dossier de presse - Passy, Pays du Mont

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dossier de presse - Passy, Pays du Mont
DOSSIER DE PRESSE
Communiqué de presse
3
Maurice Novarina (1907-2002) architecte et urbaniste
> Portrait
> Principales réalisations
4
6
Plan de l’exposition
> Les thèmes
> Les cubes
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Dates et Lieux des expositions
13
Autour de l’exposition
> Le journal de l’exposition
> Médiation et agenda
14
15
Visuels disponibles pour la presse
16
Dossier de presse téléchargeable sur le site :
www.caue74.fr
CAUE de la Haute-Savoie
(Conseil d’Architecture, de l’Urbanisme et de l’Environnement)
6 rue des Alouettes bp 339 - 74 008 Annecy cedex
tél 04 50 88 21 10 - fax 04 50 57 10 62 - [email protected]
Contacts presse
Carine Bonnot > 04 50 88 21 10 - [email protected]
Villa Escoubès, Neuvecelle, Haute-Savoie, 1960 © Agence M. Novarina-Thonon
page
Arnaud Dutheil, Directeur > [email protected]
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COMMUNIQUE DE PRESSE
Exposition « Maurice Novarina, un architecte dans son siècle »
A l’occasion du centenaire de la naissance de l’architecte,
l’exposition « Maurice Novarina, un architecte dans son
siècle » retrace l’histoire de sa carrière, riche et complexe,
étendue et diversifiée. Maurice Novarina est connu pour
l’église d’Assy, de Vongy ou de Saint-Gervais, mais peu
reconnu pour ses projets réalisés au-delà des frontières
régionales.
Des édifices religieux aux logements des grands ensembles, des équipements sportifs aux ouvrages d’art, la liste
des réalisations de Maurice Novarina est longue et témoigne d’un ample réseau de commanditaires, d’entrepreneurs et d’artistes qualifiés avec qui il travaille régulièrement.
L’exposition est proposée
par la Ville de Thonon-les-Bains,
conçue par le CAUE, Conseil
d’Architecture, d’Urbanisme et de
l’Environnement de la Haute-Savoie
et LE188 (graphisme et conception).
Exposition du 17 novembre 2007
au 02 mars 2008
Exposition
Maurice
Novarina, un architecte
Ouverture du «
mardi
au vendredi
dans son siècle. »
de 14 h à 19 h
Textes
et coordination
et le samedi
de 14 h à 18 h,
Carine Bonnot et Camille Critin
Ouverture exceptionnelle
Crédits
photographiques
aux mêmes
horaires
Archives
de
l’agence Maurice
du 26 au 29 décembre
2007 Novarina à Thonon-lesBains, Pierre Vallet, CAUE de la Haute-Savoie, Fond du
et du 2 aude5 la
janvier
2008, Archives Nationales de Paris.
Couvent
Tourette,
Fermé les jours fériés.
Conception graphique et scénographie
Le 188, Conseil, Communication visuelle – www.le188.com
Comité de pilotage
Espace Maurice
Arnaud
Dutheil Novarina
t(CAUE de la Haute-Savoie), Nathalie
Renaud,
Plagnat, Elisabeth Mathieu,
4 bis,
avenue Emmanuel
d’Evian
Dominique
Thabuis
(Ville
74200 Thonon les Bains de Thonon-les-Bains), Marie-Claude Rayssac (Archives Municipales d’Annecy),
Bruno Vayssière (Fondation Braillard Genève), Gilles
Novarina (Institut d’Urbanisme de Grenoble).
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© le cent quatre vingt huit - conseil, communication visuelle - www.le188.com
Homme discret et modeste, l’architecte n’avait jamais
été présenté au grand public à travers la totalité de son
œuvre. Porté par une conscience du savoir-faire et de la
rigueur, son travail illustre non seulement l’histoire de l’architecture du XXe siècle mais aussi celle de la pratique du
métier d’architecte. Maurice Novarina n’est pas un théoricien, mais un constructeur brillant, un dessinateur, un
technicien, un artiste aux intentions humanistes.
L’exposition rétrospective sur l’œuvre de Maurice Novarina
est une initiative de la ville de Thonon-les-Bains, marquée
par le travail de l’architecte. La famille Novarina, et Bruno
Vayssière, spécialiste de l’architecture d’après-guerre ont
alors exprimé leur envie de se réunir autour de ce projet.
Le CAUE de la Haute-Savoie, en collaboration avec l’Institut d’Urbanisme de Grenoble a été chargé de la coordination du projet, associant l’approche locale à une problématique architecturale territoriale.
Le projet a reçu le soutien des Villes de Thonon-les-Bains,
d’Evian-les-Bains, d’Annecy et de Grenoble, puis des collectivités départementale et régionale. Le sujet est fédérateur et place ainsi l’évènement dans un cadre plus large
de valorisation culturelle concernant les grandes figures
du XXe siècle qui ont construit en région Rhône-Alpes.
3
MAURICE NOVARINA (1907-2002) ARCHITECTE URBANISTE
Portrait
Né en 1907 à Thonon-les-Bains en Haute-Savoie, Maurice
Novarina exerce en tant qu’architecte et urbaniste entre
1933 et 2000.
Ancien élève de l’Ecole Nationale Supérieure des Beauxarts et ingénieur de l’Ecole Supérieure des Travaux Publics, il débute sa carrière en 1933, avec la construction de
la petite église de Vongy en Haute-Savoie. La commande
religieuse constitue un fil rouge tout au long de sa vie, ce
qui le conduira à travailler avec le Père Couturier, figure
emblématique du renouvellement de l’art sacré après la
seconde guerre mondiale en France, ainsi que de nombreux artistes modernes comme Fernand Léger, Georges
Rouault, Jean Bazaine, Alfred Manessier, Pierre Sabatier...
A partir de 1948, il travaille pour le MRU (Ministère de
la Reconstruction et de l’Urbanisme) et devient ainsi un
acteur de la Reconstruction en France, notamment à Annecy, en Haute-Savoie et à Pont-Audemer, dans le département de l’Eure.
Dans les années 60, il est chargé de plusieurs opérations
de ZUP, en tant qu’architecte en chef, à l’heure des doctrines urbaines modernes influencées par les CIAM (Congrès
Internationaux d’Architecture Moderne). Les projets d’urbanisme concernent les villes d’Annecy, Besançon, Dôle,
Argentan, Alençon, Saint-Quentin-en-Yvelines, Villefranche-sur-Saône, Grenoble, Lyon ...
Dans le même temps, les équipements culturels et sportifs se développent, Maurice Novarina conçoit d’importants bâtiments publics tels que la maison de la culture
de Thonon-les-Bains ; les maisons des jeunes de Novel et
Annemasse ; les plages et centre nautiques d’Evian-lesBains, Thonon-les-Bains et Divonne-les-Bains ; le palais
des sports de Megève.
En 1965, la ville de Grenoble lui confie la réalisation des
ensembles urbains du Village Olympique et du quartier
Malherbe, ainsi que son hôtel de ville.
En 1973, il remporte le concours du palais de Justice d’Annecy et en 1981, inaugure le centre culturel Bonlieu dans
cette même ville.
Maurice Novarina © Agence M. Novarina-Thonon
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Il faut ajouter à ces réalisations des immeubles résidentiels, des maisons particulières, des hôtels, des hôpitaux,
des bâtiments scolaires et universitaires ainsi que des
commandes à l’étranger dont le centre de télévision à
Riyadh en Arabie Saoudite.
Les projets de l’architecte sont localisés pour le plus grand
nombre dans l’Est de la France (Haute-Savoie, Savoie,
Doubs, Jura, Isère) et en région parisienne, son agence
s’étant développée d’abord à Thonon-les-Bains puis à partir des années 60 à Paris. Tout au long de sa carrière,
l’architecte a concilié ses travaux à l’échelle locale et nationale, menant en parallèle deux équipes de travail.
Maurice Novarina a été également professeur à l’Ecole
Spéciale d’Architecture jusqu’en 1968 et à l’Ecole des
Beaux-arts de Paris de 1968 à 1976 au sein de l’atelier
Marot. Il est également membre de l’Institut de France.
Sa carrière s’arrête officiellement en 1995.
Il décède en 2002, en Haute-Savoie, laissant derrière lui
quelque 300 projets dont plus de 30 000 logements.
La continuité et la longévité de sa carrière étonne, car peu
d’architectes de sa génération ont construit autant. Il se
dégage de son travail un savoir-faire et une rigueur dans
la mise en œuvre des bâtiments, constamment nourris
de rencontres et de collaborations avec des personnalités
intéressantes (artistes, ingénieurs, artisans...).
Homme de terrain attaché à sa région natale, il développe un régionalisme sobre quant à l’emploi des matériaux
comme la pierre et le bois, toujours liés et enrichis par
l’utilisation du béton, matière moderne aux performances
structurelles et formelles remarquables.
Village Olympique, Grenoble, Isère, 1968 © Pierre Vallet
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5
Principales réalisations
1933-35 > Église Notre-Dame du Léman à Vongy,
Thonon-les-bains (Haute-Savoie)
1936-39 > Église Notre-Dame des Alpes à Saint-Gervais
Le Fayet (Haute-Savoie)
1937-46 > Église Notre-Dame de Toute Grâce au plateau
d’Assy à Passy (Haute-Savoie)
1938-41 > Eglise Notre-Dame de Toute Prudence au col
de l’Iseran à Bonneval sur Arc (Savoie)
1949-51 > Collège de Jeunes Filles à Evreux (Eure)
1949-52 > Eglise du Sacré Cœur à Audincourt (Doubs)
1950 > Village aérium des enfants de France à Burdignin
(Haute-Savoie)
1950-56 > Théâtre l’Eclat à Pont-Audemer (Eure)
1950-52 > Plage et Centre Nautique de Thonon-les-Bains
(Haute-Savoie)
1952 > Immeuble Saint-Aignan à Pont-Audemer (Eure)
1952-57 > Église de Villeparisis (Seine et Marne)
1954-60 > Église Notre-Dame de Plaimpalais à Alby-surChéran (Haute-Savoie)
1954-60 > Piscine de Divonne-les-Bains (Ain)
1954-59 > Église Notre-Dame de la Rencontre à AmphionPublier (Haute-Savoie)
1955-56 > Nouvelle Buvette Cachat à Evian-les-Bains
(Haute-Savoie) avec Jean Prouvé
1956 > Palais des festivités à Evian-les-Bains (Haute-Savoie)
1957-59 > Immeuble tour à Rueil-Malmaison (Hauts-deSeine) avec Jean Prouvé
1959-68 > Ensemble (logements, centre social, centre
commercial, église) de Lyon La Duchère (Rhône)
1959 > Zone à Urbaniser d’Alençon (Orne)
1960 > Villa Escoubès à Neuvecelle (Haute-Savoie)
1960-69 > ZUP de Novel, Secteur Sud à Annecy (HauteSavoie)
1961-66 > Ensemble (logements et équipements intégrés)
de Viry-Châtillon (Essonne)
1962-68 > ZUP de Planoise à Besançon (Doubs)
1963-65 > Église Saint-Simond à Aix-les-Bains (Savoie)
1963-66 > Maison des Arts et Loisirs à Thonon-les-Bains
(Haute-Savoie)
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6
1964-69 > Eglise Sainte-Bernadette à Annecy (Haute-Savoie)
avec Claude Fay, architecte
1965 > Église Notre-Dame de Lourdes à Thonon-les-Bains
(Haute-Savoie)
1965-85 > Rénovation du Quartier central de Thonon-lesBains (Haute-Savoie)
1965-68 > Ensemble du Village Olympique de Grenoble
(Isère)
1963-66 > Ensemble du quartier Doyen Gosse à La
Tronche (Isère)
1965-68> Hôtel de ville de Grenoble (Isère)
1965-68 > Plage et Centre Nautique d’Evian-les-Bains
(Haute-Savoie)
1966-67 > Église Notre-Dame de la Paix à Etrembières
(Haute-Savoie)
1966-69 > Eglise Notre-Dame du Rosaire à la Tronche
(Isère)
1967 > Hôpital de Lagny-sur-Marne (Seine et Marne)
1967-68 > Quartier Malherbe Olympique à Grenoble (Isère)
1969-72 > Immeuble Le Périscope avenue d’Italie à Paris
(13ème)
1970-71 > Palais des Sports de Megève (Haute-Savoie)
1970 > Chapelle de l’hôpital de Thonon-les-Bains (HauteSavoie)
1970-72 > Cité de Vouilloux à Sallanches (Haute-Savoie)
1970-72 > Tour Super Italie à Paris (13ème)
1973-78 > Palais de Justice d’Annecy (Haute-Savoie)
1975-78 > Zone à Urbaniser Quartier des Prés à SaintQuentin-en-Yvelines (Yvelines)
1978-81 > Centre Culturel Bonlieu à Annecy (Haute-Savoie) avec Jacques Lévy, architecte
1982-83 > Centre de télévision de Riyadh en Arabie Saoudite avec Patrice Novarina, architecte
1984-86 > Viaducs de Poncin sur l’A40 à St Denis-lèsBourg (Ain)
1986-88 > Viaduc autoroutier à Nantua (Ain)
1986 > Barrage de Sault Brénaz à Porcieu-Ambagnieu
(Ain)
Eglise Notre-Dame de Toute Grâce du plateau d’Assy, Passy, Haute-Savoie,
1937-46 © Pierre Vallet
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PLAN DE L’EXPOSITION
Les thèmes
L’exposition est constituée de 12 panneaux relatifs à 12
thèmes qui illustrent la carrière de l’architecte. Chaque
panneau présente clairement deux parties : le contexte
économique, politique, social et culturel dans un premier
temps et le travail de l’architecte dans un second temps.
MAURICE NOVARINA
UN ARCHITECTE DANS
SON SIÈCLE
1960
ZUP de Novel à Annecy (74)
Châteaux d’eau à Alençon (61)
Groupe scolaire à Albertville (73)
1961
ZUP de Dôle (39)
1962
Ensemble de Lyon La Duchère (69)
1950
1963
Théâtre de l’Eclat à PontAudemer (27)
“ Un architecte s’exprime
davantage avec la pierre
qu’avec les mots. ”
Avant-propos
Premières études sur le Plan d’urbanisme de la Ville d’Annecy (74)
1952
Piscine de Divonne-les-Bains (01)
1ère commande :
l’église de Vongy
à Thonon-les-Bains (74)
L’exposition sur l’œuvre de Maurice Novarina, à l’occasion du centenaire de sa naissance, propose un
premier regard rétrospectif sur son parcours et sa production tout au long du XXe siècle.
Entre tradition et modernité, architecture et ingénierie, matérialité et sensibilité, Maurice Novarina
incarne la figure d’un homme de l’art, accompli, pragmatique et entreprenant, doté d’un savoir-faire
qu’il partage constamment.
Eglise Notre-Dame
des Alpes
à Saint-Gervais
Le Fayet (74)
1928
Diplôme
d’Ingénieur
de l’Ecole
Supérieure
des Travaux
Publics
de Paris
Le parcours de l’exposition retrace le contexte économique, social et politique dans lequel les réalisations
de Maurice Novarina sont inscrites. Son travail a non seulement marqué la ville de Thonon-les-Bains,
le département de la Haute-Savoie et la Région Rhône-Alpes mais également de nombreux autres sites.
En 1948, nommé Architecte en Chef du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme dans le
département de l’Eure, Maurice Novarina ouvre une agence à Pont-Audemer. Cette fonction permet,
très tôt, le début d’une carrière nationale.
Issue d’une génération d’architectes modernes qui traverse l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme
dans une époque de mutation accélérée, la production de Maurice Novarina est caractéristique des
Trente Glorieuses, où tout est à reconstruire, à faire renaître.
La capacité de Maurice Novarina à adapter son architecture aux attentes de la société pendant 45 ans,
la qualité de sa démarche qui lui permet de positionner ses œuvres dans les débats du moment, ouvre
une réflexion sur l’héritage architectural et urbain du XXe siècle.
1949
Eglise NotreDame de Toute
Prudence au
Col de l’Iseran
(73)
Eglise du
Sacré-Cœur
à Audincourt (25)
1975
Premier Prix au Concours
international pour la construction
d’une station de sports d’hiver
en Iran à Sharestanak
Titre d’Officier de l’Ordre
National du Mérite
Hôpital de Lagny-sur-Marne (77)
Inauguration de l’Hôtel de Ville
de Grenoble (38)
Village Olympique de Grenoble
(38) terminé pour les Jeux
Olympiques
1959 - 1965
Enseignement à l’Ecole
Nationale Supérieure des
Beaux-arts de Paris au sein de
l’atelier Marot jusqu’en 1976
Elu au Conseil Municipal
de Thonon-les-Bains
avec le maire Georges Pianta
1977
Plan d’urbanisation de la station
de sports d’hiver Le Reberty
aux Menuires (73)
1968
1959
1939
Entrée à l’Ecole
Nationale
Supérieure
des Beaux-arts
de Paris
Naissance le 28 juin
de Maurice Novarina
à Thonon-les-Bains
en Haute-Savoie
Ce travail s'inscrit dans une démarche de valorisation du patrimoine architectural et urbain du XXe
siècle et poursuit les objectifs engagés lors de la mise en place du Label XXe par le ministère de la
Culture. Il suscite nécessairement des interrogations, des remises en perspectives, il est un élément
du débat sur la fabrication de la ville.
1937
1973
Concours pour la tour de l’ORTF
à Paris (non réalisé)
1967
Début de carrière à Paris
au 52 rue Raynouard (16e)
1972
Tour ronde Super Italie
à Paris (13e)
Construction de l’entrée
du Tunnel de l’Epine (73)
Maison des Arts et Loisirs
à Thonon-les-Bains (74)
Nommé Architecte Immeuble-tour à RueilMalmaison (92)
en chef de la
Reconstruction
dans le département de l’Eure
et installation
Titre d’Officier de l’Ordre
de l’agence à
des Arts et des Lettres
Pont-Audemer
Zone à Urbaniser d’Alençon (61)
Eglise Notre-Dame
de Toute Grâce au
plateau d’Assy (74)
1929
1907
1948
Palais des Congrès
d’Evian-les-Bains (74)
1957
Cité de Vouilloux à Sallanches (74)
Construction de villas
à Porto-Vecchio en Corse
Eglise Notre-Dame de Lourdes
à Thonon-les-Bains (74)
1966
Nouvelle Buvette Cachat
à Evian-les-Bains (74)
1970
Enseignement à l’Ecole Spéciale
d’Architecture jusqu’en 1968
Etudes pour le Quartier
de la Rénovation au centre ville
de Thonon-les-Bains (74)
1956
Elu au Conseil
Municipal de
Thonon-les-Bains
avec le maire
Georges Pianta
1936
Son rythme de travail, intense tout au long de sa carrière, explique des chiffres impressionnants : plus
de 40 000 logements réalisés, 26 églises, 22 écoles, et 80 équipements toujours en fonction. Un réseau
économique associatif et culturel fort, enrichi de rencontres et d’opportunités, lui ont permis l’accès à
des commandes très importantes.
Eglise d’Amphion-Publier (74)
1947
1953
Diplôme d’Architecte
DPLG
Eglise d’Audincourt mentionnée
dans la liste de monuments
modernes de M. Besset,
conservateur pour l’inventaire
des Monuments Historiques
1965
1954
1933
Maurice Novarina
Quartier Doyen Gosse
à La Tronche (38)
Immeubles HLM à Brionne (27)
Eglise de Villeparisis (77)
1978
Palais de Justice d'Annecy (74)
1979
Membre de l’Institut et entrée
à l’Académie d’Architecture
des Beaux-arts
1980
Commandeur de
la Légion d’Honneur
1981
Inauguration du Centre
Culturel Bonlieu à Annecy (74)
1982
1990
Centre de télévision de Riyadh
en Arabie Saoudite
Reconstruction
à l’identique
de la charpente
l’église de Vongy
après un incendie
1984
Viaduc de Poncin sur l’A40 (01)
Club Méditerranée Reberty
2000, aux Menuires (73)
1991
1986
2007
Exposition
Maurice Novarina
à Chalon-sur-Saône
au musée Denon
Barrage de Sault-Brénaz
à Porcieu-Ambagnieu (38)
1988
Centenaire de
la naissance de
l’architecte,
exposition
Maurice Novarina,
un architecte
dans son siècle ”
à Thonon-les-Bains
2002
1995
Association avec Jean-Michel
Thépenier qui conduira
l’agence de Thonon-les-Bains
Décès de
Maurice Novarina
le 28 septembre
à Thonon-les-Bains
Retraite officielle
de l’architecte
Chronologie générale de l’architecte
1960
1907 1910 1920 1930 1940 1950
1970
1980
1990
2000
2007
Chronologie de quelques grands évènements
1914-1918
Première Guerre Mondiale
1925
1939
1945
Exposition
Internationale des
Arts Décoratifs
et Industriels
Modernes à Paris
1945
Premier vote des femmes
en France
Seconde Guerre
Mondiale
Exposition
Internationale de
la Houille Blanche
et du Tourisme
à Grenoble
1954
1962
Guerre d’Algérie
1936
1945
1955
Loi sur les
Congés payés
1940
1944
1933
Charte d’Athènes
1959
1962
André Malraux
ministre d’Etat
chargé des
affaires
culturelles
1968
Evènements
de mai 68 Bouleversement
des principes
de l’école des
Beaux-arts
1973
Premier choc
pétrolier
1989
2001
Chute du mur de Berlin
Attentats du World Trade Center
à New York
© crédits photos : Agence Novarina - graphisme : www.le188.com
1905
Séparation de l’Eglise
et de l’Etat
1972
Premières questions
sur l’Ecologie au sommet
de la terre de Stockholm
Période de la
Reconstruction
par le MRU
1970
Mise en place
du concours
d’architecture
Régime de Vichy,
la France occupée
L’exposition rétrospective
sur l’œuvre de Maurice Novarina
est une initiative de la ville de Thononles-Bains, marquée par le travail de l’architecte. La famille Novarina et Bruno Vayssière,
spécialiste de l’architecture d’après-guerre ont alors
exprimé leur envie de se réunir autour de ce projet. Le CAUE
de la Haute-Savoie a été chargé de la coordination du projet, associant l’approche locale à une problématique architecturale territoriale.
Le projet a reçu le soutien des Villes d’Evian-les-Bains, d’Annecy et de Grenoble,
puis des collectivités départementale et régionale. Le sujet est fédérateur et place
ainsi l’évènement dans un cadre plus large de valorisation culturelle concernant les
grandes figures du XXe siècle qui ont construit en région Rhône-Alpes.
De nombreux témoins ou anciens collaborateurs de Maurice Novarina ont été
interviewés et ont répondu avec attention et patience aux questions survenues
au cours de l’élaboration de l’exposition. Qu’ils en soient chaleureusement
remerciés : Jacques Christin, François-Régis Cottin, Gilles et MarieClaire Dagnaux, Willem Den Hengst, Claude Fay, Georges
Grandchamps, Albert LeBreton, Françoise et Jean-Claude
L’Hostis, Michel Marot, Anne Merola, René Robert,
Jean-Michel Thépenier, Claude Richard,
Christine Lavanchy, Jacques Bourgeois.
< ci-contre : Cité de Vouilloux,
Sallanches, Haute-Savoie, 1970
Les recherches entreprises pour l’exposition, les visites de bâtiments et la
collecte photographique n’auraient pu
se faire sans l’aide de : Philippe Dufieux
(CAUE du Rhône), Serge Gros et
Xavier Crépin (CAUE de l’Isère),
Hervé Dubois (CAUE de la Savoie),
Bruno Vayssière et Diego Cattaneo
(Fondation Braillard Genève), Carole
Pena (Archives municipales de
Grenoble), Pierre Lanternier (Archives
Municipales d’Annecy), Christian Oppetit
(Archives Nationales de Paris), Yannis
Sauty (Bonlieu Scène nationale
Annecy), Jean-François Lyon-Caen
(Ecole nationale supérieure d’architecture de Grenoble), Véronique
Peggy (Centre culturel de la Tourette),
l’équipe de l’Agence NovarinaThépenier, la Société Académique
Lyonnaise, Bernard Marrey.
TEXTES ET COORDINATION
Carine Bonnot et Camille Critin
pour le CAUE de la Haute-Savoie.
CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES
Archives de l’agence Maurice Novarina à Thonon-les-Bains,
Pierre Vallet, CAUE de la Haute-Savoie,
Fond du Couvent de la Tourette, Archives Nationales de Paris.
CONCEPTION GRAPHIQUE ET SCÉNOGRAPHIE
Le 188, conseil, communication visuelle - www.le188.com
COMITÉ DE PILOTAGE
Arnaud Dutheil et Geneviève Guenin (CAUE de la Haute-Savoie),
Nathalie Renaud, Emmanuel Plagnat, Elisabeth Mathieu,
Dominique Thabuis (Ville de Thonon-les-Bains),
Marie-Claude Rayssac (Archives Municipales d’Annecy),
Bruno Vayssière (Fondation Braillard Genève),
Gilles Novarina (Institut d’Urbanisme de Grenoble).
Valère et Patrice Novarina, dépositaires des archives et d’une partie
de la mémoire ont fourni un appui
déterminant dans l’aboutissement
de ce travail.
UNE FORMATION
ACADÉMIQUE
Après un cursus scolaire à Thonon-les-Bains, Maurice Novarina suit une double formation : dans un premier temps à l’Ecole
Supérieure des Travaux Publics à Paris, puis à l’Ecole Nationale des Beaux-arts, où l’enseignement conventionnel, hérité de
l’Académie Royale d’Architecture, voit naître une génération d’architectes et d’artistes qui bouleverse le XXe siècle.
“ L’architecte est le constructeur
qui satisfait au passager par le
permanent. Il est celui qui, par la
grâce d’un complexe de science et
d’intuition conçoit un portique, un
vaisseau, une nef, un abri souverain
capable de recevoir dans son unité
la diversité des organes nécessaires
à la fonction ”
Autour de
Maurice Novarina
Contexte
L’ENSEIGNEMENT DE L’ARCHITECTURE
AUX BEAUX-ARTS EN 1930
LA RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT DE
L’ARCHITECTURE À PARTIR DE 1968
En 1930, les effectifs de l’Ecole Nationale Supérieure des
Beaux-arts de Paris, (ENSBA), représentent 1430 élèves
pour la section Architecture.
L’Architecture est l’une des trois disciplines enseignées,
avec la Peinture et la Sculpture. La formation des architectes
est proposée à l’école des Beaux-arts de Paris exclusivement, bien qu’il existe à partir de 1903 des écoles régionales
des Beaux-arts, dépendantes de la capitale au niveau des
contenus et de la délivrance des diplômes.
L’enseignement de ces écoles est conventionnel, attaché aux
règles de l’Académie des Beaux-arts, qui existe depuis 1671.
En 1968, André Malraux lance les Unités pédagogiques d’architecture (UPA) sur le territoire
français, qui deviennent des écoles autonomes, proposant un cursus singulier et brisant
ainsi l’unité des Beaux-arts de la capitale.
Cette réforme, dans la vague révolutionnaire de mai 68, entraîne des changements
radicaux dans l’organisation des études, s’inspirant de l’Université, marquant la
fin d’un pouvoir central et archaïque.
La formation dispense en plus de l’architecture des cours d’arts
plastiques, de sciences de la construction, de sciences exactes,
de sciences humaines et juridiques.
Pourtant, c’est dans les couloirs de l’ENSBA que vont se
former les architectes “ modernes ” bâtisseurs du XXe siècle.
Une remise en cause des modèles, liée à l’apparition de
matériaux nouveaux, amène les élèves à fonder des ateliers
avant-gardistes. L’atelier du Palais de bois, atelier libre, est
ainsi ouvert avec Auguste Perret en 1923, dans des locaux
provisoires, à la porte Maillot, sur un de ses chantiers en
cours. Cet atelier fonctionne jusqu’en 1940. Auguste Perret
ouvre un atelier officiel, plus tard, à l’Ecole des Beaux-arts
en 1942.
Né en Belgique, Auguste Perret étudie à l’Ecole des Beaux-arts de Paris avant de rejoindre l’entreprise paternelle de travaux
publics, avec son frère Gustave. Grâce aux influences doctrinales de Viollet-le-Duc et de son professeur Julien Guadet, il se
forme très tôt aux procédés de construction et notamment au béton armé. Il défend un “ classicisme structurel ” qui s’inspire
du néo-gothique et du néo-classique.
En 1945, il est nommé Architecte en chef de la Reconstruction de la Ville du Havre (classé Patrimoine Mondial de l’Unesco en
2005), où il concrétise sa doctrine moderne : des constructions régies par une trame rigoureuse, des habitations répondant
aux principes modernes que sont la lumière, l’hygiène et le confort.
Auguste Perret marque non seulement l’histoire de l’enseignement de l’architecture, mais se place également comme le premier
utilisateur du béton armé dans ses constructions, convaincu par les possibilités techniques qu’offre le matériau, ouvrant ainsi
la voie à la modernité.
Louis Moynat
(1877-1964)
architecte
Maurice Novarina entre à l’Ecole des Beaux-arts de Paris en 1929 où il fréquente l’atelier de Jean
Baptiste Mathon.
Le système d’ateliers hiérarchise l’enseignement : un patron d’atelier, architecte titulaire généralement
du Prix de Rome, corrige les exercices de composition des élèves. Entre eux, les futurs architectes sont
organisés en groupes et suivent la philosophie et les règles de vie de l’atelier, dans lequel les plus
jeunes élèves sont encadrés par les anciens, et grattent pour eux les rendus de projets.
L’exercice de projet et les concours d’émulation consistent à réinterpréter les règles classiques de
composition en répondant à un sujet académique type “ une place pour un monument ”, un “ théâtre
pour une ville ”… Le site du projet est souvent fictif, seules les références aux modèles classiques
comptent..
Planche de présentation pour le Monument aux fusillés d’Habère Lullin, vers 1933
Maurice Novarina, Discours prononcé à l’occasion de
son installation à l’Institut de France, Académie
des Beaux-arts, Paris, 1979
Originaire de Moutier en Suisse, Louis Moynat se forme à
l’Ecole des Beaux-arts de Paris et débute sa carrière d’architecte dès 1905 à Thonon-les-Bains, avec une première villa
et la construction d’une école maternelle.
Son style Arts and Crafts empreint de régionalisme illustre
la Belle Epoque, période calme du début du XXe siècle.
Outre de nombreuses villas, il réalise des projets singuliers
à Annemasse et à Thonon-les-Bains, comme le collège
Jean-Jacques Rousseau en 1908, l’hôtel de l’Europe en 1910,
la Tour Moynat en 1933.
© crédits photos : Agence Novarina ; Archives Nationales de Paris - graphisme : www.le188.com
Auguste Perret (1874-1954)
ingénieur et architecte
A l’E.S.T.P, Ecole Spéciale des Travaux Publics à Paris, Maurice Novarina suit les enseignements de
professeurs ingénieurs. L’étudiant rencontre Léon Eyrolles, directeur et fondateur de la formation, et
Jean Baptiste Mathon, architecte-professeur, qui lui recommande d’enrichir son cursus à l’Ecole des
Beaux-arts.
Il obtient le diplôme d’ingénieur en 1928, alors qu’il prépare son entrée aux Beaux-arts dans la section
Architecture.
UNE FORMATION
ACADÉMIQUE EN
ARCHITECTURE
“ Je sais aussi ce que
je dois à mon patron, JeanBaptiste Mathon, Premier Grand
Prix de Rome, architecte aux jugements
d’une grande objectivité et d’une égale lucidité,
dont l’enseignement rigoureux savait laisser le champ
libre à l’imagination. Chacun a un professeur dans sa vie.
Celui que fut Jean-Baptiste Mathon pour nombre d’architectes
aujourd’hui est inoubliable. Il avait cette intelligence
fondée sur le bon sens qui rend toute chose simple ;
il sut développer en nous la sensibilité, qui
permet de donner à toute entreprise
humaine ce qui en fait la nécessité :
un supplément d’âme. ”
Exemple d’exercice
à l’École des Beaux-arts
Auguste Perret
UNE FORMATION
D’INGÉNIEUR
Personnage influent, son oeuvre porte la modernité du mouvement Art Déco. Il travaille avec d’importants industriels de
la région et s’associe à des amis architectes comme Jean
Monico, Claude Marin et Maurice Novarina.
Relevé de notes de Maurice Novarina, élève à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts à Paris, 1929
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
> Introduction
L’exposition sur l’œuvre de Maurice Novarina, à l’occasion
du centenaire de sa naissance, propose un premier regard
rétrospectif sur son parcours et sa production tout au long
du XXe siècle.
Entre tradition et modernité, architecture et ingénierie,
matérialité et sensibilité Maurice Novarina incarne la figure
d’un homme de l’art, accompli, pragmatique et entreprenant, doté d’un savoir-faire qu’il partage constamment.
L’introduction présente une double chronologie, celle du
parcours de l’architecte et celle du contexte général dans
lequel il a évolué.
> Une formation académique
Après un cursus scolaire à Thonon-les-Bains, Maurice Novarina suit une double formation : dans un premier temps
à l’Ecole Supérieure des Travaux Publics à Paris, puis à
l’Ecole Nationale des Beaux-arts, où l’enseignement conventionnel, hérité de l’Académie Royale d’Architecture,
voit naître une génération d’architectes et d’artistes qui
bouleverse le XXe siècle.
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
ARCHITECTURE SACRÉE
Après 1905 et la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la construction de nouveaux lieux de culte s’affirme
comme un moment de débat important, le clergé, les congrégations et les fidèles devenant
maîtres d’ouvrage privés. Si les directives proviennent toujours de Rome et orientent la philosophie
générale des projets, en France, une volonté de renouveau s’affirme. Cette renaissance est fortement
liée aux recherches artistiques et plastiques des années 1930 et l’architecture apparaît comme
vecteur des courants régionalistes, contemporains ou modernes.
“ D’où vient à cette église de
montagne cette universelle et subite
gloire ? D’être un chef d’œuvre ?
Non, mais d’être née d’une idée
juste. Et c’est cela qui a frappé les
gens, en tout pays ; c’est cette idée
très simple que pour garder en vie
l’art chrétien, il faut à chaque
génération faire appel aux maîtres
de l’art vivant. ”
Autour de Maurice Novarina
Contexte
M.A Couturier, La leçon d’Assy, L’Art Sacré n°1-2, 1950
MAURICE NOVARINA
ET LE RÉGIONALISME
LE CONTEXTE
RELIGIEUX
D’AVANT-GUERRE
Marie-Alain Couturier est un personnage incontournable du renouveau
religieux du XXe siècle. Peintre de formation, il fréquente à partir de 1919 les
ateliers d’Art Sacré parisiens animés par Georges Devallières et Maurice
Denis. Il devient prêtre dominicain et se concentre sur les réflexions à propos
du rôle de l’art dans l’église. Selon lui, l’église doit se lier constamment aux
acteurs du temps, à l’art vivant, au progrès contemporain et doit accompagner
la modernité. C’est lui que contacte le chanoine Devémy en 1942 au sujet de
la décoration de l’église d’Assy. Marie-Alain Couturier propose alors à des
artistes contemporains d’intervenir.
La Revue
L’Art Sacré
L’Art Sacré constitue un véritable plaidoyer en faveur des églises modernes.
La fondation de la revue remonte à
1935, lorsqu’un historien d’art, Joseph
Pichard, propose de faire découvrir au
grand public les nouveautés en matière
d’art sacré.
Les références à l’académisme sont
constantes mais la volonté de retisser
les liens entre les fidèles, les artistes
et le public implique une prise en
compte de l’actualité. C’est le premier
principe que propose la revue L’Art
Revue L’Art Sacré, n°1-2 Assy, 1950
Sacré : l’art de chaque époque, y compris la nôtre, peut servir l’Eglise 1. Le
deuxième principe est de choisir des artistes contemporains, croyants, et
soucieux des formes d’art (vitrail, peinture, orfèvrerie, ferronnerie, métallurgie) rompant avec la statuomanie.
A partir de 1937, Marie-Alain Couturier prend la direction de la revue. La
critique de l’avant-garde ouvre alors le débat en art comme en architecture
et condamne les réalisations “ pastiches ” d’avant guerre.
Ainsi, l’église Notre-Dame de Toute Grâce au plateau d’Assy (Haute-Savoie)
est présentée et la revue prend part au débat suscité par le Christ de Germaine
Richier, en défendant le projet et les œuvres au même titre que la chapelle
de Le Corbusier à Ronchamp, l’église d’Audincourt de Novarina et la chapelle
édifiée par Matisse à Vence.
En mai 1938, dans le 29e numéro, le père Couturier écrit à propos de l’architecte : “ Nous pouvons donc être assurés que Novarina sera un de nos
meilleurs bâtisseurs d’églises. ”, ce qui ne l’empêchera pas de critiquer
certaines de ses réalisations et de ses partis pris dans certains cas.
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3b
Les églises dessinées par Maurice Novarina sont pour la plupart qualifiées de régionalistes :
elles adoptent des références traditionnelles et utilisent des matériaux locaux.
La période de l’entre-deux guerres est marquée par ce mouvement dans tout le pays :
du chalet “ suisse ” qui s’affirme suite à l’exposition universelle de Paris de 1900, aux villas
basques ou bretonnes, l’attrait du patrimoine local demeure important jusqu’au deuxième
conflit mondial. Il s’agit au travers de ces formes architecturales, d’exalter les valeurs
traditionnelles de la société locale.
1
Le Père Couturier
à Audincourt, 1952
Révérend Père
Marie-Alain Couturier
(1897-1954)
4
Jusqu’en 1920, on construit peu de lieux de culte en France et les bâtiments réalisés se réfèrent dans
la majorité des cas, au gothique, à l’art byzantin ou roman… Consciente de l’évolution de la société,
l’Eglise cherche une expression nouvelle afin de l’accompagner.
A partir de1925, quelques projets font rapidement parler d’eux, comme l’église Notre-Dame du Raincy,
conçue par Auguste Perret en 1922, à l’éclairage filtré par la dentelle de béton et l’architecture
dépouillée d’ornements, qui font d’elle la première église moderne française.
Dom Bellot, moine architecte et Henri Vidal travaillent également avec les matériaux nouveaux : béton,
moellons, brique, tout en réinterprétant l’organisation classique du plan. Ainsi, de l’église Saint-Joseph
des Fins (1937-1941) à Annecy, à l’abbaye de Saint-Benoît du Lac au Québec où il s’expatrie, Dom Bellot
développe ses recherches sur les symboliques architecturales modernes, attachées au rationalisme.
AUTHENTICITÉ
Après guerre, l’architecture religieuse tend à s’internationaliser, s’éloignant de l’empreinte régionaliste.
Certains projets précurseurs proposent de nouvelles idées. Des changements formels dans les
bâtiments religieux vont apparaître clairement à partir de 1945, parallèlement aux recherches de la
revue L’Art Sacré et à la volonté de renouveau liturgique.
La sobriété et l’authenticité deviennent les principes incontournables de conception, encouragés par le
Vatican, confortés aussi par le peu d’argent disponible au commencement des constructions nouvelles.
Le plan rectangulaire est fréquent, offrant une clarté structurelle et dépouillée. La nef unique permet
d’accueillir un grand nombre de fidèles. A partir de 1962, ce principe se voit renforcé par le Concile
Vatican II, qui réforme la célébration liturgique, en modifiant la position du prêtre, qui se retourne alors
vers l’assemblée, et en remplaçant la langue latine de la messe par les langues vernaculaires. L’espace
est donc remis en cause.
Les édifices doivent être accessibles, les marches monumentales sont supprimées au profit de parvis
de plain-pied et de larges porches d’accueil.
Les décors se simplifient et annulent les représentations figuratives telles que les statues et les ornementations sulpiciennes.
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L’église de Vongy, à Thonon-les-Bains, constitue sa première commande. En 1933, son père,
entrepreneur à Thonon-les-Bains, lui confie ce chantier alors qu’il sort à peine de l’école.
L’influence de Louis Moynat, architecte thononais chez qui le jeune Novarina travaille pendant
ses études, marque ce premier projet.
Notre-Dame du Léman est conçue selon un plan traditionnel basilical, la voûte constituée
d’un plancher bois est supportée par des arcs en béton. La forte pente de toiture diffère du
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1. Eglise Saint-Michel La Madeleine, Eveux, Eure, 1956
2. Eglise du Sacré-Cœur, Audincourt, Doubs, 1949-51
3. a.Eglise Notre-Dame du Léman, Vongy, Haute-Savoie,
Esquisse (aquarelle) de Maurice Novarina, 1933
b. Eglise Notre-Dame du Léman, Vongy, Haute-Savoie, 1933-35
4. Eglise Notre-Dame de Toute Grâce, vue intérieure, plateau d’Assy, Haute-Savoie, 1939-46
5. Eglise Notre-Dame de Toute Grâce, plateau d’Assy, Haute-Savoie, 1939-46
6. Eglise Notre-Dame des Alpes, Saint Gervais Le Fayet, Haute-Savoie, 1936-39
7. Chapelle de l’Aérium, Burdignin, Haute-Savoie, 1950-59
8. Chapelle Notre-Dame de Toute Prudence, Col de l’Iseran, Savoie, 1938-41
9. Eglise Notre-Dame du Plaimpalais, Alby-sur-Chéran, Haute-Savoie, 1952-60
10. Chapelle de l’hôpital, Thonon-les-Bains, Haute-Savoie, 1970
11. Eglise du Château, Lyon La Duchère, Rhône, 1958
12. Eglise Sainte-Bernadette, Annecy, Haute-Savoie, 1964-69
13. Eglise Notre-Dame de la Paix, Villeparisis, Seine et Marne, 1955-1958
14. Eglise Notre-Dame de la Rencontre, Amphion-Publier, Haute-Savoie, 1954-1959
15. Eglise Notre-Dame de Belligny, Villefranche-sur-Saône, Rhône, 1957
16. Eglise Saint-Simond, Aix-les-Bains, Savoie, 1963-65
17. Eglise Notre-Dame de la Paix, Etrembières, Haute-Savoie, 1965-67
18. Coupe transversale
19. Eglise Notre-Dame du Rosaire, La Tronche, Isère, 1969
20. Eglise Notre-Dame des Cités, Viry-Châtillon, Essonne, 1971
cadre bâti environnant, rappelant, selon lui, l’inclinaison des voiles des bateaux. La modernité
réside déjà dans cette première œuvre, par l’emploi du béton, le traitement soigné des
matériaux, le tout formant une silhouette singulière. Les éléments mobiliers sont très
soignés et le recours à de nombreux artistes enrichit le décor.
L’attraction régionaliste est de fait plus importante en milieu rural. C’est le cas notamment
pour les églises d’Alby-sur-Chéran, du plateau d’Assy ou encore du Col de l’Iseran, où le site
résonne avec l’édifice cultuel par la matière et la forme.
Ces églises présentent pourtant le caractère moderne de la tradition. Maurice Novarina
garde la toiture deux pans, protectrice, comme au plateau d’Assy. Le traitement de la pierre,
matériau traditionnellement enduit dans les constructions savoyardes, est mis en œuvre ici
avec radicalité : la pierre est brute, sciée ou taillée.
L’ÉGLISE DANS
LA VILLE NOUVELLE
Dans les projets d’église en milieu semi-urbain, Maurice Novarina intègre des espaces
polyvalents telle une salle paroissiale, située au sous-sol ou en rez-de-jardin. Ainsi, l’usage
hebdomadaire du lieu de culte est complété par une activité en lien avec la vie sociale de la
commune. L’église d’Etrembières propose des salles de catéchisme et la sacristie en accès
direct sur le jardin ; l’église d’Alby-sur-Chéran est dotée elle d’une grande salle polyvalente
au niveau inférieur.
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ART SACRÉ
Dans l’histoire de l’art, l’église a toujours été un lieu d’expression artistique, de part son statut privilégié
de monument sacré.
Après la seconde guerre mondiale, le dynamisme des grands chantiers et l’élan vers la modernité
amènent l’église à multiplier ses projets. L’art sacré regroupe les arts plastiques qui
aménagent ou décorent l’espace religieux : les fresques, les mosaïques, les vitraux,
les peintures, le mobilier, le tabernacle, l’autel…
Pour un artiste, le champ d’intervention dans le domaine religieux est
propice à des commandes importantes, à une liberté de création et
d’interprétation, même si elle est parfois condamnée fortement
par l’Eglise comme le Christ de Germaine Richier (église
du plateau d’Assy) qui sera retiré pendant des
années du lieu de culte.
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Maurice Novarina réalise aussi des lieux de culte insérés dans le tissu urbain de nouveaux
quartiers.
Dans les années 1960, l’architecte a donc pour enjeu d’insérer le sanctuaire au cœur des
cités nouvelles et dans les quartiers modernes en périphérie des centres.
L’Eglise a la volonté de conquérir une banlieue oubliée et de devenir plus accessible.
L’implantation de l’église du Château à la Duchère à Lyon est dictée par le plan masse
général de François-Régis Cottin, architecte en chef du projet de la Duchère, qui propose
le plan carré du bâtiment. Maurice Novarina, architecte d’opération, se charge de donner
volumes et formes à ces données tout en créant les liens nécessaires (chemins, passerelles..)
avec le quartier, ses habitations, ses équipements.
“ Si l’Architecture sacrée, dans mon esprit, est une
chose fonctionnelle qui doit être traduite avec
dépouillement, avec humilité, par des volumes
simples, créés pour atteindre la beauté, il serait bon
également de préciser qu’en dehors de sa fonction
propre, elle a aussi une autre raison d’être, dans
l’espace, et que partout elle doit s’intégrer à celui-ci,
et au site, en marquant son caractère spécifique. ”
Maurice Novarina, conférence sur l’Art sacré à Douvaine, le 26 février 1955
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© crédits photos : Agence Novarina ; Pierre Vallet photographe ; CAUE 74 - graphisme : www.le188.com
Le Père Régamey seconde Marie-Alain Couturier à la tête de L’Art Sacré.
Les deux personnages contribuent à la médiation de la modernisation de
l’art religieux dans le contexte de recherches aspirant à la synthèse des arts.
1. D’après Urbanisme et Art Sacré, une aventure du XXème siècle,
Franck Debié et Pierre Verot, Criterion Histoire, 1991, p 73.
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
page
> Architecture sacrée
Après 1905 et la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la construction de nouveaux lieux de culte s’affirme comme un
moment de débat important, le clergé, les congrégations
et les fidèles devenant maîtres d’ouvrage privés. Si les
directives proviennent toujours de Rome et orientent la
philosophie générale des projets, en France, une volonté
de renouveau s’affirme. Cette renaissance est fortement
liée aux recherches artistiques et plastiques des années
1930 et l’architecture apparaît comme vecteur des courants régionalistes, contemporains ou modernes.
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ARCHITECTE
DE LA RECONSTRUCTION
Etat des
lieux en chiffres
En 1945, 4 millions de logements sont
à reconstruire : 2 millions sont détruits
et 2 millions manquent.
Dès 1944, le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) affirme de nouvelles volontés quant à l’aménagement
du territoire. La question de la pénurie du logement est capitale. Il faut rapidement bâtir et re-bâtir des quartiers complets.
Pour cela, un architecte en chef est nommé dans chaque département français, afin de mener à bien ces travaux. Maurice
Novarina devient architecte en chef dans le département de l’Eure et installe son agence à Pont-Audemer.
Source : le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme fait état de ses chiffres
dans une plaquette intitulée La Reconstruction française, bilan d’activité, 1945-1962.
Contexte
Autour de Maurice Novarina
LE MINISTÈRE DE
LA RECONSTRUCTION
ET DE L’URBANISME
(MRU)
MAURICE NOVARINA, ARCHITECTE
EN CHEF DE LA RECONSTRUCTION
Le Gouvernement provisoire du général De Gaulle crée le MRU avec Raoul Dautry comme ministre.
Le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme se préoccupe d'une politique publique nationale
de reconstruction des villes du pays, avec pour objectif principal : construire ou re-construire des
habitations pour loger les Français.
Une nouvelle forme de commandes urbaines et architecturales voit le jour : l’Etat est le principal maître
d’ouvrage des projets de reconstruction.
à Pont-Audemer
à Annecy
L’exemple de Maurice Novarina en Normandie est significatif : il est nommé en 1946, et quitte
Thonon-les-Bains pour s’installer à Pont-Audemer, dans le département de l’Eure. A cette
période, la région normande accueille des travailleurs de toute la France. Les besoins sont
immenses : les matériaux de construction manquent, les usines sont dévastées et la main
d’œuvre locale ne suffit pas.
L’activité de la nouvelle agence permet la rencontre avec de nombreux maîtres d’ouvrage et
des entreprises avec qui l’architecte retravaillera plus tard.
En 1950, le MRU nomme également Maurice Novarina architecte en chef de la ville d’Annecy.
Le Plan Novarina, à l’étude pendant 30 ans, paraît en 1968 et concerne principalement
l’élargissement des voiries et le tracé de nouvelles avenues en direction de la future Zone à
Urbaniser en Priorité (ZUP) de Novel, au nord de la ville.
LES LOGEMENTS
HLM
Maurice Novarina conçoit des logements individuels
d’Habitation à Loyer Modéré (HLM) à Brionne dans l’Eure,
organisés en lotissement, tournés vers le sud et la vallée.
Ces habitations sont destinées aux cadres des usines de
tissage de la région. Les parements en pierre des carrières
voisines donnent le ton régional.
A Pont-Audemer, un immeuble HLM en “ L ” offre des
appartements en duplex, séparés par des parois fines
alignées sur la structure porteuse poteaux poutres. Les
loggias prolongent le séjour vers le parc.
Le Ministère de la Reconstruction, encore soucieux du
traitement de chacun des dossiers de sinistre, mène
d’abord des opérations ponctuelles, à petite échelle avant
d’enclencher le processus de construction de masse.
Les grands chantiers eux sortent de terre dès 1950,
comme celui d’Evreux-la-Madeleine, qui se termine en
1962, et qui confirme une évolution dans la carrière de
l’architecte. Son activité s’oriente clairement vers l’urbanisme et ses références deviennent plus internationales
que régionales.
LES ÉQUIPEMENTS PUBLICS
Cette période est un temps où les architectes et urbanistes systématisent les solutions modernes :
les aménagements concernent des parcelles autonomes. Le remembrement, outil de modification du
foncier, permet de mettre en commun certaines parcelles afin de proposer du logement collectif, ce qui
est à l’origine des grands ensembles de tours et de barres.
L’Etat conseille aux associations syndicales de propriétaires de construire des co-propriétés. Poussés
à prévoir de grands immeubles à forte densité, les propriétaires trouvent un compromis dans les petites
co-propriétés ou l’habitat en bande, moins denses et plus proches de l’habitat individuel.
A partir de 1950, encouragés par certaines législations, les locataires peuvent devenir propriétaires de
leur logement. L’habitation individuelle, la maison ou l’appartement représentent un patrimoine nouveau
et l’aspiration au bien-être de la famille.
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Affiche “ Apportez votre cuivre ” vers 1946
Source : Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme 1944-1954, Une Politique du logement,
Plan Construction et Architecture, IFA
Eugène Claudius-Petit
(1907-1989)
Eugène Claudius-Petit succède à Raoul Dautry au Ministère de la
Reconstruction et de l’Urbanisme en 1948 sous le gouvernement de Vincent
Auriol. Il s’intéresse aux questions de rationalisation et de modernisation du
logement, principes modernes et novateurs.
Son Plan d’Aménagement National du territoire (PAN), en 1950, présente les
objectifs et les moyens de construire les grands ensembles : le but est de
multiplier par 5 le nombre de logements par an. Des moyens financiers sont
mis en place avec le Fonds National d’Aménagement du Territoire (FNAT).
Le MRU accepte cette planification. Elle s’adresse principalement aux villes
générant une activité industrielle et ayant du mal à loger les travailleurs.
Maire de Firminy à partir de 1953, il confie à Le Corbusier de nombreuses
réalisations.
LES ARCHITECTES
EN CHEF
Tous les départements ne sont pas dévastés de la même façon. Les besoins sont différents, mais tous
ont la commune intention de développer l’urbanisation, liée à l’exode rural et à l’industrialisation des
villes. Les travaux engagés par les grandes villes vont donc être étudiés par un architecte en chef,
nommé par l’Etat.
Qu’est ce qu’un architecte
en chef de la Reconstruction ?
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Les bâtiments publics concernent 50% des commandes de
l’agence. A Pont-Audemer, Maurice Novarina utilise des matériaux
traditionnels, comme la pierre en parement de façade. Les toitures sont
pentues, comme celle du Cinéma de Beuzeville qui reflète un caractère local
malgré la sobriété moderne affirmée des façades.
Les groupes scolaires de Pont-Audemer, Illeville-sur-Montfort et Beuzeville, construits
entre 1954 et 1958, servent de modèles aux écoles haut-savoyardes que Maurice Novarina
réalise plus tard : organisation sur un seul niveau ; orientation des grandes ouvertures vers le sud et
la cour de récréation ; toiture à un pan.
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6. Pavillons d’Habitation à Loyer Modéré (HLM),
Brionne, Eure, 1953
7. Pavillons d’habitation, Pont-Audemer, Eure, 1950
8. Immeuble Saint-Aignan, Pont-Audemer, Eure, 1952
9. Immeuble HLM à Pont-Audemer, Eure, 1955
10. Ensemble d’Evreux-la-Madeleine, Eure, 1958-1962
1 et 3. Ecole d’Illeville-sur-Montfort, Eure, 1955
2. Ecole de Beuzeville, Eure, 1955
4. Maquette du Cinéma de Beuzeville, Eure, 1950
5. Collège d’Evreux, Eure, 1951
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© crédits photos : Agence Novarina ; Une politique du logement, IFA-PCA - graphisme : www.le188.com
1 300 000 logements sont inhabitables dont
450 000 sont totalement détruits.
55 000 bâtiments publics sont détruits.
620 000 installations industrielles, commerciales ou professionnelles sont détruites.
Ces destructions représentent une valeur de
250 milliards (valeur 1959). Elles constituent
6 205 000 dossiers de sinistres.
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“ Il importe que le pays comprenne bien que l’Urbanisme est une part essentielle
de notre renaissance. Fondement premier de la restauration
matérielle et morale, physique et spirituelle de nos villages et de nos villes,
il doit répondre aux perspectives vastes que donne seul le souci de l’humain. ”
C’est avant tout un architecte diplômé de l’école des Beaux-arts de Paris. Il encadre et coordonne les
projets d’architecture et de constructions, assisté de plusieurs architectes d’opérations. Son travail est
contrôlé par l’Administration centrale qui communique certaines mesures à respecter (nombre de
logements, hauteur des immeubles, matériaux à utiliser…).
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Raoul Dautry (1945), ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme
Cité dans Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme 1944-1954, Une Politique du logement, Plan Construction et Architecture, IFA, p13
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> Architecte de la Reconstruction
Dès 1944, le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) affirme de nouvelles volontés quant à l’aménagement du territoire. La question de la pénurie du logement est capitale. Il faut rapidement bâtir et re-bâtir des
quartiers complets. Pour cela, un architecte en chef est
nommé dans chaque département français, afin de mener
à bien ces travaux. Maurice Novarina devient architecte en
chef dans le département de l’Eure et installe son agence
à Pont-Audemer.
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
LES GRANDS PROJETS
D’URBANISME
“ D’une manière générale, on
entend par urbanisme l’aménagement et l’organisation fonctionnelle et esthétique du territoire, en
vue des besoins de l’homme : habitation, circulation, loisirs, hygiène ;
et dans un avenir plus lointain,
l’organisation des espaces aériens
et souterrains. L’urbanisme est à
la fois un art et une science. ”
L’activité d’architecte en chef de la Reconstruction incite Maurice Novarina à une pratique
d’urbaniste. Les années 1960 voient naître les “ grands ensembles ” d’habitations issus des
politiques de logements de masse, aménagés sur des terrains en périphérie des villes et
soumis aux nouveaux raisonnements constructifs de préfabrication.
Autour de
Maurice Novarina
Contexte
L’EXTENSION
URBAINE
Si, pendant la période de la Reconstruction, les aménagements concernent des parcelles
autonomes, à partir des années 60, le territoire entier est modifié par l’extension urbaine.
L’insalubrité des logements d’avant guerre était déjà un problème. Le nombre de personnes
à reloger reste important, malgré les actions du MRU.
A partir de 1955, le problème du logement s’accentue avec l’arrivée de travailleurs dans les
grandes villes industrielles et le retour des habitants des colonies, d’Indochine en 1955 et
d’Algérie, en 1962.
Les municipalités achètent alors des terrains en périphérie des centres villes : terres agricoles
ou militaires, parcellaire réorganisé auparavant lors de remembrements.
Un nouveau paysage urbain :
LA VILLE ET
LA VOITURE
L’HABITATION
Les grands ensembles des années 1950 sont sous
l’influence des Unités d’habitations qui redéfinissent les principes d’hygiène, de fonctionnalité, de
confort et d’organisation de la société.
La cellule d’habitation est le cœur vivant d’un grand
ensemble. Les pièces de l’appartement sont séparées et fonctionnelles. Les caractéristiques du
logement sont désormais tournées vers la lumière,
les grandes baies vitrées, l’eau courante, les sanitaires individuels, le chauffage central, l’aération…
Les années 1960 marquent une évolution du mode
de vie des familles : appareils, robots ménagers,
cuisine équipée, meubles en formica sont utilisés
au quotidien, comme l’encourage tous les ans le
Salon des Arts Ménagers de Paris.
Revue Sciences et vie, années 1960
Le Corbusier (1897-1965)
En 1958, des ordonnances
gouvernementales créent les
Zones à Urbaniser en Priorité.
Le décret d’application permet
aux communes d’acquérir
rapidement, y compris par l’expropriation, des terrains pour
leurs nouvelles opérations.
Édifiées en frange de ville entre
1960 et 1975, les ZUP forment
des quartiers nouveaux, comprenant des logements et des
équipements (commerces,
crèche, centre social, église…).
En 1967, les ZAC (Zone
d’Aménagement Concerté)
remplacent les ZUP dans
une loi foncière.
Charles-Edouard Jeanneret dit Le Corbusier est architecte, urbaniste et peintre français
d’origine suisse.
Il incarne la figure de l’architecte moderne, visionnaire, fasciné par les révolutions techniques
et l’univers de l’industrie.
Il participe activement aux CIAM (Congrès International d’Architecture Moderne) et formule
des idées sur la ville nouvelle, en opposition claire avec la ville ancienne dont “ les îlots insalubres devront être démolis ”.
Ces zones d’habitations sont aménagées à partir d’axes
de circulation, liens essentiels avec la ville existante. La
voiture, nouvel outil de la société moderne, révolutionne
le quotidien. La rue devient une simple voie de circulation,
large et fonctionnelle.
Les Congrès Internationaux d’Architecture Moderne
(CIAM) génèrent les modèles de l’aménagement urbain :
les flux piétons sont séparés des flux automobiles, des
parkings souterrains sont prévus pour faciliter l’accès aux
immeubles et libérer des espaces communs. Au cœur des
îlots, la végétation se développe, pour offrir des espaces
de loisir.
Création
des ZUP
Ensemble de Viry-Châtillon, Essonne,
1961-1966 : 3 300 logements, répartis en
9 tours de 8 étages, 2 barres de 7 étages
et des bâtiments bas
L’ÎLOT
VERTICAL
Il affirme cette doctrine dans ses réalisations comme la Villa Savoye à Poissy (Yvelines), le
Couvent de la Tourette (Rhône), la chapelle de Ronchamp (Haute-Saône), les Unités d’habitation…
La Cité radieuse de Marseille, unité d’habitation pour 1600 personnes, construite entre 1947
et 1952, expérimente ce nouveau cadre de vie : les pilotis portent le bâtiment sans couper le
sol du parc existant ; les rues intérieures desservent les appartements conçus en duplex et
orientés de façon à bénéficier d’un ensoleillement maximum ; des commerces sont intégrés
au 3ème niveau : boulangerie, bureau de poste, centre commercial. Une école maternelle
accueille les enfants sur le toit.
Le quartier de la Duchère occupe un site lyonnais
remarquable, sur les hauteurs, au nord-ouest de la ville.
François-Régis Cottin, architecte en chef de l’opération,
orchestre le plan d’ensemble et les réalisations pour la
Société d’Equipement de la Région Lyonnaise (SERL),
nouveau grand opérateur immobilier. Le secteur du
Château est confié à Maurice Novarina : une église à
plan carré, une barre et quatre tours sont construites.
LES GRANDS
ENSEMBLES
Les
CIAM et
la Charte
d’Athènes :
la naissance de
l’urbanisme moderne
Les Congrès Internationaux d’Architecture Moderne sont créés en
1928 lors d’une rencontre de plusieurs architectes et théoriciens
comme Giedon, Le Corbusier, May, dans le but d'établir les bases
de l’architecture nouvelle.
A Athènes en 1933, le CIAM propose une véritable doctrine
urbanistique. Les thèmes abordés sont ceux de la ville et sa
région, de l’habitation, des loisirs, du travail, de la circulation et
du patrimoine.
“ 26 - Un nombre minimum d’heures d’ensoleillement doit être
fixé pour chaque logis.
(…)
35 - Tout quartier d’habitation doit comporter désormais la surface
verte nécessaire à l’aménagement rationnel des jeux et sports
des enfants, des adolescents, des adultes.
(…)
46 - Les distances entre lieux de travail et lieux d’habitation doivent
être réduites au minimum.
(…)
62 - Le piéton doit pouvoir suivre d’autres chemins que l’automobile.
(…)
77 - Les clefs de l’urbanisme sont dans les quatre fonctions :
habiter, travailler, se récréer (dans les heures libres), circuler.
(…)
87 - Pour l’architecte, occupé ici à des tâches d’urbanisme, l’outil
de mesure sera l’échelle humaine.
(…)
95 - L’intérêt privé sera subordonné à l’intérêt collectif. ”
Déjà en 1927, il exposait ses cinq principes de l’architecture nouvelle :
- les pilotis, qui libèrent le sol de l’emprise du rez-de-chaussée et offrent une transparence
visuelle sur le paysage ;
- le plan libre, qui s’oppose à l’empilement traditionnel des cloisons sur les murs porteurs ;
- la fenêtre en longueur, qui offre une vue panoramique sur l’environnement ;
- la façade libre, qui se place à l’avant des poteaux structurants
- le toit-terrasse, cinquième façade, qui propose un espace extérieur accessible.
Maurice Novarina, interview de M. Avril pour le Messager, 1955.
Ensemble
de la Duchère
à Lyon, 1962
5
5
Ensemble de Viry-Châtillon, Essonne,
croquis de Maurice Novarina, 1960
11
5. Ensemble du Château, Lyon La Duchère, Rhône, 1962-1968
Le Village Olympique
de Grenoble, 1968
C’est entre 1960 et 1970 que Maurice Novarina travaille sur les grands
ensembles, toujours assisté d’autres architectes. Les échelles de réflexion
concernent autant le plan masse général que la cellule de l’appartement.
La ZUP d’Annecy, 1960
Le quartier du Village Olympique est construit sur d’anciens terrains militaires au sud de l’agglomération.
Cet ensemble, à l’origine prévu pour l’hébergement des athlètes et accompagnateurs des Jeux Olympiques
de 1968, est converti en quartier d’habitations mixtes.
L’ensemble composé de tours de 15 niveaux et de barres de 3 étages est séparé des circulations automobiles. Les cheminements piétons à l’intérieur de l’îlot permettent d’accéder facilement au parc et
aux équipements publics tels que la crèche ou l’école. La composition rappelle celle d’un village. Les
façades sont animées par le bois, en bardage, ou sur les balcons.
A Annecy, la ZUP de Novel Sud marque le début d’un long projet d’urbanisation :
l’avenue de France est tracée dès 1948, axe structurant des nouveaux quartiers
de logements annéciens (Cité du Parmelan, Novel, les Teppes) et la ZUP se
construit par étapes.
En opposition aux alignements de
la ville traditionnelle, l’implantation des immeubles se fait au
cœur des îlots. La ville est conçue
pour l’homme à pied, ce que
Jacques Lévy, collaborateur de
Maurice Novarina dès le début du
projet, qualifie d’urbanisme
modeste.
LES
RÉNOVATIONS
URBAINES
6
La Rénovation du centre ville de Thonon-les-Bains est un des derniers
grands projets de l’architecte, réalisé entre 1975 et 1985. La démarche est
distincte des ensembles urbains modernes car les constructions se placent
en prolongement de la ville historique et non en cœur d’îlots. Après de
nombreuses destructions, les logements neufs recréent un tissu urbain,
organisé autour de petits espaces publics. L’architecte introduit l’arcade au
rez-de-chaussée des immeubles, élément inédit à Thonon-les-Bains.
Ce projet a mis du temps à aboutir, provocant de nombreux débats entre les
politiques et les usagers. L’idée de “ la ville nouvelle dans la ville ancienne ”,
slogan des sociétés immobilières de l’opération, arrive alors tardivement.
L’époque des grandes opérations urbaines est révolue.
7
8
Plan masse de la ZUP de Novel, secteur sud,
Annecy, Haute-Savoie, 1961-1969
Les ZUP de Besançon
et Dôle, 1961
12
6. Vue aérienne du Village Olympique, Grenoble, Isère, 1968
7. Immeubles du Village Olympique, Grenoble, Isère, 1965-1968
8. Maquette du Village Olympique, Grenoble, Isère, 1965. Le plan général distingue les circulations,
les immeubles d’habitation (barre ou tour) et les espaces verts.
A Dôle, la ZUP des Mesnils
Pasteurs et à Besançon la
ZUP de Planoise, prennent
la même forme urbaine,
autonomes et distinctes de
la ville historique. Les équipements : centre commercial, école, centre médicosocial font partie intégrante
du projet.
LES ESPACES
VERTS
1
Extraits de La Charte d’Athènes, Le Corbusier, Edition du Seuil, 1942
> Les grands projets d’urbanisme
L’activité d’architecte en chef de la Reconstruction incite
Maurice Novarina à une pratique d’urbaniste. Les années
1960 voient naître les « grands ensembles » d’habitations
issus des politiques de logements de masse, aménagés
sur des terrains en périphérie des villes et soumis aux
nouveaux raisonnements constructifs de préfabrication.
11. Vue aérienne
du quartier
de la Rénovation,
Thonon-les-Bains,
Haute-Savoie,
1975-1985
12. Maquette
du quartier
de la Rénovation,
Thonon-les-Bains,
Haute-Savoie, 1975
9
4
La nécessité de densifier les zones bâties entraîne la
création de tours, hautes de 10 ou 20 étages. L’îlot vertical 1
prend la place de l’îlot traditionnel de la ville ancienne.
La tour et la barre deviennent des éléments structurants
des quartiers modernes.
Maurice Novarina travaille régulièrement avec
Willem Den Hengst, paysagiste. Ils mettent en
place des parcs et aménagent les centres d’îlots.
Les surfaces vertes sont traversées par des
chemins pavés, éclairés le soir, équipées d’un
mobilier urbain standardisé et agrémentées de
fontaines ou de sculptures.
2
3
10
1. Selon l’expression de Philippe Panerai
© crédits photos : Agence Novarina ; revue Science et Vie - graphisme : www.le188.com
Tour, Rueil-Malmaison, Hauts-de-Seine, 1959
1. Maquette de la ZUP de Planoise,
Besançon, Doubs, 1960
2. Centre commercial de la ZUP de
Planoise, Besançon, Doubs, 1960
3. ZUP des Mesnils Pasteur,
Dôle, Jura, 1961
9. Cité de Vouilloux, Sallanches, Haute-Savoie, 1970-1972
10. Quartier de Champ Fleuri, Seynod, Haute-Savoie,1971-1975. L’ensemble est parfaitement intégré au site. Situé sur une vaste colline
surplombant la ville, le terrain bénéficie d’une rivière en contrebas et de haies bocagères.
4. Plans-types des appartements
de Viry-Châtillon, 1961
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
> Villas et résidences
La commande privée constitue une partie intéressante
du travail de l’architecte. Il réalise d’abord des chalets de
montagne, puis de nombreuses villas, la plupart du temps
pour ses proches, et à partir des années 1970, des immeubles d’habitation, caractérisés par un confort contemporain et un standing remarquable.
VILLAS ET RÉSIDENCES
La commande privée constitue une partie intéressante du travail de l’architecte. Il réalise d’abord des chalets de montagne,
puis de nombreuses villas, la plupart du temps pour ses proches, et à partir des années 1970, des immeubles d’habitation,
caractérisés par un confort contemporain et un standing remarquable.
Autour de Maurice Novarina
DES VILLAS
MODERNES
2
1
Le concept de villa rappelle les propriétés italiennes de la Renaissance, lorsque les grandes
familles édifiaient en Vénétie de nobles villas, qui constituaient en fait les premières maisons
de campagne fonctionnelles. Depuis, la villa n’a cessé d’être un terrain d’expérimentation
“ privée ”, liée aux engagements, aux fantasmes ou aux cultures du commanditaire, mais
toujours unie à un territoire identifié (terres agricoles, bord de lac, périphérie de ville).
L’architecte, originaire de Thonon-les-Bains bénéficie de commandes
nombreuses liées à ce lieu de villégiature, entre lac et montagne, propice au
développement des loisirs, de la détente, du tourisme. Les chalets et les
villas constituent un patrimoine architectural intéressant, marqué d’influences
diverses.
Dans les années 1920, le Mouvement moderne suscite des réalisations inédites comme les
villas de Le Corbusier en France ou celle de Frank Lloyd Wright, architecte aux Etats-Unis.
Sa célèbre Maison sur la cascade, en 1937, révèle une architecture organique, aux toitures
débordantes. Les architectes Louis Sullivan, Mies Van der Rohe, Richard Neutra, Eero
Saarinen contribuent à la vague américaine des villas qui mêlent design et fonctionnalisme.
Lors d’un voyage aux Etats-Unis organisé par la Société d’Aluminium
Français, en 1956, Maurice Novarina visite New York et ses buildings ;
Pittsburgh ; Chicago et l’Institut de Technologie construit par l’architecte
Mies van der Rohe ; Saint Louis ; Boston ; Détroit et le Centre Technique de
la General Motors de Eero Saarinen …
Il rencontre ce dernier, lors d’une réception organisée par la célèbre architecte
et designer Florence Knoll. Architecte finlandais installé aux Etats-Unis, il
conçoit de nombreuses chapelles modernes et des bâtiments commerciaux
et administratifs.
On retrouve son influence dans les lignes franches et épurées des villas de
Novarina.
Son attention est marquée également par les nouveaux quartiers d’habitations
des banlieues américaines : “ Nous avons été surpris agréablement par
le charme des quartiers résidentiels à pavillons individuels, réalisés à
proximité des grandes villes que nous avions visitées. Ceci tient à la liberté
dans l’implantation des maisons, à leur architecture sans prétention, à la
sobriété des couleurs, à l’absence de clôture, au soin apporté à l’entretien
des pelouses, et beaucoup à la qualité des plantations. ” Maurice Novarina,
Notes de Voyages en Amérique, 1956.
En Rhône Alpes, ces influences sont limitées à l’exception de la villa Le Même à Megève.
Chalets aux Gets, Haute-Savoie, 1951
La toiture à un seul pan et la forme compacte assure un habitat
fonctionnel. Les trois chalets sont orientés au sud et offrent un
maximum de lumière sans vis-à-vis.
Henry-Jacques Le Même
(1897-1997)
Architecte originaire de Nantes, Henry-Jacques Le Même a proposé une architecture moderne
et alpine, “ le chalet skieur ” dans ses projets à Megève.
Il dessine de confortables chalets, empreints de régionalisme (matériaux et formes traditionnels) aux lignes géométriques modernes. Il conçoit également plusieurs sanatoriums du
Plateau d’Assy en Haute-Savoie avec Pol Abraham.
“ Il me semble que les forces qui façonnent
l’architecture du futur sont au nombre de
quatre : sociales, économiques, technologiques et esthétiques. C’est leur interaction
et l’interprétation qu’en fait l’homme qui
créent l’architecture. ”
2
3
DES
IMMEUBLES
RÉSIDENTIELS
A partir de 1960, Maurice Novarina, installé à Paris, reçoit
des commandes de logements résidentiels, comme dans
le 13ème arrondissement, où il réalise en 1969 l’immeuble
le Périscope. Promotion immobilière de grand standing,
le projet du Périscope s’adresse à l’origine à des familles
souhaitant devenir propriétaires. Grands appartements,
espaces de loisirs intégrés (piscine sur le toit), commerces
de proximité et patio privé, l’immeuble monumental est
doté d’une programmation complexe.
4
En 1974, la Tour ronde Super Italie s’impose elle aussi
comme un ensemble compact et élancé, plus haute
construction du quartier d’Italie (112m de haut).
L’architecte, jusqu’à la fin des années 1980, mène des
chantiers de logements résidentiels, à Paris (avenue
Foch), à Saint-Cloud et Saint-Quentin en Yvelines, ainsi
qu’à Annecy, Thonon-les-Bains et Annemasse.
4
5
8
6
Eero Saarinen, Conférence avec Victor Gruen devant l’Economic Club of Detroit, 1956.
7
9
9
7. Immeuble le Périscope,
avenue d’Italie, Paris (13e), 1969
8. Plan des appartements du Périscope,
Brochure publicitaire, 1969
9. Tour Super Italie, Paris (13e), 1970
1. Villa Escoubès, Neuvecelle, Haute-Savoie, 1960
2. Villa Maeder, Ambilly, Haute-Savoie, 1954
3. Villa du Docteur Mouton, Thonon-les-Bains, Haute-Savoie, 1958
4. Intérieur de la Villa Vincenot, Lugrin, Haute-Savoie, 1955
5. Habitat en bande, Mourenx,Pyrénées-Atlantiques, 1960
6. Villa de Maurice Novarina, Thonon-les-Bains, Haute-Savoie, 1949
< ci-contre : Villa Escoubès,
Neuvecelle, Haute-Savoie, 1960
© crédits photos : Agence Novarina - graphisme : www.le188.com
Contexte
LES HABITATIONS INDIVIDUELLES
MODERNES
7
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
page
9
> Art et architecture
ART ET ARCHITECTURE
Maurice Novarina est très lié aux artistes plasticiens dès le
début de sa carrière. D’abord enrichi par les commandes
d’édifications d’églises, ce réseau est maintenu et développé. Une grande partie de sa production intègre une
commande artistique.
Maurice Novarina est très lié aux artistes plasticiens dès le début de sa carrière. D’abord enrichi par les commandes d’édifications
d’églises, ce réseau est maintenu et développé. Une grande partie de sa production intègre une commande artistique.
Contexte
Autour de Maurice Novarina
ARCHITECTURE
ET ARTS PLASTIQUES
UNE CONTRIBUTION
RÉCIPROQUE
L’ARCHITECTE
ET LES ARTISTES
5c
Si l’Art et l’Architecture sont deux disciplines qui se côtoient depuis toujours, leur valorisation
réciproque a évolué. Les problématiques architecturales et urbaines du XXe siècle semblent
redéfinir le rôle des arts plastiques.
“ La participation des artistes n’est pas un complément, une caution, mais doit être pensée dans le
mouvement même de la conception, car l’architecte
travaille déjà lui-même dans la symbolique. ”
Maurice Novarina accorde, dès ses premières commandes, une grande importance à l’association de l’Art et de l’Architecture.
Sa volonté d’intégrer les œuvres d’art à ses projets, parfois absentes de la commande initiale,
servira sa renommée au-delà des limites régionales.
L’art comme ornement
d’architecture
Une association favorisée
par la commande religieuse
Durant l’Epoque moderne et au cours du XIXe siècle, les artistes, peintres et sculpteurs,
participent pleinement à l’élaboration du cadre bâti. Les missions qui leur sont confiées
consistent à orner les édifices, à leur donner une dimension symbolique. Leurs interventions
se placent en continuité du processus de projet architectural.
Le père Ambroise, curé bâtisseur de Notre-Dame du Léman à Vongy (1933-35), ainsi que le
Chanoine Devemy, fondateur de l’église Notre-Dame de Toute Grâce (1937-46) du plateau
d’Assy, ont certainement éveillé en Maurice Novarina cette envie d’associer des artistes à
l’architecture.
Le rôle du Père Couturier est prépondérant dans le choix des artistes invités à participer au
renouvellement de l’Art sacré tels que Fernand Léger, Georges Rouault, Jean Bazaine, Henri
Matisse, Georges Braque, Pierre Bonnard, Marc Chagall, Jean Lurçat entre autres.
L’architecture se radicalise
en supprimant l’ornement
“ Voici Léger. Voici Lurçat. Voici les premiers
Rouault admis dans une église. Voici, dans la
pénombre, Pierre Bonnard. Voici cet autel du SaintSacrement où le Christ reçoit le double hommage
silencieux de Braque et de Matisse. ”
Au début du XXe siècle, la place des artistes dans l’architecture est menacée. Les nouveaux
concepts architecturaux se radicalisent en réaction à l’éclectisme des périodes passées.
Les architectes engagés dans ce renouveau radical suppriment toute intervention d’artistes
dans leurs réalisations. L’architecture est fonctionnelle et cherche à exprimer des choix
constructifs associés à un programme précis. Ainsi, pour respecter la justesse de la forme,
aucun ornement ne peut être rapporté. Les jeux de lumière, les choix de couleurs font
partie intégrante de la conception architecturale.
L’une des grandes qualités de Maurice Novarina est d’avoir su s’entourer, tout au long de sa
carrière, de personnalités talentueuses pour servir son œuvre.
2. Eglise du Sacré-Cœur, Audincourt, Doubs, 1949-52
Fernand Léger (vitraux du chœur et tapisserie maître-hôtel), Jean Bazaine (vitraux et mosaïques en façade), Jean Barillet (maître verrier,
réalisation du vitrail du baptistère), Jean Le Moal (vitraux crypte, pavement et mosaïque murale)
Parallèlement à ces courants architecturaux émergents liés aux nouveaux modes de
construction, une remise en cause profonde de la pratique artistique est en marche. Des
expressions avant-gardistes naissent avec l’emploi de nouvelles techniques.
Les artistes, intervenant sur de nouveaux types d’espaces produits par l’architecture moderne,
adaptent leur démarche, loin de la décoration.
Dans ce contexte d’évolution de l’Architecture et de ses doctrines, des politiques volontaristes
sont menées afin de favoriser l’intervention des artistes.
Ainsi, dès l’entre-deux-guerres et dans le cadre particulier de la commande religieuse, le
renouveau de l’Art sacré encourage l’association des artistes à l’architecture.
5b
Une fidélité sans faille lie l’architecte à ses artistes favoris
dans le temps et dans l’espace de sa production.
La première rencontre entre Emile Gilioli et Maurice
Novarina a lieu au cours du projet de l’Hôtel de ville de
Grenoble (1968). Dans les années qui suivent, l’architecte
lui confie plusieurs réalisations d’œuvres : l’aménagement
du chœur et le mobilier de l’église Notre-Dame du
Rosaire à La Tronche (1966-69), à côté de Grenoble, ainsi
qu’une mosaïque pour le Périscope à Paris (1978).
Marie-Alain Couturier, La leçon d’Assy, Livret consacré à Notre-Dame de Toute Grâce par les éditions paroissiales d’Assy, 1993
Si l’église d’Assy (1937-46) incarne ce renouveau, l’église du Sacré-Cœur à Audincourt (1949-52)
affirme cette volonté d’exprimer à travers une production artistique avant-gardiste la nouvelle
posture de l’Eglise.
L’église Notre-Dame des Alpes à Saint-Gervais Le Fayet
(1936-39) s’inscrit également dans cette démarche.
Maurice Novarina fait appel au groupe d’artistes
suisses Saint-Luc, proche de Cingria pour
la décoration intérieure.
“ Le problème de
cette collaboration entre
les arts est délicat ; mais il doit
être posé, en principe, à la naissance
du projet. […] Une communion de pensées
s’établira […] La décoration s’intégrera à
l’architecture ; elle n’aura plus le
caractère factice, déplorable,
tant de fois contesté. ”
5. Hôtel de Ville de Grenoble, Isère, 1968
a. Pierre Sabatier, salle de réception
b. Pierre Sabatier, Alfred Manessier, salle des mariages
c. Charles Gianferrari, Etienne Hadju, patio
5a
Une pratique d’association
devenue courante
1
De la commande volontaire
au cadrage légal
Si certaines œuvres architecturales sont aujourd’hui protégées au titre des Monuments
Historiques avant tout pour les productions artistiques, l’initiative d’une association réussie
entre un architecte et des artistes est particulièrement remarquable.
Incontestablement, l’église Notre-Dame de Toute Grâce du plateau d’Assy est le projet le
plus connu mais également le plus abouti de ce point de vue.
Maurice Novarina participe à ce formidable projet dont les enjeux lui échappent certainement
au départ.
Il se voit alors porté sur les devants de la scène architecturale. Il profite très tôt d’une reconnaissance internationale propulsant rapidement sa carrière.
Maurice Novarina, Article L’autoroute dans notre espace/temps. L’apport des arts plastiques, p.2
2
2
1. Eglise de Notre-Dame de Toute Grâce, Plateau d’Assy, Haute-Savoie, 1937-46
Des artistes de renoms ont participé au renouveau de l’art sacré comme Fernand Léger, Henri Matisse, Georges Braque, Georges Rouault,
Jean Bazaine, Germaine Richier, Pierre Bonnard, Jean Lurçat…
Courrier d’une entreprise de vitrail et
mosaïques d’art pour l’église de Vongy, 1934
Esquisse (aquarelle) du Couvent de la Tourette à Eveux, Rhône, 1946
Maurice Novarina est connu pour ses réalisations d’églises, notamment celle du plateau d’Assy. Le Père Couturier lui propose en 1946 de
travailler sur le projet d’un couvent dominicain à Eveux-sur-l’Arbresle (Rhône). En 1953, les frères dominicains choisissent finalement la
proposition de Le Corbusier, connue aujourd’hui.
Il en est de même avec le sculpteur Pierre Sabatier qui
intervient auprès de Maurice Novarina dès 1956 pour la
réalisation du tabernacle en cuivre repoussé de l’église
Saint-André à Ezy-sur-Eure, puis dans différents édifices
publics ou privés comme l’église Notre-Dame de la Paix à
Villeparisis (1957), l’Hôtel de ville de Grenoble (1968), ou
encore la tour Super-Italie à Paris (1970).
Originaire de Picardie, Alfred Manessier s’inscrit à l'École
des Beaux-arts de Paris en 1929. Il s’initie à l’architecture,
à la fresque pour finalement s’orienter vers la peinture.
Il s’intéresse également à la tapisserie et au vitrail. Il
participe activement au renouveau de l’art sacré. En
1948, il produit des vitraux non-figuratifs pour l’église
Sainte-Agathe des Bréseux (Doubs). Il rencontre
Maurice Novarina pour le projet de l’église Notre-Dame
de Plaimpalais à Alby-sur-Chéran (Haute-Savoie) et
réalise l’ensemble des vitraux en 1978.
Son œuvre est consacrée par le Grand Prix de Peinture
en 1962.
Après avoir passé son enfance en Italie, Emile Gilioli part étudier à l’Ecole des Arts Décoratifs
de Nice en 1928. Trois ans plus tard, il est admis à l’Ecole Nationale des Beaux-arts de Paris,
dans la section Sculpture.
Il expose pour la première fois en 1941 à Grenoble. Rapidement, les commandes de sculptures
pour des églises et des monuments commémoratifs font sa renommée dans le département
de l’Isère et la région Rhône-Alpes (Mémorial de Voreppe en 1945, le Monument aux Déportés
de l’Isère en 1949, le Monument des Martyrs du Vercors en 1951).
Emile Gilioli est l’un des chefs de file de l’abstraction lyrique dans la sculpture des années 1950.
Son expression artistique passe par des matériaux classiques tels que le marbre, l’onyx,
le bronze doré… La simplicité, le dépouillement et l’élancement de ses œuvres tendent à lier
le graphisme au volume.
Née d’une volonté politique, la mise en place de la réglementation du “ 1% artistique “ tend à favoriser la rencontre entre un artiste, un architecte et le public.
Source : www.legifrance.gouv.fr
1. Edito de Michel Fontès, directeur régional des affaires culturelles d'Ile-de-France sur www.artarchitecture.culture.fr
Maurice Novarina, Sur une collaboration entre
architectes, les peintres et les sculpteurs,
Lettre, 1952, Archives de l’agence Novarina
3. Immeuble le Périscope, Paris, 13e arr., 1973
Au fond du parvis : une mosaïque d’Emile Gilioli
Alfred Manessier (1911-1993)
peintre
Emile Gilioli (1911-1977)
sculpteur
Certaines œuvres sont de véritables dispositifs spatiaux. Pierre Sabatier
revendique la complémentarité de l’art et de l’architecture dans la
création d’espaces. Le mur claustra amovible en laiton découpé
de la salle des mariages de l’Hôtel de ville de Grenoble,
ainsi que le panneau mural du salon de réception
C'est à 1936 que remonte l'idée de réserver un pourcentage du coût des constructions publiques
intégrant une porte pivotante en cuivre sont
à la décoration monumentale, afin de restaurer les conditions d'un dialogue entre art et architecture 1.
la démonstration même d’une réflexion
Créé en 1951, le “ 1% artistique “ est un dispositif qui permet de consacrer, à l’occasion de la construction ou de l’extension
artistique associée très tôt au
d’un bâtiment public, un financement représentant un pour cent du coût total des travaux, pour la commande ou l’acquisition
processus d’élaboration du
d’une ou plusieurs œuvres d’art spécialement conçues par des artistes contemporains, pour être intégrées au bâtiment ou dans ses abords.
projet architectural.
Un décret daté de 1972 élargit son champ d’application à l’environnement, orientant ainsi les commandes publiques vers le cadre urbain.
La politique de l’art
4
Eglise Notre-Dame de Plaimpalais, Alby-sur-Chéran, Haute-Savoie, 1954-60
Alfred Manessier conçoit les vitraux de l’église Notre-Dame de Plaimpalais en 1978.
Dans la sobriété décorative de l’église, les vitraux de style non figuratif s’animent au
fil des heures. Le système de “ dalle de verre ” enchâssé dans des montures de
ciments permet de réaliser des vitraux de grande surface (5mx8m).
Le Monument National de la Résistance du plateau des Glières, inauguré en 1973 par André
Malraux, abrite une crypte. Depuis longtemps, cette notion d’œuvre habitable lui est chère.
© crédits photos : Agence Novarina ; Pierre Vallet photographe ; Fond du Couvent de la Tourette ; CAUE 74 - graphisme : www.le188.com
4. La tour Super-Italie, Paris, 13e arr., 1970
Hall d’entrée de la tour décoré par Pierre Sabatier
3
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
> Matières et constructions
MATIÈRES
ET CONSTRUCTION
À la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, l’ampleur des
besoins liés à la Reconstruction révolutionne l’architecture.
L’emploi de matériaux standardisés devient constant. L’industrie innove, les architectes adaptent leur production.
Ainsi le béton et l’aluminium dominent la production de
Maurice Novarina, néanmoins le bois et la pierre conservent une place privilégiée dans son architecture.
À la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, l’ampleur des besoins liés à la Reconstruction révolutionne l’architecture. L’emploi
de matériaux standardisés devient constant. L’industrie innove, les architectes adaptent leur production. Ainsi le béton et
l’aluminium dominent la production de Maurice Novarina, néanmoins le bois et la pierre conservent une place privilégiée dans
son architecture.
Contexte
Les formes bâties changent. Les façades s’ouvrent. Les enveloppes transparentes apparaissent
grâce à l’industrialisation des matériaux comme le verre et l’aluminium.
Les possibilités constructives augmentent notamment avec le béton armé. Les porte-à-faux
permettent de libérer les espaces intérieurs (le système Dom-ino en 1914, de Le Corbusier ;
la Maison sur la cascade en 1935-39 de l’américain Frank Lloyd Wright).
La lumière vient mettre en évidence l’architecture.
Matériau léger et malléable, l’aluminium est très employé dans l’industrie mais peu dans
l’architecture. Jean Prouvé, constructeur, l’intègre rapidement dans ses projets. De la tôle à
la structure porteuse, ce métal présente des caractéristiques exceptionnelles (Mur-rideau
mis au point par le constructeur en 1957 ; le gratte-ciel Seagram Building de Mies van der
Rohe et Philip Johnson à New York en 1954-58).
“ L’architecture est le jeu savant
de volumes assemblés sous la lumière ”
Autour de Maurice Novarina
LES PROCÉDÉS DE
PRÉFABRICATION
LA PIERRE
De nouvelles formes architecturales émergent et s’imposent par la mise au point du béton
armé et l’accessibilité aux matériaux industriels. Si durant des siècles les édifices sont
édifiés en maçonnerie de pierre, acheminée ou extraite sur place, les principes doctrinaux
du Mouvement moderne tendent à produire un style international. Les références architecturales
ne sont alors plus celle du lieu.
Se pose alors la question de la banalisation véhiculée par les bâtiments produits, plus ou moins
à l’identique, niant les caractéristiques locales.
LE BÉTON ARMÉ,
VERS UNE
MATÉRIAU DE TOUS
STANDARDISATION LES POSSIBLES
DE LA
CONSTRUCTION
Le Corbusier
“ Le matériau le plus révolutionnaire de toute l’histoire
de la construction. ”
Les premières réalisations de
Maurice Novarina sont fortement
imprégnées de tendances régionalistes. En effet, la pierre est
employée comme matériau structurant, extraite à proximité et
taillée par les artisans. Les églises
réalisées avant et juste après la
Seconde Guerre Mondiale sont
empreintes de cette tendance, bien
que Maurice Novarina emploie
déjà le béton armé pour certains
éléments de la structure, comme à
l’église Notre-Dame du Léman à
Vongy.
Dans le même temps, Maurice
Novarina réalise des refuges dans
le massif du Mont-Blanc ainsi que
dans le Chablais. Les constructions sont en maçonnerie de pierre. Le sentiment de protection créé
par ce matériau est conforté par la
volumétrie massive.
Plus tard, la pierre reste présente
dans ses réalisations en parement
en façade.
La plage de Thonon-les-Bains (1952) l’illustre
parfaitement : le projet consiste à construire sur
le lac. Afin de maintenir espaces naturels pour la
plage, les bassins et la promenade ne seront pas
construits sur le terrain municipal, mais bien sur
l’eau. Des pieux de béton spécialement conçus
pour les milieux aquatiques sont disposés dans
les sols lacustres ceinturant les nouveaux bassins.
La ceinture n’est pas hermétique, elle laisse
pénétrer l’eau dans les bassins afin de les remplir.
3
2
1
5
1. Eglise Notre-Dame des Alpes, Saint Gervais Le Fayet, Haute-Savoie, 1936-39
Construction de l’église en maçonnerie de pierre en 1936
2. Eglise Notre-Dame de Plaimpalais, Alby-sur-Chéran, Haute-Savoie, 1954-60
3. Villas des professeurs de l’école, Vongy, Thonon-les-Bains, Haute-Savoie, 1959
4. Villa, Saint Paul en Chablais, Haute-Savoie,1960
Les murs pignons sont édifiés en maçonnerie de pierre.
5. Eglise Saint-André, Ezy-sur-Eure, Eure, 1956
Façade et coupe transversale
Les professionnels de la construction s’affairent à mettre en œuvre l’industrialisation du
bâtiment. Les recherches passent par le développement de la mécanisation, par la rationalisation des chantiers ainsi que par l’élaboration de procédés de préfabrication.
De nombreuses villes détruites se transforment en véritables chantiers expérimentaux.
Plage, Thonon-les-Bains, Haute-Savoie, 1952
La plage sur pilotis gagne du terrain sur le lac.
Les panneaux-décor
en béton moulé
La préfabrication a ceci de nouveau : la possibilité de multiplier
les détails décoratifs dans la construction en béton. La disposition
d’un élément préfabriqué par rapport à un autre induit un langage
graphique. Selon qu’ils se juxtaposent, se superposent, se joignent
ou pas, leur articulation crée un dessin graphique. Les possibilités
de finition différentes du béton armé interpellent très tôt Maurice
Novarina qui cherche en ce matériau une expression esthétique.
Certains panneaux préfabriqués poussent cette recherche du détail
esthétique à produire des éléments non porteurs pour animer les
façades. Les bétons moulés permettent une grande liberté de
création et apportent de nombreuses possibilités.
“ Pouvoir jouer avec la couleur, avec la texture, apporter aux surfaces
un relief qui variera selon la lumière du jour et des rayons du soleil,
créer des formes nouvelles tout en étant assuré d’une remarquable
résistance : quel programme, pourtant, pour l’artiste et pour l’ingénieur. ”
Les différents
traitements du béton
Ses caractéristiques mécaniques lui confèrent des possibilités constructives allant jusqu’à
l’abolition du sentiment de pesanteur. Rien, ou presque, ne limite l’ambition des architectes
modernes. Le passage du dessin au chantier est dorénavant permis par la mise au point des
techniques du béton : des porte-à-faux extraordinaires sont réalisés, les franchissements
sont démesurés, de nouvelles formes émergent.
Aujourd’hui victime d’une image négative véhiculée par sa profusion sur tout le territoire,
notamment dans les grands ensembles, le béton est associé automatiquement, et sans doute
hâtivement, à une architecture de masse. Mais la technique a évolué, les modes de mise en
œuvre s’adaptent aux demandes des architectes proposant de nouvelles applications (bétons
teintés dans la masse, bétons texturés et sérigraphiés…).
Maurice Novarina cherche la perfection dans la mise en œuvre du
béton. Son aspect définitif peut tendre vers un lissage
presque parfait ou au contraire peut dévoiler une
modénature décorative. Le coffrage de planches
brutes permet d’obtenir des surfaces
de béton à la fine texture de fibres
et renvoie à un imaginaire
chaleureux.
“ Tous les Boullée, Ledoux et autres butaient sur le matériau. Leur imagination allait bien
au-delà du matériau. S’ils avaient eu le béton, ils auraient pu tout faire ”
Paul Andreu, dans Le béton à Paris, B. Marrey et F. Hammoutène, Pavillon de l’Arsenal / Picard Éditeur, 1999
7
< ci-contre :
Collège de jeunes filles,
aujourd’hui Lycée de la Versoie
Thonon-les-Bains,
Haute-Savoie, 1958-59
16
17
15. La nouvelle Buvette, Evian-les-Bains,
Haute-Savoie, 1956
16. Hôtel de Ville, Grenoble, Isère, 1968
Les façades de la tour de douze étages
sont en mur-rideau. L’enveloppe, mise
au point par Jean Prouvé, est composée
d’une structure en aluminium et de
vitrage isolant. Les allèges sont en glace
émaillée. Les raidisseurs verticaux sont
étudiés pour servir de brise-soleil.
17. Centre nautique, Evian-les-Bains,
Haute-Savoie, 1968
La charpente métallique se compose
de poutres croisées en champignon à
maille sur poteau.
11. Eglise Notre-Dame
du Léman à Vongy,
Thonon-les-Bains,
Haute-Savoie,
1933-35
Rappelant la coque
d’un bateau,
la charpente de
l’église est constituée
d’arceaux en béton
armé soutenant
la structure entièrement en bois.
16
La lumière
Les constructions religieuses ont davantage fait l’objet d’une réflexion et d’un traitement
particulier de la lumière et sont certainement les plus abouties. Dès ses premières
productions, Maurice Novarina a fait appel à des artistes talentueux pour la réalisation de
vitraux. La lumière est une composante majeure dans la conception architecturale de
Maurice Novarina. Elle est travaillée comme la matière peut être sculptée.
La recherche de la juste lumière selon l’espace à éclairer offre une variété contrastée de
qualité lumineuse dans sa production. De la lumière diffuse, à la lumière dirigée en passant
par des lumières colorées, les ambiances invitent à l’inspiration.
“ Mais attention au pittoresque, l’architecture
savoyarde traditionnelle […] n’a jamais eu de faux
accents, de fausses couleurs. Il s’agit de ne pas
copier, mais d’interpréter les véritables raisons
d’être d’une architecture historique”
“ A gauche, la lumière blanchie éclaire pour lire, la nature participe à l’Eglise. A droite, dans
le chœur, un seul vitrail coloré : Mystère et symphonie des couleurs. ”
Maurice Novarina, Article pour la revue Savoie, février 1957
Maurice Novarina, Notes pour une interview à la radiotélévision du Canada, 19 mars 1955, au sujet de l’église de Villeparisis.
Ce travail de la lumière se retrouve également dans les projets de bâtiments civils ou publics.
12
13
14
13
18. Eglise Sainte-Bernadette,
19
Annecy, Haute-Savoie,
1964-69
19. Eglise Notre-Dame
de la Paix, Etrembières,
Haute-Savoie, 1967
20. Eglise Notre-Dame
du Rosaire, La Tronche,
Isère, 1960
La lumière est structurée lorsque l’architecture tend vers l’épuration
des formes. Des puits de lumière dirigent les rayons et des fentes
vitrées filent entre les murs et la toiture afin de baigner l’intérieur
d’une lumière homogène et diffuse. L’anti-matière est façonnée,
les espaces qualifiés.
18
Cité de Vouilloux, Sallanches,
Haute-Savoie, 1970
6 et 7. Détails du béton,
Hôtel de ville, Grenoble,
Isère, 1968
6
10. Eglise SainteBernadette,
Annecy, HauteSavoie, 1964-69
Les poutres en bois
lamellé-collé
permettent des
portées de 10 à 12
mètres. L’espace
est ainsi libéré de
tout élément structurel.
11
Projet de logements, Marseille,
Bouches-du-Rhône, 1970
Dessin des façades,
jeux de pleins et de vides.
15
9. Eglise de NotreDame de Toute
Grâce, Plateau
d’Assy, HauteSavoie, 1937-46
10
Centre Culturel Bonlieu, Annecy,
Haute-Savoie, 1978-1981
Les façades du théâtre sont
animées par des panneaux
en béton moulé conçus par
le sculpteur Denis Morog.
Denis Morog, Article pp.89-90, Vouloir le beau béton dans la revue Monuments Historiques n°140, 1985
L’apparition du béton révolutionne la construction. Mis au point entre la fin du XIXe siècle et
le début du XXe, le béton est innovant puisqu’il est autant, voire davantage, une technique
qu’un matériau.
Béton : les effets de la préfabrication, cité dans la revue AMC n°161, p. 118
15
8. Eglise Notre-Dame
des Alpes,
Saint-Gervais
Le Fayet, HauteSavoie, 1936-39
9
8
4
Pier-Luigi Nervi, ingénieur italien (1891-1979)
“ En 1946, à la question posée par Gilles Delafon Pour ou contre la préfabrication ?, Auguste
Perret répondait : “ La préfabrication s’impose. Actuellement, l’Angleterre nous montre
l’exemple. […] Si Citroën n’avait fabriqué qu’une seule voiture au lieu de faire toutes ses
séries, il lui aurait fallu vendre cette voiture des millions. Or, du grand car à l’habitation, il
n’y a q’un pas, il suffit de lui retirer les roues.”
Maurice Novarina, Notes du voyage
aux USA avec la Société
d’Aluminium en 1956
LE MÉTAL
ET LE VERRE
Matériau de construction traditionnel, notamment dans la région d’où est originaire Maurice
Novarina, le bois est employé autant pour la structure même de l’édifice que pour son enveloppe et son ornement.
Ses caractéristiques constructives et esthétiques lui permettent de s’intégrer à différents
styles architecturaux selon une mise en œuvre adaptée et voulue par l’architecte.
Loin du pastiche d’une architecture traditionnelle, le bois est de manière contemporaine.
Dans un jeu de répartition avec le béton en façade, il signe sa production.
Maurice Novarina saura saisir les opportunités
offertes par ce nouveau matériau qu’est le béton
armé.
Les procédés de préfabrication lourde sont employés notamment pour la réalisation des
éléments structurants des façades et des planchers. Des murs-panneaux en béton armé
sont préfabriqués en atelier et permettent une mise en œuvre rapide sur le chantier.
Les procédés de préfabrication légère se généralisent et se développent dès la fin des années
1960. Une commission chargée de formuler des avis techniques sur les procédés, matériaux
et équipements, est créée en 1969. Le contexte économique est propice à l’industrialisation
favorisant la prise en compte de l’évolution des demandes et la mise en place de nouveaux
procédés.
“ Nous avons constaté que le châssis aluminium
est aussi courant que le châssis bois
en France, et que son prix de
revient est sensiblement
égal à celui du bois ”
LE BOIS
LE BÉTON
ARMÉ
12. Station de ski Le Reberty,
Les Menuires, Savoie, 1977
“ Le coffrage imprime en
négatif, alors que la coulée dépose
“ positivement ” ses marques en séchant. Le coffrage
est contrôlable dans son aspect graphique : dimension et
orientation des planches, dessin des veines, pénétration des jointures,
présence de clous, etc. ”
20
21
13. Village Olympique,
Grenoble, Isère, 1968
21. Hôtel de Ville, Grenoble, Isère, 1968
Les lanterneaux de l’espace d’accueil du public de l’Hôtel de
Ville laissent largement pénétrer la lumière. Leurs formes
triangulaires ainsi qu’un jeu de calepinage du coffrage leur
confèrent un aspect végétalisé. La lumière semble traverser
un feuillage artificiel avant de se diffuser.
22. Eglise Notre-Dame du Léman, Vongy, Thonon-les-Bains,
Haute-Savoie, 1933-35. L’évocation du lac est présente jusque
dans le traitement de la lumière à l’intérieur.
14. Hôtel de Ville, Grenoble, Isère, 1968
Des éléments de bois revêtent le
plafond de la salle de réception. Au
fond : une tapisserie de Raoul Ubac.
21
Cyrille Simonnet, dans Le Béton, Histoire d’un matériau, p. 183
Chantier de construction :
emploi d’éléments préfabriqués
22
© crédits photos : Agence Novarina ; Pierre Vallet photographe ; CAUE 74 - graphisme : www.le188.com
UN NOUVEAU
LANGAGE
ARCHITECTURAL
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
> Architecte - Ingénieur
ARCHITECTE – INGÉNIEUR
Dès le début des années 1960, les pouvoirs publics mettent en place des outils d’aménagement du territoire afin de développer
les liaisons routières et réduire les inégalités entre les grandes villes et les espaces ruraux.
Grâce à sa formation d’ingénieur, Maurice Novarina se rapproche des maîtres de l’innovation technique comme le constructeur
Jean Prouvé, les ingénieurs Serge Kétoff, Bernard Lafaille et Ou Tseng pour la réalisation de nombreux bâtiments et ouvrages d’art.
Autour de Maurice Novarina
LA FRANCE S’ÉQUIPE
EN AUTOROUTES
Dès les années 1950, les pouvoirs publics entreprennent l’aménagement du territoire avec
l’objectif de développer le réseau routier et autoroutier sur l’ensemble du pays.
Un outil performant d’intervention est créé en 1963 : la Délégation à l’Aménagement du
Territoire et à l’Action Régionale (DATAR). Une véritable reconquête territoriale est en marche.
Pendant 20 ans les prouesses techniques permettent toutes les audaces. Les notions de
paysage et d’environnement apparaissent, elles, au cours des années 1970.
Suite à l’adoption des lois de décentralisation de 1982, l’Etat confie progressivement aux
collectivités locales le pouvoir de décision en matière d’aménagement du territoire.
Les autoroutes du XXe siècle sont les nouveaux ouvrages d’art qui marquent le territoire mais
également une époque.
Elles répondent aux demandes politiques, économiques et sociales, dont les maîtres mots
sont la communication et la commercialisation.
Symbole de la mobilité, les autoroutes bouleversent les repères spatiaux temporels.
L’ouverture de la France à l’Europe est clairement lisible dans l’espace. Des liaisons nouvelles
sont créées comme le tunnel du Mont-Blanc (1965), le tunnel du Fréjus (1980), ou encore le
tunnel ferroviaire sous la Manche (1996).
Repères
1935 : La première autoroute française (20 km entre Saint-Cloud et Orgeval à l’ouest
de Paris) est déclarée d’utilité publique.
1955 : La France compte 80 km d’autoroute - Mise en place d’un régime de concession
et du système de péage pour financer le programme autoroutier.
1963 : Création de la DATAR
1970 : La France compte alors 1000 km d’autoroute - l’Etat cède des parts à des sociétés
privées pour la construction et la gestion des autoroutes.
1974 : Premier choc pétrolier - Faillite des sociétés concessionnaires ;
l’Etat rachète certaines sociétés qui se voient intégrées au secteur public.
1982 : Lois de décentralisation
2007 : La France compte près de 6000 km d’autoroutes en service.
LES OUVRAGES
D’ART
Maurice Novarina réalise des viaducs et des entrées de tunnels à partir des années 1970
jusqu’à la fin de sa carrière. Sa formation initiale d’ingénieur semble, à une époque économiquement défavorable aux métiers de la construction suite au premier choc pétrolier, lui
apporter cette possibilité de maintenir une activité.
Les ponts et les viaducs restent les symboles de la maîtrise technique de l’homme, un
événement dans le paysage. Selon Maurice Novarina, l’impact de l’ouvrage d’art dans le
paysage est à travailler avec la plus grande des finesses. La dérive d’une production de
masse étant la banalisation des paysages.
1
2
“ Un comble pour l’autoroute : lieu de la délocalisation, jeu mobile de toutes les trajectoires, pourrait s’apparenter
à ces “ non lieux ” […] bien qu’elle suractive l’idée de situation ”
3
Cyrille Simonnet, L’autoroute est-elle belle ? Extrait de la revue Faces, n°44 1997, p.6-9
LES STRUCTURES
ÉLABORÉES
“ Que l’autoroute
soit un ouvrage d’art en
elle-même, implique essentiellement une méditation sur l’environnement. ”
Autoroutes et viaducs
3
Poétique de
la technique
Maurice Novarina, Article L’autoroute dans notre espace/temps - L’apport des arts
plastiques, p.3, (non daté).
Le viaduc de Nantua (A40) dans
l’Ain est l’un des derniers projets
conçus par Maurice Novarina.
Le viaduc jaillit du tunnel de
Chamoise puis s’enroule sous le
Mont Cornet. Il est doublé en 1996
par le viaduc des Neyrolles afin de
séparer les flux de véhicules. Un
nouvel outil, la conception assistée
par ordinateur (CAO), permet aux
ingénieurs-concepteurs de définir
précisément le tracé le mieux
adapté d’un point de vue technique
mais aussi esthétique. L’intégration
paysagère du viaduc est prise en
compte dès le début de la réflexion
ainsi que la perception depuis la
route nationale en fond de vallée.
8
9
9
TECHNIQUE ET ESTHÉTIQUE
DES BÂTIMENTS
4
7. Viaduc de Nantua, Ain, 1988
Les piles sont creuses et ont une section en
caisson, adaptées aux flexions et à la pression
du vent. la hauteur des piles varie entre 48
et 76 mètres. Les appuis sont radiants au tracé
de l’autoroute.
Le tablier est composé de 290 voussoirs caissons
de 2,5 à 3,5 mètres, en béton précontraint.
4
5
Les progrès techniques et technologiques amènent les concepteurs à toujours plus de
créativité dans leur production. L’architecture s’exprime alors à travers des techniques et
des matériaux nouveaux tout en dessinant de nouvelles formes.
L’esthétique de la technique bouleverse les idées reçues. Les nouveaux acteurs instaurent
d’autres références et puisent leur inspiration dans le secteur industriel.
Les matériaux réservés à l’industrie apparaissent dans le quotidien. La maison s’enveloppe
de métal et de verre, les bâtiments dévoilent leurs structures.
Le constructeur Jean Prouvé est l’un des précurseurs de cette démarche. Les détails
constructifs et les matériaux bruts sont montrés et participent à l’esthétique de la construction. L’emploi de l’acier et de l’aluminium, entre autres, apporte une légèreté aux édifices et
une facilité de mise en œuvre.
1. Viaduc de Poncin,
Saint-Denis-lès-Bourg, Ain, 1986
2. Entrée du Tunnel de l’Epine,
La Motte Servolex, Savoie, 1972
3. Gare de péage, Autoroute A42,
Saint-Maurice de Beynost, Ain, 1984
Les cabines de péages sont couvertes d’une
structure métallique indépendante. La toiture
courbée est supportée par une succession de
doubles poteaux métalliques. Ces derniers se
prolongent et fonctionnent comme des mats
pour tendre la couverture.
4. Gares de péages, Autoroute A26,
Saint-Omer, Pas-de-Calais, 1985
6. Gare de péage, Autoroute A5-A160
entre Melun-Sens et Sens-Courtenay, Yonne, 1986
5. Barrage de Sault Brénaz,
Porcieu-Ambagnieu, Isère, 1986
< ci-contre :
Viaduc de Nantua, Ain, 1988
1
8. Nouvelle Buvette, Evian-les-Bains,
Haute-Savoie, 1954
6
“ Les autoroutes, avec leurs
raccordements internationaux, développent au
contraire, une conception indifférenciée du monde : l’automobiliste qui
peut désormais traverser d’un trait la
France du Nord au Sud, et bientôt d’Est
en Ouest, voit se dérouler devant lui un
tapis de béton, tirant ainsi un trait sur
des paysages qu’il ne verra pas, ou plutôt,
ne vivra pas. ”
Maurice Novarina, Article L’autoroute dans notre espace/temps. L’apport des arts plastiques, p.3
7
9
9
De plan rectangulaire, la buvette est un volume clair,
largement vitré, couvert par une toiture légère, faiblement
courbée par les tensions réparties entre les points
d’accroche à la structure verticale. Cette dernière est
assurée par une succession de douze éléments en acier
au profil particulier. Il s’agit d’un modèle de béquille
asymétrique mis au point par Jean Prouvé à l’école à
Zürich en 1953. Le procédé sera repris et adapté à l’école
de Villejuif avec la collaboration de Serge Kétoff en 1957
ou encore à la piscine de Divonne-les-Bains réalisée par
Maurice Novarina en 1968. Chaque béquille est indépendante
des différents éléments, elle touche le sol par un ancrage
articulé et ne soutient la toiture qu’en deux points de
contact. La toiture mince est composée de plafond structural en bois précontraint recouvert de tôles d’aluminium.
L’enveloppe transparente est ouverte sur le site, elle assure
une continuité entre intérieur et extérieur.
Maurice Novarina est consulté en 1947 par la Société des
Eaux minérales d’Evian pour la conception d’une nouvelle
Buvette de la Source Cachat, implantée dans le parc
thermal récemment acquis au bord du lac Léman.
Pour la version définitive du projet, approuvée en 1956,
Maurice Novarina fait appel à Jean Prouvé, constructeur.
Une équipe se forme alors : Maurice Novarina est l’architecte en chef ; Jean Prouvé le constructeur ; Serge Kétoff
l’ingénieur, calcule la structure ; Jean Boutemain le collaborateur de Jean Prouvé, dessine les plans d’exécution et
suit le chantier.
9. Eglise Notre-Dame de la Rencontre,
Amphion-Publier, Haute-Savoie, 1954-59
Vue en coupe de l’église.
Détail du système constructif.
10. Centre nautique, Divonne-les-Bains, Ain,
1968. Maurice Novarina réemploie
le système de béquille asymétrique
de la buvette d’Evian.
10
11. Maison des Arts et des Loisirs,
Thonon-les-bains, Haute-Savoie, 1963-66
Photographie de la maquette de la
“ poutre-dalle “. La salle de 900 personnes
est à double niveau. Elle est chapeautée
d’un plafond structurant réalisé
par l’assemblage de modules pyramidaux
en béton moulé. Ces modules permettent
la réalisation d’une structure tridimensionnelle. Des portées de 30 mètres sont
franchies grâce à cette “ poutre-dalle ”.
Un jeu de plein et de vide en plafond
créé une variation visuelle.
12. Réservoirs d’eau, Alençon, Orne, 1964
C’est en 1964 que deux ensembles de
trois réservoirs d’eau à Alençon dans
l’Orne sont à l’étude par Serge Kétoff,
Maurice Novarina étant architecte
en chef de la ZUP.
12
11
En 1958, Maurice Novarina et Serge Kétoff travaillent
ensemble pour la construction de l’église Notre-Dame de
la Rencontre à Amphion. Serge Kétoff réalise un système
de structure tridimensionnelle : une charpente à quatre
pans de forme pyramidale constituée de caissons triangulaires en planches.
Le principe constructif libère l’espace : l’ensemble de la
charpente est auto-portant et repose sur les murs en béton
banché formant l’enveloppe de l’édifice.
La charpente est constituée de planches permettant une
importante économie de bois. Afin d’éviter les déformations, les liaisons entre les éléments sont assurées par un
nœud en tôle en forme d’étoile à six branches.
L’assemblage triangulaire laissé volontairement apparent
à l’intérieur anime les plafonds. Un des caissons de la
partie zénithale est surmonté d’un lanterneau permettant
à la lumière de pénétrer dans l’église et d’être dirigée
vers l’autel.
Jean Prouvé (1901-1984)
ingénieur-constructeur
A 18 ans, Jean Prouvé reçoit une formation dans les ateliers de ferronnerie d’art d’Emile
Robert à Enghien en Belgique. Il ouvre son propre atelier à Nancy dès 1924.
A partir de 1954, il conçoit des éléments de mobiliers avec Charlotte Perriand.
En 1955, il s’associe à l’architecte Bataille pour la création des Ateliers Jean Prouvé, dont la
production se rapproche d’une entreprise de charpente métallique. Les projets sont novateurs et tendent à mettre au point des logements économiques produits en grande série.
En 1957, il élabore des systèmes de façades légères incluant un raidisseur : il s’agit du
fameux mur-rideau.
Il conçoit et réalise deux systèmes constructifs qui feront école : la toiture réticulaire à surface variable et le Tabouret (principe de poteau-poutre) mis au point notamment au Palais
des expositions à Grenoble en 1968.
Au cours de sa carrière, Jean Prouvé a l’occasion de collaborer avec des architectes talentueux
de renom dont Bernard Zehrfuss, Jean de Mailly, Oscar Niemeyer.
Ses recherches passent par de nombreuses expérimentations de nouveaux matériaux et
composants dont certaines, pour être trop audacieuses, n’aboutiront pas .
Aujourd’hui, ses meubles sont des références de la production du XXe siècle.
Ses réalisations inspirent les nouvelles générations d’architectes et d’ingénieurs.
Serge Kétoff (1918- 2004)
architecte-ingénieur
D’origine russe, Serge Kétoff naît à Rome.
Attiré par la sculpture, il s’inscrit à la faculté d’architecture. Son professeur Pier-Luigi Nervi
l’incite à suivre une formation à l’Institut polytechnique de l’Université de Rome. Il en sort
diplômé en 1946.
Intéressé par les projets de Le Corbusier à Saint-Dié (Vosges), Serge Kétoff décide de gagner
cette ville. Très vite, il y ouvre son agence d’ingénieur-conseil.
En 1951, Serge Kétoff a l’occasion de rencontrer Jean Prouvé. Ce dernier lui propose en 1956
de le rejoindre. Ensemble, ils collaborent au projet de la buvette d’Evian avec l’architecte
Maurice Novarina. Leur collaboration se poursuit, entre autres, sur des projets d’écoles préfabriquées en aluminium.
Sollicité pour ses compétences et sa créativité, Serge Kétoff travaille avec André Bloch, Jean
Dubuffet, ou encore Charlotte Perriand.
Le Corbusier lui demande de le rejoindre pour ses projets du parlement européen à
Strasbourg et de l’église à Firminy.
En 1980, sa rencontre avec Aimé Césaire le conduit à réaliser de nombreux projets d’envergure à La Martinique comme la gare de croisière à Fort-de-France, l’aérogare et la tour de
contrôle de l’aéroport Lamentin (entre 1883 et 1991).
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
page
© crédits photos : Agence Novarina ; Pierre Vallet photographe - graphisme : www.le188.com
Contexte
Dès le début des années 1960, les pouvoirs publics mettent en place des outils d’aménagement du territoire afin
de développer les liaisons routières et réduire les inégalités entre les grandes villes et les espaces ruraux.
Grâce à sa formation d’ingénieur, Maurice Novarina se
rapproche des maîtres de l’innovation technique comme
le constructeur Jean Prouvé, les ingénieurs Serge Kétoff,
Bernard Lafaille et Ou Tseng pour la réalisation de nombreux bâtiments et ouvrages d’art.
10
> Equipements publics
ÉQUIPEMENTS PUBLICS
André
Malraux (19011976) Ministre des
affaires culturelles
de 1959 à 1969
Dès la fin des années 1960, des programmes adaptés aux nouvelles pratiques sociales apparaissent. Les Maisons des Jeunes
et de la Culture s’implantent dans différents quartiers de ville, les Maisons de la Culture voient le jour grâce à une forte volonté
politique. Des formes novatrices se distinguent alors dans l’environnement urbain.
La mise en place des concours d’architecture modifie les pratiques des acteurs de la construction.
Ecrivain français de renom, André Malraux prend part au
gouvernement dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Son
engagement dans la Résistance le rapproche du Général
De Gaulle. Il joue un rôle prépondérant dans la création du
Rassemblement du peuple français (RPF). Il sera successivement Ministre de la Propagande et Ministre de l’Information.
Sous la Ve République, nommé en 1959 Ministre d’Etat aux
Affaires Culturelles par le Général De Gaulle, André Malraux
crée les Maisons de la Culture, destinées à mettre l’art et la
culture à la portée de tous.
En 1962, il propose et met également en place un important
dispositif législatif (loi dite Malraux portant sur les secteurs
sauvegardés) permettant d’assurer la conservation des centres
anciens.
La France se dote
de nouveaux équipements publics pour répondre
aux nouveaux besoins de la société.
Dès les années 1960, l’industrialisation des
constructions scolaires et de santé est en marche.
Cette industrialisation s’appuie sur les modèles officiels
et une structure de préfabrication lourde.
Contexte
Autour de Maurice Novarina
LA POLITIQUE
D’ÉQUIPEMENT
LES ÉTABLISSEMENTS
SCOLAIRES
LES COMPLEXES SPORTIFS
ET DE LOISIRS
1
2
Les établissements de santé :
des pavillons au bloc
Les écoles
Loin des modèles imposés de la IIIème République (lois Jules Ferry de 1880),
les établissements scolaires participent à la nouvelle composition formelle
des villes mais également des villages. L’architecture contemporaine s’exprime alors à travers ces nouvelles constructions emblématiques.
14
1. Collège de Jeunes filles, Thononles-Bains, Haute-Savoie, 1958-59,
aujourd’hui Lycée de la Versoie,
maquette du projet
Maurice Novarina est associé
à Louis Moynat pour
la réalisation du collège.
L’établissement, accueillant
650 élèves, est composé de
trois bâtiments principaux :
externat, internat et gymnase.
12
15
2. Ecole de Vongy,Thonon-les-Bains,
Haute-Savoie, 1954
Les équipements
sportifs et de loisirs
Dès l’après-guerre, l’économie s’oriente davantage vers les services que vers
le secteur secondaire. Les loisirs prennent une place importante. Les congés
payés incitent les familles à voyager et à se retrouver autour d’une activité
sportive ou de détente.
L’essor des sports d’hiver entraîne un formidable mouvement de conquête
de la montagne. Le succès des pionniers de l’or blanc conduit à l’aménagement de lieux de vie en altitude.
Dans les villes traditionnellement touristiques, les sports aquatiques se
démocratisent et de nombreux centres nautiques ouvrent leurs portes en
bord de lac.
LES ÉTABLISSEMENTS
DE SANTÉ
3. Centre médico-social,
ZUP de Novel, Annecy,
Haute-Savoie, 1960
Le centre médico-social
est situé dans la partie sud
de la ZUP, proche des autres
équipements publics.
La structure est en métal
avec un remplissage extérieur en panneaux légers
menuisés.
4
L’hôpital de Thonon-les-Bains (1970) est à l’origine composé d’un corps de bâtiment
parallélépipédique compact. Sa particularité architecturale réside davantage dans la petite
chapelle que dans le bâtiment hospitalier. La chapelle est indépendante de l’hôpital, inscrite
dans un jardin minéral, bordée de claustras. L’ambiance recherchée pour cet espace de
recueillement est la sobriété et la quiétude.
Si les Maisons des Jeunes et de la Culture naissent avant la guerre 1939-1945, ce n’est qu’en 1959 que
le nouveau ministre des affaires culturelles, André Malraux, mène une véritable politique de diffusion
de la culture et de l’art pour tous. Les “ maisons de la culture ” deviennent les nouveaux équipements
publics édifiés dans chaque grande ville du pays.
5
LES CENTRES
CULTURELS
9
8
7
14. Centre nautique, Divonne-les-Bains, Ain, 1968
15. Concours Stade international de Vincennes, Val de Marne, 1965 (concours perdu),
maquette de concours
16. Le Reberty, Les Menuires, Savoie, 1977
17. Palais des Sports, Megève, Haute-Savoie, 1971
LES BÂTIMENTS ADMINISTRATIFS ET
LA MISE EN PLACE DES CONCOURS
6
10
7. MJC, Annemasse, Haute-Savoie, 1968
Les Jeux Olympiques de 1968 sont l’occasion pour la ville
de Grenoble de développer les équipements sportifs et
administratifs. La ville est en pleine expansion démographique, les locaux de la mairie ne suffisent plus à recevoir
les nombreux services techniques. Le projet du nouvel
Hôtel de ville est confié à Maurice Novarina. Le parti
architectural consiste à dissocier les différents espaces.
Les deux niveaux de la “ galette ” sont réservés à l’accueil
du public et les services techniques sont distribués dans
les étages de la tour.
11
Le concours consiste à mettre en concurrence plusieurs équipes de concepteurs (architectes, urbanistes,
paysagistes, ingénieurs) sur un même projet. Chaque équipe remet à une date donnée son esquisse de
projet sous forme de maquette et de panneaux comportant des plans, des coupes, des façades et des
perspectives. Un jury, après analyse des propositions et parfois auditions des candidats, désigne le
lauréat.
20
19
18
Situé à la place d’un ancien couvent, le projet du Centre Culturel Bonlieu à Annecy naît en
1968 pour n’ouvrir ses portes qu’en 1981. Imaginé dans le contexte de la politique culturelle
de Malraux, le centre Bonlieu n’est pas une Maison de la Culture.
Le projet constitue un îlot culturel au cœur de la ville. Il relie la ville moderne et le centre
ancien, en un point de rencontre, le forum de Bonlieu.
Le travail du sculpteur Denis Morog donne vie au volume aveugle du grand théâtre : les panneaux
en béton moulé préfabriqués font écho à ceux du Palais de justice quelques rues plus loin.
8. Plan paysager du Front du lac d’Annecy :
le Centre Bonlieu, l’ilôt culturel
Le concours d’architecture
Suite aux événements de 1968, de profonds changements se produisent. Les
acteurs de la construction se regroupent et modifient le mode de fonctionnement d’attribution des projets.
L’instauration du concours d’architecture permet à de jeunes architectes
d’accéder à la commande publique, auparavant réservée à un petit nombre.
Des équipes d’architectes se forment alors le temps d’un concours.
La première loi sur l’architecture de 1977 réglemente notamment la profession
d’architecte. La priorité de la qualité architecturale est réaffirmée en devenant
d’intérêt public. La démocratisation des études engendre une augmentation du
nombre d’architecte.
12. Projet de station de ski, Sharestanak, Iran, 1979 (non réalisé), maquette
13. Centre nautique, Evian-les-Bains, Haute-Savoie, 1968
13
5. Hôpital, Thonon-les-Bains,
Haute-Savoie, 1970
6. Hôpital, Lagny-sur-Marne,
Seine et Marne, 1967
Les centres médico-sociaux proposent différents services d’aide et de protection à la famille.
Implantés dans les nouveaux quartiers de ville, leur rôle social est primordial.
Maurice Novarina est mandaté par la Caisse des Dépôts et Consignation pour la construction,
entre autres, des centres médico-sociaux de Novel à Annecy en 1960 et de La Duchère à
Lyon en 1962.
UN NOUVEAU MODE
DE FONCTIONNEMENT :
LES CONCOURS D’ARCHITECTURE
17
16
4. Centre médico-social,
La Duchère, Lyon, Rhône,
1962
3
Une politique culturelle
9. Maison des Arts et des Loisirs,
Thonon-les-Bains, Haute-Savoie,
1963-66, maquette
La Maison des Arts et des Loisirs de Thonon-les-Bains
est la sixième Maison de la Culture de France,
appelée aujourd’hui Espace Novarina,
21
10. MJC de Novel, Annecy, Haute-Savoie, 1967
11. Centre Culturel Bonlieu, Annecy, Haute-Savoie, 1978-81,
salle de spectacle de 1000 places
La ville d’Annecy se voit dotée par le département d’un
nouveau Palais de justice. Un concours est lancé en 1973.
Chaque équipe d’architectes fait une proposition anonyme
avec une maquette et une planche comportant des plans
et des coupes.
Maurice Novarina remporte le concours. Sa proposition
est une composition autour d’une place. Le corps principal
du Palais de justice est au centre. Des annexes, reprenant
le principe architectural, cadrent l’espace. Le caractère
monumental de l’architecture affirmé, par les formes et
les volumes, renvoie à l’image solennelle de la fonction.
Bien avant que les concours ne s’imposent, certains maîtres
d’ouvrage prenaient l’initiative d’inviter plusieurs architectes
pour des projets d’envergure.
Maurice Novarina répond en 1973 à la mise en concurrence
pour le projet de la tour ORTF (Office de Radiodiffusion
Télévision Française). Il est lauréat, mais malheureusement,
son projet ne se réalise pas.
18. Hôtel de Ville, Grenoble, Isère, 1968
Deux corps de bâtiment, la galette et la tour, composent l’Hôtel de Ville.
L’opposition de ces deux volumes confère au bâtiment un caractère architectural
fort. Les systèmes constructifs employés affichent sa modernité sans ostentation.
19. Concours pour le Palais de justice d’Annecy, Haute-Savoie, 1978,
maquettes et plans des différents participants au concours
20. Concours pour le Palais de Justice d’Annecy, Haute-Savoie, 1978 (lauréat),
maquette et plan de la proposition de Maurice Novarina
21. Palais de Justice d’Annecy, Haute-Savoie, 1973-78
La forme du palais de justice est celle d’un tronc de pyramide inversée supporté
par quatre piliers. La dalle recevant l’édifice est légèrement rehaussée afin
d’accueillir en sous-sol les stationnements. Le parvis apporte au bâtiment
la solennité liée à sa fonction.
22. Concours pour la maison de l’Office de Radiodiffusion Télévision Française,
Paris, 1973 (concours annulé), maquette
23. Centre de télévision, Riyadh, Arabie Saoudite, 1983
En 1983, l’industriel Thomson, vend son système SECAM à l’Arabie Saoudite.
Le projet de la réalisation du Centre de télévision à Riyadh est alors confié
à Maurice Novarina.
22
23
© crédits photos : Agence Novarina ; Pierre Vallet photographe - graphisme : www.le188.com
De l’hôpital de ville à l’hôpital implanté en périphérie, c’est toute l’évolution de l’organisation hospitalière
qui dessine ses formes bâties.
Jusque dans les années 1930, les hôpitaux pratiquent la séparation des services septiques et aseptiques
par l’isolement des groupes de malades. L’hôpital est alors composé de plusieurs pavillons.
Puis, grâce aux progrès techniques et médicaux, l’hôpital se “ verticalise ”. L’hôpital monobloc remplace
rapidement l’hôpital pavillonnaire. La verticalité (déjà utilisée par les sanatoriums) permet d’augmenter
l’exposition et l’aération des chambres. Le patient profite également des vues dégagées sur l’environnement. L’hôpital applique les théories développées par Le Corbusier. La chambre fonctionne comme
une cellule habitable, l’hôpital comme une “ machine à guérir ”.
Le style international modèle une grande partie des hôpitaux. Jusqu’à la fin des années 1960, les
constructions sont généralement parallélépipédiques avec des toitures terrasses et des fenêtres en
bandeau horizontales.
Dès la fin des années 1960, des programmes adaptés aux
nouvelles pratiques sociales apparaissent. Les Maisons des
Jeunes et de la Culture (MJC) s’implantent dans différents
quartiers de ville, les Maisons de la Culture voient le jour
grâce à une forte volonté politique. Des formes novatrices
se distinguent alors dans l’environnement urbain. La mise
en place des concours d’architecture modifie les pratiques
des acteurs de la construction.
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
> Le travail d’agence
LE TRAVAIL D’AGENCE
La carrière de Maurice Novarina débute dans sa région natale, la Haute-Savoie, pour se poursuivre
à Paris, en passant par Pont-Audemer dans l’Eure. La pratique de son activité se partagera
principalement entre Paris et Thonon-les-Bains. Patron à l’écoute, Maurice Novarina suit tous les
projets et instaure une ambiance de travail sérieuse basée sur la confiance réciproque avec ses
nombreux salariés. Tantôt architecte mandataire, tantôt architecte d’opération dans les différents
projets d’urbanisme, Maurice Novarina s’entoure des meilleurs pour mener des projets d’envergure.
1n
1m
1o
Autour de Maurice Novarina
LE FONCTIONNEMENT
D’UNE AGENCE
D’ARCHITECTURE
ENTRE PARIS ET
THONON-LES-BAINS
1c
1e
1d
1f
1g
Ses missions étant complexes et nombreuses, l’architecte constitue autour de lui une équipe de salariés
ou associés. Une hiérarchie, certainement héritée de la formation reçue aux Beaux-arts, marque
profondément le fonctionnement de l’agence.
L’équipe se compose du patron, du chef d’agence, d’architectes-dessinateurs, de “ grouillots ”, d’inspecteurs
des travaux et bien sûr d’un secrétariat et d’une comptabilité.
1i
1h
De façon récurrente, Maurice Novarina
s’associe à des architectes locaux
pour mener à bien ses projets : des
architectes d’opération. A Annecy,
par exemple, Maurice Novarina est
architecte mandataire de la ZUP de
Novel (1961-1975). Il établit le plan
masse et conçoit les bâtiments de
la MJC et du centre commercial.
Jacques Lévy est alors architecte
d’opération. Il est chargé de réaliser
des immeubles de logements. Paul
Jacquet, Claude Fay, Georges Brière,
André Gouaux, Robert Cottard, architectes annéciens, ont également
participé au projet.
Le terme de patron est couramment attribué à l’architecte à la tête d’un atelier à l’Ecole des Beaux-arts.
La hiérarchie instaurée entre les différents élèves et professeurs de l’école marque les esprits et établit
une sorte de convenance.
Le patron suit de près tous les projets. Il est responsable de la conformité architecturale.
Le chef d’agence coordonne les différents intervenants sur un même projet. Il est chargé de l’organisation
et du bon fonctionnement économique du cabinet d’architecture.
L’architecte-dessinateur est l’exécutant des idées directrices du projet. Les échanges d’idées avec le
patron sont nombreux.
L’inspecteur des travaux est chargé du suivi des chantiers.
1a
1. L’architecte, le responsable du chantier
2. Le propriétaire, le commanditaire, le client
1. Agence parisienne de Maurice Novarina aux balcons
du 9 square Pétrarque, Paris, 16e arr., 1982
a. Marie-Thérèse PROUST / b. Zoran MARJANOVIC
c. Sudo YUJI / d. Patrice NOVARINA / e. Catherine
NOVARINA / f. Maurice NOVARINA / g. Jacques
CHRISTIN / h. André GARNIER / i. Mme KAMINSKY
j. KOSY / k. Marie-France CHEVALLIER
l. Pierre BUATHIER m. Jean-Pierre MERVEILLE
n. François DROCOURT / o. Jacques HEMEURY
Ils ont
travaillé…
UN SYSTÈME
HIÉRARCHIQUE
2. Couvertures de revues
a. Techniques et architecture - 1967 n°1
b. L’Architecture d’aujourd’hui - 1964 n°116
c. L’Architecture d’aujourd’hui - 1968 n°135
d. L’Architecture Française - 1959 n°201-202
avec Maurice Novarina dans
les agences de Thonon-les-Bains,
Pont-Audemer, Paris :
M.T Abidi, M. Arguillère, I. Azarpey,
F. Baudoin, J.M. Bernadac, M. Bieda,
J. Bonabaud, J. Bourgeois, P. Buathier,
A. Boussedid, M. Brugger, M. Brusetti,
M. Cendrier, M.F Chevalier, J. Christin,
C. Collet, P. Combet, G. Connéna,
G. Dagnaux, E. Deborova, M. De Guellebon,
T. Despond, Y. Donin, G. Dragaud, F. Drocourt,
P. Dutruel, G. Fiammingo, R. Forest,
M. François, R. Gallay, A. Garnier,
J. Giovannoni, E. Granjux, J. Hemeury,
M. Hennequin, F. L’Hostis, J.C L’Hostis,
Mme Kaminsky, M. Kosy, M. Laval,
P. Largois, C. Lavanchy, M. Lebeuf,
A. Lebreton, P. Le Garlantezec, J. Léger,
M. Lelièvre, G. Lestchenko, J. Lévy,
R. Limare, A. Maillot, J.P Maillot,
M. Manteau, Z. Marjanovic, M. Masereau,
M. Meline, P. Merveille, M. Moisy, G. Morand,
M. Nisin, P. Novarina, C. Novarina, J.J Ory,
H. Parmentier, J. Peracino, J. Posty,
M.T Proust, M. Rebois, H. Renaud,
C. Richard, M. Rousselet, J. Sainte-Croix,
H. Santimaria, M.L Soufron, J.M Thépenier,
M. Togay, M. Trotignon, A. Vial,
E. Vulliez-Sermet, M. Vassilev, S.Yuji.
Mis en place lors de la Reconstruction, le système hiérarchique dans la distribution des plans de
grands ensembles est très important et bien établi. Le rôle de chacun est prédéfini afin d’assurer le bon
fonctionnement du processus de projet.
Ce fonctionnement est modifié profondément avec la mise en place des concours pour les bâtiments publics.
Néanmoins, le rapport entre l’architecte mandataire et l’architecte d’opération maintient un système
de répartition des rôles et des responsabilités.
2a
2b
L’architecte mandataire signe le marché avec le maître d’ouvrage. Il est responsable de la conception
et du bon déroulement de l’opération. Il oriente et coordonne son équipe de travail.
L’architecte d’opération suit les directives de l’architecte mandataire et lui rend des comptes. Il est chargé
de conduire les différentes étapes du projet, jusqu’au suivi de chantier.
2c
Le travail des architectes
est médiatisé notamment
par les publications des
trois principales revues
françaises spécialisées en
architecture. Tout au long
de la carrière de Maurice
Novarina, de nombreux
articles sont consacrés
à ses réalisations.
Patrice Novarina (1944)
architecte
Les architectes
d’opération
Les missions de l’architecte résident principalement dans la conception d’un édifice (plans et descriptifs),
la direction et le suivi des travaux ainsi que leur vérification.
1
Jacques Christin (1928)
architecte
Jacques Christin débute comme grouillot à l’agence de Maurice Novarina, place des Arts
à Thonon-les-Bains en 1945. Il part ensuite à Pont-Audemer en 1948, initialement pour
remplacer un dessinateur “ pendant 6 mois, finalement ce sera pour 10 ans ! “. Il ouvre
l’agence de Paris en 1957.
Spécialiste des montages financiers et des négociations de contrat, chef d’agence entre
1952 et 1995, il suivra Maurice Novarina, pendant 50 ans.
Indépendant, l’architecte pratique une activité libérale, reconnue comme telle depuis le XIXe siècle. Son
rôle en tant que maître d’oeuvre 1 est déterminant dans le processus de projet puisqu’il crée le lien
entre le maître d’ouvrage 2 et l’entrepreneur.
1b
3
1l
1k
1j
Contexte
Fils aîné de Maurice et Manon Novarina, Patrice est très tôt intéressé par le design et la peinture. Il choisit
finalement de suivre des études d’architecture. Il obtient son diplôme d’architecte en 1971 à l’Ecole Supérieure des Beauxarts de Paris. Il fait ses preuves à l’agence de Maurice Novarina en même temps qu’il étudie, puis travaille en tant qu’architecte
indépendant, tout en restant plusieurs années dans les locaux de l’agence de son père.
Gilles Dagnaux (1936)
architecte
Jacques Lévy (1931)
architecte-urbaniste
Architecte diplômé par le gouvernement, il étudie à l’Institut d’Urbanisme de l’Université de
Paris. En 1960, de retour du service militaire, Jacques Lévy rejoint l’équipe de l’agence de
Maurice Novarina à Thonon-les-Bains.
Il participe à l’étude du plan masse de la Z.U.P de Novel et, dès 1963, du Centre culturel de
Bonlieu à Annecy. Puis entre 1971 et 1975, il collabore avec Maurice Novarina au projet du
quartier Champ Fleuri à Seynod.
En 1994, il crée son agence Tectum architectes et urbanistes établie à Paris et à Annecy.
“ Je crois vraiment que mon premier travail à Annecy a orienté toute mon activité d’architecte. Au lendemain de ma démobilisation, j’ai passé trois semaines ici pour établir le plan
masse de Novel que j’avais commencé à travailler pendant mon service… profitant de mes
permissions… ”
Albert Lebreton (1937)
architecte-urbaniste
” Il est ordinairement plus répandu de voler de ses propres ailes lorsqu’il faut se faire un petit prénom. “
“ Meneur d’hommes avisé, mon père savait, me semble-t-il, se faire plus aimer et respecter que craindre
des collaborateurs dont il avait perçu le talent et la valeur pour mener à bon terme les projets. Il
passait sur toutes les planches accordant autant d’importance aux détails de mise en œuvre
qu’aux choix conceptuels, voire même parfois plus !
Cette exigence de bien construire me semble
être une dimension très particulière
de son œuvre. ”
Repères
1945 : Maurice Novarina travaille à Thonon-les-Bains,
place des Arts.
1949 : Lors de la construction de sa maison au bord du lac Léman, à Thonon-les-Bains,
un lieu est réservé à son activité en Haute-Savoie. Il a 6 salariés.
1957-58 : Quittant sa fonction d’architecte de la Reconstruction, il ferme son agence à
Pont-Audemer pour l’installer à Paris, rue Raynouard (16ème), il dirige 4 architectes, 3 dessinateurs et 2 chefs travaux.
En 1964, au cours de l’exposition pour la ville de Lausanne, Maurice Novarina remarque et
apprécie le travail de l’agence Neukomm de Zurich. Maurice Novarina contacte l’agence pour
une collaboration sur le projet du centre nautique d’Evian.
La bonne entente entre les deux hommes les amène à collaborer plus fréquemment. Willem
Den Hengst est embauché par Maurice Novarina à l’agence de Paris en 1969. Plus tard, il
regagne l’équipe de Thonon-les-Bains le temps de quelques projets, puis se met rapidement
à son compte.
1965 : Il entreprend de construire en face de sa maison de Thonon-les-Bains un bâtiment
destiné à accueillir son agence.
1968 : Il enseigne à l’atelier Marot à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts. Certains
de ses élèves le rejoignent dans son agence.
1970 : Les affaires vont bien et le personnel augmente. Les locaux parisiens deviennent
exigus. L’agence est transférée successivement dans deux immeubles. Il y aura
jusqu’à 80 salariés entre l’agence de Thonon-les-Bains et de Paris dans les
années 1970.
“ Avec Maurice Novarina, la collaboration était parfaite. Il y avait une grande confiance
réciproque. Maurice Novarina était très ouvert et disponible. Il savait très bien s’entourer et
également déléguer.
[…]
Du fait qu’il soit à l’agence de Paris, il ne venait à Thonon que tous les quinze jours. Cette
fréquence des rencontres limitait les modifications importantes des projets… alors on peut
dire qu’une grande liberté de conception était laissée aux chefs de projet. ”
1990 : L’antenne parisienne ferme définitivement ses portes et Maurice Novarina prend
sa retraite officielle en 1995. L’agence de Thonon-les-Bains maintient son activité
avec Jean-Michel Thépenier, chef d’agence.
4
5a
5b
Formé à l’Ecole Spéciale d’Architecture (ESA) à Paris, Gilles Dagnaux en sort diplômé en
1962. Maurice Novarina l’invite à rejoindre l’équipe de l’agence de Haute-Savoie à partir de
1965, après avoir passé 3 mois au sein de l’équipe parisienne. A Thonon-les-Bains, il participe
à l’élaboration du plan masse de la Rénovation avec Patrice Novarina, suit les projets du
couvent de la Visitation et de la chapelle de l’Hôpital entre autres. Sa collaboration avec
Maurice Novarina durera 13 ans.
“ Maurice Novarina discutait avec nous des projets, avec finesse et persuasion. Les bâtiments
devaient faire transparaître ce qu’il y avait derrière, tout ce qui était accessoire, la forme
pour la forme, il n’aimait pas. ”
Willem Den Hengst (1940)
architecte-paysagiste
1948 : Nommé architecte en chef de la Reconstruction dans le département
de l’Eure, il installe son agence à Pont-Audemer avec 5 à 6 salariés.
3. Maurice Novarina à sa table
à dessin, vers 1995
4 et ci-contre >
Agence, Thonon-les-Bains,
Haute-Savoie, 1949
Vue intérieure de l’agence de
Maurice Novarina dans sa villa.
Il étudie l’architecture à l’école régionale des Beaux-arts de Grenoble avant de poursuivre
ses études à Paris. Il obtient son diplôme d’architecte en 1960. Originaire du Chablais en
Haute-Savoie, il travaille dès l’âge de 17 ans durant les mois d’été à l’agence de Maurice
Novarina à Thonon-les-Bains. Il entre à l’agence parisienne au cours de ses études. Il
collabore de 1961 à 1966 avec Jacques Lévy pour des projets de Maurice Novarina comme la
ZUP de Novel à Annecy. Puis il rejoint l’agence thononaise avec Gilles Dagnaux et Michel
Brugger, chef d’agence, et y reste pendant une vingtaine d’années avant de monter son
propre cabinet.
“ Maurice Novarina cherchait toujours à briser le carcan des règles et les normes imposées
au bénéfice d’un programme cohérent et du confort des usagers. ”
Jean-Michel Thépenier (1952)
architecte
Architecte diplômé en 1979, Jean-Michel Thépenier a étudié à l’Ecole des Beaux-arts de
Paris, au sein de l’atelier Marot, avec qui Maurice Novarina enseigne. Maurice Novarina est
le tuteur du jeune étudiant et lui propose de travailler à son agence dès 1972. Il rejoint
l’agence de Thonon-les-Bains en tant que chef d’agence en 1982 et s’associe en 1988.
“ J’ai travaillé dans son agence le premier été de mes études. Il était mon tuteur à l’école.
C’était une relation très sympathique car il nous prenait sous son aile. On discutait des projets
avec lui, il nous corrigeait. Finalement, j’ai passé mon diplôme chez lui.”
[…]
A Paris, il passait tous les jours sur les tables. Il avait une manie, il commençait à passer
vers midi, donc on mangeait très tard… surtout que j’étais au 4ème étage ! Il nous passait un
coup de fil “ vous m’attendez… hein ? ”
[…]
Quand j’ai fait le Club Méditerranée, j’avais 28 ans. L’avantage c’est que j’ai été
baigné tout de suite dans des gros projets. J’ai eu mon diplôme en décembre 1979 ; début
1980 je faisais un permis de construire pour 150 logements à Seynod… ”
5. Agence, Thonon-les-Bains,
Haute-Savoie, 1958
Et lors de collaborations
ponctuelles :
6
H. Besson, P. Blondeau, G. Brière, J. Cholat,
R. Cottard, M. Decock, M. Descotte-Guénon,
C. Fay, A. Gouaux, F. Grimal, P. Jacquet,
L. Lacroix, J. Lavaud, G. Le Garlantezec,
J.M Legrand, C. Maisonhaute, M. Malo,
M. Mugnier, P. Plottier, A. Richard, J.Rabinel,
G. Salomon, H. Salvado, M. Sautier,
H. Villard, M. Welti…
2d
“ J’ai commencé avec Maurice Novarina et j’ai fini avec lui, on a travaillé ensemble pendant
plus de 50 ans. J’étais un peu l’homme de l’ombre… une mémoire vive de l’agence. Avec le
temps, j’en avais fait un peu mon agence, le boulot était intéressant, on était toujours en
vadrouille…
Il fallait toujours que je lui parle. De toute façon il faisait répéter dix fois la même chose car
il aimait être au courant de tout. ”
L’activité de Maurice Novarina se
partage toujours entre Thononles-Bains et Paris. Il gère avec ses
chefs d’agence, parallèlement,
deux cabinets durant toute sa
carrière.
En tant que patron, Maurice
Novarina suit tous les projets en
cours en passant auprès de
chacun, un peu comme auprès
de ses élèves à l’Ecole des
Beaux-arts. Il est à l’écoute des
propositions mais donne les
idées directrices de conception.
Le suivi de la construction est
confié à l’inspecteur des travaux.
Maurice Novarina se rend sur
le chantier lorsque des modifications importantes doivent être
apportées.
a. L’agence prend place dans
un bâtiment construit en face
de la villa.
b. Vue intérieure de la salle
de travail occupée par les
nombreuses tables à dessins.
6. Immeuble Rue Raynouard, Paris,
16e arr., 1959
Plan de l’agence publié dans la
revue L’Architecture Française
n°201-202 en 1959
© crédits photos : Agence Novarina ; revue Architecture d’aujourd’hui - graphisme : www.le188.com
“ Un grouillot n’est pas un dessinateur ni un dessineux. […] En fait, le
grouillot est un peu le domestique
qui passe la gosse puis la balayette
pour évacuer les chiures de gomme,
qui passe les instruments de
dessin au responsable du projet
d’Ecole ou à l’architecte installé. ”
Définition d’après Charette au cul les nouvôs !
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
La carrière de Maurice Novarina débute dans sa région
natale, la Haute-Savoie, pour se poursuivre à Paris, en
passant par Pont-Audemer dans l’Eure. La pratique de son
activité se partagera principalement entre Paris et Thononles-Bains. Patron à l’écoute de ses collaborateurs, Maurice
Novarina suit tous les projets et instaure une ambiance
de travail sérieuse basée sur la confiance réciproque avec
ses nombreux salariés. Tantôt architecte mandataire, tantôt architecte d’opération dans les différents projets d’urbanisme, il s’entoure des meilleures compétences pour
mener à bien des projets d’envergure.
> Un héritage moderne
UN HÉRITAGE MODERNE
Le patrimoine bâti du XXe siècle bénéficie d’un intérêt
grandissant depuis les années 1960. Bien que les constructions remarquables du siècle dernier fassent partie de
l’Histoire de l’Architecture, elles sont peu protégées.
Le patrimoine bâti du XXe siècle bénéficie d'un intérêt grandissant depuis les années 1960. Bien que les constructions remarquables
du siècle dernier fassent partie de l’Histoire de l’Architecture, elles sont peu protégées.
Contexte
Autour de Maurice Novarina
VERS UNE RECONNAISSANCE
DE LA MODERNITÉ
Le patrimoine bâti
“ Lors de la création en France de la première
Commission des monuments historiques, en 1837,
les trois grandes catégories de monuments historiques
étaient constituées par les restes de l’Antiquité, des
édifices religieux du Moyen Age et quelques châteaux.
Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, le
nombre des biens inventoriés avait été multiplié par
dix, mais leur nature n’avait guère changé. […]Depuis,
toutes les formes de l’art de bâtir, savantes et
populaires, urbaines et rurales, toutes les catégories
d’édifices, publics et privés, somptuaires et utilitaires
ont été annexées, sous des dénominations nouvelles :
architecture mineure […], architecture vernaculaire
[…], architecture industrielle […].
Enfin, le domaine patrimonial n’est pas limité aux
édifices individuels, il comprend désormais les
ensembles bâtis et le tissu urbain : îlots et quartiers
urbains, villages, villes […] comme le montre “ la liste ”
du Patrimoine mondial établie par l’UNESCO. ”
- Ce bâti est souvent encore utilisé et son intégrité architecturale demeure fragile et mérite
une attention particulière. Les transformations, les mises aux normes, les changements de
fonctions et les démolitions accélèrent le renouvellement des bâtiments et des quartiers.
“ Patrimonialiser ” certaines architectures du XXe , nécessite un positionnement en terme de
fonctions et d’usages de ces bâtiments et donc de développer des réflexions sur les modes
de protections, de restaurations et de maintenances.
Progressivement, l’architecture du XXe siècle retient l’attention des pouvoirs publics. Dès
1964, la politique d’André Malraux encourage sa protection et enclenche le classement au
titre des Monuments Historiques de 26 bâtiments, comme la villa Savoye de Le Corbusier. Il
s’agit d’un engagement fort de soutien à la modernité plutôt que d’une réelle démarche
patrimoniale.
Au cours des années 1980, sous l’impulsion du ministre de la culture Jack Lang, des actions
thématiques de protection et de sensibilisation sont mises en place, comme la protection de
boutiques parisiennes ou du patrimoine ferroviaire. Les Journées du Patrimoine sont créées
en 1984 en France, avant d’être généralisées en Europe.
En 1987, près de 300 édifices postérieurs à 1900 sont classés ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Aujourd’hui, ils sont près de 1000 (soit 2,5% de
l’ensemble des édifices protégés).
Depuis l’an 2000, une politique de valorisation du patrimoine bâti du XX siècle permet
l’identification des édifices remarquables et propose leur labellisation “ XXe ”.
e
Maurice Novarina est élu à l’Académie des Beaux-arts en 1979, au fauteuil d’Albert Laprade,
architecte français, auteur entre autres du Palais de la Porte-Dorée à Paris.
Créée en 1840, l'Académie d'Architecture a pour but de promouvoir la qualité de l'architecture et de l'aménagement de l'espace ainsi que l'encouragement à leur enseignement. Elle
est composée de 100 membres actifs, de membres associés, de membres étrangers et de
correspondants nationaux. Elu par ses pairs, l’académicien se voit honoré de la reconnaissance de son œuvre.
« Vous êtes connu de tous, Monsieur, et c’est un plaisir personnel que je me fais en rapportant ici quelques phases de votre vie et de votre carrière.
C’est un plaisir analogue à celui qu’on ressent lorsqu’on regarde dans les yeux un homme
dont la loyauté n’est jamais surprise et dont la vérité a toujours conduit les pas. […]
Vous êtes modeste, Monsieur, vous ne faites point précéder des fanfares de votre gloire, ni
suivre, comme le conquérant antique, du cortège de vos victoires.
Vous marchez d’un pas égal, de pair avec votre œuvre, compagne naturelle de votre vie. […]
Et je rends hommage à l’Architecte, parce que je ressens, je l’ai déjà dit, une grande estime
et une grande amitié envers vos confrères, comme envers vous-même et parce qu’au delà
de vos travaux, de vos réussites et de tous les honneurs qui les ont sanctionnés, vous prenez la juste place qui vous appartient en notre Académie.
Monsieur, soyez le bienvenu, vous êtes ici chez vous. »
Maurice Novarina, remise de l’épée d’académicien,
10 décembre 1980 à l’Académie d’Architecture.
Label XXe
Discours de Tony Aubin, Président de l’Académie, 5 décembre 1979
DES BÂTIMENTS
PROTÉGÉS
Françoise Choay, L’allégorie du Patrimoine, Editions du Seuil, 1993, page 10
UNE POLITIQUE DE PROTECTION
A l’initiative du Ministère de la Culture, un plan d’intervention
en faveur du patrimoine architectural et urbain du XXe siècle est
lancé en 2000 sous forme d’un label.
Des actions de sensibilisation du public sont menées et sur
tout le territoire national, les édifices présentant un intérêt
patrimonial sont repérés par les Directions Régionales des
Affaires Culturelles. Le label peut être attribué à des ouvrages d’art, des édifices religieux,
des ensembles de logements, des bâtiments administratifs…
Chaque édifice labellisé reçoit une plaque “ XXe ” renseignant sur son concepteur et ses
dates de construction. Il ne s’agit pas d’une protection mais d’un signalement.
UN HÉRITAGE VU PAR
LES ARCHITECTES AUJOURD’HUI
L’ACADÉMIE
DES BEAUX-ARTS
Les équipements publics des années 1960 ont été intensivement utilisés et leur réhabilitation
s’est peu à peu imposée, intégrant les changements d’usages, les adaptations, les évolutions
techniques…
- La réhabilitation du théâtre de Pont-Audemer dans le département de l’Eure par les architectes Jakob&Macfarlane illustre un positionnement par rapport à ce type de patrimoine.
La réflexion porte sur l’exploitation de l’existant en proposant “ un projet dans le projet ”.
L’équipement conçu par Maurice Novarina dans les années 1960, tombé en désuétude, ne
correspond plus aux usages. Le nouveau projet conserve la structure béton et la charpente
métallique. L’ancienne façade est déposée. La nouvelle enveloppe de verre est détachée des
poteaux augmentant ainsi la surface intérieure. Une grande perméabilité et lisibilité depuis
la ville sont recherchées dans cette proposition.
- A l’échelle de la ville, et particulièrement autour des grands ensembles, de nouvelles
réflexions tendent à pointer les dysfonctionnements en formulant une autre approche.
Le rapport + Plus, rédigé par Anne Lacaton, Jean-Philippe Vassal et Frédéric Druot,
architectes, propose une réflexion sur le devenir des grands ensembles, en préférant la
transformation et la rénovation à la démolition, la réorganisation des habitations par le
déplacement des cloisons et la création de nouveaux espaces comme des terrasses ou des
loggias.
“ En fait, ce sont surtout ceux qui n’habitent pas ces quartiers et les édiles qui ont du mal à
accepter la présence des barres, note Jean-Philippe Vassal. C’est curieux, car quand les
barres se touchent, en ville, elles disparaissent, elles ne gênent plus. C’est quand elles sont
visibles qu’elles posent problème ”. Pour eux, ces lieux sont porteurs d’” un potentiel de
qualité ”, qui peut ”générer de la valeur ”.
Ils reconnaissent que les grands ensembles sont “ en inadéquation parfaite avec le besoin
actuel d’habiter ”, mais s’interrogent sur la légitimité des démolitions sans avoir cherché à
en tirer le meilleur parti.
Les attentes des habitants sont avant tout de l’ordre social. Dans leur rapport, les architectes cherchent à démontrer que le problème de la forme bâtie réside peut être dans le
manque de “ luxe ”.
Consacrer une exposition à la production de Maurice Novarina, une des figures de l’architecture moderne rhônalpine, c’est alimenter la réflexion en cours sur le patrimoine du XXe
siècle et donner à voir des lieux, souvent quotidiens, parfois spectaculaires, méconnus ou
controversés.
Partie prenante d’une internationalisation croissante, les nombreuses réalisations de
l’architecte, éparses sur le territoire, questionnent sur l’existence d’un style Novarina.
Reste-t-il régional ? Comment abandonne-t-il l’académisme de sa formation pour une
modernité prudente ? Est-il simplement rationaliste ? Sa singularité tient-elle à quelques
éléments intangibles comme la mise en œuvre du béton armé, l'emploi du bois ou
l’implantation ? Quel est son apport dans le débat sur la ville et l’architecture ? Comment
accède-t-il à la commande ?...
Les archives départementales de la Haute-Savoie doivent prochainement procéder à l’inventaire
et au dépouillement du fond d’archives de Maurice Novarina. Un travail important de
réflexion reste à mener pour mieux comprendre et positionner un parcours fascinant par sa
longévité : 50 ans de vie professionnelle !
“ Les grands ensembles sont aujourd’hui les seuls territoires capables de permettre la
réalisation de logements d’une très grande générosité dans un cadre économiquement
maîtrisé. Ils sont à ce titre des biens patrimoniaux capables de générer de la valeur ”.
Edifices de Maurice Novarina classés
au titre des Monuments Historiques
Monument
historique
- Eglise Notre-Dame de Toute Grâce du plateau d’Assy, Passy, Haute-Savoie, 1937-46 :
Inscription du décor intérieur et extérieur en 1968 ; classement d’objets et mobiliers
en 1983 et classement dans sa totalité par arrêté du 11 juin 2004.
- Eglise du Sacré-Cœur, Audincourt, Doubs, 1949-52 : Classement en avril 1996.
Un monument historique est un édifice dont la conservation
présente, en partie ou dans sa totalité, un intérêt public,
historique ou artistique. La première loi qui concerne les
Monuments et Objets d’art date de 1887. En 1943, la sauvegarde s’étend aux abords du
monument. L’immeuble est Classé ou Inscrit aux Monuments Historiques (la protection et
les aides sont différentes) par le Ministre de la Culture après examen par différentes
commissions spécialisées.
1
Edifices de Maurice Novarina inscrits
aux Monuments Historiques
Edifices de Maurice Novarina “ Label XXe ”
- Nouvelle Buvette Cachat “ Buvette Prouvé Novarina ”, Evian-les-Bains, Haute-Savoie,
1956 avec J. Prouvé : Inscription en juin 1986
- Eglise Saint-André, Ezy-sur-Eure, Eure, 1956 : Inscription en décembre 2004.
- Eglise Notre-Dame du Léman, Vongy, Thonon-les-Bains, Haute-Savoie, 1933-35 : mars 2003.
- Eglise Notre-Dame de Toute Grâce du plateau d’Assy, Passy, Haute-Savoie, 1937-46 : mars 2003.
- Eglise Notre-Dame de Toute Prudence, Bonneval-sur-Arc, Savoie, 1938-41 : mars 2003.
- Nouvelle Buvette Cachat, Evian-les-Bains, Haute-Savoie, 1956 avec J. Prouvé : mars 2003.
- Villa Escoubès, Neuvecelle, Haute-Savoie, 1960 : mars 2003.
- ZUP de Novel, Annecy, Haute-Savoie, 1960-69 avec J. Lévy : mars 2003.
2
1. Crypte de l'église Notre-Dame de Toute Grâce
du plateau d'Assy, Passy, Haute-Savoie, 1939-46
2. Résidence étudiante du Village Olympique,
Grenoble, Isère, 1968.
3. Terrasse de l'Hôtel de ville, Grenoble, Isère, 1968
- Eglise Notre-Dame de Beligny, Villefranche-sur-Saône, Rhône, 1962 : mars 2003.
- Eglise Sainte-Bernadette, Annecy, Haute-Savoie, 1964-69 avec C. Fay : mars 2003.
- Cité La Sardagne, Cluses, Haute-Savoie 1965-70 avec P. Plottier : mars 2003.
- Village Olympique, Grenoble, Isère, 1968
avec Descottes-Guenon, A. Maillot et H. Bernard : mars 2003.
- Hôtel de Ville, Grenoble, Isère, 1968
avec J. Giovannoni, J. Christin, M. Welti, J. Prouvé, J.A Motte : mars 2003.
- Eglise Notre-Dame du Rosaire, La Tronche, Isère, 1969 avec J. Cholat : mars 2003.
- Cité de Vouilloux, Sallanches, Haute-Savoie, 1970-72 : mars 2003.
- Réservoirs d’eau, Alençon, Orne, 1964 avec S. Kétoff : avril 2007.
Buvette Prouvé-Novarina, Evian-les-Bains, Haute-Savoie, 1956
3
© crédits photos : Archives Novarina, Pierre Vallet Photographe, CAUE 74 - graphisme : www.le188.com
Transmettre des architectures témoignant de la société du XXe, c’est se confronter à deux
problèmes importants :
- La production de bâtiments a été considérable, nous avons plus construit en France au XXe
que pendant les 19 siècles précédents. Comment discerner dans cette masse ce qui est
réellement représentatif ? Quels sont les critères d’évaluation ? Comment considérer
l’importance d’une production architecturale récente vis-à-vis des oeuvres héritées des
siècles précédents ?
RÉTROSPECTIVE
MAURICE
NOVARINA
1907-2002
UN ARCHITECTE
DANS SON SIÈCLE
page
11
Les cubes
Scénographie de l’exposition > 3 cubes
3 cubes indépendants, présentent 12 panneaux en polycarbonate imprimé. Chaque panneau est constitué de 3
plaques solidarisées. Les 12 panneaux correxpondent aux
12 thèmes présentés auparavant.
Dimension des cubes :
Hauteur : 3m
Largeur : 3.75m (3 x 1.25m)
Surface au sol : 14 m²
Volume : 42,1 m³
Espace au sol pour 3 cubes : 42 m²
Espace minimum accueil de l’exposition : 130 m²
Linéaire : 45 m
Mode d’accrochage : autoportant
page
12
DATES et LIEUX DES EXPOSITIONS
L’exposition a été réalisée en partenariat avec de nombreuses institutions régionales. Elle est ainsi présentée,
entre 2007 et 2008, en région Rhône-Alpes, dans les villes
marquées par son œuvre :
> Thonon-les-Bains : du 17 novembre 2007 au 02 mars 2008
Espace Novarina, Galerie de l’Etrave
4 bis avenue d’Evian 74 200 Thonon-les-Bains
Ouverture du mardi au vendredi de 14h à 19h et le samedi
de 14h à 18h
Ouverture exceptionnelle aux mêmes horaires du 26 au
29 décembre et du 2 au 5 janvier
Fermé les jours fériés – Entrée libre.
> Annecy : du 07 avril au 1er septembre 2008
Hall de l’Hôtel de ville
Place de l’Hôtel de ville 74 000 Annecy
Ouverture du lundi au vendredi de 8h30 à 18h30 et le
samedi de 9h à 12h - Entrée libre.
> Évian-les-Bains : janvier / avril 2008
Lieu à définir
> Grenoble : du 09 janvier au 08 mars 2008
La Plateforme – Ancien musée de peinture
Place de Verdun 38 000 Grenoble
Ouverture du mercredi au samedi de 13h à 19h - Entrée libre.
> Lyon : du 13 mars au 16 mai 2008
CAUE (Conseil d’architecture, d’Urbanisme et d’Environnement) du Rhône - 6bis quai Saint-Vincent - 69 001 Lyon
Ouverture du lundi au vendredi de 8h30 à 17h et le samedi de 14h à 18h – Entrée libre.
> Chambéry : du 09 juin au 29 juillet 2008
Espace Malraux
67 place François Mittérand Carré Curial 73 001 Chambéry
> Seynod : septembre 2008
Hôtel de ville
1 place de l’Hôtel de ville 74 601 Seynod
> Bourg-en-Bresse : août / septembre 2008
Lieu à définir
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13
AUTOUR DE L’EXPOSITION
Le journal de l’exposition
extrait journal
Dans l’ombre d’Assy, les églises de Novarina
© le cent quatre vingt huit - conseil, communication visuelle - www.le188.com
« L’église Notre-Dame de Toute Grâce du plateau d’Assy (1937-1944) comme celle du Sacré-Cœur d’Audincourt (1949-1952) auraient
suffi à la gloire de Novarina si leurs décors
n’avaient pas occulté jusqu’au nom même du
maître d’œuvre de deux édifices pourtant considérés comme des jalons majeurs du renouveau de l’art sacré au XXe siècle. Or si les murs
de l’église d’Audincourt s’effacent délibérément
derrière les œuvres de Léger, de Barillet et celles de Bazaine, Assy pouvait exister sans ses
trop célèbres décors même si l’idée peut surprendre. En effet, comment ne pas voir dans
ce projet synthétique une ultime variation sur
le thème de la basilique paléochrétienne, acclimatée certes au rude climat du plateau d’Assy, et dont les parures byzantines comme les
fresques romanes auraient été étrangement
recouvertes de peintures contemporaines sous
l’action du chanoine Devémy, maître d’ouvrage
et du dominicain Alain-Marie Couturier, chantre de l’art religieux moderne. Temple grec,
chalet de montagne et basilique, en tout état
de cause, Assy aura durablement passé sous
silence l’œuvre de Novarina et cette remarque s’applique à ses travaux civils comme à
son architecture religieuse qui, avec plus d’une
trentaine de réalisations, demeure l’un des
domaines les plus féconds de son activité, de
l’église Notre-Dame du Léman à Vongy (Haute-Savoie, 1933-1946), à l’église Notre-Dame
de la Paix d’Etrembières (Haute-Savoie, 19661967), construit au lendemain de la réforme
conciliaire. »
Réalisé à l’occasion de la première exposition à Thononles-Bains en 2007, le journal regroupe le propos de la rétrospective et ouvre la réflexion sur l’œuvre de Novarina
autour de nombreux articles, de textes inédits de l’architecte et de clichés originaux de Pierre Vallet, photographe.
Le journal est diffusé gratuitement au grand public, sur les
lieux d’exposition.
« La fragmentation de l’espace collectif
A la différence d’autres architectes modernes pour qui les grandes hauteurs et la densité sont des signes d’urbanité, Maurice
Novarina cherche à découper les grands ensembles en unités de petite taille qui s’organisent autour d’espaces collectifs
fragmentés. L’échelle recherchée doit favoriser l’éclosionTHONONd’une
communauté humaine et la mise en œuvre de cette conception
ANNECY
passe par une attention aux traitements des espaces de pieds
LYON
d’immeuble. »
Gilles Novarina, Professeur d’Urbanisme, Institut d’Urbanisme
GRENOBL
de Grenoble.
extrait journal
CHAMBÉR
SEYNOD
ÉVIAN-LE
Philippe Dufieux, Docteur de l’École pratique
des hautes études, chargé de projets au CAUE
du Rhône.
page
14
La médiation
Dans le cadre de l’exposition « Maurice Novarina, un architecte
dans son siècle », des visites commentées, des conférences,
des parcours urbains et des ateliers pédagogiques sont proposées par le CAUE de la Haute-Savoie et par les structures
qui accueillent l’exposition (Ville de Thonon-les-Bains, CAUE du
Rhône, CAUE de l’Isère, CAUE de Savoie, CAUE de l’Ain, Communauté d’Agglomération d’Annecy...)
Les agendas des lieux d’exposition sont en cours d’élaboration,
néanmoins la première exposition à Thonon-les-Bains propose
le calendrier suivant :
L’agenda
THONON-LES-BAINS, Espace Novarina
Inauguration : vendredi 16 novembre
15h - Le patrimoine XXe, contexte architectural et culturel
Conférence de Bernard Toulier, Conservateur en chef du patrimoine à la direction de l’Architecture et du Patrimoine au
Ministère de la Culture.
15h30 - Table ronde autour de l’œuvre de Maurice Novarina
avec Bruno Vayssière, Directeur de la Fondation Braillard, Conservation d’Archives, Jean-François Grange Chavanis, Architecte
du Patrimoine, Architecte en chef des monuments historiques,
Yves Belmont, Architecte des Bâtiments France, Conseiller pour
l’Architecture à la DRAC Rhône-Alpes.
16h30 - Maurice Novarina : l’homme
avec Patrice Novarina, architecte, fils de Maurice Novarina.
17h30 - Dévoilement de la plaque « Espace Maurice Novarina
» par le Maire de Thonon-les-Bains à l’occasion du centenaire de
la naissance de Maurice Novarina.
18h – Vernissage de l’exposition
Visites guidées tout public - entrée libre
Les samedis 8 décembre 2007, 12 janvier et 9 février 2008
Visite de l’exposition avec Odile Dauchez, guide conférencière
(1h) à 14h et à 15h30.
Visites guidées pour les scolaires - entrée libre
Du 19 au 24 novembre 2007 pour les collèges et lycées
Visite l’exposition avec Odile Dauchez, guide conférencière,
tous les après-midi de 14h à 17h sauf le mercredi.
Les 17 et 18 janvier 2008 pour les primaires
Visite l’exposition avec Odile Dauchez, les après-midi de 14h à 17h
Réservation au CAUE 74 : 04 50 88 21 10.
Contact Ateliers Pédagogiques : Eric Brun
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15
VISUELS DISPONIBLES POUR LA PRESSE
Les images se trouvent sur le site www.caue74.fr.
Leur utilisation dépend d’une autorisation du CAUE (pour
les fichiers en haute définition). Le crédit photographique est à
mentionner obligatoirement selon les indications suivantes :
Photo expo_novarina_1
Visuel de l’exposition
Photo expo_novarina_2
Villa Escoubès, Neuvecelle, Haute-Savoie, 1960
© Agence Maurice Novarina - Thonon
Photo expo_novarina_3
Ensemble d’habitations, Evreux, Eure, 1959-63
© Agence Maurice Novarina - Thonon
Photo expo_novarina_4
Eglise Notre-Dame des Cités, Viry-Châtillon, Essone, 1971
© Agence Maurice Novarina - Thonon
Photo expo_novarina_5
Village Olympique, Grenoble, Isère, 1968
© Pierre Vallet pour le CAUE74
Photo expo_novarina_6
Hôtel de ville, Grenoble, Isère, 1968
© Pierre Vallet pour le CAUE74
Photo expo_novarina_7
Eglise Notre-Dame de Toute Grâce du plateau d’Assy, Passy,
Haute-Savoie, 1937-46
© Pierre Vallet pour le CAUE74
Photo expo_novarina_8
Maison des Arts et Loisirs, Espace Novarina, Thonon-les-Bains,
Haute-Savoie, 1963-66 © CAUE74
Photo expo_novarina_9
Eglise Notre-Dame du Léman, Vongy, Thonon-les-Bains, HauteSavoie, 1933-35 © Pierre Vallet pour le CAUE74
Photo expo_novarina_10
Plage de Thonon-les-Bains, Haute-Savoie, 1950-52 © Pierre
Vallet pour le CAUE74
Ensemble d’habitations, Evreux, Eure, 1959-63 © Agence M.Novarina-Thonon
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Photo portrait_novarina
Maurice Novarina © Agence Maurice Novarina - Thonon
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