Alphonse de Prémorel (1799-1888) propriétaire à
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Alphonse de Prémorel (1799-1888) propriétaire à
Notices biographiques Alphonse de Prémorel (1799-1888) propriétaire à Differdange, homme de lettres, amateur d'archéologie et de sciences, pionnier de l'exploitation des schistes bitumineux Jos. A. Massard Alexis Louis Alphonse de Durand de Prémorel1 (Alphonse de Prémorel) est né le 14 mai 1799 à Brunswick où son père, le capitaine de cavalerie, français et royaliste, Pierre Louis Raoul Edmé de Durand de Prémorel s'était exilé. Sa mère était Catherine Antoinette Wilhelmine Homann, originaire de Brunswick. La famille changeait souvent de domicile, ce dont témoignent les lieux de naissance des onze enfants du couple : Brunswick (Alphonse, l'aîné), Celle près d'Hannovre, Charleville-Mézières, Château-Regnault (Ardennes), Beaurepaire (Vouziers, Ardennes), Echternach (Olimpe, une fille née le 27 novembre 1806), Bertrix (deux naissances successives), Tournay (près de Neufchâteau) et de nouveau Bertrix. Alphonse de Prémorel passait son enfance à Château-Regnault chez ses parents paternels, et à Membre-sur-Semois, au château de ses grands-oncles de La Chevardière, « hobereaux ardennais dont la vie était plus proche de celle du paysan que celle du seigneur » où la chasse, la tenderie, la pêche étaient pour l'adolescent des activités quotidiennes2. En janvier 1815, le père et le fils se firent inscrire parmi les gardes du corps de Louis XVIII. Alphonse fut nommé lieutenant et placé à l'École militaire de Senlis. Au moment du retour éphémère de Napoléon durant les CentJours, il suivit le roi en fuite. En 1820 il fut nommé lieutenant de première classe; il passa capitaine en 1823. En 1824, il quitta la garde du roi pour rejoindre le régiment du 7e de ligne à Strasbourg, où il passa quatre ans. Ses stations suivantes étaient Longwy, Saint-Omer et Dunkerque. En août 1831, il participa à la campagne des dix jours au cours de laquelle l'intervention de l'armée française, venant à la rescousse du jeune royaume belge, mit fin à la tentative du roi 1 Alphonse de Prémorel (source: Logelin-Simon 1997: 507) Sauf indication contraire, les données biographiques concernant Alphonse de Prémorel ont toutes été puisées dans l'article de Logelin-Simon (1997) qui indique parmi ses sources: Bergé 1958 et Durand de Prémorel 1990. A compléter par Mertens 1986, 2006 et GeneaNet 2012. 2 Mertens 1997: 583. Guillaume Ier des Pays-Bas de reconquérir la Belgique. Après cette campagne, de Prémorel quitta l'armée française. En 1830, il avait épousé, à Longlaville, Marie Catherine Joséphine de Nothomb, née à Differdange en 1809, la fille de Jean Antoine de Nothomb, propriétaire de la faïencerie de Longwy, et de Marie Catherine Boch. À la mort de son père, en mars 1835, l'épouse d'Alphonse de Prémorel hérita le vaste domaine avec l'ancien couvent des Dames nobles de l'ordre de Cîteaux3 et les bois que de Nothomb possédait à Differdange, et où de Prémorel s'installa encore la même année. Dès 1836, il s'attachait à exploiter au mieux ses nouvelles possessions. Au fil des années, il y installa, entre autres, un four de tuilerie, un four à chaux et un lavoir de minerai de fer d'alluvion. Près de Soleuvre, où lui et sa femme possédaient un bois auquel s'étaient ajoutés des terres et des prés nouvellement acquis, de Prémorel constitua, après défrichement du bois, « la grande et belle ferme de Gaderscheuer »4 (Gad[d]erscheuerhof ou Gadderscheierhaff). En 1841, il fut naturalisé Luxembourgeois. En janvier 1844, il entra comme premier échevin au conseil communal de Differdange, où il siégeait jusqu'aux élections de janvier 1849. En juin 1851, de Prémorel, qui ne parlait et ne comprenait pas le Luxembourgeois5, fut candidat aux élections législatives pour le canton d'Esch; sur huit candidats et cinq postes à pourvoir, il se classa dernier.6 Est-ce que ce fut cette défaite ou plutôt, comme il l'écrivait lui-même, la nécessité d'assurer un avenir à ses enfants qui l'incita à récupérer sa nationalité française en 1852? Devenu citoyen étranger, le conseil communal de Differdange, où il n'avait plus guère d'amis, en profita pour exclure de Prémorel de la distribution du bois d'affouage dont il avait pourtant besoin pour chauffer sa vaste demeure. D'autres déboires s'y ajoutant, de Prémorel préféra s'installer dans son domaine de Conques, l'ancien prieuré «placé modestement sur le bord de la Semois»7, près d'Herbeumont en Belgique; au cours des années 1857 à 1862 il ne revint qu'occasionnellement à Differdange. Il finit cependant par vendre le domaine de Conques pour investir à Differdange où, au cours des années suivantes, il cherchait sans succès à obtenir des concessions pour l'extraction de la minette par galeries souterraines. En 1873, de Prémorel acquit une maison à Carignan dans les Ardennes françaises et fit apport de tous ses immeubles differdangeois à la « Société industrielle du Grand-Duché de Luxembourg » nouvellement fondée. Il garda cependant le bois de Lasauvage qui fut vendu en 1886 à la « Société des Hauts Fourneaux de Longwy et de Lasauvage, Ferdinand de Saintignon et Compagnie ». Alphonse de Prémorel est décédé le 25 avril 1888 à Carignan. 3 Durand de Prémorel 1997: 570. Durand de Prémorel 1997: 572. — La ferme a dû passer plus tard dans la possession de la famille de Tornaco, dont les héritiers l'ont vendue aux enchères en 1949, ce dont atteste la notice suivante insérée dans le « Luxemburger Wort » du 7 octobre 1949 (N° 280, p. 4): Niedercorn. — Gestern ließen hier die Erben des Herrn Baron Charles de Tornaco das bedeutende Hofgut, bekannt unter dem Namen Gaderscheuerhof, wozu 50,17 ha Land gehören, in öffentlicher Versteigerung ausbieten. Es wurde zum Preise von 1 710 000 Fr. Hrn. Cerf Israel, Immobilienhändler aus Luxemburg, für Rechnung eines dritten zugeschlagen. 5 Durand de Prémorel 1997: 574. 6 Courrier du Grand-Duché de Luxembourg 1851, N° 47 (11 juin): 1. 7 de Prémorel 1851, cité par Logelin-Simon 1997: 524. 4 2 De Prémorel s'intéressait à l'archéologie8 et aux sciences naturelles, notamment à la géologie. En 1846, la Société archéologique (future section historique de l'Institut grandducal) avait admis Alphonse de Prémorel comme membre correspondant. Membre agrégé et donateur de la Société des sciences naturelles En 1851, de Prémorel avait été parmi les premiers « membres agrégés » admis à la « Société des sciences naturelles du Grand-Duché de Luxembourg » nouvellement créée. Il avait réuni dans son cabinet de nombreux fossiles provenant de la région de Differdange qu'il montra avec fierté au Chevalier l'Évêque de la Basse Moûturie lors de son passage à Differdange dans les années 1840. Dans son « Itinéraire du Luxembourg germanique », ce dernier relate sa visite chez de Prémorel de la manière suivante : « On trouve chez lui une jolie collection de minéraux et d'antiquités qu'il se fait un plaisir de montrer aux amateurs. J'y ai vu une magnifique corne d'Ammon9 et une dent de Mammouth, trouvée en 1840 [en fait, en 1839 (voir plus loin)], entre Soleuvre et Differdange. Celle-ci n'a pas moins de 2 pieds de circonférence et 9 pieds de longueur circulaire, quoiqu'elle soit privée de ses extrémités, qu'on peut évaluer à un mètre. Cette dent détériorée par la calcination, suffit pour donner une idée de l'énormité de l'animal auquel elle a appartenu. »10 Jean-Jules Durand de Prémorel, fils d'Alphonse de Prémorel, né en 1833 à Longwy-Bas, décédé à Rochefort en 1906,11 se rappelait que la défense avait été établie sur une table circulaire construite à cet effet, dans une salle de la maison de Differdange, «où elle fut visitée par de nombreux archéologues venus de tous les pays. Malheureusement il [son père] ne sut prendre les mesures efficaces pour préserver cette magnifique pièce, qui, sous l'influence de l'air, ne tarda pas à s'effriter et tomber en morceaux dont les principaux ont été recueillis par les musées les plus proches.»12 Et c'est ainsi qu'en 1854 de Prémorel a fait don d'une partie importante de la défense au cabinet d'histoire naturelle de la Société des sciences naturelles qui la décrivit en ces termes :13 « une partie de défense de Mammouth, longue d'un mètre, découverte par luimême en 1839, dans le penchant d'une des vallées avoisinant Differdange », avant de préciser les circonstances de sa découverte : « Lorsqu'elle fut déterrée, cette défense avait 3 mètres 30 centimètres dans l'entier développement de sa courbe; il est à présumer qu'en tombant de son alvéole elle avait encore plus de longueur. Elle paraît avoir été abandonnée dans le versant par l'animal qui la portait. Ce magnifique fragment antédiluvien reposait sur un gisement de roche oolythique [sic] ferrugineuse; une couche d'argile de quelques pouces d'épaisseur l'entourait de tout[e]s parts, deux pieds et demi de rocaille la recouvraient. 8 Voir: Logelin-Simon 1997: 538ss. Voir aussi: Goedert 1987: 212s. Un ammonite. 10 L'Évêque de la Basse-Moûturie (1844): Itinéraire du Luxembourg germanique, ou Voyage historique et pittoresque dans le Grand-Duché. - Librairie V. Hoffman, Luxembourg: 112. Voir aussi: Logelin-Simon 1997: 524. 11 Logelin-Simon 1997: 536. 12 Durand de Prémorel 1997: 572. 13 Anonyme 1854: 21. 9 3 La partie détériorée de cette défense avait une forme légèrement aplatie. Il est bien à regretter que le contact de l'air ait successivement réduit cet échantillon à ses proportions actuelles. »14 Ce don fut même mentionné dans le « Mémorial du Grand-Duché de Luxembourg », le journal officiel du pays : 15 « Le cabinet que la Société des sciences naturelles forme près de l'Athénée, vient de recevoir de la part de M. de Prémorel à Differdange, membre de la société, un des plus remarquables restes du monde animal antédiluvien, qui aient jusqu'à présent été découverts dans le Grand-Duché. La défense de Mammouth dont il s'agit, avait au moment de la découverte par M. de Prémorel trois mètres trente centimètres de longueur dans l'entier développement de sa courbe; elle gisait dans le penchant d'une vallée d'érosion près de Differdange, sur une roche oolithique ferrugineuse, entourée de toutes parts d'une couche d'argile de quelques pouces d'épaisseur et recouverte de deux pieds et demi de terre et de pierraille. On peut supposer que cette énorme défense a été abandonnée par le Mammouth sur place, ou qu'elle a été charriée jusqu'à Differdange; car jusqu'à ce jour aucun autre débris d'ossements de cet animal colossal n'a été trouvé dans les environs. » La découverte de cette dent de mammouth fut rappelée en 1865 dans un article publié par le journal luxembourgeois « L'Union ».16 Ce n'était ni la première ni la dernière fois que nom d'Alphonse de Prémorel a figuré sur la liste des donateurs de la Société, mais alors avec des dons nettement moins spectaculaires : plusieurs minéraux et roches17; un fragment de lave poreuse de Niedermennig et une masse de scories provenant d'un toit incendié chez lui, pour servir de comparaison18; deux coprolithes et une térébratule (brachiopode) fossile.19 De Prémorel fera encore don à la bibliothèque de la société20 d'un exemplaire de son livre « Un peu de tout à propos de la Semois » paru en 1851 à Arlon et orné de douze dessins d'après nature faits par l'auteur lui-même.21 Avec cet ouvrage, qui rend un «vibrant hommage» a la nature ardennaise22, Alphonse de Prémorel a été en quelque sorte l'auteur du premier guide touristique de la vallée de la Semois. Une réimpression anastatique de 14 Notons que de Prémorel avait trouvé dans la même couche une dent de rhinocéros qu'il a probablement gardée dans sa propre collection (de Prémorel 1855: 196). 15 Mémorial du Grand-Duché de Luxembourg 1854, seconde partie, N° 9 (17 juin 1854): 59. (Note fournie par la Société des sciences naturelles). Dans la même note, on apprend que « la tête de Plesiosaurus trouvée dans les environs de Grevenmacher et heureusement préservée par les soins de M. Gust. Munchen » a également été déposée au cabinet de la Société des sciences naturelles et qu'elle en forme « un des plus précieux ornements ». — Voir aussi: Logelin-Simon 1997: 544. 16 Archéologie du Grand-Duché de Luxembourg : Renseignements historiques sur le pays de Luxembourg et de ses habitants, depuis les temps les plus reculés, fournis par la littérature grecque et romaine, l'archéologie et la paléontologie. L'Union 1865, N° 69 (23 mars): 2-3. 17 Anonyme 1853: 57. 18 Anonyme 1854: 18s. 19 Anonyme 1855: 33. Voir aussi: Logelin-Simon 1997: 549. 20 Anonyme 1857: 31. 21 Logelin-Simon 1997: 524s. Des extraits du livre ont été publiés dans le périodique luxembourgeois « Galerie » (de Prémorel 1997). 22 Mertens 1997. 4 cet ouvrage est parue en 1981 à Bruxelles. « Les souvenirs de Membre » qu'Alphonse de Prémorel a rédigés vers 187723 ont dû attendre jusqu'en 1986 avant d'être publiés par Claude Mertens.24 Ces deux écrits d'Alphonse de Prémorel annoncent en quelque sorte l'oeuvre littéraire plus solide de son arrière-petit-fils Adrien de Prémorel (1889-1968), écrivain belge d'expression française, chantre des bois et campagnes de l'Ardenne et du Luxembourg belge25, fils de Gaston de Durand de Prémorel (1857-1936) qui lui était le fils de Jean Jules de Durand de Prémorel (1833-1906), fils d'Alphonse de Prémorel.26 Un naturaliste pragmatique A l'instar de ce qu'il a coutume de faire pour la Société archéologique, de Prémorel envoie de temps en temps des notes à la Société des sciences naturelles qui en publie un résumé ou des extraits plus ou moins complets. Ainsi, il attire l'attention de la Société sur la Centaurée des montagnes (Centaurea montana), une plante qui lui semble susceptible de rendre de bons services aux agriculteurs. Il s'agit d'une espèce qui croît naturellement dans les bois montueux et dans les rochers ombragés de l'Ardenne27. A l'époque elle est fréquemment plantée comme plante ornementale dans les plates-bandes des jardins, mais, de l'avis d'Alphonse de Prémorel elle est en plus appelée à être cultivée comme plante fourragère. Plus hâtif que le trèfle, explique-t-il, ce végétal fournit deux coupes abondantes et les bestiaux la mangent avec avidité. De plus ses belles fleurs bleues attirent les abeilles. « Mes bestiaux s'en sont repus, » affirme-t-il, « et cette nourriture paraît leur convenir parfaitement. »28 On sait que de Prémorel est le propriétaire de vastes terrains dont l'exploitation agricole lui tient à coeur. Lorsqu'en octobre 1846 se constitue la « Société agricole du GrandDuché de Luxembourg», il accepte en toute logique d'y occuper un poste d'administrateur au sein de la commission d'administration.29 Loin de ces considérations matérielles se situe une autre note à la Société des sciences naturelles dans laquelle de Prémorel rend compte d'une observation singulière qu'il a faite dans les Ardennes. Auguste Dutreux l'a résumée et commentée :30 « Sous les pierres d'une carrière exposée au midi, [de Prémorel] a découvert plusieurs salamandres frayant et déposant leurs oeufs sur le dos d'un crapaud vivant. Les œufs étaient déjà au nombre d'une trentaine, alignés et si bien fixés qu'on ne pouvait les détacher facilement. 23 Logelin-Simon 1997: 538. Mertens 1986 ; voir aussi: Mertens 1998, de Prémorel 1999. 25 Wikipedia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Adrien_de_Prémorel 26 Geneanet 2012. 27 Cette formulation a été empruntée à la «Flore luxembourgeoise » de Fr. A. Tinant parue à Luxembourg en 1836 (p. 434). Des précisions sur la distribution de la Centaurée dans les Ardennes luxembourgeoises seront fournies par la « Flore du Grand-Duché de Luxembourg » de J.H.G. Krombach qui paraîtra à Luxembourg en 1875: entre Wiltz et Kautenbach, Kautenbach, Stolzembourg (p. 327). 28 Dutreux 1855b. 29 Courrier 1846. 30 Dutreux 1855b. 24 5 Le crapaud était d'une espèce particulière, ayant sur l'échine une raie jaune et le dessous du ventre tacheté de noir. M. de Premorel [sic] suppose que le crapaud devait servir de pâture aux jeunes salamandres après leur sortie de l'œuf; il ne se dissimule du reste pas qu'il est en contradiction avec les auteurs qui ont étudié les mœurs de la salamandre, et qui l'ont reconnue être ovovivipare. A l'appui de son observation, M. de Premorel [sic] nous a transmis l'animal qu'il a vu frayant; c'est bien la salamandre maculée ou terrestre ou vulgaire. En, présence d'une contradiction aussi frappante, nous devons laisser à notre collègue toute la responsabilité de son observation. Pourrait-on, pour concilier les deux opinions, admettre qu'exceptionnellement la salamandre se débarrasserait de ses œufs avant le terme de sa gestion? » Dans sa « Bibliographie luxembourgeoise », Martin Blum a attribué à de Prémorel une troisième note, insérée dans le même bulletin de 1855, et qu'il a intitulée « Nouvel appareil pour la chasse des microlépidoptères »; en fait, elle n'a rien à voir avec de Prémorel; elle émanait de la plume d'Auguste Dutreux, lépidoptériste chevronné.31 Il en va autrement du « Rapport sur le terrain minier de Differdange »32 publié dans le même tome et qui est bien signé par de Prémorel :33 « Ce territoire », écrit-il, « contient 1° du schiste bitumineux, 2° du minerai de fer oolithique, 3° du minerai de fer d'alluvion, 4° de la pierre de taille (calcaire oolithique coquillier), 5° des bancs de calcaire polypier », l'exploitation du schiste bitumineux, du minerai de fer oolithique et de la pierre de taille remontant à une époque fort reculée, alors que celle du minerai d'alluvion et de calcaire polypier serait beaucoup plus récente. Début des recherches sur l'utilisation des schistes bitumineux On imagine bien l'intérêt que de Prémorel porte aux gisements de minerai de fer d'alluvion puisqu'il exploite ce minerai dans son lavoir. Mais, il accorde aussi, et cela depuis des années, une attention toute spéciale au schiste bitumineux. Alors qu'à Aubange, village belge situé à une bonne dizaine de kilomètres de Differdange, un certain Orianne d'Arlon s'évertuait au début des années 184034 à distiller du schiste bitumineux pour obtenir de l'huile minérale, qu'il n'arrivait pas à commercialiser à cause de son odeur pénétrante35, de Prémorel, lui, préférait développer 31 Blum 1981: 281. Dans son rapport sur les travaux de la Société des sciences naturelles depuis le 1er juillet 1854 au 1er juin 1855, le secrétaire Auguste Dutreux a relevé la remise de cet essai de M. de Prémorel, «qui a profité avec bonheur du siège de son habitation au milieu des terrains oolithiques, pour consigner les résultats de ses observations sur les précieux gisements qui entourent Differdange.» (Dutreux 1855a: 7.) Dans le même rapport, il cite parmi les collections appartenant aux membres de la société celle de de Prémorel qui «a eu le bonheur de réunir dans son cabinet grand nombre de fossiles des plus intéressants, provenant des environs de sa campagne» (Dutreux 1855a: 11). 33 de Prémorel 1855. 34 En 1840, d'après les uns (http://www.deputefourny.be/documents/exploitpetr.pdf , http://parlement.wallonie.be/content/print_container.php?print=quest_rep_voir.php&id_doc=25803&type= 28), en 1844, selon Massard (1985) qui ne retrouve plus la référence y relative. 35 Wies 1877: 96 ; cf. Faber 1915: 158s. 32 6 de nouvelles méthodes pour valoriser le schiste bitumineux dans d'autres domaines, et il a même déposé une demande en vue de l'obtention d'un brevet y relatif. Cette demande a été acceptée, et par arrêté du 10 février 1846, № 304, « Sa Majesté le Roi Grand-Duc a daigné accorder au sieur de Prémorel, de Differdange, un brevet d'invention de quinze années pour une nouvelle manière de brûler les schistes et de les broyer. » 36 Le 9 janvier 1848 de Prémorel a présenté à l'assemblée générale de la Société agricole du Grand-Duché un rapport sur l'utilisation agricole du schiste bitumineux, « un puissant moyen d'amélioration de la terre employé jadis et oublié ou négligé depuis des siècles ». « À une époque reculée et à laquelle il est impossible d'assigner une date, » explique-t-il à son auditoire, « il s'est fait dans notre pays une grande consommation d'engrais minéral. La preuve en est dans les nombreuses et considérables excavations que l'on reconnaît sur une infinité de points du territoire du Grand-Duché. Plusieurs de ces excavations sont si anciennes, qu'il faut mettre une grande attention pour les reconnaître : tout leur pourtour est abaissé par l'effet du temps et des cultures successives. Vous prévoyez, Messieurs, qu'il est ici question de l'emploi des marnes en général; mais parmi ces marnes il en est une, qui par sa composition exceptionnelle, mérite particulièrement de fixer voire attention. Je veux parler de la marne bitumineuse, à laquelle nous donnerons son nom véritable de schiste bitumineux. Les qualités de cet engrais ont été appréciées par nos devanciers, puisqu'en plusieurs endroits il a été exploité en grande quantité. Je ne dirai rien ici des marnes, dont le principal mérite est de contenir du calcaire (…). Le schiste bitumineux se trouve sur certains points du Grand-Duché en quantité incalculable, et je n'hésite pas à vous affirmer, Messieurs, que nous possédons en ce minéral un engrais précieux. D'après M. Van Kerkhoff ce minéral contient :37 a. de la chaux, b. du sulfate de chaux, c. du carbonate de chaux, d. du carbonate ferreux, e. de la magnésie, f. du bitume, du carbone et de l'azote. Je ne fais pas mention ici des quantités, car elles varient selon le lieu d'où l'on retire le minéral. 36 Mémorial législatif et administratif du Grand-Duché de Luxembourg 1846, p. 304. D'autres analyses seront publiées au cours des années suivantes ; de Prémorel lui-même a publié en 1855 le résultat de l'analyse d'un échantillon de schiste bitumineux pris à Differdange, au lieu dit « Fuusbann » (il écrit: Fousband), analyse faite, selon sa formulation, à «l'école impériale des mines» de Paris (de Prémorel 1855: 197): 1° Quartz et argile inattaquable aux acides 0,484 2° Argile attaquable 0,106 3° Protoxide de fer 0,106 4° Chaux 0,074 5° Eau, acide carbonique, bitume 0,230 Total 1,000 Des analyses encore plus poussées ont été réalisées par P.J. van Kerckhoff (van Kerckhoff 1855: 103-107). 37 7 Toutes les substances que je viens d'énumérer et qui entrent pour moitié environ dans la composition du schiste, proviennent de la décomposition de poissons et de coquillages marins, ainsi que des débris animaux et végétaux que les eaux entraînent dans le fond des mers. Les schistes se calcinent facilement par leur propre carbone, sans emploi d'autre combustible; ils acquièrent alors une quantité notable de plâtre, par la combinaison qui se fait entre l'acide sulfurique et la chaux. Les schistes bitumineux se trouvent dans la partie supérieure du terrain liasique; je suis certain qu'au moyen de sondages superficiels, on le trouverait encore en beaucoup d'endroits à la profondeur de quelques pieds seulement. »38 L'orateur s'efforce ensuite de rendre compte à la Société du résultat des expériences auxquelles il s'est livré : « Les schistes [bitumineux] ont sur les marnes l'avantage de perdre leur cohésion par la calcination et de pouvoir alors s'employer à l'amendement des terres fortes, tandis que dans leur état naturel cette cohésion est une qualité, lorsqu'il est question de fertiliser par leur moyen les terres légères sablonneuses. Lorsqu'ils sont brûlés et moulus ils fournissent un produit semblable à de la cendre. Cette poussière très-fine convient alors [pour] les plantes fourragères. Semée au printemps sur les jeunes feuilles, elle s'y attache et s'y dissout facilement; dans ce cas elle remplace avantageusement le plâtre et a encore le mérite de coûter moins cher. Je me suis assuré de ce fait par plusieurs années d'expérience. Un excellent moyen de féconder les terres par l'addition du schiste est de le répandre sur les jeunes plantes fourragères avant les gelées. Je me suis parfaitement trouvé de le mettre sur les jeunes trèfles de l'année. — Six voitures suffisent par journal. Après la récolte du trèfle, qui est alors à peu près assurée, la terre reste couverte d'une partie du schiste non-divisé, et par ce moyen les grains reçoivent un engrais, en même temps qu'ils profitent de la bonne préparation que leur donne toujours un trèfle bien réussi. Depuis plusieurs années je poursuis une expérience qui sera décisive; mon but serait de parvenir à remplacer les engrais animaux par le schiste; à cet effet je ne donne pour tout engrais que ce minéral à l'un de mes champs, soit en le répandant sur les jeunes trèfles, soit en le donnant à la terre lors des jachères. Les récoltes de ce champ se soutiennent bien comparativement à ceux qui sont traités de la manière ordinaire. J'ai fait répandre du schiste sur les prairies naturelles et j'ai acquis la conviction, que ce minéral leur convient en les améliorant sensiblement, surtout aux prairies sèches; cela est d'autant plus intéressant qu'en général ces prairies sont d'un faible rapport, attendu qu'elles ne reçoivent jamais aucun engrais; il n'en est pas de même de celles qui sont trop humides, car au moyen de travaux d'assainissement on peut presque toujours les améliorer. Le schiste agit sur les prairies en détruisant la mousse et en favorisant la croissance des trèfles el des plantes qui donnent un foin de bonne qualité. Il faut toutefois se garder de répandre une trop grande quantité de ce minéral sur les prairies, il détruirait passagèrement la végétation; quinze mètres cubes suffisent pour amender un hectare de prairie. 38 Courrier 1852b. 8 Le schiste paraît avoir des propriétés qui ne se révéleront qu'avec le temps, Monsieur Wellenstein39 de Dreiborn, auquel j'en ai procuré, en a fait déposer au pied de quelques ceps de vigne et il paraît que cet engrais leur a communiqué une grande force de végétation. Notre digne vice-président40 pourra appuyer cette assertion par son témoignage. J'ai aussi la conviction que placé au pied des arbres fruitiers, il leur sera aussi efficace qu'il l'a été pour les vignes. Les propriétés fécondantes de la matière qui nous occupe sont appréciées depuis plus de 50 ans dans les environs de Stenay; le bon effet de ce minéral y a été révélé d'une manière assez singulière et qui prouve que nous ne sommes pas les seuls à reconnaître ses qualités. C'est dans les communes de Flize, d'Emblimont et autres circonvoisines que ce minéral est abordable. Les habitants de ces communes disent hautement qu'ils lui doivent leur fortune; les cultivateurs viennent de plusieurs lieues à la ronde chercher du schiste calciné et naturel et l'emportent par centaines de voitures. Par ce qui précède, je me crois donc fondé de vous recommander, messieurs, un produit de notre pays si longtemps employé et oublié depuis tant d'années. » À la fin de son exposé, de Prémorel informe ses collègues que le produit connu dans le département des Ardennes sous le nom de « cendres de Flize » n'est rien d'autre que des schistes [bitumineux] brûlés et broyés, comme il a pu le constater lui-même après s'être rendu sur place. Et dans la foulée, il propose d'envoyer aux frais de la société agricole une commission à Flize et environs, afin d'y recueillir tous les renseignements désirables sur l'emploi et les effets d'une substance qui y est expérimentée depuis un grand nombre d'années.41 L'exploitation antique des schistes bitumineux Les recherches archéologiques que de Prémorel mène42 parallèlement à ses préoccupations agricoles et autres l'amèneront à penser que les Celtes se sont déjà servi du schiste bitumineux comme combustible dans leurs forges catalanes, dont la présence dans la région de Differdange était trahie par les morceaux de scories anciennes y trouvées. Ces forges, écrit-il, dans sa lettre du 5 février 1850 au président de la Société archéologique, méritent de fixer l'attention par l'emploi qu'elles paraissent avoir fait du schiste bitumineux comme combustible. Il y relate qu'en parcourant le territoire de communes du Sud il aurait été surpris de trouver de nombreuses excavations du sol où le schiste se montrait presque à fleur de terre, et que sur le pourtour il aurait découvert des scories de forges et des parcelles de minerai de fer qui seraient à mettre en rapport avec des installation métallurgiques remontant probablement à l'époque des Celtes. 39 Jean Mathias Wellenstein (*Ehnen 24.3.1795, † 1.12.1870), jurisconsulte, magistrat, homme d'Etat ; après sa retraite de la législature, il s'est retiré dans sa propriété de Dreiborn pour s'y occuper d'agriculture et de viticulture ; frère de Nicolas Wellenstein (voir ci-dessous). — Dans une lettre insérée dans le 39e bulletin de la Société agricole, Wellenstein a témoigné de l'excellent effet produit par le schiste sur la végétation de la vigne (Anonyme / de Prémorel 1853). 40 Nicolas Wellenstein, vice-président de la Société agricole (Courrier 1846), né à Ehnen le 5 mars 1783 et y décédé le 5 août 1858 (Mersch 1965: 162ss). 41 Courrier 1852c. 42 Voir à ce sujet: Logelin-Simon 1997: 538-545. 9 Dans une autre lettre,43 adressée au professeur Antoine Namur, secrétaire de la Société archéologique, de Prémorel, reste toujours persuadé que les excavations dans les couches schisteuses étaient dues aux Celtes. Mais, puisqu'on a découvert des excavations près desquelles il ne se trouve aucune scorie, il n'exclut pas que les Celtes auraient utilisé les schistes bitumineux aussi pour l'amendement des terres44. A la tribune de la Société géologique de France Dans le résumé de l'activité de la Société des sciences naturelles publié dans le bulletin paru en 1854, le secrétaire Auguste Dutreux mentionne trois notices sur l'emploi du schiste bitumineux que la société a reçues de la part de Prémorel, sans préciser quand cela s'est passé.45 Il est à supposer que ces notices correspondent aux «communications» qui ont déjà été résumées (probablement par le secrétaire) dans le bulletin paru en 1853 sous le titre « Note sur l'emploi du schiste comme combustible » : 46 « Après une suite d'expériences dont M. de Prémorel rend compte dans plusieurs communications à la société, il est parvenu à brûler, dans un fourneau de dimension ordinaire, le schiste bitumineux de Differdange. La température de l'appartement, dans lequel a eu lieu l'épreuve, a subi une élévation sensible après une heure de chauffage, et de l'eau, exposée à l'action du foyer, est entrée en ébullition. Ces résultats portent M. de Prémorel à manifester l'espoir que l'on pourra utiliser le schiste au chauffage des appartements et à la cuisson des légumes; il pense aussi que l'industrie pourra s'emparer de ce nouveau combustible dont le prix est presque nul, attendu la quantité incalculable qui en existe, et le peu de frais que demande son extraction. M. de Prémorel engage la société à rechercher si du schiste, pris ailleurs et à différentes profondeurs, ne contiendrait pas plus de principes combustibles que celui extrait à Differdange. Il pense aussi que l'on pourrait utiliser les gaz qui s'échappent pendant la combustion du schiste. M. de Prémorel avait déjà étudié le schiste sous le rapport de ses qualités fertilisantes; il a fait à ce sujet une communication à la société d'agriculture du Grand-Duché. M. Wellenstein47 de Dreiborn a fait connaître, par une lettre insérée dans le 39e bulletin de cette société48, l'excellent effet que produit le schiste sur la végétation de la vigne. Dans les environs de Sedan, l'usage du schiste naturel et brûlé est apprécié depuis plus de 40 ans; brûlé, il fait, sous le nom de cendres de Flize, l'objet d'un commerce assez étendu. 43 Voir: Goedert 1987: 212s. De Prémorel avait déjà envisagée cette hypothèse en 1849, mais a ensuite favorisé l'idée de l'utilisation du schiste bitumineux comme combustible dans les fours catalans. Il a consigné ses idées dans un rapport destiné à la Société archéologique : Rapport sur les débris de forges catalanes, découverts dans les environs de Differdange. Ce rapport n'a pas été publié par la Société archéolgique ; des extraits en ont été néanmoins cités par G. München dans son «Rapport sur un diverticulum romain passant de Kaap par Gasperich vers le Titelberg, découvert en 1849 » (Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, 5, 1850, p. 91, cité par Logelin-Simon 1997: 540). 45 Anonyme 1854: 13 46 Anonyme / de Prémorel 1853. 47 Jean-Mathias Wellenstein (voir plus haut). 48 Bulletin des Ackerbauvereins des Großherzogthums Luxemburg, 3. Jhg. (1850/51) (?). 44 10 Toutes les communes qui avoisinent les endroits d'où l'on extrait le schiste, lui doivent un accroissement considérable de leurs produits agricoles. » Cette note faisait un peu figure de moutarde après dîner étant donné qu'en 1852 déjà, de Prémorel a eu l'occasion d'exposer devant un public averti ses idées sur les possibilités d'utilisation actuelle du schiste bitumineux. Cela s'est passé lors de l'assemblée extraordinaire de la « Société géologique de France » qui s'est déroulée à Metz du 5 au 17 septembre 1852, où, le premier jour, sa note « Sur l'emploi comme combustible des schistes bitumineux du lias de Differdange » a été lue à la tribune de l'assemblée où elle avait donné lieu à une brève discussion.49 En voici le texte intégral (qui a été publié encore vers la fin de la même année dans le bulletin de la Société géologique de France paru à Paris en 1852) : « J'ai cherché, en plusieurs circonstances, à utiliser les schistes ou marnes bitumineuses, qui viennent affleurer notre sol et qui possèdent une assez grande puissance en étendue, et par conséquent présentent une facile extraction; riches en principes carbonés, elles avaient été exploitées à Aubange pour l'extraction du pétrole qu'elles renferment. Mes recherches et mes nombreuses expériences m'ont démontré que ces marnes peuvent, avec avantage, être exploitées dans trois circonstances : 1° Comme engrais, les marnes conviennent dans les terrains sablonneux et qui renferment peu de calcaire; lorsqu'elles ont été brulées, elles activent la végétation d'une manière très énergique et elles trouvent leur emploi sur tous les terrains. 2° Pour les vignes et les arbres fruitiers, je les ai employées et en ai obtenu des succès remarquables, succès qui ont été l'objet d'un rapport spécial au sein de la Société d'encouragement de Luxembourg50, et qui ont été mentionnés dans le journal du grand-duché; les marnes, dans cette circonstance, agissent en absorbant les rayons calorifiques, de manière à élever autour des ceps une température presque double de celle ambiante. 3° Comme combustible, les marnes trouvent leur emploi pour l'usage domestique et pour quelques industries; brulées avec le bois, elles activent la combustion et produisent beaucoup de chaleur; sans autre intermède, elles peuvent servir à la préparation de la chaux, à la cuisson des briques, et pour les hauts fourneaux. » La lecture de la note de de Prémorel a été suivie par une « Note sur le terrain liasique du Luxembourg » dont l'auteur était J.-B. Poncelet, ingénieur ordinaire des mines dans la province de Luxembourg. Au sujet des schistes bitumineux, il y a relevé leur richesse en matières bitumineuses et sulfureuses et que de ce fait on les exploite beaucoup pour amender les terres après les avoir brûlés. Puis il continue : « Ayant été chargé par le gouvernement belge de faire des expériences pour les transformer en engrais minéral fertilisant, je suis parvenu à en développer la puissance calorifique jusqu'au point de faire servir la marne bitumineuse comme combustible pour la fabrication en grand de la chaux. »51 49 de Prémorel 1852. S'agit-il de la Société agricole que de Prémorel nomme ainsi pour mieux se faire comprendre par son auditoire français? 51 Poncelet 1852. — Poncelet qui a terminé sa carrière comme ingénieur principal des mines, est né à HautFays (province de Luxembourg) le 8 août 1805 (Blum 1981: 277). 50 11 L'échec malgré des supports nombreux A. de Prémorel n'a donc pas été le seul dans la lutte pour l'utilisation du schiste bitumineux. Le public luxembourgeois avait d'ailleurs déjà pu prendre connaissance des travaux de Poncelet grâce à l'article suivant sur l'« Emploi de la cendre de marne bitumineuse dans le Luxembourg belge » paru en 1852 dans le Courrier du Grand-Duché de Luxembourg :52 « L'attention du gouvernement [belge] ayant été attirée sur l'utilité qu'il pourrait y avoir de favoriser, dans la province du Luxembourg, l'emploi de la cendre de marne bitumineuse, le ministre de l'intérieur a chargé M. Poncelet, ingénieur des mines dans cette province, de se livrer à des expériences sur le meilleur mode à suivre pour préparer cette cendre et sur les effets qu'elle produit sur ce sol. Une commission composée d'agronomes a constaté les résultats obtenus par l'usage de cet engrais. Le Moniteur contient un rapport de M. Poncelet et un rapport de la commission; de ces deux rapports ressortent les avantages qu'aurait pour la culture l'emploi de cette cendre, et constatent qu'en ajoutant les frais d'extraction, de préparation et de transport, cet engrais reviendrait, au dépôt de Neufchâteau à 11 fr. 50 c. le mètre cube. La commission engage donc le gouvernement à accorder le crédit nécessaire pour l'exploitation, et elle demande indépendamment l'allocation d'une somme de 500 fr., afin de faire des essais pour brûler la marne qui se trouve dans les environs de Chiny et de Rossignol; ces deux localités sont assez rapprochées de l'Ardenne, pour croire que, si l'expérience était couronnée de succès, l'usage de la cendre de marne se propagerait immédiatement, à raison du prix peu élevé auquel elle pourrait être livrée : l'intervention du gouvernement ne serait alors nécessaire que pour l'établissement et la direction des travaux d'exploitation. » En conclusion de son analyse chimique du schiste bitumineux de Differdange publiée en 1855, van Kerckhoff estimait « qu'il n'y a aucun doute que cette substance ne puisse être employée avec avantage comme amendement soit à l'état naturel, soit à l'état calciné, et qu'elle n'offre sous le premier état un engrais naturel, mais il est tout aussi évident que l'emploi qu'on pourra en faire, sera subordonné à la nature du terrain qu'on désire améliorer. »53 Dans un article sur les richesses minérales du Grand-Duché publié en 1857, le pharmacien Frédéric Fischer junior, le propriétaire de la Pharmacie du Cygne à Luxembourg-Ville, a fait, dans une orthographe irritante, un plaidoyer engagé en faveur du schiste bitumineux : « Andere Länder wuszten aus diesem Rohstoff Nutzen zu ziehen, zum Bessern der Aecker, zur Produktion von Brennoelen, Schmieroelen, Asphalt, Paraphin. 52 Courrier 1852a. van Kerckhoff 1855: 107. Cet auteur range les matières les plus actives par rapport à leur influence sur le sol dans l'ordre suivant: pour le schiste naturel: 1° carbonate de chaux, 2° argile, 3° sulfate de chaux, 4° azote, 5° bitume ; pour le schiste calciné: 1° sulfate de chaux, 2° argile, 3° carbonate de chaux en quantité variable. 53 12 Bisher wurden bei uns noch keine ernste Versuche zu ihrer Anwendung gemacht; bedenkt man aber, dasz diese Schiefer oft bis zu 25% [?] Brennstoff enthalten, dasz sie am Licht angezündet fortbrennen, dasz selbe sich in anhaltenden Schichten von mehreren Fusz Dicke, welche viele Quadratstunden bedecken, vorfinden, so verdient dieser Gegenstand gewisz die gröszte Aufmerksamkeit. Wüszte man diesen Brennstoff wohlfeil zu trennen, seine Heizkraft in den Industrien anzuwenden, so wäre unser Land reich, und es hätte keines fremden Brennmaterials, der Steinkohlen, nöthig. »54 Mais, en dépit de ces efforts et de ces propos enflammés, le schiste bitumineux a fait long feu — si l'on ose dire — comme combustible et comme engrais. Dans le « Rapport général de la Chambre de Commerce du 28 octobre 1862 sur la situation du commerce et de l'industrie dans le Grand-Duché de Luxembourg »55, il est bien fait mention des potentialités économiques du schiste bitumineux, mais dans un tout autre domaine. On y lit en effet : « Sur beaucoup de points du pays on trouve des dépôts de schistes bitumineux. Certains de ces dépôts donnent par la calcination dans des fours spéciaux un excellent ciment, ce qui fait la base d'une industrie nouvelle. Le ciment fabriqué aux environs de Luxembourg a été employé, à l'exclusion de toute autre espèce, pour la construction de nos viaducs et s'est trouvé de qualités au moins égales à celles d'autres ciments dont les prix sont considérablement plus élevés ; il a ainsi fait ses preuves et nul doute que cette industrie n'ait de l'avenir. » Alphonse de Prémorel a sans doute ressenti cette nouvelle orientation comme un désaveu. * La question des schistes bitumineux un siècle après de Prémorel à la lumière des travaux de Gustave Faber La question des schistes bitumineux a continué à occuper les géologues et les chimistes du 20e siècle, parmi eux le professeur de chimie Gustave Faber, plus tard directeur de l'école industrielle de Luxembourg (actuel Lycée de garçons), dont les recherches se sont étendues sur plusieurs décennies. L'une de ses premières publications a été l'article «Recherches sur le schiste bitumineux du Liasique supérieur» publié en 1915 par la Société des Naturalistes luxembourgeois. La publication, en 1947, de son ouvrage de 170 pages «Recherches en vue de la possibilité d'une exploitation industrielle du schiste bitumineux du Toarcien dans le Grand-Duché de Luxembourg» édité par le Service géologique de Luxembourg, a donné lieu à des commentaires très flatteurs dans la presse, notamment dans les « Cahiers luxembourgeois »56 et le « Tageblatt »57. L'article du « Tageblatt », paru en janvier 1948, sous le titre « Eine wissenschaftliche Neuerscheinung über unsere Oelschiefer » et signé M.L. (Michel Lucius), résume d'une 54 Fischer 1857: 112s. Annexe au Mémorial 1862, IIe partie, p. 16. Voir aussi: Courrier du Grand-Duché de Luxembourg 1862, N° 281 (29 novembre): 3. 56 Stumper 1948. 57 Lucius 1948. 55 13 manière claire et concise la question des schistes bitumineux; il peut encore être lu de nos jours avec fruit : Jedem Beobachter fallen in dem tiefen Eisenbahneinschnitt östlich Niederkerschen die dünngeschieferten, tonigen Gesteine von grauer oder braungrauer Farbe auf, die an Haufen von aufgeblätterten, grauen Pappdeckeln erinnern. Man trifft sie übrigens in den Kantonen Esch und Kapellen in vielen Bodenanschnitten und Gruben, wovon die ausgedehntesten zu der Ziegelfabrik Bettemburg gehören. Nach der Tiefe hin, wo der Verwitterungseinfluß aufhört, ist das Gestein dunkelgrau bis schwarz, dicht gelagert, und von solch feinem und weichen Korn, daß es sich wie Holz schneiden läßt. Die Brennbarkeit des Gesteines ist seit langem bekannt. Papierdünne, aufgespaltete, trockene Stücke des Gesteines brennen bereits an einem Zündholz mit gelber, russiger Flamme und mit charakteristischem Oelgeruch, wobei sehr grauer oder rötlicher, gesteinsfester, erdiger Aschenbestand zurückbleibt. Die in diesem Gestein äußerst fein verteilte, brennbare Substanz wird generell als “Bitumen”, das Gestein daher als “bituminöser Schiefer”, weniger zutreffend auch als “Oelschiefer” bezeichnet. Das Bitumen ist eine organische Substanz, deren Ursprung auf lebendes Protoplasma niederster Organismen zurückgeht, welche einst die Meere, in denen der Schiefer ursprünglich, als toniger Schlamm zur Ablagerung kam, bevölkerten und in welchen sie bei ihrem Absterben eingebettet wurden. Solche wesensgleiche Gesteine wie unsere Oelschiefer bilden das Muttergestein der Erdöllagerstätten. Gelangt dieses Gestein nämlich in tiefere Lagen der Erdrinde, wo es hohem Druck und gesteigerter Temperatur ausgesetzt wird, so verwandelt sich die eingeschlossene organische Substanz in flüssige und gasförmige Kohlenwasserstoffe um, die wir als Erdöl bzw. als Erdgas bezeichnen. Bis zu diesem Stadium sind die bituminösen Schiefer unseres Gebietes noch nicht gelangt, sondern befinden sich in einem Zwischenstadium. Bitumen bildet also ein Zwischenprodukt auf dem Wege zum wertvolleren Erdöl. Hier kann der Mensch nun eingreifen und künstlich den Umwandlungsprozeß zu Ende führen, den die Natur noch nicht vollendet hat, indem er durch die “destruktive Destillation” oder das “Schwelen” bei Temperaturen von 200 bis 700 Grad das halbfertige Bitumen in fertige Kohlenwasserstoffe umwandelt, die dem natürlichen Erdöl gleich sind. Solche Versuche reichen dann auch bei uns bis in die erste Hälfte des vorigen Jahrhunderts zurück, und sind mehrfach wiederholt worden, haben aber zu keinem wirtschaftlich tragbaren Ergebnis geführt. Bei der stetig sich entwickelnden Technik ist es aber keineswegs von vorneherein ausgeschlossen, daß eine wirtschaftlich lohnende Ausbeute nicht möglich wird. Grundlage aller weiterer Versuche bildet prinzipiell die wissenschaftliche Erforschung unserer Oelschiefer und ihrer Oelprodukte. Hiermit befaßt sich nun eine Studie von Gustave Faber, Recherches en vue de la possibilité d'une exploitation industrielle du schiste bitumineux du Toarcien dans le Grand-Duché de Luxembourg, die als 7. Band der “Veröffentlichungen des geologischen Landesaufnahmedienstes von Luxemburg" erschienen ist. Das Buch bringt die Ergebnisse zwanzigjähriger Erforschung unserer Oelschieferformation. Es ist also keine vom Zaune gebrochene Gelegenheitsschrift, sondern eine Frucht zielbewußter, stiller Arbeit auf dem Terrain und im 14 Laboratorium, getragen von dem selbstlosen Gedanken in dem heimatlichen Boden ein Ausgangsmaterial für die Gewinnung von Rohöl und ihrer Derivate nachzuweisen. Leuchtöl, Dieselöl, Benzin, Schmieröl werden einstweilen in jeder benötigten Menge aus dem Ausland eingeführt. Und doch erstrecken sich die bituminösen Schiefer in unserm Lande bei 8 Meter mittlerer Mächtigkeit über ein Gebiet von ca. 90 qkm, wovon 35 qkm im Tagebau abgebaut werden könnten und enthalten 45 Millionen Tonnen Rohöl. Daraus könnten, neben andern Derivaten, 2,1 Millionen Tonnen Benzin gewonnen werden, was dem Hundertfachen unseres Jahresverbrauches von 1936 entspricht. Würde das Rohöl dem "cracking" unterworfen, könnte die Benzinmenge noch erheblich gesteigert werden. Aus diesem weiten Gebiete unserer Oelschieferformation hat der Verfasser mehrere hunderte von Proben entnommen, welche die ganze bitumenführende Schichtenreihe in ihrer horizontalen und vertikalen Ausdehnung erfassen und den prozentualen Gehalt an Rohöl festlegen. In einem Profil durch die senkrechte Mächtigkeit kann der Gehalt zwischen 1,5 und 8,5 Prozent schwanken, das Mittel der verschiedenen Profile, wovon jedes durch 17 bis 27, in etwa gleichen Abständen entnommenen Proben, untersucht wurde, liegt bei 4 und 5 Prozent Rohöl. Das Mittel aus 12 verschiedenen Profilen mit 197 Proben ergibt 4,12 Prozent Oel. Der Gehalt an Rohöl für das ganze Gebiet liegt auch zwischen 4 und 4,5 Gewichtsprozenten. Durch fraktionierte Destillation wurde dieses Rohöl in eine Reihe wertvoller Derivate, Leichtöle (Benzine), Mittelöle u. Schweröle, zerlegt. Außerdem konnte pro Tonne Schiefer, je nach dem angewandten Verfahren, 35 bis 70 cbm Gas von ca. 5200 Kalorien Heizwert gewonnen werden. Es ist nicht möglich hier auf das reiche Tatsachen- und Ziffernmaterial des Buches ausführlich einzugehen; es kann nur gesagt werden, daß der Gegenstand vom geologischen, chemischen, physikalischen und wirtschaftlichen Gesichtspunkt ausführlich betrachtet wird, wobei als Vergleichsobjekt stets die benachbarten Gebiete, Belgien, Frankreich, Deutschland, herangezogen werden. Ob die Schiefer in industriellem Umfang wirtschaftlich ausgebeutet werden können? Bei den heutigen Verhältnissen, wo das Benzin bei relativ niedrigem Gestehungspreise hohe Zolleinnahmen einbringt, muß das einstweilen verneint werden. Aber einmal könnten die Verhältnisse sich auch so gestalten, daß wir auf unsere eigenen Hilfsquellen angewiesen sind. Dazu bleibt bei den Fortschritten der Industrie zur Ausbeutung der Oelschiefer, die in andern Ländern angestrebt werden, für uns auch die Möglichkeit verbilligter Ausbeutungsverfahren offen. Das letzte Wort ist hierin gewiß noch nicht gesprochen. Eine wissenschaftliche Arbeit ist wohl kaum je umsonst gemacht worden und der Fortschritt beruht nicht auf dem Zufall oder, dem glücklichen Einfall, sondern auf der gründlichen Forschung. Die vorliegende Arbeit verdient jedenfalls alle Anerkennung. In einer Zeit, wo so viele oberflächliche Druckerzeugnisse unsere geistige Armut offenbaren, ist eine solche Studie, in welcher ein selbstloser Forscher sein Wissen und seine Zeit in den Dienst der Erforschung des heimatlichen Bodens stellt, eine wirkliche Leistung. M.L. Mais, là aussi, on sait que les travaux de Gustave Faber n'ont pas abouti à une exploitation des schistes bitumineux du Grand-Duché. Ce qui n'empêche pas que des 15 projets en vue de cette exploitation refont surface avec une régularité quelque peu déconcertante, tantôt en vue de la production de pétrole58, tantôt pour en extraire du gaz de schiste59. 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