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DR d P.10 P.12 P.14 P.14 P.16 P.17 P.18 P.19 P.20 P.20 P.21 o s s i e r Spécial ro-ro Roulier : le marché change de visage Flotte : les fondamentaux sont sains Lübeck : timide embellie sur le premier port roulier allemand Bremerhaven : le trafic automobile continue d’accélérer Rotterdam : des investissements dans une conjoncture porteuse Anvers : des investissements massifs pour le trafic roulier Gand : le port connaît une reprise du trafic Zeebrugge : le port a pris la pole position en Belgique Douvres : le port bat tous les records Calais : le départ de Gefco ne remet pas en cause les investissements dans le terminal roulier Dunkerque : un trafic en croissance et bientôt un nouveau terminal transmanche P.22 P.23 P.24 P.25 P.25 P.26 P.27 P.28 P.28 P.29 P.30 Dieppe : année de transition pour la ligne vers Newhaven Haropa : des activités qui se diversifient au terminal roulier du Havre Haropa : Rouen joue la carte de l’Afrique de l’Ouest Bretagne Nord : le roulier se concentre sur le transmanche Nantes Saint-Nazaire : incertitude liée aux autoroutes de la mer La Rochelle : un trafic pour l’armée et Alstom Espagne : un trafic en pleine expansion Sète : un trafic en accélération Marseille-Fos : les Dacia tangéroises, une éclaircie sur les terminaux de Fos Toulon : le port roule pour la Turquie Italie : l’avenir des ports italiens passe par le ro-ro JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 9 D o s s i e r Spécial ro-ro Roulier : le marché change de visage Avec environ 15 millions de véhicules et machines transportés en 2014 par des navires rouliers, le marché s’est transformé au cours des dernières années. La progression constante des véhicules en sortie des pays émergents prend de plus en plus le pas sur le Vieux Continent. 10 JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 DR S elon les derniers chiffres publiés par K Line dans son document sur l’état du marché maritime, le transport global de véhicules ne cesse de progresser depuis les dernières années. En 2014, les derniers chiffres estiment aux alentours de 15 millions d’unités le nombre de matériels roulant transportés par voie maritime. Une tendance qui devrait continuer à s’accroître sur les prochaines années. Dans ses perspectives, K Line estime que le volume devrait atteindre 20 millions d’unités vendues en 2020. La crise de 2008 a pesé lourdement sur ce marché puisque le nombre de voitures transportées a chuté en 2009 de 30 % à environ 9 millions d’unités transportées. En 2014, si le marché s’est tassé, il reste malgré tout plus élevé qu’en 2008. En effet, l’année de la crise, le nombre de voitures et machines transportées par voie maritime s’est élevé à 13 millions. Cette crise a surtout modifié les bases du marché. Le Japon et la Corée, principaux producteurs d’automobiles, ont vu leurs exportations s’effriter. En 2008, le Japon a exporté 6,2 millions de voitures et machines. En 2014, ce chiffre dépasse à peine 4 millions d’unités (4,06 millions). Dans le même temps, les exportations de voitures depuis les pays émergents n’ont cessé de progresser. Le Mexique s’est imposé au fur et à mesure des années comme une grande puissance automobile exportatrice. Avec 2,6 millions de voitures et machines exportées en 2014, sa part de marché ne cesse de croître. Quant à la Chine, dont la production automobile est devenue un enjeu national, elle a vu ses exportations se tasser en 2014 perdant 2,9 % à 878 000 unités exportées. L’Europe reste dans la course sur ce marché avec une légère progression de ses exportations au cours des dernières années pour se situer aux environs de 3,9 millions de véhicules vendus. Une année en dessous des attentes Dans son rapport annuel, le courtier parisien Barry Rogliano et Salles analyse 2014 comme une année en dessous des attentes. Quant à 2015, elle devrait s’apparenter une nouvelle fois à une année de transition. BRS explique que la situation en Europe s’est éclaircie en 2014. Les immatriculations de véhicules de tourisme neufs ont augmenté de 5,7 % pour atteindre 12,5 millions. Une donnée rassurante puisque pour la première fois en six ans, les ventes sont reparties à la hausse. Cette hausse a été contrebalancée par les diminutions intervenues sur le marché russe après les sanctions économiques imposées contre le gouvernement de Moscou dans la crise ukrainienne. En Chine, la production et la vente de véhicules ont encore battu des records. L’empire du Milieu a produit 23,7 millions de véhicules et vendu 23,4 millions d’unités sur son marché intérieur. Une production essentiellement tournée vers l’intérieur puisque les exportations de véhicules construits en Chine accusent une baisse pour la seconde année consécutive, de 6,9 % à 533 000 unités. Le marché américain conserve sa première place. Avec 16 millions de véhicules vendus, en hausse de 6 %, il participe activement à l’essor du commerce mondial automobile ali- D menté par des véhicules en provenance du Japon, de Corée mais aussi des pays émergents. Sur les deux principaux marchés asiatiques, le Japon et la Corée du Sud, la production a augmenté. Au Japon, la production a progressé de 1,5 % et les ventes sur le marché domestique de 3,5 %. C’est sur les exportations que les véhicules nippons accusent un repli. Une tendance qui a été marquée principalement par les ventes vers les États-Unis. Les ventes de véhicules en Europe ont pour leur part augmenté. En Corée, les mouvements sociaux dans l’industrie automobile en 2014 ont affecté la production qui a augmenté de 0,1 % quand les ventes sur le marché domestique ont grimpé de 5,8 %. Les premiers signes d’une éclaircie sur le marché automobile mondial laissent espérer des résultats plus optimistes pour 2015. Selon le rapport du courtier parisien BRS, les prévisions de vente de véhicules légers devraient augmenter entre 3 % et 4 %. o s s i e r Des condamnations Les enquêtes lancées en septembre 2012 sur des présomptions de pratiques anticoncurrentielles ont donné lieu aux premiers résultats. Les armements japonais ont payé des amendes dont certaines atteignent des sommes importantes. Aux États-Unis, la filiale de Mitsui OSK Lines, NMCC, et CSAV ont négocié un accord. Au Japon, la Fair trade Commission a reconnu coupables NYK Line, K Line, Wallenius Wilhelmsen Lines, NMCC et Mitsui OSK Lines. Après les sociétés, ce sont les dirigeants de certaines compagnies maritimes qui ont été condamnés à des peines de prison. Le 13 février, nous écrivions que ces condamnations n’étaient qu’une étape. Les procès en dommages et intérêts demandés par les réceptionnaires sont en cours d’instruction. Pour BRS, ce dossier est loin d’être clos : « Nous pensons que 2015 donnera lieu à d’autres inculpations et pénalités, notamment parce que les autorités antitrust de la Commission européenne ne se sont pas encore prononcées sur ce dossier. » Pour la première fois de son histoire, la barre des 90 millions de véhicules produits dans le monde pourrait être atteinte. Les prévisions sur les exportations sont plus réservées. Si Huyndai Motor estime que les exportations vont augmenter de 1,7 % en 2015, Toyota annonce un recul de 1 %. Toute l’économie du marché repose donc sur l’avenir du marché chinois dont les prévisions laissent entrevoir un tassement de la demande et du marché russe. Les sanctions européennes contre la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne pourraient peser lourdement sur le marché des ventes de véhicules. Selon le rapport BRS, les ventes de voitures neuves devraient accuser une baisse comprise entre 25 % et 35 %, « ce qui pourrait bien tirer les autres marchés vers Hervé Deiss le bas ». n JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 11 D o s s i e r Spécial ro-ro Flotte : les fondamentaux sont sains L a flotte actuelle des navires rouliers (transportant des véhicules et roulants) atteint aujourd’hui 768 unités, selon un rapport publié en décembre par Clarcksons Research. Une flotte qui a connu au cours des dernières années une progression en termes de capacité. En effet, entre 1996 et 2014, elle est passée d’une capacité totale de 1,35 MEVT (équivalent véhicules de tourisme) à 3,76 MEVT, soit une augmentation de 175 %. Les dix premiers armateurs opérant dans le monde du roulier totalisent 579 navires, soit 75 % de la flotte mondiale des navires de plus de 1 000 EVT. En termes de capacité, leur part de marché s’élève à 88 % avec 3,3 MEVT. Les armateurs asiatiques dominent le marché, selon les données fournies par NYK Line. NYK RoRo s’impose en première place avec 113 navires pour 650 000 EVT de capacité. Il est suivi par Mitsui OSK Lines qui aligne une flotte de 83 navires pour 476 000 EVT. Sur la troisième marche du podium, l’armement coréen Eukor s’impose avec 79 navires pour une capacité de 5,1 MEVT. Eukor a été repris par Wallenius Wilhelmsen Logistics en coopération avec les constructeurs automobiles Kia Motors et Hyundai Motor Company. Il est compté à part de Wallenius Wilhelsmen Logistics en raison de son affectation particulière pour le transport des voitures de ses deux actionnaires, Kia et Huyndai. Il assure des liaisons depuis les ports turcs, indiens et coréens vers les marchés internationaux. Le quatrième de la liste est aussi originaire du Japon. K Line dispose d’une flotte de 78 navires pour une capacité de 4,1 MEVT. La position dominante des acteurs asiatiques, notamment japonais et 12 JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 coréens, montre la puissance de l’industrie automobile dans ces pays au cours des dernières années. Dans la seconde partie du tableau, les armateurs sont principalement d’origine européenne. Wallenius Wilhelsmen Logistics se place en cinquième position avec 57 navires pour une capacité de 377 000 EVT. La fusion entre le Suédois et le Norvégien en 1999 a donné naissance à un groupe européen de premier plan. Si chaque armement conserve une autonomie pour la gestion des navires, les activités commerciales sont mutualisées. Le groupe balte est partenaire dans une co-entreprise sur Eukor et détient une partie de Glovis. Ce dernier, basé en Corée, a été créé en 2010. Société spécialisée dans la logistique automobile internationale, le groupe s’est rapproché du constructeur automobile Hyundai et a développé au cours des années une flotte de navires. Aujourd’hui, Glovis Hyundai aligne 50 navires pour une capacité de 285 000 EVT. Un retour à la croissance après quatre ans de repli Dans le bas du tableau des dix premiers armements rouliers, Grimaldi prend la sixième place avec une flotte de 46 navires pour une capacité de 184 000 EVT. Le groupe italien reçoit actuellement une nouvelle gamme de navires pour Grimaldi destinée à la desserte des pays d’Afrique de l’Ouest. Grimaldi intègre aussi la flotte d’ACL Cargo, opérateur originaire des ÉtatsUnis racheté par l’armement italien dans les années 2000. Hoegh Autoliner se place en septième position en termes de nombre de navires. Il dispose d’une flotte de 45 unités. Il est situé à une meilleure place en capacité puisqu’il aligne 278 000 EVT. © É.H. Avec 768 navires, la flotte des navires PCTC (pure car and truck carrier) se stabilise. La croissance passée au cours des années 1996 à 2008 s’est estompée. À la différence des autres marchés comme les lignes maritimes régulières, la flotte ne devrait pas connaître de surcapacité. Armement norvégien, il est aujourd’hui propriété de Leif Höegh & Co. Holdings AS, majoritaire à hauteur de 61, 25 %, et de A.P. Møller-Mærsk A/S qui détient 38,75 % du capital. Hoegh et Deltamarin, une société d’engenering naval, ont conçu un nouveau type de navire PCTC d’une capacité de 8 500 EVT. Outre sa capacité, ce projet allie toutes les dernières innovations technologiques en matière de protection de l’environnement. Le 3 juin, Hoegh a procédé à la cérémonie de baptême de ce navire qui prend le nom de Hoegh-Target, construit dans les chantiers de Xiamen, en Chine. Pénultième armateur de ce classement, NMCC (Nissan Motor Car Carrier) dispose d’une flotte de 17 navires pour une capacité de 91 000 EVT. Cet armement est le fruit d’une coopération entre Mitsui OSK Lines, Hoegh Autoliner et Nissan Motor Company. Enfin, à la dixième place se situe UECC (United European Car Carrier). Cet armement créé par Ugland a été repris à 50 % par NYK Line en 1990. Un an plus tard, en 1991, il devient une coentreprise entre NYK Line et Wilhelmsen Lines. Avec une flotte de 11 navires, UECC dispose d’une capacité de 49 000 EVT. Il opère principalement en Europe sur des trafics de short sea. Dans son rapport annuel, le courtier parisien BRS note que la flotte des transporteurs de voitures « continue D de s’appuyer sur la prédominance de fondamentaux aussi solides que sains ». En 2014, 22 navires ont été livrés contre 19 en 2013. Ces nouvelles unités représentent un volume de 138 000 EVT. « Cette hausse marque le retour à la croissance de nouvelles constructions après quatre années consécutives de repli », continue le rapport BRS. La capacité moyenne de la flotte se situe aux environs de 6 257 EVT par navire, soit une baisse de 0,2 %. Le carnet de commandes s’élève à 59 unités. Les principaux o s s i e r opérateurs ont passé auprès des chantiers des commandes pour des navires de type post-Panamax. L’entrée dans la flotte de Hoegh d’un navire de 8 500 EVT, tout comme la réception du dernier PCC de NYK RoRo de 7 000 EVT confirme cette tendance. Le marché du roulier semble plus « raisonnable » que les autres secteurs maritimes. La démolition des navires les plus anciens se fait sur une base constante. En 2014, 14 navires pour une capacité totale de 56 000 EVT ont été démolis. « Nous tablons pour les prochaines années sur le maintien de cette activité de démantèlement soutenue », indique le rapport BRS. Malgré tout, avec neuf navires âgés de plus de 28 ans sur les 14 démolis en 2014, la péréquation de cette équation sur les années à venir démontre que la flotte restera en augmentation nette. Dans le même temps, la demande de transport devrait aussi augmenter, ce qui pose des bases saines sur le développement de cette Hervé Deiss activité. n JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 13 D o s s i e r Spécial ro-ro LÜBECK Timide embellie sur le premier port roulier allemand À l’ombre de Hambourg, le site s’est imposé comme le point de passage obligé des trafics ro-ro entre la Scandinavie et le continent. Mais le port, qui a perdu d’importants volumes depuis la crise de 2008, a du mal à remonter la pente. produits européens, qui a plombé l’activité de produits surgelés, l’autre grande spécialité du site. L’ En finir avec le « tout ro-ro » embellie est modeste, mais pour les responsables du port de Lübeck, c’est toujours cela de pris. Avec 5,7 Mt manutentionnées l’an dernier, les trafics ro-ro progressent de 1 %. La croissance est enfin de retour après des années de morosité. De fait, le site qui a été durement touché par la crise de 2008 n’a depuis cessé de perdre des volumes qu’il n’a jamais réussi à rattraper. Ainsi en 2007, le port voyait transiter 32,3 Mt de marchandises par ses quais (dont environ deux tiers de ro-ro), contre 26,3 en 2014. Seul motif de consolation : malgré la tempête, le port a réussi à conserver sa couronne de plus grand terminal roulier outre-Rhin. Sur ce créneau, il domine largement Hambourg (où les transports rouliers sont quasiment inexistants) et il continue à devancer son concurrent direct, Rostock (qui enregistre des volumes deux fois moins importants). Le port, idéalement relié aux grands axes routiers, s’est imposé comme la plaque tournante ro-ro avec la Scandinavie, les Pays baltes et la Russie. Lübeck est notamment devenu la porte d’entrée de l’industrie du papier scandinave sur le continent. Seulement voilà, l’apparition des médias électroniques a plongé le secteur dans une crise sans précédent. Depuis 2008, les fermetures d’usines se multiplient. Par ricochet, Lübeck voit ses volumes fondre inexorablement sur ce segment. L’an dernier encore, ils ont reculé de 2 %. Autre difficulté : l’embargo russe sur les Pour se relancer, le port a décidé d’en finir avec le « tout ro-ro » qui a fait ses beaux jours jusqu’ici. Les autorités portuaires misent désormais sur le transport combiné et notamment le train/bateau qui semble prometteur. Sur le terminal dédié, l’activité s’est envolée l’an dernier de 35 %. Le principal opérateur portuaire a d’ailleurs annoncé de nouveaux investissements pour renforcer les liaisons ferroviaires dans l’hinterland. « Nous ferons tout pour maintenir notre position de leader sur la façade maritime de la Baltique », assure Sebastian Jürgens, le directeur du Lübecker n Hafen-Gesellschaft. Antoine Heulard BREMERHAVEN Le trafic automobile continue d’accélérer Avec 2,2 millions de véhicules traités sur les quais des ports de Brême et Bremerhaven, le port allemand confirme sa place de premier port européen en matière de trafic automobile. E n 2014, le port de Saxe affiche une croissance de 4,2 % du trafic roulier. Après avoir enregistré une stabilité sur cette filière, Bremerhaven reprend sa course à la croissance. En 15 ans, Bremerhaven a réussi à doubler son trafic automobile, passant de 1,09 million de véhicules en 2000 à 2,2 millions en 2014. Outre cette performance, le port allemand réalise la majeure partie de ce 14 JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 trafic vers l’exportation. En 2013, les trafics automobiles en sortie se sont élevés à 1,7 million de véhicules, soit une hausse de 36,4 %. Les importations ont représenté 426 702 véhicules, soit une baisse de 13,2 %. La crise de 2008 est rangée dans les archives. Après avoir subi une baisse de 40 % de son trafic automobile en 2010 pour atteindre un trafic de 1,2 million de véhicules, Bremerhaven a su revenir dans la course et surpas- ser les trafics de l’avant crise. Dans les années 1990, le trafic de Bremerhaven se réalisait principalement sur des importations. Dès 1995, les exportations ont pris le dessus. Au début du siècle, le trafic entre importation et exportation se faisait à 40 % à l’entrée et 60 % à la sortie. La tendance constatée dans ces années s’est confirmée au cours des années pour se placer en 2013 à 80 % d’exportation et 20 % d’importation. o s s i e r DR D L’industrie automobile allemande a su gagner des marchés à l’exportations dans les voitures de luxe et les berlines. Le port de Bremerhaven profite d’une industrie automobile nationale fortement développée. Entre Volskwagen, second producteur mondial d’automobiles, BMW, Daimler, Porsche et les deux usines du groupe Ford à Saarlouis et Cologne, la filière automobile alimente le port de Bremerhaven. Cette place dans les trafics automobiles, le port la doit aussi à la présence d’un opérateur de terminal, BLG, parmi les principaux opérateurs en Europe. Le groupe a traité 7,4 millions de véhicules en 2014. Des trafics qui s’étendent sur Bremerhaven, Hambourg et Cuxhaven. « Face à la croissance du trafic auto- mobile dans les prochaines années, le gorupe a décidé d’agrandir ses capacités de stockage dans le port de Bremerhaven en ajoutant un nouveau parking d’une capacité de 6 000 véhicules », annonce le rapport annuel du groupe logistique. Bremerhaven devrait conserver sa position de premier port automobile pendant quelques années encore. n Hervé Deiss JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 15 D o s s i e r Spécial ro-ro ROTTERDAM Des investissements dans une conjoncture porteuse Le port néerlandais enregistre une hausse continue des transbordements ro-ro depuis début 2014. L’ DR activité du port de Rotterdam dans le secteur ro-ro est dynamique, comme les projets d’investissement à l’étude le prouvent. Rotterdam domine les places portuaires du nord-ouest de l’Europe regroupées au sein de la catégorie « Le Havre-Hambourg ». Après une hausse de 8,1 % des transbordements l’année dernière ayant porté sur 20 Mt de marchandises, 2015 a continué sur cette lancée avec une augmentation de 10,6 % des volumes sur le premier trimestre pour atteindre 5,3 Mt. Quatre compagnies d’armateurs se partagent ce marché en assurant des liaisons quotidiennes entre Rotterdam et le Royaume-Uni, soit 90 % de l’activité ro-ro du port néerlandais. 16 JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 Les 10 % restant proviennent de trafics avec la Suède, la Norvège et le Portugal. Plusieurs types de cargaisons Les navires embarquent plusieurs types de cargaisons : remorques avec ou sans chauffeur, wagonnets roulants transportant papier et produits dérivés ainsi que des conteneurs tout comme les flottes de voitures. En termes de marchandises transbordées, les expéditions vers le Royaume-Uni concernent principalement des denrées alimentaires (fruits, légumes, conserves, chocolat, farine) et des appareils électriques provenant d’Allemagne et ou d’Italie. Pour les arrivages de marchandises britan- niques, beaucoup de déchets ménagers du fait d’un manque d’équipement pour les traiter outre-Manche, mais également des boissons, notamment de la bière. Quant aux échanges avec la Suède, ils portent sur l’exportation de papier et ses dérivés. La Norvège de son côté importe des métaux, de l’aluminium et du matériel lourd pour l’exploitation pétrolière offshore. Pour accompagner la conjoncture porteuse qui ne se dément pas depuis l’année dernière, la société d’exploitation du port néerlandais a décidé la mise en place d’un chantier d’agrandissement du quai ferroviaire dédié aux transbordements ro-ro. Audelà, le projet de construction d’un terminal réservé à l’usage exclusif des professionnels du roulier pourrait prochainement être mis sur les rails. n Didier Burg D o s s i e r ANVERS Des investissements massifs pour le trafic roulier Le port scaldien est présent dans le secteur des trafics rouliers traités via trois grands terminaux spécialisés, dont deux dans la zone portuaire de la rive gauche, un derrière les écluses rive droite, sans oublier un poste très particulier qui complète le terminal à conteneurs à marée Europa Terminal sur le fleuve rive droite où sont traités les conros géants d’ACL. outes ces installations, outre les accès aux réseaux routiers, sont desservies par le rail et le fleuve. L’année dernière, ce type de trafic a porté sur 4,74 Mt, dont 1,98 Mt au déchargement et 2,76 Mt au charge- ment. Ce trafic est loin en dessous du record de 2012 avec 7,23 Mt. Dans ce volume, les produits forestiers sont intervenus avec 744 757 t, dont 739 252 t au déchargement. Dans la rubrique matériel roulant (3,56 Mt dont 2,46 Mt au chargement) figurent les voitures neuves et d’occasion, avec 1,19 million d’unités dont 814 721 au chargement. Les conteneurs ont représenté 22 600 EVP. n Bernard Van den Bossche AET sera en 2016 le plus grand terminal roulier Antwerp Euroterminal, une filiale du groupe Grimaldi, dont il est largement majoritaire, est manifestement le principal terminal roulier du port. Les extensions en cours feront qu’en 2016 sa dimension sera encore plus importante. La longueur de quai passera de 1,7 km à 2,3 km et la superficie de 108 ha à 130 ha. Actuellement, ce terminal de la rive gauche peut traiter un roulier à rampe arrière axiale (deux en 2016) et simultanément cinq rouliers ou conros à rampe arrière oblique. L’année dernière, AET a traité 641 000 unités en ro-ro. Ce trafic s’est manifesté à raison de 26 % au déchargement et 74 % au chargement. Les diverses sont intervenues avec 187 402 t, en hausse de 3,6 %. Outre les voitures, soit plus de 600 000 unités, les colis lourds (de 150 t à 200 t) sont intervenus avec 546 unités. Au cours des derniers mois, ce terminal a pris un caractère « multi users » en ce sens qu’outre les navires des différents services du groupe Grimaldi et de la filiale Finnlines sont également réceptionnés les rouliers de Hoegh Autoliners, depuis quelques mois, et de Hyundai Glovis, qui opère entre l’Europe du Nord, l’Afrique du Sud et de l’Est. La direction de l’entreprise compte cette année sur un volume de trafic ro-ro de 740 000 unités. Ce terminal deviendra polyvalent en 2016 en s’adjugeant une fonction de terminal à conteneurs à part entière avec deux portiques appelés à traiter dès avril/mai 2016 la nouvelle génération des conros d’ACL. © AET T Sallaum Lines dispose de son terminal De création récente, l’armement Sallaum Lines, du nom de son fondateur libanais, s’est bien inscrit dans le paysage portuaire anversois. Il y dispose rive droite, à la 6e darse, de son propre terminal dont il détient 49 %, ses partenaires étant la Mexico natie (49 %) et le manager G. Beudeker (2 %). Une installation de 23 ha que borde un quai de 1 287 m. L’armement s’est d’abord axé sur la desserte de l’Afrique de l’Ouest, alignant des car carriers et PCTC équipés de rampes de 70 t à 120 t de capacité. Ces unités opèrent à raison d’un départ par semaine. L’année dernière, ce terminal a traité 136 000 unités ro- ro, dont 90 % de voitures d’occasion et neuves ainsi que de camions, et 10 % pour des engins de génie civil, des colis lourds et volumineux. Au retour de l’Afrique de l’Ouest, les navires ramènent des bois sciés chargés à San Pedro, Abidjan, Douala et Pointe Noire. Cette année, Sallaum Lines a lancé un nouveau service d’Anvers vers le Liban et la Libye, assuré sur la base de deux à trois départs par mois. Sont expédiées des voitures neuves et d’occasion. Pour l’instant, il n’y a guère de retour. La direction de Sallaum Lines Belgium compte réaliser cette année à Anvers un trafic de 25 % supérieur au score de l’année précédente. JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 17 D o s s i e r Spécial ro-ro Europa Terminal DR ICO Terminals Dans la zone portuaire de la rive gauche, en bordure de la darse de Vrasene, se trouve le grand terminal ICO (International Car Operators) du groupe NYK. L’installation couvre une superficie de 125 ha que borde un quai de 3 150 m. Ce quai comporte notamment un poste pour roulier à rampe arrière axiale. L’année dernière, ce terminal a traité 461 200 unités en ro-ro, dont 385 000 voitures comprenant 76 200 unités « High and heavy ». De nombreux armements escalent à ce terminal. Eukor en provenance d’Extrême-Orient, qui y charge pour le Moyen-Orient et l’Afrique de l’Est, K Line qui décharge des voitures en provenance du Japon, MOL en import du Japon et export pour la Chine, NYK en import du Far East et export pour le Moyen-Orient, Karim Line qui charge des voitures d’occasion pour l’Afrique de l’Ouest, Hoegh Line en import du Far East et export vers l’Afrique du Sud, le Moyen-Orient, l’Australie et le Far East. Enfin, NMT charge à destination de l’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient et de l’Australie. À l’une des extrémités du quai de 1 180 m de long de ce terminal à conteneurs à marée se trouve un poste ro-ro unique en Europe. Il s’agit d’une plate-forme de 35 m x 27,5 m équipée d’une passerelle de 7 m de large, 70 m de long, qui donne accès à un ponton de 24 m de large et 75 m de long. Cette installation, sur le ponton duquel les rampes arrière obliques des conros géants d’ACL peuvent se poser, évolue selon le jeu des marées. Sont ainsi effectuées des opérations simultanées lors des escales, conteneurs manutentionnés par les portiques du quai et manutention en transroulage via l’installation précitée. L’année dernière ACL, qui effectue deux escales par semaine, a traité 6 338 unités fret au chargement et 6 338 unités au déchargement. Il s’agit de voitures, de conventionnel sur mafis, de colis lourds et de yachts. Au terminal polyvalent d’Euroports, à la darse de Vrasene rive gauche, sont traités les rouliers de l’armement Transfennica (Spliethoff) qui assure des services avec la Scandinavie amenant notamment à Anvers des produits forestiers. GAND Le port connaît une reprise du trafic Outre sa fonction de port industriel, Gand pratique toutes les disciplines en matière de trafics maritimes. Parmi celles-ci, la technique du transroulage connaît un important développement. L’année dernière, ce type de trafic a porté sur 2,15 Mt, en hausse de 9 %. Cette relance s’est manifestée dès 2013. un des animateurs de ce trafic est l’armement DFDS Seaway qui dispose au bassin Mercator, section nord, de son propre terminal, à savoir un site de 200 000 m2 que borde un quai de 1 000 m. C’est là qu’accostent les rouliers de l’armement qui assurent six départs par semaine vers Göteborg, dont un implique également une escale à Brevik, en Norvège. L’année dernière, ce terminal a vu transiter quelque 76 000 voitures, essentiellement des Volvo, 96 000 remorques et 20 000 t d’autres marchandises, à savoir des conteneurs, des équipements roulants, du conventionnel sur mafis et des colis lourds. 18 DR L’ JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 L’entreprise assure les opérations de manutention. L’autre entreprise impliquée dans les trafics ro-ro est la société Stukwerkers, qui exploite pas moins de six terminaux dans la zone portuaire, soit 4 km de quai pour 600 000 m2 d’espace d’entreposage, dont 95 000 m2 d’entrepôts. Dans le secteur des diverses, tous conditionnements confondus, c’est l’entreprise la plus importante du port. Ses activités ro-ro sont traitées au bassin Mercator, section sud. L’année dernière, 43 000 voitures de Honda ont été réceptionnées pour distribution dans divers pays européens, notamment la France et la Belgique. n Bernard Van den Bossche D o s s i e r ZEEBRUGGE Le port a pris la pole position en Belgique L’ année dernière, le trafic roulier a porté sur 13,18 Mt, dont 1 240 000 camions et semi-remorques et 70 000 t de colis lourds et volumineux. Dans ce contexte, Zeebrugge est devenu le premier port automobile européen avec un trafic de 2 200 422 voitures neuves, soit 3 Mt, dont 1 239 565 unités à l’exportation. Cette position sera encore renforcée cette année avec l’apport de quelque 100 000 voitures (Peugeot/ Citröen) que le groupe Gefco transfère de Calais à Zeebrugge (terminal ICO) dans le cadre d’une rationalisation de ses expéditions vers le Royaume-Uni. appontement. Wallenius Wilhelmsen Logistics traite ses trafics de voitures deepsea. International Car Operators (groupe NYK) exploite pour sa part trois terminaux, dont deux en bordure du grand bassin-canal, et un grand terminal qui entoure pratiquement le bassin commercial nord. Cet opérateur a traité l’année dernière un trafic de 1 450 000 voitures. Du nord au sud de l’Europe, Zeebrugge a su s’impliquer dans de nombreux trafics, qu’il s’agisse de services shortsea ou deepsea, ces derniers étant axés sur le continent américain, l’Afrique du Sud et de l’Ouest, l’Asie DR Le port côtier belge, de par sa position en bordure de mer, a développé au fil des décennies une fonction de centre de transbordement rapide, en premier lieu vis-à-vis des relations entre le continent et la GrandeBretagne, ensuite avec le sud de l’Europe, la Scandinavie et autres pays riverains de la Baltique. et l’Australie/Nouvelle-Zélande. Quant au fret, outre des voitures transitent sur ces terminaux des dizaines de milliers de camions et semi-remorques, des utilitaires et autres engins de génie civil, du conventionnel sur mafis, des colis lourds et volumineux. La plupart des grands armements ro-ro y escalent avec des car carriers et autres Bernard Van den Bossche PCTC. n Infrastructures appropriées Cette évolution dans ce secteur de trafic roulier, Zeebrugge la doit au développement progressif au cours des années d’infrastructures appropriées, tant dans l’avant-port que dans l’arrière-port. Ce trafic transite via une douzaine de terminaux spécialisés, dont cinq dans l’avant-port. P&O Ferries dispose de son propre terminal pour passagers et fret. Le groupe Cobelfret, via sa filiale C Ro Ports, est présent au quai de Suède ainsi qu’au Brittannia Dok, site complété de la plaine Minerva. DFDS Seaway dispose d’un poste à l’extrémité du bassin des Willingen, et PSA Zeebrugge exploite en bordure du même bassin un grand terminal où sont traités en ro-ro des trafics de produits forestiers. Dans l’arrière-port, pas moins de six terminaux. En bordure du grand bassincanal sont opérationnelles les installations suivantes : C Ro Ports y exploite le Canada Terminal essentiellement pour trafics deep sea. Toyota a son propre terminal avec JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 19 D o s s i e r Spécial ro-ro DOUVRES Le port bat tous les records L’année 2014 a été une excellente année pour le port de Douvres qui s’impose comme un des premiers ports rouliers en Europe. A est notamment en cours de construction. Le projet devrait être achevé d’ici la fin de l’année. La meilleure progression depuis trente ans © H.D. vec 2,5 millions de véhicules, le port de Douvres a connu une activité inédite l’an dernier. En progression de 9,7 % par rapport à 2013, le trafic ro-ro n’avait jamais atteint un tel niveau. Il faut remonter sept ans en arrière pour trouver des chiffres comparables à ceux de 2014. En 2007, avant la crise économique, Douvres a vu défiler 2,36 millions de poids lourds et remorques (soit un chiffre tout de même 2,5 % inférieur à celui de 2014). Le port a ensuite connu cinq années difficiles du fait de la crise. Le trafic ro-ro est même passé sous la barre des 2 millions de véhicules en 2012. Cette année-là, Rotterdam avait pris la tête du classement pour le trafic de marchandises en Europe. La direction du port pense être en mesure de renouveler cet exploit cette année. « Douvres est le point d’accès le plus proche pour l’Europe et aucun autre port britannique n’offre un ser- vice ro-ro aussi rapide que Douvres avec le continent », affirme Tim Waggott, le directeur général du port. Et le port continue de renforcer ces atouts : un parking d’une capacité de 220 véhicules de marchandises De manière plus générale, les statistiques les plus récentes publiées par le ministère britannique des Transports sont très encourageantes pour le trafic ro-ro britannique. Au premier trimestre 2015, 767 000 véhicules de marchandises ont traversé la Manche de la Grande-Bretagne vers l’Europe, soit un chiffre en progression de 11 % par rapport au premier trimestre 2014 et un record jamais enregistré depuis 30 ans. Les chiffres publiés par le port de Southampton confirment également un niveau d’activité en hausse depuis le début de l’année. Le port, qui a vu défiler 822 000 véhicules de marchandises en 2014, a enregistré une hausse du trafic de 21 % au pren mier trimestre 2015. Amandine Alexandre CALAIS Le départ de Gefco ne remet pas en cause les investissements dans le terminal roulier Excepté la liaison vers Douvres, l’essentiel du trafic ro-ro de Calais dépendait jusqu’au mois d’avril de Gefco, qui y faisait transiter les voitures neuves de PSA vers les ports anglais de Sheerness (à l’embouchure de la Tamise), Killingholme et Grimsby (sur la Humber, près de Leeds). M ais, depuis le 8 avril le transporteur, passé du giron de PSA à celui des chemins de fer russes RZD fin 2012, a brutalement reporté son trafic vers le port belge de Zeebrugge, place forte du trafic auto- 20 JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 mobile dont les volumes croissent de manière continue depuis 2009 et qui a retrouvé en 2014 le record de 2007 avec 2,2 millions d’unités. Parallèlement, sur les trois dernières années, le trafic de voitures neuves à Calais n’a fait que diminuer. Il s’élevait à 93 833 unités en 2014, en baisse de 7 % par rapport à 2013. Le port de Calais dispose aujourd’hui d’une plate-forme de stockage ro-ro de 30 ha et trois passerelles à simple D o s s i e r DR pont, dont une seule (T4) peut accueillir des navires de plus de 180 m. Le projet Calais Port 2015, en cours de bouclage financier, prévoit dès sa première phase la création d’un nouveau terminal ro-ro multifonctions doté d’un linéaire de 650 m, et la jumboisation de l’actuel poste ro-ro T1, qui peut accueillir aujourd’hui des unités de 130 m et d’un tirant d’eau de 7 m. Ces installations seront reliées au site de ferroutage doté d’une capacité de n 200 000 remorques par an. Mathieu Hébert DUNKERQUE Un trafic en croissance et bientôt un nouveau terminal transmanche En 2014, le trafic roulier a franchi une nouvelle barre en totalisant 13,9 Mt, soit une hausse de 13 % par rapport à l’année précédente. Avec 570 000 unités de fret, le nombre de camions et remorques affiche une hausse de 14 %. Les passagers et les voitures de tourisme progressent respectivement de 10 % et 3 % pour 2 520 000 voyageurs et 670 000 véhicules. C © NAI ette année, la tendance se confirme avec une hausse du trafic roulier de 12 % fin mai. Ce trafic entre Dunkerque et le port de Douvres est réalisé par un seul opérateur de ferries, DFDS Seaways. En 2013, il a signé un protocole d’accord avec Dunkerque-Port qui défi- nit un programme de réaménagement du terminal transmanche. Un nouveau terminal doit ainsi être opérationnel pour la fin de cette année. L’ensemble des travaux portera sur un budget global de 13,68 M€. Première pierre Les travaux ont officiellement démarré le 22 avril avec la pose de la première pierre d’un nouveau bâtiment d’accueil réalisé par DFDS. Le port de Dunkerque se charge de la construction des terre-pleins et des bâtiments nécessaires au contrôle des véhicules et passagers, ainsi que les terre-pleins destinés à aménager des parkings de pré-embarquement. Ces derniers sont construits à proximité immédiate des passerelles afin de faciliter les opérations d’embarquement. Ces travaux sont financés à hauteur de 10 % dans le cadre des Réseaux transeuropéens de transport (RTET). Ils permettront d’améliorer les accès au terminal depuis les axes routiers et autoroutiers, de fluidifier le parcours et l’accueil des clients depuis l’entrée vers les parkings n d’embarquement. Philippe Allienne JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 21 D o s s i e r Spécial ro-ro DIEPPE Année de transition pour la ligne vers Newhaven L © É.H. a ligne transmanche DieppeNewhaven a enregistré en 2014 un léger recul du fret transporté (- 3 % en tonnage) à 1,2 Mt (36 370 camions et 1 695 remorques non accompagnées) avec deux navires et deux rotations. Mais c’est une progression de 13 % par rapport à l’année 2007 avec deux navires et trois rotations. Cette très ancienne ligne transmanche est actuellement opérée avec deux navires par l’armateur DFDS Seaways pour le compte du département de Seine-Maritime dans le cadre d’un contrat de délégation de service public (DSP). Prolongée d’un an, cette DSP (2006-2014) prendra fin le 31 décembre 2015. D’ici là, « de nouvelles modalités juridiques et financières devront être arrêtées », indique Jean-Pierre Lucas, le responsable du pôle aménagements et mobilités au département de Seine-Maritime, chargé du dossier transmanche. C’est la feuille de route du cabinet Ernst & Young, mandaté par le Département. Même si le nouveau président (UDI) 22 JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 du département, Pascal Martin, déclare vouloir continuer à soutenir cette ligne maritime non rentable, il n’est pas certain que l’on repartira le 1er janvier 2016 avec une DSP, ni avec un seul financeur public. Pascal Martin souhaite ouvrir le cercle des financeurs à l’agglomération de Dieppe et à la Région de HauteNormandie qui en assure la gestion directe depuis 2007 (décentralisation des ports d’intérêt national) au travers d’un syndicat mixte. « Compensation » de DSP La « compensation » de DSP supportée par le département de SeineMaritime s’élève à 14,5 M€ par an. Pour 2015, elle devrait approcher 18 M€, selon nos informations, compte tenu de la mise en place d’une troisième rotation entre mai et septembre. Après trois semaines d’exploitation de cette rotation saisonnière, Pascal Albert, responsable des opérations de DFDS à Dieppe, estime qu’elle « répond aux attentes des clients ». De son côté, Jean-Pierre Lucas constate que le « début d’année est en forte augmentation ». Le trafic des remorques non accompagnées au départ de Dieppe contribue à ce dynamisme, notent à la fois Pascal Albert et Jean-Pierre Lucas. Flash-back. Depuis la mise en service du tunnel sous la Manche en 1994, la ligne maritime Dieppe-Newhaven cherche son modèle économique. Plus personne ne croit en la rentabilité de cette ligne et le débat porte sur le moyen de la faire vivre au nom du service public rendu deux côtés de la Manche. Après le désengagement de Stena Line en 1999 suivi de l’arrêt de la ligne, le département de SeineMaritime avait répondu au lobbying des transporteurs et acteurs dieppois en reprenant la ligne en gestion directe et en faisant l’acquisition du port britannique de Newhaven. Constatant que l’on ne s’improvisait pas armateur, le département (devenu socialiste) a décidé en 2006 d’en confier la gestion à un opérateur maritime privé (LD Lines, filiale de Louis Dreyfus Armateurs) dans le cadre d’une délén gation de service public. Claire Garnier D o s s i e r HAROPA Des activités qui se diversifient au terminal roulier du Havre Le terminal roulier du Havre s’étend aujourd’hui sur une superficie totale de 100 ha sécurisés et accessibles vingt-quatre heures sur vingtquatre, sept jours sur sept. françaises, les marques étrangères (japonaises, coréennes et européennes) représentent 31 % du marché. © É.H. Nouvelle opportunité A utre atout du port roulier du Havre en termes d’infrastructures, le terminal est accessible rapidement aux plus gros navires rouliers en moins d’une heure trente depuis l’entrée du chenal. Il dispose de dix postes à quai, un poste dédié aux colis lourds et de deux postes à barges. Aujourd’hui, onze compagnies maritimes spécialisées dans le ro-ro l’utilisent régulièrement. Avec 320 offres commerciales hebdomadaires et près de 100 ports touchés sur tous les continents (dont 14 pays européens), le terminal tient sa place sur un marché très concurrentiel. Autre avantage, le terminal roulier du Havre, qui n’est pas congestionné, a également des possibilités d’extension. Partant du principe qu’il n’y a pas de petit profit, l’objectif du Grand port maritime du Havre (GPMH) est de gagner des trafics y compris sur des volumes modestes. Une façon de contribuer à sécuriser des lignes maritimes vers ou au départ du Havre. Mais la conjoncture n’a pas été des plus favorables à cause notamment des difficultés rencontrées par l’industrie automobile française et d’un marché particulièrement morose. « De manière plus générale, c’est l’import qui a pris le pas sur l’export », explique Hervé Cornède, le directeur commercial et marketing du GPMH et d’Haropa. Depuis 2008 en effet, les courbes import-export se sont inversées. L’import qui représentait 41 % du volume d’activité du terminal est passé à 68 % en 2013. Avec l’éclaircie qui s’est profilée récemment chez les constructeurs automobiles français, l’export enregistre une légère reprise de quatre points ces derniers mois. « De manière plus globale, le volume d’activité du terminal roulier au Havre a enregistré une croissance de 14 % entre avril 2014 et avril 2015 », ajoute Hervé Cornède. Les principaux clients du terminal sont à 69 % des marques Hervé Cornède le confirme, c’est aujourd’hui le marché du véhicule d’occasion qui semble être le relais de croissance espéré. Et cette filière représente aujourd’hui une nouvelle opportunité pour le terminal roulier du Havre de diversifier ses activités. Trois compagnies maritimes sont déjà positionnées sur ce segment de marché au Havre. Il s’agit de Grimaldi, ERL et NMT Africa qui exportent principalement vers l’Afrique. Un projet porté par Haropa et l’Institut supérieur d’études logistiques (Isel) baptisé All Car Export (ACE) a pour but d’étudier le potentiel de ce marché. L’idée est de développer la filière du véhicule d’occasion qu’il soit roulant ou non. Sachant que près de 500 000 véhicules d’occasion transitent par le port d’Anvers à l’heure actuelle, l’idée est de capter ces flux qui partent à 60 % vers l’Afrique. Les véhicules en question sont dans leur majorité immatriculés en Ile-de-France. ACE veut donc étudier le sourcing, cerner d’où viennent les approvisionnements. Il s’agit d’une manière plus globale d’étudier la faisabilité d’une plate-forme logistique dédiée implanté au Havre. Autre marché qui se développe et qui confirme cette tendance à la diversification, le high and heavy est très présent au Havre. « Nous faisons beaucoup de tracteurs, de yachts, de moissonneuses batteuses. Le colis lourd lui aussi se développe fortement. » Les responsables du GPMH et plus largement d’Haropa sont conscients d’un marché du roulier plutôt volatil. Aujourd’hui au Havre, la tendance des appels d’offres est sur un an au lieu de trois. n Jacques Laurent JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 23 D o s s i e r Spécial ro-ro HAROPA Rouen joue la carte de l’Afrique de l’Ouest À Rouen, le trafic roulier a enregistré en 2014 une augmentation de 31 % par rapport à 2013. La quasi-totalité des échanges a concerné l’Afrique de l’Ouest avec, en 2014, 5 949 t transportées (sur 6 012 t) et 940 unités (véhicules et matériels de transport) sur un total de 953. Rien de surprenant pour une place tournée vers les échanges nordsud, et leader sur l’Afrique de l’Ouest. S DR ur dix ans, les chiffres montrent en revanche une baisse importante du trafic roulier à Rouen. Le trafic a été divisé par trois : 18 601 t en 2005 contre 6 012 t en 2014. Rouen a longtemps bénéficié de services ro-ro des Delmas, OT Africa Line, NileDutch ou encore Grimaldi, mais ces armements se sont détournés du trafic ro-ro pour le conteneur. Quant au marché du roulier, il a parallèlement subi des transformations structurelles, dont la tendance à la conteneurisation des véhicules neufs et celle des Africains à importer des voitures japonaises. Dans ce contexte, Rouen joue la carte des marchés de niche sur l’Afrique de l’Ouest avec la ligne régulière de NMT Africa (NMT Shipping). L’armement a renforcé son activité à Rouen 24 JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 avec les navires rouliers de la série des Glovis. Le 8 janvier, Rouen a accueilli sur le terminal de GrandCouronne le Glovis-Splendor, le plus gros navire roulier de son histoire (200 m de long, 35 m de large, 19 000 t de port en lourd) sorti en octobre 2014 des chantiers coréens Hyundai Heavy Industries. Prendre des parts de marché à Anvers C’est l’agent maritime rouennais Promaritime qui commercialise ce service mensuel (trafics rouliers et conventionnels) à destination de l’Afrique de l’Ouest. Un départ mensuel a lieu depuis Rouen, dernier port touché en Europe (après les ports du range Manche/mer du Nord) avec un temps de transport de huit jours pour Dakar (Sénégal). D’autres ports de la côte occidentale d’Afrique sont ensuite desservis : Abidjan (Côte d’Ivoire), Tema (Ghana) Lagos-Apapa (Nigeria) et Pointe Noire (Congo). Le navire charge des véhicules neufs et d’occasion dont des camions, des utilitaires, des engins de chantier, mais également des remorques et des voitures particulières. Rouen ne cache pas qu’il espère avec ce service prendre des parts de marché dans les véhicules d’occasion à son grand concurrent Anvers. Au siège de Rouen Haropa, on met en avant le fait qu’il est possible « à tout moment de refaire du ro-ro depuis le terminal produits forestiers et papetiers Euroports », celui-ci étant toujours pourvu de trois rampes ro-ro. Ces rampes étaient utilisées du temps de la liaison régulière avec la Finlande avec les navires conventionnels/rouliers. Les rouleaux de papier importés de Finlande étaient placés sur des remorques pour être ensuite manun tentionnés. Claire Garnier D o s s i e r BRETAGNE NORD Le roulier se concentre sur le transmanche Dans les ports du nord de la Bretagne, le trafic roulier se concentre exclusivement sur le trafic transmanche. Une activité qui a subi une baisse de trafic en 2014. L e trafic roulier dans les ports du nord de la Bretagne, Saint-Malo et Roscoff, se compose exclusivement de trafic pour le transmanche. Saint-Malo a réalisé en 2014 un trafic marchandises de 1,56 Mt, en progression de 14,5 %. Un trafic qui se réalise à 77 % par du trafic de marchandises diverses. Le roulier, constitué principalement par le fret transmanche, a pour sa part accusé un repli. Avec 214 935 t, il est en baisse de 8,8 %. Avec ses deux rampes ro-ro, le port de Saint-Malo s’impose sur la desserte des îles anglo-normandes, Jersey et Guernesey. Condor Ferries assure une fois par semaine la liaison entre Saint-Malo et les îles anglo-normande avec son ropax Clipper. Celuici est affecté sur les rotations entre DR Deux rampes ro-ro Portsmouth et les îles et vient toucher une fois par semaine le port malouin. Brittany Ferries, le deuxième opérateur roulier malouin, dessert Portsmouth au départ de Saint-Malo. Il réalise une granbde partie du trafic fret du port vers la Grande-Bretagne. À Roscoff, le trafic fret a enregistré une baisse de 10,5 % à 5 183 t. Les deux armements qui touchent Roscoff, Brittany Ferries et Irish Ferries, relient le port français avec la GrandeBretagne, l’Irlande et l’Espagne. Véritable hub transmanche, Roscoff offre la possibilité, par Brittany Ferries, de relier la Bretagne avec Bilbao et Santander, une fois par semaine. La même compagnie assure la liaison avec Cork de mars à octobre. Irish Ferries assure, de mai à octobre, une rotation entre Roscoff et Rosslare. Enfin, sur la Grande-Bretagne, Brittany Ferries assure deux fois par jour la liaison entre Roscoff et Plymouth. Les lignes des deux armements sont assurées par des navires ropax qui peuvent prendre du fret et des passagers. n NANTES SAINT-NAZAIRE Incertitude liée aux autoroutes de la mer vers l’Espagne Après trois ans de fonctionnement, l’autoroute de la mer entre Montoir et Gijón s’est arrêtée en septembre. Pas assez rentable pour qu’il puisse se passer, comme prévu, des subventions de Bruxelles, a expliqué l’opérateur Louis Dreyfus. sateur, plus à l’opérateur. La réponse des armateurs est attendue au plus vite. Décrocher le statut N euf mois plus tard, la France et l’Espagne relancent un appel à manifestation d’intérêt pour redémarrer la liaison sur d’autres bases. Mais toujours avec des subventions. À Nantes Saint-Nazaire, une grande part du trafic roulier semble ainsi dépendre de Bruxelles. Il a représenté 500 000 t en 2010. Il a atteint 1 Mt en 2013 grâce au « succès » de Montoir-Gijón avec des navires remplis à 75 % la dernière année grâce, entre autres, à 20 000 poids lourds embarqués. Puis il est retombé à 750 000 t en 2014. Un nouveau modèle économique est proposé pour cette ligne : bien plus que trois rotations par semaine, davantage de camions vers l’Espagne grâce à la mobilisation commerciale des collectivités territoriales françaises, une subvention à l’utili- Une autre liaison ro-ro vers l’Espagne fonctionne depuis trente ans entre Montoir et Vigo. Elle est actuellement exploitée par l’Espagnol Suardiaz qui a profité de l’arrêt de Montoir-Vigo pour passer de deux à trois rotations par semaine en janvier. Il espère, grâce à cela, décrocher lui aussi le statut d’autoroute de la mer, avec des subventions à la clé. Suardiaz compte sur les échanges de voitures neuves et de JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 25 D o s s i e r Spécial ro-ro pièces entre les usines PSA de Madrid, de Vigo et de Rennes. Autre réussite avérée, la Milk Run Med, lancée par Fret-Cetam, filiale de Louis-Dreyfus Armateurs, sans subvention, assure depuis 2014 les échanges de parties d’avions entre les usines Airbus de Nantes, Saint-Nazaire, Pauillac, près de Bordeaux, Tanger, Naples, et Cadix. Au passage à Tanger, il rapatrie vers Nantes les Sandero, Loggy et Dokker de l’usine Dacia. Nantes Saint-Nazaire reste la principale porte d’entrée maritime de véhicules neufs pour les concessionnaires de la façade Ouest de la France et du sud de Paris. « Nous allons encore gagner en compétitivité en novembre », indique Jean-Baptiste Gouïn, directeur clientèle au port. Le terminal roulier se reconfigure. Le 15 novembre, de nouveaux terre-pleins plus proches des quais seront mis en service par le déplacement d’une rampe de débarquement. Autre évolution : l’atelier de préparation des véhicules, lancé par CAT, est en passe d’être mutualisé avec Gefco et Charles André, les deux autres opérateurs spécialisés en trafic roulier sur le port. n Hubert Heulot LA ROCHELLE Un trafic pour l’armée et Alstom D DR epuis des siècles, La Rochelle est une base importante pour le trafic de l’armée française. Cette activité y est toujours très présente, avec plusieurs fois par an – en fonction des opérations militaires interarmées – du trafic ro-ro de véhicules, conteneurs ou matériels. Le ro-ro concerne aussi, mais dans une bien moindre mesure, du bois en provenance d’Afrique de l’Ouest. Enfin, plus ponctuellement, des rames de TGV sont également chargées à Chef de Baie. Cela devrait être à nouveau le cas dans les toutes prochaines semaines avec une dizaine de rames à destination 26 JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 du Maroc. Elles seront chargées sur des remorques routières à l’usine Alstom d’Aytré, voisine de La Rochelle, puis embarquées à La Pallice. Elles serviront aux lignes LGV dont le Maroc a décidé de s’équiper. Chef de Baie 2 réaménagée Ces trafics utilisent la rampe ro-ro de Chef de Baie 2. Cette partie du port va être réaménagée. L’installation sablière va être déplacée pour libérer de l’espace. Côté mer, les accès vont être déroctés et approfondis de 1 m, ainsi que la souille des quais. Ces derniers vont être renforcés pour pou- voir recevoir des navires de plus grands tonnages, et le troisième quai verra sa profondeur passer de 9,5 m à 14 m, comme les deux premiers. Enfin, le petit terminal conteneurs et roulier va lui aussi être réaménagé. L’actuelle passerelle subira une rotation de 90° et se trouvera alors dans le même axe que le nouveau quai. Cependant, avec l’aménagement actuel du second quai de l’anse SaintMarc, le port pourrait envisager de déplacer la passerelle ro-ro de Chef de Baie à l’Anse Saint-Marc, si l’un des candidats retenus lors du dépouillement de l’appel d’offres en a la nécessité. n Myriam Guillemaud-Silenko D o s s i e r ESPAGNE Un trafic en pleine expansion Après un recul à la fin des années 2000, le trafic roulier a progressé de manière ininterrompue en Espagne depuis 2010 pour atteindre 48 Mt en 2014 (+8,1 %). es chiffres du premier trimestre de 2015 confirment ce phénomène avec une hausse de 3,8 %. Barcelone se classe au premier rang des ports espagnols avec 9,6 Mt en 2014, un chiffre équivalent à celui des ports des Baléares. Valence se situe à la 3e place (7,6 Mt) devant Algésiras (6,2 Mt), les ports des Canaries, Las Palmas (3,3 Mt) et Santa Cruz de Tenerife (3,2 Mt), Santander (1,3 Mt), Ceuta (0,9 Mt), Vigo (0,8 Mt) et Bilbao (0,8 Mt). Si le trafic avec les archipels (Baléares et Canaries) est la composante essentielle de ce trafic (16 Mt pour les autorités portuaires de ces deux ensembles), la croissance s’explique principalement par le développement de l’activité dans le secteur des voitures neuves. L’Espagne est le 2e producteur européen d’automobiles (2,4 millions d’unités en 2014) et les constructeurs ont engagé d’importants investissements (8 Md€ en 20112014). Plus de 80 % de la production est exportée, principalement par voie maritime. Les ports espagnols se livrent une rude concurrence pour attirer les opérations d’expédition mais aussi de déchargement de véhicules importés. Sur la façade méditerranéenne, deux grands ports sont en concurrence : Barcelone et Valence. Le premier profite de la présence de Seat et de Nissan, le second de celle de Ford. Mais tous deux cherchent à attirer aussi les constructeurs installés à l’intérieur de la péninsule. Barcelone, qui dispose de connexions ferroviaires performantes, est le leader incontesté avec 748 394 véhicules traités en 2014 (+6 %), essentiellement à l’export (77 % hors transbordement), devant Valence avec 495 323 unités (+5,7 %) qui bénéficie d’une répartition plus équilibrée (export : 59 %), plus avantageuse pour les compagnies maritimes. Sur la façade nord, Vigo arrive en tête (421 502 véhicules en 2014) devant Santander (372 783) et Pasaia (223 428). Impulsion supplémentaire Le développement des autoroutes de la mer a donné une impulsion supplémentaire. Barcelone a pris une longueur d’avance avec ses liaisons régulières vers l’Italie (Civitavecchia, Gênes, Livourne, Porto Torres et Savone) et un beau bilan : 3,6 Mt en 2014 (+9,4 %) et 110 217 UTI (+10 %). Valence est aussi un acteur alors qu’Algésiras bénéficie de la croissance continue du trafic de camions sur le détroit de Gibraltar (276 666 véhicules en 2014, +9,6 %). Sur la façade nord, l’échec de l’ADM entre Gijón et Nantes Saint-Nazaire ne doit pas masquer le démarrage de l’autre projet francoespagnol entre Vigo et le même port tricolore en janvier 2015. n Daniel Solano DR L JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 27 D o s s i e r Spécial ro-ro SÈTE Un trafic en accélération Grâce à des infrastructures qui s’adaptent progressivement (postes ro-ro, quais en eau profonde, espaces de stockage), le trafic roulier du port de Sète se développe sensiblement depuis plusieurs années. «C e marché, notamment sur les courtes distances, est en pleine expansion et demeure une véritable alternative au tout-routier », confirme ainsi Alain Rieutort, le directeur commercial du port. Ainsi, depuis 2007 et les premières importations de Toyota, le port accueille un trafic croissant de véhicules neufs. Il fait aujourd’hui transiter plus de 80 000 véhicules par an à l’import, principalement des véhicules Renault fabriqués en Roumanie, des Ford en provenance de Turquie et des véhicules Hyundai de Corée du Sud. Mais le port est surtout de plus en plus présent à l’export. « Depuis peu, le trafic export a commencé à se développer avec notamment l’expédition de véhicules utilitaires Renault vers l’Algérie (Djen-Djen et Mostaganem), un trafic en très forte croissance, qui atteint une centaine d’escales annuelles », ajoute Alain Rieutort. Le port traite par ailleurs deux escales par mois de véhicules d’occasion (de 400 à 600 mètres linéaires de véhicules chacune) à destination de l’Afrique de l’Ouest et des hubs de Lomé (Togo) ou de Cotonou (Bénin). Enfin, le port de Sète a ouvert depuis octobre dernier une nouvelle ligne ro-ro avec le port d’Izmir en Turquie (une escale par semaine) qui fait tran- siter plus de 120 remorques par semaines à l’import et à l’export. Une fréquence qui devrait doubler d’ici la n fin de l’été. Pierre Havez Plus de 600 remorques par an vers le Maroc Le port de Sète conserve plusieurs liaisons de trafic roulant avec le Maghreb. Une liaison avec le Maroc (Tanger Med notamment) permet de traiter plus de 600 remorques de fret par an (soit plus de 100 mètres linéaires à chaque escale) qui évitent ainsi de passer par Algésiras. Un service opéré au départ de Sète par l’armateur Grandi Navi Veloci. MARSEILLE-FOS Les Dacia tangéroises, une éclaircie sur les terminaux de Fos L’arrivée des Dacia fabriquées à l’usine Renault de Tanger Med dès avril 2014 a permis de stabiliser les trafics de véhicules automobiles, atones en raison de la crise du secteur en France. Si Gefco manque de visibilité, TEA poursuit son programme d’investissements avec un centre de préparation de véhicules en cours d’aménagement sur le terminal de Brûle Tabac à Fos. avril à décembre 2014, Fos a réceptionné près de 15 000 Dacia fabriquées au Maroc et transportées par Neptune Lines. Une évolution positive qui a permis d’enrayer la baisse de 14 % des exportations de véhicules à destination de l’Algérie et de la Turquie avec un total de 24 000 véhicules expédiés. Les volumes importés par Fiat et PSA se sont quant à eux maintenus d’une année sur l’autre. Néanmoins, compte tenu des perspectives d’évolution des trafics des 28 © Port de Marseille-Fos D’ JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 constructeurs Fiat et Chrysler, TEA aménage un atelier de préparation des véhicules (PDI, pré delivery inspection) et un centre de préparation des véhicules en carrosserie (PPO, post production operations center) sur les 14 ha du terminal dont la filiale de GCA est amodiataire depuis 2014. Les ateliers devraient être opérationnels vers la fin de l’année 2015. Hausse de 9,9 % des voitures neuves à Fos, chute de 26 % à Marseille Au total, le trafic de véhicules neufs via le Grand port maritime a chuté de 11,6 % (156 038 unités comptabilisées). La hausse de 9,9 % à Fos, avec près de 80 000 voitures neuves D déchargées/chargées en 2014, n’a pas pu enrayer le déclin de 26,3 % à l’Est avec 77 200 unités manutentionnées en 2014 (48 500 à l’export et 28 700 à l’import). Le trafic roulant total du GPMM a reculé de 14 % en 2014 (756 546 unités), plombé par les difficultés persistantes de la SNCM qui touchent à la fois les véhicules passagers et les remorques. Les camions et autobus marquent un recul de 18,7 % en 2014 avec un peu moins de 425 000 unités chargées/déchargées, non seulement en raison des difficultés de la SNCM qui impacte le réseau national, mais également en raison d’une baisse d’activité sur la Libye, o s s i e r la Tunisie et la Côte d’Ivoire. Point positif, la progression de 26 % des trafics de véhicules d’occasion (12 200) – majoritairement à l’import – via les bassins Est, dont les trafics roulants, toutes catégories confondues, marquent un retrait de 16 % n (677 400 unités). Nathalie Bureau du Colombier TOULON Le port roule pour la Turquie «D epuis février, la ligne UN RO RO a augmenté ses capacités de 50 % avec la mise en place d’une troisième touchée hebdomadaire. D’ailleurs, à fin avril, nous enregistrons déjà une croissance de 30 % des trafics. Toulon se classe désormais comme le premier port de Méditerranée occidentale pour les trafics rouliers avec la Turquie », s’enthousiasme Jérôme Giraud, directeur des ports à la Chambre de commerce et d’industrie du Var depuis bientôt un an. Remorques mais également bus, engins de travaux publics empruntent également cette ligne. Outre l’introduction de cette troisième rotation, le service roulier ToulonPendik s’ouvre progressivement aux trafics conteneurisés. Les boîtes, manutentionnées comme du fret roulant, sont déposées sur des remorques mafis avant d’être chargées sur le navire. « Pour traiter ces flux, la CCI s’est équipée de cols de cygne et de stackers. Nous avons également aménagé un parc import/export sur le quai avec la possibilité d’effectuer du groupage. Nous disposons aussi d’entrepôts sous douane. Ainsi, UN RO RO propose un transit-time de trois jours pour les conteneurs entre la Turquie et la France », précise encore Jérôme Giraud qui a engagé 9 M€ de travaux dans la rénovation des terrepleins, accès routier, parc et zone de préembarquement. Poste d’inspection frontalier Afin d’être en capacité de traiter des flux agroalimentaires qui aujourd’hui transitent par Trieste, Toulon souhaite s’équiper d’un poste d’inspection frontalier (PIF) permettant le contrôle de l’état sanitaire des denrées importées en Europe. « Nous avons identifié un flux d’une centaine de remorques par semaine qui aujourd’hui passent par l’Italie mais destinées à la France. Avec un PIF, nous pourrions passer à quatre rotations par semaine », avance le directeur des ports qui souhaite convaincre d’autres armateurs (desservant l’Espagne, le Maghreb) de passer par Toulon. Autre dossier qui lui tient à cœur, tout comme aux acteurs locaux de la ligne, la réhabilitation de la connexion ferroviaire en bord à quai conditionnée à la réparation d’un pont situé à 1,5 km du terminal de Brégaillon. « J’ai mandaté en mai un bureau d’études afin de déterminer les coûts et la durée des travaux de consolidation de ce pont », explique Jérôme Giraud. Outre la Turquie, Toulon est également la tête de pont des trafics avec les ports Corses. Avec 42 000 poids lourds en 2014, le trafic progresse de N.B.d.C. près de 3 %. n © N.B.d.C. En 2014, pas moins de 43 220 remorques en provenance ou à destination de Pendik, en Turquie, ont transité via Toulon-Brégaillon. Une croissance annuelle de 8,4 % qui devrait encore progresser en 2015 avec l’introduction en février dernier d’une troisième escale par semaine de l’armement UN RO RO. Objectif, 60 000 remorques. JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 29 D o s s i e r Spécial ro-ro ITALIE L’avenir des ports italiens passe par le ro-ro Selon l’Institut supérieur de formation et de recherche dans les transports (Isfort), l’avenir des ports italiens passe par le ro-ro. D’ailleurs, la réforme portuaire qui sera dévoilée début juin ferait état, selon la rumeur, d’un soutien au développement du secteur du roulier. C DR ertains ports comme Civita vecchia, par exemple, ainsi que des armateurs, ont perçu l’importance du secteur du roulier. À titre d’exemple, la compagnie de navigation génoise Messina a renforcé ses lignes ro-ro en mai 2014, notamment entre l’Espagne et le Portugal. Une politique qui permet au groupe Messina de consolider sa position dans les régions de l’Afrique occidentale et du Nord. Pour sa part, le groupe Grimaldi a annoncé début mai le lancement d’une nouvelle ligne entre Venise et Patras qui sera desservie par deux navires rouliers d’une capacité de 3 500 mètres linéaires chacun. Dans son rapport publié en février, 30 JMM 4983 vendredi 12 juin 2015 Isfort fait état des derniers chiffres sur le trafic ro-ro en 2014 qui soulignent l’importance d’un secteur dépassant nettement celui du transport de conteneurs en termes de volume. Au niveau national, le trafic ro-ro a représenté l’an dernier quelque 75,5 Mt, dont 48,8 Mt transportées via cabotage, 13,6 Mt entre les ports de la mer Tyrrhénienne, le Maghreb et la Méditerranée occidentale. Enfin, 13,3 Mt passent entre les ports de l’Adriatique et l’Est méditerranéen. Côté chiffres, le volume de trafic ro-ro, considéré comme l’œillet à la boutonnière du port de Livourne, a enregistré une augmentation importante par rapport à 2013. Le trafic roulier a augmenté de 7,8 %, et celui des voitures neuves de 11,5 %. À Gênes, le scénario est identique en ce qui concerne 2014, le trafic roulier ayant augmenté de 2,9 %. À Civitavecchia, le lancement en février d’une liaison directe entre Civitavecchia et les ports d’Halifax (Canada) et Baltimore sur la côte Est des États-Unis pour le transport des nouveaux modèles de Fiat Chrysler, produits sur le site de Melfi, au sud de la Botte, fait du port romain un acteur important du système portuaire. L’objectif est de desservir les deux ports nord-américains en moins de deux semaines grâce au déploiement de quatre navires rouliers d’une capacité de transport de n 25 000 voitures. Ariel F. Dumont