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Lifestyle shopping Auto Santé Beauté Le meilleur de l’afrique YOUSSOU N’DOUR L’énigme sénégalaise de retour SUR SCèNE Reportage Les divinités du Togo MODE Créateurs d’Afrique Tenues de soirées FIMA La mode africaine brille en zone rouge Cheikh Diallo dossier Congo Brazzaville Le designer malien de la rue 48 pages Cinéma exclusif SOLEILS met en lumière la sagesse Africaine N° 5 / février- mars 2014 www.aplusmag.com L 11079 - 1 - F: 4,30 € - RD Alberto Olympio le nouveau visage high-tech du continent Prix: 4.30€ – BE/LUX 4.30€ – ESP/NL/Port Cont 5.30€ – DE/AU 6€ – UK 4.50£ – Suisse 7CHF – Maroc 56MAD – Tunisie 9.90TND – Zone CFA 3 500 FCFA — USA 5.50 $ A+MAG www.aplusmag.com Edité par Africa & John’s Group Siège social: 6 bis, rue Marbeau, 75016 Paris Tél.: +33-182884353 DIRECTION Directrice de publication : Salha Souleymanou Olympio [email protected] Directeur administratif : Franck Fatalot REDACTION [email protected] Rédactrice en chef : Salha Souleymanou Olympio Rédacteur : Daniel Brown Secrétaires de rédaction : Gaëlle Gauthier (français), Mike Woods (anglais) Correcteurs : Dorian Tort (français), Colette Davidson (anglais) Adaptations : Gaëlle Gauthier (français), Emma Phillips, Colette Davidson (anglais) RéALISATION Photographes : Jurgen Schadeberg, Nyani Quarmyne, Bernard et Catherine Desjeux, Marie Jampy, Hector Ibara, Catherine Millet, Philippe Braquenier, Pierre Daniel, Tony Njuguna, Génération Elili, Edmond Sadaka, Martin Waalboer, Bill Akwa Betote, OSi. Ont collaboré à ce numéro : Mouftaou Badarou, Reine Bassene, Liesl Louw, Olivier Cachin, Kidi Bebey, Mike Woods, Felix Etchédi, Laurent Pinel, Nadège Dubus, West Gomez, Constance Desloire, Dominique Ngoïe-Ngalla, Guillaume Ondze, Benz Oko,Véran Carrhol Yanga, John Olympio, Bruno Okokana, Arsène Severin, Jean-Clotaire Hymbou, Valérie Rohart, Yves Denis, Joël Nsoni, Jean - clotaire Hymboud, Benz Oko, Anasthasie Tudieshe, Brice Djaboult, Joel Ahoué, Dominique Ngoïe- Ngalla, Adonis Publicité : Africa & John’s Group, [email protected] Relations publiques : Souleymanou Ahmed Graphisme : Shaolin Design Dossier Congo : Jean Frédéric Bille et Shaolin-Design Coordination et fabrication : Nadège Dubus – 06 99 56 05 06 – [email protected] Imprimé en France par Léonce Deprez – ZI – 62620 Ruitz [email protected] - +331 45 19 07 68 Service des ventes : Pagure Presse – 12, place Bergson 75008 Paris Laetitia Roland – 01 44 69 82 82 – [email protected] Abonnements : Africa & John’s Group 55, avenue Marceau 75016 Paris, +33-182884353 Commission paritaire : 117K91582 Dépôt légal à parution. ISSN : 2262-0648 Diffusion France : MLP Diffusion Export : Export Presse, Octopus, Boubakari oumarou, Manuela Mboé, Cekam, Rene Desroches Remerciements : Mairie de Brazzaville, Ministère du tourisme, la semaine Africaine, Les Dépeches de Brazzaville. Textes, illustrations et photos © A+Mag 2014 et les auteurs. Toute reproduction est strictement interdite dans tous les pays, sauf autorisation écrite de l’éditeur. En couverture : Alberto Olympio Photo : Labelfoto D E P A R F U M « Après la pluie, le beau temps » Titre d’un roman de la comtesse de Ségur publié en 1871. V ive 2014, qui commence avec notre nouvelle formule ! Faisant suite aux sollicitations des lecteurs, nous incluons un cahier spécial dédié à un pays du continent africain, afin de l’aborder un peu plus en profondeur et d’en mettre certains atouts en exergue. Selon le FMI, cinq États africains (dont le Ghana, la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone) se trouvent dans le classement 2013 des dix pays les plus dynamiques du monde. Ce phénomène est censé se poursuivre dans les années à venir et créera les conditions favorables à l’émergence d’une classe moyenne dynamique, d’une bonne gouvernance et d’infrastructures pour transformer la société africaine. Que de belles perspectives ! Pour cette nouvelle année, si prometteuse pour l’Afrique en termes de manifestations culturelles, technologiques, scientifiques, économiques et sociétales, ce numéro titre sur l’un des chefs d’entreprise qui feront l’Afrique des toutes prochaines années. Nous explorons également l’ascension phénoménale de la mode, de la littérature, de la musique et du cinéma africains, à travers (1) de nouveaux créateurs (présents à la Black Fashion Week et au FIMA) ; (2) de nouvelles plumes remarquables (la jeune romancière zimbabwéenne NoViolet Bulawayo) ; (3) un échange exclusif autour du long métrage Soleils (et son regard bicéphale sur l’histoire africaine) ; (4) les musiciens qui portent aux quatre coins du monde le flambeau d’une créativité africaine (Youssou N’Dour, Oxmo Puccino, Jaqee, Les Tambours de Brazza et Ray Lema). Une immersion parmi les divinités du Togo nous amène à découvrir des communautés qui luttent pour leurs traditions et leurs patrimoines uniques. Pour notre premier cahier spécial, nous vous proposons un voyage au bout du rêve à travers le Congo-Brazzaville. Que ce numéro soit pour nous tous un prélude au « beau temps » – au sens où l’entendait la comtesse de Ségur – que nous réserve l’année 2014. Salha Souleymanou Olympio Alain Ngann E A U Édito 7 sommaire A+ n°5 108 Sommaire dossier République du Congo 32 52Récit de voyage 58 Viktoria Binschtok 64Écologie Opération zéro sachet 124 28Portrait NoViolet Bulawayo, la nouvelle génération d’auteurs africains 108 Design Cheikh Diallo réinvente les objets de l’Afrique contemporaine 30Portrait Oxmo Puccino, le Jacques Brel black 112Mode Photos « Night Life » Sélection Life Style 32Portrait Jaqee, brillante artiste ougando-suédoise 120Shopping Montres et mobiles 38En couverture Alberto Olympio, le nouveau visage hightech en Afrique 44 Portrait A+Mag rencontre Youssou N’Dour AFP 66Tourisme Le Congo, troisième destination touristique en Afrique Marie Jampy 75 Cuisine Au pays de la diversité culinaire 78 Culture La sape attitude 80Arts plastiques L’École Poto-Poto Musique 82Fespam, Quand l’Afrique célèbre sa musique 112 84Le carnaval de Barranquilla 86 88 Diaspora Les six personnalités 66 122 Beauté Pour Elle et Lui 124Automobile Mercedes Classe S, vitrine étoilée 78 127Forme West your body 128Santé Le baobab et ses secrets 16 Retrouvez nos articles en version intégrale sur notre site: D.R. www.aplusmag.com La rumba congolaise 87Guide Où sortir ? Génération Elili 34 Reportage Divinités du Togo 58 98 104Mode FIMA, le Festival international de la mode africaine Génération Elili 16News Politique, people, musique, littérature, sport, affaires, communications Cinéma Soleils, long métrage d’Olivier Delahaye et Dani Kouyaté 4 points cardinaux 74Aviation Le Congo décolle D.R. 10Portfolio 98 D.R. 38 65 Alexis Peskine 08Agenda économie Un pays tourné vers l’avenir 62Infrastructures Les projets de développement 118 D.R. 6 90 économie Rice Challenge, un pari réussi Histoire 92Savorgnan de Brazza 93 André Grenard Matsoua 94 témoignages Le Congo : une fenêtre d’opportunités à saisir Tunis Algiers agenda Rabat TUNISIA MOROCCO Le prix Galien de la recherche pharmaceutique 9 Marrakech Tripoli Benghazi « The African Fine Coffee Conference and Exhibition » Cairo du 13 au 15 février Bujumbura ALGERIA 25 janvier Marrakech LIBYA L’équivalent du prix Nobel pour l’industrie Western biomédicale sera décerné pour la première Sahara fois en Afrique, à Marrakech. Le jury, composé de scientifiques internationaux de renom – parmi lesquels des Marocains –, distinguera quatre catégories de prix : meilleurs produits pharmaceutiques, meilleurs dispositifs médicaux, meilleur(s) Nouakchott jeune(s) chercheur(s) et meilleur travailleur humanitaire… Créé il y a 40 ans en France et remis chaque année dans un pays Dakar SENEGAL différent, le prix Galien de la recherche Banjul pharmaceutique s’est internationalisé au fil Bamako des ans. THE GAMBIA www.prixgalien.com Bissau EGYPT Le plus grand forum africain sur la thématique du café réunira dans la capitale burundaise plus de 3 500 acteurs de l’industrie du café provenant de 50 pays ainsi que des centaines d’acheteurs. En présence de tous les producteurs africains, cette exposition de la plus grande variété de café, 11e édition de l’« African Fine Coffee Conference », est une formidable plate-forme de promotion et de négoce pour les professionnels du secteur. www.eafca.org Tropic of Cancer « The First Africa Young Academies Regional Conference » Fort du succès des deux précédentes éditions, le forum Africallia ouvrira à nouveau ses portes à Ouagadougou : 15 rendez-vous d’affaires B to B en 48 heures seront proposés aux entrepreneurs. Deux villages sélectionnés accueilleront partenaires, grands sponsors et professionnels de la finance, et un troisième village accueillera les institutions. 400 entreprises dont 260 africaines devront contribuer au succès de cette troisième édition d’Africallia. home.africallia.com r Nige BURKINA FASO Niamey Yamoussoukro Abidjan e nu Be Lagos PortoNovo Malabo SAO TOME AND PRINCIPE São Tomé Annobón GABON Kampala Kinshasa ANGOLA (Cabinda) « The Nigeria Cartoon Exhibition » est la première édition du genre à réunir dans la capitale économique nigériane les professionnels locaux et africains de la bande dessinée et des films de dessin animé. L’ambition d’Aventurine Nigeria, société de communication organisatrice de l’événement, est d’en faire, au fil des éditions, « le plus grand forum dédié à la bande dessinée en Afrique ». www.eventbrite.com/e/ nigeria-cartoon-exhibitiontickets-9275520331 KENYA Nairobi Kigali Lake Victoria Bujumbura BURUNDI TANZANIA Lake Tanganyika Dar es Salaam Luanda Lake Nyasa MALAWI ANGOLA Lilongwe ZAMBIA Lusaka « Build Africa » les 06 et 07 février Brazzaville Pour la première fois, un forum international dédié aux infrastructures se tiendra en Afrique sub-saharienne. Pendant deux jours, leaders et experts du monde entier se rassembleront pour échanger des idées et répondre à cette problématique qui est au cœur des politiques publiques : comment enclencher le développement social grâce à la construction de nouvelles infrastructures? www.buildafricaforum.com Zamb ezi Harare ZIMBABWE Windhoek NAMIBIA BOTSWANA Gaborone Prov. admin. line Pretoria Johannesburg SOUTH Or a AFRICA e MOZAMBIQUE Organisée conjointement par Global Young Academy et Network of African Sciences Academy, et placée sous le thème de « l’apport des académies africaines de sciences au développement du continent », cette conférence est la première du genre. Elle vise à mieux structurer en réseau les différentes académies africaines de sciences et à encourager l’esprit d’innovation chez les jeunes chercheurs scientifiques africains. www.nasaconline.org Le sommet « Powering Africa » du 29 au 31 janvier Dar es Salaam Chefs de gouvernements africains, avocats, banquiers, représentants d’institutions financières et professionnels de l’énergie ont rendez-vous trois jours durant dans la capitale tanzanienne pour débattre du développement du secteur de l’énergie en Afrique en général et en Tanzanie en particulier. Quelles opportunités d’investissements ? Quelles infrastructures solaires, hydroélectriques, éoliennes ou nucléaires pour quel impact sur le développement ? Quelles perspectives d’avenir pour le secteur de l’énergie ? Telles sont les problématiques auxquelles les experts attendus proposeront leurs visions. www.energynet.co.uk/fr/event/ powering-africa-tanzania « The Jozi Film Festival » du 21 au 23 février Johannesburg Maputo Mbabane SWAZILAND Maseru ng Réunir dans la capitale économique ivoirienne plusieurs chefs d’État du continent, des délégations de plusieurs pays ainsi que 1 500 hommes et femmes d’affaires ivoiriens et internationaux, c’est le pari du gouvernement ivoirien pour appuyer son ambitieux programme de développement économique du pays. Avec pour thème « Secteur privé, levier d’une croissance régionale réussie », le forum « ICI 2014 » dévoilera aux participants les opportunités d’investissement dans l’économie ivoirienne. De même que ceux-ci pourront débattre sur les problématiques de l’agrobusiness, des infrastructures économiques et de la protection des PME en Afrique de l’Ouest. www.ici2014.com UGANDA DEM. REP. RWANDA OF THE CONGO Brazzaville 28 janvier Lagos du 29 au 31 janvier Abidjan Congo (EQUA. GUI.) ETHIOPIA SOMALIA Mogadishu REP. OF THE CONGO Libreville Addis Ababa Juba Bangui Yaoundé EQUATORIAL GUINEA Djibouti DJIBOUTI SOUTH SUDAN CENTRAL AFRICAN REPUBLIC CAMEROON Le Salon de la bande dessinée au Nigeria Forum « Investir en Côte d’Ivoire 2014 » SUDAN NIGERIA Abuja du 3 au 5 février Nairobi Asmara W hit eN ile Nig er GHANA TOGO Lomé Accra Khartoum N'Djamena BENIN CÔTE D'IVOIRE LIBERIA CHAD Ouagadougou GUINEA SIERRA LEONE Monrovia ERITREA MALI le Ni du 26 au 28 février Ouagadougou NIGER Timbuktu e Blu Le forum d’affaires Africallia GUINEA-BISSAU Conakry Freetown Ni le MAURITANIA Photos D.R. 8 LESOTHO La troisième édition de ce festival met une nouvelle fois en compétition des cinéastes sud-africains ou africains présentant des films à sujets variés. Les prix sont décernés dans plusieurs catégories : meilleur long métrage, meilleur film documentaire, meilleur film d’animation, meilleur court métrage, meilleur court métrage documentaire, meilleur film tourné sur téléphone portable, etc. Une plate-forme internationale de plus pour la promotion du cinéma africain. 11 10 Nelson Mandela Né le 18 juillet 1918 à Mvezo, Afrique du Sud, décédé le 5 décembre 2013 à Houghton, Afrique du Sud. Walter Dhladhla / AFP « Toutes les composantes de la nation travaillent à construire notre pays et à en faire un miracle. C’est ce qui me fait espérer quand je vais me coucher. Je ne doute pas un seul instant que lorsque j’entrerai dans l’éternité, j’aurai le sourire aux lèvres. » (Un long chemin vers la liberté, Nelson Mandela) 13 Jürgen Schadeberg 12 « Groupies », Johannesburg, Afrique du Sud, 1960 Groupies de toute confession ou couleur de peau à l’arrivée du chanteur britannique Cliff Richard sur le balcon de l’hôtel Carlton. Pour un instant, la musique a réuni une foule intercommunautaire, défiant ainsi les lois rigides de l’apartheid. Jürgen Schadeberg est internationalement reconnu comme l’un des grands photographes de son temps. Son dernier livre, South Africa : Six Decades, vient de paraître chez Unisa Press en Afrique du Sud. Il est également distribué par Eurospan. Âgé de 82 ans, Schadeberg rédige actuellement ses mémoires concernant la période 1942 à 1960. Voir www.jurgenschadeberg.com pour s’informer de son actualité. 15 14 Nyani Quarmyne Nii Narku Quaynor, le père d’Internet en Afrique Le chercheur en informatique Nii Narku Quaynor est souvent désigné comme le père d’Internet en Afrique. Son travail de pionnier, en apportant la connectivité d’Internet au continent, est internationalement reconnu. Quand Nyani Quarmyne a été commissionné pour le photographier à la demande de l’Internet Society, basée aux États-Unis, il a décidé de symboliser ce que Quaynor avait accompli en transformant la carte mère d’un PC en une carte high-tech de l’Afrique. Quarmyne est lui-même un grand photographe africain. Il a plongé dans sa propre histoire multiculturelle (ghanéen par son père, philippin par sa mère, ayant vécu aussi bien en Inde ou au Kenya qu’au Canada ou au Ghana) pour travailler sur ce qu’il appelle « la similitude (qu’il perçoit) en chacun de nous ». À voir sur www.nqphotography.com. 16 17 news Politique Texte : Harrys M. Badarou Abdelhak Senna / AFP Madiba tient sa promesse Nelson Mandela a finalement été enterré à Qunu, dans ce village de la province est où il a passé une période heureuse de son enfance. L’enterrement du 15 décembre a résonné au son du chant xhosa « Lizalis indiga lakho » (« Tiens ta promesse »), tandis que 4 500 personnes, dont l’archevêque Desmond Tutu, Gerry Adams et le prince Charles, étaient venues rendre un dernier hommage à l’icône sud-africaine. Elmond Jiyane / GCIS / AFP À en croire les révélations du Guardian et du Washington Post par Edward Snowden (ancien consultant de l’Agence nationale américaine de la sécurité – NSA), de nombreux pays africains ont fait l’objet d’espionnage. C’était dans le cadre du programme secret américain de surveillance Prism qui remonte à 2007. L’Égypte est le premier pays africain surveillé par la CIA, suivie par le Kenya, la Tanzanie, la Somalie, l’Algérie, le Soudan, l’Ouganda, la RDC et le Zimbabwe. Si les gouvernements européens dont les pays ont été également espionnés se sont plaints, les Africains, eux, n’ont toujours pas réagi aux agissements de la NSA. AFP La Somalie s’est tournée vers un économiste respecté pour sortir sa nation en péril des tumultes endurés depuis des décennies. Abdiweli Sheikh Ahmed, fort de son expérience à la Banque mondiale et à la Banque islamique de développement, a accepté le poste de premier ministre en décembre, espérant qu’il pourra faire face aux colossaux challenges de ce pays situé dans la corne de l’Afrique. À 64 ans, ce canadosomalien vit sa première expérience en termes de gouvernance d’État et espère que son mandat durera plus longtemps que celui de son inefficace prédécesseur Abdi Farah Shirdon. Celui-ci perdit le vote de confiance de son parlement après 14 mois en poste. Les autorités marocaines ont initié le 1er janvier 2014 une campagne en vue de naturaliser des centaines de réfugiés clandestins. Elles ont estimé leur nombre entre 25 000 et 40 000, pour la plupart provenant d’Afrique subsaharienne. En septembre, le roi Mohammed VI a déclaré que les réfugiés avaient « des réclamations légitimes » et a personnellement demandé à son gouvernement de les aider d’une manière « humaine ». L’initiative subit un nombre de plus en plus important d’attaques contre des réfugiés au cours de leur périple vers le nord. Alain Jocard / AFP Quand l’Amérique espionne l’Afrique Pleine de bonne volonté et désireuse d’endiguer la pénurie alimentaire qui touche 10 % des Malawites, la présidente Joyce Banda n’a pas trouvé mieux que de vendre l’aéronef présidentiel afin de consacrer le produit de la vente (15 millions de dollars) à l’approvisionnement du pays en produits vivriers. L’entretien de l’avion (22 millions de dollars), acquis par son prédécesseur Bingu wa Mutharika, grevait chaque année le budget de l’État du Malawi d’environ 300 000 dollars. Peu importe désormais à madame la présidente, depuis avril 2012, d’emprunter les lignes régulières pour ses déplacements officiels. Joyce Banda avait déjà réduit son salaire de 30 % en 2012 et ordonné la mise en vente de 35 limousines de marque composant le parc automobile de son cabinet. Puis, en octobre, la présidente annonce le limogeage de l’ensemble du gouvernement pour une affaire de corruption baptisée « Capital Hill Cash Gate », du nom du siège du gouvernement. Le Maroc accueille les réfugiés Le sommet réunissant la France et 40 États africains à Paris en décembre 2013 a été dominé par l’appel en faveur d’une force d’intervention panafricaine. Ces deux journées ont également été consacrées aux problèmes économiques et se sont conclues sur l’engagement de la France de doubler ses échanges commerciaux avec le continent africain d’ici 2018. Les leaders africains ont également entrepris de lutter contre le réchauffement global, en réponse aux études plaçant le continent comme le plus vulnérable à ses effets, bien qu’étant responsable de seulement 3 % des émissions de gaz à effet de serre. Un économiste somalien à la tête de son état Stéphane De Sakutin / AFP Mc Clatchy-Tribune:MCT via Getty Images Une présidente proche du peuple Sommet France-Afrique : Sécurité, économie et climat 19 news business Texte : Harrys M. Badarou Le groupe du milliardaire nigérian Aliko Dangote a enregistré au cours du premier semestre 2013 un bénéfice net de 670 millions de dollars, en hausse de 52 % par rapport à la même période de 2012. Cette belle performance de Dangote Cement est rendue possible par la hausse des ventes de ciment de 29 % au Nigeria. Le groupe cimentier, contrôlé par le milliardaire Aliko Dangote, souhaite encore renforcer sa capacité de production de 19,3 millions de tonnes fournies par ses trois cimenteries nigérianes en la portant à 55 millions de tonnes en 2016, après la construction de ses propres cimenteries dans 13 autres pays africains. Eko Atlantic Future Dubaï africaine ? C’est le pari fou de deux Libanais, les frères Chagoury, investisseurs établis depuis des décennies au Nigeria. En partenariat avec le gouvernorat de Lagos et des fonds d’investissement privés, ils sont actuellement les maîtres d’ouvrage du plus grand chantier en cours en Afrique. Débuté en 2005, il sera achevé dans 15 ou 20 ans. Eko Atlantic sera une île artificielle de 10 km2 gagnée sur l’océan, comme à Dubaï ; une ville futuriste avec gratte-ciel, larges avenues, centres commerciaux de luxe et autres infrastructures de pointe. D.R. Dangote Cement Croissance exponentielle Selon le Centre français d’observation économique et de recherche pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises, basé à Paris, l’Afrique semble un bon candidat pour être le nouveau relais de croissance mondiale. Parce que le ralentissement des économies émergentes, comme les performances décevantes des places boursières de ces pays, suscite la recherche de zones de croissance et de rendement alternatives. Bonne nouvelle : le PIB de l’Afrique subsaharienne est passé de 1 à 1,8 % du PIB mondial entre 2000 et 2009. D.R. Le système de dépistage actuellement testé au Kenya offre l’accès aux soins ophtalmologiques aux populations rurales de ce pays. Cela grâce à une application smartphone développée par des ingénieurs de la faculté de médecine tropicale de Londres. Il suffit au patient de positionner son téléphone portable devant son œil et de le scanner. Le portable disposant de l’application EyePhone enregistre les données qui peuvent être transmises en ligne à un spécialiste, lequel pourra alors prescrire les soins appropriés. La télévision numérique terrestre (TNT) n’est plus une utopie en Afrique. 47 pays africains s’activent actuellement à harmoniser leurs fréquences en vue du passage au numérique en 2015, apportant ainsi des modifications pertinentes au plan GE06 de l’Union internationale des télécommunications (UIT) relatif à la télévision. En outre, le passage à la télévision numérique permettra de libérer des fréquences dans les bandes des 700 MHz et 800 MHz au réseau de téléphonie mobile. L’Afrique, nouveau relais de croissance ? Patrick Fallon / Bloomberg via Getty Images Le portable comme outil de santé La TNT en Afrique en 2015 D.R. D.R. 18 21 news People Texte : Paola Audrey Ndengue Rien ne prédestinait a priori Peace Hyde, beauté anglo-ghanéenne, jeune enseignante et diplômée en psychologie de l’université du Middlesex en Grande-Bretagne, à se lancer dans le cinéma… Elle apparaîtra pourtant aux côtés de Wale Macaulay dans le film Protégé, puis dans la série à succès Adams Apples, produite par Shirley FrimpongManso. Peace Hyde a depuis quitté le Royaume-Uni pour le Ghana, où elle est désormais une présentatrice télé à la notoriété grandissante. Vous n’avez pas fini d’entendre parler d’elle ! Pas de sanction pour Drogba et Eboué Les footballeurs ivoiriens Didier Drogba et Emmanuel Eboué ont été épargnés par la Fédération de football turque. En effet, les deux joueurs, qui évoluent au sein du club turc Galatasaray, avaient rendu hommage à Nelson Mandela le 5 décembre dernier en portant des T-shirts à son nom lors d’un match. Après leur avoir reproché une prise de position politique, la commission de discipline de la Fédération a finalement déclaré « qu’aucun écart aux règles n’a été établi ». Stanley Enow La nouvelle star ! Un seul titre, et le voilà propulsé sur le devant de la scène. Toute l’année 2013, le Cameroun et d’autres pays africains ont vibré au son de Hein Père, un tube qui a rencontré un succès inattendu. Son auteur, Stanley Enow, a su conquérir les ondes au point d’être nommé « Artiste africain de l’année 2013 » par la chaîne de musique urbaine Trace TV. De quoi renforcer les attentes autour de la sortie prévue en 2014 de Soldier Like Ma Papa, premier album du rappeur camerounais. STR / AFP Peace Hyde Une étoile montante ghanéenne Flora Coquerel, la nouvelle reine de beauté française ! D.R. sentir touchée par ces attaques et assumer ses origines métissées. Une belle preuve de tolérance ! Philippe Desmazes / AFP Depuis le 7 décembre 2013, la France a une nouvelle Miss, du nom de Flora Coquerel. Cette jeune femme de 19 ans, étudiante en BTS commerce international, a été élue tandis qu’elle représentait la région orléanaise. Française par son père et béninoise par sa mère, elle n’est pas la première francoafricaine à porter l’écharpe Miss France puisqu’en 2000, la Franco-Rwandaise Sonia Rolland avait ravi le titre. Après un déferlement de commentaires racistes le soir de son élection, la belle Flora a déclaré ne pas se D.R. 20 23 news Pierre Andrieu / AFP People Texte : Paola Audrey Ndengue D.R. Maître Gims crée son propre label de musique ! Mariage civil pour vedette ivoirienne Après un mariage coutumier le 20 octobre 2012, Yves Zogbo Junior a décidé d’officialiser sa relation avec Carine Roux. Le samedi 14 décembre 2013, l’animateur a procédé à son mariage civil à l’Hôtel communal du Plateau à Abidjan. Rappelons que Yves Zogbo Junior est considéré comme le plus brillant animateur radio-télé de sa génération, notamment grâce à l’émission télévisée «Qui veut gagner des millions? ». L’adieu de Koffi Olomidé à Tabu Ley Rochereau D.R. Le 14 décembre dernier, Fally Ipupa a fêté ses 36 ans ! Une bougie de plus après une année 2013 plus que chargée pour cet artiste kinois récompensé lors des Trace Urban Music Awards et qui s’est produit aux côtés de Youssou N’Dour à Bercy. Sa tournée « Power Tour » a rempli les salles, d’Abidjan à Douala en passant par Luanda. Le chanteur prépare la sortie de son quatrième album, prévue pour 2014. Encore une belle année en perspective ! Chris Jackson / AFP La chaîne de télé sudafricaine à succès Africa Magic (groupe DSTV) organise depuis 2013 les Africa Magic Viewers Choice Awards, qui célèbrent l’audiovisuel et le cinéma du continent africain. Les téléspectateurs voteront parmi les films sélectionnés pour l’édition 2014 : Contract (Ghana, 9 nominations), Last Flight to Abuja (Nigeria), Nairobi Half Life (Kenya). Les très populaires Yvonne Okoro et Funke Akindele concourront dans la catégorie « Meilleure actrice de comédie ». La cérémonie aura lieu le 8 mars 2014 à Lagos (Nigeria). La reine du Web en Afrique ! Un nouveau joujou pour Samuel Eto’o ! Ce n’est un secret pour personne : les footballeurs adorent les bolides, ce que ne contredira sûrement pas l’attaquant camerounais Samuel Eto’o. Le « joueur de football le mieux payé du monde » s’est offert une exceptionnelle « LaFerrari », un modèle de voiture de course commercialisé par la célèbre marque italienne qui rejoint le prestigieux parc automobile du titulaire du club anglais Chelsea FC, déjà propriétaire d’une Aston Martin et d’une Bugatti Veyron. D.R. D.R. Une Lady à Kribi Lady Ponce se démarque une fois de plus. La chanteuse camerounaise a été honorée, il y a quelques semaines de cela, en devenant la citoyenne d’honneur de Kribi, une cité balnéaire du sud du Cameroun. À cette occasion et comme le veut la tradition, l’artiste a reçu la clé de la ville. Lady Ponce est la première femme à recevoir cette distinction, déjà accordée à Yannick Noah ou encore Samuel Eto’o. Plus de « POWER » pour Fally ! Bientôt le retour des AMVC Awards ! Avec un premier album solo (Subliminal) vendu à près de 350 000 exemplaires, Maître Gims a connu l’un des plus grands succès musicaux de l’année 2013 en France. Toujours sur sa lancée, le leader du groupe Sexion d’Assaut vient d’inaugurer l’ouverture de son propre label : MMC (Monstre Marin Corporation). Intégrée à Universal Music, cette structure est vouée à la production et la promotion des protégés du musicien francocongolais, comme l’ex-candidate de l’émission The Voice Amalya Delepierre. D.R. 22 Reine du petit écran en Afrique du Sud, femme d’affaires à la tête de sa société Bonang Matheba Entertainment, ambassadrice des cosmétiques Revlon et animatrice de sa propre émission sur le Net, Bonang Matheba peut désormais ajouter « Célébrité africaine la plus influente sur le Web » à la liste de ses succès, de par son omniprésence sur les réseaux sociaux. Souvenons-nous que l’influent magazine Forbes l’avait déjà pertinemment classée comme l’une des personnalités africaines à surveiller. Le 30 novembre 2013 s’éteignait à Bruxelles l’icône de la musique congolaise Tabu Ley Rochereau. Monstre sacré de la rumba, le chanteur a été enterré en grande pompe à Kinshasa, lors de funérailles nationales. Plusieurs milliers de personnes, dont le chanteur Koffi Olomidé, ont fait le déplacement. Visiblement ému, Olomidé a rendu hommage au nom de tous les artistes congolais à celui qui rejoint « Mozart, Beethoven et tous les autres au paradis », jusqu’à lui dédier un texte sur son site Web. 25 news sport Serena Williams engrange les titres et les dollars Boateng footballeur digne Christof Koepsel / Bongarts / Getty Images/AFP Après avoir remporté son dix-septième Grand Chelem en triomphant de la Biélorusse Victoria Azarenka en finale de l’US Open début septembre à Flushing Meadows, l’Afro-Américaine Serena Williams est tout simplement devenue la première femme à dépasser les 6,5 millions d’euros de gains en une année. À 32 ans, Serena Williams continue de régner en maîtresse sur le tennis féminin mondial. Écœuré par les insultes racistes qui fusaient des gradins du stade du Milan AC, le milieu offensif ghanéen KevinPrince Boateng, 26 ans, a fait ses valises pour aller voir du côté du club allemand Schalke 04. « Il voulait absolument partir du championnat italien », témoigne, début septembre, le directeur financier de la formation allemande dans le quotidien Sport Bild. Boateng, qui a signé pour trois ans avec le club allemand, espère ne plus jamais revivre l’atmosphère de racisme entretenue par certains supporters italiens. Chris Trotman / Golden Boy via Getty Images Texte : Harrys M. Badarou Jordan fait sponsoriser le maillot de son équipe On avait l’habitude de voir des sponsors envahir les maillots des équipes de football. Mais voici que les franchises de la NBA s’ouvrent à ces marchés lucratifs. Pour 439 000 €, les Charlotte Bobcats (la franchise NBA de Michael Jordan) ont accepté de se faire sponsoriser par la compagnie d’assurance Blue Cross, une première dans l’histoire du basket professionnel aux États-Unis. Le contrat de deux ans verra les basketteurs des Charlotte Bobcats arborer le nom de cette mutuelle d’assurance sur leurs tenues d’entraînement de pré-saison et lors de leurs matchs d’exhibition. Il ne manque qu’un pas pour voir les plus grandes enseignes arborées par les LeBron James et Kobe Bryant… Yaya Touré Meilleur footballeur africain de l’année Mayweather le Cogneur AFP Candidat en course depuis quatre années pour la prestigieuse récompense sponsorisée par la BBC, le puissant milieu de terrain ivoirien en a enfin remporté les scrutins en 2013. Peu oseraient contester cette distinction décernée à Yaya Touré alors qu’il vient de contribuer à la qualification de son équipe d’Afrique occidentale à la Coupe du monde 2014. Ce trentenaire aura également été crucial pour aider Manchester City à devenir un des meilleurs clubs européens, à travers des performances étincelantes et à haut niveau pour les « Citizens ». Il cogne, il cogne fort. Comme Mohammed Ali en son temps, et plus récemment Mike Tyson. L’Américain Floyd Mayweather, en triomphant du Mexicain Saúl Álvarez le 14 septembre dernier au MGM Grand à Las Vegas, démontre qu’il est le boxeur du moment, dans la catégorie des super-welters. Toujours vif et alerte à 36 ans, il terrasse ses adversaires sur le ring par de puissants crochets et uppercuts. Mayweather a déjà inscrit son nom au panthéon des grands de la boxe. Chris Trotman / Golden Boy via Getty Images ChinaFotoPress via Getty Images 24 27 news culture Texte : Harrys M. Badarou et Daniel Brown Album d’anthologie pour les amateurs du highlife mâtiné de son rock. Cet opus vous plonge dans l’atmosphère musicale des années 1970 et 1980 au Ghana. Des titres comme Wop Me A Ka chanté par African Brothers, Do Your Own Thing par Frank’s Band ou encore Aja Wondo par Uppers International vous rappellent l’euphorie et la joie de vivre de ces années dorées où le « palm wine » coulait à flots dans les débits de boissons d’Accra. A+Mag aime aussi : Lala Njava Malagasy Blues Song, septembre 2013 Malagasy Blues Song, le premier album solo de cette diva de la musique malgache, est un régal acoustique. Njava explore les rythmes traditionnels malgaches et la pop occidentale, en y ajoutant une voix somptueusement grave. On y retrouve notamment le rythme antsa, un style musical traditionnel destiné à mettre en transe les participants à des cérémonies. L’instrument utilisé est le marovany, une sorte de cithare avec des cordes en acier. La participation de Régis Gizavo, ancien accordéoniste de Cesária Évora, donne une touche particulière à cet album dont les thématiques sont aussi politiques que sociétales. 1. Viva Africando, Africando (Sterns Music), varia. 2. Kokokyinaka, Oy (Creaked Records), Ghana/Suisse. 3. The Sahara Sessions, Etran Finatawa (Riverboat Records/ WMN), Niger. 4. Makan, Driss El Maloumi (Contre-Jour Belgium), Maroc. 5. Mon Pays, Vieux Farka Touré (Six Degrees Records), Mali. 6. Nomad, Bombino (Warner Music), Niger. 7. Conscription, The Sexican (Math Records), Scandinavie. 8. Dersim, Ferhat Tunç (Kirkelig Kultureverksted), Turquie. 9. Who Is William Onyeabor?, William Onyeabor (Luaka Bop), Nigeria. 10. Angola 2: Hypnosis, Distortions & Other Sonic Innovations 1969-1978, various (Analog Africa), Angola. Liste tirée du WORLD MUSIC CHARTS EUROPE (WMCE), novembre/décembre 2013 Voir www.wmce.de Tamikrest, Chatma Glitterbeat Records, septembre 2013 Les Tambours de Brazza Sur la route des caravanes, Buda Musique/Universal Le dernier opus de ce groupe mythique congolais créé en 1991 est un vrai régal pour les puristes. Les sonorités transportent le mélomane sur l’une des Routes des esclaves, la tangente Zanzibar-Pointe-Noire, port et capitale économique du Congo-Brazzaville. Lorsque les tambours ngoma répondent aux notes de guitares, aux envolées de chants rythmés et aux battements syncopés de la batterie, cela donne des sonorités puissantes et métissées, mêlant harmonieusement tradition et modernité. Le tout servi avec des chansons bouleversantes comme Nza (« L’Univers »), une réflexion sur la marche de notre siècle, ou Wélé (« Il est parti »), une critique de l’attitude des sapeurs qui taisent leurs tribulations en Occident pour mieux frimer au pays. Chatma signifie « mes sœurs » en langue tamasheq. Ce dernier opus du groupe mauritanien fondé en 2006 est donc un hommage à toutes les femmes souffrant le martyre, quelle que soit leur situation. « Qui peut comprendre la souffrance de l’âme de celui qui observe ses sœurs épuisées par la contrainte de vivre entre les frontières dans la profonde douleur et l’oppression quotidienne », entonne le groupe en chœur dans la chanson Tisnant an Chatma. Des voix perçantes, soutenues par la guitare électrique, la basse, la batterie, le djembé et d’autres percussions, font de l’album Chatma l’un des plus aboutis de ce groupe touareg. J’étais nu pour le premier baiser de ma mère Journal d’un écrivain en pyjama Pedro Ruiz / Gamma-Rapho via Getty Images Return Flight to Ghana 1974-1983, Analog Africa, juillet 2013 Tchicaya U Tam’si, Éditions Gallimard, novembre 2013 C’est le titre des œuvres complètes de l’écrivain congolais Tchicaya U Tam’si réunies en un seul livre. Un tour de main littéraire des Éditions Gallimard qui publient cet ouvrage en novembre 2013, dans la collection « Continents noirs », sous la conduite de Boniface MongoMboussa. Les amateurs des textes truculents et des formules ampoulées de Tchicaya, disparu le 22 avril 1988, vont se régaler. Dany Laferrière, Éditions Grasset, 320 pages, septembre 2013 Prix Médicis 2009 pour L’Énigme du retour (Grasset), Dany Laferrière, aujourd’hui installé à Montréal, vient d’être nommé à l’Académie française. L’écrivain haïtien retrace à travers son dernier livre l’influence inévitable du vécu sur ses œuvres, ses premiers faits d’armes en littérature ainsi que son attachement à son pays natal. Quant au célèbre sculpteur sénégalais Ousmane Sow, il vient d’être nommé membre de l’Académie des Beaux-Arts de Paris, une première pour un homme de couleur. La Tragédie malienne Histoire de Chicago Le titre de cet ouvrage peut donner l’illusion qu’il traite seulement de l’actualité immédiate, l’intervention française au Mali. La problématique posée dans La Tragédie malienne est plus vaste, le drame de l’occupation de ce pays résultant de dysfonctionnements internes à un État en déliquescence. Sous la direction de Patrick Gonin et Nathalie Kotlok, spécialistes des circulations migratoires et du développement (université de Poitiers), et de Marc-Antoine Pérouse de Montclos (Institut français de géopolitique, université de Paris VIII), La Tragédie malienne offre aux lecteurs les outils nécessaires à la compréhension des facteurs déclencheurs de l’occupation islamiste. Barack Obama, Chicagoan par excellence, disait de sa ville qu’elle était « éminemment américaine ». Urbaine, moderne, densément peuplée, la ville de Chicago fascine ses habitants et ses visiteurs. Cet ouvrage, qui est par ailleurs le regard d’un Sénégalais posé sur une ville américaine, foisonne de témoignages et de portraits de Chicagoans qui ont cette métropole fantasque chevillée au corps tant ils l’ont aimée, adoptée ou domptée. ouvrage collectif, Éditions Vendémiaire, 352 pages, septembre 2013 Ulf Andersen / Getty Images Afrobeat Airways 2 : D.R. 26 Pap Ndiaye et Andrew Diamond, Éditions Fayard, 450 pages, septembre 2013 La Mobilité ethnique au Rwanda Tharcisse Semana, L’Harmattan, 88 pages, septembre 2013 Persécuté par le régime rwandais, Tharcisse Semana a fui son pays en 2004 vers l’Ouganda. Auteur de nombreux livres sur la situation politique et le communautarisme au Rwanda, son dernier ouvrage est l’occasion pour lui de rappeler au monde que les ethnies au Rwanda sont fondées sur la profession plutôt que sur le clan. Le colon belge qui avait perpétué cette division de la société s’était en fait appuyé sur la hiérarchisation sociale traditionnelle des classes sociales qui stratifiaient la société rwandaise. Diplômé de l’École supérieure de journalisme de Paris, Tharcisse Semana vit aujourd’hui en Suisse. 28 29 portrait NoViolet Bulawayo le nouvel âge des écrivains féminins Un des cinq auteurs retenus pour le prix Man Booker 2013 avec son conte sur la jeunesse au Zimbabwe, NoViolet Bulawayo est au premier rang d’une nouvelle génération d’auteurs africains. Bien que partout encensé pour sa description de « personnages authentiques », son premier roman n’a pas encore suscité de réaction de la part des officiels du pays Texte Liesl Louw-Vaudran Photo Random House Struik «É crire fut un moyen de me connecter à ma terre natale », déclare NoViolet Bulawayo, lauréate du prix Caine et auteur de We Need New Names, une première œuvre très plébiscitée. Ce roman l’a aidée à endurer le mal du pays tandis qu’elle résidait aux États-Unis ces treize dernières années. Son retour pour la première fois au Zimbabwe en début d’année et la rencontre avec son public a été, selon ses mots, « une leçon d’humilité ». « Les gens s’approprient l’ouvrage au titre de livre zimbabwéen et je trouve cela très gratifiant. Je suis juste revenue [à Harare] pour sa sortie et une file d’attente se prolongeait jusque dehors. Il semble que j’écrive à une époque où les gens s’intéressent à leurs propres histoires », me confiet-elle en septembre, lors d’une tournée littéraire à Johannesburg. NoViolet évoque l’accueil étonnamment favorable qui fut réservé à son livre par les Zimbabwéens « blancs et noirs ». Les médias locaux l’ont également félicitée pour sa représentation de « personnages authentiques ». Tinashe Mushakavanhu écrit dans l’hebdomadaire The Standard : « J’ai toujours voulu retrouver de moi-même dans la littérature contemporaine zimbabwéenne. We Need New Names me comble sur ce point et sur bien d’autres encore. » En dépit d’une peinture sans concessions de la vie sous la présidence de Robert Mugabe, l’ouvrage n’a suscité aucun commentaire de la part des cercles gouvernementaux. We Need New Names, publié en juin dernier, est le premier livre zimbabwéen jamais retenu pour le prix Man Booker. C’est également la première fois qu’un écrivain féminin africain est présélectionné pour ce prix littéraire des plus prestigieux au monde. Pour couronner une année épique, il est aussi en course pour le titre de livre de l’année dans le Guardian, le fameux quotidien britannique, dont l’annonce est imminente. Le conte évoque la vie de Darling, une jeune Zimbabwéenne qui grandit dans un bidonville ironiquement appelé Paradise. Les gens y luttent contre la pauvreté écrasante qui marque la dernière décennie de la gouvernance Mugabe. Par le regard de Darling, le lecteur vit les effets du désastre économique – l’expression le monde s’effondre, tirée du fameux ouvrage de Chinua Achebe, est un leitmotiv du roman. La langue jubilatoire dans laquelle Darling décrit les aventures de sa bande de voyous qui traînent dans les rues parce qu’ils ne peuvent plus aller à l’école, en décalage avec la réalité sinistre, provoque le plaisir du lecteur. Des passages hilarants mettent en scène les enfants avec l’église évangéliste – l’exotique église du SaintChar du Christ présente à Paradise – et des membres d’ONG étrangers bien intentionnés mais perdus, ou encore une réunion avec des « investisseurs » chinois, et ce avec une verve d’une fraîcheur sans pareil témoignant du sens de l’humour particulièrement raffiné de l’auteur. Pourtant, il ne devait pas être facile d’écrire sur ce que NoViolet considère comme une « période sombre de l’histoire zimbabwéenne » tout en vivant à l’université Cornell, aux États-Unis. « Ce projet était difficile à réaliser, car au travers d’une fiction, je décrivais la réalité d’autres personnes », admet-elle. « Mais vous avancez avec la conscience de devoir transmettre cette histoire. » Le parcours de Darling ressemble à celui de NoViolet, partie pour les ÉtatsUnis à 18 ans, mais son livre n’est pas Il semble que j’écrive à une époque où les gens s’intéressent à leurs propres histoires. » autobiographique. « Le Zimbabwe que j’ai connu n’était pas celui du livre, parce que je suis née juste après l’indépendance. Je suis une enfant du Zim des années 80 et 90, quand Darling grandit vers les années 2000. Au lieu de mes propres souvenirs, j’ai dû m’inspirer d’histoires de mon pays. » Sa véritable identité est Elizabeth Zandile Tshele. Elle affirme avoir changé de nom pour des raisons personnelles. « Je ne l’avais jamais envisagé comme nom d’auteur », dit-elle. Violet était le nom de sa mère, décédée quand elle était encore bébé, tandis que Bulawayo est sa ville d’origine, dans le sud-ouest du Zimbabwe, encore une façon de « se connecter à sa terre natale », comme elle dit. Bien que vivre à l’étranger entraîne « la culpabilité de ceux qui sont partis », cela lui a également permis de se forger une identité d’écrivain africain. « Je ne pense pas que j’aurais pu traiter ce sujet avec tant de passion et de maîtrise si j’étais restée dans mon pays. C’est en sortant du Zimbabwe et d’Afrique que j’ai pu pleinement apprivoiser ma condition zimbabwéenne et mon africanité, parce qu’en y vivant, mon identité n’était aucunement remise en question mais simplement acceptée comme telle. » NoViolet évoque l’arrière-goût doux-amer de son premier retour au pays, en avril dernier. « Doux dans le sens où je revoyais ma famille après une décennie d’absence, mais amer parce que le Zimbabwe de mon enfance n’existe plus. » Ce beau pays a été tiré vers le bas à coups de mauvaise gestion et de désordre politique. « Les coupures récurrentes d’électricité, d’eau, l’état déplorable des routes et le dysfonctionnement général de tout le système, de l’éducation à la santé, tout cela fut un constat pénible, d’autant plus que j’ai connu le Zimbabwe à sa meilleure époque. C’était dur de voir le désespoir généralisé. Vous savez que les gens luttent pour vivre, ils le portent sur le visage. » Le monde s’effondre, mais pourrait-il se redresser à nouveau ? Le « Zimbabwe est un désastre provoqué par l’homme, et je crois qu’il peut remonter la pente grâce à l’arrivée d’un sang nouveau, de jeunes qui se soucient davantage de leur pays que la vieille garde égoïste, uniquement préoccupée d’une politique vide de sens et de son enrichissement personnel », déclare-t-elle. Lauréate du prix Caine pour l’écriture africaine en 2011, NoViolet fait partie de ce que les théoriciens de la littérature appellent la « génération Caine » d’Afrique, où figurent des auteurs comme le Nigérian Helon Habila et le Kenyan Binyavanga Wainaina. Le roman de NoViolet a été classé par certains dans la même catégorie que ceux de la romancière nigériane à succès Chimamanda Ngozi Adichie, mais elle préfère ne pas s’étendre sur cette comparaison. Bien qu’elle possède le livre, elle n’a pas lu Americanah, dernier roman d’Adichie, qui traite également de la diaspora africaine aux États-Unis et a des analogies avec la deuxième partie de We Need New Names. Pourtant, alors que cette juxtaposition est le thème central d’Americanah, We Need New Names est avant tout un livre sur le Zimbabwe et les Zimbabwéens du pays ou expatriés. • 30 31 portrait o Oxmo Puccin Ce dont on ne parle jamais, c’est que les parents partent d’un pays où ils doivent refaire l’histoire, un pays où on ne va pas toujours passer ses vacances avec plaisir. » SON RAP VIENT DE LOIN Un an après la sortie de son brillant album Roi sans carrosse, il était temps de faire le point africain avec le « Black Jack Brel », le gentil géant surnommé Ox’ Texte Olivier Cachin Photo Matias Indjic S ’il est bien né au Mali, Oxmo est malgré tout identifié à la capitale. Il le revendique d’ailleurs haut et fort. « Je me considère comme un Parisien, c’est là où j’ai grandi, là où je me suis adapté. Nous étions entre Mohicans, beaucoup de jeunes venant de diverses régions d’origine africaine, à Paris. Et je suis retourné au Mali plus tard. Donc j’étais déjà bien assumé quand je me suis retrouvé face au questionnement de mon identité. J’assume être un Parisien, c’est indiscutable. On peut discuter de ma Mali-nité, mais où que j’aille, je suis reconnu comme un Parisien. » Ox’ a bien fini par retourner dans le pays qui l’a vu naître. Pour son premier voyage au Mali, il avait 5 ans, en 1979. Pour le second, il avait 26 ans. « Ce dont on ne parle jamais, c’est que les parents partent d’un pays où ils doivent refaire l’histoire, un pays où on ne va pas toujours passer ses vacances avec plaisir. Pour y faire retourner toute la famille, il faut trois ou quatre mois de salaire, donc c’est compliqué. Ça dissuade d’y retourner quand on n’a pas eu l’habitude d’y aller chaque année, comme ce fut le cas dans quelques familles. Moi j’avais un concert prévu, mais comme je ne voulais pas y aller juste pour un concert, j’y suis retourné avant pour voir la famille. Et j’ai bien fait. » S’il n’a pas le profil d’un athlète, Oxmo n’en est pas moins le frère d’une grande pointure : Mamoutou Diarra, deux mètres, joueur international français de basket. Le style Puccino n’est pas celui des poids lourds du moment, la très populaire Sexion d’Assaut ou le très controversé Booba. Sa finesse et sa poésie, mais aussi son habitude de jouer avec un groupe de musiciens venus pour la plupart du jazz, l’ont placé dans une autre sphère. Et il en est conscient. La vision du rap, surtout en Afrique, dépend beaucoup de ce qui passe dans les médias, de ce qui tourne sur les chaînes câblées. Tout le monde n’a pas les outils pour aller chercher l’artiste qui lui convient. Donc si ce qui marche en ce moment est assez plaisant, on fait avec. Moi, quand je vais sur le continent africain, je ne suis pas l’artiste à la mode, donc j’ai la chance de réunir des gens qui ne viennent pas par hasard. J’ai commencé il y a quinze ans, en Côte d’Ivoire notamment, avec mon DJ Cream et Le Célèbre Bauza. C’était d’ailleurs la première fois que je retournais en Afrique. Extrêmement bon souvenir, je suis retourné deux fois en Côte d’Ivoire. Mais pas depuis les événements qui ont lancé tous les problèmes politiques qu’on a connus, l’Ivoirité par exemple. » Autre preuve de la particularité d’Oxmo dans ce monde du rap français souvent tenté par la violence verbale et la fascination pour l’illégal : il a été décoré par le maire de Paris, lors d’une émouvante cérémonie à l’hôtel de ville. Une distinction rare, surtout pour un artiste issu de la communauté rap. Précisons qu’avec sa chanson Pam Pa Nam, Oxmo avait écrit une vraie déclaration d’amour à la capitale. « J’ai eu la médaille de la Ville de Paris, et elle n’est pas vilaine ! » Quant au futur d’Oxmo, il n’est plus sur la route dans l’immédiat. Il va participer à un opéra moderne à Lyon, l’adaptation d’Henri V. « Je vais déclamer des textes et incarner mon personnage. Ça sera début 2014. Je vais aussi sortir un livre d’aphorismes en mars aux éditions du Diable Vauvert. Et je travaille sur d’autres bouquins. » Oxmo s’est réjoui de l’accueil fait à son album Roi sans carrosse, couronné d’une Victoire de la musique urbaine en 2013. « L’accueil du public a été formidable, et celui des médias ne m’a pas déplu du tout. Mis à part que des fois, j’ai l’impression de devoir me justifier. “Est-ce que tu fais du rap ?”, “Pourquoi des instruments ?”, “Qu’est-ce que tu penses de lui ?” Des choses qui ne me concernent pas forcément. » Sujet le plus déplaisant pour Oxmo : parler du clash Booba/ La Fouine et des embrouilles entre divers rappeurs. « Ça n’est pas approprié. » Ce qui ne l’empêche pas d’être très heureux : « J’ai fait presque cent dates, j’ai été à La Réunion, à Montréal, j’ai joué en Suisse et en Belgique aussi. Un concert, c’est un échange, je rends ce qu’on me donne sur scène. » Récemment, on a pu entendre Oxmo sur les disques d’autres artistes. Chez des rappeurs comme Ol’Kainry (il a participé à son dernier album) ou encore Grödash. Mais également sur le titre Belle Époque (#Night Shop 2), du dernier opus (Vengeance) du chanteur pop Benjamin Biolay. « Et j’ai aussi écrit quelques chansons pour des artistes comme Ines Talbi, une chanteuse québécoise. » Quant au prochain album, monsieur Puccino n’a pas de certitudes. « La manière dont on consomme les albums aujourd’hui ne me convient pas. Je souhaite une autre façon de faire écouter ma musique, de la présenter. […] J’y réfléchis. » • Album Roi sans carrosse, disponible chez Cinq7/Wagram Music. 32 33 portrait JAQEE Le groove sans frontières Depuis 2005, cette brillante artiste ougando-suédoise promène sa silhouette volontaire sur les scènes musicales des cinq continents. Son quatrième album est sorti le 9 octobre dernier En Ouganda, j’ai vu trop de femmes porter le poids du monde pendant que les hommes, eux, restaient tranquillement assis à boire. Je veux échapper à ce déterminisme. » Texte Kidi Bebey Photo Viktoria Binschtok C ’est l’histoire d’une fillette dont la vie débute en Ouganda en 1977 mais qui, l’année de ses 13 ans, se retrouve dans un camp de réfugiés en Suède. Un parcours à travers le monde, du pays d’origine au pays d’adoption, en passant par la Jamaïque, l’Afrique du Sud et l’Allemagne (Berlin), où elle vit désormais. Celui de Jaqueline Nakiri Nalubale, devenue Jaqee le jour où elle a enfin pris la décision d’écouter son cœur et… son talent. Tout commence avec la rencontre d’une enseignante suédoise. « C’était une prof de musique géniale qui m’a fait jouer dans un spectacle le rôle de Billy Holiday », explique-t-elle lors de sa visite à Paris fin septembre pour une semaine de promotion marathon. « Il faut dire qu’en tant que seule fille noire de la classe, le casting me favorisait ! Je me suis beaucoup impliquée dans le spectacle et j’ai eu un déclic. Jusque-là, on me demandait d’être bonne élève pour devenir un jour enseignante ou avocate. Mais cette prof de musique, elle, me disait : Tu devrais chanter… Avec ce spectacle, tu as fait quelque chose de vraiment spécial… » Malgré tout, il faudra quelques années pour que celle qui se prénomme encore Jaqueline prenne confiance en elle. Entretemps, elle étudie l’histoire africaine à l’université, gagne sa vie comme aide-soignante, tout en écrivant textes et musiques en amateur. « J’ai dû me battre pour imposer mon choix de faire de la musique […]. En Ouganda, explique-t-elle, mon père n’était pas avec nous. C’est ma mère qui s’occupait de gagner la vie de la famille. […] J’ai appris grâce à elle qu’il faut savoir tirer le meilleur parti de ce que l’on a. » Jaqee va alors rassembler ses économies et solliciter des collaborations pour réaliser son premier album. En 2005, les oreilles averties découvrent sa voix et ses compositions avec Blaqalixious, distingué aux Grammy Awards suédois. Le public approuve et salue la musique comme le charisme de la chanteuse sur scène. Puis deux autres albums très différents dans leur style vont témoigner de la capacité de l’artiste de n’être jamais là où on l’attend. Après la couleur soul des débuts, Jaqee teinte son deuxième album d’accents rock mâtinés de blues, avant d’adopter le reggae dans son troisième opus. À 36 ans, elle affirme plus que jamais son ouverture artistique par un quatrième album orienté pop dont le titre, Yes I Am, sonne comme une déclaration d’indépendance. Car Jaqee refuse de se limiter à un seul genre musical. « Si vous écoutez les paroles de mes chansons, vous verrez que je parle de sujets assez similaires : la liberté d’être, de faire ce que l’on souhaite. Il faut vraiment aller jusqu’au bout de ses rêves. En Ouganda, j’ai vu trop de femmes porter le poids du monde pendant que les hommes restaient tranquillement assis à boire. Je veux échapper à ce déterminisme. » Ses origines africaines sont pour Jaqee un sujet de fierté. Elle rappelle volontiers que « l’Ouganda est [sa] base, [son] point de départ, et non une question ». Mais ces mêmes origines sont peu perceptibles dans sa musique car elles participent, pour elle, d’un processus de maturation. « Bien sûr, précise-t-elle, je comprends que les gens cherchent à entendre cette coloration africaine dans ma musique, mais moi j’ai besoin de vivre sur le continent et de le ressentir pour que la musique me vienne et surtout qu’elle ait du sens pour moi. J’ai rencontré l’Ivoirienne Dobet Gnahoré à Münster dans un festival, et waouh ! Elle a une énergie extraordinaire, explosive. Des gens comme elles me donnent envie de retourner vivre en Afrique. » « J’ai d’ailleurs commencé à flirter avec les rythmes africains. On en trouve des influences dans le morceau A Mighty Good Time, par exemple, j’en avais envie. Simplement, je ne veux pas aller trop vite. Je veux me laisser gagner par cette envie. C’est un long processus, parce que je n’ai plus vécu longtemps sur le continent africain depuis mon enfance. » Certes, Jaqee a connu récemment l’expérience d’une résidence d’écriture réjouissante en Afrique du Sud, mais les rythmes et musiques de ce pays n’apparaîtront pas nécessairement dans ses créations à venir. Écouter ses chansons consiste à accepter d’accueillir l’imprévu. Sourire étincelant, regard espiègle, Jaqee affiche une légèreté qui semble en contradiction avec l’aplomb nécessaire pour mener, comme elle le fait, une vie de chanteuse, compositrice et leader. N’est-elle pas de surcroît la seule femme et noire de son groupe ? Elle écarte la question du revers de la main. « Je n’y ai jamais vraiment réfléchi jusqu’à ce que nous nous mettions à jouer un peu partout et que je me retrouve en effet un peu seule : la seule fille dans le bus de la tournée ! Mais c’est le prix à payer pour faire ce métier. […] Et puis le monde est toujours un peu dur pour les femmes en général. Alors avec mon groupe, j’ai créé une sorte de famille. » Un peu de dance, de pop, d’électro, un zeste d’Afrique, un soupçon de soul et quelques allusions au R’N’B… Ne cherchez pas à quel genre appartient le nouvel album de Jaqee. Laissez-vous plutôt griser par son grain de voix et sa musique puzzle à l’image de son parcours : celui d’une femme d’aujourd’hui, dont l’identité pourrait être celle d’une « nomade du monde ». • Nouvel Album Yes I Am (Root Down Records), disponible depuis le 9 octobre. 34 reportage FESTIVAL DES DIVINITÉS NOIRES AU TOGO UN RENDEZVOUS CULTE Depuis 2006, la ville d’Aného au Togo accueille le Festival des divinités noires, organisé par l’association Acofin. Plantée sur la plage à deux pas de Glidji – où se trouve le sanctuaire historique des Guins, dans lequel les vaudous sont honorés régulièrement –, une scène se dresse pour célébrer des divinités qui continuent à joncher la vie des Béninois. Reportage par deux photojournalistes eux-mêmes invités à exposer leurs propres œuvres… Texte et photos Catherine et Bernard Desjeux L’ originalité de ce festival est de passer sans transition du cultuel au culturel. En effet, le religieux et l’art y procèdent de la même démarche. On a ainsi pu voir la troupe de danse contemporaine nigériane Squad 1 Productions effectuer une chorégraphie avec les masques premiers des Egun originaires d’Ife. Le lendemain, nous participons à la grande cérémonie du retour à la mer, dzapu, dans la petite ville d’Agbodrafo, l’ancien Porto Seguro. Tous les vaudous dan et les quarante Mami Wata transportent sur leur tête des offrandes : des dindes, des biscuits, des parfums… Ici, on pense que tous les vaudous 35 36 37 reportage Yves Tété Wilson Le mot vaudou désigne, chez les Guins en particulier et au Togo en général, tout ce qui est plus ou moins « fétiche ». C’est la raison pour laquelle sont invitées d’autres divinités au festival : les Bassar, les Dogons… Ces divinités découlent directement du lignage ou représentent les ancêtres assimilés à des forces de la nature. Ils constituent un large ensemble dont la hiérarchie et les caractères varient suivant les diverses communautés. Vaudou vient du mot de langue fon vodun. Chez les Yorubas, on dit orisha. Le culte des jumeaux. Lorsqu’une femme perd ses jumeaux, elle les porte dans son pagne sous forme de statuettes. la rive droite du Mono, mais la terre n’étant pas bonne pour la variété de manioc qu’il a rapportée du Brésil, il traverse le fleuve, achète un terrain au chef de Glidji et commence par faire creuser un puits et à défricher ses terres. Il y installe plusieurs vaudous d’origine yoruba, comme Egun et Shango, ou d’origine fon, comme la divinité de la terre, Sakpaté. Lorsque je demande au roi d’Atoéta : « À quoi sert tout cela ? », il me répond : « Il n’y a pas que les x et les y dans la vie. » Pour Yves Tété Wilson, l’initiateur du Festival des divinités noires, « celui-ci ne peut être complet qu’avec le Brésil », et il est émouvant de voir les danseurs de la troupe Robson Correia, de Salvador de Bahia, partir en transe aux rythmes identiques de leurs orishas respectifs et tomber dans les bras de leurs frères togolais. Les hommes déportés aux Amériques y acclimatèrent leurs vaudous et orishas dont les rites perdurent aujourd’hui. Ils les masquèrent facilement derrière ceux de leurs maîtres catholiques. • La 8e édition du Festival des divinités noires s’est déroulée à Aného (Togo), du 15 au 22 décembre 2013, et avait pour thème « Mandela, l’Afrique arcen-ciel et ses trésors ». Les Zoulous d’Afrique du Sud, le Balé Folclórico de Bahia (Brésil) et le Poro de Ferkessédougou (Côte d’Ivoire) se sont joints aux groupes locaux tels les Kondonas de Pya et les danseurs de feu Bassar. Klegbeto, Zangbeto : le jour et la nuit viennent de la mer, alors on s’y rend tous ensemble, comme une grande famille. Il en résulte une faculté d’intégrer les influences extérieures. Si beaucoup descendent d’un même ancêtre, Adjahuto, originaire de Tado (Togo), les vaudous proviennent également de l’ouest, notamment de l’actuel Ghana, et plus précisément de la région Ashanti, comme ceux de la confrérie Ablékété, chargée du maintien de l’ordre. On remarque même des divinités hindoues dont les allégories sont présentes sur les murs des couvents. Le festival, c’est aussi une rencontre organisée en bibliothèque sur le thème « Informatique et tradition », ou encore des conversations, comme celle que nous avons eue avec le roi d’Atoéta, Oba Kabiossi Adekambi III, qui nous expliqua la création du village : des esclaves revinrent en Afrique, portant le nom de leurs anciens maîtres : de Medeiros, da Silva, da Cruz… Ainsi, en 1850, Joachim d’Almeida fonde ce village au nord d’Aného. Il s’installe tout d’abord sur C’est au cours de ses études à Poitiers, en France, que ce notaire éclairé prend conscience de son appartenance à une double culture : catholique et animiste. Avec ses frères et quelques amis, il crée l’association Acofin et ce festival afin de faire le lien avec les nouvelles générations. Il déclare : « Le festival vise à protéger le patrimoine culturel noir. Notre valeur est basée sur le recensement des objets d’art et de culture. Nous devons les défendre, les respecter, les réhabiliter, les valoriser, les transmettre à de futures générations, les partager avec elles et les construire. En le faisant, nous pensons aux jeunes générations à qui nous devons transmettre le témoin, bien sûr avec les codes de ce qu’on appelle aujourd’hui le patrimoine immatériel. » Les Klegbetos, qui sortent le jour, et les Zangbetos, la nuit, sont des entités d’origine yoruba réunies autour de sociétés initiatiques. Ils assurent la quiétude du village et une protection contre les voleurs. La traversée du lac Togo par un Zangbeto est l’un des grands classiques du festival. Le prêtre, depuis une rive, dirige les opérations en prise directe avec son fétiche dont il se sert comme d’un portable. Croit-il vraiment qu’il peut communiquer de la sorte ? Peu importe, l’essentiel est que cela soit vécu comme tel. « La proximité avec le théâtre est évidente », explique l’anthropologue à l’EHESS Bernard Müller. « Personne ne se pose la question de savoir si l’acteur du film est vraiment le héros qu’il représente. » 38 En couverture Alberto OLYMPIO l’avenir high-tech africain Texte Salha Souleymanou Olympio Photos Marie Jampy et labelfoto ous connaissons les principaux décideurs et chefs des plus grandes entreprises d’Afrique qui contribuent à l’essor d’une croissance continentale tirée par le secteur privé. Parmi eux figurent Aliko Dangote, PDG du plus grand conglomérat industriel du Nigeria ; Mo Ibrahim Soudan, fondateur de Celtel , opérateur de téléphonie mobile dans une vingtaine de pays d’Afrique et du Moyen-Orient ; Mostafa Terrab, directeur général de la société marocaine OCP, le plus grand exportateur mondial de phosphates ; et Issad Rebrab, PDG de Cevital, un groupe privé aux multiples activités et leader en Algérie. Mais aujourd’hui, nous assistons à l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs dont les ambitions s’étendent au-delà du continent. Ils bâtissent ou dirigent des entreprises de classe mondiale avec une présence de plus en plus incontournable sur le continent africain. Ils développent de nouveaux marchés, ils sont champions de l’innovation 40 En couverture Notre société a vocation à sortir de sa zone de confort et à résoudre des problématiques par le développement d’applications sur les terminaux mobiles, tablettes et smartphones. » et créent des emplois décents pour des milliers d’Africains avec un profond impact social sur leurs environnements respectifs. Les noms et visages de ces champions qui montent seront, dans les toutes prochaines années, connus de tous. Dans ce publi-reportage, Alberto Olympio est l’exemple de ces jeunes cadres dynamiques africains qui croient à la capacité de l’Afrique de se prendre en charge et qui se sentent prêts à relever des challenges en s’engageant dans la création de richesses par l’initiative privée. Ils reviennent dans leurs pays après avoir acquis en Occident une solide formation puis une expérience avérée. Le parcours d’Alberto Olympio et la réussite de son entreprise sont révélateurs de l’effectivité de ce nouvel engagement des cadres africains dans le développement économique de leur continent. A+ : Parlez-nous tout d’abord d’Axxend Corporation, l’entreprise que vous avez créée en 2010. Alberto Olympio : Axxend Corporation exerce dans le secteur des nouvelles technologies, en offrant aux entreprises des prestations de classe internationale à un coût inférieur à celui pratiqué par les firmes occidentales qui interviennent sur notre marché domestique. Ce positionnement la différencie de ses confrères locaux, souvent généralistes, comme des grandes firmes occidentales, certes compétentes, mais à des coûts prohibitifs. Axxend répond ainsi à une attente précise des grandes entreprises et organisations de sa zone d’action, qui s’étend sur une quinzaine de pays. Sa cible se compose essentiellement des secteurs des télécommunications, des finances et industries, ainsi que du secteur public. La concurrence pour la fourniture de services informatiques aux secteurs que vous visez n’est-elle pas trop forte ? Les entreprises de ces secteurs sont à la fois exigeantes, savent précisément ce qu’elles veulent et consomment grandement du IT. Ce qui donne largement à Axxend l’opportunité de prouver son savoir-faire avec professionnalisme. C’est la qualité de nos prestations qui assure la croissance et la rentabilité et donc la pérennité de l’entreprise. Cette capacité d’entreprendre et surtout de réussir notre projet d’entreprise est le fruit d’une expérience largement acquise en France auprès de l’Aérospatiale et du CNES (Centre national d’études spatiales), aux États-Unis et en Afrique auprès de Microsoft, le géant de l’informatique. Concrètement, en quoi consiste l’offre d’Axxend et quels sont vos premiers résultats en trois années d’activité ? L’offre d’Axxend couvre les besoins fondamentaux des entreprises en matière de système d’information, notamment une infrastructure de base sécurisée et un système collaboratif performant, avec des outils de communication unifiée. En cela, elle s’appuie sur son partenariat technologique avec Microsoft. Par ailleurs, dans la continuité de la réussite de son partenariat avec Microsoft, Axxend développe son lien technologique avec SAP, le géant mondial des solutions de gestion intégrée (ERP) et de Business Intelligence. Forte de ce succès, l’entreprise décide d’étendre son offre pour répondre aux besoins du grand public. Notre société a vocation à sortir de sa zone de confort et à résoudre des problématiques par le développement d’applications sur les terminaux mobiles, tablettes et smartphones. Les marchés du « Cloud Computing », du « Data Center », des télécommunications, du « Mobile Money » sont autant de challenges qu’Axxend relève actuellement. En trois années d’existence, Axxend remporte de francs succès, avec un chiffre d’affaires de près de 18,3 millions d’euros en 2012 et plus de 150 emplois créés, en donnant la place méritée aux femmes, qui représentent 36 % du personnel cadre. Vous avez récemment annoncé qu’« Axxend se veut une entreprise citoyenne ». Qu’entendez-vous par là ? J’ai conduit notre groupe à développer la Fondation Axxend, qui vient en soutien aux enfants économiquement défavorisés, dans les domaines de l’éducation, de la 42 En couverture Les cadres africains ont un rôle moteur et prépondérant à jouer. » avant tout un acteur social. À ce titre, elle doit s’inscrire dans la vision d’une contribution effective au développement global. Réussite économique, soutien aux plus démunis, repositionnement de l’Homme au centre de l’activité économique, c’est le triptyque qui doit caractériser une entreprise. Le développement de l’Afrique par les Africains est ma plus forte conviction, et en cela les cadres africains ont un rôle moteur et prépondérant à jouer. C’est dans cette dynamique que je m’inscris. Quels sont vos projets pour 2014 ? 2014 est pour moi une année de grande décision pour mon groupe. Je ne vais pas, pour l’heure, m’exprimer plus largement sur cette question, mais vous pouvez vous attendre à quelques bonnes nouvelles prochainement. santé et de leur épanouissement. Cette dimension de solidarité et de partage est un facteur déterminant dans la vision d’Axxend, car elle replace l’humain au centre de toutes les actions. Nous ne devons pas oublier que toutes les actions humaines partent de l’humain et doivent revenir à l’humain pour boucler le cycle. J’ai également mis en place le concept d’Axxend University, qui aide les jeunes diplômés à faire une première expérience dans l’entreprise, en leur offrant gratuitement une année de formation opérationnelle, au bout de laquelle ces jeunes trouvent rapidement du travail, soit chez Axxend en cas de besoin, soit auprès d’une autre structure. Les jeunes diplômés adorent. Au-delà de l’indispensable profit, vous semblez être motivé par l’épanouissement individuel des gens et le développement collectif. Pourquoi ? Je ne crée effectivement pas une entreprise simplement pour le succès économique et financier. Toute entreprise, bien que propriété de l’entrepreneur, est Vous êtes semble-t-il bien entouré par votre famille dans vos actions. Qu’en est-il réellement? En effet, j’ai la chance d’être issu d’une grande famille, très unie et très complice tant sur le plan professionnel que personnel. Cela procure quelques avantages, surtout que nous partageons une vision similaire quant à la nécessité de la contribution de chacun au développement de l’Afrique. Toutefois, au-delà de ma famille biologique, les cadres d’Axxend et toutes les bonnes volontés qui nous soutiennent et qui partagent avec moi les ambitions légitimes pour le développement de l’Afrique sont autant de composantes d’une large famille partageant une communauté de destin sur le continent. • 44 portrait L’énigme N’Dour Après trois ans d’absence, la star sénégalaise Youssou N’Dour a effectué son retour en octobre dernier dans la capitale française pour son 14e Grand Bal, un concert marathon véhiculant une image positive de l’Afrique. A+Mag rencontre ce musicien, homme d’affaires et homme d’État complexe tandis qu’il revient à ses aspirations premières C Texte Daniel Brown Photos Philippe Braquenier et Pierre Daniel omme si le temps était remonté trois ans en arrière. La grande voix africaine au succès le plus constant investit majestueusement la scène au-dessus de fans extatiques par milliers. Son détenteur apparaît dans un boubou blanc flamboyant, le visage animé d’un sourire enfantin quand il se saisit de la foule ondulante. « Le roi est de retour ! », crie Mamadou, les yeux étincelants, alors qu’il se laisse aller à la joie devant son idole d’enfance. Le chauffeur de taxi franco-sénégalais se retourne vers ses compatriotes expatriés qui ont investi 85 euros dans un allerretour en train de Nantes à Paris pour ce Grand Bal. Ils sont venus voir cet homme qui, à 54 ans, célèbre quarante et un ans de présence dans l’industrie musicale. « C’est sa nouvelle chanson sur Dakar », s’enthousiasme Mamadou en wolof par-dessus le grondement des tambours et djembés tamani. « Oui, réplique le compagnon de route de Mamadou, mais c’est rien à côté de Leep Mo Leundeum ou Bou Leen Coupe. Il ne chantera pas celleslà maintenant qu’il est ministre. » Mamadou se référait aux compositions que la superstar sénégalaise Youssou N’Dour avait diffusées des années plus tôt pour mobiliser l’opinion publique contre la passivité du régime précédent face aux inondations qui avaient accablé la capitale. Mais les 18 000 fans réunis pour ce spectacle remarquable mis en scène autour de la voix intemporelle de N’Dour ne sont pas là pour discuter de la politique qui a accaparé le travail du chanteur ces dernières années. Non, ils se délectent de nouveau dans ce que le président Macky Sall a appelé dans le programme du concert un « point de rassemblement et un moment de convergence de toute la diaspora exilée aux quatre coins du monde ». Ce retour en octobre de N’Dour à son Grand Bal ne déçoit pas. La représentation de quatre heures et demie au Palais omnisports de ParisBercy illustre le talent du chanteur pour sa subtilité d’orchestration comme pour produire de jeunes artistes prometteurs et les propulser vers la célébrité. Sans compter l’image positive de l’Afrique qu’il revendique toujours. Soudain, voici le N’Dour que tout le monde aime : un homme du peuple, la voix modulant sur ce même souffle chaud d’une pureté incomparable. Ses ambitions politiques, sa richesse financière et son empire médiatique ont semblé prendre le dessus sur l’artiste 46 portrait doué pour captiver son public avec son mélange de vieux classiques de mbalax et de tubes planétaires. Parmi les 32 titres chantés, on entend de nouvelles ballades un peu maladroitement interprétées par le chanteur, qui se penche pour lire les partitions dispersées à ses pieds. Mais peu importe, ses classiques défilent l’un après l’autre, toujours teintés d’un humour sûr. Le voici à nouveau en leader idéaliste contestant le pouvoir de ceux qui s’approprient les richesses d’un État qu’ils devraient plutôt servir, appelant les citoyens africains à le rejoindre dans sa croisade et à montrer un continent qui existe aussi en dehors de la guerre et de la misère ; en militant qui a refusé une tournée aux États-Unis en 2003 pour protester contre l’invasion en Irak ; un artiste tout en joie à son retour sur scène, dans un rôle qui lui avait clairement manqué ces dernières années. En dépit de décennies sous les projecteurs, N’Dour demeure une énigme. Plus vous retirez les couches qui composent l’icône sénégalaise, plus vous vous perdez dans des contradictions apparentes. Quelques jours avant son retour sur scène, je me trouve à bord du train Thalys afin de le rencontrer et prends le temps une fois de plus d’étudier la documentation que j’ai récoltée. Ma destination est Bruxelles, la capitale belge, où N’Dour a décidé de préparer son concert, loin des flashs médiatiques. L’homme est contradictoire. Le voici qui admet appartenir corps et âme à sa Ses ambitions politiques, sa richesse financière et son empire médiatique ont semblé prendre le dessus sur l’artiste doué pour captiver son public avec son mélange de vieux classiques de mbalax et de tubes planétaires. musique. Pourtant, depuis 2010, il a tout sacrifié à l’appel du devoir politique. Il a également bâti un empire médiatique hors normes, lui qui a abandonné l’école dans sa prime adolescence. En effet, quand son père, El Hadji Elimane, revient sur ses jeunes années, il se souvient que l’aîné de ses 13 enfants ne s’est jamais intéressé aux études. Pourtant, aujourd’hui, Futurs Médias signifie beaucoup pour N’Dour. Il suit son développement presque minute par minute tout en gérant un éventail remarquablement large d’activités créées en son nom. Mais les deux dernières années mouvementées de son engagement politique dans des fonctions ministérielles ont laissé l’électorat sénégalais partagé au sujet de cet illustre ambassadeur de leur culture. Son parti, Fekke ma ci boolé (littéralement, « je suis un témoin donc je m’engage », en wolof) est un « épiphénomène », selon un observateur avisé de la politique sénégalaise à Dakar qui a demandé à ne pas être nommé. Il est pour lui peu probable, par exemple, que le parti de N’Dour ait un quelconque impact sur les prochaines élections locales. Malgré cela, il semble toujours arborer l’ambition de gouverner son pays, et il clame haut et fort être proche des réalités du peuple. Néanmoins, l’homme paraît doué pour jongler avec plusieurs balles. S’ajoute à toutes ces activités sa maison de disques, Jololi, qui domine et contribue à 65 % de toute la production musicale nationale. Également, sa fondation Youssou-N’Dour continue de promouvoir le « devoir citoyen » dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’environnement ou par le projet « Yakaar », qui œuvre à sortir les mendiants de la rue. Et pour couronner le tout, une vie privée saine et farouchement tenue au secret qui lui vaut 10 enfants, dont certains sont activement impliqués dans la gestion des activités pluridisciplinaires du chanteur. Pour mieux juger de son état d’esprit actuel, j’accepte une invitation à suivre à Bruxelles les préparatifs finaux pour son Grand Bal du 12 octobre 2013. Niché dans le quartier résidentiel de Schaerbeek, au nord de Bruxelles, les Studios Dada m’apparaissent incongrus : l’espèce d’entrée de garage insipide contraste avec la remarquable façade de briques rouges qui longe la rue François-Bossaerts. Mais derrière la porte grise, nous voyons tout Pierre Daniel autre chose : un labyrinthe de studios high-tech et de salles de repos confortables à l’intention des musiciens, ingénieurs du son et autres techniciens. Dans la grande salle de répétitions du studio, N’Dour en plein travail dirige son groupe de 21 musiciens talentueux, apportant les dernières retouches avant la performance de samedi. Il est vêtu d’une manière simple mais élégante, campé derrière de grands verres à monture d’écaille qui n’atténuent en rien l’intensité de son regard. Le « musicien africain du siècle », comme l’a qualifié le magazine britannique fRoots en 1999, s’adresse avec tendresse et humour à ses musiciens dans l’ultime reprise de chansons qui l’ont consacré un des pères fondateurs de la musique mbalax. Son bras droit Doudou Sarr me décrit son emploi du temps de dingue : toujours le premier arrivé à 10 heures, N’Dour travaille généralement au-delà de 22 heures. « C’est vraiment important pour lui », chuchote Doudou. « C’est son grand retour sur scène, retransmis en direct au pays et qu’il doit réussir après trois ans d’absence. » Le jour suivant, nous montons à bord du train vers Paris-Gare du Nord. N’Dour se montre toujours vif quoique légèrement soucieux en apparence. Nous prolongeons notre échange de la veille. « Ce Grand Bal n’est pas comme les treize précédents », reconnaît-il. Il hésite : « Récemment, j’ai été empêché, enfin, pas vraiment empêché, mais bon, j’ai accepté un poste au gouvernement, et là, c’est mon comeback. Un peu comme une renaissance dans ma carrière musicale. » Il hésite encore avant de formuler une métaphore qui convient mieux au fan de foot qu’il sera toujours : « C’est comme un match que nous devons gagner », en référence à la rencontre Sénégal/Côte d’Ivoire essentielle à la qualification pour la Coupe du monde, que sa station de télévision Futurs Médias retransmet en direct juste avant le concert de Bercy. Nous en venons à ses 19 mois au pouvoir comme ministre de la Culture et du Tourisme, puis du Tourisme et des Loisirs. « Ce fut – et c’est toujours – une aventure exceptionnelle pour moi qui suis encore ministre-conseiller auprès du Plus vous retirez les couches qui composent l’icône sénégalaise, plus vous vous perdez dans des contradictions apparentes. 48 portrait Même si la musique reste ma passion, je saurai la mettre de côté et œuvrer pour mon pays. Je veux m’assurer qu’il reste stable et maintient la paix. » président Macky Sall. J’ai appris et compris tellement de choses ! » Comme quoi ? « Je ne suis pas en position de révéler quoi que ce soit en détail. En tant qu’homme d’État, je ne peux me permettre de trop parler. J’ai vécu en tout cas une expérience personnelle extraordinaire. » Dans une interview antérieure réalisée par des journalistes sénégalais, il mentionne son plan de 500 millions d’euros pour relancer le tourisme au Sénégal, source de fierté de son court mandat. Il me raconte à présent qu’il espère continuer d’œuvrer en ce sens, ainsi que pour la démocratisation des nouvelles technologies dans son pays. « Je fais partie d’une commission des Nations unies sur le développement de la bande passante… Nous espérons connecter tout le monde au Sénégal, afin qu’un cordonnier du village de N’Dangalma [environ 100 kilomètres à l’est de Dakar] puisse montrer ses chaussures au monde entier. » Mais un soulagement palpable transparaît de son retour à la musique, sa véritable passion. « C’était un rythme infernal : au bureau à huit heures du matin, des réunions à la chaîne, la responsabilité d’un ministère au gouvernement, des heures pour répondre à des courriers. Je jouis à présent de plus de flexibilité en tant que ministreconseiller du président sur toutes sortes de sujets. J’ai un rôle interdisciplinaire qui me permet d’exercer une certaine influence à plusieurs niveaux, de la présidence au Parlement, tout en me consacrant à nouveau davantage à la musique, sur laquelle je n’ai jamais fait une croix. » N’Dour n’exclut pas la possibilité de revenir sur les devants d’une scène politique sénégalaise volatile. Tout en louant Sall pour ses réformes judicieuses contribuant à réduire les inégalités et à redistribuer les richesses, il en appelle à plus d’efficacité pour contrôler le déficit grandissant du budget national. « Sall a redonné confiance à son peuple, mais il nous faut un système d’alarme pour réguler le budget. Gouverner, c’est anticiper. Même si la musique reste ma passion, je saurai la mettre de côté et œuvrer pour mon pays. Je veux m’assurer qu’il reste stable et maintient la paix. » Un silence se pose. J’hésite où mener la conversation. Peut-être parce que je ne sais plus si je suis face à un homme d’État qui a mis sa carrière politique en suspens, un homme d’affaires qui cherche de nouvelles façons de consolider sa position de force économique majeure en Afrique de l’Ouest ou encore un artiste au talent inné qui se défait de son costume diplomatique pour rejoindre le monde de la musique auquel il appartient. Avant de pouvoir ouvrir la bouche, j’entends : « Nous en avons fini ? » Youssou m’offre un de ses sourires et, devant mes balbutiements, fait un geste au conseiller politique resté dans les parages le temps de notre échange. Voici bientôt le musicien-politicien-businessman qui peaufine les derniers détails au sujet des 32 titres inscrits sur une feuille de papier et chuchote des instructions en wolof à propos de personnes à contacter à Dakar. Il sait que ses concerts sont essentiels pour amener son pays à une plus grande reconnaissance mondiale, il n’est donc pas question de décevoir. Et ce soir du 12 octobre, dans l’une des plus grandes salles de concert de la capitale française, envahie par sa musique, il semble bien plus confortable dans ce rôle sur scène avec ses compagnons musiciens. « Allumez les projecteurs, allumez-les tous, je veux voir Bercy, je veux voir tout le monde. Tous avec moi ! » Et les fans se déchaînent dans un impressionnant élan solidaire et festif. Jusqu’à la fin du show, où, sans un mot d’adieu, la foule satisfaite disparaît calmement dans la nuit noire de Paris. • N’DOUR : entrepreneur haut de gamme S ’il est un artiste africain qui a su diversifier sa carrière, c’est bien Youssou N’Dour. En 2013, il célèbre une décennie de succès pour sa holding Futurs Médias (FM), un groupe de presse supervisé par son fils Birane et qui emploie plus de 400 personnes. Cet empire médiatique, le plus important en Afrique de l’Ouest, comprend le quotidien L’Observateur (imprimé à 60 000 exemplaires), RFM (l’une des plus populaires radios de Dakar), ainsi que la chaîne Télévision Futurs Médias, dont le chanteur aime à penser qu’elle est un « miroir du Sénégal ». Il contrôle également les principales chaînes de production musicale du pays, comprenant plusieurs studios d’enregistrement à Dakar, et le Thiossane night club, un lieu de rencontre et de sortie nocturne à la mode du Grand-Dakar, considéré comme l’un des plus sophistiqués de la ville. Enfin, N’Dour est aussi à la tête de Birima, une société de micro-crédit de 500 employés créée en 2008. 9 octobre 2013 – 6 juillet 2014 de 11 h à 19 h sauf le mardi et le jeudi 35 bis, rue Paul Valéry - 75116 Paris - Tél. : 01 45 00 91 75 - www.dapper.fr 50 dossier Dossier République du 52 53 République du Congo CONGO VOYAGE AU BOUT DU RÊVE Récit d’un premier contact mémorable Récit par Salha Souleymanou Olympio Photos ministère du tourisme du congo, génération elili Appréhensions initiales Il me faut 7 heures et 45 minutes pour rejoindre Brazzaville depuis Paris à bord d’un Boeing 757-200 flambant neuf de la compagnie nationale ECAir. Je pars rendre visite à ma sœur, dont l’époux a été affecté au Congo. Je suis pleine d’une appréhension, fruit des a priori et des informations partiales dont nous inondent les médias. Mais le vol me permet déjà de dissiper quelques angoisses. À bord règne une bonne ambiance et le service est impeccable. Je m’autorise à échanger avec quelques voyageurs, officiels nationaux ou célébrités internationales en route pour la capitale congolaise. À travers le magazine de bord Mbote, je revisite l’histoire de l’indépendance du pays et découvre l’ampleur du rayonnement culturel du Congo depuis les années 1960, ainsi que la biodiversité de ses parcs naturels. Je m’endors alors sur un siège à 180°C et rêve d’un Congo loin des clichés malveillants véhiculés par les médias internationaux. Jusqu’à ce que la voix virile du commandant me réveille en sursaut : « Mesdames et messieurs, bienvenue à l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville. » Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un véritable joyau, un aéroport convivial offrant un cadre reposant et accueillant. S’il est vrai que les voyages permettent de découvrir de nouveaux horizons, il est tout aussi vrai que les aéroports – ces « portes » par lesquelles les touristes établissent un premier contact avec la population – sont de précieuses mines d’informations. Ce premier contact me libère tout à fait de mes appréhensions initiales. 54 55 République du Congo S’il est vrai que les voyages permettent de découvrir de nouveaux horizons, il est tout aussi vrai que les aéroports — ces « portes » par lesquelles les touristes établissent un premier contact avec la population — sont de précieuses mines d’informations. Pour ma part ce premier contact fut «bluffant».” Brazza-la-Verte Encouragée par le scintillement des lumières de la ville, je pars découvrir la capitale congolaise. Les taxis, verts eux aussi, y sont nombreux, propres et bon marché, comme à Manhattan. Je me rends place de la Gare, déambule le long de l’avenue piétonne qui lui fait face et croise une brochette cosmopolite de personnalités locales. Je pense alors à ce moment historique de la Seconde Guerre mondiale, quand en 1940 le général De Gaulle déclare Brazzaville capitale de la France libre. Ici même également se tint en 1944 la fameuse Conférence de Brazzaville, prélude à l’indépendance des États de l’Afrique francophone. Au cœur de la ville, je me promène dans le « poumon vert », un parc zoologique entouré de plusieurs espaces verts conçus pour le bonheur des Brazzavillois. Depuis les restaurants Terminalia et Mami Wata, situés sur la corniche, le regard est absorbé par le majestueux fleuve Congo, le plus puissant du monde après l’Amazone et le plus long fleuve d’Afrique après le Nil. Il occupe, lui aussi, une place essentielle dans l’imaginaire des Congolais. Une vue imprenable sur Kinshasa, située de l’autre côté du fleuve, me rappelle que Brazzaville et Kinshasa sont, les deux capitales les plus proches du monde. Je fais le tour des édifices historiques et autres sites surprenants : le mausolée Pierre-Savorgnan-de-Brazza, qui expose l’histoire de la ville et de son fondateur dans un édifice à l’architecture néoclassique entouré d’un parc très agréable ; la basilique Sainte-Anne, avec une architecture unique en son genre, qui porte le surnom de « cathédrale des mains jointes » et est considérée comme le lieu Aéroport de Brazzaville. au marché central et au musée GeorgesBrousseau furent très instructives. Dans les environs de Pointe-Noire et dans le Kouilou, je découvre la beauté du parc national Conkouati-Douli ouvert sur la mer, un cadre idyllique dans lequel on peut observer des tortues marines ; la pointe indienne pour sa plage et ses possibilités de pêche ; le village Loango pour ses trésors de détails culturels et historiques de la région ; le site animalier de Tchimpounga ; le majestueux pont du Bas-Kouilou, qui offre une vue magnifique de l’embouchure du fleuve Kouilou ; les sensations fortes en moto-cross dans la plaine de Yanika ; les plages de Kondi, qui ravissent les amateurs de yachting et de pêche au gros. consacré à tous ceux qui sont tombés pour l’Afrique ; l’École de peinture de Poto-Poto, célèbre pour ses tableaux intégrant le style « Miki » ; les fresques de l’Afrique qui retracent l’histoire du pays depuis ses origines ; le stade Alphonse Massamba-Débat, qui abrita les premiers Jeux africains en 1965 ; la prestigieuse Tour Nabemba, édifice de 30 étages, le plus haut de la capitale et emblème de la ville depuis 1990 ; la grande bibliothèque universitaire nouvellement construite ; les Cataractes, véritable site de détente, de baignade et de camping pour les férus de beaux rivages, avec son « île des amoureux » ; le site de Lifoula ; l’île Faignond ; le lac Bleu ; les chutes de Loufoulakari ; le Trou de Dieu. Pour clore mon périple brazzavillois, j’effectue un passage dans les « lounge bars » et boîtes de nuit branchés de la capitale – No Stress, Ramdam, Rialto, Détente, Cléopâtra. Ponton-la-Belle J’eus soudain envie d’autre chose, comme de connaître davantage le Congo, qui ne cesse de me surprendre. Je décidai de faire une descente rapide en avion à Pointe-Noire, aussi surnommée « Pontonla-Belle » ou « Nindji ». Avec ses plages de sable fin, sa côte très appréciée par les adeptes de surf, et son coucher de soleil qui n’a d’égal que celui de Bali, en Indonésie, cette ville très cosmopolite et bien vivante de plus d’un million d’habitants où l’or noir coule à flots fut la capitale du Congo à la veille de la décolonisation et joue un rôle moteur dans l’économie du pays. Mes visites au musée Mâ Loango, à l’embouchure du BasKouilou, à l’hôtel de ville, à la gare centrale avec son toit inspiré par celui de la gare de Deauville, à la mission catholique, à la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, De Brazzaville à Ouesso Animée par la même soif de découverte, je relie par la route Brazzaville à Ouesso, dans le nord du pays, en m’arrêtant autant de fois que possible dans les villes qui bordent la route nationale nouvellement aménagée. Quel paysage magnifique ! Je peux commencer à m’extasier devant cette riche biodiversité mise à l’honneur dans le magazine Mbote : la faune et la flore insolites de la réserve Lesio-Louna et le gorille solitaire de l’île d’Abio, remis dans la nature et vivant en semi-liberté. Au cours du trajet vers Oyo, une ville en plein essor située à environ 400 km de Brazzaville, je partage la vie quotidienne des Congolais et apprends à connaître Le mémorial Pierre Savorgnan de Brazza. La fresque de l’Afrique. Bâtiment du Ministère des affaires étrangères. 56 57 République du Congo les peuples Kongo, Teke et M’Bochi et à préparer les plats locaux : le « saka saka » et le poulet « à la moambe », accompagné par le manioc (« chikouangue »)… À quand Master Chef au Congo ? Je postule ! À l’occasion de moments de détente raffinés et luxueux au bord des rives du fleuve Alima, je savoure une pause à Gamboma – « Gamb City » pour les initiés – ou encore un séjour au Pefaco Hôtel Alima Palace, immergé au cœur d’un cadre naturel exceptionnel. Une autre halte dans le cadre magnifique de Mombo Beach, au bord de la rivière Kouyou à Owando, me comblera encore. À Boundji, j’assiste à une représentation de danse traditionnelle « KiebeKiebe ». Cette danse initiatique spectaculaire et unique en son genre est un bijou du patrimoine culturel congolais. La visite des fabriques de « tcham » à Owando est un autre régal. Ce vin de palme, ayant la particularité d’être consommé chaud, est vanté pour ses valeurs thérapeutiques. Une escale à Makoua, « ville lumière » située en plein sur l’équateur, une petite randonnée dans le parc Nouabalé-Ndoki et sa forêt primaire et un rendez-vous avec les diverses espèces d’animaux à Mbeli Baie complètent mon immersion dans le Congo « profond ». Une Afrique qui bouge Les Congolais, avec leur générosité et leur gentillesse hors du commun, sont des rayons de soleil qui illumineront mes journées tout au long de cette épopée. J’ai pu circuler seule à Brazzaville de jour comme de nuit et à pied sans un seul sentiment d’insécurité. Après tant d’étonnements, d’émerveillements et de possibilités d’escapades paradisiaques, à la fois dans les villes et en dehors, je quitte ce pays superbe, riche d’un patrimoine historique varié et d’un énorme potentiel touristique ! Je me jure de revenir dans cette Afrique qui bouge et qui contribue à tirer le monde vers le haut. Dans les environs de Pointe Noire et dans le Kouilou, j'ai particulièrement apprécié la beauté fascinante du parc national "ConkouatiDouli" qui est ouvert sur la mer et permet l'observation, dans un cadre idyllique, des tortues marines ; la pointe indienne pour sa plage et ses possibilités de pêche. ” Hôtel Atlantique, Pointe-Noire. Pour plus de renseignements : www.congo-site.com La gare du Chemin de Fer Congo-Océan (CFCO) à Pointe-Noire. 58 économie République du Congo 59 Un Congo tourné vers l’avenir Une croissance élevée de plus en plus marquée par le dynamisme du secteur hors pétrole La situation économique et sociale du Congo a connu une avancée importante ces dernières années. Cela est le fruit de réformes structurelles opérées dans les domaines de la gouvernance politique, commerciale, économique, juridique et administrative, mais aussi d’actions de renforcement des infrastructures fondamentales Texte John Olympio photo AFP Le Congo jouit d’une situation macroéconomique confortable, soutenue entre autres par des réformes structurelles engagées, conjuguées aux efforts de renforcement des infrastructures, notamment dans les domaines du transport, de l’énergie et des télécommunications. Le pays a ainsi enregistré un taux de croissance moyen de 7 % sur la période 2008-2012, avec une progression significative du taux d’investissements publics qui est passé d’une moyenne de 11 % sur les cinq précédentes années à 16,5 % en 2012. Bien que le PIB reste dominé à plus de 70 % par le secteur pétrolier, le secteur non pétrolier a évolué grâce aux efforts soutenus dans les télécommunications (10 %), l’agriculture (3,9 %), les industries manufacturières (5,4 %), les transports et le commerce (11,7 %). Prémices d’une industrialisation annoncée sur une logique de grappes de croissance et niches de compétitivité Une dette aujourd’hui soutenable Avec un encours se situant en dessous de 30 % du PIB (bien en deçà du seuil CEMAC fixé à 70 %) et un service de la dette rapporté aux exportations inférieur à 1 % (alors que la norme internationale en la matière est de 15 %), le Congo présente un service de la dette rapporté aux recettes budgétaires ne dépassant pas 2 % pour une norme établie à 25 %. Une conjoncture favorable à l’emploi L’évolution ascendante de la croissance économique nationale sur la période 2008-2012 a eu un impact positif sur le niveau de l’emploi. Toutefois, le chômage touche entre 25 et 42 % des jeunes de moins de 29 ans, des chiffres préoccupants pour le gouvernement. Pour relever le défi de l’industrialisation, une stratégie de diversification à partir de sept « grappes » d’activités, avec des stratégies transversales d’accompagnement, a été mise en œuvre pour renforcer la compétitivité des filières. Ce programme concerne : (i) l’agriculture et la chaîne agroalimentaire ; (ii) la forêt et les industries du bois ; (iii) le pétrole et les hydrocarbures ; (iv) les mines ; (v) les bâtiments et matériaux de construction ; (vi) le tourisme et l’hôtellerie ; (vii) les services financiers. Cette stratégie industrielle est renforcée par la mise en place de Zones économiques spéciales (ZES) pour booster l’investissement, assurer la transformation locale des produits et accroître les exportations. Elle est également soutenue par la volonté d’accéder à une meilleure adéquation entre la formation, les emplois et l’inclusion de la femme comme moteur de développement. Un secteur minier porteur Le Congo dispose de réserves minières importantes qui demeurent sous-explorées et sous-exploitées. La production minière est encore essentiellement artisanale, quoique le secteur ait connu une période industrielle dans le passé. Plusieurs projets d’exploitation de potasse, de polymétaux et de fer sont en phase de démarrage. Ce secteur est porteur et contribuera assurément à la croissance du PIB national, à la condition primordiale qui est d’améliorer la qualification de la main-d’œuvre locale et ce, en vue de favoriser la création de valeur ajoutée à l’échelle nationale. Pétrole et hydrocarbures : « cheval de bataille » de la diversification économique Le Congo dispose de réserves importantes en pétrole brut. Selon des estimations récentes, elles seraient de l’ordre de deux milliards de barils, soit l’équivalent de 40 années de production au rythme actuel. Outre la qualité de son brut, le Congo est aussi compétitif en termes de coûts d’exploration et d’exploitation, lesquels pourront encore diminuer grâce aux efforts de réforme dans cette filière et aux importants investissements à venir. Cette combinaison de fortes potentialités, tant en capacité qu’en compétitivité, fait de la filière pétrolière un véritable « cheval de bataille » pour la diversification de l’économie. À cela s’ajoutent les réserves en gaz, largement suffisantes pour couvrir les besoins nationaux (environ 100 milliards de m3), soit l’équivalent de vingt ans de production au rythme actuel d’exploitation… > Le Ministre Claude Alphonse N’SILOU (au milieu) en pleine conversation avec les techniciens du chantier lors de sa visite Accès aux logements sociaux CONGO-BRAZZAVILLE Enfin, une société nationale des habitations à loyer modéré ! Le président de la République, Denis Sassou Nguesso a promulgué, le 26 septembre 2013, la loi n°192013 portant création de la S.n-H.l.m (Société nationale des habitations à loyer modéré), qui est un établissement public à caractère industriel et commercial, placé sous la tutelle du Ministère de la construction, de l’urbanisme et de l’habitat. La création de cette société, véritable maillon important dans l’accès aux logements sociaux, complète ainsi le processus permettant aux Congolais d’accéder aux logements, grâce aux programmes immobiliers lancés à travers le pays. doptée par les deux chambres du parlement, la loi portant création de la Société nationale des habitations à loyer modéré était très attendue, d’autant plus que trouvent prohibitifs, les coûts des logements construits par l’Etat. Justement, pour surmonter cette difficulté de taille, le président de la République vient de promulguer la loi qui crée la S.n-H.l.m (Société nationale des habitations à loyer modéré) dont la mission est de «permettre à un plus grand nombre d’accéder à un logement décent, sous forme locative, à travers les loyers personnalisés, adaptés aux revenus des populations économiquement vulnérables; d’assurer la gestion des habitations réalisées par l’Etat ou ses démembrements qui sont mis à sa disposition». La S.n-H.l.m est une avancée importante dans la politique sociale du président de la République, quand on sait que trouver un logement, particulièrement dans les deux principales villes du pays que sont Brazzaville et Pointe-Noire, pour une jeune famille, relève d’un véritable parcours du combattant. En effet, dans tous les pays africains, il a toujours subsisté un problème d’accès aux biens produits par l’Etat (Eau, électricité, logements…) parce que leur production dépend des coûts du marché international (cours des intrants). Ce qui ne va pas dans le même sens que la réalité du pouvoir d’achat des populations, lequel dépend, à son tour, des bas salaires. C’est en ce cela que, pour le gouvernement, avoir créé cette entité qui permettra aux populations à revenus modestes d’accéder, malgré tout, aux nombreux logements, sous forme locative, à travers des loyers adaptés à la réalité de leurs revenus, est une réponse forte à ce problème crucial. Il faut reconnaître que, depuis son accession à l’indépendance, le Congo n’a jamais construit autant de logements que ce qui se fait depuis quelques années. Si près d’un dixième de ces logements produits à ce jour, a été attribué à titre expérimental, comme l’affirme le gouvernement, la majorité n’était pas jusque-là attribuée. Le gouvernement attendait justement la création de cette entité, la S.n-H.l.m, pour enfin commencer à distribuer les logements réalisés. Un autre aspect important de cette loi est à noter: après une location de dix ans sans incident, le locataire peut en devenir acquéreur, s’il en exprime le besoin. Par ailleurs, la nouvelle loi va enfin permettre à la société nationale des habitations à loyer modéré, de disposer d’un parc important de logements sociaux. En effet, la loi interdit aux responsables de cette société de vendre ces logements comme on l’a vu, malheureusement, avec la D.c.l.b.a (Direction centrale des logements et bâtiments administratifs) et l’ex-Soprogi (Société de promotion et de gestion immobilière). L’acquisition des logements par les locataires se fait par lots après décision prise en conseil des ministres. Reste maintenant à attendre l’installation de la nouvelle société, avec son équipe dirigeante et ses services administratifs, pour que les Congolais se mettent à lui adresser leurs demandes de logements sociaux. Joël NSONI PARLEMENT REPUBLIQUE DU CONGO Unité - Travail - Progrès Loi n°19-2013 du 26 septembre 2013 portant création de la société nationale des habitations à loyer modéré L’Assemblée Nationale et le Sénat ont délibéré et adopté; Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit: Article premier: Il est créé un Etablissement public à caractère industriel et commercial, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, dénommé Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré. Le siège de la Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré est fixé à Brazzaville. Toutefois, il peut, en cas de besoin, être transféré en tout autre lieu du territoire national, sur décision des organes compétents. Article 2: La Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré est placée sous la tutelle du Ministère en charge de l’Habitat. Article 3: La Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré a pour missions de: - permettre à un plus grand nombre d’accéder à un logement décent, sous forme locative à travers les loyers personnalisés adaptés aux revenus des populations économiquement vulnérables; - assurer la gestion des habitations réalisées par l’Etat ou ses démembrements qui sont mis à sa disposition. Article 4: Les ressources de la Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré sont constituées par: - le produit des activités de la société; - le produit des emprunts; - les dons et legs; - les subventions de l’Etat. Article 5: La Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré est administrée et gérée par deux organes: - le Conseil d’Administration; - la Direction Générale. Article 6: La Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré est dirigée et animée par un Directeur Général nommé par décret en Conseil des Ministres, sur proposition du Ministre chargé de l’Habitat. Article 7: Les attributions, l’organisation et le fonctionnement des organes d’administration et de gestion de la Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré sont fixés ar des statuts approuvés par décret en Conseil des Ministres. Article 8: Le patrimoine de la Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré est insaisissable et inaliénable. Toutefois, après une location de dix (10) années sans incident, un locataire peut se porter acquéreur du bien loué. Dans ces conditions, la vente se fera uniquement par lots d’appartements ou d’immeubles, après approbation du Conseil des Ministres. Article 9: La présente loi, qui abroge toutes dispositions antérieures contraires, sera publié au Journal Officiel et exécutée comme loi de l’Etat. 19-2013 Fait à Brazzaville, le 26 Septembre 2013 Par le Président de la République Denis SASSOU-N’GUESSO Le Ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat, Claude Alphonse N’SILOU.Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie, des Finances, du Plan, du Portefeuille Public et de l’Intégration Gilbert Ondongo Joël NSONI 62 République du Congo 63 INFRASTRUCTURES Les projets de développement qui façonnent le Congo de demain Le maillage d’infrastructures viables et crédibles qui se construisent en République du Congo illustre l’ambition de ce pays qui vise une place de choix dans cette sous-région d’Afrique centrale Texte Adonis Photos Génération Elili, ministères des grands travaux et de l’habitat D u nord au sud, le Congo est en plein chantier. Depuis un certain temps, on remarque que le pays se modernise et s’industrialise. Plus d’une centaine de projets économiques sont suivis par la Délégation générale aux grands travaux (DGGT), créée en 2002 et intégrée depuis 2012 dans le ministère de l’Administration territoriale. L’objectif principal de ce corps d’État est d’accomplir sur tout le pays des travaux de grande envergure susceptibles de transformer l’image physique du Congo. Ainsi, la route PointeNoire-Dolisie-Brazzaville, le barrage de Liouesso, la route Congo-Cameroun, le pont route-rail reliant Brazzaville (République du Congo) à Kinshasa (République démocratique du Congo), l’aéroport international de MayaMaya, les télécommunications, la fibre optique… L’économie nationale vient de connaître ces derniers temps un regain de vitalité dans le domaine des voies de communication, notamment avec l’arrivée ou la création au Congo de plusieurs sociétés qui le desservent tant au niveau national qu’international après l’épopée d’Air Afrique. Des efforts sont visibles pour les infrastructures lourdes de transport sur lesquelles devrait se reposer l’économie nationale à l’orée 2015. Pour preuve, la route nationale no 1 Pointe-NoireBrazzaville, longue de 530 km, reliant la capitale à Pointe-Noire, ville portuaire, qui ouvrira une voie de communication avec le Cameroun via la route nationale no 2, ainsi qu’avec le Gabon, en se joignant au corridor Obouya-Boundji-Okoyo à sa frontière. Les Congolais réalisent que c’est une expérience prometteuse permettant des avancées significatives en faveur de l’emploi et de toute l’économie nationale. Du côté maritime, on note aussi la mise en concession du terminal à conteneurs dont le premier coup de pioche avait été donné le 30 avril 2009. La première phase des travaux durera trois ans alors que les travaux de la seconde phase débuteront en 2017, pour s’achever en 2020. La période 1997-2010 a été marquée au Congo par des réformes institutionnelles, le déclin des postes fixes et le développement rapide de la téléphonie mobile. Le projet novateur en cours d’exécution sur la couverture nationale en télécommunication contribue nettement à cette évolution, l’objectif étant de couvrir l’ensemble du pays en infrastructures soutenues par une épine dorsale en fibre optique. La liaison partira de Pointe-Noire vers Ouesso. À la fin de cette vaste opération, Pointe-Noire disposera de deux sorties internationales : une sortie par satellite et une autre par câble sous-marin. La municipalisation accélérée La « municipalisation accélérée », projet unique en Afrique, a pour ambition d’équiper et de moderniser les départements du Congo afin de dynamiser leur économie et d’améliorer les conditions de vie de ses populations. En 2014, elle fêtera ses dix ans d’action. Hôtels de préfectures, sous-préfectures, gares routières, logements sociaux, marchés, hôtels de police, centres de santé intégrés, stades, palais présidentiels, casernes militaires, etc. Difficile d’inventorier exhaustivement les réalisations et les chantiers déjà exécutés ou en cours, tant ils sont nombreux partout depuis que le programme de municipalisation accélérée a été lancé en 2004. Récemment, une série d’aménagements accomplis à Djambala, chef-lieu des Plateaux et capitale de la pomme de terre, forcent l’admiration des Congolais, même si les objectifs ne sont pas atteints à 100 %. Ces projets sont souvent exécutés en collaboration avec des entreprises chinoises, telles que China Zhang Su pour la construction du palais présidentiel et Zhengwei Technique Congo, responsable de la réalisation du palais omnisports. La journaliste Muriel Devey note (sur www. afriquechos.ch, le 20 avril 2013) : « Si des entreprises de BTP locales ont réalisé certains chantiers, des Congolais déplorent que le gros des marchés ait été confié aux entreprises chinoises. » D’autres programmes de développement et d’aménagement du territoire qui ne figurent pas dans les programmes de municipalisation accélérée ont contribué au désenclavement de l’arrière-pays. Mais la plupart des autres projets se font souvent progressivement, au gré du processus de municipalisation, et ces réformes exclusives induisent un développement à deux vitesses. On constate encore des manques de locaux techniques et 90 % du ciment utilisé pour construire routes et ouvrages est encore importé. Parallèlement, la crise du logement qui frappe les grandes villes du pays nécessite des logements sociaux au nombre encore insuffisant pour satisfaire la demande (53,4 % de la population urbaine vivait dans des bidonvilles en 2005, selon www. statistiques-mondiales.com). S’y attelle le programme de construction placé sous la tutelle de la Société de promotion immobilière (SOPRIM), promotrice du programme immobilier à travers le ministère de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat. En effet, beaucoup se sont interrogés sur la capacité de l’administration congolaise de conduire cet ambitieux projet gouvernemental d’équipement des départements en infrastructures de base. Au fil des années, cependant, les Congolais réalisent que c’est une expérience prometteuse qui permet aux départements de connaître des avancées significatives en faveur de l’emploi et de toute l’économie nationale. • Des efforts sont visibles sur les infrastructures lourdes de transport sur lesquelles devrait se reposer l’économie nationale à l’orée 2015. République du Congo 65 écologie OPÉRATION le Congo en 4 points cardinaux Texte salha Souleymanou Olympio Photos Génération Elili SACHET ée q ue re éc tr o n o o m u i v n o té si li xp an st e ab à l i bl ra Un e ’e BANISÉS UR PLUS LES PAYS DES TRÈSINTERNATIONAL L’ ’UN L’ attachement de la population congolaise à son patrimoine culturel et aux activités artistiques a créé un courant dynamique dans tous les domaines. Indissociables, la musique et la danse font partie du quotidien. Brazzaville est le berceau d’une grande culture musicale (rumba, soukouss, etc.) qui a su s’étendre au-delà des frontières du pays. Plusieurs artistes congolais, dont le musicien Ray Lema, ont largement réussi à s’exporter. La ville accueille le Fespam (Festival panafricain de musique), véritable vitrine de la richesse musicale africaine, ou encore le TuSeo, festival unique en son genre sur le continent, qui promeut le rire à travers les mimes, les comédies musicales et les clowns. De par ses traditions et sa richesse environnementale, le Congo est une terre propice au développement de l’art de la sculpture, notamment celle du bois. Ainsi, masques et statues sont une part importante du patrimoine national. Ils sont visibles localement et dans des grands musées européens ou américains, tout comme les œuvres picturales. Grâce au rayonnement international de l’École de peinture de Poto-Poto, ces dernières, très appréciées à travers le monde, ont généré des marchés porteurs pour leur exportation. Également très dynamique dans le registre littéraire, le Congo s’est illustré depuis le milieu du XXe siècle par de grands écrivains, tels Jean Malonga, Guy Menga, Sylvain Bemba, Tchicaya U Tam’si, Jean-Baptiste Tati Loutard, Henri Lopes ou encore Alain Mabanckou. QUI CHE À RI UVRES Œ ET DES CALEMENT LO CULTURE CIÉES DUIT UNE APPRÉ PRO JEUNE DANTES 41,9% fa vo ON AB UNE ET D D’ ANS D POPULATION YNAMIQUE AFRIQUE L C GÉOGRAPHIE BEES NATURELLES dans la durée, des réticences s’observent encore auprès des commerçants inciviques qui alimentent les agglomérations avec des sachets provenant de la République démocratique du Congo ou de l’Angola pour l’emballage de la petite alimentation. Et ce, en dépit des saisies de stocks entreprises par les services habilités tels que les douanes, la police ou les services de l’hygiène publique. Ce combat sur l’éradication des sachets en plastique en passe d’être gagné, les Congolais exigent désormais des pouvoirs publics une vraie politique d’assainissement des villes du pays. La capitale économique PointeNoire, qui ambitionne d’être l’épicentre du green business en Afrique expérimente déjà le traitement des déchets par le secteur privé. Des PME telles que SURYA et Healthy Environment s’activent sur ce créneau innovant localement qui permet de créer du neuf à partir des déchets. Reste encore l’accompagnement des mairies pour soutenir ces actions d’assainissement et pérenniser, par la même occasion, la lutte contre les sachets en plastique qui défiguraient il y a peu les espaces de vie des villes congolaises. • SUPER RESSOUR L orsque le président Denis Sassou Nguesso du CongoBrazzaville a décrété cette interdiction en juillet 2011, peu nombreux étaient ses compatriotes qui croyaient à l’applicabilité d’une telle décision. D’autant plus qu’elle était assortie d’un délai de six mois pour sa mise en œuvre qui correspondait, pour les sceptiques, à un temps de latence qui s’étendant à l’infini. En cause, ce que Albert Samba, maire de l’arrondissement 7 Mfilou, avait énoncé, à l’époque, en affirmant que « Nous avons une sale manie dans notre pays. Lorsque les autorités prennent des décisions, au bout d’un certain temps, on vous les transforme en slogans creux. » Contre toute attente d’une contestation qui la fragiliserait, l’interdiction des sacs plastiques, ces fameux sachets, fut favorablement accueillie par les Congolais lors de son entrée en vigueur en janvier 2012. A la communication gouvernementale s’associèrent les actions des associations œuvrant dans les domaines de l’environnement et de la salubrité, les églises de toutes obédiences et des simples citoyens qui s’engagèrent à nettoyer les sachets dans l’entre-temps de la décision. Malgré la pérennité de cette mesure qui s’installe DES itué sur la côte ouest de l’Afrique centrale, avec 170 km de façade atlantique traversés par l’équateur, la République du Congo bénéficie d’un climat relativement constant toute l’année. La température moyenne est de 24 °C le jour et de 16 à 21 °C la nuit. Le long du fleuve Congo, dans le sud du pays, sa capitale Brazzaville fait face à Kinshasa, capitale de la RDC. Le sud-ouest du pays est une plaine côtière principalement drainée par le fleuve Kouilou-Niari. Quant à l’intérieur du territoire, il est composé d’un plateau central bordé de deux bassins, l’un au sud et l’autre au nord. Deux fleuves (le Kouilou-Niari et le Congo), une dizaine de grandes rivières ainsi qu’une trentaine de cours d’eau importants alimentent le territoire. Les massifs montagneux congolais siègent au cœur des chaînes du Mayombe et ne dépassent pas 1 200 m d’altitude. La cuvette congolaise est encerclée de collines et de plateaux. Le congo est un pays très riche en ressources naturelles, notamment en minerais et hydrocarbures (pétrole, gaz naturel, fer, zinc, potasse, uranium, phosphate) et en bois (okoumé, acajou, limba). Texte Jean-Clotaire HYMBOUD ort de ses potentiels et atouts multiples, le pays fait preuve d’une volonté de réformes structurelles importantes afin de moderniser le pays et de dynamiser son économie. Les programmes de grands travaux soutenus par des fonds publics, notamment ceux relatifs à l’amélioration des infrastructures, sont entrepris et tendent à favoriser les investissements privés ou internationaux. Il en résulte un des taux de croissance les plus élevés du monde. AVE S F UNEC Hugues Ngouelondele, maire de Brazzaville. L’un des principaux artisans de la mise en oeuvre, sans accro, du décret d’interdiction des sachets plastique. Depuis le 1er janvier 2013, la Mauritanie et le Mali se sont ajoutés à la liste de pays qui interdisent les sacs en plastique. Une mesure qui fait de l’Afrique le continent le plus répressif envers ces sacs nocifs pour l’environnement. La Tanzanie, l’Ouganda, l’Afrique du Sud et le Kenya ont d’ores et déjà banni les sachets de petite taille. Plus radicaux, le Rwanda et la Somalie les ont, quant à eux, totalement interdits, à l’instar du Congo-Brazzaville AFP 64 de sa population a moins de 15 ans pour seulement 3,2 % au-dessus de 64 ans. Le Congo s’enorgueillit d’avoir l’un des taux d’alphabétisation les plus élevés d’Afrique. 81,1 % de sa population de plus de 15 ans sait lire et écrire. Avec près de 70 % de sa population résidant en zone urbaine (principalement Brazzaville et Pointe-Noire), le Congo se révèle l’un des pays les plus urbanisés du continent africain. On y trouve trois principaux groupes ethniques et linguistiques : Les Kongos, dont les Laaris à Brazzaville et dans le pool et les Vilis à Pointe-Noire et le long de la côte Atlantique représentent environ la moitié de la population. Respectivement au nord et au nord-ouest de Brazzaville, les Tékés et les M’Boshis regroupent chacun 12 % de la population. Quant aux peuples autochtones (10 % de la population), ils se retrouvent dans quasiment l’ensemble des régions du pays. Une soixantaine de dialectes y sont parlés, mais le lingala et le kituba sont les langues les plus couramment utilisées, avec le français comme langue nationale officielle. 66 République du Congo tourisme Le Congo, troisième destination touristique en Afrique Texte Salha Souleymanou Photos Génération Elili et ministère du tourisme G râce à sa biodiversité et à l’ouverture au tourisme exotique des parcs comme Nouabalé-Ndoki et Odzala-Kokoua au nord, puis Conkouati au sud, la République du Congo, deuxième poumon écologique du monde, a été classée par le New York Times comme troisième destination touristique d’Afrique en 2013. Sur le plan mondial, le Congo devance la France et la ville de New York, selon le quotidien américain. « La paix et la quiétude qui règnent dans le pays, la reconstruction et l’amélioration du climat des affaires ainsi que son engagement dans la préservation de l’environnement sont d’autres raisons de cette montée spectaculaire du pays dans ce classement », indique le journal. Nature et culture sont au rendezvous Au regard de sa configuration géographique et de ses richesses naturelles, la République du Congo devrait attirer encore plus de visiteurs. Elle regorge de ressources et de sites spectaculaires. Son littoral long de 170 km sur l’océan Atlantique, jonché de belles plages ensoleillées, se prête idéalement au tourisme balnéaire et à la pratique du surf. Ses forêts luxuriantes, à la faune riche et variée, font le bonheur des écotouristes. Un fleuve majestueux offre de larges possibilités de croisières, randonnées fluviales, pêche sportive et sports nautiques. À travers ses parcs nationaux, ses plages enchanteresses, ses réserves de chasse, mais également ses bâtiments chargés 67 68 République du Congo 69 tourisme d’histoire, ses villages typiques et ses multiples coutumes ancestrales, le Congo comporte toute une palette de curiosités dignes d’intérêt. Son patrimoine historique et culturel riche et varié, dont certaines facettes s’avèrent encore inexploitées, pourrait attirer les amateurs et les professionnels des arts et de la culture pour un investissement massif. Le Congo, terre d’aventure Le Congo présente des opportunités rares pour le voyageur moderne, avec la possibilité d’un séjour synonyme d’aventure et de découverte. On y trouve les plaines les plus denses d’Afrique et des parcs qui font en effet partie de la deuxième étendue de forêt tropicale la plus grande au monde, avec l’exploitation d’un écosystème en plein essor. On peut y connaître le plaisir et le privilège d’y observer les gorilles, pour la conservation desquels des protocoles furent élaborés spécifiquement en vue de limiter et l’impact sur le comportement et la transmission potentielle des maladies des humains aux animaux. Le suivi des groupes de gorilles, les promenades en pirogue le long des rivières bordées de forêts luxuriantes ou des salines, les safaris dans la savane, de jour comme de nuit, façonnent cette expérience unique. Les troupes de buffles de forêt, résidents du bai de forêt frangeante, sont visibles la plupart du temps. On compte aussi d’importants troupeaux d’éléphants de forêt, dont les mâles solitaires traversent régulièrement le bai. Le canotage et les promenades peuvent permettre d’apercevoir encore des potamochères, le tamarin à moustaches et le cercopithèque de Brazza. Des primates primitifs fascinants tels que l’arctocèbe et le galago peuvent également être vus lors de promenades nocturnes. Des centaines d’espèces d’oiseaux ont été recensées, faisant ainsi du Congo l’un des blocs forestiers les plus riches d’Afrique en oiseaux. Une myriade de sons révèle la présence de passereaux, trogons, malcohas, touracos, calaos à casque noir, apalis à gorge rouge, parulines bleues et bien d’autres encore. 70 République du Congo 71 tourisme Malonda Lodge. Une faune et une flore riches et préservées L’expérience peut être vécue depuis des camps intimistes construits dans la canopée de la forêt. Ils sont généralement conçus de façon écologique et créative, s’inspirant des techniques issues des habitants de la forêt locale, principalement à l’aide de matériaux naturels d’origine autochtone. Le Congo compte au minimum trois parcs nationaux, quatre réserves de faunes, deux réserves de la biosphère, une réserve communautaire, deux domaines de chasse et trois sanctuaires de protection des chimpanzés et gorilles de plaines. Quinze aires protégées en tout, qui correspondent à environ 11 % Réserve de Odzala Koukoua. 72 République du Congo 73 tourisme du territoire national et couvrent une superficie de 3,6 millions d’hectares : • Parc national d’Odzala-Kokoua (1 350 mille ha) • Parc national de Conkouati-Douli (505 mille ha) • Parc national de Nouabalé-Ndoki (386 mille ha) • Réserve de faune de la Léfini (630 mille ha) • Réserve de faune de Tsoulou (30 mille ha) • Réserve de faune du mont Fouari (15 mille ha) • Réserve de faune du Nyanga-Nord (630 mille ha) • Réserve de la biosphère du Nyanga-Nord (8 mille ha) • Réserve de la biosphère de Dimonika (136 mille ha) • Réserve communautaire du lac Télé (440 mille ha) • Domaine de chasse du mont Mavoungou (42 mille ha) • Domaine de chasse de Nyanga-Sud (23 mille ha) • Sanctuaire de chimpanzés de Tchimpounga (7 mille ha) • Sanctuaire de gorilles de Lésio-Louna (44 mille ha) • Sanctuaire de gorilles de Lossi (35 mille ha) Pays à mille facettes, le Congo offre des cadres modernes et exceptionnels Le Congo offre ainsi de nombreuses possibilités d’escapades à la fois dans les villes et dans leurs environs. De luxueux établissements inondés de lumière naturelle avec vue sur l’océan, le fleuve Congo ou ses affluents font la promesse d’une nuit de sommeil merveilleuse, véritable renaissance pour le corps et l’esprit. Ainsi, le pays permet à la fois une échappée exotique passionnante et un séjour de détente bénéfique. • Loufoulakari. Pour Se rendre au Congo Équateur Voyages Congo. EVC [email protected] Tel: +2422810581/055900005 Plage de Pointe Noire. Fleuve du Congo. Achilles Services [email protected] Tel: +242055513249 G.Protour Email: [email protected] tel:+242066686168/066673763 Hongora voyage Email: [email protected] Tel:+242069543635 Congo Travel and Hôtel cthcongotravel@voilà.fr Tel: +242821767/066664750 Camal [email protected] Tel: +242810175 Aéroport Maya Maya. Restaurant Malonda Lounge. Vue aérienne de Brazzaville. La République du Congo partage Population totale (2013) : ses frontières avec la République 4 492 689 démocratique du Congo, le Gabon, le Densité : 13 habitants/km² Cameroun, la République centrafricaine et IDH : 0,5341, 142ème au monde le Cabinda (Angola). Langue officielle : français Superficie totale : Langues régionales : 342 000 km² Kongo et Lingala 74 République du Congo aviation Le Congo e l l o déc Equatorial Congo Airlines, ECAir en abrégé, est le petit nouveau des réseaux aériens, mais cette compagnie, propriété de l’État, impose déjà son nom. Trois Boeing B7-300 et deux B757-200 viennent rivaliser avec Air France, à bas tarifs et avec des services personnalisés à Brazzaville et Pointe-Noire Texte Daniel Brown Photo ECAir À Fatima Beyina-Moussa l’occasion du cocktail organisé pour l’inauguration des bureaux parisiens d’ECAir, Rodolphe Adada, ministre des Transports congolais, tout juste arrivé par avion, nous confie en octobre dernier à Paris : « Depuis 2008, le gouvernement congolais a investi environ 520 millions d’euros dans ses infrastructures. Nous avons signé des accords avec plusieurs pays, il s’agit à présent pour nous de nous assurer qu’ECAir en tire le meilleur parti. » Un nouveau vol va relier la capitale Brazzaville à Dubaï dès février 2014. « Cela va encourager les dynamiques commerciales », précise Julien Bateba Siluvangui, responsable de la communication. « Les opportunités commerciales entre l’Afrique centrale et l’Extrême-Orient s’accroissent, et cela facilitera les communications entre ces deux régions. » Craint-il la concurrence de la ligne aérienne privée TAC ? « Il ne s’agit pas de les craindre, mais de trouver un terrain d’entente », riposte-t-il. « Au contraire, la rigueur que nous mettons à respecter les normes internationales de sécurité les incitera, nous l’espérons, à faire de même. » TAC et Air Congo concentrent leurs offres sur les vols domestiques, laissant à 75 cuisine ECAir les vols internationaux. Mais Fatima Beyina-Moussa souhaite que sa compagnie aérienne favorise le rapprochement entre le peuple congolais et sa diaspora. « C’est pourquoi nous avons créé la fondation ECAir », explique-t-elle. « Avec les fonds disponibles, nous investissons dans des projets environnementaux et éducatifs qui auront un réel impact. » La première initiative du genre à voir le jour sera probablement le parc zoologique de Brazzaville, aujourd’hui à l’abandon. Sa rénovation devrait permettre la mise en valeur de la faune remarquable présente en ce pays. • Au pays de la diversité culinaire T out comme le paysage national, la cuisine congolaise est très diversifiée et il serait trop long d’en dresser une liste complète. Néanmoins, certaines spécialités les plus réputées hors du Congo sont à même de représenter les plats du pays. À l’intérieur des frontières culturelles congolaises, beaucoup de recettes, au départ propres à tel ou tel autre terroir, ont perdu de leur identité d’origine à cause de l’engouement qu’elles ont provoqué. Elles font partie aujourd’hui du patrimoine national du fait de leur totale intégration dans les habitudes culinaires du pays. Ces plats copieux et familiaux qui caractérisent cette cuisine, dont le dosage des ingrédients s’effectue non pas sur des instruments de poids ou de volume, mais selon l’appréciation de celui ou celle qui les prépare – le plat pourra donc être plus épicé, plus épaissi en légumes ou plus carné –, peuvent être dégustés à travers tout le pays. Commençons par un des mets les plus typiques de la cuisine congolaise : le saka saka. Le saka saka, fait à base de feuilles de manioc qui poussent en respectant des règles strictes imposées par la nature, est un plat véritablement national. Les feuilles tendres sont pilées ou moulinées au mixeur, et peuvent être agrémentées de pâte d’arachide et de poisson (fumé et/ou frais). La préparation du saka saka est l’affaire d’un savoirfaire de « famille », car son goût toujours exceptionnel dépend de la « main » qui a transmis et de celle qui a reçu la « formule ». C’est certainement le plat le plus original. Il se déguste tous les jours y compris les jours de fête et de grandes occasions. On ne peut concevoir un repas de mariage ou de Premier de l’an sans une portion de saka TEXTE SALHA SOULEYMANOU OLYMPIO saka parmi les autres plats cuisinés. Le saka saka fait partie de l’identité des Congolais et pourrait un jour intégrer la liste du « patrimoine culturel immatériel de l’humanité », selon un classement qui vise à protéger les cultures et traditions populaires. Accessible à toutes les bourses, cet authentique produit du terroir se savoure avec du riz, des frites de bananes plantains ou du chikwangue, qui est un pain doux à base de manioc. Loin des produits offerts par les supermarchés, les véritables chikwangues rebutent de prime abord à cause de leur odeur. Cette caractéristique se destine à la plupart des produits issus de moisissures comme les fromages. Ils sont préparés artisanalement selon des méthodes également propres à chaque région. Un autre mets très apprécié est le fameux poulet à la moambe, une sauce à base d’huile de palme et de pâte d’arachide. De « succulente » renommée internationale, cette soupe, qui peut être assez épaisse, donne de belles saveurs et a un goût à part. Il en existe de nombreuses variantes à base de divers choix de viandes de brousse comme l’antilope, la gazelle, le python, le buffle, le porc-épic, etc. Évidemment, il est impossible d’aller au Congo sans manger du maboké, poisson d’eau douce cuit à l’étouffée dans des feuilles vertes – de marantacées, par exemple – et subtilement assaisonné de piment ou pili-pili. Il est fabriqué selon une méthode traditionnelle, qui donne d’incroyables parfums au poisson. Il est apprêté de différentes façons qui influent sur sa texture et son goût. Pour les amateurs, les marchés congolais offrent un grand choix de viandes de brousse, de poissons, de crevettes et fruits de mer – huîtres (sauvages), langoustes, crabes, missala (grosses crevettes du Niari) – qui permettent de mijoter de bons petits plats. Pendant la saison, les marchés regorgent de mangues (notamment la mangue Pascal, variété issue de croisements, créée par l’ancien président du pays Pascal Lissouba dans le cadre de ses recherches en génétique), d’ananas, de goyaves, de papayes et d’une multitude de fruits exotiques qu’on ne trouve que dans les deux Congo. En apéritif, les petites arachides « batéké » (fraîches ou séchées et grillées) au goût très particulier sont un délice pour accompagner un whisky pur malt ou n’importe quel vin cuit occidental. En dessert, les fruits congolais se passent de tout commentaire. On s’apercevra de l’intrusion d’ingrédients d’origine européenne et asiatique. Il va sans dire que la coexistence des peuples et leurs rapports réciproques ont laissé des empreintes qui se retrouvent dans les habitudes culinaires. On aurait tort de s’en étonner. Dans la rencontre entre les cultures, dont la cuisine est un des aspects, on peut toujours observer que l’apport des uns enrichit les autres. • atout Raisons d’investir Congo & de reussir Avec 12 millions d’hectares de terres arables dont seulement 3% sont mis en valeur, l’agriculture est un secteur à fort potentiel. AGRO-INDUSTRIE ET PECHERIE C’est un enjeu majeur du Congo qui doit retrouver des niveaux de production qu’il avait déja atteint par le passé. Ainsi, autosuffisance et exportation amélioreraient la balance des paiements du Congo. des terres disponibles transformation et distribution La production et l’exportation de produits de rente tels que le café, le cacao et le tabac constituent d’importantes activités à relancer. En matière de pêche maritime et continentale, le Congo dispose d’un potentiel annuel exploitable de l’ordre de 70 000 à 100 000 tonnes. Le pays importe chaque année pour plus de 100 milliards de FCFA de produits alimentaires (légumes, viandes et poissons). Les opportunités s’avèrent innombrables tant dans l’exploitation que dans la création de structures d’approvisionnement, de stockage, de transformation ou de distribution commerciale des produits halieutiques. PéTROLE : 40 ans DE RéSERVES 4ème pays producteur Chers visiteurs, Chers lecteurs, A la lecture de ce document, vous allez découvrir un nouvel espace pour entreprendre, un grand marché en devenir, que vous ne soupçonniez pas : LE CONGO-BRAZZAVILLE. En effet, depuis cinq ans le CONGO affiche, malgré la crise, un taux de croissance annuel moyen supérieur à 5%. Sous l’impulsion du Président de la République, son Excellence Monsieur DENIS SASSOU NGUESSO, le CONGO s’est engagé à booster l’industrialisation, la diversification et la modernisation de son économie. La première étape de ce vaste projet a commencé avec la mise en oeuvre du Programme National de Développement 2012-2016. La construction des infrastructures et la mise en place des mesures d’accompagnement pour la promotion du secteur privé figurent parmi les grandes priorités du pays. Fort de ces atouts et des effets déjà visibles de cette politique volontariste, le CONGO ambitionne d’accéder au niveau de pays émergent à l’horizon 2025. Le Congo a besoin de votre savoir-faire et vous invite à venir participer au renforcement de cette dynamique dans le cadre d’un partenariat « gagnant-gagnant ». Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi, Oyo, Ouésso, Impfondo… bref, tout ce Congo vous attend. Je vous souhaite, d’ores et déjà, une chaleureuse et cordiale bienvenue en terre congolaise. de pétrole d’Afrique subsaharienne, le Congo a augmenté sa production de 9,7% en 2012, soit 15 millions de tonnes. Les réserves sont estimées à 6 milliards de barils, soit 40 ans d’exploitation au rythme de production actuelle. Le Congo a besoin de développer dans ce secteur de nouvelles unités industrielles et commerciales. BOIS : 2e SECTEUR D’ACTIVITé Le bois constitue le second secteur d’activité du Congo, avec des réserves forestières évaluées à 22 millions d’hectares, soit 65% du territoire. 15 millions d’hectares de ces réserves forestières sont éligibles à la production. La production annuelle de bois est d’environ à 850 000 m3. Elle pourrait atteindre 2 millions de m3 par an. Le potentiel ligneux total du Congo est estimé à 567 millions de m3 en volume brut exploitable. une nature très attractive l’éco-tourisme naturellement développement durable priorité aux transports Le développement du domaine des infrastructures de transport est prioritaire en ce qu’il permet au Congo Brazzaville de tirer meilleur avantage de sa vocation de « pays de transit », ported’entrée de la sous-région afrique centrale. Transport routier : Sur 8 000 km de liaisons terrestres, 15 % sont bitumés. Le développement de ce secteur est donc l’une des priorités de l’Etat congolais. Transport fluvial : Le fleuve Congo est essentiel au transport de marchandises entre Brazzaville, le Nord du pays, la République Centrafricaine et la République Démocratique du Congo. infrastructures et équipements Transport Aérien : Le secteur aérien offre la possibilité d’exploiter des lignes nationales et sous régionales. Le Congo a entrepris la construction d’aéroports nationaux et internationaux à l’image de l’aéroport international Maya Maya. Transport ferroviaire : Le chemin de fer Congo-Océan (CFCO) est une double ligne ferroviaire longue de 886km. Il constitue l’un des poumons économiques du pays. TRANSPORT Maritime : A mi-chemin entre Le Cap en Afrique du Sud et Dakar au Sénégal, le Port Autonome de Pointe-Noire a pour ambition de devenir le « hub » de la sous-région. D’EXCEPTION ! GAZ à VALORISER Le Congo dispose de réserves de gaz partiellement mises en valeur estimées à 62 milliards de m3 associés au pétrole et 38 milliards de m3 de gaz naturel. Ce secteur présente des réelles opportunités dans la prospection, l’extraction, la transformation et la distribution. MINES à EXPLOITER Le sous-sol est riche en minerais solides : potasse, phosphate, zinc, cuivre, manganèse, or, argent, diamant et en particulier le fer dont la teneur se situe entre 45 et 60%. Des cartes des ressources minières sont disponibles. environnement des affaires UNE STABILITé INSTITUTIONNELLE La République du Congo est une démocratie parlementaire et un Etat de Droit stable. Le multipartisme, les libertés individuelles, la liberté de la presse, la liberté d’association et les libertés syndicales sont consacrés par la Constitution. UN CADRE LéGISLATIF INCITATIF De par la grande diversité de son environnement : ses reliefs, ses forêts, sa faune, son hydrographie, son climat et sa façade maritime le Congo est propice au développement de tourisme écologique et de découverte. Le pays dispose d’un potentiel de réserves naturelles et de biosphères : éléphants de forêts, grands singes et gorilles, buffles caffer, hippopotames, espèces rares de poissons et d’oiseaux, de plantes. Le développement durable est au coeur de la stratégie de développement du Congo. Des potentialités existent dans le domaine de l’assainissement : exploitation et traitement des déchets (industriels et hospitaliers), traitement des ordures ménagères, nettoyage industriel et assainissement des agglomérations. DES RESSOURCES De nombreux textes législatifs encouragent l’investissement au Congo (charte des investissements, code des hydrocarbures, code minier, code forestier, code des marchés publics, etc). Le code du travail congolais donne la possibilité aux investisseurs d’adapter leurs politiques d’embauche et de licenciement à l’activité économique et à la conjoncture La création d’entreprise se fait désormais en 48h, auprès d’un guichet unique. Une Agence de promotion des Investissements accompagne et assiste les investisseurs depuis 2013. DES RESSOURCES HUMAINES RICHES La population congolaise est estimée à 4 ,4 millions d’habitants. Elle est urbaine à 62%, jeune à plus de 50%, scolarisé à 82%. C’est un potentiel de main d’oeuvre disponible et apte à s’approprier les nouvelles technologies. POUR EN SAVOIR PLUS Textes législatifs : www.congo-site.com eau et énergies: l’avenir Le Congo est en phase de reconstruction de ses infrastructures énergétiques de base : l’objectif est de doubler d’ici 2015 l’accès au réseau électrique et d’atteindre alors une couverture de 90% du pays. UN POTENTIEL HYDROéLECTRIQUE NATIONAL Il est estimé à 14.000 MW, dont 6% sont disponible aujourd’hui. C’est donc un secteur prioritaire d’investissement. Le nouveau Code de l’Electricité favorise le recours à l’initiative privée : équipements de haute technologie, maintenance et sous-traitance spécialisée sont attendus par des centrales hydroélectriques ou à gaz. perspectives de l’or bleu DES OUVRAGES D’ART À RÉALISER La construction de microcentrales électriques à base d’énergie solaire ou éolienne, ou encore à base de bio-carburants est une autre des attentes du Congo, tout comme le transport et la distribution de l’électricité. LE DOMAINE DE L’EAU Il offre lui aussi des opportunités notamment en termes de traitement, d’assainissement et de distribution d’eau. Nul n’ignore que le bassin du Congo est à l’avenir une réserve précieuse pour la planète qui ouvre des perspectives d’innovation technologique. pour répondre à vos questions Ministère du Commerce et des Approvisionnements - Tour Nambemba - 23ème étage BP 2965 Brazzaville • Tel : (00242) 81 58 29 / Fax : (00242) 81 50 56 Email : [email protected] 78 République du Congo culture sapologie Texte Daniel Brown Photos Marie Jampy L a renaissance de la sape perdure à Brazzaville. Voici près d’un siècle que Camille Diata fit parler d’elle en transformant les poses des Européens et leurs vêtements d’occasion en une forme unique de dandysme. Le phénomène continue de séduire les hommes congolais et, plus récemment, les femmes. Le gouvernement de Brazza a même promu la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (SAPE) au statut de « patrimoine culturel ». « L’homme blanc a sans doute créé l’habillement, mais nous l’avons transformé en art », pour citer la célèbre formule de King Kester Emeneya. Ce crooner est un pionnier dans son genre dans le monde de la musique congolaise. Le style vestimentaire et le mode de vie flamboyants du sapeur ont pu survivre à la guerre civile et aux crises économiques en grande partie grâce à son adoption par la communauté musicale, et en particulier par la scène de la rumba à Brazzaville. Plus récemment, la chanteuse et actrice Solange Knowles a dédié aux sapeurs sa chanson Losing You. Peut-être est-ce l’une des raisons pour lesquelles les femmes congolaises envisagent de lancer leur propre style de sapeuse. A+Mag a promené son appareil photo dans les rues de Brazza pour suivre le tout dernier chapitre de l’histoire de la sapologie au Congo. • 79 80 République du Congo Arts plastiques 81 L’École de peinture de COLLECTIF GÉNÉRATION ELILI: UN MODÈLE DE RÉUSSITE Texte Véran Carrhol Yanga Le EPPP est sans nul doute l’une des institutions de la République du Congo les plus reconnues sur la scène internationale. Nous avons rencontré le vice-président de cette coopérative de peintres, Jacques Iloki, et son trésorier, Gerly Mpo Texte Benz Oko Photos Génération Elili et Ministère du Tourisme S ituée au cœur du quartier d’affaires animé de Moungali, à Brazzaville, il faut traverser une grande cour abritant d’énormes arbres Neem (Azadirachta indica) pour arriver à l’École de peinture de Poto-Poto, du nom d’un quartier de la capitale congolaise, où elle était située initialement. Animée par huit peintres professionnels et une trentaine d’élèves, elle continue aujourd’hui d’imposer ses talents. Son histoire est rattachée à Pierre Lods, un ancien militaire français vivant à Brazzaville et qui était émerveillé par le talent avec lequel son fidèle serviteur Félix Ossali peignait des oiseaux bleus. Son vieux rêve étant de réunir des artistes autour de lui, il ouvrit en 1951 à Brazzaville un centre d’art africain devenu par la suite l’École de peinture de Poto-Poto. Les Miké, une particularité de l’École de Poto-Poto Les Miké, auxquels cette école doit particulièrement sa réputation, correspondent au genre créé dans les années 1950 par Félix Ossali, l’un des premiers artistes de l’EPPP, autrefois garçon de ménage chez Pierre Lods. Il devint le premier peintre de l’EPPP… Pierre Lods ne voulait pas que les artistes s’inspirent de l’art occidental. Il leur demandait toujours de peindre les tableaux selon leur propre façon de concevoir les choses. Félix Ossali s’est inspiré des danses nocturnes « gouakatours », dont les participants sont à peine vêtus (torse nu, avec cache-sexe), pour créer les Miké, de petits personnages en ombres chinoises aux jambes allongées, issus du terroir congolais. Ce style, développé au sein de cette école, a été consacré en 1951 à Prétoria, en Afrique du Sud, lors de la première exposition à laquelle ont participé les peintres de l’école. Le directeur du Centre culturel franco-sud-africain y avait déjà déclaré que l’EPPP était l’événement pictural le plus important d’Afrique. Depuis lors, les toiles de jeunes artistes inspirées des Miké parcourent la planète, partout où l’on trouve la diaspora africaine. À chaque exposition des peintres de Poto-Poto, ce style est fortement représenté, même si l’école en voit d’autres s’y épanouir également. Des expositions à travers le monde Grâce au souffle apporté par la nouvelle génération, l’École de peinture de Poto-Poto continue de participer à des expositions partout à travers le monde : New York, Paris, Moscou, Saint-Pétersbourg, Libreville, Rome… La dernière en date fut le concours de peinture contemporaine de Russie, organisé au cours du deuxième trimestre 2013 et qui réunissait cette année plus de six cents artistes peintres. Des membres talentueux de l’école y ont raflé les trois premiers prix. Les lauréats (Sylvestre U n collectif d’artistes photographes congolais a vu le jour en 2003 dans le quartier populaire de Bacongo, à Brazzaville, et s’est engagé à relever l’image quelque peu ternie de leur beau pays. Génération Elili (traduisez « image », dans la langue lingala pratiquée sur les deux rives du fleuve Congo) est né de la volonté de cinq férus d’art photographique, parmi eux Baudoin Mouanda, actuel coordonnateur du collectif. Composé aujourd’hui d’une vingtaine de membres, le collectif Génération Elili est un modèle de réussite dont la renommée a désormais dépassé les frontières nationales. Des artistes qui ont à leur actif plusieurs expositions aussi bien au Congo qu’aux quatre coins de la planète et qui ont su mettre à profit les nombreux stages de formation auxquels ils ont participé, ainsi que les connaissances acquises auprès de certaines sommités de leur art. Mangouandza, Gerly Mpo et Euloge Serge Dzon) ont été congratulés au cours d’une cérémonie solennelle au Centre culturel russe (CCR) de Brazzaville. L’école se prépare à présent à participer à l’Exposition universelle de Milan à l’été 2015, dans un vaste lieu susceptible de recevoir tous les jours plus d’un million de visiteurs. Pour y représenter dignement leur école, les membres de la coopérative sollicitent le soutien multiforme des autorités locales et autres sponsors et mécènes. Une école toujours en évolution La renommée toujours justifiée de l’EPPP n’est plus à démontrer. Les Miké, qui en font la particularité, ont beaucoup contribué à son épanouissement, tout comme les grands noms qui en sont issus. À l’École de peinture de Poto-Poto, on pratique aussi la restauration d’œuvres d’art (toiles et sculptures). Des gens viennent de partout avec des tableaux déchiquetés et qui finissent par être restaurés. Inscrite dans le patrimoine artistique africain, l’EPPP est la plus vieille école africaine et son mode d’expression picturale s’inspire directement de la culture bantoue. Et selon Jacques Iloki, aucune école d’art en Afrique ne connaît une telle renommée. • Jacques Iloki Vice-président de la coopérative. Lauréat à la 7e biennale du CICIBA, il y reçut le Grand Prix Peinture du président de la République du Congo en 2002. Il continue de se former à l’École Stroganov de Moscou entre 1986 et 1992, après avoir fréquenté l’EPPP. Gerly Mpo Trésorier de la coopérative, il est admis à l’EPPP en 1980. Il est lauréat du concours international de peinture de la Russie en 2013. Tous deux interviennent auprès de jeunes artistes en formation à l’École de Poto-Poto. NDLR. Dans le souci de promouvoir les grands talents photographiques d’aujourd’hui et de demain sur le continent africain, A+Mag a invité ce collectif à illustrer les 40 pages de ce spécial Congo. 82 République du Congo musique 83 L Fespam quand l’Afrique célèbre sa musique Le Fespam est un festival panafricain de musique qui a lieu dans la capitale du Congo tous les deux ans. La neuvième édition en 2013 a invité des musiciens de l’Afrique et de sa diaspora pour une semaine de concerts dans onze lieux différents. Le thème choisi ? « Les musiques africaines, vecteur d’authenticité et facteur d’émergence » Texte Benz Oko Photos Hector Ibara L a neuvième édition du Festival panafricain de la musique (Fespam) en juillet à Brazzaville fut dédiée à Nelson Mandela et eut pour thème « Musiques africaines, vecteur d’authenticité et facteur d’émergence ». La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a salué l’organisation et la fraternité de cette fête unique dans la capitale congolaise : « Brazzaville est l’épicentre de la musique mondiale. Il suffit de se promener dans ses rues pour entendre comment les musiques du monde sont chantées, et connaître les rythmes de la rumba congolaise, du soukous, du ndombolo, du coupé décalé… Nous célébrons le Fespam […] sous les couleurs de la renaissance africaine. » À cette occasion, 54 ensembles musicaux se sont produits, parmi lesquels Bana C4, P-Square, le groupe folklorique Malawi d’Égypte, Fally Ipupa et le groupe Zaïko Langa-Langa. En parallèle, trois panels ont débattu sur l’expression musicale comme support de l’authenticité africaine, sur les musiques africaines comme levier d’émergence culturelle et économique de l’Afrique, et sur les rapports entre les expressions identitaires et le développement intégral de l’Afrique. L’un des moments forts de cette édition fut le discours éloquent et passionné de Miss Fespam 2013. Choisie parmi 13 candidates venues des quatre coins du continent et de sa diaspora, la Rwandaise Aurore Umutesi Kayibanda a retenu l’attention du jury pour son projet ambitieux sur l’engagement de la musique africaine, révélé au cours d’une série de questions-réponses. • e Festival panafricain de la musique (Fespam) a lieu tous les deux ans dans la capitale du Congo. Il s’inscrit dans la même démarche que le Fespaco à Ouagadougou et le Fespad, Festival inter-africain de la danse à Kigali. Tous trois cherchent à promouvoir la culture africaine dans le cénacle des nations du monde. A chacune de ses éditions, le public est invité à partager des spectacles musicaux qui réunissent de grands talents musicaux de l’Afrique et de sa diaspora à travers des podiums disséminés dans la ville de Brazzaville. En parallèle, on peut retrouver des symposiums qui rassemblent des musicologues, des muséologues, des ethnologues, des historiens, des chercheurs pour une analyse scientifique sur le thème de l’édition. Pendant ce temps, le Marché de la Musique Africaine (MUSAF) s’articule autour de l’exposition-vente de supports phonographiques, vidéographiques, d’instruments de musique et autour de rencontres professionnelles au sein de l’industrie culturelle et musicale. L’exposition des instruments traditionnels de musique, animée par le Musée Panafricain de la Musique cherche la promotion du patrimoine culturel tant matériel qu’immatériel. Et le concours de beauté Miss FESPAM invite les représentantes de plusieurs pays africains pour représenter à la fois la musique, la beauté et la mode. La neuvième édition en 2013 a invité des musiciens de l’Afrique et de sa diaspora pour une semaine de concerts dans onze lieux différents. Thème choisi ? « Les musiques africaines, vecteur d’authenticité et facteur d’émergence ». 84 République du Congo musique 85 Le Carnaval de Barranquilla L’événement qui transforme Brazzaville en la ville la plus colorée du monde TEXTE SALHA SOULEYMANOU OLYMPIO photos Lee Won Pyo D urant trois jours, cet événement culturel et folklorique, lancé à l’initiative de Clara Ines Chaves (sous le haut patronage d’Antoinette Sassou Nguesso, Première dame du Congo), a métamorphosé « Brazzaville-la-Verte » en une capitale pleine de diversité ethnique, de joie, de danse, de musique et de divertissements. L’édition 2013 du Carnaval de Barranquilla congolais, inspiré du célèbre carnaval de la ville colombienne de Barranquilla, a démarré avec la « Bataille de fleurs », un défilé populaire où la part belle est laissée aux danses d’origine afro telles que la rumba, la cumbia, le mapalé, le garabato, la gaita, le chandé, la puya, le fandango, le torito, le diablo, la conga (ou tango congo), de fantastiques merecumbés et les pilanderas. Il s’est achevé avec l’enterrement symbolique de « Joselito Carnaval », symbole de la joie et de la fête, et qui meurt d’une rumba intense. Il est pleuré et enterré d’une manière symbolique par les veuves joyeuses qui ont partagé avec lui la période des fêtes. L’enterrement de Joselito est un « adieu à la chair ». Moins connu que celui de Rio de Janeiro, le Carnaval de Barranquilla, déclaré par l’UNESCO chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité, est sans aucun doute plus traditionnel, moins commercial et par conséquent plus « authentique » que son homologue brésilien. Il est un bel exemple de la triple fusion culturelle (européenne, africaine et indigène), qui combine les festivités catholiques amenées par les Conquistadors espagnols avec les cérémonies aborigènes et l’héritage musical des esclaves africains pour se transformer en une énorme fête populaire. La symbiose authentique entre le peuple colombien et congolais a constitué, lors du déroulement de ce carnaval à Brazzaville, un rassemblement festif de couleurs, de races, de légendes, de joie et de rythmes musicaux. • Initiatrice du Carnaval de Barranquilla 2013 à Brazzaville pour la promotion du patrimoine culturel congolais au service du développement durable, Clara Ines Chaves a fait venir au Congo une troupe colombienne qui a endiablé les spectateurs. 86 République du Congo musique LA RUMBA CONGOLAISE Où Texte Joël Nsoni Photo Marie Jampy à Brazzaville et Pointe-Noire ? sortir UN GRAND FACTEUR D’INTÉGRATION SOCIALE L orsqu’on sort en « boîte » ou en « night-club » dans les villes congolaises, on rencontre inévitablement la rumba. Cette musique et danse originaire du terroir a donné lieu à différentes variantes au fil des décennies, suivant la mode musicale du moment, et les orchestres modernes des deux Congo en jouent les différentes déclinaisons. L’histoire s’amuse à affirmer que la rumba est née au XIXe siècle, au sein des descendants d’esclaves de La Havane, à Cuba. La rumba congolaise semble pourtant être celle qui a inspiré sa consœur cubaine, bien que l’on affirme le contraire. C’est vraiment l’histoire de l’œuf et de la poule. Dans sa version moderne, la rumba congolaise a fait son apparition dans les années 1920 et a connu son âge d’or à partir de la fin des années 1950, avec des chanteurs mythiques tels que Franco, Tabu Ley Rochereau, Wendo Kolosoy, Moundanda, Papa Noël, Dr Nico, etc. Elle s’est renouvelée sans cesse grâce à de nouvelles générations de musiciens et chanteurs à l’inspiration dynamique qui en ont créé des dérivations, donnant lieu à divers styles, comme les danses soukouss et ndombolo. Mais il est incontestable que la rumba est une musique venue du monde bantou, de ces communautés en aval du bassin du Congo. Chez les peuples kongos, en effet, on l’appelait la « danse du kumba » (nombril). L’homme et la femme se touchent par le ventre et dansent en s’aidant de leurs postérieurs. Plutôt sexy, comme le slow, cette danse où des couples enlacés se meuvent lentement sur fond de lumière tamisée, entraînés par 87 guide une musique douce et romantique. Dans la rumba congolaise, ce moment en duo dure un certain temps. Puis arrive souvent le temps où les deux se séparent pour faire éclater leurs talents de danseurs et tenter de séduire le ou la partenaire. C’est alors le « chauffer ». Une nouvelle vague de musiciens y va de son inspiration et de sa touche, popularisant cette musique de plus belle. La rumba est devenue un puissant acteur culturel d’intégration sociale, facteur d’identité pour ces populations qui peuplent le bassin du Congo. Si lier l’utile à l’agréable est important dans la vie, séjourner dans une ville congolaise et ne pas risquer quelques pas de danse rumba reviendrait à passer à côté de l’essentiel. • Une multitude de solutions pour sortir de jour comme de nuit. A+Mag compose pour vous un programme selon vos envies L TEXTE SALHA SOULEYMANOU OLYMPIO Photos Le Ministère du Tourisme es villes et régions congolaises offrent une multitude de solutions pour sortir à toute heure… Expositions, sport, shopping, musique… Tout à votre guise. Dès les beaux jours, la vie à Brazzaville et à Pointe-Noire se passe à l’extérieur ! Flâner dans un parc ou sur la plage, déjeuner en terrasse, pique-niquer en bord de mer ou de fleuve, savourer un concert, une expo… un florilège de manifestations et d’activités, dont on peut jouir jusqu’à la tombée de la nuit. Là commence la belle vie nocturne. Pour les fous de sport, le Congo voit grand : stades, courts de tennis, piscines, golf, parcours hippiques, etc. Où se restaurer ? À Brazzaville, le restaurant oriental de l’hôtel Olympic Palace est probablement un des meilleurs restaurants de la ville. Il offre un cadre raffiné agrémenté d’un service impeccable. En face, Le jardin des saveurs offre une cuisine européenne de haut standing. Mami Water et le Terminalia au bord du fleuve avec une vue splendide sur Kinshasa sont des lieux de rencontre incontournables. La Bodega étonne par ses plats nés d’une symbiose congolo-péruvienne. L’Orchidée, les Bougainvilliers, Ô Sympatic, la Taverne des Corses, le Missala offrent une gamme très prisée de cuisines du monde entier. L’Hippocampe est connu pour sa restauration asiatique et, plus particulièrement, pour ses raviolis vietnamiens. Pour la cuise typiquement locale, essayez le Nénuphar et la cantine Maman Ro, connue pour son saka saka et sa salade de moringa. Pour manger sur le pouce ou se régaler de pâtisseries, la Mandarine et la Mie dorée vous attentent au centre-ville. À Pointe-Noire, le Majestic est sans doute le meilleur restaurant gastronomique de la ville. Le Sea Food, située face à la mer, saura séduire par sa cuisine et son accueil exigeants et sans fioritures excessives. L’Aquarelle, qui figure également parmi les restaurants les plus connus et appréciés de Pointe-Noire, propose une très large carte de cuisine française de haut niveau. Le Twiga, très spacieux, offre un accès privilégié à la plage. Pour une cuisine locale typique, essayez absolument Chez Gaspard, Chez Béa, Chez Roro et le Cercle Bouali. Pour le meilleur restaurant chinois au Congo, entrez Chez Wou. La Citronnelle propose une excellente pâtisserie avec un choix proche des pâtisseries françaises. Des rendez-vous d’affaires s’y déroulent entre le croissant et l’orange pressée. Le Tychilla accompagne ses spécialités portugaises d’une bonne carte de vins. La Villa Antonetti, la Pyramide, le Kaktus et l’Abricotier restent d’incontournables valeurs sûres. Où sortir ? À Brazzaville, le No Stress est le lunch bar par excellence de la ville. C’est « the place to be ». Le Ram-Dam, club le plus hype de la capitale, vient d’être complètement rénové. Pour les amoureux de la rumba, Chez Ntemba et le Vice Versa sont un passage obligé. Le Cléopâtra, le Rialto, le Jet Set et le Diplomate restent des lieux toujours branchés. Plusieurs discothèques, appelées « VIP », restent ouvertes en journée. Prendre un verre en début de soirée à la terrasse du Renouveau est un rituel prisé pour des rencontres en milieu aisé. À Pointe-Noire, une multitude de clubs – le Blue Night, le Jacadi, le Master, le BlingBling, le Venus et Chez N’temba – s’étalent sur l’avenue Charles-de-Gaulle, en plein centre-ville. Le MB est un club à la mode et le SAS un bar intimiste en vogue. • 89 République du Congo Ils sont écrivains, chefs d’entreprise, sportifs de haut niveau, économistes, ingénieurs, spécialistes du marketing ou de la communication, cadres supérieurs du secteur privé ou public… Nombreux sont ces hommes et femmes issus du Congo qui portent haut le flambeau de leur pays à l’extérieur Ils font parler d’eux à l’étranger Francine Ntoumi pasionaria de la recherche en Afrique un champion au grand cœur la passerelle «J décembre 2012. Une petite femme de 53 ans reçoit à Addis-Abeba le prix scientifique Kwame-Nkrumah de l’Union africaine (UA). Francine Ntoumi est chercheuse en biologie moléculaire et parasitologie sur le paludisme. Mais c’est surtout son action en faveur du développement de la recherche sur le continent que l’UA honore ce jour-là. Une immense détermination à multiplier et autonomiser les scientifiques africains qui jaillit d’abord en France. « J’ai la chance d’avoir eu un père qui ne faisait pas de différence entre filles et garçons et qui m’a envoyée à Paris à 12 ans », nous raconte Francine Ntoumi. Docteur à 26 ans de l’université parisienne Pierre-et-Marie-Curie, elle choisit de se consacrer aux maladies qui touchent l’Afrique et découvre la faible présence de chercheurs du continent sur les épidémies qui les concernent pourtant au premier chef. Gabon, Bénin, Pays-Bas : elle multiplie les études, puis forme de jeunes chercheurs. De 2007 à 2010, elle dirige la Multilateral Initiative on Malaria (MIM) depuis la Tanzanie, un poste de management d’équipes scientifiques. Et c’est là qu’elle prend définitivement acte du retard de l’Afrique centrale sur les autres sous régions. La Fondation congolaise pour la recherche médicale (FCRM) est la réponse de Francine Ntoumi à ce problème. J.A. LeBachelor D.R. e suis une passerelle ! », répète à l’envi Edwige-Laure Mombouli. Cette Congolaise de 43 ans installée en France depuis son enfance est cofondatrice et présidente du Réseau international des Congolais de l’extérieur (RICE). Depuis 2011, elle aide ses compatriotes à l’étranger à créer des partenariats avec des structures au pays. Des médecins ou des enseignants, proches de leur famille vivant au Congo, qui sont de plus en plus nombreux à s’investir. Chaque année, elle remet le prix RICE pour la diaspora qui récompense individus, entreprises et associations actifs pour le Congo. Son savoirfaire dans la création de projets et l’animation de réseaux, Edwige- Laure Mombouli l’a acquis au cours de seize années passées au sein du groupe radiophonique français NRJ. Elle a créé et dirige le département des relations publiques pour NRJ Group et élabore la soirée des NRJ Music Awards, devenue une institution. « Avec certains préalables, une société et un événement comme ceux-là pourraient exister aussi à Brazzaville », estime-t-elle. D.R. D.R. Edwige-Laure Mombouli S’ habiller est un art. L’art de faire chanter les coul Lorsque vous êtes bien habillé, votre interlocuteur ne peut que vous prendre au sérieux. » Tel est le leitmotiv de Jocelyn Armel Bizaut Bindinckou, dit le Bachelor. Une déclamation qui sonne presque comme un reproche aux profanes de la sape, qui trouvent dérisoire de consacrer de folles sommes à l’achat de vêtements de marque. Le Bachelor est emphatique et volontiers volubile quand il se met à parler de l’art de l’habillement. Une passion pour laquelle il a créé la marque « Connivences » en 2005 et ouvert une boutique rue de Panama dans le xviiie arrondissement de Paris, au coeur du quartier africain. Avec Connivences, la rue de Panama se nuance de couleurs. Il n’y a qu’à voir sa vitrine ornée de mannequins sapés comme des milords. Ce quartier de la Goutte-d’Or est son fief, sa mère y gérait un restaurant et lui-même y allait au lycée. Né il y a une cinquantaine d’années au Congo-Brazzaville, berceau du dandysme à l’africaine, le Bachelor est arrivé en France à l’âge de 16 ans. La France est son pays d’adoption, où il a fait des études supérieures en gestion puis fondé une famille. Mais des décennies de vie dans l’Hexagone n’ont pas détourné M. Bindinckou des valeurs africaines. Il prône toujours l’entraide et la solidarité, honorant de sa présence des soutenances de mémoire ou de thèse par des Africains ainsi que les soirées festives africaines à Paris ou en province (défilés de mode, lancements d’albums). « La sape s’est immiscée très tôt dans mon esprit en voyant les aînés se passionner pour les belles fringues », assure le Bachelor. Anssi Elo Dacy la valeur littéraire sûre du Congo la sape, c’est son affaire ! 17 T Alain Mabanckou J.A. le Bachelor é D.R. Jo-Wilfried Tsonga out petit, Jo-Wilfried manifes tait des qualités qui laissaient penser qu’il irait loin dans le sport », confiait Évelyne Tsonga, sa maman, en 1999 devant les caméras de France 3, lors d’un reportage sur le champion Espoir de l’époque. Ainsi, avant de s’adonner à sa passion pour le tennis, Jo-Wilfried Tsonga a d’abord joué au football à Savigné l’Évêque (en banlieue du Mans). Didier Tsonga, le père, handballeur congolais venu s’installer en France, sera son premier entraîneur de tennis, dans cette ville du Mans (ouest de la France) où Jo-Wilfried naît le 17 avril 1985. Mais pour éclore et s’épanouir, le talent a besoin de sortir du cocon familial. Aussi, Jo-Wilfried est admis au sein des jeunes espoirs de Poitiers en 1998, puis en 1999 à l’INSEP de Vincennes (banlieue parisienne) pour parfaire sa technicité durant deux ans. En 1999, il est champion de France des 13-14 ans. En 2002, c’est le Centre national d’études de Roland-Garros qui lui offrira toutes les commodités de formation des champions. C’est là que Jo-Wilfried se forgera une méthode : le visionnage méticuleux des vidéos de ses adversaires. Sa carrure athlétique (1,88 m pour 90 kg) fera le reste : un jeu offensif et des services puissants. En 2003, à 18 ans, il est champion junior à l’US Open. Puis il devient professionnel l’année suivante. Textes Mouftaou Badarou et Constance Desloire crivain prolifique, professeur de littérature comparée à l’université UCLA à Los Angeles, Alain Mabanckou sait promouvoir ses ouvrages, de même que son talent d’écrivain, comme l’atteste son discours éloquent devant une assemblée de 200 personnes dans la salle Garnier du casino de Monte-Carlo, lors de la remise du prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco pour l’ensemble de son oeuvre. En clamant devant l’auditoire que « la littérature est l’art de transformer la nostalgie en un champ de bonheur », il a aiguisé la curiosité de plus d’un littéraire présent dans la salle. Né le 24 février 1966 à Pointe-Noire au Congo, l’ancien étudiant en droit à Brazzaville et Paris révéla en 1998 son talent littéraire dans une écriture truculente à travers le roman Bleu- Blanc-Rouge, couronné par le Grand Prix littéraire de l’Afrique noire. Le roman, qui met en scène deux immigrés africains – Massala-Massala et Charles Moki – confrontés aux dures réalités de l’immigration en France, est en fait une dénonciation du complexe de colonisé toujours vivace chez certains Africains. À travers ses oeuvres littéraires, Alain Mabanckou prouve que la littérature n’est pas que fiction. Elle est aussi la traduction du vécu et des émotions de l’écrivain. Pour mieux faire passer cette vision, l’auteur publie en 1995 La légende de l’errance, un hommage à sa mère décédée ; puis en 1997, Les arbres aussi versent des larmes, une dénonciation de la perte des valeurs africaines. Visa man C entrale Visa Congo ? Pour quoi faire ? N’est-il pas plus simple de faire directement ses démarches à l’ambassade du Congo en France ? » peut-on être tenté de s’interroger. Anssi Elo Dacy, le jeune fondateur de cette plate-forme numérique, rétorque : « Ce site a été conçu pour répondre aux attentes des voyageurs entre la France et le Congo. » Car des études en tourisme lui ont permis de rentrer en 2009 dans la vie active en tant que facilitateur, on travail consistant à organiser des visites touristiques en Europe pour ses compatriotes congolais et à guider ceux de passage en France dans leursprojets d’affaires. « C ’est en étant en contact permanent avec ces voyageurs que l’idée a germé dans mon esprit de lancer Centrale Visa Congo », témoigne Anssi Elo Dacy. Centrale Visa Congo est donc l’interface d’intermédiation assurant le lien entre les demandeurs de documents administratifs et le consulat du Congo en France. Rien n’illustre la pertinence de ce site mieux que le nombre croissant de visiteurs depuis sa mise en ligne en 2012. Centrale Visa Congo veut donc se poser très rapidement en garant de la rapidité de la délivrance des documents administratifs au consulat du Congo en France. Et la pédagogie de vulgarisation du site à laquelle s’emploie son fondateur devient audible au-delà de la communauté congolaise de France, la meilleure publicité pour Centrale Visa Congo étant le bouche à oreille. Nombre de voyageurs satisfaits de ses prestations la conseillent désormais volontiers à leurs connaissances. Tant et si bien que son initiateur ambitionne d’ouvrir à court terme une agence physique à Paris, afin de renforcer le contact avec la clientèle. D.R. 88 90 République du Congo économie 91 Rice Challenge un pari réussi Frémissement dans la salle. Au moment des questions, un homme, très applaudi, a renvoyé dos à dos les (in) actions de l’employeur de Mme Dossou Dramé et du gouvernement, qu’il considérait comme fossoyeurs des forces vives du pays. La réponse du berger à la bergère. Samedi matin, place fut faite aux femmes entrepreneurs. Constat de la ministre Mougany à la table des intervenants : le Congo ne dispose d’aucune donnée chiffrée sur le sujet. Cécile Tchamgoué, maraîchère, et Clarisse Bizaut, patronne d’une petite entreprise de BTP, ont témoigné haut et fort de leur expérience, championnes du jour à l’applaudimètre, leur détermination et leur courage faisant la part belle à l’humour. Mahamadou Sako déplorait entretemps le manque de femmes dans les plus hautes sphères des conseils d’administration, un phénomène international auquel l’Afrique n’échappe pas non plus. Un autre panéliste a surpris l’assemblée ce jour-là : John Olympio, chef de la mission de l’Union européenne au Congo dédiée à l’entrepreneuriat, réfutait, arguments à l’appui, l’appellation « commerce informel » utilisée pour caractériser les affaires sur le continent. Elle serait condescendante et impropre, les concernés étant pour la plupart enregistrés au cadastre et s’acquittant d’impôts libératoires… Samedi après-midi, le programme prévoyait un rendez-vous pour déterminer les lauréats du prix RICE. Après avoir étudié les 600 candidatures, le jury a retenu 4 projets pour leur créativité, leur utilité et leur possible rentabilité : Jean-Christian Diakanou Matondo et sa ferme apicole Apis Congo ; Destiny Loukakou pour son projet Pousselec (mise au point de la fabrication de pousse-pousse électriques) ; Andy MbayaMayetela et le projet Africa Solaire (des stations d’eau potable alimentées par l’énergie photovoltaïque) ; et Parfait Kissita, avec sa petite société de produits agroalimentaires qui propose conserves, confitures et jus de fruits. La toute jeune association Réseau international des Congolais de l’Extérieur (RICE) a organisé du 21 au 23 novembre dernier à Brazzaville un colloque consacré aux défis de l’entrepreneuriat dans le bassin du Congo. Une occasion de rapprocher la diaspora congolaise de sa terre mère Texte Anasthasie Tudieshe Photos Génération Elili Ambroise Loemba, fondateur du Challenge entrepreneurial. L oin des yeux, loin du cœur ? Pas pour les membres du RICE qui se sont retrouvés à Brazzaville trois ans après la fondation du réseau. Au-delà des colloques consacrés à l’investissement dans la région, on organisa un concours de business plans, avec en clôture une remise de prix de 50 000 €, soit 32 millions de francs CFA, pour les entrepreneurs les plus convaincants. L’événement, une première pour l’association, vient illustrer la mission que ses 9 membres fondateurs se sont assignée : jeter des ponts entre les cadres installés en France et le Congo cher à leur cœur et en pleine évolution. Demandez le programme ! Tout a commencé avec une présentation macroéconomique du Congo et un exposé sur le secteur privé congolais. Les intervenants se suivent et ne se ressemblent pas. Frappant contraste entre un M. Mokoko, ministre délégué chargé du Plan et de l’Intégration, monocorde, le nez dans les feuilles de son exposé sur les 7 grappes de diversification économique, et Sylvie Dossou Dramé, représentante de la Banque mondiale au Congo. Elle renvoie fermement les Congolais à leurs responsabilités quant au rôle des PME et PMI dans la nécessaire diversification économique du Congo, le tropisme du pétrole n’étant pas une légende dans le pays. Edwige-Laure Mombouli, présidente du Challenge entrepreneurial. Bilan Trois journées denses, donc, tant par les sujets évoqués que les passions exprimées. Le pari, relevé, était de faire dialoguer les différents partenaires de l’événement avec le public. Intéresser les Congolais : mission accomplie. 1 200 personnes se sont déplacées pour interroger, entendre, applaudir parfois, conspuer aussi, exister en tout cas. Être productif : promesse tenue. Les presque 20 recommandations issues de la rencontre font l’objet d’un livre blanc qui sera adressé aux pouvoirs publics. Mettre en valeur des parcours exemplaires : défi relevé également. La société civile comme les responsables politiques ont entendu l’appel du RICE et ont répondu présent. Une première incontestablement couronnée de succès et qui a suscité beaucoup d’espoirs. Un participant glissait à l’oreille de son ami en faisant la queue au buffet : « J’espère que tout ça, ce ne sont pas que de belles paroles et puis ils vont rentrer chez eux et nous laisser comme ça. » Ce à quoi la présidente de l’association, Edwige-Laure Mombouli, répond simplement : « Nous reviendrons. Nous avons des entrepreneurs à accompagner, des projets à faire vivre. » Le rendez-vous est pris, sans doute d’ici « un ou deux ans ». • Le manque de femmes dans les plus hautes sphères des conseils d’administration, un phénomène international auquel l’Afrique n’échappe pas non plus. www.challengerice.com République du Congo Histoire De Brazza Baroudeur de tous les âges Texte Daniel Brown Photo Félix Nadar 93 Sur les traces d’André Grenard Matsoua Texte Dominique Ngoïe-Ngalla Photo Génération Elili « S’il t’était demandé de choisir entre ta Mère et ta Patrie, sauve d’abord ta Patrie. Car si ta mère mourait, tu aurais besoin de terre pour l’ensevelir, et en sauvant la Patrie, elle sera ta terre et celle de tes descendants. » — André Grenard Matsoua A I Anges Ratanga-Atoz, lors d’une entrevue avec l’ONG française l est peu de colons français en Afrique plus hauts en Survie. couleur que Pierre Savorgnan de Brazza. Il y a 140 Ces arguments, Bélinda Ayessa est disposée à les admettre. ans, l’élégant explorateur s’est frayé un chemin par la Mais la directrice générale du mémorial Pierre-Savorgnan-derive est du Congo dans des campagnes successives, Brazza affirme que ces déclarations sous-estiment le contexte permettant ainsi à la France d’installer ses colonies en Afrique dans lequel Brazza a fonctionné et la cohérence de ses centrale. Pourtant, il fut un adversaire féroce de actes au cours des 33 années où il fut opérationnel en toute forme d’esclavage ou d’assujettissement des Il fut un Afrique. De nos jours, selon Ayessa dans un entretien populations locales. Après onze ans passés au poste adversaire avec l’hebdomadaire Amina, les Congolais « se sont de gouverneur général du Congo français, il fut écarté féroce de approprié » cette part de leur passé. Le mausolée dont en 1886 sous prétexte que sa colonie ne rapportait toute forme pas suffisamment de bénéfices à Paris. Même ses d’esclavage ou elle s’occupe depuis son inauguration en 2006 est une détracteurs admettent aujourd’hui que cet ancien d’assujettis- remarquable coupole en verre et acier recouverte de 500 tonnes de marbre blanc. Sa fresque grandiose au marin désintéressé et imposant eut une approche sement des pacifique et respectueuse des populations locales. Et populations sous-sol – accomplie par des artistes de l’école d’arts de Poto-Poto à Brazzaville – dépeint les principaux ce, en totale opposition avec ses successeurs français locales. actes de De Brazza pendant ses 53 années de vie. Les ainsi qu’avec les agissements du règne meurtrier du historiens, comme le professeur Théophile Obenga, espèrent que roi Léopold II de Belgique dans l’État indépendant du Congo. d’autres héros historiques de son pays, comme André Grenard Néanmoins, une conférence de 2006 dans la capitale baptisée Matsoua (voir en page 52), connaîtront une reconnaissance du nom de l’explorateur a fustigé De Brazza. Les historiens semblable dans un avenir proche. En attendant, le mémorial l’ont accusé d’avoir ouvert sciemment la région à l’exploitation s’apprête à agrandir son site d’une salle de conférences et d’une impitoyable des Français qui s’ensuivit. « Il a lancé la conquête bibliothèque consacrée à Savorgnan de Brazza, ce en quoi impérialiste (de l’Afrique centrale) », a déclaré Scholastique Ayessa, citant André Malraux, voit l’hommage du Congo à « la Dianzinga, de l’université de Brazzaville, « mais il n’était pas vie intense du passé en ses représentations historiques ». • aussi brutal que les autres », a ajouté le chercheur gabonais la liberté pour laquelle Dieu a créé l’homme et la condindré Grenard Matsoua, autodidacte tion de bête de somme à laquelle la colonisation a réduit de génie, n’en demandait pas tant que l’indigène, Matsoua se révolte et écrit, en 1928, deux le droit de vote, mais finalement en lettres au président Raymond Poincaré, dénonciations voulut davantage, puisqu’il réclama à du travail forcé au Congo. la métropole la suppression de l’inique Les autorités de l’Afrique équatoriale française régime de l’indigénat et la nationalité française pour croient voir dans cette revendication la dénonciation tous les sujets des colonies françaises. Étant sans de la présence coloniale et la lutte pour l’indépendance. doute né (vers 1899) dans un village de la région de Arrêtés à Paris en 1929, condamnés à Brazzaville, Brazzaville, il ne reçut que les rudiments d’instruction déportés au Tchad, Matsoua et ses compagnons se rendes bons pères missionnaires qui le destinaient à dent coupables de demander que les l’enseignement du catéchisme dans colonisés soient considérés comme des son village et dans sa langue. Mais êtres humains et que leur soit octroyée ce beau jeune homme visionnaire, la nationalité française. au front large, au regard droit et aux En 1935, notre rebelle s’évade discrèmâchoires puissantes était doté d’un tement du Tchad et rejoint la France immense génie. Après une pratique grâce à la chaîne de solidarité de l’Amiennuyeuse de l’enseignement du cale. Avec 3000 de ses compagnons, catéchisme, il fut embauché aux il s’engage dans les troupes françaises douanes de Brazzaville. contre l’Allemagne nazie en dépit du Débarqué ensuite à Paris, il harcèlement dont ils font l’objet. En multiplie les contacts avec les milieux 1940, il est blessé au front. À l’hôpital, de gauche locaux. En 1924, il s’engage il est dénoncé et renvoyé par la police avec l’armée française dans la guerre vichyste au Congo. Condamné à la pridu Rif, au Maroc. Après la guerre, il son à perpétuité, il meurt le 13 janvier fonde à Paris l’Amicale (Association 1942 dans des conditions obscures à des ressortissants de l’Afrique équaDominique Ngoïe-Ngalla est historien, Mayama, sa dernière prison, près de toriale française) en 1926 avec pour professeur titulaire des Brazzaville. objectif de venir en aide aux Africains Universités, en fonction à L’imaginaire populaire s’est vite qui résidaient en France dans des l’université de Brazzaville. emparé de sa mémoire pour en créer conditions difficiles. L’Amicale connaît l’image d’un martyr et d’un prophète. Sans se détourner un énorme succès en France et dans la plupart des colodu combat politique, l’Amicale - muée en « Mikale » nies françaises sub-sahariennes. depuis 1938 - donne naissance à une secte religieuse Tandis qu’à la Sorbonne, les étudiants Aimé Césaire aux convictions enracinées, en particulier dans le Pool, et Léopold Sédar Senghor mobilisent des étudiants une région du Congo-Brazzaville qui compterait encore noirs et parlent de négritude, l’humble catéchiste est au moins un matsouaniste religieux par famille. • déjà en lutte. Face à la contradiction entre la vocation à Alex Pointet 92 94 République du Congo témoignages 95 L’effort important qui est fait par les autorités congolaises pour une plus grande transparence dans la gestion des ressources pétrolières était inimaginable il y a cinq ans. » les Congolais apprennent à se réconcilier. Maintenant, on préfère le terme de « cohésion sociale ». Il y avait à l’époque des difficultés d’accès social et économique. Il fallait donc réapprendre à vivre ensemble. Ce programme a bien marché. Quand elles le voulaient et avec un accompagnement léger de notre part, les collectivités et autorités locales, acteurs locaux non étatiques, pouvaient identifier les problèmes et avaient des projets communs. Jean-François Valette Ancien ambassadeur de France au Congo «D ans cette ère propice au changement, mais aussi aux grands défis, le Congo est bien armé pour faire face : sa croissance est importante sa dette est largement réduite (la France y a grandement contribué) et sa feuille de route pour atteindre ses objectifs de développement est cohérente. Nos relations commerciales sont d’ailleurs en train de se renforcer avec l’arrivée et quelquefois le retour d’entreprises françaises, dans tous les secteurs de l’activité. Nous souhaitons donc au Congo la pleine réussite de ses ambitions en l’assurant de la volonté de la France de les encourager et d’en être partie prenante. » Extrait du Discours prononcé à la fête nationale le 14 juillet 2013 « Le Congo : une fenêtre d’opportunités à saisir » Cinq questions pour Marcel van Opstal, chef de délégation de l’Union européenne en République du Congo Entretien Daniel Brown Photo Marie Jampy V ous avez été en poste au Ghana, au Kenya, au Burundi, en Guinée et à Haïti. Comment comparez-vous votre expérience professionnelle au Congo-Brazzaville avec les autres expériences de votre travail pour l’UE ? Nous sommes confrontés à un paradoxe, au Congo : il y a une économie et une stabilité politique rassurantes. Les taux de croissance sont relativement élevés. Mais cela ne se traduit pas par une amélioration majeure des indices de base sur la pauvreté, ni l’accès à l’eau ou à l’électricité. Les investissements du gouvernement sont importants, mais le processus est lent et la redistribution de la richesse dans la population est maigre. On cherche une politique plus inclusive et mieux distribuée sur le territoire pour éviter le manque de cohésion sociale, le plus gros problème du Congo. Depuis 2010, vous êtes engagé en tant qu’ambassadeur de l’Union européenne à accompagner les autorités congolaises dans l’exécution des programmes de réformes et de diversification économiques. Quels programmes vous ont donné le plus de satisfaction ? Je pense d’abord au programme de consolidation de la réconciliation nationale. La société congolaise a été touchée profondément (par la guerre civile), avec beaucoup de victimes. Nous avons travaillé avec la Communauté européenne pour que Quels sont les secteurs économiques qui sont les plus prometteurs pour l’avenir du pays ? À quoi l’UE s’engage-t-elle pour soutenir les acteurs partenaires au sein du gouvernement ? Ce qui frappe ici est la situation géographique du pays. Le Congo a le potentiel de devenir un pays majeur pour le transit ou la redistribution sousrégionale si l’on y investit dans l’intermodalité des transports. Une connexion est également nécessaire entre le port de Pointe-Noire, le pont railroute Brazzaville-Kinshasa, le fleuve Congo, les routes vers Bangui et la remontée vers la Sangha (département du nord qui a des frontières avec le Cameroun, le Gabon et la République centrafricaine). Quels sont les aspects positifs que vous retenez de ce pays ? Depuis 2013, le Congo a adhéré à des initiatives de transparence sur l’industrie extractive, comme cet audit indépendant sur les recettes pétrolières. L’effort important qui est fait par les autorités congolaises pour une plus grande transparence dans la gestion des ressources pétrolières était imaginable il y a cinq ans. Comment résumer le Congo-Brazzaville en quelques mots ? (Hésitation) Le Congo est une fenêtre d’opportunités à saisir. • Christopher Murray Ancien ambassadeur des USA au Congo «J e suis fier d’annoncer que cette année la République du Congo a pris en charge le financement de la majorité du programme « cantines scolaires ». Ce programme a été lancé en 2005 par l’ONG américaine IPHD avec le soutien du département de l’agriculture des Etats-Unis d’Amérique. Ce programme offre à 145 000 élèves congolais un régime alimentaire équilibré, du riz, des tomates, du haricot et des pommes de terre. En 2015 lorsque le gouvernement congolais prendra en charge toute la responsabilité à la fois financière et administrative, il deviendra le premier gouvernement en Afrique à avoir réussi à le faire avec un tel programme du département de l’agriculture américain. La marque d’une société juste est la manière selon laquelle celle-ci traite ces membres les plus faibles et les plus faibles et les plus vulnérables. » Extrait du Discours prononcé à la fête nationale le 04 juillet 2013 En avant pour la rénovation de Brazzaville Capitale de la République du Congo Située sur la rive droite du majestueux fleuve Congo, deuxième cours d’eau du monde après l’Amazone par la puissance de son débit (40.000 m3/s). L’agglomération de Brazzaville s’étend sur une superficie de près de 100 km2. Adossée sur le Stanley Pool, elle constitue avec la ville jumelle de Kinshasa, un vaste espace urbain formé par les deux capitales les plus rapprochées du monde. > Ville africaine au destin singulier, Brazzaville a été fondée le 03 octobre 1880, par l’explorateur éponyme français, Pierre Savorgnan De Brazza. Elle devient dès 1904 la capitale du Congo-français et de l’Afrique Equatoriale Française (AEF). Elle accède ensuite au statut de capitale de la France Libre, dès le début de la Seconde Guerre Mondiale en 1940, après l’occupation de la France par l’Allemagne nazie. C’est à Brazzaville que fut promulguée la nouvelle politique coloniale française, au cours de la «Conférence de Brazzaville» tenue en 1944. Prélude à l’émancipation des anciennes colonies françaises d’Afrique noire. > Ville historique, Brazzaville devient après la proclamation de l’indépendance en 1960, la capitale de la République du Congo. Depuis lors, elle va abriter d’importants événements internationaux, parmi lesquels on peut citer notamment : - le lancement du mouvement olympique africain avec l’organisation des 1ers Jeux africains au Congo ; - la première conférence des Hommes des sciences d’Afrique ; - la première conférence des écrivains contre l’Apartheid ; - l’initiation du « Fonds Africa » qui a contribué à la libération de la Namibie, et de l’Afrique du Sud du régime infrahumain de l’Apartheid. > A la faveur des multiples échanges identitaires qui l’irriguent depuis des temps immémoriaux, Brazzaville se révèle depuis, comme un grand carrefour culturel, un terreau fertile qui a suscité entre autres l’émergence des hommes de lettres talentueux, de renommée internationale à l’instar de : Alain Mabanckou, Sony Labu Tansi, Letembet Ambily, Dongala Boundzéki, Tchicaya U Tam’si, Théophile Obenga, Jean-Baptiste Taty Loutard, Dominique Ngoï Ngalla... Brazzaville est une terre des artistes de génie. Elle a vu naître : la « cumba » et sa conversion en Rumba congolaise, rythme et thème musical initiés par Paul KAMBA ; le mythique orchestre « Les Bantous de la capitale ». En reconnaissance de son dynamisme culturel notamment en matière de production musicale, Brazzaville reconnue déjà, comme capitale africaine de musique avec le Festival Panafricain de la Musique et siège du FESPAM, a vu son rôle et sa place confortés à l’échelle mondiale par l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), avec son entrée dans le réseau très select des villes créatives de l’UNESCO. L’Ecole de peinture de Poto-poto, créée au début des années cinquante (1951) est très vite devenue, au sud du Sahara, le pôle de référence des artistes plasticiens africains avant les indépendances. > La population actuelle de Brazzaville avec sa banlieue atteint 2.000.000 d’habitants. Elle est régulièrement enrichie par un afflux de ruraux et de migrants étrangers. Ce qui conforte Brazzaville dans son rôle de ville libre et de terre d’accueil, qui se nourrit de l’hospitalité légendaire des Congolais en général, et des Brazzavillois en particulier. En ce début du troisième millénaire, Brazzaville compte parmi les villes les plus cosmopolites d’Afrique. Il s’y développe actuellement une activité économique en pleine croissance. > Brazzaville est une ville de transit, fonction due à sa situation naturelle exceptionnelle qui la place au coeur des principales voies de communication au sein de l’Afrique centrale. A partir de Brazzaville, le visiteur atteint en moins d’une heure les principales villes du Congo que sont, Pointe-Noire, Dolisie, Ouesso, Mossendjo et Nkayi. > Surnommée « Brazza-la-verte », en raison de l’omniprésence de la verdure, Brazzaville comporte bon nombre d’espaces verts, avec des monuments historiques, des sites touristiques pittoresques, des restaurants de qualité et des grands hôtels de standing international. La vue du fleuve Congo est une attraction irremplaçable, très prisée des touristes. > Brazzaville est le siège du Gouvernement, et abrite les Institutions de la République ainsi que la forte représentation diplomatique accréditée en République du Congo. Grâce à ses multiples atouts, conjugués à la paix retrouvée sur la rive droite du fleuve Congo, la vocation de Brazzaville, en tant que cité multipolaire, et plaque tournante des opportunités économiques en Afrique centrale, est appelée à se renforcer dans les années à venir 98 99 cinéma Soleils Lumière sur l’histoire de la sagesse africaine Soleils est un long métrage dont le réalisateur est bicéphale et métis. Il s’agit en fait de deux réalisateurs, Olivier Delahaye et Dani Kouyaté, un Français et un Burkinabé, un blanc et un noir, réunis pour faire un film qui dépasse les frontières, les barrières culturelles, les préjugés Propos recueillis par Daniel Brown I nspiré par le feu comédien burkinabé Sotigui Kouyaté, Soleils est un panorama magistral de l’histoire des rapports entre l’Afrique et ses anciens colonisateurs. Le film souligne aussi l’idée que l’Afrique a développé des concepts en termes de sagesse, de gouvernance, de justice, de vivre ensemble et de rapport à la nature qui méritent réflexion et d’être partagés avec la Terre entière. A+Mag a eu le privilège de voir ce film avant sa sortie mondiale sur les grands et petits écrans, prévue pour cette année. En exclusivité, les deux réalisateurs livrent leur vision à notre rédaction dans un regard croisé décapant. Dani Kouyaté (DK) : Il y en a, des obstacles, dès que l’on parle de films sur l’Afrique. Film africain ou film français ? On refuse cette catégorisation. Ce n’est pas l’un OU l’autre, mais les deux à la fois, voire plus car chez nous, 1 et 1 font plus que 2. Soleils n’est pas un film européen de plus sur l’Afrique, pas plus qu’une réponse africaine aux préjugés européens. Soleils est un film métis, burkinabé ET français, un film noir ET blanc. Olivier Delahaye (OD) : Nos identités sont multiples et nous refusons ce qui nous réduit à la couleur de nos peaux, à nos lieux de naissance, à nos ancêtres, à nos langues. Nos vécus nous ont enrichis, nous avons planté des racines dans d’autres terres que celles qui nous ont vus naître, et si l’un vit entre la Suède, Paris et le Burkina Faso, l’autre passe son temps entre Paris, la Provence et la Turquie. Mais nous savons que les gens ont du mal à accepter cette idée. Pour le sens commun, tout ce qui n’est pas « pur blanc » est noir. Regardez Yannick Noah, par exemple, ou Obama, tout le monde parle d’eux comme des noirs. Oui, bien sûr, ils sont noirs… autant que blancs, mais ça ne viendra à l’esprit de personne de parler d’eux comme de blancs. C’est un peu pareil pour Soleils. Lorsque nous l’avons présenté au comité de sélection du Festival de Cannes 100 101 cinéma en tant que film français, ils l’ont déplacé dans les films étrangers. Curieux, non, pour un film écrit par un Français, réalisé par un Français et un Franco-Burkinabé, produit par une société française et dont les acteurs principaux sont français… mais noirs ! Révélateur de la difficulté pour beaucoup à comprendre et accepter comme nôtre la diversité que nous revendiquons et qui est celle de chacun d’entre nous et de la société en général. Mais il en faut plus que cela pour nous démonter ; nous nous battons depuis 2009 pour faire Soleils. DK : Il faut que tu remontes beaucoup plus loin que ça, non ? OD : Oui, en effet. Un jour, on m’a proposé de faire un documentaire sur le deuxième président de la HauteVolta, Sangoulé Lamizana, dont je n’avais jamais entendu parler. J’ai lu ses mémoires (NDLR : Sous les drapeaux, Éditions du Jaguar, 2000) et j’ai immédiatement aimé ce monsieur qui avait été exemplaire avant, pendant et après son mandat de chef d’État entre 1966 et 1980. L’exercice du pouvoir ne lui a jamais tourné la tête. En fait, je me suis aperçu que ce qui guidait sa vie et son action, c’étaient précisément les vertus et les principes que j’avais admirés chez Nelson Mandela, et qui étaient purement africains. M’est alors venue l’idée qu’il y avait un substrat africain malgré la diversité et l’immensité du continent, et j’ai orienté mes recherches dans ce sens. Puis j’ai rencontré Dani, qui m’a montré un documentaire qu’il venait de réaliser sur un historien africain, Joseph Ki-Zerbo, et surtout qui m’a indiqué que son père, Sotigui Kouyaté, avait été très proche de Lamizana, tout juste disparu à l’époque. Sotigui, ce comédien que tout le monde remarquait dans les pièces de Peter Brook (avec qui il collaborait depuis 1984), était un acteur qui vous marquait lorsque vous le voyiez dans un film : Little Senegal, La Genèse, Black Mic-Mac… Une centaine de films en tout dont le dernier, London River, lui valut le prix d’interprétation à Berlin en 2009. de griot-conteur. En plus, Olivier faisait une invitation à une lecture positive de l’Afrique et cela ne pouvait pas me laisser indifférent. Alors quand il m’a demandé si je voulais coréaliser le film avec lui, il n’y avait pas de doute dans mon esprit. Nous avons passé des nuits et des jours à discuter du contenu du scénario. Au final, le scénario a été reconnu et soutenu par la commission d’Avance sur recettes du CNC en France quelques mois après. Dès notre rencontre, on s’est rendu compte que l’on partageait la même approche de Lamizana. Sotigui voulait rendre hommage à son feu président car le parcours du leader correspondait à sa propre action depuis cinquante ans aussi bien en Afrique qu’en Europe. DK : Au départ, il y avait une envie. Celle de collaborer un jour avec Olivier sur un projet de film. L’envie était réciproque, et nous étions d’accord sur un fait : il fallait que ce soit sur un sujet sur lequel nos vues se compléteraient. Il n’y avait pas d’urgence. Puis un jour, Olivier m’a dit : « J’écris en ce moment un truc inspiré par ton père, il est lui-même au centre de l’histoire et jouera son propre rôle, mais dans une fiction totale, un voyage dans le temps… un conte moderne. » Ces propos étaient suffisamment décalés pour tout de suite susciter mon intérêt. Un jour, Olivier m’a dit : « J’écris en ce moment un truc inspiré par ton père, il est luimême au centre de l’histoire et jouera son propre rôle, mais dans un conte moderne. » Soleils raconte l’histoire d’un vieil homme, Sotigui, qui aide Dokamisa, une très jeune femme ayant perdu la mémoire de ses ancêtres, à remonter le chemin de ses origines en l’emmenant dans un voyage excentrique et joyeux à travers l’espace et le temps. Nous nous retrouvons alors tour à tour dans l’empire du Mandé au xiiie siècle, en compagnie de Voltaire et de son ami le prince électeur Karl Theodor au xviiie siècle, dans la forêt du Congo pendant la colonisation, dans la cellule de Nelson Mandela à Robben Island, à Berlin dans le bureau du philosophe Hegel qui a écrit que l’Afrique OD : En 2009, Sotigui, déjà très malade, passait beaucoup de temps dans une maison de repos. J’allais souvent le voir. Un jour, il se glissa sur le bord de son lit et me fit signe de le rejoindre. Je m’assis à mon tour à côté de lui. Il prit ma main dans la sienne, comme je l’avais toujours vu faire avec les interlocuteurs auxquels il voulait « dire » quelque chose. Sotigui garda le silence. Puis : « Olivier, je pense qu’il est temps que tu écrives un long métrage. » Rien de plus. J’ai mis en suspens toute autre occupation, et dans les cinq semaines qui suivirent, j’écrivis le scénario de Soleils en empruntant des chemins que personne, et surtout pas moi, ne connaissait. DK : J’ai voulu d’abord lire le premier jet du travail pour en déceler le contenu, avant de me prononcer. Environ trois semaines après, Olivier m’a envoyé la première version de son scénario. J’en ai été agréablement surpris et j’ai tout de suite vu qu’il y avait un film derrière ce texte. Le propos était profond, sérieux, voire grave parfois, mais le ton était original, onirique, ironique et métaphorique, autant d’éléments qui touchent directement ma sensibilité Soleils n’est pas un film européen de plus sur l’Afrique, pas plus qu’une réponse africaine aux préjugés européens. – Dani Kouyaté, (photo p. 101 droite, aux côtés du coréalisateur Olivier Delahaye) n’avait pas d’histoire, ou dans le bureau d’un président africain que l’histoire a ignoré ; nous côtoyons des figures historiques mais aussi des personnages sortis de contes de la sagesse africaine comme Deug-la-Vérité et Fène-leMensonge. C’est au cours de ce road movie que la jeune fille, confrontée à une autre vision de l’histoire que celle imposée par ceux qui l’ont écrite jusque-là, va découvrir la mémoire d’un continent, et plus que la mémoire du continent africain, celle d’une sagesse universelle. Un an après le début de l’écriture du scénario, coup de tonnerre. Sotigui Kouyaté succombe à une maladie pulmonaire dans le pays où il a élu domicile depuis des décennies, la France. Il est inhumé à Ouagadougou, non loin de l’endroit où, dans sa jeunesse, il fut capitaine de l’équipe de football du Burkina Faso. DK : Le décès de Sotigui a été évidemment très dur pour nous deux, émotionnellement. Pour nous, il n’a pas remis en question l’idée de faire Soleils ; nous savions que sans lui ce serait plus difficile en termes de production, mais c’était aussi lui rendre hommage que de continuer et d’arriver à faire ce film ambitieux. Cela nous a pris trois ans de recherche du financement. Puis nous nous sommes retrouvés au mois de juin 2012 au Burkina Faso, après quelques jours de tournage en France. On approchait du moment réputé être le pire pour un tournage en Afrique de l’Ouest, car bientôt devait commencer la saison des pluies. C’est justement celle que nous avions choisie. Dès le début du projet, dès l’écriture, dès nos premières conversations, nous voulions faire de Soleils un spectacle et offrir une vision inhabituelle et colorée de l’Afrique. Tourner à la saison des pluies, c’est prendre un risque important, car ces pluies torrentielles peuvent paralyser un tournage, détruire un décor, noyer dans la boue toute la caravane d’un tournage, mais c’est aussi cette saison qui magnifie la lumière, colore le ciel, enrichit les décors. Pari risqué, mais tenu. Nos alliés furent aussi les membres de l’équipe qui nous suivirent dans des conditions loin d’être évidentes, une équipe de choc, essentiellement burkinabée, française également, comme le premier assistant-réalisateur et le chef opérateur, Dominique Colin (L’Auberge espagnole et Les Poupées russes, de Cédric Klapisch, ou le dernier film d’Alain Robbe-Grillet). DK : Le professionnalisme a été au rendez-vous tout le temps du tournage avec l’équipe, qui était à 90 % burkinabée. Il faut dire que Dani a su tisser, au cours de ses films précédents réalisés au Burkina, un réseau de talent, d’enthousiasme et de fidélité dont nous avons bénéficié sur Soleils. Notre chef décorateur, Papa Mahamoudou Kouyaté, le frère de Dani, a été l’un des alliés indéfectibles de Soleils ; sa tâche était immense entre la reconstitution d’un palais africain du xiiie siècle, celle de la prison de Robben Island à Ouagadougou et celle d’un village africain du xviiie siècle… Son professionnalisme le mettait toujours à notre écoute et lui permettait de répondre à nos exigences, même dans des circonstances compliquées. 102 cinéma La chance, ou l’esprit de Sotigui, semble avoir accompagné la fabrication du film. Cette chance, nous l’avons retrouvée notamment au casting, qui reposait d’abord sur les deux acteurs principaux, le vieux sage qui devait incarner Sotigui, et la jeune femme, Dokamisa. Pour le premier, nous avons envisagé une foultitude d’acteurs ou de personnalités, stars ou inconnus, allant de Morgan Freeman à Tiken Jah Fakoly en passant par Cheikh Hamidou Kane et bien d’autres, pour nous arrêter sur la perle rare, un conteur d’origine camerounaise. Binda Ngazolo a vécu en Côte d’Ivoire avant de se fixer en France, où il réside. OD : Au cours de leurs pérégrinations, les deux protagonistes croisent beaucoup de gens ; il fallait donc un certain nombre d’acteurs qui devaient s’imposer très rapidement dans l’unique scène qu’ils avaient. Ont répondu présent des acteurs aussi talentueux et généreux qu’Issaka Sawadogo, Rufus, Ildevert Méda, DK : La réalisation bicéphale s’est avérée très fructueuse et enrichissante. Dans notre mode de travail, il n’y a pas de répartition des tâches, pas de prérogative, pas de règle. Tout est discutable, discuté. Parfois l’accord était immédiat, parfois cela nécessitait de longs moments de discussion et de réflexion. L’un des nombreux avantages de réaliser à deux est la constance ; pas de passage à vide, pas de doute sans réponse. L’un de nous pouvait être fatigué ou à court d’idées, l’autre prenait le relais. L’immense avantage de ce travail en duo est de préserver ce double regard. OD : Nous pensons que ce regard en stéréo amènera le spectateur à repenser les rapports entre l’Afrique et l’Occident. Le fil rouge que les héros de Soleils suivent et qui est en filigrane de son histoire est un questionnement. L’Afrique a développé des outils dont nous pourrions nous servir mais dont nous ignorons jusqu’à l’existence. Abonnez-vous à A+MAG et recevez tous les deux mois le meilleur de l’Afrique chez vous A+Mag, le premier magazine lifestyle africain. Un regard nouveau et positif sur l’Afrique d’aujourd’hui. 1 an/6 numéros : 20 euros au lieu de 25,80 euros prix kiosque et recevez en cadeau de bienvenue : un pass 2 personnes valable jusqu’au 6 juillet 2014 pour l’exposition « Initiés, Pour les premières réponses, un cadeau supplémentaire : le magnifique ouvrage de l’exposition. Laissez-passer pour une visite de l’exposition ur asser po Laissez-pl’exposition e de une visit 9 octobre 2013 6 juillet 2014 Bassin du Congo » de 11 h à 19 h sauf le mardi et le jeudi 13 re 20 9 octob t 2014 6 juille le jeudi de 11 h à au musée Dapper (Paris) 19 h sauf i et 21 x 29 cm Broché 272 pages. le mard 35 bis, rue Paul Valéry - 75116 Paris 35 bis, rue 6 Paris ry - 7511 Paul Valé OUI je m’abonne à A+Mag et je reçois 1 an/6 numéros + mon cadeau de bienvenue. France Métropolitaine : 20 € / UE, Dom, Suisse : 30 € / Hors UE, Tom : 35 € / Zone Franc CFA : 26 000 CFA Mon règlement : Savons-nous qu’au xiiie siècle, dans l’empire du Mandé, fut élaborée une charte qui ressemble beaucoup aux déclarations des droits de l’homme occidentales ? Éric Berger, Serge Avédikian, Gustave Sorgho… Il y a eu une adhésion immédiate des comédiens au propos ; ils sentaient qu’ils participaient à un film qui offrait une autre vision de l’Afrique, qui revisitait l’histoire comme on ne l’avait pas fait au cinéma. Cela a beaucoup compté par exemple dans la décision de Rufus, qui incarne Voltaire, en lui donnant toute l’ambiguïté d’un esprit brillant des Lumières et qui n’échappe pourtant pas aux préjugés. Cette vision non conventionnelle a décidé Barbara Hendricks à nous rejoindre pour chanter un gospel écrit pour elle et qui parle de la ségrégation et de l’apartheid. En hommage à Nelson Mandela, nous l’avons intitulé « A Long Walk to Freedom ». Fatoumata Diawara nous a donné sa voix pour le chant d’espoir qui clôt le film. Il marque un moment d’émotion très fort inspiré par la mémoire de Sotigui, qu’elle aimait comme un père. Elle avait travaillé avec lui sur Sia, le rêve du python, que Dani avait réalisé en 1999. Savons-nous qu’au xiiie siècle, dans l’empire du Mandé, fut élaborée une charte qui ressemble beaucoup aux déclarations des droits de l’homme occidentales ? Pourquoi cet aveuglement ? C’est ce que Soleils explore. Pourquoi sommes-nous si peu enclins à faire crédit de quoi que ce soit à l’Afrique ? Ainsi pourrions-nous considérer que Nelson Mandela est le fruit d’une éducation africaine, d’un humanisme africain, d’un sens de la justice africain. De ce fait est née la commission Vérité et Réconciliation, qui a permis aux Sud-Africains de vivre ensemble et dont beaucoup d’États s’inspirent aujourd’hui. Pourquoi se priver d’aller voir plus loin pour vérifier si, par hasard, il n’y aurait pas là des solutions à certains de nos problèmes ? Soleils invite le spectateur à revisiter l’histoire en changeant de perspective, en regardant les choses de notre double point de vue, double et unique, différent, parfois divergent, souvent très proche. Et si l’Afrique avait quelque chose à nous dire ?! • ❏ Chèque bancaire ou postal à l’ordre d’Africa & John’s Group ❏ CB N° Expire le : Cryptogramme (3 chiffres) :__|__|__ Date et signature obligatoires ❏ Mme ❏ M. Nom :.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom :.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse :.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville :.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pays :.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail :.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Coupon à retourner complété à l’adresse suivante : Africa & John’s Group – Service Abonnements – 55, avenue Marceau – 75016 Paris 104 mode La mode africaine fleurit en zone rouge Texte Daniel Brown Photos OSi Niamey a vibré du 20 au 25 novembre 2013 au rythme de la musique et Le Festival international de la mode africaine de la mode. (FIMA) a réuni de multiples jeunes talents africains et créateurs de renommée internationale de la mode et de la musique venus d’une cinquantaine de pays sur les deux sites retenus e pour cette 9 édition, aux abords et au cœur de la capitale nigérienne «O n a le mérite d’exister ! » Alphadi, inlassable et pugnace, réitère sa formule à chaque journaliste présent dans sa véranda à Niamey. Quinze ans après la fondation de son festival, le gourou nigérien a maintenu contre vents et marées la date de la nouvelle édition de cet événement bisannuel qui rassemble six jours durant presque mille designers, journalistes et disciples. Le Niger a été déclaré zone interdite par plusieurs ambassades occidentales, et l’on percevait encore les ondes de choc du conflit engagé chez son voisin le Mali. « C’est pourquoi nous avons décidé du thème “La créativité au service de la paix en Afrique” pour cette neuvième édition », a-t-il confié à A+Mag en fin de festival. « Il y a deux ans, nous sentions bien une crise latente. En 2013, nous avons voulu réunir les acteurs de la mode en réaction à la violence et pour montrer que nous sommes encore forts et fiers. » 106 mode M avec Imane Ayissi, le designer camerounais qui m’a aidée en ichelle Vermot a toujours soutenu activement le insistant pour que je rende mes créations commercialisables. festival d’Alphadi depuis leur première rencontre en Mais j’ai aussi puisé dans mon propre héritage : j’emploie un 1993. Elle est considérée comme la mémoire vivante tissu béninois appelé laci que mon arrière-grand-mère portait. de l’événement et conseille son président depuis Sa texture lumineuse semble plaire unanimement. » 1998. Elle évoque avec nostalgie les premières éditions, quand des créateurs tels que Kenzo, Yves Saint Laurent ou Jean-Paul Gaultier venaient en personne pour trouver l’inspiration des designers ’autres contributions africains ou échanger avec exceptionnelles à ce eux. « Vous ne pouvez pas festival riche et insolite comparer, c’était beaucoup ont inclus la créatrice plus ouvert alors. Aujourd’hui, franco-congolaise Noëlla Tapasu les réalités politiques Koy et la designer algérienne Wafaa ont mis fin à tellement Lahlah. Toutes deux ont survécu aux d’échanges. » Encore une épreuves d’un vol chaotique d’Air fois, la doyenne du monde de France vers Niamey (un retard de la mode parisienne a trouvé 24 heures à Paris) et aux problèmes le niveau « extraordinaire », chroniques d’organisation pour en particulier concernant présenter les créations audacieuses La ministre du Tourisme Yahaya Baaré Aoua félicitant Alphadi, les jeunes créateurs. « Il est présageant bien leurs carrières. Lors président du FIMA, en présence du ministre de la Culture Ousmane étonnant de voir comment ces d’un défilé final qui dura jusqu’à Abdou, à l’occasion du lancement de ce festival à Niamey. créateurs peuvent trois heure du matin, on a pu voir financer leur travail la ministre nigérienne du Tourisme malgré les difficultés. Yahaya Baaré Je suis également Aoua fière que son impressionnée pays ait accueilli par la façon dont de nouveau un ils combinent festival de mode leur vision de la à la stature mode occidentale internationale. avec leurs propres « Nous pouvons racines. Cela se voir l’importance Sonia Damala brandit son prix (plus perçoit dans leur des efforts de 5 millions de francs CFA, soit plus de attention accrue d’Alphadi. Il est 7 600 €) de Jeune Designer FIMA 2013. Alphadi remercie une partie des 800 participants à la portée aux détails devenu notre 9e édition de son festival pendant la soirée de clôture. et leur capacité de ambassadeur viabilité économique culturel », déclareavec les cultures qui les t-elle à A+Mag. inspirent. » « C’est pourquoi nous le soutenons dans ses efforts ne telle Le président du jury Michael Kra pour créer un lycée abnégation (à droite) et la consultante pour d’art et de stylisme et un tel le festival Michelle Vermot. en lui fournissant engagement la terre sur laquelle pour le monde qui les le construire. entoure furent incarnés La styliste Wafaa Le Premier ministre du Niger Rafini Brigi, C’est la meilleure Lahlah, dont les en cette édition 2013 Alphadi et d’autres personnalités au Palais créations marient les du 29 juin pendant la soirée d’ouverture manière de prouver par la lauréate du prix tissus chics à la peau du FIMA. En tout, cinq Premières dames à la communauté des jeunes stylistes, de serpent et aux africaines étaient présentes ce soir-là. internationale que le Sonia Damala. La plumes de paon. Niger a un potentiel designer béninoise énorme et que la mode peut être économiquement viable et réunir éclate en sanglots quand toute l’Afrique. » le jury donne son verdict. Elle s’explique en coulisse peu après. « J’ai travaillé non-stop Pour la prochaine édition du FIMA, en 2015, son fondateur espère pendant deux ans. Le thème de la paix m’a guidée et je l’ai exprimé que le festival retrouvera, à une douzaine de kilomètres en dehors dans les couleurs que j’ai employées : jaune pour le soleil africain, de Niamey, le site plongé dans les dunes surnommé « la Pilule », brun pour nos peaux mélangées, rouge pour le sang qui coule en dont il a pu profiter jusqu’en 2013. • nous tous. Je sens une vraie solidarité parmi nous, par exemple D Du styliste Habib Sangare (Côte d’Ivoire) Du styliste JJ Schoeman (Afrique du Sud) De la styliste Sonia Damala (Bénin) U Du styliste Karim Tassi (Maroc) De la styliste Wafaa Lahlah (Algérie-France) De la styliste Ayanick (Togo) 108 design Cheikh Diallo le (ré)inventeur de meubles Designer exigeant et engagé, Cheikh Diallo réinvente les objets de l’Afrique contemporaine tout en protégeant son artisanat. C’est dans la rue que le Malien crée objets et meubles à succès qui promeuvent une discipline d’avenir pour tout le continent Texte Constance DESLOIRE photos alan aubry D es fauteuils rouges où l’on est presque couché. De grandes poteries percées. Des couverts en ébène et en argent. L’œuvre de Cheikh Diallo est « métisse », comme il se décrit lui-même volontiers. À 53 ans, le designer est entré dans les collections permanentes de plusieurs grands musées internationaux. « Je suis obsédé par la création ! Je vous promets, il n’y a rien de plus excitant au monde que d’explorer et de fabriquer ! » Cheikh Diallo doit hausser un peu la voix, entouré d’une nuée d’enfants galopant à travers la maison de Bamako dans laquelle il est né. Dans la capitale malienne, il reste généralement quinze jours, fait des essais et repart digérer ses projets au calme, à Rouen, une ville française au nord-ouest de Paris où il vit depuis trente ans. Il y a obtenu en 1991 son diplôme d’architecte – le métier de son père. Mais c’est dans la capitale malienne qu’il fabrique ses pièces en série. À Bamako, Cheikh Diallo a un atelier mobile : « La rue est mon laboratoire. » Il s’installe au marché, interroge les passants sur les objets quotidiens dont ils ont besoin et les fabrique avec son équipe d’artisans (ferronnier, cordonnier, potière, tisserand, sculpteur, couturière, tresseur…). Objectif : préserver les savoir-faire traditionnels qui disparaissent avec l’exode rural. « Rénover. Revaloriser. Revitaliser. Tout ce qu’on fait est un prétexte pour garder une culture. Le design permet le renouveau. » Ainsi, la « chaise du gardien », un très populaire assemblage de fer à béton de mauvaise qualité et de fil de pêche japonais… Un siège qui se casse tout le temps. Diallo a fait de ce fauteuil un produit haut de gamme : une centaine de modèles ont été créés depuis 1998, le Sanza, l’Africa Remix, le Dibi… C’est ce meuble qui a fait la renommée de la société Diallo Design. Incrédules, ses compatriotes ont d’abord douté du fait que ces beaux objets avaient été fabriqués au Mali. Cheikh Diallo rit à ce souvenir. Le designer travaille avec des matériaux dits « pauvres » : du bois, du fer, du plastique, des peaux, de la terre, et parfois de la récupération, comme le papier d’emballage. À une époque, il donnait même une pièce aux gamins de Bamako en échange de boîtes de conserve écrasées par les voitures ; il en faisait des tables. « J’ai emmené Jack Lang et Hubert Védrine sur des tas de déchets, c’était digne de 110 111 design Il n’y a rien de plus excitant au monde que d’explorer et de fabriquer ! » Germinal », raconte le designer malicieux. « On peut faire du très bon travail avec tout ce que l’on trouve. Les artisans se sont d’abord sentis avilis de manier des détritus, avant d’être fiers du résultat. » Fils d’un architecte peul sénégalais, le garçonnet Diallo fabriquait ses propres jouets avec ce qu’il récupérait. L’un de ses objectifs est de faire du design un vecteur du développement économique à part entière. Dès les années 1990, il collabore avec les autorités publiques pour les convaincre d’acheter malien. Des années durant, Diallo est un pionnier qui a cru à un design à la fois haut de gamme et rentable pour les artisans. Aujourd’hui, son mobilier équipe l’ambassade de France à Bamako mais aussi la Villa Soudan, une auberge branchée de la capitale. « Une nouvelle classe émergente commence à croire au “fait maison” malien », s’enthousiasme-t-il d’une voix calme et chaude. « La tendance est notable depuis une dizaine d’années. Avant, le design était une curiosité, maintenant c’est quelque chose d’accessible. » Pour valoriser le design comme source de revenus, Cheikh Diallo est aussi consultant pour des organismes américains et canadiens d’aide au développement. Il cofonde en 2003 l’Association des designers africains, Il n’y a pas de “designers africains” […] mais des “designers en Afrique” […]. Je refuse la médiocrité folklorique africaine. » qui regroupe une vingtaine de membres de différents pays. Privés des moyens financiers qui leur permettraient de créer le grand salon panafricain de leurs rêves, ils participent le plus possible aux rencontres internationales. Plein d’espoir, Diallo constate que les jeunes s’intéressent au design, même si l’Afrique est dépourvue d’école spécialisée. Lui a eu la chance de se former à l’École nationale supérieure de création industrielle de Paris. Il invite donc des designers européens au Mali et anime des ateliers au Ghana, au Togo, au Burkina… Sur le continent, l’Afrique du Sud est indéniablement le pays le plus féru de design. Suivent le Kenya, le Sénégal, le Maroc. Mais Christiane FalgayrettesLeveau, directrice du musée Dapper à Paris, expliquait en 2013, à l’occasion de l’exposition « Le design en Afrique », que si « les classes aisées du continent achètent du design africain, la bourgeoisie ne le fait pas – à de rares exceptions ». « Design africain » ? Gare ! Si certains aspects sont spécifiques au continent, comme les techniques de façonnage ou le type de mobilier, « cela n’est pas une revendication. Il n’y a pas de “designers africains” », Diallo met un point d’honneur à le préciser, « mais des “designers en Afrique” ; des Européens peuvent créer ici. Je refuse la médiocrité folklorique africaine. J’ai décliné de nombreuses commandes d’industriels qui allaient dans ce sens ». Un designer africain, Marie-Josée Linou souhaitait en exposer un au musée Mandet de Riom (en Auvergne, au centre de la France), consacré au design et aux arts décoratifs. Au cœur d’une collection unique d’orfèvrerie d’artistes vivants, un coffret en argent et ébène de Cheikh Diallo trône en vitrine, entre des pièces suédoises et allemandes. En 2012, ce musée accueillait « Made in Mali », une rétrospective des créations de Diallo. « Nous lui avons demandé de composer des objets que nous pourrions acquérir », se souvient Madame le conservateur. « Il a élaboré ce coffre avec les techniques d’orfèvrerie des touaregs maliens et un mobilier en bois et céramique. Son travail est extrêmement contemporain, on pourrait croire à des objets italiens ! » L’événement fut un vrai succès. Et selon Marie-Josée Linou, c’est en partie grâce à la générosité de l’artiste, souvent présent au cours des six mois d’exposition. Début 2014, c’est l’Afrique du Sud qui exposera son travail au Cap. Il tâchera encore de réinventer les objets de l’Afrique contemporaine. « On n’a rien à prouver, mais tout à proposer ! » • 112 mode Réalisation Adama Paris PHOTOGRAPHE Alexis Peskine MODELS Roukia et Kais MaKE UP Monica Remerciement le restaurant «Africa Lounge» Kais : tenue Zacometi Roukia: tenue Elie Kuame Roukia: tenue Elie Kuame Kais : tenue Zacometi Roukia: tenue Elie Kuame Kais : tenue Zacometi lifestyle 119 shopping Texte Yves Denis / Dandy et Pointure Sélection d’esthète En peau de koudou Bijoux pour homme Matthew Cookson utilise de la peau de koudou pour cette bottine très décontractée. Audelà de son toucher incroyablement doux, on retient surtout de cette nouvelle peausserie une souplesse et donc un confort incomparables. Une sélection de pièces de connaisseurs, destinées à celui qui sait faire la différence entre un objet spectaculaire et une « vraie » belle pièce. Bienvenue dans un monde de luxe, de calme et de volupté. Connotation plus mode pour les colliers, signés ici Lanvin : cordelette tressée ou métallique et pendeloques de styles variés en cuir, métaux précieux et pierres diverses. Le joaillier parisien Édouard Nahum nous propose le bracelet classique en or jaune et diamants blancs, discret en or blanc et diamants blancs, ou furieusement contemporain en or blanc et diamants noirs. Coup de cœur ! … pour ce trolley hyper chic, en cuir fauve et fibre de carbone. Ligne, matériaux et finitions (l’intérieur en feutre bleu roi est une tuerie !) sont tout simplement fabuleux. À la fois virile et raffinée, une pièce très exclusive, éditée en série limitée par Hartwood, rue Marbeuf à Paris. Dans la nouvelle collection Corneliani, les puristes retiendront les boutons de manchettes sphériques à lien, un détail nettement plus élégant que les patins basculants. Le fil jaune Lobb Chaque année à l’occasion de la Saint-Crépin, John Lobb lance son nouveau modèle Millésime. Les inconditionnels de la maison découvrent en 2013 une petite ligne d’objets essentiels, gants pleine peau et cravates en soie, caractérisés par le fil jaune, couleur emblématique de la maison. Décalé juste ce qu’il faut Le chausseur des stars défraie la chronique parisienne avec ses baskets. Dotées d’un zip, celles-ci se chaussent et se déchaussent en un clin d’œil, et à présent personnalisables à la demande par l’artiste belge Annouck Dupont. Invitation au voyage Cabane rustique ou petit palace, voici 101 destinations de rêve qui délivrent la même magie et nous emportent loin des vicissitudes du monde, avec un même bonheur. Cool Private Islands Resorts, les 101 plus belles îles du monde. 220 pages 25 x 32 cm, français-anglaisrusse, éd. teNeues, 49,90 euros (photo Martin Harvey). À la carte Les « shoes freaks » parisiens connaissent la maison Duret pour y faire entretenir depuis des années leurs Berluti et autres Weston. Ils peuvent désormais admirer une sélection de ces pièces et l’éventail des peausseries proposées dans le nouveau showroom de la maison, au 14, avenue George-V à Paris. Photos D.R. Pour les esthètes Sené Rock’n roll Photos D.R. 118 Louboutin nous offre ce joli slipper discrètement décalé avec sa broderie dragon relevée d’un œil en pierre synthétique, ou plutôt sport chic avec cette basket montante en python rouge vermillon, à la ligne judicieusement rehaussée de passepoils et d’œillets métalliques blancs. 121 lifestyle allô james ? Par Nadège Dubus O N O R H C P TO Icône du modernisme Depuis sa création en 2004 à Vancouver, Mobiado s’est démarqué dans la téléphonie de luxe par ses innovations et ses conceptions hors normes. Utilisant de l’aluminium d’avion ou du bois exotique en passant par un À la conquête de l’espace Mythique Spécialiste des montres techniques, Icône de la vitesse et des distinctives de Mobiado, des surfaces parfaitement planes et des boutons Breitling for Bentley sort une sports automobiles, le célèbre circulaires. 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Disponible également à la Fnac des Champs-Élysées, chez Colette et sur rendez-vous au 100, avenue des Champs-Élysées. 123 beauté lui elle 5 gestes essentiels, 5 produits innovants pour nous assurer un teint satiné et naturel Texte Nadège Dubus Nos nouveaux rythmes de vie nous exposent au stress, à la pollution urbaine, à une mauvaise alimentation, à une surexposition aux UV, à la nicotine, etc. Tous ces excès ont un impact sur la qualité de notre peau. Idéalia Life Serum de Vichy a été mis au point pour corriger les dommages passés, amortir les dommages actuels et protéger la peau. Une association exclusive d’actifs, du LR2412 et du LHA, nous promet en utilisation quotidienne un grain de peau affiné, les pores resserrés, les marques de fatigue estompées et une peau plus lumineuse. Prix indicatif : 37,40 € Texte Nadège Dubus 2. Hydrater Une peau qui devient sèche, se fragilise, picote, tiraille et produit plus de sébum. Le teint perd de sa matité et devient terne. Le geste quotidien essentiel est de lui assurer une bonne hydratation. La crème Nutritic Intense Riche de La Roche-Posay apporte une réponse rapide aux peaux sèches. Sa texture unique est à la fois ferme et fondante, ultra-nourrissante, non grasse et délicieusement fraîche à l’application. Prix indicatif : 21 € 3. Unifier Adoptez le nouveau fond de teint fluide de Black Up. Avec sa nouvelle formule enrichie d’actifs sébo-régulateurs, il remplit parfaitement son rôle en unifiant et en matifiant tout au long de la journée. Avec sa texture fluide et sa couvrance moyenne, il ne fait pas l’effet masque et donne un résultat ultra-naturel. Vous trouverez obligatoirement votre tonalité puisqu’il se décline en 18 coloris ! Prix indicatif : 35,50 € Parce que ce geste quotidien est délicat, surtout pour les peaux noires et métissées, voici les étapes essentielles et une sélection de produits adaptés pour un rasage pas barbant ! 4. Camoufler Le stick correcteur Dermablend de Vichy est l’expert en camouflage des petites zones. Il gomme instantanément nos imperfections : cernes marqués, tâches, angiomes, vitiligo, cicatrices. Sa tenue extrême est garantie 14 heures, et sa couvrance optimale grâce à sa charge en pigments purs en fait notre meilleur allié pour peaufiner notre teint. Son format pocket est très pratique pour l’emporter partout. Prix indicatif : 14,95 € 1. Avant Il est très important de préparer sa peau avant d’attaquer le rasage. Il convient d’humidifier à l’eau tiède la barbe pour éviter une résistance du poil et prévenir l’irritation. Une étape à ne pas bâcler en frottant de longues minutes la peau avec un gant imprégné d’eau savonneuse. Le moment idéal pour se raser est le matin après la douche et de préférence avant le petit déjeuner (la mastication provoque en effet un afflux sanguin qui rend le rasage plus douloureux). 2. Pendant On appliquera selon sa technique un gel ou une mousse, à la main ou au blaireau, ce dernier étant l’allié idéal pour maintenir le taux d’humidité. Il faut toujours attaquer dans le sens du poil, puis à contrepoil. À chaque passage de lame, il faudra bien sûr appliquer son gel ou sa mousse, le rôle actif de ce produit étant de préserver la peau des échauffements, des tiraillements, des irritations et du dessèchement. 5. Illuminer Rien de tel qu’un bon blush pour souligner le saillant de nos pommettes et parfaire notre teint bonne mine. On craque pour la poudre bronzante Love Rihanna de M.A.C, issue de la nouvelle collaboration entre l’ensorcelante chanteuse barbadienne et la célèbre marque de cosmétiques. Dans un écrin blanc perle aux finitions rosé doré, cette poudre fait partie de la collection en édition limitée RiRi Holiday, disponible dès janvier 2014. Prix indicatif : 28 € 3. Après Rincer abondamment sa peau à l’eau froide, cette fois-ci, pour resserrer les pores et la tonifier. Bien la sécher en tamponnant, puis appliquer un soin après-rasage de façon à apaiser le feu du rasoir, restructurer les tissus agressés et prévenir les risques bactériens. Fluide après-rasage de CLARINSMEN, 75ml, 32,50 € Soin complet INTEGRALL, des Laboratoires Didier Rase, 100 ml, 220 € Baume après-rasage NUXE MEN, 50 ml, 20,50 € Gel de rasage MAUVAIS POIL de NICKEL, 125ml, 14,90 € Mousse à raser L’HOMME de ROGER&GALLET, 200ml, 10,50 € Mousse à raser VICHY HOMME ANTIIRRITATIONS, 200 ml, 6,90 € Photos D.R. Un teint parfait en 5/5 Sur le fil du rasoir 1. Réparer Photos D.R. 122 4. Prévenir Le gommage est préconisé une fois par semaine pour se débarrasser des peaux mortes et des impuretés qui empêchent les poils de pousser normalement. Face Scrub Exfoliant Visage de CLINIQUE, 100 ml, 26,50 € 124 automobile Mercedes Classe S Vitrine étoilée Le fleuron de Mercedes fait peau neuve. Toujours plus confortable, plus innovant et passionnant, ce bijou de l’automobile est désormais livré avec un pilote… automatique ! Texte Laurent Pinel Photos D.R. L a nouvelle Classe S se conduit les yeux fermés ! Mercedes innove en dévoilant sa première voiture à conduite autonome. En additionnant les informations récoltées par de multiples caméras et capteurs parsemés partout sur la voiture, le système « Intelligent Drive » se charge d’accélérer, de freiner et de tourner ! Jusqu’à 60 km/h, il peut choisir de suivre le véhicule précédent ou se baser sur les marquages au sol. Lorsqu’un véhicule ou un piéton passe soudainement devant elle, la Classe S alerte le conducteur par des signaux sonores et visuels pour l’inviter à freiner. Au besoin et si elle circule à moins de 50 km/h, elle peut procéder à un freinage d’urgence sans aucune intervention humaine pour éviter l’impact. Mais il faudra finalement attendre encore un peu pour vraiment la laisser conduire seule : la Classe S ne connaît ni les priorités ni les feux de signalisation, et lorsque le marquage au sol est effacé, elle file tout droit ! Côté suspension aussi, Mercedes innove, puisque la « S » est la première voiture à se servir de ses « yeux » pour parfaire son confort. Le système appelé « Magic Body Control » repose sur une caméra implantée derrière le pare-brise pour « lire » la route, l’analyser et étudier ses déformations (jusqu’à 15 mètres devant la voiture). L’amortissement pneumatique s’adapte en conséquence et leste ou déleste une ou plusieurs roues afin de gommer les trous ou les ralentisseurs et réduire les mouvements de la carrosserie. Cela ne fonctionne que de jour et jusqu’à 130 km/h. Très confortable sur route, la suspension devient « magique » en ville : les occupants ressentent à peine les dos d’âne et s’imaginent en balade sur un tapis volant. Sans oublier le système de vision de nuit, les multiples équipements de sécurité (dont les optionnels airbags de ceintures pour les places arrière) ou encore les très nombreuses options pour parfaire l’ambiance à bord et le confort des passagers installés. Du siège inclinable jusqu’à 43,5° au système audio Burmester à 24 haut-parleurs, en passant par le minibar, les écrans ou tablettes repliables, il y en a pour tous les goûts. Confort également pour ceux qui voyagent à l’avant, avec des accoudoirs chauffants, des sièges climatisés, un éclairage d’ambiance réglable à souhait, etc. D’abord conçue en vue d’un confort royal, la S 500 ne décevra pas son conducteur pour autant. Équipée d’un très moderne V8 essence biturbo de 455 ch, ses performances sont remarquables. On passe de 0 à 100 km/h en 4,8 secondes et la vitesse maximale est de 250 km/h. Son poids total d’environ 2 tonnes entraîne évidemment un manque de précision dans les courbes abordées à haute vitesse, mais la tenue de route demeure irréprochable. Au volant, tandis que s’offrent aux yeux deux écrans de taille généreuse qui font office de compteurs, ordinateur de bord et navigation GPS, la quiétude et le silence règnent. Proposée en version « courte » de 5,12 mètres de long ou en Limousine (5,25 m), la Classe S va bientôt apparaître en version « extra-longue » avec une séparation entre les places avant et arrière, pour voyager encore plus tranquillement ! • S 500 Limousine Executive (121 400 euros, tarif France). CO2 : 213 g/km, 35 CV Données constructeur CARACTÉRISTIQUES V8 essence, 4 663 cm3, 2 turbos 455 ch de 5 250 à 5 500 tr/min 700 Nm de 1 800 à 3 500 tr/min Propulsion Boîte de vitesses automatique à 7 rapports Longueur/largeur/hauteur : 5,25 m / 1,90 m / 1,49 m Volume du coffre : 530 litres PERFORMANCES Vitesse max : 250 km/h 0 à 100 km/h : 4,8 secondes CONSOMMATIONS Mixte : 9,1 l/100 km Urbaine : 12,8 l/100 km Extra-urbaine : 7,1 l/100 km Capacité du réservoir : 80 litres Équipements de série 6 airbags, antidérapage ESP, ABS, climatisation automatique à 3 zones, détecteur de somnolence, sellerie cuir, sièges avant et arrière électriques, phares à LED, navigation GPS, connectivité Bluetooth, double prise USB, Wi-Fi, caméra de recul, phares et essuie-glace automatiques, ordinateur de bord, suspension pneumatique, toit ouvrant panoramique, système audio Burmester CD/DVD/MP3 à 13 haut-parleurs… Options Airbags de ceintures arrière (1 450 €) Suspension « Magic Body Control » (5 100 €) Minibar à l’arrière (1 350 €) Vision de nuit (2 450 €) 126 forme west YO UR BO DY Soulagez S PAR SOLANGE DROUAL Photos Bill Akwa Betote votre dos tress, angoisse, courbatures, douleurs… Tous nos problèmes se concentrent au niveau de notre nuque et de notre dos. D’où l’intérêt, en quelques minutes quotidiennes, de penser à se détendre par les bienfaits des étirements. Ces mouvements simples et efficaces doivent être effectués 2 à 3 fois de suite, en insistant bien sur la ventilation (c’est-à-dire en inspirant profondément par le nez, en remplissant sa cage thoracique et en expirant lentement par la bouche en contractant son ventre). Restez 20 à 30 secondes sur chaque mouvement en vous relaxant une minute entre chaque série. Travaillez selon votre souplesse. Avec le temps et l’assiduité, vos muscles s’étireront et votre élasticité n’en sera que meilleure. Exercice 1. ! Extension de la colonne vertébrale : exercices debout a Debout, bras tendus à la hauteur de la tête. Doigts entrelacés, paumes de mains vers le haut. Épaules et nuque décontractées. Idéal pour le maintien du dos. Redresse la colonne vertébrale et évite les tassements de vertèbres. b Étirements du dos courbé et des lombaires. Debout, pieds parallèles, bras tendus à la hauteur des épaules, paumes de mains dirigées vers l’extérieur. Tête penchée vers l’avant, ventre contracté. Idéal pour étirer ses dorsaux et soulager le bas du dos. Exercice 2. Extension de la colonne vertébrale : exercices au sol position « à genoux » Agenouillé, écart entre les deux genoux de la largeur du bassin, bras tendus loin devant, paumes de mains au sol. Allez chercher jusqu’au bout des doigts des mains sur l’expiration. Tête dans le prolongement de la colonne vertébrale. Favorise une bonne détente musculaire. Mouvement anti-stress. Genoux-poitrine (pectoraux) Allongé sur le dos, ramenez les genoux au niveau des pectoraux en les entourant avec les bras. Insistez lentement sur l’expiration en ramenant les genoux à la poitrine. N’hésitez pas à fermer les yeux pendant la durée de la relaxation. Inspirez par le nez et expirez par la bouche, nuque et épaules décontractées. auto-étirements (pieds flex et pointes) a. Pieds flex Poussez par les talons, bras le long de la tête, allez chercher jusqu’au bout des doigts des mains en expirant lentement. B. Pieds pointes Poussez en même temps sur le bout des doigts de pieds et des mains. Idéal pour étirer la totalité du corps, surtout le matin (lors du réveil musculaire). relaxation Pieds au niveau des fessiers, bras le long du corps, légèrement écartés. Idéal pour déstresser, soulager son dos. Surtout, bien insister sur la ventilation, ne pas hésiter à fermer les yeux et à faire le vide. 129 santé Le baobab Son aspect PAR Félix Atchadé de chaque baobab, on trouve une société parallèle. Le baobab africain a en effet inspiré nombre d’écrivains et poètes, mais aussi de légendes et mythes populaires. On raconte que sa forme particulière résulte d’une punition divine. Le Créateur, exaspéré par l’impertinence de cet arbre, l’aurait empoigné à bras-le-corps et lui aurait enfoncé la tête dans la terre. Ainsi, la cime à l’envers, le baobab paraît plus révérencieux envers Dieu. Mais le baobab transparaît également au sein des institutions modernes : au Sénégal, son image figure sur les armoiries nationales. Du point de vue nutritionnel, toutes les parties de l’arbre sont utilisées. La feuille de baobab, riche en protéines et en sels minéraux (calcium, fer, potassium, magnésium, manganèse, phosphore et zinc), se consomme en bouillie. En poudre – nommée « lalo » au Sénégal –, on l’incorpore aux céréales ou aux sauces, notamment lors de la préparation du couscous de mil. Les fruits du baobab sont également comestibles. Leur goût acidulé plaît aussi bien aux humains qu’aux singes – d’où leur appellation de « pain de singe ». Riches en vitamines B1 et C3, ils L e baobab peut atteindre 20 à 25 mètres de haut, et son tronc peut mesurer jusqu’à 8 mètres de circonférence. Certains dépassent ces dimensions. Le baobab de Fissel, à l’est de Mbour au Sénégal, a un tronc qui mesure 22,09 mètres de circonférence. Il est doté d’une écorce lisse et spongieuse. Le baobab jeune ressemble à une bouteille élancée avec quelques rameaux plantés dans le bouchon. L’arbre adulte présente un tronc fort et trapu, très souvent creux, ses branches sont tortueuses, généralement étalées. L’écorce est lisse, grisâtre, parfois argentée ou bien encore rougeâtre ou violacée. Son système racinaire est fabuleux, s’étendant jusqu’à 150 mètres du pied et descendant souvent à 10 mètres de profondeur. Ses feuilles palmées en 5 à 7 folioles apparaissent d’une façon irrégulière un peu avant la saison des pluies et après ou à la fin de la floraison. L’arbre est donc feuillu de mai-juin à novembre et dénudé en saison sèche. Dans les zones fraîches ou dans des lieux régulièrement arrosés, certains arbres peuvent rester feuillus toute l’année. Les fleurs du baobab s’avèrent très spectaculaires : longuement pédonculées (jusqu’à 80 cm), pendantes et mesurant de 10 à 20 cm de longueur ! Le fruit, appelé « pain de singe », est une capsule oblongue ovoïdale à pulpe blanche, farineuse et susceptible de fermenter. La croissance de l’arbre est lente, mais sa durée de vie est longue – jusqu’à 2 000 ans ! Il est difficile de donner un âge aux baobabs par la méthode dendrochronologique, car ils ne produisent pas de cernes tous les ans du fait des sécheresses récurrentes qui touchent la savane africaine. contiennent deux fois plus de calcium que le lait. La pulpe des fruits frais ou séchés mêlée à de l’eau produit une boisson rafraîchissante appelée « bouye » ou « jus de bouye » en wolof. Les jeunes pousses et leurs racines sont consommées comme des asperges. Quant aux graines, elles sont très nourrissantes. Elles peuvent se consommer grillées ou remplacent le café. On en extrait également une huile alimentaire. Dans la pharmacopée africaine, les différentes parties de l’arbre sont prescrites pour leurs propriétés antidiarrhéiques, anti-inflammatoires, antirachitiques, fébrifuges, galactogènes, émollientes, etc. La toxicité des feuilles est inexistante par voie orale, mais à raison de 10 grammes par kilogramme, on peut tuer une souris par injection souscutanée. L’action antidiarrhéique est donnée par les glucides et les matières pectiques. La comparaison avec le mélange standard pour la réhydratation des nourrissons préconisé par l’OMS donne des résultats très semblables. En cas de diarrhée : mélanger, après avoir enlevé les graines, la pulpe du fruit séchée dans de l’eau ou du lait (10 grammes pour 100 ml) et boire au cours des repas. Les préparations à base de baobab sont ainsi recommandées contre le mal de dents, la mauvaise digestion, la conjonctivite, l’asthme, les hépatites, gingivites, abcès, stomatites, hémorragies, ou encore les diarrhées et dermatoses… • IStock.com / KarelGallas D e son nom scientifique Adansonia digitata, le baobab africain appartient à une famille qui compte huit espèces. Six sont limitées à Madagascar et une autre à l’Australie. À la dernière appartient un arbre majestueux répandu dans toute la zone sahélienne et que l’on retrouve également en Afrique australe. Son nom vient de l’arabe « bu hibab », ou fruit à nombreuses graines. Connu en Europe via l’Égypte, on retrouve ce mot pour la première fois dans un texte latin en 1592 (d’après le Larousse). Au Sénégal, il est appelé « gouye » en wolof, tandis que les Yoruba du Nigeria et du Bénin l’appellent « kuka ». Il est « sira » en bambara, « boki » en peul et « mbuyu » en swahili. Le baobab a toujours frappé l’imagination pour sa forme singulière et son aspect imposant. Il est considéré comme un arbre sacré dans de nombreuses cultures africaines. Chez les Marka du Burkina Faso, un baobab mort a droit à des funérailles… Au Sénégal, en Gambie et dans bien d’autres pays sahéliens, avant l’islamisation des sociétés, les grands griots reposaient à leur mort à l’intérieur des baobabs. Les cadavres s’y desséchaient et devenaient de véritables momies. Ainsi circule la légende selon laquelle à l’intérieur Le baobab malgache Yann Doelan / AFP 128 Sur les huit espèces de baobabs qui existent, six sont endémiques de Madagascar, comme le baobab nommé « bontóna » en malgache, l’une des richesses naturelles de l’île. Il est recommandé de passer par l’« allée des baobabs » ou « avenue des baobabs », une route de terre emblématique bordée de baobabs et reliant Morondava à Belon’i Tsiribihina, dans la région du Menabe. Parmi les six espèces endémiques de Madagascar, on trouve l’Adansonia rubrostipa, connue sous le nom vernaculaire de « fony », l’espèce la plus petite de l’île. Ce baobab propre aux forêts sèches de l’ouest de Madagascar ne mesure que 4 à 5 mètres. L’absence de certains prédateurs du continent a conduit les espèces malgaches à se différencier de leurs lointains cousins. Au centre du territoire, ce phénomène est accentué par l’existence de plateaux qui forment une barrière infranchissable entre les côtes est et ouest. Félix Atchadé est médecin de formation, spécialiste de santé publique et d’éthique médicale. Depuis une décennie, il travaille sur les politiques d’accès aux médicaments, d’équité et de justice sociale dans les systèmes de santé. 130 12 Personnalités de premier plan, 12 Créateurs de mode de grand renom et 6 grands photographes de mode, tous issus de cultures et d’horizons divers, pour un Exposition « Secrets d’ivoire, l’art des Lega d’Afrique centrale » Les pièces présentées proviennent principalement de la donation au Fowler Museum du collectionneur Jay T. Last qui, depuis les années 1960, s’est passionné pour l’art du peuple Lega, que l’on retrouve en Afrique centrale, dans la région orientale de la République démocratique du Congo : le Kivu. Last était présent pour l’ouverture de l’exposition le 12 novembre. « C’est au-delà de mes plus grands rêves », a-t-il confié à A+Mag. « Les gens ont la possibilité de voir les menus détails que ces objets contiennent. Connaissant le musée, je suis sûr qu’il y aura plus de visiteurs pour cette exposition que pour toutes celles que j’ai faites ces trois dernières décennies. » La finesse et l’incroyable créativité de l’art Lega ont très tôt été reconnues par les collectionneurs. Cela, 2014 au-delà du rôle que joue le Bwami dans la société. En effet, ce dernier étant très présent dans la vie quotidienne, les hommes et les femmes peuvent y adhérer et ensemble cheminer vers le Kindi. L’homme ne peut y accéder sans sa femme. L’initiation se fait de manière itérative, et dès le plus jeune âge les Lega sont appelés à être attentifs aux signes, aux proverbes et aux performances (chant, danse) réalisées lors des cérémonies initiatiques. On évolue dans cette société sans chef grâce à son intelligence et à sa manière d’interpréter les signes. Le grade de chaque membre est marqué par son apparat (coiffe, ceinture, collier en dents de léopard, etc.). Plus le grade est élevé, plus l’apparat fera référence au sexe opposé. Les hommes porteront des perruques et les femmes des coiffes aux formes phalliques. À travers les œuvres présentées, un univers s’offre à nous. Une société tournée vers l’entraide, où les Anciens sont reconnus pour la beauté de leur cœur. Beauté et bonté y vont de pair et cela se retrouve autant dans l’esthétique des objets usuels que dans les valeurs morales. L’exposition est d’autant plus touchante que la communauté Lega semble avoir disparu du Kivu, sous la chape d’incessants conflits dans l’est du Congo-Kinshasa. Reine Bassene en faveur de la lutte contre l’illettrisme Association Bridge The Gap 0033 (0)9 53 24 40 43 [email protected] Gautier Deblonde/Branly Museum Le musée du quai Branly accueille jusqu’au 26 janvier 2014 la prestigieuse exposition « Secrets d’ivoire », conçue par le Fowler Museum de l’Université de Californie et le Nelson-Atkins Museum of Arts de Kansas City. Sous le commissariat d’Elisabeth L. Cameron, 240 œuvres constituées d’objets rituels, de masques et de couvrechefs révèlent un peuple complexe, riche en valeurs et en lois, régies par une organisation appelée Bwami. CALENDRIER 133 re
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