avril - Scènes Magazine
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scènes magazine camilla nylund : rusalka au grand théâtre de genève ISSN 1016-9415 © Markus Hoffmann 253 / juin 2013 CHF. 10.-- 7 € s o m m a i r e 6 cinéma 6 8 10 11 12 13 14 19 cine die / raymond scholer cinéma et histoire / serge lachat, christian bernard cinémas du grütli : quinzaine des réalisateurs / chr. bernard sous la loupe : cannes 2013 / james berclaz-lewis entretien : philippe godeau / firouz-elisabeth pillet entretien : jean-pierre marielle & nick quinn / firouz-e. pillet les films du mois / christian bernard, firouz-elisabeth pillet festivals au spoutnik / christian bernard 20 musique 20 22 24 24 25 26 saison de l’orchestre de chambre de genève / jérôme zanetta portrait : christian benda / pierre jaquet chapelle de l’oratoire : katia baltera cravetti / chr. bernard fête de la musique à genève agenda genevois / martina diaz sinfonietta de lausanne : saison / yves allaz 27 théâtre 27 28 29 30 31 lyon : chronique théâtrale / frank langlois théâtre de l’orangerie : saison / laurence tièche chavier entretien : valentin rossier / rosine schautz grütli : le ravissement d’adèle / rosine schautz grütli : les 81 minutes de mademoiselle a / rosine schautz 32 opéra 32 32 33 34 35 36 38 40 avignon : il barbiere di siviglia / françois jestin monte-carlo : stiffelio / françois jestin lyon : capriccio / françois jestin mémento zurich : lady macbeth de mzensk / eric pousaz berlin : béjart, wagner et bizet / eric pousaz entretien : carmela remigio / eric pousaz entretien : camilla nylund / martine duruz 41 saison du grand théâtre 41 42 44 45 46 48 50 51 52 festival «l’anneau du nibelung» : l’or du rhin entretien : tobias richter / eric pousaz entretien : stéphanie d’oustrac / pierre-rené serna entretien : marc laho / pierre-rené serna entretien : daniel dollé / martine duruz entretien : roland aeschlimann / eric pousaz ballet du grand théâtre / emmanuèle rüegger bâtiment des forces motrices : delusion of the fury les récitals de la saison 253 / juin 2013 55 danse 55 béjart ballet : sous le signe de mahler / michel perret 57 festivals 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 montreux jazz / frank dayen coppet : festival au château / martine duruz avenches : nabucco / bernard halter gstaad menuhin festival / christian bernard verbier : 20 ans déjà / michel perret lucerne en été / emmanuèle rüegger progetto argerich, lugano / emmanuèle rüegger ernen musikdork / frank fredenrich entretien : thomas demenga / beata zakes entretien : raymond duffaut, chorégies d’orange / f. jestin aix-en-provence : présentation / françois jestin avignon : présentation / pauline guilmot montpellier danse / bertrand tappolet 70 expositions 70 71 72 72 73 73 74 74 75 75 76 musée rath : la collection migros /catherine graf fondation baur : noirs d’encre, regards croisés /catherine graf mémento beaux-arts : france palais lumière, évian : légendes des mers mémento beaux-arts : ailleurs palazzo reale, milan : modigliani, soutine... mémento beaux-arts : suisse romande fondation de l’hermitage : joan miro, poésie et lumière mémento beaux-arts : suisse alémanique fondation beyeler : max ernst londres : david bowie / stéphanie nègre 78 paris 78 80 82 85 85 86 87 88 88 89 89 musée d’art moderne : keith haring / régine kopp musée du louvre : giotto e compagni / régine kopp opéra : gioconda jolie / pierre-rené serna théâtre des gémeaux : käfig brasil / stéphanie nègre théâtre de chaillot : land-research & deca dance / s. nègre chronique des concerts / david verdier sélection musicale / françois lesueur mémento théâtre studio des champs-élysées : le porteur d’histoire mémento expositions jeu de paume : ahlam shibli 88 les mémentos ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. 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Avec un travail muséographique remarquablement original conçu par Roger Pfund – dont on honore actuellement le travail au Musée d’Art et d’Histoire – le MICR a assurément rempli un rôle important pour un nombreux public de curieux, historiens, enseignants et surtout, il faut l’espérer, d’étudiants, même si l’on ne peut que déplorer le fait que ce passage dans cette institution ne fasse pas partie intégrante et obligatoire de l’enseignement public à Genève. Le pari de l’artiste genevois avait pu être jugé osé, par la sobriété des présentations, il ne pouvait cependant que convaincre et présentait un choix cohérent en rapport avec les sujets abordés. Fallait-il absolument faire table rase d’une vision datant de moins de 20 ans pour proposer un nouveau contenu ? Et voici donc que l’institution vient de rouvrir après deux années, avec l’intention affirmée d’en faire une musée « du XXIe siècle » et, à n’en pas douter au vu des effets et moyens mis en œuvre, le projet est plutôt abouti. Et s’il s’agit de proposer une vision de « l’aventure humanitaire », on trouvera bien dans les trois espaces intitulés « Défendre la dignité humaine » (imaginé par le Brésilien Gringo Carcia), « Reconstruire le lien familial » (du Burkinabé Diébédo Francis Kéré) et « Limiter les risques naturels » (du Japonais Shigeru Ban), de quoi nourrir la réflexion. Est-il besoin de préciser que l’interactivité est au rendez-vous et, à n’en pas douter, le jeune public trouvera là de quoi s’occuper avec notamment des rencontres holographiques avec la procureure Carla Del Ponte ou le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. On espère simplement que la découverte de quelques trouvailles technologiques ne prendra pas le pas sur la nécessité de s’intéresser au contenu des espaces, et ce, même si les trois vitrines inventives de théâtre optique de Patrick Sorin offrent un moment de détente bienvenu. Il y a donc beaucoup à découvrir dans cette nouvelle mouture interne du MICR, l’écrin lui-même n’ayant guère changé. On déplorera tout de même la disparition de l’intelligent diaporama qui inaugurait la visite da sa version 1988, d’autant que c’était là une manière de rendre à Henry Dunant l’hommage que méritait bien le fondateur de la Croix-Rouge. Pas assez « branché » sans doute, ce diaporama était pourtant une excellente leçon – ou révision – d’histoire sans doute nécessaire pour beaucoup de visiteurs. D’autres disparitions bien utiles pédagogiquement ne sont guère justifiables, ainsi en est-il de films sur les conflits et, en particulier, le rôle du CICR en 1914-18 et 193945, ou encore des espaces qui montraient un lieu d’internement de prisonniers ou de réhabilitation de mutilés victimes de mines anti-personnel. Reste enfin une question fondamentale liée à ces changements, le coût se montant à plus de 20 millions de francs. On se permettra de penser que le CICR aurait eu mieux à faire avec cet argent offert par de généreux donateurs… A FF/SCENESMAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é a leur cervelle, là où un chirurgien fou altère les visages des jeunes filles pour en faire des créatures monstrueuses destinées au caïd régnant en maître sur les lieux. le cinéma au jour le jour Cine Die 15e FAR EAST FILM FESTIVAL (Udine, avril 2013) La crise s’est pour la première fois manifestée : pas de rétrospective digne de ce nom, seulement un hommage anémique (2 films !) à King Hu, illustré cependant par un beau volume d’entretiens, de commentaires et de dessins du maître, édité sous l’égide du festival par Roger Garcia : King Hu In His Own Words. On pouvait également voir Hu comme acteur dans une bien médiocre comédie de Meng-hua Ho : My Lucky Star (Hong Kong, 1963), où il campe un industriel en faillite au bord de la dépression. Seul moment surprenant du film : les déhanchements équivoques de deux bambins pendant un thé dansant. 6 m Philippines Deux films sur les aswangs (êtres d’apparence humaine le jour, capables de prendre forme animale la nuit, avec un appétit furieux pour les foetus, les petits enfants, les cœurs et les foies), ça fait un peu beaucoup, d’autant plus que les effets spéciaux ont tendance à être pourraves (surtout dans TikTik, the Aswang Chronicles de Erik Matti) et les scénarios difficilement encaissables (dans The Strangers de Lawrence Fajardo, l’originalité consiste à nous dévoiler dans les derniers instants du film que la famille normale que nous avons suivie depuis le début dans son excursion est en fait celle des aswangs et que les mines patibulaires rencontrées en forêt sont des gens comme vous et moi). La comédie musicale de Chris Martinez, I Do Bedoo Bedoo (Juliette est riche et habite dans un manoir protégé, Roméo est pauvre et fils de musicien sans travail) aligne de jolies idées de mise en scène et une Eugene Domingo dans un numéro courageux (et hautement comique) de passion conjugale déshabillée, mais souffre d’une musiquette insupportable. Les chansons se ressemblent comme des gouttes d’eau, les rythmes éprouvés à Broadway depuis belle lurette sont simplement mis à la sauce tagalog. Soudain, un numéro de danse collective s’inspirant de Bollywood paraît comme une diversion bienvenue. Mariposa in the Cage of Night (Richard Somes) distille un effroi considérable avec la descente aux enfers d’une jeune provinciale à la recherche de sa sœur disparue dans les basfonds poisseux de Manille. Là où l’on décalotte les singes pour consommer Thaïlande Kongkiat Khomsiri, réalisateur du sulfureux Slice (2009), revient avec un biopic un peu particulier : The Gangster retrace la carrière du plus chevaleresque des mauvais garçons de Bangkok dans les années cinquante, appelé ici simplement Jod. Alors que certains truands n’hésitent pas à tuer ou mutiler des filles récalcitrantes, Jod est tenaillé par le remords pour avoir causé une mort accidentellement. Il se fait une règle de ne plus tuer (ce qui ne manque pas de le mettre en porte-à-faux avec ses chefs), protège les femmes et prend soin de sa famille. Les chansons d’Elvis et les affiches de films - dancings et salles obscures font partie des lieux privilégiés des gangsters - aident à situer temporellement la reconstitution soignée d’un mode de vie disparu. Une sorte de passage à la modernité a lieu à l’aube des années 60, lorsque les couteaux sont remplacés chez la pègre par les armes à feu. Des témoins de l’époque sont interviewés par intermittences. Rhydian Vaughan et Joseph Chang dans «GF*BF» Taiwan A l’heure où les séides de Frigide Barjot défilent contre le mariage gay, il est réconfortant de constater que sur l’île de Formose, rien ne semble plus normal que de convoler en sexe compatible, fût-il le même. Deux films taïwanais enfoncent le clou. De façon plutôt romantico-tragique dans GF*BF (Ya-che Yang), où les gays se marient encore avec le sexe opposé et fondent une famille, tout en ayant des liaisons coupables, car l’histoire se déroule dans le passé, pendant les manifestations estudiantines de 1985 et 1990. De manière plus humoristique dans Will You Still Love Me Tomorrow (Arvin Chen), où les mariages hétéro actuels se dissolvent carrément sous la pression de l’amour qui en a marre de ne pas dire son nom. Il est cependant vrai que c’est la partie hétérosexuelle qui prend l’initiative pour opérer le changement. Une façon comme une autre d’affirmer que seule une législation adaptée à leurs besoins rendra la vie des homosexuels plus simple. Corée du Sud New World (Hoon-jung Park) met à nu les mécanismes du pouvoir à l’intérieur d’un gang dont le chef est assassiné dans une ahurissante séquence d’ouverture. Non seulement les prétendants à la succession jouent au chat et à la souris avec la police, mais l’associé de l’un d’eux est un policier infiltré depuis huit ans, dont la femme attend un bébé et qui aimerait enfin mener une vie honnête. Son répondant dans la police n’en veut rien savoir et est «The Ganster» de Kongkiat Khomsiri a c t u a l i t é c i n é m a prêt à le trahir pour l’obliger à rester où il est, car la police a son propre plan : jouer l’un des prétendants contre l’autre et faire en sorte que le supérieur de l’infiltré devienne le chef suprême du gang. Le plan réussit au-delà de leurs espérances, mais le candidat perdant n’est pas dupe et découvre le pot aux roses. S’ensuit alors une course contre la montre pour l’infiltré qui doit éliminer tous ceux qui risquent d’apprendre ou connaissent déjà sa véritable identité. Dur comme un diamant noir. mée vient les anéantir. Pour sauver au moins les veuves et les orphelins, Loup s’offre en sacrifice au chef des « Guillotines », son personnage protoMao (comme l’histoire chinoise en a connu en quantité) empreint d’une symbolique christique. Saving General Yan est la énième adaptation dramatique de l’histoire des 7 fils du général Yang Ye qui se sont juré de ramener leur père du champ de bataille où il a été lâchement abandonné par les autres généraux de l’empereur Taizong. Les personnages sont historiques (on est en 986), les faits hautement légendaires. Qu’à cela ne tienne : Yu règle son film comme une campagne militaire, avançant sans relâche sur les chapeaux de roue de l’adrénaline, au service de la piété filiale, de la droiture et de l’efficacité martiale. Japon The Floating Castle (Shinji Higuchi et Isshin Inudo) essaie de restituer avec un sens remarquable de l’espace et de la conjoncture politique le siège du château Oshi en 1590, où 500 défenseurs tinrent tête à une armée de 20’000. La connivence entre le seigneur, très populaire, pitoyable bretteur, mais fin stratège, et ses paysans y est pour beaucoup dans ce singulier fait de guerre. La situation apparemment vulnérable du château au milieu d’une plaine de rizières pouvait leurrer les troupes ennemies. Elles durent déchanter. «New World» de Hoon-jung Park Eungyo (Ji-woo Jung) est une jeune fille de 17 ans qui fait le ménage pour un écrivain septuagénaire célibataire. Entre les deux se développe une affection platonique qui rend jaloux Ji-woo, un ingénieur converti en secrétaire de l’homme de lettres, qui rêve de devenir célèbre par ses écrits, alors qu’il n’a guère de talent. Un jour, il découvre un manuscrit de son maître où celui-ci fantasme sur Eungyo. L’occasion est trop belle : il le publie sous son propre nom et gagne un prix littéraire. Le maître ne bronche pas, sachant que la vérité déclencherait un scandale dont tout le monde pâtirait. Mais Eungyo arrive à lire entre les lignes du texte…Beau à pleurer. Hong Kong Les meilleurs films de l’ex-colonie ont tous un rapport à l’Histoire, qu’il s’agisse de la petite (Ip Man : The Final Fight d’Herman Yau) ou de la grande (The Guillotines d’Andrew Lau ; Saving General Yang de Ronny Yu). Ip Man, le grand maître du wing chun et mentor de Bruce Lee, est sans doute le personnage le plus romancé du cinéma. Depuis 2008, c’est la cinquième fois que sa vie fait l’objet d’un film, après deux oeuvres de Wilson Yip, un premier de Herman Yau (qui traitait des années d’apprentissage du sage) et The Grandmaster de Kar-wai Wong, encore sur nos écrans. The Final Fight est consacré aux années cinquante et soixante. Ip, qui meurt en 1972, est ici merveilleusement incarné par Anthony Wong, parangon d’intégrité et de sagesse, dans un Hong Kong d’une pauvreté extrême (une famille amie des Ip est obligée de vendre son 6e enfant pour nourrir les autres), déchiré par les révoltes ouvrières et les agissements d’une pègre abjecte qui truque les combats et tient même la police à sa botte. Dans The Guillotines, on suit un escadron de la mort (7 combattants émérites qui manipulent des assemblages volants de lames létales destinées à décapiter l’adversaire) dévoué à l’empereur Qianlong, le 6e de la dynastie mandchoue des Qing. On craint devoir subir le panégyrique d’un commando SS avant la lettre, quand au bout de 40 minutes, le film change complètement de direction. Le brigand han surnommé « Loup », qu’ils devaient liquider, se révèle leader d’une communauté agraire pacifique où tout est fait et possédé en commun, et la troupe d’élite est convertie d’emblée. Mais les espions de l’empereur veillent au grain, ils ont découvert le village des rebelles et l’ar- a c t u a l Chine Mon film préféré fut The Last Supper de Chuan Lu, qui, après son élégie sur Nankin, City of Life and Death (2009), montre ici une autre facette de son talent . Il recrée, avec des costumes et du mobilier plus primitifs que ceux auxquels le cinéma nous a habitués, et selon un rythme hiératique, les derniers mois du fondateur de la dynastie Han, Liu Bang, alias Gaozu. Hanté par des cauchemars, l’empereur - issu d’une famille de paysans - passe en «The Last Supper» de Chuan Li revue son avènement et les actes de cruauté que sa soif de pouvoir lui a fait commettre, à commencer par la sanglante mise à mort rituelle du dernier empereur Qin, Ziying. De peur que son plus loyal commandant, Han Xin, ne puisse se retourner contre lui, il l’a fait jeter en prison. Maintenant, 6 ans après, pris de remords, il le fait libérer. Mais l’impératrice Lü Zhi, encore plus terrorisée à l’idée de perdre une once de pouvoir, s’arrange pour que Han Xin soit assassiné. Des horreurs organisées sur fond de pas feutrés, ceux des innombrables serviteurs muets, avançant ou reculant, en permanence courbés bien bas face aux souverains. Les ostéopathes de l’époque ont dû amasser des fortunes. Au mois prochain Raymond Scholer i t é 7 c i n é m a cinéma et histoire Retour sur Eichmann La coïncidence entre la sortie de Hannah Arendt de Margarethe von Trotta et la venue à Visions du réel à Nyon d’Eyal Sivan, auteur en 1999 (avec Rony Brauman) de Un spécialiste Portrait d’un criminel moderne offre l’occasion, travers le regard des deux cinéastes, d’un retour sur le procès d’Adolf Eichmann. Hannah Arendt 8 Faire un film sur la controverse née de la théorie d’une philosophe à propos de la banalité du mal est une gageure. Comment filmer la pensée au travail ? Tel est le défi auquel s’attelle Margarethe von Trotta dans son dernier film, Hannah Arendt. Pour le relever, la cinéaste s’attache à peindre 4 ans seulement de la vie de la philosophe allemande, 4 ans auxquels elle joint quelques flashes-back qui évoquent sa liaison avec Heidegger et un retour en Allemagne pour demander des comptes à celui qui lui avait appris à penser et qui avait néanmoins cédé aux sirènes hitlériennes. Ce choix temporel permet à la cinéaste d’évoquer la vie d’Hannah Arendt à New York où elle enseigne la philosophie, ses rapports avec son mari et sa meilleure amie Mary McCarthy juste avant et juste après sa décision d’assister au procès d’Eichmann à Jérusalem pour le New York Times. Procès qui, comme on le sait, confronte Hannah Arendt à une figure de petit fonctionnaire pour le moins différente des représentations traditionnelles du Mal. Partant de la ligne de défense adoptée par Eichmann, la philosophe va développer sa pensée sur la « banalité du mal » non pas pour évacuer le problème dans un « tous coupables » qui excuserait tout, mais au contraire pour souligner la dangerosité d’un Mal moins lié au désir de faire le mal qu’à l’incapacité de penser ses actes. Le ressort dramaturgique qui permet à von Trotta de montrer ce travail de la pensée tient à ce que cette pensée-là précisément est inacceptable pour les victimes de la Shoah et pour l’Etat d’Israël qui, en pleine construction, a besoin de se construire sa mythologie en exorcisant le Mal par l’exécution d’un des principaux responsables de la Shoah. Le tollé à la publication des articles d’Hannah Arendt est général et particulièrement violent en Israël et dans son entourage. Von Trotta met en scène de manière bouleversante le conflit entre pensée philosophique et affects dans le mouvement de l’ami d’enfance Hans Jonas qui meurt dans son lit à Jérusalem et qui tourne le dos à celle qui vient lui faire ses derniers adieux, ou dans la violence de la réponse d’Arendt à la question juive « mais alors tu n’aimes pas ton peuple ? » et qu’elle affirme qu’el- «Hanna Arendt» © Filmcoopi a c t u a le n’aime pas un peuple ou des peuples, mais ses proches et ses amis… Jamais peut-être un film n’aura pareillement montré la force et le courage qu’il faut pour défendre une idée philosophique même en dehors de toute menace physique (encore que celles-ci n’épargnent pas totalement Arendt). Et la réussite du film tient aussi à la remarquable « incarnation » que propose son actrice : Barbara Sukowa donne un vrai corps à cette pensée, à cette démarche philosophique. Loin d’être désincarné, son personnage de philosophe montre le lien indéfectible entre désir et pensée. Désir au sens le plus érotique, d’où les renvois à la liaison avec Heidegger et les scènes qui montrent le fort rapport charnel entre Hannah et son mari que méprise l’amie Mary ! Sous le classicisme de la forme, ce désir et cette pensée en acte font vivre intensément le film de von Trotta. Serge Lachat Un spécialiste-Portrait d’un criminel moderne On sait que le procès d’Adolf Eichmann qui s’ouvrit à Jérusalem en avril 1961 fut intégralement filmé par le cinéaste Leo Hurwitz pour des télévisions américaines qui en diffusaient quotidiennement des extraits, une première à l’époque. Le résultat tient en 500 heures de film, soit des mètres linéaires de cassettes Umatic. En 1999, Eyal Sivan obtient l’autorisation de fouiller ces archives alors délaissées et en mauvais état pour en faire un film de montage, ce sera Un spécialiste. Hurwitz avait disposé quatre caméras dans la salle d’audience, filmant simultanément ou alternativement selon les moments, l’une les juges, une deuxième le procureur et le défenseur, une troisième les témoins, une quatrième Eichmann. Prenant le contre-pied de ce qui constituait la visée prioritaire tant du procès que des films subséquents, à savoir recueillir et diffuser les témoignages des victimes, Sivan donne à voir et à entendre surtout le bourreau. Sans souci de chronologie, Sivan place en tête du film le réquisitoire du procureur Hausner réclamant la tête de celui qu’il considère être un monstre n’appartenant ni au monde humain ni au monde animal, selon la logique qui veut qu’un crime considéré comme exceptionnel ne peut avoir été commis que par un criminel exceptionnel. Logique dont Sivan, à la suite d’Hannah Arendt, prend également le contre-pied. Le film donne en effet au specta- l i t é c i n é m a «Un spécialiste - Portrait d’un criminel moderne» teur tout loisir d’observer longuement les réactions et les réponses de celui qui, dans une ligne de défense qui ne varie pas, se présente comme un spécialiste des chemins de fer - le meilleur , un maillon dans un dispositif de déportation qu’il n’a pas décidé et dont il déclare avoir ignoré le but final, un soldat devant comme tel obéir aux ordres. C’est cette “banalité du mal” qu’Hannah Arendt, assistant au procès, cherche à appréhen- der dans son Eichmann à Jérusalem. Pour elle, l’entreprise génocidaire nazie, bureaucratique, mécanisée et dissimulée, fragmentait les responsabilités, encourageait le sentiment d’irresponsabilité morale de ceux qui n’en étaient qu’un maillon, anésthésiant sentiment de culpabilité et remord. Seul comptait pour des meurtriers de bureau comme Eichmann le travail bien fait par devoir, l’obéissance au ordres, le désir d’avancement. Sa tentative d’explication qui semblait cautionner la défense présentée par Eichmann fut très attaquée. Contemporaine d’un procès qui, à travers Eichmann, était celui de la Shoah instruit par Israël, elle ignorait l’importance symbolique du procès. Avec le recul que nous avons aujourd’hui, elle apparaît ne pas avoir perçu la part de mensonge qu’implique la stratégie de défense d’Eichmann, en particulier dans ce qu’il affirme avoir ignoré, et qui fait de lui un responsable majeur de la Shoah et non un petit fonctionnaire obéisssant. Cette part de mensonge apparaît évidente lorsqu’on regarde Un spécialiste. La tentative d’explication d‘Hannah Arendt, venue trop tôt, a cependant ouvert une voie de recherche aboutissant à des livres d’importance majeure sur l’ordinaire aptitude de l’homme à une extraordinaire inhumanité (Christopher R. Browning: Des hommes ordinaires. Harald Welzer: Les exécuteurs-Des hommes normaux aux meurtriers de masse). A maintes reprises dans Un spécialiste, on voit le procureur demander à Eichmann pourquoi il n’a pas désobéi à des ordres inhumains. Celui-ci répond qu’il était soldat assermenté dans un pays en guerre. Implicitement l’accusation légitimise la désobéissance à la Loi injuste, et c’est pour n’avoir jamais désobéi qu’Eichmann est condamné à mort. Ce précédent est un des éléments sur lesquels Eyal Sivan s’appuie pour légitimer son propre refus d’aller en tant que soldat dans les Territoires occupés. Christian Bernard MUSIQUE DE CHAMBRE SAISON 2013 - 2014 Conservatoire de Genève à 20 h Abonnez-vous dès 6 spectacles ! Lundi 7 octobre 2013 LAWRENCE POWER, alto et violon TRULS MØRK, violoncelle SIMON CRAWFORD-PHILLIPS, piano Lundi 11 novembre 2013 VILDE FRANG, violon MICHAIL LIFITS, piano Lundi 13 janvier 2014 COREY CEROVSEK, violon HSIN-YUN HUANG, alto ZVI PLESSER, violoncelle GILLES VONSATTEL, piano Lundi 10 février 2014 QUATUOR SIGNUM Lundi 17 mars 2014 QUATUOR BRENTANO Organisation: ABONNEZ-VOUS! Abonnements en vente jusqu’au vendredi 6 septembre 2013. Vente de billets dès le lundi 16 septembre 2013. Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, tél. 022 319 61 11. SAISON 2013—2014 TEMPS & MUSIQUE 027 323 45 61 www.theatredevalere.ch 9 c i n é m a d’Orson Welles et Salvador Dali, musiques des Pink Floyd, Tangerine Dream et Magma. Mais les producteurs lâchent le réalisateur. les cinémas du grütli La Quinzaine des Réalisateurs Cette section parallèle du Festival de Cannes est dirigée tout comme les Cinémas du Grütli par Edouard Waintrop. Dix longs métrages (sur 21) de la sélection 2013 seront visibles à Genève du 5 au 11 juin. Née de mai 68 et de la volonté d’indépendance de la Société des réalisateurs de films, cette section du Festival cannois est le lieu privilégié des découvertes et des surprises. Sa programmation se veut le reflet du grand écart depuis toujours entretenu par le cinéma entre ses origines foraines et populaires et ses ambitions artistiques et intellectuelles. L’occasion de découvrir des nouveaux réalisateurs mais pas seulement. On retrouvera ainsi une vieille connaissance, Alejandro Jodorowsky. A 83 ans l’infatigable touche à tout (cinéma, théâtre, bande dessinée) venu à Paris en 1953, complice d’Arrabal et de Topor, spécialiste du Tarot, surtout connu pour El Topo et La montagne sacrée, films cultes des années 70, revient pour un exercice d’autobiographie repoussant les limites de l'imaginaire et de la raison, La Danza de la realidad tourné au Chili dans son village d’origine (9 juin). 10 Film de genre efficace, Blue Ruin de l’Américain Jeremy Saulnier, sorte de road movie rappelant dans ses meilleurs moments les Frères Cohen, raconte une histoire de vengeance à laquelle est contraint Dwight, un vagabond solitaire forcé de revisiter son passé. Au crédit du film on peut porter un découpage habile à distiller l’information au compte-goutte, l’absence de certains clichés attendus (la police est aimable), le jeu retenu de Macon Blair dans le rôle de Dwight. Au passif, l’absence d’un vrai propos, et beaucoup d’ambiguité. Et si Blue Ruin n’était rien de plus qu’une célébration en mineur du héros américain, des armes et de la justice privée? (7 et 10 juin). Parmi les premier films, on se réjouit de découvrir celui du comédien Guillaume Gallienne, également connu pour animer un module dans le Grand Journal sur Canal+ « Les bonus de Guillaume » dans lequel il imagine le bonus DVD d’un film à l’affiche. De son film Les garçons et Guillaume à table, il dit : « Le premier souvenir que j’ai de ma mère : elle nous appelle, mes deux frères et moi “Les garçons et Guillaume, à table !“ ». La dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle a raccroché en disant : « Je t’embrasse ma chérie ». Eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus » (8 juin). Christian Bernard «Blue Ruin» de Jeremy Saulnier © Wolf Films Le même jour, projection du documentaire Jodorowsky's Dune de Frank Pavich, qui évoque l'un des plus célèbre d’entre les films à n’avoir jamais été réalisés, l’adaptation du roman Dune de Frank Herbert par Jodorowsky en 1975. Le projet ne manquait pas d’allure: participation On est également curieux de retrouver Serge Bozon pour Tip Top (6 et 8 juin) mettant en scène deux inspectrices de la police des polices (Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain) « débarquant dans un commissariat de province pour enquêter sur la mort d’un indic d’origine algérienne. L’une tape, l’autre mate, tip top ». On se souvient pour son originalité du précédent long-métrage de Serge Bozon La France (2007) racontant le voyage de Camille, jeune femme cherchant en 1917 à rejoindre le front déguisée en homme pour retrouver son mari dont elle a reçu une lettre de rupture. a c t u a l i t é c i n é m a sous la loupe : programmation cannes 2013 Surprenant cocktail Indignation Malgré ce bémol qui tache, Cannes reste un des événements cinématographiques de l’année, servant comme la plus impressionnante vitrine de cinéma d’auteurs international ainsi que la valeur la plus sûre du circuit. Une poignée de légendes du cinéma indépendant, des chouchous du festival, des surprises, des déceptions, des polémiques... D’année en année, les organisateurs s’efforcent d’offrir aux cinéphiles un surprenant cocktail de films qui serviront à former l’agenda des immanquables de l’année, et mettre en valeur les œuvres plus à gauche du terrain (voir pour 2012: les étonnants Holy Motors de Leos Carax et Post Tenebras Lux de Carlos Reygadas). Avec quatorze films sur les vingt en compétition officielle, ce sont les États-Unis et la France qui ont exercé un ferme poigne sur cette 66ème édition. Du côté transatlantique, c’est une éminente arrière-garde du cinéma indépendant américian qui est venue flâner sur le tapis rouge: Nebraska du noir satiriste Alexander Payne, Inside Llewyn Davis par les frères Coen, le biopic télé Behind The Candelabra du “retraité” Steven Soderbergh, mais aussi l’austère roi du minimalisme Jim Jarmusch, surprenant les aficionados en s’attaquant à la récente mode des vampires. Les productions et co-productions françaises, elles, ont fourni un mélange de grandes réputations, et de nouvelles coqueluches du circuit. Aux cotés de légendes comme Roman Polanski et François Ozon, présentant respectivement La Vénus à la Fourrure et Jeune et Jolie, l’on a pu y trouver La Vie D’Adèle de l’excellent Abdellatif Kechiche (dont on se rappelle sans doute du touchant Le Jeu de l’Amour et du Hasard) ainsi que Le Passé d’Asghar Farhadi (réalisateur du superbe, et moult-récompensé, Une Séparation). On aura noté le retour de Nicolas Winding Refn, le vainqueur du prix du meilleur réalisateur à Cannes il y a de cela deux ans, avec Only God Forgives, dont les premières images suggèreraient un somptueux mais brutal noir dans la veine de son Drive. Tout ceci est sans compter la solide représentation des deux nations dans les autres catégories grâce à l’illustre présence de Denis et Coppola. L’une des narratives prédominantes, l’année dernière, lorsque la programmation du festival de Cannes fut publiée, traitait de l’absence complète de réalisatrices comme un légitime affront. Avec comme contexte une édition précédente qui comptait un nombre record de quatre femmes en sélection officielle, ainsi qu’une représentation d’environ treize pourcents au sein de la guilde américaine des réalisateurs, l’étouffement complet des voix féminines du programme n’en paraissait que plus injuste. «Jeune et jolie» de François Ozon. Cannes 2013 Composé majoritairement de femmes, le choix des jurys pour les diverses catégories de la 66ème édition du festival semblait présager, ou du moins l’on pouvait espérer, une meilleure “distribution des sexes” en 2013. Or, une nouvelle fois, c’est une atmosphère d’indignation générale qui s’est formée autour de l’annonce de la programmation le 18 avril dernier. L’Italienne Valeria Bruni Tedeschi sera donc la seule représentante de la gent féminine au sein de la compétition officielle lors du plus préstigieux événement cinéma de l’année. Plus surprenant encore, on notera la présence de réalisatrices de renommée : Sofia Coppolla et, surtout, Claire Denis dans la catégorie secondaire Un Certain Regard, une rebuffade qu’on aimerait interpréter autrement que comme une relégation. En effet, la section Un Certain Regard est traditionnellement considérée plutôt comme une plateforme pour des réalisateurs émergeants, passant souvent pour une catégorie de “seconde classe”, à l’ombre des projecteurs. Comparativement, la présence de six femmes au sein d’Un Certain Regard ne fait-elle pas passer un dangereux message ségregationniste ? a c t u a l On regrettera peut-être le considérable déséquilibre de sa sélection officielle, tant elle restreint la portée internationale de la compétition, mais c’est sans compter l’encourageant assortiment d’Un Certain Regard et de la Quinzaine Des Réalisateurs, cette dernière comportant même les deux jeunes réalisateurs suisses Basil Da Cunha et Kaveh Bakhtiari. Traditionnellement plus permissives, les deux catégories sont d’habitude plus accueillantes pour les films à caractère avant-gardiste. Cette année, elle a même accordé une place d’honneur au cinéma de genre puisqu’on y trouve un rare film d’horreur! C’est donc peut-être parmi l’étonnante variété des “moindres” catégories que le cinéphile avide de fraîcheur trouvera son bonheur, loin d’une compétition officielle constellée mais néanmoins prudente. James Berclaz-Lewis i t é 11 c i n é m a Votre parti pris est de vous intéresser à l’homme et non à son entetien acte ? Philippe Godeau Oui, je me suis intéressé de très près au personnage de Toni Musulin. L’important pour moi n’est pas le casse, mais l’histoire de cet homme, convoyeur de fonds depuis dix ans, au casier judiciaire vierge et qui, un jour, décide de passer à l’action. Comment ce personnage solitaire, pas syndiqué, sorte d’employé modèle, jamais en retard, très consciencieux, commet le casse du siècle et bascule dans un autre monde ? Mon sujet est Toni Muselin, pas ce qu’il a fait. Sa mystérieuse tournure d’esprit s’exprime notamment dans l’édification d’un mur dans le garage qu’il a loué pour déposer l’argent, derrière lequel il a glissé une pièce de un euro… Pourquoi ? Un mystère de plus. Alors qu’il est en bons termes (relatifs) avec ses collègues, il se brouille avec tout le monde, ainsi qu’avec sa compagne, peu de temps avant de passer à l’acte, alors que la tension monte avec son employeur. Le mobile de son geste serait une vengeance contre ce dernier, méprisant à son égard, en démontrant les failles de leur système de sécurité, afin de les discréditer aux yeux de la profession et de leur commanditaire. Tous ces éléments non résolus, ces points d’interrogation donnaient matière à faire un film. Producteur de films, Philippe Godeau est passé à l'écriture et à la réalisation en 2009, avec Le Dernier pour la route, avec François Cluzet, présenté au Festival du Film francophone de Bienne. 11.6, sa deuxième réalisation, est le fruit de son adaptation pour l'écran du fait divers survenu en 2009, où Toni Musulin, convoyeur de fonds, a détourné 11.6 millions d'euros, avant d'en restituer 9,1 et de se rendre à la police. Dans 11.6, Philippe Godeau s’intéresse à la personnalité énigmatique de Toni Musulin. Si Toni Musulin a soulevé une vague d’admiration au moment du hold-up, le réalisateur prend le parti de montrer au contraire l’antihéros. Rencontre. Que saviez-vous de Toni Musulin mis à part les articles de journaux sur le détournement de fonds ? 11.6 est librement inspiré du livre d'Alice Géraud-Arfi, Toni 11.6 Histoire du convoyeur paru en 2011. La journaliste est une des rares personnes qui ait pu approcher Toni Musulin durant son incarcération. L’exconvoyeur lyonnais est placé à l'isolement, officiellement pour ne pas subir de pressions des autres détenus afin de lui faire révéler la cachette des 2.5 millions jamais retrouvés. Avec ma co-scénariste Agnès De Sacy, nous nous sommes énormément documentés sur Toni Musulin afin de coller au plus près de la réalité. Ainsi, nous avons rencontré ses anciens collègues, son entourage ainsi que ses avocats. De façon à obtenir une authenticité maximale, j’ai fait appel à des convoyeurs professionnels pour incarner les collègues de Toni Musulin aux côtés notamment de Bouli Lanners. 11.6 a été tourné en décors réels dans la région Rhône-Alpes, région natale de Toni Musulin. «11.6» avec François Cluzet © JMH Distribution 12 Vous n’avez pas reçu l’autorisation de rencontrer Toni Musulin ; comment avez-vous travaillé sur la véracité des faits ? Vous avez rencontrez beaucoup de personnes – anciens collègues, amis – qui vous ont parlé de Toni Musulin ; quelle personnalité avez-vous découverte ? Toni Musulin est décrit comme solitaire et peu bavard. Selon ses anciens collègues, l'ex-convoyeur, surnommé La pince à cause de son avarice, aurait accumulé de grosses sommes d'argent malgré un salaire modique. Fils d'immigré yougoslave, il aurait des liens troubles avec l'exYougoslavie. Je me suis demandé pourquoi un homme, sans raison apparente, bascule dans une délinquance au mode opératoire inédit, qui a attiré de la part de nombreux internautes des éloges pour avoir détroussé la Banque de France, au moment même où l’Occident plongeait dans la crise financière, en raison de ces mêmes banques. e n t Une partie du tournage a notamment été réalisée à Chamonix en HauteSavoie, ville qui aurait servi d'étape dans la cavale de l'ex-convoyeur avant qu'il ne se rende à la police monégasque. Actuellement placé à l'isolement à la prison de Corbas dans la banlieue lyonnaise, Toni Musulin n'a eu aucun contact avec l'équipe du film. J’ai fait une demande pour qu’il puisse voir le film malgré tout. Que retenez-vous de cet anti-héros peu commun ? Toni Musulin rêve d’autre chose, d’un ailleurs dans un pays où l’ascenseur social est en panne. Comme il le dit lui-même : Je suis un homme de première classe qui voyage en seconde. Propos recueillis par Firouz-Elisabeth Pillet r e t i e n c i n é m a Jean-Pierre Marielle n’était pas très à l’aise en la tournant. Il fallait beaucoup de délicatesse, de vérité et d’humanité pour y parvenir. C’est venu peu à peu. C’est souvent comme ça que les choses se passent. entretien : jean-pierre marielle et nick quinn La Fleur de l’âge Gaspard Dassonville, sexagénaire dynamique, mène une vie effrénée entre son travail comme producteur de télévision réputé et ses compagnes trentenaires, en s’obstinant à ignorer tout signe de vieillissement. Mais le grand âge vient le rappeler à son bon souvenir quand il est contraint d’accueillir chez lui son père Hubert, devenu dépendant. Vieillard bougon et ingérable, Hubert perturbe l’insouciance de son fils; ce dernier fait appel à Zana, une aide-soignante à l’imagination débridée qui met de la fantaisie et de la bonne humeur dans les relations entre le père et le fils. De passage à Lausanne, Jean-Pierre Marielle et Nick Quinn se sont prêtés à un entretien croisé. Rencontre. Nick Quinn, vous êtes connu dans le monde de la vidéo et de la télévision ; vous réalisez votre premier long métrage. Parleznous de ce passage … Depuis plus de vingt ans, je savais que je voulais passer à la réalisation mais le passage n’est pas évident. J’ai beaucoup réalisé pour la télévision et fait plusieurs courts. J’attendais le sujet qui m’inspirerait suffisamment pour passer au long métrage. Sans que le sujet de La Fleur de l’Age soit trop autobiographique, il me motivait à tenter l’aventure. De père anglais et de mère française, j’ai passé les dix premières années de ma vie en Angleterre ; cette double culture m’a permis de traiter les rapports entre Gaspard et son père Hubert avec un humour assez grinçant, car les Anglais sont peu enclins à se toucher et s’embrasser. parents perdent de l’importance jusqu’à ce que, l’âge aidant, on finisse par se retrouver à nouveau. C’est le moment des constats et parfois des regrets des deux côtés. Il y a dans mon personnage un vrai désespoir. Cette scène où il réussit à marcher avec l’aide d’un déambulateur après des semaines d’efforts et où il a cette réplique terrible : « Je marche, et alors ? Je marche vers où ? » Nick Quinn : Certaines scènes étaient difficiles à diriger et à demander aux acteurs, comme celle de la douche entre Arditi et Marielle ; comment êtes-vous parvenu à les convaincre ? En effet, mais il s’agit de plus encore que d'une histoire de réconciliation entre père et fils, le film aborde aussi les disparités entre générations, cette Fleur de l'âge où l'on se bat encore avant de devoir passer la main, même si les choses peuvent violemment changer. Du jour au lendemain, on se retrouve orphelin de choses qu’on pensait naïvement posséder pour toujours. Qu’aimeriez-vous jouer maintenant ? Ce que certains auront le courage de me proposer. Je ne me suis jamais battu pour un rôle. Dans les années 60, je n’allais même pas à certaines auditions de cinéma. A cette époque, je jouais, au théâtre, avec mon copain Rochefort et Delphine Seyrig. Ca me suffisait. Qu’est-ce qui vous séduisait dans ce personnage ? Je trouvais très émouvantes les retrouvailles entre ces deux hommes qu’on sent un peu éloignés au début du film. J’ai moi-même un grand fils. Dans une vie, on s’aperçoit qu’il y a toujours un moment où les enfants s’en vont. Les t Nick Quinn, votre film se veut plus un film sur une rencontre intergénérationnelle que sur le grand âge ? C’est parfaitement exact. J’ai toujours essayé de rendre familières les silhouettes qu’on me proposait et qui me plaisaient sans chercher à creuser loin... La relation avec un personnage est une rencontre bizarre, vous savez : vous croyez le cerner, vous vous racontez des choses sur lui, vous cherchez un tas d’explications et parfois vous vous trompez. Il faut laisser venir le personnage à vous. La rencontre, toujours la rencontre. Vous savez, dans ce métier, l’âge ne veut pas dire grand-chose. Il m’est arrivé de faire des films avec de jeunes réalisateurs qui tournaient comme des vieux et de travailler avec des vieux extrêmement inventifs. Peu importe l’âge, seule la passion commune pour l’art compte. La Fleur de l’Age raconte le rapprochement d’un père avec son fils. n Ah non. Je n’ai tout de même plus l’âge de jouer les jeunes gens. C’est un personnage peu commode à interpréter mais il y a même beaucoup de choses qui me plaisaient chez lui : c’est un homme qui n’est pas complétement dans la vie, il ne se résigne ni à son âge ni à son infirmité, il aime prendre des décisions. Et il a de l’humour - c’est indispensable, l’humour ! J’aimais son sale caractère, bougon. Il est un peu ambigu, un peu dérangeant. Ce sont toujours les plus rôles les plus intéressants à jouer. Jean-Pierre Marielle : Vous revendiquez le fait de peu travailler vos personnages. Les lauriers de plus de soixante ans de carrière ? Jean-Pierre Marielle, vous donnez volontiers leur chance à de jeunes metteurs en scène ; qu’est-ce qui vous motive ? e Jean-Pierre Marielle : Jouer un vieux monsieur qui perd son autonomie vous dérangeait ? Propos recueillis par Firouz-Elisabeth Pillet «La Fleur de l’âge» © JMH Distribution r e t i e n 13 c i n é m a Ces destins solitaires nourrissent chacun un conte mais le miracle opère et leurs chemins finissent par se croiser. Une bouchée de fraîcheur et d’optimisme qui met du baume à l’âme et au cœur ! Les films du mois Firouz E. Pillet CAMILLE CLAUDEL 1915 de Bruno Dumont, avec Juliette Binoche, JeanLuc Vincent, Robert Leroy 14 «Il Commandante et la cicogna» © Filmcoopi IL COMANDANTE E LA CICOGNA de Silvio Soldini, avec Valerio Mastandrea, Alba Rohrwacher, Giuseppe Battiston. Italie, 2013. Leo est veuf, sa vie n’est pas facile : il peine à gagner sa vie avec sa petite entreprise sanitaire et tente d’être le plus présent pour ses deux enfants adolescents : Maddalena qui s’est mise dans une sale affaire et Elia, rêveur et secret, qui a apprivoisé une cigogne. De son côté, Diana est peintre, mais sa peinture ne lui permet même pas de payer le loyer à son propriétaire, Amanzio, qui erre dans la ville dans l’espoir de la moraliser, passant le reste de ses journées à apprendre des langues étrangères. Lors d’une de ses pérégrinations urbaines, il rencontre Elia et ils deviennent amis. Du haut de son piédestal, un Garibaldi ronchon commente toute cette agitation, doté de la sagesse de son expérience. Le cinéaste italo-suisse Silvio Soldini livre un nouveau film choral dont les personnages tentent de régler leurs problèmes (sentimentaux, entre autres) sur fond de crise économique dans une Italie corrompue. Le réalisateur a écrit Le commandant et la cigogne avec ses fidèles collaborateurs Doriana Leondeff et Marco Pettenello, réalisant un film hautement poétique et original, une sorte de fable moderne qui passe a en revue les maux de la péninsule italienne, du chaos politique à la corruption, en passant par les manques de repères de la jeune génération. L’ouverture fait songer à une comédie musicale qui se mue rapidement en un film insolite, empli d’esprit et de poésie, un film dans lequel Soldini se régale à tourner dans le registre surréaliste qui laisse libre cours aux commentaires et aux conseils des statues qui parlent ; un adolescent se confie à une cigogne devenue sa meilleure confidente ; l’apparition bienveillante de la défunte femme de Leo - venue lui prodiguer des conseils, le rassurer, l’épauler de l’au-delà - ne semble pas aussi paisible qu’on l’imagine. Malgré les difficultés et les soucis du quotidien, l’amour et l’espoir demeurent les moteurs de ces individus. Ce film rappelle la fraîcheur et l’onirisme de Pane e Tulipani et Agata et la tempesta, girata. Turin, la ville du tournage, reste difficilement reconnaissable grâce à la mise en scène soignée de Paola Bizzarri dont émane une constante légèreté. Doté d’un humour fin, bienvenu quand Soldini aborde des sujets délicats – la perte d’un être cher, la sexualité des jeunes et ses dérapages, la paupérisation – ce film est une tentative bienheureuse à sortir du marasme socio-économique de l’Italie. Au fil des réalisations, Soldini a fondé une famille d’acteurs que l’on retrouve ici : Valerio Mastandrea en entrepreneur sanitaire ; Alba Rohrwacher en artiste rêveuse et idéaliste ; Giuseppe Battiston en polyglotte contestataire. c t u a Peut-être le meilleur film de Bruno Dumont, ce qui n’est pas peu dire s’agissant de l’auteur de Flandres, Hors satan et du sublime Hadewijch, souvent comparé à Bresson ou Pialat. On connaît la vie de Camille Claudel grâce à Anne Delbée et à son roman Une femme publié en 1982, puis, en 1988, par le film de Bruno Nuytten, Camille Claudel, avec Isabelle Adjani, et Gérard Depardieu dans le rôle d'Auguste Rodin. Née en 1864, Camille Claudel fut l’élève puis l’amante et la potentielle rivale de Rodin. Séparée de lui, elle se consacre à son art tout en développant un sentiment de persécution délirant, que l’absence de reconnaissance de l’Etat qui ne lui fit tardivement qu’une seule commande, ne fait que renforcer. En 1913, elle est internée à l’instigation de sa famille. Supposant ces faits à peu près connus du spectateur, Bruno Dumont tourne le dos au biopic pour s’attacher au récit de quelques journées de Camille Claudel, en 1915, attendant puis recevant la visite de son frère, l’écrivain Paul Claudel, dans l’asile psychiatrique-monastère du Vaucluse où elle est enfermée depuis le début de la guerre. Pour Camille tout n’est qu’attente, ennui, espoir (elle prie pour retrouver « sa chère famille et son cher travail ») dans sa terrible solitude. « Je suis ici sans savoir pourquoi » dit-elle au vieux médecin tout en lui livrant des éléments d’explication la montrant plus lucide que paranoïaque (l’abandon de sa famille qui, dit-elle, ne la fera jamais sortir, manipulée qu’elle est par Rodin instigateur des spoliations - héritage, œuvres, atelier - dont elle s’estime victime). C’est sur le visage sans maquillage d’une Juliette Binoche comme on ne l’a jamais vue, ayant apparemment dépouillé tout son savoirfaire d’actrice, que le spectateur scrute les émotions de l’hyper émotive Camille. La joie la submerge à l’annonce de la venue tant attendue de Paul (excellent Jean-Luc Vincent), sommet du film. Dumont prend le temps de montrer Paul Claudel rédigeant avant la visite des pages de ses l i t é c i n é m a Carnets ou s’entretenant avec un moine : la nature de son catholicisme mystique s’en trouve précisée (récit de sa conversion derrière un pilier de Notre-Dame ; tentation de la sainteté ; acquiescement total à la volonté divine). On n’en comprend que mieux le sens du silence glacé qu’il oppose aux demandes de sa sœur. Seule le fait réagir son exclamation « Alors c’est la volonté de Dieu de me laisser pourrir dans cet asile ? » Sa réponse : « Dieu nous éprouve pour qu’on connaisse les secrets de sa sagesse en nous laissant tomber dans le péché ». La suite est donnée par un texte se déroulant en fin de film : Camille passe les 29 dernières années de sa vie dans cet asile. Elle meurt en 1943 à 79 ans. Paul la visite régulièrement, mais n’assiste pas à son enterrement. Son corps repose dans un caveau collectif et n’a jamais été retrouvé. Cette puissante invitation à la méditation sur les artistes suicidés de la société n’est pas sans rappeler le Van Gogh de Pialat. Méditation servie par la beauté formelle (on pense à Chardin et Léonard pour l’image ; à Ozu pour la durée des scènes) de ce film contemplatif et rigoureux. Pas de musique sauf pour le générique de fin (Magnificat de Bach sur le nom de Bruno Dumont). Christian Bernard «Camille Claudel, 1915» a c t u CLIP de Maja Miloš, avec Isidora Simijonovic, Vukasin Jasnic, Sanja Mikitisin. Serbie, 2013. des scènes très explicites dans lesquelles rien ne nous est épargné, la pornographie, omniprésente, qui pervertit le rapport au sexe des adolescents. Le malaise persiste, sans doute au fait que l’actrice principale, censée avoir seize ans, n’en «Clip» © Mont blanc Distribution Jasna, une adolescente de 16 ans, s’ennuie dans sa petite ville en périphérie de Belgrade, entre les cours du lycée et la vie chez elle, où ses parents n’arrivent plus à dialoguer avec elle. Comme les autres jeunes de son âge, ses seules préoccupations sont de faire la fête, de rencontrer des garçons et de se filmer en permanence avec son téléphone portable. Jasna tombe folle amoureuse de Djole, un garçon de son école. Prête à tout pour lui plaire, Jasna sombre vite dans les excès de l’alcool, du sexe et de la drogue. Lors de la projection de Clip, on songe immédiatement à Kids, de Larry Clark. À la différence notoire que la réalisatrice, à peine trentenaire, est moins âgée que l'auteur américain. C'est bien là que réside la surprise de ce film : dans la capacité et l’audace de la réalisatrice à saisir les humeurs et les heurts d'une jeunesse plus à l'aise avec le sexe débridé, voire pornographique, que dans l’expression de ses sentiments. Mais rapidement un sentiment de malaise croissant s’installe face à l’évidente complaisance de la cinéaste à insister sur certains plans. Puisant son inspiration dans des vidéos glanées sur YouTube, filmées par des adolescents depuis leurs portables, la réalisatrice Maja Miloš a décidé de mettre en scène la jeunesse de son pays. Cherchant à glisser Clip dans le moule du documentaire afin de rester proche d’une certaine réalité, la cinéaste entretient une incessante alternance entre des images censées être capturées à l’arraché par sa protagoniste Jasna et la routine d’un quotidien morose. La réalisatrice serbe se justifie, avançant son intention de dénoncer la perte de repères de la jeunesse serbe et son désespoir. Elle dénonce, via a l i t avait que quatorze lors du tournage. La cinéaste de légitimer la violence de certaines scènes en arguant que les jeunes acteurs ont été très encadrés, en présence de leurs parents, et que toutes les scènes périlleuses ont été longuement discutées en amont. Mais la provocation cesse de convaincre pour céder place rapidement à la complaisance. Cette succession d’images est une véritable claque qui devient inutile en l’absence de propos concrets. Il faut avoir le cœur solide mais surtout le regard bien accroché devant ce film dont on peine à déceler une prétendue sensibilité qui s’étiole face à cet exhibitionnisme et cette violence qui demeurent les seuls moteurs de ce premier long-métrage. Ames sensibles, en particulier parents d’ados, s’abstenir ! Firouz E. Pillet LE GRAND RETOURNEMENT de Gérard Mordillat avec Jacques Weber, François Morel, Edouard Baer, Frank De La Personne, France 2013 Sur le fond: une analyse convaincante de la crise financière et sa transformation en crise sociale, passant par le rôle respectif des banques, des marchés et de l’Etat. Pour la forme: une fable brechtienne farcesque. Romancier et cinéaste, accessoirement homme de radio, longtemps soutien du PCF et aujourd’hui du Front de gauche, ancien responsable des pages littéraires du journal Libération, Gérard Mordillat est l’auteur d’une vingtaine de films dont, avec Jérôme Prieur, les séries docu- é 15 c i n é m a 16 mentaires télévisées diffusées sur Arte traitant du christianisme : Corpus Christi, L'Origine du christianisme, L'Apocalypse. Adapté d’une pièce de Frédéric Lordon, économiste, directeur de recherche au CNRS, D’un retournement à l’autre, le film conserve délibérément les traces de son origine théâtrale. En effet le texte est en alexandrin, le plateau est une usine désaffectée, les changements de décors se font à vue par les comédiens eux-mêmes. Rien de naturaliste donc. Le texte transporte d’emblée le spectateur du côté de Molière et Racine (le directeur de la banque centrale aux banquiers : « Et pour être complet il faudrait ajouter Qu’après tous vos clients c’est moi que vous braquez » ). Une façon de dire que la France d’aujourd’hui vit sous l’Ancien Régime. Le problème vient du filmage de cette adaptation. Les comédiens en font des tonnes ce qui est de bonne guerre dans une charge, mais s’accommode mal du plan rapproché ou du gros plan de règle ici. Seuls Jacques Weber, en banquier, et François Morel en conseiller du président de la République, apportent quelques nuances de jeu. Une autre faiblesse tient à la psychologie que Mordillat ne peut éviter de prêter aux personnages, banquiers, président, conseillers : elle n’est simplement pas crédible. Dommage car on n’oublie pas que le premier film de Mordillat coréalisé avec Nicolas Philibert en 1979, La Voix de son maître, nous en apprenait infiniment plus sur la psychologie des chefs d’entreprise à qui il donnait la parole. Reste, on l’a dit, une analyse convaincante des responsabilités et complicités au plus haut niveau à l’origine de la crise. «Le grand retournement» Globe, de l’Oscar et du César du meilleur film étranger. Le public ne s’y est pas trompé : film iranien le plus vu en Suisse comme en France avec un million d’entrées, Une Séparation a été reconnu comme le très grand film qu’il est. Pour beaucoup, la découverte de Farhadi date de 2009 avec A propos d’Elly, histoire d’un groupe d’amis réunis pour un wek-end au bord de la mer Caspienne, que la presque noyade d’un enfant suivie de la disparition soudaine de l’énigmatique Elly, invitée de dernière minute, va bouleverser. Entre A propos d’Elly, Une Séparation et Le Passé, une évidente continuité tant le propos de Farhadi est constant : montrer qu’il n’y a pas une mais des vérités (chacun la sienne) en matière de relations amoureuses, filiales ou amicales; inviter le spectateur à comprendre plutôt qu’à juger. Farhadi était attendu pour ce premier film tourné en France avec un acteur iranien parlant français, Ali Mosaffa (Une Séparation) et des acteurs français. La greffe prend parfaitement dans cette histoire ni iranienne, ni française, simplement humaine. Ahmad revient d’Iran à Paris après quatre ans de séparation d’avec Marie pour finaliser leur divorce. Marie a une fille adolescente attachée à Ahmad bien qu’il ne soit pas son père, un nouveau compagnon encore marié ayant lui-même un petit garçon… Entre eux des relations difficiles souvent explosives qu’Ahmad va tenter d’apaiser en médiateur, en catalyseur permettant chez les autres l’émergence d’anciens non-dits. Comme chez Ibsen, dont Farhadi possède la puissance, c’est par la parole (« On doit discuter », « il faut qu’on parle ») que se révèlent les nœuds de contradictions, de culpabilités, de névroses - et d’amour liant les personnages, miroirs les uns des autres. Contradictions non résolues pour ces personnages constamment face à un dilemme, à la croisée des chemins entre fidélité à un passé toujours là et désir d’aller de l’avant. On laissera au spectateur le plaisir de découvrir les rebondissements de l’histoire révélant autant de facettes chez les personnages, tout comme le plaisir de découvrir les formidables idées de mise en scène dans ce film qui fait le choix du plan fixe (plus de caméra portée comme dans Une Séparation), privilégiant par là même le point de vue des protagonistes. Ainsi au début du film, alors que Marie, venue chercher Ahmad à l’aéroport, l’aperçoit enfin, on les voit alternativement de face essayant de communiquer mais on ne les entend pas: on réalise alors qu’ils sont séparés par une vitre alors qu’ils se retrouvent pour divorcer après 4 ans de séparation… Outre ses qualités de dramaturge et de metteur en scène, Farhadi confirme être un grand Christian Bernard LE PASSÉ d’Asghar Farhadi avec Bérénice Béjo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa En compétition à Cannes dans la sélection officielle, en salle depuis le 22 mai, on ne sait pas au moment d’écrire ces lignes si Le Passé aura été distingué par le Jury présidé par Steven Spielberg. Si c’est le cas, Le Festival de la Croisette aura emboité le pas à la Berlinale qui avait attribué l’Ours d’or du meilleur film en 2011 à Une Séparation, précédent film d’Asghar Farhadi, par ailleurs couronné d’un Golden a «Le passé» d’Asghar Farhadi c t u a l i t é c i n é m a directeur d’acteurs. Bérénice Béjo qui n’était que charmante dans The Artist donne force et consistance à Marie, la plus décidée et la plus extravertie des personnages, Tahar Rahim (Un prophète) est très solide dans le rôle de son compagnon Samir, tout comme Ali Mosaffa dans celui d’Ahmad. Christian Bernard LE DERNIER DES INJUSTES de Claude Lanzmann. France, 2013. Claude Lanzmann, auteur de Shoah, documentaire sur l'extermination des Juifs par les Nazis, se penche sur un autre pan de ce chapitre ténébreux de l'histoire du XXe siècle avec Le dernier des injustes sur le “ghetto modèle“ de Terezin, près de Prague, et la personnalité contestée du dernier “doyen des juifs“. Présenté le premier dimanche du Festival de Cannes hors compétition, le documentaire recourt pour la première fois au long témoignage, recueilli par Claude nazi Adolf Eichmann pour leurrer le monde occidental, d’une part, d'autre part parce qu'il servait de vitrine idyllique du modèle nazi lorsque les dirigeants de l'Ouest ou de l'ONU annonçaient leur visite. Les images de propagande mettent en scène des enfants joyeux interprétant Brundibár ou des personnes âgées dans une maison de retraite paisible ou encore des dessins réalisés par d'anciens détenus. Le documentaire de Lanzmann rappelle qu'à Terezin, par laquelle passèrent près de 150.000 hommes, femmes, vieillards et enfants, fut atteint le “sommet de la cruauté et de la perversité nazie“, dans “une combinaison unique de mensonge et de violence nue“, selon les termes de Lanzmann. Le documentaire passionnant de 3h30 propose un nouvel éclairage de la solution finale grâce à ce témoin unique et controversé. Le rabbin Benjamin Murmelstein avait été chargé avant par Eichmann d'organiser à Vienne l'émigration forcée des juifs d'Autriche à partir de l'été 1938 jusqu'au déclenchement de la guerre. Il luttera “Le dernier des injustes“ comme se qualifie lui-même Murmelstein en référence au “Dernier des Justes“ d'André Schwarz-Bart, parle du rôle contesté des conseils juifs. Auteur en 1961 d'un livre en italien sur le ghetto, relatant les luttes de pouvoir à Terezin, le rabbin confesse son goût du pouvoir, rappelant que tous étaient martyrs. Avec une prétention guère dissimulée, le rabbin se compare à Shéhérazade racontant un conte, feignant d'être la marionnette des nazis pour “me sauver et sauver le ghetto“. Son plaidoyer semble bien peaufiné mais le doute surgit quand on songe que les deux rabbins précédents ont été tués d'une balle dans la nuque, l'un à Terezin, l'autre à Auschwitz. Comme le souligne le documentaire de Lanzmann, le doute persiste : accusé de collaboration avec l'ennemi par un certain nombre de juifs, Benjamin Murmelstein a été arrêté en 1945 et emprisonné par la justice tchèque pendant dixhuit mois avant d'être acquitté. Il s'est exilé ensuite à Rome où il est décédé en octobre 1989. «Le dernier des injustes» 17 Lanzmann en 1975 à Rome, de Benjamin Murmelstein, dernier président du conseil juif du ghetto de Terezin, ou dernier “doyen des juifs“ selon la terminologie nazie. Rappelons que les conseils juifs avaient été établis pour faire régner l'ordre allemand dans les ghettos. S'insurger contre l'ordre établi engendrait la mort. Terezin (Theresienstadt en allemand), créée en septembre 1941, a été appelée aussi la ville “donnée aux juifs par Hitler“, pour les autres, le ghetto du mensonge, puisque élu par le criminel a c t u ensuite pour en faire sortir plus de 121.000. Parce qu'il a bien connu Eichmann, il s'insurge contre ceux - dont la philosophe allemande Hannah Arendt - qui le considéraient comme un simple gratte-papier obéissant. “C'était un démon“, affirme avec véhémence le rabbin qui ne comprend pas pourquoi, au procès d'Eichmann en Israël, sa participation à la Nuit de cristal n'a pas pu être prouvée, lui qui l'a vu de ses propres yeux participer au saccage de la synagogue de la Seitenstettengasse de Vienne. a l i t Le cinéaste de conclure qu'il n'y a pas eu de “vrais collabos“ chez les Juifs à part un groupuscule à Vienne, “de vrais tueurs“. Lanzmann souhaite que son documentaire permette à Murmelstein de gagner “plus de compréhension, d'empathie et que les procureurs se calment“. A vous de juger ! Firouz Elisabeth Pillet, de Cannes 2013 é Une fenêtre ouverte sur le monde… Abonnez-vous ! www.lepoche.ch CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) Darina Al Joundi, auteur et comédienne c i n é m a festivals au spoutnik 50 JPG-cinéma et Bill Murray Deux événements au Spoutnik en juin mettront les cinéphiles à la fête. Le festival des 50 JPG (50 Jours pour la_photographie à Genève) est une triennale initiée par le Centre de la photographie Genève (CPG) en 2003. Partenaire de l’édition 2013, le Spoutnik présente sur deux week-end (8 et 9 juin; 15 et 16 juin) un programme de films qui, selon des modalités diverses, interrogent la croyance du spectateur à travers la nature double de l’image - à la fois analogue au réel et simulacre. L’occasion rare de voir des films de Peter Watkins, William Karel, Harun Farocki, Chris Marker, Jim McBride, Shohei Imamura. A noter la reprise du plus récent film de Joana Hadjithomas & Khalil Joreige présenté à NyonVisions du Réel au mois d’avril. Le festival du film de Bill Murray permettra de voir entre le 5 et le 21 juin quelques-uns des meilleurs films de l’acteur américain dont le jeu pince-sans-rire et la présence faite d’absence en fait une preuve vivante que less is more. Seront à l’honneur, les films de Wes Anderson bien sûr, mais aussi d’Ivan Reitman, Sophie Coppola, Tim Burton, Jim Jarmush, la plupart en 35mm. Bretagne – 1965 – 48min – VOstFR 19h PUNISHMENT PARK / Peter Watkins – USA – 1970 – 88min – VOstFR - 35mm Dimanche 16 juin : 18h TERRE SANS PAIN (Las Hurdes, tierra sin pan) / Luis Bunuel – Espagne – 1933 – 27min – VostFr – DVD + L'AMBASSADE (1973) / Chris Marker – France – 1973 – 20min – VF – Format ? 19h AN IMAGE / Harun Farocki – Allemagne – 1983 – 25min – VostAng – 16mm + INDUSTRY AND PHOTOGRAPHY / Harun Farocki – Allemagne – 1979 – 44min dimanche 9 juin à 16h : THE FANTASTIC MR FOX / Wes Anderson 2009 - USA lundi 10 juin à 21h : THE LIFE AQUATIC WITH STEVE ZISSOU (la vie aquatique) / Wes Anderson - USA - 2004 mardi 11 juin à 21h : LOST IN TRANSLATION / Sofia Coppola USA/Japon - 2003 mercredi 12 juin à 21h : ED WOOD / Tim Burton - USA - 1994 vendredi 14 juin à 21h : STRIPES (les bleus) / Ivan Reitman - USA 1981 - 106 min samedi 15 juin à 21h : GHOSTBUSTERS (S.O.S. fantômes) / Ivan Reitman - 1984 - USA dimanche 16 juin à 16h : THE ROYAL TENENBAUMS (La famille Tenenbaum) / Wes Anderson - USA - 2001 dimanche 16 juin à 20h : MOONRISE KINGDOM / Wes Anderson USA - 2012 lundi 17 juin à 21h : THE LIMITS OF CONTROL (les limites du contrôle) / Jim Jarmush - USA - 2009 Christian Bernard Programme 50JPG - CINEMA Samedi 8 juin : 19h OPERATION LUNE / William Karel – France – 2002 – 52min – VF – DVD 20h THE LEBANESE ROCKET SOCIETY / Joana Hadjithomas & Khalil Joreige – France / Liban – 2013 – 95min - VOstFr Dimanche 9 juin : 18h DAVID HOLZMAN'S DIARY / Jim McBride – USA – 1967 – 74min – VostFR 20h L'EVAPORATION DE L'HOMME / Shohei Imamura – Japon – 1967 – 130min – VostFr – 35mm Samedi 15 juin : 17h30 IN DREAMLAND / Dominique Fleury Suisse - 16min - 2007 - VOstFR 18h WAR GAME / Peter Watkins – Grande a c t u Bill Murray dans «Lost in Translation» de Sofia Coppola Programme BILL MURRAY mercredi 5 juin à 21h : GROUNDHOG DAY (un jour sans fin) / Harold Ramis - 1993 - USA jeudi 6 juin à 21h : FILM SURPRISE - gratuit vendredi 7 juin à 21h : QUICK CHANGE (Hold-up à NY) / Howard Franklin & Bill Murray - USA - 1990 samedi 8 juin à 22h30 : ZOMBIELAND (Bienvenue À Zombieland) / Ruben Fleisher - USA - 2009 a l i t mardi 18 juin à 21h : RUSHMORE / Wes Anderson - USA - 1999 mercredi 19 juin à 21h : WHERE THE BUFFALO ROAM / Art Linson USA - 1980 jeudi 20 juin à 21h : MAD DOG AND GLORY / John McNaughton - USA - 1993 vendredi 21 juin à 21h : MEATBALLS (Arrête de ramer, t'es sur le sable) / Ivan Reitman - USA - 1979 www.spoutnik.info é 19 m u s i u e Le directeur administratif de la phalange genevoise, Andrew Ferguson, confirme que la volonté commune de la nouvelle direction est de donner plus de cohérence et de consistance aux productions musicales de l’OCG, de favoriser les coproductions locales et le dialogue avec les différentes institutions du canton. saison 2013-2014 de l’ocg Au diapason de sa région Stimuler la transmissions musicale Le 24 septembre prochain verra l’OCG donner son premier concert de la saison sous la direction d’un nouveau chef déterminé et enthousiaste, Arie van Beek. Il n’est certes pas un inconnu dans la maison et compte bien poursuivre le travail ambitieux de son prédécesseur, mais en inscrivant l’identité musicale de l’OCG plus profondément encore dans l’action culturelle locale. Un rôle décisif que la formation genevoise doit incontestablement tenir à travers une programmation cohérente et diversifiée. 20 q L’Orchestre de Chambre de Genève n’a pas fini de nous surprendre. Lui qui a su jouer avec panache la carte de l’ouverture et de l’audace sous l’ère formatrice de David Greilsammer, marchera désormais dans les traces du chef néerlandais Arie van Beek, qui sait allier émotion et rigueur, percution et sensibilité orchestrale. (c.f. entretien Arie van Beek, in Scènes-Magazine de février 2013) Tout en demeurant dans une certaine continuité qui permettra aux fidèles de l’OCG de retrouver la structure générale de la programmation, les projets musicaux de la saison 2013-2014 illustrent d’ores et déjà cette volonté de faire de l’orchestre un vecteur régional stimulant de la transmission musicale, afin de toucher des publics divers et d’être présent au sein des différentes manifestations culturelles de la vie genevoise. Dès le 1er septembre au Festival de la Bâtie avec The Desintegration Loops de Basinski sous la direction de Ryan McAdams. Les 2 octobre et 3 novembre, une présence attendue au sein du Wagner Geneva Festival, avec entre autres une thématique « Wagner et la Suisse » proposée par le chef Thomas Rössner, rompu à cet exercice. L’OCG se produira également au Victoria-Hall le 20 octobre, dans le cadre des Concerts du dimanche, pour des exécution de pièce de Ravel, Poulenc, Wagemans et Honegger qui donnera un aperçu du talent et de l’éclectisme d’Arie van Beek et des qualités sonores du piano de Ronald Brautigan. L’OCG sera également partie prenante lors des Concerts d’Automne à Carouge le 10 novembre, avec un programme qui ira de Haendel à Poulenc, en passant par Mozart et par l’Adagio pour cordes de Bruckner. L’orgue de l’Eglise Sainte-Croix sera alors tenu par l’étonnant Marcelo Giannini. Le traditionnel Concert de l’Avent verra l’OCG se produire à Villars-sur-Glâne le dimanche 15 L’Orchestre de Chambre de Genève © Gregory Batardon a c t u a l i t é m u s i q u e décembre pour créer une musique de film de Mario Beretta, Vitus, sous la direction de Jérôme Kuhn. Collaborations Collaboration toujours fructueuse avec le Cercle Jean-Sébastien Bach, à la Cathédrale de Genève, le 22 décembre prochain. L’Oratorio de Noël et les Cantates I, V et VI seront dirigée par Natacha Casagrande et chantés par un quatuor vocal particulièrement séduisant : la soprano Marina Lodygensky, l’alto Miyoug Kim, le ténor Bernhard Hunziker et le baryton Stefan Vock. A ne manquer sous aucun prétexte. Preuve supplémentaire de la volonté de l’OCG de se produire dans ce qu’on nomme désormais « la première couronne genevoise », un concert à Meyrin, le 13 mars 2014, et qui aura pour fil rouge « Le concerto dans tous ses états » sous la houlette de l’inégalable Philippe Béran et animé par Jean Deperrex, soliste de l’OCG ; au programme : Antonio Vivaldi, Karl Ditters von Dittersdorf et Félix Mendelssohn ! bre, cadre insolite s’il en est pour l’OCG qui une fois encore sait aller à la rencontre d’une institution des fêtes de fin d’année au centre-ville. En 2014, sera également reconduite la formule des Ateliers-Rencontres, à l’occasion desquels le maestro van Beek présentera et dirigera au Studio Ernest-Ansermet des séances orchestrales qui tenteront de répondre à deux questions passionnantes : A quoi sert le Maestro et qu’est-ce que la danse en musique ? Et puis, les estivants mélomanes retrouveront avec plaisir l’OCG dans la Cour de l’Hôtel-de-Ville, Arie van Beek © Gregory Batardon en collaboration avec l’Opéra de Chambre de Genève sous la direction de Franco Trinca, en juillet 2014. Ambitions Cette programmation parle donc d’elle-même, elle affiche les ambitions à venir de l’OCG, de son chef exigeant Arie van Beek et de son directeur administratif volontaire Andrew Ferguson, celles de faire vibrer l’orchestre d’un bout à l’autre du territoire genevois, tout en préservant l’indispensable série de concerts de soirée, au nombre de sept la saison prochaine, principalement donnés au BFM. De septembre 2013 à juin 2014, un répertoire qui du baroque au contemporain témoignera de la très grande amplitude des choix et des affinités d’Arie van Beek qui titre ces concerts de façon éloquente : « Néo-classique » (Bartok, Stravinsky, Mozart), « Trompettes et guerre » (Vivaldi, Schnittke, Biber, Haydn), « Concerto Grosso » (Haendel, Adams, Barber, Chostakovitch), « De Londres à Bâle » (Haydn, Bartok), « Pâques » (Frank Martin), « Open Bach » (Bach, Martin, Beethoven), « Carte Blanche », offerte la saison prochaine à l’immense violoniste Gordan Nikolich : la surprise demeure. Ronald Brautigam © Marco Borggreve Le 26 mars donnera à entendre une véritable collaboration musicale avec le Chant Sacré de Genève, avec entre autres, la Missa in honorem Sancti Andrea de Ferenc Farkas, le Magnificat de Villard commandé par le Chant Sacré pour une création mondiale. Enfin, un concert intitulé « Pop and Plug » avec l’OCO-MOTION et Philippe Béran, car s’il est bien de jeunes pousses musicales avec lesquelles l’OCG se doit de collaborer, c’est avec l’Orchestre et le chœur du Cycle d’Orientation et de l’ECG, et de surcroît, dans une salle comme le Victoria Hall. Quel rayonnement pour de jeunes amateurs ! N’oublions pas le bien nommé « Concert de Noël » qui aura lieu cette année sous les projecteurs de la piste du Cirque de Noël, le jeudi 5 décem- a c t u a l Arie van Beek explique qu’il souhaite intégrer peu à peu des ingrédients nouveaux et particuliers durant un cycle de trois ans de concerts qui s’efforcera de consolider le travail et les acquis de l’orchestre. Van Beek sera à la fois le directeur artistique et musical de l’OCG, précision qui a son importance quand on veut aller vers plus de cohérence, vers une étroite collaboration accentuée avec la Ville et l’Etat de Genève et vers une politique de coproductions, de dialogue retrouvés avec les institutions musicales en présence dans une région genevoise si riche en énergies artistiques diverses. Louables perspectives ! Jérôme Zanetta Plus d’infos sur : http://www.locg.ch/ i t é 21 m u s i q u e christian benda à genève Entre le Rhône et la Vltava L'interprète ne dédaigne pas non plus la technique: On lui doit également un système original pour tenir un violoncelle ! Une origine tchèque qu'il revendique; une naissance au Brésil; un père qui avait acquis le passeport helvétique; de nombreuses années passées en Suisse romande. Portrait de Christian Benda, un “citoyen du monde“ résidant désormais au Tessin ! Descendant d'une dynastie de compositeurs tchèques comparable à celle des Bach, Christian Benda est violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur, selon la définition donnée par le «bottin» des musiciens classiques. Mais encore ? Qui est-il précisément ? Famille 22 L'artiste se veut «musicien», car il pratique aussi la composition en parallèle du concert, en rédigeant des introductions pour certaines œuvres. La production des ancêtres, la famille de façon générale, compte ! Son père, dont l'influence a été immense, était pianiste; il a joué un répertoire étendu et a partagé un prix avec Daniel Barenboïm; ses cinq frères et sœurs sont dans le milieu musical ! Les enregistrements incluent un grand nombre de textes de ses ascendants: George Anton Benda, Frantisek Benda, et Jan Jiri Benda, compositeurs du XVIIIe siècle. Le concertiste aime rappeler que Jiri Antonin Benda était admiré par... Mozart ! Wolfgang Amadeus aurait repris, pour son Requiem, un motif de son confrère tchèque. Beaucoup de CD, parus chez Naxos, portent le patronyme de Benda, sur plusieurs rubriques ! Parmi ses engagements, il y a la direction d'orchestre du “Prague Sinfonia“, créé à l'initiative de Vaclav Havel. Du côté de sa mère, une aïeule s'est produite avec Clara Schumann ! C'est dire si la musique est fortement ancrée en lui ! der une partition; Christian Benda se veut médium. «Une œuvre musicale est une création ouverte, comme un jardin. Dans toutes les sociétés, il y a des différences de perception, selon des contextes dissemblables. Tous ces contextes évoluent dans le temps et dans l'espace. La musique évolue, et la vérité esthétique de mon grand-père et de ses ancêtres n'était pas plus pertinente que la mienne. La musique change sans cesse, c'est un être vivant. Autrement, elle est bonne pour le musée» a-t-il expliqué à un journaliste new-yorkais. La soirée genevoise, avec une phalange italienne, se profile sous le signe de la quête. Sa carrière l'a emmené partout: à Paris, où il a été l'élève de Pierre Fournier, mais aussi pour des séjours de durée variable à Vienne, Londres, Rome, New-York, Hong-Kong, Milan, Budapest, Varsovie, Singapour, Bucarest, Florence, Zurich, Shanghai, São Paulo, et bien évidemment Prague... ! Il a développé et cultive encore un goût pour les ambiances culturelles variées dont le concert témoignera. Ses voyages musicaux vont de pair avec une participation dans l'humanitaire, considéré au sens large: le virtuose s'investit en faveur des droits humains; il est ambassadeur des Droits de l'homme auprès du CICR à Genève et s'engagé contre la peine de mort et le don forcé d'organes; il milite dans plusieurs comités en faveur d'une gestion responsable du climat. On lui doit, sur ces sujets, des textes et poèmes écrits directement en français. Personnage non dénué d'humour, Christian Benda a participé à l'émission radiophonique «les Dicodeurs», en janvier 2013. La soirée genevoise pourrait se teinter de surprise et de drôlerie ! Pierre Jaquet 12 juin 2013 à 20 h. Bâtiment des forces motrices à Genève. Avec l'Orchestre Philharmonique de Turin & Francesca Dego (violon) FRANZ SCHUBERT (1797-1828) : Ouverture dans le style italien en do majeur D.591 FÉLIX MENDELSSOHN (1809-1847) : Concerto pour violon en mi mineur op. 64 NICOLA CAMPOGRANDE (né en 1969) / «Banksy promenade» / commande de L'Orchestre de Chambre de Genève et l'Orchestra Filarmonica di Torino, création mondiale 2013 LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770-1827) : Symphonie N°8 en fa majeur op. 93 Location : 022/807.17.90 / [email protected] (lunven 9h30–12h/ 14h30–16h), www.ticketportal.com Vivre la musique ? Entendre en découvrant des portées, c'est opérer un choix interprétatif. La sonorité est un élément central pour abor- a Sur tout le globe Christian Benda c t u a l i t é www.superposition.info www perposition. iinfo Genève, été 2013 classique, jazz musiques colorées www.musiquesenete.ch LOCATION : Classique et jazz : Maison des arts du Grütli s Espace Ville de Genève s Genève Tourisme s Cité Seniors s Sur place : une heure avant chaque concert s Billetterie en Musiques colorées : concerts gratuits ligne sur le sitetMusiques Partenaires médias : Genève, ville de culture m u s i q u e 24 chapelle de l’oratoire genève Katia Baltera Cravetti Fête de la Musique La mezzo soprano genevoise donnera un récital le jeudi 6 juin dans la salle de la Vieille-Ville qu’elle affectionne. Il aura l’originalité de marquer les premiers pas d’un ensemble à géométrie variable que l’artiste souhaite porter sur les fonts baptismaux. L’occasion d’une rencontre. La 22ème édition se déroulera les 21, 22 et 23 juin prochains, et ces trois jours de festivités transformeront l’espace urbain en accueillant, dans les rues piétonnes et les places de la ville et des communes environnantes, des concerts, des fêtes et des rencontres. Celle qu’on a pu entendre à maintes reprises en Suisse romande depuis plus de 10 ans dans des récitals de Lieder accompagnés par son pianiste attitré, Alain Porchet, a également chanté à Moscou, en Corée, en Chine et en France. Aujourd’hui Katia Baltera Cravetti dit souhaiter changer de formule. En effet, “un programme exclusivement chant-piano, ça sature” confie-t-elle avec le naturel et la drôlerie qui la caractérisent. “J’aime bien l’idée de partager la scène avec d’autres musiciens; cela crée une autre dynamique sonore”. D’où son projet de mélanger musique de chambre et chant. On pourra ainsi entendre, le 6 juin, La Chanson Perpétuelle d'Ernest Chausson, partition écrite pour mezzo-soprano, quatuor à cordes et piano; les Wesendoncklieder de Richard Wagner pour mezzo-soprano et piano; Crisantemi de Giacomo Puccini pour Quatuor à cordes, écrit en 1890 “à la mémoire d’Amédée de Savoie, Duc d’Aoste”. Egalement au programme, diverses pièces pour cordes solo et piano : Après un rêve de Gabriel Fauré et Le temps des Lilas de Chausson pour violoncelle et piano; Sicilienne et Berceuse de Fauré pour violon et piano; Romance de Clara Schumann et Romance de Richard Wagner pour violon et piano; Les Berceaux et Au bord de l'eau de Fauré pour alto et piano. “Le Sextuor constitué pour l’occasion n’a pas encore de nom, mais nous y travaillons” précise la chanteuse. Faisons confiance à Katia Baltera Cravetti l’énergie et au dynamisme évidents de celle qui, outre la gestion de projets culturels, est à la tête d’une société de communication, rédactrice à la RTS et membre du Conseil de Fondation de l’Orchestre de Chambre de Genève. A la question de savoir comment elle parvient à conciler le tout, elle répond “je suis un peu comme un robot ménager multi-fonctions”. Naturel et drôlerie, vous disait-on… Organisée par le Département de la culture et du sport de la Ville de Genève, La Fête de la musique s'adresse à toute la population. En VieilleVille, dans les parcs des Bastions ou des Cropettes, ... tous les styles de musique résonneront sur la quarantaine de scènes prévues sur les deux rives du Léman. Dans le domaine de la musique classique, ce sera l’occasion pour le Victoria Hall de célébrer le 20e anniversaire des Grandes Orgues en organisant quatre récitals qui seront donnés par Yves Rechsteiner, François Delors, Lionel Rogg et Diego Innoncenzi. En outre, deux créations seront offertes au public, la première concerne «De fil en aiguille» de Philippe Dragonetti, et la deuxième la «Cantate pour demain» de Nicolas Hafner. Des ateliers musicaux seront ouverts au public; ainsi, au parc Beaulieu, des ateliers et animations musicales sont organisées sous le titre «Au fil des sons»; il y aura même un atelier d’éveil musical pour les enfants de 1 à 10 ans, «La Bulle d’air». Quant au programme des concerts Musiques actuelles, il propose par exemple du jazz au Musée d’art et d’histoire avec Gabriel Zufferey, de la perfo avec, à Bastions Réformateurs, la Fanfareduloup Orchestra accompagnée de Wazem. Dans le même lieu, on pourra entendre de la chanson reggae avec Mosquito. Sur la Treille, place à Nana’N’Kho pour de l’afro groove, suivi de Wayne Paul pour une séance de trip hop dub-UK. Au Kiosque des Bastions, il y aura de la salsa avec Nolosé; tandis qu’à Bastions Crypte, Hell’s Kitchen offrira son dirty blues, avant de céder la place à Bak XIII qui fera résonner de l’électro rock. On le voit, il y en aura pour tous les goûts, et ceci entièrement gratuitement ! La danse s’invite également à la Fête de la Musique, à Saint-Antoine, aux Tranchées et à la Cour des Casemates. Parmi les artistes qui se produiront figurent les Genevois Jozsef Trefeli - qui présentera son duo «Jinx 103» avec Gabor Varga - ou Laurence Yadi & Nicolas Cantillon, ainsi que Foofwa d'Imobilité, dont on pourra voir ou revoir Foofwa d'Imobilité les pièces sur scène durant ces trois jours de fête. Le programme complet sera en ligne le jeudi 6 juin sur le site www.fetedelamusique.ch et paraîtra dans la Tribune de Genève le 20 juin. D’après des propos recueillis par Christian Bernard a c t u a l i t é m u s i q u e sur les scènes en juin Agenda genevois Le grand rendez-vous des mélomanes sera en cette fin de saison, comme chaque année au bout du lac, la Fête de la Musique qui se tiendra du 21 au 23 juin. Rendez-vous donc dès le 6 juin sur www.ville-ge.ch/culture/fm/ pour en découvrir le programme détaillé ! En attendant ce week-end prometteur, les amateurs d’opéra ne pourront pas manquer la Rusalka d’Antonín Dvorák, qui annoncera les bains estivaux grâce à son livret inspiré par l’Undine de Friedrich de la Motte Fouqué. Dans une production du Salzburger Festspiele, l’on retrouvera dès le 13 juin sur la scène du Grand Théâtre Alexei Tikhomirov dans le rôle de l’Ondin et Camilla Nylund en tant qu’héroine éponyme. Dmitri Jurowski sera dans la fosse à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, tandis que la mise en scène est co-signée par Jossi Wieler et Sergio Morabito. Yuri Bashmet © Nicolas Brodard Pour se préparer aux consonances slaves, l’ensemble Contrechamps nous propose un concert de musique de chambre dans le foyer de la maison lyrique le 2 juin, avec au programme des œuvres de Kurtág et de Schnittke. Autre rendez-vous à ne pas manquer sur la scène de la Place Neuve : la venue de la talentueuse soprano Barbara Frittoli le dimanche 9 juin. Tandis que la première partie sera dédiée à Verdi, la deuxième mettra à l’honneur Wagner et ses Wesendonck-Lieder. La soprano Brigitte Hool participera au concert du 9 juin qui réunit l’Ensemble vocal de a c t u Neuchâtel, la Psallette de Genève et l’Ensemble Symphonique de Neuchâtel sous la direction de Steve. Au programme, le Requiem de Karl Jenkins et la Berliner Messe d’Arvo Pärt. Côté symphonique, Christian Benda sera à la direction de l’Orchestra Philharmonique de Turin et accompagné par la violoniste Francesca Dego, le 12 juin au BFM - invité par l’Orchestre de Chambre de Genève. Au programme : la Symphonie No 8 de Beethoven et le Concerto pour violon de Mendelssohn, ainsi qu’une création mondiale de Nicola Campogrande intitulée Bansky promenade. Le 11 juin, le Victoria Hall accueille Les Solistes de Moscou sous la direction de l’altiste Yuri Bashmet pour un programme Schubert et SaintSaens. Participeront à la soirée les pianistes Ksenia Bashmet et Ivan Roudine et, dans le rôle du récitant, Konstantin Khabensky. David Greilsammer poursuit quant à lui son intégrale des Concertos pour piano de Mozart, avec cette fois les concerti No 13, 16 et 26 qui seront interprétés avec l’OCG au Bâtiment des Forces Motrices le dimanche 16 juin. Avant cela, le 12 juin, L’Orchestre de Chambre de Genève proposera son concert de soirée avec l’Orchestra Filarmonica di Torino et la violoniste Francesca Dego, avec des œuvres de Schubert, Mendelssohn, Capogrande et Beethoven. L’Orchestre de la Suisse Romande continue aussi le 3 juin le cycle Rachmaninoff débuté le mois précédent par son chef Neeme Järvi et le a l i t Francesca Dego, photo Marco Cambiaghi © Granata Images pianiste Alexander Gavrylyuk, qui interprétera le deuxième concerto du compositeur russe, entre L’île des Morts, la Rhapsodie sur un thème de Pagagnini et la Vocalise pour orchestre. Dans le cadre de la fête de la musique, la formation, avec à sa tête Michail Jurowski, jouera l’ouverture Romeo et Juliette de Tchaïkovski, ainsi que le Concerto pour piano du même compositeur, dont la partie soliste sera à charge de la suisse Mélodie Zhao, connue pour ses jeunes prouesses pianistiques. Un autre concert à signaler sur la scène du Victoria Hall réunit, le 15 juin, l’Orchestre Ad Hoc, le Liederkranz-Concordia de Genève et la société de chant L’Avenir de Saint-Blaise, sous la direction de Stanislava Nankova et Veneziela Naydenova, avec en solistes la soprano Danaila Dimitrova, la mezzo Graziela Valcheva, le ténor Alexander Kröner et la basse Seok-gill Choi, pour célébrer les 150 ans de la chorale avec des airs de Verdi. Enfin, l’académie Seiji Ozawa, qui propose des cours aux talents d’aujourd’hui à Rolle pendant le mois de juin, offrira un concert au Victoria Hall le dimanche 30 juin, pendant lequel des mouvements de divers quatuors à cordes seront proposés, afin de partir cet été vers d’autres horizons musicaux. Martina Díaz é 25 m u s i q u e gique multimédia des plus originales, et peut-être même pionnière. Toujours à Paderewski (mardi 25 mars), le violoncelliste Enrico Bronzi sera le soliste du Concerto No 1 de Saint-Saëns, encadré de la Symphonie No 33 de Mozart, de la Petite Suite, sur des thèmes populaires de la région de Cracovie, de Lutoslawki, et de la Symphonie No 2 de Beethoven. James Lowe sera à la tête de l’orchestre. nouveau chef pour le sinfonietta de lausanne Saison entre tradition et innovation Successeur de Jean-Marc Grob à la tête du Sinfonietta de Lausanne, Alexander Mayer conduira quatre des six concerts de la saison d’abonnement 2013/14 de cette formation de jeunes musiciens professionnels qui occupe depuis plus de 30 ans une place de choix dans le paysage musical lémanique. 26 Fondée en 1981 par Jean-Marc Grob sous le nom d’Orchestre des Rencontres Musicales, rebaptisée Sinfonietta en 1996, la phalange lausannoise inscrit deux premières suisses à l’affiche de sa prochaine saison d’abonnement : un concerto pour percussion du Serbe Nebojsa Zivkovic, par le Tchiki Duo, et la musique composée par Henrik Albrecht (né à Cologne en 1969) pour le célèbre « Conte de Noël » de Charles Dickens. Ainsi qu’une création mondiale : le concerto pour quatuor de saxophones et orchestre d’Elena Kats-Chernin, compositrice australienne d’origine ousbeck, avec le Raschèr Saxophone Quartet . Né à Saarebruck en 1973, formé entre autres par Neeme Järvi, premier chef invité de l’Orchestre symphonique des Jeunes de la Sarre en 2008 et depuis trois ans directeur musical de l’Ensemble Symphonique de Neuchâtel (ESN), Alexander Mayer compte bien ces prochaines années poursuivre le travail de longue haleine entrepris, trois décennies durant, par Jean-Marc Grob auprès des jeunes musiciens lausannois, tout en développant la présence de l’orchestre hors des lieux de concerts traditionnels. Après son concert inaugural avec le Sinfonietta en formation réduite au St-Prex Classics le 29 août, Alexander Mayer abordera le grand répertoire symphonique lors du premier concert d’abonnement au Métropole (jeudi 19 septembre), avec la Symphonie No 5 en mi mineur de Tchaïkovski, précédée de l’Ouverture Candide de Bernstein et de la création d’Obsession, pour deux percussionnistes et orchestre de Zivkovic, avec deux anciens du Sinfonietta, Jacques Hostettler et Nicolas Suter, alias « Tchiki Duo ». Dans le cadre des concerts du dimanche matin au Métropole (6 octobre), Alexander Mayer conduira ses jeunes musiciens dans un des piliers du répertoire, la Symphonie No1 en do mineur de Brahms. Autre dimanche, autre lieu : c’est à la Salle Paderewski (8 décembre) que sera donnée une adaptation du fameux Conte de Noël de Charles Dickens, sur une musique de Henrik Albrecht, avec le comédien Salvatore Orlando et une animation due à Hélène Bahon. A nouveau à la Salle Paderewski (mardi 21 janvier), c’est cette fois en tant que modérateur qu’apparaîtra Alexander Mayer, qui cédera sa baguette à Sebastien Tewinkel et confiera la conception du concert à Klaus Brettschneider, pour une exécution de la Symphonie No 3 “Eroica“ de Beethoven précédée d’explications, de projections, d’interviews, avec caméras sur scène, pour scruter dans leur intimité aussi bien l’œuvre que l’orchestre. Une expérience pédago- Alexander Mayer by Tashko Tasheff Enfin, retour au Métropole (jeudi 22 mai) pour le sixième et dernier concert d’abonnement. Alexander Mayer y a programmé la 1ère Suite de valses du Rosenkavalier de Richard Strauss et la Suite symphonique Schéhérazade de RimskiKorsakov. On assistera en outre à la création mondiale, déjà mentionnée, du Concerto pour quatuor de saxophones d’Elena Kats-Chernin, par le Raschèr Saxophone Quartet. Autre concert du Sinfonietta : au Victoria Hall (dimanche 3 novembre), en clôture du Wagner Geneva Festival, des pages de Wagner bien sûr, et en création mondiale, D’autres Murmures, pour trompette et très grand orchestre, de Jacques Lenot. Des murmures inspirés sans doute de ceux de la forêt de Siegfried. Enfin, conduit par Philippe Béran, le Sinfonietta sera dans la fosse de l’Opéra de Lausanne du 22 au 31 décembre pour le truculent opéra-comique en 3 actes de Louis Varney, les Mousquetaires au couvent. Yves Allaz Rens. : 021 616 71 35 www.sinfonietta.ch Loc. : 0900 800 800 www.ticketcorner.ch Rascher Saxophone Quartet © Felix Broede a c t u a l i t é t h é â t r e Brèves: juin à Lyon lyon Chronique théâtrale Avant l’été : À l’Opéra de Lyon, Pierrick Sorin, maître ès cinéma magique, ajoute les marionnettes à sa palette, au service de La flûte enchantée, pour douze représentations (du 24 juin au 9 juillet). Deux jeunes distributions alterneront, avec une Petit tour d’horizon des productions à voir sur les scènes lyonnaises. Au Théâtre National Populaire, à Villeurbanne, une captivante symétrie structure l’actuelle saison. La rythment deux vastes spectacles, que Christian Schiaretti (le « patron » de la maison) met en scène et dont l’histoire récente et la grande politique sont le cœur. En octobre dernier, Mai, juin, juillet de Denis Guénoun (né en 1946), rendit prégnant le printemps-été 1968 : à Paris, le Théâtre de l’Odéon (mai) est occupé ; réunis à Villeurbanne (juin, dans les lieux-même de l’actuel TNP), les metteurs en scène de la décentralisation soufflent le pouvoir à Malraux ; enfin, le Festival d’Avignon est annulé (juillet). En ce mai 2013, rebelote, avec une autre pièce brûlante : Une saison au Congo d’Aimé Césaire (1913-2008). Frère de Léopold Senghor et de Frantz Fanon, le poète et dramaturge antillais y peint l’éclair passage de Patrice Lumumba, premier Premier ministre (juin à septembre 1960) de la République démocratique du Congo, que la Belgique avait récemment affranchie. Césaire sut jongler avec les incandescentes braises de l’Histoire. Dans Une saison au Congo, il brasse, pêle-mêle, l’aura panafricaine dont jouissait Lumumba, la lutte que les USA et l’URSS se livraient sur le dos de l’ex-Congo Belge, une épopée tragique, un lyrisme infini et un Babel de langues (le français et maints parlers africains). Malgré le demi-siècle de distance, la jeunesse, nombreuse dans la salle, n’a rien manqué de cette vive langue opératoire et de ce flux épique. Le dispositif scénique est simple : au centre d’un cercle tracé au sol, se tiennent les palabres démocratiques. Au fond, quatre musiciens distillent les nombreuses chansons qui, avec finesse, ponctuent cette pièce. Et lorsqu’ils ne jouent pas au centre du cercle, les presque quarante comédiens se tiennent à l’orée des coulisses, à jardin et à cour. Discrète mais rudement efficace, la mise en scène est palpitante. La bande d’acteurs stupéfie de précision et d’engagement. Ne manquez pas ce grandiose spectacle, qui se joue jusqu’au 7 juin. (location : 33 4 78 03 30 00) Frank Langlois 27 Pierrick Sorin © Tom Volf seule Reine de la Nuit : Sabine Devieilhe. Provisoirement accueilli à la Bourse du Travail (l’Auditorium est en travaux jusqu’au début de novembre), l’Orchestre national de Lyon et son boss Leonard Slatkine ont invité Olga Kern à jouer l’intégrale de la production pour piano et orchestre de Rachmaninov (22 juin et 29 juin à 18 heures, 27 juin à 20 heures ; 33 4 78 95 95 95). À Villeurbanne, le TNP et le Théâtre national de Strasbourg s’unissent pour créer Gauvain et le chevalier vert d’un étonnant tandem : Florence Delay et Jacques Roubaud, dans une mise en scène de Julie Brochen, la patronne du TNS. Cette pièce ferme l’ample trilogie Graal Théâtre (du 12 au 22 juin ; 33 4 78 03 30 00). Et au Théâtre des Célestins, La maison d’os de Roland Dubillard, hommage au délicieux funambule des mots mort en 2011, dans une mise en scène d’Anne-Laure Liégeois (du 8 au 19 juin ; 33 4 72 77 40 00). Frank Langlois «Une Saison au Congo» © Michel Cavalca a c t u a l i t é t h é â t r e saison 2013 du 12 juin au 28 septembre Théâtre de l’Orangerie Ce ne sont pas moins de 104 représentations que le théâtre sis dans l’Orangerie du parc la Grange aux Eaux-Vives va offrir aux spectateurs de tous âges entre le 12 juin et le 28 septembre. Avec la volonté politique, artistique et économique affichée de ne pas proposer moins de six représentations aux compagnies invitées, certains spectacles pouvant être joués jusqu’à vingt fois. 28 Quatre créations/coproductions, six spectacles en diffusion, deux spectacles dès quatre ans formeront le socle de cette saison placée en partie sous le signe de la folie, mais aussi très musicale, affirme son directeur, le comédien et metteur en scène Valentin Rossier. S’y ajouteront des ateliers à Genève Plage, des petits-déjeuners littéraires à la Fondation Martin Bodmer, et l’incontournable carte blanche au festival de la Bâtie pour deux spectacles. La folie, disions-nous ? Elle s’imposera d’emblée avec Hamlet, Anatomie de la mélancolie. La traduction de Yves Bonnefoy sert de point de départ à Valentin Rossier pour une libre adaptation. Le metteur en scène s’est intéressé à la théorie selon laquelle Hamlet aurait tué son père parce qu’il convoitait Ophélie, pour ensuite la maltraiter et tuer son beau-père. On serait donc dans un complexe d’Œdipe caractérisé, tant il est vrai que c’est la première pièce qui parle – si l’on peut dire - de psychanalyse. Dans un décor d’asile psychiatrique, les fous déguisés en personnel soignant vont jouer la pièce de Shakespeare autour du plus fou d’entre eux qui se prend pour Hamlet. Mais tout n’est finalement qu’un rêve, la manifestation d’une paranoïa. De nombreux acteurs genevois seront ces fous, à l’exception de José Lillo qui joue son propre rôle. Une création en coproduction avec Helvetic Shakespeare Company, du 12 juin au 6 juillet. La Nuit finira-t-elle un jour ?, spectacle de marionnettes pour adultes, est une reprise par la Cie La tête dans le sac. Pour adultes, car c’est d’exil forcé, de misère, de clandestinité qu’il s’agit, avec pour toile de fond le conflit qui opposa la Grèce et la Turquie au début du XXe siècle. Poétique et musical, cette exploration d’une tragédie montrera aussi la richesse des deux cultures. Les marionnettistes Cécile Chevalier et Franck Fedele seront aux commandes du 10 au 14 juillet. La voix profonde de Carlo Brandt placera ensuite le public en « état de poésie » avec a Magnitudo parvi, dernier long poème des Contemplations de Victor Hugo. Le musicien genevois Vincent Hänni, figure de l’underground, accompagnera cette création coproduite par la Cie Carlo Brandt du 16 au 28 juillet. «La Promenade du roi» © Cédric Vincensini Place au jeune public avec Conte d’un matin d’été, la création coproduite par scène et sciure ! Vincent Aubert et la jeune artiste polyglotte Jessica Arpin entraîneront petits et grands à leur suite dans une déambulation autour de l’Orangerie. Itinéraire libre au gré des histoires qui s’inventeront au fur et à mesure. Du 18 au 28 juillet. Attention ! à 11h. Encore une création avec Requiem de salon, écrit par Marie Fourquet et Camille Rebetez & Co, deux jeunes auteures romandes, en remplacement de la pièce initialement prévue et dont les droits d’auteurs n’ont pu être obtenus in extremis. Andrea Novicov a fait appel à des comédiens neuchâtelois pour donner vie à cette famille déjantée qui tente de se soustraire dans un joyeux c t u a chaos à l’encombrante omniprésence de la mère. Ce sera pathétique, joyeux et musical grâce aux chansons et à la musique créées par Daniel Perrin. Du 31 juillet au 11 août. En août, le jeune public aura aussi son spectacle avec la reprise de l’immense succès qu’a été La Promenade du roi par la Cie Archimage de Guy Jutard d’après les gouaches découpées de Henri Matisse. Spectacle enchanteur que cette intrusion dans l’atelier du peintre pour y apprendre à voir formes, couleurs et composition ! Attention ! à 11h. du 6 au 18 août. Mort trop jeune, l’artiste et poète valaisan Léonard Valette a inspiré le spectacle Délivresse créé en 2007 par le comédien Roland Vouilloz et le compositeur Jean Rochat. Les douleurs et doutes du poète déchiré sortent magnifiés par l’alliance entre la voix grave du comédien et la partition composée par le musicien pour quatuor à cordes, contrebasse et percussion. Un grand moment d’harmonie et de vertige à ne pas manquer. Du 14 au 24 août. On ne présente plus Art, de Yasmina Reza. On a tort, car la lecture qui y est faite de la conception de l’art prête à toutes les équivoques et peut à chaque reprise donner lieu à de nouvelles interprétations. C’est le cas de cette reprise de la Cie Métamorphoses, avec Elidan Arzoni à la mise en scène et au jeu, entouré de Joan Mompart et de Daniel Vouillamoz. A (re)voir, donc, pour tordre le cou aux clichés et au convenu ! Du 28 août au 8 septembre. Intermède la Bâtie du 9 au 13 septembre avec deux pièces dont le contenu sera dévoilé dans le programme du festival (www.batie.ch) En septembre, Valentin Rossier reprend la main avec La Ronde d’Arthur Schnitzler, une reprise avant tournée. Jeu de cache-cache sur fond d’hypocrisie bourgeoise, cette ronde-là emporte dix couples dans dix tableaux de la séduction et du désir– dix coïts. Avec les mêmes comédiens que la saison passée. Du 17 au 22 septembre. Enfin, un spectacle audiovisuel singulier, Franz Treichler joue Dada. L’activiste artistique du groupe suisse The Young gods » a imaginé l’accompagnement musical expérimental de courts films muets du mouvement Dada datant de 1921 à 1994. Très lointaine parenté cependant avec l’accompagnement au piano des films muets connus : ici l’univers sonore vit sa vie à part entière. À découvrir du 24 au 27 septembre. Laurence Tièche Chavier Pour tous renseignements : www.theatreorangerie.ch l i t é t h é â t r e entretien avec le directeur du théâtre de l’orangerie Valentin Rossier Une saison pleine de promesses, de surprises et de nouveautés… Quelles thématiques pour cette nouvelle saison ? Pas de thématique au sens strict du terme, mais plutôt un goût pour la diversité, avec un vrai souci d’exigence de qualité. Cette année à nouveau, il y aura des concerts, du théâtre bien sûr, des poèmes, de la danse, des spectacles pour enfants, des spectacles classiques, qui se mélangent avec d’autres plus contemporains, dans leur conception, ou dans leur propos. Comment s’est faite la distribution ? Je ne cherche pas, en général, quelqu’un qui corresponde au rôle, je préfère imaginer ce que tel ou tel acteur pourrait apporter au rôle, insuffler au personnage. Je ne cherche pas forcément quelqu’un qui colle au personnage, comme on le fait au cinéma souvent. Pourquoi vous être distribué dans Hamlet ? Vous mettez en scène un Shakespeare. Pourquoi ce choix d’Hamlet ? une lecture iconoclaste faisant de Hamlet non seulement le meurtrier de son oncle, mais aussi, en amont, de son propre père, d’où sa folie, qui ne serait pas simulée, mais ontologique. Pierre Bayard explique aussi que toute l’intrigue repose sur un dialogue de sourds. Aucun personnage de la pièce ne voit, ni n’entend la même chose, aucun des critiques n’a d’ailleurs jamais lu ni compris la même chose. L’Enquête sur Hamlet de Bayard montre ainsi que dialogue de sourds n’est pas l’échec de la communication, mais qu’il en est la base. Comment avez-vous conçu les décors, les déplacements ? Les acteurs se déplaceront dans un dispositif bifrontal. A chaque extrémité, des tentures de plastic transparent simuleront le monde aseptisé de l’hôpital, voire les ambiances de chambre froide, dans lesquelles la vie n’existe plus vraiment. Visuellement, on aura une ambiance ‘laiteuse’, à la David Lynch. On a travaillé sur le blanc, essentiellement. Les tentures, plus mobiles et légères que des portes, permettent aussi de montrer à quel point chacun s’espionne, s’épie, ce qui à mon sens ajoute un peu de comique de situation. Je l’ai monté il y a six ans, il ne s’agit pas là d’une reprise mais bien d’une tentative théâtrale. Cette fois, je privilégie une lecture moins conventionnelle. J’ai envie de le monter d’une manière plus clinique, une façon de ‘récidiver’, mais en propoComment votre sant une variante, une variamission de directeur esttion plus accessible aux elle compatible avec votre questionnements d’aujourd’Affiche de présentation de la saison du Théâtre de l’Orangerie métier de comédien et de hui. J’ai surtout envie de metteur en scène ? Cette question a 6 ans de retard. Au jour d'aumettre en doute la légitimité d’Hamlet, son ‘objectivité’… Pour moi, Hamlet, c’est quel- jourd'hui, c'est une sorte d'analyse et de Directeur, c’est un métier saisonnier pour moi, qu’un d’atteint psychiquement, et ce dès les pre- réflexion sur ce que l'on peut faire d'un Hamlet et j’aime que cela soit ainsi, car cela me donne le temps d'apprendre. Même si, en fait, je tramières phrases du texte. Toute la question, me ou d'un acteur se prenant pour Hamlet. vaille sur mes projets pendant toute l’année évisemble-t-il, est de savoir si ‘objectivement’ on Shakespeare, et a fortiori Hamlet, c’est un demment. Organiser une saison ne se fait pas en peut croire une personne qui croit aux spectres. matériau à vie, à travailler à vie. Plusieurs théovitesse : il faut voir des spectacles, trouver une Pour moi, c’est d’emblée de l’ordre du psychia- ries existent : Hamlet a en effet toujours fait cohérence entre ce que l’on veut proposer et restrique. Souvent, on lit cette pièce avec distance, l'objet d'analyses critiques extrêmement nomter attentif, aux aguets, pour choisir ce qui peut et on a du mal à se projeter dans cette réalité-là. breuses et variées, thématiques, stylistiques, faire sens à l’Orangerie. Le lieu demande certaiJ’ai envie d’une lecture très littérale, qui d’après historiques, psychanalytiques. Le fait que nes choses, que l’on peut toutefois aussi décaler, moi avère mieux, ou en tout cas fait mieux voir la Gertrude se remarie peu après au frère du roi et je m’y emploie. L’Orangerie est magnifique, paranoïa, la schizophrénie du personnage. Au défunt, était par exemple à l'époque de mais en même temps, il ne faut pas s’arrêter, je fond, est-ce Hamlet qui est fou, ou un fou qui se Shakespeare, considéré comme un inceste en crois, à son caractère bucolique. L’outil principrend pour Hamlet ? Je ne tiens pas forcément à bonne et due forme. pal c’est peut-être avant tout l’été… débattre sur le sujet, je ne fais pas un traité, ou un Ce projet mature depuis des années, et la raison Propos recueillis par Rosine Schautz essai sur la folie. Je tente de suivre fidèlement la en a été des lectures d'essais philosophiques narration, mais dans une perspective axée autour entre autres celle de Pierre Bayard (L’Enquête sur Hamlet, le dialogue de sourds) qui propose de la folie, des folies. e n t r e t i e n 29 t h é â t r e grütli : le ravissement d’adèle Disparition Le Ravissement d’Adèle, au sens de rapt, est l’histoire d’une disparition : celle d’Adèle Bertolet, adolescente qui se volatilise entre chien et loup. 30 Son père, Michel, constate avec stupéfaction qu’elle n’est pas rentrée de l’école. Fugue ? Enlèvement ? Un avis de recherche est affiché dans les différents commerces du bourg, des battues sont organisées dans les bois avoisinants, un inspecteur est diligenté pour suivre l’affaire. Chacun y va de son hypothèse, et les vieilles rancoeurs de réapparaître. Et tous de s’espionner, croyant faire œuvre utile. La situation vire à l’aigre quand le village entier décide de s’en prendre physiquement au boucher. Mais Adèle réapparaîtra saine et sauve, façon ‘puella’ ex machina. Pièce à ambition sociale aussi, divisée en 38 courtes scènes mettant en jeu seize personnages, ainsi qu’un groupe de dix enfants. Véritable microsociété donc qui se partage le plateau du théâtre transformé en agora voire en vrai village dans lequel évoluent comédiens et mentalités. Huis-clos en plein air où l’enfer c’est une fois encore ‘les autres’, les suspects habituels étant comme souvent les proches voisins et autres piliers de bar, retraités, simplets ou zonards déjà parias. Mais en dernière analyse, cette pièce pose cash la question suivante : comment faire face intelligemment à une situation nouvelle quand on n’en maîtrise ni l’amont ni l’aval ? Rosine Schautz Entretien : Geneviève Pasquier, metteure en scène Vous dites avoir voulu une ‘dramaturgie intimement liée au temps et à l’espace’. Comment s’est-elle concrètement mise en place ? L’écriture de Rémi de Vos, très précise et faite de didascalies, m’a semblé demander un travail en profondeur sur l’espace et le temps. Espaces au pluriel devrait-on dire, car dans cette pièce se succèdent espaces publics et privés, portions de rues, magasins et maisons d’habitation où se déroule la vie et où coule le temps. J’ai imaginé un dispositif permettant de regarder ailleurs, tout en mettant une focalisation sur un ‘moment’ : ainsi, il y a plusieurs plateaux qui permettent de voir en simultané le dedans et le dehors, et de jouer sur le ‘majeur’ et le ‘mineur’, les comédiens continuant de vivre, de bouger, même si ce n’est pas leur temps de parole. La boucherie est le lieu où s’échangent les paroles et les nouvelles, où l’on décortique ce que l’on croit avoir vu, où l’on échange des informations pas seulement sinistres d’ailleurs. C’est aussi une pièce drôle, qui fait rire. Comment avez-vous conçu votre scénographie ? Nous travaillons en binôme avec Nicolas Rossier. Cette fois-ci il joue, moi non. J’avais envie de garder un œil extérieur pour mieux organiser mon espace. Mais on se relaie, on collabore, on crée des relais. Nous avons opté pour figurer des éléments de réalité, comme la viande dans l’étal de la boucherie, la rue ; la boucherie est située en avant-scène et le village est entouré de murs rouges. Afin de pouvoir jouer le dedans et le dehors, nous avons des plateaux à des hauteurs différentes, disposés en escaliers. Le spectacle dure 2h15, sans entracte, car le rythme présent dans l’écriture de Rémi de Vos l’exige en quelque sorte. On a en effet une accélération dans le tempo qui mène de manière moins linéaire au dénouement. Il devenait impossible de couper. Ce n’est pas une pièce divisée en scènes ou en actes, mais plutôt e n t Créé à Nuithonie en avril 2013 : «Le Ravissement d’Adèle» © dgbp Virginie Otth, David Gagnebin un panorama d’un moment de vie en communauté lorsqu’insensiblement les choses se mettent à se dégrader, avec toutes les conséquences que cela implique dans un espace clos comme un village. Comment avez-vous ‘travaillé’ la lumière et le son ? Nous avons pensé que la lumière ferait office de lien, et c’est vrai, le magnifique travail de Christophe Pitoiset relève de l’art plutôt que de la technique pure. Il travaille en peintre, créant de petits espaces vivants, des îlots de lumière, qui ne gênent pas l’oeil, mais accompagnent les déplacements entre les différentes scènes sur les lieux où advient ou n’advient pas la parole. Il marque les endroits, parsemant son esthétique ici ou là, donnant vie en simultané aux divers plateaux. La lumière dans ce cas ‘raconte’ aussi quelque chose. En ce qui concerne la musique, il ne s’agit pas uniquement d’une bande sonore, mais bien d’une musique originale, très contemporaine aussi, composée par l’ingénieur du son et guitariste, Benjamin Vicq. Il réussit à apporter aussi des notes d’humour dans ses partitions, qui allègent le propos de la pièce, ôtant le tragique de la situation qui pourrait s’avérer lourd sans cela. L’écriture de cette pièce, je le redis, n’est pas monolithique, on a des mélanges de genre, qui justement sont magnifiés par la musique et les créations sonores. La musique ‘agrandit’ le propos. Il y a une dizaine d’enfants sur scène : comment les avez-vous préparés puis accompagnés dans leur jeu ? Dans chaque lieu où nous jouons, nous avons recruté des enfants de 8 à 11 ans environ, issus d’écoles de théâtres. Dans les villes où nous jouons longtemps, nous avons même deux groupes en alternance. Chaque enfant a reçu un petit cahier, dans lequel on a résumé l’histoire, et recopié leurs répliques, de manière à ce qu’ils aient un objet à eux avant de se lancer sur scène. Puis, on a travaillé avec eux avant les représentations, et enfin, après 3 séances de répétition de 2h, ils ont joué avec les comédiens. Bien sûr, on a dû également les rassurer, certains ont le trac, d’autres moins, certains sont ‘disciplinés’, d’autres chahutent un peu entre les scènes, dans les coulisses. Mais nous avons été très clairs dès le début, et avec certains groupes, on a dû installer des protocoles de comportement assez stricts. Le spectacle, avec cette troupe d’enfants, gagne en véracité, on a sous les yeux un vrai village, avec des vieux, des jeunes, des marginaux, des pères et mères, une tranche de société, qui permet de mettre en scène le cloisonnement des esprits et le repli d’un village sur lui-même, sans que forcément le spectateur ait l’impression d’avoir des animaux en cage sous les yeux. Cet échantillon d’êtres humains qui se posent des questions et induisent des réponses pas toujours adéquates donne au texte de Rémi de Vos un point de vue multiple, et une dimension sociale à laquelle il reste très attaché. Comme moi. Propos recueillis par Rosine Schautz Du 4 au 15 juin. Le Grütli, Grande salle. Billetterie : [email protected] / 022/888.44.88 / Samedi 8 juin : lecture de la dernière pièce de Rémi De Vos, Trois ruptures au Théâtre du Grütli (heure à vérifier) r e t i e n t h é â t r e rale où chacun a une place essentielle pour faire avancer l'histoire à son terme. théâtre du grütli D'après vous ce texte est plutôt poétique, philosophique, ou politique ? Mademoiselle A. Mademoiselle A, c’est une femme particulière, mais également une figure explosée, une femme en désordre, une femme au travail, décomposée puis recomposée. Six femmes sur scène pour interpréter chacune à leur manière une facette, une partie d’une seule et même personne. Reflets dans un miroir, êtres éclatés, qui au fur et à mesure du récit se reconditionneront en une entité complète. Se retotaliseront. Pour sa nouvelle mise en scène, Julien Schmutz s’appuie sur le texte de Lothar Trolle pour créer une comédie haletante, un spectacle à la fois drôle, poétique et presque déjà dadaïste questionnant la mythologie et la société de consommation moderne. Spectacle qui nous suggère subtilement de faire un pas de côté. Ici, pas de prêchiprêcha prônant une révolution sociale, pas de thèse à soutenir, mais plutôt une joyeuse invitation à la poésie. Donc à la création. Rosine Schautz Entretien avec la comédienne Aline Gampert Comment avez-vous travaillé ce rôle de caissière ou disons mieux de cette 'partie' de caissière, puisqu'il s'agit en l'occurrence d'interpréter à plusieurs une seule et même personne ? Oui effectivement, nous représentons une seule et même personne mais cela ne nous a pas gênés pendant le travail. Ce que je veux dire par là, c'est que si nous avions dû tous faire les mêmes choses au même moment et nous copier pendant les six semaines de répétitions, à la longue nous nous serions sentis très vides. Tandis que là, on a gardé cette idée bien précieusement au fond de nous, on l'a même un peu oubliée pour chercher et creuser chacune à notre manière, avec notre univers et notre personnalité, notre personnage e n t r En y réfléchissant, je crois bien qu'il est teinté d'un peu de philosophie, de politique et de poésie ! Mais je dirais que la couleur qui prend nettement le dessus est la poésie. Les 81 minutes de Mademoiselle A, c’est quand même les 81 minutes que Mademoiselle A vole à ses heures de travail pour rêver et imaginer d'autres vies. Et qui dit rêve, dit poésie... Que représente le monde de la consommation pour vous en 2013 ? «Les 81 minutes de Mlle A» © myimage.ch de caissière. Et d'ailleurs, une seule et même personne n’est-ce pas toujours une multitude de facettes qui bougent et évoluent tout au long de la vie ? Le travail à la table a-t-il été long, ou avez-vous commencé directement à jouer sur le plateau ? Nous avons passé peu de temps à la table. C'est un texte qui pousse au plateau ! Disons qu'il se clarifie, qu’il se dénoue quand on l'éprouve en jeu. Les premiers temps, le metteur en scène, Julien Schmutz, nous a beaucoup fait improviser pour nous permettre de nous rapprocher et de rencontrer notre personnage... comme par exemple, concevoir sa manière de bouger, de manger, de parler, trouver son énergie, lui inventer un prénom, une histoire, un passé, etc... De cette manière, le texte devient plus facile à réintroduire. Nous avons la chance d'être accompagnés en direct par un musicien compositeur (François Gendre) qui a créé, petit à petit, autour de nous, tout un univers sonore. En définitive, ce spectacle me donne la sensation d'être une note au milieu d'une partition de musique. C'est-à-dire que le texte, la lumière, la musique et les comédiens forment un tout. Comme une grande cho- e t i e Le premier mot qui me vient à l'esprit est : angoisse ! Je vais sûrement paraître un peu naïve et pas vraiment dans le coup, mais je pense à un exemple qui représente parfaitement à mes yeux le monde de la consommation actuelle. Mon ordinateur, âgé d’à peine 3 ans, est déjà trop ‘vieux’ ! Il faudrait en fait que j'en achète un autre pour avoir les bons programmes car je ne peux pas faire marcher correctement mon nouveau téléphone qui a besoin, lui, d'être relié à un ordinateur plus performant de manière à sauvegarder les données de mon ancien téléphone ! Le monde de la consommation, c’est déjà ce cercle vicieux-là. Propos recueillis par Rosine Schautz Du 11 au 22 juin : Les 81 minutes de Mademoiselle A de Lothar Trolle, par la Cie Le Magnifique Théâtre. Le Grütli, Petite Salle (2ème étage), à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) Lothar Trolle est né en 1944 à Brücken (Sangershausen). A vingt ans, il déménage à BerlinEst pour y suivre des études de philosophie et de lettres. Il fait à la même époque ses débuts de machiniste et d’auteur dramatique. Il a écrit une vingtaine d’œuvres pour le théâtre et pour la radio. Traducteur de poésie russe et fin connaisseur du mouvement dadaïste, Lothar Trolle a bâti un univers qui ne ressemble à rien de connu. Ses textes, qui mêlent littérature et quotidien, laissent une large place à l’imagination. n 31 o p é r a principaux, Nicolas Courjal est un Basilio très sonore et particulièrement inquiétant visuellement, un peu un frère de Raspoutine. à avignon Il Barbiere di Siviglia Une représentation où on ne s’ennuie pas une seconde : la mécanique du Rossini buffo est bien huilée ce soir ! L’orchestre une fois de plus n’est pas exempt de tout reproche – on peut retenir pour exemple le manque criant d’homogénéité des cordes sur les premières mesures de « Una voce poco fa » – mais le chef Roberto Fores-Veses veille à maintenir l’attention et la cohésion dans les rangs, et prend sa part du succès collectif. François Jestin Le premier ingrédient de la réussite d’ensemble du spectacle est la mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia, simple, efficace, drôle et de bon goût. Un papier à fleurs très vintage chez Rosina, mais aussi des parois à terminer et quelques parpaings qui trainent. Figaro entre par le théâtre toutes lumières allumées et fait mine de couper les cheveux de certains spectateurs. Plus tard le bon docteur Bartolo opère avec un grand couteau de boucher pendant son air « A un dottor della mia sorte », gants et blouse monstrueusement tâchés de sang. De petites saynètes se déroulent en arrière-plan en illustrant quelques détails du livret, et la bonne humeur sur le plateau est contagieuse. 32 La distribution vocale totalement francophone est jeune et bien homogène. Le Canadien Etienne Dupuis compose un Figaro virevoltant, plein d’énergie ; la voix est bien placée, les aigus sont superbement projetés, quoi qu’un peu tendus dans la partie extrême du registre supérieur. Karine Deshayes est une séduisante et espiègle Rosina, la technique dans les passages d’agilité est impeccable, la voix est fruitée et elle parait extrêmement déterminée… voire excessivement agressive lorsque ses paroles « la vincerò » sonnent comme l’annonce d’un assassinat ! Julien Dran en Almaviva ne convainc pas d’emblée, le volume est timide et les vocalises de son premier air sont passablement savonnées, mais il prend rapidement ses marques, avec une voix élégante, bien conduite et finalement assez de corps pour un théâtre de cette taille. Le Dottore Bartolo de Franck Leguérinel est impayable de bagout, avec des changements de registres vocaux par moments un peu brutaux mais, l’expérience aidant, il s’en sort avec intelligence. Pour compléter les rôles Rossini : IL BARBIERE DI SIVIGLIA – le 9 avril 2013 à l’Opéra-Théâtre d’Avignon à monte-carlo Stiffelio Après La Traviata proposée au mois de janvier, l’Opéra de Monte-Carlo poursuit sa participation active au bicentenaire de naissance de Giuseppe Verdi, cette fois avec un titre beaucoup plus rare, en création in loco. Déjà mis à l’affiche en 1994 à Liège lorsqu’il était directeur de l’Opéra de Wallonie, le Monégasque Jean-Louis Grinda remet Stiffelio sur le métier, cette fois en coproduction avec le Teatro Regio de Parme, où le spectacle a été donné il y a un an. La réalisation visuelle de Guy Montavon, qui règle également les magnifiques éclairages, est bien en ligne avec cette intrigue d’adultère dans le foyer du pasteur protestant Stiffelio, en Allemagne au XIXème siècle. Mis à part les habits orange de l’amant trompeur Raffaele, tout est noir, blanc et surtout gris, une ambiance aussi austère que celle de certains tableaux flamands. La scène finale au temple est d’une grande force : les choristes et solistes y entrent et prennent place chacun leur tour, sur fond de musique d’orgue ; Stiffelio finit par pardonner sa femme (« Que celui qui, parmi vous, n’a jamais péché lui jette la première pierre. »), tandis que des pierres suspendues descendent des cintres. Le rôle-titre est tenu par le ténor José Cura, vocalement assez irrégulier : d’un côté quelques notes puissantes, mais de l’autre un timbre pas toujours harmonieux, une émission souvent curieuse, et un respect parfois relâché du rythme (ceci est flagrant au 1er acte). L’acteur est plus crédible, pris d’un bouillonnement intérieur, tourmenté, violent par moments. Virginia Tola (Lina) n’est sans doute pas le grand soprano dramatique qu’on attend dans cet emploi, pour exemple ce n’est pas sa voix qui surnage dans les ensembles les plus sonores, mais la chanteuse assure sa partie avec une musicalité sans failles, et sans buter sur l’extrême aigu, ce qui est déjà un tour de force. Le triomphateur de la soirée est le baryton italien Nicola Alaimo (Stankar), le père vengeur de Lina dans l’histoire : instrument superbement posé et timbré, a priori Etienne Dupuis et Karine Deshayes © ACM – studio Delestrade a c t u a l i t é o p é r a la grande majorité de l’action a lieu tout de même sur le plateau. Quelques rares moments de silence sont insérés, parfois bienvenus, comme lorsque la Comtesse se place au pupitre et fait mine de diriger un orchestre imaginaire (on peut d’ailleurs penser que pour cette production, c’est « prima la musica, poi le parole »), ou quand La Roche manque de défaillir et reprend son souffle et ses esprits. En revanche, lorsqu’une jeune danseuse arrive des dessous en répétant en boucle ses gestes à voix haute « penché, plié, pause, piqué, jeté, …. », puis demande « Monsieur, quelle heure est-il s’il vous plait – merci », le procédé devient réellement trop intrusif et gênant. José Cura et Virginia Tola © Opéra de Monte-Carlo idéal pour les rôles de Donizetti, du jeune Verdi, ou encore Falstaff. Bruno Ribeiro (Raffaele) tient bien sa place de deuxième ténor et la basse José Antonio Garcia (Jorg) impose son autorité. La direction musicale de Maurizio Benini est vivante, énergique, quelquefois trop enthousiaste au point de couvrir le plateau. La qualité des chœurs est très satisfaisante, les musiciens se montrent bien concentrés, et cela démarre dès l’ouverture avec un épatant solo de trompette. Pour ce qui concerne la distribution vocale, Emily Magee est une belle Comtesse, mais parfois les graves sont un peu inconfortables et quelques notes ont une sonorité agressive (par moments on entend plus Elektra que Madeleine), et elle n’atteint pas le moelleux de chanteuses comme Te Kanawa ou Fleming. Récemment distribué dans Il Prigioniero à Lyon, le baryton clair et puissant Lauri Vasar (Olivier) est splendide – autre atout, il sait jouer du violon… et le prouve ! – tandis que le ténor Lothar Odinius (Flamand) est élégant et léger, mais le timbre n’est pas spécialement séduisant. La voix de l’autre baryton Christoph Pohl (Le Comte) est jolie, riche et bien assise, tandis que le vétéran Victor Van Halem (La Roche) est toujours un formidable acteur, à la voix volumineuse et suffisamment stable. François Jestin Bonnes prestations, mais sans brûler les planches de Michaela Selinger (Clairon), la chanteuse (Elena Galitskaya) et le chanteur italiens (Dmitry Ivanchey), tandis que le chef Bernhard Kontarsky semble tirer le maximum de l’orchestre, dans cette partition très dense et difficile, en particulier pour ce qui est du rythme, de ses cassures, et de la multiplicité des styles. Verdi : STIFFELIO – le 23 avril 2013 à Monte-Carlo, salle Garnier à lyon François Jestin Capriccio Strauss : CAPRICCIO – le 7 mai 2013 à l’Opéra de Lyon Pour la réalisation visuelle ce soir, c’est le théâtre dans le théâtre, ou plutôt le demithéâtre dans le théâtre ! Avant les premières notes de musique une ampoule descend des cintres devant le rideau noir, et c’est dans cette ambiance austère, voire recueillie ou lugubre que commence le sublime sextuor à cordes. A peu près aux trois quarts du sextuor, on découvre au lever du rideau le décor imposant de Christian Friedländer : un théâtre vu dans sa coupe longitudinale, avec successivement de jardin à cour, le plateau et ses dessous, la fosse d’orchestre, puis la salle avec ses fauteuils et ses loges. Six musiciens placés dans la fosse (la fausse fosse si l’on peut dire !) prennent alors effectivement le relais, et cette double surprise à la fois pour l’œil et l’oreille est certainement la plus belle trouvaille de la soirée. Pour la suite de l’œuvre, David Marton donne du mouvement à sa mise en scène, mais a c t u «Capriccio» © Maurin a l i t é 33 o p é r a genève marseille Grand Théâtre (022/418.31.30) s Rusalka (Jurowski-Wieler/Morabito) – 13, 16, 19, 21, 24, 27 juin Opéra (04.91.55.11.10) s Cléopâtre (Foster-Roubaud) – 15, 18, 20, 23 juin lausanne Opéra (021.315.40.20) s Le Nozze di Figaro (Guschlbauer-Marelli) – 7, 9, 12, 14, 16 juin zurich Opernhaus (044.268.66.66) s Lady Macbeth de Mtsensk (Currentis-Homoki) – 19, 21 juin s Rusalka (Jensen-Hartmann) – 2, 6, 12, 15 juin s Die Schatzinsel (Rösner- Loschky) – 9 juin s Salome (Meister-Bechtolf) – 16 juin s Don Giovanni (Ticciati-Baumgarten) – 1er, 4, 7, 9, 14, 20, 22, 25, 27 juin s La Straniera (Luisi-Loy) – 23, 28 juin s Rigoletto (Luisi-Gürbaca) – 29 juin s Der Rosenkavalier (Altinoglu-Homoki) – 30 juin paris 34 Champs-Elysées (01.49.52.50.50) s Il Barbiere di Siviglia (Norrington) – 14 juin s Penelope (Karoui) – 20 juin Opéra Comique (0825.01.01.23) s Marouf, savetier du Caire (Altinoglu-Deschamps) – 2, 3 juin Opéra National (08.92.90.90) Bastille : s Das Rheingold (Jordan-Krämer) – 18 juin s Die Walküre (Jordan-Krämer) – 19 juin s Siegfried (Jordan-Krämer) – 23 juin s Götterdämmerung (Jordan-Krämer) – 3, 7, 12, 16, 26 juin avignon Opéra-Théâtre (04.90.82.81.40) s Il Retablo de maese Pedro (Heisser) – 7 juin lyon Opéra National (08.26.30.53.25) s Die Zauberflöte (Montanari-Sorin) – 24, 26, 27, 28, 29 juin montpellier bologne Teatro Communale (39/051.617.42.99) s Divorzo all’italiana (Kawka-Pountney) 11, 12, 13, 14, 15, 16 juin Opéra national (04.67.02.02.01) s Don Giovanni (Schlüsselberg-Scarpitta) – 6, 8, 10, 12, 14, 16 juin f l o re n c e Opéra (04.92.17.40.79) s Il ritorno d’Ulisse in patria (Correas-Rauck) – 1er, 2 juin milan nice s t r a s b o u rg Opéra National (0825.84.14.84) s Les Pêcheurs de perles (Davin-Boussard) – 7, 9 juin à Mulhouse toulouse Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13) s Don Carlo (Benini-Joël) – 18, 20, 23, 25, 28, 30 juin a m s t e rd a m Opera (31.20.62.55.456) s Die Meistersinger von Nürnberg (Eitler-Alden) – 4, 7, 10, 13, 17, 20, 23 juin bruxelles La Monnaie (32/70.23.39.39) s Cosi fan tutte (Morlot-Haneke) – 2, 5, 7, 11, 15, 18, 21, 23 juin b a rc e l o n e Liceu (34.934.85.99.13) s Il Turco in Italia (Perez-Loy) – 1er, 4, 6 juin s Lucio Silla (Bicket-Guth) – 21, 22, 26, 28 juin s Rienzi (Gonzalez) – 27, 30 juin Teatro del Maggio musicale (39/055.277.93.50) s Macbeth (Conlon-Vick) – 17, 18, 19, 21, 22, 25 juin s Maria Stuarda (Guingal) – 20, 23 juin Teatro alla scala (39/02.720.03.744) s Götterdämmerung (Barenboim-Cassiers) – 3, 7, 22, 29 juin s Das Rheingold (Barenboim-Cassiers) – 17, 24 juin s Die Walküre (Barenboim-Cassiers) – 18, 26 juin s Siegfried (Barenboim-Cassiers) – 20, 27 juin ro m e Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55) s Don Pasquale (Campanella-Cappuccio) – 18, 19, 20, 21, 22, 23, 25 juin turin Teatro Regio (39/011.881.52.41) s L’Italiana in Algieri (Rustioni-Borrelli) – 9, 11, 13, 16, 19 juin s L’Elisir d’amore (Bisanti-Sparvoli) – 21, 22, 23, 25, 26, 27, 28, 29, 30 juin venise Teatro La Fenice (39/041.24.24) s Madama Butterfly (Wellber-Rigola) – 21, 22, 23, 25, 26, 27, 28, 29, 30 juin vienne madrid Teatro Real (34/90.224.48.48) s Wozzeck (Cambreling-Marthaler) – 3, 5, 8, 10, 13, 15, 18, 20 juin s Il Postino (Heras-Casado-Daniels) – 17, 20, 23, 25, 28 juin l o n d re s Royal Opera House (0044/207.304.4000) s Gloriana (Daniel-Jones) – 20, 22, 24, 29 juin s La Donna del lago (Mariotti-Fulljames) – 4, 7, 11 juin Staatsoper (43/1514447880) s La Cenerentola (Lopez-Cobos-Bechtolf) – 1er, 5, 8, 11 juin s Il Barbiere di Siviglia (Güttler-Rennert) – 7, 10, 14 juin s Tosca (Armiliato-Wallmann) – 6, 9, 12 juin s Carmen (de Billy-Zeffirelli) – 2 juin s Tristan und Isolde (Welser-Möst-McVicar) – 13, 18, 22, 26, 30 juin s Die Walküre (Schneider-Bechtolf) – 16, 23 juin s Capriccio (Eschenbach-Marelli) – 20, 24, 27 juin s Roméo et Juliette (Domingo-Flimm) – 21, 25, 28 juin Theater an der Wien (43/15.88.85) s Written on skin (Nagano-Mitchell)- 14, 16, 17 juin s Il Trovatore (Wellber-Stölzl) – 3 juin berlin Deutsche Oper (49/30.343.84.343) s Attila (Steinberg) – 19, 21 juin Staatsoper (49/30.20.35.45.55) s La Traviata (Zanetti-Mussbach) – 2, 5, 8, 15 juin s Le Vin herbé (Ollu-Mitchell) – 1er, 7, 9, 13 juin s The Fairy Queen (Boder-Guth) – 16, 19, 21, 23, 25, 28 juin s Hanjo (Albers-Bieito) – 22, 24, 30 juin Komische Oper (49/30.47.99.74.00) s Maxx (Jo i new york Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) s Balle im Savoy (Benzwi-Kosky) – 9, 12, 15, 18, 21, 23, 26 juin s Le Nozze di Figaro (Nanasi-Kosky) – 2, 16 juin s Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 7, 8, 11 juin Lors du Festival consacré à «L’Anneau du Nibelung», l’Opéra de Paris présente, le 19 juin, «La Walkyrie», avec Martina Serafin (Sieglinde). Crédit : Opéra national de Paris/ Elisa Haberer a c t u a l i t é o p é r a zurich Une farce grandiose Lady Macbeth de Mzensk est un opéra qui a valu beaucoup de déboires à Chostakovitch quand, au lendemain de la première, un article assassin, inspiré semble-t-il par Staline lui-même, s'offusquait de la soi-disant pornographie contenue dans ce sujet déclaré licencieux. L'attaque fut en tous les cas suffisamment virulente pour faire peur au théâtre et l'inciter à retirer le titre de l'affiche; le compositeur luimême, impressionné par une telle hargne de la part du critique, se décidera plus tard à récrire l'ouvrage en gommant les parties les plus brûlantes. C'est sous cette forme adoucie que l'ouvrage, sous le titre de Katerina Ismaïlova, commencera sa carrière internationale ; du reste, il parut encore sous cette forme à l'affiche de l'Opéra de Zurich en 2005... Forme originale C'est maintenant sous sa forme originale qu'il revient sur les planches de l'Opernhaus, dans une mise en scène grandiose d'Andreas Homoki. Loin de jouer la carte de la provocation, le metteur en scène (et patron de l'Opéra) raconte l'intrigue sous la forme d'une grosse farce dont les personnages font rire même lorsqu'ils sont malmenés par la vie ou par leurs congénères. Les viols des deux femmes, les coups de fouet infligés à l'amant, la mort par empoisonnement du beau-père lascif ou par étranglement du mari assez stupide pour rentrer trop tôt alors que sa femme est occupée à sonder le corps vigoureux de son nouvel amant, tout cela est traité comme des séquences d'un spectacle grandguignolesque dont on s'amuse tout en riant jaune, il est vrai. Les costumes déjantés, les décors aux couleurs bariolées et la gestique synchronisée d'une masse de figurants et de choristes favorisent encore a c t cette prise de distance du spectateur avec un quotidien aussi sordide et laissent à la musique le soin de montrer finalement avec quel sérieux le compositeur s'est attaqué à son délicat sujet. La direction est assurée par un jeune chef grec qui est en train de se forger une enviable réputation dans les théâtres de la province russe reculée, mais il y a fort à parier qu'il va devenir un hôte de plus en plus fréquent des grandes institutions internationales. Son approche effervescente, voire embrasée du langage de Chostakovitch transforme les instrumentistes du Philharmonia de Zurich en protagonistes incontournables de la soirée: car c'est dans l'orchestre que l'on prend la mesure de la souffrance des victimes ou de la brutalité des comportements de la classe dominante: les bois pleurent, les cors grincent, les cuivres ricanent sur un tapis mouvant que tissent les cordes avec un art consommé de l'entrelacs de motifs sous-tendus par les incessants coups de boutoir d'une section rythmique débridée. Rarement, cet orchestre aura paru musicalement si brillant et si engagé au plan dramatique. Une réussite La distribution ne comporte aucun point faible, à commencer par la Katerina de Gun-Brit Barkmin qui réussit le tour de force de se lancer à tête perdue dans ce rôle meurtrier sans que la voix ne perde sa souplesse et son éclat dans un aigu qui s'épanouit avec une saisissante facilité. Kurt Rydl en beau-père vicieux ne le lui cède en rien: la diction reste toujours d'une clarté exemplaire, l'intonation conserve un punch inouï alors que la pure beauté du phrasé ou du legato attestent le degré de suprématie technique suprême de ce chanteur hors du commun. Brandon Jovanovich incarne un amant au chant solaire et puissant, peu raffiné il est vrai, - mais Katerina n'attend certainement pas de lui qu'il lui serve le thé en levant le petit doigt! Benjamin Bernheim en mari dupé fait étalage de dons de comédien hors pair alors que son émission, légèrement voilée, convient idéalement à son emploi. Les nombreux personna«Lady Macbeth de Mzensk» avec Gun-Brit Barkmin (Katerina Ismailowa) ges secondaires sont tous et Brandon Jovanovich (Sergej) © Monika Rittershaus chantés à la perfection alors que le chœur, comme à l'accoutumée, éblouit par sa capacité à s'adapter à divers styles d'écriture sans que cela entame en quoi que ce soit la précision de ses attaques ou le raffinement du legato, notamment dans les longues mélopées des bagnards de la scène finale, entonnées avec des voix reposées et fraîches capables des pianissimi les plus subtils. Eric Pousaz «Lady Macbeth de Mzensk» avec Kurt Rydl (Boris) © Monika Rittershaus u a l i t é 35 o p é r a ou Alberich, qui ressemblent à autant de variations infinies sur un langage chorégraphique d'une prodigieuse diversité. De tels moments n'ont rien perdu de leur charme à la fois percutant ensorcelant et semblent avec les années gagner encore en force de conviction. Le Ballet d'Etat de Berlin conserve précieusement à son répertoire le Il est au demeurant difficile, dans un ballet spectacle qu'a monté expressément pour lui le chorégraphe belge en 1990 comportant autant de solistes mis tour à tour en en s'inspirant des grands thèmes de la Tétralogie. Ring um den Ring est valeur, de faire une sélection des meilleurs considéré comme beaucoup d'amateurs comme l'opus magnum du moments, signe évident de la qualité d'ensemble chorégraphe belge : avec sa durée de plus de quatre heures, ce ballet exceptionnelle de cette troupe berlinoise riche en semble en tous les cas mûr pour le Guinness Book of Records... individualités aux personnalités affirmées et à la technique aguerrie. La présence de deux Siegfried (Marian Walter et Michaël Banzhaf), Juste après sa création le 7 mars 1990, le naux, a certainement contribué à aider les dan- aux pas d'une complexité inouïe où l'acrobatie le ballet a été présenté au Palais de Beaulieu à seurs à retrouver leur feu premier. dispute à la pure beauté plastique, sert de fil Lausanne; si l'œuvre ne bénéficie pas aujourd'hui Il est évident que sur une aussi longue soi- conducteur lumineux à la demi-heure consacrée d'une aura comparable au Sacre du Printemps ou rée, tous les moments n'atteignent pas au même au volet de l'ouvrage qui porte pour titre le nom au Boléro, la faute en incombe peut-être à l'extrê- degré d'intensité. Certaines pages de Siegfried de son personnage masculin prioncipal; de me longueur du spectacle, mais surtout au fait ou, plus curieusement, de La Walkyrie paraissent même, le duo inattendu que forment Vladislav que le chorégraphe a limité les droits de repré- avoir mal vieilli, comme si le chorégraphe, dans Marinov en Alberich et Wieslaw Dudek en Hagen sentation aux ballets berlinois et à sa troupe du des moments aussi essentiels que le réveil de contribue-t-il fortement à donner une assise soliBBL, - qui est actuellement, faute d'effectifs suf- Brünnhilde ou les Murmures de la Forêt, avait de à l'évocation du Crépuscule des dieux avec fisants, dans l'impossibilité de proposer une fait plus confiance au texte débité par le d'incroyables bonds et prouesses athlétiques qui reprise intégrale de cette création hors du com- Narrateur qu'à la puissance d'évocation de la paraissent autant se réclamer de la grande tradimun. musique. Ainsi, si le pas de deux réservé à tion classique russe que de certains pas d'inspiraEn 2004, soit trois ans avant tion folklorique. sa mort, Béjart revenait à Berlin Du côté des dames, la pour peaufiner son ouvrage. serpentine Brünnilde de C'est dans cette version remaniée Nadja Saidakova ou la perque Ring um den Ring a déjà été sonnalité rayonnante de repris une trentaine de fois Shoko Nakamura qui brosse depuis; il figurait en avril au prode Fricka un portrait d'une gramme de la Deutsche Oper de féminité juvénile rendent Berlin pour marquer le bicentetoute leur justification dranaire de la naissance de Wagner maturgique aux atermoiedans le cadre de Semaines ments du Wotan de Dmitriy Wagnériennes où la presque totaSemionov dont la félinité lité des ouvrages du composiaffichée, encore soulignée teur, y compris Rienzi, étaient par un grandiose costume de remis à l'affiche. Peter Sykora, souligne à la Lors de la première de cette fois la ruse et la fragilité. «Ring um den Ring» dans la chorégraphie de Maurice Béjart © Bettina Stöss nouvelle série de représentaBref: une toute grande soitions, limitées à trois pour l'occarée dont le succès triomphal sion, l'enthousiasme du public frisait le délire. Sieglinde et Siegmund fait toujours preuve d'un laisse augurer de nombreuses reprises dans un Avec Michaël Denard dans le rôle du Récitant, formidable élan dramatique, le personnage de futur proche... (6 avril) les danseurs placés sous la direction de Bertrand Wotan paraît bien pâle en comparaison de ses d'At ont su retrouver le souffle épique de la créa- apparitions fulgurantes dans L'Or du Rhin, et le Maîtres-Chanteurs de Nüremberg Wagner reprenait ses droits de compositeur tion en offrant une prestation digne de tous les troisième acte de cet ouvrage clef de la Tétralogie lyrique le lendemain avec la très belle mise en éloges, même si les ensembles n'ont peut-être paraît tout simplement escamoté, d'autant que sa scène des Meistersinger von Nürnberg qu'a plus tout à fait la précision millimétrée que savait page la plus célèbre - La chevauchée des réalisée Götz Friedrich en 1993 déjà. y insuffler le créateur original. Au niveau des Walkyries - est utilisée dans le final de l'ouvrage Surprenante de simplicité et d'élégance stylisée, individualités, par contre, il semble bien que la précédent alors que le duo entre le père et la fille cette réalisation garde tout son pouvoir d'évocatroupe ait su se montrer digne d'un héritage aussi rebelle passe pratiquement inaperçu ! Mais les tion original et mérite amplement qu'on la lourd à porter. Et la présence d'Elisabeth Cooper grands moments épiques sont légion, de même reprenne, saison après saison. au piano, réalisatrice des arrangements origi- que ces indicibles duos réservés à Loge, Hagen berlin : béjart enthousiasme toujours les foules Succès triomphal 36 a c t u a l i t é o p é r a «Les Maîtres-Chanteurs de Nüremberg» © kranichphoto im Auftrag der Deutschen Oper Berlin Pour cette occasion, la distribution ne comportait pas de noms de vedettes : tous les rôles principaux étaient distribués à des chanteurs de la troupe, ce qui atteste du niveau exceptionnel de ce théâtre qui peut se passer d'artistes invités pour un spectacle aussi lourd. L'homogénéité est ici la qualité première de cette soirée où l'on ne retrouvait pas ces tous grands moments que seuls savent dispenser les artistes de renommée internationale, ... pour autant qu'ils aient envie de se présenter à leur public. Albert Pesendorfer est ainsi un Sachs infatigable, au timbre d'un beau métal sombre manquant peut-être de rayonnement dans les moments de tendresse, comme dans le duo avec Eva au III. Le rôle de la jeune femme était tenu par Martina Welschenbach, au soprano charnu mais parfois un peu dur dans l'aigu, ce qui ne l'empêchait pourtant pas de brosser un portrait d'une inhabituelle richesse de facettes de la jeune amoureuse tiraillée entre sons sens du devoir et les pulsions de son cœur. Jana Kurucova à ses côtés incarnait une Magdalena agréablement emportée et juvénile, parfaitement en accord avec le David au timbre clair, néanmoins parfois trop mat dans l'aigu, de Thomas Blondelle. Walter von Stolzing avait les traits et la voix déjà usée de Robert Dean Smith qui, après un final du premier acte où il était devenu presque inaudible, s'est remarquablement repris au III avec un Preislied d'une magnifique envergure rayonnante. Michale Eder, un Pogner à la voix fraîche et reposée, et Stephen Bronk, un Kothner percutant à souhait, emmenait une magnifique troupe de Maîtres où brillait le diamant de la soirée en la personne de Markus Brück qui brossait un portrait d'un incroyable raffinement de l'amant malheureux et maître-chanteur déconfit a c t u Beckmesser: rarement ce rôle aura été distribué à un baryton aussi soucieux de prouver que, malgré le rôle ingrat qui lui est dévolu, ce personnage tragi-comique reste bien un maître digne de ses confrères dont l'art du chant est loin d'atteindre les sommets de raffinement qui sont les siens dans sa sérénade à Eva. L'orchestre, emmené par Christoph Prick, se montrait plus convaincant par la splendeur de ses cuivres et la souplesse de ses cordes que par le mordant d'une interprétation qui sombrait parfois dans une quiétude un brin léthargique (7 avril) Carmen De cette mise en scène de Peter Beauvais, rafraîchie en 2009, il n'y a pas grand chose à dire si ce n'est qu'elle illustre avec efficacité les péripéties d'un livret convenu. Si la soirée méritait amplement le détour, c'est à sa jeune inter- prète de Carmen qu'elle le devait: Clémentine Margaine, qui a été élue révélation de révélation classique ADAMI et a obtenu le prix spécial du jury au concours international de Marmande, fait littéralement un malheur dans ce rôle où se sont illustrées les plus célèbres de ses devancières. Le chant est léger mais ne manque ni d'éclat ni de puissance dans le grave; le ton reste celui d'une jeune femme enjouée: elle n'a rien de la tragédienne dont la mort annoncée s'approche d'inéluctable façon. Presque surprise de se trouver tout à coup face à quelqu'un qu'elle a mal jugé, elle meurt sans effets vocaux hypertrophiés, sans cris. Son timbre aux magnifiques reflets ambrés fera certainement d'elle une des interprètes de ce rôle en or parmi les plus recherchée sur le plan international dans le courant des prochaines années. Le reste de la distribution est moins spectaculaire : Martina Welschenbach est une Micaëla aux accents décidés qui n'ont rien des plaintes d'une mijaurée dépassée par les événements, Gaston Rivero un Don José aux couleurs trop criardes et aux tonalités nasillardes dans l'aigu et Michael Bachtadze un Escamillo à l'émission musclée qui ne s'encombre pas de raffinements vocaux. Les rôles secondaires sont bons alors que la direction de William Spaulding, l'actuel chef des chœurs de la Maison, plaît par ses rythmes allants qu'entrecoupent curieusement de trop longues césures, comme par exemple après chacun des entr'actes précédant les quatre séquences de l'opéra. (4 avril) Eric Pousaz «Carmen» © Bettina Stöss a l i t é 37 o p é r a opéra de lausanne Carmela Remigio Carmela Remigio est une des rares sopranos italiennes qui puissent se vanter de chanter régulièrement presque tous les rôles principaux des grands opéras de Mozart en plus de ses nombreuses excursions dans le grand répertoire romantique français et italien du 19e siècle. Dans Idomeneo et Le nozze di Figaro, elle réussit même l'exploit d'incarner avec succès tour à tour Elettra et Ilia ou La Contessa et Susanna, des emplois aux typologies vocales pour le moins différentes. A Lausanne, en juin, elle sera la Comtesse dans Les Noces de Figaro. Contactée par courriel, elle a bien voulu répondre à quelques questions sur sa conception du rôle de la Comtesse: Vous chantez les deux rôles féminins principaux des Noces de Figaro. Lequel préférez-vous ? 38 Il est difficile de dire qui je préfère des deux personnages, surtout sous l'angle musical, car le compositeur les a gâtées l'une et l'autre. Mais au stade actuel de ma vie de femme, j'ai une légère préférence pour la Comtesse qui est plus proche de ce que je ressens au quotidien. Susanna, je l'ai chantée à vrai dire dans peu de productions, mais qui ont toutes été des étapes importantes avant tout gai, et paraît toujours sûr de soi au point de ne pas trop se poser de questions. Le fait d'incarner alternativement deux rôles si différents vous pose-t-il des problèmes particuliers ? Pour une artiste lyrique, Susanna est d'abord un exercice de résistance vocale car c'est un des rôles les plus longs de tout le répertoire mozartien. Il n'est pourtant de loin pas le plus complexe. Et puis Susanna arpente la scène pendant près de quatre heures et, à la fin de la représentation, je sens d'abord la fatigue dans mes pieds! Par opposition, la musique de la Comtesse baigne dans une sensualité mélancolique qui rend son profil dramatique vraiment unique. Elle est l'égale des grandes héroïnes tragiques, royales, altières, de Mozart mais avec cette capacité de réfléchir sur soi, voire de se remettre en question qui fait d'elle une des créations lyriques les plus sublimes qui soient. Avoir chanté l'un et l'autre de ces deux rôles en scène vous facilite-t-il la tâche ? Carmela Remigio © Marco Rossi dans ma vie d'artiste. Ce personnage de servante s'inscrit dans la grande tradition des divertissements scéniques du 18e siècle italien, même si Mozart la dote d'une personnalité musicale autrement plus complexe que ce que l'on voit et entend habituellement dans le répertoire d'alors; ce personnage de servante reste néanmoins e Lorsque je suis La Comtesse, je sais exactement ce que va dire et penser sa servante, c'est comme si je me regardais dans un miroir. L'interaction qu'impliquent les nombreux jeux de scène de cette comédie endiablée s'en trouve pour moi simplifiée. On ne doit en outre pas oublier que la Comtesse est encore une jeune femme, elle a tout au plus vingt-deux ans si l'on admet que, d'après Beaumarchais, Les Noces de Figaro se jouent seulement trois ans après Le barbier de Séville. Susanna et Rosina (alias La Comtesse), sont ainsi presque sœurs par l'âge même si elles vivent quelque chose de tout à fait différent pendant cette “folle journée“. tres personnages sont déjà totalement immergés dans la comédie. Mais son air d'entrée Porgi, amor, qualche ristoro est tellement sublime!.. C'est une déclaration d'amour teintée de tristesse, et je me sens immédiatement plongée dans cette atmosphère prenante. Lorsque je suis enfin sur le plateau, je me sens comme un enfant qui arrive sur son terrain de jeu préféré, parce que j'aime cette musique, j'aime cette situation théâtrale vraiment prenante. Et si ma santé vocale est bonne ce soir-là, qu'est-ce qui peut m'arriver? Je nage en plein bonheur... Vous chantez Adalgisa dans Norma, Violetta dans Traviata, Marguerite dans Faust. Que représente Mozart pour vous ? Comme l'ont dit d'autres interprètes du belcanto avant moi, chanter Mozart est un implacable test de santé vocale. Quand j'aborde Maria Stuarda de Donizetti, par exemple, je retrouve les accents propres à Donna Anna dans Don Giovanni ou Vitellia dans Titus. L'équilibre à atteindre dans les changements de registre, la musicalité de la phrase, la coloration de chaque note, le contrôle du souffle : tout est déjà dans Mozart. Pour moi, le cantabile de l'air de Donna Anna Non mi dir est techniquement un fabuleux exercice de pur belcanto. Arrivez-vous aux premières répétitions avec une idée définie de ce que vous aimeriez faire sur le plateau ? J'aime trop le théâtre pour ne pas apprécier d'abord le contact avec d'autres sensibilités artistiques susceptibles de m'ouvrir des horizons nouveaux. J'ai beaucoup travaillé avec Peter Brook et ai appris de lui que le théâtre est d'abord quelque chose qui ne saurait se figer. Un bon metteur en scène doit parvenir à me convaincre de la nécessité d'adopter sa conception du personnage; s'il n'y parvient pas, c'est à moi d'argumenter pour le convaincre que mon point de vue est meilleur. Le théâtre sort chaque fois rajeuni de ces confrontations de points de vue et cela ne peut que profiter à la dynamique du spectacle. Une dernière question : si vous deviez abandonner un des deux rôles dans Les Noces, hésiteriez-vous ? Non! Il me semble nécessaire de laisser Susanna à une artiste en début de carrière, pour autant qu'elle ait les capacités techniques de maîtriser sa musique... Propos recueillis et traduits par Eric Pousaz Vous entrez relativement tard en scène. Est-il pénible d'attendre votre tour en loge ? Non, je lis, me détends. Bien sûr, je sais que je commence à chanter à froid quand tous les au- n t r e Opéra de Lausanne : Le nozze di Figaro de Mozart les 7, 9, 12, 14 et 16 juin. t i e n ABONNEMENTS DÈS LE 26 MARS VENTE LIBRE DÈS LE 3 JUIN T 021 315 40 20 WWW.OPERA-LAUSANNE.CH SUIVEZ-NOUS SUR SAISON 2013-14 OPÉRAS LAKMÉ LÉO DELIBES LES MOUSQUETAIRES AU COUVENT LOUIS VARNEY LE VOYAGE DANS LA LUNE JACQUES OFFENBACH LUISA MILLER GIUSEPPE VERDI IL BARBIERE DI SIVIGLIA GIOACCHINO ROSSINI DIE LUSTIGEN WEIBER VON WINDSOR OTTO NICOLAI JEUNE PUBLIC HÄNSEL ET GRETEL ENGELBERT HUMPERDINCK GAËTAN S’OFFRE L’OPÉRA ! OPÉRAS VERSION CONCERT L’ORFEO CLAUDIO MONTEVERDI DORILLA IN TEMPE ANTONIO VIVALDI DANSE ISRAEL GALVÁN LO REAL / LE RÉEL BÉJART BALLET LAUSANNE LE MANDARIN MERVEILLEUX CONCERTS & RÉCITAL I TURCHINI BACH ET LA MUSIQUE NAPOLITAINE SANDRINE PIAU & LES PALADINS LE TRIOMPHE DE L’AMOUR CARTE BLANCHE À CÉDRIC PESCIA AVEC SEBASTIAN GEYER VIVALDI & PIAZZOLLA ISABELLE MEYER o p é r a Il a fallu donc freiner la cantatrice dans l’élan qui la poussait à répondre avec gentillesse et générosité à nos questions ! une belle rusalka au grand théâtre Camilla Nylund Les fidèles lecteurs de Scènes Magazine se souviendront du portrait de la cantatrice finlandaise paru en juin 2012 où nous retracions les étapes de sa brillante carrière. Elle vient de la côte ouest de la Finlande, où vit une minorité (5,6% des habitants du pays) dont la langue maternelle est le suédois. Du 13 au 27 juin, elle incarnera Rusalka, héroïne d’Antonin Dvorak au Grand Théâtre de Genève. 40 Scènes Magazine l’a rencontrée il y a quelques mois, le lendemain d’une représentation de Don Carlo à l’Opéra d’Amsterdam, dans laquelle elle n’a pu chanter le rôle d’Elisabeth, pour cause de refroidissement. Mais elle l’a quand même joué pendant qu’une collègue, sur le côté de la scène, prêtait son organe pour sauver la représentation. Premier entretien au cours duquel le souci majeur de l’interviewer était de ne PAS trop faire parler l’artiste ! En effet nous pensions aux représentations qui allaient suivre et comme chacun sait que la pire chose, lorsque l’organe vocal est atteint, c’est de parler ! Le principal problème de cette profession est, dit-elle, l’obligation de rester en forme de façon permanente, ce qui, avec les années, devient de plus en plus difficile, surtout en raison des déplacements inévitables toujours plus nombreux. Cette fois la grippe a frappé au début des répétitions avec orchestre. Camilla Nylund n’a pas voulu avoir recours aux antibiotiques, et après une soirée délicate où il a fallu « tenir » jusqu’à la fin, elle a dû jeter l’éponge pour le spectacle suivant, car ses aigus n’étaient plus là, à son grand regret évidemment : une occasion manquée de se plonger dans l’opéra italien, qui est un baume pour la voix, et qui lui convient si bien. Pour l’instant cependant, son répertoire est dominé par Wagner et Strauss. Bien sûr on se sent handicapé dans ce genre de circonstances, mais également soulagé de ne pas devoir chanter dans de mauvaises conditions. La présence d’Elisabeth sur scène est constante, - ce que préfère Camilla Nylund plutôt que de regagner sa loge entre chaque intervention. Salome et Rusalka également ne quittent guère le plateau. Rusalka Rusalka est une créature étrange, ni morte ni vivante, portant la queue des sirènes, incapable de trouver le repos, ni la liberté. Elle continue à vivre ainsi, peut-être éternellement. Son histoire est émouvante. Ce n’est pas un être humain mais un personnage de conte de fées qui provoque beaucoup de changements. Il s’agit d’une production de Salzbourg qui ne ménage pas la protagoniste, notamment lorsque la mise en scène exige de gravir des marches d’escalier en dépit de l’encombrant appendice. Une production, que certains ont jugée « peu esthétique » ( !), qui lui a laissé, entre autres souvenirs, une jolie collection de bleus ! Au Grand Théâtre, la distribution ne sera pas la même. Rusalka, comme Elisabeth, souffrent : c’est le lot réservé par les librettistes masculins aux femmes en général ! Camilla Nylund s’efforce de rendre ces héroïnes touchantes et crédibles. Si certaines indications du metteur en scène ou certains partenaires la dérangent, elle ne fait pas d’histoires. Elle a été élevée ainsi, et de plus elle est du signe des Gémeaux, connus pour leur diplomatie ! Il faut avoir une forte personnalité, mais aussi savoir s’adapter car le travail d’équipe doit demeurer efficace. 2013 A programme de cette année 2013, (Camilla consulte son agenda qui déborde) figurent une autre production de Rusalka à Barcelone, puis des concerts à Rome, Dresde et Helsinki, Salome à Vienne, Lohengrin à Francfort, Sieglinde à Vienne, Rusalka à Genève, Tannhäuser à Bayreuth et Ariane à Naxos à Francfort. Elle n’a pas vraiment de rôle favori, mais trouve Salome et Ariane particulièrement bien écrits pour sa voix. Une voix lumineuse, comme elle. D’après des propos recueillis et traduits par Martine Duruz Les 13, 16, 19, 21, 24, 27.6. : Rusalka de Dvorák. OSR, dir. Dmitri Jurowski, m.e.s. Jossi Wieler et Sergio Morabito. Grand Théâtre de Genève à 19h30, le 16 à 15h (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) Camilla Nylund © Markus Hoffmann e n t r e t i e n grand théâtre «L’Or du Rhin» sera donné en représentations les 13 et 20 mai 2013, lors du Festival scénique dédié à «L’Anneau du Nibelung» Photo GTG / Carole Parodi g r a n d t h é â t r e entretien : tobias richter Sous le signe de la révolte D'ordinaire, Tobias Richter n'apprécie pas particulièrement les saisons dont le profil est entièrement dicté par une idée forte, car il lui semble difficile, au moment où les contrats sont signés - soit en moyenne deux à trois ans à l'avance - , de savoir quels seront les impératifs visuels ou dramaturgiques des mises en scène confiées aux artistes engagés. 42 Or il ne peut être question d'imposer une quelconque idée directrice à qui que ce soit car il est capital, à ses yeux, de laisser toute liberté à la force créatrice des gens qu'il engage. Néanmoins, le Directeur du Grand Théâtre apprécie que la dramaturgie d'une saison permette au public de discerner, au gré des diverses soirées lyriques mises à l'affiche, un fil rouge donnant un sens au choix des ouvrages programmés de préférence à d'autres. Entretien. en le traitant de vieux radoteur cherchant à l'empêcher de réaliser son destin. Dans Nabucco, le Chœur des prisonniers est à lui seul un splendide plaidoyer pour la liberté rêvée d'un peuple oppressé, mais la révolte gronde à tous les niveaux de l'intrigue, à commencer par le refus catégorique d'Abigaille d'accepter son rôle de fille soumise face à son père adoptif manipulateur. Le Crépuscule des dieux montre à l'évidence le cul-de-sac dans lequel se sont engagés plusieurs personnages principaux par aveuglement personnel et amour déraisonnable du pouvoir absolu. Enfin, dans La Wally, c'est plus simplement une fille qui ne veut pas se soumettre à un père qui a choisi de lui faire épouser celui qu'elle ne peut se résoudre à aimer... Le bouclement de la Tétralogie (avec Walkyrie en novembre, Siegfried en février et Crépuscule en avril) avant la programmation de deux cycles complets en mai vous a-t-il contraint à des choix difficiles ? Concevoir une saison dans un théâtre dit de stagione à l'italienne (soit avec huit à dix productions jouées en série avant la mise à l'affiche d'un autre spectacle) n'a rien à voir avec les problèmes qui se posent à un directeur de salle de répertoire comme Vienne, Munich ou Düsseldorf. L'avantage du modèle genevois est de permettre de partir chaque fois de rien lorsqu'on envisage de monter un titre ou un autre. Ainsi, j'ai toute latitude de choisir jusqu'au rôle le plus insignifiant sans avoir à tenir compte des gens de la troupe; ce n'était pas le cas lorsque je travaillais en Allemagne car j'étais alors obligé d'employer sur une base régulière les membres de la troupe. Le revers de la médaille est néanmoins évident ici à Genève: avec moins de dix productions scéniques par an, je ne peux donner une image équilibrée du répertoire et je suis le premier à regretter l'absence d'un opéra baroque ou d'une création contemporaine inscrite dans le programme de notre saison régulière. En outre, monter un Ring est la tâche la plus ardue qui se pose à un théâtre, à plus forte raison dans un milieu comme celui de Genève où les techniciens ne sont pas confrontés quotidiennement aux divers problèmes que posent la présence au répertoire régulier de vingt à vingt-cinq productions données en alternance dans un opéra organisé à l'allemande. Le profil de la saison prochaine au Grand Théâtre peut donc paraître déséquilibré à certains, mais il me paraît vital pour une institution artistique comme celle de Genève de se mesurer de temps à autre à des défis qui font craquer jusqu'au dernier rouage de la 'machine' de production. Vous avez programmé une série de représentations en fiançais d'un titre aussi connu que La Chauve-Souris. Est-ce que cela a encore un sens aujourd'hui dans un théâtre dont le public est plutôt international ? Tobias Richter © Odile Meylan Tobias Richter: La future saison sera celle de la révolte de l'individu, en lutte avec son milieu pour faire respecter sa liberté personnelle. Tous les ouvrages mis à l'affiche nous montrent en effet des personnages prêts à payer de leur vie, s'il le faut, leur lutte pour assurer leur indépendance physique ou leur droit à des choix de vie qui leur conviennent. Figaro ose par exemple s'opposer au Comte au nom de l'égalité des êtres en refusant à son maître le fameux droit de la première nuit (plus simplement appelé : droit de cuissage) sur sa future femme. La Walkyrie nous montre une Brünnhilde qui n'hésite pas à braver l'ordre paternel par amour pour un mortel qui n'obéit, lui, qu'aux lois que lui dicte son cœur. Dans La ChauveSouris, Rosalinde n'hésite pas à recourir à divers stratagèmes que la morale réprouve pour s'affranchir de la tutelle maritale, qui se réduit pour elle à l'asservissement de la femme par une société bourgeoise dont le machisme n'a d'égal que la suffisance. Siegfried se jette sans trop se poser de questions sur Wotan pour briser sa lance après l'avoir humilié verbalement e n t Vous savez, j'ai vu il y a plus de trente ans une production en langue française de La Chauve-Souris avec William Jacques dans le rôle de Frosch. Il y a cinq ans, j'ai assisté dans ce même théâtre à la dernière série de représentations de ce même ouvrage de Strauss avec dialogues et lyrics dits et chantés en allemand. J'ai été frappé par la différence d'atmosphère entre ces deux soirées; là où les rires fusaient pendant les réparties déjantées du premier spectacle, le public, plus récemment, restait de marbre, car il était probablement trop occupé à lire les surtitres qui défilaient à grande vitesse sur les écrans. Or l'opérette doit faire mouche dans l'instant, sinon elle rate son but. Je pense donc légitime de prendre ce risque calculé pour la reprise d'une production déjà vue ici. L'opéra de Catalani, La Wally, est aussi une rareté; je crois qu'il n'a jamais été joué sur la scène du Grand Théâtre depuis sa réouverture en 1962. Y a-t-il de votre part une intention particulière à programmer ce titre ? r e t i e n g r a n d t h é â t r e Disons que j'ai toujours aimé cet opéra, depuis que je l'ai découvert grâce à l'enregistrement presque mythique où Fausto Cleva dirige ces trois monstres sacrés que sont Renata Tebaldi, Mario del Monaco et Piero Cappuccilli. Et je l'ai mis à l'affiche aussi bien à Brême qu'à Düsseldorf lorsque j'y étais directeur. Alors, pourquoi pas à Genève ? Pour rester plus sérieux, je trouve que ce compositeur est scandaleusement méconnu. On joue partout Puccini et l'on oublie que d'autres compositeurs le valent bien. Je n'ai rien contre l'auteur de Madama Butterfly, bien évidemment, mais je trouve sa musique souvent plus sophistiquée, autrement dit: plus fabriquée, moins directement sincère que celle d'un Catalani. Et il n'y a pas dans La Wally que l'air du 2e acte, rendu célèbre par le film Diva, qui vaille le détour. L'ensemble du dernier acte, avec la scène de l'avalanche, compte parmi les plus belles pages du répertoire lyrique italien de cette période. C'est pourquoi cet ouvrage mériterait amplement à mes yeux de figurer en bonne place dans le répertoire régulier de tous les théâtres du monde. ce dans l'évolution du style lyrique en France. Je trouvais donc particulièrement approprié, en cette année du bicentenaire de la naissance de Wagner, de faire entendre une composition tout à fait différente, inspirée des mêmes sources littéraires, mais apportant des solutions musico-dramatiques foncièrement originales à ce qui va devenir le drame lyrique à la française dont, à des degrés certes divers, un Dukas, un Fauré ou un Chausson seront les héritiers directs. Au fond, vous êtes donc satisfait de cette saison spéciale malgré les contraintes liées à la mise sur pied de la Tétralogie... Parmi les regrets que tout directeur de théâtre éprouve En contrepoint à la production de la lorsqu'il voit sa nouvelle saiTétralogie, vous proposez trois versions de son couchée sur le papier, il Projet de maquette pour «Siegfried» concert de Sigurd d'Ernest Reyer. S'agit-il là en est un que j'ai de la peine à également d'une œuvre à votre avis injustedigérer, comme je l'ai dit prément laissée de côté ? cédemment : l'absence d'une œuvre résolument moderne dans la saison Certainement ! Avec des moyens tout autres que ceux de Wagner, Reyer régulière du Grand Théâtre. Certes, nous avons pu avec l'aide du Festival compose son ouvrage au moment même où le compositeur allemand s'at- Archipel, proposer Delusion Of The Fury, un spectacle total du compositaque à L'Or du Rhin. Il serait donc vain de chercher des influences de l'un teur américain Harry Partch qui sera donné en création européenne le 23 des musiciens sur son confrère. Le langage du compositeur français se août prochain à Bochum, en ouverture de la Ruhrtriennale et que nous précaractérise par une grande élégance formelle, une orchestration assez senterons au BFM à la fin du mois de mars 2014. La musique y est d'une transparente d'une admirable diversité et un traitement des récitatifs en originalité absolue et donne forme à des univers à proprement parler ariosos qui fait toute l'originalité de cette partition de première importan- inouïs jusqu'ici : le langage mélodique et le texte y créent une atmosphère où la raison ne trouve pas ses marques habituelles, notamment à cause du mélange si particulier de mythes africains et japonais que le compositeur fait revivre avec un ensemble instrumental où les recherches sur les alliages sonores sont tout simplement extraordinaires. La mise en scène en sera assurée par Heiner Goebbels, un artiste d'exception dont les Genevois ont déjà eu plusieurs fois l'occasion d'apprécier le travail innovant. Mais, pour revenir à votre question, je reste conscient que cela n'est qu'une solution de remplacement et il me tarde de mettre une nouvelle fois à l'affiche une œuvre qui éclaire plus directement les problèmes de notre temps... Propos recueillis par Eric Pousaz Plus d’infos sur : http://www.geneveopera.com/1314/ Façade du Grand Théâtre de Genève e n t r e t i e n 43 g r a n d t h é â t r e péril. Il faut rester avec la voix que l’on a, même si le jeu scénique, lui, se veut masculin. Pour le cas de Chérubin, c’est un jeune garçon. Donc, la masculinité, si je puis dire, s’impose encore moins. entretien Stéphanie d’Oustrac Arrière-petite-nièce de Francis Poulenc, Stéphanie d’Oustrac a de qui tenir. Sa vocation de chanteuse lui est venue dans son enfance en Bretagne, et de sa participation à une maîtrise. Mais c’est en entendant Teresa Berganza que sa décision prend forme : elle sera cantatrice, et l’une des plus recherchées actuellement par les théâtres lyriques internationaux. Vous abordez souvent des personnages plutôt sombres, pour la couleur vocale : Médée, Carmen, la Voix Humaine de Poulenc… Est-ce en raison de votre voix ou par inclination ? Je pense qu’il faut toujours être sincère. Donc, je ne trafique pas ma voix. Je n’insiste pas sur le côté mezzo de ma couleur vocale. Je suis davantage portée par un personnage. Je préfère avant tout incarner un rôle, avec sa consistance, plutôt que de me livrer à des exploits purement vocaux. La densité du personnage et de ses conflits, ressort aussi de la caractérisation vocale. Mais dans mon cas, c’est ce qui m’attire surtout dans un rôle. Vous êtes souvent qualifiée de chanteuse baroque. À tort, à en juger par votre biographie et votre carrière… 44 Effectivement. J’ai eu une formation tout ce qu’il y a de plus classique, notamment dans mes classes de chant au Conservatoire de Lyon. Je n’étais donc pas destinée au chant baroque et la suite de ma carrière l’a en grande partie prouvé. Mais la rencontre avec William Christie a été déterminante, qui m’a lancée dans Lully et Rameau. Une sorte de tournant, qui cependant n’a pas été décisif, puisque j’alterne les deux styles. Ce qu’il faut, c’est s’adapter au répertoire que l’on interprète. Je revendique toutefois l’éclectisme. Vous faites beaucoup de répertoire français… Pas seulement, puisque en tant que mélodiste je m’attaque aussi aux lieder. Et dans l’opéra, au répertoire italien, dont les opéras de Mozart et Haendel font partie. Mais il est vrai que l’on se sent mieux dans son arbre généalogique. Question de culture… Ce n’est pas être fermé, mais plutôt s’ouvrir à partir d’une culture donnée au reste des cultures du monde. Chérubin que vous interprétez dans les Noces de Figaro au Grand Théâtre, n’est pas une prise de rôle. Ce n’est pas non plus votre premier Mozart… Absolument. J’ai déjà abordé Zerline de Don Giovanni, Sesto de la Clémence de Titus et Dorabella de Cosí fan tutte. Chérubin, je l’avais inauguré au Japon, et plus près de nous, je l’ai repris à Saint-Étienne. Vous aviez déjà fait auparavant une apparition à Genève, il me semble… Stéphanie d’Oustrac © Bertrand Pichêne C’est un rôle travesti. Est-ce que cela implique une conception différente, tant scéniquement que vocalement ? Au plan scénique, cela dépend beaucoup de la mise en scène. J’avoue qu’à l’heure où nous parlons, je ne sais encore rien du spectacle tel qu’il sera présenté à Genève. Quoi qu’il en soit, les garçons et les filles ne bougent pas de la même façon. Il faut savoir en tenir compte, quand on se déplace sur scène, dans le jeu du e personnage… Pour ce qui est de la couleur vocale, j’estime justement qu’il ne faut pas pousser, forcer le trait, tendre à la caricature. Il convient de rester avec sa propre caractérisation vocale. C’est un défaut que j’avais à mes débuts : j’essayais de trouver une couleur masculine. Car j’ai abordé nombre de rôles travestis : Niklausse des Contes d’Hoffmann, Ascagne des Troyens, Sesto dans la Clémence de Titus de Mozart et Jules César de Haendel… Avec l’expérience, je ne crois pas judicieux ni adapté de modifier son émission, car cela met la voix en n t r e C’était il y a un certain temps. Sous la direction de Gabriel Garrido au Bâtiment des Forces Motrices. Pour une zarzuela baroque, La púrpura de la rosa de Tomás Torejón y Velasco, créée au Pérou en 1701. Vous voyez, je chante dans les langues les plus diverses. Propos recueillis par Pierre-René Serna Le Nozze di Figaro de Mozart, une production du Vlaamse Opera, les 9, 11, 13, 15, 17, 19 septembre 2013 au Grand Théâtre de Genève. t i e n g r a n d t h é â t r e entretien Marc Laho C’est un ténor discret mais présent sur toutes les scènes lyriques, où ses vertus interprétatives le distinguent. Marc Laho avait déjà chanté dans les Contes d’Hoffmann au Grand Théâtre il y a quelques années. Il y revient pour la Chauve-Souris. Vous chantez la Chauve-Souris au Grand Théâtre. Est-ce que vous avez déjà abordé cet ouvrage ? Oui, à plusieurs reprises. La dernière fois ce fut à Montpellier, et juste avant à Lausanne, en 2007. Au Grand Théâtre, je jouerai le rôle entièrement en français. Alors qu’à Lausanne on avait alterné les dialogues en français et les parties chantées en allemand. Mais j’ai appris ce rôle dans les deux langues, et l’ai fait en allemand comme en français. Un petit commentaire sur l’ouvrage, et le rôle d’Alfred que vous allez incarner... Alfred, c’est simplement l’amant de l’héroïne. La Chauve-Souris est une farce, avec beaucoup de quiproquos. La source de l’œuvre elle-même provient d’une anecdote personnelle de Johann Strauss : un ami lui avait joué un petit tour, une farce déjà ; cet ami s’était promené dans la rue, grimé en chauve-souris. Ici, dans l’opérette, c’est une vengeance. La femme, la servante, le gardien de prison, se font passer pour de grands notables, et Alfred, se croyant invité chez un prince, courtise la maîtresse de maison, qui est masquée. Mais sans savoir que c’est sa propre femme ! Il y a deux ténors dans la pièce : Alfred et son rival, puisqu’il en faut un ! Le quiproquo ne vient que de moi, Alfred donc, qui est arrêté à la place de l’autre personnage à la suite d’une dispute que ce dernier avait fomentée. Je suis l’amant dans l’histoire, et non pas le mari. C’est à la fois très amusant et très compliqué. Tout repose donc sur Alfred, sur vous. Vocalement, comment le rôle se caractérise ? Alfred est un rôle très sympathique à chanter. Il a un petit duo, un air, un ensemble où il participe… L’écriture vocale est assez précise, tout en laissant une part à l’improvisation dans un moment en coulisse ; cela peut être un air du Faust de Gounod, de Rigoletto, au choix… Puisque le héros est lui-même chanteur, selon le livret. Il pousse ainsi régulièrement la sérénade ! C’est assez fin, ce chant dans le chant si je puis dire. Nous verrons comment cela se passe pour la mise en scène de Genève. Les choses ne sont pas encore arrêtées au moment où nous parlons. Car, pour ce passage d’improvisation traditionnelle dans l’ouvrage, tout dépend d’elle. Ce sera le spectacle pour les fêtes de fin d’année. Donc, ce rôle ne présenterait pas de difficultés… Mais si ! Comme tout rôle. Et puis il faut savoir incarner un texte, un personnage et sa traduction musicale. Il y a par exemple un quintette, assez échevelé, qui nécessite d’être bien carré. Ce n’est pas si aisé ! Justement, est-ce que l’alternance de dialogues parlés et de parties chantées présente elle aussi des difficultés ? Tout à fait. Il faut savoir jouer la comédie. Ce serait presque ici davantage une pièce de théâtre. Le passage, alors, du registre de voix naturelle, pour les parties parlées, à celui de voix travaillée, pour le chant, est toujours e n t r e t Marc Laho assez épineux. Pour moi, je peux oser dire que j’y parviens aisément. Donc, il faut jouer sur tous les tableaux. Cela se comprend. Car vous savez certainement les éloges qui vous sont adressés pour votre élocution dans le chant français. Ce n’est pas si fréquent de nos jours. Vous l’avez cultivée ou cela vous vient naturellement ? Je suis Belge. Il faut croire que les Belges prononcent bien le français, mieux que certains chanteurs de France [nous le croyons volontiers – note de P.-R. S.]. Il y a eu aussi ma carrière : j’ai commencé en faisant beaucoup d’opérette, où il était indispensable de bien prononcer. J’ai aussi essayé de gommer mon accent d’origine, et ce faisant, cela n’a fait que me porter encore davantage vers la bonne diction. Beaucoup de circonstances ont joué pour cette éventuelle bonne élocution que vous me faites la gentillesse de me reconnaître. Je trouve, en outre, que l’élocution est indispensable à la couleur du chant. Là, ce sont mes professeurs, en Belgique, qui me l’ont enseigné. La langue française présente des difficultés, avec ses “ on ”, ses “ an ”…, ou alors les “ e ” muets, qu’il faut maîtriser. Les partitions lyriques en tiennent compte. Les anciens enregistrements de chanteurs sont un modèle sur ce plan. Mais tout cela, c’est un travail de chaque instant dès que vous abordez un rôle… Votre répertoire ne se résume pas à l’opérette… Je peux citer en vrac : Hoffmann, Don José dans Carmen, Faust, Werther, La Favorite… Un peu tout le répertoire français de ténor lyrique léger. Mais je chante aussi l’opéra italien, Traviata, l’Élixir d’amour, le bel canto en général. Le répertoire allemand, que j’ai peu abordé jusqu’ici, va bientôt mieux entrer dans ma palette, avec la Flûte enchantée, et même Wagner. Mais dans chaque cas il faut maîtriser la langue. C’est Nicolaï Gedda, dont j’avais suivi l’enseignement, qui me l’avait dit, lui qui parlait couramment sept langues ! Et vos projets immédiats… Je fais une recréation mondiale à l’Opéra de Liège : Guillaume Tell de Grétry. Une découverte absolue, d’un opéra qui n’a pas été donné depuis plus deux siècles. Propos recueillis par Pierre-René Serna La Chauve-Souris de Strauss fils, une production du Festival de Glyndebourne, les 13, 15, 17, 21, 22, 28, 30, 31 décembre 2013 au Grand Théâtre de Genève. i e n 45 g r a n d t h é â t r e les surprises de la saison Cohérence Daniel Dollé Le choix de La Wally a été le fruit de mûres réflexions. Le thème de la révolte et celui de la chute y sont présents, même s’il s’agit d’un cas personnel, et l’on peut donc rattacher l’œuvre à l’esprit révolutionnaire de la période qui vit le début de la composition du Ring. Tobias Richter et Daniel Dollé désiraient se soumettre à la tradition genevoise, qui tient à maintenir à l’affiche ses compositeurs fétiches, Mozart, Wagner,Verdi. Mais ils souhaitaient également offrir au public l’occasion de découvrir des œuvres plus rares, car il est essentiel de nourrir ou de piquer la curiosité afin que le répertoire ne se réduise pas comme peau de chagrin. En cette année anniversaire, L’Anneau du Nibelung s’imposait. D’abord le prologue, en mars 2013, puis les trois journées, La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des Dieux entre novembre et avril 2013-2014. Et pour couronner le tout : reprise du cycle complet en deux séries au mois de mai. Considéré par les musicologues comme un sous-Wagner, Ernest Reyer s’est lui aussi intéressé à la Chanson des Nibelungen (5e siècle), lui restant d’ailleurs plus fidèle que son prédécesseur illustre. C’est l’histoire de Sigurd (alias Siegfried), vue à travers la culture française. La durée est de quatre heures, mais rassurez-vous, au Victoria hall, en version de concert, le chef Frédéric Chaslin opérera des coupures. Une autre occasion d’élargir le répertoire, tout en restant dans le cadre de l’option globale adoptée pour la saison. Les Noces de Figaro, annonciatrices de la révolution française, respectent la ligne directrice de la saison, et à cette « folle journée » répondra la folle nuit de La Chauve-Souris, tableau d’une société décadente au bord du gouffre. Nabucco a bien entendu sa place puisque Verdi y exprime l’aspiration à la liberté et à l’autonomie de ses compatriotes, ce qui en fit le premier Entretien avec Daniel Dollé, qui évoque ses fonctions au sein du Grand Théâtre. Bras droit de Tobias Richter, il participe à la prise de décisions multiples concernant l’élaboration des programmes, la finalisation des contrats, le choix des œuvres et des interprètes. 46 A lui revient aussi la responsabilité d’animer les équipes au travail, de veiller au maintien de la cohérence, et d’une façon générale d’occuper la terrain pour coordonner et superviser afin que la machine fonctionne. Chaque élément d’un spectacle a son importance, chacun a son savoir faire, mais tout est lié. En revanche il ne s’occupe ni de sponsoring, ni des relations entre la Ville et le Théâtre, bref de rien de ce qui aurait un rapport avec la politique. Pour autant le contrôle total est impossible. Le résultat final n’est pas toujours à la hauteur des prévisions : des changements dans le projet initial des metteurs en scène, ou la baisse de régime de chanteurs engagés plusieurs années avant les productions peuvent être à l’origine de bien des déceptions. La Wally Parmi les surprises prévues, commençons par La Wally. Créé triomphalement en 1892, l’opéra d’Alfredo Catalani sur un livret basé sur le roman de Wilhelmine von Hillern Die Geier Wally a connu depuis lors les affres de l’oubli. En 1982 le film Diva de Jean-Jacques Beneix avait rendu extrêmement populaire l’air chanté par Wilhelmenia WigginsFernandez Ebben… Ne andro lontano, mais personne n’alla jusqu’à redonner sa chance à l’intégralité de l’œuvre. A Genève, La Wally n’a jamais figuré au répertoire du Grand Théâtre. Influencé à la fois par Wagner, le grand opéra français, Weber et le vérisme, Catalani écrit une musique composite et riche où il réunit romantisme germanique et vérisme à l’italienne. L’héroïne connaît une fin tragique, suivant l’élu de son cœur volontairement dans la mort, dans ces Alpes du Tyrol où la neige brûle tout autant que le soleil de Paillasse ou de Cavalleria rusticana. Issue malheureuse et violente bien différente de celle qu’avait prévue le roman oriBarbara Frittoli sera La Wally ginal de Wilhelmine von Hillern. e n t Balint Szabo sera Stromminger dans «La Wally» r e t i e n g r a n d t h é â t r e de mythes africains et japonais et fait appel à un instrumentarium original qui a été reconstruit pour l’occasion et dont le fameux ensemble MusikkFabrik fera usage. Partch se distingue par ses recherches sur la tonalité (fractions de tons), sur la spatialisation, sur la mise en scène de la musique. Surnommé le “Don Quichotte de la musique contemporaine“, il a développé son propre système, contre les tendances de son époque et n’a pas d’équivalent dans le monde de la musique contemporaine. Daniel Dollé nous confie l’essentiel de son credo : Nous voulons avoir des spectateurs actifs, dit-il. Si nous dérangeons, le public réagit et un dialogue s’établit : il faut ouvrir le débat. Nous Andrea Caré sera Sigurd Anna Caterina Antonacci sera Brunehilde dans «Sigurd» © Pascal Victor ne devons pas avoir peur de montrer les pulsions primitives, la pasgrand succès du compositeur. Les Italiens, à l’époque sous le joug autri- sion, les émotions. Notre mission est aussi d’interroger : qu’y a-t-il derrièchien, s’identifièrent aux exilés opprimés chantant le célèbre chœur « Va, re le texte ? Pas question d’imposer, chacun est libre d’avoir un jugement, pensiero ». de voir ce qu’il veut. Mais il serait bon d’essayer de comprendre avant de condamner. Par exemple, beaucoup n’ont pas saisi le sens de la montgolfière à la fin de L’Or du Rhin : elle représentait « la chute ascensionnelle » Inattendus aussi : Siegfried ou qui deviendra le Seigneur des anneaux ? Non pas et soulignait le côté dérisoire de la situation. Mais de nos jours, les gens Wagner pour les nuls, mais une création mondiale pour les enfants, cette sont en quelque sorte anesthésiés. On n’est plus éduqué au choix. La faci« fantasy » musicale de Peter Larsen raconte, à partir du matériau wagné- lité prime. D’après des propos recueillis par Martine Duruz rien, l’histoire du jeune Siegfried, naïf et courageux, qui évite les pièges, joue avec l’ours, parle à l’oiseau, bref se meut dans un univers que les jeunes connaissent déjà grâce à leurs jeux vidéo ou au souvenir qu’ils gardent du Seigneur des anneaux. Le texte est en français, aménagé et adapté par Daniel Dollé. Delusion of the Fury répond à la volonté de la direction du Grand Théâtre de faire une place à la musique d’aujourd’hui d’une part, et d’autre part de se mettre en synergie, avec en l’occurrence, le Festival Archipel, tout en se situant sur l’échiquier européen. L’œuvre de l’Américain Harry Partch, quasi inconnu en Europe mais marquant aux EtatsUnis, date de 1965-66, mais ne sera créée que le 23 août 2013 à la Ruhrtriennale, mise en scène par Heiner Goebbels. Reprise au BFM, chantée en anglais, elle ne sera représentée que deux fois, les 28 et 29 mars 2014. Cette création pour un théâtre musical part e n t r John Fiore sera à la tête de l’Orchestre de la Suisse romande lors des représentations de «Nabucco», en février et mars 2014 © Erik Berg e t i e n 47 g r a n d t h é â t r e rebondissements précipités, voire confus. grand théâtre de genève Nabucco Roland Aeschlimann n'est pas un inconnu des habitués du Grand Théâtre. Il a déjà collaboré comme décorateur ou comme metteur en scène et auteur de ses propres décors à sept productions lyriques. 48 Il créa d'abord le décor unique de Salomé de Strauss en 1974 pour une mise en scène signée de Jean-Claude Riber; vinrent ensuite La Grande Duchesse de Gérolstein d'Offenbach, Iphigénie en Tauride de Gluck, Il trovatore de Verdi, La clemenza di Tito de Mozart, Parsifal de Wagner (où il fut également l'auteur de la mise en scène) et finalement Elektra en 2010. Quelques soirées de ballet, pour faire bonne mesure, ont permis aux Genevois de se faire une idée assez complète d'un style qui brille par son extraordinaire diversité de choix esthétiques. Entretien. « L'important est de ne pas se croire supérieur à Verdi.... » En février prochain, ce spécialiste polyvalent du théâtre lyrique s'attaquera en tant que décorateur, costumier et metteur en scène à Nabucco. Il s'agit là sans doute d'un des ouvrages les plus populaires de Verdi, mais il n'est pas rare d'entendre des jugements plutôt condescendants lors de conversations avec certains met- teurs en scène... Nombre d'artistes font en effet la fine bouche devant ce livret chaotique, où la violence suinte de partout et où les développements psychologiques des personnages paraissent pour le moins superficiels. Aussi nous a-til paru intéressant de commencer cette interview téléphonique en demandant à M. Aeschlimann de nous donner son sentiment sur cet ouvrage souvent décrié: - J'aime Verdi, et je ne saurais faire la fine bouche devant aucun des ouvrages qu'il a composés. Bien sûr, un Don Carlos ou un Falstaff comptent au nombre de ces chefs-d'œuvre parfaits où tout - musique, livret, profil psychologique des personnages - concourt à créer une atmosphère inimitable. Mais Nabucco n'est pas aussi simpliste qu'il y paraît au premier abord. Il faut surtout respecter la dynamique qui lui est propre et essayer de conter l'histoire mise en musique sans la surcharger d'effets inutiles. Pourtant, aux dires de certains de vos confrères, il y a peu à tirer de ce livret aux Vous savez, beaucoup de ceux qui critiquent cet ouvrage n'en connaissent pas vraiment les ressorts dramatiques. Tout le monde connaît le 'Va pensiero...', ce chœur des Hébreux qu'on a accommodé à toutes les sauces, mais peu d'amateurs parviennent à résumer de façon cohérente les diverses étapes du récit. Ecouter la partition en se laissant bercer par la beauté des cantilènes ou emporter par les grandioses scènes chorales sans essayer de trouver le message que Verdi a voulu faire passer, c'est faire injure à l'art de ce compositeur. On ne doit jamais oublier que le chœur, à qui échoit un rôle capital dans cet opéra, n'est pas une masse indifférenciée: il prête sa voix à deux camps opposés, les Babyloniens et les Hébreux. Ma première tâche de metteur en scène est de rendre visible cet affrontement, non de me contenter de gérer avec plus ou moins d'élégance les déplacements des masses de choristes sur le plateau. Et puis il y a l'intrigue amoureuse, qui n'est pas uniquement le fait de jeunes tourtereaux innocents. Tout le monde s'accorde en effet à voir en Abigaille une femme cynique et ambitieuse qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins, mais sa rivale Fenena n'est pas moins calculatrice. Elle se situe certes du mauvais côté de la barrière au début, mais cela n'innocente pas entièrement ses actes. En outre, Abigaile se trouve dans une situation fausse, puisqu'elle n'est pas la vraie fille de Nabucco et qu'elle s'est sentie rejetée par une caste aristocratique qui se serait moquée de sa basse extraction si ses origines avaient été connues de tous. La musique nous indique d'ailleurs clairement que son amour pour Ismaele est tout aussi sincère que celui que lui porte Fenena. Voir dans le portrait de cette femme plus grande que nature une esquisse psychologique superficielle me paraît toucher aux limites de la pure mauvaise foi. L'intrigue dans son ensemble vous paraît-elle devoir être située dans un contexte précis ? Bien sûr que non. L'histoire tient du mythe et pourrait se dérouler n'importe où, même ici à Genève en 2014. Aussi est-il important de faire jouer l'opéra dans un décor neutre, stylisé, qui permette au spectateur de l'habiter comme il l'entend, au gré de ses expériences personnelles; qui peut prétendre en effet qu'il n'a jamais été confronté à la violence gratuite, à l'intégrisme idéologique, à la déraison ? C'est ce qui rend le sujet de Nabucco moderne aujourd'hui encore, et par là-même captivant. Je m'opposerais pour Roland Aeschlimann au Grand Théâtre de Genève en 2004, lors des répétitions de «Parsifal» avec, à gauche, Alfred Reiter (Gurnemanz) et à droite Robert Gambill (Parsifal) © GTG / Nicolas Lieber e n t r e t i e n g r a n d t h é â t r e cette raison à toute transposition moderne du livret dans un cadre historique précis autre que celui prévu par le compositeur et son librettiste, car les Nazis, par exemple, ne sont pas les seuls à avoir persécuté leurs semblables... Où voyez-vous alors les principales difficultés de cet ouvrage lorsque vous échafaudez la mise en scène ? Nabucco est un opéra au style déclamatoire très théâtral. On se méfie de nos jours - à tort - des grandes tirades sur la liberté, l'amour, la défense de la patrie. Mais remarquez qu'on est toujours prêt à suivre un meneur d'hommes qui sait enflammer les foules... Et puis il suffit de jeter un coup d'œil sur les excès auxquels convient certaines manifestations sportives, qui devraient satisfaire le seul plaisir ludique et qui souvent dégénèrent en manifestations patriotiques, pour comprendre que les grands élans de ferveur qui jalonnent l'histoire de Nabucco nous parlent encore tout particulièrement en ce début de XXIe siècle. Il s'agit donc pour nous, hommes de théâtre, de rendre justice à cette théâtralité particulière pour en faire sentir l'incroyable puissance. «Nabucco» © Barbara Aumüller conviennent à notre mentalité de spectateurs ayant eu accès aux découvertes de la psychanalyse. Une dernière question : Vous avez souvent travaillé en collaboration avec d'autres Leonardo Capalbo interprètera Ismaele, lors de certaines des représentations. Comment traiter le thème de la folie transitoire du roi qui, après avoir déliré publiquement, recouvre la raison au moment où il est plongé dans le cachot ? La folie est aussi un sujet que l'on retrouve partout dans l'opéra, dès les premiers essais baroques. Cette séquence s'inscrit donc dans une grande tradition lyrique qu'il convient de respecter. Mais on peut tenter d'y donner un sens en suggérant des pistes de lecture qui e n t r metteurs en scène (notamment avec Christof Nel pour la dernière Elektra genevoise). Appréciez-vous la liberté que vous donne la responsabilité du décor, des costumes et de la mise en scène dans le cadre de votre prochain travail genevois ? plateau. Souvent, il y a interaction, et cet échange de points de vue est un des aspects les plus gratifiants de mon travail. Quand j'ai la responsabilité scénique de l'ensemble de la production, je suis en quelque sorte l'ennemi de moi-même: si une idée me vient à l'esprit, elle se heurte parfois à l'impossibilité que rencontre le décorateur au moment de la réaliser. Et il est plus difficile de se convaincre soi-même du bien-fondé de telle ou telle décision lorsque celle-ci est combattue par un autre soi-même!... Pour rester sérieux, je dirais que même dans le cas de ce Nabucco, je tiens compte des remarques que me font les techniciens du plateau ou toute autre personne présente au moment des répétitions; il est vital de pouvoir confronter son point de vue à d'autres, ne serait-ce que pour prendre la mesure de la façon dont vos idées sont reçues par ceux qui travaillent à l'élaboration du spectacle. Car finalement, mes collaborateurs sont des observateurs comme les autres, privilégiés, certes, mais amenés à se poser les mêmes questions que les auditeurs le soir de la première. Et comme on le dit au théâtre : les spectateurs, en fin de compte, ont toujours raison!... Propos recueillis par Eric Pousaz Représentations (avec deux distributions différentes pour les rôles principaux) le 28 février, les 1, 2, 4, 6, 7, 8 et 10 mars 2014. On aurait tort de croire que, lorsque la responsabilité est partagée, le décorateur ne s'occupe que du visuel alors que le metteur en scène se limiterait aux mouvements des acteurs sur le e t i e n 49 g r a n d t h é â t r e ballet du grand théâtre de genève Surprises, surprises... Après les succès de la saison passée et la nomination d’un de ses chorégraphes, Benjamin Millepied, comme directeur du Ballet de l’Opéra national de Paris, le Ballet du Grand Théâtre aurait de quoi se reposer sur ses lauriers. Et bien Philippe Cohen, son heureux directeur, annonce une saison 2013/14 pleine de bonnes surprises. 50 Il y aura deux créations mondiales. Début octobre Michel Kelemenis proposera sa version du Songe d’une nuit d’été. Le chorégraphe français, ancien interprète de Dominique Bagouet, est prédisposé pour s’attaquer au chef-d’œuvre de Shakespeare. En 2009 il a chorégraphié pour la compagnie genevoise une Cendrillon qui ne manquait pas d’humour. Or l’exquise pièce, pour laquelle Felix Mendelssohn a composé la musique, est une comédie. La scénographie et les costumes seront l’œuvre de Nicolas Musin, la Basel Sinfonietta prendra place dans la fosse avec à sa direction le Luxembourgeois Robert Reimer. Ken Ossola © Gregory Batardon En février, Ken Ossola, ancien danseur du Nederlands Dans Theater, proposera un ballet élaboré sur des partitions de Gustav Mahler, Mémoire de l’ombre. Il est lui aussi connu au Grand Théâtre de Genève où il a eu un grand succès avec son œuvre Sed Lux Permanet en 2011. Le 4 février aura lieu un événement très attendu : la venue au Grand Théâtre du Ballet du Kremlin de Moscou. Ils danseront trois pièces célèbres de Michel Fokine, chorégraphe des Ballets Russes : Shéhérazade sur la partition bien connue de Rimski-Korsakov (dans une reconstitution d’Andris Liepa), Les Sylphides chef-d’œuvre créé sur de la musique de Chopin et les Danses polovtsiennes extraites de l’opéra Le Prince Igor d’Alexandre Borodine Le Grand Théâtre de Genève sera aussi le haut lieu de la danse à l’occasion des célébrations du bicentenaire de l’entrée de Genève dans la confédération avec Helveticdanse, un mini festival qui se déroulera du 25 au 30 avril 2014. Le ballet Glory de Andonis Foniadakis ouvrira les festivités. Le 26 avril le Ballet de Zurich proposera trois pièces, l’une de son directeur Christian Spuck, les autres des chorégraphes Wayne McGregor et Marco Goecke. Le Béjart Ballet Lausanne ne saurait manquer dans ce festival de la danse en Suisse. Il présentera un ballet de Maurice Béjart deux soirs de suite, les 28 et 29 avril. Et pour finir, le Ballet de Bâle proposera une nouvelle création de Johan Inger ainsi qu’une pièce d’Alexander Ekman. Ce festival se déroulera au Bâtiment des Forces Motrices. Emmanuèle Rüegger Michel Kelemenis © JC Carbonne a c t u a l i t é Bâtiment des Forces Motrices : «Delusion of the Fury» Les 28 et 29 mars 2014 photos © Michael Bölter g r a n d t h é â t r e 52 Soile Isokoski Leo Nucci © RobertoRicci Ferruccio Furlanetto © Igor Saharov Lawrence Brownlee r é c i t a l s g r a n d Jonas Kaufmann © Scholzshotspeople Anna Caterina Antonacci © Pierre Mandereau Dimanche 17 novembre 2013 à 19h30 SOILE ISOKOSKI, soprano Accompagnée par Ilkka Paananen Signalons encore le récital que donnera l’ACADÉMIE DES JEUNES CHANTEURS DU THÉÂTRE MARIINSKI, le dimanche 20 octobre 2013 à 19h30. Larissa Gergieva, directrice artistique de cette académie et figure incontournable de la scène lyrique internationale, accompagnera au piano quatre de ses protégés, à savoir : MARIA BAYANKINA, soprano YEKATERINA SERGEYEVA, mezzo-soprano DMITRY VOROPAEV, ténor GRIGORY CHERNETSOV, baryton Airs et mélodies de Glinka, Rachmaninov, Moussorgski, Borodine, Rubinstein, Tchaïkovski Dimanche 12 janvier 2014 à 19h30 FERRUCCIO FURLANETTO, basse Accompagné par Igor Tchetuev Mardi 21 janvier 2014 à 19h30 LAWRENCE BROWNLEE, ténor Billetterie du Grand Théâtre CP 5126 CH–1211 Genève 11 Dimanche 30 mars 2014 à 19h30 JONAS KAUFMANN, ténor Accompagné par Helmut Deutsch “Winterreise“ de Schubert é c 53 Dimanche 11 mai 2014 à 19h30 ANNA CATERINA ANTONACCI, mezzo-soprano Accompagnée par Donald Sulzen Mélodies de Chausson, Fauré, Debussy (y.c. “Les Chansons de Bilitis“) et les Wesendonck-Lieder Vendredi 20 décembre 2013 à 19h30 LEO NUCCI, baryton Avec le Italian Chamber Opera Quintet Direction & piano Paolo Marcarini Violon Pierantonio Cazzulani Alto Christian Serazzi Viloncelle Massimo Repellini Harpe Marta Pettoni r t h é â t r e T + 41 22 322 50 50 du lundi au samedi de 10h à 18h [email protected] i t a l s EMMÈNE-MOI À L’ O P É R A ! LES OPÉRAS LE NOZZE DI FIGARO SIGURD DIE WALKÜRE LA CHAUVE-SOURIS SIEGFRIED NABUCCO GÖTTERDÄMMERUNG DER RING DES NIBELUNGEN LA WALLY LES BALLETS LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ MÉMOIRE DE L’OMBRE FESTIVAL HELVETICDANSE LES RÉCITALS MARIINSKY ACADEMY t SOILE ISOKOSKI t LEO NUCCI FERRUCCIO FURLANETTO t LAWRENCE BROWNLEE JONAS KAUFMANN t ANNA CATERINA ANTONACCI OPÉRA JEUNE PUBLIC SIEGFRIED OU QUI DEVIENDRA LE SEIGNEUR DE L’ANNEAU... OPÉRA CONTEMPORAIN DELUSION OF THE FURY A B O N N E Z-V O U S ! SAISON1314 www.geneveopera.com d a n s à lausanne, avant genève en 2014 Sous le signe de Mahler La compagnie de Maurice Béjart tourne presque toute l’année en Europe et dans le monde. C’est indispensable pour sa survie et l’état de ses finances. Gustav Mahler a assez peu inspiré les chorégraphes. Sa musique est souvent jugée trop symphonique et tragique. Il faut remonter à 1932 pour que le chorégraphe anglais Antony Tudor crée Dark Elegies sur les Kindertotenlieder, ballet phare pour l’époque et qui traite de la souffrance des parents frappés par la mort de leurs enfants. Plus près de nous, c’est John Neumeier qui a créé le plus grand nombre de ballets sur la musique de Mahler. Tout récemment en avril, le Ballet de l’Opéra de Paris redonnait un de ses chefs-d’œuvre absolu : la 3e Symphonie. Mais ce n’est pas tout car il a également chorégraphié les 4e et 6e Symphonies ainsi que plusieurs Lieder. C’est la raison pour laquelle on peut affirmer «Le Chant Du Compagnon Errant». Crédit Valérie Lacaze, 2013 que Neumeier reste encore le choElle reste aujourd’hui encore l’une des seu- régraphe mahlérien par excellence ! Mais Béjart les à pouvoir remplir de prestigieux théâtres le suit de près et le BBL a décidé de rendre homcomme le Bolshoi à Moscou tout récemment mage, en cette fin de printemps, aux principales (pour le 100e anniversaire de l’inoxydable pièces montées à partir de la musique du compoSacre du printemps de Stravinski) ainsi que des siteur autrichien. espaces plus grands, genre Palais des sports ou Programmation festivals en plein air. En Suisse elle fera halte à peu évidente, car Lausanne, son port d’attache depuis 1987, du 22 Mahler n’est pas un au 30 juin puis en décembre et exceptionnelle- compositeur facile et ment à Genève au BFM en avril 2014 dans le grand public. C’est cadre de Helveticdanse. Le programme n’est aussi un hommage à pas encore défini. Jorge Donn qui a été Cette fin de saison, le BBL aura passé par l’inoubliable interMarseille, capitale européenne de la culture, puis prète des trois ballets Paris au Théâtre de Chaillot avant le Festival de programmés. Le Chant du Ljubijana en Slovénie. Si le répertoire comprend avant tout les grands musts du répertoire béjar- compagnon errant tien, le directeur actuel, Gil Roman, n’hésite pas est sans aucun doute à remonter des ballets plus anciens et à promou- la pièce maîtresse de voir des chorégraphes le plus souvent issus de la cette soirée et la plus ancienne des œuvres compagnie. a c t u a l i t e présentées. Créé à Bruxelles en 1971 pour Rudolf Noureev et Paolo Bortoluzzi, c’est l’un parmi les chefs-d’œuvre de Béjart alors au summum de sa verve créatrice. Pas de deux entre un maître et son élève sur un cycle de Lieder composés par Mahler à 24 ans, il contient des instants de pure émotion et peut se percevoir très différemment selon les interprètes. Amitié à connotation homo-érotique, relation maître à élève ou simple camaraderie… C’est selon ! A Lausanne on annonce déjà l’excellent danseur allemand du Ballet de Stuttgart, Friedemann Vogel. Ce que l’amour me dit est construit sur des extraits de la 3e Symphonie tandis que J.Neumeier utilise la symphonie dans son intégralité. Créé en 1974 sur la scène de l’ Opéra de Monte-Carlo, c’est un ballet de danse pure dans la meilleure verve béjartienne. Mahler a été très influencé par les idées de Nietzsche lorsque qu’il compose sa partition ce qui a plu bien sûr à Béjart. On connaît les affinités que le chorégraphe a toujours eues pour le grand philosophe allemand ! Enfin comme pendant au ballet précédent, Ce que la mort me dit n’a encore jamais été monté au BBL et a été créé à Tokyo en 1978 avec le Ballet du XXe siècle. Les musiques utilisées sont des extraits des Rückert Lieder et Des Knaben Wunderhorn. Le poète se sent étranger au monde et a la prémonition de la mort qui s’approche. Porté alors magistralement par J. Donn dans le rôle de Mahler, on verra si le ballet a gardé aujourd’hui le même aura. Michel Perret Théâtre de Beaulieu du 22 au 30 juin. Location www.ticketcorner.ch «Ce Que L’Amour Me Dit». Crédit Doron Chmiel, 2010 é 55 Photo © Frank Ternier FORUM-MEYRIN.CH f e s t i v a l s Le club des amis montreux jazz Suite musicale Mathieu Jaton, le nouveau chef d'orchestre du MJF, se pose en digne héritier du défunt Funky Claude, même si le style diffère. A en croire la programmation du festival cette année, tous les amis du fondateur Nobs ont répondu présents. Petit tour des lutrins. Les trois Parques “Lavaux… Lavaux… Take me to the vineyard of Lavaux“! Le Prince aura l'occasion de reprendre la chanson qu'il a spécialement écrite en hommage à notre région lémanique. Et plutôt trois fois qu'une. Ses trois concerts annoncés en début d'année affichent depuis longtemps complet, mais des billets seront remis en vente, assure le festival. Pour rien de moins que 200.- la place debout, ou 400.- tombé sur le derrière. Des prix royaux pour le Kid de Minneapolis, dont la jam improvisée au Montreux Jazz Café avait surpris tout le monde en 2007. L'homme qui voulut devenir un symbole - imprononçable - dans les années 90, l'artiste qui s'autoproduit lui-même s'annonce plus jazzy quand bien même il s'est depuis longtemps affranchi de toute mode musicale. Un autre seigneur revient à Montreux, Sting. Cette année, le dard ne s'encombre pas de tout un orchestre symphonique (Symphonicity). Il reprend sa basse Fender pour sa tournée Back to Bass qui fait escale à Montreux. L'auteur-compositeur-interprète, toujours très engagé dans l'humanitaire, affichait l'autre jour cette citation sur son site : “Je ne suis pas devenu riche en exploitant les gens. Aucun atelier de travailleurs transpirants ne fabrique mes chansons. Mon atelier se trouve dans ma maison et je suis celui qui transpire.“ Il a peut-être 79 ans, mais il n'a pas besoin d'une voix qui porte, lui. “Hallelujah“! Leonard Cohen a ses mots à lui, son style de raconteur d'histoires et de poète solitaire. Remonté sur scène il y a cinq ans, le parolier juif québécois, pourtant appelé “Le Silencieux“ dans sa vie antérieure de moine bouddhiste Zen, a sorti l'an dernier un nouvel album empreint de nostalgie : Old Ideas. Y figurent en bonne place Going home et Show me the place, mais aussi Anyhow, Darkness et Amen. Encore déprimé, le Léonard ? Ou simplement inspiré par un spleen vaguement baudelairien ? c t u 57 Jazz en salles Le patron disparu – malgré son fantôme qui hantera à jamais les lieux -, la controverse est de savoir si l'on peut sacrifier la référence à Miles Davis en remplaçant le Miles Davis Hall (et le Jazz Café) par deux autres salles : le Lab et le Club. Le nouveau directeur confirme que son prédécesseur avait validé ce changement. Tandis que la première arène permettra à 2000 mélomanes de s'ébrouer, la deuxième salle prendra la forme d'un club de jazz, plus intimiste, avec quelque 350 places réparties autour de tables rondes. C'est dans ce nouvel espace qu'on entendra notamment le pianiste cubain Chucho Valdés (fils de Bebo, donc, dans le célèbre club Tropicana duquel Chucho accompagnait des stars de passage Sarah Vaughan ou Nat King Cole). Le Montreux Jazz Club accueille aussi les saxes Charles Lloyd et David Sanborn, le guitariste ex Mama's & Papa's Lee Ritenour. Mais aussi les nouveaux sons jazz du pianiste Vijay Iyer (mais comment diantre prononcer son nom ?) et du contrebassiste-chanteur israélien Avishai Coen. Voix et film A côté de ces instrumentistes, la bonne variété rock, funk ou jazzy vient de Charles Bradley, Joe Coker, Paolo Conte, Diana Krall, Ben Harper, voire des gospellistes universitaires Take 6. Sera aussi de la partie la diva Oleta Adams (Let's stay here), découverte par les Tears for Fears dans le bar d'un hôtel de Kansas City, et qui est devenue la voix révoltée de leur splendide Women in chains. Cette édition, la traditionnelle soirée brésilienne ne comprend que des femmes : Gal Costa, Tulipa Ruiz et Claudia Leitte. Enfin, le mélomane prêtera attention à la soirée du 9 juillet, où tout le Stravinski est réservé à Woodkid. Son orchestre et ses montages vidéo contribuent à son projet The Golden Age, sur les turbulences du passage de l'enfance à la maturité. Ce Lyonnais trentenaire issu du graphisme est non seulement musicien mais également réalisateur de clips (pour Katy Perry, Lana Del Rey, Moby, Rihanna…). David La Chapelle le produit ; une garantie du bon goût donc ! www.montreuxjazzfestival.com ; rés. Ticketcorner. Leonard Cohen © Dominique Issermann a Hormis Deep Purple (et pour cause !), d'autres grands noms reviennent payer leur hommage à feu Nobs : en vrac, Bobby Womack, Soulwax, Kraftwerk (avec un concert en 3D !) ou, avec un autre accent, Dieter Meier (le Zurichois de Yello). Répondent également présents au tribut ses amis de toujours, des plus ou moins proches du grand Miles, à commencer par Quincy Jones, parrain immuable du festival et plus qu'éternel découvreur de talents, le pianiste George Benson (Miles in the Sky), la chanteuse Randy Crawford (Knocking on Heaven's Door de Dylan ou Street Life des Crusaders) et son inséparable pianiste Agnes Opel Joe Sample, Paul Jackson (première © Sofie Amalie Klougart guitare sur le Beat it de Michael Jackson), Pee Wee Ellis (comparse de Maceo et Fred autour de James Brown) et le bassiste énergique Marcus Miller (Tutu avec Miles Davis, Zoolook avec Jean-Michel Jarre, ou Nougayork avec Nougaro). Frank Dayen a l i t é f e s t i v a l s château de coppet Festival de théâtre La troisième édition du Festival au Château met à nouveau Madame de Staël, fille du banquier genevois et ministre de Louis XVI Jacques Necker, à l’honneur. 58 Le coup d’envoi sera donné le lundi 17 juin dans la Cour d’honneur par Pascale Méla, directrice enthousiaste du Festival, et Renzo Baldino, directeur du Château. Le verbe fleuri de Me Marc Bonnant répondra à la question « Diderot : vers le Panthéon ? » Pourquoi cet esprit universel ne se trouve-t-il pas au Panthéon, contrairement à Voltaire et Rousseau ? Mardi 18 juin à 18h à la Salle de l’Ancien Pressoir, l’historienne Anne Noschis nous fera mieux connaître Madame de Watteville, puis à 20h, La Compagnie Les Larrons, venue de Paris, offrira un spectacle salué par le festival off d’Avignon en 2012, Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, mis en scène par Xavier Lemaire. Mercredi 19 juin, à 10h, les enfants ne manqueront pas d’emmener leurs parents – ou vice versa, à la représentation du conte Hänsel et Anne Bisang © HeleneTobler a Gretel concoctée par le Piccolo Opéra, avec notamment la soprano Sophie Ellen Frank et le ténor Xan White. Le soir à 20h L’Affaire Calas de Christiane Renauld sera représentée par la comédienne Anne Durand, qui interprétera les douze personnages de cette affaire dont le protagoniste, Jean Calas, accusé à tort et exécuté en 1762, fut réhabilité principalement grâce à Voltaire et à son Traité sur la tolérance. Christiane Renauld aura au préalable traité des mystères de l’affaire Calas dans une conférence qui débutera à 18h. A 21h30 nous retrouverons Diderot et son « Neveu de Rameau » grâce à Alain Carré et Aïssa Derrouaz. Jeudi 20 juin à 18h, une conférence de Florence Lotterie, secrétaire générale de la Société des études staëliennes aura pour sujet : « Diderot et Germaine de Staël, ou l’élan de la postérité ». Suivra à 20h. un spectacle mis en scène par Olivier Lafrance, joué par Carole de Quay et Hélène Patricio, assistées par Laeticia Gaumann au violon, intitulé : Germaine, une petite fille modèle, qui évoque les relations, à travers ses lettres, de Germaine avec sa mère. Puis Alain Carré lira les Lettres de Diderot à Sophie Volland, acompagné par François-René Duchâble au piano. c t u a Vendredi 21 juin à 18h Alexandre Demidoff, chef de la rubrique culturelle du journal Le Temps, s’entretiendra avec Anne Bisang, metteur en scène. A 20h Nicole Garcia lira des textes extraits de la correspondance de Madame de Staël et de son roman Corinne en relation avec le thème de sa pièce Le Mannequin, dans laquelle elle condamne le mariage de raison. Les textes ont été François-René Duchâble choisis par Pascale Mela, en accord avec Anne Bisang, qui se chargera de la mise en scène de la pièce, où l’humour est paraît-il loin d’être absent et dont les acteurs seront Adrien Barazzone, Zoé Schellenberg, Gilles Tschudi et Olivier Yglesias. Dès le mardi 18 juin et jusqu’au 21, des œuvres de l’artiste Caroline Bich, toutes en rapport étroit avec Germaine de Staël, seront exposées dans la salle de l’ancien pressoir. Elle nous dit : « C’est à cette femme qui, dans sa vie et dans ses œuvres, s’est élevée contre la misère de la condition féminine que je rends hommage. Germaine de Staël s’inscrit dans une lignée de femmes qui ont bousculé l’ordre établi et ont ouvert la voie aux autres. » Martine Duruz Du 17 au 21 juin 2013 Plus d’infos sur : http://www.autourdemmedestael.com/ l i t é f e s t i v a l s avenches 2013 Nabucco La prochaine édition d’Avenches Opéra proposera du 5 au 18 juillet une nouvelle production de Nabucco. Idoine dans l’écrin constitué par les arènes du Nord vaudois, l’œuvre de Verdi avait connu un vaste succès public lors des éditions de 1999 et de 2005 du Festival d’Opéra d’Avenches. Placé depuis 2011 sous la direction artistique d’Eric Vigié, également directeur de l’Opéra de Lausanne, le festival a le vent en poupe. Les deux premiers spectacles de cette nouvelle ère (Rigoletto en 2011, La Bohème en 2012) ont fait forte impression. 2013 devrait faire perdurer ces excellentes impressions puisque la manifestation promet une distribution de classe internationale constituée de chanteuses et chanteurs se produisant pour la première fois à Avenches. Signalons que, contrairement à ce qui avait cours du temps de l’ancienne direction artistique, la distribution est unique, à l’exception – presque rassurante – du rôle d’Abigaille, l’un des plus époustouflant qui soit. L’Italienne Maria Billeri le partagera ainsi avec la Russe Mlada Khudoley. Le rôle-titre est confié au baryton américain Sebastian Catana, 59 Le chef d’orchestre Nir Kabaretti qui a déjà campé le roi de Babylone à Stuttgart cette saison. Le ténor Rubens Pelizzari sera Ismaele, rôle qu’il a déjà endossé dans les arènes de Vérone. Un autre Américain sera Zaccarie, il s’agit de la basse Oren Gradus. Manrico Signorini sera Il Gran Sacerdote, la Française Marie Karall sera Fenena. Abdallo est confié au ténor Nicolas Wildi et celui d’Anna à Irina Solomatina Tissot. Sur le plan scénique, le public assistera à un déploiement inédit dans les arènes romaines : Avenches Opéra accueillera un dispositif scénique composé de deux écrans de 35 mètres carré permettant les projections conçues par le metteur en scène Marco Carniti et le scénographe Francesco Scandale. A Avenches, le procédé consistant à intégrer des projections n’est pas nouveau en soi, le Nabucco de la mouture 2005 du festival, très réussi, était assortie d’images vidéos visibles sur la grande paroi du fond de scène, élément architectural naturel de l’enceinte romaine d’Avenches. Le chef convié dans la fosse d’orchestre est Nir Kabaretti, directeur musical et artistique du Santa Barbara Symphony Orchestra. Il emmènera l’Orchestre de Chambre Fribourgeois. Avenches Opéra, à l’instar de l’Opéra de Lausanne qui accueillait cette saison une production de l’Opéra de Fribourg avec Viva la Mamma de Donizetti, crée également une passerelle inter cantonale entre Vaud et Fribourg. Des synergies sur le plan romand continuent de prendre forme. La préparation des parties chorales, nombreuses et fastueuses et dont le «Va pensiero» est bien sûr la plus attendue, échoira comme à l’accoutumée à Pascal Mayer, dont l’expérience en la matière pourvoit aux belles heures du festival depuis les débuts de 1995. Bernard Halter Nabucco de Verdi, les 5, 6, 9, 13, 16, 18 juillet à 21h30. Arènes d’Avenches Renseignements et réservations : www.avenchesopera.com / +41 (0)26 676 99 22 TicketCorner : 0900 800 800 Marie Karall sera Fenena a c t u a l i t é f e s t i v a l s gstaad Orchestres symphoniques Mehuhin Festival Cette année les orchestres symphoniques sont particulièrement à l’honneur : le Gstaad Festival Orchestra, bien sûr, dirigé par Kristjan Järvi avec en soliste le pianiste Fazil Say dont sera donné le concerto pour piano, commande du Festival; l’Australian Youth Orchestra, pépinière de jeunes talents placés sous la baguette de Christoph Eschenbach; l’Orchestre national de Russie, direction Mikhail Pletnev, avec un des meilleurs ténors du moment Juan Diego Flores; le City of Birmingham Symphony Orchestra dirigé par Andris Nelsons, avec Sol Gabetta dans le Concerto pour violoncelle d’Elgar ainsi que, le lendemain, la spectaculaire soprano Kristine Opolais; le 21st Century Symphony Orchestra & Chorus, basé à Lucerne, donnera sous la conduite de Ludwig Wicki une suite de musiques de films ayant pour cadre la mer. Le concert de clôture sera donné par l’Orchestre national de Lyon, Leonard Slatkin dirigeant, avec Mischa Maisky et ses enfants dans le triple concerto de Beethoven. Après la terre, le feu et l‘air, c’est sous le signe de l’eau qu’est placée l’édition 2013 du Festival qui se déroulera du 18 juillet au 7 septembre. 60 L’élément est donc largement présent dans la programmation, que ça soit avec La Moldau de Smetana, la Symphonie «rhénane» de Schumann, le Quintette La Truite de Schubert, La Mer de Debussy, la Thuner-Sonate de Brahms, ou la première Année de Pèlerinage de Liszt inspirée par le Lac de Wallenstadt… En ouverture, la traditionnelle carte blanche est confiée cette année à la pianiste Hélène Grimaud pour trois concerts en récital ou accompagnée. Egalement “membres de la famille”, Renaud Capuçon et Sol Gabetta reviennent avec respectivement deux et trois concerts, tout comme le Leipziger Streichquartett. Découvertes On se réjouit particulièrement d’entendre le grand ténor Christoph Prégardien accompa- gné du corniste Olivier Darvellay et du pianiste Michael Gees dans un programme qui promet des découvertes (œuvres de C. Loewe, F. Lachner, K. Kreutzer) à côté des chefs-d’œuvre de Schubert et Britten, dont on rappelle, en cette année du centenaire de sa naissance, les liens qu’il établit avec Menuhin et Saanen dès les premières années du Festival. On remarquera également la venue de l’ensemble Les Dissonances, collectif d’artistes réunis autour du violoniste David Grimal qui vient en formation de quatuor dans un programme Mozart, Webern, Schubert. Autre grand moment attendu, la venue d’Andras Schiff pour un récital ainsi que pour un cours de maître ouvert au public, dans le cadre de la Gstaad Piano Academy. Celui qu’il a donné l’année dernière, passionnant, a montré le grand pédagogue qu’il est. Kristine Opolais a Christian Bernard Plus d’infos sur : http://www.menuhinfestivalgstaad.ch/site/ Kristjan Järvi c t u a l i t é f e s t i v a l s verbier Piano & autres musiques 20 ans déjà ! Le piano a toujours tenu une place de choix au festival et cette édition 2013 ne déroge pas à la règle. Citons pêle-mêle Elisabeth Leonskaja, Hélène Grimaud, Emanuel Ax, Menahem Pressler sans oublier la star montante russe Daniil Trifonov, l’un des plus grand virtuose du moment. Les grandes voix lyriques ont souvent ponctué la programmation ces vingt dernières années mais parfois avec des chanteurs en fin de carrière. Rien de tel cette année puisque c’est Nathalie Dessay qui a été choisie pour un concert à l’église le 4 août en compagnie de la mezzo Stella Grigorian. Si la danse, programmée les premières années, n’a jamais su trouver ses marques à Verbier, des concerts de Jazz, Reggae ou pop connaissent toujours un certain succès. Une façon de prouver que le classique n’est pas sectaire. Mais le seul vrai bémol de ce festival est parfois sa pléthore de concerts qui oblige à un choix souvent difficile car plusieurs sont programmés en même temps à l’église et dans la salle des Combins. Si l’exceptionnelle soirée d’anniversaire du 28 juillet qui réunira une vingtaine parmi les plus grands musiciens du moment affiche déjà complet, il reste néanmoins des places ailleurs et aucun amateur ne montera à Verbier sans trouver chaussure à son pieds. Plus de soixante concerts sont inscrits cette année au programme. Et pour les plus petits budgets, il est important de signaler que les Master class, concerts en plein air et les répétitions sont gratuits Le programme détaillé est disponible sur le site du festival. Rendez-vous estival incontournable de tout amateur de musique qui se respecte, le Festival de Verbier a aujourd’hui atteint sa pleine maturité ! 2013 marque en effet son vingtième anniversaire et il n’a plus rien à prouver quant à la qualité de sa programmation. Le Festival dispose toujours de son propre orchestre de jeunes musiciens engagés pour l’occasion. Depuis 2008, c’est Charles Dutoit qui en est en charge et il dirigera cette année trois concerts dont la 9e Maxim Vengerov Il ne faut dès lors pas s’étonner que d’autres stations de montagne se lancent avec plus ou moins de bonheur dans l’aventure. Mais côté originalité et convivialité Verbier les surpassent aisément. Verbier, c’est aussi un noyau de grands musiciens fidèles années après années, comme Evgeny Kissim, Mischa Maisky, Kent Nagano ou encore Maxim Vengerov pour ne citer qu’eux. Et à chaque édition de jeunes talents et d’étonnantes découvertes enrichissent la manifestation. Symphonie de Beethoven le 19 juillet pour la soirée d’ouverture. D’autres grandes pointures sont attendues comme EsaPekka Salonen, Kent Nagano (concert avec le Sacre de Stravinski pour marquer le centième anniversaire de sa création) ou Daniel Harding. Quant à Valéry Gergiev, il dirigera un concert Verdi-Wagner pour le 200e anniversaire de leur naissance avec le premier acte d’Ottelo et le troisième de la Walkyrie ! Verdi sera encore à l’honneur pour son Requiem le 1er août avec le chœur du Teatro Reggio de Turin. Michel Perret Plus d’infos sur : www.verbierfestival.com Chefs renommés Il y a deux catégories de public à Verbier. Tout d’abord un cercle d’amis et aficionados qui s’y installent et suivent sans relâches Master class, répétitions, films, concerts nocturnes ou conférences. D’autre part un public plus occasionnel va monter pour un ou plusieurs concerts donnés sous la tente et à l’église. Et finalement tout le monde va y trouver son compte. a c t u Elisabeth Leonskaja © AlinePaley a l i t é 61 f e s t i v a l s lucerne, festival d’été Un jubilé prometteur Le Festival de Lucerne fête son 75e anniversaire à grand renfort d’artistes de renommée internationale. Il se déroulera du 16 août au 15 septembre 2013. 62 Toscanini à Lucerne, le 25 Aaoût 1938 © Archives Lucerne Festival En 1938, Toscanini donnait son premier concert à Tribschen, devant la villa de Wagner, près de Lucerne. Pour ce faire il avait réuni des musiciens parmi les meilleurs du moment. De même, quand en 2003 Claudio Abbado a fondé le Lucerne Festival Orchestra, il a réuni des solistes de renommée internationale. Ce sont eux qui ouvriront le Festival le 16 août avec Brahms, Schönberg et la symphonie Héroïque de Beethoven. Ce concert sera répété le 17 août. Ils interpréteront par la suite deux symphonies, l’Inachevée de Schubert et la 9e de Bruckner, les 23, 24 et 26 août. Un autre pilier du festival qui fête également son 10e anniversaire réside dans la Lucerne Festival Academy fondée par Pierre Boulez. Cette institution a pour but de former de jeunes musiciens triés sur le volet et de faire connaître la musique des 20e et 21e siècles, avec le renfort de l’Ensemble intercontemporain. Ce dernier ouvrira les concerts de musique contemporaine le 18 août avec des partitions allant de Pierre Boulez à Wolfgang Rihm. Les grands concerts de la Lucerne Festival Academy auront lieu les 7 et 9 septembre. Pierre Boulez et Pablo Heras-Casado dirigeront des créations a mondiales (le 7) et des œuvres de Webern, Berg, Berio, Stravinski et Bartok (le 8). Par ailleurs, l’académie proposera des cours de direction d’orchestre ouverts au public. Les élèves de David Robertson dirigeront la symphonie Turangalîla de Messiaen. Le festival fêtera comme il se doit les 200 ans de la naissance de Richard Wagner avec une exécution concertante de L’anneau du Nibelungen. Jonathan Nott dirigera un orchestre formé des Bamberger Symphoniker et de la Bayerische Staatsphilarmonie avec le chœur de la radio berlinoise aux dates suivantes : L’Or du Rhin le 30 août, La Walkyrie le 31 août, Siegfried le 2 septembre et Le Crépuscule des dieux le 4 septembre. Parmi les chanteurs on pourra entendre entre autres Albert Dohmen (Wotan), Mikhail Petrenko (Fafner), Torsten Kerl (siegfried), Elisabeth Kulman (Fricka), Petra Lang (Brünhilde). Grands orchestres De grands orchestres seront fidèles au rendez-vous : les Berliner Philharmoniker, dirigés par Simon Rattle exécuteront des symphonies de Mozart (le 28 août) et des œuvres du 20e siè- c t u a cle dont le Sacre du printemps créé il y a cent ans (le 29 août). Le Royal Concertgebouw Amsterdam donnera la 9e symphonie de Gustav Mahler (le 1er septembre) et un programme Bartok /Profofiev (le 3 septembre), sous la baguette de Daniele Gatti. La Sächsische Staatskapelle Dresden, avec son chef Christian Thielemann interpréteront la 5e symphonie de Bruckner le 5 septembre et des ouvertures de Wagner et Fraternité de Hans Werner Henze le 6 septembre. Le 12 septembre, la Philharmonie de Saint-Pétersbourg dirigée par Yuri Temirkanov proposera de la musique russe : le 3e concerto de Rachmaninov (au piano Denis Matsuev) et la 10e symphonie de Chostakovitch. Ce sont les Wiener Philharmoniker qui cloront le festival avec la 8e symphonie de Bruckner (le 14 septembre) et la 5e symphonie de Chostakovitch (le 15 septembre), à la baguette : Lorin Maazel. Des phalanges moins connues sont également invitées : l’Orchestre symphonique de la radio bavaroise, dirigé par Mariss Jansons exécutera la Symphonie fantastique de Berlioz (le 7 septembre), et la 2e symphonie de Gustav Mahler (le 8 septembre), l’Orchestre du Festival de Budapest, dirigé par Iván Fischer interprétera le Mandarin merveilleux de Bartók et la 8e symphonie de Dvo ák (le 8 septembre en matinée). L’Orchestre symphonique de Pittsburgh dirigé par Manfred Honeck donnera deux concerts : le 10 septembre il exécutera le Concerto pour violon et orchestre de Dvo ák (soliste Anne-Sophie Mutter) et Une vie de héros de Richard Strauss, le 11 septembre la musique française sera à l’honneur avec la Rhapsodie espagnole et le Boléro de Ravel. Le 13 septembre, l’Orchestre Philharmonia interprétera la Symphonie dramatique Roméo et Juliette, pour orchestre et voix, de Berlioz. Une femme à l’honneur Après Kaija Saariaho en 2010 et Sophia Goubaïdoulina l’année passée, une femme sera de nouveau à l’honneur comme composer-inresidence : l’Israélienne Chaya Czernowin. Née en 1957, cette compositrice qui enseigne à l’Université de Harvard a retenu l’attention de la critique internationale en 1999 avec son Opéra Pnima qui met en scène un survivant de l’holocauste et son petit-fils. Cette œuvre sera représentée le 29 août et les 1er, 2, 4, 6 et 8 septembre au Théâtre de Lucerne. Il y aura par ailleurs deux créations, At the Fringe of Our Gaze exécuté par le West-Eastern Divan Orchestra dirigé par Daniel Barenboïm et White l i t é f e s t i v a l s Chaya Czernowin © Priska Ketterer Wind Waiting exécuté par l’Orchestre SWR Baden-Baden et Fribourg dirigé par FrançoisXavier Roth. Il y aura cette année deux “artistes étoiles“ : la pianiste Mitsuko Uchida et le percussionniste Martin Grubinger. Dans son récital la célèbre pianiste japonaise interprétera Bach, Schönberg et Schumann (le 20 août). Le 27 août, elle accompagnera la soprano Dorothea Röschmann qui chantera des lieder de Berg et de Schumann. Elle sera intégrée, le 1er septembre, au Quatuor Ebène ; ils donneront le quintet de César Frank. (Auparavant le Quatuor français interprétera des œuvres de Haydn et Mendelssohn.) Et le 7 septembre, Mitsuko Uchida jouera le 4e concerto de Beethoven avec l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise dirigé par Mariss Jansons. lugano : martha argerich, la secrète Progetto Argerich Elle est en ce moment dans nos salles de cinéma, grâce au film tout en nuances de sa fille. Mais là aussi elle reste discrète. En fait, elle s’exprime avec son piano. Pour ceux qui veulent bien la connaître il y a son festival en Suisse, le Progetto Martha Argerich, qui aura lieu du 9 juin au 3 juillet. Un concert donné le 9 juin au Palais des congrès de Lugano avec l’Orchestre de la Suisse italienne ouvrira le festival. Le programme va de la musique de l’époque classique (Mischa Maisky interprétera un concerto pour violoncelle de Haydn) à la musique romantique (avec entre autres les Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski). Le couronnement du concert consistera dans le Concerto pour piano et orchestre KV 466 de Mozart interprété par Martha. A la baguette, Jacek Kaspszyk. C’est également un concert avec orchestre qui clôturera le Progetto le 3 juillet. Martha Argerich jouera le 1er concerto pour piano de Beethoven. Le célèbre violoniste Renaud Capuçon jouera le Concerto gregoriano de Ottorino Respighi. Mozart et Glazounov seront aussi au programme. Hubert Soudant dirigera l’Orchestre de la Suisse italienne. Aux jours impairs entre le 9 juin et le 3 juillet (sauf les 15, 19, 21, 29) il y aura des a c t u concerts de musique de chambre à l’auditorium de la Radio de la Suisse italienne, des concerts qui débuteront à 20h30. Le 13 juin par exemple la soirée sera consacrée aux jubilaires Verdi et Wagner, avec un parcours instrumental. La soirée du 17 juin sera dédiée aux compositeurs des 20e et 21e siècles. À l’honneur Gauthier Capuçon, le célèbre violoncelliste français. Une exception cependant : Martha Argerich et Renaud Capuçon interpréteront la Sonate n° 3 de Beethoven. Le 23 juin, l’éventail de partitions sera large, de Johann S. Bach à Frank Bridge en passant par Schubert duquel Mischa Maisky et Martha joueront la Sonate Arpeggione. Le concert du 25 juin s’ouvrira avec une grande formation de 10 musiciens qui donneront vie au a l i t Le jeune prodige autrichien Martin Grubinger se produira lors d’un concert de nuit avec le tandem de pianistes Ferhan et Ferzan Önder dans un programme Fazil Say, Bartók, Stravinski (le 17 août à 22 heures). Le 11 septembre, le batteur participera au concert de l’Orchestre Symphonique de Pittsburg mentionné plus haut. Ils donneront en première partie le Concerto pour batterie, cordes et cuivres de John Corigliano. Et pour finir, Martin Grubinger interprétera le Concerto pour batterie et orchestre de Friedrich Cerha avec les Wiener Philharmoniker. La formation américaine JACK Quartet, nommé quartet-in-residence, interprétera des œuvres des 20e et 21e si. Emmanuèle Rüegger Plus d’infos sur : http://www.lucernefestival.ch/fr/ Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns. Le 27 juin sera consacré à la musique russe. Martha Argerich, Dora Schwarzberg (violon) et Jing Zhao (violoncelle) exécuterons le Trio en la mineur de Tchaïkovski. Et, honneur aux pianos, une version pour quatre pianos et percussion du Sacre du printemps couronnera la soirée. Presque tous les jours pairs, il y aura un petit récital l’après-midi à l’église évangélique. Une exception : c’est le 19 juin que Gabriela Montero (piano) et Sam McElroy (chant) y interpréteront un des chefs-d’œuvre de Schubert, le Voyage d’hiver. Il y aura aussi un concert surprise au Grand Hôtel Villa Castagnola, une conférence avec extraits musicaux sur le pianiste Alexis Weissenberg décédé il y a un an, et des Master Class du violoniste Ivry Gitlis ouvertes au public. Emmanuèle Rüegger Plus d’infos sur : http://www.rsi.ch/argerich/ Martha Argerich é 63 f e s t i v a l s ernen musikdorf 40ème ! Pianiste de renommée internationale et pédagogue non moins réputé, György Sebök (1922-1999) avait trouvé un havre de paix dans le village d’Ernen en Valais dès 1973. Après quelques années de résidence dans ce lieu, le pianiste était devenu organisateur d’un festival, s’entourant d’amis musiciens et de jeunes interprètes. 64 Après sa disparition, le flambeau a été repris par Francesco Walter qui anime désormais la manifestation, et qui a su attirer un nombreux public, souvent fidèle, ces dernières années en suivant le même esprit initié par György Sebok, à savoir faire se rencontrer des musiciens expérimentés auxquels se joignent de jeunes talents prometteurs invités à présenter une programmation sortant souvent des sentiers battus. L’édition 2013 ne faillira pas à ce projet, auquel il faut ajouter une spécificité que l’on ne rencontrera nulle part ailleurs, la fidèle présence et participation de la romancière Donna Leon qui donnera une fois encore des séminaires d’écriture toujours très fréquentés. Une nouveauté à noter cet été, deux journées de musique de chambre les samedi 6 et dimanche 7 juillet avec trois concerts chaque jour et des programmes susceptibles d’attirer les amateurs, Schubert et Chostakovitch tout d’abord et le lendemain Schubert, Webern, Chostakovitch et deux créations du violoncelliste Thomas Demenga. Hisako Kawamura © Ariga Terasawa Interprétation originale Comme cela est devenu l’habitude, le festival comprendra ensuite trois moments différents, une série de récitals de piano avec Hisako Kawamura (programme Bach, Beethoven, Brahms, Chopin le 14 juillet), Da Sol (Schumann-Wieck, Schumann, Chopin, Rachmaninov le 16 juillet), Alexei Volodin (Bach, Chopin le 17 juillet) et Pietro De Maria (Bach, Beethoven, Chopin, Ravel le 19 juillet). Un point commun au sujet de ces pianistes, ils ont été choisis pour l’originalité de leurs interprétations remarquées lors de concours internationaux. Suivront les concerts consacrés au répertoire baroque du 21 juillet et 2 août avec des choix d’œuvres incluant aussi bien Bach, Haendel et Vivaldi que Piatti, dall’Abaco ou Hasse. Une quinzaine de musiciens dont plusieurs font partie de La Scintilla – la formation baroque de l’Orchestre de l’Opéra de Zurich – entoureront la responsable de cet ensemble, la violoniste Ada Pesch et on notera la présence de la « régionale de l’étape », la soprano Rachel Harnisch. Place à la musique de chambre du 4 au 17 août avec deux douzaines d’interprètes parmi lesquels le clarinettiste Michel Westphal, le violoniste Erich Höbarth, l’altiste Mark Holloway. La programmation mêlera les classiques du genre et d’autres œuvres moins souvent proposées ainsi que trois créations d’une jeune compositrice et violoniste bâloise, Helena Winkelmann. Une place sera faite au jazz avec une soirée en compagnie du pianiste sud-africain Charl du Plessis et de son trio (le 28 juillet) et une autre (le 11 août) avec un duo composé du pianiste Milcho Leviev et du guitariste Dusan Bogdanovic que l’on pourra entendre également dns un répertoire plus « classique ». Fidèle à une autre tradition, l’Orchestre du festival se déplacera à la Fondation Gianadda pour interpréter un programme Haydn, Hindemith, Bach et Mozart le 17 juillet. Frank Fredenrich Michel Westphal © Philippe Christin www.musikdorf.ch a c t u a l i t é f e s t i v a l s N’auriez-vous pas envie de vous forger un style spécifique, que l’on puisse reconnaître comme du Demenga ? à ernen Thomas Demenga En juillet prochain, Thomas Demenga sera à l’affiche du Festival d’Ernen avec une poignée d’amis. Rencontre avec un artiste intègre, respectueux et passionné. On vous définit comme «interprète, compositeur et pédagogue». Comment trouvez-vous l’équilibre entre ces activités ? C’est une question difficile ! Concilier tout cela peut causer beaucoup de stress, comme à cette période de fin d’année où mes étudiants ont besoin de moi. J’ai une douzaine d’élèves au Conservatoire de Bâle qui vont bientôt passer leurs examens. L’enseignement m’occupe 2 à 3 journées par semaine. Cela devient compliqué quand je dois m’absenter pour des concerts: je pars bientôt à Londres pour jouer les suites de Bach et des œuvres modernes au Wigmore Hall. Même me déplacer n’est pas simple; je voyage toujours avec deux instruments, un violoncelle moderne et un baroque. Début juin, je vais interpréter mon double concerto, avec le Camerata de Berne et mon frère Patrick. Dans les périodes chargées, j’engage moi-même des remplaçants pour mes étudiants… Composer demande du temps: j’ai besoin d’être libéré des autres tâches et préoccupations pour m’y consacrer entièrement. L’idéal ce serait de prendre trois mois de congé ! Mais je ne suis pas pressé; mon prochain projet, c’est un quatuor à cordes, et j’ai deux ans pour le réaliser. Si l’on se réfère au monde du sport, un joueur de football doit jouer en équipe, un tennisman a le choix entre le duel contre un adversaire, le double et même le squash. dans le monde de musique, quelle sorte de sportif, êtes-vous ? La musique de chambre est pour moi la plus belle des formes, des configurations. Dans un orchestre, il faut concilier plusieurs personnalités parfois très différentes; dans un récital, toute la responsabilité repose sur les épaules d’un seul musicien; dans un concerto, il y a parfois des divergences entre la conception du soliste et celle du chef, et souvent l’on a que deux ou trois répétitions pour s’entendre, cela est très frustrant. Dans la musique de chambre, il y a le plaisir de la rencontre, des retrouvailles, une harmonie et une entente qui se font seuls, sans effort… Seriez-vous donc comme Philippe e n t r Herreweghe et ses amis ? Je n’ai pas d’ensemble de chambre fixe, car c'est difficile à réaliser, tous mes amis ont les agendas aussi chargés que le mien… Mais oui, cette façon de pratiquer la musique est pour moi idéale. Vous allez pouvoir la pratiquer au Festival d’Ernen cet été. Ernen, c’est un endroit merveilleux. Il n’y a pas de grandes infrastructures, pas d’église, pas de salle de concert. La musique se joue dans une maison, devant un public d’une cinquantaine de personnes. On vous y a confié l’organisation d’un weekend de musique de chambre, comment avezvous procédé ? Mon projet initial était de réunir deux compositeurs qui ont chacun écrit 15 quatuors pour cordes, Schubert et Chostakovitch… Comme jouer les quinze (deux fois !) aurait représenté un projet gigantesque, nous avons choisi de juxtaposer les numéros 8, 13 et 15 [samedi 6 juillet]. A vrai dire, je n’avais pas envie d’y ajouter ma musique, mais quand on est compositeur… C’est ainsi que deux de mes pièces se sont retrouvées sur l’affiche du dimanche 7 juillet: Duo ? o Du… pour deux violoncelles et Palindromanie pour un trio à cordes. La première a été composée en 1985, pour la musique d’un film dont les protagonistes étaient un jeune couple de Jurassiens (à l’époque un nouveau canton)… Il y a un moment d’improvisation assez dramatique, mais tout finit par une valse de réconciliation. La deuxième pièce est inspirée par Webern, dont nous jouerons en introduction le Mouvement pour trio à cordes. En tant que compositeur, vous pratiquez une approche plutôt éclectique. e t i e Ne pas être reconnu “à l’oreille“, c’est probablement le cas de la plupart des compositeurs modernes, à moins que l’on s’appelle Philip Glass ! Non, j’aime bien m’inspirer de la musique des autres, j’en prends des petits bouts que je retravaille. Parfois c’est assez répétitif. Plutôt qu’un style, j’ai un système de composition. Un jour Anton Webern a dit: «Quand j’ai mis les 12 notes, la pièce est terminée». Je suis assez d’accord avec lui. Dans le fond, vous seriez comme un chef de cuisine qui sublime les ingrédients connus ? C’est exactement ça ! J’adore cuisiner. J’aime la cuisine indienne, japonaise, thaïe. En cuisine, chaque pièce est une création unique. D’ailleurs, je suis convaincu que Bach savait cuisiner ! Il a tout fait, même améliorer des instruments et en inventer de nouveaux ! Vous êtes-vous déjà lancé sur cette piste: sublimer les instruments ? Non, il y a des siècles déjà que le violoncelle a Thomas Demenga atteint sa forme parfaite... dans les mains de Stradivarius ! Il n’y a rien à changer. Moi, j’ai la chance de jouer un instrument signé Amati, un des premiers. C’est pour moi une chose sacrée, jamais je ne l’abîmerais ! Propos recueillis par Beata Zakes Week-end de musique de chambre sous la direction de Thomas Demenga les 6 et 7 juillet 2013. Programme détaillé (2 séries de 3 concerts) http://www.musikdorf.ch/en/program/chamber-musicweekend n 65 f e s t i v a l s entretien : raymond duffaut Chorégies d’Orange Directeur général des Chorégies d’Orange depuis 1981, Raymond Duffaut nous présente l’édition 2013 du festival, articulée autour du double bicentenaire Wagner et Verdi. Vous commencez avec le Vaisseau Fantôme de Richard Wagner, compositeur absent depuis de nombreuses années à Orange… 66 Wagner est effectivement absent ici depuis très longtemps, puisque nous avions fait le Vaisseau en 1987, et mis à part un Tristan en forme de concert, les derniers Wagner en version scénique remontent à 1988 : il s’agissait du Ring dirigé par Janowski, formidable sur les plans musical et vocal, un peu décevant pour l’aspect visuel… et surtout extrêmement décevant sur le plan financier. C’est pour cela que Wagner avait été un petit peu effacé de la programmation, mais j’ai pensé qu’il était opportun de marquer l’année du bicentenaire, et nous verrons si au bilan j’aurai eu raison de le faire. annoncé récemment aux commandes du Philharmonique de Radio-France à partir de septembre 2015. Il n’a aujourd’hui que 32 ans, et c’est un magnifique musicien. La soprano Ann Pertersen chantera Senta, elle a été une superbe Isolde à l’Opéra de Lyon il y a deux ans, et c’est Egils Silins qui sera distribué dans le rôle-titre, il se produit cette fin de saison dans le Ring à Bastille. . Autre bicentenaire de naissance : celui de Giuseppe Verdi… Effectivement, et même en se concentrant sur une unique soirée je pense que le remplissage sera correct, mais guère plus. Mais je pourrais prendre l’exemple de la Tétralogie qui avait été montée par Stéphane Lissner au festival d’Aix, année après année. La jauge du Grand Théâtre de Provence étant de 1500 places, 6000 spectateurs ont pu voir chaque spectacle, donné 4 fois, ceci à mettre en regard de la capacité du Théâtre Antique de 16000 places, là est aussi notre problème. Et puis malgré le souhait qu’on peut avoir de monter des œuvres différentes de celles qu’on a l’habitude de voir à Orange, je crois finalement qu’on ne peut pas sortir ici d’un certain nombre de titres. Ceci nous a d’ailleurs été réaffirmé récemment par le Ministère de la Culture, qui nous confirme que la mission des Chorégies est de jouer les grandes œuvres populaires du répertoire. Verdi est déjà régulièrement fêté à Orange, mais pour marquer un peu plus particulièrement le bicentenaire, j’ai souhaité afficher un ouvrage différent d’Aida, Traviata ou Nabucco. Mon choix s’est porté sur le Ballo in Maschera, jamais représenté à Orange, l’un des opéras de Verdi les plus intéressants sur le plan musical, et j’ai demandé à Alain Altinoglu d’en assurer la direction musicale. Nous avions eu un très bon contact avec lui quand il avait dirigé la Mireille de Gounod ici en 2010, déjà avec l’Orchestre de Bordeaux qu’il retrouvera pour la circonstance. Il travaille aujourd’hui dans les plus grandes maisons, et sa carrière a très rapidement explosé ! Je pense que cela tient d’abord à ses qualités de chef d’orchestre et d’excellent musicien, et puis aussi aux rapports très forts et très proches qu’il sait entretenir avec les chanteurs, ce qui facilite la cohérence d’un spectacle. J’ai souhaité aussi retrouver Jean-Claude Auvray pour la production parce que j’ai gardé un très bon souvenir du diptyque réalisé en 2009 Cavalleria / Pagliacci, certainement l’une de ses plus belles réalisations aux Chorégies avec le Boris et l’Elektra qu’il avait signée il y a pas mal d’années. Pour la distribution, il y aura 3 nouveaux à Orange avec Ramon Vargas, Kristin Lewis et Lucio Gallo, aux côtés de Dolora Zajick déjà présente en Amneris, Azucena. Et pour revenir à l’aspect artistique de ce Fliegende Holländer … Deux concerts lyriques au programme, avec deux couples … Artistiquement, je suis heureux de réinviter le chef Mikko Franck à Orange après sa Tosca qui, je pense, avait été une révélation pour le public. J’en suis d’autant plus heureux qu’il a été Oui, le second concert avec Leo Nucci et Patrizia Ciofi, c’est un peu pour faire un clin d’œil au Rigoletto de 2011, qui avait suscité un tel enthousiasme que je me suis dit qu’il serait C’est donc en raison de ce risque financier que les deux représentations prévues initialement sont passées à une unique soirée, le 12 juillet ? e n t r e Raymond Duffaut. Photo Philippe Gromelle sympathique de retrouver ces artistes, avec le même chef d’ailleurs Roberto Rizzi-Brignoli. La soirée sera intégralement consacrée à Verdi, avec de larges extraits de Traviata et Rigoletto. Le duo de la vengeance n’est pas au programme… mais on peut sûrement l’attendre en bis ! Et puis nous aurons la présence incontournable de notre ami Roberto Alagna à Orange ! Avec Anna Caterina Antonacci, qui se produit chez nous pour la première fois, ils ont choisi un programme d’airs et de duos, italiens en première partie et français en seconde. Il y a aussi un récital de Lang Lang, au piano seul dans le Théâtre Antique… J’ai eu l’idée d’inviter Lang Lang, en me rappelant la très belle expérience tentée il y a plusieurs années avec Kissin. On se demandait alors ce que pouvait donner un pianiste seul devant son clavier dans un si vaste espace, et cela avait marché formidablement. Je prends souvent l’exemple du festival d’Avignon quand Paul Puaux en était le directeur. Alors que nous avions l’habitude avec Vilar de grandes fresques dramatiques et théâtrales, Puaux avait eu l’idée de faire venir le mime Marceau dans la Cour d’honneur du Palais des Papes et la rencontre entre l’artiste et le lieu avait été assez extraordinaire. C’est un peu ça qui s’était passé entre Kissin et le Théâtre antique, et j’espère que nous retrouverons cette même complicité cette année. Quelle est la situation financière des Chorégies ? Nous attirons depuis longtemps l’attention de nos partenaires institutionnels sur la situation un peu préoccupante dans laquelle se trouve le festival des Chorégies. On continue de nous féliciter pour notre travail, et même les années où nous avons connu un petit déficit, jamais nous n’avons eu recours à une demande de subvention complémentaire et nous sommes toujours revenus à l’équilibre sur nos fonds propres grâce aux années t i e n f e s t i v a l s suivantes. Mais il y a un moment où on ne sait plus faire ! Les subventions des partenaires institutionnels représentaient 17% du budget en 2012, et n’ont globalement pas bougé depuis 15 ans. Je pense qu’au vu de la situation économique actuelle, il serait totalement inopportun d’envisager une augmentation du prix des places, et je serais au contraire favorable à donner un coup de barre à la baisse. Les places les plus chères continuent de bien se vendre et correspondent à une clientèle pas forcément touchée par la crise, mais aussi à des spectateurs qui se privent pour être à ces places-là. Les places les moins chères continuent de s’arracher et ce sont les billets dans les tarifs intermédiaires qui ont plus de mal à être commercialisées : finalement on sent que cela touche les classes moyennes, ce qui est la réalité économique actuelle. Nous avions envisagé à partir de 2014 de baisser le prix de ces places à tarifs intermédiaires, mais ceci correspondrait à une perte sur notre budget de 200 000 à 300 000 €, et on ne peut malheureusement pas se le permettre. Certains postes de dépenses ont augmenté de 40 % à 200% sur 20 ans, en regard d’une subvention équivalente, et d’une billetterie qui a augmenté de 71%. Aujourd’hui c’est un peu la quadrature du cercle, en tout cas je me refuserai toujours à agir sur le niveau de la qualité artistique de la manifestation. En revanche nous avons eu la chance d’avoir de nouveaux partenaires privés, ce qui est une bonne chose de nos jours. L’équilibre financier est donc très fragile, je pousse aujourd’hui non pas un cri d’alarme, mais un cri d’alerte ! Dans cet équilibre, le partenariat avec France Télévisions est certainement essentiel… Oui ce partenariat est essentiel pour nous, l’année dernière entre la soirée Musiques en Fête – qui sera renouvelée cette saison le 20 juin 2013 –, les retransmissions de Bohème et Turandot, ce sont 4,8 millions spectateurs qui nous ont suivis, ce qui est absolument colossal dans le cadre de la musique classique et de l’opéra à la télévision. Nous aurons cette année à nouveau France 3 pour Musiques en Fête le 20 juin et le concert Alagna – Antonacci, et France 2 sur le Ballo in Maschera, donc une présence encore très forte. L’éventuel revers de la médaille en ces moments de crise, est que ces retransmissions peuvent nous priver à la marge de quelques spectateurs qui préfèreraient rester devant le petit écran ; d’un autre côté ces programmes peuvent donner envie à certains de venir découvrir l’opéra en live aux Chorégies… Propos recueillis par François Jestin a c t u présentation Aix-en-Provence Plus que les grands titres proposés – Elektra, Rigoletto, Don Giovanni –, ce sont les metteurs en scène Chéreau, Carsen, Tcherniakov qui font l’affiche du festival, laquelle est complétée par des ouvrages plus originaux. Patrice Chéreau se fait rare dans le monde de l’opéra, mais il reste fidèle à Aix ces dernières années. Après Cosi fan tutte en 2005, puis De la Maison des Morts en 2007, il est de retour au Grand Théâtre de Provence pour aborder Elektra avec le chef Esa-Pekka Salonen au pupitre et l’Orchestre de Paris en fosse, ainsi qu’une distribution vocale de haut vol : Evelyn Herlitzius, Waltraud Meier, Adrianna Pieczonka, Mikhail Petrenko. Fidèle de Chéreau, Richard Peduzzi signera les décors de ce spectacle, en coproduction avec Milan, NewYork, Barcelone, Helsinki, Berlin. Autre nouvelle production, le Rigoletto imaginé par Robert Carsen, cette fois sous les étoiles, dans la Cour de l’Archevêché : George Gagnidze (Rigoletto), Irina Lungu (Gilda), Arturo Chacon Cruz (il Duca) dans les rôles principaux et Gianandrea Noseda aux commandes du London Symphony Orchestra. Autre opéra proposé à l’Archevêché, la reprise du Don Giovanni dans la vision – ou plutôt l’interprétation ! – du metteur en scène Dmitri Tcherniakov, qui n’avait pas fait l’unanimité lors de sa création en 2010. La distribution vocale semble d’un meilleur niveau qu’il y a 3 ans, avec Rod Gilfry dans le rôle-titre, et entre autres Sonya Yoncheva en Elvira, le LSO étant placé sous la baguette de Marc Minkowski. Le directeur du festival Bernard Foccroulle maintient ses axes de programmation habituels, avec une création mondiale – The House taken over de Vasco Mendonça, représentée dans le cadre bucolique du Grand Saint-Jean – et une pièce du répertoire baroque, avec Elena, œuvre tragicomique de Francesco Cavalli jamais entendue a l i t depuis le XVIIème siècle, que l’on pourra découvrir au théâtre du Jeu de Paume. L’Orchestre de Paris sera à l’affiche pour deux concerts au Grand Théâtre de Provence : le 12 juillet pour un programme Berlioz, Lalo, De Falla, Ravel sous la direction d’Alain Altinoglu, tandis que le 18 c’est Esa-Pekka Salonen qui prendra les commandes d’une soirée Beethoven, Wagner, en présence de la basse René Pape. Le 17, le ténor Ian Bostridge interprétera Britten, bel hommage au centenaire de naissance du compositeur britannique, aux côtés du LSO et Gianandrea Noseda. Après d’autres concerts instrumentaux ou vocaux, c’est un spectacle de danse qui viendra Ian Bostridge © Sheila Rock/EMI Classics clôturer l’édition 2013 du festival : la création de Roméo et Juliette de la chorégraphe Josette Baïz, donnée les 26 et 27 juillet au Grand Théâtre de Provence, dans le cadre de Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la culture. François Jestin www.festival-aix.com é 67 f e s t i v a l s avignon 2013 : honneur aux paroles engagées africaines... Résonance du politique Cette saison d’arts vivants avignonnaise sur trois semaines, placée sous la direction d’Hortense Archambault et Vincent Baudriller, invite Stanislas Nordey et le brazzavillois Dieudonné Niangouna à présenter leurs créations et à s’associer pour une soirée-partage entre artistes, le 17 juillet. 68 Nordey vient porter le poème dramatique Par les villages de l’Autrichien Peter Handke et Niangouna, son texte Shéda, qui sera publié aux éditions Les Solitaires intempestifs en juillet. Pour les trois hommes, Nordey, Handke, Niangouna : c’est la résonance du politique dans l’intime qui animera le plateau. Aussi, la scène nationale de Chambéry redonnera-t-elle, la saison prochaine, ce texte, en partie autobiographie d’Handke, avec Stanislas Nordey, acteur, sous les traits de l’ouvrier Hans, en compagnie de Jeanne Balibar, Emmanuelle Béart, Raoul Fernandez, sa mère et professeur de théâtre Véronique Nordey puis son habituel compagnon de jeu, Laurent Sauvage. «L’Argent» © Emilie Loup La présence de Nordey sera aussi remarquée dans la mise en scène d’Anne Théron qui l’emploie pour parler de l’Argent, sous les mots de Christophe Tarkos, avec Akiko Hasegawa également sur scène. Dieudonné Niangouna a fondé sa compagnie Les Bruits de la Rue, dans les affres de guerre civile congolaise de 1997. Shéda raconte comment trouver la force de vivre lorsque la guerre laisse sans vie des riverains dans chaque a rue. Ceux qui survivent revivent avec une hésitation à parler mêlée d’une urgence à dire : paradoxe du survivant… Parfois celui-ci préfère chanter, s’il le peut, ou bien parler tout seul. Le cycle politique se poursuit avec le tout juste trentenaire Aristide Tarnagda, déjà auteur d’une dizaine de pièces, qui représentera la création au Burkina-Faso avec un titre-choc Et si je les tuais tous Madame ? L’incontournable Milo Rau, ancien élève de Pierre Bourdieu, est le socio-historien didactique du Festival : on avait vu de lui Les Dernières heures de Ceausescu en 2009, voilà qu’il a travaillé depuis sur Utoya en Norvège, les Pussy Riot à Moscou…Cette année, il présente un des drames les plus incompréhensibles du XXe siècle, surtout après la création de l’O.N.U : le massacre rwandais, excité par les radios locales à grand renfort de musiques entraînantes et des phrases « cafardesques », chacune responsable d’autant de coups de machettes… C’est Hate radio, du 21 au 24 juillet. Autre cas de (prise de) conscience, les zoos humains montrés par un témoin de l’apartheid, Brett Bailey, qui nous invite, par Exhibit B, à surtout ne jamais plus accepter de « colonialiser » notre imaginaire. Le spectacle Lagos Business Angels par Rimini Protokoll, nous montre avec un humour politisé comment, au Nigéria, on devient « homme d’affaire » à peu de frais. Re : Walden, qui ressemble à l’intitulé d’un email, est en fait un travail de Jean-François Peyret autour de la dichotomie moderne Nature c t u a et culture, à partir d’un texte estival de 1845 écrit Henry David Thoreau. L’auteur décrit les alentours de sa cabane, près de l’étang de Walden, situé dans le Massachusetts. Deux temps d’appui sur des personnages fondateurs des enjeux théâtraux : Lear is town, signé par le binôme Lagarde-Cadiot, est une relecture du personnage du Roi Lear de Shakespeare dans un simple entourage : son fou, sa fille dit par les comédiens Clotilde Hesme, Johan Leysen, Laurent Poitrenaux puis la dense Faust I + II de Goethe repris en 8 heures de représentation par Nicolas Stemann. Du théâtre qui touche à tous les arts par l’espagnole Angelica Liddell poursuivant sa trilogie chinoise avec Ping Pang. Puis, au cœur du mythe de Peter Pan transposé sur l’île norvégienne d’Utoya, tristement célèbre, la pièce Tout le ciel au-dessus de la Terre donne à l’auteure l’occasion d’incarner Wendy et son syndrome… à découvrir. Sophie Calle, fidèle à ses projets intimes, invite le festivalier à visiter sa chambre (n°20) à l’hôtel La Mirande, et venir l’y voir vivre sur la durée du Festival, toutes les trente minutes. Le théâtre polonais de Krzysztof Warlikowski investit le nouveau lieu La Fabrica pour dire « au delà » au travers de la forme musicale, expressionniste qu’est le cabaret : Kabaret Warszawski est une création 2013 d’un grand nom du théâtre européen. Julien Gosselin choisit, pour première arme avignonnaise, de présenter, à dix comédiens, Les particules élémentaires de Michel Houellebecq, roman-bombe écrit en 1998, effectivement dramatique, déclinant le théâtre de la misère humaine dans une langue âpre et drue. Hommage à Pasolini par Nicolas Truong avec le Projet Luciole, entouré des comédiens Judith Henry et Nicolas Bouchaud qui rendront la vie à la pensée quasi-philosophique de l’artiste italien trop tôt disparu. Il restera bien sûr à découvrir nombre de pièces chorégraphique et musicale, dans lesquelles une parole – qui vient de s’écrire - est centre, celles de Lazare, Lauwers etc. Puis il y aura les artistes, presque à demeure en Avignon, Pippo Delbono, accompagné de son violoniste, Denis Podalydès, Wajdi Mouawad et Patrice Chéreau. Pauline Guilmot Pour l’intégralité du programme : http://www.festival-avignon.com/ l i t é f e s t i v a l s montpellier danse Mémoires et devenirs des corps Un vent de diversité de très haut vol souffle sur l’édition 2013 du Festival Montpellier danse. Elégance, modernité, large palette de styles. Et cette belle idée que l'Histoire serait moins affaire de voyage dans le temps ou les lieux qu’au centre des corps. Retour à la tradition de danse américaine postmoderne avec l’une de ses figures historiques, Trisha Brown. Elle renoue avec ses jeunes années plasticiennes pour une virtuosité à la fois limpide et vulnérable. Sans forcément le savoir, Israel Galvan est déjà un classique dans l’expression de son flamenco échevelé et puissant. Il esquisse, comme en creux, avec Le Réel / Lo Real / The Real, le temps corporellement tourmenté des Gitans déportés sous l’occupation nazie. Des fulgurances somatiques travaillent les danseurs immergés dans un univers qui rappelle de loin en loin le surréalisme tragique des films de Buñuel, si ce n’est le rapport aux objets sonores et mémorielles chers au chorégraphe et danseur Josef Nadj. Au détour d’une création, Les Nuits, Anjelin Preljocaj renoue, lui, avec son incroyable talent de conteur et poète visuel au graphisme raffiné et faisant pertinemment sens (Roméo et Juliette, Blanche-Neige, Siddharta). Le chorégraphe mêle rythmes, pulsations intimes et liqueurs de chairs enfiévrées par le désir, pour adosser les lignes de corps de son ballet à l’érotisme tutoyant le tragique et l’épique des Mille et Une Nuits. Autant de récits multiples et sans fins, suscitant plus d’images qu’aucune autre œuvre de l’esprit. La mythologie baigne aussi le solo imaginé par Akram Khan activant une théâtralité mouvementiste qui s’est souvenue que l’enfantin peut être ce clair-obscur dans lequel les impressions des années premières sur terre viennent faire vaciller la présence de l’adulte au réel, tandis que plusieurs âges de la vie apparaissent au gré d’une fluidité d’expression jamais démentie. la narration. » Astral Convertible (1989) s’inscrit dans un tumulte gestuel pur, diluvien, sans nécessaire contextualisation repérable. La narration et le verbe de la fable s’effacent au profit d’un mouvement tissé du saut et du vol, qui sait aussi se couler dans des stases faisant ressembler les interprètes moins à une statuaire ou balise spatiale qu’à une pièce de mobilier. La grammaire chorégraphique transpose les dictées musicales de John Cage (Eight), mais aussi plastiques de Robert Rauschenberg, en vecteurs sensibles pour la pièce. Comment réduire la peinture, et partant, l’expression dansée, à leur nature essentielle, et ainsi, ouvrir à la possibilité d’une expression pure ? Auteur d’œuvres minimalistes avant la lettre, photographe, Rauschenberg dispose dans les années 50, des anatomies féminines sur du papier bleu sensible, et, l’impressionnant par la lumière, il obtient un négatif grandeur nature. Pour Astral Convertible (1989), Brown rapatrie le monde Mouvement brownien A la recherche tendue et profonde du geste juste, l’Américaine Trisha Brown a imaginé une approche axée « sur les chemins naturels du corps avec un traitement démocratique de toutes ses parties qui privilégie l’abstraction à a c t u sensoriel et luminescent de Rauschenberg, des phares irisent chez l’Américaine le regard du spectateur, et les danseurs costumés de lignes argentées en combinaison très près du corps arpentent un espace intercalaire entre le haut et le bas. La verticalité y semble contredite ou plutôt subvertie par des sauts mettant les corps en accents circonflexes. L’apesanteur indéfinissable et pourtant si prégnante baigne cette pièce étonnante qui retient l’instantané vibratile d’un geste, une suspension dans le déroulé d’un feuilleté temporel comme une image arrêtée si emplie d’énergie silencieuse. Mémoire de nos pères Le geste trace ses volutes dans l’air, il s’affute, se densifie pour mieux se torsader en boucles, vriller en tourbillon. A l’occasion de son premier solo, Desh, qui signifie terre ou patrie en sanscrit, Akram Khan a fait retour à la terre de ses parents, le Bengladesh. Fruit d’un séjour de plusieurs semaines dans ce pays méconnu, l’opus est une forme de portrait de soi, d’autofriction avec son passé et, singulièrement, la figure du père. Il le ressuscite de manière médusante sur scène s’interrogeant peut-être sur quelle part se tient derrière le geste de l’artiste aujourd’hui au mi-temps de sa vie. Si la partition du Pakistan et la Guerre d’indépendance sont abordées, la danse se concentre notamment sur une refiguration, comme un portrait en pied de l’activité de classes laborieuses concentrées sur leur chansons de gestes. Ici les mouvements d’un paysan arpentant son champ, là un batelier qui a la rame facile. Au cœur d’un merveilleux univers d’images projetées, on retrouve la belle familiarité avec la curiosité du visiteur retournant les figures du kathak, danse traditionnelle et narrative du Nord de l’Inde, où le talent de raconteur d’histoires si chevillé à Akram Khan, fait son miel de toute image, anecdote ou souvenir. D’où cette bourrasque de gestes tournoyants, les pirouettes d’une folle vélocité, les vertigineux arrêts inattendus et cette trépidante rythmique du pied battu sur le sol. De ses mains jaillit l’illusion en masque de marionnette stylisée d’un homme qui parle. Des mots aussi, lorsque, jeune pareille à Billy Eliott, il s’adonnait à la danse à perdre haleine et que son paternel, propriétaire d’un restaurant londonien, lui intimait de mettre un terme à cette exercice en forme de dépense physique et artistique jugée alors superfétatoire. Bertrand Tappolet «Les Nuits» d’Angelin Preljocaj © JC Carbonne a l i t Montpellier Danse. Du 22 juin au 6 juillet 2013. Rens. : www.montpellier danse.com é 69 e x p o s i t i o n s musée rath : art contemporain, collection du musée migros Quelle sélection pour quel public ? Après le Kunstmuseum Liechtenstein à Vaduz, la Kunsthalle à Kassel, La Kunsthalle Krems en Autriche et le Museion à Bolzano en Italie, le musée Rath accueille le travail d'une vingtaine d'artistes de la collection Migros. 70 L'exposition scelle pour la deuxième fois avec Genève (la première était en 1986) un partenariat public / privé dans lequel le géant orange excelle. Petit rappel : avec le pour-cent culturel, institué dès 1957 par Gottlieb Dutweiler himself, sont soutenus l'Ecole Club Migros, les Eurocentres, l'Institut Gottlieb Duttweiler, les quatre parcs Pré Verts (celui du Signal de Bougy, et ceux situés près de Bâle, de Berne et de Zurich), le chemin de fer du Monte Generoso au Tessin et bien sûr le Musée Migros d'Art contemporain de Zurich. En examinant le catalogue des 500 œuvres collectées à ce jour, la conservatrice s'est dite frappée par la forte présence de l’art Andy Warhol (1928 Pittsburgh, USA –1987 New York City, USA) «Joseph Beuys», 1980. Sérigraphie couleur avec poussière de diamant sur papier noir, 112 x 77 cm. Collection du Musée Migros d’art contemporain © The Andy Warhol Foundation for Visual Arts, Inc. / 2013, ProLitteris, Zurich a minimaliste et conceptuel. Une large place est donc faite à ces deux mouvements et à leur influence dans la production de ces 40 dernières années. Bien évidemment on retrouve de “grands“ noms avec une œuvre plus ou moins importante, les Kanarische Landschaften de Gerhardt Richter, le portrait de Joseph Beuys par Andy Warhol, les Life Forms de Cosey Fanni Tutti, Trisha Braun, Accumulation, de Babette Mangolt qui a documenté la scène de la danse postmoderne américaine, etc. On pourra s'attarder à contempler quelques instants des œuvres moins connues de ce côté de la Sarine, comme les Bodyshells de Heidi Bucher. Fortement inspirée par l'œuvre de Rilke, « Wisse das Bild/ Aie savoir de l'image », l'artiste cherche à vivre l'expérience physique, psychique, matérielle de l'image et cela l'entraîne à expérimenter. Il reste de Bodyshells 2 minutes et demie de danse d'étranges créatures marines sur la plage de Venice, Los Angeles. Elle poursuit jusqu'à la fin de sa vie une recherche sur le toucher, la mue, (Häutungen, où elle moule dans du latex puis pèle murs, plafonds...). A voir encore, les quatre assemblages photographiques/collages de Stephen Willats, Learning to Live within a Confined Space. Afin de décoder l'action sociale et ses constructions, l'artiste est allé photographier et interviewer des personnes obligées de se reloger dans des appartements sociaux à la fin des années '70, et montre par une photo de l'intérieur de l'habitation comment ces personnes trouvent leurs marques dans ce nouvel espace. Mais où sont les interviews menées à côté du travail photographique, qui permettraient sans doute d'approfondir l'intérêt de ce travail ? On peut encore flâner face aux projections de diapositives de Marc Camille Chaimowicz, Partial Eclipse, dont on a redécouvert le travail. La mise en espace de l'exposition est classique, regroupée par courants ou techniques: minimalistes dont il faut recréer le travail (le c t u a Cosey Fanni Tutti (*1951 Hull, Grande-Bretagne) «Life Forms», 1973–1979. Photographies couleurs, textes 12 parties : 8 parties chacune 60,5 x 45,5 cm ; 1 partie 45,5 x 60,5 cm ; 3 parties chacune 61 x 46 cm. Collection du Musée Migros d’art contemporain © Cosey Fanni Tutti container/congélateur de Büchel, le pan de béton brisé en sous-sol de Tuazon), photos retravaillées au sens large (vidéo sans son au ralenti en boucle de Gordon, photo géante couleur de Sieverding, cristaux liquides sur diapos de Metzger, diaporamas de Chaimowicz, héliogravure de Richter, installation vidéo de Matilde ter Heijne, etc) au rez-de-chaussée. Quelques questions fondamentales demeurent : - Malgré cette présentation classique, pourquoi n'y a-t-il nulle part de mise en perspective ou d'interrogation face aux postures conventionnelles de l'art contemporain ? - Pourquoi n'y a-t-il quasiment rien sur le sens ? - Pourquoi la plupart des œuvres sont-elles peu lisibles pour le grand public auquel cette exposition semble destinée (parmi d'autres : deux hauts-parleurs distants de quelques mètres distillant en même temps en anglais des propos de deux protagonistes différents, Acconci et un jeune artiste ; les photos sans commentaires de Willats déjà citées, etc.) - Si l'on veut posséder des pièces-témoins de tel ou tel mouvement, pourquoi avoir acheté des œuvres qui ne sont de loin ni les meilleures ni les plus intéressantes de l'artiste ? Une impression donc, ici, de rester sur sa faim, culturellement parlant. Dommage que cela soit le fait du plus grand détaillant de Suisse dont on apprécie par ailleurs le travail. Catherine Graf Musée Rath, jusqu’au 22 septembre 2013 l i t é expos itions fondation baur : noirs d'encre, regards croisés La beauté du geste Cette exposition issue d'une collaboration entre le cabinet d'arts graphiques du MAH et des collectionneurs privés t juxtapose subtilement des oeuvres de Hans Hartung avec celles d'artistes chinois d'origines diverses. On se souvient qu'Hans Hartung est l'une des figures de proue de l'art informel, cet art dont le principe fondateur réside dans le geste et sa spontanéité ; « c'est ce plaisir qui me pousse : laisser la trace de mon geste sur la toile ou le papier. C'est l'acte de peindre, de dessiner, de gratter, d'érafler.. ». Hartung imprime le noir sur ses toiles à l'aide de rouleaux encreurs, de brosses et d'outils divers. Un noir mat, profond domine, noir bleuté dans ses tons plus clairs, rehaussé ça et là d'ocres ou de vert. Parfois les lignes sont « négatives » : la toile encrée est grattée, éraflée, et des traits très clairs surgissent. l'Europe continentale. La toute première illustration répertoriée dans l'empire du milieu est une xylogravure se trouvant dans le Sûtra du Diamant ; elle représente un bouddha prêchant sous un arbre. Elle est datée de 868 après J.C., sous la dynastie des Tang. Ensuite les codes de la peinture chinoise sont fixés selon des canons très précis sous les Song (960-1279) et restent inchangés pendant plus d'un millénaire. Peindre selon son inspiration Au début du XXème siècle, certains artistes chinois prennent connaissance des nouvelles approches de l'art européen par le truchement Hans Hartung (Leipzig, 1904 - Antibes, 1989), «L 1973-19», 1973 Erker-Presse, editeur et imprimeur, lithographie (rouleau encreur et crayon), 366 x 270 mm © Cabinet d'arts graphiques du Musee d'art et d'histoire, Geneve, don de la Fondation Hartung- Bergman, Antibes, Photo : André Longchamp Si l'on n'est pas fin connaisseur du travail de Hartung, on peut lui attribuer la paternité d'œuvres chinoises, et réciproquement. Au-delà des origines diverses des peintres en présence, au-delà de démarches très variées, l'homogénéité qui se dégage de l'ensemble des œuvres présentées est troublante. L'histoire de l'art chinois n'a pas connu des bouleversements aussi profonds que ceux de a c t u Liu Guo Song (1932), «Sea of Floating Ice», Jiu Zhai Gou series Encre sur papier, 58 x 95 cm © Collection Gerard et Dora Cognie de leurs collègues japonais en contact plus étroit avec l'Occident. Après 1949, beaucoup sont enrôlés, contrariés, exécutés par le pouvoir communiste et doivent attendre la fin de la révolution dite culturelle en 1976 pour pouvoir peindre selon leur inspiration et non plus selon les règles du Parti. Si l'on songe à la séquestration d'Ai Weiwei, cette liberté est encore à conquérir. A l'inverse de ce dernier, les peintres présentés dans cette exposition sem- a l blent s'activer dans un climat nettement plus serein. A partir des années '50, des mouvements très importants sont apparus, comme le Ton Fan et le Fifth moon, qui veulent réinterpréter les techniques traditionnelles en leur donnant un nouveau souffle. On sent une conscience de la richesse des racines orientales accompagnée d'un désir de revisiter, de dynamiser, de jouer avec les règles du passé. Les artistes du New Ink Painting voient l'avenir de la peinture chinoise dans ses propres ressources, l'encre, le papier, l'expérimentation de nouvelles techniques. Nul doute que le grand Prix international de peinture de la biennale de Venise attribué en 1960 à Hartung a inspiré les artistes de Taïwan et de Hong Kong dans cette direction. Ainsi Landscape de Chu Ke éclate de joie, Li Huasheng déplace avec délicatesse les règles du paysage chinois avec... Landscape, les blocs d'encres moirées de Liu Guo Song, de Taïwan, Sea of floating ice, semblent flotter en suspens... il faut s'arrêter devant chaque estampe et se laisser pénétrer par son énergie. Hartung, sans aucun doute, aurait pu signer ces propos de Hsiao Chin : « Le signe est comme un électrocardiogramme de la respira- i t tion, c'est un rythme qui appartient au pinceau. Sa recherche est un dialogue continu avec l'univers et les émotions qui dérivent du monde connu et inconnu ». Catherine Graf Noirs d'encre, regards croisés, Hans Hartung et les peintres chinois contemporains, Fondation Baur, rue MunierRomilly 8 , Genève, jusqu’au 4 août 2013 é 71 expos itions Lyon Quimper La Sucrière : Emotions, instalMusée des beaux-arts : De CateauFRANCE Le Cambrésis Aix Musée Granet : L G E RAND ATELIER MIDI, 1880-1960. De Cézanne à Matisse. Du 13 juin au 13 octobre. l DU Annemasse Villa du Parc : Estefania Penafiel l Loaiza / Thu van Tran. Jusqu’au 20 juillet. l Musée Matisse : Matisse. La Couleur découpée - une donation révélatrice. Jusqu’au 9 juin. l LeMuséeCannet Bonnard : L N , l E U DE GAUGUIN À BONNARD. Du 28 juin au 31 octobre. Les Collec-tions. Parcours sensible d'un peintre. Jusqu’au 16 juin. Arles Musée départemental Arles Le Havre Musée d'art moderne André l Antique : Rodin, la lumière de l'Antique. Jusqu’au 1er sept. l Musée Réattu : Nuage - De Magritte à Warhol, de Man Ray à Manzoni ou Kiefer. Jusqu’au 31 octobre. Caen Musée des Beaux-Arts : Un été l 72 au bord de l'eau. Loisirs et Impressionnisme. Jusqu’au 29 sept. l Musée de Normandie : En couleurs. Dans le sillage de l'Impressionnisme, la photographie autochrome 1903-1931. Jusqu’au 29 septembre. l Malraux : Pissaro au fil de la Seine. De Paris au Havre. Jusqu’au 29 septembre. Lens Le Louvre l : L’Europe de Rubens. Jusqu’au 23 septembre. Le Temps à l’œuvre. Jusqu’au 21 octobre. Lille Palais des Beaux-Arts : Traits de lations by Erwin Olaf. Jusqu’au 30 juin. l Musée des beaux-arts : GENEVIÈVE ASSE. Du 28 juin au 16 septembre. La médaille en France aux XIXe et XXe s. Jusqu’au 31 août. Marseille Palais Longchamp : L réfléchie, l'impressionnisme à la surface de l'eau. Jusqu’au 29 septembre. Sérignan Musée Régional l l Metz Toulon Centre Pompidou-Metz : Sol Hôtel des Arts : Gabriele LeWitt. Dessins muraux de 1968 à 2007. Jusqu’au 29 juillet. Vues d'enhaut. Jusqu’au 7 octobre. Pontoise Musée Tavet-Delacour : Donation l Otto Freundlich (peinture, sculpture, gravure dessin, pastel). Jusqu’en août Basilico - Obsession urbaine. Jusqu’au 30 juin. AILLEURS Baden Baden Musée Frieder Burda : Emil l Nolde - Une fête des couleurs. Du 15 juin au 13 octobre. La légende des mers Après la première guerre mondiale, une clientèle fortunée a soif de luxe, de confort, de modernité et de nouveaux horizons. En France, la Compagnie générale transatlantique et la Compagnie des Messageries maritimes lancent sur les mers des paquebots dont les noms et les silhouettes s’inscriront dans la légende : Champollion, Mariette Pacha, Aramis, Paris, Île-deFrance, Normandie... Croissy s/Seine Musée de la Grenouillère : l Monet et Renoir côte à côte à La Grenouillère. Jusqu’au 30 juin. Evian Palais Lumière : L Désireuses de surprendre et de satisfaire leurs passagers, les deux compagnies demandent à des artistes de renom d’aménager leurs navires : architectes et décorateurs (Pacon, Rulhmann, Leleu, Dominique, Dunand, Lalique...), peintres (Iribe, Dufy, Dupas,...), affichistes (Colin, Cassandre, Sandy-Hook...), grandes manufactures françaises (Christofle, Ercuis, Puiforcat, Saint-Louis, Daum, Haviland...) unissent leur créativité et leur expérience pour que ces palais flottants demeurent inégalables. l A LÉGENDE DES MERS. Iribe, Dufy, Van Dongen, ... . Du 15 juin au 22 septembre Fécamp Musée : Les Falaises de Monet, l les autres cathédrales. Jusqu’au 29 septembre. Grenoble Magasin / Centre National l d’Art Contemporain : The Unborn Museum - Pietro Roccasalva. Du 5 juin au 1er sept. l Musée de Grenoble : Alberto Giacometti. Jusqu’au 9 juin. Musée des impressionnismes : Signac, les couleurs de l’eau. Jusqu’au 2 juillet l Palais Lumière, Evian l l Rouen Musée des beaux-arts : La couleur l d'Art Contemporain : Olivier Mosset. Jusqu’au 12 juin. génie. Jusqu’au 1er juillet Barceló -Terra Ignis. Céramiques, Majorque 2009-2013. Du 29 juin au 12 novembre, Giverny Véronèse à Casanova. Jusqu’au 30 septembre. E GRAND ATELIER DU MIDI, 1880-1960. De Van Gogh à Bonnard. Du 13 juin au 13 octobre. l l Céret Musée d’art moderne : Miquel l Ernest-Louis Lessieux «Descente de la 1re classe du paquebot La Provence» (Cie Gle Transatlantique), vers 1906. Carte postale © Collection French Lines a g e A travers un parcours jalonné de projections et de sonorisations, l’exposition d’été du Palais Lumière témoigne d’un âge d’or où le plaisir faisait partie intégrante du voyage. Riche de 350 pièces (peintures, dessins, affiches, maquettes, mobilier, costumes, orfèvrerie, ouvrages illustrés, manuscrits, photographies…). . A voir du 15 juin au 22 septembre 2013 n d a expos itions en Madrid Fondation Mapfre : Alberto Palazzo Reale, Milan Modigliani, Soutine et les artistes maudits l Le Palazzo Reale accueille la collection Jonas Netter (Strasbourg 1868 - Paris 1946) sous le titre «Modigliani, Soutine et les artistes maudits», soit 120 tableaux de l’Ecole de Paris qui marquent la transition entre l’impressionnisme et l’art moderne. Les artistes maudits de Montparnasse : En tête de liste, Modigliani, dont la mauvaise santé l’entraînera vers sa mort à 36 ans; sa femme, enceinte de 9 mois, se jettera par la fenêtre par désespoir. L’art, l’alcool, et l’âme tourmentée sont les éléments en commun qui réunissent à Paris ces jeunes artistes étrangers provenant en grande partie des pays de l’est. De religion juive, ils ont échappé aux persécutions antisémites de la fin du XIXe dans leurs pays. Mais leur destin sera marqué par la misère, la fuite ou la maladie. Chaïm Soutine arrive de la Lituanie à pied dévoré par la vermine. Henri Epstein arrive sauf de Pologne en 1913 mais ne survivra pas à Auschwitz où il est déporté en 1944. Même sort pour Adolphe (Aizik) Feder. Moise Kisling de Cracovie devra fuir aux Etats-Unis, alors qu’Isaac Anchter s'exilera en Suisse, et Michel Kikoine à Toulouse. Eugène Ebiche et Jean Zavado connaîtront un sort meilleur de retour en patrie. Tous ces artistes sont les compagnons d’infortune de l’Italien juif Amedeo Modigliani, autour duquel se rattachent aussi des peintres français : les fauvistes André Derain et Maurice de Vlaminck ainsi que Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo. Ce sont aussi tous les protégés du collectionneur juif Jonas Netter, le seul à croire en eux, et à qui l’on doit la richesse de cette exposition. Amedeo Modigliani «Portrait de jeune fille aux cheveux rouges (Jeanne Hébuterne)», 1918. Huile sur toile, 46 x 29 cm. Signé en bas à droite © Pinacothèque de Paris Berlin Martin-Gropius-Bau (Am Kupfergraben) De Beckmann à Warhol. Jusqu’au 9 juin. l Musée de la Photographie : «La Vérité Nue et Plus». Photographie de nu autour de 1900. Jusqu’au 25 août. l Bilbao Musée Guggenheim : L’art en l guerre. France 1938-1947 - De Picasso à Dubuffet. Jusqu’au 8 sept. Brescia Musée Santa Giulia : de De l Modigliani, qui mena la vie typique des artistes maudits, est connu surtout pour ses portraits aux couleurs vivaces. L’artiste expérimenta les idées artistiques des Macchiaioli toscans, en donnant vie à un style original et raffiné. Milan Palazzo Reale : Modigliani, l Soutine et les artistes maudits. Jusqu’au 8 septembre. Parme Fondation Magnani l Rocca, Mamiano di Traversetolo : Delvaux et le surréalisme. Une énigme entre De Chirico, Magritte, Ernst, Man Ray. Jusqu’au 30 juin Ravenne Musée d’art de la Ville : Borderline. Artistes entre normalité et folie. De Bosch à l’Art brut, de Ligabue à Basquiat. Jusqu’au 16 juin. l Rome MAXXI - Musée national de l'art l du XXIe siècle : Fiona Tan, Inventory. Jusqu’au 8 septembre l Scuderie del Quirinal : Le Titien. Jusqu’au 16 juin. l Palais des Beaux-Arts (23, Ravenstein) Rétrospective Giorgio Morandi. Du 7 juin au 22 septembre Francfort Schirn Kunsthalle : Philip-Lorca l Dicorcia & Glam! La performance du style. Du 14 juin au 22 sept. l Städelmuseum : Piero Manzoni. Du 26 juin au 22 septembre. l Cologne Wallraf-Richartz-Museum : Le Titien & Le Tintoret. Jusqu’au 28 juillet. Wilhelm Leibl & August Sander. Un dialogue insolite. Jusqu’au 11 août Ferrare Palazzo dei Diamanti : Le regard l de Michelangelo - Antonioni et les arts. Jusqu’au 9 juin. Florence Palazzo Strozzi : Le printemps de la Renaissance. Jusqu’au 18 août. l l Constantin Meunier (1831-1905). Jusqu’au 7 juillet. Kandinsky & Russia. Jusqu’au 30 juin. Art et vie en Italie entre les deux guerres. Jusqu’au 16 juin. l Bruxelles Forli Musées royaux des Beaux-Arts : Musée San Domenico : Novecento. g Giacometti (1901-1966) - Terrains de jeu. Du 11 juin au 4 août. l Musée du Prado : El Labrador L’œuvre complète du peintre espagnol Juan Fernández. Jusqu’au 16 juin. Dessins espagnols du British Museum - De la Renaissance à Goya. Jusqu’au 19 juin. l Musée Thyssen-Bornemisza : Hyperréalisme 1967-2012. Jusqu’au 9 juin. Pissaro. Du 4 juin au 15 sept. Trévise Musée de Sainte Catherine : . A voir jusqu’au 8 septembre 2013 Chirico à Cattelan et au-delà & Daimler Art Collection - D’Albers à Warhol. Jusqu’au 30 juin. a europe e n l Londres British Museum : Vie et Mort l Pompéi et Herculanum. Jusqu’au 29 septembre. l Estorick Collection of Modern Italian Art : Giorgio Casali Photographe. «Domus» 1951 – 1983. Design and Art in Italy. Jusqu’au 8 septembre. l Royal Academy of Arts : George Bellows (1882-1925) - Modern American Life. Jusqu’au 9 juin. l Tate Britain : Gary Hume & Patrick Caulfield. Du 5 juin au 1er eptembre. l The Courtauld Gallery : Gauguin La collection Samuel Courtauld. Du 20 juin au 8 septembre. d a Zotti - 50 ans de peinture. Jusqu‘au 30 juin. Venise Isola di San Giorgio Maggiore : l Fragile? Jusqu’au 28 juillet. Not Vital: 700 Snowballs. Du 1er juin au 29 septembre. l Palais des Doges : Manet - Ritorno a Venezia. Jusqu’au 18 août. l Palazzo Grassi : Rudolf Stingel. Jusqu’au 31 décembre. l Peggy Guggenheim Collection : Robert Motherwekk - Early Collages. Jusqu’au 8 septembre. l Stanza Cinese del Caffè Florian : Omar Galliani - Le songe de la Princesse Lyu Ji au Florian. Du 30 juin au 30 septembre. Vienne Albertina Museum (Albertinapl.) l Bosch Bruegel Rembrandt Rubens. Jusqu’au 30 juin. Gottfried Helnwein. Jusqu’au 13 octobre. 73 expos itions Genève Art en île - Halle Nord (pl. de l’île l 1) Sabine Tholen. Du 6 au 29 juin. Blancpain Art Contemporain (Maraîchers 63) Marie José Burki. Jusqu’au 29 juin. l Blondeau & Cie (Muse 5) Sol Lewitt. Jusqu’au 13 juillet. l Brachard Contemporain (Cité 18) Alain Pictet. Jusqu’au 21 juin. l Centre de la Photographie (Bains 28) fALSEfAKES. Du 6 juin au 28 juillet. l Espace L (40, rte des Jeunes) Bazar - Ozi. Jusqu’au 12 juillet. l Ferme de la Chapelle (Grand Lancy) Geneviève Capitanio, June Papineau, Axelle Snakkers. Jusqu’au 8 mai. l Fondation Baur (Munier-Romilly 8) Noirs d’encre - Regards croisées. Hans Hartung et les peintres chinois contemporains. Jusqu’au 4 août l Fondation Bodmer (Cologny) Le Lecteur à l’œuvre. Jusqu’au 25 août. l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43) Alighiero Boetti / Alighiero e Boetti. Jusqu’au 21 juin. Collective Two. Du 25 juin au 13 sept. l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Autour de Joan Miro. Jusqu’au 26 juillet. l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Henry Moore, gravures. Jusqu’au 17 juillet. l Galerie Foëx (Évêché 1) Thierry Leclerc. Jusqu’au 22 juin. l Galerie Anton Meier (Athénée 2) Annelies Strba, nouvelles photographies. Jusqu’au 29 juin. l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Pierre-Olivier Arnaud. Jusqu’au 6 juillet. l Galerie Turetsky (Grand-Rue 25) José Hinojo. Jusqu’au 21 juin. l Interart (Grand-Rue 33) Artistes d'après-guerre et contemporains Dewasne, Dubuffet, Fautrier, Francis, Matta. Jusqu’au 21 juin. l Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle L’Éternel Détour, séquence été. Du 5 juin au 15 septembre. l Musée Ariana (Av. Paix 10) 8 artistes & La Terre. Jusqu’au 8 sept. l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Ferveurs médiévales. Représentations des sains dans les Alpes. Jusqu’au 22 septembre. Roger Pfund. Le multiple et le singulier. Jusqu’au 11 août. l Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin 10) Arts de l’Antiquité. Une collection centenaire. Jusqu’au 20 oct. l Musée d’ethnographie, Conches: Rousseau et l’inégalité. Jusqu’au 23 juin. l 74 en l Musée Rath (pl. Neuve) M Sélection. La collection du Musée Migros d'art contemporain. Jusqu’au 22 septembre l Xippas Art Contemporain (r. Sablons 6) Yves Bélorgey. Jusqu’au 27 juillet. l Villa Bernasconi (8, rte GrandLancy) Alice Anderson & Pierre Vadi. Jusqu’au 23 juin. s uis s e collections du Musée. Du 28 juin au 22 septembre. l Musée de l’Elysée (Elysée 18) Laure Albin Guillot (1879-1962), l'enjeu classique. Du 5 juin au 1er septembre. l Musée Historique de Lausanne : Ernest Pizzotti, points d'encrage. Jusqu’au 9 juin. Louis Rivier L'intimité transfigurée. Jusqu’au 27 octobre Lausanne Collection de l’Art brut (Bergières Bulle 11) «Welcome to my World ! Daniel Musée : Daguerréotypes de J.l l Johnston» & «James Edward Deeds». Jusqu’au 30 juin. l Fondation de l’Hermitage (2, rte Signal) Miró - Poésie et Lumière. Du 28 juin au 27 octobre. l Mudac (pl. Cathédrale 6) All'Ambic - série de vases créés par Patricia Urquiola. Jusqu’au 22 septembre. l Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Alex Katz & Félix Vallotton. Peinture. Jusqu’au 9 juin. Raisons et sentiments. Le XVIIIe siècle dans les Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au 31 décembre. Fribourg Espace Tinguely - Saint-Phalle : l «Artistes en rébellion». Rico Weber, photographies inédites. Jusqu’au 1er septembre. l Musée d’art et d’histoire : Des regards, des passants, photographies du Musée Albertina, Vienne. Jusqu’au 30 juin. Martigny Fondation Pierre Gianadda : l Sam Szafran - 50 ans de peinture. Jusqu’au 16 juin. Modigliani et l’Ecole de Paris. Du 21 juin au 24 novembre. l Fondation Louis Moret (Barrières 33) Gregorio Pedroli. Du 22 juin au 18 août. l Le Manoir de la Ville : Eyes Wide Open. Du 8 juin au 8 septembre Neuchâtel Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut l 74) Augustin Rebetez, Noé Cauderay & Giona Bierens de Haan. Jusqu’au 30 juin. l Laténium (Hauterive) Fleurs des Pharaons. Jusqu’au 2 mars 2014. l Musée d’ethnographie (St- Nicolas) Hors-champs. Jusqu’au 20 octobre. Sorens Espace l’Aurore l : Couleurs d’Afrique. Du 1er juin au 28 juillet Fondation de l’Hermitage, Lausanne Joan Miró - Poésie et lumière La Fondation de l’Hermitage accueille 80 œuvres de Joan Miró (1893-1983), en provenance de la Fondation Pilar i Joan Miró à Palma de Majorque. Ce sont les œuvres de la maturité, réalisées au cours des trente dernières années de la vie de l’artiste, soit dès 1956, lorsque Miró a pu travailler dans l’atelier majorquin conçu par l’architecte catalan Josep Lluís Sert, en paix et en silence, en contact direct avec la nature, sa source d’inspiration infinie. Il a ainsi pu y réaliser plusieurs œuvres à la fois. Dans les années 60 à 70, les motifs de femmes, oiseaux et empreintes de main, et les paysages, rythment une œuvre aux couleurs vives et puissantes. Puis l’iconographie de Miró devient plus abstraite, et divers modes d’exécution cohabitent dans sa production, tels «Mosaïque» (1966), une œuvre statique, ou «Poésie» (1966), aux coups de pinceau véhéments. Dans les années 70, Miró est attiré par l’expressionnisme abstrait et la calligraphie extrême-orientale, comme le montrent les grands paysages monochromes de cette Joan Miró «Oiseaux», 1973, huile et acrylique sur toile, période. Ces influences confèrent à ses 115,5 x 88,5 cm. Fundació Pilar i Joan Miró, Mallorca. Photo Joan tableaux un aspect dépouillé, caractérisé Ramón Bonet & David Bonet / Courtesy Archivo Fundació Pilar i par des lignes noires jaillissant sur la toile Joan Miró a Mallorca © Successió Miró / 2013, ProLitteris, Zurich immaculée. Son langage fait de taches, de signes, de jets de peinture, d’empreintes et d’éraflures, traduit particulièrement bien l’esprit protéiforme du génie catalan. A la fin de sa vie, il crée une série de motifs stylisés sur un fond bleu roi d’une rare intensité, comme «Sans titre» (1978), délaissant les pinceaux pour peindre avec les doigts sur des matériaux composites (carton, papier de verre, bois, …), reflet d’une inventivité sans faille. . A voir du 28 juin au 27 octobre 2013 a g e n d a expos itions en s uis s e Max Ernst Lörrach Dreiländermuseum : Le nazisme à La Fondation Beyeler organise une grande rétrospective de l’œuvre de Max Ernst, forte de plus de 170 peintures, collages, dessins, scuptures et livres illustrés. A travers ces nombreux chefs-d’œuvre sont présentés toutes les phases de création de cet artiste, ainsi que toutes ses découvertes et techniques. Riggisberg Abegg-Stiftung : Le plaisir de Fondation Beyeler, Riehen l Lörrach. Jusqu’au 13 octobre. Ce sera la première fois, depuis sa mort en 1976, que le public pourra découvrir en Suisse toute la richesse et la diversité de l’œuvre d’un artiste qui a profondément marqué son siècle. Très éclectique, Max Ernst (1891-1976) aura touché au dadaïsme véolté à Cologne, avant de s’installer à Paris et d’y devenir rapidement un pionnier du surréalisme. En 1941, il s’est exilé aux Etats-Unis où il a trouvé de nouvelles sources d’inspiration - influençant Max Ernst «L’ange du foyer ou Le Triomphe du surréalisme», 1937 également les jeunes artisHuile sur toile, 114 x 146 cm. Collection privée © 2012, ProLitteris, Zurich tes américains. Dix ans plus tard, il est revenu dans une Europe ravagée par la guerre, obtenant la nationalité française en 1958. Durant toute sa vie de créatif, il a imaginé des figures, des formes et des techniques novatrices, telles que le frottage, le grattage, la décalcomanie et l’oscillation, ne cessant jamais d’explorer de nouvelles orientations. Il a ainsi donné naissance à une œuvre singulière qui échappe à toute définition stylistique limpide. . A voir jusqu’au 8 septembre 2013 Vevey Musée Jenisch : Lemancholia. l Traité artistique du Léman. Du 21 juin au 13 octobre l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Dominique Derisbourg, Impressions. Jusqu’au 16 septembre. Yverdon Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14) l Aleksi Briclot. Jusqu’au 25 août. OUTRE SARINE Bâle Fondation Beyeler (Riehen) Max l Ernst. Jusqu’au 8 sept. Maurizio Cattelan. Du 8 juin au 6 octobre. l Kunsthalle : Michel Auder. Stories, Myths, Ironies, and Other Songs: Conceived, Directed, Edited, and Produced by M. Auder. Du 9 juin au 25 août. l Kunstmuseum (St. Alban-Graben 16) Les Picasso sont là ! Une a g rétrospective à partir de collections bâloises. Jusqu’au 21 juillet. Ed Ruscha - Los Angeles Apartments. Du 8 juin au 29 sept. l Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) Some End of Things. Jusqu’au 15 septembre l Musée des Cultures (Münsterpl. 20) Et maintenant? Révolution des objets en Amazonie. Jusqu’au 29 septembre. l Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) Proto Anime Cut. Les visions dans le film d'animation japonais. Du 8 juin au 13 octobre. l Museum für Wohnkultur (Elisabethenstr. 27-29) Le rêve du Cheik Ibrahim. Trésors de la collection de textiles et de bijoux de Widad Kamel Kawar. Jusqu’au 1er septembre. l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Tinguely@ Tinguely. Un nouveau regard sur l'œuvre de Jean Tinguely. Jusqu’au 30 septembre. l Schaulager : Steve McQueen. Jusqu’au 1er septembre e n Berne Centre Paul Klee (Monument im l Fruchtland 3) Joyaux et raretés de Paul Klee. Jusqu’au 11 août. Satire – Ironie – Grotesque. Daumier, Ensor, Feininger, Klee, Kubin. Du 6 juin au 6 octobre. l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) Hannes Schmid - Real Stories. Jusqu’au 21 juillet. Mythe et secret - Le symbolisme et les artistes suisses. Jusqu’au 18 septembre. l Musée d’Histoire de Berne (Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur éternel et ses guerriers de terre cuite. Jusqu’au 17 novembre Bienne Centre-Pasqu’Art (fbg Lac 71-75) l Dexter Dalwood. Jusqu’au 16 juin. Davos Kirchner Museum : Les 30 ans du l Kirchner Museum - La Collection. Jusqu’au 21 juin. d a l collectionner - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Jusqu’au 10 novembre. Saint-Gall Kunstmuseum : Filipa César l Single Shot Films. Jusqu’au 23 juin. Dan Flavin. Jusqu’au 18 août. Soleure Kunstmuseum : Edouard Vallet, l dessins. Jusqu’au 9 juin. Weil / Rhein Vitra Design Museum : Louis l Kahn. Jusqu’au 11 août. Winterthur Fotomuseum (Grüzenstr. 44) l Lewis Hine, rétrospective. Du 8 juin au 25 août. l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Adieu la Suisse ! Du 8 juin au 25 août. l Kunstmuseum (Museumstr. 52) Giuseppe Penone. Jusqu’au 20 août. l Museum Oskar Reinhart «Am Römerholz» (Haldenstr. 95) Entre nous. Du 10 juin au 30 septembre l Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) Anton Graff Histoire d’une époque. Du 22 juin au 29 septembre l Villa Flora (Tösstalstr. 44) Chefsd’œuvre de la Collection Hahnloser / Jaeggli. Jusqu’au 1er septembre. Zurich Kunsthaus (Heimpl.1) Kelly Nipper - Black Forest. Jusqu’au 16 juin. Walkyries au-dessus de Zurich 150 ans de représentations wagnériennes à Zurich. Jusqu’au 18 août. l Landesmuseum : «Animali» Animaux réels et fabuleux de l’Antiquité à l’époque moderne. Jusqu’au 14 juillet. l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Mucha Manga Mystery – Alphonse Mucha, pionnier de l’art graphique. Jusqu’au 14 juillet. l Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) Im. Jusqu’au l Museum Rietberg (Gablerstr. 15) Scènes des États Princiers indiens. Jusqu’au 1er août. l Museum Strauhof (Augustinergasse 9) Ainsi vivent-ils encore aujourd’hui. Jusqu’au 9 juin. l 75 expos ition victoria & albert museum, londres Bowie is Créé en 1856 par la reine Victoria, le V&A est l’un des plus grands musées d’arts décoratifs. Il consacre, du 23 mars au 11 août 2013, une grande rétrospective à David Bowie. Première de cette envergure sur une star du rock, cette exposition est passionnante par son sujet mais aussi par la manière avec laquelle elle arrive à présenter des œuvres qui relèvent de l’art vivant. Pour permettre aux spectateurs de profiter à leur rythme des œuvres, un dispositif multimédia a été mis en place. Ainsi, la visite se fait obligatoirement à l’aide des audio-guides mis à disposition à titre gracieux. Si ceux-ci diffusent, classiquement, des informations sur les objets exposés, ils permettent d’écouter les retransmissions des concerts programmés dans certaines salles sur des écrans géants. Quand vous arrivez à proximité du repère radio, l’audio-guide démarre la diffusion de la musique correspondant. Ainsi, vous pouvez découvrir les morceaux avec une qualité de CD 76 «David Bowie is». Photographie originale pour la couverture de l’album «Earthling». Manteau Union Jack créé par Alexander McQueen en collaboration avec David Bowie, 1997. Photographié par Frank W Ockenfels © Frank W Ockenfels sans être dans le brouhaha généralisé de certains musées où les dispositifs multimédias causent de véritables pollutions sonores. Les témoignages du parcours personnel et artistique de David Bowie - partitions annotées, tableaux, costumes de scène, photographies – sont bien sûr là mais il y a aussi beaucoup d’extraits de films, de clips, d’émissions de télévision et de concerts. C’est une excellente idée de montrer ses œuvres en scène car le rock fait partie du spectacle vivant et cette dimension est indispensable pour appréhender son travail. L’exposition permet de découvrir la richesse d’inspiration de l’artiste, de ses débuts dans les années 60 comme mime et auteur du tube Space oddity jusqu’à son dernier album, en passant par la période berlinoise et Ziggy stardust. C’est l’occasion de voir aussi les œu-vres de créateurs qui ont collaboré avec lui comme les couturiers Kansai Yamamoto et Alexander McQueen. L’exposition est incontournable pour les fans mais reste très accessible à ceux qui ne connaissent pas ou peu David Bowie. Stéphanie Nègre L’exposition est ouverte jusqu’au 11 aout 2013 et sera à Paris début 2015 à l’occasion de l’ouverture de la Philharmonie. «David Bowie is». Promotional shoot for The Kon-rads, 1963 Photographié par Roy Ainsworth. Courtesy of The David Bowie Archive 2012. Image © V&A Images a c t u a l i t é THÉÂTRE DES MARIONNETTES DE GENÈVE Rue Rodo 3 – 1205 Genève – 022 807 31 07 – www.marionnettes.ch Des voyages étonnants au cœur d’un réel décalé et de merveilleuses fictions ! LA BOSSE DU THÉÂTRE Du 19 au 22 septembre 2013 – dès 7 ans / adultes, ados Un Polichinelle farceur et révélateur. tmg marionnettes saison 2013 2014 MAIS OÙ EST PASSÉ LÉON ? Du 25 septembre au 13 octobre 2013 – dès 4 ans Voyage rêvé au pays des objets et de leurs ombres. LES LOIS DU MARCHÉ Du 2 au 24 novembre 2013 – adultes, ados Entre le rire et le pire, une usine de jouets en or. GRAND-PÈRE Du 6 au 24 novembre 2013 – de 1 à 3 ans Un malicieux grand-père poète va décrocher la lune. L’OISEAU CHANTEUR Du 30 novembre au 18 décembre 2013 – de 1 à 3 ans Un oiseau merveilleux réveille une vie colorée. PETITE SŒUR Du 8 au 29 janvier 2014 – dès 6 ans Une jeune héroïne face à tous les défis et épreuves. LES FOURBERIES DE SCAPIN Du 7 au 14 février 2014 – adultes, ados Le plus célèbre valet du théâtre révèle la comédie humaine. NOTA BÉBÉS Du 17 février au 2 mars 2014 – de 1 à 3 ans Promenade musicale et poétique sur le fil. CHAPERON ROUGE CARTOON Du 5 au 26 mars 2014 – dès 5 ans Le célèbre conte à la sauce dessin animé loufoque. VOYAGE EN POLYGONIE Du 29 mars au 13 avril 2014 – dès 4 ans Périple au pays des formes pour une remise en forme. NE M’APPELEZ PLUS JAMAIS MON PETIT LAPIN ! Du 30 avril au 18 mai 2014 – dès 4 ans Un petit lapin aux grandes oreilles se révolte pour mieux grandir. BLUE JEANS Du 22 au 26 mai 2014 – adultes, ados Les dessous de l’industrie du jeans au cœur d’une poésie visuelle et documentaire. Abonnements à la carte dès 3 spectacles Programme complet sur : www.marionnettes.ch p a r i s musée d’art moderne de la ville : keith haring Un artiste engagé Après le succès de l’exposition consacré à Jean-Michel Basquiat, le musée d’art moderne de la ville de Paris récidive avec un artiste de la même génération, aux parcours et préoccupations semblables. 78 Une rétrospective très complète, riche de 250 œuvres exposées au Musée d’art moderne et à l’espace du Centquatre pour les très grands formats. Véritable icône pop, Keith Haring (19581990) est avant tout un artiste militant et subversif. Il choisit de mettre son art au service de tous, n’hésitant pas à ses débuts, dès son installation à New York en 1978, à investir les espaces publics. Il commence par des affiches publicitaires altérées, sortes de collages composés de photos de presse couverts de manchettes de journaux, qu’il placarde dans la rue. Ses activités urbaines s’élargiront ensuite dans les métros, réalisant ses dessins sur des panneaux noirs destinés à des affiches publicitaires. Ce sont ses fameux Subway Drawings, des dessins qu’il comprend comme une performance physique, artistique mais aussi un acte politique, porteurs de messages de justice sociale, de liberté individuelle et de changement. Très jeune, il était animé par une envie de transformer le monde, multipliant ses engage- ments. Le parcours de l’exposition, conçue par Dieter Buchhart et Odile Burluraux, se construit de manière thématique et suit les luttes qu’il a menées, contre le racisme, le capitalisme, la religion, l’homophobie, le sida, la destruction de l’environnement. L’ambition pour les commissaires étant de montrer la grandeur de cette œuvre mais aussi le côté obsessionnel de l’artiste, hanté par le dessin et travaillant sans interruption et sans dessin préparatoire. Rendre l’art accessible à tous Sa première exposition en juillet 1978 au centre des Arts de Pittsburgh est évoquée dans une première salle. Contrairement à la majorité de ses œuvres, qui ne porte pas de titre afin de permettre au spectateur de donner sa propre interprétation, la première œuvre qui accueille le visiteur, s’intitule : Everybody knows where the meats come from it comes from the store (4 juin 1978). Allusion à la société de consommation qu’il combat comme en témoignera, de manière encore plus radicale, sa toile de grand format représentant une truie monstrueuse vomissant un flot vert de biens de consommation dans lesquels se noient des hommes, alors que d’autres viennent téter le lait capitaliste aux mamelles de la truie. Cela ne l’a cependant pas empêché d’ouvrir en 1986 une boutique, Pop Shop, dans le quartier de Soho, où il vend des produits dérivés de son art. Attitude pour le moins ambiguë, même si l’artiste y voit un moyen de rendre ainsi l’art accessible à tous et qui a été diversement apprécié. Un projet soutenu par Andy Warhol, dont Keith Haring s’est senti très proche. En arrivant à New York en 1978, il suit les cours de la School of Visual Arts, rencontre des musiciens, des graffeurs parmi lesquels Kenny Scharf, Jean-Michel Basquiat et vit pleinement son homosexualité. Le métro devient alors son laboratoire idéal pour expérimenter ses idées et lui permet de développer son propre vocabulaire artistique, conscient que les images fonctionnent comme des mots. Entre 1980 et 1985, Keith Haring réalise cinq à dix mille subways drawings, dont le but était de « produire de l’art pour tous, et non seulement pour quelques-uns, comme l’art bourgeois ». Son dessin est marqué par les techniques de la bande dessinée qu’il développe largement au cours de sa carrière, cernant les figures d’un trait noir et déployant une ligne ininterrompue et des contours simples. L’œuvre devient ainsi immédiatement lisible avec ses figures simplifiées et récurrentes. En mettant l’art à la portée de tous, il veut aussi considéré chaque être humain dans son originalité et proteste dans ses toiles, bâches, peintures, contre les groupes stigmatisés par l’Etat, dépeignant l’artiste graffeur attaqué par des chiens qui aboient. Dans ses dessins, story board, il utilise des pictogrammes comme le chien, futur barking dog, chien aboyant symbole de la menace de l’état policier et le bébé à quatre pattes, futur radiant baby, incarnant « l’expérience la plus pure de l’existence humaine », associés souvent à des signes géométriques. Esprit critique Dans la section intitulée Capitalisme, les œuvres s’insurgent contre l’hégémonie des EtatsUnis, de sa monnaie montrant un personnage immense, les bras croisés, surmonté d’une auréole s’élevant d’un enchevêtrement de corps et Haring n’hésite pas à dessiner des corps pleins de billets, des flots de dollars vomis par un monstre géant ou un gigantesque cochon au groin vert Keith Haring «Michael Stewart – USA for Africa», 1985 Collection Lindemann, Miami Beach Acrylique et huile sur toile, 295 x 367 cm © Keith Haring Foundation a c t u a l i t é p a r i s Keith Haring «Untitled», 1980 Collection Keith Haring Foundation Encre sur carton, 121,9 x 230,2 cm © Keith Haring Foundation marqué du dollar. Conscient du côté manipula- Haring s’engage contre la dévastation de l’huma- 1988, il en meurt le 16 février 1990. Il décide, à teur des mass medias, critique à l’égard de l’in- nité par la pollution et la destruction de l’environ- travers ses œuvres, de militer pour une sexualité formatique naissante, il peint et dessine des cer- nement mais aussi la destruction par la bombe protégée. Certaines abordent le sujet d’une veaux remplacés par des télévisions et des écrans atomique. Le champignon atomique, souvent uti- manière métaphorique (Silence=Death), d’autres d’ordinateur sur lesquels apparaissent le cham- lisé comme symbole, crée des représentations de manière plus directe, personnifiant le virus pignon atomique, le Christ sur la croix, ou enco- apocalyptiques. Avec ses démons, The last sous forme de spermatozoïde diabolique. Dans re Mickey Mouse, dénonçant ainsi le fait que Rainforest semble inspiré de Jérôme Bosch tan- Sans titre (Pour James Ensor), 1989, il peint un l’humanité est mise en danger par les nouvelles dis que Walking in the rain (1989) symbole de sa squelette qui urine sur des plantes qui renaissent technologies qui remplacent notre réalité. mobilisation face à la pollution, représente une sur le deuxième panneau, indiquant ainsi que la sorte de monstre marchant sous une pluie acide et vie continuera avec ou sans l’humanité. L’esprit critique de l’artiste n’épargne pas non plus la religion, «une grande partie du mal écrasant des êtres disloqués au sol. A la fin de sa vie, il crée une fondation pour qui se produit dans le monde est causée au nom Sa bataille la plus personnelle est celle qu’il protéger son œuvre mais aussi soutenir des orgadu bien » des croix et des crucifix pénètrent les mène contre l’épidémie du sida. Diagnostiqué en nismes à but non lucratif, impliquées dans l’éducorps, se collent aux cerveaux ou se cation, l’aide aux enfants, la prévenplantent dans la mâchoire d’un crocotion contre le sida. En douze ans, il a dile fusionnant avec un corps de créé une œuvre puissante, politique, femme dans le feu du purgatoire. sans cesse renouvelée. Beaucoup d’artistes en rêveraient. Keith Haring a eu La toile Michael Stewart-USA for Africa, 1985, avec laquelle Keith non seulement une bonne fée à sa naisHaring rend hommage à l’artiste sance, le dotant d’un talent de génial afro-américain Michael Stewart, mort dessinateur, mais aussi une bonne étoiroué de coups par la police, est embléle. A commencer par son premier galematique pour son combat contre le riste Tony Shafrazi qui l’invite en 1981 racisme et l’apartheid, dénonçant la à participer à une première exposition, domination des Blancs et leur propencollective, puis en 1982 à une exposision à coloniser d’autres peuples. tion solo, où la trentaine de toiles peinDans Prophets of Rage (1988), l’optes sur des bâches en vinyles sont toupressé noir a fait sauter ses chaînes, il tes vendues, à 2500 dollars la pièce. Et a pris la couronne, suspendu l’homme une valeur actuelle, entre 5 à 7 blanc par les pieds et l’a décapité. millions, qui ne peut que laisser sonDans les années quatre-vingt, la prise geur. Régine Kopp de conscience écologique n’est plus Keith Haring «The Tree of Monkeys», 1984 Courtesy Fondazione Orsi. Acrylique sur toile, 152,4 x 152,4 cm © Keith Haring Foundation un sujet secondaire ou tabou. Keith Jusqu’au 18 août 2013 a c t u a l i t é 79 p a r i s musée du louvre : giotti e compagni Révolution picturale Il n’est pas nécessaire de faire grand pour être remarquable et remarqué ! Preuve en est cette exposition-dossier que le Louvre consacre, et c’est une première, à Giotto di Bondone (vers 1267-1337) et ses disciples. 80 Une trentaine d’œuvres, dont une quinzaine de la main de Giotto et une autre quinzaine attribuée à ses collaborateurs immédiats, suffisent à donner la mesure de cette révolution picturale initiée par l’artiste. Une prise en compte non plus seulement de l’au-delà mais du monde sensible dans sa diversité, sa réalité spatiale et matérielle. Le commissariat de l’exposition - elle se tient dans la Salle de la Chapelle de l’aile Sullya été confié à Dominique Thiébaut, conservateur général au département des peintures. Plutôt que de privilégier une scénographie grandiloquente, c’est un parcours d’une simplicité biblique qui est proposé, propice à une étude approfondie. Autour de l’évolution du style de Giotto, les techniques mises en œuvre dans ses tableaux et le travail de ses compagnons, trois grands axes conduisent le visiteur : les années de jeunesse à Florence, celles de la maturité de 1305 à 1325, et enfin, les années se référant au séjour de Giotto à la cour de Naples, entre 1338 à 1332. Un art nouveau L’exposition peut s’appuyer sur les collections publiques françaises, riches de chefs-d’œuvre, connus ou méconnus et en particulier trois œuvres conservées au Louvre : La stigmatisation du saint François d’Assise, la monumentale croix peinte et La Crucifixion. Et le Louvre peut aussi compter sur d’importants prêts provenant de collections étrangères : du Metropolitan Museum de New York à la National Gallery de Washington mais aussi celle de Londres, aux musées italiens, musées Horne et diocésain de Florence, Musei Civici de Padoue, ou les Staatliche Museen de Berlin, tous ont répondu présents. Le visiteur est accueilli en majesté par La Stigmatisation de saint François (vers 1300), frappé par le regard intense du saint agenouillé sur le grand panneau de format vertical, complété par une prédelle composé de trois scènes. Celle fort délicate de saint François prêchant aux oiseaux, peignant diverses variétés de volatiles et prouvant ainsi son attention à la réalité qui l’entoure, est particulièrement envoûtante. Œuvre de jeunesse de a Giotto, qui comme La Vierge à l’enfant sur un trône entre deux anges, datant de la même période (1267-1290) montre comment Giotto affirme les principes d’un art nouveau, profondément réaliste, en rupture avec ceux de son maître Cimabue, hérités de la tradition byzantine. Là, où celui-ci présentait la vierge et l’enfant de côté, Giotto les présente de face, crée un éclairage rationnel venu d’une source unique et des personnages avec une présence physique et naturelle dans un espace tridimensionnel. Un des très rares dessins du Trecento, Deux hommes assis tenant une épée, date de cette même période (1305-1310) et se distingue par le dosage subtil de rehauts lumineux et d’ombres qui confèrent au modelé une densité étonnante. Renommée A la suite du cycle d’Assise que Giotto peint entre 1296 et 1298, il se rend à Padoue et y entreprend, de 1303 à 1305, la décoration de la chapelle Scrovegni. Sa renommée s’amplifiant, il ne peut plus assumer seul et recrute alors sur place des compagnons dont il contrôle rigoureusement le travail. Partout où il passe, on reconnaît la nouveauté de son style : une autre vision de l’espace, et des personnages qui ne sont plus figés comme c’était le cas dans la peinture byzantine. Quelques œuvres exceptionnelles témoignent du style de Giotto dans les années de la maturité. Et tout d’abord, ce prêt exceptionnel de la chapelle des Scrovegni de Padoue, Dieu le père en majesté (1303-1305), vêtu d’une tunique blanche à la texture ouatée, œuvre admirable par le traitement raffiné des ombres et qui devait prendre place en haut de l’arc triomphal de la chapelle des Scrovegni. D’où une matière picturale se confondant avec celle des fresques environnantes conférant noblesse et douceur. Réunis pour la première fois, depuis leur dispersion, le Saint Etienne (1320-1325) chef-d’œuvre de la maturité de Giotto, le Saint Laurent (1320), plus difficile à apprécier à cause de l’usure de la matière picturale et Saint Jean l’Evangéliste (1320) à la stature majestueuse, peint avec grande virtuosité. c t u a Enjeu scientifique majeur et l’occasion pour les spécialistes de discuter de leur appartenance à un même ensemble mais qui pour le spectateur représente un moment de délectation. En comparaison, les deux saints de Lippo di Benivieni, Saint Jean l’Evangéliste et Saint Pierre apôtre (vers 1315) dénotent des attitudes moins précises mais surtout, on ne perçoit ni la recherche plastique, ni la volonté de construire un espace cohérent, caractéristiques du travail de Giotto. Crucifixions Un très bel ensemble de ce début du Trecento concerne les crucifixions dont l’exposition réunit trois versions. Différentes mais toutes admirables. Celle appartenant aux collections des musées de Berlin (vers 1315) est un petit bijou par la variété et l’éclat de la palette et la composition rigoureuse intégrant une foule dense au pied de la croix. Elle peut être mise en relation avec La Crucifixion (vers 1315), conservée à Strasbourg, dont les corps sont plus longilignes et l’agencement de la foule différent. Quant à celle plus tardive (1330-1335) acquise par Le Louvre en 1999, elle pourrait avoir été conçue par Giotto mais on doit son exécution à l’un de ses collaborateurs napolitains. Elle apparaît comme la plus originale avec des inventions remarquables comme l’ampleur de la composition, la qualité de l’exécution et l’originalité des choix décoratifs. Son fond d’or a été perdu mais la Bible moralisée napolitaine de la Bibliothèque Nationale contient une telle Crucifixion sur fond doré. C’est en décembre 1328 que le roi de Naples Robert d’Anjou fait appel à l’artiste pour la décoration de sa résidence royale de Castelnuovo, notamment la chapelle Palatine et vraisemblablement le couvent de Santa Chiara. Une chose est sûre, le style doux et raffiné, caractéristique du style de Giotto à partir de 1310, a influencé la production napolitaine dont viennent témoigner divers fragments de fresques et panneaux peints comme ces trois panneaux, aujourd’hui dispersés mais provenant d’un même polyptique : L’Annonciation et La Nativité et l’Annonce aux bergers (vers 1340) donnés sans doute donnés par le roi Robert, également Comte de Provence, au couvent des Clarisses d’Aix-enProvence, appartiennent aujourd’hui au musée Granet, tandis que L’Adoration des Mages est entré dans les collections du Metropolitan Museum de New York. Régine Kopp Jusqu’au 15 juillet 2013 Page de droite : Entourage napolitain de Giotto, l i t é p a r i s Ce peut être le soutient à la musique, à laquelle la direction fouillée, ardente, comme possédée, de Daniel Oren ne faillit pas un instant. Le grand intercesseur de la soirée, sans laquelle peut-être elle n’aurait pas pris corps. Mais le plateau vocal y participe pleinement. Pour son entrée au répertoire à l’Opéra de Paris, La Gioconda emporte Certains chipoteront sur les duretés de Violeta l’adhésion du public de la Bastille. Les ingrédients, il est vrai, ont tout pour Urmana dans le rôle-titre, mais on ne voit guère plaire, même s’ils n’échappent pas une convention que l’ouvrage appelle. qui pourrait assumer ce rôle lourd avec pareille endurance et constance dans l’émission. Pour Enzo, Marcelo Álvarez possède un timbre ferme dans tout le registre, dont ici aussi on voit peu d’équivalent chez les ténors, même si la subtilité ne semble pas son fort (ni dans le jeu scénique, les bras perpétuellement écartés). María José Montiel est elle quasi à l’opposé, Cieca tout en nuances, seule ainsi dans la distribution, mais vigoureuse quand il faut. Quant à Luciana D’intino, elle possède la ductilité de la ligne qui sied à la fragile Laura. Oublions le Barnaba embourbé de Claudio Sgura, pour chanter les louanges d’une vocalité bien menée, qui associée avec l’orchestre travaillé que porte Oren, rend réparation à Ponchielli et à son œuvre la plus reconnue. Opéra Bastille : «La Gioconda» avec Maria José Montiel (La Cieca), Violeta Urmana (La Gioconda) et Claudio Sgura opéra Gioconda jolie 82 (Barnaba). Crédit : Opéra national de Paris/ Andrea Messana L’opéra de Ponchielli, créé en 1876 et célébré depuis lors sur toutes les scènes internationales, ne s’est jamais véritablement installé en France et ce serait bien la première fois qu’il est représenté dans la capitale. Injustice ? Eh bien ! oui. Si le livret, mal ficelé et mal inspiré d’un drame de Victor Hugo, s’ébroue laborieusement entre coups de théâtre téléguidés et vengeances croquignolesques, si les deux premiers actes ne parviennent pas à s’extirper des attendus belcantistes éculées, les deux derniers, en revanche, possèdent une force dramatique et une traduction musicale inspirée qui sauvent tout. Cette grande machine, avec force moyens et ballets, trouve enfin sa substance, dans le grand ensemble du troisième acte et y compris même la musique de son ballet (délicatement orchestré), et les grandes envolées lyriques du dernier acte. Il était temps ! À la Bastille, la production provient de celle conjointe au Liceo de Barcelone et au Teatro Real de Madrid, où elle fut étrennée il y a quelque huit ans. Le vétéran et baroudeur de la mise en scène Pier Luigi Pizzi en est le signataire, avec les bel- a les images et costumes, ici vénitiens, qu’on lui connaît, des ensembles bien ajustés, mais sans réelle direction d’acteurs ni véritable lecture dramaturgique (sachant que le sujet s’y prête peu). Un joli décorum en quelque sorte. Don Giovanni C’est à un Don Giovanni complet et sans surprise, bien léché et bien transmis, que convie le Théâtre des Champs-Élysées. Difficile de renouveler les chefs-d’œuvre ! Théâtre des Champs-Elysées : «Don Giovanni» avec Sophie Marin- Degor, Daniel Behle, Serena Malfi, Nahuel Di Pierro, Robert Gleadow, Miah Persson © Vincent Pontet/ Wikispectacle c t u a l i t é p a r i s musicale attentive de Vincent Monteil participe. La mise en scène de Waut Koeken pareillement, faisant miroiter l’espace, où prennent place de multiples miroirs, et une action pétillante. Petits et grands sont enchantés, dans tous les sens. Dimanche au Châtelet Théâtre de l’Athénée : «Blanche-Neige» © Alain Kaiser Le Don Juan de Mozart a connu toutes sortes de lectures, mais ici, au Théâtre des Champs-Élysées, la production maison réunit de séduisants composants sans réellement bouleverser la donne. La mise en scène de Stéphane Braunschweig ne réserve guère ainsi de nouveauté, entre ses costumes actuels, un temps mutés au XVIIIe siècle, son jeu précis, son plateau tournant qui fait alterner les mêmes lits mortuaires et murs lisses ténébreux, ses tics aussi – comme ces habillages et déshabillages à vue mille fois vus – et des éclairages choisis. La restitution musicale serait dans le même esprit, avec un plateau vocal homogène, vertu remarquable, mais qui individuellement se signale : Sophie Marin-Gregor (Donna Anna) et Serena Malfi (Zerlina) n’échappent pas à certaines duretés, quand Daniel Behle dispense un Ottavio délicieusement élégiaque. Mais tous, Markus Werba (Don Giovanni), Miah Persson (Donna Elvira), Robert Gleadow (Leporello) et Nahuel Di Pierro (Masetto), campent leurs rôles avec une endurance sans faille et une caractérisation marquée. Le bémol viendrait de l’orchestre, le Cercle de l’Harmonie, et de son chef, Jérémie Rohrer, dans des tempos vifs et certes maintenus, mais aussi une dynamique sonore quelque peu étale. Et c’est d’elle que ressort une soirée qui aurait tendance à s’alanguir. Lange, destinée à une dizaine de chanteurs et petite formation orchestrale (ici, puisée à l’Orchestre Lamoureux), s’ébroue de façon incertaine dans les premiers temps, puis prend consistance avec l’intervention des ensembles réunissants les chanteurs (les Nains de l’histoire) et les solistes caractérisés (la Reine, BlancheNeige, le Prince…). L’écriture musicale reste sage, dans quelques dissonances de circonstance et un élan général assez prenant. Sahara Sloan et Maria Cubaynes détachent leur voix assurée et leur incarnation scénique. Normal ! pour les deux rôles principaux, l’une et l’autre également crédibles par leur allure et leur beauté (et ressort de ce conte célèbre). Mais tous, parmi ces excellents chanteurs venus dudit Opéra Studio, contribuent à une transmission directe, à laquelle la direction Sunday in the Park with George, autre comédie musicale de Broadway, occupe une longue série de représentations au Châtelet. Comme toujours, pour ce répertoire dans ce théâtre, avec un grand luxe de moyens. La mise en scène de Lee Blakeley se révèle ainsi fastueuse, utilisant plateaux tournants, projections d’images (en forme de tableaux vivants) aidées de techniques de pointe (par ordinateur en temps réel), une animation ajustée et au premier degré parmi de beaux costumes endimanchés d’époque. Puisque l’époque est celle du Paris de Georges Seurat, le peintre pointilliste, à la fin du XIXe siècle, puis celle de son descendant dans les États-Unis actuels. Cet alibi hautement culturel est prétexte à un livret de James Lapine un peu simplet, qui traîne ses dialogues parlés en longueur, et à de brefs passages musicaux qui alignent perpétuellement les mêmes trois accords. Ils reviennent à Stephen Sondheim pour les thèmes mélodiques et à Michael Starobin pour l’orchestration – jolie mais bruyante, commande du Châtelet destinée aux quarante-six instrumentistes de l’Orchestre philharmonique de Radio France, en place des onze prévus par le même Starobin à la création de l’ouvrage en 1983. Les nombreux intervenants chantent avec des voix bien placées, particulièrement Julian Ovenden et Sophie-Louise Blanche comme Neige Au théâtre de l’Athénée, place à BlancheNeige. Il s’agit d’un opéra de Marius Felix Lange, créé en 2011 à Cologne, et repris fin 2012 à l’Opéra du Rhin. C’est cette production, conçue par et pour l’Opéra du Studio de la même institution lyrique, qui vient à l’Athénée. La musique de a c t u Théâtre du Châtelet : «Sunday in the Park with George» © Marie-Noëlle Robert a l i t é 83 p a r i s Athénée : Maxime Pascal et son Ensemble le Balcon lors du spectacle «Ariadne auf Naxos» © DR 84 Dann, et bien sonorisées (si l’on peut dire, dans la mesure où l’amplification n’est ici pas trop gênante). David Charles Abell dirige le tout sans anicroche. Au final, un spectacle gentiment plaisant (et un rien fastidieux). Don Carlo d’exception Au Théâtre des Champs-Élysées, le Don Carlo prêté de concert par le Teatro Regio de Turin soulève la houle. Un chœur et orchestre survoltés et un plateau vocal optimal emportent l’adhésion sans partage d’un public trépignant. Il est vrai que l’on voit rarement pareille affiche ! Stefano Secco (remplaçant, et avec quel art ! Ramón Vargas déclaré souffrant pour le rôle-titre), Ildar Abdrazakov (Philippe II comme il en est peu, d’un legato souverain), Daniela Barcellona (Eboli, au mieux de sa noire vocalité), Ludovic Tézier (Rodrigue puissamment nuancé), constituent un bouquet de voix que peu de maisons lyriques peuvent offrir. Et même pour le rôle épisodique du Moine, planté par un Roberto Tagliavani sombre et profond. Seule Barbara Frittoli, cependant elle aussi déclarée souffrante, présente une Elisabeth parfois flottante. La direction emportée de Gianandrea Noseda se met en phase avec cette soirée électrique, qui confère au chef-d’œuvre de Verdi toute sa force. d’une mise en scène. Elle est même signée : Benjamin Lazar, en compagnie de sa petite équipe de fidèles. Costumes, gestes et lumières sont donc scrupuleusement spécifiés, si ce n’est que le décor se résume à celui de l’orchestre seul, dans la fosse ouverte et étagé sur des praticables occupant toute la scène. Les personnages de l’action lui donnent la réplique scénique, se faufilant entre les pupitres ou les emmarchements, haranguant ou prenant à partie les instrumentistes. Un jeu très réglé ! au millimètre, quand on sait savoir-faire de Lazar en la matière. Les héros de l’histoire et lesdits instrumentistes sont vêtus de façon similaire, façon décontractée et “ jeunes ” d’aujourd’hui, avec Europe Baroque À l’Oratoire du Louvre, la soprano Erika Escribá Astaburuaga offre un récital à travers toutes les facettes lyriques des XVIIe et XVIIIe siècles. Sont au programme des airs tirés d’opéras de Purcell, Rameau, Haendel, mais aussi Antonio Literes (16731747) et Juan Hidalgo (1614-1685), puisque cette chanteuse, habituée des meilleurs ensembles baroques, vient d’Espagne (ce que son nom ne laisserait peut-être pas deviner). Elle déplie ce répertoire en éventail, avec une confondante aisance d’un style à l’autre, une voix lisse tout en étant éclatante et une présence interprétative quasi scénique. Une chanteuse à découvrir sans attendre. Orhan Memed, son accompagnateur habituel, l’entoure des notes d’un clavecin discret. Ariane en jeans Ariane à Naxos se présente à l’Athénée en version dite “de concert”. L’intitulé est faux, et semble seulement mis en avant pour éviter d’éventuels retours de bâtons. Car l’opéra de Richard Strauss est bien ici pourvu a chemisettes et serges de Nîmes (ou jeans) obligés. Au point que, s’installant par avance sur notre siège, on croit un instant à quelque raccord en attente que les artistes s’apprêtent. Une sorte de coquetterie, qui apparemment trompe plus d’un assistant du public. Cette ambiguïté voulue contribue aussi à la séduction du spectacle. Car il réunit presque tout pour séduire. On ne pouvait rêver cadre plus approprié à cet opéra de chambre que la délicieuse salle de l’Athénée, où chaque son se détache, directement transmissible. Ce qui offre à apprécier les vertus de l’orchestre le Balcon, jeune formation, comme ses constituants, désormais en résidence pour cinq saisons au théâtre ; vertus d’homogénéité, comme d’acuité de chacun des pupitres, sous la baguette enlevée de son chef titulaire, et fondateur, Maxime Pascal. La distribution vocale distille les mêmes qualités d’ensemble et d’individualité. Et encore mieux pour Julie Fuchs, Zerbinette à la coloratoure infinie, et Anna Destrael, Compositeur irradiant. Léa Trommensschlager dégage quelques duretés et faussetés pour Ariane, alors que Marc Haffner (souffrant ?) étrangle souvent son émission pour Bacchus. Mais le tout, avec les petits rôles confiés également à de jeunes chanteurs, livre un enthousiasmant parfum d’à-propos musical. Reste que l’on se serait bien passé des quelques passages sonorisés, dans le prologue, superfétatoires et encombrants. Pierre-René Serna Oratoire du Louvre : la soprano Erika Escribá Astaburuaga c t u a l i t é p a r i s théâtre des gémeaux chaillot : land-research & deca dance Käfig Brasil Festival Venu à la danse par les arts du cirque, Mourad Merzouki fonde en 1996 sa compagnie, Käfig. Artiste de premier plan de la scène hip-hop française, il dirige depuis 2009 le centre chorégraphique national de Créteil. Après les pièces Correria et Agwa, Mourad Merzouki continue son travail avec des danseurs brésiliens. Cette fois-ci, il s’associe à d’autres chorégraphes comme Antony Egea ou Céline Lefèvre pour cette suite de cinq courtes pièces. Pour sa première édition, le festival pluridisciplinaire “Sur les frontières“ fait appel à des artistes venus du bassin méditerranéen. Du 16 au 28 avril, performances, ballets, concerts et projections se sont succédés pour offrir une programmation riche. Morceaux choisis. Parce que danse et art lyrique était indissociable à l’époque baroque, la production d’Alessandro à l’Opéra royal de Versailles, les 31 mai et 2 juin, avec une chorégraphie de Lucinda Childs, devrait être particulièrement intéressante. Toujours à l’Opéra royal de Versailles, le Ballet Biarritz présente, du 7 au 9 juin, la nouvelle création de son directeur Thierry Malandain, Cendrillon. La Sylphide, remontée par Pierre Lacotte, retrouve les ors du Palais Garnier à partir du 22 juin jusqu’au 15 juillet. Le TanzTheater Wuppertal est de retour à Paris avec deux ballets de Pina Bausch, Kontakthof, au Théâtre de la Ville, du 11 au 21 juin, et Le Sacre du printemps, au Théâtre des Champs-Elysées, du 4 au 7 juin. Toujours au Théâtre des Champs-Elysées, la nouvelle création d’Akram Khan iTMOi sera présentée du 24 au 26 juin, tandis que le danseur anglo-bengali interprétera avec Sylvie Guillem, Sacred Monsters du 28 au 30 juin. Au théâtre de Chaillot, le Béjart Ballet Lausanne présentera Light du 6 au 15 juin. Rare sur les scènes parisiennes, la Batsheva dance company, compagnie de danse contemporaine israélienne, est invitée à présenter deux ballets de son directeur Ohad Naharin, Sadeh 21 et Deca dance. Ce dernier est une suite de pièces courtes qui montrent la diversité d’inspiration du chorégraphe. La cohérence vient de son style fait de mouvements rapides, d’un travail sur l’énergie physique et l’interaction entre les corps. Dans le premier morceau, les danseurs assis sur des chaises forment une ronde sur le rythme d’une musique traditionnelle juive. Fatigue, tension, énergie comprimée puis libérée, magnifique travail de groupe, ce premier mouvement donne le ton. Il se poursuit avec un pas de deux très émouvant entre un homme et une femme, sur le Nisi dominus de Vivaldi. Attraction entre deux corps et séparation, ce duo nous parle de l’amour à la vie à la mort. Chaque pièce est unique et permet d’admirer les qualités physiques des danseurs, en solo ou en groupe. Dans l’une d’elles, les danseurs vont se chercher une partenaire dans la salle. C’est pour moi la surprise et l’expérience unique de me retrouver sur scène, sous la chaleur des projecteurs et la pression de mille paires d’yeux, de me sentir happée. Pour l’avoir vécue de près, la danse d’Ohad Naharin est captivante, entraînante. Le chorégraphe offre ainsi à quelques «Land Research». Photo Tami Weiss personnes de partager son ballet sur scène. Générosité du créateur qui accepte qu’une part de son œuvre lui échappe ou pari de voir où elle va entraîner ses spectateurs ? Ancien danseur de la Batsheva dance company, Arkadi Zaides se consacre désormais à la création. Land-Research est sa dernière œuvre. Elle débute par un long et très beau solo d’une danseuse avec des mouvements au sol à la limite de la contorsion. S’ensuit un danseur qui enregistre son souffle au micro puis s’en sert comme rythme pour son solo. De plus en plus haletante, la respiration enveloppe la salle à mesure que les mouvements deviennent violents et désorientés. Le ton est donné. Avec ses images de plaines désertiques, de barbelés et de murs en béton, Land-Research se reçoit comme un coup de poing. Arkadi Zaides interpelle sur le besoin d’espace pour exister, la liberté sous contrôle qui étouffe, l’enfermement qui rend fou. Arriver à exister et à coexister. Les interprètes font preuve d’un engagement très fort dans cette danse physique et cérébrale à la fois. Arkadi Zaides nous fait ressentir de l’intérieur le malaise de l’enfermement et cela mieux que tous les reportages. Stéphanie Nègre Stéphanie Nègre Danse contemporaine, hip-hop, capoeira, les styles différents ne gênent nullement les athlétiques Brésiliens. Bien au contraire, ils se les approprient et colorent, de leur joie brute d’être sur scène, certains morceaux qui pourraient virer dans l’intellectualisme. Ombres chinoises poétiques versus démonstrations de virtuosité gymnique, ils assurent. Leur costume cravate n’emprisonne pas leur extravagance, il la souligne par contraste. Le spectacle «Käfig Brasil». Photo Michel Cavalca n’est pas figé sur scène, les artistes ont le désir de communiquer avec la salle. Cette dernière, en tapant des mains, accompagne les démonstrations finales. Après Yo gee-ti avec le National Chang Kai-Shek cultural center de Tai Wan, Mourad Merzouki continue son exploration des cultures et cela, toujours avec succès. Stéphanie Nègre La danse en juin a c t u a l i t é 85 p a r i s bord de la route censée nous mener vers l'émotion et le vertige. Les intonations sont d'une justesse et d'une puissance d'impact remarquable mais la proposition tourne rapidement à la démonstration, un brin rédhibitoire dans ce domaine. chronique des concerts Un printemps haut en couleurs C'est une soirée très festive à laquelle nous convient Daniele Gatti et Alexandre Tharaud au Théâtre des Champs-Elysées. tes qui laisseraient de côté la rigueur de l'architecture. 86 Daniele Gatti Pour l'occasion, l'orchestre National de France propose une brillantissime version de Petrouchka de Stravinsky qui sonne comme un avant-goût du Sacre du Printemps. Il est vrai que l'on célèbre cette année le centenaire de la construction de cette salle ; dans les prochaines semaines se succèderont les représentations commémoratives de la partition qui souleva scandale et enthousiasme en 1913. Pour l'heure, on soulignera la vitalité étonnante avec laquelle le chef italien propulse les éléments rythmiques de la musique de Stravinsky, moins musique de ballet mais explicitement symphonique et goguenarde. L'enregistrement qui paraît chez Sony à l'occasion de ce concert donne une idée très précise de ce que Gatti obtient de son orchestre dans ces pages rayonnantes et d'une modernité sans folklore aucun. Retour aux “fondamentaux“ de la musique française du XXe siècle en seconde partie. Le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel trouve en Alexandre Tharaud un interprète de choix, élégant plus qu'impérieux et cherchant à séduire avant d'imposer des moyens ici inutiles. La Deuxième Suite de Daphnis et Chloé venait conclure la soirée ; exemplaire de tenue et de style, sans l'abandon aux suavités impressionnis- a L'autre grand événement de ce mois avait lieu l'espace d'un week-end (très chargé) à Pleyel. Le quatuor Hagen y présentait les trois premiers volets de son intégrale Beethoven. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est la première fois en trente ans de carrière que ces musiciens se lancent dans ce redoutable cycle. La présence de micros signale même un projet discographique, ce qui est de bon augure pour un des derniers monstres sacrés de l'école germanique de quatuor à cordes. L'approche résolument moderne ne refuse aucune des aspérités de la musique de Beethoven, même si l'articulation pas toujours très souple de Lukas Hagen dans l'opus 132 et l'opus 59 n°2 Razoumovski forme un décalage esthétique avec ses trois compères. La netteté des groupes de notes dans les passages rapides donne un élan très vif à cette musique de l'extrême. Les “Harpes“ et le serioso sont les moments les mieux maîtrisés et les plus homogènes de l'ensemble des quatuors entendus lors de ces trois concerts. On reste avec la Grande Fugue sur le Quatuor Hagen c t u Claudio Abbado Pour clore le dimanche, les petits plats avaient été mis dans les grands pour accueillir – toujours salle Pleyel – le Mahler Chamber Orchestra avec, à sa tête, Claudio Abbado et la pianiste Martha Argerich. Depuis 1967, le public parisien n'avait pas entendu ces deux immenses artistes dans un même concert. C'est chose faite avec un premier concerto de Beethoven, beau à tirer des larmes et qui sera à n'en pas douter dans toutes les mémoires de ceux qui l'auront entendu ce soir-là. A la richesse harmonique du piano répond un orchestre qui tutoie les sommets. Le mouvement lent semble comme suspendu dans un équilibre cristallin délicatement parcouru par le souffle de la petite harmonie. Dans le finale, Martha Argerich donne à entendre toute l'étendue de ses moyens prodigieux. La trame coloriste des phrasés donne le vertige, on est irrésistiblement transporté de bonheur. En seconde partie, la rare troisième symphonie Ecossaise de Mendelssohn. Là encore, la perfection atteint un niveau insoupçonné et l'on peine à croire qu'il s'agit là d'un ensemble principalement constitué de solistes internationaux et de chef de pupitres des plus grandes phalanges mondiales réunis pour l'occasion. Les tumultes des arrière-fonds dessinent des ciels d'orage et l'on se plaît à observer dans le legato infini des cordes le mouvement des nuages dans le ciel. C'est du très grand art et du très grand Claudio Abbado. David Verdier a l i t é p Sélection musicale de juin : Enfin le grand jour est arrivé. L'Opéra Bastille présente dans sa continuité L'Anneau du Nibelung de Wagner : le 18 juin L'Or du Rhin, La Walkyrie le 19, Siegfried le 23 juin 2013 et pour finir Le Crépuscule des dieux le 26 juin. L'Or du Rhin réunira la distribution suivante : Egils Silins (Wotan), Samuel Youn (Donner), Bernard Richter (Froh), Kim Begley (Loge), Peter Sidhom (Alberich), Wolfgang Ablingersperrhacke (Mime), Lars Woldt (Fasolt), Günther Groissböck (Fafner), Sophie Koch (Fricka), Edith Haller (Freia), Qiu Lin Zhang (Erda), Caroline Stein (Woglinde), Louise Callinan (Wellgunde) et Wiebke Lehmkuhl (Flosshilde). La Walkyrie sera interprétée par Stuart Skelton (Siegmund), Günther Groissböck (Hunding), Egils Silins (Wotan), Martina Serafin (Sieglinde), Linda Watson (Brünnhilde), Sophie Koch (Fricka), Kelly God (Gerhilde), Carola Höhn (Ortlinde), Silvia Hablowetz (Waltraute), Wiebke Lehmkuhl (Schwertleite), Barbara Morihien (Helmwige), Helene Ranada (Siegrune), Louise Callinan (Rossweisse) et Ann-Beth Solvang (Grimgerde). Pour le troisième volet, le public pourra retrouver Torsten Kerl (Siegfried), Wolfgang Ablingersperrhacke (Mime), Egils Silins (Der Wanderer), Peter Sidhom (Alberich), Kurt Rydl (Fafner), Qiu Lin Zhang (Erda), Linda Watson (Brünnhilde), Elena Tsallagova (Waldvogel). Philippe Jordan dirigera Torsten Kerl (Siegfried), Evgeny Nikitin (Gunther), Peter Sidhom (Alberich), Matti Salminen (Hagen), Linda Watson (Brünnhilde), Wiebke Lehmkuhl (Erste Norn, Flosshilde), Edith Haller (Dritte Norn, Gutrune), Sophie Koch (Zweite Norn, Waltraute), Caroline Stein (Woglinde) et Louise Callinan (Wellgunde) tous présents pour interpréter Le Crépuscule des dieux avec l'Orchestre de l'Opéra National de Paris, dans la mise en scène de Günther Krämer. Un événement à ne rater sous aucun prétexte. A la Bastille les 10 et 11 juin hommage à Verdi avec le Requiem exécuté par Philippe Jordan à la tête de son orchestre et les interprètes suivants : Kristin Lewis, Violeta Urmana, Piotr Beczala et Ildar Abdrazakov. Le Châtelet présente du 11 au 19 juin I was looking at the ceiling and then I saw the sky, musique de John Adams, livret et lyrics de June Jordan, placé sous la direction musicale du jeune chef Alexandre Briger, spectacle mis en scène par Giorgio Barberio Corsetti avec Hlengiwe Mkhwanazi (Consuelo), Joel O'Cangha (David), Janinah Burnett (Leila), John Brancy (Mike) et Wallis Giunta (Tiffany). A noter également un récital de la soprano Sumi Jo le 26 juin, dans lequel elle sera accompagnée par le pianiste Jeff Cohen (œuvres de Rossini, Debussy, Fauré, Mahler, Strauss…). Du côté de la Salle Pleyel, festival de concerts pour cette presque fin de saison : le 7 juin l'Orchestre Philharmonique de Radio France sera dirigé par Jukka-Pekka Saraste avec la soliste Barbara Hannigan. Au programme, Carmine Emanuele Cella (lauréat de l'Académie "Acanthes 2012") avec Reflets de l'ombre, pour orchestre et électronique (co-commande Radio France/Ircam, création mondiale), puis Philippe Schoeller (Songs from Esstal I, II et III pour soprano et orchestre (commande de Radio France, création mondiale), suivi par la 3ème symphonie de Wiltold Lutoslawski. Le Royal Concertgebouw Orchestra sera en concert le 8 dirigé par Gustavo Dudamel avec la mezzo-soprano Christianne Stotijn pour interpréter, du compositeur Esteban Benzecry, Colores de la Cruz del Sur), puis Neruda Songs de Peter Lieberson et enfin d'Antonin Dvorak la Symphonie n°9 dite “du Nouveau Monde“. Le 1er juin, le TCE frappe fort avec une exécution concertante de Benvenuto Cellini de Berlioz dirigée par Valery Gergiev à la tête de l'Orchestre et du Chœur du Théâtre Mariinsky chantée par Sergei Semishkur (Benvenuto Cellini), Ekaterina Semenchuk (Ascanio), Anastasia Kalagina a c t u a l a r i s (Teresa), Sergei Alexashkin (Balducci), Mikhail Petrenko (Le Pape Clément VII) et Andrei Popov (Un cabaretier). Le 8 juin place à Britten et au War Requiem dirigé par Andris Nelsons à la tête de l'Orchestre Symphonique de Birmingham, avec Kristïne Opolais, Mark Padmore et Hanno MüllerBrachmann. Opéra en concert le 14 juin avec Le Barbier de Séville de Rossini par Roger Norrington et l'Orchestre de chambre de Paris et la distribution suivante : Roberto De Candia (Figaro), Julia Lezhneva (Rosine), Yijie Shi (Almaviva), Carlo Lepore (Bartolo), Giorgio Giuseppini (Basilio) et Sophie Pondjiclis (Berta). Les 16 et 18 juin, commémoration verdienne avec le Requiem dirigée par Daniele Gatti et l'Orchestre National de France avec Barbara Frittoli, Sonia Ganassi, Fabio Sartori et Matti Salminen. Evénement musical le 20 juin, avec l'opéra Pénélope de Gabriel Fauré, interprété par Fayçal Karoui et l'Orchestre Lamoureux avec dans les rôles principaux Anna Caterina Antonacci (Pénélope), Roberto Alagna (Ulysse), Vincent Le Texier (Eumée), Edwin Crossley-Mercer (Eurymaque), Julien Behr (Antinoüs) et Sophie Pondjiclis (Cléone) ; créée à l’Opéra de Monte-Carlo en 1913, cette œuvre connaîtra la consécration lors de sa première parisienne en mai de la même année, dans le cadre de la saison d’ouverture du Théâtre des ChampsElysées conçue par son fondateur Gabriel Astruc. Le Festival de St Denis programme le 2 juin un récital de la jeune mezzo Marianne Crebassa (Mélodies françaises de Debussy, Ravel, Chausson et Poulenc) accompagnée au piano par Alphonse Cemin. Le 4, Requiem allemand de Brahms et Le Chant du destin par Karina Gauvin et Christopher Maltman avec l'Orchestre de Chambre de Paris placé sous la direction de Diego Matheuz. Le 6 concert « Les Espagnols au Pérou, Compositeurs espagnols des XVIIe & XVIIIe siècles » par l'Ensemble Elyma dirigé par Gabriel Garrido avec Claire Lefilliatre, Barbara Kusa, Marine Beelen, Alicia Berri, Maximiliano Baanos, Leandro Marziotti, Jaime Caicompai et David Hernandez. Le 18 juin Passion selon Saint-Jean de Bach interprétée par Werner Güra, Layla Claire, Damine Guillon, Emiliano Gonzalez-Toro, Konstantin Wolff et Benoît Arnould, l'Ensemble et le chœur Pygmalion dirigés par Raphaël Pichon. Le 25, Myung-Whun Chung à la tête du Philharmonique de Radio France jouera la Symphonie n°4 de Mahler et de Mozart « Et incarnatus est » par Mojca Erdmann (soprano). Vu et entendu : au TCE, superbe direction musicale du Don Giovanni mozartien par Jérémie Rhorer à la tête de son Cercle de l'Harmonie le 25 avril. Côté scène, belle (re)lecture signée Stéphane Braunschweig qui rachète son timide Idomeneo présenté il y a deux saisons. «Don Giovanni» avec Markus Werba (Don Giovanni), Miah Persson (Donna Elvira) © Vincent Pontet/Wikispectacle Ailleurs : le Théâtre du Capitole célèbre Verdi du 18 au 30 juin avec Don Carlos, dirigé par Maurizio Benini et mis en scène par Nicolas Joël. François Lesueur i t é 87 t h é â t r e ALAMBIC COMÉDIE (06.32.75.59.36) La Cantatrice chauve de Ionesco m.e.s. Alain Lahaye - jusqu’au 15 juin u Le coach de Bruno Bachot, Denis Bardiau - m.e.s. Bruno Bachot - jusqu’au 19 juin ANTOINE (01.43.38.74.62) u Operetta de et m.e.s. Jordi Purti du 13 juin au 7 juillet ARTISTIC ATHÉVAINS (rés. 01.43.56.38.32) u Je pense à Yu de Carole Fréchette - m.e.s. Jean-Claude Berutti - jusqu’au 30 juin ATELIER (loc. 01.46.06.49.24) u La Vénus au phacochère de Christian Siemon - m.e.s. Christophe Lidon - du 6 juin au 6 juillet BOUFFES PARISIENS (loc. 01.42.96.92.42) u Hier est un autre jour ! de JeanFrançois Cros, Sylvain Meyniac m.e.s. Eric Civanyan - jusqu’au 27 juillet COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) u Dénommé Gospodin de Philipp Löhle - m.e.s. Benoît Lambert - jusqu’au 15 juin COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES (01.53.23.99.19) u La folle de Chaillot de Jean Giraudoux - m.e.s. Didier Long - jusqu’au 30 juin u 88 COMÉDIE FRANÇAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) u L’école des femmes de Molière m.e.s. Jacques Lassalle - du 8 juin au 22 juillet u Poil de Carotte de Jules Renard m.e.s. Philippe Lagrue - du 11 au 26 juin au Jardin d’Acclimatation u Cyrano de Bergerac de Edmond de Rostand - m.e.s. Denis Podalydès - du 28 juin au 28 juillet u Un fil à la patte de Georges Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps - jusqu’au 9 juin u Phèdre de Racine - m.e.s. Michael Marmarinos - jusqu’au 26 juin u L’Ecole des femmes de Molière m.e.s. Jacques Lassalle - jusqu’au 22 juillet u Rituel pour une métamorphose de Saadallah Wannous - m.e.s. Sulayman Al-Bassam - jusqu’au 11 juillet VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) u Oblomov d'Ivan Alexandrovitch Gontcharov - m.e.s. Volodia Serre jusqu’au 9 juin u Amphitryon de Molière - m.e.s. Jacques Vincey - du 19 juin au 7 juill. STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98) u Cabaret Boris Vian de Boris Vian m.e.s. Serge Bagdassarian - jusqu’au 30 juin COMÉDIE RÉPUBLIQUE (01.40.29.03.02) u Le clan des divorcées de Ali Vardar - m.e.s. Enver Recepovic - jusqu’au 4 août COMÉDIE SAINT-MICHEL (loc. 01.55.42.92.97) u Escroc thérapie de et m.e.s. Maxime Thévenon - jusqu’au 30 juin DARIUS MILHAUD (rés. 01.42.01.92.96) u Être (une femme en prison : correspondances) d’après «Rosa, la vie» d’Anouk Grinberg et Laure Bernardi - m.e.s. Jean-Luc Pérignac - jusqu’au 28 juin GUICHET MONTPARNASSE (01.43.27.88.61) u Vendredi 13 de Jean-Pierre Martinez - m.e.s. Aurore Stauder jusqu’au 29 juin HEBERTOT (01.43.87.23.23) u La Conversation de Jean d’Ormesson - m.e.s. Jean Laurent Silvi - jusqu’au 14 juin u Le père de Florian Zeller - m.e.s. Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch et Isabelle Gelinas - jusqu’au 15 juin LA BRUYERE (01.48.74.76.99) u Les 39 marches de Hitchcock m.e.s. Eric Métayer - jusqu’au 29 juin LUCERNAIRE (01.45.44.57.34) u La vie de Galilée de Brecht - m.e.s. Studio des Champs-Elysées Le Porteur d’histoire Sur scène, cinq comédiens. Leur rôle : nous livrer un double héritage, à savoir un amas de livres frappés d'un étrange calice et un colossal trésor accumulé à travers les âges par une légendaire société secrète. Tout débute au fin fond des Ardennes, par une nuit pluvieuse; Martin Martin est là pour enterrer son père. Il découvre un carnet manuscrit qui l’entraînera dans une quête vertigineuse à travers l’Histoire et les continents. Quinze ans plus tard, au cœur du désert algérien, une mère et sa fille disparaissent mystérieusement... «Le Porteur d’histoire» est à la fois un roman, un film, un conte, une légende, et un feuilleton littéraire haletant à la Dumas, un récit qui tient le public en haleine; mêlant personnages célèbres et illustres inconnus, il nous invite à relire l’histoire, notre Histoire, à travers celle de Martin Martin, mais aussi celle d'Alia et de sa fille, d’Alexandre et d’Adélaïde, de Marie-Antoinette ou du Prince de Polignac. . jusqu’au 30 juin 2013 «Le portreur d’eau» © Alejandro Guerrero a Christophe Luthringer - jusqu’au 22 juin MATHURINS (rés. 01.42.65.90.00) u De GaullePétain, la confrontation de et .e.s. Alain Houpillart - jusqu’au 4 août u Dernier coup de ciseaux de Marylin Abrams, Bruce Jordan, Paul Pörtner - m.e.s. Sacha Danino, Sébastien Azzopard - du 7 juin au 7 septembre MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11) u Le bal des crapules de Luc Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 1er septembre MONTPARNASSE (01.43.22.77.74) u L'importance d'être sérieux de Oscar Wilde - m.e.s. Gilbert Désveaux - jusqu’au 30 juin ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40) u Le Misanthrope de Molière - m.e.s. Jean-François Sivadier - jusqu’au 29 juin AUX ATELIERS BERTHIER : u Cendrillon de et m.e.s. Joël Pommerat - jusqu’au 29 juin PALAIS DES GLACES (01.42.02.27.17) u J’aime beaucoup ce que vous faites de Carole Greep - m.e.s. Xavier Letourneur - jusqu’au 14 juillet PETIT HÉBERTOT (http://www.billetreduc.com/83505 /evtbook.htm?date=1) u Un fou noir au pays des blancs de et m.e.s. Pie Tshibanda - jusqu’au 30 juin ROND-POINT (01.44.95.98.21) u Le Cirque invisible de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée du 16 mai au 15 juin u L’Art du rire de et avec Jos Houben - du 17 mai au 15 juin u Ugzu de et avec Jean-Claude Leguay, Christine Murillo, Grégoire OEstermann - du 23 mai au 30 juin SPLENDID SAINT MARTIN (01.42.08.00.32) u Le tour du monde en 80 jours jusqu’au 31 août STUDIO DES CHAMPS-ÉLYSÉES (01.53.23.99.19) u Le Porteur d’histoire de et m.e.s. Alexis Michalik - jusqu’au 30 juin c t u a l i t é b e a u x - a r t s Jeu de Paume Ahlam Shibli «Phantom Home» En continuité avec sa politique de programmation, le Jeu de Paume propose une nouvelle exposition de photographie documentaire qui offre à voir le travail d’Ahlam Shibli (née en 1970 en Palestine). Son œuvre est constituée de récits interrompus, de fragments, d’ellipses, qui obstruent le regard du spectateur et l’obligent à renégocier la relation entre l’image et son référent, en d’autres termes, entre l’esthétique et la politique. Cette première exposition à Paris d’Ahlam Shibli présente une sélection d’œuvres réalisées en Europe ou au Moyen-Orient depuis 2004. Ses images sont ancrées dans l’actualité, non dans l’urgence d’un témoignage, mais dans la nécessité de réinventer une distance critique avec la transformation profonde du regard subjectif. Par exemple, la série «Trackers» (2005) montre les Palestiniens d’origine bédouine qui ont servi, ou servent encore, comme volontaires dans l’armée israélienne. Ce travail est une recherche sur le prix qu’une minorité est obligée de payer à une majorité, pour être acceptée ou pour survivre, ou peut-être tout à la fois. La série «Dom Dziecka» (2008) a été réalisée dans onze orphelinats polonais (dom dziecka, en polonais) où sont dévoilées les conditions de vie d’enfants qui grandissent non pas au sein d’une famille mais dans un centre d’accueil. La cellule familiale classique fait place ici à une société d’enfants où les relations familiales habituelles sont à la fois remplacées et déplacées pour former un corps social nouveau et spécifique. Ahlam Shibli, Sans titre (Dom Dziecka no. 4). Dom Dziecka, The house starves when you are away, Pologne, 2008 Tirage gélatino-argentique, 57.7 x 38 cm. Courtesy de l’artiste, © Ahlam Shibli Bibliothèque Nationale l GUY DEBORD. UN ART DE LA GUERRE – jusqu’au 13 juillet, site Mitterand Centre Pompidou l MIKE KELLEY – jusqu’au 5 août l ALBERT SERRA – jusqu’au 26 oct. Cité de l’Architecture l DESIGN ET ARCHITECTURE, MARCEL BREUER (1902-1981) – jusqu’au 17 juillet Cité des Sciences l LÉONARD DE VINCI. Projets, dessins, machines – jusqu’au 18 août Fondation Cartier l RON MUECK – jusqu’au 29 sept. Galerie d’Ateliers d’Art l IMPRESSIONS PHOTO – jusqu’au 30 juin Galerie des Gobelins l ELOGE DE LA NATURE, XVIe - XXIe siècles – jusqu’à janvier Grand Palais l DYNAMO, UN SIÈCLE DE LUMIÈRE ET DE MOUVEMENT DANS L’ART 19132013 – jusqu’au 22 juillet Jeu de Paume l LORNA SIMPSON – jusqu’au 1er septembre l AHLAM SHIBLI. PHANTOM HOME – jusqu’au 1er septembre a g . jusqu’au 1er septembre 2013 La Maison Rouge l MY JOBURG – du 20 juin au 22 septembre. Le Centquatre l KEITH HARING (1958–1990) / The Political Line - Grands formats – jusqu’au 18 août Maison de la Photographie l CLAUDE LÉVÊQUE / PHILIPPE FAVIER / ANDRÉ MORAIN / GUSTAVO SPERIDIAO / ATSUNOBU KOHIRA – jusqu’au 16 juin Musée des arts décoratifs l TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15 nov. Musée d’art du judaïsme l LA VALISE MEXICAINE - Capa, Taro, Chim. Négatifs de la Guerre d’Espagne – jusqu’au 30 juin. Musée d’art moderne l KEITH HARING (1958–1990) / The Political Line – jusqu’au 18 août Musée Carnavalet l GEORG EMANUEL OPIZ, aquarelles et gravures – jusqu’au 26 juin. Musée Cernuschi l L’ECOLE DE SHANGHAI (1840-1920) – jusqu’au 30 juin Musée Cognacq-Jay l SOUVENIRS DU XVIIIE SIÈCLE. Les nostalgies de Jules Dalou, sculpteur de la IIIe République – jus- e n qu’au 13 juillet Musée Dapper l DESIGN EN AFRIQUE – jusqu’au 14 juillet Musée Guimet l TRÉSORS DE LA CHINE ANCIENNE Bronzes rituels de la collection Meiyintang – jusqu’au 10 juin Musée de la Grenouillère Croissy-sur-Seine l MONET ET RENOIR CÔTE À CÔTE – jusqu’au 30 juin. Musée Jacquemart-André l EUGÈNE BOUDIN AU FIL DE SES VOYAGES – jusqu’au 22 juillet Musée du Louvre l GIOTTO ET COMPAGNIE – jusqu’au 15 juillet l L’ART DU CONTOUR. Le dessin dans l’Égypte ancienne – jusqu’au 22 juillet l DE L’ALLEMAGNE, 1800-1929. De Friedrich à Beckmann – jusqu’au 24 juin Musée du Luxembourg l MARC CHAGALL, ENTRE GUERRE ET PAIX – jusqu’au 21 juillet Musée Maillol l MURANO. Chefs-d'œuvre de verre, de la Renaissance au XXIe siècle – jusqu’au 28 juillet d a Musée Marmottan-Monet l MARIE LAURENCIN – jusqu’au 30 juin Musée de l’Orangerie l LES MACCHIAIOLI 1850-1877. Des impressionnistes italiens ? – jusqu’au 22 juillet Musée d’Orsay l FÉLICIE DE FAUVEAU. L'AMAZONE DE LA SCULPTURE – du 11 juin au 15 septembre l L'ANGE DU BIZARRE. LE ROMANTISME NOIR DE FÜSSLI À MAX ERNST – jusqu’au 9 juin l LA COLLECTION SPENCER ET MARLENE HAYS. Une passion française – jusqu’au 30 juin Petit Palais l JULES DALOU (1838-1902), LE SCULPTEUR DE LA RÉPUBLIQUE – jusqu’au 13 juillet l LES IMPRESSIONNISTES SLOVÈNES ET LEUR TEMPS (1890-1920) – jusqu’au 13 juillet l FÉLIX ZIEM "J'AI RÊVÉ LE BEAU" – jusqu’au 4 août Pinacothèque l L’ART NOUVEAU, LA RÉVOLUTION DÉCORATIVE – jusqu’au 8 sept. l TAMARA DE LEMPICKA, la reine de l’Art déco – jusqu’au 8 sept. 89 m é m e n t o GENEVE concerts 90 u Dimanche 2.6. : L’ESPRIT SLAVE. Quatuor à cordes de Contrechamps & Robert Koller, baryton, Thierry Debons, percussion (Schnittke, Kurtág). Foyer du Grand Théâtre de Genève à 11h (billetterie ouverte 45 min. avant le concert / ou : www.contrechamps.ch/reserver) u Dimanche 2.6. : ORCHESTRE DE L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE & AMAMUSIQUE, dir. Sébastien Brugière. MIKHAIL SPOROV (2e prix du concours de Genève 2012) piano (Lyadov, Rachmaninoff, Tchaïkovski). Victoria Hall à 17h (loc. Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) u Dimanche 2.6. : ENSEMBLE INSTRUMENTAL ROMAND, dir. Eric Bauer. JEAN-PIERRE-BERRY & ISABELLE BOURGEOIS, cornistes (Mendelssohn, Haydn et Mozart). Salle Frank-Martin à 17h u Dimanche 2.6. : Amarcordes. ENSEMBLE FRATRES (Brahms). Château de Dardagny 18h (réservation sur http://www.amarcordes.ch/) u 3.6. : Série Grands Classiques. OSR, dir. Neeme Järvi, ALEXANDER GAVRYLYUK, piano (Rachmaninoff). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 6.6. : Concert STABAT MATER / DVORAK. Dir. G. Martinez. Carine Séchaye, mezzo. Eligse de Compesières. u 9.6. : ENSEMBLE VOCAL DE NEUCHÂTEL, LA PSALLETTE DE GENÈVE & ENSEMBLE SYMPHONIQUE DE NEUCHÂTEL, dir. Steve Dunn. BRIGITTE HOOL, soprano (Requiem de Karl Jenkins et Berliner Messe d'Arvo Pärt). Victoria Hall à 17h (loc. Ville de Genève. 0800 418 418) u 10.6. : GLI ANGELI GENÈVE, dir. Stephan MacLeod (JS Bach, Cantates BWV 10, 93, 135). Temple St.Gervais à 20h u 11.6. : Orchestre de chambre «LES SOLISTES DE MOSCOU», dir. et alto YURI BASHMET (Schubert, St.Saens) Konstantin Khabensky, récitant, Ksenia Bashmet, piano, Ivan Roudine, piano. Victoria Hall à 20h (loc. Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) u 12.6. : Concerts de soirée. L’OCG, dir. Christian Benda, Francesca Dego, violon, Orchestra Filarmonica di Torino (Schubert, Mendelssohn, Campogrande, Beethoven). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] (lun-ven 9h30–12h/ 14h30–16h), www.ticketportal.com) u 15.6. : ORCHESTRE AD HOC, LIEDERKRANZ-CONCORDIA – Genève & Société de chant L’AVENIR DE SAINTBLAISE, dir. Stanislava Nankova et Veneziela Naydenova. Avec Danaila Dimitrova, soprano, Graziela Temple de Saint-Gervais Gli Angeli Genève L’ensemble Gli Angeli Genève poursuit sa présentation de l’Intégrale des Cantates du maître de Leipzig, et offrira en concert, en juin, les Cantates BWV 10 “Meine Seel erhebt der Herren“, BWV 93 “Wer nur den lieben Gott Lässt walten“ et BWV 135 “Ach Herr, mich armen Sünder“ de Bach avec, en complément, la “Passacaille pour violon seul“ de Henrich Ignaz Franz Biber et la “Chaconne de la 2e Partita pour violon seul“ de Johann Sebastian Bach. Parmi les intervenants, signalons la présence de la soprano Aleksandra Lewandowska, du ténor Valerio Contaldo, de l’alto Alex Potter, ainsi que de la violoniste Leila Schayegh et, bien entendu, de la basse Stephan MacLeod qui officie également comme directeur musical de l’ensemble. . lundi 10 juin à 20h Stephan MacLeod Valcheva, mezzo, Alexander Kröner, ténor, Seok-gill Choi, basse (Verdi). Victoria Hall à 20h u 16.6. : Intégrale des concertos pour piano de Mozart. MOZART VIII, L’OCG, dir. et piano David Greilsammer (Concertos n°16 / k.451, n°13 / k.415, n°26 / k.537). BFM à 17h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] (lun-ven 9h30–12h/14h30–16h) ou www.ticketportal.com) Victoria Hall Victoria Hall Les Solistes de Moscou Seiji Ozawa La Seiji Ozawa International Academy Switzerland ouvrira les feux du festival “Musiques en été“ de la ville de Genève par un concert qui aura lieu au Victoria Hall et sera consacré à des Mouvements de quatuors à cordes. La direction sera assurée par le maître luimême, Seiji Ozawa, ou par le chef d’orchestre Kasuki Yamada. . le 30 juin à 20h Seiji Ozawa Billetterie : dès le 3 juin 2013 - Maison des arts du Grütli, rue du Général-Dufour, 14 - Espace ville de Genève, 1, Pont de la Machine - Genève Tourisme, 18, rue du Mont-Blanc - Cité Seniors, 28, rue Amat : L’altiste Yuri Bashmet sera à la tête de l’Orchestre de chambre Les Solistes de Moscou pour un concert genevois, dont le programme réunira Franz Schubert, «La jeune fille et la mort» dans un arrangement pour orchestre à cordes de Gustav Mahler, des scènes de «Caligula» d’Albert Camus, avec, en récitants, Catherine Deneuve et Konstantin Khabensky, la sonate «Arpeggione», servie par Yuri Bashmet lui-même, et «Le Carnaval des animaux» de Camille Saint-Saëns, avec, au piano, Ksenia Bashmet et Ivan Roudine et, à nouveau en récitant, Konstantin Khabensky. . le 11 juin à 20h Yuri Bashmet © Kasskara Location : - Maison des arts du Grütli, rue du Général-Dufour, 14 - Espace ville de Genève, 1, Pont de la Machine - Genève Tourisme, 18, rue du Mont-Blanc - Cité Seniors, 28, rue Amat : m u 30.6. : SEIJI OZAWA INTERNATIONAL ACADEMY SWITZERLAND, dir. Seiji Ozawa ou Kasuki Yamada (mouvements de quatuors à cordes). Victoria Hall à 20h (billetterie : ville de Genève) é m e Vidy-Lausanne An Old Monk La salle Charles Apothéloz accueille en juin un spectacle de Josse De Pauw et Kris Defoort, créé en néerlandais au KC De Werf à Bruges le 7 théâtre u Jusqu’au 2.6. : MANGERONT-ILS ? de Victor Hugo, m.e.s. Laurent Pelly. Première en Suisse. Théâtre de Carouge, Salle François-Simon, sam à 19h, dim à 17h (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u Jusqu’au 2.6. : LEGENDS de et avec Phil Hayes Maria Jerez et Thomas Kasebacher. Théâtre de l’Usine à 20h30 (rés. 022/328.08.18 ou www.darksite.ch/theatreusine/) u Jusqu’au 2.6. : LE RAPPORT LANGHOFF de Matthias Langhoff, m.e.s. Marie-José Malis. La Comédie de Genève, sam 19h, dim 17h (Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected]) u Jusqu’au 9.6. : LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES d’Octave Mirbeau, m.e.s. Raoul Pastor, Création. Théâtre des Amis, Carouge, marmer-ven à 20h, jeu-sam à 19h, dim à 18h (rens. 022/342.28.74) u Jusqu’au 9.6. : ALLEZ… SALUT ! de Miguel Fernandez-V. Théâtre en Cavale à Pitoëff, mer-sam à 19h, jeuven à 20h30, dim à 17h, relâche lunmar (rés. 079/759.94.28 / www.cavale.ch - loc. Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) u Jusqu’au 9.6. : ALBAHACA de et m.e.s. Michele Millner. Reprise. Théâtre de La Parfumerie à 20h (loc. 022 341 21 21) u Jusqu’au 16.6. : MISEREZ INVITE CUCHE ET BARBEZAT. Une explosion d’humour. Avec Benjamin Cuche, Jean-Luc Barbezat et Pierre Miserez. Théâtre du Crève-Cœur, Cologny (rés. 022/786.86.00) u Jusqu’au 16.6. : RING de Eleonore Confino, m.e.s. Sarah Marcuse. Théâtre Alchimic, mar-jeu-ven à 20h30; mer-sam-dim à 19h, relâche lun (rés. 022/301.68.38 / [email protected] - loc. Service culturel Migros) u Du 4 au 8.6. : LES FONDATEURS 4 (titre de travail) de Julien Basler et Zoé Cadotsch. Théâtre de l’Usine à 20h30 (rés. 022/328.08.18 ou www.darksite.ch/theatreusine/) u Du 4 au 15.6. : LE RAVISSEMENT D’ADÈLE de Rémi De Vos, m.e.s. Geneviève Pasquier. Le Grütli, Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam a g n t o Jurowski, m.e.s. Jossi Wieler et Sergio Morabito. Grand Théâtre de Genève à 19h30, le 16 à 15h (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) divers u Du 12.6. au 6.7. : C’EST DÉJÀ DEMAIN.3, quinzaine découvertes. Jeunes comédiens / jeunes compagnies. Théâtre du Loup (rés. 022/301.31.00) - 12 juin à 19h et 13 juin à 20h : LA LOI D’INTERACTION DES POINTS ISOLÉS DANS UN CHAMP DE RENCONTRES DÉFINI OU L’HISTOIRE DE LA GIRAFE QUI FAIT (TROP) PEUR. Compagnie Zooscope - 19 juin à 20h et 20 juin à 19h : UNE HISTOIRE OU CHRISTIAN CRAIN. «An Old Monk» © Kurt Van der Elst novembre 2012, et dont la création en français aura lieu au Théâtre VidyLausanne le 12 juin prochain. Ce concert dramatique parle du vieillissement et du désir : quelques pas de danse, quelques notes de musique, comme un clin d’œil à la vie. Josse De Pauw est un acteur hors pair, initiateur de projets qui ont marqué durablement les scènes flamandes et francophones, et Kris Defoort est un interprète et compositeur de haut vol. Ces deux «monstres» dans leurs domaines respectifs avaient envie de se rejoindre autour d’un projet. C’est chose faite avec ce «vieux moine». L’un écrit et interprète le texte. L’autre se charge de la musique, qu’il joue en trio. . Du 12 juin au 22 juin 2013 Réservations en ligne : http://www.vidy.ch/an-old-monk à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) u Du 11 au 15.6. : UN ARABE DANS MON MIROIr de et m.e.s. Philippe Vincent. Théâtre Saint-Gervais, Salle Marieluise Fleisser, 2ème sous-sol - grande salle, mar-jeusam à 19h, mer-ven à 20h30 (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Du 11 au 22.6. : LES 81 MINUTES DE MADEMOISELLE A de Lothar Trolle, m.e.s. Julien Schmutz, par la Cie Le Magnifique Théâtre. Le Grütli, Petite Salle (2ème étage), à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) u 19 et 20.6. : UNE HISTOIRE OU CHRISTIAN CRAIN, de Antoinette Rychner et Jeanne Föhn, m.e.s. Ludovic Chazaud, Cie Jeanne Föhn. Théâtre du Loup (Rés. 022/301.31.00) u Du 25 au 29.6. : LE TEMPS ET LA CHAMBRE de Botho Strauss, Spectacle de fin d'année de l'Ecole de théâtre Serge Martin. Théâtre Alchimic, marjeu-ven à 20h30; mer-sam-dim à 19h, relâche lun (rés. 022/301.68.38 / e n [email protected] - loc. Service culturel Migros) danse u Du 5 au 7.6. : NOT MY PIECE de Martin Schick. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) u Du 5 au 9.6. : FESTIVAL DANSEHABILE. Festival international d’arts inclusifs (impliquant la participation d’artistes avec et sans handicap). Théâtre du Loup (rés. 022/301.31.00) opéra u 2 et 4.6. : RIGOLETTO, de Verdi par le Théâtre Bienne-Soleure. Salle des Fêtes du Lignon à 20h, dim à 15h (www.vernier.ch/billetterie, ou Stand Info Balexert) u 9.6. : BARBARA FRITTOLI, soprano. Grand Théâtre de Genève à 19h30 (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u 13, 16, 19, 21, 24, 27.6. : RUSALKA de Dvorák. OSR, dir. Dmitri d a Compagnie Jeanne Foehn - 5 juillet à 20h et 6 juillet à 19h : SPECTACLE DE SORTIE de la HETSR – La Manufacture. Dirigé par Árpád Schilling LAUSANNE concerts u 2.6. : ORCHESTRE SYMPHONIQUE UNIVERSITAIRE DE LAUSANNE, dir. Aurélien Azan-Zielinski. Soliste : Elsa Dorbath, prix de l’OSUL (Debussy, Saint-Saëns, Bartok). La Grange de Dorigny, à 17h (loc. 021 311 38 68) u Du 6 au 8.6. : CHANTS PREMIERS, avec les olistes de l’HEMU. Théâtre 2.21 à 21h (rés. Billetnet) u 23.6. : Les Concerts du dimanche. O.C.L., dir. Domingo Hindoyan, PIOTR KAJDASZ, violon (Mendelssohn-Bartholdy, Beethoven). Salle Métropole à 11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) FESTIVAL CULLY CLASSIQUE 10e édition : 21 – 30 juin 2013 u 21.6. : GRIGORY SOKOLOV, piano (Schubert, Beethoven). Temple à 19h30 / TARAF DE HAÏDOUKS. La Géode à 22h u 22.6. : SARAH LAVAUD, piano (Janáček, Beethoven, Schumann). Temple à 11h / EDOARDO ZOSI, violon & PLAMENA MANGOVA, piano. Steinway Lounge à 16h / ALEXADRE KNIASEV, violoncelle & PLAMENA MANGOVA, piano (Chopin, Chostakovich) / “Klezmer en fête” MENTSCH (France). La Géode à 22h u 23.6. : LES MINISTRINGS. Salle Davel 91 m 92 é m à 11h / BETTINA GFELLER, soprano & GÉRARD WYSS, piano (Mahler, Debussy, Strauss). Steinway Lounge à 16h / QUATUOR TERPSYCORDES, PLAMENA MANGOVA, piano, CÉDRIC TIBERGHIEN, piano, FINGHIN COLLINS, piano (Ligeti, Gubaidulina, Chostakovich, Brahms). Temple à 18h u 25.6. : NIKOLAÏ LUGANSKY, piano (Chopin, Schubert, Rachmaninoff). Temple à 20h u 26.6. : JULIUS DRAKE et HELMUT DEUTSCH, piano (Schumann, Hough, Brahms, Huber). Salle Davel à 19h30 u 27.6. : ANDREI KOROBEINIKOV, piano (Prokofiev, Brahms). Salle Davel à 19h30 / MUZSIKÁS “Danses Hongroises“. La Géode à 22h u 28.6. : PATRICIA KOPATCHINSKAJA, violon & POLINA LESCHENKO, piano (Bartók, Schnittke, Ravel, Enescu). Temple à 19h30 / GIORA FEIDMANN & GITANES BLONDES. La Géode à 22h u 29.6. : JULIETTE GRANIER CALVA, piano (Rachmaninoff, Scriabine, Prokofiev. Temple à 11h / HENRI DEMARQUETTE, violoncelle & RÉMI GENIET, piano (Haydn, Bartók, Prokofiev). Steinway Lounge à 16h / NATALIA PRISCHIPENKO, violon & CÉDRIC PESCIA, piano (Kelterborn, Chostakovitch). Temple à 19h30 u 30.6. : SYLVAIN VIREDAZ, piano & CÉDRIC PESCIA, piano (Haydn, Ravel, Liszt, Schubert). Steinway Lounge à 16h / ANDREI KOROBEINIKOV, piano, HENRI DEMARQUETTE, violoncelle, CÉDRIC PESCIA, piano, CAROLINE MELZER, soprano, MURIEL CANTOREGGI, violon, GÉRARD WYSS. Temple à 18h théâtre u Jusqu’au 2.6. : LE PETIT-MAITRE CORRIGE de Marivaux. Adaptation et m.e.s. Jose Lillo. Chapiteau Vidy-L, sam à 20h30, dim à 17h (loc. 021/619.45.45) u Jusqu’au 2.6. : LA CHEVAUCHÉE SUR LE LAC DE CONSTANCE de Peter Handke par le Théâtre du projecteur, m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz. Pulloff Théâtres (réservation : 021/311.44.22) u Jusqu’au 2.6. : LES ENFANTS DU SOLEIL d’apres Maxime Gorki. Adaptation et m.e.s. Mikael Serre. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, sam à 19h, dim à 17h30 (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) u Du 4 au 9.6. : UNE HISTOIRE OU CHRISTIAN CRAIN, de Antoinette Rychner et Jeanne Föhn, m.e.s. e n t Ludovic Chazaud, Cie Jeanne Föhn, création, coprod. avec L’Arsenic. Théâtre 2.21. , ma, ve 20h30 / me, je, sa 19h / di 18h (021/625.11.36, [email protected] / ) u Du 5 au 12.6. : LA NUIT REMUE, de Henri Michaux, par le Théâtre spirale, m.e.s. Patrick Mohr. Pulloff Théâtre, ma/je/sa à 19h; me/ve à 20h30; di à 18h (loc. 021/311.44.22) u Du 5 au 23.6. : FACE NORD par la Compagnie Un loup pour l’homme. m.e.s. Un loup pour l’homme et Pierre Deaux. Chapiteau extérieur u Du 7 au 23.6. : LE CRI QUOTIDIEN par la Compagnie Les Anges au plafond, mise en pli de Brice Berthoud. VidyLausanne, La Passerelle, mar-sam à 20h, dim à 18h, relâche lun (loc. 021/619.45.45) u 11 et 12.6. : MYSTERY MAGNET, conception et me.s. Miet Warlop. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) u Du 12 au 22.6. : AN OLD MONK de Josse De Pauw et Kris Defoort. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à 17h30 (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) u 14 et 15.6. : &, conception, réalisation et interprétation Antoine Defoort et Halory Goerger. L’Arsenic, ma-je-sa 19h; me-ve 20h30; di 18h (021/625.11.36 / [email protected]) u 15 et 16.6. : LES GNAMS de Tamaé o Gennai et Raphaël Maurice, Compagnie Tamiero. Le petit théâtre, à 14h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch/public/billetterie) opéra u mardi 11.6. : Midi-récitals Artistes des «Nozze di Figaro». ALEX ESPOSITO, DANIEL GOLOSSOV, RICCARDO NOVARO, CARMELA REMIGIO, ANNALISA STROPPA, BÉNÉDICTE TAURAN. Salle de l'Opéra de Lausanne à 12h15 (billets sur place). u 7, 9, 11, 12, 14, 16.6. : LE NOZZE DI FIGARO de Mozart, dir. Theodor Guschlbauer, Orchestre de Chambre de Lausanne, m.e.s. Marco Arturo Marelli danse u Jusqu’au 2.6. : IFEEL2, chor. Marco Berettini, Mekl Prod., création. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) divers u 14, 15 et 16.6. : Lausanne Estivale. LOUISE M, création, par les arTpenteurs, m.e.s. Thierry Crozat. Place de Milan, ven-sam à 20h30, dim à 18h. Entrée libre Salle Equilibre, Fribourg Festival International du Lied La 7ème édition du Festival du Lied aura lieu début juin, et les concerts seront donnés dans la salle Equilibre, alors que la séance de cinéma prévue, soit la projection du film «Conversations à Rechlin» de François Dupeyron, aura lieu au cinéma Rex. Parmi les artistes invités cette année, beaucoup de beau monde : Thomas Quasthoff, Bernarda Fink, Marie-Claude Chappuis ou Alexandrina Pendatchanska. Quant à la programmation, elle affiche des œuvres de Brahms, Beethoven, Tomasek ou Piazzolla, et même des chants kabyles interprétés par la gracieuse Amel Brahim-Djelloul La soprano Amel Brahim-Djelloul © Ashraf Kessaissia . Du 1er au 9 juin Réservations : 026 350 11 00 a g e n AILLEURS annecy BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) u Jusqu’au 2.6. : MORSURE, Cie Rasposo, Cirque u 19 et 20.6. : GAVALO KANIBAL par Makadam Kanibal, Cirque u 22 et 23.6. : LA SERRE par Didier André et Jean-Paul Lefeuvre u 22 et 23.6. : LE PIANOCOKTAIL par Géraldine Schenkel u 22.6. : VARIATIONS SUR LA FLAMME par la Compagnie La Salamandre u 22 et 23.6. : LE RAD par la compagnie 2 rien Merci u 22 et 23.6. : CINÉ FORAIN par la compagnie 2 rien Merci u 22 et 23.6. : LE ZAGOIL par Les Pilleurs d’épaves u 22 et 23.6. : CIRQUE DES CURIOSITÉS par Makadam Kanibal u 22 et 23.6. : MÉCANIQUE QUANTIQUE par le Collectif le Mur de la Mort u 22 et 23.6. : A BAS BRUIT de et m.e.s. Mathurin Bolze u Du 19 au 23.6. : MATAMORE, Cirque Trottola et Petit Théâtre Baraque annemasse RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) u 1er et 2.6. : BIRDWATCHING 4 X 4 Benjamin Vandewalle u 1.6. : DE L’AUTRE CÔTÉ. Compagnie Malka & FANFARE BALK-LÉMANIQUE & LA LEÇON DU MONTREUR, Cie Le Montreur & LA VIEILLE ET SON PIANISTE, Le Boustrophédon u 1.6. : concert de danse déconcertant avec LES BLÉROTS DE R.A.V.E.L, et CIE VILCANOTA, L’HOMME D’HABITUDE u 1.6. : LE BAL. Cie Toujours après minuit, chor. Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth u 1er et 2.6. : SILENCE ENCOMBRANT, Cie Kumulus u 1er et 2.6. : SILENCE… ON RÊVE. Cie Fred Bendongué. chor. Fred Bendongué u 2.6. : BANC PUBLIC. Cie Virevolt, concept. Aurélie et Martin Cuvelier & EL COMO QUIERES. Cie Toujours après minuit, Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth u 14.6. : THE MONBERRY MOON ORCHESTRA / JACKSON WAHENGO GROUP / THE BLACK WIDOW'S PROJECT. d a m Théâtre du Jorat, Mézières Le jeu de l’amour et du hasard é m e JUNGO, violon, VALENTINE RUFFIEUX, alto, JUSTINE PELNENA CHOLLET, violoncelle (Brahms, Satie, Bizet, Chausson) u dimanche 9.6., 17h : ALEX PENDA, soprano (Alexandrina Pendatchanska), SEMJON SKIGIN, Piano (Glinka, Rachmaninoff, Fauré, Ravel, Pipkov, Hadjiev) la chaux-fds u Du 7 au 23.6. : ÇA S'EN VA ET ÇA REVIENT de Pierre Cabanis, m.e.s. Christophe Bugnon, par la Cie Pas sages à l'acte. Zap Théâtre à 20h30, dim 16 à 17h30, dim 23 à 10h30 (loc. Kiosque Simone Favre 032.931.32.66) u 8.6. : Ensemble vocal féminin «Le jeu de l’amour et du hasard» © Enguérand La Comédie-Française fait à nouveau escale au Théâtre du Jorat pour deux représentations du «Jeu de l’amour et du hasard», après «Bérénice», de Racine (en 2011) et «Le Mariage», de Gogol (2012). Cette pièce de Marivaux a été créée en 2011 et mise en scène par le Bulgare Galin Stoev, basé à Bruxelles. Une merveille de finesse, où les sentiments sont mis à l’épreuve de la sincérité. Au début de cette comédie en trois actes, nous trouvoms Silvia qui, promise à Dorante, obtient de son père de faire la connaissance de son prétendant sous le masque de sa servante Lisette, qui jouera le rôle de sa maîtresse ; lorsque Dorante se présente à son tour dans l’habit de son valet Arlequin, qui endosse les vêtements de son maître, les couples réassortis sont pris à leur propre piège, sous le regard amusé et éclairé du père bienveillant. Face à ce jeu de hasard où les troubles bousculent les convenances, les protagonistes répondent en faussant la donne et jouent la comédie jusqu’à se perdre. Une transgression vertigineuse et jubilatoire des règles sociales, selon Galin Stoev, qui fait le bonheur des acteurs et des spectateurs depuis 1730 ! n mézières THÉÂTRE DU JORAT à 20h (rés. : www.theatredujorat.ch/) u 1er et 2.6. : BRONX de Chazz Palminteri, m.e.s. Steve Suissa, avec Francis Huster. u 6 et 7.6. : HAÏM, de et m.e.s. Gérald Garutti. Spectacle théâtral et musical avec Natacha Régnier. u 15 et 1.6. : LE ROI DAVID, de Arthur Honegger et René Morax. Choeur Pro Arte, dir. Pascal Mayer. Avec Charlotte Muller, soprano; Simone Saint-Claude Festival de Musique du Haut-Jura La musique ancienne sera à nouveau à l’honneur en juin sur les chemins buissonniers du Haut-Jura, entre France et Suisse. Riche programmation pour cette édition qui verra intervenir 122 artistes de renommée internationale pour 12 concerts de prestige. Parmi les têtes d’affiche, Paul Agnew, Fabio Biondi, Amandine Beyer ou Pierre Hantaï. A noter que le jeune public n’est pas oublié, puisque la 2e édition du festival qui lui est dédiée poursuit sa mission de sensibilisation... Jetons un coup d’œil sur quelques points forts de ce festival dont la notoriété et le succès en font une manifestation emblématique : - le samedi 8 juin au Brassus, Paul Agnew dirigera Les Arts Florissants dans le cycle intégral des madrigaux, livre 5. Billetterie en ligne : http://www.theatredujorat.ch/ divonne ESPLANADE DU LAC (loc. Fnac ou tél. 021/962.21.19) u 8.6. à 20h30 : AUTOUR DU VIOLON. Avec Patrice Fontanarosa, violoniste; Richard Galliano, accordéoniste/bandonéoniste. Bernard Soustrot, trompettiste; Gilles Greggio, violoniste. fribourg u 14.6. : LE CLAN DES DIVORCÉES, de Alil Vardar. Salle Equilibre à 20h (loc. 026/350.11.00 Fribourg Tourisme ) FESTIVAL DU LIED Salle Equilibre (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00, ou www.fnac.ch) u samedi 1.6., 20h : Concert d’ouverture. FLORIAN BOESCH, baryton, a g e n o CALLIOPE (Lotti, Berlioz & chants grégoriens). Temple St-Jean à 20h u 15.6. : LE CLAN DES DIVORCÉES, de Alil Vardar. Arc en Scènes - TPR à 20h15 (loc. 032/ 967.60.50) . les jeudi 20 et vendredi 21 juin 2013 à 20h THOMAS QUASTHOFF, récitant. JUSTUS ZEYEN, piano (Brahms, die Schöne Magelone) u dimanche 2.6., 17h : MICHAEL SCHADE, ténor & JUSTUS ZEYEN, piano (Beethoven, Weber, Tomasek, Schubert) u lundi 3.6., cinéma Rex, 20h30 : CONVERSATIONS À RECHLIN, film de François Dupeyron u mercredi 5.6., 20h : BERNARDA FINK, mezzo-soprano, MARCOS FINK, baryton-basse & ANTHONY SPIRI, piano (Brahms, Schumann, Schubert, Guastavino, Piazzolla, Buchardo) u vendredi 7.6., 20h : AMEL BRAHIMDJELLOUL, soprano, NICOLAS JOUVE, piano & MOHAMED MAAKNI, guitare (Canteloube, Collet, Hahn, Ravel, Guridi, Respighi, Chants kabyles) u samedi 8.6., 20h : MARIE-CLAUDE CHAPPUIS, mezzo-soprano, SERGIO CIOMEI, piano, STEFAN MUHMENTHALER, violon, GABRIELLA t Le ténor et chef d’orchestre Paul Agnew © Denis Rouvre - le vendredi 14 juin à Saint-Claude, l’Ensemble de Caelis dirigé par Laurence Brisset offrira un programme intitulé «Les Prophéties des Sibylles» - le samedi 15 juin à Saint-Lupicin, place à Europa Galante et à son directeur Fabio Biondi, dans un programme Telemann, Corelli et Geminiani. - le vendredi 21 juin à Molinges, Amandine Beyer sera à la tête de Gli Incogniti qui interpréteront Vivaldi. . Du 6 au 23 juin 2013 Réservations : OFFICE DU TOURISME SAINT-CLAUDE, - B.P. 94 - 1 avenue de Belfort, 39203 Saint-Claude Cedex Tél. : 03 84 41 02 02 / Fax : 03 84 41 02 72 / [email protected] Réservations, hébergement et place de concert: JURA TOURISM - N° Indigo : 0 820 39 39 00, [email protected] Réservations pour la Suisse : OFFICE DE TOURISME LE SENTIER - Tél. 00 41 21 845 17 77 d a 93 m é m Chevalley, alto; Jonathan Spicher, ténor; Véronique Mermoud, Pythonisse; Eörs Kisfaludy, récitant. u 20 et 21.6. : LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD, de Marivaux, par la Comédie-Française, m.e.s. Galin Stoev. monthey THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30 (loc. 024/471.62.67) u 15.6. : DOPO LA BATTAGLIA de et m.e.s. Pippo Delbono morges FESTIVAL SOUS RIRE du 7 au 15 juin (loc. 021/804.97.16 et 804.15.90 ou Fnac) Théâtre de Beausobre u 7.6. à 19h : ERIC ANTOINE. u 7.6. à 21h30 : MICHAEL GREGORIO u 7.6. à 20h : CES SUISSES QUI FONT e n t Salle du Stand, Moutier Giulio Cesare in Egitto La Compagnie Opera Obliqua organise en juin quelques représentations du “dramma per musica“ en trois actes de Georg Friedrich Händel, sans aucun doute le plus célèbre et le plus emblématique des opéras italiens du compositeur, créé alors que celui-ci vivait à Londres, et également l’un des plus souvent représentés. A Moutier, la direction musicale sera assurée par Facundo Agudin, et la mise en scène par Bruno Ravella, avec des costumes d’Ana Spinelli. Dans le rôle-titre, on entendra Lisandro Abadie, alors que Raffaella Milanesi sera Cleopatra, Mélodie Ruvio incarnera Cornelia, et le rôle de Sesto sera tenu par la Genevoise Carine Séchaye. Les auters intervenants seronts : Violetta Radomirska (Tolomeo), Alejandro Meerapfel (Achilla), Léonie Renaud (Nireno) et Daniel Issa (Curio). 94 Raffaella Milanesi © DR . les 26, 27, 28, 29 juin 2013 Billetterie en ligne : http://www.standete.ch/billetterie.html RIRE u 9.6. à 19h : MICHEL BOUJENAH de u 10.6. à 19h : CHRISTELLE CHOLLET u 10.6. à 21h30 : 25 ANS DU FESTIVAL u 11.6. à 19h : VOCA PEOPLE u 11.6. à 21h30 : LES TISTICS u 12.6. à 19h et 13.6. à 21h30 : PIERRE PALMADE ET MICHÈLE LAROQUE u 13.6. à 19h : LA FRAMBOISE FRIVOLE o u 14.6. à 19h : PATRICK SÉBASTIEN u 14.6. à 21h30 : 120 SECONDES u 15.6. à 20h : LAURENT GERRA Chapiteau u 7.6. à 20h30 : JACKY ET ROGER. u 8.6. à 20h30 : NICOLE PERRONI u 9.6. à 19h : COMEDY PARTY u 10.6. à 20h30 : CONSTANCE u 11.6. à 20h30 : LES DÉCAFÉINÉS u 12.6. à 20h30 : FLORENT PEYRE u 13.6. à 20h30 : MARC DONNETMONAY u 14.6. à 20h30 : FILLS MONKEY u 15.6. à 20h30 : AVRACAVABRAC u 15.6. à 23h : GIEDRÉ Café-Théâtre u 7.6. à 21h30 : VERINO. u 8.6. à 19h : DAVID BUNIAK. u 8.6. à 21h30 : ARNAUD COSSON u 10.6. à 19h : SARKIS OHANESSIAN u 11.6. à 21h30 : CUCHE ET BARBEZAT u 12.6. à 21h30 : AUCAIGNE - MEURY KOHLER u 13.6. à 19h : THOMAS WIESEL u 13.6. à 21h30 : CÉDRIC CHARTIER u 14.6.à 19h : WALY DIA u 14.6. à 21h30 : ARNAUD DUCRET u 15.6. à 19h : L’HUMOUR EN CAPITALES, LA RELÈVE ! u 15.6. à 21h30 : DONEL JACK’SMAN st. maurice THÉÂTRE DU MARTHOLET (points de vente : ticketportal) u 5.6. à 20h : LE CLAN DES DIVORCÉES, de Alil Vardar. thonon-évian MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE NOVARINA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u 1.6., Evian : EVIAN, 20 ANS APRÈS Alain Meunier. Quatuor Debussy. GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Quatuor Byron (Debussy, Barber, Glazounov, Chostakovitch, Lekeu, etc.) u 4.6. : LA LOCANDIERA de Carlo Goldoni, m.e.s. Marc Paquien u 7.6. : PIERRICK PEDRON, Jazz veytaux CHÂTEAU DE CHILLON à 19h30 (loc. 0049 89 34 38 03) u Du 6 au 7.6. : THE TAMING OF THE SHREW (La Mégère apprivoisée) de Shakespeare, par Grantly Marshall and ADG Europe, dir. Paul Stebbings. Théâtre en anglais et en plein air. vevey u 7.6. : ENSEMBLE VOCAL DE NEUCHÂTEL, LA PSALLETTE DE GENÈVE & ENSEMBLE SYMPHONIQUE DE NEUCHÂTEL, dir. Steve Dunn. BRIGITTE HOOL soprano (Requiem de Karl Jenkins et Berliner Messe d'Arvo Pärt). Eglise St.Martin à 20h30 (loc. Théâtre de Vevey, 021/925.94.94) yverdon THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention contraire (loc. 024/423.65.84) u 4.6. : LE CLAN DES DIVORCÉES, de Alil Vardar. La Marive (loc. 024/423.65.84) u 9.6. : DIMANCHE MUSICAL – FINALE DU CONCOURS RÉGIONAL Ville de Lancy République et canton de Genève a g e n d a SEPTEMBRE MUSICAL ICAL 31.08 – 12.09.2013 Philippe B Philippe Béran é r an F rédér ic Chaslin C h a s lin Frédéric C har les Dutoit Dutoit Charles N eeme Järvi J är v i Neeme Y uri Temirkanov Temirk anov Yuri Mar tha Argerich Arger ich Martha L is a B at i a s h v i l i Lisa Batiashvili Renaud C ap u ç o n Renaud Capuçon Cor e y C erovsek Corey Cerovsek Ale xandr a C onunova Alexandra Conunova Clément Dami Dami Clément Tere zie Fialóvá F i al ó v á Terezie K ir ill Gerstein Gerstein Kirill L ilit G r i g o r y an Lilit Grigoryan Paavali JJumppanen umppanen Paavali M ar k é t a K ubínová Markéta Kubínová Elis abeth LLeonskaja eonsk aja Elisabeth Andrea M e l át h Andrea Meláth R o l an d M uhr Roland Muhr Roman Patočka P at o č k a Roman Balint S z abo Balint Szabo Daniil T r ifonov Daniil Trifonov Cheng Zh an g Cheng Zhang www.septmus.ch eptmus.ch O rch e s t re d e la la S u is s e R o m an d e Orchestre de Suisse Romande Orchestre philharmonique philhar monique Orchestre de Saint-Pétersbourg Saint- Pétersbourg de Royal Philharmonic Philhar monic Orchestra Orchestr a London London Royal Eben Trio Tr io Eben O rch e s t re d u Collège Collège de de Genève G e n è ve Orchestre du F i n al e d u 25 2 5e C Concours oncours Finale du international piano Clara inter national de de p i an o C lar a Haskil Ha s k il Hermes.com