Biographies, interviews ( in French )…
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Festival de Marseille – danse et arts multiples JEUDI 07 JUILLET 20:30 VENDREDI 08 JUILLET 20:30 DURÉE 50’ 24 juin › 19 juillet 2016 IT’S GOING TO GET WORSE AND WORSE AND WORSE, MY FRIEND Lisbeth Gr uwez LE MERLAN scène nationale de Marseille TA R I F S 20 / 15 / 10 / 5 € Abonnement : spectacle B Belgique | Création 2012 COMPAGNIE Voetvolk INTERPRÉTATION Lisbeth Gruwez SONORE ET ASSISTANT ARTISTIQUE LUMIÈRE CONCEPTION, CHORÉGRAPHIE ET Maarten Van Cauwenberghe Bart Meuleman Harry Cole REMERCIEMENTS Le discours est une arme rhétorique et poli- COMPOSITION, CRÉATION STYLISME CONSEIL tique. Son pouvoir a des effets sur les mots mais aussi sur les corps des auditeurs, comme des Veronique Branquinho orateurs. Il peut créer une transe et les trans- Caroline Mathieu former. « Ce qui m’intéresse, c’est de voir com- ASSISTANTE LUMIÈRE Tom de Weerdt ment le corps parle », explique la chorégraphe qui s’est inspirée de la gestuelle d’Hitler, de Spectacle présenté en coréalisation avec Le Merlan scène nationale de Marseille Mussolini, entre autres orateurs capables de galvaniser les foules. Une pièce politique qui mesure également l’écart entre la parole et la pensée. En dansant sur des prêches de Jimmy Swaggart, mixés en direct, l’ex-égérie de Jan danse Fabre pointe la posture ultraconservatrice du télévangéliste, cette « violence folle et la mani- pulation qui se cachent sous des gestes et des voix ». Un tout autre texte… PRODUCTION Voetvolk vzw ( BE ) COPRODUCTION Grand Theatre Groningen ( NL ) ; Troubleyn/Jan Fabre ( Antwerpen, BE ) ; Theater im Pumpenhaus ( Münster, DE ) ; AndWhatBeside( s )Death ( Antwerpen, BE ) SOUTIEN Province de Flandre-Occidentale ; Province d’Anvers ; Communauté flamande ; Arcadi Île-de-France/Dispositif d’accompagnements DIFFUSION Key Performance ( Stockholm ) Festival de Marseille – danse et arts multiples 24 juin › 19 juillet 2016 It’s going to get worse and worse and worse, my friend Lisbeth Gruwez rencontre avec Lisbeth Gruwez Chorégraphe, vous êtes une danseuse flamboyante de la scène flamande. Pourriez-vous nous retracer votre parcours de danseuse ? Lisbeth Gruwez : J’ai commencé la danse à cinq ans à Courtrai, en Belgique, ma ville natale. Étant une enfant très énergique, ma mère pensait que la danse allait me calmer un peu. À douze ans, je suis entrée à l’École royale de ballet d’Anvers, Stedelijk Instituut voor Ballet. C’est une formation classique que j’ai suivie jusqu’à dix-huit ans. C’était très très dur, j’ai failli arrêter car je sentais que je ne dansais plus. Heureusement, à quinze ans j’ai vu des spectacles de Wim Vandekeybus et de Jan Fabre qui m’ont permis d’envisager d’autres perspectives que le ballet, ce qui m’a soulagée, et j’ai donc trouvé de bonnes raisons pour poursuivre l’école et finir d’acquérir la technique demandée. Une fois le diplôme en poche, j’ai jeté les pointes. J’ai travaillé avec la compagnie Gabriella Koutchoumova, à Bruxelles, qui utilisait la méthode Cecchetti de danse moderne, autre chose que la danse classique mais toujours pas ce que je cherchais. Après un passage d’un an à l’école P.A.R.T.S., de Anne Teresa De Keersmaeker pour y apprendre à travailler « au sol », j’ai rejoint la compagnie de Wim Vandekeybus en 1999. À partir de là, c’était parti. Je suis allée deux ans en Slovénie chez Iztok Kovač, on peut dire qu’il est le « Wim Vandekeybus des Balkans », sa danse est physique, avec beaucoup de travail de sol, très différente de mon apprentissage mais avec une dimension théâtrale qui m’intéressait beaucoup depuis que j’avais vu le travail de Jan Fabre. Jan Fabre, que j’étais d’ailleurs allée voir dès la sortie de l’école, à dix-huit ans, mais qui m’avait trouvée trop inexpérimentée et m’avait conseillé de revenir le voir dans quatre ans. C’est ce que j’ai fait, j’ai bien failli être recalée une seconde fois, d’ailleurs, mais après lui avoir montré ma combativité, il m’a embauchée pour la pièce As Long as the World Needs a Warrior’s Soul, créée en 2000. C’est le premier chorégraphe qui a su me faire dépasser mes limites, il savait faire « quelque chose avec moi », c’est celui que j’avais envie d’écouter. J’ai travaillé pendant cinq ans avec lui (Je suis Sang en 2001, le film Les Guerriers de la beauté de Pierre Coulibeuf et le solo Quando l’uomo principale è una donna, en 2004). Dans ces mêmes années, j’ai travaillé en parallèle avec Jan Lauwers (Images of affection, en 2002) et Sidi Larbi Cherkaoui (Foi en 2003). It’s going to get worse and worse and worse, my friend est un solo, c’est votre quatrième chorégraphie, a-t-elle un lien avec vos précédentes pièces ? L.G : Il m’a fallu quelques pièces pour réussir à atteindre une forme de sobriété et être capable d’exprimer une idée avec clarté. Mes premiers solos sont remplis d’énergie et de rage, mais il y a des liens entre les pièces. Souvent la pièce précédente est une « brique » qui permet de construire, de démar- rer la pièce suivante. Ainsi, en ce qui concerne les deux pièces présentées au Théâtre de la Bastille, It’s going to get worse and worse and worse, my friend finit par l’extase produite par le discours sur un corps, et AH/HA commence par l’extase produite par le rire. En 2006 j’ai fondé ma compagnie avec le solo Forever Overhead ; c’est une pièce sur la chute. Une pièce très physique, à chaque représentation je me cassais la nuque. Mon deuxième solo Birth of Prey (« La Naissance d’une proie »), montrait comment une proie et son agresseur peuvent devenir une même entité, comment deux forces opposées peuvent s’unir en un même point de contact, par exemple entre un cavalier et son cheval qui font rythme commun, ou quand un bateau se fond avec la ligne d’eau. Pour cette pièce j’ai beaucoup étudié les mouvements des animaux. Par exemple, quand un loup entre dans le territoire d’un autre loup, il veut montrer sa soumission et il expose ainsi les parties de son corps qui sont vulnérables, comme sa nuque ou son dos. Je suis toujours intéressée par la transformation, par les métamorphoses progressives d’un corps et c’est le cas dans le solo It’s going to get worse and worse and worse, my friend. C’est un solo qui parle de l’énergie qui se dégage de l’orateur, un corps qui est tellement emporté par ce qu’il dit qu’il sort de lui-même, comme en extase. Après avoir observé les mouvements des animaux dans votre solo Birth of Prey, vous avez observé pour It’s going to get worse and worse and worse, my friend ceux produits par les discours pleins d’emphase, ces discours qui métamorphosent un homme. L.G : La première source, la « graine » de ce solo est une interview de John Cassavetes qui parle de son film Opening Night. Il est contrarié par le peu de crédit accordé à son travail, il critique Hollywood et la télévision. Au fur et à mesure de sa réponse, on observe ses gestes devenir de plus en plus pointus, ses yeux sont exorbités, son visage se remplit de rage. Après avoir vu cette vidéo, j’ai eu envie de chercher comment un corps change quand il fait un discours. Cassavetes a été le déclencheur. Ensuite j’ai regardé beaucoup d’autres orateurs. Hitler, évidemment, a été très utile, il est très théâtral ; mais aussi Barack Obama, qui est très intéressant car il parle « en triangle », beaucoup avec sa tête, c’est plus fin. On pourrait dire qu’Hitler est wagnérien alors qu’Obama est plus Bach, avec des répétitions et des petits gestes. Je les ai tous passés en revue, Mussolini aussi, qui se met toujours sur la pointe des pieds pour se grandir, il est plutôt comique… J’ai récolté tous ces gestes mais je ne les copie pas. En revanche, je les répète, je les digère en studio et dans ma vie courante, chez moi ou quand je fais mes courses. Je les assimile progressivement, au point d’en faire une gestuelle quasi abstraite. Comment avez-vous construit le solo ? L.G : Il est construit en trois parties. La première partie est axée sur les gestes des discours que j’ai personnalisés. C’est comme un texte que je danse intérieurement. Ma formation Festival de Marseille – danse et arts multiples 24 juin › 19 juillet 2016 It’s going to get worse and worse and worse, my friend Lisbeth Gruwez en danse classique, que j’ai pourtant rejetée, m’a aidée dans cette pièce pour la précision gestuelle, les diagonales et les ports de bras. La deuxième partie met en scène une bande son composée de mots et qui « dialoguent » avec mes mouvements. Mon complice Maarten Van Cauwenberghe, qui signe la bande son, est toujours en studio dès le début du travail. En me voyant travailler ces gestes, il a souligné le besoin de mots. On a cherché une voix et on est tombé sur le discours du télévangéliste conservateur Jimmy Swaggart What the Bible says about Drugs. On a isolé des mots universels de ce discours, car il n’était pas question de parler de drogue ou de religion. Ce qui a été le plus compliqué a été de faire coïncider avec force les gestes et cette bande son. Il fallait trouver un mouvement qui pouvait aller avec le mot que l’on entendait, mais un mouvement qui ne disait pas ce que le mot signifiait. Il fallait trouver un rapport au mot sans lien précis avec sa signification. Dans la troisième partie, je danse l’énergie qui s’est déplacée de l’orateur au public, après le discours. C’est un passage avec des sauts et des vibrations. On entend le discours au lointain. Les mots sont absents, seule reste l’énergie qui s’est dégagée du discours pour aboutir à l’extase. propos recueillis par Aude Lavigne pour theatrecontemporain.net autour du spectacle RENDEZ-VOUS Bord de plateau avec l'équipe artistique Jeu. 7 juillet à l'issue de la représentation RETROUVEZ .................. LISBETH GRUWEZ avec le spectacle Lisbeth Gruwez dances Bob Dylan - Mer. 6 juillet Théâtre Joliette-Minoterie pour aller + loin... À propos du discours politique : « Monsieur le président de la Chambre, je remercie mes collègues du comité des réglementations. Je soutiens totalement cette résolution et j’exhorte mes collègues à soutenir ce projet de loi et j’exhorte mes collègues à soutenir ce projet de loi [sic]. Monsieur le président, soutenir cette réglementation et ce projet de loi est bon pour les petites entreprises […]. Notre système économique a permis la création de deux millions d’emplois ces deux derniers mois. Vêtements, textile, transport et équipements […]. Pratiquement tous les États de l’Union peuvent se prévaloir d’au moins un de ces secteurs industriels. D’ailleurs, une jeune fille, Lucy, voulait s’assurer que la croissance allait continuer [sic]. » Ce texte a été émis par le générateur automatique de discours politiques mis au point en janvier 2016 par Valentin Kassarnig, étudiant à l’Université du Massachusetts, aux États-Unis. Son algorithme génère des textes selon l’appartenance politique et l’avis du locuteur sur le projet de loi dont il parle, en s’appuyant sur un corpus de 3 857 discours délivrés dans 53 débats à la Chambre des représentants en 2005, dont ont été analysés et classés les structures, redondances, mots et tournures utilisés en fonction de l’appartenance politique. Pour chaque séquence de six mots, le système calcule la probabilité de voir apparaître le sixième en fonction des cinq précédents. Si le résultat est troublant, il n’est pas sans faille : pour l’exemple ci-dessus, il a été demandé au système de produire les propos d’un démocrate censé être opposé au projet dont il parle, ce que le générateur n’a manifestement pas pris en compte. Comme le relève Le Monde sur son blog Big Browser, on voit comment le générateur a intégré un début d’anecdote sur une « petite fille », cheville bien connue du discours politique qui consiste à intercaler un exemple jouant sur un ressort affectif fort, comme l’enfance, après une séquence très aride (ici sur les secteurs industriels du pays). La présentation détaillée de la méthode de Valentin Kassarnig : arxiv.org/pdf/1601.03313v2.pdf en tournée 18, 19 nov. - St-Médard-en-Jalles / Le Carré - Les Colonnes Du 18 au 24 juillet, retrouvez aussi Lisbeth Gruwez au Festival d’Avignon avec sa création 2016 We’re pretty fucking far from okay.
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