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Katanga – la guerre du cuivre Crédits Documentaire, dès 16 ans Production : Les Films de la Passerelle / Les Films d’Ici / RTBF, Belgique/F/RDC 2010 Scénario et réalisation : Thierry Michel Caméra : Thierry Michel, Michel Téchy Montage : Marie Quinton Son : Jean-Luc Fichefet Musique : Marc Hérouet Langues : français (part. sous-titré), allemand (part. sous-titré) Durée : 90 minutes Matériel pédagogique : Peter Meier-Apolloni, octobre 2010 Traduction : Martine Besse Thèmes : Congo, richesses minières, matières premières, économie, corruption, droits humains, politique, développement, droit à l’alimentation, développement durable, mondialisation Contenu La province du Katanga à laquelle ce film doit son nom, est le théâtre d’un conflit mondial larvé : la lutte pour les matières premières. De gigantesques gisements de cuivre, de cobalt et d’uranium se trouvent dans cette région et ils attirent des investisseurs du monde entier. Des magnats congolais de l’industrie et, toujours plus, des nations industrielles en plein essor comme la Chine ou l’Inde, veulent s’emparer des immenses réserves de cuivre, sachant que c’est une affaire très lucrative. L’« Union minière du Haut Katanga » créée en 1906 a fait du Congo un fournisseur de matières premières important jusqu’à ce que la « Gécamines » (Générale des carrières et des mines) soit totalement ruinée en 1966 sous la dictature de Mobutu. L’Etat en faillite s’est retrouvé avec des quantités de chômeurs et ces personnes ont essayé par la suite de prospecter le sol à leurs frais pour trouver du cuivre. Les occupations illégales des terres étaient tolérées par l’Etat mais les gens risquaient leur vie dans les galeries improvisées. Beaucoup sont morts accidentellement. Après la chute de Mobutu, la Banque mondiale, les magnats congolais de l’industrie et les investisseurs venus de Chine et d’Inde ont flairé une nouvelle chance de pouvoir exploiter les gisements de minerai de manière très rentable. De nouvelles mines et de nouvelles fabriques ont été aménagées, les anciennes installations ont été rénovées et améliorées. Moïse Katumbi, le gouverneur de la province élu démocratiquement en 2006 a joué à cet égard un rôle essentiel. Décidé à ne plus tolérer cette situation intenable et les injustices sociales, il commencé de s’intéresser aux conditions de travail difficiles des mineurs sur place et à surveiller plus sévèrement les entreprises étrangères. Ses efforts de médiation ont toutefois été sans cesse torpillés par les combines, le contournement des taxes sur l’exportation et les grèves. Les responsables se promettaient un avenir très sûr en acceptant l’offre du groupe chinois Sicomine qui entendait investir des milliards dans de nouvelles mines et dans l’infrastructure de la province. Mais la crise financière leur a mis des bâtons dans les roues : de nombreuses entreprises ont dû fermer et une fois de plus, les mineurs se sont retrouvés sans travail. (Le contenu est présenté de manière plus détaillée dans le document à photocopier) Le film Disons-le d’emblée : ce film exige beaucoup de la part des spectateurs et spectatrices, d’une part en raison de sa durée, (nonante minutes) d’autre part et surtout en raison de la complexité du sujet et des différents protagonistes. Les personnes interrogées et le lieu changent constamment, permettant d’apporter des éclairages divers sur la thématique de l’extraction minière. Mais c’est précisément parce que ce film donne la parole à des personnes aussi différentes – du simple mineur à l’investisseur chinois en passant par le magnat congolais de l’industrie – qu’il nous apporte de nouveaux points de vue intéressants. Cela fait apparaître une fois de plus les dimensions et les répercussions colossales de la guerre des matières premières, laissant les spectateurs décontenancés. C’est pourquoi il est important d’essayer de comprendre la thématique de la matière première « cuivre », brûlante d’actualité, et d’établir aussi son lien avec nous les consommateurs et consommatrices. Les mines de cuivre du Congo sont lointaines mais les objets d’usage courant composés d’éléments en cuivre sont tout proches. D’un coup, les liens entre la politique du Congo, les affaires internationales, les conflits et les produits tels que téléphones portables, câbles électriques ou bijoux deviennent très présents. Malgré sa complexité, des élèves (à partir d’un certain âge) et des adultes peuvent accéder à ce film. La figure du Gouverneur Moïse Katumbi y contribue aussi, car elle permet une forte identification. Par l’intermédiaire de sa personne, nous suivons les rencontres de très près et pouvons nous replacer dans son rôle difficile de médiateur. Mais ce film ne se contente pas de soulever des questions, il indique aussi des amorces de solutions et des stratégies réalistes. Il est donc tout à fait possible d’utiliser ce film dans l’enseignement ou les cours. Pour permettre une réflexion approfondie, il est recommandé de prévoir suffisamment de temps, même si l’on opte finalement pour une simple discussion. En raison de sa thématique, le film Katanga concerne plusieurs disciplines différentes ; dans le cas idéal, une semaine thématique ou un cours de formation continue pourrait offrir une excellente opportunité. Informations générales Court portrait de la province du Katanga Le Katanga (de 1971 – 1997 Shaba) est, par sa taille, la seconde province de la République Démocratique du Congo ; son chef-lieu est Lubumbashi. Cette province se situe au sud-est du pays et a des frontières communes avec la Zambie, l’Angola et la Tanzanie, pays avec lesquels elle entretient d’actives relations commerciales. La langue nationale et le kiswahili. 8 millions de personnes vivent sur une superficie de 496'871 km2 (12 fois la Suisse) ; la densité de la population est donc faible (16 hab./km2 ; Suisse 189 hab.). 80 % de la population active travaillent dans les mines. Officiellement, on déclare que l’agriculture joue un rôle central mais face aux gisements colossaux de matières premières, elle perd continuellement de son importance. Le cuivre, le cobalt et l’uranium sont extraits en grandes quantités pour l’exportation. En 2006, dans le cadre d’élections démocratiques, Moïse Katumbi Chapwe (l’une des figures principales du film) a été élu à la fonction de Gouverneur. La province du Katanga a connu une histoire mouvementée et bénéficie de ce fait, au sein du Congo, d’un statut particulier : à la fin du 19e siècle, elle était administrée séparément de l’Etat indépendant du Congo belge et est devenue en 1910 une région autonome du Congo belge. En 1960, Moïse Tschombé a proclamé l’indépendance du Katanga. Peu de temps après, il a été mis fin à l’indépendance par des interventions militaires sous la pression de l’ONU. En 1966, la société Union Minière du Haut Katanga (Gécamines) a été étatisée. Dans les années septante, une partie du Katanga (alors nommé Shaba) a été occupée par les rebelles zaïrois et n’a été libérée que grâce à l’intervention étrangère des Etats-Unis, de la Belgique et de la France. Après la fin du régime de Mobutu Sese Seko, la province a retrouvé son ancien nom : Katanga. A partir de 2011, le Congo devrait être subdivisé en 25 provinces (11 auparavant) ; pour le Katanga, cela signifierait une nouvelle répartition en quatre provinces. Le cuivre – une matière première riche d’une longue histoire dans notre vie courante Des objets en cuivre sont connus depuis la fin de l’Âge de la pierre. Dans la Mésopotamie ancienne et en Egypte, le précieux minerai (nom issu du latin cuprum, métal de Chypre) servait surtout à fabriquer des bijoux, des outils et des armes, car c’est un métal très tendre, bien malléable et résistant. Grâce à ses excellentes qualités comme conducteur de chaleur et de courant, il est utilisé aujourd’hui de multiple manière et est devenu indispensable à la production des biens de consommation modernes ; par exemple pour la transmission de données, comme échangeur de chaleur, dans la réfrigération, dans la construction des machines, etc. On trouve ainsi du cuivre dans les câbles électriques, l’électronique grand public, les ordinateurs et les téléphones portables, les bijoux, les couverts, les instruments de commande, les bouilloires, les pièces de précision, les objets d’art, les instruments de musique, les canalisations ou dans la construction des machines pour la confection de parties en fonte, des anneaux d’étanchéité, tirants. Certains alliages de cuivre sont utilisés pour la fabrication de pièces de monnaie. Alors que nous considérons les avantages du cuivre dans notre vie quotidienne comme une chose allant de soi et n’avons même pas conscience de sa présence, cette richesse de matières premières est, pour le continent africain, plutôt une malédiction qu’un bienfait dans les conditions actuelles. Là où ces ressources sont exploitées, les conditions de vie de la population se dégradent généralement de manière nette et s’associent presque toujours à la violence, à des déplacements forcés et très rarement à la richesse, qu’il s’agisse du cuivre, du cobalt, du coltane ou de l’uranium. Les conflits armés qui ont déchiré la République Démocratique du Congo étaient principalement liés à l’extraction et au commerce des richesses minières. Comme la récupération est plus écologique que l’extraction, une utilisation précautionneuse des ressources et un recyclage professionnel des métaux nobles revêtent une extrême importance. Les événements les plus récents dans l’exploitation minière congolaise Selon les articles de presse de début septembre 2010, le gouvernement congolais a interdit toutes les activités minières et le commerce de minerais dans les trois provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de Maniema. Cette décision a été motivée, selon le président Joseph Kabila, par le fait que le commerce des minerais était contrôlé dans cette région par des groupes armés et que ces derniers finançaient leurs activités guerrières grâce aux profits qu’ils en tiraient. Cette interdiction s’applique aux mineurs, aux commerçants, aux exportateurs et aux concessionnaires. Mais cette décision détruit du même coup le secteur économique le plus important de la région. Comme l’agriculture est exsangue au terme de 15 ans de guerre et qu’aucune devise n’entre grâce au commerce des minerais, les gens de l’Est du Congo ne peuvent plus importer les biens nécessaires à leurs besoins quotidiens (denrées alimentaires et essence). Les provinces concernées perdent ainsi des impôts et des redevances de près de 24 millions de dollars par an. Des minerais d’une valeur d’environ 7 millions de dollars doivent être stockés et ne peuvent pas être exportés. Il ne reste que 200 mineurs sur les 5'000 qu’il y avait à Walikale. Ils ont pris la fuite ou ont rejoint un groupe armé (milices congolaises ou milices Hutu rwandaises). Ces milices occupent les mines qui ont fait l’objet de combats violents et se libèrent. Le gouvernement entend démilitariser cette zone, ce qui pourrait signifier un coup de pouce supplémentaire à l’extraction et au commerce illégaux de minerai. Le commerce international doit se poser une question de principe : peut-on continuer d’acheter des minerais provenant de ces régions ? Objectifs d’apprentissage Les participantes et les participants S’approprient des connaissances sur l’extraction du cuivre, sa transformation et son commerce Prennent conscience des difficultés gigantesques auxquels les gens sont confrontés en essayant d’avoir un revenu et de vivre dans un pays affaibli par la guerre et la corruption Prennent conscience des implications économiques et écologiques de l’exploitation minière à partir de l’exemple du cuivre S’interrogent sur le rôle de la Chine en tant que partenaire économique en Afrique Découvrent l’usage multiple du cuivre dans notre vie quotidienne et donc la responsabilité que nous portons envers les pays riches en matières premières Conçoivent des stratégies qui permettraient d’offrir des issues possibles à la situation économique difficile Aperçu des documents à photocopier et des fiches pratiques Fiche pratique 1 – Les acteurs du commerce du cuivre Fiche pratique 1 – Solutions Fiche pratique 2 – La Chine au Congo Fiche pratique 3 – Le cuivre dans nos biens de consommation Fiche pratique 4 – Stratégie pour une extraction minière durable Document à photocopier – Contenu détaillé du film Suggestions didactiques Remarque préliminaire Comme le film a une durée de 90 minutes, il est nécessaire de prévoir au minimum une double leçon pour la projection. Il est envisageable aussi de projeter « Katanga » en deux parties, en offrant la possibilité de poser des questions et de formuler des commentaires entre deux. Pour développer les thèmes du film, il faudrait prévoir au minimum 2 à 3 leçons. Les cours de formation continue ou les semaines thématiques constituent un cadre idéal pour des travaux approfondis. Au premier abord, la thématique du film semble avoir peu de rapport avec notre vie de tous les jours ; en y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il y a de nombreux liens très directs. Il est important d’offrir aux participantes et aux participants, outre l’acquisition de connaissances, l’opportunité de formuler des idées et des stratégies personnelles. Les démarches et les suggestions proposées ci-dessous sont modulables. Avant de voir le film « Congo » ou « Zaïre » sont des noms qui évoquent quelque chose pour la plupart d’entre nous, que ce soit en rapport avec la domination coloniale passée de la Belgique, avec la guerre ou, très certainement, avec l’ancien dictateur Mobutu. Réunir les connaissances existantes (Congo, Mobutu, cuivre, Chine) et les noter au tableau sous forme de mots-clés. En s’aidant d’une carte du pays, expliquer la situation géographique du Congo, de la province du Katanga et des Etats voisins. Demander si les participantes et les participants voient certains liens entre le sujet du film, le Congo et notre vie de tous les jours (par exemple la matière première cuivre dans les câbles de l’électronique grand public, le coltan dans les téléphones portables, l’or destiné aux bijoux, les capitaux en fuite placés dans les banques suisses par l’ancien régime de Mobutu, etc.). Consignes d’observation : selon le groupe, il peut être judicieux de demander aux participantes et aux participants de prendre des notes durant la projection du film, par exemple concernant les noms des principales personnes interrogées dans le film et ceux des entreprises ( fiche pratique 1). Regarder le film (2 x 45 min.) Etude du film (2-3 leçons de 45 min.) Premières réactions : exprimer spontanément ses réactions ; qu’est-ce qui a frappé, dérangé, choqué ? Qu’est-ce qui laisse indifférent ? Qu’est-ce qui touche ? Suggestion 1 Exploitation des richesses et industrie minière (45 min.) – comprendre Différents acteurs dans le commerce des matières premières (travail en groupe) Remplir par groupes de deux la fiche pratique 1 sur la base des observations durant la projection du film. Compléter individuellement en se référant à la solution. Discuter du rôle dans lequel on pourrait s’imaginer et expliquer pourquoi. La description très détaillée du contenu ( document à photocopier) peut être également utile ; combler les lacunes quant à la compréhension. Entre l’étatisation et la privatisation (plénière) Résumer la situation actuelle en se référant au film. Répertorier le « pour » et le « contre » en plénière et en faire la liste au tableau. Discussion en plénière. Problèmes et conséquences de l’industrie minière (plénière/discussion) Répertorier les principaux problèmes de l’industrie minière au Congo (par ex. dépendance à l’égard des investisseurs étrangers, situation politique instable, conflits armés dans les régions minières, conditions de travail intenables, bas salaires, nuisances environnementales, approvisionnement alimentaire peu sûr dans le pays, etc.). Discuter des répercussions de ces problèmes sur la population du Congo (par ex. tensions sociales, grèves, changements d’ordre culturel, etc.). Suggestion 2 Le rôle de la Chine (45 min.) – réflexion Les faits (travail individuel) Faire lire individuellement le texte concernant le rôle de la Chine au Congo ( fiche pratique 2). Poser des questions de compréhension. Stratégie (individuellement, en groupes) Faire répondre par écrit aux questions de la fiche pratique 2 sur le rôle de la Chine en Afrique. Mettre en commun les réponses par groupes de deux et en discuter brièvement. Questions (plénière) Reprendre brièvement en plénière les réponses discutées au sein des groupes de deux et les commenter. S’il reste du temps, chercher des informations complémentaires sur Internet ( Liens). Suggestion 3 Perspectives d’action pour un développement durable (45 min.) – élaborer Deux variantes sont à choix : A. Perspectives d’action pour les consommateurs/consommatrices ( Fiche pratique 3) Se demander dans quelle mesure nous nous sentons concernés par le thème des matières premières. Enumérer tous les domaines dans lesquels le cuivre est présent pour nous dans la vie courante (par ex. dans l’électronique grand public, les téléphones portables, les ordinateurs, les conduites, les appareils ménagers, etc.). Réfléchir à la fréquence d’utilisation de ces appareils, à leur prix, à leur durée de vie et à la façon dont nous les éliminons. Mettre en commun les informations réunies avec un autre participant ou les noter au tableau et en discuter en plénière. Poser quelques questions : notre comportement face à ces appareils est-il conforme au développement durable ? Prenons-nous en considération la raréfaction des matières premières ? Quelles incitations faudrait-il pour avoir une attitude plus responsable concernant les biens de consommation ? B. Stratégies pour une industrie minière conforme au développement durable ( Fiche pratique 4) A l’aide de la fiche pratique 4, s’informer des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) (effectuer évent. une recherche sur Internet). Par groupes de 4 ou 5, élaborer une stratégie possible en vue d’une industrie minière conforme au développement durable, dans la perspective du Gouverneur du Katanga. Il s’agit de prendre en compte des thèmes comme la durabilité, l’environnement, l’approvisionnement alimentaire, la sécurité sociale, le renaturation, etc.. Noter les mots clés sur la fiche pratique. Prendre également en considération le rôle des représentants du gouvernement, des organisations internationales, des conflits armés, de la sécurité du personnel, etc.. Les groupes transcrivent les résultats sur un tableau. Présenter les résultats en plénière dans le cadre d’une discussion finale. Comparer l’exigence des organisations d’entraide lors de la campagne œcuménique 2011 (www.oekumenischekampagne.ch/fr. Les éléments d’une stratégie durable pourraient être par exemple : limiter le volume des extractions, dirigisme de l’Etat, lutte contre la corruption, salaires minimums pour tous, justice sociale, modèle de collaboration fondé sur le partenariat, protection de l’environnement/renaturation, etc. Suggestions pour aller plus loin Histoire du Congo En s’intéressant aux différents chefs d’Etat, reconstituer le passé colonial du Congo (Lumumba, Mobutu, Kabila, etc.). Chercher des compléments d’information sur Internet. Examiner le rôle des puissances coloniales (par ex. la Belgique) hier et aujourd’hui. La fonction de Gouverneur dans la province du Katanga Dresser un court portrait du Gouverneur Moïse Katumbi. Quelle impression nous fait-il, quelles sont les qualités qui le caractérisent ? Etablir une liste d’adjectifs pour caractériser le gouverneur dans ses multiples facettes. Associer chaque adjectif à une situation du film. (Idéalement, on obtient le puzzle d’une personnalité habile et riche en facettes, capable de se glisser dans les rôles les plus différents en fonction des situations et des interlocuteurs.) Répertorier les principaux défis que doit relever un politicien dans la province du Katanga (par ex. l’économie, les investisseurs, les emplois, le gouvernement central, les conflits armés, les adversaires politiques – par ex. le sabotage de son avion -, la corruption, le lourd héritage de l’histoire, la pollution de l’environnement, la crise financière, la pauvreté …). Réfléchir à 3 questions que l’on souhaiterait poser au Gouverneur Katumbi. Une personne peut éventuellement endosser le rôle du gouverneur et essayer de répondre en son nom. Voyage photographique au Katanga Regarder des photos historiques et actuelles du Katanga et se faire une idée de cette province (www.inchi-yetu.be). En se référant au site Internet officiel de la province du Katanga, (www.katanga.cd ) essayer de se rendre compte dans quelle mesure il correspond (ou pas) à l’image transmise par le film. Investissements au Congo Si l’on devait placer des fonds ou les investir, comme placerait-on aujourd’hui, de la manière la plus sûr possible, 100 millions de dollars états-uniens au Congo. Se demander comment on procéderait, qui on contacterait, avec qui on négocierait et quelles contreparties/gains on attendrait en retour. Se demander à quelles conditions éthiques (aspects sociaux) et écologiques (exploitation des richesses minières selon des critères de durabilité) on associerait de tels investissements. Renaturation des anciens sites d’exploitation minière Chercher sur Internet (voir Liens) des exemples d’anciennes régions minières d’Europe qui ont été entièrement renaturées après l’exploitation des matières premières (exemple du Seenland près de Leipzig, bassin de la Ruhr, etc.). Chercher à proximité de chez nous de quelle manière des mines de petite taille ou des carrières sont exploitées en Suisse et, le cas échéant, renaturées. Campagne des oeuvres d’entraide suisse PPP et Action de carême S’informer sur Internet de la Campagne œcuménique 2011 de Pain pour le prochain et d’Action de carême (www.oekumenischekampagne.ch/fr). Discuter des objectifs de la campagne et des chances qu’ils puissent se réaliser si l’on prend en compte les problèmes actuels du Congo. Adresses Internet www.katanga.cd site Internet officiel de la province du Katanga (fr.) www.katanga-lefilm.com site Internet du film, avec interview, making of du film, dossier pédagogique etc. www.cuivre.org Centre d'information du cuivre www.inchi-yetu.be photos historiques et actuelles de la province du Katanga www.kilogold.net/de/community/DRC-mining.cfm gisements de matières premières au Congo www.youtube.com/watch?v=QU81AsEPB-o Vidéo sur les activités de Moïse Katumbi depuis 2007 www.oekumenischekampagne.ch/fr Campagne 2011 de Pain pour le prochain et Action de carême au sujet «Industrie extractive: bénédiction pour certains, mais malédiction pour la plupart» www.pole-institute.org/documents/regards15_fran%E7ais.pdf rapport «Les ressources minées : La faillite de la politique minière de la RDC. www.congonline.com informations sur la RDC (le site héberge d'autres sites indépendants) Adresses/commandes Service « Films pour un seul monde » Monbijoustrasse 31, Case postale 8366, 3001 Berne Tél. +41 31 398 20 88, Fax +41 31 398 20 87 www.filmeeinewelt.ch, [email protected] Fondation Education et Développement Avenue de Cour 1, 1007 Lausanne Tél. 021 612 00 81 / Fax 021 612 00 82 www.globaleducation.ch / [email protected] Fiche pratique 1 – Les acteurs du commerce du cuivre Complète la liste suivante ; les noms des personnes et des entreprises suivent leur ordre d’apparition dans le film. Dans la dernière colonne, différentes réponses sont possibles : Les différentes personnes entreprise, organisation Fonction origine pays Traits particuliers (caractère, finances…) …………….. Boss Mining …………….. …………….. …………….. Laurent Decaillon …………….. …………….. …………….. …………….. George Forrest …………….. …………….. …………….. …………….. …………….. Gécamines …………….. …………….. …………….. Paul Fortin …………….. …………….. …………….. …………….. Moïse Katumbi Chapwe …………….. …………….. …………….. …………….. René Nollevaux …………….. …………….. …………….. …………….. Prof. Gorus …………….. …………….. …………….. …………….. Mineur mine de Kauama …………….. …………….. …………….. Rudy Cornet …………….. …………….. …………….. …………….. Monsieur Min …………….. …………….. …………….. …………….. Solutions de la fiche pratique 1 – Les acteurs du commerce du cuivre Les noms des personnes et des entreprises sont énumérés selon leur ordre d’apparition dans le film. Dans la dernière colonne, différentes réponses sont possibles : Les différentes personnes entreprise, organisation fonction origine pays Traits particuliers (caractère, finances) DR Kongo 1,3 t de cuivre par mois ……………….. 1 milliard de $ de chiffre d’affaires/ an ……………….. grand magnat de l’industrie ……………….. - Boss Mining ……………….. ……………….. entreprise d’extraction minière ……………….. Laurent Decaillon ……………….. Boss Mining Chef DR Kongo …………......... KCC Kamoto Copper Company ……………….. ……………….. président du conseil d’administrati on ……………….. ancienne entreprise de l’Etat ……………….. directeur général ……………….. ……………….. RD Congo George Forrest ……………….. - Gécamines ……………….. ……………….. Paul Fortin Gécamines ……………….. ……………….. Moïse Katumbi ……………….. René Nollevaux ……………….. Province du Katanga ……………….. Kamoto Operating Limited ……………….. Prof. Gorus ……………….. Université ……………….. Mineur Mine de Kauama ……………….. Mines Kamoto- KCC ……………….. Sicomine ……………….. Rudy Cornet ……………….. Monsieur Min ……………….. ……………….. RD Congo ……………….. Canada ……………….. Gouverneur RD Congo ……………….. directeur général ……………….. ……………….. conseiller du Gouverneur ……………….. porte-parole des mineurs ……………….. ……………….. chef de la sécurité ……………….. Chef du groupe d’entreprises …………….. RD Congo RD Congo ……………….. RD Congo ……………….. RD Congo ……………….. RP Chine ruiné ……….. placé par la Banque mondiale ……………….. engagé novateur cohérent ……………….. entrepreneur de la première heure …………….. spécialiste de l’industrie minière ……………….. déterminé convaincant ……………….. peu locace ………………. Dur négociateur Fiche pratique 2 – La Chine au Congo La Chine au Congo Le Congo est, pour la Chine, le commerce le plus important sur le continent africain. En 2007, des représentants du gouvernement congolais et d’un groupe industriel chinois ont signé un « Memorandum of Understanding ». Grâce aux profits de ce joint venture, la Chine entend d’abord couvrir les frais d’investissements pour les mines. Dans un second temps, les gains iront pour deux tiers à la Chine, pour un tiers au Congo. En contrepartie, la Chine est disposée à investir jusqu’à trois milliards de dollars dans les infrastructures du pays (construction de routes, chemins de fer, hôpitaux, écoles, etc.). Les Chinois peuvent en contrepartie extraire dix millions de tonnes de cuivre et 200 000 tonnes de cobalt. L’accord a été signé pour une durée de 30 ans et assure aux Chinois une exemption totale des taxes fiscales et douanières. Les deux parties sont libres de choisir leurs fournisseurs et leur main-d’œuvre. Les investissements au niveau des infrastructures sont estimés au total à 6,565 milliards de dollars. La Chine ne prend en charge que 3 milliards, si bien que le Congo est forcé de réunir le montant restant sous forme de crédits. Cette stratégie est critiquée par le Fonds monétaire international (FMI), car le Congo ne peut pas s’endetter à nouveau en demandant simultanément une remise de dettes. Si la Chine s’engage de manière aussi importante en Afrique, au Congo tout particulièrement, ce n’est pas par hasard. Les immenses réserves de matières premières qui devraient suffire pour 40 ou 50 ans sont une raison suffisante pour concevoir des stratégies appropriées. Dans le cadre de son essor économique et politique, la Chine pense à relativement long terme et essaie d’étendre sa suprématie en Afrique. Rien que dans la province du Katanga, 300 entreprises chinoises travaillent dans l’extraction minière. 80 pour cent des investissements privés de ces dernières années sont issus de l’Empire du Milieu. La Chine renonce toutefois délibérément à toute influence ou condition d’ordre politique. Il est néanmoins légitime de se demander ce que cela signifie vraiment et si la Chine n’est pas en train de devenir en réalité une nouvelle puissance coloniale sur le continent africain. Pour un journaliste congolais, il est prématuré de répondre à cette question : « Les Chinois n’ont pas la même attitude que les Occidentaux. Ce qu’ils cherchent, c’est une situation « gagnant-gagnant ». Ils ne nous amènent pas la guerre. Et pour la première fois dans l’histoire de l’Afrique, nous avons le choix entre deux civilisations, entre deux puissances. Nous pouvons choisir avec qui nous souhaitons collaborer. Avec les Américains, avec les Européens, avec les Chinois. Avant, nous n’avions pas le choix. Tout nous était imposé. » (extrait du journal en ligne congolais « Le Potentiel ») Une chose est claire, la Chine suit au Congo une stratégie bien précise ; étant le plus grand partenaire commercial derrière les Etats-Unis et la France, la Chine exporte des textiles bon marché, des biens d’armement, des voitures et du riz en se créant ainsi de nouveaux débouchés ; du même coup, elle a accès à des matières premières de valeur à des prix imbattables. Dans un pays marqué par la guerre et la corruption comme le Congo, un pays sans infrastructures intactes, dont la production vivrière est réduite, la Chine est la bienvenue et passe en Afrique pour le partenaire commercial favori. Lis attentivement ce texte après avoir vu le film puis réponds brièvement aux 3 questions ci-dessous : A Que penses-tu du « Memorandum of Understanding » dont il est question plus haut ? ……………………………………………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………………………. B Que gagne la RD du Congo dans ce commerce, respectivement quel est son investissement et comment en profite le groupe industriel chinois, autrement dit la Chine ? …………………………………………………………………………………………………………….. …………………………………………………………………………………………………………….. C Quelle est la stratégie de la Chine en tant que partenaire commercial et qu’en penses-tu ? …………………………………………………………………………………………………………….. …………………………………………………………………………………………………………….. Fiche pratique 3 – Le cuivre dans nos biens de consommation L’exemple du téléphone portable On estime en Suisse à près de huit millions le nombre des téléphones portables qui ne sont plus utilisés. Le taux de recyclage de ces appareils se situe, d’après les estimations du « Beobachter » à 15 pour cent seulement. Seule une petite partie des téléphones portables sont jetés ; 40 pour cent sont revendus ou donnés et près de la moitié repose dans les tiroirs des consommateurs et consommatrices. 2,8 millions de téléphones portables sont vendus chaque année. Ces téléphones portables contiennent des matières premières de valeur ; pour être précis, on dénombre plus de vingt métaux comme le cuivre, le coltan, l’or (extrait entre autres au Congo) ainsi que l’indium que l’on connaît moins (pour le verre de l’écran). Les quantités disponibles de ce dernier se raréfient lentement, on en extrait chaque année moins que ce qu’il faudrait pour la production des téléphones portables. Le recyclages de ces composants serait donc indispensable. De la mine au téléphone portable prêt à la vente, la matière première « cuivre » parcourt près de 30 000 kilomètres. C’est la distance effectuée depuis l’extraction dans les grands gisements du monde (Chili, Etats-Unis, Russie, Afrique, Canada ou Pérou), en passant par la fabrication des composants (Chine), la fabrication des produits semi-finis (boîtier) dans les pays à bas salaire (Chine, Inde, Philippines, Malaisie, Mexique, etc.), jusqu’au montage final en Roumanie, Hongrie ou Turquie. Le produit fini arrive alors en Suisse entre les mains du consommateur qui l’utilise en moyenne 18 mois. Essaie de répondre brièvement aux questions suivantes : Te sens-tu concerné-e par la question des matières premières ? ............................................................................................................................................. .......................................................................................................................... Recense tous les objets de ta vie courante dans lesquels il y a du cuivre (par ex. électronique grand public, téléphones portables, ordinateurs, conduites, appareils ménagers, etc.) ……………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………...………………………… ………………………………………………………………………. Demande-toi quelle est ta fréquence d’utilisation de ton téléphone portable, combien tu as payé pour cela, combien de temps tu utilises cet appareil et comment tu t’en débarrasses. …………………………………………………………………………………………………...… ………………………………………………………………………………………………...…… ……………………………………………………………………………………………... Note les possibilités que tu envisages pour que le bilan des matières premières soit plus en accord avec le développement durable, de manière à apporter une contribution aux Objectifs du Millénaire pour le Développement* de l’ONU.(*Fiche pratique 4) …………………………………………………………………………………………………...… ………………………………………………………………………………………………...…… ……………………………………………………………………………………………...……… …………………………………………………………………………………………... Fiche pratique 4 – Stratégie pour une extraction minière durable Objectifs du Millénaire pour le Développement et buts détaillés (cibles) Le 8 septembre 2000, les 189 Etats membres des Nations Unies ont adopté, dans la « Déclaration du Millénaire », un catalogue de huit objectifs fondamentaux contraignants assortis de dix-huit buts détaillés (cibles). Ce sont les « Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) » (Millennium Development Goals, MDGs). Leur idée essentielle est l’élimination de la pauvreté et de la faim d’ici 2015. (La liste complète des OMD et des buts détaillés est disponible sur le site http://alliancesud.ch/de/dokumentation/e-dossiers/mdg) Objectif 1 – Eliminer l’extrême pauvreté et la faim Cible 1 : entre 1990 et 2015, réduire de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar états-unien par jour Cible 2 : entre 1990 et 2015, réduire de moitié la proportion de la population souffrant de la faim Objectif 7 – Assurer la durabilité des ressources environnementales Cible 9 : intégrer les principes du développement durable dans les politiques et les programmes nationaux et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources naturelles Objectif 8 – Mettre en place un partenariat mondial pour le développement Cible 12 : poursuivre la mise en place d’un système commercial et financier multilatéral ouvert, fondé sur des règles, prévisible et non discriminatoire (ceci comprend l’obligation d’une bonne gouvernance et d’une bonne gestion de l’administration, le développement et la réduction de la pauvreté à l’échelon national et international) Cible 15 : traiter globalement le problème de la dette des pays en développement par des mesures d’ordre national et international propres à rendre leur endettement viable à long terme Cible 16 : en collaboration avec les pays en développement, concevoir et mettre en place des stratégies pour créer des emplois dignes et productifs pour les jeunes Les critères suivants doivent être pris en compte dans l’application d’une stratégie de caractère durable : Les nuisances dues aux polluants ne doivent pas dépasser la capacité de nettoyage de l’air, de l’eau et du sol. Le taux d’exploitation des énergies renouvelables ne doit pas dépasser leur capacité à se régénérer. Les matières premières non renouvelables doivent être utilisées dans la mesure où l’on accroît aussi l’efficacité technique des processus de transformation. Pour les matières premières comme le cuivre, il s’agit de prévoir des réserves pour développer des technologies faisant intervenir des matières premières renouvelables (énergie durable). Stratégies pour une exploitation minière durable (par groupes de 4 ou 5) Lisez attentivement le texte sur les OMD et le développement durable. Imaginez que vous êtes à la place du Gouverneur du Katanga et concevez dans votre groupe une stratégie possible pour que l’exploitation minière au Katanga soit durable. Veillez à prendre en compte des aspects tels que durabilité, environnement, approvisionnement alimentaire, sécurité sociale, renaturation, etc.. Il n’est pas interdit d’utiliser son imagination ! Prenez également en compte le rôle des représentants du gouvernement, des organisations internationales, les conflits armés, la sécurité du personnel, etc. Notez succinctement vos résultats puis transcrivez-les au tableau. …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………….......... …………………………………………………………………………………………………... Document à photocopier – Contenu détaillé du film Katanga – la guerre du cuivre A l’échelle de la planète, la guerre des matières premières s’est en nouveau embrasée dans le contexte de la crise financière. La République Démocratique du Congo – précisément la province du Katanga – est le théâtre d’événements récents. Des gisements colossaux de cuivre, de cobalt et d’uranium se trouvent dans cette région et attirent des investisseurs du monde entier. Selon les experts, les réserves de cuivre suffiront pour ces 40 à 50 prochaines années ; ils se caractérisent par un grand degré de pureté. C’est en prenant connaissance des chiffres cités par les responsables de l’entreprise Kamoto Operating Limited que l’on mesure le véritable enjeu de ces conflits : selon l’un des magnats de l’industrie les plus importants, George Forrest, les investissements les plus substantiels jamais réalisés au Congo devraient créer 12 000 emplois, entreprises de fournisseurs comprises et offrir ainsi des bases de subsistance pour 240 000 personnes, la quantité de minerai extraite dépassant 500 000 tonnes par an. Au début du 20e siècle, les minerais ont fait de la Belgique, alors puissance coloniale, la quatrième puissance économique du monde. C’est l’Union minière du Haut Katanga fondée en 1906 qui organisait l’exploitation des richesses minières ; sous le nouveau dirigeant du pays, Mobutu Sese Seko, cette dernière a été étatisée en 1966, six ans après l’indépendance, et rebaptisée « Gécamines ». Mais Mobutu et son clan ont soustrait ses gains à la société pour effectuer des investissements luxueux et placer des fonds à l’étranger. En 1987, la Gécamines s’est trouvée ruinée. Sous le nouveau régime, la Banque mondiale a placé le Canadien Paul Fortin au poste de directeur général. Ce dernier a essayé de redonner vie aux installations. L’Etat en faillite s’est retrouvé avec une quantité de chômeurs qui on tenté, à leurs risques et périls, de continuer d’exploiter le cuivre. L’Etat tolérait les occupations illégales des terres mais le travail dans les galeries improvisées était dangereux. Beaucoup de mineurs sont morts. L’homme d’affaires Moïse Katumbi élu démocratiquement en 2006 à la fonction de gouverneur du Katanga entend ne plus tolérer ces conditions intenables. En s’investissant imperturbablement pour les réformes sociales et la garantie des emplois, il gagne la confiance des mineurs. En s’entretenant avec eux, il se fait une idée de la difficulté de leurs conditions de travail. Les nombreux chômeurs – en partie des anciens employés de la Gécamines – sont contraints d’essayer de survivre en extrayant illégalement le cuivre. Dans des galeries provisoires, ils extraient du cobalt et du cuivre en exposant leur vie ; ils le transportent ensuite à pied ou à vélo vers des comptoirs illégaux où des Chinois leur achètent le minerai à des prix ridicules, le fondent et le vendent dans le monde entier. Lors de ses déplacements, le Gouverneur contrôle régulièrement les entreprises chinoises, les menace de fermeture, lorsque les normes minimales en matière de vêtements de travail, de sécurité et de salaire ne sont pas respectées. Il veille aussi à ce que les minerais soient déclarés correctement pour l’exportation et que les taxes douanières soient prélevées. Car les pertes de l’Etat en raison de marchandises insuffisamment déclarées sont estimées à 20 millions de dollars états-uniens. Il essaie ainsi de mettre fin à 30 ans de corruption et de « combines ». Il est effrayant de constater que pour ainsi dire toute la province (98%) est couverte de licences d’extraction minière et qu’il ne reste plus guère de place pour l’agriculture et la production vivrière. Il n’est pas rare que les responsables de la province découvrent des mines illégales. Mais ce ne sont pas toujours les grandes entreprises et les investisseurs qui sont impliqués ; souvent aussi, des fonctionnaires et des petits commerçants se sont assurés des droits d’exploitation pour obtenir rapidement des gains. L’Etat se retrouve les mains vides. Les travailleurs craignent pour leurs emplois et les discussions avec les responsables des entreprises dégénèrent souvent en rébellions violentes. Malgré ces conflits de travail, de nouveaux investisseurs canadiens ou anglais se rendent continuellement sur place et sont impressionnés par les efforts déployés par les nouvelles entreprises de production du Congo. Mais l’investisseur principal est le groupe chinois Sicomine, représenté par son chef, Monsieur Min. La Chine entend investir à grande échelle dans les installations minières (finances, matériel, main-d’œuvre) ainsi que dans les infrastructures de la province (routes, chemins de fer, écoles, hôpitaux, centrales, etc.) à hauteur de 15 à 17 milliards de dollars. En contrepartie, la Chine a le droit d’extraire le minerai et de l’exporter ; après l’effacement des dettes, elle pourra s’octroyer une part de gain de 68%, celle du Congo s’élevant à 32%. L’intention est de contribuer à la construction du pays sans intervenir au niveau politique. Les Chinois se considèrent donc comme des partenaires et non pas comme de nouveaux maîtres coloniaux. La crise financière éclate au milieu des efforts déployés pour créer des emplois et trouver des investisseurs ; le prix du cuivre chute de 60 pour cent, les actions perdent de 80 à 97 pour cent de leur valeur, plusieurs entreprises ferment et les mineurs se retrouvent une fois de plus sans travail. Monsieur Min revoit ses investissement à la baisse, Forrest échoue avec sa Kamoto, Fortin démissionne, la Boss Mining continue de se développer. Moïse Katumbi reste Gouverneur et garde la confiance de ses compatriotes. Mais combien de temps encore ? Que fera la province du Katanga dans 50 ans, quand les minerais seront épuisés, que les forêts auront disparu et que la terre sera détruite ? Qui seront alors les gagnants ? Qui seront les perdants ?
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