Antigone de Sophocle
Transcription
Antigone de Sophocle / Antigone d’Anouilh Travail personnel noté à rendre le jour de la rentrée scolaire. La note comptera pour le travail de l’année du mois de Février. - Lisez la pièce. Lecture comparative : lisez attentivement ce document qui vous permet d’aborder la lecture de la pièce. Faites une recherche sur SOPHOCLE et son époque. Faites une recherche sur ANOUILH et son époque. Faites une recherche sur PETAIN et sur l’affiche rouge. (Les recherches à remettre ne dépasseront pas deux pages) Qui est Antigone ? La fille d’Œdipe, oui le fameux Oedipe dont on connaît le complexe davantage que l’arbre généalogique. La fille d’Œdipe et de Jocaste (Jocaste qui, je vous le rappelle, est aussi la mère d’Oedipe … ce dernier ayant tué son père et épousé sa mère sans le savoir…). Elle est la sœur de Polynice, Étéocle et Ismène. Antigone est citée pour la première fois dans Les Sept contre Thèbes d’Eschyle. Suite à la guerre des sept chefs au cours de laquelle Polynice et Étéocle s’entre-tuent, elle se lamente sur cette disparition avec sa sœur. Elles apprennent alors l’ordre de Créon (leur oncle et nouveau roi de Thèbes), qui est de laisser le corps de Polynice sans sépulture comme traître à la Cité. Antigone annonce qu’elle enterrera son frère malgré tout. Sophocle, dans son Antigone, donne la première version achevée de la mort héroïque d’Antigone. Elle est surprise et arrêtée par des gardes alors qu’elle recouvre de terre le corps de Polynice. Paraissant devant son oncle, elle s’obstine à justifier son acte et est condamnée à être emmurée vivante. Hémon (fils de Créon et fiancé d’Antigone) puis Tirésias (devin de Thèbes) interviennent en faveur de l’héroïne auprès du roi, qui se laisse finalement fléchir. Mais Antigone s’est déjà pendue, ce qui provoque les suicides consécutifs d’Hémon et d’Eurydice (femme de Créon). Dans la tragédie de Sophocle Œdipe à Colone (jouée 38 ans après son Antigone) Antigone guide son père sur les routes après que celui-ci, ayant réalisé qu’il a tué son père et épousé sa mère, se soit crevé les yeux en se condamnant à une vie d’errance. Le mythe a inspiré de nombreuses réinterprétations. On pense notamment à La Thébaïde de Racine qui en 1664 reprend le mythe des frères ennemis, mais où Antigone n’y est pas l’héroïne violente et subversive de Sophocle. On pense aussi à Antigone de Cocteau (1922), à Antigone de Brecht (1947) et à celle d’Anouilh. C’est en 1961 qu’Anouilh a été enregistré alors qu’il donnait une lecture à voix-haute de sa pièce (double CD chez « Gallimard à voix haute »). Les CD sont accompagnés d’un livret dans lequel Anouilh explique les différences entre sa pièce et la pièce de Sophocle. En voici les grandes lignes : - FORME DE LA PIÈCE : La suite des scènes chez Anouilh est à peu près la même que chez Sophocle. Il y a cependant quelques différences. Chez Sophocle, la pièce commence par la scène Ismène-Antigone qui oppose les caractères des deux sœurs et nous explique la mort des frères ainsi que la décision de Créon. Anouilh lui commence par le chœur qui présente les personnages un par un et le sujet de la pièce, et tout de suite Antigone entre, venant au petit matin de tenter d’enterrer son frère Polynice. Le personnage de la nourrice, qui n’est pas dans Sophocle, l’accueille et s’inquiète de son absence. Anouilh ne fait pas intervenir le devin Tirésias. - DIFFÉRENCE D’ESPRIT D’ANTIGONE : La pièce de Sophocle est une pièce religieuse. Il faut l’imaginer dans le climat de ferveur religieuse des Grecs de cette époque, pour qui les Dieux et les lois sacrées de la Cité étaient une réalité vivante. Antigone, au-delà du cas de son frère, s’attache à faire la différence entre la loi écrite (la loi de Créon) et la loi non-écrite (celle des Dieux). L’Antigone de Sophocle meurt pour être fidèle à la loi divine : « J’aurai plus longtemps à plaire aux morts qu’aux vivants », dit-elle. La pièce d’Anouilh semble plus proche de nous car les mobiles d’Antigone ne sont qu’humains. C’est une petite-fille qui ressent dans sa chair l’injustice faite à son frère. L’Antigone d’Anouilh meurt par fidélité pour elle-même. C’est un personnage plus enfantin que celui de Sophocle. C’est surtout une enfant qui refuse les compromissions et les laideurs du monde des adultes. - DIFFÉRENCES SUR LE CARACTÈRE DE CRÉON : C’est sur le rôle de Créon que les différences entre la tragédie de Sophocle et la pièce d’Anouilh sont tranchées. Le Créon de Sophocle est un tyran borné. Il fait appel aux lois de la cité mais son langage est celui d’un homme politique, on sent que c’est surtout son orgueil qui est en jeu (orgueil personnel et orgueil d’homme). Il est sourd aux arguments humains. Le Créon d’Anouilh a plus de sentiment humain. Il a profondément pitié d’Antigone, il tente tout pour la sauver. Créon a pour devoir de respecter la loi écrite et pense qu’il ne peut pas écouter son cœur. L’Antigone de Jean Anouilh est inspirée du mythe antique, en rupture avec la tradition de la tragédie grecque. Anouilh l’exprime ainsi : « L’Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges1. Je l’ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre » (la 2ème guerre mondiale et le pouvoir nazi). Le personnage d’Antigone est l’allégorie de la Résistance s’opposant aux lois édictées par Créon / Pétain, qu’elle juge iniques (injustes). Elle refuse la facilité et préfère se rebeller, ne voulant pas céder à une prétendue fatalité… Créon pour sa part, revendique de faire un « sale boulot » parce que c’est son rôle et qu’il faut bien que quelqu’un le fasse. Anouilh s’inspire du geste de Paul Collette, un résistant français qui avait tiré sur Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, le 27 août 1941. Jean Anouilh, en écrivant cette pièce de théâtre, trouve ainsi le moyen de dénoncer la passivité de certains face aux lois dictées par les nazis. Antigone symbolise la résistance qui s’obstine malgré les dangers encourus. Le public afflue dans des salles chauffées et oublie un temps les horreurs de la seconde Guerre mondiale. 1- L'Affiche rouge est une affiche de propagande placardée en France et qui veut montrer que les 10 résistants de l’affiche (parmi 23 autres) ne sont pas des combattants, des résistants mais des terroristes. L'affiche sert à la propagande nazie qui stigmatisera l'origine étrangère de la plupart des membres de ce groupe, principalement des Arméniens et des Juifs d'Europe de l'Est. Ils seront tous fusillés. - L'Affiche rouge
Documents pareils
FICHE DE LECTURE
- structure du théâtre grec
- intéressant également pour l'étude de l'argumentation
"Antigone" de Jean Anouilh à la Comédie Française
sensualité puissante, de la défiance surgit d’avec Ismène, un
désir de vivre surgit de ses liens avec l’autorité. Des
interactions menées par des comédiens tous brillants,
notamment Raffaelli qui c...
Les valeurs du droit humanitaire autour d`Antigone de Sophocle
Antigone arrive, menée par le garde qui l'a « prise en flagrant délit ». Interrogé par Créon, celui-ci
raconte ce qui s'est passé : revenu auprès des autres gardes, ils ont débarrassé le corps de l...
Résumé d`Antigone de Jean Anouilh
C'est le drame de l'impossible voie moyenne entre deux exigences aussi défendables et aussi
mortelles, dans leur obstination, l'une que l'autre.
Le concept de la mort dans Antigone de Jean Anouilh
vois fonder des malheurs pour les malheurs des morts; aucune
génération ne sauve l'autre; un dieu les frappe sans relâche"(3).
Donc, la dette exige son propre acquittement, soit par le
pécheur lui-...