqu’il s’agit pour les joueurs simplement de "plus" auxquels ils n’ont généralement même pas pensé. Si le coach, par exemple, après une victoire obtenue avec panache, offre une journée de repos supplémentaire, il répond à une attente latente. Il génère une grande satisfaction ponctuelle. Cette forme de reconnaissance constitue un vrai "boost", lorsqu’elle s’inscrit dans une logique d’ensemble qui accorde de l’importance à la reconnaissance des joueurs. Si l’entraîneur n’offre pas ce supplément d’âme et se contente de féliciter ses joueurs, individuellement et collectivement, il ne génère pas d’insatisfaction particulière pour autant. En effet, la journée de repos supplémentaire n’est pas un dû et les joueurs ne la demandent pas de manière explicite. Nous pourrions donc être tentés de penser que l’usage du "bonus" doit être le plus fréquent possible. Il n’en est rien ! L’appel aux "petits plus" est à manier avec des pincettes, pour deux raisons majeures. La première, c’est qu’un usage trop fréquent de ce type de surprises positives peut en banaliser le principe. Le fait de répéter certains bonus contribue inévitablement à les rendre moins attractifs, à la longue. En d’autres termes, cela revient à transformer des attentes latentes en attentes explicites, voire implicites. Si l’on reprend l’exemple précédent et si l’on commence à les y habituer, les joueurs voudront de plus en Vestiaires COUP DE CŒUR DE LA RÉDACTION plus souvent bénéficier d’un jour de repos supplémentaire après un match âprement disputé et gagné. Ils n’hésiteront pas à le suggérer puis à le revendiquer. Or, là n’est pas l’objectif. Tout bonus doit rester exceptionnel pour conserver son caractère attractif. La deuxième raison, c’est que l’usage du bonus est conditionné par le fait que l’entraîneur doit avoir déjà répondu aux attentes implicites et explicites de ses joueurs. Le climat doit donc être au beau fixe et les résultats au rendez-vous. En effet, vouloir surprendre positivement ses joueurs, même si cela part d’une bonne intention, est complètement inutile si l’entraîneur a laissé filer en amont certains fondamentaux. Dans cette famille des attentes latentes à satisfaire si les fondamentaux sont assis, nous pouvons citer, en vrac : un stage de rentrée avec les conjoints (pour une meilleure intégration des nouveaux), des séquences d’entraînement libres (à l’initiative des joueurs), des échanges de groupe sur des thèmes parallèles (violence, racisme, argent dans le sport…) pour une ouverture, une oxygénation de l’esprit… Bien entendu, il appartient au coach et à son staff de faire preuve de créativité en la matière. >Agir en priorité sur soi pour avoir un impact sur les autres. En conclusion, nous dirons qu’il appartient à tout éducateur ou entraîneur qui se respecte d’être attentif à ses joueurs, d’écouter leurs attentes et leurs besoins.Avec de la volonté et à l’appui de quelques techniques simples évoquées dans ce dossier, il va pouvoir lever les freins, ce qui dérange, ce qui bloque ! C’est son métier. C’est même le cœur de son métier ! Alors bien sûr ce n’est pas facile, d’autant qu’une bonne partie des blocages vient généralement de l’entraîneur lui-même. D’où la nécessité, pour tout coach qui souhaite franchir un cap et devenir incontournable, d’agir en priorité sur lui pour avoir un impact sur les autres. ■ Un cas d’école En 2008, Paul Le Guen entraîne le PSG. Les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Depuis plusieurs mois, les supporters grondent, les dirigeants aussi. Au sein de l’équipe, le moral est au plus bas et l’ambiance dégradée. On sent bien que l’entraîneur cherche à casser cette spirale négative. Il désire rompre avec la sinistrose qui s’est installée. Il veut trouver de nouveaux ressorts. Il décide alors d’organiser une sortie "karting". Les joueurs vont ainsi pouvoir s’oxygéner les neurones, pense-t-il, et retrouver l’envie de plaisanter et de s’amuser. C’est effectivement ce qui semble se produire. Le temps de cet épisode, les joueurs plaisantent, ils ont l’air de s’amuser. Malheureusement, les résultats restent inchangés, le climat interne aussi ! Il n’y a en fait rien d’étonnant à cela. Bien entendu, les joueurs placés dans un contexte décalé se comportent différemment et cherchent à profiter de la séquence sympathique qui leur est proposée. Le seul problème, c’est que de retour dans leur environnement habituel, face à leurs casiers et leurs crampons, ils vont reproduire leurs comportements habituels, tant que les maux qui rongent les esprits n’auront pas été traités. Il est illusoire de croire que la surprise ludique à l’initiative de Paul Le Guen a une chance d’avoir un quelconque effet positif sur la motivation, tant que les attentes implicites n’ont pas été satisfaites. Le karting ne résout en rien les problèmes de fond qui perdurent depuis des mois et qui ont mis le groupe dans un tel état de délabrement psychologique. Ce type de séquence "détente" peut même être contreproductive. En effet, certains joueurs ne vont pas manquer de penser que l’entraîneur ferait mieux de commencer par le commencement, par traiter ce qui les mâche, plutôt que d’amuser la galerie avec du karting… -même, Il s’agit de changer soi s personnes… si l’on veut changer le de plutôt que de changer personnes ! Une référence. Déjà 13 000 exemplaires vendus ! Pour commander cet ouvrage : www.vestiaires-magazine.com (rubrique BOUTIQUE) www.vestiaires-magazine.com 33 LE CAHIER PÉDAGOGIQUE Pages 37 à 59 LE CAHIER PÉDAGOGIQUE P38 : ENTRAINEMENT (par Charles MONTESPAN) Vous n'avez rien eu le temps de préparer ? Que faire ? P40 : PREPARATION PHYSIQUE (par Laurent BOSQUET) Coup de mou du mois de novembre : comment agir ? Charles MONTESPAN, Conseiller Technique Départemental de l’Aude (11). Laurent BOSQUET, Doyen de la Faculté des Sciences du Sport de l'Université de Poitiers, et membre de la Cellule de Recherche de la FFF. P42 : STRATÉGIE (par Jérémy DOS SANTOS) Corners et coups francs : les joueurs "à la ramasse" P44 : GARDIEN (par David MERLET) Apprendre à son gardien à bien se placer sur CPA P48 : TABLEAU NOIR (par Didier OLLE-NICOLLE) Charles MONTESPAN, Conseiller Technique Départemental de l’Aude (11). David MERLET, Responsable des gardiens de buts au centre de formation du Mans FC. Comment se préparer à affronter une équipe du haut de tableau ? P50 : TECHNIQUE Le contrôle orienté P54 : MANAGEMENT (par Jean-Paul ANCIAN) La gestion des remplaçants et remplacés P56 : SANTÉ (par Philippe KUENTZ) Jean-Paul ANCIAN, Didier OLLE-NICOLLE, entraineur professionnel (DEPF). www.vestiaires-magazine.com Professeur EPS INSA de Lyon, titulaire du BE2. Expert en préparation physique et préparation mentale. Adjoint en sélection nationale de Côte d'Ivoire. Pourquoi applique-t-on du froid après une blessure musculaire ? P58 : JURIDIQUE 1000 emplois d'avenir pour structurer le foot amateur 37 ■ Par Charles MONTESPAN, Conseiller Technique Départemental de l’Aude (11). ENTRAINEMENT Vous n'avez rien eu le temps improvisation. Cet éducateur dont chacun s’accorde à reconnaître le sérieux et la compétence, avait pourtant prévu de se pencher sur sa séance durant la journée. Et puis il y a eu cet évènement parfaitement inattendu pour lequel notre technicien a dû consacrer tout son temps… Au final, le voilà devant les portes du stade sans idée précise sur ce qu’il entend proposer à ses joueurs ! Que faire, que dire ou taire, comment ne pas céder à la panique ou sombrer dans l’à peu-près ? VESTIAIRES souhaitait se pencher sur un cas de figure plus fréquent qu'il n'y paraît... n premier lieu, il convient je pense de différencier l'éducateur faisant preuve de laxisme de celui victime d'un contretemps. Le premier, qui croit pouvoir se présenter sur le terrain sans préparer ses séances, ne fera sans doute pas long feu… Il figure quelque part l’antithèse de la fonction puisque l’entraîneur E est sensé être celui qui réunit les conditions de la progression individuelle et collective. Ce qui est impossible sans une approche pédagogique claire, cohérente, et un minimum d'implication. Ce cas de figure évacué, reste donc l’hypothèse de l'éducateur qui, pour une raison quelconque, arrive à l'entraînement en ne "Dur de prendre de la hauteur quand on est le nez dans le guidon…" La principale difficulté de l’entraîneur qui "improvise" une séance ne tient pas, selon moi, dans le choix des jeux, situations ou exercices. Tout comme elle ne réside pas dans le choix du thème ou de la dominante de la séance. Un entraîneur quelque peu expérimenté contournera aisément ces difficultés. En revanche, quel que soit le niveau d’expérience, il ira vers l’inconnu en ce qui concerne le climat de la séance. Il est en effet bien difficile de prétendre instaurer un climat de convivialité et de participation lorsqu’on est soi même en train de réfléchir à l’organisation du prochain exercice ou lorsqu’on est en train de poser ses coupelles pour le jeu à venir… En un mot, il est quasi impossible de prendre de la hauteur dans la relation pédagogique lorsqu’on a le nez dans le guidon ! 38 sachant pas ce qu'il va faire ! Pour celui-ci, mon premier conseil serait de re-proposer la dernière séance. C'est à mon sens la meilleure solution. Ou la moins mauvaise. D’une part, cela ne manquera pas de surprendre le groupe (ce qui est toujours positif) et, d’autre part, l'éducateur saura exactement où aller, tandis que les joueurs ne manqueront pas d’enrichir ce qu’ils ont vécu précédemment. Première solution : refaire la séance précédente Il va sans dire que la chose doit demeurer exceptionnelle, mais les techniciens qui s’y essayeront ne manqueront pas d’être surpris par la richesse de la répétition d’une séance à quelques jours d’intervalle. Pour ceux qui souhaiteraient tout Vestiaires ENTRAINEMENT de préparer ? Que faire ? de même proposer un contenu différent et qui ne disposent donc que de quelques minutes pour décider du contenu de leur séance, l’alternative la plus viable consiste en premier lieu à choisir un temps ou une phase de jeu. En d’autres termes, est-ce que l’entraînement va être orienté plutôt sur un angle offensif ou sur un versant défensif ? Ce simple préambule permet de clarifier un certain nombre de points. Ici, l’éducateur va d’abord prendre en compte sa programmation annuelle. Cette dernière l'amène tout naturellement à inscrire la séance dans une continuité en rapport avec les entraînements précédents ou une problématique particulière vécue lors du dernier match (en seniors). La séance va être orientée plutôt sur un angle offensif ou défensif ? Ce simple préambule permet de clarifier un certain nombre de points… Le raisonnement est donc de même nature que pour une séance préparée, à cela près que le processus va s’établir en quelques minutes ! Une fois que le choix de la phase de jeu (offensif ou défensif) est effectué, quelques principes vont se dégager. Par exemple si l’éducateur était dans un cycle défensif, les principes "opposition à la progression" ou "protéger son but" vont s’imposer. Ne restera donc plus qu’à affiner en choisissant un thème précis autour duquel articuler la séance. Il est bien évident que quelques thèmes sont plus pro- DANS L’URGENCE, QUEL THÈME CHOISIR ? Nous avons évoqué avec Charles Montespan quelques thèmes de séance (terminologie DTN). Parmi ceux-ci, certains sont globalement plus faciles à traiter sans préparation particulière tandis que d’autres sont vraisemblablement plus compliqués à tenir dans l’urgence. Enumération très subjective, à adapter au cas par cas et en fonction de l’expérience de chacun : Les plus "simples" : Avoir des solutions de passes ; occuper l’espace en largeur et profondeur ; garder le temps d’avance pour finir l’action ; reformer le bloc équipe ; récupérer le ballon proche de son but ; prises de balles et enchainements ; les différentes passes ; les tirs ; jeu de volée ; les dribbles et enchainements. Les plus "compliqués" : Fixer dans une zone pour jouer dans une autre ; changer de rythmes de jeu ; coordonner cadrage du porteur et couverture dans une ligne ; se replacer sur l’axe ballon/but ; déclencher un pressing ; remises et déviations. pices que d’autres à l’improvisation tandis que, selon moi, d’autres sont à éviter (voir ci-contre). Cette manière de procéder basée sur les caractéristiques du jeu permet de dégager dans l’urgence une ligne de conduite qui évitera à l’entraîneur de se perdre dans le déroulement de sa séance en voulant tenir plusieurs objectifs simultanément. Quant à la structuration de la séance à proprement parler, je préconise de ne pas vouloir donner dans l’originalité et de respecter ce qui est fait dans la plupart des cas. A savoir : mise en train, jeu, situation, exercices (voir par ailleurs) et enfin retour au jeu. Il va sans dire que l’expérience et l’expertise de l’entraîneur vont inéluctablement conditionner la qualité de la séance "improvisée". Les entraîneurs experts parviendront plus facilement à centrer leur attention sur l’essentiel, à savoir le rapport pédagogique avec les joueurs, tandis que les éducateurs moins expérimentés auront tendance dans ce cas de figure à se focaliser plutôt sur le déroulement et le contenu de la séance. Cependant, dans un cas comme dans l’autre, il est fondamental pour les joueurs de trouver un sens au travail qu’on leur demande d’effectuer. Aussi, préparer ses séances, les planifier au sein d’un ensemble structurant demeure la voie incontournable pour répondre à cette exigence de base. ■ ATTENTION À L'IMAGE RENVOYÉE AUX JOUEURS En plus des conseils prodigués par Charles Montespan, il en est un qui revient souvent dans VESTIAIRES au gré des différentes rubriques : éviter de montrer sa "faiblesse" devant le groupe. En d'autres termes, les jeunes et moins jeunes n'ont pas leur pareil pour jauger la consistance de leur entraîneur à l'instant T. Ils sentent si une causerie, une tactique, une séance… a été préparée ou improvisée dans l'urgence. Or, un éducateur qui renvoie l'image d'un travail bâclé, survolé… va se voir confronter inévitablement à un manque de considération de la part www.vestiaires-magazine.com de ses troupes, si tant est que cette situation se renouvelle. Pour les joueurs, ce manque d'investissement "récurrent" sera considéré inconsciemment comme un manque de reconnaissance de la part du coach, entraînant à terme une perte d'implication et de motivation. D'où la nécessité en pareille situation, comme le suggère le CTD de l'Aude, de refaire la séance précédente qu'on maîtrise bien (en faisant croire que c'était prévu), plutôt que d'improviser une séance bricolée en quelques minutes et qui pourra avoir un impact négatif. 39 ■ Par Laurent BOSQUET, PREPARATION PHYSIQUE Doyen de la Faculté des Sciences du Sport de l'Université de Poitiers, et membre de la Cellule de Recherche de la FFF. 40 "Coup de mou" de fin Appliquer le bon remède. Quatre mois déjà qu’éducateurs et joueurs foulent les pelouses des stades de football. Les journées raccourcissent, les terrains s’alourdissent, la température diminue, et bien souvent l’entrain du début tend à s’estomper. Avec tout ce que cela comprend de fatigue, de risques de blessure et de baisses de régime. Questions : y a-t-il des aspects liés à l’entraînement qui prédisposent à ces périodes de passage à vide ? Quels sont les critères objectifs auxquels les éducateurs doivent être attentifs pour les prévenir ? Comment doivent-ils réagir lorsque leur équipe est concernée ? Cet article fait le point. a forme sportive varie selon des cycles qu’il est possible d’anticiper (dans une certaine mesure) grâce à la planification de la charge d’entraînement. Il peut toutefois arriver qu’elle diminue de façon plus ou moins importante à une période où on ne l’attendait pas. Le "coup de mou" des mois de novembre/décembre peut s’expliquer de multiples façons, qui ont toutes comme point commun un décalage plus ou moins important entre la somme totale de stress et la capacité de récupération. Alors que l’entraînement constitue bien souvent la principale source de fatigue des sportifs au cours de l’été, la vie professionnelle, familiale, scolaire ou universitaire reprend ses droits à l’automne avec son lot de contraintes qui s’ajoutent à celles de l’environnement L (journées plus courtes et plus fraîches) et de la pratique sportive. La capacité de récupération face à cette augmentation générale des sources de fatigue est déterminée en partie par les stratégies mises en place quotidiennement, telles qu’une hydratation adéquate, un sommeil de bonne qualité et/ou une alimentation adaptée. Comment repérer les signes d’une phase de dépassement ? Nous avons préalablement évoqué quelques outils pouvant être Le dépassement s’accompagne bien souvent de modifications psyutilisés par les éducateurs pour prévenir ces phases de fatigue pro- chocomportementales et cognitives que l’entraîneur est en mesure n o n c é e , q u e l ’ o n a p p e l l e a u s s i p h a s e s d e " d é p a s s e m e n t " de détecter. Irritabilité, anxiété, manque de confiance, engage(VESTIAIRES n°52). Bien qu’ils soient pour la plument physique moindre, baisse de motivation, Irritabilité, anxiété, part assez simples (fréquence cardiaque, questionmauvaises décisions tactiques ou temps de prise engagement physique de décision plus long qu’à l'accoutumé… sont naires…), il faut reconnaître qu’ils ne sont pas toumoindre… jours évidents à mettre en œuvre et nécessitent autant d’indicateurs de l’arrivée imminente d’une parfois du matériel que les clubs amateurs ne possèdent pas. Il période de fatigue plus ou moins longue. Un œil averti et attentif existe cependant un outil dont disposent bon nombre d’éduca- peut donc avantageusement remplacer certains outils qui peuvent teurs : l’expérience et le sens aiguisé de l’observation. être assez coûteux pour un club. Vestiaires PRÉPARATION PHYSIQUE d'année : comment réagir ? Ne commettez pas l'erreur d'interpréter cette phase de méforme comme étant le reflet d'un manque d'entraînement ! Elle dépend aussi en grande partie de la période de préparation physique estivale. Une période de préparation insuffisante et c’est tout l’édifice qui peut s’écrouler au milieu de l’automne à cause de qualités physiques insuffisamment développées pour garantir un engagement durable des joueurs. Cependant, quelle que soit l’attention portée à la préparation estivale, l’entraîneur peut se retrouver face à un groupe usé sur les plans physiques, émotionnels et psychologiques. Comment réagir dans cette situation autrement qualifiée de "phase de dépassement" ? L’erreur (pourtant très fréquente) à ne surtout pas commettre est d’interpréter cette phase de méforme comme étant le reflet d’un manque d’entraînement. Augmenter la charge de travail en ajoutant des séquences de préparation physique, c’est s’assurer que la période de méforme sera encore plus longue ! Réduisez de moitié la séance tout en maintenant l'intensité, pendant au moins 2 semaines La littérature scientifique montre très clairement que la meilleure stratégie pour retrouver son niveau de performance habituel est au contraire de diminuer la charge d’entraînement de façon suffisamment importante pour effacer les stigmates de la fatigue sans pour autant s’exposer au désentraînement. Concrètement, vous devez maintenir l’intensité de l’entraînement, mais réduire sa durée de moitié voire même des trois quarts selon l’importance du niveau de fatigue, et ceci pendant une période d’au moins deux semaines. Parallèlement, il www.vestiaires-magazine.com est important de mettre l’accent sur les moyens de récupération habituels : un sommeil de bonne qualité, une hydratation suffisante pendant la journée, mais aussi pendant et juste après l’entraînement avec des boissons glucidiques, une alimentation adaptée avec une proportion importante de glucides afin que les muscles refassent le plein d’énergie. Ces deux approches combinées devraient permettre aux joueurs qui sont en état de dépassement de retrouver assez vite leur niveau initial (voir même un niveau supérieur). Optimiser le processus de récupération Une seconde erreur à ne pas commettre est de reprendre sur un rythme effréné dès que les joueurs retrouvent de bonnes sensations. La saison est encore longue, et vouloir "rattraper le retard" augmente la probabilité de se retrouver dans la même situation au milieu de l’hiver. Peut-être vaut-il mieux reprendre progressivement en intégrant petit à petit de courtes séquences de préparation physique en fin d’échauffement (agilité, force, vitesse) ou en fin de séance (exercices intermittents à haute intensité tels que du 15/15), puis consacrer une séance par semaine à ce type de travail. Le volume de travail doit toujours demeurer raisonnable car la contrainte physique des périodes de travail technico-tactique, bien que difficilement quantifiable, n’en reste pas moins importante. Sans compter que les joueurs ont la plupart du temps des activités connexes qui apportent également leur lot de stress et de fatigue. En résumé, les périodes de fatigue que l’on peut observer à différents moments de la saison reflètent le plus souvent un décalage important entre les différentes sources de fatigue ou de stress et la capacité de récupération. La meilleure stratégie pour retrouver son niveau habituel est donc de réduire au maximum (quand c’est possible) ces sources de fatigue et d’optimiser les processus de récupération. L’éducateur est bien entendu le chef d’orchestre de cette partition complexe. ■ "No pain, no gain (sans souffrance, pas de bénéfice) ?" Contrairement à un adage largement répandu dans le milieu sportif qui veut qu’on ne progresse pas sans souffrance ("no pain no gain"), la performance optimale est un subtil mélange entre les objectifs de l’équipe, les contraintes extra-sportives des joueurs, les phases de travail intense, les phases d’allègement de la charge d’entraînement et l’optimisation des moyens de récupération. A ce titre, une séance légère n’occasionnant pas de fatigue supplémentaire fait partie intégrante du processus d’entraînement. 41 ■ Par Jérémy DOS SANTOS, entraîneur de l'équipe réserve du Royal Mouscron (D2 belge), titulaire du DEF. Corners et coups francs : les S T R AT É G I E Défensivement et offensivement. Le sujet n’est pas de ceux auxquels on pense spontanément pour améliorer le rendement de son équipe. Il ferait même figure de détail diront certains. Et pourtant ! Une récente étude démontre qu’un nombre conséquent de buts sont consécutifs à un ballon initialement repoussé par la défense, sur corner ou coup franc, puis joué dans un deuxième temps. u moment d’évoquer les coups de pied arrêtés lors de la causerie d’avant match, les hommes désignés pour s’oc,cuper de la "ramasse" doivent bien souvent se contenter d’un évasif "vous vous placez à la sortie des 16 mètres" . Pourtant, sur un corner défensif, le deuxième temps peut s’avérer tout aussi décisif que le premier. A quoi peut bien servir de gagner le premier ballon si l’équipe encaisse un but dans les secondes qui suivent ? Ainsi, le rôle des joueurs "à la ramasse" mérite sans doute d’être clarifié. Au niveau défensif A Notion de "Barrière" en protection du secteur central dans le cas du mauvais renvoi défensif (vers la zone axiale) Objectif : Contrôler la zone de tir (gestion du 2ème ballon dans la zone axiale). Être à la retombée du ballon. Protéger l'axe du but par un alignement défensif dynamique constitué de deux éléments (J1 et J2). Comportements attendus : Positionnement trois quarts ("un œil sur le ballon et un œil sur son adversaire direct"). Anticiper sur les trajectoires. Toujours un joueur qui cadre (dissuader le tir) et l'autre prêt à couvrir en cas d'élimination. Cette action de couverture dans le duel axial permettra également d'empêcher toute prise d'appui (passe entre 2 à un pivot) interdisant ainsi l'accès immédiat au but. Schéma 1 42 d'abord, l’objectif consiste à assurer un quadrillage efficace de la surface de réparation et de ses alentours. La répartition des joueurs dans des zones sensibles doit empêcher l'attaque adverse de bénéficier d'un avantage sur les deuxièmes ballons, voire d’annihiler une combinaison offensive sur phase arrêtée. Mes préférences en ce qui concerne les joueurs chargés du deuxième temps de jeu vont vers la mise en place d'un "rideau flottant" constitué de deux à trois éléments, et positionné de façon légèrement désaxée de part et d'autre de la demi-lune des 16 mètres 50 (voir schéma 1). "Assurer un quadrillage efficace dans les zones sensibles" Qu'il y ait un ou des adversaires présents dans cette zone conditionne le placement des joueurs "à la ramasse". Si le ballon est repoussé mais demeure dans la zone de tir (voir schéma), les deux joueurs "à la ramasse" vont presser en cherchant à excentrer les porteurs de balle, ou à Principes d'organisation collective sur corner défensif Objectif n°1 : Ne pas densifier démesurément la surface de réparation pour défendre. Mise en place d'un marquage mixte avec 2 joueurs en zone (1er poteau) et 5 joueurs au marquage individuel. Objectif n°2 : Préparer la contre-attaque avec 2 joueurs qui occupent une position dite "mixte" entre organisation défensive et transition offensive. Un 3ème joueur est quant à lui en position haute pour retenir 1 à 2 adversaires. NB : ce genre d'organisation peut être intéressant pour une équipe présumée inférieure à son adversaire sur phase arrêtée. Le rapport numérique imposé peut potentiellement influencer le rapport de force ayant lieu dans la surface de réparation. Schéma 2 Vestiaires STRATÉGIE joueurs "à la ramasse" sortir la balle de l'axe ballon-but. L'objectif étant de dissuader la mise en situation de tir voire la réalisation de centres en deuxième intention. Notez par ailleurs que les corners défensifs représentent autant de possibilités… d’attaquer. En effet, une équipe organisée pour jouer le corner offensif est souvent vulnérable sur des situations de contres rondement menés. Dans ce cas de figure, le passage de l’action défensive à l’action offensive au cours de la phase de transition implique majoritairement les joueurs "à la ramasse". Comment ? En organisant collectivement le jeu défensif sur corner et en permettant à certains joueurs d'être déchargés de l'action défensive pour prendre à revers l'attaque adverse. Ainsi, ces joueurs, au moment du tir, ne regardent pas le résultat de l'exécution du corner mais anticipent dès le départ du tir pour partir en contre-attaque. Une notion d'explosion collective incisive, soudaine, qui ne doit pas laisser le temps à l'adversaire de récupérer la situation. Un temps fort où il s'agira de prendre un avantage (en espace et en temps) par la création de surnombre avant le replacement défensif adverse. "La faible densité de joueurs adverses sur un espace jouable important doit nous inviter à revisiter le corner défensif sous l’angle de l'enchaînement offensif qui va suivre" Une intention de jeu qui induit un rythme de réalisation élevée et qui va ainsi générer de l'incertitude dans le camp d'en face. Il y a la nécessité ici de synchroniser les déplacements des joueurs engagés dans le contre, associés aux qualités de percussion et de vitesse d'engagement de chacun. Des données qui doivent être décisives au moment de choisir les joueurs qui occuperont ces postes stratégiques ! En définitive, nous évoquons donc une organisation défensive mixte (marquage individuel et zone) au service d'une structure mobile (joueurs chargés d'engager le contre) pour planifier l'attaque rapide dans un temps de transition. La faible densité de joueurs adverses sur un espace jouable important doit nous inviter à revisiter le corner défensif sous l’angle de l'enchaînement offensif qui va suivre. Une fois le ballon repoussé ou récupéré, l’objectif est donc de coordonner "libération d'espace et prise d'espace" dans le temps le plus court possible pour faire peser une menace sur le dispositif défensif adverse. ■ Lancer le contre Organiser le mouvement "combiné" 1) Course anticipée de J1 situé côté tireur dès le départ du ballon. Pendant ce temps J2 se resitue légèrement vers l'axe en cas de retombée du ballon dans cette zone (gestion du 2ème ballon). Les départs anticipés et différés loin de l'alignement défensif de la dernière ligne adverse peuvent nous offrir un avantage. J1 et J2 auront pour objectif "d'exploser" dans la largeur pour "désolidariser" les 2 joueurs mis en sécurité par l'équipe adverse. Une action combinée qui permettra à J3 d'arriver lancé sur l'espace du milieu complètement dégagé. J4 se déplacera à l'opposé du receveur potentiel à la fois pour ouvrir l'angle de passe, mais aussi pour faire "éclater" les 2 joueurs adverses restés en position de défenseurs centraux. 2) Une fois le ballon capté ou récupéré, le départ anticipé de J1 sera bientôt rejoint par les départs différés de J2 et J3. 3) Côté timing : J3 déclenche son action de sprint vers le but adverse une fois que le ballon lui est passé par-dessus. J2 s'assure d'abord que le ballon est bien récupéré avant de partir en contre. NB : Le gardien (dans le cas du ballon capté !) sera considéré comme élément déclencheur de l'action alors que J1 sera lui l'élément starter de la contre attaque. Schéma 3 www.vestiaires-magazine.com Schéma 4 Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D 43 ■ Par David MERLET , Responsable des gardiens de but du Mans FC. Apprenez à votre gardien à bien se Pratique. Pour l’éducateur novice dans l’entraînement du gardien de but, conseiller son joueur sur le placement qu'il doit adopter sur coup de pied arrêté est loin d'être évident. Alors, pour vous y aider, voici les principaux cas de figure de CPA avec, pour chacun d'eux, le positionnement adéquat. CAS DE FIGURE 1 COUP FRANC AXE PROCHE "DIRECT" (30M OU MOINS) GARDIEN Placer le joueur de base du mur sur la ligne ballon-1er poteau avec un joueur à sa droite et à sa gauche, au cas où il y aurait deux tireurs, un gaucher et un droitier. L’objectif du gardien dans cette situation est de placer son mur de façon à ce qu'il couvre un maximum l’angle fermé (côté ballon). Le gardien peut alors se placer "côté ouvert". Le portier doit impérativement voir le ballon pour pouvoir juger rapidement de sa trajectoire, mais ne pas anticiper trop tôt avant le départ du ballon… CAS DE FIGURE 2 COUP FRANC AXE LOINTAIN (30M OU PLUS) Placer le joueur de base du mur sur la ligne ballon-1er poteau avec un joueur à sa droite et à sa gauche, au cas où il y aurait deux tireurs, un gaucher et un droitier. L’objectif du gardien dans cette situation est de placer son mur de façon à ce qu'il couvre un maximum l’angle fermé (côté ballon). Le gardien peut alors se placer "côté ouvert". Le portier doit impérativement voir le ballon pour pouvoir juger rapidement de sa trajectoire, mais ne pas anticiper trop tôt avant le départ du ballon… 44 Vestiaires GARDIEN positionner sur coup de pied arrêté CAS DE FIGURE 3 COUP FRANC AXE PROCHE "INDIRECT" Placer le mur comme pour le coup franc proche direct. Ajouter un joueur supplémentaire que l’on nommera "voltigeur". Ce joueur sort du mur pour aller rapidement vers le frappeur au moment où le ballon est joué. Le gardien se place "côté ouvert". Il se déplace légèrement en fonction de la passe adverse mais il doit être stable sur ses appuis quand le tireur arme sa frappe. S’il continue de se déplacer à ce moment là, il sera en retard pour son intervention… CAS DE FIGURE 4 COUP FRANC "INDIRECT" DANS LA SURFACE DE RÉPARATION Pas de solution miracle dans cette situation très particulière, mais l’idéal est que le gardien se place devant ses partenaires à distance réglementaire du ballon. C’est au gardien de sortir vers le tireur au moment de la passe. Ses partenaires se situent sur la ligne de but. www.vestiaires-magazine.com Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D Suite page suivante 45 CAS DE FIGURE 5 COUP FRANC EXCENTRÉ LOINTAIN (30M OU PLUS) GARDIEN Le frappeur est gaucher et tire à gauche du gardien. À cette distance, un seul joueur suffit dans le mur. Le gardien doit le placer sur la trajectoire du centre pour obliger le tireur à lever son ballon et donc moins appuyer sa frappe. Le gardien aura ainsi plus de temps pour intervenir et pouvoir venir capter le ballon. Il doit se placer juste en dessous de la ligne des 5,50 m plein axe pour envisager toutes les trajectoires possibles. Sur un coup franc de ce type, c’est à lui d’intervenir si possible sur le ballon et aux défenseurs de "s’occuper" des trajectoires de déplacements des adversaires. 46 CAS DE FIGURE 6 COUP FRANC EXCENTRÉ PROCHE (MOINS DE 30 M) Coup franc à droite du gardien. Le frappeur est droitier, la trajectoire du ballon est rentrante. Deux joueurs dans le mur. Ces derniers sont placés sur la trajectoire du centre pour obliger le tireur à contourner le mur et donc éloigner le danger (ou à lever son ballon par-dessus le mur afin que le portier dispose de plus de temps pour son intervention). Le gardien, lui, est positionné quasiment sur sa ligne de but et légèrement au premier poteau afin de protéger en priorité son but en cas de frappe directe. Vestiaires GARDIEN CAS DE FIGURE 7 CORNER FRAPPÉ RENTRANT Le gardien place un joueur au 1er poteau et un joueur dont la mission est de couper la trajectoire à hauteur du 1er poteau dans les 5m50. Le gardien, lui, doit se situer au milieu de son but pour se permettre d’intervenir à la fois au 1er ou 2ème poteau. Il doit bien temporiser au départ du ballon pour attaquer et "couper" la trajectoire du ballon. Un ballon frappé en force au 1er poteau doit être intercepté par le joueur qu’il a placé dans ses 5m50. Tous les ballons frappés au milieu et au 2ème poteau dans les 5m50 sont pour le gardien en priorité. En dehors des 5m50 m, tout dépend de la puissance de la frappe et des capacités du gardien à juger la trajectoire et à se déplacer rapidement. CAS DE FIGURE 8 CORNER FRAPPÉ SORTANT Toujours le même placement pour les partenaires, mais le gardien se place légèrement en retrait (2/3 deuxième poteau) et un peu plus écarté de sa ligne de but. La trajectoire sortante reste plus difficile à négocier car le ballon est fuyant. Pour le gardien, l’objectif est d’avancer pour couper cette trajectoire et avoir une meilleure prise de balle. MUR : PLACER LES PLUS GRANDS AUX 2E ET 3E PLACES, À CÔTÉ DE L’HOMME DE BASE Le premier paramètre important est de ne jamais dissocier le placement du gardien par rapport à son mur. Le gardien doit préciser le nombre de joueurs qui vont constituer son mur avant le match : 1 ou 2 pour des coups francs lointains ou excentrés, 4 ou 5 sur des coups francs plus proches. Ensuite, il doit les placer : l’homme de base (ou le 2ème joueur composant le mur en cas de droitier à gauche pour le gardien ou gaucher à droite) doit se situer sur la ligne fictive ballon- premier poteau. Les autres sont serrés contre lui "côté ouvert". Dans tous les cas, le mur placé ne doit pas sauter car le gardien se place en fonction de son mur et donc de l’angle de frappe qui est couvert par celui-ci. Enfin, il n’existe pas de règle infaillible quant à la composition du mur, mais le plus efficace est de placer les plus grands joueurs aux 2ème et 3ème places, à côté de l’homme de base. Car un coup franc tiré directement au but dans la lucarne "côté fermé" par-dessus le mur passe souvent au-dessus de ces 2 joueurs cités précédemment… www.vestiaires-magazine.com Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D 47 ■ Par Didier OLLE-NICOLLE, entraineur professionnel (DEPF). TA B L E A U N O I R Comment se préparer à affronter Lorsqu'on lutte dans les bas fonds du classement ! David contre Goliath, le pot de terre contre le pot de fer, l’ogre contre le petit poucet… Les métaphores ne manquent pas pour évoquer ce qui relève à priori d'un combat déséquilibré. Pour autant, le petit est-il toujours condamné face au plus gros ? Pas si sûr. La magie du football, quel que soit le niveau, réside dans ces histoires ou le vainqueur final n’est pas celui que l’on annonçait au coup d'envoi. Plan de jeu, préparation, grandes lignes directrices, VESTIAIRES a demandé à un spécialiste des coups retentissants de se pencher sur la question. orsqu'arrive le moment d'affronter l'un des ténors de la poule et que notre équipe luttera cette saison pour ne pas descendre, la première des démarches, je pense, est de présenter la rencontre comme un "match évènement". Par évènement, il faut comprendre opportunité donnée à l’équipe de démontrer ce qu’elle vaut… Selon la formule, le groupe n’a donc "rien à perdre mais bien tout à gagner". En ce sens, il peut s’agir véritablement d’une chance accordée aux joueurs de sortir de leur quotidien et d’accéder à un statut supérieur tant sur le plan individuel que collectif. Selon moi, il convient donc de préparer ce match évènement le plus tôt possible. Dire "on va leur rentrer dedans…" ne suffit évidemment pas. Par ailleurs, il est difficile de prétendre améliorer subitement les capacités techniques de ses joueurs sous prétexte que le match à venir va exiger une plus grande maîtrise avec le ballon. Je préconise donc plutôt de privilégier les aspects tactiques et psychologiques. L >Si le joueur est persuadé que tout peut arriver, s’il est convaincu que le plan de jeu est le bon, une partie du chemin est déjà réalisée ! Mentalement, d'abord, il faut que chaque joueur ait envie de se sublimer. En amont, lors de la préparation du match, puis sur le terrain. Dans ce domaine, la plus grande réussite de l’entraineur est de parvenir à créer une "conviction du possible". Si le joueur est persuadé que tout peut arriver, s’il est convaincu que le plan de jeu est le bon, une partie du chemin est déjà réalisée ! Ainsi, lors de la causerie d’avant match, l’entraineur a tout "JOUER LES COUPS DE PIED ARRÊTÉS OFFENSIFS À FOND…" Autre élément essentiel : les coups de pied arrêtés ! Voilà par définition un compartiment du jeu où l’écart se réduit. Il peut même être assez fréquemment en faveur de l’équipe supposée la plus faible. Les équipes du haut de tableau affichent parfois un certain laxisme dans ce type de match réputé facile. A ce titre, tous les coups de pied arrêtés à bonne distance doivent être joués avec un maximum de détermination et d’engagement. Même s’il n’y a pas but à chaque fois, cela contribue à faire douter les adversaires d’une part, et à renforcer la confiance de notre équipe d’autre part. 48 intérêt à focaliser son discours sur les aspects collectifs et les consignes tactiques individuelles, plutôt que de se disperser sur le résultat ou les incidences au classement. Tactiquement, maintenant, le bon dosage se situe dans cette zone où l’on va s’appuyer sur nos savoir-faire tout en prenant en compte les spécificités de l’adversaire. Il ne s’agit pas de vouloir tout révolutionner tout comme il serait incompréhensible de ne pas adapter le jeu de l’équipe aux circonstances (voir ci contre plans de jeu spécifiques). Cependant, dans l’immense majorité des cas, la problématique se résume en deux questions : "Comment bien récupérer le ballon pour sortir vite ? Comment résister tout en portant le danger devant la cage adverse dès que possible ? >La problématique se résume souvent en 2 questions : "Comment bien récupérer le ballon pour sortir vite ? Comment résister tout en portant le danger devant la cage adverse dès que possible ? Globalement, le plan de jeu se développe alors en deux temps principaux qui vont évoluer au fil du match : - Premier temps : parasiter les certitudes de jeu de l’équipe adverse en présentant un bloc compact favorisant une récupération collective et individuelle efficace. Vestiaires TABLEAU NOIR un ténor du championnat ? Quelques scénarios et pistes de réflexion Didier Ollé-Nicolle a bien voulu se prêter au jeu des scénarios imaginaires. A Lire et adapter ! Quel plan de jeu face à… : Une équipe forte dans la possession Une équipe forte sur les côtés Dans l’absolu, je chercherais à créer du surnombre au milieu. On peut imaginer une animation mixant zone et individuelle sur un ou plusieurs joueurs ciblés. A la récupération, on doit avoir l’obsession de se projeter vite vers l’avant. En conservant mon organisation de base, j’insisterais sur les notions de couverture des latéraux entre eux, puis sur la couverture à l’intérieur d’un ou plusieurs joueurs axiaux. Des attaquants très rapides Si l’équipe adverse trouve l’avant-centre sur du jeu long, on va essayer d’agir sur les "rampes de lancement". Si les adversaires cherchent le remiseur plutôt sur du jeu court, on va devoir anticiper les remises et les déviations. A priori, je privilégierais plutôt un bloc médian. Une équipe avec un avant-centre remiseur, au grand gabarit Je demanderais à l’équipe d’évoluer assez bas pour ne pas laisser trop d’espaces dans le dos. Dans la semaine précédente je porterais une attention particulière sur les coups de pied arrêtés défensifs et offensifs. - Deuxième temps : poser un problème défensif à l’adversaire en se projetant vers l’avant afin d’équilibrer, voire d’inverser le rapport psychologique. Bien-sûr, la chose est plus facile à dire qu’à faire. Ceci étant, n'oubliez jamais que lorsque le plan de jeu mis en place se vérifie sur le terrain, lorsque les convictions énoncées deviennent les réalités du jeu, alors les joueurs finissent de se persuader que l’exploit est possible. En conclusion, une fois que le travail tactique a été bien réalisé, et à partir du moment où le plan de jeu a été dévoilé, le rôle de l’entraîneur lors de ce type de match consiste essentiellement à faire passer une idée directrice : le football est logique mais irrationnel. Autrement dit, le plus fort sur le papier ne l’emporte pas toujours. Ensuite, la consistance des joueurs et les certitudes collectives dictent la vérité du moment. ■ SES 3 COUPS D'ÉCLAT REVUS ET COMMENTÉS Nice-Lyon (octobre 2009, Ligue 1) : L’OGCN est en difficulté au classement. Les Lyonnais, dominateurs, sont les grandissimes favoris. "J’avais demandé au bloc d’évoluer très haut. Le plan de jeu prévoyait de couper les premières passes vers leurs milieux de terrain. Leurs défenseurs ne devaient pas pouvoir trouver Toulalan et Makoun qui dominaient dans l’entrejeu. Ça a marché ce jour là…". Les Niçois l’emportent 4-1 en pressant constamment l’arrière garde lyonnaise. Nice-PSG (mars 2010, Ligue 1) : Les Aiglons créent de nouveau la surprise face à une grosse équipe du PSG : "Avec le staff, nous avions décidé de conserver notre organisation en zone mais de faire un marquage individuel sur le meneur de jeu parisien (Sessegnon, Ndlr). C’était très inhabituel. Pour l’occasion, c’est un joueur évoluant arrière latéral habituellement qui s’est collé à la tâche. Ils ne sont jamais vraiment parvenus à trouver la solution tactique et, au final, nous l’avons emporté 1-0". Nîmes-Saint-Etienne (janvier 2005, Coupe de France) : Pensionnaire de National, le Nîmes Olympique élimine cette saison-là quatre formations de Ligue 1 en appliquant à chaque fois un nouveau plan de jeu ! Extrait choisi illustrant la dimension mentale lors de la confrontation face à l'ASSE : "En 32ème, on joue Saint-Etienne et on est mené 2 à 0 sur deux coups de pied arrêtés. Mais ce qui se passait sur le terrain correspondait tellement à tout ce que nous avions préparé durant la semaine que les joueurs n’ont jamais douté. Plus le match avançait et plus le rapport psychologique tournait en notre faveur alors que nous évoluions deux niveaux en dessous ! Au final, nous l’avons emporté presque naturellement 3-2". www.vestiaires-magazine.com 49 Le contrôle orienté Maîtriser le ballon en mouvement. Le football moderne impose un jeu en mouvement. Ainsi, au haut niveau, l’amorti se transforme de plus en plus en contrôle orienté. Ce geste technique appelé aussi "prise de balle", permet d’accélérer le jeu, soit en gardant un temps d’avance sur l’adversaire, soit en le déséquilibrant. Petit rappel théorique et pratique. uand Fabregas tourne la tête avant le contrôle, il veut pouvoir changer de projet de jeu au dernier moment, en fonction de la situation et donc, au choix, dribbler sur le contrôle, jouer en remise, se retourner, dévier…" (Erick Mombaerts). Pour peu que le joueur perçoive le jeu avant de recevoir le ballon, le contrôle orienté offre à son auteur de vastes possibilités dans l’orientation à donner à l'action. Alors certes, et à la différence de la passe, de la frappe ou du jeu de tête, le contrôle orienté n’entre pas dans le champ des statistiques entourant traditionnellement un match de football. Il n’en demeure pas moins un geste ô combien important dans la panoplie du footballeur ! Les bons techniciens s’en délectent car le contrôle orienté permet, en un contact, de se mettre dans le sens du jeu et/ou d’éviter l’af- TECHNIQUE "Q frontement avec l’adversaire. Mais réussir un contrôle orienté ne s’improvise pas. Tout d’abord, il nécessite, on l'a dit, une bonne perception du jeu (voir avant de recevoir) : anticipation de la passe du partenaire ou de la perte de balle de l’adversaire, par exemple, pour enchaîner sur une action. Voir avant de recevoir Il réclame ensuite une véritable coordination spécifique avec des enjeux techniques et moteurs variés, comme la maîtrise de la réception du ballon sur le premier contact, des prises d’appuis suffisantes pour permettre un bon équilibre de tout le corps, sans oublier l’impérieuse nécessité de toujours garder le ballon en mouvement pour pouvoir enchaîner dans les meilleures conditions. Et tout cela au milieu de contraintes d'espaces et de temps qui rendent la tâche encore plus complexe ! Alors, comment la travailler ? À l'instar de tous les fondamentaux, le contrôle orienté se travaille dès les petites catégories. D'abord sous forme analytique le plus souvent, par le biais d'exercices simples, sans opposition, permettant à l'éducateur d’effectuer des corrections sur la prise de balle, la position du corps, etc… La mise en place d’opposition dans des situations globales permettra ensuite d’insister sur l’orientation que l’on veut donner à son contrôle orienté. Travailler ce geste technique dès le plus jeune âge apparaît donc on ne peut plus nécessaire. La fluidité dans le jeu en dépend, et amène de la vitesse. Et la vitesse de jeu, c’est le niveau… ■ François Villebrun CONTRO ̂ LE DEMI TOUR LES POINTS DE CORRECTION À OBSERVER - Prendre les informations : voir avant de recevoir pour orienter avec une intention ; détacher son regard du ballon. - Apprécier la trajectoire du ballon : pour adapter la qualité de pied sur la première touche en fonction à la fois de la vitesse du ballon et de l’orientation que l’on veut donner au jeu. Le regard doit être fixé sur le ballon. - Avoir des appuis solides et un bon équilibre : le pied d’appui doit être porté au niveau où le ballon va entrer en contact avec le sol. La position des bras en lien avec les appuis doit permettre un bon équilibre. Le regard se détache au moment du contrôle. - Dominer le ballon sur le premier contact (extérieur ou intérieur du pied) : le ballon doit rester à portée, ni trop près, ni trop loin afin d’en permettre une meilleure exploitation. - Prendre de la vitesse : à l’image d’un sprinter dans les starting blocks, la poussée sur la jambe d’appui doit être forte de manière à réaliser un "coup de rein" et faire la différence (changement de rythme). 50 Vestiaires TECHNIQUE POUR LE FOOT D'ANIMATION EXERCICE 1 : CONTRÔLE ORIENTÉ ET ENCHAÎNEMENT Les joueurs sont répartis en groupes de 3. Un ballon par groupe. Distance entre joueurs : 10 mètres. A passe à B qui effectue un appel (il va vers le ballon). B effectue un contrôle orienté de l'extérieur du pied pour se retourner (au moment de la prise de balle), et enchaîne avec une passe à C. Après avoir contrôlé le ballon, C redonne à B qui effectue un nouveau contrôle orienté de l'extérieur du pied, etc… Durée : 3 x 4 minutes (chaque joueur passe au milieu à tour de rôle). Variantes : - Extérieur pied droit à l'aller, extérieur pied gauche au retour. - Idem, mais de l'intérieur du pied. EXERCICE 2 : TRAVAIL DU CONTRÔLE ORIENTÉ EN PASSE ET VA + FINITION Un groupe de 10 joueurs. 2 joueurs situés à chaque cône. Source de ballon à côté du joueur A. Le circuit est réalisé comme suit, en passe et va : A passe à B qui fait un appel de balle (il va vers le ballon) puis effectue un contrôlé orienté, avant de conduire le ballon sur quelques mètres et donne à C, etc… Quand A passe à B, il prend sa place, quand B passe à C, il prend sa place, etc… A la fin du circuit, E effectue un contrôle orienté et enchaîne avec une frappe au but. Observations : les contrôles orientés doivent s’effectuer cheville "molle" et les passes cheville "durcie". Les passes sont tendues au sol. Insister sur la coordination entre le passeur et le receveur. Variantes : - Faire l'exercice côté opposé pour varier les appuis sur le contrôle orienté. - Avoir plusieurs solutions pour le dernier passeur (plusieurs tireurs possibles placés à des endroits différents). - Contrôle intérieur pied droit/passe pied gauche pour B, contrôle extérieur pied droit/passe pied gauche pour C, contrôle pied gauche/passe pied droit pour D. www.vestiaires-magazine.com Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D Suite page suivante 51 EXERCICE 3 : ZONE À ATTEINDRE Jeu à 3 contre 2 (multiplier les ateliers suivant l'effectif). Séquences de 1 minute. Terrain d'environ 20x15 mètres. Interdiction d’arrêter le ballon pour aller marquer dans l’enbut. Observation : être souple sur la règle (ne pas pénaliser systématiquement si le ballon s’arrête). Amener le ballon sur le premier contact. Le faible rapport numérique favorise la quantité d’actions motrices. TECHNIQUE CONTRO ̂ LE EXTÉ RIEUR POUR LE FOOT A 11 EXERCICE 1 : PASSES COURTES/LONGUES ET CONTRÔLE ORIENTÉ INTÉRIEUR/EXTÉRIEUR Un groupe de 8 joueurs (ateliers à multiplier suivant l'effectif). 1 ballon pour 2 joueurs. Un carré de 30x30 mètres découpé en 9 zones de 10x10 mètres. Les joueurs s’échangent le ballon par 2 comme suit : - 4 minutes (2x2') : A passe à B qui effectue un contrôle orienté de l'intérieur du pied pour aller dans une autre zone et donner le ballon à A, qui effectue un contrôle de l'extérieur du pied pour aller dans une autre zone et donner le ballon à B, etc… Puis on change les rôles. Le joueur qui n'a pas le ballon doit effectuer un appel de balle dans une autre zone avant de revenir dans la zone initiale pour réceptionner la passe. Observations : vigilance sur le premier contact, les premiers appuis, le regard vers le porteur de balle (disponibilité). EXERCICE 2 : STOP-BALLE Jeu à 6 contre 6 sur un terrain de 40 x 30 mètres. Matérialiser un couloir de 5 mètres (zone de finition) avant la zone de stop-balle (SB). Pour marquer un point, le joueur doit recevoir dans la zone de finition (ZF) et marquer sur 3 touches maximum. Jeu libre dans tout le reste du terrain. Défenseurs : interdit de se trouver dans la zone de finition tant que le ballon n’y est pas. Observations : demander beaucoup de mouvement dans la zone de finition et valoriser les prises de balle rapides. 52 Vestiaires TECHNIQUE EXERCICE 3 : ZONE À ATTEINDRE EN SUPÉRIORITÉ NUMÉRIQUE Jeu en supériorité numérique à 6 contre 4. Terrain 40 x 25 mètres. Séquences de jeu courtes (2 minutes). Interdiction d’arrêter le ballon pour atteindre la zone d’en-but. Observations : le ballon doit toujours être en mouvement. Sans l’imposer, demander de la variété dans les surfaces de contact (intérieur du pied, extérieur, semelle…). CONTRO ̂ LE INTÉRIEUR LES DIFFÉRENTS CONTRÔLES ORIENTÉS SUR BALLON AU SOL Contrôle orienté de l'intérieur du pied : Contrôle le plus sûr car la surface utilisée est importante. Il surprend peu l’adversaire. Contrôle orienté de l'extérieur du pied : Plus difficile sur le premier contact. Suivi d’une forte accélération, il peut déséquilibrer un adversaire. Contrôle "Cruijff" : Vulgarisé par l'ancien triple Ballon d'Or, ce contrôle orienté permet de passer le ballon derrière la jambe d’appui. Il donne la possibilité de s’orienter et de surprendre l’adversaire en se retournant. Contrôle enroulé : Sert aussi pour se retourner. Effectué avec l’intérieur du pied, il permet de se mettre dans le sens du jeu tout en protégeant le ballon avec son corps. www.vestiaires-magazine.com Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D 53 ■ Par Jean-Paul ANCIAN, Professeur EPS INSA de Lyon, titulaire du BE2. Expert en préparation physique et préparation mentale. Adjoint en sélection nationale de Côte d'Ivoire. MANAGEMENT Remplaçants et remplacés : Doigté. La gestion des remplaçants et remplacés dans le football amateur est rendue difficile par les différents paramètres qu'il convient de prendre en considération. Entre recherche de la performance, plaisir de jouer (et donc d'avoir du temps de jeu) et convivialité dans le rapport entraîneur/entraîné, on touche ici à une problématique managériale bien plus complexe qu'il n'y paraît. Essayons d'y voir un peu plus clair à partir de cas concrets. l s'agit d'une problématique très intéressante mais d'une grande complexité dès lors qu'on veut l’aborder d’une manière à la fois globale et concrète. Avant d'aller plus loin, rappelons que la réglementation est différente selon le niveau de pratique. Ainsi, dans les championnats nationaux, tout remplacement est définitif. Rien à voir avec les épreuves départementales et régionales où le changement de joueur répond à une autre logique (rotation). D’autre part, la problématique du remplacement n'est pas la même selon la catégorie. En école de foot, par exemple, d'autres considérations que sportives doivent être prises en compte tels que l'aspect éducatif, la méthode pédagogique, la notion d'équité, de collectif, ou encore le plaisir de jouer. Ici, plus que la volonté de faire un résultat, c'est l'indispensable cohérence éthique et pédagogique qui prévaut. Ce préambule effectué - dans lequel on aurait pu ajouter l'évolution des mentalités et son impact sur la relation entraîneur/entraîné arrêtons-nous sur les principales interrogations que l'entraîneur amateur peut se poser, et la meilleure façon, à priori, d'y répondre. I uDoit-on veiller en amateur à faire "tourner" les remplaçants d’un week-end end à l’autre ? Plusieurs solutions peuvent être envisagées en fonction de la catégorie, du niveau de pratique, du profil des joueurs et de ses motivations : - Changer sciemment les remplaçants de départ chaque week-end. On maintient de la sorte une certaine motivation pour le remplaçant du jour. - Faire savoir au groupe qu'un joueur qui débute sur le banc deux matches de suite, 54 débutera obligatoirement la rencontre suivante. La motivation fixée à court terme pour le joueur remplaçant du jour est préservée. - Dans les petites catégories, rendre obligatoire la participation de tous les joueurs à au moins une mi-temps me semble être un impératif (plaisir de jouer pour tous). - Annoncer que le temps de jeu sera réparti équitablement à chaque match durant toute (ou une partie ?) de la saison, quel que soit le statut de départ du joueur (remplaçant, remplacé). Cela va induire différents choix tactiques (souplesse dans le coaching) et réclamer de situer les objectifs sportifs et collectifs d’un match à partir d’un groupe de 14 joueurs, tous et automatiquement concernés. uQuel temps de jeu minimum assurer au joueur qui vient au match le dimanche ? - Prévenir que le résultat sera prioritaire sur les temps de jeu et les remplacements. Dans ce cas les remplaçants savent à quoi s’en tenir. J’aurai tendance ici à tourner le problème autrement. A partir de quel temps de jeu le joueur amateur peut-il se sentir concerné ? Comment peut-il y trouver son compte ? Difficile d'y répondre car l'on sait que les attentes et motivations de chacun peuvent être très diverses et variées (retrouver les copains quel que soit le temps de jeu, performer et jouer le plus possible...). Jouer un minimum apparaît indispensable, bien sûr. Mais Vestiaires MANAGEMENT apprenez à les gérer où situer le "minimum" ? C'est à l'entraîneur de le déterminer et de s'adapter en fonction du profil du ou des joueurs concernés. Toujours est-il que l’état d’esprit du club, la convivialité et les relations sociales dans le groupe, la manière d’entraîner et de coacher peuvent constituer des "éléments tampons" permettant de repousser les limites de patience et d’impatience de certains joueurs, mais pas à l’infini... uA quel moment doit-on annoncer à un joueur qu’il sera remplaçant ? Il existe différents cas de figures, mais un indicateur essentiel : tenir compte du contexte (victoire, défaite, découragement, euphorie) pour faire varier les timings et les effets d’annonce en fonction du profil mental des joueurs et de l’équipe. Parfois, la notion de confiance est à renforcer. A d'autres moments, c'est la notion de doute provoqué par l’annonce tardive de la composition d’équipe qui semble nécessaire. L’important devient alors de surprendre pour éveiller, stimuler l’écoute, l’attention et la motivation, et chercher ainsi à optimiser le rendement de l’équipe. Il y a aussi la fameuse opposition systématique du mardi ou du mercredi avec l’équipe type. Un choix stratégique et managérial insensé ! On annonce qui sera remplaçant dès le début de la semaine... C'est le "joueur quille" ! Mentalement, il n'y a pas pire, surtout chez les jeunes (U15-U17). Le fait de préserver la motivation de ses troupes durant la semaine et en vue de l'échéance du week-end doit être une priorité chez le technicien. Entraîner tous les joueurs avec la même considération et la même attention du lundi au vendredi doit être le leitmotiv de l'entraîneur moderne qui s’occupe du «fonctionnement global du joueur» (tête, cœur, corps). uComment impliquer les remplaçants lors de la causerie ? En n'oubliant pas déjà de les nommer… Ensuite, en leur témoignant de la considération (discussion normale avec eux comme avec les autres). En leur expliquant aussi les www.vestiaires-magazine.com choix par rapport à leur rôle vis à vis "du projet de vie et de fonctionnement de l'équipe" choisi et exposé par l’entraîneur en début de saison. Ce projet devra d'ailleurs être modulé avec les joueurs durant la saison si nécessaire. Avec obligation ensuite de s’y tenir car la cohérence et l’équité sont des valeurs indispensables pour légitimer et crédibiliser les projets, l’entraîneur, et gagner le respect. La transparence, la clarté et la sincérité me semblent les données essentielles de ces moments là. uResponsabiliser les rempla- çants pendant le match (mission d’observation, par exemple) ? Pourquoi pas, mais uniquement sur la base du volontariat. Ne rien imposer dans ce domaine. Pour autant, sensibiliser les joueurs sur les missions d’observation de certains indicateurs du jeu me semble être d’une grande richesse pour les faire progresser et les amener à une vision stratégique différente du football et du jeu. Méfions-nous tout de même du joueur remplaçant qui doit observer certains indicateurs chez le joueur qui le remplace... uQuel message principal transmettre au joueur sur le point de rentrer ? Au moment de son entrée sur le terrain, on doit lui situer le système de jeu joué, lui faire part de notre attente sur le poste qu'il va occuper, et souligner son rôle de "bonus" vis-àvis de l’équipe. On doit aussi l'encourager à prendre et à donner du plaisir à l’équipe. Dans tous les cas, son entrée en jeu ne doit pas être vécue par lui comme un choix par défaut, par compensation, mais comme une volonté véritable et concrète de la part de l'entraîneur, d'apporter un plus à l'équipe. uExiste-t-il des remplacements vexatoires à éviter (joueur qui rentre et qui ressort, joueur qui va rentrer à 5 minutes de la fin...) ? Tout remplacement à même de provoquer un sentiment d'injustice voire d'humiliation chez le joueur concerné est à proscrire. Préférez toujours une franche explication, claire et sincère, après coup, qui permet d’avancer et de passer au futur plutôt que de risquer de couper définitivement la relation. En revanche, la rentrée d’un joueur pour les 5 dernières minutes ne rentre pas pour moi dans le même cas de figure. Attention, car à partir du même cas, des interprétations différentes sont possibles en fonction des joueurs. Peut-être que chez certains joueurs, rentrer même 5 minutes peut les rassurer sur leur réelle appartenance à l'équipe. uComment réagir "à chaud" face au joueur mécontent de sortir ? Rappelons d'abord qu'il y a peu de joueurs contents de sortir ! Maintenant, il y a ceux effectivement qui contrôlent leurs émotions sous l'emprise de la déception voire de la colère, et ceux pour qui c’est plus difficile... C'est d'autant plus dur qu'on réclame généralement de venir serrer la main de l'entraîneur qui, pour le joueur, est précisément la cause du mécontentement. Dans ce type de situation, j'aurai tendance à laisser libre le joueur qui sort à partir du moment où il ne me manque pas de respect. La meilleure chose d'après moi est donc de ne pas relever, de ne pas intervenir, de ne pas prêter attention au joueur mécontent. D'abord le laisser se calmer... uEt à froid ? Là, c’est différent. Le recul émotionnel permet de mieux gérer la situation et de retrouver de la lucidité et de la raison. Rien ne remplace la discussion et le dialogue transparent clair et sincère en tenant compte du profil de l’interlocuteur joueur, en pesant les mots et leur portée et en argumentant à partir du «projet de vie et de fonctionnement de l’équipe» et du «projet de jeu de l’équipe» choisi et énoncé en début de saison N’importe quel joueur doit toujours pouvoir se situer dans ces deux projets, quitte a être recadré par moment dans la saison . ■ 55 Pourquoi applique-t-on du froid SANTÉ Vous êtes-vous déjà posé la question ? L’application de froid juste après une blessure ayant provoqué le saignement (interne) d’un muscle (type déchirure) est indispensable pour stopper l’hémorragie, traiter l’hématome et ainsi entamer au mieux sa guérison. Explications avec le Docteur Philippe KUENTZ, médecin de l’équipe professionnelle de l’AS Monaco FC depuis près de dix saisons. Pour quels types de blessure est-il nécessaire de mettre de la glace ? Lorsqu’il y a saignement, c'est-à-dire que la zone est enflammée ou gonflée, qu’un hématome se forme. Pour une entorse de cheville par exemple, on voit rapidement qu’elle gonfle. Pour une lésion d’un muscle, c’est moins visible mais on sent en général une pointe qui empêche de continuer l’effort. Ce sont des signaux et il faut vite mettre du froid pour gérer l’hémorragie. Quels sont précisément les effets du froid sur le muscle ? Le froid a d’abord un effet anesthésique. Après un choc, il va diminuer la douleur en endormant la zone concernée. C’est pourquoi on voit parfois des soigneurs appliquer de la bombe réfrigérante. L’effet est instantané et le joueur pourra reprendre le jeu avec une douleur réduite. Mais le froid a aussi et surtout un effet mécanique sur les tissus musculaires. Expliquez-nous. Par principe, le froid rétracte les tissus musculaires alors que le chaud les dilate. Appliquer de la glace va être utile pour refermer les vaisseaux qui saignent. On va donc stopper ou en tout cas réduire l’hémorragie. C’est l’effet méca- nique direct du froid, que l’on appelle aussi vasoconstriction. Plus vite on stoppe le saignement, moins on sera embêté avec l’hématome pour la suite du traitement. On gagne ainsi du temps sur la guérison. Et pour être vraiment efficace, la contention et le froid doivent être associés. La conten- tion aura le même effet que le froid : en appliquant une pression sur le vaisseau qui saigne, en l’écrasant, on va participer à arrêter le saignement. Donc compression avec un bandage et glace juste après la bles- LE FROID POUR UNE RÉCUPÉRATION GLOBALE Outre son application locale pour la gestion des lésions musculaires, des entorses ou des hématomes en surface, le froid est aussi utilisé de manière globale avec un objectif de récupération. Il n’est en effet pas rare de voir les joueurs de haut niveau plonger dans un bain d’eau glacée dès la fin d’un match. C’est ce que préconise le Docteur Kuentz à Monaco : "On est ici sur un effet global. Les joueurs plongent les jambes pendant cinq minutes dans un bain à 10°C. 56 On dispose aussi de chambres de froid où la température est de -120°C. Les joueurs y restent 3-4 minutes, en prenant soin de protéger les extrémités du corps. On provoque ainsi le phénomène de vasoconstriction sur tous les membres. Ce mode de récupération est utilisé après un match ou une opposition intense, c'est-à-dire après des séquences qui ont occasionné des coups et donc le saignement de certaines fibres". Vestiaires SANTÉ après une blessure musculaire ? QUELLE SOURCE DE FROID DANS VOTRE PHARMACIE ? Pas toujours évident de disposer d’une source de glace, à l’entraînement ou en match. Pourtant il est essentiel de pouvoir appliquer rapidement du froid en cas de pépin. "L’idéal pour agir en profondeur, c’est la poche remplie de glaçons, ou même de glace pilée qui s’adaptera mieux aux formes de la jambe", indique Philippe Kuentz. "Il y a néanmoins d’autres possibilités, comme la bombe qui projette un gaz réfrigérant, les packs de gel à garder au congélateur, ou les poches de froid instantané à usage unique". Cette dernière alternative peut s’avérer être un bon compromis. Vendu entre 1,50 et 2 euros l’unité, ce sachet libère en le frappant une source de froid d’origine chimique. Il n’est pas nécessaire de le conserver au frais, le sachet peut être rangé directement dans votre pharmacie. "Mais à défaut d’autre chose, on peut tout simplement utiliser le robinet d’eau froide et laisser couler de l’eau sur la zone touchée", précise encore le médecin de l’AS Monaco FC. sure ? Exactement, il est important de pouvoir comprimer la zone, puis une fois un bandage mis en place sur la peau, y appliquer de la glace. "Indispensable de toujours interposer un support entre la peau et la glace" Quelle est la fréquence d’application conseillée pour la glace ? Au minimum 15 minutes. Le froid agit par convexion pour traverser les tissus. Comme dans le même temps, le réchauffement par la circulation sanguine se poursuit, il faut laisser agir et pénétrer au moins un quart d’heure. Ensuite, l'idéal est de répéter 15 minutes de glace toutes les heures. Le danger de brûlure existe-t-il si on applique de la glace trop longtemps ? Pas forcément si on l’applique trop longtemps, mais surtout si on l’applique à même la peau ! Il faut être très vigilant sur ce point ! Il est indispensable de toujours interposer un support entre la peau et la glace. Dans le cas contraire, on risque une gelure, c'est-à-dire une brûlure par le froid, qui peut devenir plus problématique que la blessure elle-même ! La glace peut-elle être contre-indiquée dans certains cas précis ? On ne fait généralement pas d’erreur en appli- quant du froid. Sur une lésion fraîche, il sera forcément bénéfique. Très exceptionnellement, une personne peut faire une allergie au froid ou un syndrome de Raynaud. Le phénomène de vasoconstriction est alors pathologique et exagéré, mais c’est rarissime. "Pas de chaleur (crème, massage, sauna…) juste après une blessure musculaire !" Certaines choses sont-elles à proscrire absolument en cas de blessure avec saignement ? Le chaud, qui aura l’effet inverse ! Il va ouvrir les vaisseaux et favoriser le saignement, c’est ce qu’on appelle la vasodilatation. L’ h é m a t o m e l e p l u s impressionnant que j’ai vu durant ma carrière, c’était sur un footballeur qui avait senti une douleur muscul a i r e e t q u i a va i t a l o r s décidé d’aller se relaxer au sauna... Son claquage a continué de saigner abondamment, ce qui a considérablement retardé la guérison. Dans ce genre de cas, il faut donc éviter toute chaleur supplémentaire. Dans quels cas la chaleur sera en revanche bénéfique pour un muscle ? En avant-match, pour échauffer un muscle sain. Le masser, le chauffer avec une crème stimulante aura pour effet d’augmenter sa viscosité et sa souplesse, donc son rendement. L’échauffement à base de contractés-relâchés et les étirements actifs ont cet effet. Si on prend l’exemple d’un footballeur qui ressent une légère douleur sur un muscle avant un match, c’est le chaud ou le froid qui va le mieux préparer son muscle ? Soit c’est une lésion et il y a risque de claquage et de saignement, dans ce cas il ne doit pas jouer. Soit c’est une douleur résiduelle, une courbature, une contracture, il n’y a alors pas de saignement et chauffer le muscle sera bénéfique. Mais dans cette situation, on ne peut pas faire l’économie d’un diagnostic, il est même indispensable ! Certains médicaments sont-ils à éviter en cas de lésion musculaire ? Si on veut réduire un hématome, on va contre-indiquer les médicaments qui vont avoir pour effet de fluidifier le sang, de favoriser son écoulement, donc de faciliter le saignement. Il s’agit de l’aspirine et des antiinflammatoires. Nous les évitons pendant les premières 24 heures après le choc.■ Vasoconstriction www.vestiaires-magazine.com Vasodilatation 57 1000 emplois d’avenir pour Etes-vous concerné ? La Fédération Française de Football participe au financement de 1000 emplois d’avenir dans le cadre d’un partenariat avec l’Etat. Les clubs amateurs en sont les bénéficiaires. A quelles conditions ? Pour quels objectifs ? Guide pratique. ’emploi d’avenir", c’est le dispositif mis en place par l’Etat français depuis le 1er novembre 2012. Il a pour but de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes citoyens éloignés de l’emploi. Accessible sous conditions, le procédé permet à des employeurs de bénéficier pendant trois ans d’une prise en charge du salaire. Bonne nouvelle, les clubs amateurs de football font partie des structures dont le salaire d’un embauché "éligible" est pris en charge à 75%. Depuis le 1er septembre dernier, la Fédération Française de Football a décidé d’apporter également un coup de pouce avec l’opération "1000 emplois d’avenir pour le football". Suite à une convention cosignée en mars dernier avec le Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Education populaire et de la Vie Associative, le comité exécutif de la FFF a débloqué une enveloppe de 3,6 millions d’euros, qui correspond à une aide de 100 euros par mois pour un emploi d’avenir créé par un club, sur une période de 3 ans et dans la limite de 1000 emplois à répartir sur le territoire. Une aide qui s’ajoute donc aux 75% pris en charge par l’Etat et aux éventuelles subventions locales. JURIDIQUE "L Employés, les conditions pour être éligible - Etre sans emploi. - Avoir entre 16 et 25 ans (les travailleurs handicapés sont éligibles jusqu’à 30 ans). - Etre sans diplôme ou avec un diplôme inférieur au niveau Bac (soit un diplôme de niveau V ou VI). Précisions et exceptions : les titulaires d’un BEP ou CAP doivent totaliser une durée de 6 mois minimum de recherche d’emploi au cours des 12 derniers mois. Les personnes domiciliés en Zone Urbaine Sensible (ZUS), en Zone de Revitalisation Rurale (ZRR) ou en Outre-Mer, et qui 58 LES ÉTAPES CLÉS ET LES INTERLOCUTEURS PRIVILÉGIÉS 1. CONTRAT D’AVENIR La première étape consiste à signer un contrat d’avenir. Pour cela, les missions locales et le Pôle Emploi seront vos interlocuteurs et vous accompagneront afin de valider les conditions d’éligibilité, de définir la fiche du poste et d’élaborer le projet de formation qui accompagnera l’employé tout au long de son contrat. 2. FINANCEMENT FFF Une fois le contrat d’avenir validé, vous devez contacter la ligue régionale de football dont vous dépendez, qui vous fournira le document de demande d’aide FFF. Les 1000 aides de 100 euros par mois ayant été réparties par ligue (au prorata du nombre de clubs d’au moins 250 licenciés), chacune d’entre elles a fixé ses conditions d’attribution. 3. FORMATION Point majeur du dispositif : le choix du plan de formation et sa prise en charge financière. Outre les conseils régionaux, les principaux financements sont apportés par les Organismes Paritaires Collecteurs Agréés (OPCA) et proviennent des cotisations obligatoires qui leur sont versées par les employeurs. En tant qu’employeur, un club doit s’inscrire pour la somme de 35 euros à son OPCA (AGEFOS PME ou OPCALIA), qui sera son interlocuteur et facilitera l’accès aux aides. 4. SUIVI La mission locale et la ligue régionale dont vous dépendez assureront un suivi afin de vérifier notamment le respect des engagements en matière de formation. Vestiaires JURIDIQUE structurer le foot amateur totalisent une durée de 12 mois minimum de recherche d’emploi au cours des 18 derniers mois, peuvent accéder au contrat d’avenir jusqu’au niveau Bac+3. Clubs employeurs, les conditions à réunir - Le contrat d’avenir doit être signé sous forme de CDI ou de CDD d’au moins 12 mois et d’au plus 36 mois (temps plein). - La fiche poste peut contenir des missions sportives mais aussi dans l’accueil, la comptabilité, la sécurité, la maintenance, l’entretien des espaces verts, la médiation… - La rémunération ne peut pas être inférieure au SMIC horaire. - Pour accompagner la professionnalisation de l’employé, il est nécessaire d’élaborer un plan de formation et de lui désigner un tuteur au sein du club (autre e m p l o y é , b é n é v o l e, é d u c a t e u r, d i r i geant…). - Pour bénéficier ensuite de l’aide FFF, il faut être éligible au cahier des charges établi par la ligue régionale dont vous dépendez. Chaque ligue centralise les demandes et décide de l’attribution de son quota d’aides accordé par la FFF. ■ Valentin Deudon FORMATION SPORTIVE, L’EXEMPLE DE LA LIGUE DU NORD PAS-DE-CALAIS Pour les emplois d’avenir avec missions à caractère sportif, les trois années que dure le contrat peuvent permettre au salarié d’utiliser les obligations de formation pour acquérir des diplômes d’éducateur. Parmi les différents dispositifs mis en place par les ligues régionales, il est intéressant de s’arrêter sur l’initiative de la Ligue du Nord Pas-de-Calais. Celle-ci propose aux contrats d’avenir des clubs de la région de s’inscrire à un programme spécifique décliné sur trois ans : - 1ère année : formation au Brevet de Moniteur de Football, qui permettra d’acquérir des compétences d’éducateur généraliste dans le football des jeunes. - 2ème et 3ème années (si pré requis) : formation au BEF, qui permettra d’acquérir des compétences d’encadrement d’équipes de niveau régional (seniors et national jeunes). Renseignez-vous auprès de votre district ou de votre ligue ! EXEMPLE DE SIMULATION FINANCIERE DU DISPOSITIF Pour un salaire à temps plein basé sur le SMIC : soit 1430,22 euros brut pour le salarié, soit 1616,15 euros pour l’entreprise (avec charges). - 75% du SMIC brut pris en charge par l’état : soit 1072,67 euros/mois - Aide éventuelle du Conseil Général : soit 150 euros/mois - Aide spéciale FFF : soit 100 euros/mois Aide cumulée : 1072,67 + 150 + 100 = 1322, 67 euros Reste à prendre en charge par le club : 1616,15 - 1322,67 = 293,48 euros "Le but est de professionnaliser les clubs à moindre coût" Patrick Wincke, conseiller technique chargé des actions sociales à la Ligue de Football Amateur, est en charge du suivi des emplois d’avenir à la FFF. Quels sont les objectifs de l’opération "1000 emplois d’avenir dans le football" ? Nous avons dans un premier temps à respecter l’engagement chiffré, qui est de créer ces 1000 emplois d’avenir.C’est aussi un projet qui s’inscrit en cohérence avec la nouvelle politique d’aide à la structuration des clubs amateurs. Le but est de "professionnaliser" les clubs, mais cela entraîne pour eux des coûts importants.Ce dispositif va donc permettre aux clubs de recruter à moindre coût et de former le salarié durant ses trois années de contrat, pour lui permettre d’acquérir des qualifications qui aideront le club à se structurer. L’objectif de formation est un volet important du dispositif… Oui, les formations sont obligatoires durant toute la durée du contrat. Un www.vestiaires-magazine.com plan de formation doit être discuté et décidé en amont entre les différentes entités au moment de la signature du contrat d’avenir.Ces formations sont financées par les conseils régionaux et les organes collecteurs,avec un dispositif de prise en charge renforcé et adapté pour les emplois d’avenir. L’opération a été lancée officiellement le 1er septembre. Quel est le bilan chiffré après deux mois ? Début novembre, soit deux mois après le lancement, nous comptabilisons 472 aides distribuées et 203 en cours de finalisation.Six ligues ont par ailleurs déjà atteint leur quota.On ne s'attendait pas forcément à une telle dynamique,sachant que l'objectif initial est d'atteindre les 1000 pour décembre 2014.Mais on a vu une forte mobilisation des ligues,des districts, des conseils régionaux et des missions locales dans leur mission d'information. 59 ∫ UNE SEMAINE AVEC... AJA : une formation à l'unisson Virage. Nouvelles installations, nouveau directeur de centre, nouvelles méthodes d'entraînement, nouveaux outils d'évaluation et de suivi, nouvelle approche pédagogique, nouvelles ambitions... VESTIAIRES a passé quelques jours sur les bords de l'Yonne afin de suivre les U17 du club, mais aussi et surtout de vous rendre compte des nouvelles orientations prises par l'AJA en matière de formation. Une nouvelle ère, assurément. 1h23, gare d'Auxerre Saint-Gervais.A peine sortis du quai, nous nous engoufrons dans la voiture de Vincent Cabin, le responsable de la cellule recrutement jeunes, direction les bâtiments flambant neufs du nouveau centre de formation de l'AJA, situé à un jet de pierre de l'Abbé-Deschamps. Sur place, notre hôte ne résiste pas à la tentation d'une visite guidée, même nocturne. "Ce que je vais vous montrer, vous ne l'avez jamais vu ailleurs en France...". Et il a raison. L'outil dont s'est doté le club bourguignon pour couver la production de ses jeunes talents ferait pâlir d'envie plus d'une écurie de l'élite ! Impressionnant (voir par ailleurs). Pas moins de 11 ME auront été nécessaire pour bâtir ce qui symbolise aujourd'hui le renouveau de l'AJA en matière de formation, passage obligé pour espé- 2 LA FORMATION AUXERROISE EN CHIFFRES 4e centre de formation en 2013 (classement DTN). 8 fois classé premier centre de formation français (classement DTN). 120 joueurs pros formés depuis la création du centre, en 1982, soit 4 par an. 7 fois élu meilleur club de jeunes. 6 fois vainqueur de la Coupe Gambardella (record en France). 33 joueurs internationaux issus du centre depuis 1981. 2 champions d'Europe 1984 (Jean-Marc Ferreri et Joël Bats) 3 champions du monde 98 (Diomède, Guivarc'h, Charbonnier). 82% de réussite au Baccalauréat en 2013. 60 rer retrouver la Ligue 1. L'optimisation des infrastructures, donc, mais pas seulement. L'arrivée cet été d'un nouveau patron en la personne de Jean-Marc Nobilo, un temps pressenti à la DTN pour un poste d'entraîneur national, a conféré une nouvelle orientation à l'action de formation.Avec un leitmotiv : "instaurer un tronc commun de pensées et d'actions où chacun partage les mêmes objectifs, options et principes de jeu, des U14 à la CFA2". Evolution plus que révolution. "Auxerre n'est pas un club en reconstruction", martèle Jean-Marc Nobilo, l'ancien formateur et entraîneur du Havre notamment (1996-1999 puis 2005-2010). "Il entre simplement dans la mise en place d'un nouveau cycle sportif de performance". Pas de révolution, soit ! Mais une mutation en profondeur, à travers trois axes que l'on pourrait résumer ainsi : unité du staff, développement individuel du joueur, et évaluation/suivi personnalisé via l'utilisation du "scanner de performance individuelle", outil mis en place par Jean-Marc Nobilo depuis une quinzaine d'années (voir par ailleurs). >Jean-Marc Nobilo, le nouveau patron du centre, appose (déjà) son empreinte Au sein de l'organigramme - duquel ont disparu Raphaël Guerreiro, Christian Henna et Pascal Vahirua - quatre responsables (post formation, formation, préformation et cellule recrutement jeunes) sont réunis désormais dans ce que le technicien appelle la "commission de réflexion formation" ou "cellule de prise de décision technique". La collégialité et la volonté de voir émerger une équipe pédagogique à l'unisson et force de proposition, s'érige en principe fondateur du projet. Et ce n'est pas tout :"A partir du deuxième semestre, un éducateur/formateur sera invité chaque semaine à s'exprimer pendant 20-30 minutes devant ses collègues afin de partager un domaine dans lequel il se sent performant. C'est le partage de connaissances". Et la valorisation de compétences. Entre objectif technique et action managériale, Jean-Marc Nobilo manœuvre Vestiaires LE CENTRE DE FORMATION DE L'AJ AUXERRE intelligemment. Il appose (déjà) son empreinte. En début de saison, trois livrets pédagogiques (préformation, formation et principes de jeu off/def) ainsi qu'un document baptisé "tronc commun de pensée et d'actions" ont été remis au staff. De même qu'une programmation de l'entraînement "à l'intérieur de laquelle les coaches sont libres d'y adapter le contenu.Charge à moi ensuite de leur faire un retour". Car Jean-Marc Nobilo est présent,très présent.A chaque séance,il est au bord du terrain, observe, analyse, n'hésitant pas à intervenir (parfois durement) auprès d'un joueur, questionnant l'éducateur, lorsqu'il n'anime pas lui-même un atelier. Bref, loin de jouer aux donneurs d'ordres, il met les mains dans le moteur ! Et veille à ce que sa nouvelle organisation mise en place fonctionne. >Une programmation de l'entraînement plus individualisée Car là aussi, il y a du changement. Premièrement, exit l'entraînement du mercredi ! Sauf séance de rattrapage (retour de blessure), punitive (sanction) ou "à la carte" (sur demande du joueur ou besoins). Un principe inspiré de l'Ajax Amsterdam où le technicien a effectué un stage au début des années 90, dans le cadre du Certificat de Formateur. "Le directeur du centre, Co Adriaanse, m'avait expliqué à l'époque que le joueur, qui vit constamment sous pression de la compétition, de ses entraîneurs, de ses professeurs, de ses parents, avait besoin qu'on lui accorde une plage de décompression au milieu de la semaine pour limiter l'usure psychologique et maintenir un certain équilibre. De plus, cette coupure permettait aux éducateurs d'établir un bilan du travail sur les deux premiers jours de la semaine, et ainsi de se projeter plus efficacement sur les deux derniers. J'ai trouvé cette initiative pleine de bon sens et je l'ai donc adopté.Avec succès si j'en juge par les résultats obtenus avec les équipes de jeunes du Havre... ". Autre évolution pour ce qui concerne l'entraînement, une plus grande individualisation du travail avec principe de "décloisonnement" sur une partie de la programmation. En effet, sur un cycle de travail de 7 semaines, les 5e et 6e répondent à une logique différente avec, le mardi et le jeudi, 2 séances qui se présentent comme suit : 45 minutes de séance "traditionnelle", par groupe, suivies de 45 minutes de travail physique "points faibles" (le matin) et travail technique "points forts" (l'après-midi) avec mélange des U17, U19 et CFA2 par mini-groupe en fonction des carences individuelles de chacun (exemple pour le travail physique "points faibles": un atelier coordination, un atelier ª force, un atelier endurance-puissance...). C'est dans le cadre de cette 5e semaine que VESTIAIRES a réalisé son reportage à l'AJA, dont nous vous avons rapporté d'ailleurs quelques exercices (voir pages suivantes). La 6e semaine, elle, est consacrée aux "points forts physiques" et "points faibles techniques". >"Le match ne représente que 1/7e de la semaine de travail. Le plan de formation, lui, c'est 6/7e…" Par ailleurs et indépendamment de ces 5e et 6e semaines, un principe d'ascenseur a été mis en place : "en fonction des performances et de la progression de chacun, les joueurs peuvent monter ou redescendre d'une catégorie toutes les 3 semaines, pour plus de progression, de remise en cause et de concurrence". Avec un principe immuable en match : "le joueur qui redescend dans sa catégorie est titulaire". Le match justement... Il nous vient en tête cette anecdote racontée durant notre séjour par Jeremy Spender, entraîneur des U17 nationaux et responsable du groupe formation : "deux jours avant un match de championnat, j'étais sur le point de faire un jeu à l'entraînement avec une des deux équipes qui évoluerait selon l'organisation de jeu de mon adversaire du week-end, soit en 3-5-2.J'en discute avant la séance avec Jean-Marc, qui me rétorque : pourquoi travailler en fonction du match ? Celui-ci ne représente que 1/7e de ta semaine de travail.Ton plan de formation, lui, c'est 6/7e ! Ne t'éloigne pas de ton objectif initial qui est une mission de formation. Ce qui ne nous a pas empêchés de remporter le match 2-0…". Une anecdote qui en dit long sur la philosophie mise en place.Et Jean-Marc Nobilo d'énoncer clairement cependant des objectifs en terme de résultat : "en championnat, finir dans les 5 premiers cette saison en CFA2 et sur le podium en U19 et U17.On se laisse 3 ans pour gagner un titre national en jeune ou une Gambardella, remonter en CFA et, espéronsle, voir les pros accéder à la Ligue 1". Des objectifs tout à fait atteignables à en juger par la qualité des jeunes pousses ajaistes, qui tend aussi à prouver l'efficacité de la cellule de recrutement (voir par ailleurs).Notez que l'an dernier,pas moins de 18 joueurs ont été sélectionnés en équipe de France (4 U20 dont 2 champions du monde, 6 U19 dont 2 finalistes en championnat d'Europe et 8 U17). Et ce n'est pas fini. Selon les dires de JeanMarc Nobilo, l'AJ Auxerre peut d'ores et déjà s'appuyer à l'avenir sur "une promotion U15-U16-U17 extraordinaire...". ■ Julien Gourbeyre SEMAINE TYPE EN FORMATION LUNDI 1 séance MARDI MERCREDI JEUDI VENDREDI SAMEDI 2 séances repos (ou séance de rattrapage/à la carte) 2 séances 1 séance match EMPLOI DU TEMPS (MARDI ET JEUDI) 7h Lever 7h30 Petit déjeuner www.vestiaires-magazine.com 8h 10h 12h 13h30 Cours Entraînement Déjeuner Cours 16h 18h Etude Entraînement surveillée 19h 20h 22h Dîner Temps libre Coucher Suite page suivante 61 ∫ UNE SEMAINE AVEC... Factuel. Chaque joueur fait l'objet d'un suivi personnalisé via des critères objectifs recueillis à travers le "scanner de performance individuelle", outil de suivi et d'évaluation mis en place par Jean-Marc Nobilo depuis une quinzaine d'années et sans cesse amélioré par ses collaborateurs Michael Bunel et Sébastien Chinelli. Evaluation et suivi du joueur au "scanner de performance individuelle" D ès son arrivée, JeanMarc Nobilo a souhaité munir son staff d'un seul et même outil d'évaluation et de suivi de l'équipe et du joueur, qu'il nomme le "scanner collectif et individuel" (...) "Lorsque j'étais joueur en D3, j'ai été marqué par le fait de ne pas connaître réellement les attentes du coach. Or, il n'y a pas pire que de ne pas savoir ce que pense de vous votre hiérarchie. C'est valable en sport comme en entreprise". Fruit de son expérience, le "scanner" physique-mental), un certain nombre de critères a été listé (exemest représenté simplement, sous la forme d'un tableur Excel. A ple pour "technique" : prise de balle/enchaînement, remise/passe chaque début de semaine, les joueurs voient afficher sur les murs du courte/déviation/dernière passe, volée/demie volée, qualité de vestiaire une fiche d'analyse collective du match passé (avec obser- centre, dribbles/feintes, jeu de tête, jeu de corps). Chacun des crivations sur les plans physique, technique, tactique et mental/état tères fait l'objet d'une note sur 5, représentée sur le tableau par d'esprit), ainsi qu'une fiche d'analyse individuelle. Là, pour chaque une couleur : 1 = rouge (mauvais), 2 = orange (insuffisant), 3 = vert poste, quatre critères apparaissent (qui peuvent évoluer en fonction (moyen), 4 = bleu ciel (bien), 5 = bleu foncé (point for t). du système de jeu utilisé). Exemple pour le poste de défenseur Traditionnellement, dans chaque club où il passe, Jean-Marc Nobilo central : communication/placement, duels/cadrage impact, relance prend la couleur locale comme "point fort" (à Rennes, par exemple, courte/longue et participation offensive. En face du critère, une il aurait choisi le rouge à la place du bleu foncé...).Ainsi, en un coup évaluation à 5 "étages" : ++ (très bien), + (bien), +- (moyen), -- (mau- d'oeil, le joueur (et les parents si besoin) voit de suite la ou les couvais) et -- -- (très mauvais). Enfin, une note finale est attribuée au leurs qui dominent ! "La réunion de septembre a pour objectif de poser les bases, elle est une première photojoueur, ainsi qu'un commentaire. "La note est sur 10, mais en réalité on note sur 7", explique En un coup d'oeil, le joueur voit graphie du joueur", explique Jeremy Spender, la couleur dominante de son le responsable du groupe formation et entraîJeremy Spender, entraîneur des U17. "Comme évaluation et peut ainsi se faire neur des U17 nationaux. "Voilà ce qu'on pense le dit Jean-Marc Nobilo, on n'est pas à l'école une idée précise et objective des de toi après deux mois d'entraînement et de des fans ! Il ne s'agit pas de surévaluer les attentes de son coach compétition, et voilà quelles sont nos attentes. joueurs, ni de les sous-évaluer du reste, mais de leur faire prendre conscience du chemin à parcourir. Et puis le Cette première réunion entretien un côté affectif, le joueur est fait de savoir clairement ce qu'on attend d'eux les aide à mieux s'au- assis à côté de nous (comme sur la photo, Ndlr). A la fin de l'entretoévaluer". Et pourquoi afficher ces notes et observations aux yeux tien, on l'invite à s'exprimer, à nous dire s'il se reconnaît ou pas de tous ? "Cela doit permettre au joueur de s'étalonner et de com- dans les notes attribuées. La deuxième réunion, celle de décembre, prendre pourquoi lui, le latéral gauche, a eu 5, alors que le laté- est plus carrée si je puis dire. Le joueur est assis cette fois-ci en face de nous, le tableau étant projeté face à lui.A la fin, on lui dit : si la ral droit a obtenu 6 par exemple". Mais l'outil d'évaluation ne se cantonne pas au seul match du week- saison s'arrêtait maintenant, voilà la décision qui serait prise en end. Les joueurs font l'objet d'une réunion individuelle appellée ce qui te concerne. D'où l'objectif à trois qui en découle : mainte"entretien performance" trois fois par an (septembre, décembre nir ses efforts ou se ressaisir. Enfin, la troisième et dernière réuet avril). Les éducateurs-formateurs sont alors amenés à commen- nion, en avril, a pour objectif d'orienter le joueur vers l'après. On ter des données factuelles projetées sur un écran. Explication : voit ensemble ce qu'il y a de meilleur pour lui pour la saison pour chacun des facteurs de la performance (technique-tactique- suivante". ■ 62 Vestiaires LE CENTRE DE FORMATION DE L'AJ AUXERRE ª BADGE ÉLECTRONIQUE ET SYSTÈME DE BROUILLAGE DE PORTABLES… Livrés en avril dernier pour 11ME, les nouveaux bâtiments du centre de formation de l'AJ Auxerre confèrent au club bourguignon une nouvelle dimension. Et une plus grande attractivité auprès des joueurs et de leurs parents. Car, à l'intérieur, l'équipement est digne d'une grande écurie européenne. Dans le bâtiment principal de 4000 m2 où logent les joueurs en post formation (29 lits), on retrouve les salles de cours, toutes munies d'un rétroprojecteur, les bureaux des entraîneurs en vaste open-space, une salle vidéo, un amphithéâtre de 72 places, plusieurs salles de réunion entièrement équipées, mais aussi une balnéothérapie haut de gamme. "Nous en avions assez de voir nos joueurs partir à l'extérieur pour leur rééducation", explique Bernard Turpin, coordonateur technique/administratif, et l'un des maîtres d'oeuvre du projet, qui vit sa 38e saison à l'AJA ! "Nous voulions tout avoir sur place, de manière fonctionnelle. D'où notre volonté de placer, par exemple, les vestiaires des joueurs à côté de la salle de soins, ou encore de permettre aux éducateurs-formateurs de bénéficier d'un vrai vestiaire et de bureaux communs". A l'intérieur des bâtiments, tout fonctionne avec un badge personnel en forme de bracelet. Chaque pensionnaire en est équipé. Un ordinateur est capable de restituer les portes qui ont été ouvertes, par qui, et à quelle heure… Une manière sans doute de contrôler les joueurs après l'extinction des feux à 22h30 (dès 22h, un système de brouillage empêche quiconque d'utiliser son téléphone portable et coupe la connexion Internet). A noter qu'un autre bâtiment adjacent de 2000 m2 abrite les joueurs en préformation (16 lits). Quant à la formation, les joueurs sont logés dans l'ancien bâtiment de 1600 m2 (la "pyramide"), lequel a été entièrement rénové (27 lits). RECRUTEMENT : 90% DES JOUEURS ISSUS DE LA RÉGION PARISIENNE Il est devenu un personnage incontournable à l'AJ Auxerre, par son vécu et la fonction qu'il occupe. Vincent Cabin vit sa onzième saison sur les bords de l'Yonne. Recruté par Guy Roux au début des années 2000 alors qu'il est entraîneur de l'équipe réserve de l'AS Saint-Priest (69), cet ancien éducateur précoce à l'ASPTT de Lyon a passé plusieurs échelons avant d'être promu responsable de la cellule recrutement des jeunes, à l'AJA. Langil, Sanogo, Ntep, Monconduit, entre autres… c'est lui ! Considéré à ce jour comme l'un des meilleurs "chasseurs de talents" de l'Hexagone, au carnet d'adresses bien rempli, Vincent Cabin compte six recruteurs sous sa responsabilité (ils étaient 17 en Ligue 1). "Nous travaillons essentiellement en région parisienne d'où proviennent environ 90% de nos joueurs, mais également en Bourgogne, bien-sûr, et dans les ligues limitrophes". L'AJ Auxerre a renoué par ailleurs avec le système des clubs partenaires, au nombre de 12 (9 à en Ile-de-France, 1 en Bourgogne, 1 en Alsace, et 1 en Rhône-Alpes). En ce qui concerne maintenant les critères de recrutement, on notera que Vincent Cabin - qui affirme avoir beaucoup appris de ses mentors que sont José Broissart (ancien formateur à Lyon), Daniel Rolland, Francis De Taddeo et Bernard David accorde une grande importance aux qualités athlétiques, quand d'autres ne jurent que par la technique ou l'intelligence de jeu. "Pour qu'il m'intéresse, un joueur doit avoir au moins deux points forts parmi les qualités de vitesse, de détente verticale (force, Ndlr) et d'endurance. C'est ce que je regarde en premier. La technique, elle, peut se développer plus tard…". www.vestiaires-magazine.com 2013-2014 : 2e club français derrière Lyon en nombre de joueurs en équipe 1ère issus du centre 2013-2014 (L2) 11 soit 42% avec une moyenne d'âge de 23 ans. 2012-2013 (L2) 19 2011-2012 (L1) 14 2010-2011 (L1) 10 2009-2010 (L1) 6 2008-2009 (L1) 6 2007-2008 (L1) 8 Suite page suivante 63 ∫ UNE SEMAINE AVEC... 8 exercices vus pendant notre séjour Semaine particulière. On l'a déjà expliqué par ailleurs, VESTIAIRES est arrivé à Auxerre dans la 5e semaine d'un cycle de travail qui en compte 7. Cette cinquième semaine, comme la sixième du reste, est consacré au travail des points faibles et points forts des joueurs U17 à CFA2, lesquels sont mélangés pour l'occasion. TRAVAIL PHYSIQUE (PMA) SOUS FORME JOUEE EN 4 CONTRE 2 (10 MINUTES) Sur un espace de 15 x 30m avec une zone centrale de 4 mètres. On joue à 4 contre 2 sur un côté. Ici, les bleus sont en conservation et doivent trouver leurs partenaires rouges côté opposé. Jeu au sol uniquement. Les 2 "chasseurs" jaunes tentent de récupérer le ballon (ou de le faire sortir des limites du terrain) tandis que les 2 autres jaunes, positionnés en zone centrale, ont pour objectif de fermer les intervalles. Lorsque le ballon passe côté opposé, les 2 joueurs situés dans la zone centrale "basculent" et deviennent "chasseurs". Les 2 joueurs qui étaient "chasseurs" passent en zone centrale. Chaque ballon récupéré ou sorti par un "chasseur" donne 1 point à son équipe (= pousser les "chasseurs" à faire les efforts, bien que les correctifs de l'éducateur se baseront davantage sur les joueurs en conservation). Chaque ballon qui passe côté opposé enlève 1 point à l'équipe qui chasse. À la fin, c'est l'équipe de "chasseurs" qui a obtenu le plus de points qui l'emporte. 3 séquences de 2 minutes (chaque équipe passe "chasseurs" à tour de rôle) entrecoupées d'une minute de récupération. Variante : - Une équipe joue libre (les bleus par exemple), l'autre en 2 touches (les rouges) = obliger les "chasseurs" à défendre différemment de chaque côté (un joueur à qui il ne reste qu'une touche ne sera pas "attaqué" de la même manière que s'il est "libre"). 64 Vestiaires LE CENTRE DE FORMATION DE L'AJ AUXERRE ª JEU À 6 CONTRE 4 AVEC APPUIS Sur un espace de 15 x 30m : 4 contre 4 + 2 jokers + 2 appuis profonds. 5 portes disposées de façon aléatoire. Les jokers jouent avec l'équipe qui attaque (soit à 6 contre 4). But du jeu : passer d'un appui à l'autre en passant par au moins une porte (en conduite). Les joueurs qui défendent n'ont pas le droit de stationner devant une porte. 3 séquences de 2 minutes (chaque équipe passe défenseurs à tour de rôle) entrecoupées d'une minute de récupération. Ce jeu incite les défenseurs à aller de suite cadrer le porteur. Variantes : - Traverser les portes uniquement par une passe. - Supprimer les appuis (on joue à 8 contre 4). TRAVAIL TECHNIQUE "ENCHAINEMENT CONTROLE PASSE" SOUS FORME ANALYTIQUE Un atelier = 4 joueurs. Faire x ateliers. On joue avec 2 ballons simultanément. Passes au sol uniquement. A passe à B dans la porte. B effectue un contrôle orienté et donne à C dans la porte en 2 touches. C effectue un contrôle orienté et donne à D dans la porte en 2 touches, etc... Variantes : - Contrôle pied gauche/passe pied gauche. - Contrôle pied gauche/passe pied droit. - On change de sens. TRAVAIL TECHNIQUE "ENCHAINEMENT CONTROLE PASSE" SOUS FORME EVOLUTIVE Sur un espace de jeu qui s'étend des 16m50 (+ 4 mètres de chaque côté) à la ligne médiane, 6 joueurs de part et d'autre d'une rangée de mannequins : 2 bleus, 2 rouges et 2 jaunes. Les joueurs s'échangent le ballon, par couleur, en veillant à ne pas heurter les mannequins. Interdit de donner deux fois de suite dans le même intervalle (tous les joueurs doivent être en mouvement et se montrer dans les intervalles). Veiller à ce que les joueurs ne se positionnent pas trop près des portes (préférer une passe longue au sol, appuyée). Contraintes techniques : le joueur qui réceptionne le ballon doit impérativement trouver son partenaire en 1 touche. Variantes : - 2 touches maximum pour le 2e joueur, celui qui reçoit le ballon de son partenaire (1 touche) dans son propre camp (voir avant et orienter sa première touche). - Tous les joueurs en 1 touche. www.vestiaires-magazine.com Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D Suite page suivante 65 ∫ UNE SEMAINE AVEC... TRAVAIL DU BLOC DEFENSIF SUR LA LARGEUR A 6 CONTRE 4 Sur un espace de jeu de 20x30 mètres, 4 contre 4 + 2 jokers qui jouent avec l'équipe qui a le ballon et qui ont 2 touches de balle. L'équipe en possession doit marquer dans une des 3 portes face à elle (1 devant et 2 sur les côtés) en conduite de balle (= 2 points). Elle peut aussi marquer dans une des 4 mini-portes bleues par une passe (= 1 point). Pour l'équipe qui défend : - Sortir (défendre en avançant) pour aller cadrer le porteur et se déplacer sur la largeur pour défendre les portes excentrées. - Être rapide sur la transition def/off de façon à profiter de la "désorganisation" momentanée adverse.). TRAVAIL DU BLOC DÉFENSIF SUR LA LARGEUR À 6 CONTRE 4 AVEC MULTIBUTS Sur toute la largeur du terrain, de la surface de réparation à la ligne médiane. Une ligne de 4 défenseurs avec 5 petits buts à défendre face à 6 "attaquants". Le jeu est libre. À la récupération du ballon (transition défensive/offensive), les défenseurs marquent dans un des trois buts, obligeant ainsi les "attaquants" à défendre de suite à la perte. Remarque : pour éviter une certaine monotonie dans le jeu (les 6 "attaquants" font tourner par manque de solution), les obliger à marquer en un temps donné (= prise de risque donc plus de jeu dans la continuité). JEU DE CONSERVATION A 8 CONTRE 8 PAR COULEUR Sur un espace de jeu qui s'étend des 16m50 (+ 4 mètres de chaque côté) à la ligne médiane, 4 groupes de 4 joueurs (bleus, jaunes, rouges, verts). Jeu de conservation. Les bleus jouent avec les verts, les jaunes avec les rouges. 2 touches de balle maxi, 1 touche lorsqu'on joue avec un joueur de sa couleur. Variante : - Tout en 1 touche. 66 Vestiaires LE CENTRE DE FORMATION DE L'AJ AUXERRE ª APPUI ET COORDINATION Travail sous forme intermittente 5/25, soit 5 secondes d'effort "à fond" suivies de 25 secondes de récupération. À la fin de chaque effort, les joueurs changent d'atelier. 3 blocs de 7 minutes entrecoupés de 3'30" de récupération. Les joueurs effectuent 7 ateliers, soit 2 tours des ateliers par bloc. Atelier 1 : appuis rapides dans l'échelle 2 appuis à l'intérieur, 1 à l'extérieur, et on avance…). Atelier 2 : pas chassés entre cerceaux Le joueur se met de côté. Au coup de sifflet, il part en pas chassés en passant entre les cerceaux (course arrondie) et fait de même au retour. Atelier 3 : sauts dans cerceaux Bleu pieds joints, rouge pied gauche, vert pied droit. Atelier 4 : course rapide avant/arrière À chaque latte posée au sol, le joueur doit effectuer 2 pas devant et 2 pas derrière. Atelier 5 : course avec pas de côté Durant sa course, le joueur doit mettre un pied à l'extérieur de chaque latte posée au sol. Atelier 6 : slalom en pas chassés Les joueurs effectuent un slalom entre des lattes posées au sol en pas chassés avant puis arrière sur le retour. Atelier 7 : course en sablier Les joueurs doivent toucher le plot de la main en respectant une course en "sablier" ou "huit". Atelier 8 : pas chassés sur obstacle Les joueurs effectuent une course en "essuie-glace" en pas chassés en passant par-dessus les plots posés au sol. www.vestiaires-magazine.com Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D 67 ∫ PROGRAMME ª Un mois pour améliorer les ■ Par Olivier GOUTARD titulaire du DEF. Agrandir l’espace de jeu, étirer les défenses, contourner l’adversaire… La multiplication des images faisant référence au jeu sur les côtés prouvent que l’utilisation de toute la largeur du terrain demeure un des principes de jeu fondamentaux des phases offensives. Mais au-delà du discours d’intention, comment amener ses joueurs à animer efficacement les couloirs, et surtout, comment déséquilibrer l’adversaire ? VESTIAIRES s’est penché sur la question… e constat est récurent : 30 à 35 % des buts sont consécutifs à un centre dans le jeu. La statistique augmente encore lorsque l’on tient compte des coups de pied arrêtés. La donnée n’est pas nouvelle et fait partie intégrante du code ADN du football. Hier comme aujourd’hui, le football est donc ce sport qui se joue à 11 contre 11 et dont les actions les plus prolifiques s’initient et se développent sur les côtés pour mieux terminer dans l’axe… Rien de bien nouveau en somme. Si ce n’est que la généralisation des défenses de zone visant à densifier l’axe a redonné une vigueur nouvelle aux adeptes des animations offensives sur les côtés.A titre d’exemple, tous clubs de Ligue 1 confondus, les dernières statistiques pour la saison en cours font état d’une moyenne de 43 centres par match ! En ce sens, le football emprunte à l’art de la guerre : ce qu’on ne peut renverser de front, on peut toujours le contourner… L >"Ce qu’on ne peut renverser de front, on peut toujours le contourner !" Le Bayern Munich version 2012-2013 n’a cessé de le démontrer. Le champion de Bundesliga (voir VESTIAIRES n°51) a bâti son succès national et européen sur la possession de balle et les animations offensives des doublettes Abala/Riber y à g a u ch e , L a h m / M u l l e r o u R o bb e n à droite. Pour ce qui est du champion de France, la mainmise de Zlatan I b ra h i m ov i c s u r l e cl a s s e m e n t d e s buteurs la saison écoulée doit beaucoup aux dédoublements des joueurs de côté du PSG. Cependant, en dépit de cette évidence largement répandue, bon nombre d’équipes s’enferrent encore dans l’entonnoir. Estce que le simple discours de l’entraîneur demandant à ses joueurs de passer par les ailes est en soi suffisant ? Sans doute que non. L’entraînement demeure alors sans conteste ce moyen privilégié d’amener son équipe vers plus de fluidité, d’automatismes et d’efficacité. VESTIAIRES vous convie donc à un mois de programmation visant à améliorer les animations offensives dans les couloirs. Quatre semaines à raison de deux entraînements hebdomadaires pour parvenir à déstabiliser plus facilement l’adversaire par les ailes... Un programme qui n’assurera pas à votre formation de jouer comme le Bayern Munich ou le Barça, mais qui contribuera peutêtre à aider quelques éducateurs dans la mise en place de leur projet de jeu. ■ S'opposer à la progression adverse - Protéger notre but Notions clés, modalités et principes d'action Objectifs Thèmes technicotactiques Semaine 1 68 Séance 1 : Occuper l'espace dans la largeur Semaine 2 Semaine 3 Semaine 4 Séance 1 : Fixer dans une zone pour jouer dans une autre Séance 1 : Changer le rythme de jeu Séance 1 : Dribbles et enchainements Séance 2 : Jeu combiné sur les côtés Séance 2 : Centres et reprises Déviations et remises Déséquilibre ind. et/ou collectif Appuis-soutiensappels (combinaisons) Qualités des courses, pertinence des appels, justesse des passes Techniques de dribbles (gestuel du dribble et feintes..) Chgt de rythme, 1x1, 1x2, 2x2 etc… Psycho : prise d'initatives Appels devant la cage et centres appropriés Efficacité (bien jouer, c'est marquer !) Séance 2 : Jeu sur les côtés Séance 2 : Créer la supériorité numérique Garder le temps d'avance Elargir l'espace de jeu "Manger les lignes" Dédoubler le porteur Appels croisés d'une zone à l'autre Libérer le couloir pour le partenaire Fixer l'adversaire + chgt de jeu (identification des starters) Appels dans les espaces libres Fixer - donner Recherche du déséquilibre 2x1 ; 3x2 ; 4x3 off Vestiaires animations offensives de côté Méthodologie et logique de programmation L’amélioration des animations offensives sur les côtés recouvre en fait bon nombre de thèmes d’entraînement. Il est bien sûr impossible de dissocier les aspects techniques et tactiques. Cependant, les séances peuvent être orientées sous un angle plutôt qu’un autre. L’entraîneur veillera à proposer des situations et des jeux structurés en fonction du système de jeu qu’il entend faire pratiquer à son équipe. La mise en place de lignes de 3, de 4, facilitera d’autant les relations entre les partenaires géographiquement proches sur le terrain (exemple : la relation entre l’arrière latéral et le milieu de terrain excentré dans un 4-4-2 ou l’arrière latéral avec l’ailier dans un 4-4-3, etc…). Sur un plan tactique, La recherche du déséquilibre adverse tient lieu de fil directeur. Déséquilibre individuel ou collectif, l’objectif demeure d’amener les adversaires à défendre en courant vers leurs propres buts. A ce titre, les joueurs doivent conserver à l’esprit que si le jeu exige bien souvent une préparation sur les côtés, la finalité reste tout de même de finir par un but dans l’axe. Utiliser la largeur ne vaut que si l’équipe parvient à terme à exploiter la profondeur Etirer la défense adverse pour créer les conditions de la progression puis de la finition devant le but implique donc que l’équipe joue sur toute la largeur avec des joueurs flirtant avec les lignes de touche. Toutefois, utiliser la largeur ne vaut que si l’équipe est en capacité à un moment donné d’exploiter la profondeur. Sous peine de voir sa formation multiplier des passes latérales mais stériles. A ce titre, il sera donc question de "recherche du joueur lancé", de passes qui traversent les lignes ou de ballons donnés dans le dos de la défense, d’appels dans la profondeur, etc… Les thèmes "fixer dans une zone pour jouer dans une autre", ou bien encore "jeu combiné à deux, à trois sur les côtés", viennent spontanément à l’esprit. Il ne s’agit plus ici d’occuper un espace mais bien de parvenir dans cet espace en mouvement face à des adversaires à l’arrêt, en sous nombre ou en crise de temps. A ce titre, "supériorité numérique et temps d’avance" ainsi que "changer le rythme du jeu" complèteront bien logiquement le programme. Il sera ici très largement question d’espace à créer et à prendre, de joueurs lancés, de recherche du surnombre, d’appels croisés, de dédoublements, de libérations de couloirs, etc.. Quel type de centre pour quelle situation de jeu ? Sur un angle plus technique maintenant, "les dribbles et enchainements" sont bien sûr incontournables. L’exemple donné par Ribéry et Robben au très haut niveau illustre la nécessité d’alterner jeu en combinaisons collectives et prise du 1 contre 1 offensif. Les ailes demeurant en effet le royaume de prédilection des adeptes du crochet court, du double contact et autres passements de jambe… Comme il se doit, on fera une large place au thème "centres et reprises". Centres aériens ou au sol, sur le partenaire ou dans une zone, premier ou deuxième poteau, en retrait ou fort devant la cage… La difficulté réside dans le fait d'identifier quel centre est le plus susceptible de finir en but dans une situation de jeu donnée. Encore faut-il que l’entraîneur ait mûri au préalable sa réflexion sur le sujet… Vous retrouverez donc tous ces thèmes dans la planification ci-contre. Elle ne prétend pas donner aux lecteurs toutes les clés des animations sur les côtés. Dans le domaine, l’expérience, la curiosité et la réflexion personnelle sont des atouts autrement plus convaincants qu’un simple tableau ! Toutefois, elle pourra sans doute aider quelques éducateurs et entraîneurs à structurer leur approche sur le sujet. SEMAINE 1 – SÉANCE 1 EXERCICE 1 : OCCUPER L’ESPACE DANS LA LARGEUR ET LA PROFONDEUR (SITUATION) Sur un terrain d’environ 40x30m (adapter en fonction du nombre de joueurs) + 2 couloirs latéraux, une zone de soutien et une zone d’appui. Les bleus attaquent, les rouges défendent (7 contre 5). Jeu libre. L’objectif pour les bleus est d’amener le ballon en zone d’appui en utilisant la zone de soutien et les couloirs inattaquables. Une fois arrivés en zone d'appui, les bleus doivent retrouver un joueur à l’intérieur du jeu pour marquer le point. Interdiction de demeurer plus de 5 secondes dans les zones délimitées (demander en mouvement). A la récupération, les rouges cherchent à stopper le ballon en zone de soutien. Variantes : - Changer le rapport de force (exemple : 7 contre 6) - Autoriser un défenseur rouge à défendre dans la zone de soutien et les couloirs. www.vestiaires-magazine.com Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D Suite page suivante 69 ∫ PROGRAMME ª SEMAINE 1 – SÉANCE 1 EXERCICE 2 : OCCUPER L’ESPACE DANS LA LARGEUR ET LA PROFONDEUR (JEU) 6 contre 6 + 2 gardiens sur un terrain d’environ 40x30 mètres avec trois portes à chaque extrémité. L’objectif est de parvenir à trouver son gardien de but derrière une des 3 portes (= 1 point). Variantes : - Le point n’est valable que si la passe au gardien est effectuée en une seule touche de balle. - Les deux gardiens sont neutres. Point pour l’équipe qui parvient à trouver les deux gardiens dans le cours de la même action. SEMAINE 1 – SÉANCE 2 JEU COMBINÉ SUR LES CÔTÉS L’objectif des exercices suivants est de trouver les cheminements de passes les plus susceptibles de déséquilibrer l’adversaire sur les côtés. La logique est toujours la même : d’abord une évolution à vide favorisant la répétition, puis à un rythme plus élevé, puis avec adversaire(s). L’éducateur proposera donc quelques circuits préférentiels et laissera les joueurs choisir parmi les combinaisons (ou en improviser d’autres) lorsque les défenseurs seront en place. Insister alors sur la coordination entre passeurs et receveurs et sur la pertinence des choix de passes et de déplacements. Combinaison 1 : A (l’arrière latéral) transmet à B (milieu excentré) qui remet en une touche de balle à C (milieu axial), lequel trouve l’attaquant D qui a décroché et qui transmet à A qui a poursuivi sa course. Finir l’action devant le but avec les attaquants D et D' puis enchainer de l’autre côté. Combinaison 2 : C donne à A qui transmet à B, lequel effectue un contrôle orienté et conduit vers l’intérieur du jeu avant de donner dans le bon tempo et dans la course à C qui l'a dédoublé. Finir l’action avec les 2 attaquants D et D' puis enchainer de l’autre côté. Combinaison 3 : A passe à B, lequel conduit vers l’intérieur. Dans le temps de conduite de B, C propose une course croisée (libération de l’espace et prise d’un autre). B lui donne le ballon. B transmet à A qui a poursuivi sa course, ou centre pour les attaquants D et D'. Combinaison 4 : A transmet à C, lequel remet en une touche de balle à B qui a fait un appel vers l’intérieur. A dédouble B. B lui transmet (dosage de la passe, trouver le bon moment pour déclencher la passe). A trouve alors C qui va servir B qui a proposé un nouvel appel dédoublé. B centre. Finir l’action avec D et D'. 70 Vestiaires SEMAINE 2 – SÉANCE 1 FIXER DANS UNE ZONE POUR JOUER DANS UNE AUTRE (SITUATION) 6 attaquants (en fonction du système de jeu de l’équipe) contre 4 défenseurs + 2 jokers servant de soutien aux attaquants (1 ou 2 touches de balle maxi) et d'appuis pour les défenseurs. Les défenseurs ont obligation de se retrouver toujours à 2 minimum dans la zone où se situe le ballon. Les arrières latéraux doivent resserrer l’axe lorsque le ballon est "côté opposé". Les attaquants doivent marquer dans une des trois cages. Veiller aux rotations des joueurs sur les postes offensifs et défensifs. Changer les jokers. Variantes : - Le but n’est valable qu’en 1 touche de balle. - Le point est accordé lorsque l’attaquant passe balle au pied dans une des portes (bien insister sur la fixation de la défense pour se donner le temps nécessaire au franchissement de la porte en conduite suite à un changement de jeu). SEMAINE 2 – SÉANCE 2 SEMAINE 2 – SÉANCE 2 EXERCICE 1 : CRÉER LA SUPÉRIORITÉ NUMÉRIQUE SUR LES CÔTÉS (JEU) EXERCICE 2 : GARDER LE TEMPS D'AVANCE (SITUATION) 8 contre 8 + 1 joker qui joue avec l'équipe qui a le ballon (2 contre 2 au départ dans les couloirs, et 3 contre 3 + joker offensif dans l’axe). Les joueurs dans les couloirs ne peuvent pas rentrer dans le jeu. L’objectif est de combiner afin de créer une supériorité numérique en 3 contre 2 sur les côtés avant de trouver un partenaire dans l’axe. Le surnombre peut être apporté, soit par le joker soit par un partenaire. Les couloirs matérialisés en biseaux permettent de varier les possibilités de centre (aériens, au sol, en retrait…). Insister sur les combinaisons, les appels dans le tempo, les dédoublements, les courses en oblique, etc… Dans la situation de jeu décrite par le schéma, les bleus attaquent le grand but, les rouges défendent. On joue à 5 contre 4. Si les défenseurs récupèrent le ballon, ils doivent parvenir à effectuer une passe au travers d’une des trois portes dans un laps de temps imparti (exemple : 5 secondes). L’action s’engage dès la première passe (avec 2 défenseurs de part et d'autre de l'attaquant à la source du ballon). Attention au hors-jeu. Les défenseurs rouges (en crise de temps) reviennent pour défendre. Les attaquants doivent conserver le temps d’avance en trouvant les solutions les plus efficaces (donc les plus rapides pour empêcher le retour des défenseurs) pour marquer le but. Variante : - Lorsque le surnombre a été créé d’un côté, un partenaire de l’autre couloir peut entrer en jeu pour réceptionner le centre (surnombre côté puis surnombre axe). www.vestiaires-magazine.com Variantes : - Jouer sur le positionnement de départ des défenseurs (+ ou – proches de leur cage) sur la position de départ du ballon, sur le nombre de défenseurs en zone de déséquilibre (ex 2x1, 2x2 etc..). - Donner un temps maximum pour terminer l’action… Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D Suite page suivante 71 ∫ PROGRAMME ª SEMAINE 3 – SÉANCE 1 CHANGER LE RYTHME DE JEU (SITUATION) Matérialiser 3 zones dans les couloirs : 1 zone de préparation (ZA), 1 zone inattaquable de décrochage (ZB) et 1 zone de changement de rythme (ZC). Zone de finition dans l’axe avec 1 attaquant et 1 défenseur. L’objectif pour les attaquants (rouges) est de marquer en profitant d’un changement de rythme. Si les défenseurs (bleus) récupèrent, ils marquent un point en trouvant un des deux joueurs cible (jokers). - 1er temps : les attaquants conservent le ballon à 4 contre 2 (possibilité de se servir du joker en soutien. Le joker a 2 touches de balle). - 2ème temps : lorsque la situation s’y prête, l’attaquant situé au départ en Zone C décroche en Zone B pour solliciter une passe. Il peut alors soit remiser (appui-soutien-appel), soit dévier directement pour un partenaire s’engageant en Zone C. - 3ème temps : l’action continue dans un laps de temps imparti en 3 contre 2. Attaquants : le joueur s’étant projeté en Zone C + le joueur ayant décroché + l’attaquant axial. Défenseurs : le défenseur axial + le défenseur latéral. Finir l’action puis alterner avec la même situation de l'autre côté. Variante : Jouer sur un retour d’un défenseur (exemple : un des deux défenseurs initialement en Zone A) ou sur la participation des joueurs "côté opposé" pour faire évoluer le rapport de force. SEMAINE 3 – SÉANCE 2 JEU COMBINÉ SUR LES CÔTÉS-UTILISATION DE LA LARGEUR Evolution "à vide" à X joueurs positionnés en fonction du système de jeu de l’équipe (4-3-3 sur l’exemple). L’objectif est de marquer des buts après avoir combiné sur les côtés. Répéter les actions, veiller à la coordination appels-passes ; appuis-soutiens-appels, finir les actions puis recommencer en veillant au rythme. Variantes : - Imposer des lignes directrices (exemple : le ballon doit être passé par les 3 zones). - 3 touches de balles maximum et jeu en 1 touche obligatoire pour les joueurs sollicitant le ballon en appui. - Obligation de retrouver un dédoublement dans le cours de l’action, idem pour une course croisée, une permutation…. - Jeu en 1 touche de balle dans les derniers 20 mètres. 72 Vestiaires SEMAINE 4 – SÉANCE 1 DRIBBLES ET ENCHAINEMENTS (JEU) Match à 8 contre 8 sur une moitié de terrain. Deux couloirs aménagés en 3 contre 2 offensif avec joker + 2 zones de finition en 2 contre 1 offensif. Les buts ne sont valables que sur centres. Les attaquants doivent donc combiner entre eux ou éliminer individuellement leurs adversaires pour trouver les meilleures conditions de centres. Encourager la prise d’initiative, les dribbles, les 1 contre 1 lorsque la situation s’y prête. Variantes : - Rester en 2 contre 2 sur les côtés (gestion de l’aspect athlétique). - Possibilité d’aménager les zones latérales en biseaux. - Déterminer une hauteur à partir de laquelle le joueur ayant remporté son 1 contre 1 offensif peut rentrer en zone axiale pour poursuivre l’action. Auquel cas, le défenseur latéral côté opposé rentre également pour jouer un 3 contre 2. SEMAINE 4 – SÉANCE 2 CENTRES ET REPRISES Circuit(s) de passes finissant devant la cage après un centre. Les ballons sont joués alternativement par les rouges, puis les bleus. Comptabiliser les buts (concours entre les deux équipes). Privilégier les circuits courts et les conditions favorisant la répétition des centres. Veiller à ce que le centre soit délivré en fonction des appels des attaquants ou en fonction de la lecture de la situation. Variantes : - Le circuit peut être libre ou imposé (le tout étant que l’on retrouve un centre). - Possibilité de placer un défenseur (par exemple contre 2 attaquants). www.vestiaires-magazine.com Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D 73 ∫ FOOT ANIMATION ª Au secours, je ne parviens Ils n'en font qu'à leur tête. La difficulté de certains éducateurs à garder la maîtrise de leur séance, à "tenir" les joueurs, est une réalité du football d'en bas. Reste à déterminer l'origine de cette indiscipline chronique. Une démarche qui incite d'abord à sa propre remise en cause. Explications. 'est une vérité qui ne c e s s e d e n o u s fa i r e écho depuis la base. Les éducateurs qui officient en école de foot n'ont jamais éprouvé autant de difficultés à donner du sens à leur mission d'encadrement. En cause, l'évolution des mentalités chez des jeunes enfants pour qui le football est devenu un loisir consommable parmi (tant) d'autres. Moins de passion, d'investissement, d'application, de discipline… Les joueur s n'acceptent plus aujourd'hui qu'un minimum de contraintes. On ne va plus au foot pour s'entraîner, mais pour jouer, s'amuser, se défouler ! Dans ce contexte, les "coaches" peinent à s'y retrouver. Car leurs attentes diffèrent de celles de leurs protégés. "Être éducateur, c'est bien travailler pour faire progresser", entendon le plus souvent.Travail et progrès : deux termes déjà rabâchés aux écoliers à longueur de journée ! "Non, le foot, c'est la récré" semblent exprimer tous ces jeunes U9, U11, U13 qui, par cette attitude, compliquent la tâche de l'éducateur. Cet éducateur qui, une heure et demie durant, essaye tant bien que mal de faire respecter l'ordre nécessaire à un contenu maîtrisé. En hurlant le plus souvent… Cet éducateur qui a peut-être échafaudé sa meilleure séance et qui se voit confronté, au bout de dix minutes, à la sempiternelle question : "c'est quand qu'on fait un match ?". Une question qui a le don d'agacer car elle signifie ni plus ni moins que ce qui est proposé n'est pas intéressant. Frustrant, dévalorisant, décourageant… C >"C'est quand qu'on fait un match ?" À la longue, trois cas de figure se détachent. Un : l'éducateur jette l'éponge. "Ils ne veulent pas s'entraîner, ils ne sont pas sérieux, ils ne sont pas gérables… J'arrête". Deux : l'éducateur s'entête à imposer le contenu de sa séance. "Ce n'est pas à eux de me dicter ce que je dois faire, il faut que je me fasse respecter". Malheureusment on entretient ici la frustration et l'écart entre les attentes de l'entraîneur et celles de l'entraîné se creuse. C'est pire.Trois : l'éducateur dit amen en quelque sorte à la volonté de ses joueurs en improvisant un match à chaque séance ou presque. "Jouez !" . Ce faisant, il occulte toute notion de progression. Sans compter que l'idée d'un éducateur voué à n'être qu'un distributeur de chasubles ne réjouira pas le lecteur... Alors, 74 naturellement, il existe une quatrième solution permettant de conserver l'aspect ludique et récréatif de la séance tout en préservant la notion de progression… et la motivation de l'éducateur. "On t o u c h e i c i à l a n o u ve l l e approche de la DTN sur ce que doit être le football des jeunes en terme de contenu", explique Michel Drouilhat, C o n s e i l l e r Te c h n i q u e Départemental du district de Seine et Marne Nord (77). "Pendant longtemps, en formation de cadres, on a insisté sur des exercices un peu rébarbatifs et des canevas de séance bien ficelés. L'idée aujourd'hui, c'est de recentrer l'activité sur le jeu, tout en instaurant des règles d'action permettant d'induire la réflexion et la progression du joueur". Mais qu'entend-on par "jeu" au juste ? "Des situations jouées, en opposition, quel que soit le rapport numérique, et dont l'aménagement et l'approche pédagogique encouragent le joueur à s'intéresser au contenu, à se l'approprier, pour en devenir acteur. Le jeu ne doit plus arriver seulement comme la récompense de fin de séance. Il doit être un fil conducteur". >"Celui qui s'évertue à vouloir faire taire des enfants pendant sa séance est dans l'erreur" (Jacques Bouvret, CTD) Est-ce à dire qu'il ne faut proposer que du jeu ? Jacques Bouvret, CTD de l'Eure (27) nuance : "on peut très bien alterner entre jeu et exercice technique, par exemple, mais toujours garder à l'esprit que l'objectif est de proposer l'activité qui correspond le mieux au public concerné. Or, l'enfant, le jeune, veut jouer. Après, c'est à l'éducateur de lui faire comprendre que dans un 5 contre 5, par exemple, il touchera plus souvent le ballon que sur un 8 contre 8 sur un demiterrain. Et toucher plus de ballons, cela veut dire dribbler plus souvent, frapper davantage au but… C'est un message à faire passer pour obtenir l'adhésion". Obtenir l'adhésion, voilà la clé. Pour dix éducateurs qui "serrent la vis" dans le but de mater les récalcitrants, combien pensent d'abord à optimiser le contenu de leur entraînement pour focaliser davantage l'attention des joueurs vers le jeu et éviter ainsi qu'ils ne se dispersent ? Plus facile à dire qu'à faire me direz-vous. Soit ! Jacques Bouvret : "de toute façon, à cet âge, l'atten- Vestiaires pas à tenir mes joueurs ! tion, la concentration font défaut, et c'est normal. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on préconise des séances intéressantes et variées, avec des ateliers qui ne dépassent pas 10 à 12 minutes.Audelà, le joueur décroche et n'écoute plus. Une chose est sûre : celui qui s'évertue à vouloir faire taire des enfants pendant la séance est dans l'erreur ! Chercher à les transformer est peine perdue. La seule chose qui compte est de les placer dans un contexte favorable à leur épanouissement et curiosité". L'indiscipline ne serait-elle pas en définitive, pour une part en tout cas, que l'expression du désintérêt du joueur vis-à-vis de ce qu'on lui propose ? Se poser la question, c'est un peu y répondre. ■ Julien Gourbeyre. Pierre SAGE. Titulaire du DEF, Pierre Sage est par ailleurs président de AltisGroup, société de conseil, formation et accompagnement de clubs de football. "Assouvir le plaisir de l'enfant sans occulter les objectifs pédagogiques" Etes-vous d'accord pour dire que les jeunes licenciés en école de foot souhaitent de plus en plus pratiquer, à l'entraînement, un jeu sans contrainte ? Oui, ce qu'ils veulent, c'est jouer, s'amuser, point. Cela amène forcément l'éducateur à se questionner sur la méthode à employer. Justement, laquelle est-elle selon vous ? Sans dire de créer un leurre, je crois que l'éducateur à tout intérêt à proposer des jeux axés sur le plaisir, l'aspect ludique, mais dans lesquels il placera quelques règles visant à maintenir la notion de progression. En d'autres termes, mettre en place des séances à base de jeu de façon à assouvir le plaisir de l'enfant, tout en n'occultant pas les objectifs pédagogiques. lonner aux autres dans le temps, et donc de continuer à jouer. Une chose est sûre, l'éducateur a ici un grand rôle à jouer. C'est lui qui doit favoriser la progression du joueur. Et pour ce faire, il doit stimuler, être un activateur, mettre de la compétition dans les jeux, avoir une attitude questionnante… Après, pour savoir si on a réussi ou échoué, j'ai coutume de dire que le meilleur indicateur,c'est le renouvellement des licences la saison suivante. N'y a-t-il pas un fossé tout de même entre les contenus de formation de cadre, où l'on vous enseigne à structurer une séance de manière cohérente, et la réalité du terrain qui vous pousse avant toute chose à vous adapter ? Je ne crois pas. La base de l'apprentissage, c'est d'être capable de le Des objectifs vers lesquels on peut tendre au choix à déplacer, de le transposer. En formation, on configure des problèmes travers l'utilisation des variables pédagogiques ? et on vous enseigne une méthode.Mais c'est à l'éducateur ensuite,dans son club, d'élaborer le contenu de sa séance ! A lui d'adapter ses conteExactement. L'espace de jeu, le rapport numérique, la cible, etc… nus au public qu'il a en face de lui. À un moment donné, il faut savoir Mais beaucoup d'enfants, en U11 et U13 surtout, deman- dépasser le cadre de l'organisation et de l'animation d'une séance pour aller vers la conception et l'enseignement. dent à leur coach de "faire un match", sous"Les joueurs doivent entendu "comme le week-end", sur le demi- intégrer le fait que l'enterrain et avec les vraies cages. Pour cerPour finir, on ne peut nier le fait qu'indétraînement renferme tains, le jeu c'est cela, et rien d'autre… D'abord, pendamment de ce qu'il propose à l'entraîaussi une part de frustranement, l'éducateur peut aussi se voir on peut tout à fait proposer une opposition dans les tion. C'est la conjugaison confronté à un problème de discipline. conditions du match du week-end, tout en imposant avant la dictée…" Quels conseils lui apporteriez-vous ? De poser une ou deux règles permettant de maintenir son objectif de séance. Ceci étant, je dirais que les joueurs doivent intégrer le fait un cadre de fonctionnement, fixer les règles de groupe, situer les que l'entraînement renferme aussi une part de frustration. C'est à limites. Cela peut paraître banal, mais l'expérience montre que peu l'éducateur de leur inculquer ce message. Par moment, la séance est au d'éducateurs le font "vraiment". C'est-à-dire accepter de perdre peutmatch ce que la conjugaison est à la dictée. être une à deux séances avec ça, mais gagner ensuite en efficacité. On peut même aller plus loin en posant ce cadre avec les joueurs. Ils souMais s'est-on déjà posé la question de savoir si les enfants mettent, vous validez. Enfin, j'ajouterais que la discipline fait partie du qui veulent simplement jouer ont "aussi" envie de pro- projet club. Si les enfants n'ont pas été habitués à un cadre de fonctiongresser ? Même si cette volonté n'est pas consciente au départ, nement en U7 et U9, il y a fort à parier que l'éducateur U11 aura du mal c'est bien la progression qui va permettre à l'enfant de pouvoir s'éta- à faire évoluer de mauvaises habitudes… ■ www.vestiaires-magazine.com Suite page suivante 75 ∫ FOOT ANIMATION ª La méthode Coerver conserve ses (nombreux) adeptes 1 ballon pour 1 joueur. Décriée par un certain nombre de techniciens français, pour lesquels l'entraînement ne doit plus se concevoir qu'à travers la globalité du jeu, la méthode Coerver continue pourtant d'alimenter les séances de nombreux grands clubs européens, tels l'Ajax Amsterdam ou le Standard de Liège. Deux écuries visitées récemment par VESTIAIRES et dans lesquelles nous avons été effectivement surpris par l'habileté technique et motrice des enfants en école de foot. Explications. u cours de notre dernier reportage au sein de l'Académie Robert-Louis Dreyfus du Standard de Liège, nous avons pu assister à un plateau U7, U9 et U11 regroupant une dizaine de petits clubs amateurs du coin.Très vite, nous avons été bluffé par l'habileté technique et motrice de ces footballeurs en culotte courte ! Conduite de balle maîtrisée, contrôle orienté, redoublement de passes… Rien de comparable avec ce que l'on voit en France, hormis peut-être dans quelques écoles de foot de clubs professionnels. Et encore… Alors pourquoi (et comment) une telle différence ? Un premier élément de réponse nous a été vitesse, recevoir et passer, se déplacer, finir...). Il suffit de voir sur donné par l'échauffement des joueurs avant le coup d'envoi. la toile quelques vidéos d'entraînement pour se rendre compte Alors qu'en France, l'éducateur sort généralement de son sac 2 de tous les bienfaits de cette méthode sur l'habileté technique et motrice des joueurs, et de l'importance, pour ou 3 ballons à s'échanger librement ou de façon Développement de la l'éducateur, de démontrer... Nous en avons d'aildirigée, là, chaque enfant a sa boule de cuir. S'en suit une répétition de gammes techniques étonne- technique individuelle, de leurs publié une, extraite d'une séance U9 à l'Ajax ment bien exécutées. Le "mystère" est résolu. la vitesse d'exécution, et Amsterdam, sur notre site Internet (www.vestiaires-magazine.com). Reste que la méthode Depuis toujours influencés par le voisin néerlande la créativité Coerver – à ne pas confondre avec la méthode dais en matière de football, les clubs belges utilisent eux aussi la méthode Coerver, du nom de l'ancien techni- purement analytique et limitante - a aussi ses détracteurs. cien hollandais,Wiel Coerver, vainqueur de la Coupe UEFA en Français et Espagnols, par exemple, lui préfèrent une approche 1974 avec Feyenoord. Une approche de l'entraînement basée de l'entraînement, en école de foot, basée essentiellement sur sur la technique individuelle, la vitesse d'exécution, la créativité, le jeu. Cette dernière a elle aussi fait ses preuves. Il n'y a donc pas et qui a fini par s'exporter aux quatre coins du monde. Cette phi- de bonne ou de mauvaise recette. Comme toujours, la vérité losophie qui repose sur la recherche constante de développe- se situe très certainement dans un savant mélange des deux ment technique du joueur, et sur un jeu en mouvement basé approches, permettant ainsi une plus grande variété et richesse sur l'offensive, à la fois attractif, créatif voire instinctif, s'organise des contenus d'entraînement. N'est-ce pas là finalement le à l'entraînement autour de la "pyramide de développement" meilleur moyen de fidéliser et de faire progresser ? du joueur, constituée de plusieurs axes (maîtrise du ballon, ■ JG A EXEMPLE PRATIQUE Voici un exemple d'exercice en rapport avec l'axe de développement "se déplacer". Cet axe de travail vise à se déplacer, donc, et à créer des espaces face à des défenses regroupées. Des exercices de 1 contre 1 ou 2 contre 2 qui prônent également le dribble, le mouvement, l'initiative, le choix, et qui vont nécessiter des changements de rythme, de direction, des feintes, afin de prendre le dessus sur son adversaire. Ici, au signal de l'éducateur (visuel ou auditif), un joueur de chaque équipe court le plus rapidement possible, passe dans la porte, et joue un ballon adressé par l'éducateur. Le but : faire tomber un des deux ballons posés sur les quilles. Les joueurs devront donc insister sur les feintes et changements de direction pour se donner l'espace et donc le temps nécessaire à l'ajustement de leur frappe. 76 Vestiaires EN BREF… Plus 110% de CFF1 (ex-Initiateur 1 en 2012-2013) ! La nouvelle architecture des diplômes mise en place par la Direction Technique Nationale va incontestablement dans le sens d'une augmentation de la compétence des éducateurs à la base. Jugez plutôt : outre les 294 modules U9 et 220 modules U11 enregistrés sur la saison 2012-2013 (8853 participants au total), la DTN a enregistré pas moins de 13 343 certifications (CFF1) contre 6389 en 2011-2012 ! Des canons à ballons aux stages Passion Foot ! Une nouveauté en 2014 pour les pensionnaires des stages Passion Foot : Bruno Mignot, président de l'association, a breveté des "canons à ballons" destinés au football d'animation, et permettant aux jeunes pratiquants de travailler l'amorti pied/poitrine ou encore le jeu de volée. Renseignements : www.passionfoot.org U13 : les bleus champions du monde ! L'information est "presque" passée inaperçue, et pourtant ! Quinze ans après les Bleus d'Aimé Jacquet, la France est montée sur le toit du monde, le 6 septembre dernier, en battant le Brésil en finale de la Danone Nations Cup, aux tirs au but. C'est le RC Lens qui représentait les Bleus dans cette compétition internationale réservée aux U13. Les Sangs et Or ont dominé les jeunes Brésiliens du Sport Clube Andrelandia après avoir éliminé l'Argentine, le Mexique et le Japon aux tours précédents. La finale s'est disputée à We m b l e y s o u s l e s y e u x d u p a r r a i n d e l'épreuve, Zinédine Zidane. A noter enfin que les Lensois comptaient dans leurs rangs un certain Jonathan Varane, petit frère du défenseur du Real Madrid et de l'équipe de France. Pas d'étirements avant les U11 A chaque match ou entraînement, on voit encore des éducateurs faire pratiquer des étirements à leurs joueurs en école de foot. Cette pratique - si elle peut présenter un intérêt éducatif - ne remplit en revanche aucun objectif de prévention des blessures ou de souplesse. En effet, jusqu'en U11 les enfants ne sont pas concernés par les lésions musculaires de type élongation ou claquage. Et pour ce qui concerne la souplesse, Charles Thiebauld et Pierre Sprumont, auteurs de l'ouvrage "L'enfant et le sport", confirment qu'un "entraînement de souplesse n'est pas nécessaire avant 9-10 ans, Excepté pour certains sports comme la gymnastique ou la danse". En Espagne, les éducateurs coachent sur le terrain ! Voilà qui ferait bondir plus d'un Conseiller Technique Départemental français. Dans la plupart des clubs amateurs espagnols, il est admis que les éducateurs en foot réduit coachent leurs joueurs à l'intérieur de l'espace de jeu ! Pendant que les joueurs défendent ou attaquent, leurs éducateurs se déplacent donc à leur côté (sans courir) pour les conseiller, les encourager, les rassurer, et arbitrer. Etonnant. Exercice ludique U7-U9 : Chameau – Chamois Voici un exercice ludique permettant de développer l'attention, la concentration, la vitesse de réaction et la vitesse-vivacité d'un jeune public U7-U9. Séquence 1 (6 minutes) : une colonne de joueurs (2 équipes) avec, de part et d'autre, une ligne de plots rouges ("chameau") et une ligne de plots jaunes ("chamois"). L'éducateur raconte une histoire. Lorsqu'apparaît le mot chameau ou chamois, les joueurs doivent réagir le plus vite possible en sprintant vers la ligne correspondant. Le dernier arrivé donne un point à l'équipe adverse. L'équipe qui cumule le plus de points remporte le jeu. Séquence 2 (6 minutes) : les joueurs sont maintenant regroupés dans un carré de 20x20 mètres (à adapter selon le nombre de joueurs). Les bleus sont les "chameaux", les blancs les "chamois". Ils sont positionnés en file indienne (l'une à côté de l'autre). L'éducateur raconte une histoire. Lorsqu'apparaît le mot chameau, les blancs (chamois) doivent attraper les bleus (chameaux) et inversement. L'équipe qui a réussi a attraper les joueurs adverses en un minimum de temps remporte le jeu. Exercice ludique U7-U9 : Chameau – Chamois www.vestiaires-magazine.com Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D 77 ∫ Etranger ª STANDARD DE LIEGE Valeurs, progrès et innovation Laboratoire. Sortie de terre il y a six ans, l'Académie Robert-Louis Dreyfus a doté le Standard de Liège d'un outil haut de gamme lui permettant de mener une politique de formation citée en référence aujourd'hui dans tout le pays. Plus qu'une politique, une "philosophie" basée en priorité sur le bien-être et l'épanouissement personnels des jeunes. D'où ce travail de recherche de tout ce qui peut améliorer le quotidien et la progression des footballeurs en herbe. Un travail de réflexion, de création, d'innovation, réalisé dans le sillage du Directeur de la structure, l'ancien formateur nancéen Christophe Dessy. VESTIAIRES a passé deux jours au sein de ce véritable laboratoire duquel on n'a peut-être pas fini d'entendre parler… la question : "Quel est le premier critère pour entraîner en formation au Standard de Liège ?", le directeur de l'Académie, Christophe Dessy passé par l'AS Nancy-Lor raine (1999-2004) - nous répond : "Etre sportif. Plusieurs fois par mois, nous faisons une sortie, que ce soit en VTT ou en course à pied. Je ne veux pas d'éducateur qui se laisse aller. C'est un état d'esprit". État d'esprit. Le mot est lâché. Il ne nous quittera plus pendant tout notre séjour en Wallonie. Rarement un centre de formation nous aura donné l'impression d'un lien aussi étroit et inaliénable entre valeurs humaines et performance sportive. Et ce à tous les étages. Du suivi scolaire (32 heures de cours par semaine… avec heures de soutien le mercredi après-midi et présence à l'Académie de plusieurs joueurs universitaires) au code vestimentaire (chaussures de football noires obligatoires pour éviter les vols et ne pas créer de disparité) en passant par le recrutement des jeunes ("on ne discute pas avec les agents. De toute façon, nous ne mettrons jamais d'argent sur un jeune") ou encore la relation avec les parents (étroite, riche et constructive), tout semble mis en œuvre pour tendre vers l'épanouissement et la réussite "globale" du joueur, avant d'envisager plus spécifiquement sa réussite "sportive". Une politique qui a déjà porté ses fruits si l'on en juge par le nombre de professionnels sortis de l'Académie Robert-Louis Dreyfus en moins de six années d'existence (voir par ailleurs). En un temps record, le Standard de Liège a donc su se doter du meilleur outil de formation et du plus bel espace de jeu (17 hectares) dédiés aux jeunes du Royaume. Des installations et un matériel de pointe qui font des "Rouches" une référence en matière de formation en dépit d'un budget (36 ME) deux fois inférieur à celui du grand rival,Anderlecht. Mais le Standard, qui renferme également la meilleure section féminine du pays, a d'autres atouts. À 78 >École de foot : Subbuteo, jeu de cartes et volley-ball ! L'état d'esprit, on l'a dit, des valeurs - "la popularité de Marseille et la combativité des gens du Nord" dit-on ici - mais aussi un véritable savoir-faire. Chez les petits d'abord, où la méthode Coerver (voir page 74) est préconisée pour développer les habiletés techniques. Bluffant. L'influence néerlandaise, toute proche, ne se dément pas. Mais le plus étonnant demeure sans doute le travail de recherche et de réflexion visant à optimiser l'entraînement et l'approche pédago- Sur les ateliers de psychomotricité, les jeunes en école de foot alternent gique avec la présence notam- entre exercice de coordination et ment d'un psychomotricien réflexion personnelle à base de détaché de l'université de Liège. cartes à jouer. Vestiaires HISTOIRE DE VOITURE ET D'AVION EN ÉCOLE DE FOOT… En foot réduit à 5, le Standard fait travailler les joueurs sur deux organisations de jeu : en carré (2 défenseurs, 2 attaquants) pour travailler la zone, et en losange (1 défenseur, 2 milieux excentrés, 1 attaquant) pour favoriser les circuits de passes à 2, à 3. Selon que l'on attaque ou que l'on défend, le carré est matérialisé dans l'esprit des enfants par la "petite ou grosse voiture" tandis que le système en losange évoque un "petit ou gros avion". Tableau noir ludique avec un match à l'aide d'un terrain de Subbuteo. Les joueurs doivent placer un bonhomme en fonction d'une situation de jeu imaginée par l'éducateur. Parmi les actions mises en place par ce dernier, on notera par exemple les mini séances de "tableaux noirs" réalisées à l'aide d'un terrain Subbuteo, pendant lesquelles les joueurs sont invités à venir placer tel ou tel bonhomme en fonction d'une situation de jeu ! Il y a aussi les circuits de coordination avec, parmi les ateliers, un exercice de réflexion personnelle à base de cartes à jouer ?! "Nous veillons à travailler à la fois sur le corps et l'esprit", souligne Christophe Dessy. "L'enfant doit toujours être actif et en éveil".Autre spécificité, la mise en place d'un jeu de volley-ball avec une grosse balle, très légère, qui reste plus longtemps en l'air, permettant ainsi aux enfants de travailler leur psychomotricité. Génial. "En école de foot, nous allons nous diriger de plus en plus vers ces jeux ludiques qui aident les enfants à développer leur motricité par le biais de différentes activités. Nous avons d'ailleurs instauré une journée par mois 100% ludique, des U8 aux U14". >Une machine à rebond inédite pour les gardiens de but ! En préformation, l'approche est la même. Technique, jeux et coordination sont omnipréJorge Veloso, l'entraîneur des garsents.Toute programmation tacdiens U11-U14, a élaboré lui-même une "machine à rebond" dont il s'ap- tique est exclue ! La volonté d'inventer de nouveaux procédés prête à déposer le brevet. per mettant d'optimiser les contenus d'entraînement est bien présente, elle.Ainsi, depuis cette saison, c'est Fabian Nicolai, l'éducateur U14, qui à innové avec le port de chasubles autour du cou "afin d'inciter le joueur à davantage lever la tête pour prendre l'information, plus difficile à capter". De vieilles chasubles découpées en bande pour l'occasion. Et les gardiens ne sont pas en reste. Jorge Veloso, l'entraîneur spécifique U11-U14 a imaginé et mis au point lui-même une machine à rebond à 5 faces permettant une multitude d'exercices à plusieurs gardiens (voir vidéo sur www.vestiaires-magazine.com). Le technicien s'apprête à breveter son invention ! On voit bien ici toute la marge de manœuvre dont bénéficient les éducateurs du Standard, encouragés à faire preuve de créativité dans leurs séances, qu'ils conçoivent eux-mêmes tout en www.vestiaires-magazine.com respectant une planification annuelle qui, elle seule, leur est imposée. "Cela ne m'empêche pas de contrôler les contenus", explique Christophe Dessy. "Chaque jour, je participe à une séance, mais les éducateurs ne savent pas laquelle…". >Un 4-4-2 immuable, "véritable institution" Un management participatif dont l'unique objectif est de sor tir de futur s pros "conformes" aux attentes et à la philosophie du Standard. Mais aussi à son style de jeu. À ce sujet, notons que la catégorie U19 L'éducateur des U14, est la première à basculer du 4-3-3 au 4-4-2, Fabian Nicolai, a découpé "le système de jeu historique et immuable un jeu de chasubles de du Standard. Une institution ici", rap- façon à ce que les joueurs pelle Christophe Dessy. "On veut des les portent comme une joueurs rapides et portés vers l'offensive, écharpe. L'objectif : optimiser la prise d'informaque ce soit devant ou sur les côtés. Nos tion en obligeant le joueur deux attaquants actuels en équipe profes- à lever la tête. sionnelle ont 19 ans ! Un bon moyen de montrer à tous nos jeunes qu'on leur fait confiance". D'ailleurs, à chaque match disputé à Sclessin, le Directeur de l'Académie souligne en fluo sur la feuille de match les titulaires passés par le centre de formation, avant de l'afficher dans les vestiaires de l'Académie. "Ainsi, enfants et parents peuvent constater que nous ne mentons pas lorsque nous avançons que le club fait confiance à ses jeunes". Et ce n'est sans doute pas près de se terminer. ■ Julien Gourbeyre SEULEMENT 2 SÉANCES COLLECTIVES HEBDOMADAIRES À PARTIR DES U15 Au Standard de Liège, la catégorie U15 marque un tournant décisif dans le cursus de formation du joueur. D'abord, c'est là que démarre véritablement le développement athlétique avec le passage de différents tests physiques (VMA, vitesse, Cybex…). La musculation, elle, ne démarre qu'en U19. La catégorie U15 marque par ailleurs le début de l'individualisation de l'entraînement. "Dans la semaine, les joueurs n'ont que deux séances collectives. Tout l'entraînement est individualisé par mini-groupe le reste du temps. On cherche le progrès avant d'obtenir des résultats. Le classement des équipes de jeunes est chez nous secondaire". Suite page suivante 79 ∫ Etranger ª Joueurs passés pro ces 6 dernières années Une grande famille. Voici les principaux joueurs sortis de l'Académie Robert-Louis Dreyfus depuis sa création, il y a 6 ans. Nombre de ces joueurs, originaires de la région de Liège, ont passé plus d'une décennie au club, depuis les équipes de jeunes. Christian Benteke (Aston Villa, Ang) Grégory Servais (RFC Huy, Bel) Ritchie Kitoko (Udinese, Ita) Samuel Piette (Real Union club, Esp) Réginal Goreux (Samara, Rus) Nacer Chadli (Tottenham, Ang) Thomas Meunier (FC Bruges, Bel) Luis Cavanda (Lazio Rome, Ita) David Rico Garcia (La Calamine, Bel) Fesquet Penga Ilenga (RFC Liège, Bel) Kadir Bekmezci (Sivasspor, Tur) Marouane Fellaini (Manchester United, Ang) Jérôme Nollevaux (FC Brussels, Bel)) Valentin Goffin (CS Visé, Bel) Miguel Dachelet (Heist, Bel) Axel Witsel (Zénith, Rus) Sébastien Pocognoli (Hanovre, All). Mehdi Carcela (Standard Liège) Michy Batshuayi (Standard Liège) Imoh Ezekiel (Standard Liège) Anthony Moris (Standard Liège) Paul-José M'Poku (Standard Liège) Julien De Sart (Standard Liège) François Marquet (Standard Liège) Fellaini, l'ambassadeur I l est à ce jour le plus beau joyau façonné par le Standard de Liège. Arrivé en bord de Meuse à 16 ans, l'actuel milieu de terrain de Manchester United a disputé 84 matches avec les "Rouches" (2006-2008) avant de rejoindre Everton puis MU l'été dernier. Une formidable vitrine pour l'Académie Robert-Louis Dreyfus, comme l'expliquait récemment Christophe Dessy dans le magazine officiel du club : "(…) Marouane Fellaini a attiré les projecteurs sur notre centre de formation. Depuis un peu plus d'un an, il y a une prise de conscience de l'opinion publique que quelque chose de bien se passe au Standard. Parce que Nacer Chadli (Tottenham, Ndlr), Christian Benteke (Aston Villa, Ndlr) et Kevin Mirallas (Everton, Ndlr) sont passés par ici, on reçoit beaucoup de 80 demandes émanant d'Angleterre de personnes désireuses de comprendre notre philosophie de formation (…)". Le Red Devil est devenu un ambassadeur de choix pour les formateurs du Standard. Non seulement sur le plan sportif, mais aussi d'un point de vue éducatif. Car le joueur a laissé l'image d'un garçon très poli, discipliné et équilibré. À tel point que le 11 août dernier, lors d'une rencontre entre le staff et les familles des jeunes de l'Académie, le directeur du centre a diffusé un documentaire de 28 minutes sur le Diable Rouge. Un film qui montre que l'ascension de ce géant d'1m94 tient aussi et surtout à "sa mentalité de gagneur et le rôle essentiel joué par sa famille qui lui a inculqué des valeurs qui dépassent très clairement les limites d'un terrain de football". Vestiaires Programme pédagogique hebdomadaire des U17 JOURS MATIN APRES-MIDI LUNDI Techniques statiques ou dynamiques (jeux) Techniques défensives et offensives MARDI Développement VMA / Vitesse Techniques spécifiques + jeux à thèmes + Phases arrêtés MERCREDI Ecole JEUDI Ecole Développement tactique (exercices + situations) Toutes formes de jeux à thèmes + phases arrêtées Vitesse + développeVENDREDI ment tactique Ecole (mise en situation) SAMEDI Repos DIMANCHE Repos www.vestiaires-magazine.com Match de championnat Repose Christophe Dessy Un recrutement très local P as moins de 30 recruteurs officient pour le Standard de Liège (dont 11 pour l'école de foot, dans un rayon de 40 km, et 19 sur l'ensemble du territoire). Plusieurs clubs partenaires, régionaux, nationaux voire internationaux sont rattachés au club. Lorsqu'un joueur extérieur est repéré en formation, il passe d'abord plusieurs mois en immersion au sein du club. "Par expérience, il faut faire attention aux joueurs qui donnent tout et se montrent sous leur meilleur jour pendant un essai, avant de vous décevoir par la suite… Sur la durée, en revanche, on ne peut pas tricher", explique le Directeur de l'Académie. Notons qu'une majorité de joueurs sont issus de la région de Liège. 81 ∫ EXPATRIÉ ª Guillaume Beuzelin ouvre l’Ecosse aux jeunes français Passerelle. L’ancien attaquant du HAC notamment entraîne depuis un an les joueurs de l’Edusport Academy au cœur de l’Ecosse, près de Glasgow. Récit d’un passionné qui affiche ses ambitions. "L e football écossais, c’est d’abord un état d’esprit, une ambiance… Ca m’a plu". Ce n’est donc pas seulement pour les beaux yeux de Madame, Ecossaise, que Guillaume Beuzelin, dit "Boozy", a choisi d’entraîner au Royaume-Uni.Après une car r ière de joueur qui l’aura mené du Havre aux Hiber nian d’Edimbourg en passant par l’Angleterre (Coventry) ou encore Chypre (Nicosie), le natif de Haute-Normandie, usé par des blessures à répétition, raccroche les crampons en 2012, à 33 ans. C’est là que Christopher Ewing, directeur de l’Edusport Academy, le sollicite pour lui proposer un projet. Guillaume Beuzelin raconte : "L’idée de Chris m’a séduit tout de suite : il voulait créer un lien, une passerelle entre la France et l’Ecosse pour attirer des joueurs français dans cette structure afin de leur donner l’opportunité d’intégrer un club professionnel écossais. Ayant joué dans les deux pays, je connaissais beaucoup de monde…".Ainsi, Ewing trouve en "Boozy" la personne idoine, capable par son passé de joueur de faciliter ce lien entre les deux pays. "L’académie, pour sa troisième année d’existence, accueille actuellement 35 joueurs français, âgés de 17 à 22 ans, généralement recrutés au niveau DH-CFA2, parfois en provenance de centres de formation", explique l’ancien attaquant. "Mon rôle est d’accueillir les joueurs sur un programme de 9 mois durant lesquels je les entraîne chaque matin. L’après-midi, ils suivent des cours d’anglais. Et le week-end, ils affrontent des équipes semi-pro et professionnelles lors de matches amicaux avec l’ambition de se montrer et de décrocher un contrat". >"Une différence de tempo et d'intensité souvent surprenante pour les jeunes joueurs, lorsqu'ils arrivent" Et ça marche ! Pour preuve, l’année dernière, Nicolas Carrou, gardien de but passé par le centre de formation de Lens, a signé un contrat pro à Morton (D2 écossaise). Cette année, il a été titulaire et élu très récemment "homme du match" au terme d’une victoire prestigieuse au Celtic Park de Glasgow ! "Nous avons également un ancien pensionnaire du centre de formation de l’OM, qui effectue actuellement un essai au Glasgow Rangers. Un joueur dans lequel nous mettons beaucoup d’espoir". Mais tous ne réussiront pas, naturellement. Si rien ne se profile à l’horizon au terme des 9 mois, le joueur retourne en France avec, dans ses bagages tout de même, une expérience culturellement et sportivement riche, dans un contexte très différent de ce que l’on connait en France. Un football dont le fameux "kick and rush" a laissé place à une toute autre approche, comme nous l'explique Guillaume Beuzelin. "Ayant pratiqué le football dans les deux pays, j’ai constaté une différence de tempo souvent surprenante pour les jeunes joueurs français, lors des premiers matches. Pourtant, après une période d’un ou deux mois, ils s’adaptent et souvent s’y plaisent. D'ailleurs, pour les préparer au mieux, nous invitons des joueurs écossais de bon niveau à venir s’entraîner avec nous". Les entraînements sont donc basés sur l'intensité. Quant à Guillaume Beuzelin, s'il se dit heureux de son sort, il garde néanmoins dans un coin de sa tête le projet d’entraîner un jour une équipe professionnelle. Il s’en donne les moyens en finissant de passer tous les diplômes nécessaires. Et peutêtre alors, utilisera-t-il une nouvelle fois la passerelle. Mais dans l’autre sens. ■ François Villebrun www.edusportacademy.com 82 Vestiaires Publireportage Ambassadeur. Kipsta s'est associé à Mickaël Landreau par le biais d'un partenariat inédit basé sur une démarche de co-conception. L'idée : combiner le savoir-faire des Chefs de Produit de la marque des sports collectifs du réseau Oxylane, avec l'expérience de sportif de haut niveau de l'actuel portier bastiais, dans le but de faire naître des produits innovants et durables. Explications avec le principal intéressé. Mickaël LANDREAU : "Pourquoi j'ai choisi de m'investir aux côtés de la marque Kipsta" Pourquoi avoir accepté de vous investir dans ce partenariat d'un genre nouveau avec la marque Kipsta ? C'est la première fois effectivement qu'une marque me proposait une telle collaboration visant à m'impliquer de manière concrète dans la conception de produits pour gardiens de but. Une approche très différente de celles que j'ai pu connaître par le passé avec d'autres équipementiers. C'est ce qui m'a séduit. contact par téléphone ou lors de mes visites au siège de la marque. Les échanges étaient à chaque fois très constructifs. Chacun était à l’écoute de mes observations et en même temps force de proposition pour me soumettre les meilleurs composants avec un rapport qualité/prix intéressant. C’est aussi en cela que cette collaboration m’a plu : le fait de tendre vers l’excellence, mais au meilleur tarif. Le travail que j’ai pu faire sur les gants et les chaussures a permis en effet de servir de base pour concevoir d’autres niveaux de gamme afin que chacun puisse s’équiper avec les mêmes produits que ceux des pros. Comment s'est traduite cette implication ? Dès le premier jour de ma collaboration avec Kipsta, j’ai été immergé au sein de l’équipe de conception football constituée des Ingénieurs Produit, Chefs de Produit, designers et modélistes. Tous pratiquent le football et savent de quoi ils "Les gants commercialisés De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui, parlent. Sur le gant par exemple, j’ai travaillé avec une personne qui a lui-même aujourd'hui en magasin sont via ce partenariat avec Kipsta ? D'avoir exactement les mêmes que réussi à développer une gamme complète été gardien de but. Il comprenait donc de gants répondant à 100% des besoins parfaitement les retours que je pouvais lui ceux que je porte" des gardiens de but de haut niveau (voir faire suite aux tests des gants. par ailleurs). D'autant que ceux qui sont aujourd’hui commerVous vous êtes senti impliqué à 100% dans la création et la cialisés en magasin sont exactement les mêmes que ceux que fabrication de ces nouveaux produits ? Complètement. Pour je porte, ce qui permet à tous de pouvoir s’équiper avec un arriver à un produit optimal, nous avons souvent été en produit haut-de-gamme et à un prix raisonnable. 3 modèles distincts De la collaboration entre Kipsta et Mickaël Landreau est née une gamme complète de gants de gardien de but, la gamme F700, constituée de trois modèles : Le F700 Coutures Plates Le F700 Rollfinger Le F700 Finger Protect ∫ RÉCIT TACTIQUE ª " Nous avons fait le match que ■ Par Alain CASANOVA Entraîneur du Toulouse Football Club (Ligue 1). Toulouse/Lyon (3-0) - 25 novembre 2012 (14e journée de L1). Une fois n’est pas coutume, VESTIAIRES s’est plongé dans une rencontre de championnat de notre élite professionnelle. Approche tactique, principes de jeu, mise en œuvre…, Alain Casanova, le coach toulousain, nous fait le récit tactique du match TFC-OL, datant d'il y a un an. eplaçons dans un premier temps ce match dans le contexte du championnat de France de Ligue 1 en novembre de l’année dernière. Nous devions rencontrer une équipe de Lyon qui nous était supérieure sur le papier. À ce stade de la compétition (14e journée, Ndlr) et malgré notre bon début de saison, nous nous étions un peu essoufflés (9e au classement, Ndlr) et restions sur quatre défaites consécutives dont une en Coupe de la Ligue. Notre situation était plutôt précaire... Pour Lyon, en revanche, ce match au Stadium pouvait permettre de conforter leur place de leader (après 7 victoires, 4 nuls et 1 défaite, Ndlr). Pour des raisons différentes, cette affiche revêtait donc un certain enjeu des deux côtés. Précisons que l'OL nous réussissait plutôt bien jusqu’à maintenant, surtout à domicile. Tactiquement, j’étais persuadé que si nous restions bien en place, organisés avec des principes de jeu simples, nous allions être capable de leur poser des problèmes… R >Je pense que l'idée du staff lyonnais était de bloquer la première relance d'Etienne Capoue, à l’intérieur du jeu, dans la remontée du ballon. Rémi Garde alignait une équipe classique selon un schéma en 4-23-1, avec une surprise tout de même : Steed Malbranque se retrouvait à gauche de la ligne de 3 alors que lors des matchs précédents, il jouait devant la défense ou en relayeur. Par ailleurs, avec Yoann Gourcuff dans l’axe, derrière l'attaquant, je pense que l'idée 84 du staff lyonnais était de bloquer la première relance d'Etienne Capoue, à l’intérieur du jeu, dans la remontée du ballon. Quant à nous, l'équipe était organisée en 4-1-4-1 avec Capoue devant nos quatre défenseurs, le duo Didot-Sissoko en milieux relayeurs, deux joueurs de couloir (Tabanou et Regattin), et un attaquant axial en la personne de Ben Yedder. Le rapport de force pouvait sembler déséquilibré, mais nous demeurions convaincus que l'OL restait vulnérable en défense, notamment à cause d'une charnière centrale Umtiti-Bisevac qui manquait de coordination et d’automatismes. >Pratiquer un jeu direct en réduisant volontairement la préparation de notre jeu offensif, contrairement à ce que nous avions l’habitude de faire… Tactiquement, l’idée de base était de mettre beaucoup d'intensité, de rythme et d'engagement physique dès l’entame du match. Pour ce faire, j’ai demandé à mes joueurs de pratiquer un jeu direct en réduisant volontairement la préparation de notre jeu offensif, contrairement à ce qu’on avait l’habitude de faire, et de jouer à fond tous les deuxièmes ballons ! En proposant peu d’échanges et en mettant rapidement le ballon dans le dos de leur défense, on pouvait les presser très vite, ce qui ne manquerait pas de leur causer quelques difficultés… Il fallait contraindre cette défense lyonnaise à jouer face à son but pour que les joueurs n’aient pas le temps de préparer leurs premières relances. J’espérais les renVestiaires nous avions prévu de faire" dre un peu fébrile et obtenir quelques coups de pied arrêtés intéressants pour emballer le match. Sur le plan défensif, mes joueurs devaient imposer un bloc médian haut. À chaque récupération de balle sur leur jeu long, c'est-à-dire tous les deuxièmes ballons que l’on pouvait récupérer, il fallait jouer rapidement dans leur dos sans prise d'information préalable. Et ça a marché ! >Insister sur Lacazette et Malbranque, qui ne sont pas des spécialistes de ces postes de milieu excentré… L’entame du match s’est déroulée comme prévu, même si cela ne s’est pas matérialisé par l’ouverture du score, et bien que Ben Yedder se soit vu injustement refuser un but (8ème, Ndlr). Mais ce n'était que partie remise. Nous avons réussi à débloquer les compteurs peu après la pause (50e, Ndlr). Au départ de l'action, il y a une prise de vitesse de Tabanou qui déborde dans le couloir gauche et centre au deuxième poteau où Monzon, le latéral lyonnais, ne ferme pas bien. Ben Yedder, de la tête, marque dans un trou de souris entre le portier rhodanien et son montant. Le deuxième but interviendra à quelques minutes seulement du coup de sifflet final, après une relance décisive d’Aurier, notre latéral droit, sur un ballon mis rapidement dans leur dos... Le troisième (91e, Ndlr) fait suite à une récupération de Braaten suivi d’un échange à l’intérieur, puis un départ de Ben Yedder dans le dos de leur défense centrale. Décidemment, nous avions vu juste ! Avec du recul aujourd'hui, je me dis que la mise en place d'un gros défi physique d’entrée de jeu, avec beaucoup d’intensité défensive et offensive, les a déstabilisés, nous permettant par la suite de développer également notre jeu court combiné dans les couloirs. J’avais d'ailleurs demandé d’insister sur Lacazette et Malbranque qui ne sont pas des spécialistes de ces postes. Il s’agissait d’apporter des supériorités numériques par 3 AXES DE TRAVAIL DANS LA SEMAINE Dans ma méthodologie hebdomadaire, je fonctionne selon trois axes de travail. Le premier est fonction de mon projet de jeu. Sans entrer dans le détail, mon équipe doit suivre des principes de jeu en fonction de ce que je veux mettre en place. Le deuxième axe de travail tient compte du match que l’on vient de faire. J’essaie d’améliorer les choses qui n’ont pas bien marché. Enfin, le troisième point concerne le match à venir. Je regarde systématiquement 3/4 matchs de l’adversaire que nous allons rencontrer pour visualiser les problèmes qu’il peut me poser et ceux que je peux lui poser. Je propose ensuite à mes joueurs de visionner dès le début de la semaine, un montage vidéo de l’adversaire avec ses principales caractéristiques. J’en profite pour présenter le travail que l’on va effectuer. Le jour du match, je fais un plan de jeu dans lequel je reprends tout ce que l’on a pu travailler lors des jours précédents. www.vestiaires-magazine.com nos latéraux dans les couloirs pour centrer. >Créer une supériorité à l’intérieur du jeu pour permettre des décalages dans les couloirs La densité imposée au milieu de terrain nous a permis de provoquer des 3 contre 2 dans la remontée du ballon avec les 2 défenseurs centraux, plus Capoue, face à Gomis et Gourcuff afin de créer rapidement un décalage pour avoir un temps d’avance. Si Capoue était bloqué et que notre défenseur central n’arrivait pas à créer la supériorité numérique, un des deux milieux relayeurs (Didot ou Sissoko) devait descendre au niveau de Capoue pour être libre sur un échange oblique avec le central (voir schéma, Ndlr). Cette supériorité à l’intérieur du jeu a créé des décalages dans les couloirs avec l’apport du latéral, mais aussi dans l’axe en provoquant des ruptures d’alignement qui ont permis à un milieu excentré ou à un milieu relayeur de s’engouffrer dans le dos de leurs deux défenseurs centraux. >Les Lyonnais s’ouvraient assez rapidement lorsqu’ils avaient le ballon et engageaient du monde vers l’avant… Enfin, on l'a vu, j’ai beaucoup insisté sur la transition défensiveoffensive. Et pour cause, les Lyonnais s’ouvraient assez rapidement lorsqu’ils avaient le ballon et engageaient du monde vers l’avant avec des latéraux qui évoluaient très haut et des centraux qui géraient moyennement la profondeur. Il fallait donc, dès notre récupération, jouer rapidement devant pour les contrer. Un joueur comme Ben Yedder, capable par sa technique de jouer en appui et de provoquer des ruptures d’alignements ou encore Sissoko ou Tabanou, joueurs puissants et forts dans la profondeur, ont ainsi été les fers de lance de cette transition. Notre plan de jeu a donc bien fonctionné. Ce qui n’est pas toujours le cas… Pour autant, cette fois-ci, nous sommes parvenus à faire le match qu’on avait prévu de faire. Les joueurs ont respecté à la lettre les principes de jeu. Et Lyon est tombé au Stadium. Comme souvent ces dernières années. ■ Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D 85 ∫ COACH DE LÉGENDE ª Helenio Herrera, architecte La France, son berceau. Il y a tout juste 16 ans (9 novembre 1997) s'éteignait Hélénio Herrera, à 87 ans. Seize ans, comme le nombre d'années que l'ancien stratège de l'Inter Milan a passé en France. Lui, l'un des plus grands entraîneurs de football de tous les temps ! Retour sur un destin hors norme. 'ai longtemps cherché un autre Herrera, avant de le retrouver à travers la personnalité de Mourinho". Cette confidence de Massimo Moratti, président de l'Inter, sur la chaîne italienne "7 Gold", en dit long sur l'héritage laissé par le virtuose du catenaccio, et sur sa personnalité… Près d'un demi-siècle avant le débarquement en Lombardie du "spécial one", "il mago" (le magicien) avait déjà laissé une trace indélébile chez les Nerazzurri, et marqué de son empreinte le football mondial. Pour beaucoup, Helenio Herrera apparaît non seulement comme le premier "animal médiatique" dans l'histoire des entraîneurs de haut niveau, mais aussi comme un technicien dont les méthodes avant-gardistes ont permis au Barça, d'abord, de stopper l'hégémonie du grand Real, et à l'Inter ensuite de régner sur l'Europe au milieu des années 60. Ce que l'on oublie souvent, en revanche, c'est que l'homme a fait ses armes… en France, où il fut joueur puis entraîneur. Né à Buenos Aires d'une famille espagnole partie s'installer au Maroc pendant le Protectorat français, Herrera obtient la double nationalité franco-argentine à 4 ans. Défenseur rugueux aux "Roches noires" de Casablanca, puis au Racing AC, il est voué à une modeste carrière tandis que son père l'encourage à devenir charpentier. Mais à 22 ans, sa vie bascule. Une première fois. Retenu en sélection nord-africaine pour affronter les bleus, il est repéré par le CASG Paris où il jouera pendant un an (1932-1933) avant de rejoindre le Stade Français puis le FCO Charleville (D2). "J >Le premier "animal médiatique" dans l'histoire des entraîneurs de haut niveau. Là, aux côtés de son ami Julien Darui, il s'incline en finale de la Coupe de France 1936 au terme d'une incroyable épopée. La tactique défensive mais non moins efficace du coach ardennais de l'époque, l'Autrichien Erich Bieber, inspirera beaucoup notre futur technicien… La Coupe, celui-ci finit par la soulever en 1942 sous les couleurs du Red Star.Trois ans 86 plus tard, à 35 ans, il raccroche les crampons alors qu'il est entraîneurjoueur à Puteaux. Rien ne permet à ce moment-là de croire au fabuleux destin qui l'attend. Et pourtant ! Sa vie bascule une deuxième fois lorsqu'il retourne au Stade Français où il est nommé à la tête d'une équipe de vedettes emmenée par Larbi Ben Barek. La suite ? Trois saisons décevantes, certes, mais qui débouchent sur l'opportunité d'un départ au Real Valladolid, tout juste promu en Liga. Chez les Pucelanos, une finale de Coupe du Roi dès la première saison lui ouvre les portes de l'Atlético Madrid ! Il y remporte 2 titres de champion (50 et 51). La légende est en marche. Et après des passages mitigés à Malaga, La Corogne ou le FC Séville (52-58), la consécration arrive enfin. C'est le FC Barcelone. En deux ans avec les Blaugrana, Herrera est sacré 2 fois (59 et 60) mettant un terme à la domination du Real de Di Stefano, Puskas et Gento ! Outre un doublé coupe championnat pour sa première saison en Catalogne (59), il décroche une Coupe des Villes de Foires (ancêtre de la Ligue Europa) en 1960. Vestiaires du football moderne >La consécration avec Barcelone, l'éternité avec l'Inter Milan ! Seules ombres au tableau : une élimination en demi-finale de la C1 par… les Merengues et, surtout, sa mésentente avec la star hongroise Laszlo Kubala (3e meilleur buteur de l'histoire du Barça), qui précipite sa sortie. Pour mieux rebondir. Car "HH" comme on l'appelle, fait partie désormais du gotha européen. C'est ce qui explique que le père de Massimo Moratti,Angelo, lui aussi président de l'Inter, accède aux prétentions financières démesurées d'un entraîneur qui lui promet cependant monts et merveilles.Promesse tenue.Pendant huit ans, le Franco-Argentin va faire des Nerazzurri l'une des toutes meilleures équipes au monde. Avec à la clé 3 scudetti (63, 65, 66), 2 Coupes Intercontinentales (64 et 65) et 2 coupes d'Europe des Clubs Champions (64 et 65). Sa science tactique, ses méthodes innovants, sa fine psychologie et son côté "bête de scène" lui confèrent une cote de popularité sans précédent. En Italie, Helenio Herrera devient une icône.Au point de faire partie parallèlement du staff de la Squadra Azzurra à partir de 1966. Une première dans le pays pour un entraîneur étranger. En 1968, évoquant la fin d'un cycle à l'Inter, HH rejoint l'AS Rome où il remporte une coupe nationale, avant d'assister sur le banc à la défaite de l'Italie en finale de la Coupe du Monde 70 contre le Brésil de Pelé (4-1). C'est le moment d'arrêter. Helenio Herrera ne reviendra à Milan qu'en 1973 pour une saison anecdotique, puis effectuera également un retour à Barcelone en 1979 où il succède, ironie du sort, à Kubala... La Coupe du Roi 1981 sera son dernier trophée.Helenio Herrera a 71 ans.Il tire sa révérence.Rideau sur une carrière phénoménale. Et inespérée. Lui, l'enfant de Casablanca, qui croyait avoir déjà réalisé son rêve en signant une modeste carrière de footballeur professionnel en France, pouvait-il imaginer qu'il serait toujours considéré, 80 ans plus tard, comme l'un des plus grands entraîneurs de tous les temps ? ■ A VOIR L'interview de Helenio Herrera par Robert Chapatte dans l'émission "Les coulisses de l'exploit", le 21 novembre 1962, sur le site Internet www.ina.fr Julien Gourbeyre LE SAVIEZ-VOUS ? • Pour une raison que l'on ignore, HH a toujours menti sur son âge, se rajeunissant de 6 ans. • Enfant, à Casablanca, Helenio Herrera fut à deux doigts de succomber à une diphtérie. Cet épisode le marquera à vie. • Déjà soupçonné au Stade Français (45-48) de distribuer de l'amphétamine à ses troupes (!), HH fut pointé du doigt lorsque 3 de ses joueurs à l'Inter furent contrôlés positifs, en 1962. En cause, une défaite à Mantoue (1-0) dont le jeune gardien a tout arrêté ! Un certain Dino Zoff… • HH avait pour habitude de toujours pénétrer sur le terrain en premier afin d'essuyer en premier les sifflets du public et ainsi préserver un peu ses joueurs. • Alors coach du Stade Français, HH a fait partie du "comité de sélection" des bleus (46-48). • Helenio Herrera a affronté une seule fois un club français en coupe d'Europe : l'AS Monaco de Biancheri et Hidalgo (2e tour de la C1) en 1963 (victoire de l'Inter 1-0 puis 3-1). • À Milan, HH s'amusait à annoncer le résultat de son équipe, d'où son surnom de "il mago" (le magicien). • Le 27 mai 1964, HH remporte sa première C1 en battant le Real 3-1. La "der" de Di Stefano chez les Merengues… • Helenio Herrera fut le premier à parler de "douzième homme" et à haranguer les supporters. Un an après son départ de l'Inter, le premier mouvement Ultra était né : la "Curva Nord". • Sa saison à Malaga (52-53) est la seule de sa carrière entachée d'une relégation. • En 1967, Herrera laisse échapper son 4e titre de champion avec l'Inter lors de l'ultime journée. • Désireux de revenir en France dans les années 70, Herrera a été approché par le PSG, en vain. www.vestiaires-magazine.com Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D Suite page suivante 87 ∫ COACH DE LÉGENDE ª Grand artisan du Catenaccio, mais pas que… Rigueur tactique. Helenio Herrera véhicule à tort l'image d'un entraîneur aux principes de jeu très défensifs.Après avoir été à la tête d'un atlético tout feu tout flamme, il dirigea le Barça le plus offensif de l'histoire (3,03 buts par match en championnat sur 2 ans) ! Et fit surtout du Catenaccio, à Milan, une redoutable machine à contrer… ans l'imaginaire des gens, Herrera va d e p a i r e a ve c l e C a t e n a c c i o , q u i consiste à évoluer à 5 derrière, selon des principes ultra-défensifs. Pourtant, le natif de Buenos Aires n'en est pas le précurseur. A l'origine de ce système, on trouve d'abord le Français Robert Accard (Stade Français) dans les années 30 et son fameux "béton", un WM avec apparition d'un libéro. Une organisation adaptée par l'entraîneur autrichien du Servette de Genève, Karl Rappan, qui ajoute un 4e défenseur devant le libéro. C'est le "verrou suisse". Le "cadenas" (catenaccio) de l'autre côté des Alpes. Les Italiens Rocco (US Triestina) et Foni (Inter Milan) s'en inspirent en effet largement jusqu'à ce que le système soit popularisé (et aménagé) par Herrera. À tel point que ce dernier en réclamera dans un premier temps la paternité, avant de tenter de s'en détacher le restant de sa vie ! Et pour cause, il est bien trop réducteur et dévalorisant de considérer le Catenaccio comme un système fermé et ultra-défensif. Car contrairement à ses prédécesseurs, HH en a fait paradoxalement une arme offensive redoutable ! D'abord, il est le premier à avoir muter ses latéraux en vrais joueurs de couloir, magnifiquement représentés par Giacinto Facchetti et le Brésilien Jaïr. Ensuite, il a fait de la contre-attaque sa vraie marque de fabrique : les 2 milieux axiaux jouaient très bas de façon à aspirer les défenseurs adverses et profiter, à la récupération et en un minimum de passes, des espaces laissés libres dans leur dos. D >Pionnier de la verticalité du jeu Plus que le Catenaccio, HH a donc inventé la "verticalité".Il ne supportait pas qu'on ralentisse une action en dribblant.Vitesse de jeu et engagement physique étaient ses deux principes fondamentaux. Son héritage est donc bien plus vaste qu'il n'y paraît… Et touche aussi aux méthodes d'entraînement.En effet, Herrera exigeait de ses troupes un niveau de préparation très élevé et une hygiène de vie irréprochable (il a inventé la mise au vert).L'ancien joueur de l'Atlético Madrid,AlfonsoAparicio dira de lui :"c'était un phénomène.Il nous imposait des séances quotidiennes de 3 heures, mais le week-end, on dévorait tout le monde".Aucun avant lui n'a accordé autant d'importance à la préparation physique, à l'observation des adversaires, et à la dimension mentale dans la recherche de la performance.Passé maître dans l'art de la causerie,il affichait régulièrement des messages sur le mur,comme celuici resté célèbre :"celui qui joue pour lui-même joue pour l'adversaire.Celui qui joue pour les autres joue pour lui-même". Charismatique et doté d'une haute estime de lui, Helenio Herrera n'a pas seulement inventé la rigueur tactique.Il a métamorphosé à jamais l'image et le rôle de l'entraîneur. ■ J.G. QUELQUES CITATIONS RESTÉES CULTES • "On gagnera avant même d'être descendu du bus". • "Enfant, j'ai compris très tôt que lorsque j'avais un objectif, la misère, la • "L'an passé, nous étions partis très fort. Cette saison, nous avons décidé de partir plus tranquillement et de mettre tous nos efforts sur les matches retour…". guerre, la peur n'existait pas pour moi". • "Intelligence et plaisir du travail : voilà le secret du succès". • "Celui qui ne donne pas tout ne donne rien". • "La clé, c'est d'éviter la monotonie : dans les discours, dans les entraîne• "En football, c'est la surprise, la vitesse et les variations inattendues qui ments, dans l'alimentation…". ouvrent les chemins du but". • "Le problème, c'est qu'à 10, nous jouons mieux qu'à 11". • "Il faut peu de passes et un jeu rapide pour arriver au but le plus vite pos- sible. Le dribble est quasiment proscrit. C'est une ressource et non un système. Le ballon se déplace toujours plus vite s'il n'y a pas de joueur derrière lui". • "Moi, je n'ai de problèmes avec personne, y compris Kubala (attaquant de Barcelone, Ndlr)… À condition qu'il fasse ce que je lui demande". • "Tout système de jeu est une stupidité si on l'applique rigoureusement. • "Il n'y a pas de magie dans le football : tout est affaire de passion et de combat". 88 Le style de jeu, c'est à l'entraîneur de le définir en fonction des caractéristiques et de la personnalité de ses joueurs". Vestiaires La méthode par l'exemple Inter-Liverpool, le 12 mai 1965 (Demi-finale retour de la C1). L'un des plus beaux exploits d'Herrera en Italie reste sans nul doute la demi-finale de C1 remportée contre le grand Liverpool de Bill Shankly, le 12 mai 1965. Après une défaite chez le champion anglais en titre 3-1 et alors que la règle du but à l'extérieur n'existait pas, l'Inter parvient à s'imposer au retour par 3 buts d'écart (3-0). Le deuxième but des interistes illustre parfaitement le jeu préconisé à l'époque par l'entraîneur nerazzuro.A noter qu'en finale, l'Inter viendra à bout du Benfica d'Eusebio… n but qui illustre parfaitement la verticalité du jeu de l'Inter (jouer vite vers l'avant à la récupération du ballon, en un minimum de passes) et l'apport offensif du symbole de la philosophie d'Helenio Herrera, Giacinto Facchetti. U Le 11 de l'Inter face aux Reds Aristide Guarneri (stoppeur) : arrivé à l'Inter en 1958, il n'en part qu'en 1967, raflant tous les titres au passage. International à 21 reprises. Jaïr da Costa (latéral-milieu droit) : victorieux de la Coupe du Monde 1962 avant de rejoindre Milan dans la foulée où il fut une pièce maîtresse du dispositif de HH jusqu'en 1967. Un petit gabarit insaisissable dans son couloir ! Giuliano Sarti (gardien) : Pilier de la Fiorentina, il arrive à Milan en 1963, et connaîtra 8 sélections en équipe nationale. Armando Picchi (libéro) : sans doute le premier grand libéro de l'histoire. Il participe à toute l'épopée, de 1960 à 1967 et porte le brassard de capitaine (12 sélections chez les A). Tarcisio Burgnich (stoppeur) : formé à l'Udinese, il arrive à l'Inter en 1962 où il disputera 467 matches jusqu'en 1974. Surnommé "la roccia" (la roche), il était un défenseur rugueux. Un des pilliers de l'Inter et de la "Nazionale" (66 sélections). www.vestiaires-magazine.com Giacinto Facchetti (latéral gauche/droit) : s'il fallait n'en retenir qu'un, ce serait lui. 18 saisons à l'Inter (634 matches, un record), 94 sélections en équipe nationale dont il était le capitaine, Facchetti est surtout le joueur qui a révolutionné le poste d'arrière latéral. Le premier à "prendre" autant son couloir. Une pièce maîtresse d'Helenio Herrera. Carlo Tagnin (milieu) : seulement trois saisons à l'Inter (62-65). Le 27 mai 1964, en finale de la C1, il a pour objectif de neutraliser Di Stefano, qui dispute son dernier match avec le Real. L'Inter l'emporte 3-1. Luis Suarez Miramontes (milieu-attaquant) : la vedette de l'équipe. Ballon d'or 1960 à Barcelone sous la houlette de… Helenio Herrera, l'international espagnol (32 sélections) suit son mentor à Milan (où il fut acheté à prix d'or), qu'il quittera en 1970, après avoir inscrit 183 buts en 318 matches. Mario Corso (milieu-attaquant) : malgré ses quelques 502 matches disputés sous le maillot de l'Inter, cet ancien international (23 sélections) était surtout connu dans toute l'Europe pour ses fameux coups-francs en "feuille morte". Le premier spécialiste du genre. Alessandro Mazzola (attaquant) : une icône qui a effectué toute sa carrière à l'Inter Milan (565 matches). Il portait le numéro 10. Mazzola était un milieu offensif redoutable qui a disputé 3 coupes du monde (70 sélections). Joaquin Peiro (milieu-attaquant) : international espagnol (12 sélections) formé à l'Atlético Madrid. Souvent dans l'ombre de Suarez et Mazzola.■ Schémas réalisés avec le logiciel Pro Training 3D 89 Nos experts vous répondent Michel T. (47) : "Je suis en conflit avec l'entraîneur de l'équipe 2 qui rechigne à me donner des joueurs lorsque j'en ai besoin pour l'équipe fanion du club. Cette situation crée des tensions qui nuisent à nos objectifs et nous décrédibilisent auprès des joueurs. Que me conseillez-vous pour régler ce problème ?". Laurent COASSE : "Ce genre de conflit qui éclate entre deux éducateurs d’une même catégorie va tôt ou tard aller à l’encontre de la performance du groupe. En tant qu'entraîneur de l’équipe 1, lorsque vous avez clairement identifié un besoin de joueurs, vous devez être en mesure de fournir des explications objectives auprès du coach de la réserve, sans quoi ce dernier pourra développer un sentiment d’injustice jamais très productif... Pour une collaboration la plus étroite et efficace possible, je vous conseille dans un premier temps de ne pas tendre vers une communication trop autoritaire qui va renfermer votre collègue dans une attitude défensive, et donc de refus de collaboration. Si cela ne suffit pas, n'hésitez pas à définir voire redéfinir avec votre président ou responsable technique le projet du "groupe senior" dans le cadre d'une réunion apaisée mais qui doit se vouloir constructive. Cela permettra de clarifier les objectifs à atteindre et, par conséquent, les priorités pour chacune des équipes". Christophe P. (52) : "Je ressens le besoin de la part de mes joueurs de Laurent COASSE Ancien entraîneur de l'AS Chavanay (Honneur Régional). Titulaire du Brevet d'Etat. souffler en cette fin d'année. Aussi, je compte leur imposer une vraie coupure de 3 semaines au moment des fêtes de fin d'année. À la reprise, dois-je réaliser un programme de préparation physique sur le même modèle que la préparation estivale, ou le fait de reprendre "normalement" va-t-il au bout de quelques séances les remettre à niveau ?". Alexandre HIDALGO : "Il est vrai qu’au moment des fêtes de fin d’année, une coupure s’impose. Celle-ci a deux intérêts majeurs : récupérer physiquement, mais (et surtout) se régénérer psychologiquement. Cependant, au plus la durée de votre coupure sera longue, au plus la durée de votre phase de reprise athlétique sera progressive et lente. Je vous conseille donc une coupure de 10 jours, suivi de 10 jours d’entraînements sous forme ludique (touché de rugby, handball, randonnée collective, "run and bike"…). Vos joueurs seront ainsi dans un cycle de récupération psychologique, tout en combinant une reprise d’activité physique. Vous pourrez ensuite reprendre normalement vos séances technicotactiques". Thibault C. (03) : "Entraîneur U15 d'un petit club rural, j'ai une équipe de 14 joueurs très hétérogènes. Deux trois bons (voire très bons) éléments, et trois quatre autres très très faibles... En championnat, je suis contraint de mettre toujours les mêmes sur le banc pour obtenir ou Jean-Marc KUENTZ Ancien directeur de la formation au RC Strasbourg. Actuel entraîneur adjoint de la sélection de Côte d'Ivoire. préserver le résultat... Mais je commence un peu à culpabiliser vis-àvis des joueurs et des parents. Que me conseillez-vous de faire ?" JeanMarc KUENTZ : "Lorsqu’on est entraîneur d'une équipe à 11, on est aussi un compétiteur, et je peux comprendre votre tentation de toujours aligner les meilleurs pour obtenir un résultat. Ceci étant, en jeunes, on est avant tout un "éducateur-formateur" avec l'objectif de faire progresser tous nos joueurs, ce qui passe inévitablement par le fait de leur donner du temps de jeu. Par ailleurs, laisser toujours les mêmes de côté peut avoir plusieurs conséquences : maintenir voire creuser l’écart entre les meilleurs et les moins bons, décourager petit à petit ces joueurs qui vont perdre confiance en eux et pour certains peut-être arrêter le foot, les rendre non compétitifs et donc encore moins "utiles" lorsque vous aurez besoin d’eux ! D’autres part, je pense qu’il est important que les bons joueurs acceptent de se retrouver de temps en temps remplaçants pour ne plus imiter certaines attitudes chez les adultes qui acceptent mal ce statut. Être sur le banc n’est pas une punition. Et celui qui rentre en jeu peut vous faire gagner le match. Enfin, à partir du constat de niveau que vous faites, essayez de cibler les points sur lesquels ces joueurs plus faibles doivent progresser (technique, physique, mental, tactique). L’idéal serait de pouvoir leur proposer un travail individuel supplémentaire avant ou après la séance pour les faire progresser… et les valoriser". Alexandre HIDALGO Préparateur physique à l'AC Arles-Avignon. Vous aussi, envoyez-nous vos questions à : [email protected] 90 Vestiaires LES OUTILS DE VESTIAIRES 204 pages 19 €* 60 € Hors frais de port TECHNIQUE 100 pages 16 €* 100 pages 16 €* 100 pages 16 €* Collection 4 dvd les 4 facteurs de la performance PHYSIQUE TACTIQUE MENTAL * FRAIS DE PORT INCLUS (FRANCE MÉTROPOLITAINE) Pour passer commande, rendez-vous sur : www.vestiaires-magazine.com