L`Université Catholique à l`Epoque Moderne
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L`Université Catholique à l`Epoque Moderne
Fédération Internationale des Universités Catholiques Centre de Coordination de la Recherche UNIVERSITE, EGLISE, CULTURE L’Université Catholique à l’Epoque Moderne De la Réforme à la Révolution XVIème - XVIIIème siècles Actes du Troisième Symposium Universidad Iberoamericana México, 30 avril – 3 mai 2003 FIUC 21, rue d’Assas 75270 Paris Cedex 06 France 1 Traitement de texte et composition : M. Loïc Roche Relecture : Mlle Adriana Maria Alzate Echeverri, Mme Marie-Louise Mougeot et M. Loïc Roche ISBN : 2 – 911048 - 342 ©Fédération Internationale des Universités Catholiques 21, rue d’Assas, 75270 Paris Cedex 06 France 2 TABLE DES MATIERES CONTENTS INDICE Avant-Propos Pr Pierre HURTUBISE, o.m.i. ……………………………………p. 6 L’Université à l’Epoque Moderne Pr Willem FRIJHOFF ……..…………………………………………p. 11 El Modelo de los Jesuitas en la época moderna Prof. Gian Paolo BRIZZI ……………………………………………p. 37 El modelo dominicano en Asia : La Universidad Santo Tomas de Manila, de su misión asiática a la revolución filipina Prof. Fidel VILLARROEL, o.p. ……………………………… p. 60 El modelo agustiniano en América Española Colonial Prof. Fernando CAMPO DEL POZO ……………………p. 81 The Role of the Church in the Greatness and Decline of Italian Universities, 1500-1700 Prof. Paul F. GENDLER …………………………….…..………p. 127 La Corona y la Tiara en las Universidades Coloniales Hispanoamericanas Prof. Enrique GONZALEZ GONZALEZ …………p. 154 Catholic Universities and the Enlighted State 3 Prof. Jean ROEGIERS ………………………………..……………p. 193 Pro muro sunt domui Israel: Heretics, Ecclesiastical Benefices and Academics in the Confessional Age Prof. Bruno BOUTE …………………………………..……………p. 232 Living Together: Catholics and Protestants at Early Modern Universities Prof. Hilde RIDDER-SYMOENS ………………………… p. 283 Retórica y educación universitaria: algunos ejemplos en los colegios jesuitas del siglo XVII en Nueva España Prof.a Perla CHINCHILLA PAWLING y Prof. Alfonso MENDIOLA MEJIA .………………………p. 305 Une nouvelle venue à l’université : la casuistique Pr Pierre HURTUBISE, o.m.i. …………………………………p. 346 L’enseignement de l’Ecriture Sainte dans les Universités Catholiques à l’âge moderne Pr François LAPLANCHE …………………….………………p. 372 The German Universities and Intellectual Freedom in the Early Modern Period Prof. W. WEBER ………………………..…………….………………p. 403 Censures romaines, censures inquisitoriales, censures universitaires : trois expressions du magistère Pr Bruno NEVEU (†)………………………………..…….…………p. 417 4 La vérité et son discernement. Le magistère de la Sorbonne (XVII – XVIIIème siècles) Pr Jacques GRES-GAYER ……………..………….………………p. 435 5 Avant-propos Dans le cadre du projet : Université, Église, Culture mis sur pied en 1996 par le Centre de Coordination de la Recherche de la FIUC, projet visant à retracer l’histoire de l’université catholique depuis ses origines jusqu’à nos jours, deux symposiums ont déjà eu lieu, l’un à Ottawa (1999) portant sur la période récente, soit l’après-Deuxième Guerre mondiale, l’autre à Paris (2001) consacré au «long dix-neuvième siècle», c’est-à-dire la période s’étendant de la Restauration au Deuxième Concile du Vatican. Les actes de ces symposiums ont été publiés en 2001 et 2003 respectivement. La présente publication regroupe les textes présentés à une troisième rencontre tenue cette fois à Mexico (2003), rencontre axée sur les XVIe , XVIIe et XVIIIe siècles, en d’autres mots, ce qu’il est convenu d’appeler l’époque moderne. Les deux précédents symposiums avaient permis de confirmer une hypothèse formulée dès le départ, à savoir que, confrontée à des environnements politiques, économiques et socioculturels nouveaux, sinon inédits, l’université catholique avait été amenée à modifier considérablement son mode d’être et d’agir. En était-il de même pour les XVIe , XVIIe et XVIIIe siècles ? La question méritait d’être posée. A première vue, s’agissant d’universités de type plus traditionnel enracinées dans un monde culturellement et politiquement plus homogène que celui des XIX e et XXe siècles, on pouvait être tenté de répondre par la négative. Mais c’était là oublier que l’époque moderne avait aussi connu des défis de taille qui avaient noms : Réforme, Humanisme, Science, Lumières, Révolution, défis que, nous le savons, l’université ne sut pas toujours affronter avec la perspicacité et l’efficacité souhaitables et, cela, aussi bien du côté catholique que du côté protestant ou anglican, mais qui, néanmoins, sans toujours qu’elle s’en rende elle- même parfaitement compte, ne furent pas sans l’affecter. Quelles conséquences cela eut-il, du côté catholique en particulier, en termes de gouvernance, de programmes d’études, de pédagogie, de rapports aux autorités aussi bien civiles qu’ecclésiastiques, voire, dans certains cas, de survie ? Autant d’interrogations auxquelles nous souhaitions que le symposium de Mexico cherche à apporter réponse. 6 Ayant opté pour une approche thématique, comme nous avions commencé à le faire à Paris en 2001, il nous a semblé qu’à défaut de pouvoir couvrir tous les champs plus haut indiqués, trois méritaient d’être privilégiés : un premier, de nature typologique, portant sur les divers modèles d’institutions existant à l’époque: modèle jésuite, bien entendu, qui connut une grande diffusion, au XVIIe siècle en particulier, aussi bien en Europe que dans les Nouveaux Mondes, mais également modèle augustinien, modèle dominicain, sans oublier les nouveaux modèles inspirés des Lumières apparus à la fin du XVIIIe siècle; un second, d’ordre didactique, ayant trait aux enseignements assurés dans les universités de l’époque et, cela, en termes aussi bien de contenus que de pédagogie; un troisième, enfin, de nature plus «politique», concernant, d’une part, les rapports que ces mêmes universités entretenaient avec les autorités civiles et ecclésiastiques, Pape en tête, de l’autre, le rôle «Magistériel» ou «censorial» que continuaient à jouer, à cette même époque, du moins dans l’aire catholique, les facultés de théologie des grandes universités européennes. Encore fallait-il replacer ces divers «regards» sur la réalité universitaire d’alors à l’intérieur d’une vue d’ensemble sur cette même réalité telle qu’elle nous apparaît aujourd’hui. C’est la tâche que nous avions confiée au professeur Willem Frijhoff de la Vrije Universiteit d’Amsterdam dont on trouvera la contribution en tête d’ouvrage, contribution en tous points remarquable tant pour ce qu’elle nous apprend sur l’université de l’époque que par les réflexions et suggestions qu’on y trouve sur les recherches faites et à faire en ce domaine. Le lecteur, soit dit en passant, aurait tout intérêt à lire ce texte en premier et à l’avoir à l’esprit en abordant chacun des textes qui suivent correspondant aux divers champs plus haut indiqués. Trois textes signés, le premier, par Gian Paolo Brizzi (Bologne), le second, par Fidel Villarroel (Santo Tomas, Manille), le troisième, par Fernando Campo del Pozo (Université de Valladolid), nous présentent respectivement le modèle jésuite, le modèle dominicain et le modèle augustinien. Ces deux derniers sont étudiés à partir d’exemples précis, soit, d’une part, celui des 7 Philippines, de l’autre, celui de la Nouvelle Grenade (Amérique du Sud), alors que, pour ce qui est des jésuites, le professeur Brizzi propose plutôt une vue d’ensemble permettant tout à la fois de voir comment s’est développé le modèle en question et surtout comment, face aux difficultés, résistances ou circonstances favorables rencontrées, il a su s’adapter, au besoin se transformer. Mérite d’être rapprochée de ces trois premiers textes, la communication de Jan Roegiers (Leuven) portant sur le défi particulier et, jusqu’à un certain point, le danger que représentèrent les Lumières pour une université telle que Louvain confrontée à la fin du XVIIIe siècle à un projet de réforme concocté par les conseillers de l’impératrice MarieThérèse, puis surtout de son fils, Joseph II d’Autriche. Il convient de noter, par ailleurs, comme le montrent bien les professeurs Villarroel et Campo del Pozo qu’à la même époque, les institutions dominicaines et augustiniennes des Nouveaux Mondes, si éloignées fussent-elles de l’Europe, n’étaient, elles aussi, aucunement à l’abri de l’influence des «philosophes». La dimension didactique, déjà présente dans la communication du professeur Brizzi en rapport surtout avec la Ratio Studiorum, est étudiée de plus près et plus en détail par Perla Chinchilla Pawling et Jesús Alfonso Mendiola Mejía (Iberoamericana, México), Pierre Hurtubise (Saint-Paul, Ottawa) et François Laplanche (CNRS, France) qui se sont intéressés, les deux premiers, à l’enseignement de la rhétorique, tout particulièrement en Nouvelle Espagne (Mexique) au XVIIe siècle, le suivant, à celui de la casuistique, discipline nouvelle qui faisait à l’époque son entrée à l’université et, le dernier, à celui de l’Écriture Sainte ou de l’exégèse. Trois disciplines, les deux dernières surtout, dont l’enseignement ne fut pas sans poser problème aux XVIIe et XVIIIe siècles, comme ne manquent pas de le souligner les auteurs desdites communications. Pour ce qui est de la dimension «politique», le texte de Paul Grendler (Toronto) sur l’université italienne aux XVIe et XVIIe siècles et celui d’Enrique González González (UNAM, México) sur l’université latino-américaine à la même époque illustrent fort bien les dilemmes que vivaie nt plusieurs de ces établissements, coincés entre le pouvoir papal, d’une part, et le 8 pouvoir royal ou princier, de l’autre avec, à la clé, des frustrations de toutes sortes. Bruno Boute (Leuven) et Hilde de Ridder-Symoens (Gent) abordent, pour leur part, deux problèmes jusqu’ici assez peu étudiés ayant eux aussi à voir avec le rapport aux autorités civiles et ecclésiastiques, soit, en premier lieu, celui de l’aide financière accordée aux étudiants sous forme de bénéfices ecclésiastiques, plus tard de bourses distribuées par l’une ou l’autre de ces autorités; en second lieu, la cohabitation au lendemain de la Réforme d’étudiants catholiques et non catholiques dans des institutions de l’une ou l’autre des confessions existantes, par exemple à Leyde, Orléans et Padoue, et les formules trouvées à l’époque pour gérer tant bien que mal cette coexistence qu’on souhaitait autant que possible pacifique. Sujets neufs qui appellent des suites et qui - il est à l’espérer les trouveront. Mais le rapport aux autorités civiles et ecclésiastiques ne se situait pas qu’au niveau de la gouvernance : il se situait aussi, surtout dans un contexte confessionnel passablement contraignant, au niveau de l’orthodoxie et de l’orthopraxie. Cela, bien évidemment, soulève tout le problème de ce qu’on appellera plus tard la «liberté académique». La communication de Wolfgang Weber (Augsbourg) essaie d’établir à partir de quel moment cette revendication qui était déjà celle des humanistes aux XVe et XVIe siècles a commencé à pénétrer les milieux académiques et suggère que cela s’est fait à partir du XVIIe siècle par le biais de la science politique qui n’hésitera pas à faire de la liberté, y compris la liberté académique, un droit naturel. Les communications des professeurs Jacques Grès-Gayer (Catholic University, Washington) et Bruno Neveu (Académie des sciences morales et politiques, France) permettent de constater que cette liberté était loin d’être acquise à l’époque et que les facultés de théologie catholiques, telle celle de Paris, aux XVIIe et XVIIIe siècles, continuaient à exercer un important rôle «magistériel», rôle remarquablement décrit par le professeur Grès-Gayer, mais rôle de plus en plus concurrencé par celui du Saint-Office à Rome et des Inquisitions vénitienne et ibérique qui avaient sur les facultés de théologie le redoutable avantage de pouvoir s’en prendre non seulement aux idées, mais aux 9 personnes. Le professeur Neveu 1 soulève avec raison le problème que posait déjà à l’époque et que pose toujours aujourd’hui l’interprétation des «censures» émanant de ces diverses instances. On ne peut d’ailleurs qu’être d’accord avec lui lorsqu’il recommande au théologien, au canoniste et à l’historien ayant à traiter de ces matières de faire le plus possible preuve de «discernement herméneutique». Au terme de cette rapide et sans doute trop succincte présentation des textes figurant dans le présent volume, il ne nous reste plus qu’à remercier les auteurs des textes en question et à souhaiter à ceux et celles qui en prendront connaissance autant de satisfaction que leur lecture nous a procurée à nousmême. Tous nos remerciements également à Mgr Guy-Réal Thivierge, secrétaire général de la FIUC, et à ses collaborateurs et collaboratrices qui se sont chargés de l’organisation du symposium, de même qu’aux membres du Comité, en particulier les professeurs Dominique Julia et Hilde de Ridder-Symoens qui, durant presque deux ans, ont travaillé à sa préparation. Toute notre gratitude enfin à l’institution hôte, l’Universidad Iberoamericana de Mexico, spécialement à son recteur, le professeur Enrique González Torres, s.j., et à la professeur Perla Chinchilla Pawling de la même université, chargée de l’organisation locale, pour le chaleureux accueil reçu de leur part et les nombreux et exceptionnels services rendus tout au long de notre rencontre. Notre prochain symposium prévu pour mai 2005 à Leuven portera sur l’université médiévale. Pierre Hurtubise, Directeur du projet. 1 Bruno Neveu est décédé au cours du printemps 2004. 10 L’UNIVERSITE A L’EPOQUE MODERNE XVIe-XVIIIe siècles Réflexions sur son histoire et sur la façon de l’écrire * Willem Frijhoff Université Libre Amsterdam Disons-le sans ambages: l’université de l’époque moderne n’a toujours pas bonne presse. Grâce aux travaux historiques récents, aux monographies et aux synthèses rédigées un peu partout dans le monde au cours des dernières décennies, elle est maintenant sans doute l’un des objets historiques les mieux connus. Mais dans la longue durée de l’histoire culturelle, hors du cénacle des spécialistes, et surtout dans le grand public, sa réputation demeure terne, et parfois carrément mauvaise. En dépit de la renommée de quelques institutions ou professeurs particuliers, en dépit des inévitables louanges dont on acclame les fondations universitaires lors de leurs jubilés, en dépit aussi de l’indéniable remontée de l’intérêt porté par la recherche depuis une trentaine d’années, l’université de l’époque moderne pivote entre sa gloire médiévale et le présentisme de l’actualité universitaire. Mon discours inaugural se propose de réfléchir sur les raisons de la piètre réputation de l’université moderne et de dessiner quelques voies pour y remédier ou pour sortir de l’impasse historiographique. Je suis pour cela obligé de m’en tenir à quelques grandes lignes, mais mon propos sera, je pense, suffisamment clair. Je m’interrogerai d’abord sur les liens que l’histoire des universités elles- mêmes, donc l’analyse des institutions d’enseignement supérieur et leurs performances, entretient avec l’historiographie des universités à l’époque moderne telle que nous l’avons reçue ou la pratiquons. J’examinerai * Conférence d’ouverture au symposium “Universidad, Iglesia, Cultura: De la Reforma a la Revolución. La Universidad Católica en la Epoca Moderna, Siglos XVI al XVIII”, Universidad Iberoamericana, México, le 30 avril 2003. 11 ensuite quelques caractéristiques et problèmes qui découlent de ce que j’appellerai la carte mentale des universités de l’époque moderne. Je dessinerai enfin les contours d’une histoire de l’enseignement supérieur qui dépasse les limites institutionnelles des universités pour créer un continuum éducatif et scientifique englobant toutes les manifestations savantes. Elle permettra de percevoir le paysage universitaire autrement. 1. Historiographie Commençons donc par l’historiographie. Constatons d’abord qu’il n’y a pas d’histoire de l’université sans points de référence implicites ou explicites. L’université est toujours jugée par rapport à autre chose. Le plus souvent elle est placée sur une échelle temporelle qui permet de voir du progrès, de la stagnation, du recul ou du déclin. Ou elle est située dans un contexte social et culturel qui permet de juger ses caractéristiques et de les interpréter comme des qualités ou des défauts. Cette contextualisation temporelle ou spatiale est quasiment inévitable. Tout en étant l’une des plus anciennes institutions du monde occidental, l’université est en effet une entité toujours vivante. Même si elle ne provoque pas la comparaison dans le temps, l’observateur actuel a forcément en tête les mérites, les problèmes ou les soucis de l’université actuelle lorsqu’il aborde l’analyse de son histoire. L’université est donc à la fois un objet historique et un sujet d’actualité. En tant qu’acteur agissant dans l’actuel de l’histoire, l’université ne peut, lorsqu’elle écrit son histoire, faire abstraction de sa vision du présent et de sa position dans la société environnante. Sa représentation de l’histoire et son appréciation de sa propre évolution sont tributaires de la conscience qu’elle a de sa tâche dans la société actuelle. Pour ne donner qu’un exemple: l’accent que les universités européennes ont commencé à mettre sur leurs tâches formatrices et sur leurs fonctions sociales dans les années 1960-70, dans le contexte de la démocratisation de l’enseignement supérieur, a certainement contribué à l’essor de la nouvelle histoire des universités qui allait privilégier l’histoire sociale du corps professoral et des 12 utilisateurs ou bénéficiaires de l’enseignement supérieur, les étudiants. Inversement, la conscience que l’université a de sa propre trajectoire historique et de sa place dans l’histoire joue elle aussi son rôle. Elle guide sa perception du présent et de son avenir. Elle peut dicter une nostalgie, relativiser les contingences du présent, ou au contraire raffermir la volonté de surmonter des problèmes considérés comme étrangers à ce qui est compris comme la véritable et durable vocation de l’université, hors des vicissitudes de l’histoire. Il est important de tenir à l’esprit ces considérations préalables, car elles permettent de mieux situer le thème de ce colloque tel qu’il a été annoncé. Si nous nous interrogeons, en effet, sur les environnements politiques, économiques, sociaux et culturels auxquels l’université fut confrontée, ou sur les grands mouvements de l’esprit – l’humanisme, la Réforme, la révolution scientifique, les Lumières, les révolutions politiques du XVIIIe siècle finissant – en nous demandant dans quelle mesure l’université en fut affectée, nous risquons de projeter sur l’histoire une image fixiste ou essentialiste, voire passéiste de l’université, présentée à la fois comme victime et bénéficiaire de circonstances qui lui seraient au fond étrangères. Dans une telle vision, l’université possèderait une essence qui résiderait ailleurs que dans ses manifestations concrètes ou qui surpasserait l’actualité. Il s’agirait alors simplement pour l’historien de trouver l’équation entre le contexte contingent dans lequel évolue l’université, et les modifications circonstantielles de l’édifice universitaire lui- même pour expliquer ce qui s’est passé. Dans cette hypothèse, l’université réagit sur l’histoire, mais ne la partage pas. Cette position a été longtemps celle des historiens de l’université, y compris ceux de l’université moderne. Beaucoup d’entre eux ont manié une plume défensive ou apologétique. L’histoire propre des universités entre le XVIe et le XVIIIe siècles est souvent encore écrite comme celle d’un douloureux défi, continuel et répété, devant lequel l’université s’est trouvé confrontée malgré elle: ce furent successivement le défi de la Réforme, de la science, des Lumières athées, de l’absolutisme princier, enfin du sécularisme politique. C’est oublier que 13 l’université ne fut pas seulement un réceptacle passif mais un vrai partenaire de l’histoire, et qu’elle a co-façonné l’ensemble de ces mouvements dont elle a pu se sentir plus tard la victime. De Louvain à Alcalá, l’humanisme du XVIe siècle a trouvé son éclosion à l’université. La Réforme protestante est elle- même partie de la toute jeune université humaniste de Wittenberg. La contre-offensive de la Réforme catholique s’est essentiellement servi de l’enseignement secondaire et supérieur, et non seulement celui des jésuites, pour reconquérir les bourgeoisies et les élites. Les nouvelles sciences ont été développées et diffusées par des professeurs universitaires, et ce sont les intellectuels formés à l’université qui ont formulé les défis intellectuels des Lumières et de l’époque révolutionnaire. Une autre vision est donc possible que celle d’une université moderne en repli devant les attaques dont elle s’est senti l’objet. Cette vision alternative prendrait l’université comme un ensemble d’acteurs sur la scène de l’histoire – ensemble structuré et étagé bien sûr, étalé dans le temps aussi. Elle s’interrogerait sur ce que ces actants opèrent dans la société, non seulement dans le cadre de l’université comme institution, mais aussi dans leur propre vie qui constitue le prolongement humain obligé de l’espace universitaire proprement dit. Dans cet espace plus large, ils agissent en représentants de la culture que l’université entendait dispenser. Pour le dire avec les concepts popularisés par Pierre Bourdieu: ils traduisent le travail universitaire en capital social et culturel dont l’ensemble de ses bénéficiaires peut se servir dans la société. Ils mettent donc l’université en oeuvre, ils la réalisent. Ces actants sont les professeurs et étudiants, bien sûr. Mais ce sont aussi, et voilà qui est la grande nouveauté de l’époque moderne, les intellectuels, membres des professions intellectuelles et libérales, aristocrates et bourgeois vivant de leurs rentes, chanoines et bénéficiers libres de se consacrer aux lettres et aux sciences, ces clercs et laïcs qui ont appris à raisonner en autonomie et à se former eux- mêmes une opinion, à oeuvrer en toute indépendance avec les outils méthodiques et scientifiques dont l’université les a dotés. Quand au XVIIIe siècle les espérances de bon nombre d’entre eux s’avèrent frustrées, ils peuvent devenir 14 une force redoutable menaçant les pouvoirs établis, qu’ils soient politiques, ecclésiastiques ou académiques. Cette autre histoire de l’université moderne ne doit pas oublier, bien évidemment, la présence massive de l’institution universitaire elle- même, son épaisseur historique, son identité fièrement affirmée, et tout ce qu’elle représente symboliquement sur la scène de l’histoire : se proclamant la forteresse de l’orthodoxie à un certain moment, elle se fit le moteur du progrès à un autre; ici, elle fut l’instrument d’une politique étatique, là, la dernière défense d’une position ecclésiale; elle s’érigeait en rempart d’une conception aristotélicienne du monde, ou se muait en berceau des sciences nouvelles. Ces images globales de l’université en tant qu’institution ont elles aussi joué leur rôle dans l’histoire moderne, un rôle important même, dans les luttes entre tendances, mouvements et Églises. En tant que telles, il faut les analyser avec soin. Mais il faut les voir pour ce qu’elles sont : des images historiques et historiées dont on s’est servi dans l’histoire, images variables et changeantes par conséquent. Ce ne sont point des réalités historiques fixées une fois pour toutes qui se déroberaient à jamais à une remise en cause par les historiens. Il serait d’ailleurs fallacieux de ne considérer l’université que sous l’angle de l’institution et d’oublier que toute institution ne vit que par ses membres. Ceux-ci non seulement lui fixent ses objectifs et lui donnent un sens mais ils assurent aussi sa dynamique dans l’histoire. Seule une vision qui part des acteurs de l’histoire peut incorporer le changement, car elle le rend compréhensible comme étant le résultat d’une action d’hommes. Dès lors la question de l’université moderne se pose beaucoup moins en termes d’accommodation, de défense ou de confrontation de l’institution avec un extérieur étranger favorable ou menaçant. Bien au contraire, l’université de l’époque moderne devient elle- même un acteur actif à travers ses représentants. Nous pouvons alors repenser la problématique de ce colloque dans des termes de participation au mouvement social et culturel au lieu d’y voir simplement défi, refus ou réaction. 15 Notre vision de l’université de l’époque moderne risque encore de souffrir d’un autre malentendu. La mesure que nous utilisons pour la jauger est non seulement trop institutionnelle, souvent aussi elle est présentiste. L’université ancienne est mesurée à des aunes qui n’étaient pas les siennes. Aurait-elle bien répondu à l’appel de la science qui a façonné notre monde ? A-t-elle été à la hauteur des défis que nous y reconnaissons ? Ces questions sont légitimes dans une optique politique, elles le sont moins dans une approche qui se veut scientifique. En appauvrissant ainsi notre vision de l’université, nous nous privons de la possibilité de découvrir la richesse du passé qui est et demeure toujours irréductible aux exigences du présent. Accessoirement, par des questions trop pointues et trop pressées de recevoir une réponse exacte, nous risquons de solliciter l’histoire en obscurcissant tous ces flous de la réalité historique, ces hasards sans raison apparente, ces événements fortuits et ces espaces ouverts de la pensée qui servent de chambre d’incubation au changement. À vouloir tout expliquer à notre goût, nous n’y comprenons plus rien. La preuve de la thèse que j’avance réside bien dans ces images contradictoires de l’université moderne que l’historiographie nous a servies : berceau de la science nouvelle, d’une part, rempart du traditionalisme, d’autre part. Ce n’est qu’à travers des reconstructions précises des réseaux des acteurs, de leurs gestes, opinions, paroles et fidélités – comme on l’a fait, par exemple, pour la lutte autour de l’introduction des idées de Descartes à l’université aux Pays-Bas et en France – que l’on entrevoit le milieu universitaire dans toute sa richesse, dans toute la contingence des positions institutionnelles et humaines et des courants d’opinion, et dans son irré ductibilité à quelque plan préétabli qu’il soit. Allons encore un pas plus loin dans notre relecture de l’histoire de l’université moderne. L’historiographie contemporaine a longtemps privilégié une vision de l’histoire qui porte un double caractère téléologique, en affirmant d’une part une marche inexorable vers la modernité, d’autre part l’essor tout aussi inexorable des nations. Dans l’histoire des universités, cela s’est traduit d’un côté dans l’essor de l’image nationaliste, fortement compartimentée, des systèmes universitaires nationaux. 16 Comme si, par exemple, les universités allemandes, hollandaises ou espagnoles du XVIIe siècle vivaient en vase clos à l’intérieur de leur pays. Du côté de la modernité, on a propagé une vision qui, au lieu de s’interroger sur le contenu de la science enseignée et sur son accord avec ce que les citoyens en demandaient ou espéraient, s’est limitée à se prononcer sur la conformité ou non de l’université avec un canon de modernité fixé après coup : telle science a gagné sur le long terme, pourquoi donc l’université n’a-t-elle pas été à la pointe du progrès en la cultivant, comme notre propre conception de la dynamique scientifique l’exige ? L’histoire des universités en est ainsi venue à opposer deux idéaux-types: l’université alerte, triomphante, et l’université dormeuse, en retrait de la société. L’université glorieuse, triomphante, est à l’image de l’université vraiment universelle de la chrétienté médiévale indivise. Dans l’imagerie du grand public, elle est symboliquement valorisée par trois notions, dont nous retrouvons actuellement l’écho chez nos hommes politiques: la notion d’une lingua franca de la science qui sait dépasser les aléas des cultures nationales particulières, la notion de l’universalité de l’enseignement symbolisée par la reconnaissance internationale des grades, et la notion corrélative de la mobilité au-delà des frontières realisée par l’accès universel aux enseignements et aux diplômes, et par la pérégrination académique, ancêtre des programmes européens Érasmus, Socrate et semblables. Nous retrouvons un idéal-type négatif, celui de l’université dormeuse, dans la représentation d’une université nationale qui a perdu son élan international et son allure cosmopolite. Elle se serait repliée à l’intérieur des frontières politiques parce que la science et les fonctions publiques étaient considérées comme des émanations de l’État, et que l’on considérait qu’ils atteignent leur plus haut niveau d’accomplissement dans un cadre national, politique et culturel réglé. Dans cette séquence d’images, l’université de l’époque moderne est habituellement valorisée comme prototype de l’université nationale ou territoriale, desservant de préférence, voire exclusivement, un État ou un territoire politique particulier. Corrélativement, elle est volontiers dépréciée comme émanation 17 d’une période de baisse, de stagnation et de recul du modèle universitaire, alors qu’au cours des deux époques qui l’encadrent, l’université correspondrait au ‘vrai’ modèle : le Moyen Age avec sa jeunesse studieuse pléthorique et internationale d’une part, et d’autre part, depuis la deuxième moitié du XXe siècle, la reprise de l’universalisme et la nouvelle démocratisation de l’enseignement et de la science. Elle est encore dévalorisée par rapport à l’université du XIX e siècle, dont l’éclat fut rehaussé par les réformes des Lumières, de la Révolution, de Wilhelm von Humboldt, ou des gouvernements dits éclairés, libéraux ou modernisants. Car il faut bien reconnaître que dans l’historiographie de l’université de l’époque moderne elle- même, deux grandes phases doivent encore être distinguées : après la première phase de l’humanisme et de la renaissance, des Réformes protestante et catholique, du baroque et du premier essor des sciences, une seconde phase débute au cours du XVIIIe siècle dès la critique massive de l’université moderne par les intellectuels des Lumières et l’absolutisme princier. Elle est renforcée par l’onde réformatrice humboldtienne. Paradoxalement, dans sa critique de l’université moderne, Humboldt a implicitement revalorisé l’université médiévale, comprise comme une communauté idéale de maîtres et élèves oeuvrant ensemble, et de concert, pour l’avancement des arts et des sciences. L’idéalisation de l’université médiévale a conduit à son tour à une histoire de l’université qui privilégiait l’intellectuel sur le social, l’institution au sens propre sur son insertion dans la société, et les maîtres sur les élèves. Prise dans son ensemble, et sans mettre ici un accent particulier sur tel ou tel pays, l’université de l’époque moderne a donc bien réémergé dans l’historiographie tout en ayant toujours assez peu d’identité historique. Tout au plus s’agit-il d’une identité négativement connotée, celle d’une institution en sursis ou en position de repli qui attendait une reprise en main par les autorités ou qui n’a pas su saisir les chances qui s’offraient. Machine à diplômes, institution éclatée, école endormie, prototype de stagnation intellectuelle, instrument servile du pouvoir politique, opposante de la modernité – telles sont quelques-unes 18 de ses images dominantes. Entre-temps, cependant, le concept de la nation a elle aussi perdu de son éclat. Les nations jadis considérées comme des ensembles quasi prédestinés sur le plan ethnologique, territorial ou politique sont devenues dans notre optique des “communautés imaginées”, pour emprunter le terme consacré de Benedict Anderson. L’image nationaliste de l’université elle- même en a pris un coup. 2. Cartes mentales J’en viens ainsi à mon deuxième point. Notre appréciation des universités particulières de l’époque moderne peut bien reposer sur des analyses factuelles précises, au niveau de la synthèse, là où nous devons remplir les lacunes de la documentation ou de la recherche par des images fortes, elle demeure souvent très tributaire des narratifs traditionnels. Notre image de l’université moderne correspond, en effet, à un certain nombre de paramètres largement inconscients, qui sont autant de limites mentales posées à notre perc eption et à notre pouvoir d’analyse. La carte des universités à l’époque moderne correspond donc à ce qui est maintenant convenu d’appeler une carte mentale. C’est une carte dont les contours, les épaisseurs et les vides sont imaginés, dont les frontières sont mentalement découpées et les formes remplies de valeurs symboliques. Tous nous avons de telles cartes une représentation quasi spontanée qui détermine notre vision du monde culturel moderne. La carte mentale de l’université moderne est définie avant tout par l’institutionnalisation du savoir. L’université y est vue comme une institution lourde, plus précisément une institution chrétienne et européenne d’enseignement supérieur. L’université est sur cette carte une institution de la chrétienté, dans la tradition médiévale, et les fondations d’universités suivent de préférence l’expansion de ses frontières ou obéissent à une logique de reconquête, qu’elle soit religieuse ou séculière. Nous savons bien sûr que le monde musulman tout proche connaissait ces formes institutionnalisées d’enseignement supérieur, tout comme l’Inde, la Chine ou le Japon, mais comme elles ne correspondent pas au modèle médiéval chrétien, nous ne sommes toujours pas capables de les intégrer dans notre 19 historiographie. Mentalement, l’université demeure un objet européen. Les formes institutionnelles qui s’en écartent nous déroutent. Même l’université nord-américaine, dont nous découvrons maintenant quel chemin elle a parcouru depuis deux siècles, demeure perçue comme un rejeton de cet arbre européen. Il existe une deuxième frontière qui détermine la carte mentale. C’est celle de la distinction que nous faisons souvent entre l’université au sens étroit et l’enseignement supérieur au sens large. Ce dernier terme définit d’une façon plus large un niveau de culture, non pas une institution. Mais il englobe des enseignements étroitement professionnels et appliqués que l’université a tendance à rejeter, dans une distinction encore quasi-aristotélicienne entre travail intellectuel et travail manuel, appliqué ou exécutif. Par ailleurs, nous rattachons les mouvements d’idées spontanément à des personnes ou à des institutions parce que de cette façon ils se prêtent plus aisément à une explication régulière et raisonnée faisant intervenir des responsables faciles à identifier. L’université gagne donc sur les deux tableaux. Qu’est-ce qui permet alors de singulariser les universités dans le large paysage de l’enseignement supérieur et de les distinguer de leurs rivaux auxquels elles se croient si souvent supérieures ? L’autonomie et la hiérarchie du savoir ? Le contenu de l’enseignement ? La théorie ou les méthodes d’une discipline ? L’âge des élèves, le statut des professeurs ou celui des institutions elles- mêmes ? L’on pourrait arguer longtemps sur le bien-fondé de telles distinctions. Peut-on affirmer, par exemple, que les séminaires théologiques dispensent de l’enseignement supérieur ? Certainement, si l’on s’en tient à quelques-uns des paramètres que je viens de nommer. Mais s’ils ne sont pas compris dans une structure institutionnelle universitaire de caractère formel, l’histoire des universités a tendance à ne pas en tenir compte. C’est justement en rejetant de la carte mentale universitaire un certain nombre d’institutions non-universitaires qui étaient de vrais centres de formation supérieure ou du changement éducatif ou scientifique, que l’on a pu créer, par exemple, l’image d’un monde catholique statique, fermé et traditionnel face à un 20 monde protestant ouvert qui bouge vers le progrès. D’une façon plus générale, c’est à l’aide de telles exclusions que l’on a imaginé un monde universitaire rétrograde qui faisait face aux académies savantes et aux collèges ou écoles spécialisées s’ouvrant à la science nouvelle. Une troisième frontière mentale est celle des colonies. Dans notre image de l’époque moderne, les universités pourtant anciennes et de plus en plus nombreuses fondées aussi bien en Amérique du Nord qu’en Amérique latine, sans oublier les Philippines, sont en fait rejetées du monde européen. Celui-ci est défini étroitement comme continental, par opposition à l’autre option, la définition atlantique. Les universités américaines sont le plus souvent considérées comme des antennes européennes en territoire conquis, une ‘extension universitaire’ instrumentalisée, non pas comme des institutions de plein droit ayant une dynamique propre dans un environnement foncièrement différent. Ces frontières mentales ont bien sûr emprunté la voie des frontières physiques, ou s’en inspirent. Rappelons que la redéfinition du paysage universitaire européen a commencé par la creation de la première université protestante, de confession luthérienne, en 1527 à Marbourg, à peine dix ans après le début de la Réforme. Si l’Empereur a encore donné son autorisation, le prince fondateur s’est passé de la bénédiction du Pape, battant ainsi en brèche la fiction et le système même de l’universalité des études. Mais c’est surtout au XVIIe siècle que le paysage a changé de nature et qu’une nouvelle carte mentale a pu se dessiner. C’est celle du morcellement territorial correspondant au droit régalien de la création universitaire et au monopole de la collation des grades. Il est certain que l’essor des territoires autonomes dans le Saint Empire Germanique, mais aussi le morcellement de l’Europe toute entière dans une multitude d’États indépendants qui, après la Paix de Westphalie de 1648, ne reconnaissaient plus d’autre autorité que séculière, a profondément influencé l’histoire de l’Europe. Dans les anciens pays de l’Empire, notamment l’Allemagne au sens propre, les territoires habsbourgeois, 21 les Provinces-Unies, la Suisse et une bonne partie de l’Italie, les États grands et petits ont senti le besoin de créer des élites autonomes dont le lien avec le territoire ou le souverain serait forgé ou raffermi par leur formation dans une université territoriale financée et contrôlée par le prince ou l’administration publique. La Suède en fit de même dans ses territoires conquis pendant la Guerre de Trente Ans, et on peut suiv re un mouvement similaire aux frontières de l’Europe chrétienne. Un peu partout dans les zones de contact entre les confessions, avec l’Islam et dans les colonies des formes d’enseignement universitaire ou supérieur étaient réalisées pour assurer le recrutement de cadres militants, raffermir la position intellectuelle et l’attitude confessionnelle des populations locales et jeter les bases d’un projet missionnaire. Ces universités nouvelles étaient souvent nées d’un besoin urgent de former des pasteurs compétents et de bonne doctrine. Elles débutaient donc par des chaires ou des facultés de philosophie, d’arts et de théologie. Mais très rapidement elles évoluaient dans un sens différent en s’érigeant en lieu de formation et de socialisation des élites territoriales au service du prince: fonctionnaires, légistes, conseillers de toutes sortes, médecins aussi, sans oublier la nécessaire reproduction du corps enseignant lui- même à ses différents niveaux. Ces élites étaient peu nombreuses, elles englobaient tout au plus deux ou trois pour cent de la population. Elles étaient de surcroît alliées entre elles par le connubium, au fort taux d’intermariage. De telles universités modernes ont donc été caractérisées d’universités territoriales, et le recrutement de leurs professeurs et étudiants dans un nombre restreint de familles leur a donné la réputation d’une Familienuniversität, avec toute la suggestion de patronage, de népotisme, voire de rétrécissement intellectuel qu’une telle qualification peut impliquer. Il faut cependant se garder de généraliser trop vite dans ce domaine. L’avance déjà ancienne de l’historiographie allemande dans l’histoire des universités – elle- même liée à la position particulière des bourgeoisies cultivées à l’université, la Bildungsbürgertum, dans l’histoire allemande – a pu suggérer une évolution universelle qui, en fait, était surtout caracté- 22 ristique de l’Europe centrale. Les Iles Britanniques, la France, les États de la Péninsule Ibérique et leurs colonies obéissaient à un autre rythme. Les créations d’universités y suivaient non pas le morcellement du pouvoir souverain mais au contraire l’expansion du pouvoir central et la mainmise des grands ordres religieux supranationaux sur l’éducation nationale, régionale ou locale. Les fondations universitaires du XVIe siècle en France et en Espagne sont autant d’affirmations de la présence du souverain et de l’Église catholique, non pas dans un sens territorial restrictif, mais dans un sens expansif et potentiellement universalisant. Il en est de même de la fondation des universités du Nouveau Monde, à commencer par celle, dominicaine, de SaintDomingue en 1538, et celles, royales, des villes de México et de Lima en 1551, après une demande formulée dès 1536 par l’évêque de México. Ces ondes de fondation outre-mer étaient bien antérieures au grand mouvement de création universitaire dans l’Empire, qui s’est surtout développé à partir de la seconde moitié du XVIe siècle, et dans les Provinces-Unies: ainsi, l’université de Leyde, longtemps ‘la pre mière d’Europe’ selon la formule consacrée de Diderot dans son Encyclopédie, ne fut-elle fondée qu’en 1575. Notre carte mentale souffre encore d’un autre biais. Le poids de l’historiographie germanophone et anglophone dans l’histoire globale des universités a pu propager une image protestante de la modernité universitaire. Elle faisait croire que le paysage était dominé par les universités protestantes et que l’innovation provenait exclusivement des universités territoriales du Nord de l’Europe. Là encore il nous faut apporter un double correctif. Tout d’abord, la carte des universités catholiques et protestantes montre à l’évidence que, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la bonne quarantaine d’universités protestantes, toutes confessions confondues, constitue une minorité en Europe, même pas un tiers du total, et qu’elle est concentrée voire confinée à sa zone Nord, allant des Iles Britanniques à l’Estonie – ou la Russie, si l’on y inclut le monde orthodoxe –, Genève étant de loin l’académie protestante la plus méridionale. L’immense majorité des 143 universités de plein droit existant vers 1790 en Europe demeure catholique. Une bonne vingtaine 23 d’entre elles avait été gérée par les jésuites jusqu’à la suppression de l’ordre dans les années 1759-1773. Qui plus est, les universités du monde catholique étaient souvent plus populeuses que celles des pays protestants, soit à cause de l’incorporation des collèges de plein exercice, soit en raison d’une pléthore d’étudiants en droit canon ou civil, liée au système bénéficial, à l’importance du droit canon dans la gestion de l’Église catholique, et, d’une façon plus générale, au caractère traditionnellement procédurier des sociétés méditerranéennes. C’est précisément cette fonction de reproduction administrative des élites cléricales qui distingue le Sud de l’Europe fondamentalement du Nord. Dans le Nord aussi, les universités servaient à certifier les élites bourgeoises qui avaient pris le pouvoir dans les administrations des villes et des États, mais dans le monde réformé, dans les régions calvinistes de la Hollande, de la Suisse et des pays de l’Empire, le système bénéficial n’existait plus ou seulement de façon dénaturée, par un système de collation, sécularisé de fait. L’université y a donc pu distendre, parfois même rompre, ses liens avec l’Église. Il en était ainsi tout particulièrement dans le monde universitaire d’obédience calviniste, au point que les professeurs de théologie, aidés par leur insertion dans les réseaux interconfessionnels de la République des Lettres, pouvaient en quelque sorte s’y muer en petits entrepreneurs scientifiques indépendants avides de se soustraire à la tutelle de l’Église réformée. Les facultés de théologie elles- mêmes y étaient souvent suspectées de libertés doctrinales que l’Église réformée ne saurait cautionner. Le poids des fonctions ecclésiastiques auxquelles l’université était tenue de répondre dans le Sud de l’Europe a tellement dominé les universités catholiques de la romanité qu’une forte impression d’inadéquation, voire de retard scientifique, a pu s’imprimer sur la carte mentale. La République des Lettres, cette communauté internationale de l’intellect, semblait devenue minoritaire dans le monde méditerranéen bien avant d’avoir achevé la translation de son centre de gravité vers le Nord, hors du monde roman, à Leyde, à Londres, ou dans telle ou telle ville allemande. Mais là encore, l’image s’avère équivoque si l’on y regarde de plus près. Le Nord comptait bien 24 quelques universités de grand renom, telles Louvain, ensuite Bâle, puis Leyde ou Upsal, plus tard Halle, Göttingen ou Édimbourg, enfin Berlin. Mais la plupart des universités protestantes appartenaient à une honnête moyenne, reproduisant les élites et livrant leurs professeurs de qualité aux rares universités de pointe qui, elles, en tiraient un maximum de profit publicitaire. En revanche, les universités du Sud ont été très longtemps sous-estimées et conservent toujours la place du pauvre sur la carte mentale. Les raisons en sont multiples. Outre les malentendus occasionnés par la différentiation des fonctions sociales de l’université que j’ai évoqué plus haut, il y a bien sûr le préjugé hautain bien ancien selon laquelle la raison et la science sont protestantes, face à l’obscurantisme de l’Église romaine et le fanatisme des prêtres catholiques. Et il faut bien reconnaître que le magistère de cette Église n’a pas toujours joué le beau rôle à l’égard du développement des sciences et des arts. Mais la carte mentale demeure ici encore une fois très largement trompeuse. Il n’est que de rappeler le rôle décisif de Padoue dans l’enseignement médical, de Bologne dans l’expansion du droit romain, de Naples avec ses élites savantes qui valaient bien celles du Nord et qui d’ailleurs entretenaient avec le reste de l’Europe une multitude de liens que nous commençons seulement à entrevoir. N’oublions pas la ville éternelle elle- même. C’est le collège jésuite romain et la Grégorienne qui sont à l’origine d’un puissant mouvement de renouveau intellectuel dans tout le monde catholique européen. Celui-ci fut obtenu entre autres par l’introduction ou la revalorisation des mathématiques et des futures sciences exactes, comme les recherches de la dernière décennie sur l’enseignement des jésuites viennent de le révéler avec éclat. Sur ce point, notre appréciation du paysage universitaire européen souffre encore d’un dernier biais, à savoir celui de l’évolution différentielle de ce que j’appellerais les sciences phares. J’entends par là ces grands champs disciplinaires qui, à une époque donnée, guident la perception de l’ensemble des sciences et paraissent capables de fournir la clé de la compréhension intégrale de la science, de la société, voire de l’univers 25 tout entier. Dans le passé, on a sans doute sous-estimé l’importance de ce facteur d’appréciation des universités. Car l’image publique des universités particulières englobe rarement l’ensemble des sciences. Telle université est connue pour sa tradition en droit, telle autre pour son enseignement en anatomie, en langues orientales ou en décret. Ces images s’accrochent de préférence à un secteur dominant, un champ disciplinaire qui a rendu telle université célèbre pendant quelque temps. Elles sont donc fortement historiées. L’université de Paris, connue au Moyen Age pour être, si je puis dire, la Mecque de la théologie qui était alors la science phare, a bien conservé à l’époque moderne son image de phare théologique et en a profité en dépit de la perte de vitesse évidente de cette faculté, mais elle n’a pas vraiment réussi à s’imposer comme le grand centre médical international qu’elle était certainement devenue au XVIIIe siècle. Qui plus est, ces sciences phares n’étaient pas les mêmes partout au même moment. C’est sûrement l’université qui se rapprochait le plus de la tendance dominante dans la République des Lettres qui réussit à l’emporter sur le palmarès international. Au moment même où Leyde baignait dans la philologie et cherchait ses coryphées (tels les ‘monstres sacrés de l’érudition’ Scaliger et Saumaise) dans le monde des lettres classiques qui semblaient pouvoir fournir la clé de l’univers textuel ouvert par l’humanisme et démocratisé par l’imprimerie, l’Italie était à la pointe de la médecine, mais la médecine, tout en étant déterminante dans la société globale, n’était point encore vraiment science de prestige à l’université. L’Italie, la Péninsule Ibérique et la France vivaient encore d’une culture universitaire du droit qui allait l’emporter un peu plus tard seulement dans les pays du Nord. Il fallut attendre le XVIIIe siècle avant que le paradigme scientifique représenté par la médecine devienne dominant comme science phare et conduise peu ou prou à la création de disciplines nouvelles, puis d’une faculté entière de sciences naturelles qui allait dominer les universités des XIX e et XXe siècles. Or, dans l’image globale, ce sont les universités du Nord de l’Europe qui l’ont emporté sur la carte mentale avec leur 26 rythme d’évolution allant d’une prédominance de la théologie à celle de la philologie, puis au droit et à la médicine, avant d’en arriver aux sciences au sens actuel. Corrélativement, la victoire protestante et nordique a imposé aux universités catholiques et méridionales une image de retard. Cela pouvait aller jusqu’au reproche d’obscurantisme en permettant par la même occasion d’en blâmer les responsables présumés: le Souverain Pontife, l’Inquisition, ou tout simplement ce que l’on y appelait commodément les ‘Jésuites’, de quelqu’ordre religieux qu’ils soient. Il faut donc constater que la carte mentale des universités est à maints égards trompeuse. Mais l’histoire des universités particulières ne permet pas vraiment d’en dresser une image unie et synthétique satisfaisante. Il faut même avouer que le poids massif des institutions universitaires dans l’historiographie de l’enseignement supérieur obscurcit la vue d’ensemble de ce champ. La concurrence entre les types d’institutions a joué ici un rôle dévastateur : les universités, machines de propagande expérimentées, bien placées et bien huilées, ont fait tout leur possible pour dépeindre au négatif leurs concurrents nonuniversitaires ou les alternatives nouvelles et pour en nier l’importance. Au fur et à mesure que le large secteur de l’enseignement supérieur se compliquait en s’étoffant d’écoles spécialisées, de séminaires, d’académies d’enseignement et de toute une série d’institutions subalternes, l’identité de l’institution universitaire s’est fixée sur des critères plus institutionnels et plus stricts pour écarter ses rivaux. L’institution s’en est trouvée globalement raffermie. On le voit dès le XVIe siècle au succès de ces guides et catalogues d’universités qui s’emploient à distinguer les fausses universités des vraies et à conserver le monopole de ces dernières en même temps que leur qualité. Par ailleurs, les combats homériques livrés au cours de l’époque moderne dans quasi tous les grands pays par des universités existantes pour faire interdire et empêcher efficacement la fondation d’une institution concurrente, montrent bien l’opacité croissante qui caractérisait le paysage de l’enseignement supérieur. L’on constatera dans le même temps que les institutions alternatives nouvelles ressemblaient, sinon par la forme, du moins par le 27 niveau, de plus en plus aux universités établies. Celles-ci avaient dès lors bien du mal à faire valoir le bien-fondé de leur position de monopole. 3. Le continuum de l’enseignement supérieur Comment alors rendre justice à ce paysage riche et étoffé, mais traversé de tensions et courants contradictoires ? Je propose ici de revoir autant que possible l’histoire des universités à l’époque moderne en insérant les institutions universitaires dans des champs d’analyse plus large. J’appellerai chaque champ un continuum, car si nous en connaissons le centre, c’est-à-dire l’institution du savoir, nous aurons toujours du mal à en déterminer les limites extérieures. Le savoir et l’éducation se diluent, en effet, sur les frontières où ils commencent à échapper aux spécialistes pour être assimilés et appropriés à leur propre façon par les laïcs, les autodidactes, voire les charlatans. Cette vision plus large s’oppose à l’histoire étriquée de l’université moderne qui n’en voit que les fonctions institutionnelles, s’enferme dans l’institut ‘université’ et n’en examine ni le pourtour, ni le contexte, ni les consoeurs ou alternatives, ni les résultats dans le paysage social et/ou le dynamisme dans la société. C’est, en bref, un appel à une vision plus généreuse, moins obsédée par les échecs apparents, plus attentive aux transformations opérées à long terme et loin du centre institutionnel. Il nous faut, d’autre part, monter d’un cran dans la perspective géographique, essayer de liquider l’héritage des deux siècles nationalistes qui ont tué l’identité collective de l’université de l’époque moderne, et dépasser sans hésitation les frontières nationales, voire continentales. Il faut repenser l’institution universitaire dans l’histoire comme élément d’un champ continu, cet ensemble du champ de l’enseignement supérieur dans lequel l’université occupe une place de choix, en raison de son ancienneté et de sa forte identité qui en font un modèle, mais dont elle ne monopolise point le paysage. La justification théorique d’une telle approche est simple. S’il est vrai que le modèle universitaire a nominalement traversé près d’un millénaire, en tant qu’institution, elle a été en revan- 28 che continuellement réinstitutionnalisée dans des structures différentes, adaptées aux changements sociaux, politiques, culturels et religieux. Ainsi, l’université-collège ou l’universitéséminaire des XVIe et XVIIe siècles n’ont-elles, à part leur nom, que fort peu en commun avec l’universitas studiosorum du début, et les trois diffèrent à leur tour profondément de l’université de masse du XXe siècle. Dans tous ces cas, des choix institutionnels adaptés aux besoins du moment et aux options idéologiques, politiques et scientifiques en vigueur, ont été opérés dans le continuum du champ de l’enseignement supérieur par les fondateurs et législateurs. Ces choix ont été légitimés par un recours à la vieille conscience identitaire de l’université ellemême, mais les options rejetées à chaque moment n’en continuent pas moins de faire partie de ce continuum pour attendre une reprise dans d’autres temps et contextes. Les contours de ce continuum peuvent être définis globalement à l’aide de huit paramètres. 1. C’est avant tout un continuum dans le temps : l’université moderne a beaucoup en commun avec celle du Moyen Age et celle de l’époque contemporaine. On peut avancer l’hypothèse que les aspects communs aux trois périodes sont plus importants que les aspects divergents entre les époques. Quelques-uns de ces aspects communs sont bien connus de nous tous : l’institution elle- même en tant que phénomène physique et modèle structurel, mais aussi la conscience de ses membres d’appartenir à une institution pluriséculaire; le type du personnel enseignant et son recrutement; la relation maître-élève; les fonctions de base d’enseignement, recherche, et services rendus à la collectivité, dans des proportions différentes, mais toujours présentes; la culture universitaire de groupe exprimée dans ses gestes, rituels, habitus, réflexes et symbolismes. Le continuum avec l’époque contemporaine est préparé dès les XVIIe -XVIIIe siècles. En effet, on assiste alors à l’élaboration de plus en plus consciente des fonctions sociales de l’université, à une première définition des disciplines qui investissent et différencient les champs facultaires plus larges, à la naissance du modèle du chercheur qui remplacera celui de l’érudit, à la genèse de la notion de ser- 29 vice public exprimée dans l’ouverture des bibliothèques, laboratoires, cabinets et écoles cliniques, aux débuts timides d’une méritocratie, à la percée de la langue maternelle dans l’enseignement, et même à une réflexion encore timide sur l’égalité des sexes dans l’éducation. 2. Le deuxième continuum est d’ordre institutionnel. C’est celui qui existe entre les institutions universitaires et leur champ préparatoire, l’enseignement secondaire. L’enseignement secondaire lui- même est créé au cours de la période moderne comme une forme d’enseignement préparant au supérieur. D’ailleurs, il est le plus souvent assimilé au supérieur et assure la transition vers l’université dans laquelle il est au moins partiellement incorporé. Il en est ainsi des collèges de plein exercice, de certaines écoles latines, des paedagogia. On crée peu ou prou, et pour des motifs variables, des formes intermédiaires, des passages souples, des transitions ou solutions adaptées aux cultures locales, telles les académies d’enseignement protestant en France et en Suisse, les gymnases académiques en Allemagne, les écoles illustres dans les Provinces-Unies, les académies dissidentes en Angleterre. 3. Le troisième continuum concerne le lien de l’université avec ses anciens élèves et clients, les professions. La création du champ des professions libérales, les médecins, juristes, avocats et professeurs, est certainement la grande réussite de l’université de l’époque moderne. Ensuite, dès le XVIIIe siècle, commence l’insertion de l’enseignement supérieur dans les formations à l’administration publique (telles les Kameralwissenschaften, les sciences de la gestion publique), et la mise au service du pouvoir séculier des sciences juridiques qui secrètent de nouvelles disciplines sociales: l’économie, la statistique, la science politique. Les médecins gradués et juristes, les théologiens aussi, prolongent l’université dans la société. Désormais, ils rendent le savoir académique présent et opérant dans toutes les villes, régions et administrations, indépendamment de la présence même d’une université. Par le biais de ces nouvelles couches sociales, les professions 30 libérales et les administrations, l’université pénètre ainsi l’ensemble du champ décisionnel de la société globale. 4. Le quatrième continuum rejoint le précédent. C’est le continuum de l’université avec l’État. L’université moderne se met – ou est obligée de se mettre – au service du pouvoir politique. Elle se met à l’unisson avec la mère patrie et devient la fierté des régnants. J’ai déjà fait référence aux Familienuniversitäte qui en sont la forme la plus accomplie. Mais les docteurs en droit avaient dans toute l’Europe méridionale une place privilégiée dans les administrations, et d’une façon générale, la fonction de conseil des universitaires gradués était importante. Pensons aux avis donnés par les juristes allemands (la Spruchfakultät), à ceux des docteurs de Sorbonne sur les questions théologiques, ou plus concrètement, à celui donné par les philosophes et médecins de Leyde contre l’épreuve de l’eau qui fit cesser cette pratique magique et réforma le droit dans la République néerlandaise. Mais il faut aller plus loin et examiner le lien de plus en plus étroit que l’institution universitaire entretient au XVIIIe siècle avec la création des élites étatiques. Les tentatives princières d’insertion de l’université dans le dessein social, culturel et politique de l’État va de la réforme hardie de Victor Amédée en Piémont – qui en 1729 essayait simultanément de canaliser la formation des serviteurs de l’État, de démocratiser leur recrutement, d’assurer la circulation des élites et de remédier au surplus des intellectuels – à celles de Pombal au Portugal, de Marie-Thérèse et Joseph II dans les pays habsbourgeois ou de Catherine II en Russie. Il résultait de ces réformes des réseaux cohérents de membres des élites dirigeantes. Ayant tous suivi le même enseignement et la même séquence rituelle d’initiation et de socialisation, y compris au besoin un grand tour international, ils étageaient et servaient efficacement la nouvelle conception de l’État national. Aussi l’université a-t-elle forgé l’élite administrative non pas tant par le savoir de la science que par le savoir-faire académique qui dépendait moins des capacités intellectuelles de chacun. 5. Le cinquième continuum est d’ordre géographique: il concerne le territoire. La raison d’être de l’université est son 31 territoire, même si son existence ne s’y résume pas. Mais c’est un territoire qu’elle se construit elle- même, un territoire expansif et largement mental. Aux Provinces-Unies, par exemple, l’université de Leyde, qui était formellement l’université de deux des sept provinces (la Hollande et la Zélande), a patiemment propagé et ardemment défendu son droit d’être considérée comme l’université nationale, en utilisant le mythe du praesidium libertatis, les prémices de la liberté qui auraient justifié sa fondation pendant la guerre d’indépendance. Toutes les universités réclamaient un droit de recrutement ou de monopole dans des territoires précis, parfois très larges. Or c’est précisément dans l’ordre géographique qu’elles butaient sur les institutions existantes ou les alternatives qu’il fallait neutraliser, maîtriser ou incorporer. 6. Le sixième continuum, et pas le moindre, est celui de la science. Sur ce point, il y a dans notre vision de l’université moderne souvent quelque malentendu. L’université de l’époque moderne n’existe pas en premier lieu pour l’avancement de la science ou la recherche fondamentale, mais pour l’enseignement, la science enseignée. La science y étant en quelque sorte instrumentale, la recherche fondamentale, si tant est qu’on pouvait déjà en parler, se faisait pour l’essentiel ailleurs, dans le secteur privé, dans la vie personnelle des professeurs, ou dans quelques cabinets ou laboratoires princiers. Peut-être fallait-il le passage par l’hermétisme, vers 1600, pour dissocier définitivement science et théologie et rendre la science pensable comme matière autonome. Mais d’une façon générale, les sciences exactes ne sont pas encore universitaires au XVIIe siècle. Elles naissent en marge, voire en dehors du quadrivium, en dépit des idéaux de quelques grands esprits, tel le théologien Voetius qui en dressa la nomenclature idéale lors de l’ouverture de l’université d’Utrecht en 1636. Les sciences nouvelles doivent être reformulées en termes académiques pour, au XVIIIe siècle, pouvoir commencer à intégrer le curriculum univer-sitaire. Elles naissent des mathématiques, et de la mathéma -tisation de l’univers. D’où l’intérêt de la lutte autour de Descartes qui, en 1651, donna lieu à une vraie consultation scientifique internationale. D’où aussi l’extrême importance de l’introduc- 32 tion des mathématiques dans les collèges, à commencer par ceux des jésuites qui, à cet égard, ont eu une avance certaine sur les pays protestants. Mais il serait largement anachronique de reprocher à l’université sa rencontre manquée avec la science. Cette rencontre a bel et bien eu lieu, mais plus dans la vie des universitaires que dans les programmes formels des institutions. Il serait tout aussi fallacieux de considérer les opposants comme des faux intellectuels, des universitaires arriérés : ils vivaient simplement dans un autre univers que nous- mêmes. 7. Le septième continuum est l’espace international. L’université s’y est conjuguée avec les internationales de l’esprit : la République des Lettres, le cosmopolitisme, la nébuleuse des savants et précepteurs itinérants, les nouvelles solidarités transnationales des refuges religieux ou des réseaux d’opposants (les calvinistes ou huguenots, luthériens, vaudois, juifs, ou jansénistes). Mais elle profite aussi de la nouvelle aristocratie internationale qui se forme dans les grands collèges nobles et les natio ns universitaires (les nations germaniques avant tout), et du grand tour dans sa nouvelle formule qui transforme l’ancienne pérégrination académique et se double au XVIIIe du voyage savant vers les universités nouvelles, telles Göttingen – voyage mieux ciblé, plus court, plus pointu, mais probablement plus efficace et somme toute plus savant. Les contacts interuniversitaires se transforment sous l’emprise nouvelle de l’internationale des ordres enseignants qui prend la place laissée vide par le concept maintenant caduc de la Chrétienté: les jésuites, bénédictins, dominicains, franciscains et augustins sont les apôtres zélés d’un nouvel internationalisme, parfois inconscient mais toujours très réel, et dont les fruits demeurent reconnaissables dans la longue durée. Enfin, l’université s’insère dans le grand mouvement moderne de la confessionalisation des États, pour reprendre le terme avancé par Reinhard et Schilling. Non sans réticence cependant, mais la résistance ne peut alors que se réfugier dans une structure supranationale, la République des Lettres, qui échappe largement au confessionalisme. Son espace recouvre en partie celui des universités mais conserve une certaine autonomie. 33 Les universitaires appartiennent donc aux deux structures à la fois : une structure institutionnelle nationale et un réseau intellectuel international ou supranational. Selon leurs qualités et leurs ambitions, ils mettront l’accent sur l’une ou l’autre. Quelques-uns des plus grands esprits intellectuels et des savants les plus influents évoluent cependant en dehors de l’espace universitaire nationalisé : Guillaume Budé, Francis Bacon, Descartes, Gassendi, Mersenne, Grotius, Spinoza, Huygens, Leibniz, Diderot, Voltaire, pour n’en nommer que quelques-uns appartenant à différentes disciplines et obédiences. L’université se fait à cet égard de plus en plus concurrencer par un fort courant tout aussi internationalisé d’institutions alternatives qui deviennent le refuge de la science expérimentale et des lettres modernes, autonomes et libres : les académies de lettres et de sciences publiques et privées, institutions de sociabilité savante qui sont nées dans le monde méditerranéen pour essaimer ensuite dans tout le monde occidental. 8. Le huitième et dernier continuum concerne la relation entre les membres actifs de l’université et la société. À l’époque moderne, le savant est devenu autonome et c’est souvent un laïc. Il n’est plus enfermé dans son institution, mais a une vie personnelle et sociale hors de l’université qui prolonge son influence tout en la faisant profiter de ce champ socio-culturel élargi. Le professeur remplit des fonctions dans la ville ou à la cour, il participe à de multiples formes de sociabilité savante ou bourgeoise, il écrit des livres, formule des consultations, forme des élèves à domicile ou dans des cénacles privés. Tout en réduisant sa taille, l’université multiplie ainsi ses instances et formes d’influence par le biais des fonctions sociales de ses membres. Ce recentrage de l’université dans le champ de l’enseignement supérieur nous permet donc de mieux apprécier ses fonctions, rôles et significations multiples, tout en définissant avec plus de précision son identité face aux formes alternatives et concurrentes d’élaboration et de transmission du savoir. En dépit du plaidoyer que je viens de faire pour une vision plus large et moins anachronique du champ de l’enseignement 34 supérieur, il ne faut cependant certainement pas rejeter la notion d’université elle- même lors de l’analyse de l’époque moderne. Car la définition institutionnelle de l’université commande deux paramètres importants: d’abord le modèle universitaire, sa forme, son idéal-type qui constitue le fil directeur de la tradition; ensuite la conscience que le corps universitaire a de son identité et qui cherche une forme institutionnelle pour définir sa mission. Il faut enfin tenir à l’esprit les transferts des modèles universitaires qui servaient de soubassement à la structure internationale de l’université : outre les modèles catholiques déjà relevés, on pensera à l’université luthérienne à dominante théologique, mais où la théologie conduit aussi aux fonctions dans l’enseignement et dans l’administration publique, ou au modèle calviniste dérivé du gymnase strasbourgeois de Jean Sturm, mais influencé peut-être autant par l’expérience jésuite. À l’époque moderne, le paysage de l’enseignement supérieur s’enrichit donc de formes de différentiation institutionnelle et nationale, sans même parler de formes intermédiaires, concurrentes ou alternatives. Dans le même temps, les niveaux d’enseignement sont redéfinis, car, au Moyen Age, l’université était souvent pour l’essentiel une grande école secondaire destinée au plus grand nombre. Il nous reste maintenant à nous, historiens, de redéfinir nos centres d’intérêts et nos modes d’approche du monde des universités, en recourant plus au culturel, au social, au politique, à l’écono-mique. Élaborons un nouveau modèle d’analyse intégral qui rende mieux compte de toute la richesse et toute l’importance de cette institution fondamentale de notre vie collective et permette de mieux cerner la direction qu’elle doit prendre à l’avenir. Bibliographie Bots Hans et Waquet Françoise, La République des Lettres (Paris: Belin-De Boeck, 1997). Brizzi Gian Paolo et Verger Jacques (éd.), Le Università dell’Europa dal Rinnovamento Scientifico all’ Età dei Lumi (s.l.: Riunione Adriatica du Sicurtà, 1992). 35 Brizzi Gian Paolo et Greci Roberto (éd.), Gesuiti e università in Europa (secoli XVI-XVIII) (Bologne: CLUEB, 2002). Chartier Roger, Julia Dominique, et Revel Jacques (éd.), Les universités européennes du XVIe au XVIIIe siècle. Histoire sociale des populations étudiantes (2 vol.; Paris: EHESS, 1986-1989). Jílek Lubor (éd.), Historical Compendium of European Universities / Répertoire historique des universités européennes (Genève: CRE, 1984) [Appendice: Universités de modèle européen fondées outre- mer]. McClellan J.E., Science Reorganized. Scientific Societies in the Eighteenth Century (New York, 1985). Ridder-Symoens, Hilde de (éd.), A History of the University in Europe. Tome II: Universities in Early Modern Europe (15001800) (Cambridge: Cambridge University Press, 1996). Trad. espagnole: Historia de la Universidad en Europa. Volumen II: Las universidades en la Europa moderna temprana (1500-1800) (Bilbao: Universidad del País Vasco, Servicio Editorial, 1999). Stichweh, Rudolf, Der frühmoderne Staat und die europäische Universität. Zur Interaktion von Politik und Erziehungssystem im Prozess ihrer Ausdifferenzierung (16.-18. Jahrhundert) (Frankfurt am Main: Suhrkamp, 1991). Weber, Wolfgang E.J., Geschichte der europäischen Universität (Stuttgart: Kohlhammer, 2002). 36 EL MODELO DE LOS JESUITAS EN LA EDAD MODERNA Gian Paolo Brizzi Universidad de Bolonia Han pasado casi diez años desde el jubileo ignaciano y las celebraciones que acompañaron el 450º aniversario de la fundación canónica de la Compañía de Jesús. La atención que ese doble aniversario ha recibido en el ámbito de los estudios históricos va más allá del poder de convocatoria que un acontecimiento jubilar solemne como éste suscita habitualmente entre los historiadores, y esto es mucho más evidente si lo ponemos en relación con la resonancia más modesta que, cincuenta años antes, similares celebraciones habían suscitado. La explicación del fenómeno se atribuye a la creciente atención de la historiografía laica por los estudios de historia eclesiástica y religiosa, pero particularmente, con respecto a la Compañía de Jesús, se observa que había que superar fuertes condicionamientos ideológicos y culturales heredados de una sólida tradición historiográfica que se había mostrado sensible a las polémicas en contra de los jesuitas. No se ha tratado de iniciar una operación revisionista sino de fundar, a menudo ex novo, el campo mismo de la investigación, estimulados también en esto por la intensa actividad de ediciones de fuentes que el Institutum romanum societatis Jesu ha promovido y ha hecho crecer siguiendo un coherente diseño científico, con una dedicación que dura ya más de un siglo. Los obstáculos que había que superar han hecho, pues, más ardua la aproximación y, a veces, los posibles campos de investigación han crecido de modo muy diversificado. La intensa actividad de estudios, investigaciones y congresos internacionales que tuvieron lugar al principio de los años noventa ha 37 enriquecido nuestros conocimientos y ha abierto nuevas perspectivas de estudio sobre el fenómeno “jesuitas” en la edad moderna. Todo esto ha contribuido a reforzar los estudios sobre la Compañía de Jesús, liberándolos del aislamiento y del predominante carácter apologético que los había marcado durante mucho tiempo. Y es claro que en esta recuperación no hay que olvidar el papel pionero de algunos historiadores pertenecientes a la Comp añía, como François de Dainville o Michel de Certeau. Al inicio de los sesenta, en este sector los posibles temas de investigación eran múltiples, y en más de un caso la impresión era la de que “todo estaba aún por hacer”. Aun faltando las mismas indagaciones de base, a los estudiosos se les desplegaba una proficua serie de posibles pistas de investigación, ricas por las ventajosas aproximaciones que procuraban. Esto era muy evidente en los aspectos atribuibles al papel que la Compañía de Jesús había tenido en el campo de la historia de las instituciones educativas y de la enseñanza superior, como se advierte inmediatamente en los estudios críticos sobre la historia de la escuela y de las universidades: el papel de la Compañía era casi ignorado o desconocido y muy pocas eran las alusiones a la presencia académica de los jesuitas en numerosas universidades europeas o a las funciones de suplencia que sus colegios habían tenido en aquellas ciudades en las que no había universidad. A menudo, el juicio alcanzaba el análisis de aquellos casos — como París, Padua o Bolonia — en los que la oposición de los cuerpos académicos había frenado la tentación de los jesuitas de asentarse y, por tanto, su posible competencia. Para una lectura del papel que los jesuitas tuvieron en la historia de las universidades europeas es necesario desarrollar el análisis en varias direcciones: la legitimidad de la enseñanza de nivel universitario profesada por ellos, el carácter público de sus escuelas, las características del orden institucional y de la fórmula didáctica adoptada, así como el papel llevado a cabo en el desarrollo más general de las universidades europeas. 38 Como es sabido, la enseñanza no pertenecía al diseño original de los primeros jesuitas, aun cuando su identidad era la de un grupo de maestros y ex estudiantes. “No estudios ni lectiones en la Compañía”, había afirmado Ignacio en 1541, e incluso cuantos entraban en contacto con ellos los identificaban como maestros de artes, bachilleres y doctores. Pablo III los había conocido como brillantes protagonistas de una disputa académica y pensó servirse de ellos en calidad de docentes de la Universidad romana que él quería potenciar: Favre se encontró así enseñando teología positiva y Lainez teología escolástica. Sin embargo, este rechazo inicial fue superado bien para afrontar en el modo más conveniente las exigencias formativas de los novicios, bien por la insistente solicitud de los propios admiradores y protectores para ocuparse de la enseñanza. Por un lado, ese momento sugería una elección en tal dirección: justamente en las escuelas habían sido formuladas las nuevas herejías que habían dividido Europa; del mundo de la escuela provenían los maestros de la Reforma; en sus aulas se experimentaban nuevos métodos de enseñanza, se buscaba una nueva ratio y, en esta renovación, las escuelas de Wittenberg, Tubinga o Estrasburgo en cierto modo habían alcanzado resultados apreciables con los cuales el mundo católico también tenía que enfrentarse. Claude Jay refería las insistentes solicitudes que llegaban de Alemania para que la Compañía abriese nuevas escuelas. Por otro lado, Pablo III y los funcionarios de la curia, ¿no habían definido a Ignacio y a sus compañeros “in artibus magistri, in Universitate Parisiensi graduati”? En conclusión, eran maestros y todo se conjuraba para que ellos aceptaran ejercer como tales. Después de algunas primeras experiencias casuales llevadas a cabo en Goa y en Gandía, con el colegio creado en Mesina, en 1548, la escuela entró en el horizonte de la Compañía de modo premeditado: el control de la educación de la juventud se convertiría en el modo privilegiado para formar a la élite intelectual y espiritual necesaria en el mundo católico para afrontar el desafío de los heterodoxos. 39 Pero, ¿de qué escuela se trataba? Es decir, ¿cuál fue el modelo adoptado? Naturalmente el de las escuelas de París, y la elección fue oficializada justo en Mesina, en el mismo manifiesto que anunciaba a la ciudadanía la apertura de las escuelas: los maestros seguirían en la didáctica «el modo y orden que se usa en París, siendo el mejor con que se puede contar para fácil y perfectamente llegar a ser doctos en la lengua latina». La elección no podía ser diferente: Ignacio y los primeros compañeros habían experimentado directamente los problemas pedagógicos y didácticos, ya que como estudiantes habían frecuentado diversas escuelas en varias ciudades: Alcalá, Salamanca y Valladolid; todos habían compartido también la experiencia parisina, y su juicio sobre la calidad de la enseñanza impartida y el método pedagógico practicado no se distanciaba del de Pierre Ramus, quien sostenía que sólo en París se podía recibir una buena formación humanística. El secretario de Ignacio, el castellano Juan de Polanco, afirmaba con una pizca de orgullo: «Todos los de la Compañía podemos llamarnos originarios de Francia [...] y más incluso que maestros de París, nosotros somos ciudadanos de esa ciudad, hasta el punto de que podemos declararnos franceses y parisinos». Al final, Guillaume Postel llegó a proponer para la nueva Orden el apelativo de “Gallike Compagnie” o “Parisienne Compagnie”. El análisis de la organización didáctica de las escuelas de París, el método generalizado, el contenido de los programas de estudio, en resumen, la realidad cultural y pedagógica a la que hacían referencia los jesuitas mesineses cuando declaraban que recurrirían al modus parisiensis, son temas ya bien conocidos en los estudios sobre la pedagogía de los jesuitas, indagados con gran competencia por François de Dainville, Marc Fumaroli, Aldo Scaglione y, sobre todo, por Gabriel Codina Mir, quien ha reconstruido la influencia ejercida por las escuelas de los Hermanos de la Vida Común en los colegios parisinos y la 40 estrecha dependencia de la ratio jesuítica de la experiencia didáctica y pedagógica de aquéllos. Me limitaré a señalar cómo la adhesión de los primeros jesuitas al modus parisiensis fue coherente y convicta. Ignacio, en 1539, al serle solicitado un consejo, declaraba su fidelidad incondicional a las escuelas parisinas: «Yo no lo enviaría a ninguna otra parte sino a París, porque en poco tiempo aprenderá allí cuantas cosas requerirían muchos años de estudio para ser aprendidas en otra universidad». Al año siguiente, al tener que elegir una escuela para algunos jóvenes cofrades, orientó nuevamente la elección a favor de París y después llegó a manifestar una auténtica devoción hacia aquellas escuelas: «El respeto y el amor que sentimos por la Universidad de París, que ha sido madre de los primeros de la Compañía». El modus Parisiensis había sido experimentado con satisfacción por los primeros jesuitas y éstos lo escogieron como ratio studiorum para la nueva Compañía: «Hagan cursos allí, según el modo indicado de París, donde la Compañía ha estudiado en primer lugar y sabe el modo de proceder con el que allí se obra», sugería el padre Polanco, cuando se le pidió su parecer por la reforma de la facultad de teología de Viena. No sería distinta la opinión de los otros jesuitas sobre el método didáctico que se debía privilegiar. La elección adoptada por Jerónimo Nadal en 1548 para el colegio mesinés consolidó tal opción. Guillaume Postel, lector en el Collège Royal, y no totalmente ajeno a los asuntos de la Compañía, enfatizando el fenómeno escribió que los jesuitas, “santo ladrón” (es decir, con un robo ejecutado con buen fin), habían tomado de París el método de sus escuelas y lo habían exportado a todo el mundo. Por otro lado, los crecientes acuerdos de la Compañía demostraban, sin ninguna duda, que ellos no debían comprometer su propia identidad, aun a riesgo de algún fracaso. Y eso teniendo en cuenta que tales acuerdos, a finales del siglo XVI, le consentían contar con una plantilla de más de ocho mil miembros, que habían suscitado alarmas entre hugonotes, 41 luteranos, anglicanos, calvinistas, y que habían reclamado la atención vigilante de muchos exponentes del mundo católico — inquisición española, dominicos, iglesia galicana. Ellos se mantuvieron constantemente fieles al modelo normativo de la ratio studiorum, incluso en presencia de ásperas oposiciones y de vivaces polémicas sobre el carácter exclusivamente literario de sus escuelas pre-universitarias: en el Setecientos, con frecuencia sus estudiantes fueron llamados doctores latinos, con el claro propósito de ridiculizarlos. Sobre este asunto es necesario observar que la ratio studiorum de los jesuitas, deudora en sus inicios del modus parisiensis, se enriqueció por un extraordinario bagaje de originales experiencias, fruto de la intensa actividad dedicada a la enseñanza que desarrollaron en el transcurso de casi medio siglo en diversos países europeos y extra-europeos. La Ratio studiorum aprobada hacia finales del siglo XVI no sólo fue el producto de una comisión de estudio de expertos, sino sobre todo el punto de confluencia de integraciones y correctivos introducidos poco a poco, frutos de experiencias didácticas experimentadas en casi medio siglo de actividad dedicada a la enseñanza en contextos culturales muy disímiles entre sí. La articulación de la oferta didáctica iba de la enseñanza de gramática a la de teología, articulándose en una subdivisión que incluía las enseñanzas de las tradicionales facultades de artes y las de teología, entrando así en competencia con las universidades. El currículum de los estudios preveía tres fases: un curso de gramática y retórica, uno de filosofía y, por último, el de teología. Cada segmento de los estudios se organizaba a su vez en clases que se correspondían con otras tantas fases del aprendizaje: gramática inferior, media y superior, humanidades y retórica para el primer curso; lógica, física y metafísica para el segundo, en el cual frecuentemente también fue incluida la enseñanza de las matemáticas; cuatro años de teología, 42 integrada por el estudio de la Biblia, la enseñanza del hebreo y un curso de casos de conciencia. Por lo general, cada clase estaba encomendada a un maestro distinto y el paso al grado superior se regulaba mediante un examen de verificación del aprovechamiento individual. Un riguroso sistema jerárquico estaba presente en la organización de cada colegio, otorgando una responsabilidad diferente a cada maestro, todos sujetos por otra parte a un prefecto de los estudios, que tenía tareas de control y de coordinación. La gramática latina constituía, pues, la base de los estudios sucesivos que no podía eliminarse, un paso obligado que llegó a ser también el punto final de los estudios para muchos estudiantes, ya que los tres años previstos por la Ratio se dilataban a veces mucho más de lo previsto. Por lo tanto los estudiantes tenían que haber adquirido un conocimiento firme de la lengua latina antes de ser admitidos para proseguir los estudios: éste era también un elemento asumido por la experiencia de las escuelas de París, donde estaba establecido que, antes de emprender los estudios superiores, los estudiantes debían ser “bene in grammaticalibus fundati”. Los cofrades que los jesuitas ocupaban en tareas de enseñanza —incluso por pocos años, como generalmente sucedía— tenían a su disposición un texto normativo con reglas precisas y escrupulosas que los guiaba día a día en el cumplimiento de sus deberes. Con la Ratio studiorum, ellos disponían de una summa de sabiduría didáctica que establecía una meticulosa gradación en la enseñanza; coordinaba la organización de las diversas clases entre ellos; introducía criterios de cientificidad en las pruebas de verificación de los estudiantes; fijaba una minuciosa subdivisión de las actividades cotidianas, repartidas en las diversas fases del estudio: la repetición, las pruebas orales, los ejercicios escritos; sugería el uso sabio de la emulación y del espíritu competitivo; confiaba un papel bien distinto y autónomo a la educación literaria y, en el seno de ésta, a la retórica. 43 La Ratio diseñaba también de modo detallado la estructura organizativa de sus escuelas, el orden jerárquico del personal del colegio, que iba del portero a los maestros de los estudios inferiores y a los docentes de cursos superiores, del prefecto de los estudios inferiores y superiores a los coadjutores espirituales, hasta llegar al rector del colegio. La preocupación por el refinamiento de las técnicas didácticas y la formación de las cualidades de los futuros maestros no se detuvo con la formulación de la Ratio. Sobre este aspecto no cesó la reflexión teórica: basta pensar en la Paraenesis y en el Protrepticon ad magistros scholarum inferiorum de Francesco Sacchini o en la Ratio discendì et docendi de Joseph de Jouvancy; además, ya a finales del Quinientos, algunos de los principales manuales que permanecieron en uso durante los sucesivos 150 años en los colegios de los jesuitas ya habían sido realizados en gran parte: este es el caso de la gramática latina de Manuel Álvarez, de las Institutiones dialecticae de Pietro de Fonseca o del manual de retórica de Cipriano Soarès. Bastaría repasar la multitud de páginas de los nueve volúmenes de la Bibliothèque de la Compagnie de Jesús de Sommervogel para comprender la sistematicidad y los frutos de tal empeño. La estructura jerarquizada y centralizada de la Compañía favoreció la introducción, en países con tradiciones educativas muy diversas entre ellos, de un proyecto didáctico y pedagógico unitario: análogo era el plan de los estudios, idéntica la estrategia educativa. Todo cuanto esto ha influido en el crecimiento de una identidad cultural europea es fácilmente comprensible, y más si consideramos que dicho proyecto, sobre todo en el nivel de las escuelas pre-universitarias, es decir, el del curso de gramática y retórica, no se diferenciaba demasiado de lo que se realizaba en algunas importantes prácticas didácticas del área protestante. Las conexiones meta-confesionales entre las experiencias educativas jesuíticas y las protestantes son a veces evidentes, 44 como en el caso de Johann Sturm, quien compartía con los jesuitas los fundamentos de su proyecto pedagógico por la experiencia de los Hermanos de la Vida Común: su ideal científico de devoción de la “sapiens atque eloquens pietas” no era tan diferente del ideal de Ignacio de Loyola. En otras palabras, es necesario señalar que para estudiar los procesos de formación del hombre moderno no podemos prescindir del papel que tuvieron los colegios de los jesuitas. Junto a esto tiene que examinarse un aspecto específico de las características de su didáctica que, a menudo de modo sumario, por lo general se relaciona con los preceptos de su Ratio Studiorum: me refiero a la influencia que tuvo en la enseñanza la investigación científica que se desarrollaba en los mismos colegios. Hasta aquí he enunciado algunos de los aspectos que necesariamente han de mencionarse con el fin de comprender e interpretar algunas de las elecciones llevadas a cabo por los jesuitas en el sector de la enseñanza pública: reclamo ahora la necesidad de mantener en este análisis una línea de horizonte cuanto menos europea, puesto que la actuación de los jesuitas obedecía a estrategias adecuadas al carácter supranacional de la orden, e incluso, en un momento determinado, se adecuaba a situaciones específicas que cada vez que ocurrían podían delinearse en la fase operativa. La experiencia desarrollada por los jesuitas en el sector de la enseñanza se distinguió, desde el principio, por su modernidad. La curia romana de la Compañía fue un observatorio privilegiado —único en su género en Europa— para el conocimiento del estado de la enseñanza en los diversos países, como nos refleja claramente el trabajo preparatorio y de control que acompañó las diversas redacciones de la Ratio atque institutio studiorum: 45 Aquí confluían, regularmente, informaciones y relaciones de parte de los rectores o de los padres provinciales sobre la actividad de los propios colegios y el estado de la enseñanza y de las instituciones educativas activas en los territorios en los que ellos actuaban. Aquí se examinaban programas de enseñanza, se promovía la publicación de manuales educativos, se programaban las tareas en los diversos sectores de la investigación, se aprobaban o censuraban los resultados de aquel vasto trabajo científico que se desarrolló dentro y fuera de las escuelas. Las litterae annuae, las litterae quadrimestres y los Catalogi sociorum et officiorum ponían al día de la situación sobre las actividades desarrolladas, los acontecimientos y los problemas que podían acontecer una u otra vez; además, cada tres años se efectuaba un escrupuloso examen sobre las condiciones físicas e intelectuales y sobre las capacidades de cada miembro de la Compañía, con el fin de poder disponer de ellos para el empleo más eficaz. El crecimiento de las adhesiones a la Compañía fue, como es sabido, considerable en el primer siglo, pasando de los casi 1.000 miembros activos en el momento de la muerte del fundador (1556) a más de 8.000 a finales de siglo, y a más de 16.000 hacia mediados del siglo XVII, cuando los colegios activos eran más de 500. Las frecuentes solicitudes para acoger nuevas tareas didácticas les indujo a establecer condiciones precisas con el propósito de no reducir su apostolado sólo a la enseñanza. Sin embargo, la marcha de dichas adhesiones aumentó proporcionalmente a las tareas didácticas asumidas, y esto testimonia la importancia de este sector como factor de consenso: sirva como ejemplo revelador el caso de los jesuitas alemanes, que representaban a mediados del siglo XVI el 9% de los miembros de la orden, y cincuenta años después, durante los cuales tomaron posesión de la dirección de muchas universidades y de una numerosa serie de escuelas públicas, constituían el 30% del conjunto de la compañía de los jesuitas. 46 Si el desarrollo de su experiencia didáctica estaba a punto de permitir hablar de verdaderas universidades, sus instituciones educativas se disponían según una escala gradual que incluía sobre todo una serie múltiple de pequeñas escuelas de gramática, o de colegios con un curso de gramática y retórica completo. Sus escuelas de nivel medio, pre-universitarias, generalmente fueron favorecidas por las jerarquías eclesiásticas y por los soberanos y los gobiernos municipales, que cargados de problemas financieros y de la dificultad de dar un orden estable a las escuelas públicas, habitualmente acogieron con simpatía el establecimiento de un colegio jesuítico, pues éste garantizaba continuidad a la enseñanza que, además, era impartida gratuitamente. Normalmente las universidades acogieron también con benevolencia la presencia de un colegio con cursos de gramática y retórica, por la doble ventaja de liberarse de la parte menos cualificada de los compromisos didácticos y de asegurarse un alumnado cuya instrucción pasaba por la criba de los rigurosos criterios de selección adoptados por los jesuitas. Al pasar a examinar su implicación en la enseñanza superior, es necesario subrayar cómo algunos de los aspectos organizativos de los colegios jesuíticos fueron marcadamente distintos de la tradicional organización de las universidades; tanto es así que el mismo movimiento de las universidades había crecido con características diferentes entre sí: no hay más que recordar los dos modelos tipo, el de Bolonia y el de París, para comprender que un sistema fuertemente uniforme y centralizado, como era el de los jesuitas, se conciliaba a duras penas con estas instituciones y era necesaria la concurrencia de circunstancias particulares para forzar la situación y facilitar una posible conciliación (es decir, me refiero a la emersión de conflictos religiosos). De hecho, existía una incompatibilidad de tipo estructural, es decir, la organización de la Compañía era inconciliable con el sistema corporativo que caracterizaba las universidades europeas y que implicaba, también con distinto peso, a estudiantes, doctores, patricios ciudadanos, magistraturas públicas, autoridades eclesiásticas y al gobierno del Estado territorial. Este carácter inconciliable de las respectivas fórmulas institucionales —las de colegios y de universidades— sugirió, en 47 virtud de las circunstancias en las que los jesuitas se encontraron trabajando, la adopción de fórmulas de colaboración graduales: éstas podían ir desde el completo control de un Estudio público hasta la elección del destino de un cofrade propio para enseñar en una universidad, e incluso a limitarse simplemente a desarrollar un papel propedéutico en los estudios universitarios mediante la activación de alguna clase del curso de gramática y retórica. Los conflictos con las instituciones tradicionales no faltaron y fueron especialmente ásperos con aquellas universidades que tenían un fuerte sentido de la propia identidad. En París, Bolonia y Padua los enfrentamientos fueron particularmente fuertes: en el momento oportuno, los hombres de las universidades desempolvaron el viejo instrumental retórico sobre la autonomía y las libertades académicas y los jesuitas se vieron obligados a adoptar un papel marginal. Había incluso quien, como Richelieu, veía los aspectos positivos de aquellos enfrentamientos, convencido de que estimularían el espíritu de emulación de las dos partes. En cualquier caso, los jesuitas tuvieron que plantearse el problema de la legitimidad jurídica de sus escuelas, por los menos para consentir a sus propios estudiantes la obtención de aquellos reconocimientos académicos concedidos por las otras universidades: los títulos académicos de bachiller, diplomado y licenciado en las facultades de artes y en la de teología. El problema se dio en primer lugar en Mesina. Aquí la solución adoptada fue, cuando un colegio de los jesuitas tuvo que funcionar, la de que prevaleciera incluso después en el seno de un Estudio público: junto a las bulas de Pablo III de 15471548, que habían configurado la ordenación institucional de las futuras universidades jesuíticas, se consideran los Capitoli de marzo de 1550, fruto de la mediación entre la Compañía y los magistrados de Mesina. Éstos anticiparon la fórmula que consintió a los jesuitas obrar en un Estudio público sin altera r en él la organización tradicional. De hecho, la universidad se dividía en dos ramas, una de las cuales permanecía bajo la jurisdicción de las autoridades locales —se trataba de las facultades de 48 medicina y de derecho—, mientras que la otra —el curso de gramática y retórica y las enseñanzas del curso filosófico y teológico— se encargaba a los jesuitas. El colegio jesuítico, aun con un estatus autónomo, estaba, pues, englobado en el interior de un Estudio general. Se trataba de una mediación adoptada tambié n en otros lugares, donde el papel del colegio de los jesuitas se encontró conviviendo con realidades académicas ya existentes. En cuanto a la redacción de la bula pontificia a favor de Mesina señalaré que, desde el incipit Copiosus in misericordia Dominus, llaman la atención algunos de los contenidos de la bula otorgada el año precedente al Estudio jesuítico de Gandía en construcción. Este es un aspecto no destacado por los historiógrafos de la Compañía y que sugiere la hipótesis de un modelo normativo de universidad jesuítica dispuesto en 1547 a instancias del duque Francisco Borja y consolidado un año después con ocasión de la petición de Mesina. Entre 1552 y 1578 el problema de la concesión de los títulos académicos también encontró solución, reforzando así la independencia de los colegios de la Compañía en el plano de la sanción formal de los estudios, gracias a los privilegios concedidos por Julio III, Pío IV y Gregorio XIII, que constituyeron el fundamento de la evolución del derecho universitario de la Compañía y de la estructura jurídica de sus colegios. La labor de la Compañía en el campo universitario había encontrado una primera legitimidad jurídica con el colegio romano en 1556, pero fue con el breve de Pío IV de 1561 con lo que la extensión de los derechos universitarios a los colegios de la Compañía encontró su formulación más extensa, aplicándose a todos aquellos colegios «tam in Universiattibus studiorum generalium, tam extra illa ubilibet consistentium, in quibus ordinariae studiorum artium liberalium et theologiae lectiones habebuntur cursusque ordinarii peragentur». El breve concedido por Pío IV resolvía dos aspectos normativos fundamentales, legitimando plenamente la obra de los jesuitas con relación a las universidades. Se trató de una medida innovadora con respecto al tradicional derecho univer- 49 sitario y que constituyó, como ha subrayado Antonio Aquino, un giro en este ámbito del derecho común. Éste afirmaba el derecho de los jesuitas a enseñar en las ciudades universitarias, independientemente de cualquier concesión de los cuerpos académicos locales, un derecho que los jesuitas podían hacer valer incluso a favor de estudiantes externos a los propios colegios. Todavía más significativo fue el poder que se les reconoció para someter a los candidatos a examen y para conferir títulos académicos: ellos lo podían ejercitar tanto a favor de los miembros de la orden como de los estudiantes laicos; además, tal derecho podía ser ejercido no sólo en aquellos colegios de los jesuitas incorporados a una universidad sino también en los que desarrollaban su actividad de modo autónomo con respecto a una universidad. Es cierto que existían limitaciones respecto a los tradicionales privilegios de los Estudios generales: en este sentido, bastaría mencionar el derecho de estos últimos para conceder títulos académicos en todas las facultades, independientemente del hecho de que las respectivas disciplinas fueran enseñadas en ellas, mas todavía se trataba de una realidad institucional que obraba con plena legitimidad, en virtud del derecho pontificio. De tal modo, en torno a las actividades didácticas de los jesuitas llegó a crearse un verdadero derecho universitario que constituía una realidad paralela e independiente, no pudiendo ser plenamente asimilado por el que estaba en vigor para los Estudios generales. Se trataba de innovaciones que se arriesgaban a entrar en continuo conflicto con los fundamentos jurídicos sobre los que se fundaban las universidades tradicionales, con consecuencias que no tardaron en explotar, como ya he mencionado en el caso de Padua, París y Bolonia, ya que la legitimidad en el plano jurídico tenía que ir acompañada del consenso político. En Francia, la iglesia galicana consiguió contener la expansión de la Compañía en el sector universitario. Las dificultades 50 para integrar sus colegios en una universidad obtuvieron resultados positivos sólo en Bourges y en Poitiers, y esto les indujo a tentar la institución de una universidad propia en Tournon, plenamente autónoma, pero el intento tuvo el efecto de conseguir compactar en un único frente a todas las universidades francesas, las cuales obtuvieron una sentencia que anulaba los privilegios ya concedidos a la Compañía. No obstante, cuando Luis XIV quiso afrontar el problema jansenista, puso en primer plano a los jesuitas, reconociéndoles muchos de aquellos privilegios que les habían sido denegados durante mucho tiempo: así, muchas universidades fueron obligadas a integrar los colegios de los jesuitas locales, como sucedió en Tolosa, Cahors y Montpellier. En París también consiguieron con un escamotage sortear la oposición de la Sorbona, empleando los derechos universitarios que ellos tenían en Bourges, y pudieron otorgar los títulos académicos a sus estudiantes del Collège de Clermont, que tomó el nombre de Collège Louis le Grand. También en las otras dos áreas de expansión de la Compañía, la ibérica y la italiana, están presentes diversas formas de asentamiento en el sistema educativo, con algunas remarcables diferencias entre los dos casos. En España y Portugal, los jesuitas consiguieron integrarse como docentes en varias universidades, se distinguieron por su labor en la investigación científica, en Madrid crearon el Colegio imperial — del que dependió la educación de la corte y de la nobleza en general—, estuvieron presentes en numerosas ciudades con sus escuelas de nivel preparatorio para los estudios universitarios, pero su papel en el seno de las universidades fue, en general, menos incisivo de lo que ocurrió en otros sitios, puesto que debieron hacer frente a la competencia de otras órdenes que tradicionalmente se habían ocupado de la enseñanza pública — dominicos, agustinos, mercedarios, franciscanos—, con las que tuvieron que dividirse las cátedras de la facultad de teología. Gandía y Evora fueron las plazas fuertes de su presencia, donde el rector del colegio desarrollaba al mismo tiempo la labor de cancelario de la universidad. Pero en el área española es 51 necesario ir a las colonias para encontrar el fruto de la estrecha vinculación que unió a la Compañía de Jesús con la corona de España. En las colonias de Ultramar, los jesuitas y los dominicos se convirtieron en protagonistas del mayor número de asentamientos, obteniendo la autorización pontificia para otorgar diplomas en sus colegios, siempre que éstos estuvieran a una distancia de al menos doscientas millas de las reales universidades de Lima y Ciudad de México: el resultado fue que la competencia entre las diversas órdenes religiosas hizo que en algunas ciudades se fundaran dos universidades, e incluso tres, como ocurrió en Santiago de Chile y en Quito. La Italia española también constituyó un territorio favorable al asentamiento de las instituciones educativas de los jesuitas, no sólo en aquellos estados gobernados por la Corona, los reinos de Cerdeña, Nápoles, Sicilia o el ducado de Milán, sino también en los que pertenecían a la órbita de influencia de España. La crítica ha señalado el fuerte vínculo entre los jesuitas y España en los primeros decenios: bastaría mencionar el hecho de que los primeros cinco prepósitos generales de la Compañía de Jesús eran súbditos del rey de España; que ellos, empezando por Mesina, encontraron en el virrey, en los gobernadores y en los embajadores españoles, valiosos aliados para favorecer la instauración de sus colegios en los antiguos Estados italianos. En la Italia española, o en aquellos Estados aliados de España, ellos consiguieron asentar algunos de sus colegios más importantes: en Milán como en Palermo, en Nápoles como en Parma. Las relaciones con las instituciones universitarias fueron múltiples y más allá de los casos críticos ya citados —Bolonia y Padua—, hasta la edad de las reformas los jesuitas consiguieron jugar un papel importante en el marco de las universidades italianas, bien con colegios presentes en las ciudades que no contaban con una universidad, donde por tanto tuvieron un papel subsidiario (es el caso de Milán, Palermo, Génova, L’Aquila), bien integrándose en estructuras universitarias variables, como en el caso de Mantua, o bien teniendo en otras el control de las facultades de artes y de teología o de partes de 52 éstas, como en Fermo, Macerata, Parma, Modena, Cagliari, consiguiendo también, al menos en el caso de Sassari, el encargo de controlar toda una universidad. Cuál fue el impacto de esta presencia en el mundo universitario se deduce de las consecuencias producidas en la distribución de los alumnos, en la modificación de los tradicionales flujos estudiantiles: en Roma, a principios del Seiscientos, el colegio de los jesuitas contaba con casi dos mil estudiantes frente a los cien de la Sapienza, y fuerte era la atracción ejercitada por sus colegios en Nápoles y en Turín. Las universidades más antiguas ahora tenían que soportar la competencia de los centros universitarios menores surgidos o revitalizados gracias también a esa atracción de los colegios jesuíticos: Bolonia y Padua tuvieron que hacer frente a la Universidad de Parma y, sobre todo, a su facultad de artes, a cargo de los jesuitas, que, hacia la mitad del Seiscientos, contaba con mil estudiantes; las nuevas universidades de Cagliari y Sassari se quedaron con los estudiantes sardos de Bolonia y Pisa, sus metas tradicionales. Sin embargo, sabido es que, en el campo universitario, los jesuitas registraron los mayores éxitos en los territorios del Imperio. En la Alemania católica, los jesuitas desarrollaron un papel mucho más extendido que el de otras órdenes religiosas: entre las excepciones aparecen los benedictinos, que dirigían la Universidad de Salzburgo y algunos institutos, como también los franciscanos y los escolapios. La gran conmoción producida en las universidades del Imperio por las reformas religiosas determinó, como es sabido, condiciones favorables para fundar o refundar sedes universitarias en los territorios católicos: una coyuntura de la que los jesuitas sacaron mucha ventaja. Además, fortalecidos por los soberanos territoriales, los emperadores y el papado, fueron colocados a la cabeza de algunas universidades y en muchas otras obtuvieron el control de varias cátedras e incluso de facultades enteras. 53 En los siglos XVI y XVII, los jesuitas instituyeron en los territorios del Imperio al menos noventa colegios con función de institutos o de universidades, y estuvieron presentes en los principales centros de la vida cultural y política del país. Aquí el consenso político también provino de los vértices del poder político, la misma familia imperial como también muchos señores territoriales: oprimidos por las exigencias de contraponerse a la iniciativa de las universidades protestantes, favorecieron el asentamiento de verdaderas universidades de los jesuitas. En Praga, la creación del Clementinum se debió al propio emperador, Fernando I, y gracias a Fernando II los jesuitas pudieron dirigir los cursos filosóficos y teológicos en la Universidad de Viena durante más de un siglo. La Universidad de Dillingen, la primera en territorio alemán, fue promovida por el obispo-príncipe, que obtuvo privilegios pontificios e imperiales, los cuales equiparaban su estatus al de un Studium generale. De modo que gradualmente los jesuitas se encontraron gestionando no sólo los cursos de filosofía y teología sino también los de derecho y un rudimentario proyecto de facultad de medicina. En Graz, los jesuitas también recibieron para sus colegios privilegios universitarios pontificios e imperiales: se trataba aquí de obstaculizar la escuela protestante y el primer estudiante en matricularse en la nueva universidad de los jesuitas fue el propio hijo del emperador, futuro emperador igualmente, Fernando II. La situación que comportó la guerra de los Treinta Años supuso una circunstancia favorable para el asentamiento de los colegios de los jesuitas, quienes en 1648 pudieron contar en los territorios alemanes hasta con seis universidades plenamente gobernadas por ellos —Dillingen, Paderborn, Molsheim, Munster, Osnabruck, Bamberg—, y otras ocho en las que controlaban facultades enteras o buena parte de ellas: Ingolstadt, Colonia, Trier, Mainz, Wurzburg, Friburgo, Erfurt, Heidelberg. Para entender su papel con relación al marco global, se ha de tener en cuenta que en 1737, según el Catalogus professorum de Johann Georg Hagelgans, el 21% del cuerpo docente de las 54 universidades existentes en Alemania estaba constituido por los jesuitas. Para completar el marco, que aun así tuvo variables desarrollos hasta la supresión de la Compañía de Jesús, se debe recordar la experiencia de los colegios jesuíticos de Tyrnau, Vilnius, Breslau, Olmutz y Nagyszombat, que permiten individuar entre las causas de la fortuna de los jesuitas en esta parte de Europa, junto a las razones de carácter confesional, también la ausencia de instituciones educativas de nivel superior: por ello, los jesuitas se inscriben entre quienes incrementaron de manera significativa el movimiento de las universidades en Europa. En conclusión, para entender los caracteres de esta experiencia debemos poner en evidencia que la dinámica del crecimiento y la geografía de los asentamientos de los colegios de los jesuitas y, en particular de los que desarrollaron las funciones de universidad, a menudo fueron el fruto de elecciones pragmáticas, determinadas por una suma de circunstancias favorables. Es verdad que a los jesuitas no les faltó una estrategia precisa para gobernar este crecimiento: sólo hay que pensar en las protecciones políticas que en diversas ocasiones les garantizaron una posición de fuerza. Pero se trataba de una ventaja que con frecuencia podía traducirse en un límite, encontrándose expuesta, como orden supranacional, a obrar en situaciones a menudo inconciliables —pienso, por ejemplo, en cuánto pesó la política antiespañola de Venecia en la supresión del colegio de Padua—, o a llegar a ser los instrumentos de estrategias políticas de otros, y sirva como ejemplo la política jansenista de Luis XIV. La misma supresión de la Compañía constituyó la consecuencia más evidente de los límites que tales relaciones comportaban. Sin embargo, en el balance se han de advertir otras consideraciones con relación al papel que, históricamente, la Compañía tuvo en el sector de la instrucción superior en esta primera fase de su vida. En cuanto a la amplitud del fenómeno, la Compañía creó una red educativa supranacional, nunca superada por sus dimensiones. El modelo unitario del colegio jesuítico, al interaccionar con sistemas y políticas educativas 55 diversas, ejercitó una influencia que varió de un país a otro, cubriendo tanto el plano organizativo e institucional como el científico. El colegio-universidad de los jesuitas contribuyó positivamente al proceso de modernización de las instituciones universitarias, favoreciendo la superación del corporativismo que, sobre todo en la primera edad moderna, todavía constituía un carácter predominante. En este sentido, ellos anticiparon algunos de los aspectos institucionales que sobresalieron después en las reformas educativas del siglo XVIII. Finalmente, de las especificidades del modelo jesuítico se debe considerar la relación entre las actividades didáctica e investigadora, las cuales gravitaban en el seno del colegio, mientras que, hasta el siglo XVIII, en muchas universidades estas actividades estuvieron diferenciadas y permanecieron por separado, en virtud del principio según el cual el deber del profesor se circunscribía a la enseñanza y la actividad de investigación era propia del académico, o se dejaba cuanto menos al buen hacer de la iniciativa individual, sin que las universidades se dotaran —en la mayor parte de los casos— de estructuras y de medios materiales para poder realizarla. En cambio, en el colegio la actividad científica no sólo vivía en estrecho contacto con la enseñanza (a menudo estas actividades eran desarrolladas al mismo tiempo o alternativamente por las mismas personas), sino que los científicos de la Compañía podían gozar de condiciones muy ventajosas con respecto a la mayor parte de sus colegas universitarios. Para consentirles que se dedicaran a tiempo completo a la actividad de investigación, ellos podían ser liberados de otros encargos, podían sacar provecho de la colaboración de alumnos o cofrades en calidad de asistentes y podían ser dispensados del voto de pobreza para gozar del mecenazgo de los admiradores. Los colegios más importantes se dotaron de verdaderos gabinetes científicos y de bibliotecas que a veces disponían de un presupuesto propio. Las relaciones internacionales de la Compañía facilitaban encuentros, intercambios científicos y la adquisi- 56 ción de información puesta al día sobre la actividad investigadora desarrollada en otros países. En suma, el carácter cosmopolita de la orden constituyó una ventaja decisiva para algunas experiencias científicas — como por ejemplo las observaciones astronómicas— y permitió contar con una experimentada red de comunicaciones. Esto no se tradujo en contenidos didácticos capaces de absorber los continuos progresos de la innovación científica, Más bien, en sus escuelas tan sólo se advierte la exigencia de registrar los progresos del pensamiento científico, constriñéndolos en un espacio dominado por un sustancial conservadurismo. Sin embargo, bastaría pensar en las muchas academias que afloraron en sus colegios para comprender el valor que tuvieron tales experiencias para favorecer la relación entre actividades didácticas y de investigación, un nexo inseparable de la idea de universidad, hecha suya por los reformadores, lo cual se inserta incluso en el papel que el modelo didáctico del colegio de los jesuitas ha tenido en el proceso de modernización de las universidades. BIBLIOGRAFIA Adrien Demoustier, Dominique Julia, Ratio studiorum. Plan raisonné et institutions des études dans la Compagnie de Jésus, Paris, Belin, 1997 Aldo Scaglione, The Liberal Arts and the Jesuit College System, Amsterdam-Philadelphia, J. Benjamins Pub. Co.,1986 Allan P. Farrell, The Jesuit Code of Liberal Education. Development and Scope of the Ratio studiorum, Milwaukee, Bruce, 1938 57 Antonella Romano, La contre-réforme mathématique. 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Fue fundada en 1611 como colegio de enseñanza superior por el arzobispo dominico de Manila Fray Miguel de Benavides, y su ejecutoria ha recorrido el camino de cuatro siglos bajo la administración política de dos períodos coloniales, el español (desde 1611 a 1898) y el americano (desde 1898 a 1945) - con un interludio de ocupación japonesa (1942-1945) - y el actual período de gobierno nacional filipino (1945-2003). Los límites cronológicos fijados para los estudios del presente simposio abarcan desde la Reforma hasta la Revolución. Entendida la reforma en el sentido de protestante iniciada por Lutero en 1517, la universidad de Manila se fundó un siglo más tarde. Y si la entendemos como reforma católica tridentina (1545-1563), la institución dominicana de Manila comenzó cincuenta años después, en el período de la posreforma. El segundo extremo cronológico es el de la Revolución, que debe referirse a la Revolución francesa de 1789. Conviene tener en cuenta que esta revolución, tanto en su gestación y desarrollo como en sus transcendentales consecuencias, no tuvieron eco directo en la Islas Filipinas hasta un siglo después, hasta la Revolución Filipina de 1896. Sin embargo, las ideas fundamentales de la Ilustración y de la revolución francesa 60 coincidieron con las de la revolución filipina. En los siglos XVII y XVIII todo llegaba tarde a Filipinas por la condición de su posición geográfica. Todo llegaba muy tarde, pero al fin siempre llegaba. Según esto, el presente estudio sobre la Universidad de Santo Tomás queda parcialmente fuera de los límites marcados por la Reforma y la Revolución, puesto que debemos comenzar en la segunda década del siglo XVII y terminar a fines del siglo XIX. 1. Período inicial. Compromiso con la evangelización de Asia En el período inicial, o sea, a lo largo del siglo XVII, la tarea académica y docente de la universidad estuvo impregnada del espíritu misionero y evangelizador que animaba a los primeros dominicos de Filipinas. Estos llegaron en 1587 y fundaron una Provincia a la que dieron el significativo nombre de Provincia del Santísimo Rosario de Filipinas, Japón y China. Su carisma era esencialmente misionero, y sigue siéndolo hoy. China, la mítica Cathay era como su primer ideal. Intentaron penetrar en ella aun antes que en Filipinas. Y aunque no lo consiguieron, encontraron un trozo de China en Manila, en su distrito del Parián, al que adoptaron como primer campo de misión el año de su llegada. Y fue allí precisamente donde comenzó su labor apostólica el fundador de la Universidad de Santo Tomás, Fray Miguel de Benavides. Pero no fue China, sino Japón donde primero se emplearon de hecho los dominicos en su proyección hacia Asia. Llegaron al imperio del sol naciente en el momento crucial en que se desató una devastadora persecución anticristiana que duró 35 años, desde 1614 hasta 1640, que puso fin al cristianismo ahogándolo en un inmenso lago de sangre. Lo que interesa en este nuestro estudio es que entre los miles de cristianos que dieron su vida por la fe en Japón hubo varios profesores y un estudiante de la Universidad de Santo Tomas recién fundada. Lo primeros profesores mártires fueron los Padres Domingo Ibáñez de Erquicia, profesor de teología, y Lucas del Espíritu Santo, 61 profesor de filosofía, quienes cambiaron la cátedra por la misión “ad gentes”, predicaron durante diez años en total clandestinidad y, al fin, coronaron su vida con la palma del martirio en 1634. A éstos se unió el alumno japonés, Tomas Hioji Nishi de San Jacinto, exiliado de su patria, el cual ingresó en la Orden dominicana en Manila para volver a su patria y terminar como misionero y mártir en dicho año. Tres años más tarde, otros dos profesores respondieron a la llamada de ayuda de la moribunda iglesia japonesa. Es inexplicable, pero es sumamente admirable, que los dominicos se desprendiesen del entonces rector interino y profesor de teología, el P. Antonio González, y de otro profesor de la misma facultad, el francés P. Guillaume Courtet, para dirigir al grupo de misioneros destinados a un martirio cierto. Arrestados al desembarcar en Japón en 1637, al comparecer ante el tribunal de los representantes del Shogun, el P. Courtet fue preguntado si era teólogo. “Soy teólogo y Lector de Teología”, respondió. “Y este compañero mío [el P. Miguel de Aozaraza] también en buen teólogo, aunque no Lector”. Todos los mencionados profesores sufrieron un heroico martirio entre 1634 y 1637, y tres siglos más tarde, en 1986, fueron canonizados por el actual Papa Juan Pablo II. Así, en los albores de su existencia, la Universidad de Santo Tomás supo conjugar la misión docente y académica con la vocación a la evangelización, al martirio y a la santidad.2 Cerrado Japón al occidente, el campo mis ional de la iglesia en Filipinas fue China. Los dominicos entraron en China por la vía de Formosa en 1633, cincuenta años después de haberlo hecho los jesuitas desde Macao. Su llegada y su predicación dieron origen a la lamentable controversia sobre los Ritos Chinos que duró un siglo y entorpeció desgraciadamente la marcha de la evangelización del Celeste Imperio. No es este el momento de 2 Sobre los profesores de la Universidad de Santo Tomás que predicaron el evangelio en Japón, sufrieron martirio y han sido canonizados, pueden verse los siguientes estudios. F. Villarroel, o.p., Nagasakiensis… Beatificationis Servorum Dei Dominici Ibañez de Erquicia et XVI Sociorum…Positio super martyrio, Rome 1979; del mismo autor: Professors and Martyrs. A legacy of Christian witnessing, en Christian witnessing: Martyrdom and martyrs, Thomasian Forum 1, University of Santo Tomas, Manila, 1981, pp. 43-76; Lorenzo de Manila, the Protomartyr of the Philippines and his Companions, Tercera edición, Manila, 1988. 62 discutir todos los extremos de aquellas disputas entre los misioneros jesuitas y dominicos, excepto la partici-pación en ella de los profesores de la Universidad de Santo Tomas de Manila. En el fondo, se trataba de definir el carácter de los ritos en la mente de los chinos, y de interpretarlos por los misioneros de ambas partes. ¿Se trataba de ritos religiosos, supersticiosos, o eran ceremonias y celebraciones de carácter puramente cívico? ¿Podían, por lo tanto, ser permitidos a los neófitos cristianos, o debía ser prohibida su práctica? En la convicción de que se trataba de ritos paganos e idolátricos y tenidos por religiosos por los chinos mismos, los misioneros dominicos los consideraron inaceptables por razones teológicas. Ellos garantizaban la existencia, práctica, modo y forma de los ritos, pero para su enjuiciamiento teológico recurrieron una o y otra vez a los profesores de la Universidad de Manila. Contaba entonces la universidad con un grupo de teólogos conocidos en Filipinas como los más eminentes de aquel siglo y del siguiente. Del Padre Domingo González, profesor y tres veces rector, se conservan en el archivo de la universidad tres volúmenes de consultas “sobre el modo de evangelizar la Gran China”, consultas presentadas por los misioneros de Fokien (Hokkien). Más profundo todavía como moralista y canonista fue el Padre Juan de Paz, también profesor y rector, llamado “el Oráculo de Asia” y “el Atlante de aquella Islas Filipinas”. Muchas de las consultas le fueron presentadas por los misioneros dominicos de otro país asiático, Tonking (Norte de Vietnam), un reino a donde, como ellos le informaban, habían pasado “los ritos, ceremonias y supersticiones” de China. El Padre Paz consumió muchos días y noches de su vida académica respondiendo nada menos que a 274 consultas, recogidas en un volumen, que se publicaron en su importante Upusculum impreso en la imprenta de la Universidad en 1680 y después en Sevilla en 1682, desde donde tuvo mayor resonancia en Europa. Otro profesor de la universidad, aunque por breve tiempo, el P. Domingo Navarrete, ha pasado a la historia como el más acérrimo defensor de la postura de los misioneros dominicos en dichas controversias, primero por sus famosos escritos, los Tratados Históricos y las Controversias antiguas y modernas, y también por su viaje a Roma que concluyó con la presentación 63 de más de un centenar de dudas teológicas a la Congregación del Santo Oficio. 3 2. En Filipinas. Misión evangelizadora y cultural Naturalmente fue sobre todo en Filipinas donde la Universidad estaba llamada a llevar a cabo los compromisos prioritarios de su fundación, es decir, evangelizar, instruir y civilizar. Sus fundadores no fueron otros que los mismos que llegaron a Filipinas a establecer una provincia misionera, la del Santísimo Rosario. Es significativo que diez días después de su arribo a Manila, cuando ni siquiera tenían una casa para alojarse, los pioneros celebraron la fiesta del fundador Santo Domingo de Guzmán, el 4 de agosto de 1587, con un Acto Académico (“Conclusiones Teológicas”) en la catedral de Manila, con todas las formalidades académicas a usanza de la Orden. 4 Su primera 3 La literatura sobre las controversias acerca de los ritos chinos es abundantísima, predominando las publicaciones de los jesuitas. Por lo que re refiere a los dominicos, y en concreto sobre la involucración de los profesores de Santo Tomás en ellas, pueden consultarse los siguientes escritos de éstos: Domingo González, Resolución de las dudas graves acerca del modo de evangelizar en la gran China, por el M.R.P. Fr. Domingo González, en el año de 1637 (Ms. APSR, Ritos Chinos, tomo 2. ff. 9-21, mf. AUST, Rollo 152); Reparos de mucha consideración acerca de un papel que los PP. de la Compañía han divulgado estos días respondiendo a algunas cosas que sospecharon que contra ellos habían dicho los religiosos de San Francisco y Santo Domingo (Ms. APSR, Ritos Chinos, tomo 2, ff. 25-49,mf. AUST, Rollo 152); también, Resolución de quince dudas que se proponen al Señor Arzobispo de Manila...acerca de China, y parecer del M.R.P. Comisario Fr. Domingo González y demás Padres (cf. J. M. González, Historia, I, p. 124); Juan de Paz, Opusculum in quo ducenta et septuaginta quatuor Quaesita a RR. PP. Missionariis Regni Tunkini proposita, totidemque responsiones ad ipsa continentur. Expeditae per Adm. R.P. Fr. Joannem de Paz…Impressum Manilae anno Domini 1680… Per Gasparem de los Reyes, typograhum librorum dicti Collegii atque Universitatis [Sancti Thomae]; Domingo Navarrete, Tratados históricos, políticos, étnicos y religiosos de la Monarquía de China, Madrid 1676; también, Controversias antiguas y modernas de la misión de la Gran China, Madrid 1678. El mejor estudio en inglés es: J.S. Cummins, The Travels and Controversies of Friar Domingo Navarrete (1618-1686), 2 vols. Cambridge 1962. Para una visión rápída de la controversia, véase también F. Villarroel, o.p., “The Chinese Rites Controversy. A Dominican viewpoint”, in Philippiniana Sacra, XXVIII, 82 (1993), pp. 5-61. 4 Sobre la celebración de ese acto académico véase el historiador contemporáneo de los hechos Diego Aduarte, o. p., Historia de la Provincia del Santo Rosario del Orden de Predicadores en Filipinas, Japón y China ( Manila 1640), ed. Madrid 1962, p. 58. 64 proclamación del evangelio fue típicamente dominicana, kerigmática y lascasiana. Muchos de ellos habían recibido su formación en la escuela de los maestros de Salamanca, de Soto, Bañez y Melchor Cano, y a través de ellos, de Francisco de Vitoria. Es suma mente importante observar que aunque habían dejado las aulas y cátedras de España para ser misioneros en el Extremo Oriente, imprimieron a su predicación en Filipinas dos notables características que habían ya marcado pauta en la evangelización de América: o sea, adoptar los principios jurídicos de Vitoria sobre la conquista de las Indias, e imitar a Fray Bartolomé de las Casas en la promoción de los derechos humanos. En ese campo destacaremos aquí la figura P. Miguel de Benavides, fundador de la Universidad de Santo Tomás, digno sucesor del primer obispo de Filipinas, Domingo de Salazar. 5 Hay un hecho de capital importancia en la vida de Benavides, ocurrido pocos años antes de la fundación de la universidad, que le hacen acreedor a un puesto honroso en a l historia de la colonización, y que sin embargo ha pasado casi inadvertido: su decidido empeño en legalizar la conquista de Filipinas. Desde que llegaron a las Islas, Benavides y sus hermanos dominicos agitaron con gran fuerza y tesón la denuncia ya hecha por los anteriores misioneros sobre la imposición de tributos a los nativos y sobre el derecho de conquista. Pero ahora los dominicos llevaron las cosas a sus últimas consecuencias. Había que volver a los principios jurídicos de Vitoria y de las Casas. Convencidos de que la conquista había sido injusta porque se hizo por la fuerza, Benavides llevó la causa de la protección de los nativos ante la Corte de Madrid, a donde llegó en 1594. Allí, al tiempo que era nombrado obispo de Nueva Segovia, en el norte de Luzón, no descansó hasta conseguir de Felipe II una Cédula Real obligando a las autoridades de Filipinas a organizar un referendum entre los nativos para que éstos expresasen libremente su aceptación o su rechazo a la soberanía del Rey de España. El referéndum se llevó a cabo en 1599, y el resultado fue favorable a dicha aceptación. El mismo Benavides firmó el acta de votación de uno de los 5 Cf. Jesús Gayo Aragón, o. p., Ideas jurídico-teológicas de los Religiosos de Filipinas en el siglo XVI sobre la conquista de las Islas, Manila 1950, pp. 1-242. 65 distritos de su diócesis. Este es, a nuestro juicio el primer referendum, quizás el único, conocido en toda la historia colonial. 6 Fundada la universidad en 1611, su tarea primordial consistió en educar a la juventud, primero a la peninsular y criolla, y después a la nativa, para la administración de la colonia. Se necesitaban clérigos para las cuatro primeras diócesis, canónigos doctorales y magistrales para el cabildo eclesiástico de la archidiócesis de Manila, y teólogos para la formación de aspirantes a las comunidades religiosas. El gobierno superior de las Islas, los gobiernos provinciales y la Real Audiencia también necesitaban personal inteligente y culto, entrenado en las mimas Islas, sin necesidad de recurrir a España o a Méjico. El cumplimiento de ese cometido es subrayado machaconamente y con orgullo en los frecuentes memoriales enviados al Rey tanto por la Universidad de Santo Tomás, como por el Colegio de San Ignacio de los Jesuitas fundado al mismo tiempo. 7 Cerca de doscientas graduaciones de bachiller, licenciado y doctor fueron registradas en la Universidad a lo largo de siglo XVII, y no menos de 1.100 en el siglo XVIII. 8 Hay otra contribución de la universidad a la vida intelectual y cultural de las islas que merece mención especial en su historia: su imprenta, llamada unas veces del Colegio de Santo Tomás, otras de la Universidad de Santo Tomá s, y otras veces ambos nombrados juntamente. Es digno de tener en cuenta que la imprenta filipina no fue importada de Europa, como lo fueron las primeras de Goa y de Japón, sino fabricada localmente, 6 See F. Villarroel, “Philip II and the ‘Philippine Referendum’ of 1599”, in Unitas, Manila, 73, 1 (March 2000), pp. 7-50; publicado también en Philippiniana Sacra, XXXV, 103 (January-April 2000), bajo el título “The Church and the ‘Philippine Referendum’ of 1599”, pp. 84-118. 7 Véase, por ejemplo, el Memorial al Rey de España dirigido por el Rector de la Universidad de Santo Tomás el P. .Fr. Martín Real de Santa Cruz. Año de 1649, en Alberto Santamaría, o.p., Documentos históricos de la Universidad de Santo Tomás (citado aquí AS-DH), Manila, 1937, pp. 44-53. 8 Véase Memoria histórica-estadística sobre la enseñanza secundaria y superior de Filipinas, escrita con motivo de la Exposición Colonial de Amsterdam, Manila 1883, Apéndices, Cuadros Estadísticos; también, University of Santo Tomas Alumni Directory 1611-1971, Manila 1971, pp. 1b-8b. 66 primero por el sistema xilográfico en 1593, y por el tipográfico en 1604 (o quizás 1602). 9 De la primera quedan como elocuentes testigos las dos famosas Doctrinas Christianas y el Shih-Luh, en las lenguas española, tagala y china.1 0 La tipografía de 1604 se instaló en el Colegio de Santo Tomás en 1625, y desde entonces ha seguido funcionado ininterrumpi-damente hasta hoy día, y es considerada como la más antigua entre las supervivientes de aquel siglo en todo el mundo, quizás exceptuando la de la Universidad de Cambridge. Como la universidad misma, la imprenta estuvo constantemente al servicio de la evangelización, como lo atestiguan sus 21 incunables (i.e., impresos anteriores a 1640) y una numerosa producción literaria a lo largo del siglo XVII. 1 1 3. Dependencia de los modelos hispánicos: Salamanca y Méjico Durante todo el período colonial, la vida de Filipinas estuvo siempre orientada hacia Asia como misión y objetivo, pero con total dependencia de Occidente en sus hombres de gobierno y en sus estructuras. El archipiélago formaba parte, no de las Indias Orientales, sino de las Occidentales, estando ligado necesariamente a España por medio de la Nueva España. De allí, de España y de Méjico, iban las leyes de buen gobierno, los funcionarios del estado, los misioneros para la Iglesia, y los ingresos materiales del Galeón de Acapulco. La Universidad de Santo Tomás no podía ser diferente. Nació y vivió su primer siglo 9 Cf. Wenceslao Retana, Orígenes de la Imprenta Filipina, Madrid 1911, pp. 3844; 58-60. 10 Los tres primeros impresos de la imprenta filipina, Manila 1593, fueron dos catecismos y un estudio apologético: Doctrina Cristiana en lengua española y tagala, único ejemplar conocido en la Biblioteca del Congreso, USA, ed. facsímile por Edwin Wolf, Washington DC, 1947; Doctrina Cristiana en lengua y letra china, único ejemplar en la Biblioteca Vaticana, ed. facsímile por Jesús Gayo, o. p., Manila 1951; Pien Cheng-Chiao Chen Ch’uan Shih-Lu, ejemplar único en la Biblioteca Nacional de Madrid, ed. facsímile por F. Villarroel, O.P., Manila 1986. 11 La mayoría de los impresos de la imprenta de la universidad de Santo Tomás en los siglos XVII-XIX fueron instrumentos de evangelización, como catecismos, devocionarios, novenarios, diccionarios. De ellos se conservan valiosas colecciones en el Archivo de la Provincia del Santo Rosario (APSR, Avila, Convento de Santo Tomás) y en el Archivo de la Universidad de Santo Tomás (AUST), Manila. 67 bajo el signo de esa dependencia. En su fundación no buscó modelos en su alrededor. No los había. Era forzoso buscarlos en las universidades hispánic as y dominicanas en Europa y en el Nuevo Mundo. Lo mismo que muchos profesores de las primeras universidades americanas, los fundadores de la universidad de Manila respiraron el ambiente teológico de Salamanca y en ella aprendieron la técnica organizativa y el quehacer académico. Los Dominicos tenían en Salamanca el histórico Convento de San Esteban, afiliado a la universidad, y allí se formaron muchos de los misioneros de Filipinas, incluidos los pioneros y los fundadores de Santo Tomás. En España también, los conventos universitarios de Ávila y Pamplona eran filiales de la de Salamanca, como lo fueron todos los de América, en especial las primeras universidades de Méjico y de Lima. Ávila y Pamplona, Méjico y Lima son las instituciones modelos que los documentos pontificios proponen al aprobar tanto el Colegio de Santo Tomas en 1624 como su elevación a universidad en 1645. 1 2 Pero con ninguna de ellas cultivó la universidad de Manila unas relaciones tan estrechas y familiares como con la de Méjico, y esto en al menos tres aspectos. En primer lugar, los primeros estatutos redactados para el Colegio de Santo Tomás en 1619 por el P. Domingo González fueron copiados de los de la universidad de Méjico. A este fin, los dominicos se procuraron un ejemplar de ellas como modelo. 1 3 En segundo lugar, a mediados de siglo, al ser elevada su institución docente al rango de universidad por el Papa Inocencio X, varios rectores con sus claustros iniciaron una correspondencia epistolar con las autoridades de la Universidad mejicana, en busca de prohijación, de relaciones fraternales y aun de apoyo moral. En el fondo, subyacían también en esa correspondencia motivos de carácter egoísta, pues se pretendía que la universidad de Méjico interpusiese su valiosa recomendación ante la 12 Las bulas pontificias de 1619 a 1645 relacionadas con la aprobación de la Universidad de Santo Tomás establecieron que se siguiesen los modelos de Avila, Pamplona, Méjico y Lima. Así las de Pablo V, Charissimi in Christo (11 de marzo, 1619), y de Inocencio X, In supereminenti (20 de noviembre, 1645). Ambas están impresas en AS-DH, pp. 4-5, 31-35. 13 Véase el autorizado estudio de Alberto Santamaría, o. p., Los Estatutos de Santo Tomás, en AS-ES, pp. 70-74. 68 Corte de Madrid para resolver a su favor sus litigios con la universidad jesuita de San Ignacio y su colegio de San José sobre precedencia y preeminencia de sus respectivas instituciones.1 4 Existió otro orden de asuntos en los siglos XVII y XVIII que obligaba a la Universidad de Santo Tomás a dirigirse a Méjico, aunque no directamente a su universidad. Ese orden de cosas era el tribunal del Santo Oficio de la Inquisición. No pertenece a este estudio discutir la naturaleza, necesidad o conveniencia de esa institución en los siglos pasados, o su afortunada desaparición en los siglos posteriores. El hecho es que continuaba existiendo en aquellos dos siglos como instrumento de salvaguardia de la ortodoxia de la fe y de las costumbres. Hubo en los siglos XVII y XVIII tribunales del Santo Oficio tanto en Méjico como en Lima, pero no en Filipinas. Lo que sí hubo en Filipinas fue un Comisariato dirigido por un Comisario General y un cierto número de subcomisarios cuyo oficio no era dictar sentencias sino solamente informar al Tribunal de Méjico sobre cualquier signo de heterodoxia o de grave inmoralidad. El oficio de comisario en Filipinas en los siglos XVII y siguientes fue siempre encomendado a los profesores de la Universidad de Santo Tomás, tanto por razón de su competencia doctrinal como porque no se encontraba personal competente entre el clero diocesano. Los dominicos aceptaban el cargo por necesidad más que por tradición. De los veinte comisarios que ejercieron el cargo en los siglos XVII y XVIII, y en lo que todavía duró en el siglo XIX, todos menos el agustino Fray José de Paternina (16641671) fueron profesores de la universidad de Santo Tomás. 1 5 Como sucedió en varios lugares de Hispanoamérica, la aparición de diversas instituciones de enseñanza superior en las Casas de Estudios de la Órdenes religiosas dio origen a celos y rivalidades entre ellas. En Filipinas la emulación se suscitó entre dominicos y jesuitas desde el principio, incluso antes de la 14 Parte de la correspondencia entre las universidades de Manila y Méjico en ese período puede verse en AS-DH, pp. 77-89. 15 No hay ningún estudio sobre los comisarios del Santo Oficio de la Universidad de Santo Tomás. Sobre la Inquisición en Filipinas en general sólo conocemos uno: J. Toribio Medina, El Tribunal del Santo Oficio de la Inquisición en las Islas Filipinas, Santiago de Chile, 1895. 69 fundación de la universidad de Santo Tomas. Es sabido que Fray Miguel de Benavides, siendo arzobispo de Manila, se opuso en 1602 a que se concediese al ya existente colegio (residencia, casa de estudios) jesuita de San Ignacio la facultad de conferir grados académicos, alegando Benavides razones de heterodoxia mostrada por los jesuitas en la candente controversia sobre la gracia. Volvió a suscitarse la emulación al ser aprobados los colegios de ambos institutos religiosos por la Santa Sede y el Rey en 1619 y 1624. La elevación del Colegio de Santo Tomas al rango de Universidad en 1645 movió a los dominicos a pretender el exclusivo derecho de conferir grados académicos en Filipinas, contra las protestas de los jesuitas. A estos pleitos se añadían las reclamaciones de ambos institutos a reconocérseles precedencia en actos públicos. Estas rivalidades fueron rebrotando intermitentemente durante más de un siglo, y solo desaparecieron al ser suprimidos los Jesuitas en 1773. 1 6 En el campo de las relaciones político-eclesiásticas en la colonia, la Universidad no pudo evitar verse envuelta en los conflictos jurisdiccionales que frecuentemente oscurecieron las relaciones entre la Iglesia y el gobierno colonial dentro del sistema del Patronato Real Indiano. Quizás el momento más dramático del siglo XVII fue el que enfrentó en 1682 al gobernador general Don Juan de Vargas Hurtado y la Audiencia Real, por un lado, y al Arzobispo Felipe Pardo, ex- Rector y exprofesor de la Universidad de Santo Tomás, por otro, sobre las atribuciones, privilegios e inmunidades que reclamaban ambas autoridades. La Universidad de Santo Tomas salió a la defensa del arzobispo dominico. El conflicto condujo a la deportación del Arzobispo y de tres profesores de la universidad, incluido su rector, y a la excomunión del gobernador. 1 7 16 Acerca de la emulación entre dominicos y jesuitas y sus respectivas escuelas, cf. E. Bazaco, o. p., Disputed Questions on Philippine Pedagogy, Manila 1941, pp. 83-171; H. De la Costa, s. j., The Jesuits in the Philippines, Harvard University Press, 1961, pp. 407-411. 17 Sobre el dramático conflicto entre el gobernador Vargas y el arzobispo Felipe Pardo con los profesores de la Universidad, cf. “Felipe Pardo” en H. Ocio, o p., Reseña Biográfica de los Religiosos de la Provincia del Santísimo Rosario de Filipinas, Manila, 1891, I, pp. 473-486. 70 4. En el Siglo de la Ilustración El siglo XVIII comenzó con la instauración de la dinastía borbónica en España en la persona de Felipe V, y se caracterizó en el campo de la cultura y del progreso científico por las corrientes avasalladoras de la Ilustración racionalista o filosofismo, y terminó con el triunfo de sus ideas en la Revolución francesa. Cabe subrayar aquí, por lo que se refiere al primer punto, lo que observó en su historia de Filipinas un profesor de Santo Tomás, es decir, que, a partir de 1700, “la Corona de España no sería más un mero patrón de la Iglesia, sino su dueño. El ‘Estado misionero’ de Felipe II tenía que dar paso ahora a la ‘Iglesia Estatal’ de sus sucesores los Borbones”. 1 8 Un síntoma claro del nuevo talante político que el cambio de dinastía imprimió a la política colonial de Madrid fue el intento de creación de una “Real Universidad” en Manila en la segunda década del siglo. Aunque ostensiblemente lo que se proponía era la creación de dos nuevas cátedras de Derecho Canónico y Derecho Civil, el plan conllevaba la desaparición de las existentes universidades regentadas por dominicos y jesuitas. De hecho, dichas facultades o cátedras fueron inauguradas en 1719, pero por fortuna el proyecto fracasó totalmente por fallos en sus fundamentos, con el resultado de que ambas facultades se establecieron precisamente en las dos universidades existentes. Las dos facultades de Santo Tomás fueron inauguradas en 1734, hecho que constituye una piedra miliar de su desarrollo histórico.1 9 Coloquémonos ahora en la mitad del siglo, cuando las ideas de Ilustración eran ya prácticamente dueñas de casi toda la intelectualidad de Europa y de sus clases gobernantes, cuando apareció la obra que mejor la define en toda su amplitud, la Enciclopedia. Cabe preguntar hasta qué punto la universidad dominicana de Manila siguió con atención las nuevas corrientes, 18 Antonio Molina, The Philippines through the Centuries, Manila, 1960, I, p.161. El estudio más exhaustivo sobre la fundación de estas frustradas facultades es el de Alberto Santamaría, o p., Real Universidad, pro-manuscripto, copia del que esto escribe. El hecho histórico de esta fundación ha pasado desapercibido para casi todos los historiadores de Filipinas. 19 71 discutiéndolas o valorándolas en sus aulas. La respuesta es decepcionante pero no inexplicable. Primero, todos aquellos philosophes de la época, siguiendo los principios de Rene Descartes y otros pensadores del siglo anterior, proclamaban la autonomía y supremacía de la razón humana y rechazaban todo principio basado en la fe de la revelación, y toda su religión no pasaba del deísmo. Esto amenazaba los fundamentos mismos de toda religión revelada y de la Iglesia. En segundo lugar, y precisamente por esas premisas, la Ilustración racionalista penetró solo tímidamente en España, a pesar de los esfuerzos realizados por algunos pensadores y de los ministros ilustrados de Carlos III para abrirle las puesrtas. No se dieron casos de agnosticismo o ateísmo en España. Lo más significativo es que fueron precisamente las universidades, junto con la jerarquía, y desde luego la Inquisición, las instituciones que más se opusieron a la entrada de la Ilustración europea.2 0 Y si esto pasaba en España, nada tendrá de extraño que las modernas ideas filosóficas apenas tuviesen eco en Filipinas, situadas en la lejanía del Extremo Oriente, separadas de Europa por dos océanos y el continente americano. No hubo allí avances filosóficos de mayor cuantía, sino más bien estancamiento intelectual y reafirmación en la filosofía escolástica tradicional. Sus profesores de filosofía y teología no dieron la talla de los mejores del siglo anterior. Ninguno hubo que afrontase las ideas de los pensadores europeos para valorarlas a fondo. Las muestras que nos quedan de su pensamiento con relación a ellas son algunos programas de exámenes para los candidatos al grado de bachiller en la década de 1770, en los cuales el profesor que los preparó, después de hacer una síntesis de los temas más importantes de las materias de curso, proponía una larga serie de proposiciones o conclusiones que los alumnos debían defender. En esas síntesis y conclusiones hay un cierto alarde de plantear los principios de Descartes, Newton y otros precursores de la Ilustración, pero sólo para impugnarlos y rechazarlos.2 1 20 Cf. Ricardo G. Villoslada, s. j., Historia de la Iglesia Católica, Madrid 1980, vol. IV, pp. 463-466. 21 Varias de esas tesis impresas, preparadas por los profesores de filosofía y teología como base de los exámenes de los candidatos a grados, en las que se discuten y rechazan los principios de Descartes, Newton, Gassendi, etc., pueden 72 A pesar de todo esto, no todo fue estancamiento ni menos oscurantismo en la universidad. Un rápido recorrido por la Sección de Libros Raros de la biblioteca universitaria actual es altamente revelador. Esta sección consistente en unos diez mil volúmenes, quizás única en su género en Asia, fue “la biblioteca” de los siglos XVII y XVIII. Los títulos de libros impresos en el siglo XVIII, conservados hoy día son 1.570, y de ellos casi una mitad son de temas relacionados con los avances de la ciencia de entonces, tópicos apreciados por la Ilustración. En esos libros, el latín cede el primer puesto al español, con un número considerable en francés. Naturalmente todavía priman las obras de ciencias eclesiásticas – filosofía escolástica, teología, derecho canónico, predicación, hagiografía, sermonarios – y desde luego las obras más fundamentales para poder elaborar una teología positiva, en conformidad con los “lugares teológicos” de Melchor Cano. Pero lo que importa tener en cuenta aquí es que son muchos los libros relacionados con las nuevas ciencias, un hecho que seguramente habría halagado a cualquier enciclopedista que hubiese visitado la biblioteca. Abundan por ejemplo, las obras de historia crítica, de religiones comparadas, de filosofía y cultura, de astronomía; obras de pensadores españoles de vanguardia tenidos por aperturistas, como Benito Feijoo y Diego Torres y Villarroel; obras de literatura clásica y española, de geografía histórica; tratados de matemáticas, de física, química e historia natural; obras de arte militar y de fortificaciones, de industria y comercio, mecánica y política. Hay un gran número de diccionarios enciclopédicos de diversas ramas de las ciencias eclesiásticas y civiles. Y finalmente hay que subrayar la presencia notable de libros de viajes y de exploración de pueblos y razas desconocidas, muy del gusto de la Ilustración. Faltan, eso sí, los más grandes exponentes de la Ilustración francesa, inglesa y alemana, pero este hecho es explicable por razón de su aversión a la religión y a los principios de la Iglesia. ¿Qué otra cosa podía verse en APSR, Sección Santo Tomás, T. 5, n. 7, fols. 411-436; y en AUST, “Old Prints, 1770-1779.” 73 hacer una institución dominicana en la que residían los comisarios del Santo Oficio de las Islas? 2 2 La expulsión de los Jesuitas de Filipinas en 1768 no solo puso fin a las emulaciones académicas entre su universidad y la de los dominicos, sino que dejó a la Universidad de Santo Tomas en posesión exclusiva de la enseñanza superior en Filipinas. Parecerá extraño que la corte de Carlos III se ensañase tan despiadadamente con los jesuitas, perdonando la vida a los demás institutos religiosos. Y lo irónico del caso fue que, mientras desaparecía la Universidad de San Ignacio por un acto del gobierno borbónico “ilustrado”, Carlos III expedía en 1785 una Cédula Real concediendo a la Universidad de Santo Tomás el título formal de REAL. Lo hizo, no en consideración a posturas doctrinales, sino en premio al comportamiento de lealtad a la Corona mostrada por el Rector P. Domingo Collantes y los estudiantes universitarios cuando se temió la posibilidad de un ataque inglés contra las Islas en 1780, ataque que al fin no llegó. 5. Revolución Francesa, Libera lismo y Revolución Filipina Como quedó indicado anteriormente, en la época colonial todo llegaba tarde a Filipinas, con retraso incluso de varios años. Las causas y secuelas de la Revolución francesa tardaron nada menos que un siglo entero. Hay que tener en cuenta que su impacto no se produjo en España hasta la invasión de los ejércitos de Napoleón veinte años después de la gran revolución. Y fue solo a partir de las Cortes de Cádiz de 1812 cuando las ideas democráticas y libertarias tomaron cuerpo en las colonias hispano-americanas que condujeron a la larga serie de revoluciones y proclamaciones de independencia a lo largo de las tres primeras décadas del siglo XIX. Estas breves consideraciones explican por qué nos vemos obligados a salirnos del marco cronológico de este simposio, haciendo de Filipinas una excepción. La revolución francesa también llegó allí, pero no hasta la década de 1890. 22 Para una rápida ojeada a los títulos y temas de los libros impresos en el siglo XVIII que poseía y posee la Universidad, véase “Systematic Line-up, 1700-1799, Book Birth Census”, en The UST Library Bulletin, II, nos. 1 and 2, 1969. 74 Mientras tanto, el pueblo filipino continuó viviendo en idílica tranquilidad bajo el régimen colonial. Puede decirse que en comparación con las otras colonias europeas del Extremo Oriente y del sur asiático, el archipiélago había llegado a un elevado nivel de cultura, civilización y progreso y de respeto a las libertades personales, siempre dentro de un sistema político y religioso controlado desde España. El nivel de alfabetismo era comparable al de la Península debido al establecimiento del sistema de segunda enseñanza a mediados de siglo bajo la dirección y supervisión de la Universidad de Santo Tomás. La universidad, sin embargo, fue barruntando poco a poco la infiltración de las corrientes del espíritu liberal del siglo que se manifestaron de varios modos. En primer lugar, el histórico decreto de Mendizábal de 1836 que ordenaba la exclaustración de las Ordenes religiosas y la confiscación de sus bienes afectó gravemente el tradicional reclutamiento de misioneros para el Extremo Oriente, contratiempo que se palió en parte por la concesión de abrir cuatro colegios para los cuatro institutos que misionaban en Filipinas. Con esta concesión, a la Universidad de Santo Tomás le quedó un recurso doméstico para ir cubriendo las bajas de su profesorado, o sea, los refuerzos de personal joven formado en las humanidades y en las ciencias eclesiásticas en el colegio de Santo Domingo de Ocaña (Toledo). En segundo lugar, a partir de 1830, y a instancias del gobierno, comenzaron a plantearse varios planes de reforma educativa para Filipinas, en orden a crear un sistema de Segunda Enseñanza. No deja de sorprender que al ser coronados esos proyectos por un Decreto Real de 1860 estableciendo el sistema de enseñanza secundaria, el gobierno anticlerical de Madrid sometiese a todas las escuelas secundarias a la inspección y supervisión del Rector de la Universidad de Santo Tomás. A ningún estudiante preuniversitario de Filipinas le serían reconocidos sus estudios humanísticos y filosóficos, si no tenía sus 75 matrículas y notas de curso inscritas en los registros de la universidad dominicana.2 3 La Universidad fue encumbrada a niveles de reconocimiento nunca alcanzados cuando a mediados de siglo pasaron por sus cátedras los profesores más notables de su historia: Domingo Treserra, Pedro Payo, Mariano Cuartero, Francisco Gaínza, Joaquín Fonseca, Benito Corominas, Ceferino González, Evaristo Fernández Arias, Bernadino Nozaleda, y, más tarde, Norberto del Prado y Francisco Marín Sola, todo ellos sobresalientes en las ciencias eclesiásticas y en las letras, y varios, en la jerarquía de la Iglesia. Uno de ellos merece ser destacado: Fray Ceferino González, futuro Cardenal Arzobispo de Toledo, el mejor filósofo que produjo la universidad. En sus aulas se formó, y al terminar los estudios institucionales escribió sus Estudios sobre la Filosofía de Santo Tomás, quizás la mejor obra de su vida. Con su producción filosófica, Ceferino fue, junto con Jaime Balmes, el precursor de la restauración de la escolástica tomista en todo el mundo hispánico y uno de los más influyentes de esa restauración en Europa. 2 4 Ese movimiento de restauración tomista mereció el reconocimiento oficial de la Iglesia en la Encíclica de León XIII Aeterni Patris en 1879. Pero tal generación de profesores no bastó para frenar la marcha del liberalismo español del siglo XIX en Filipinas, marcha que propulsó otra generación contemporánea, pero de estudiantes de la misma universidad. Efectivamente, la reforma de enseñanza y el impulso dado por el mencionado plantel de profesores 23 Algunos decretos de reforma educativa declarando al Rector de la Universidad de Santo Tomás “inspector de todos los colegios privados” pueden verse en Programa y Reglamento de Segunda Enseñanza para las Islas Filipinas, Manila 1867. 24 Sobre el P. Ceferino González y su papel e influencia en la restauración del tomismo pueden consultarse, entre otros muchos, estos estudios: Manuel González Pola, o. p., El Cardenal Zeferino González, Filósofo, Cuadernos de Filosofía, n. 11, Instituto Pontificio de Filosofía “Santo Tomás”, Madrid 1995.; Franco Díaz de Cerio, S. J., Un Cardenal, filósofo de la historia, Fr. Ceferino González, O. P. Roma 1969; Guillermo Fraile, o. p., “El P. Ceferino González y Díaz Tuñón (1831-1894)”, en Revista de Filosofía, C.S.I.C-, Madrid, XV (JulioDiciembre 1956), pp. 465-488). Véase una condensada biografía del Cardenal González en H. Ocio y E. Neira, o.p., Misioneros dominicos en el Extremo Oriente, Manila 200, II, pp. 63-65. 76 produjeron un alumnado inteligente y despierto, ambicioso y nacionalista, abierto a las ideas del liberalismo que, a pesar de la universidad, iban penetrando más rápidamente desde la apertura del Canal de Suez. El año decisivo para el cambio de ambiente fue 1868 cuando se produjo en la Península la llamada Revolución de Septiembre que dio al traste con la Monarquía e instauró la Primera República. Esto ocurrió 80 años después de la Revolución francesa. Las reformas políticas que se decretaron y que se hicieron extensivas a las colonias, o lo que de ellas quedaba, como Filipinas, incluían el derecho de sufragio universal, de libertad de conciencia, de prensa, de asociaciones y asambleas públicas. Manila contempló con asombro las primeras manifestaciones reformistas de color anticolonial, en las que marchaban juntamente las más diversas clases sociales de nativos, criollos y mestizos, maestros de escuela, comerciantes y clérigos, arropados por un “Comité de Reformas” y un “Partido Liberal”, con los que se asociaba un grupo juvenil llamado Juventud Escolar Liberal. Los estudiantes de la universidad sintonizaron rápidamente con estos movimientos, y los más radicales lanzaron por las aulas numerosas hojas volantes en las que denunciaban entre otras cosas el uso del latín, la desigualdad de trato entre profesores y estudiantes, el uso del “sí, padre”, del “besamanos”, del tuteo. Pedían libertades académicas y aludían a la existencia de diferencias de raza, a la subyugación y a la esclavitud.2 5 Tres años más tarde, a raíz de una insurrección militar en Cavite, tres sacerdotes filipinos fueron ejecutados por su supuesta participación en ella. Dos eran alumnos de la Universidad de Santo Tomás, de los cuales el más conocido era el P. José Burgos, uno de los promotores de la secularización de las parroquias, la mayoría de las cuales estaban regentadas por el clero regular español. Los más destacados nacionalistas hicieron de la ejecución de los tres sacerdotes el santo y seña de la causa independentista, eco lejano de lo ocurrido en Méjico con los 25 Sobre el activismo estudiantil en la universidad en 1869, cf. F. Villarroel, o.p., Father José Burgos, University Student, Manila 1971, pp. 93-106. 77 sacerdotes Hidalgo y Morelos. La revolución filipina estaba a las puertas de casa. 6. La universidad y la Revolución La Revolución Filipina fue promovida a partir de 1880 por una generación de graduados de la Universidad, unos dentro de las islas y otros desde la Península. Los que pudieron desplazarse a España para cursar estudios complementarios fueron, en la mayoría de los casos, atraídos fuertemente por las corrientes liberales y anticlericales imperantes, se asociaron a las logias masónicas, y formaron el Movimiento de Propaganda tendente a conseguir la autonomía y aun la independencia de las Islas. Sus líderes, José Rizal, Marcelo H. del Pilar, Mariano Ponce, Graciano López Jaena, José María Panganiban, y otros muchos, todos habían recibido su educación en las facultades de la universidad. El Obispo de Nueva Segovia, el agustino Juan José Aragonés advertía al gobierno colonial hacia 1870 que “los peores sacerdotes provenían de la universidad, no de los seminarios diocesanos. Todo estudiante de Manila que regresa a provincias es un rebelde. Es la universidad, no los seminarios, la que causará la pérdida de Filipinas para España.” 2 6 Por su parte, dos profesores de teología, los PP. Norberto del Prado y Evaristo Fernández Arias advertían que la Universidad no podía rendirse al liberalismo y a sus proclamados “principios liberales del progreso”, abdicando del neo-tomismo aceptado por la Iglesia. Pero sí debía, añadían, introducir ciertas “variaciones en lo accidental” en conformidad con las corrientes imperantes. De lo contrario, la universidad se anquilosaría. “El liberalismo - decían – nos está invadiendo, la secularización está llegando a pasos de gigante”.2 7 Y eso fue lo que sucedió. La Revolución se fraguó tanto por elementos del proletariado que se alzaron en armas en 1896, 26 J. N. Schumacher, s.j., Readings in Philippine Church History, Quezon City 1979, p. 255. 27 “Exposición que dos Padres Lectores de la Universidad de Santo Tomás dirigieron al Venerable Definitorio del Capítulo celebrado el 20 marzo (de 1886)”, en Crónica de la Provincia del Santo Roario desde 1878 a 1910, ms. APSR, Sección Crónicas, T. 4, pp. 75 y ss. 78 como por los ideólogos alumnos de la Universidad que mentalizaron al pueblo con sus escritos. 2 8 No entra dentro de este estudio hacer historia de la revolución filipina, sino sólo constatar dos hechos relacionados con la Universidad de Santo Tomás. La independencia nacional fue proclamada por el General filipino Emilio Aguinaldo el 12 de junio de 1898. El primer acto trascendental de la nueva República fue la celebración del Congreso de Malolos que aprobó la Constitución redactada por hijos del país, alumnos de la Universidad de Santo Tomás. A esos alumnos “tomasinos” se debe la primera constitución democrática de Asia. El segundo hecho no podía ser más doloroso para los dominicos, fundadores de la universidad y sus promotores por tres siglos. Un decreto del General Aguinaldo de 1898 creaba un centro docente público denominado “Universidad Literaria de Filipinas”, al mismo tiempo declarando nulos y de ningún valor los grados que fuesen expedidos por la Universidad de Santo Tomas. 2 9 De hecho, la temida defunción de la Universidad no llegó a realizarse, por la sencilla razón de que la revolución y la independencia fueron efímeras por obra y gracia de la intervención de los Estados Unidos de Norteamérica en la guerra en ayuda de la revolución. La entrada de los norteamericanos en la guerra de independencia, primero contra España y después contra los insurgentes filipinos, extendió el período colonial por otros 45 años. Y para la universidad, ello significó poder continuar existiendo al amparo del nuevo dueño de las Islas, aunque adaptándose a su sistema político y educativo y siguiendo el juego de su política democrática. En aquella coyuntura, se creyó que la presencia anglosajona pondría en un serio peligro a la religión católica, profundamente enraizada en el pueblo filipino. La Universidad creyó oportuno entonces prepararse para una posible avalancha de protestantismo, y fundó un periódico diario católico en 1899. A ese periódico le dio el significativo título de Libertas, con el subtítulo de “el diario católico de mayor circulación en el Extremo Oriente”, el cual sirvió desayuno cultural de las islas día 28 Cf. F. Villarroel, o. p., Jose Rizal and the University of Santo Tomas, Manila 1984, cap. XI, “Sons versus mother”, pp. 246-268. 29 El texto del decreto de Aguinaldo en su orginal tagalog y en versión castellana está impreso en The Laws of the First Philippine Republic. The Laws of Malolos, 1898-1889. Compiled by Sulpicio Guevara, Manila, 1972, pp. 49-53. 79 tras día desde 1899 hasta 1918. Quizás no se haya dado nunca el caso de otro diario publicado por otra universidad. Pero después de 19 años de quehacer periodístico, Libertas fue suprimido por un acto del gobierno americano, precisamente del gobierno democrático, defensor de la libertad, bajo cuyo amparo había sido fundado. 80 EL MODELO AGUSTINIANO EN AMERICA Fernando Campo del Pozo Universidad de Valladolid 1. Introducción En esta conferencia se recogen algunas ideas de trabajos anteriores sobre la participación de los agustinos en las universidades de América durante la época colonial, con una ampliación y estudio especial sobre los contenidos de la enseñanza y método, especialmente en Méjico, donde no tuvieron universidad propia, como sucedió en Quito, Lima y Santafé de Bogotá; porque el ilustrísimo Colegio de San Pablo en México, fundado en 1575, hizo de Centro de Estudios Superiores según las Constituciones y los Avisos dados por el P. Maestro fray Alonso de Veracruz para los estudiantes de Teología. Tanto las Constituciones, con 15 reglas en latín, como los Avisos en castellano, fueron publicados por fray Juan de Grijalva, observando que "a estos grandes principios correspondió la obra" del Colegio uno de los "mejores o el mejor" que había en el Reino. Sus colegiales gozaban, como los de la Real Universidad, de tanto prestigio que se les eximía del examen, para ejercer su ministerio, como observó D. Diego Romano, obispo de Tlaxcala3 0 . Alonso de Veracruz estableció que se observasen sus Avisos, como el que ordenaba que "con religiosos de otra Orden nunca contiendan sobre sus Doctores de quién escribió mejor", etc.3 1 , sino que busquen la verdad en quien la hallaren, como hizo san 30 Juan de Grijalva, Crónica de la Orden de N. P. S. Augustín en las provincias de la Nueva España, México, Imprenta de Joan Ruiz, 1624, f. 157v. Las Constituciones están en el cap. 32, ff. 154r-156r y los Avisos en el cap. XXIII, ff. 156r-157r. Esto aparece en la segunda edición hecha en México, Porrúa, 1924, pp. 326-336 31 Ibíd., f. 157r. 81 Agustín, al que se procuró seguir, lo mismo que a santo Tomás, haciendo equilibrio entre la tradición agustiniana y la tomista, sin excluir otras escuelas y corrientes. Se resalta lógicamente el estilo y método agustiniano, por lo que conviene ver a grandes rasgos este punto para entender el modelo agustiniano en América. Veremos primero cuál fue la actitud de san Agustín sobre la educación y la organización de los estudios de los agustinos en la edad media con su tradición universitaria para ver luego el modelo agustiniano de docencia en América y su evolución en los distintos centros. Se resaltará la disciplina y seriedad de los estudios en el Colegio de San Pablo, de donde fueron algunos profesores en 1640 para impulsar la universidad de San Fulgencio en Quito. Esta fue la universidad más importante de los agustinos en América Latina, que soñó incluso con facultad de Medicina. Veremos el horario de clases y las materias al tratar del Colegio-Universitario de San Ildefonso de Lima y el contenido de los estudios en la universidad de San Nicolás de Bari en Bogotá, con sus textos en el siglo XVIII. A mediados de ese siglo, el P. Javier Vázquez promovió la aceptación de la Filosofía moderna y la Ilustración con un rechazo del método escolástico y peripatético. Se debían de abandonar o dejar de lado "cuestiones inútiles y cavilosas", sustituyéndolas por el diálogo y la discusión racional. Se ponía al día el método agustiniano, que se aplicó más en Latinoamérica, especialmente en la universidad de San Nicolás de Bogotá. Esto hizo que sus profesores y los alumnos interviniesen decididamente en la Independencia y formación de las nuevas naciones hispanoame ricanas3 2 . a) El método y modelo de san Agustín de enseñar deleitando San Agustín trata de la educación en muchos de sus escritos. De un modo directo y expresamente lo hace en tres de sus obras: en el Libro del Maestro (De Magistro); en El libro de la doctrina cristiana (De doctrina christiana) y en El libro de la 32 Fernando Campo Del Pozo, El Agustinismo y la ratio studiorum de la Provincia de Nuestra Señora de Gracia en el Nuevo Reino de Granada, San Cristóbal (Venezuela), Universidad Católica del Táchira, 1984, pp. 60-67 y 99-100. 82 catequesis de los principiantes (De catequizandis rudibus). Nos ofrece no sólo avisos y recomendaciones, sino un modo de educar con un estilo de enseñanza a sus distintos niveles para saber ser en la vida, es decir para formar al hombre, como caballero, según se decía antes, o lo que hoy llamamos "formación integral". Agustín fue profesor de Gramática o de enseñanza primaria en Tagaste (374-375); profesor de Retórica en Cartago durante siete años (376-383). El curso de 383-384 lo dio en Roma y a partir del 384 en la Casa Imperial de Milán. Era el más alto grado de enseñanza. Allí preparó discursos al Emperador. El fue incluso padre de familia y educó a su hijo Adeodato. El padre debe enseñar deleitando, como lo hace Dios-Padre, que "enseña deleitando, no imponiendo la necesidad por violencia alguna"3 3 . En el Del Maestro, escrito un año después de su regreso a Africa, en el 388, trata de la comunicación del alumno con el Maestro interior (la Verdad-Dios y la conciencia, que habla desde dentro) y el maestro externo, que educa y forma. Insiste en el diálogo 3 4 , ya que todos los hombres son compañeros de camino en la búsqueda de la verdad. Debe de aparecer el maestro como formador, no como simple instructor. En el De la doctrina cristiana, escrito en el 397, se trata de dar respuesta académica a las distintas inquietudes del hombre tanto científicas como espirituales. Se insiste en la búsqueda de la verdad, que no es exclusiva de nadie. Hay un texto aleccionador al exponer cómo los filósofos paganos dijeron verdades incluso conforme a nuestra fe: "También contienen las artes liberales, muy aptas para el uso de la verdad, ciertos preceptos morales utilísimos y hasta se hallan en ellas algunas cosas tocantes al culto del mismo y único Dios"3 5 . Se aprende enseñando y hay que tener 33 Tratado sobre el Evangelio de San Juan, cap. 26, n. 7, traducción por Teófilo Prieto, Obras de San Agustín, XIII, Madrid BAC, 1955, pp. 662-663: "Pater docendo delectat, non necesitatem imponendo". 34 Del Maestro, cap. 11 y 12, nn. 38 y 39; traducción por Manuel Martínez, Obras de San Agustín, III, Madrid, BAC, 1947, pp. 745-747. 35 De doctrina cristiana, libro II, cap. 40, n. 40; traducción por Balbino Martín, Obras de San Agustín, XV, Madrid, BAC, 1957, p. 187, donde se mencionan 83 en cuenta al oyente3 6 . San Agustín admitió ya la inculturación y el diálogo entre la fe y la cultura. Hizo una simbiosis o síntesis de la Religión cristiana, la Filosofía griega y el Derecho romano para dar origen a la cultura cristiana de Occidente. En el libro La catequesis de los principiantes, escrito en el año 400, se trata de dos manuales de orientación educativa y pedagógica a la luz de la fe y de la Sagradas Escrituras, junto con el adelanto de la ciencia y de la historia 3 7 . Esto lo desarrolla mejor en su obra La ciudad de Dios, donde hace una exposición filosófica y teológica de la historia de la humanidad "en clave de comunión con los hombres de todas las edades"3 8 . La paideia agustiniana se caracteriza por la amistad y confianza, junto con el diálogo, entre el maestro y el alumno sobre la fe y la cultura, que se intenta promover. La comunicación dialogada, extensiva a la familia del alumno, abre caminos de concordia. Se procura enseñar deleitando, dejando a salvo la disciplina con una educación integral, uniendo la teoría con la práctica. Se intenta hacer equilibrio entre lo intelectivo y lo volitivo, con un ordo amoris, que es la clave de la paideia agustiniana y se ha procurado acomodar a las circunstancias de los individuos y de los distintos pueblos3 9 . El método agustiniano parte de la interioridad, que le lleva a transcenderse a si mismo: "no vayas fuera de ti, entra en ti mismo, porque en el interior del hombre habita la verdad; y si hallares que tu naturaleza es mudable, trasciéndete a ti mismo. también los utensilios de plata y oro que los israelitas pidieron a los egipcios para luego ofrecerlos al Dios verdadero. 36 Ibíd., IV, 3, nn. 4-5, pp. 265-267. 37 La catequesis de los principiantes, De catechizandis rudibus, partes 1ª y 2ª; traducción por José Oroz Reta, Obras de San Agustín, XXXIX, Madrid, BAC, 1988, parte 1ª: Del método y teoría de la catequesis y parte 2ª: ejemplos prácticos de catequesis, pp. 453-522. 38 Pedro Rubio Bardón, "Educación estilo agustiniano. El alumno, el educador, el padre de familia", Montalbán (Caracas), UCAB, 18 (1987) 216. En folleto con el mismo título fue reeditado en Bilbao, I. Industrial, 1987, pp. 7-8. 39 Isaías Diez del Río, "La paideia agustiniana", Religión y Cultura, Madrid, 42 (1996) 469-489. Max Scheler, Ordo amoris, Madrid, Revista de Occidente, 1944. 84 Mas no olvides que, al remontarte sobre las cimas de tu ser, te elevas sobre tu alma, dotada de razón"4 0 . Este texto tiene un gran valor metodológico al descubrir la personalidad espiritual de uno mismo en su dimensión ontológica con posibilidad de una alteridad intersubjetiva con Dios y las demás personas. En este proceso de interiorización se encuentra con su conciencia como luz que le ilumina para penetrar en su "yo" como ser capacitado para conocerse a si mismo, a Dios y al mundo. San Agustín al reencontrarse a sí mismo como pensante y ser vivo, se adelantó a Descartes, cuando dijo: "Me equivoco, luego existo [si enim fallor sum]. Porque si me engaño existo, ya que quien realmente no es, tampoco puede engañarse. Síguese además que al saber que conozco esto, no me engaño; porque así sé que soy, así como conozco igualmente esto: que me conozco"4 1 . Esto le lleva a san Agustín a exponer de un modo original su teoría del conocimiento o problema epistemológico distinguiendo entre conocimiento natural y el adquirido. El conocimiento natural es inconsciente, mientras que el adquirido es advenedizo y consciente, que se adquiere con la enseñanza ajena o por propia reflexión4 2 . El texto clave de san Agustín sobre su método de enseñar deleitando, al que se ha hecho referencia anteriormente, aparece en su comentario al Evangelio de san Juan, el apóstol, que no sabía enseñar, evangelizar o predicar sino hablando del amor: "muestras nueces a un niño y se le atrae, y va corriendo allí mismo a donde se le atrae; es atraído por la afición y sin lesión alguna corporal: es atraído por los vínculos del amor"4 3 . 40 De la verdadera religión, lib. I, cap. 39, n. 72; traducción por Victorino Capanaga, Obras de San Agustín, III, Madrid BAC, 1958, p. 159. 41 La Ciudad de Dios, lib. XI, cap. 26; traducción por José Morán, Obras de San Agustín, XVI-XVII, Madrid, BAC, 1958, pp. 760-761. Cf. J. Hessen, "Augustinismus und Aristotelismus", Franziskanische Studien, 7 (1920) 73. 42 Tratado sobre la Santísima Trinidad, De Trinitate, lib. XIV, cap. 8, n. 11; traducción por Luis Arias, Obras de San Agustín, V, Madrid, BAC, 1948, 1, pp. 789793. Cf. CAMPO DEL POZO, Fernando, Filosofía del Derecho según san Agustín, Valladolid, Archivo Agustiniano, 1966, pp. 23-27 43 Tratado sobre el Evangelio de San Juan, cap. 26, n. 5; traducción por Teófilo Prieto, anteriormente citado en nota 4, pp. 660-663. San Agustín hace referencia también a la oveja: "si se le muestra un ramo verde, se la atrae". Esto lo omite el traductor. 85 Conviene tener esto en cuenta, porque ha estado presente en el modelo agustiniano y en los que siguen a san Agustín a veces de un modo ortodoxo y otras heterodoxo. b) Fray Egidio Romano y la Ratio studiorum de 1290 y 1348 La doctrina de san Agustín sobre la educación se tuvo muy en cuenta durante la Edad Media, especialmente al fundarse la universidad, que es una institución de vital importancia. Surgió en el medioevo bajo la égida de la Iglesia con el apoyo de los reyes cristianos. Tenía un espíritu universal, jerárquico y religioso. Hubo iniciativas y aportes privados con criterios igualitarios y democráticos, como sucedió con el Studium de Bolonia. Se establecen las primeras universidades en el siglo XII con un despertar intelectual e intercambio cultural. Había cierta colaboración y tensión entre los poderes supremos medievales (Pontificado e Imperio) y otros factores, que van a repercutir en las universidades americanas4 4 . Los agustinos, cuya Orden se forma a mediados del siglo XIII, siguiendo la Regla y el espíritu de san Agustín, se incorporan a las universidades siendo su primer maestro formado en París, Egidio de Roma (1276-1277), que asistió al Capítulo General de 1281, año en el que se introdujo la praxis de las "disputaciones" sobre puntos de Teología y Filosofía. Fue discípulo de santo Tomás de Aquino en París y obtuvo el magisterio en 1285. El asistió al Capítulo General celebrado en Orvieto, año de 1284, donde se elaboraron unas Constituciones nuevas con un capítulo titulado De forma circa studentes et lectores et praedicatores servanda, (De cómo se ha de proceder con los estudiantes, los lectores y los predicadores) que se amplió e incorporó a las Constituciones elaboradas en el Capítulo General de Ratisboma en 1290. Se tuvieron en cuenta las Constituciones de los eremitas de la Toscana de 1244, aprobadas por Inocencio IV en 1254, junto con las disposiciones de los Capítulos Generales celebrados entre 1256 y 1290. Colaboraron los beatos Clemente de Osimo y Agustín de Taramo, que era experto en Derecho canónico y civil. En el 44 Cándido M. Ajo y Sainz de Zuñiga, Historia de las Universidades Hispánicas, I, Ávila-Madrid, CSIC, 1957, pp. 51, 213-217, etc. 86 capítulo 36 de las Constituciones Ratisbonenses se hizo una formulación de la ratio studiorum de la Orden de San Agustín, precisando la duración de los estudios y su contenido con tres etapas, Gramática, Lógica-Filosofía y Teología. Esto se hacía en unos nueve años. Se añadieron unas Additiones por Tomás de Argentina o de Estrasburgo en 1348, ordenando que debían enviarse dos estudiantes de cada Provincia a especilizarse en París o en otra universidad, donde no debían de permanecer más de tres años por cuenta de la Provincia, ni más de 5 años si lo pagaba la familia o un padrino. El mismo Tomás de Argentina escribió un excelente comentario In quatuor libros Sententiarum, que sirvió de texto con unas orientaciones tituladas Maremagnum, entre 1351 y 1354. Esto se aplicó en el Estudio de París y otros centros de la Orden. Se determinó que debía de haber un Estudio en cada Provincia con normas disciplinarias y organizativas de los estudios, incluso sobre la formación de los lectores, su curriculum, las materias que debían explicar, Lógica, Moral, Teología y Derecho. Modo de hacer los exámenes. Se debía de seguir la doctrina de san Agustín y Egidio Romano dentro de la Escuela agustiniana, que tenía gran apertura, aunque algunos superiores de la segunda mitad del siglo XIV prohibieron seguir la teoría de Guillermo de Occam y el nominalismo, que siguió Gregorio de Rímini. Estuvieron en vigencia estas normas hasta 1551. Las Additiones se reeditaron en México en 1556 y las nuevas Additiones en 15594 5 . Se añadieron normas nuevas en las Constituciones de 1551 por Jerónimo de Seripando conforme al Concilio de Trento y otras complementarias en las Constitutiones de 158l. El curso comenzaba el 11 de septiembre después de la fiesta de san Nicolás de Tolentino, y duraba hasta el 28 de junio, con una interrupción 45 Ignacio Aramburu, Las primitivas Constituciones de la Orden de San Agustín. Ratisbonenses del año 1290, Valladolid, Archivo Agustiniano, 1966, pp. 27-28 y 110-121, donde aparecen el cap. 36 y las Additiones, que fueron publicadas en México por R. de Vertabillo y Alonso de Veracruz en 1556 y Mantua 1571. Cf. Eelcko Yrma, La formation des professeurs chez les Eremites de Saint Augustin de 1255 à 1354, París, Centre d`etudes des Augustins, 1956, 163 pp.; "Le Mare Magnum", Augustiniana, 6 (1956) 281-321; Fernando Campo del Pozo, El agustinismo y la ratio studiorum de la provincia de Ntra. Sra. de Gracia en el Nuevo Reino de Granada, 1984, pp. 10-20; David Gutiérrez, Historia de la Orden de San Agustín, 1/2 Los Agustinos en la edad media 1357-1717, Roma, Institutum Historicum Ordinis Fratrum S. Augustini, 1977, pp. l41-157. 87 larga durante la Cuaresma, porque los profesores iban a predicar por las ciudades y pueblos. Los exámenes se hacían al final de curso. Se precisaron los derechos y obligaciones del Regente, Bachilleres, Lectores y Maestro de estudiantes. A estos se añadió el Magister bíblicus, para la lección cuotidina de exégenis y la conferencia bíblica todos los domingos y días de fiesta. Todos los días de clase, menos los jueves y días festivos, había una disertación escolástica, en la que debía seguirse la doctrina agustiniana de Egidio Romano, especificando además que en Artes (Lógica y Filosofía) debía seguirse las Summulae de Paulo Veneto. En las disertaciones sobre la gracia, se dejaba libertad, para seguir las opiniones de Gregorio de Rímini, Gerardo de Sena, Agustín de Ancona, Miguel de Massa, Alfonso Vargas de Toledo, Agustín de Roma y otros doctores de la Orden "cuyas obras debían conservarse en las bibliotecas comunitarias"4 6 . c) Los agustinos en las universidades europeas del medievo Siguiendo el ejemplo y las orientaciones de Egidio Romano y las Constituciones de 1290, se graduaron en París y en otras universidades, como la de Bolonia, Padua, Tolosa, etc., siete agustinos más en el siglo XIII y más de treinta en el siglo XIV, entre ellos los españoles: Bernardo Oliver (1310-1314) y Alfonso Vargas de Toledo (1344-1347). En Bolonia, donde había estado primero Agustín Novelo (Mateo de Termis) en el siglo XIII, se formó Agustín de Roma (1388-1388) y tres agustinos más en el siglo XIV. En Oxford se graduó de maestro en 1357 Galfredo Herdeby, al que le siguen otros tres en el mismo siglo XIV y dos el siglo XV. En Florencia se graduó el español Juan de Alarcón (14201422); en Tolosa se graduó Martín de Córdova (143l-1436) que luego fue profesor en Salamanca, donde se graduó Antonio de Fuentes en 1491. En la universidad de Valencia se graduó Santiago Pérez de Valencia (1445-1446). Algunos se graduaron en Padua, como el polaco Isaías Boner el año 1424; otros, en Praga, Cambridge, Erfurt, Basel y Tubinga, 4 7 . Algunos de ellos influyeron 46 Constitutiones Ordinis Fratrum Eremitarum Sancti Augustini, etc., Roma, apud Antonium Bladum, 1551, cap. 36, ff- 28v-29r; Constitutiones, etc., edición de 1581, parte 5ª, caps. 1-2, pp. 170-173. 47 Adolar Zumkeller, "Die Augustinerschüle des Mittelalters", Analecta Augusti-niana, Roma, 27 (1964) 167-262. 88 con su doctrina y libros en la evangelización de América, especialmente fray Martín de Córdova, mentor de Isabel la Católica, para la que escribió en plan formativo Jardín de nobles doncellas4 8 . La universidad de Salamanca fue la que más influyó en las Univesidades y Estudios Superiores de Hispanoamérica4 9 . 2. Cómo se implantó el modelo agustiniano en América El primer agustino que arribó a playas americanas fue fray Vicente Requejada en 1527. El puso en práctica el método agustinano establecido en el Libro de la catequesis de los ignorantes y las normas dadas por los reyes de España y el Consejo de Indias desde las Ordenanzas dadas por Isabel la Católica al Comendador Nicolás de Ovando, en 1503 hasta las Leyes Nuevas de 1542, pasando por las de 1509, 1511 y otras que mandaban enseñar a los aborígenes y evangelizarles. Tuvo a su cargo la parroquia de Tunja y algunas doctrinas, como la de los indios Coromoro, a los que enseñaba a leer y escribir junto con el Catecismo. Por sus ausencias, a la hora de hacer testamento, mandó que se les restituyese a los indios cien pesos de oro para descargo de su conc iencia5 0 . En 1533 llega la primera expedición de doce agustinos a Méjico y otra en 1535, llevando consigo al sacerdote y profesor salmantino Alonso Gutiérrez, como contratado, para que diese clases a sus estudiantes en México. En Veracruz vistió el hábito agustiniano, cambiando de apellido. El será uno de los pioneros en implantar el modelo agustiniano de enseñanza en México. 48 Martín de Córdova, Jardín de nobles doncellas, etc. por Félix García, Madrid, Religión y Cultura, 1956, pp. 69-70. Se lo dedica a Isabel la Católica, siendo "infanta legítima heredera de los reinos de Castilla y de León". 49 Águeda María Rodríguez Cruz, Salmantica docet. La proyección de la Universidad de Salamanca en Hispanoamérica, I, Salamanca, Universidad, 1977, pp. 255-246. 50 Fernando Campo del Pozo, Historia documentada de los agustinos en Venezuela durante la época colonial. Caracas, Academia de la Historia, l968, p. 14; "Aportes agustinianos a la cultura de América y Venezuela", Pensamiento Agustiniano, XIII, Cátedra de San Agustín, Caracas, UCAB, 1998, pp. 133-135. 89 a) Los primeros colegios fundados por los agustinos en México Aunque los agustinos tuvieron escuelas de primeras letras al lado de sus iglesias, como sucedió en el ensayo de reducción o misión de Santa Fe, por fray Alonso de Borja, con la ayuda de Vasco de Quiroga en 1536 5 1 , no se fundaron colegios de Gramática propiamente dichos hasta 1537, según se aprobó en el Capítulo Provincial celebrado ese año, tomando para eso una casa en el pueblo de Tipipetío. El 13 de diciembre de 1537, el P. Provincial fray Nicolás de Agreda; fray Jerónimo Jiménez, como prior; y fray Alonso de Veracruz, como maestro de Teología, junto con la firma de otros religiosos agustinos y autoridades, acuden al rey para informar que tienen un colegio fundado en su monasterio de México con los bienes que había dejado Bartolomé Morales para que se pagase un lector de Gramática, al que daban l50 pesos. Colaboraba una cofradía bajo la advocación del nombre de Jesús; pero necesitaban más lectores por lo que solicitaban ayuda5 2 . El colegio de México debió de funcionar algún tiempo, como el de Tiripetío donde, para 1540, se estableció la primera casa de Estudios superiores para la Orden de San Agustín con Artes y Teología bajo la dirección de fray Alonso de Veracruz. Le acompañaban otros lectores para atender a los estudiantes agustinos. De su éxito docente y la influencia pastoral, que realizaban en la región, se hacen eco publicaciones de aquella época y posteriores 5 3 . Según ha observado Mariano Cuevas, "no fue Tiripetío, como alguien ha escrito, la primera universidad y casa de estudios 51 Juan de Grijalva, Crónica de la Orden de San Agustín, parte 1ª, cap. 9. f. 15. Se trata de uno de los primeros modelos de reducción, seguido luego por los franciscanos y jesuitas. Cf., Francisco Martínez Hernández, Don Vasco de Quiroga (Protector de los Indios), Salamanca, Universidad Pontificia, 1993, pp. 94-102. 52 Ernest J. Burrus, The Writings of Alonso de la Veracruz, tomo I, Roma-St. Louis, U.S.A., Jesuit Historical Institute, 1968, p. 99. 53 Matías de Escobar, Americana Thebaida, México, Imprenta Victoria, 1924, p. 173; Diego de Basalenque, Historia de la Provincia de San Nicolás de Tolentino de Michoacán, México, Ed. Jus, 1963, pp. 64-65. 90 en toda Nueva España. Fue sólo y sencillamente casa de estudios de una Provincia religiosa"5 4 . Como ha precisado Nicolás Navarrete, el centro de Tiripetío "es el que ha sido llamado, en sentido lato, primera universidad de América. En sus aulas, no únicamente los estudiantes agustinos se abrevaron en la fuente monumental del egregio Maestro [Alonso de Veracruz], sino también varios laicos españoles e indígenas, de los cuales tan sólo ha conservado la historia el nombre de Antonio Huitziméngari y Caltzontzin, último vástago de la dinastía michoacana. Durante el cuatrienio docente (1540-1544) fue Tiripetío un emporio del saber y también de la santidad, justificando así su nombre (lugar de oro) pues año con año, los discípulos, con el Maestro a la cabeza, ejercitaban la Pastoral evangelizando con fervor la Tierra Caliente, y así se preparaban a ser misioneros del mañana"5 5 . Fueron muchas las escuelas y colegios fundados por los agustinos durante la época colonial. El ensayo del colegio y hospital que se hizo en Santa Fe, con la ayuda de Vasco de Quiroga, se repitió en Michoacán y en otras regiones con bastante éxito. Al lado de cada doctrina y convento funcionaba indefectiblemente una escuela y un hospital, como observa el P. Alipio Ruiz Zavala, que menciona entre los centros propios de los agustinos a "Yuririapúndaro, Cuitzeo, Tacámbaro, Guadalajara, Valladolid, Atotonilco, México, Puebla, La Habana, Oaxaca, Atlixco, Culhuacán, etc. Aun en lugares tan pequeños como Malinalco, llegaron a establecer estudios de moral y lenguas indígenas"5 6 . 54 Mariano Cuevas, Historia de la Iglesia en México, I, México, Patria, 1946, pp. 412-413. 55 Nicolás Navarrete, Historia de la Provincia Agustiniana de San Nicolás de Tolentino de Michoacán, México, Porrúa, 1978, pp. 10-11. La participación de los seglares será seguida también en el Nuevo Reino de Granada, por el P. Vicente Mallol en el colegio de Villa de Leyva (Colombia). Cf. Fernando Campo del Pozo, El Agustinismo y la ratio studiorum, p. 32. 56 Alipio Ruiz Zavala, Historia de la provincia agustiniana del Santísimo Nombre de Jesús de México, 1, México, Porrúa, 1984, p. 406. 91 b) El Colegio Mayor de San Pablo en México Al ser elegido provincial fray Alonso de Veracruz en 1575, contra la opinión del arzobispo, Alonso Montúfar, y con el apoyo del virrey, ya que contaba con cédula real de 23 de diciembre de 1574, fundó el Colegio de San Pablo, poniendo de rector a fray Pedro de Agurto, lector de Teología5 7 . Como atestigua Juan de Grivalba "puso en el Colegio Nuestro Padre Maestro [fray Aloso de Veracruz] una insigne librería, que el año antes había traido de España buscada (como él mismo dice) de diversas partes y universidades, donde había libros de todas facultades, de todas Artes y lenguas, de que se tenía noticia. El primer puesto fue de sesenta cajones de libros, a los que fue añadiendo este gran varón todos aquellos que venían a su noticia, y no estaban en la librería. Adornó la librería con Mapas, Globos celestes y terrestres, Astrolabios, Orologios, Ballestillas, Planisferios, y al fin de todos aquellos instrumentos que sirven a las Artes liberales. Con que quedó la cosa más ilustre y de mayor precio del Reyno"5 8 . En este Colegio sólo podían residir los estudiantes, profesores y religiosos adscritos a su servicio. En las 15 reglas de las Constituciones se trata más bien de la disciplina y observancia del rezo divino que debían de cumplirse. Que sólo se admitiese a los que sobresaliesen por su ingenio, conocimiento de la lengua latina y artes, lecciones y conclusiones que debían de tenerse. Las tres fiestas princiales eran: Corpus Christi, san Agustín y san Pablo, en las que podían entrar seculares al comedor. Se erigía el centro como seminario para formar no sólo a los españoles y criollos, sino también a los aborígenes. Estas reglas se complementan con los avisos, donde se precisa mejor el contenido de los estudios: "Después que hubieren pasado a santo Tomás, tengan mucho cuidado de pasar la letra de todos los textos del Derecho canónico, saltim [al menos] Decretales [in] 6º y Clementinas, a lo menos el libro cuarto y quinto de las Decretales [de Gregorio IX]". 57 Diego de Basalenque, Historia de la Provincia, pp. 93-04. La cédula real está en Reales Cédulas de la Real y Pontificia Universidad de México de 1551 a 1816, México 1945, pp. 253-254. 58 Juan de Grijalva, Crónica, ff. 153v-154r. 92 "Las excomunicaciones lean con todo cuidado conforme a las que pone Cayetano en la Summa, y sea muy frecuente para tenerlas en la memoria, para lo que se ofreciere desta materia de ordinario" "Después de esto pasen de ordinario a Adriano5 9 en el cuarto y los quodlibetos, que es muy devoto y en cosas de devoción tengan por muy familiar a Ricardo de San Victor; y para imitación de los santos, y aprovechamiento en el estado, que tenemos de religiosos, frecuenten mucho la lección de sus historias y vidas, en especial del yermo y a Casiano". "Para saber historia y antigüedades que hacen a la facultad, lean a mi Padre S. Agustín, De Civitate Dei, con el comentario de Luis Vives"6 0 . El Colegio de San Pablo funcionó muy bien, haciendo de Colegio Universitario hasta 1859. Estuvo muy vinculado a la universidad de México como vamos a ver. c) Los agustinos en la Universidad de México Aunque el obispo fray Juan de Zumárraga y el primer virrey D. Antonio de Mendoza se interesaron por la fundación de la universidad, no se obtuvo licencia de función hasta el 25 de diciembre de 1551, por real Cédula firmada en Valladolid, donde se autorizaba también la universidad de Lima. Fray Alonso de Veracruz fue uno de los primeros profesores como consta en reunión del 21 de julio de 1553. Regentó la cátedra de Escritura y se le consideró como el más antiguo6 1 . El 29 de agosto de 1553, los primeros en matricularse fueron diez religiosos agustinos, entre ellos fray Pedro de Agurto, primer obispo que fue de Cebú6 2 . Alonso de Veracruz explicó en el curso 1553 y 1554 las Epístolas de San Pablo. Se considera como fruto 59 El cardenal Adriano Castellesi es autor De sermone latino et modis latine loquendi, Lugduni, apud Seb. Gryphium, 1548. 60 Juan de Grijalva, Crónica, f. 157. 61 Mariano Cuevas, Historia de la Iglesia en México, II, México, Ed. Patria, 1946, p. 308. 62 Archivo agustiniano, Valladolid, 13 (1920) 174-176. 93 de sus explicaciones de Teología en el mismo año la Relectio de indis, con una defensa de los derechos de los aborígenes. En el curso siguiente compuso la Relectio De decimis, donde defendió incluso sus derechos fundamentales, como privilegios. Lo que iba a ser conferencia magistral no se pronunció por oposición del arzobispo fray Alonso Montúfar, O.P., que la remitió incluso a la santa Inquisición. Por lo que fue llamado a España, donde la completó y perfeccionó, dejándola lista para la imprenta en 1561, aunque no se publicó porque se consideraba conflictiva en aquel momento. Se enfrentó con el problema del matrimonio de los aborígenes, sus formas y validez6 3 . Algunas de sus obras como la Summa de los Privilegios de los religiosos se divulgaron en copias manuscritas, que siguen en parte inéditas; aunque, gracias a los tórculos de las imprentas, se produjo una revolución cultural en América, facilitando la labor educativa mediante libros impresos. Para el año de 1624 se elevaba ya a 15 el número de agustinos que habían sido profesores, entre ellos el P. Diego de los Ríos, que fue rector dos veces, y luego el P. Antonio de Barrientos en 1658. Durante su rectorado se recibió la visita del virrey Juan de Palafox, que lo prohibió a los religiosos, aunque luego no se tuvo en cuenta. Cuatro de los profesores agustinos de la universidad de México llegaron a ser obispos6 4 . Figuran tres agustinos entre los profesores de lengua otomí y mexicana. De sus catedráticos afirma el jesuita P. Mariano Cuevas lo siguiente: "Respecto del número de doctores que ha tenido la universidad de México del Instituto de San Agustín, bastará decir que a principios del siglo XVII formaba un tercio del total del claustro y que algunos años después ascendió tanto su número, que aún se pretendió que todos los agustinos formasen una universidad, porque tenían doctores en todas las facultades, sin 63 Speculum Coniugiorum se editó en México, Joannes Paulus Bricensis, 1556; Salamanca, Andreas a Portonaris, 1562; Alcalá, Joannnes Gratianus, 1572, con el Appendix y Milán, Pacificus Pontius, 1599. Sobre sus obras ver: Prometeo Cerezo de Diego, Alonso de Veracruz y el Derecho de Gentes, pp. 32-43. 64 Carlos Alonso Vañes, "Los Agustinos y la cultura universitaria en América", Agustinos en América y Filipinas, 1, Valladolid-Madrid-Zamora, Ediciones Montecasino, 1990, p. 420, donde puede verse la bibliografía pertinente; como en Alipio Ruiz Zavala, Historia de la provincia agustiniana del Santísimo Nombre de Jesús de México, I, pp. 413-27. 94 excluir la medicina y la filosofía, que en esas épocas solamente tenían el título de maestros los graduados en ellas"65. Se enumeran 88 graduados de la provincia de México, a los que hay que añadir otros de la provincia de Michoacán y del Nuevo Reino de Granada, que comprendía a las casas de Venezuela6 6 . Hubo intercambio de personal con otras Provincias y universidades pasando en 1640 cuat ro religiosos de México para reforzar el personal de la universidad que se había fundado en Quito6 7 . La vinculación del Colegio de San Pablo con la universidad de México fue muy grande. El 14 de octubre de 1777 se concedió por cédula real de Carlos III que los Estudios de los agustinos en México estuviesen incorporados a la universidad para que colaborasen también en la enseñanza de Retórica, Filosofía y Teología 6 8 . Este Colegio con cátedras de Filosofía y Teología subsistió hasta mediados del siglo XIX, según se ha observado anteriormente, hasta 1859. Ese año fueron expulsados los religiosos de este colegio y de los conventos, suspendiendo la celebración de capítulos provinciales6 9 . Un agustino mejicano, fray Gonzalo de Salazar (1559-1636) formado en el Colegio de San Pablo, llegó a ser obispo de Mérida (Yucatán) en 1610 y colaboró para convertir el colegio de los jesuitas en universidad, de la que fue primer canciller en 1624, como Rector Magnífico7 0 . 3. La universidad de San Fulgencio en Quito La universidad de San Fulgencio tuvo sus antecedentes con el colegio de San Nicolás, escuela de primeras letras y artesanal, 65 Mariano Cuevas, Monje y marinero, México, Galatea, 1943, p. 176. Carlos Alonso Vanes, "Los Agustinos y la cultura universitaria en América", p. 421; y Fernando Campo del Pozo, El Agustinismo y la ratio studiorum, p. 36. Fue de Venezuela a Méjico el P. Francisco Jover a mediados del siglo XVII. 67 Archivo General de la Orden de San Agustín en Roma, Dd 75, f. 69. 68 Reales Cédulas de la Real y Pontificia Universidad de México, n. 182. Toda esta documentación ha sido recopilada por Alipio Ruiz Zavala, Historia de la Provincia agustiniana del Santísimo Nombre de Jesús de México, I, pp. 405-427. 69 Alipio Ruiz Zavala, Historia de la provincia agustiniana del Santísimo Nombre de Jesús de México, II, p. 235. 70 Jaime Barajas García, "Gonzalo de Salazar, OSA", Archivo Agustiniano, Valladolid, 73 (l989) 14-17. 66 95 que comenzó a funcionar en el convento de San Agustín de Quito en 1581, sustituyendo al colegio de San Andrés, que habían regentado anteriormente los franciscanos, y tuvo repercusión en las doctrinas de los agustinos en Quito, Nuevo Reino de Granada y Venezuela 7 1 . a) Fundación y antecedentes con el colegio Nicolás de Tolentino Aunque el permiso de fundación de la universidad de San Fulgencio de Quito es del 20 de agosto de 1586, mediante el breve Intelligentes quam Domino grati, de hecho no comenzó a funcionar sino el 20 de diciembre de 1603, gracias a la intervención del General de la Orden, que había dado su aprobación el 2 de septiembre de 1602 y de fray Luis López Solís. Su primer rector fue el P. Grabriel de Saona, autor principal de sus Constituciones aprobadas el 20 de diciembre de 1603 por los PP. Agustín Rodríguez de Silva, como provincial, y los definidores: Diego Mollinedo, Alonso de Paz, Juan de Figueroa y Alonso de la Fuente Cháves. Dio fe como secretario fray Cristóbal Ortiz7 2 . Como venían funcionando el colegio-artesanal de San Nicolás de Tolentino desde 1581 y el colegio-seminario de S. Luis en Quito para españoles, criollos e indios desde 1594, se hacía necesario un centro superior como el de San Fulgencio. La Bula de Sixto V daba facultad para enseñar Artes (Filosofía), Teología y Derecho Canónico y Leyes, a las que podía añadirse otra ciencia lícita7 3 por lo 71 José Tovar Donoso, La Iglesia modeladora de la nacionalidad, Quito, La Prensa Católica, 1953, pp. 217-220; Ángel Aguirre,"Presencia de la Orden de San Agustín en Ecuador", en Los Agustinos en América Latina, Iquitos, Centro de Estudios Teológicos de la Amazonía, 1997, pp 219-220; Alfredo Costales, Los Agustinos, Pedagogía y misioneros del pueblo, I (1573-1869), mecanografiado, Quito, Convento de San Agustín, 1986, ff. 101-111. 72 Diego de Cáceres, Manual de Patentes y Bula de la Universidad de San Fulgencio, Ms. con las Constituciones, copia hecha del Libro viejo en 1699. Se encuentra en el Archivo Histórico del Ecuador, Banco Central de Quito, Ms. n. 01191, ff. 7v-l6v [13v-22v]. El Ms. tiene 66 ff. de 23 x 24 cm. A partir del f. 7 aparece con doble foliación, por lo que se indicará la otra foliación entre []. Se puso doble numeración desde 1755. Fue publicado por Fernando Campo del Pozo, "Constituciones y graduaciones de la Universidad del S. Fulgencio de Quito, en Archivo Agustiniano, Valladolid, 82 (1998) 193-228. 73 Ibíd., ff. 1v-2r [7v-8r]. 96 que se pensó en añadir Medicina, cuyos títulos de Bachiller y Doctor aparecen junto con los de Licenciado y Maestro, que se podían conferir tanto a los religiosos agustinos como a los de otras Ordenes, presbíteros seculares y laicos siempre que se contase con la aprobación real. El P. General los restringía a los agustinos con ciertas limitaciones en cuanto al Magisterio 7 4 . Luego se dieron grados en Filosofía, Teología y Derecho canónico con el sello e insignias de un Estudio General y universidad para estudiantes de la Orden Agustiniana y de otras Ordenes religiosas, clérigos y laicos, ya que se graduaron bastantes alumnos extraños a la Orden. Se tiene la lista de los graduados desde 1679 hasta 1796 y pasan de 60 7 5 . Hay noticia de otras graduaciones por los capítulos provinciales e intermedios a lo largo del siglo XVII. b) Colegio mayor de Santa Catalina: apogeo y declive Al lado del convento San Agustín, donde estaba la universidad de San Fulgencio, se estableció el Colegio de Santa Catalina, Virgen y Mártir, patrona de los filósofos. Se iniciaron las primeras diligencias el 20 de julio de 1652 y hubo oposición, por lo que volvió a solicitarlo en 1655 el P. Basilio de Ribera y se obtuvo en 166l. Funcionó en unas casas que habían comprado, donde se construyó el edificio, que actualmente forma parte del Teatro Ayacucho7 6 . Habían visto sus Constituciones o lo que hoy se llama Estatutos, D. Julio Tobar Donoso y D. Jacinto Jijón, que dejan constancia de su funcionamiento: "El personal docente estaba compuesto por sendos profesores de Dogma, Sagrada Escritura y Artes. La Gramática se suponía sabida por los aspirantes a Universidad. Al consejo general formado por el Rector y cuatro Consejeros, incumbía la colocación de grados, que podían ser de Bachiller, Licenciado y Doctor en Teología y Derecho Canónico. Los frailes soñaban, a no dudarlo con grandes progresos, por eso, los Estatutos fueron ambiciosos y establecieron aún el modo de 74 Ibíd., ff. 7r-8v [13r-14v]. Ibíd., ff. 19r-29r [25r-72r], donde se ve que faltan folios de acuerdo con la doble paginación. 76 Archivo del Convento San Agustín de Quito (ACAQ), 10, "Libro tercero de registro", ff. 26v-27rv. 75 97 conferir el Doctorado en Medicina, enseñanza que había de fundarse en Quito un siglo más tarde"77. Se pudieron dar estos títulos a religiosos de otras Ordenes, clero secular y laicos porque se obtuvo la aprobación real en 1622 con el visto bueno del fiscal del Consejo de Indias. Siguieron las dudas y los problemas cuando se pensaba establecer el Colegio de Santa Catalina, por lo que se pide primero en 1652 al P. José de Guerrero, que estaba en España, y luego en 1657 al P. definidor fray Juan de Navarrete para que "en Roma, por medio de nuestro P. Procurador General, negocie la confirmación de la Bulla de esta Universidad y si pudiere en público o en secreto por mano de Gerónimo Méndez...la haga pasar por el Consejo"7 8 . Estas dudas fueron despejadas en 1694 por fray José Bernaldo de Quirós que logró nuevos ejemplares de la Bula y clarificar su reconoc imiento real, porque había sido presentada al Fiscal del Consejo de Indias el 5 de febrero de 1621: "El fiscal dice que ha visto la Bula, que se le remite y le parece que puede pasar, advirtiendo que por ella la Religión de San Agustín no ha adquirido derecho alguno irrevocable para la fundación de la Universidad, sino sólo en el interim que su Majestad manda que se haga en Quito Estudios Generales, y conque los estudiantes no queden libres de la Jurisdicción Real, ni por esta fundación adquiera Jurisdicción el Provincial o Rector de la Universidad en los estudiantes, y sin perjuicio del Derecho de otra Universidad erigida por su Majestad y aprobada por su Santidad. Y esto responde en Madrid a 24 de mayo de 1622. Y que esta concesión o permisión sea por el tiempo que su Majestad fuese servido. Fecha ut supra. En veintisiete de mayo de 1622 se vio con la respuesta del Señor Fiscal, se mandó que en la secretaría se junten los Papeles tocantes a la materia y se entreguen a un Relator, etc".7 9 77 José Tovar Donoso, La Iglesia, modeladora de la nacionalidad, p. 235. Cf. Cándido M. Ajo y Sainz de Zuñiga, Historia de las Universidades Hispánicas III, p. 401. 78 ACAQ, 10 "Registros y Actas", f. 8v. 79 Archivo Histórico del Ecuador. Banco Central, Quito, Ms. n. O1191,"Manual de Patentes y Bula de la Universidad de S. Fulgencio de Quito f. 11v [5v]. Se da doble foliación porque aparece en el Ms. 98 Se hizo la presentación al Consejo de Indias y se da fe de que la copia está bien y fielmente hecha, corregida y confrontada por el Notario Apostólico Bernardino de Ansaldo, que lo ratifica con otros notarios el 24 de septiembre de 1624 en la Villa de Madrid para que pueda ser presentada como auténtica y pasada por dicho Consejo, junto con los demás papeles, como de hecho sucedió 8 0 . La universidad de San Fulgencio tenía a mediados del siglo XVII tanto prestigio o más que la de San Gregorio Magno, regentada por los jesuitas desde 1620, como se comprueba por algunos actos solemnes, como las honras fúnebres celebradas el año de 1645 en el convento de San Agustín de Quito y la universidad de San Fulgencio, con motivo de la muerte de la reina Isabel de Borbón8 1 . Decayó con motivo del problema de la alternativa, concretamente en 1686, por haber sido golpeado el oidor Matías Lagúnez, cuando iba a poner orden al ser elegido provincial el P. Francisco Montaño frente al P. Juan Martínez Luzuriaga, que fue encarcelado en el convento de la Merced con otro religioso agustino, mientras que 12 lo fueron en los conventos de San Francisco y la Compañía, siendo condenados algunos a galeras por la Real Audiencia 8 2 . Por esos años comenzó a tener auge el colegio de San Fernando y universidad de Santo Tomás. Los dominicos iniciaron sus diligencias primero en 1619 y luego entre 1650 y 1680, obteniendo la aprobación real por Cédula del 23 de marzo de 1680 y Bulas de Inocencio XI del 23 de julio de 1681 y 11 de abril de 1685 8 3 . Así se explica que algunos agustinos se graduasen 80 Ibíd., f. 12r [6r]. Esto aparece en una alegación hecha por el P. José Bernaldo de Quirós en nombre de la provincia del Nuevo Reino de Granada para fundar la universidad de San Nicolás de Bari en Bogotá. Consta también en ACAQ, 32, Libro de Actas 1775-1909", f. 17rv., al hacer la visita el P. Joaquín Iserta el 15 de octubre de 1775. 81 Biblioteca de la Universidad de Salamanca, Ms. 2126, "Honras fúnebres celebradas en 1645 en el convento San Agustín de Quito a la muerte de la Reina Isabel de Borbón, 176 ff. 215 x 150 cm. Interesan los ff. 6r-33v. 82 AGI, Quito, 100, 10l, 196 y 197, donde hay amplia documentación con varias bulas y cédulas reales. Algunos documentos están en el mismo AGI, Escribanía de Cámara, 926 y 929. De estos documento s hay fotocopia en ACAQ. Hay varias intervenciones de la Audiencia de Quito . 83 Jacinto Jijón y Caamaño, Disertación acerca del establecimiento de la Universidad de Santo Tomás y del Real Colegio de San Fernando, Quito, Tipografía y encuadernación salesianas, 1923, pp. 19-75. Se trata de una separata del Boletín 99 a finales del siglo XVII y comienzos del XVIII en la Universidad de Santo Tomás, como el P. Juan López Bonilla 8 4 . c) Importancia de esta universidad y su cierre El 15 de octubre de 1775, al hacer la visita el P. fray Joaquín Iserta deja un informe sobre el sitio de la universidad de San Fulgencio, los títulos que confería, catálogo de graduados y otros detalles valiosos para la historia de este centro8 5 . Carlos IV, por real cédula de 25 de agosto de 1786, prohibió a la universidad de San Fulgencio conferir grados, lo que equivalía a su cierre, aunque de hecho siguió funcionando hasta el 24 de julio de 1791 8 6 . Los Estudios Superiores siguieron en el convento de San Agustín de Quito para los agustinos, mientras que el P. Maestro, Dr. Fr. Tomás León, el 12 de septiembre de 1791, con cierta oposición de los mismos agustinos, se incorporaba a la Universidad de Santo Tomás como profesor de Teología Dogmática hasta 17948 7 . En el colegio de San Nicolás de Tolentino se continuó con la esc uela artesanal, la música y sus instrumentos. Anteriormente había sobresalido el colegio de San Andrés en la música. Entre los músicos afamados de la época colonial figuran los PP. agustinos fray José Viteri y fray Tomás Mideros Miño, que fundó la primera escuela de música con su orquesta8 8 . Se conserva aún el aula magna de la universidad, como sala capitular, muy embellecida en el siglo XVIII. Allí recibió la orla de Doctor en Teología D. José Antonio Maldonado Sotomayor, hermano del sabio Gobernador de Esmeraldas, Dr. Pedro Vicente Maldonado y Sotomayor. Lo hicieron también alumnos de Panamá, Pasto, Cali, Popayán, Bogotá y otras ciudades del Nuevo Reino y Quito. Algunos historiadores, de la Academia Nacional de Historia, vol V, nn. 12-13 de ese año. Los dominicos iniciaron sus primeras diligencias en 1619 y tuvieron oposición por parte de los jesuitas. 84 Archivo Histórico del Ecuador. Banco Central, Quito, Ms. n. O1191, "Manual de Patentes y Bula de la Universidad de S. Fulgencio”, f. 11r [5r]. 85 ACAQ, n. 32, "Libro 6º de actas de 1775-1809", ff. 17r-19v. Nicolás Concetti, Memoria documentada sobre la Provincia de San Miguel de Quito, Quito, Convento San Agustín, 1888, pp. 20-28. 86 ACAQ, n. 32, "Libro 6º de actas 1775-1809", ff. 110rv y 127v. 87 Ibíd., f. 197r. 88 Julio Tobar Donodo, La Iglesia modeladora de la nacionalidad, p. 379. 100 como Federico González Suárez y Jacinto Jijón y Caamaño, han formulado juicios peyorativos por no estar bien informados, ni saber distinguir las graduaciones del colegio artesanal de San Nicolás de Tolentino de las del colegio universitario de Santa Catalina. Un zapatero se graduaba de maestro en zapatería en el colegio de San Nicolás sin necesitar de saber latín, lo mismo que un músico en el instrumento que tocaba. Se graduaron en la universidad algunos eclesiásticos de Popayán, que ya tenían los estudios eclesiásticos y sufrieron el examen pertinente8 9 . El aula magna o sala capitular es famosa en la historia del Ecuador por haberse hecho allí la Declaración de Independencia el 16 de agosto de 1809. Se celebraron también luctuosos actos con el motivo de la muerte de algunos próceres el 2 de agosto de 1810. Sus restos reposan en la cripta de la sala capitular, lugar de actos académicos durante la Colonia y de actos oficiales durante la República9 0 . Ya se han transcrito las Constituciones y se cuenta con un estudio monográfico sobre este centro con la lista de profesores y rectores por Alfredo Costales9 1 , que será necesario corregir y complementar con el material recogido en el Archivo de Indias. Hay fotocopia de este material en el archivo del convento de San Agustín de Quito. 89 Jacinto Jijón y Caamaño, Disertación, p. 9; Federico González Suárez, Historia General de la República del Ecuador, VII, Quito, 1970, p. 27. Estos historiadores no revisaron el Archivo del Convento San Agustín de Quito; pero tuvieron libros manuscritos que han desaparecido del mismo. Ángel Aguirre ha puesto de relieve la importancia del colegio de San Nicolás. "Presencia de la Orden de San Agustín en el Ecuador", en Los Agustinos en América Latina, Iquitos, Centro de Estudios Teológicos de la Amazonía (CETA), 1987, pp. 216-221. 90 Enrique Teran, Convento de San Agustín de Quito, Quito, Ed. Santo Domingo, 1973, pp. 50-53. 91 Alfredo Costales, Los Agustinos, Pedagogía y misioneros del pueblo, mecanografiado, Quito, Convento San Agustín, 1986, pp. 80-82, donde tiene mal el primero y último rector. Confunde a veces rector con regente, al que considera superior, cuando era el encargado de la disciplina. Su aportación es valiosa, pero necesita correcciones, como se le ha observado al P. Aurelio Zárate, que lo está revisando. 101 4. Los agustinos en Lima y en la Universidad de San Ildefonso Uno de los mejores estudios que se ha hecho sobre la universidad de San Marcos fue realizado por el agustino P. David Rubio, que comenzó por hacer un análisis sobre la instrucción pública en las colonias españolas de América con una breve historia de la universidad de San Marcos y sus Constituciones. La real cédula de fundación está fechada en Madrid el 12 de mayo de 1551 9 2 . Los primeros agustinos graduados en esta universidad fueron fray Luis Próspero Tinto y fray Luis López de Solís, que ocupó la cátedra de Vísperas de Teología con nombramiento hecho por el virrey D. Francisco de Toledo el 15 de octubre de 1577. La dejó al ser preconizado primero para obispo de Río de la Plata en 1591 y luego de Quito, cargo que desempeñó desde 1594 hasta 1606, cuando estaba propuesto para arzobispo de Charcas. Realizó una buena labor educativa fundando el Seminario de San Luis, rey de Francia, para la formación del clero criollo e indígena 9 3 . Celebró dos sínodos, uno en Quito en 1594 y otro en Loja en 1596, donde mandó lo siguiente: "Haya escuelas en los repartimientos, donde sean enseñados e industriados en leer y escribir los hijos de los caciques e principales por un sacristán o cantor de la iglesia para que no falten en ella ministros que la sirvan y ayuden en el canto y demás cosas necesarias"94. a) Los agustinos en la universidad de San Marcos de Lima Los agustinos alternaron con otros religiosos, en la universidad de San Marcos, en las cátedras de Artes, Prima de Teología, Nona, Vísperas, Cánones y Sagradas Escrituras superando en número a los de Méjico. Seis de ellos llegaron a ser 92 David Rubio, La universidad de San Marcos de Lima durante la colonización española. (Datos para su historia), Madrid, Juan Bravo, 1933, pp. 5-216; Los Agustinos en el Perú, Lima 1914, Imp. Néstor Torres, pp. 12-46. 93 Félix Carmona Moreno, "Fray Luis López de Solís y su fundación del Seminario de San Luis de Quito 1594", en Los Agustinos en América y Filipinas, II, pp. 899911; Fernando Campo del Pozo, "Los Sínodos de Fray Luis López de Solís y el clero indígena", Archivo Agustiniano, Valladolid, 1991 pp. 87-114. 94 Luis López de Solís, Sínodos de Quito 1595 y Loja 1596, edic. crítica por Fernando Campo y Félix Carmona, Madrid, Revista Agustiniana, 1996, pp. 94-95. 102 obispos95. A la universidad de San Marcos acudían los estudiantes de Teología del colegio-universidad de San Ildefonso a las 8 de la mañana, como luego veremos, para cursar la cátedra de Escritura, que regentaba a mediados del siglo XVII el P. Juan de Ribera desde 1644. Luego fue profesor de Prima de Teología. Los agustinos venían regentando la cátedra de Sagrada Escritura, desde el P. fray Juan de Almaraz por oposición. Le siguieron seis más. El Dr. Guillermo Lohmann Villena nos da los nombres de los catedráticos de Prima de Teología, Sagrada Escritura, Vísperas, Nona y otras cátedras, observando que ocupó la cátedra de lengua en 1592 el P. Alonso de Huerta y también el P. Martínez de Ormachea, que dictó clases hasta su muerte en 1616. Es autor del Vocabulario en la lengua general del Perú llamada Quichua, etc. Tenía preparado otro trabajo sobre el aymará 96. La mayoría de los agustinos se graduaron de Doctor en San Marcos, como lo hicieron el P. Antonio de la Calancha y otros 22 agustinos procedentes del colegio-universidad de San Ildefonso, durante los primeros 44 años, de los que hace un recuento el P. Bernardo de Torres97. Siguieron graduándose bastantes agustinos procedentes del colegio de San Ildefonso y otros procedentes de Quito y Nuevo Reino de Granada. El P. Gregorio Martínez hace un catálogo de 93 catedráticos, observando que algunos son del siglo XX98. En realidad, al catálogo hecho por el P. Gregorio Martínez le faltan por lo menos cuatro de la época colonial: Manuel Jáuregui, José Salia, Félix Carbajo y Rafael Bucaro99. 95 Gregorio Santiago Vela, "Catedráticos agustinos en la Universidad de Lima", Archivo Agustiniano, Valladolid, 14 (1920) 113-114; Carlos Alonso Vañes, "Los agustinos y la cultura", pp. 416-419. 96 Guillermo Lohmann Villena, "Agustinos ilustres del Perú", Agustinos en América y Filipinas, I, pp. 218- 227. El Vocabulario en la lengua general del Perú llamada Quichua...Nuevamente enmendado y añadido, etc. Lima 1604, es una reedición corregida y aumentada del Arte y Vocabulario del jesuita Diego de Torres Rubio, que la había editado en Lima 1586. 97 Avencio Villarejo, Los Agustinos en Perú y Bolivia, Lima, Ausonia, 1965, p. 205. Bernardo de Torres, Crónicas Agustinianas del Perú, edición por Manuel Merino, II, Madrid, CSIC, 1972, pp. 243-252. 98 Gregorio Martínez, "Catedráticos agustinos en la Universidad Mayor de San Marcos", Archivo Agustiniano, Valladolid, 76 (1992) 243-289. 99 Benigno Uyarra, Tres siglos de presencia (1551-185l) de los agustinos en el Perú milenario, Lima, Colegio San Agustín, 2001, pp. 462, 479, 489 y 502. 103 b) Colegio universitario de San Ildefonso en Lima Dado el prestigio que tenían los agustinos en Lima, decidieron fundar una universidad, que fue más bien un colegio universitario bajo la advocación de San Ildefonso. Sobre este colegio se trató en los Capítulos Provinciales de l594 y 1598, aprobándose su proyecto y compra de terrenos para el nuevo Colegio en 1602. Mientras se construía el edificio come nzó a funcionar de hecho en el convento de San Agustín. El P. Diego de Castro era Regente y Maestro de estudios, con autorización del General de la Orden. Ese año de 1602, el 14 de agosto, santo Toribio escribe al rey informando sobre este Colegio para el que pide ayuda porque "se podían esperar grandes efectos en bien y utilidad de todo este Reino"100. Lo que se inició como Colegio en 1602, se elevó a Universidad con el breve pontificio In suprema Ecclesiae Catholicae, del 13 de octubre de 1608, quedando restringida esta universidad a los agustinos101. El Colegio-Universitario comenzó a funcionar en su nuevo edificio entre 1614 y 1616. Sus Estatutos fueron hechos por el P. Alfonso Pacheco (1614) y las Constituciones por el P. Francisco Virués, provincial entre 1673 y 1677102. Este centro se convirtió en uno de los más prestigiosos del Perú. En sus aulas se formaron muchos eminentes agustinos como fray Gaspar de Villarroel, cuya madre era de Barquisimeto. Fue obispo de Santiago de Chile y arzobispo de Charlas. Es autor de obras importantes103. En este centro se formaron Fernando 100 AGI, Patronato , 248, 32. en La Iglesia Española en el Perú. Colección en seis volúmenes de los documentos existentes en el AGI, Sevilla 1943.1946, IV, p. 472. Cf. David Rubio, "Fundación del Colegio de San Ildefonso"(Lima), Archivo Agustiniano, Valladolid, 45 (1951) 298-323. 101 Carlos Alonso, Bullariumm Ordinis Sancti Augustini. Regesta, V (1572-1621), Roma, Institutum Historicum Augustinianum, 2002, p. 248, n. 723. Se leyó la Bula en el Definitorio de 1615 y se ratificó en el Capítulo Intermedio del 21 de julio de 1616. Archivo del Convento de San Agustín de Lima. Cf. Avencio Villarejo, Los Agustinos en en Perú y Bolivia, p. 168, donde se menciona al Libro Becerro del Archivo del Convento San Agustín de Lima. 102 Benigno Uyarra Cámara, "El Colegio San Ildefonso en Lima", Archivo Agustiniano, Valladolid, 74 (1990) 139. 103 Antonio J. González Zumarraga, Problemas del Patronato Indiano a través del "Govierno Eclesiástico Pacífico" de Fr. Gaspar de Villarroel, Vitoria, Eset, 1961, pp. 104 Valverde, Antonio de la Calancha y Bernardo de Torres, que expuso la fundación y funcionamiento de este colegio universitario, como luego veremos. En este centro se graduaron escrituristas, filósofos, cronistas, teólogos, moralistas y hasta arquitectos, algunos procedentes de Chile, Nuevo Reino de Granada y Quito. El P. Benigno Uyarra nos da una lista de estos religiosos, junto con 25 maestros y veintinueve doctores en teología. Sus profesores alternaban algunas cátedras en San Marcos y San Ildefonso desde su fundación hasta 1826104. Los nombres de algunos de sus catedráticos, que lo fueron también de la universidad de San Marcos, aparecen en las paredes del claustro y patio interno del viejo edificio. c) Su autonomía económica y régimen interno El edificio colocado a orillas del río Rimac y no lejos del convento grande de San Agustín, sufrió bastante con el terremoto de 1687. Este año se perdieron muchas obras de arte. y se procuró restaurar con el producto de las haciendas de La Torrecilla con 1.168 pesos anuales; San Martín, 600 pesos, la de Anticosa, 500 pesos; la de Chungará y Tambo, en el Cuzco, 375; la de Talambo (Trujillo) 374; la de Oropesa, 300; y otras ocho con menos hasta un total de 6.478 pesos. Había un total de censos pasivos de 523 pesos105. La organización de las autoridades académicas y profesores estaba según las Constituciones de la Orden. Se exigía seriedad y a los que se suspendía en Lógica volvían a estudiar Gramática; los suspensos en Filosofía regresaban al convento de San Agustín de Lima a oír allí la Teología. Había una selectividad de los mejores para la universidad, quedando suficientes alumnos en el convento, donde seguían los estudios de Teología Escolástica en prima y vísperas, Teología Moral y Filosofía. Asistían a las cuatro clases de Teología, que tenía la Provincia en la Real Universidad. Esto indica que había también cierta vinculación entre el colegio de San Ildefonso y la universidad de San Marcos. 2-5; Gregorio Martínez, Gaspar de Villarroel, OSA, un ilustre prelado americano, Valladolid, Estudio Agustiniano, 1994, pp. 19-42. 104 Benigno Uyarra Cámara, "El Colegio de San Ildefonso en Lima", pp. 131-139. 105 Avencio Villarejo, Los Agustinos en el Perú y Bolivia, pp. 297-298. 105 En el colegio de San Ildefonso se levantaban a las 4 de mañana y estudiaban en sus celdas hasta las 6 de la mañana, en que se tenía la Lección de Prima. Antes tomaban el desayuno. Los teólogos iban a su Estudio general, y los de Artes al suyo propio. A las 7, los estudiantes de Artes y pasantes, que eran los que habían terminado los estudios de Teología, iban al coro para el rezo de prima, misa rezada, otras horas menores y el oficio de Santa María, mientras los teólogos continuaban con la lección de nona. A las 8, los teólogos iban a la universidad de San Marcos al curso de Sagrada Escritura que, en l657, regentaba el P. Juan de Ribera; también oían la cátedra supernumeraria, regentada por el Bernardo de Torres, que nos da el resto del horario: a las 9, estudio en quietud de todos los estudiantes; a las 10, conferencias de estudiantes teólogos, con asistencia de los Maestros, Lectores y Pasantes. Los de Artes seguían en estudio privado hasta las 11, hora del almuerzo. Seguía reposo y silencio hasta la hora de 1,30 de la tarde. A esa hora había la lección de vísperas para los estudiantes de Teología, mientras que el resto iba al coro para el rezo del oficio divino: vísperas y maitines. A las 3 de la tarde los de Artes tenían una nueva lección. A las 4 p.m., los estudiantes de Teología regresaban de la universidad de San Marcos y permanecían en sus celdas hasta las 5 p.m., en que había conferencias para los de Artes, con asistencia de Lectores y Pasantes. A las 6 p.m., todos permanecían en estudio privado. A las 7 rezo de maitines en el Coro y a continuación, después de un toque de campana, se rezaba la Benedicta a Ntra. Sra., con antífona cantada, a la que seguía un cuarto de hora de contemplación y rezo de los salmos penitenciales con otras oraciones por el Romano Pontífice y bienhechores. A las 8 p.m. la cena o colación y a las 9 canto del Stellla coeli y se recogían a sus celdas. Los sábados había conclusiones de 9 a 11 de la mañana con asistencia de ambos grupos, que alternaban. Cada mes, dos "palestras" o casos, para los de Artes sobre puntos que se daban 24 horas antes. Eran públicas y se calificaban. El más votado recibía una libra más de la colación del día u otro premio. El rector consolaba al segundo o contrincante con buenas palabras. 106 Había también cada mes dos lecciones con puntos señalados con un día de anticipación: una sobre Aristóteles y otra sobre el Maestro de las Sentencias. La de filosofía la sustentaban los teólogos del primer curso, la de Telogía los demás cursos. Duraba la exposición me dia hora y otro tanto los argumentos expuestos por los condiscípulos. Al terminar la carrera de Teología se sufría un examen para pasar a Pasante. Duraba la exposición o lectio coram media hora y se calificaba con voto secreto. Si no aprobaban volvían al convento para recibir el destino que se les diese. Los pasantes sufrían dos exámenes más para pasar a Licenciado o Doctor. Si aprobaban un segundo año con examen más solemne y de una hora de duración se pasaba a Lector o a Doctor con voto del claustro en pleno106. Los Doctores y Maestros tenían el privilegio de usar mula para ir por la ciudad, por lo que existía un dístico zumbón para los que obtenían el grado sin mérito o por bula: ¿De qué presumes, pues, Doctor por Bula, si el grado cargas, como a tí la mula? d) Importancia de este centro, su reforma en el siglo XVIII y cierre en 1826 En este centro se formó el P. Francisco Javier Vázquez, promotor de la Ilustración en la Orden. Fue general vitalicio desde 1753 hasta 1785. Su reforma educativa, que se expondrá posteriormente, se aplicó en este colegio-universidad de San Ildeonso 107. Fue un semillero de sabios y santos durante la época colonial, pasando del centenar el número de catedráticos que salieron de este colegio para la universidad de San Marcos y otras universidades como la de Quito. El P. Avencio de Villarejo afirma que "muchos obispos, un General de la Orden, [P. Vázquez] todos los provinciales y centenares de catedráticos, tanto en la Univer- 106 Bernardo de Torres, Crónica, II, pp. 233-236. Benigno Uyarra Cámara, "Bicentenario de la muerte de Francisco Vázquez" Boletín de la OALA (Organización de Agustinos Latinoamericanos), Iquitos, XVI, n. 27 (1985), 8-10. 107 107 sidad Pontificia como en la Real [Universidad de San Marcos] se formaron en este centro"108. En el colegio de San Ildefonso se aplicó la reforma promovida por el P. Vázquez y las orientaciones procedentes de la Corte española bajo la influencia de la Ilustración. Mientras que la universidad de Salamanca se oponía en 1777 a apartarse del sistema peripatético, como se lo pedía el Consejo de Castilla, se aceptaba el nuevo plan de estudios el 2 de mayo de ese año por la universidad de San Marcos de Lima. Aunque carecían de medios, presentaron el 29 de noviembre de 1778 las observaciones para la confirmación real de su plan: "La Universidad de Lima no defendía las trabas que se oponían al ingenio y al progreso de las luces; buscaba la verdad con la misma franqueza con que rechazaba las preocupaciones... Autorizaba la defensa, que libremente se hacía de opiniones y sistemas del todo opuestos a las de Aristóteles". En otras palabras se podía seguir a Descartes, Gassendi, Newton, etc., como lo hicieron los "insignes profesores agustinos de la Universidad de San Marcos y de la Pontificia de san Ildefonso"109. Algunos agustinos fueron defensores de la Independencia, como el P. Marcos Durán Martel, que participó en la revolución de Huánuco el año 1812 y fue desterrado a España, muriendo en el viaje 110. El colegio-universidad de San Ildefonso influyó mucho en la cultura peruana y subsistió unos 218 años, hasta 1826, como centro de estudios superiores. Se conserva el edificio destinado a labores docentes y culturales111. Algunos fueron buenos músicos, como fray Cipriano Ramírez, que fue Maestro de Capilla en el convento san Agustín y dirigió la orquesta que amenizó la fiesta de la Independencia del Perú112. 108 Avencio Villarejo, Los agustinos en el Perú y Bolivia (1548-1965), p. 208. David Rubio, "Fundación del colegio de San Ildefonso", pp. 319-323. Se apoya en Manuel de Mendiburu, Diccionario histórico-biográfico del Perú, tomo 8, Lima, García Rico, 1890, p. 42. 110 Benigno Uyarra, Tres siglos de presencia (1551-1851), p. 497. Huánuco se llamaba León de los Caballeros, por haberla fundado un leonés. 111 David Rubio, "Influencia de los Agustinos en la cultura peruana", España y América, Madrid, 9/1 (1911) 217-226; 447-454; Benigno Uyarra Cámara, "El Colegio San Ildefonso de Lima", p. 121-124. 112 Avencio Villarejo, Los Agustinos en Perú y Bolivia, p. 329. 109 108 5. Universidad de San Nicolás de Bari y colegio de San Miguel Se dan los primeros pasos de esta fundación en el capítulo provincial celebrado en 1693. Se encargó de hacer las diligencias el P. José Bernardo de Quirós para tener un centro como la universidad de San Fulgencio en Quito, cuyas Constituciones se tomaron como modelo. El breve de fundación, Ex iniunto nobis del 24 de abril de 1694, de Inocencio IX, facultaba la concesión de grados en Teología y Filosofía a los agustinos. Fue presentado el breve en el capítulo provincial de 1696 y se hizo nombramiento de regente, profesores y estudiantes. La aprobación real es del 23 de abril de 1703. Sus estudios mejoran y se reorganizan con las nuevas Constituciones elaboradas por el P. Francisco de San José y aprobadas en el capítulo provincial del año 1711113. a) Éxito de esta Universidad con el Colegio de San Miguel Esta universidad tuvo su mayor éxito y apogeo con el colegio de San Miguel (1739-1775). Se conoce el método agustiniano que utilizaban y el nombre de los profesores con sus respetivas cátedras, rectores, regentes y maestros de estudiantes114. La universidad de San Nicolás sufrió un grave revés con el visitador regalista, P. Juan Bautista González, que cerró el colegio e hizo entrega del edificio para seminario durante las sesiones del concilio provincial celebrado en 1774. Se hizo la entrega oficial el 22 mayo de 1775, recibiendo el visitador la mísera cantidad de cuatro mil pesos provenientes del importe del colegio de los jesuitas en Villa de Honda115. La mayoría de los religiosos de la provincia de Nuestra Señora de Gracia protestaron ante el P. General de la Orden por el 113 Fernando Campo del Pozo, El agustinismo y la "ratio studiorum" de la provincia de Ntra. Sra. de Gracia en el Nuevo Reino de Granada, San Cristóbal, Universidad Católica del Táchira, 1984, pp. 51-52. 114 Fernando Campo del Pozo, "Método y profesores de la Universidad de San Nicolás en Bogotá", Archivo Agustiniano, Valladolid, 68 (1984) 183-223. 115 José Pérez Gómez, "Apuntes para la Historia de la Provincia de Nuestra Señora de Gracia", Archivo Agustiniano, Valladolid, 20 (1923) 336-337. 109 cierre del colegio de San Miguel, resolviéndose que podían seguir con la universidad de San Nicolás de Bari en el convento San Agustín, por lo que en 1780 se nombró rector de la misma al P. Bernardo Vivanco. Volvió a resurgir la universidad y tuvo gran apogeo con el P. Diego Francisco Padilla, que acudió como discreto al capítulo general celebrado en Roma el año de 1786. Regresó con parte de la Enciclopedia Francesa, como el tratado Economía Política de Juan Jacobo Rouseau, del que hizo una traducción libre 116. Llevó consigo otros libros de filosofía moderna, que procuró explicar siendo regente de estudios desde 1788 hasta 1792. b) Textos utilizados en la universidad de San Nicolás Se rigió este centro, como el resto de la Orden de San Agustín, por las Constituciones de la Orden y del propio centro, junto con decretos especiales, como los Decretos capitulares del año l685, bajo la dirección del P. Fulgencio Travalloni y los Estatutos de los Estudios Generales de los PP. Nicolás de Oliva y Domingo Valvassori, cuyas disposiciones se referían expresamente a los estudios de la Orden en Italia, donde, a los cuatro años de Filosofía, seguían seis de teología, mientras que en Hispanoamérica, tal como sucedía en la provincia de Ntra. Sra. de Gracia, se continuaba con tres años de Filosofía y cuatro de Teología, permitiéndose la concesión del título de predicador con tres de Teología. Al no tener la edad canónica para recibir la ordenación sacerdotal, se daban casos de predicadores titulares, mientras continuaban los estudios, sin desempeñar el oficio 117. Se utilizaban los mismos textos de la Escuela Agustiniana, como en las demás universidades de la Orden, según las orientaciones de las Constituciones de l686, donde se establece que "en materia de la gracia, de la predestinación y cuestiones conexas debía seguirse la doctrina segura de 116 Oeste Popescu, Un Tratado de Economía Política en Santafé de Bogotá en 1810, Bogotá, Banco de la República, 1969, pp. 41-95. 117 David Gutiérrez, "Los estudios en la Orden Agustiniana", Analecta Augustiniana, Roma, 33 (l970) ll7-ll8; José Pérez Gómez, "Apuntes para la Historia de la Provincia de Nuestra Señora de Gracia", Archivo Agustiniano, Valladolid, 20 (l923) 325-326. 110 san Agustín". Se añaden luego los nombres de los autores que debían utilizarse: "Tomás de Argentina, Gregorio de Rímini, Santiago de Viterbo, Gerardo de Siena, Alfonso de Toledo, Miguel de Masa, Agustín de Ancona, Miguel Salón, Egidio de Portugal y otros, cuyos nombres alargarían demasiado la enumeración"118. Durante el siglo XVIII se tuvieron en esta Universidad textos propios. Así en Filosofía se utilizó la Peripatética Phylosophia del P. Gregorio A. Salgado (+ 1740); en Sagrada Escritura los Comentarios del P. Francisco de San José (+ 1722) y en Teología los Comentarios al tratado De locis theologicis de J. B. Berti, por el P. Diego Francisco Padilla (+ 1829) que siguió en Filosofía el método agustiniano actualizado con el método racional de S. Pufendorf y la doctrina de J. Rouseau. Siguiendo las orientaciones del P. F. Javier Vázquez, se apartó del tomismo, por lo que tuvo algunas dificultades con los dominicos, que luego le ofrecieron una cátedra en su universidad y no aceptó119. En Hispanoamérica se nota en esta época la influencia de los textos utilizados en las universidades de Salamanca, Alcalá, Méjico, San Marcos de Lima, etc. Esto se debe a que algunos se habían formado allí o recibido su influencia, como se comprueba por las actas capitulares y los inventarios de los libros 120. c) Aportaciones de esta universidad independencia de Colombia a la cultura e Se benefició esta universidad con la reforma del P. Francisco Javier Vázquez, especialmente bajo la dirección del P. Diego Francisco Padilla, que siguió las ideas de la Ilustración y defendió los derechos humanos. Fue uno de los promotores de la indepen118 Constitutiones (l686) pars V, cap. 2, n. 3, pp. 40l-402. Fernando Campo del Pozo, "Textos de tres agustinos en la Universidad de San Nicolás de Bari, en Santafé de Bogotá, durante el siglo XVIII: Francisco de San José, Gregorio Agustín Padilla y Diego Francisco Padilla", Archivo Agustiniano, Valladolid, 80 (1996) 53-75; "Me todología jurídico-canónica según S. Pufendorf", Estudio Agustiniano, Valladolid, 24 (1989) 713-729. 120 Archivo del convento san Agustín de Lima. Los libros que hay entre l573-l614, en Libro Becerro lº. Memoria de Capellanías etc., ff. l62r-l67v; Archivo Na cional de Colombia (COLCULTURA), Ms. 454 "Libro inventario de la librería del convento S. Agustín de Santa Fe, año de l789" con los del Colegio de S. Miguel, 454 ff. 119 111 dencia y libertad de América, especialmente de Colombia, donde se le considera como uno de sus próceres121. Puso cátedra de matemáticas El P. Antonio Noriega defendió la teoría de Copérnico a finales del siglo XVIII y comienzos del XIX en contra de los dominicos. El P. Agustín B. Caicedo (1738) defendió lo que hoy llamamos inculturación. Varios agustinos de esta Univeridad apoyaron la Independencia, especialmente el P. Diego Francisco Padilla, que refutó a Guillermo Burke, presidió el Congreso de la República (1812) y fue capellán del ejército de A. Nariño en 1816. Estuvo preso en el convento de S. Jacinto (Caracas) y en la cárcel del castillo de Santa Catalina de Cádiz. Luego pasó a Sevilla quedando en libertad en 1821. Se conservan las actas de su proceso122. La universidad continuó hasta 1861. Se intentó trasladarla entre 1828 y 1830 a Tunja, donde había cátedras de Teología, Filosofía y Artes. Se estableció el Colegio Universitario Boyacense, que funcionó poco tiempo bajo la dirección de los agustinos según el Decreto del Libertador del 12 de marzo de 1828. Todavía el 7 de diciembre de 1830 se expedía una orden del Gobierno para que siguiesen los agustinos. Era rector el P. Lector fray Antonio Vargas, que hacía de regente de la universidad de San Nicolás de Bari en Bogotá desde 1828. Ese año, se intentó hacer un cambio en a l política educativa para reorganizar los colegios existentes y abrir otros nuevos. Se hizo la cesión oficial del Colegio Universitario Boyacense en el convento de san Agustín de Tunja el 20 de mayo de 1830 según un acuerdo hecho con el Gobierno de Colombia y el P. Provincial fray Agustín Fernández. Se obligó a los agustinos a que se encargasen de los departamentos de Derecho Canónico, Civil y de Medicina. Era necesario 121 Fernando Campo del Pozo, "Modernización de los estudios agustinianos en Santafé de Bogotá por fray Diego Francisco Padilla a finales del siglo XVIII", en Científicos Criollos e Ilustración, Madrid, Doce Calles, 1999, pp. 123-134; David Mucientes del Campo, Crónicas Colombo-Agustinas 1515-1967, Bogotá, Talleres salesianos, 1968, pp. 149-151. 122 Fernando Campo del Pozo, "Agustín B. Caicedo y Diego F. Padilla defensores de la inculturación y la ilustración en Nueva Granada" Archivo Agustiniano, Valladolid, 85 (2001) 231-264. 112 ampliar el local. El hno. fray Manuel Matallana se encargó de acondicionar las aulas con las antiguas rentas del convento y de otros suprimidos. Se agravó la situación al surgir la oposición de algunos alumnos apoyados por el Prefecto, que se puso en contra de los agustinos. Estos decidieron dejar el Colegio a finales del año 1830 con mucha pena de gran parte de los alumnos, sus representantes y los profesores. El mismo Libertador, que había hablado con el P. Diego Francisco Padilla, quiso rectificar algo en la planificación de los estudios con cierto retorno al pasado. En esto le apoyó el General Rafael Urdaneta123. La reforma de esta universidad y de las anteriores agustinianas se debe a las orientaciones ilustradas del P. Francisco Javier Vázquez, que se apartó del tomismo y defendió las ideas de la Ilustración en la segunda mitad del siglo XVIII, por lo que se le dedica un apartado especial. 6. La reforma ilustrada del P. Francisco Javier Vázquez Impulsó la reforma de los estudios eclesiásticos, mediante decretos, con un nuevo plan de estudios según los adelantos de las ciencias y la Filosofía moderna, rechazando el escolasticismo peripatético y tomista, por lo que las Constituciones elaboradas por él no llegaron a publicarse. Se aplicó su reforma especialmente en las universidades agustinianas de América, por lo que conviene ver su contenido y los motivos que llevaron a esa aptitud de sintonizar con la Ilustración y el modernismo a mediados del siglo XVIII. Esto se comprende viendo su vida y las normas que siguen aún inéditas, como continúa inédita la tesis doctoral que sobre él defendió el P. Fernando Rojo 124. 123 Rafael Urdaneta, Gazeta de Colombia, l9 de diciembre de 1830, n. 495, p. 1. Ibíd. p. 366; José Pérez Gómez, "Los Agustinos en el Colegio de Boyacá", en Provincia Agustiniana de Ntra. Sra. de Gracia en Colombia, I, Santafé de Bogotá, Aguilar, 1993, I, pp. 165-170. Desconocía esto Javier Ocampo al escribir su "Estudio Introductorio: Historiografía de la Universidad Republicana 1826-1843", en Historia de la Universidad Colombiana, I, Tunja, Universidad Pedagógica y Tecnológica de Colombia, 1998, pp. 73-85. 124 Fernando Rojo, "El General Agustino Francisco Javier Vázquez y la Companía de Jesús", Casiciaco, Valladolid, 18 /1964) 208-209; "Francisco Javier Vázquez", Diccionario de Historia Eclesiástica de España, IV, Madrid, CSIC, 1975, p. 2716. Cf. Rafael Lazcano, Generales de la Orden de San Agustín. Biografías-documentación- 113 a) Breve curriculum del P. Javier Vázquez Nació en San Miguel de Cajamarca (Perú) el 3 de diciembre de 1703. A los 19 años ingresó en el convento san Agustín de Lima, donde profesó el 25 de diciembre de 1723 125. Estudió en la universidad pontificia de san Ildefonso. En este centró se graduó de lector en 1733 y siguió dando clases hasta 1736. Ese año fue enviado como procurador de su provincia a Madrid, donde editó las obras de fray Gaspar de Villarroel en 1738 y obtuvo el título de Maestro. Asistió en 1739 al Capítulo General que se celebró en Rímini, donde salió electo consejero del General. Tradujo al castellano los escritos del P. Juan Nicolás Chiesa en 1742. Publicó las Vindicaciones agustinianas del cardenal Enrique Noris en 1748, que habían aparecido en el índice de la Inquisición española en 1747 por influencia de los jesuitas, contra los que luchó tenazmente debido a las intrigas regalistas de algunos jesuitas126. Gracias a su intervención las obras del cardenal Enrique Noris fueron retiradas del Indice de libros prohibidos por el papa Benedicto XIV, que le nombró procurador general el 31 de octubre de 1731 y en noviembre del mismo año Vicario General, por muerte del P. Agustín Gioia. El 9 de junio de 1753 fue elegido General vitalicio, siendo el primer americano y español en ostentar dicho cargo. Comenzó haciendo observaciones a las Constituciones con la reforma de los estudios. Se imponían como obligatorias en toda la Orden las Disciplinas teológicas y la Historia Eclesiástica de Juan Lorenzo Berti. 127 Insistió en la reforma de los estudios hasta su muerte, acaecida el 2 de febrero de 1786, mientras estaba sentado a la mesa y leyendo las obras de San Agustín. Fue general vitalicio, durante 32 años. No volvió a Lima desde su salida en 1736 y sus restos reposan en el santuario de Nuestra Señora del retratos, Roma, Institutum Patristicum Augustinianum, 1995, pp. 163-168, donde pueden verse sus escritos y la biografía existente. 125 Benigno Uyarra, Tres siglos de presencia (1551-1851), pp. 366-367. 126 Francisco Javier Vázquez, Emin. Card. Norisius sui ipsius a calumniis Henrici theologi duacensis, Mantuae, Typ. Adeodati Audelii, 1748. Se reeditaban las Vindiciae Augustinianae del cardenal Enrique Noris, publicadas en Padua, Apud Josephum Corona, 1707. 127 Benigno Uyarra, "Bicentenario de la muerte de Francisco Vázquez" en Boletín OALA , Iquitos, XVI, n. 27, (1985) 8-10. 114 Buen Consejo en Genazano, Italia, cuyo monasterio ayudó a reconstruir 128. b) Modernización de los estudios por el P. Javier Vázquez El P. Javier Vázquez insistió en que se estableciesen cátedras de Derecho Canónico, Historia Eclesiástica, Oratoria Sagrada y Matemáticas (Astronomía) con sus ciencias auxiliares, como la arqueología, la numismática, la epigrafía, ciencias naturales y física en los centros de la Orden. Los estudios superiores debían durar tres años de Filosofía y cuatro de Teología, más otro para las Instituciones Canónicas, como se venía haciendo en algunos centros de la Orden, en Italia y España. Su aspiración era una formación integral, completando la teoría con la práctica, teniendo en cuenta los adelantos de la ciencias y dando mayor importancia a la Filosofía moderna y la Teología positivista, siguiendo especialmente a San Agustín. Se exigía la fidelidad a la Sagrada Escritura, la Tradición, sentir unánime de los santos padres, concilios ecumé nicos y decretos de los papas como estableció el P. Vázquez en unas Instrucciones del 1 de agosto de 1771, puestas en práctica por el visitador regalista, Juan Bautista González el 18 de agosto de 1773 en el Nuevo Reino de Granada: "Que se destierre, que del todo se quite de las escuelas aquellas cuestiones de la Filosofía y Teología peripatéticas llenas de cuestiones inútiles y cavilosas, que no sirven para otras cosas que para perder el tiempo inútilmente, y que se enseñe una Filosofía útil y provechosa, capaz de habilitar a los estudiantes para el estudio fructuoso de las demás facultades y hallar la verdad, que es el fin al que todos aspiran"129. El P. Gregorio de Santiago Vela catalogó sus publicaciones y manuscritos, que pasan de 350. La mayor parte son circulares, instrucciones y cartas, algunas dirigidas a D. Manuel de Roda, 128 Valentino Busa, In funere R. P. M. Franc. Xav, Vásquez, Firmi 1786. Se encuentra en Brittish Museum, signatura 9180 d. 129 Archivo Nacional de Colombia, COLCULTURA, antes en Biblioteca Nacional, Fondo Conventos, 47, f. 92v. Repite casi lo mismo Francisco Javier Vázquez (1773): Constitutiones Universi Ordinis Fratrum Eremitarum S. P. Augustini, Roma, Manuscrito, listo para la imprenta en Typographia Marci Pallearini, pars V, cap. 1, n. 9. 115 ministro de Carlos III, con quien simpatizó, apoyando la supresión de la Compañía de Jesús, como algo necesario para el bien y tranquilidad de la Iglesia. Tampoco se llevó bien con los dominicos y sus tesis, como le participó al P. Enrique Flórez el 16 de julio de 1767, sugiriendo a sus súbditos que no se citase a Santo Tomás, a no ser lo imprescindible. Tiene varias cartas sobre los estudios insistiendo en que se destierre el método escolástico y peripatético, complicado y fastidioso, para que se utilice un método moderno y científico como afirma en cartas del 12 de septiembre de 1771, 28 de mayo de 1772, y el 25 de abril de 1775 y varias de 1778130. Procuró conseguir la valiosa biblioteca del cardenal Passionei para incorporarla a la Angélica de Roma, que reorganizó y abrió de nuevo al público, como se venía haciendo desde 1614. Fue la primera biblioteca abierta al público en Roma y un centro de investigación en el convento San Agustín hasta que fue incautada por el gobierno de Víctor Manuel, que la colocó en estantería nueva, añadiendo otras obras. El P. Vázquez fue considerado como un mecenas de la cultura y muy elogiado a la hora de su muerte, siendo reconocida su labor dentro y fuera de la Orden agustiniana131. c) Contenido de las Constituciones de Francisco Javier Vázquez El contenido de las Constituciones del P. Francisco Javier Vázquez han sido objeto de la ponencia presentada en Moscú, 130 Gregorio de Santiago Vela, Ensayo de una Biblioteca Ibero-Americana de la Orden de San Agustín, VIII, El Escorial, Imprenta del Real Monasterio, 1931, pp. 108-124. Los dominicos se opusieron a la publicación de sus Constituciones por su método anti escolástico. 131 Felipe Castán, Elogio fúnebre del Rmo. P. M. Fr. Francisco Xavier Vázquez de Sandoval, dignísimo primer Prior General español y segundo vitalicio de la Orden de Hermitaños de N. P. San Agustín, pronunciado en las exequias que le hizo su Provincia de Lima el 1 de Junio de MDCCLXXXXVI, Lima, Imp. Real de Huérfanos, 30 pp. sin numerar con aprobaciones y dedicatorias; sigue el Elogio fúnebre, 80 pp., 2 hojas con Epitalaphium in laudem + XXXII pp. con Relación de la exequias...escríbela el R. P. Lector Jubilado Fray Bernardo de Rueda, OSA. Hay un ejemplar en la biblioteca del Estudio Teológico Agustiniano de Valladolid. Para el otoño de 2004 está proyectado un Congreso por el Instituto Histórico Agustiniano, con sede en Roma, sobre la Biblioteca Angelica y otras bibliotecas agustinianas, como la de la universidad de San Nicolás en Santafé de Bogotá. 116 donde se expuso de un modo esquemático las seis partes de esta obra con su prólogo e índice. El título de la parte quinta es como sigue: Constituciones de toda la Orden de frailes ermitaños de San Agustín, en la que se trata de los estudios y del método que se ha de tener en la formación. Es una de las pocas normas que fueron aplicadas, aunque estas Constituciones no llegaron a ser publicadas. Su contenido aparece en doce capítulos con estos títulos:132 1º De la formación y doctrina que se ha de impartir en nuestras casas de estudios. 2º De la diversidad de los estudios generales y provinciales, sobre los exámenes de aquellos que han de ser promovidos a los estudios y su duración. 3º Del tiempo que ha de durar el curso de Filosofía y Teología con el orden que se ha de seguir en su exposición. 4º Del método que se ha de seguir en el examen de aquellos que son promovidos al Lectorado y Bachillerato. 5º Del examen que han de sufrir los que se examinan para poder oír confesiones. 6º Del examen de aquellos que han de ser promovidos para la predicación del Evangelio. 7º Del oficio y solicitud de los Lectores en la enseñanza a los alumnos, que tienen encomendados. 8º Del oficio de Prefecto de estudios o Regente y de la vigilancia que han de tener con la palabra y el ejemplo para enseñar la ciencia y la piedad. 9º De la enseñanza de la Teología moral, que se ha de tener en todos los monasterios de la Orden. 10º Del orden de precedencia que se ha de observar en nuestros Gimnasios. 11º Del modo de promover a los grados dentro de la Orden. 12º De la Biblioteca y del oficio de Bibliotecario, y de su solicitud en la diligencia y custodia de los libros. Apoyó sus asertos en textos de San Agustín, que resultaba ser un hombre moderno para el P. Francisco Javier Vázquez. Para nosotros es contemporáneo y postmoderno a pesar del ser del mundo antiguo, porque la verdad, como la belleza, "es siempre 132 Francisco Javier Vázquez, Constitutiones Universi Ordinis Fratrum Eremitarum S. P. Augustini, Roma, Manuscrito, listo para la imprenta en Roma, Typographia Marci Pallearini, 1773, pars V, cap. 1-12. Los estudios ocupan 31 folios. Se hace aquí un extracto corregido y aumentado de la ponencia titulada: "Las reformas universitarias en los agustinos durante la época colonial en Latinoamérica", en el X Congreso de la Federación Internacional de Estudios sobre América Latina y el Caribe, Simposio 9.02, celebrado en Moscú del 26 al 29 de junio de 2001, Guía general, Moscú, Academia de las Ciencias de Rusia, 2001, p. 118. Se va a publicar en Histotia de la universidad latinoamericana, Madrid, Doce Calles, 2002. 117 antigua y siempre nueva 133". Ellos aceptarían hoy algunas ideas del postmodernismo y del socialismo, a pesar de estar en crisis, como pertinentes y válidas, aunque rechazarían desde la fe y la razón el ateísmo y el materialismo, ya que el fenómeno religioso es consustancial al hombre de todos los tiempos. Se añade la traducción del capítulo primero, que es el que más interesa con sus nueve apartados. Capítulo primero. De la formación y doctrina que se ha de dar a los estudiantes: 1º Nuestro instituto está compuesto de vida activa y contemplativa, por lo que hay que prepararse, como recomienda San Agustín, mediante los estudios, "que constituyen un medio excelente para conseguir la formación adecuada incluso en el tiempo libre, que se puede aprovechar para conocer la verdad y para ejercer la actividad que se imponga por necesidad de caridad"134. No se puede lograr esta formación con el conocimiento de las verdades, si no se dispone de medios útiles para ejercer el oficio que se nos va a encomendar, por lo que se han de implementar los medios necesarios para conseguir el fin y cumplir la misión de nuestra vocación. Por eso se establece el método que han de seguir los docentes y discentes en nuestras escuelas. 2º Nuestros estudios están establecidos según la praxis común de las universidades más célebres y los colegios de externos. Durante muchos siglos se han cultivado los estudios filosóficos según Aristóteles y los teológicos según Pedro Lombardo, que eran expuestos e interpretados de un modo solemne. De esta manera se relacionaban según las leyes de Aristóteles, las cuestiones filosóficas con las teológicas. Esta obligada mezcla o simbiosis nos llevaba implícitamente a tratar muchas cuestiones inútiles, perplejas y obscuras, incluso peligrosas. Por lo tanto, se relacionaban también a los misterios de nuestra fe, que se acataban humilde y reverencialmente al ser expuestos, con las teorías del árbol de Porfirio y las 133 San Agustín, Confesiones, lib. 10, cap. 27, n. 38; traducción por Ángel Custodio Vega, Obras de San Agustín, II, BAC, Madrid, 1946, pp. 750-751. 134 San Agustín, De civitate Dei, lib. 19, 19; traducción por José Morán, Obras de San Agustín, XVI-XVII, Madrid, BAC, 1958, pp. 1410-1411. 118 categorías de Aristóteles. En la medida en que se procuraba acomodar esto, se realizaba un costoso trabajo. 3º Cuando es conocido lo pernicioso y no se corrige, resulta nefasto, por eso establecemos y mandamos observar de un modo inviolable, que la Filosofía tripartita, Lógica, Física y Etica sea expuesta en nuestra escuela. La Lógica, porque es muy necesaria, ya que hay dialécticos que la usan para defensa de la falsedad135. Se ha de explicar mediante pocas, simples y perspicuas reglas, mediante las cuales los jóvenes conozcan las verdaderas ideas de las cosas o las nociones sobre las que se discute, para que combinando las razones alegadas, se forme un juicio; y finalmente llegue razonando a una conclusión, y exponga con un mét odo pertinente, de modo que se prescinda de las complicadas y fastidiosas reglas de tales discusiones; las cuales ofuscan y oprimen a los ingenios más atrasados, y no ayudan a los más avanzados, si es que no les hacen más malignos y soberbios mediante la falacia136. La Física, sin embargo, comprende la Geografía, la Aritmética y la Geometría, y otras cosas de las ciencias matemáticas, con cuya lección se ha de instruir a los jóvenes sobre las cosas naturales y sus causas, para que les ayuden a conocerlas y entenderlas más fácilmente. Finalmente la Ética sirve para que se enseñe el cumplimiento de los oficios, que se ejercen para el prójimo, para uno mismo y para Dios, a quien se dirigen todos nuestros estudios filosóficos, como a su último fin, en quien esperamos descansar, según el principio de que "en El vivimos, nos movemos y existimos"137. 4º Aunque es necesario el estudio de la Filosofía, para que nuestro ánimo se prepare para hacer más útilmente los estudios sagrados, se ha de hacer no con la profundidad que los profesores de la universidades de la República tienen que hacer más ampliamente, sino con la sobriedad que conviene a los hombres 135 San Agustín, Contra [ad] Cresconium, lib. 1, cap. 13, donde san Agustín considera a la Dialéctica o Lógica, como arte de la discusión; traducción por Santos Santamarta, Obras de San Agustín, 34, Madrid, BAC, 1994, pp. 85-87. 136 San Agustín, De doctrina christiana, libro 2, cap. 3, traducción por Balbino Martín, Obras de San Agustín, XV, Madrid, BAC, 1958, pp. 178-l82. 137 San Lucas, Hechos de los apóstoles, cap. 17, vers. 28. Biblia de Jerusalén, Bilbao, Desclé de Brouwer, 1975, p. 1579. 119 obligados por su peculiar modo a imitar a Jesucristo, "que no vino a hacer matemáticos, [astrólogos] sino cristianos"138. En cuanto a lo que se refiere a la elección de un Filósofo, cuyos vestigios se pongan de relieve en nuestras escuelas, como no rechazamos a ninguno, tampoco se propone a ninguno. Sin embargo, establecemos que no se oiga ninguna otra Filosofía dentro de nuestros claustros, "sino aquella que esté libre de errores y del peligro de errar. Que sea la más próxima a la verdad de nuestra santa fe"139, no esta o aquella sección, "sino la sabiduría misma, dondequiera que esté”140, se ha de enseñar finalmente aquella que inspira el fin del bien, porque la que no inspira el fin del bien, no se ha de considerar apta para la Filosofía 141; así se cree y se enseña lo que es fundamento de la salud humana, "no distinto de la misma Filosofía, esto es, el estudio de la sabiduría y de la religión" 142. [En los números 5º, 6º, 7º y 8º se trata de la enseñanza de la Teología, que comp -rende a la Teología dogmática, la moral y la mística junto con cuestiones polémicas o discutibles en las que hay que tener en cuenta las Sagradas Esc rituras y el magisterio de la Iglesia, concilios, santos padres, especialmente a San Agustín, al que cita constantemente para apoyar sus afirmaciones. A la Teología le sirve de apoyo la Filosofía, con la ayuda de la fe que ilumina y la razón, que abre también camino en las ciencias humanas. Pone como modelo a San Agustín apoyado en testimonios de San Fulgencio y del papa Clemente VIII. El modo de enseñar la Teología, la Filosofía y demás ciencias aparece en el número 9º que se transcribe completo]. 9º Siguiendo la orientación del magisterio que nos orienta en los misterios de la verdad, dándonos a conocer a Dios, orde138 San Agustín, De actis contra Felicem Manicheum, lib. 1, cap. 10; traducción por Pío de Luis, Obras de San Agustín, XXX, Madrid, BAC, 1986, p. 481, donde traduce matemáticos por astrólogos. 139 San Agustín, De civitate Dei, lib. 8, c. 9; traducción por José Morán, Obras de San Agustín, XVI-XVII, Madrid, BAC, 1958, pp. 532-533. 140 San Agustín, Confesiones, lib. 3, cap. 4, n. 8; traducción por Ángel Custodio Vega, Obras de San Agustín, II, Madrid, BAC, 1946, p. 402. 141 San Agustín, De civitate Dei, libro 19, cap. 1; traducción por José Morán, Obras de San Agustín, XVI-XVII, Madrid, BAC, 1958, p. 1386. 142 San Agustín, De vera religione, cap. 5, n. 8; traducción por Victorino Capanaga, Obras de San Agustín, IV, Madrid, BAC, 1948, p. 81. 120 namos y mandamos bajo pena de privación de voz activa y pasiva, y de cualquier grado del que ninguno, sino el Rvmo. Padre General puede dispensar, que todos los Prefectos, Regentes y Lectores de nuestros estudios se preocupen de que se destierre del todo y se quite de las escuelas todas aquellas cuestiones inútiles, frívolas e indecentes, lo mismo que las especulaciones innumerables y vanas, con las cuales cuanto más se alimenta, tanto más decae la mente humana; por tanto establezcan las justas disputaciones sobre cosas de fe y costumbres humanas según las Sagradas Escrituras y la interpretación de la Santa Madre Iglesia, el sentido común de los santos padres, especialmente San Agustín; también sobre aquellas cuestiones que se discuten sobre la creación del hombre, la gracia del mismo y la dada a los ángeles: sobre el pecado original y sus efectos; sobre la gratuita predestinación y la justa reprobación, de la gracia eficaz de Cristo, de la necesidad del amor de benevolencia para el establecimiento del sacramento de la penitencia; de la relación de nuestras acciones con Dios y sus consecuencias; y que se expongan también todas aquellas disquisiciones o publicaciones cuya explicación se consideren más útiles para la fe de los jóvenes. Concluye en el n. 10 diciendo que su reforma sobre los estudios tiene en cuenta lo preceptuado por el Concilio de Trento143 para no caer en opiniones subversivas, como considera al probabilismo, que ya condenó San Agustín144 y se ratifica en las Constituciones del P. Francisco Javier Vázquez con penas, como la privación de voz activa y pasiva, de los grados y de los privilegios para evitar los abusos y peligros del probabilismo, que defendían los jesuitas. Las Constituciones del P. Vázquez se apartaban también del tuciorismo defendido por los dominicos y defendían un probabilismo en materia de sacramentos. En el capítulo 12, último de la quinta parte sobre los Estudios, dedica 10 números a la Biblioteca y al oficio de Bibliotecario, 143 Concilio de Trento, ses. 4, n. [decreto] 2. ALBERIGO, José, Conciliorum oecumenicorum decreta , Bolonia, Instituto per le scienze religiose, 1973, pp. 664665. 144 San Agustín, Contra Académicos, III, 36; traducción por Victorino Capanaga, Obras de San Agustín, III, Madrid, BAC, 1947, pp. 210-211 y 231, donde aparece que el fundador de la tesis de la probabilidad fue Carnéades. 121 que debía de haber en todos los monasterios, aun en los pequeños para servicio de la comunidad. Era necesaria la adquisición y conservación de los libros, porque eran un instrumento de vida. 7. Conclusión El modelo agustiniano, que ha tenido su evolución a través de la Edad Media, Moderna y Contemporánea, se caracteriza por el estilo de San Agustín de buscar la verdad y procurar enseñar deleitando, para formar al hombre integral, con autoridad y displina, amabilidad y comprensión. Se ha de tener siempre en cuenta al alumno, al que hay que "enseñar deleitando"145. "El amor es el motivador de la enseñanza"146. "Hay que enseñar con alegría"147. La paideia de san Agustín es un ideal, que se procura realizar, aunque no es siempre accesible o se consigue. En la Edad Media los agustinos se hacen escolásticos y procuran no perder de vista el modelo agustiniano, que estuvo vinculado al tomismo, del cual procuró apartarse y liberarse, siguiendo las orientaciones de san Agustín y de la Iglesia. El movimiento reformista promovido por Jerónimo Seripando tuvo en cuenta las orientaciones del Concilio de Trento y la ratio studiorum de los jesuitas. Las enseñanzas de san Agustín, además de las de Egidio Romano y santo Tomás eran la base de la enseñanza en los centros agustinianos, como se establecía en las Constituciones de 1686, con tres años para la Filosofía y cinco para la Teología. En el último curso se explicaba también Derecho Canónico. Esto para los que no aspiraban a grados y se quedaban como simples sacerdotes. Para los grados se requerían más años, en los centros de la Orden o en las universidades. En el siglo XVIII, se insiste en modernizar los estudios con una vuelta a san Agustín según Enrique Noris, Fulgencio Bellelli y 145 San Agustín, Tratado sobre el Evangelio de San Juan, cap. 26, n. 7; traducción por Teófilo Prieto, Obras de San Agustín, XIII, Madrid BAC, 1955, pp. 662-663. 146 De la catequesis de los adultos, 4, 8; traducción por José Oroz Reta, Obras de San Agustín, XXXIX, Madrid, BAC, 1988, p. 459. 147 Ibídem, 10, 14, pp. 472-475. 122 el profesor Juan Lorenzo Berti, cuyos 8 volúmenes de Teología aparecieron en Roma entre 1739 y 1745, siendo reimpresos varias veces. Lo aplicaron a la Filosofía y la Teología en España Pedro Manso (+ 1735), José Aguilera (+ 1739) y Antonio Guerrero (+ 1766) que modernizó los estudios en tres volúmenes con una vuelta a san Agustín y siguiendo las orientaciones del P. Francisco Javier Vázquez, que se apartó del método escolástico y peripatético para seguir un método moderno y científico como lo exigía la Filosofía moderna y las Matemáticas, siendo fieles a las enseñanzas de la Iglesia. Había que tener en cuenta los adelantos de las ciencias. Francisco Javier Vázquez sintonizó con las ideas regalistas de fray Gaspar de Villarroel y del cardenal Enrique Noris, al que hizo una apología en 1748, ya que sus obras habían sido puestas en el Indice expurgatorio español de 1747. Procedente de América, sintonizó con todos los centros de la Orden, de un modo especial con las universidades agustinianas en América, como la de San Nicolás de Bari en Santafé de Bogotá, donde se pusieron en práctica sus ideas reformistas por Diego Francisco Padilla, que asistió al capítulo general celebrado en Roma al morir el P. Vázquez en 1786 y volvió con parte de la Enciclopedia Francesa, de la que tradujo el Tratado de Economía de Juan Jacobo Rousseau 148. Otros agustinos del Nuevo Reino de Granada, Quito y Perú, junto con algunos seglares formados en las bibliotecas y centros agustinianos colaboraron en la independencia de América y en la defensa y divulgación de los derechos humanos, como hizo Antonio Nariño 149, amigo y confidente del P. Diego Francisco Padilla. El P. Vázquez procuró volver a San Agustín, como lo había hecho antes el cardenal Noris, para aceptar las nuevas corrientes filosóficas, teológicas, morales y científicas. Su plan de Filosofía y 148 Oreste Popescu, Un Tratado de Economía Política en Santafé de Bogotá en 1810. El Enigma de Fray Diego Padilla, Banco de la República, Santafé de Bogotá, 1968, pp. 57-95. 149 Antonio Nariño, Declaración de los Derechos del Hombre y del Ciudadano, Santafé de Bogotá, imprenta de Bruno de Espinosa, 1793. Cf. Fernando Campo del Pozo, "Los derechos humanos, su evolución histórica, formulación y recepción en la Iglesia católica", Archivo Agustiniano, Valladolid, vol. 35 (2000) pp. 608-609. 123 Letras intentaba ser semejante al de las universidades seculares de la época, es decir, según la Filosofía moderna con estudios de lenguas actuales o en uso, según los distintos lugares, además de las clásicas. Se procuró estar al día en el avance de las ciencias y se dio una apertura de horizontes con un diálogo entre la fe y la razón. La reforma auspiciada por Francisco Javier Vázquez en el siglo XVIII tuvo su influencia en todos los Estudios Superiores de la Orden, especialmente en América. También se siguió en Italia y España, como sucedió en el Real Colegio Seminario de Valladolid, donde el 1785 se impuso como texto oficial de Teología Moral, la obra del P. José Faustino Cliquet (+ 1760) titulada La Flor del Moral, en dos volúmenes. Ya en la 2ª edición de 1743 se apartó del probabilismo y adoptó el probabiliorismo, que auspició el P. Francisco Javier Vázquez y se ratificó en los Estatutos hechos por el P. Santiago Tovar en 1785 para la casa de Valladolid que, en la segunda mitad del siglo XIX, fue centro de renovación de la Orden agustiniana con influencia en España e Hispanoamérica. Con el comienzo de la Revolución Francesa se da un aldabonazo en Europa y Latinoamérica al sistema barroco y tomista de los estudios eclesiásticos. Hay un "gran declive entre la juventud por el celo de los estudios" como aparece en los Registros del P. General en 1788 150. Resumiendo, podemos afirmar que la paideia agustiniana se caracteriza por la enseñanza con amor, amistad y confianza, junto con el diálogo, entre el maestro y el alumno sobre la fe y la cultura, que se intenta promover. La comunicación dialogada, extensiva a la familia del alumno, abre caminos de concordia. Se procura enseñar deleitando, dejando a salvo la disciplina con una educación integral, uniendo la teoría con la práctica. Se intenta hacer equilibrio entre lo intelectivo y lo volitivo, con un ordo amoris, que desarrolló Max Scheler y que es la clave de la paideia agustiniana. Esta se procura acomodar a las circunstancias de los individuos y de los distintos pueblos. Dentro de la cosmovisión educativa agustiniana está el ideal de la felicidad 150 Archivo General de la Orden en Roma, Dd, 231, f. 4rv. 124 según la famosa frase de San Agustín: "Nos hiciste Señor para Ti y nuestro corazón está inquieto hasta que descanse en Ti"151? Se hace esto con el método de interioridad y trascendencia dentro de una orientación cristológica para llegar a una civilización del amor de la que nos habla Juan Pablo II en la Tertio millennio adveniente apoyada en los valores de la paz, la justicia, la solidariedad, el orden y la libertad, "que encuentran en Cristo su plena realización"152. Como observa Pedro Langa, con una cultura en crisis, agotamiento de Occidente, postmodernidad, desencanto e indiferencia religiosa, el gran reto para la Iglesia en el fin del siglo y comienzo del XXI es de naturaleza cultural. Hay un retorno a lo sagrado con apertura de conciencias y debate sobre los fundamentos éticos del Estado. Es necesario volver a san Agustín para encarnar la fe en la cultura. "En cuanto genio de la cultura y para la cultura continúa gozosamente cercano y cordial, pastor y maestro"153. El mensaje agustiniano es aún un ideal de programa educativo, que se ha procurado realizar durante la época colonial y después en Méjico y demás naciones de Latinoamérica, donde han trabajado y siguen enseñando los agustinos a más de 50.000 alumnos 154 con un modelo especial caracterizado por el amor, que ha de ser "el motivador de la enseñanza". Se ha de enseñar "con amor fraterno, paterno o materno". "Es mejor amar con severidad que engañar con suavidad". "Hay una misericordia que castiga y una dureza que perdona". San Agustín admite el castigo, cuando es necesario, con amor y misericordia para hacer agradable la enseñanza y que tenga éxito155. Las Constituciones de la Orden de San Agustín in151 Confesiones, I, 1. Juan Pablo II, Tertio millennio adveniente, Carta apostólica para la preparación del Jubileo del Año 2000, (10-XI-1994), AAS, 87 (1995) 5-41. 153 Pedro Langa, San Agustín y la cultura, Madrid 1998, pp. 203-207. Fernando Campo del Pozo, "Aportes agustinianos a la cultura de América y Venezuela", Pensamiento Agustiniano, XIII, Caracas 1998, p. 155. 154 Fernando Campo del Pozo, "La educación agustiniana en Hispanoamérica", Revista de las Ciencias de la Educación, 115 (1993) 330-333. 155 La catequesis de los ignorantes, 4, 8 y 12, 17; traducción por José Oroz Reta, Obras de San Agustín, XXXIX, Madrid, BAC, 1988, pp. 459 y 480. Epístola 93, 2, 4 y Epístola 153, 6, 16 y 17, en Obras de de San Agustín, Cartas trd. por Lope Cilleruelo, 2ª edic. IX, Madrid, BAC, 1953, p. 351, donde se ponen ejemplos que justifican el castigo, como es caso del niño que juega con serpientes o víboras. Se le avisa y no hace caso, desobedece y hay que poner remedio, etc.. 152 125 sisten en resaltar la importancia de los estudios y consideran al apostolado de la formación y la educación cristiana "como una actividad esencialmente pastoral, de modo que enseñemos con caridad, y los alumnos adquieran al lado de la cultura humana y científica, un conocimiento ilustrado por la fe sobre el mundo, la vida y el hombre"156. El modelo agustiniano de enseñar deleitando, que hizo una simbiosis de la cultura cristiana y pagana, se fue renovando y ajustando a cada época, como sucedió en la Edad Media y Moderna, especialmente en las universidades agustinianas de América colonial. Sigue siendo un ideal de cara al futuro. 156 Regla y Constituciones de la Orden de San Agustín, aprobadas en el Capítulo General de 2001, n. 179, edición española, Madrid, Real Monasterio de El Escorial, 2002, p. 132. 126 THE ROLE OF THE CHURCH IN ITALIAN UNIVERSITIES 1500-1650 Paul F. Grendler University of Toronto In the years between 1500 and 1650, the papacy, individual popes, church councils, and religious orders made decisions, issued decrees, or changed practices which affected Italian universities in positive and negative ways. Some actions had profound effects, others had little or no impact. Most of the measures affected the organization, structure, and size of the universities. As a result, universities put more or less emphasis on certain subjects; they added professors in one subject and reduced the number in others. But the church’s influence seldom touched the content of instruction in traditional subjects. Scripture and Theology The church played a role so small as to be hardly noticeable in Italian universities before the middle of the sixteenth century. Popes, like emperors, issued charters to towns authorizing the establishment of a university empowered to teach and to confer degrees recognized throughout Christendom. The bishop or his representative conferred degrees after colleges of doctors of law, medicine, or theology examined the candidate to determine if he merited the degree. But church’s influence seldom went beyond this ceremonial role. Italian universities taught little theology, and the vast majority of professors and students were laymen. City councils and princes governed universities. Italian universities were civic and lay institutions. The detached attitude of the church changed in the sixteenth century, as the church wanted universities to teach more religious matter. In 1546, the Council of Trent instructed princes and city governments to introduce lectureships of Sacred 127 Scripture into universities lacking them. 1 5 7 Since no Italian university had professorships of Scripture at this date, this had the potential of great impact. However, the results were limited. The University of Padua established the first continuing professorship of Scripture. But it probably acted not in response to the Council of Trent or papal pressure but to reward a popular teacher who was a Venetian native. The Venetian Senate decree of 1551 establishing the Scripture professorship noted that the professor of Thomistic metaphysics, Adriano Valentico (15061572), had already been lecturing on Scripture for a year to large audiences. Happy with his efforts, the Senate created the new professorship of Scripture and appointed Valentico to it. It then chose another Dominican priest to replace Valentico as professor of Thomistic metaphysics.1 5 8 There is no evidence that the papacy pressured the Venetian government to create the professorship of biblical studies.1 5 9 The other Italian universities did not rush to establish professorships of biblical studies. Indeed, only half of them eventually did. Pavia and Perugia each added a professorship of Scripture in 1566; Bologna in 1579; Turin in 1580; and Rome in 1587. Pisa created a holiday professorship in 1589, which later became an ordinary professorship. 1 6 0 Indeed, the University of 157 See paragraph 7 of the second decree on instruction and preaching of the fifth session (June 17, 1546) in Decrees of the Ecumenical Councils. Edited by Norman P. Tanner, S. J. Two vols. London and Washington, D. C., 1990, vol. 2, pp. 668-69, Latin with English translation. 158 Archivio di Stato, Venice, Senato, Terra, Registro 38 f. 26r, September 10, 1551. Valentico, born in Venice, taught Thomistic metaphysics at the University of Padua from 1543 to 1551, Scripture from1551 to 1564, then served as inquisitor of Venice from 1564 to1566, and bishop of Capodistria from 1566 until death in 1572. For a list of the professors of theology and Scripture at the University of Padua in the sixteenth century, see Elisa Simioni, “I professori della facoltà di teologia dell’Università di Padova nel Cinquecento,” in Padova: Rivista mensile del Comune 8 (1934), pp. 59-70. Valentico appears on pp. 67 and 70. 159 I cannot find any reference to this appointment or any discussion about a professorship of biblical studies in the correspondence of the Venetian ambassador to the Holy See in Venetian documents or in the nuncio’s correspondence. The latter has been published for the years 1550 through 1554. 160 See Paul F. Grendler, The Universities of the Italian Renaissance. Baltimore and London, 2002, pp. 374, 376, 377, 380, 382, 384. 128 Bologna, located in the papal state, only added a professorship of biblical studies thirty-three years after the Tridentine decree, and the University of Rome took another ten years before doing so. The universities of Siena, Catania, Macerata (also in the papal state), Messina, Parma, Ferrara, Naples, and Salerno did not create professorships of Sacred Scripture in the sixteenth or the first half of the seventeenth centuries. 1 6 1 Neither did Italian universities teach more theology as a consequence of Trent. Long after Trent, Italian universities still had only one or two professors of theology. Only the University of Rome increased the number of professors of theology from two or three in the 1530s and 1540s to an average of five at mid century. Rome continued to have five theologians through the 1580s, plus the professor of Sacred Scripture added in 1587, in a faculty of about forty professors. But when the size of Rome’s professoriate shrank to twenty-five to thirty in the last fifteen years of the sixteenth century, the number of theologia ns shrank to two, plus the Scripture professor, and remained at this level through 1650. 1 6 2 Italian universities taught little theology and biblical studies proportionately compared to northern European universities. For example, a typical German Protestant university, such as Wittenberg or Heidelberg had three or four professors of theology in a total of eleven or twelve professors altogether in the three higher disciplines of theology, law, and medicine, plus up to ten or eleven instructors in arts, many of whom were advanced students.1 6 3 161 Grendler, Universities, pp. 380-81, 383, 384. See I maestri della Sapienza di Roma dal 1514 al 1787. I rotuli e altre fonti. Edited by Emanuele Conte. Fonti per la storia d’Italia, 116. Two vols. paged continuously. Rome, 1991, vol. 1, pp. 7-217 for the rolls from 1535 through 1627, plus the summary lists of the Scripture professors and theologians in vol. 2, pp. 1094-95, 1102-05. 163 For example, this was the distribution of professorships as a result of the reorganization of 1518 of the University of Wittenberg. It did not change for the next one hundred thirty years. Ernest G. Schwiebert, Luther and His Times: The Reformation from a New Perspective. St. Louis, 1950, pp. 256-57. See also the reorganization of the university in 1536, as described in document 189, April 1,1536, in Urkundenbuch der Universität Wittenberg. Vol. 1: (1502-1611). Ed. Walter Friendensburg, pp. 167-69. Hereafter Urkundenbuch. For the University of 162 129 Italian universities did award many more doctorates of theology in the last third of the sixteenth century than before, because more clergymen wanted them. In 1562, the Council of Trent decreed that anyone appointed to a cathedral church must have a doctorate or licentiate in theology or canon law from a university. If a member of the regular clergy, he must have equivalent training as certified by his superiors. 1 6 4 In addition, bishops sometimes insisted that secular clergymen obtain degrees as prerequisites for holding benefices.1 6 5 And several of the new religious orders of the Catholic Reformation dedicated themselves to providing more and better education for ordinary clergymen, especially parish priests. Encouraged, some of these clergymen decided to pursue doctorates of theology. The result was that many more clergymen, especially members of the secular clergy, 1 6 6 sought doctorates of theology in the last twenty to thirty years of the sixteenth century. The increase was dramatic. For example, the University of Pisa conferred an average of one doctorate of theology annually in the 1550s and 1560s. That rose to ten annually in the 1570s, twelve in the 1580s, and eighteen in the 1590s. Overall, the percentage of theology doctorates as part of the total number of doctorates at Pisa rose from 2% in the 1550s and 1560s to 19% by the end of the century.1 6 7 Most of the increase came from the fact that many more members of the secular clergy obtained doctorates of theology, even though members of the regular Heidelberg, see Karin Maas, Seminary or University? The Genevan Academy and Reformed Higher Education, 1560-1620. Aldershot, U. K., and Brookfield, Vermont, 1995, p. 159. 164 Session 22, canon 2, September 17, 1562. See Tanner, Councils, vol. 2, p. 738, for the Latin and English translation. 165 Simona Negruzzo, Theologiam discere et docere: La facoltà teologica di Pavia nel XVI secolo. Presentazione di Xenio Toscani. Bologna and Milan, 1995, pp. 134, 274. 166 Negruzzo, Theologiam discere, 1995, pp. 272-74. 167 See Rodolfo Del Gratta, Acta Graduum Academiae Pisanae. Vol. 1: 15431599. Pisa, 1980, table 3a, no pagination, et passim; and Grendler, Universities, p. 365. Other Italian universities also awarded many more doctorates of theology in the last quarter of the sixteenth century. Grendler, Universities, pp. 116, 36465. 130 clergy still received the majority. Italian becoming better educated in theology. churchmen were The Decline of Canon Law Although the decrees of the Council of Trent probably had some influence on the limited increase in biblical studies in the universities and much more influence on the dramatic increase in the number of doctorates of theology conferred, the papacy’s implementation policies for the decrees of Trent led to a steep decline in the teaching of canon law. Canon law instruction was already declining by the middle of the sixteenth century, because of a shift in the balance of legal power between state and church. Civil government and civil law grew in importance and influence at the expense of the church and canon law. 1 6 8 Civil governments with their courts, laws, and officials were expanding their jurisdiction over the lives of subjects at the expense of church courts, laws, and officials. Although both state and church claimed jurisdiction over issues involving marriage, family, some crimes, and usury, the state seemed to be winning. In addition, civil governments and their courts increasingly asserted jurisdiction over clergymen accused of crimes. They also tried to bring church organizations, such as monasteries, under limited civil jurisdiction; and they wanted some control over ecclesiastical lands. This led to some memorable disputes between church and state, the most important of which was the Venetian interdict crisis of 16061607, when the papacy laid Venice under interdict for arresting clergymen and exerting jurisdiction over the disposition of ecclesiastical lands. Although the two sides reached a negotiated settlement couched in diplomatic language, the Venetian state clearly won. Indeed, the state won more often than not. Because the state seemed to be gaining the upper hand, and because the venue for adjudicating dispute was more often 168 . It is impossible to prove or document such a sweeping statement. It is an impression based on observation. 131 in civil courts and governments, canon law became less important to law students. They began to believe that they did not need much knowledge of canon law for their future careers as lawyers, judges, and civil servants, and acted accordingly. For example, in 1505, the law student Francesco Guicciardini (14831540), who later had a flourishing legal practice as well as a distinguished career in government in the papal states, decided not to take a degree in canon law, in addition to a civil law degree, in order to avoid the extra expense. He wrote: “the degree of canon law was of little value.” 1 6 9 As demand shrank, universities reduced the number of canon law courses and professorships, sometimes substituting new courses and professorships in specialized branches of civil law. The numbers tell the story. In the fifteenth century, universities had a few more professors of civil law than canon law. But by the sixteenth century, universities had reduced the number of canon law professorships relative to civil law professorships. For example, the University of Bologna, probably the premier law school in Italy, had an average of 30 professors of civil law and 21 professors of canon law in the years 1426 through 1450. This changed to an average of 26 civilians and 9 canonists in the years 1551 through 1575. 1 7 0 The University of Padua had slightly more civilians than canonists in the fifteenth century, and approximately 15 civilians and 10 canonists in the first decade of the sixteenth century. But in the 1540s, Padua suppressed several lower level professorships of canon law and added several new professorships of civil law. As a consequence, Padua had two to three times as many civilians as canonists from the 1540s to the end of the sixteenth century.1 7 1 At a time when the study of canon law was already weakening, the papacy made matters worse. The decrees of the Council of Trent changed or set aside so many previous canons on marriage, benefices, eligibility for church offices, residence 169 Francesco Guicciardini, Selected Writings. Edited by Cecil Grayson; translated by Margaret Grayson. London, New York, and Toronto, 1965, p. 133, from his Ricordanze, no date. 170 Grendler, Universities, pp. 8, 18, and especially Table 13.3 on p. 455. 171 Grendler, Universities, pp. 449, 450, 452-53. 132 requirements, and other topics, as to render a considerable amount of previous church law and decisions obsolete. Canon lawyers would have to build a new jurisprudential edifice in order to interpret and apply the new canons in disputed cases. But the papacy did not give them the opportunity to do so, because it reserved to itself the right to interpret the decrees of Trent. The papal bull Benedictus Deus of January 26, 1564, but not promulgated until June 30, 1564, accepted and proclaimed the canons of Trent.1 7 2 It also forbade publication without papal permission of comments, glosses, observations, scholia, or any other interpretive material on the conciliar decrees. In case of dispute, application had to be made to the papacy, which alone would interpret the decrees of Trent. The papacy then created in 1564 the Congregation of the Council to interpret the disciplinary canons of Trent. The papacy wanted uniform application of the decrees and to assert its primacy as executor and interpreter of Trent’s rules. Benedictus Deus sharply limited the legal tradition that could be erected on Trent. All previous complications of canon law, from Gratian’s Decretum (published about 1148) onward, led to glosses, commentaries, and treatises for professors and students to consult. But now canon lawyers and professors could not gloss, comment on, or write consilia about the decrees of Trent. The prohibition may not have extended to interpreting the canons orally in teaching. But without published comments, glosses, and consilia, there was little to teach. Only papal agencies might interpret the Tridentine decrees through their decisions in particular cases. These normally would be issued 172 For the text of Benedictus Deus, see Canones et decreta sacrosancti oecumenici, e generalis concilii tridentini. Venetiis, Apud Hieronymum Polum,1573, sigs. CC2 r -CC5v. I am grateful to Professor Nelson Minnich, who pointed out to me the significance of the bull. For what follows, see Ludwig von Pastor, The History of the Popes from the Close of the Middle Ages. Edited by Ralph Francis Kerr. Vol. 16: Pius IV (1559-1565), St. Louis, 1928, pp. 5-11; and Hubert Jedin, Storia del Concilio di Trento. Vol. 4, pt. 2: Superamento della crisi per opera di Morone, chiusura e conferma. Translated by Gino Cecchi and Giorgio Beari. Brescia, 1981, pp. 332-334. 133 with little or no comment and would not be disseminated widely. The combination of many new decrees of Trent and the prohibition against interpretation sharply reduced academic study of the new canons. The papacy went further. The teaching of canon law was based on studying the various compilations of church law made in the Middle Ages, beginning with Gratian’s Decretum. The Decretals of Gregory IX (1234), and other collections of 1298, 1317, 1325, and finally the Extravagantes communes of 1501 and 1503, followed. All became part of the Corpus juris canonici, the collection of canons, decisions, glosses, and opinions, that was the corps of canon law instruction. But then Pope Clement VIII (ruled 1592-1605), himself a canon lawyer who had studied at the universities of Padua and Perugia before taking his law degree at the University of Bologna, decided in 1598 not to issue a further collection of canons, constitutions, and decisions to be studied. 1 7 3 He closed the Corpus juris canonici. In short, the body of canon law available for study was finite and would not grow. Thus, because civil society had less need of canon law, and because the papacy sharply limited its use, the number of canon law professors had shrunk to about one half or one third of the number of civilians in Italian universities by 1600. This did not change in the seventeenth century. It is ironic that canon law fared equally badly in both Protestant and Catholic lands. Protestant universities abolished the discipline, because it was part of the church which they rejected.1 7 4 The renewed papacy sharply curtailed research and teaching of canon law because it had less need of it. 173 Ludwig von Pastor, The History of the Popes from the Close of the Middle Ages. Edited by Ralph Francis Kerr. Vol. 24: Clement VIII (1592-1605). St. Louis, 1933, pp. 230-31. 174 However, canon law continued to influence English jurisprudence long after Henry VIII banned its study in 1535. This was partly because many Englishmen studied law at the University of Padua. Jonathan Woolfson, Padua and the Tudors. English Students in Italy, 1485-1603. Toronto and Buffalo, 1998, pp. 5355 et passim. 134 Philosophy The papacy made two attempts to change the teaching of philosophy in Italian universities. Neither succeeded. On December 19, 1513, Pope Leo X and the Fifth Lateran Council issued the bull Apostolici regiminis sollicitudo which asserted as a doctrine the immortality of the individual human soul. The bull took the form of a disciplinary decree setting guidelines for the teaching of philosophy. It warned against, and tried to place some restrictions on the teaching of propositions of secular Aristotelianism, viz., that the individual human soul was mortal, that the intellect was unitary and collective, and that the world was eternal and not God’s creation. Apostolici regiminis sollicitudo did not prohibit discussion of these propositions. But it did insist that professors of philosophy “clarify ... the truth of the Christian religion ... so far as this is possible.” 1 7 5 It wanted philosophers to refute opposing arguments. By insisting that some subjects in philosophical discussions must be taught in a certain way, the bull had the potential to restrict philosophical freedom. This did not happen. Probably the majority of professors of philosophy reached the conclusion that reason could demonstrate that the human soul was immortal. But Pietro Pomponazzi (1462-1525), who taught natural philosophy at the universities of Padua (1488-1509) and Bologna (1512-1525), argued that reason proved that the human soul was mortal in his famous Tractatus de immortalitate animae of 1516. So did others, including the very prominent Cesare Cremonini (15501631), who taught natural philosophy at the University of Ferrara (1578-1590) and at the University of Padua (1591 through 1629). 1 7 6 175 For the Latin text and English translation, see Decrees, vol. 1, pp. 605-06 (quote on 606). 176 For a good brief summary of Cremonini’s life and views, see Charles B. Schmitt, Cesare Cremonini: Un aristotelico al tempo di Galilei. Centro Tedesco di Studi Veneziani. Quaderni, 16. Venice, 1980. It is reprinted with the same 135 Apostolici regiminis sollicitudo attempted to bring natural philosophy and theology, reason and faith, into a harmonious marriage. The opposite happened: it laid the intellectual grounds for divorce. The bull provided the opportunity for Pomponazzi and others to separate philosophy and theology, to make a distinction between what reason could demonstrate and faith knew. Despite the bull, philosophers such as Pomponazzi and Cremonini reaffirmed the traditional independence of natural philosophy from theological concerns in Italian universities. 1 7 7 Since the fourteenth century, most professors of philosophy had favored a naturalistic approach to the human intellective soul, the approach usually identified with Averroes (1126-1198). When they discussed the life and activities of the human soul, they centered their discussion on human functions, the operations of the body as well as the mind. As a result, they saw their discipline as separate and detached from theology and its concerns. Aristotelian philosophy was closer to medicine than to theology and metaphysics in Italian universities. While papal pressure in support of Apostolici regiminis sollicitudo tried to bring philosophy into harmony with theology, it was never great enough to produce conformity. The teaching of philosophy did not change very much. Pope Clement VIII (ruled 1592-1605) made another attempt to change the philosophical culture of Italian pagination in Schmitt, The Aristotelian Tradition and Renaissance Universities. London, 1984, Study 11. 177 There is a large literature on his subject. Some important studies are Giovanni Di Napoli, L’immortalità della anima nel Rinascimento, Turin, 1963, pp. 254-421; Martin L. Pine, Pietro Pomponazzi: Radical Philosopher of the Renaissance. Padua, 1986, 124-234; Eckhard Kessler, “The Intellective Soul,” in The Cambridge History of Renaissance Philosophy. Edited by Charles B. Schmitt, Quentin Skinner, Eckhard Kessler, and Jill Kraye. Cambridge, 1988, pp. 504-07, 518-34; Dominick A. Iorio, The Aristotelians of Renaissance Italy: A Philosophical Exposition. Lewiston, NY, Queenston, Ontario, and Lampeter, Dyfed, Wales, 1991, pp. 141-289; Emily Michael, “The Nature and Influence of Late Renaissance Paduan Psychology,” History of Universities 12 (1993), pp. 65-94; and Grendler, Universities, pp. 291-97. 136 universities. He tried to n i troduce Platonic philosophy into the curriculum. This also failed. Francesco Patrizi (Franjo Petri in Croatian, 1529-1597) was the most original and fervent Platonic philosopher of the sixteenth century.1 7 8 In 1577, he was appointed ordinary professor of Platonic philosophy at the University of Ferrara, the first such appointment in a European university. In 1592, Pope Clement VIII arranged to have him appointed Professor of Platonic Philosophy at the University of Rome. Although it is not clear how personally committed to Platonism was Clement, he viewed Patrizi with esteem and saw the introduction of Platonism into the University of Rome as desirable. Patrizi was an original Platonist and implacable enemy of Aristotle. His attacks angered the Aristotelians, which group included practically every other university philosopher in Italy. Patrizi’s sweeping Nova de universis philosophia (1591, revised edition 1593 or 1594) offered a philosophical, scientific, and religious Platonism to substitute for Aristotelianism. He offered a philosophical synthesis of Plato, the early Neoplatonists, preSocratics, Hermetic authors, and Church Fathers, and argued that it was compatible with Catholic Christianity. The visionary Patrizi wanted an eclectic Platonism enriched with other ancient traditions to become the philosophy of the Catholic Church. He condemned Aristotelianism as atheistic. He also attacked many medieval Scholastics, including Albertus Magnus and Thomas Aquinas, for following Aristotle. A Dominican friar denounced his views to the Congregation of the Index in 1592, and a lengthy confrontation between Patrizi and the Congregation began. The latter sought the advice of the Jesuit Cardinal Francisco de Toledo (1532-1596), a convinced Aristotelian and leading figure in neo-Scholasticism. His jud178 This and the following two paragraphs are a short summary of Grendler, Universities, pp. 300-09, which provides further bibliography. Maria Muccillo, “Il platonismo all’Università di Roma: Francesco Patrizi,” in Roma e lo Studium Urbis: Spazio urbano e cultura dal Quattro al Seicento. Atti del Convegno, Roma, 7-10 giugno 1989. Rome, 1992, pp. 200-47, is particularly important. 137 gment on the book was very negative. The Congregation of the Index banned Patrizi’s Nova de universis philosophia in 1594. Although the condemnation was subsequently eased to a prohibition until corrected, the work was not printed again. Patrizi died in 1597, thus ending the personal struggle. Pope and university continued the Platonic initiative by appointing a Platonist of milder temperament, Jacopo Mazzoni (1548-1598), but he died the following year. At that point, Clement VIII heeded the advice of the army of Aristotelian clergymen and professors opposed to Platonism. He terminated the Platonic professorship at the University of Rome. No other Italian university established an ordinary professorship of Platonic philosophy after the failed attempt at Rome. 1 7 9 Clement VIII’s effort to make Platonism a significant part of the teaching and research of an Italian university failed. More important for the failure of Platonism than Patrizi’s Roman enemies were broader scientific reasons. Most professors did not believe that Platonism was “scientific” enough to be useful. Plato did not offer nearly as much material of a scientific nature as did Aristotle and other authors in the Peripatetic tradition. Because Italian professors emphasized the scientific side of natural philosophy, and also viewed it as preparation for medical studies, they turned to the tradition and authors who offered more appropriate material and a greater quantity of it. This produced the alliance between Aristotle and Galen in scientific and medical studies. By contrast, Plato’s works were ill suited in content and structure for university philosophical research and instruction. Hence, both papal initiatives failed. Neither the attempt to force philosophy and theology to agree on the demonstrability of the immortality of the human soul nor the attempt to insert Platonism into the curriculum succeeded. In each case, the 179 The University of Pisa had a holiday professorship of Platonic philosophy from 1591 to1604, 1609 to1621, and 1633 to1635, and the University of Pavia had an extraordinary holiday professorship of Platonic philosophy from 1606 to 1614. That was all. Grendler, Universities, p. 307. 138 Aristotelian tradition endorsed by professors and high churchmen was stronger. Oaths and Degrees The papacy also tried to keep Protestant students out of Italian universities or, at least, to deny them degrees. The division of Europe into Catholic and Protestant did not stop Protestant students from many lands, especially Germany and England, from attending Italian universities. Foreign students continued to come because Italian universities were the best in Europe for the study of law and medicine. The attractions were quality and quantity of instruction. Italy had leading scholars in these fields. Major Italian universities such as Bologna, Padua, and Pavia, also had many more professors than German and English universities. For example, Italian universities had twenty to forty professors of law in the sixteenth century, while the average German university had four. 1 8 0 It was the same in medicine. Bologna had fifteen to twenty professors of medicine, and Padua ten to twelve, including the leading medical scholars of Europe at both schools, while German universities had only two or three in the sixteenth century.1 8 1 Northern students had a long tradition of obtaining bachelor’s degrees in their native lands, then coming to Italy for doctorates in law and medicine. Italian universities continued to welcome both Catholic and Protestant northerners, because many were wealthy and spent large sums of money on lodging, food, servants, and tutors. Moreover, Italian cities and princes believed that the more foreign students the higher the reputation 180 For example, the revised statutes of 1558 for the University of Heidelberg allowed for four professors of law and three in medicine, in a total faculty of fifteen. Maag, Seminary or University?, 1995, p. 155. The Universities of Vienna and Giessen also had four professors of law and three in medicine. Joseph S. Freedman, “Philosophy Instruction within the Institutional Framework of Central European Schools and Universities during the Reformation Era,” History of Universities 5 (1985), pp. 117-66, at 132-36. 181 For a summary of the medical curriculum and the number of professors of medicine in Italian universities, see Grendler, Universities, pp. 314-52. 139 of the university. Once arrived, Italian civil governments left them alone. 1 8 2 Protestant students were forbidden to practice their religion openly or to proselytize, but were tacitly permitted to live and speak as they wished in their lodgings. They were not to show hostility toward Catholicism in public. Naturally, the students did not always behave circumspectly. They turned their backs when the Host was elevated at mass. They posted anonymous notices attacking Catholicism. They urinated in holy water fonts.1 8 3 But civil governments did not arrest the students nor permit local inquisitions to punish them, usually on the grounds that the identities of the miscreants were unknown. The civil governments which ruled the universities of Padua, Ferrara, and Siena provided de facto tacit religious toleration of Protestant students despite protests from Rome. Even the local governments of Bologna and Perugia, both located in the papal states although with some autonomy from Rome, looked the other way. The papacy did try to make sure that Protestant students would not obtain degrees in Italian universities. On November 13, 1564, the papacy issued the bull In sacrosancta beati Petri. It insisted that professors swear an oath affirming their Catholicism. 1 8 4 It also insisted that all students make a profession of their Catholic faith before receiving degrees from universities in Catholic lands. After the preliminary meeting with the college of doctors but before the first examination, the candidate was required to swear that he was a Catholic in the 182 See Grendler, Universities, pp. 190-94, for further discussion and bibliography for what follows. 183 Monsignor Alberto Bolognetti, who served as papal nuncio to Venice from November 1578 to March 1581, reported on the behavior of German Protestants at the University of Padua as follows: “... ma palesemente mostravano disprezzo della religione con voltar le spalle nelle chiese mentre s’alsava il S.mo Sacramento, con spander urina ne’ vasi dell’acqua santa, con attaccar cartelli in publico contro la religione cattolica.” Bolognetti, “Dello stato et forma delle cose ecclesiastiche nel dominio dei signori venetiani,” no date but probably 1581, edited in Aldo Stella, Chiesa e stato nelle relazioni dei nunzi pontifici a Venezia: Ricerche sul giurisdizionalismo veneziano dal XVI al XVIII secolo. Vatican City, 1964, p. 278. 184 Pastor, The History of the Popes, vol. 16, pp. 11-12. 140 presence of the bishop or his representative. In due time, Italian governments accepted the bull and imposed it on universities. The bull did not have the intended result because counts palatine awarded degrees to Protestant, Jewish, and Orthodox students who refused to swear the oath. The office and title of count palatine originated in the Lombard kingdom of northern Italy (c. 575-774), when kings granted to individuals the authority to act in their absence in various legal and judicial matters.1 8 5 Charlemagne, his successors, and subsequent emperors through Charles V (ruled 1519-1556) and beyond, created counts palatine. Popes also began creating counts palatine, possibly beginning in the fourteenth century. Counts palatine initially had the authority to create notaries and judges, legitimize bastards, name guardians for minors, and exercise other legal powers on occasion. Emperor Charles IV of Luxemburg (ruled 1347-1378) may have been the first to add the right of conferring university degrees to the powers of counts palatine. Once conferring degrees become one of the powers of the office, emperors and popes began to name professors counts palatine. Most important, the title and authority of a count palatine were inherited in perpetuity by males in the direct legitima te line. By the sixteenth century, every university town in Italy had one or several counts palatine, both professors and laymen, who were willing to confer degrees.1 8 6 The procedure for a count palatine doctorate was a simpler version of that for a doctorate earned through examination by colleges of doctors of law or medicine. Everything was done in a private venue with little ceremony and relatively low cost to the candidate. The count palatine or a professor examined the candidate. Then, the count palatine conferred the degree in a private place, such as his home, in the presence of witnesses, especially 185 See Grendler, Universities, pp. 183-86, for what follows and documentation. See Elda Martellozzo Forin, “Conti palatini e lauree conferite per privilegio: L’esempio padovano del sec. XV,” in Annali di storia delle università italiane 3 (1999), pp. 79-119, for a splendid study of several generations of Paduan counts palatine and the degrees that they conferred. 186 141 student friends of the recipient. Indeed, many Catholic students obtained their doctorates from counts palatine because they cost less than the degrees obtained through colleges of doctors of law or medicine. Most important for Protestant, Jewish, and Orthodox students, counts palatine did not insist that the candidate swear the oath of allegiance to Catholicism. Hence, numerous members of Protestant, Jewish, and Orthodox faiths studied in Italian universities, then obtained doctorates from counts palatine locally or in their home countries. Thus, the oath, like the Roman Inquisition, had little effect on Italian universities. 1 8 7 The Jesuits and Italia n Universities The new religious orders of the Catholic Reformation, above all the Jesuits, had the greatest impact on Italian universities. That impact was both positive and negative, and always important. An order dedicated to learning and teaching, the Society of Jesus from its first decade hoped to add university teaching as a ministry. The Jesuits made two unsuccessful attempts to found, or to become part of established Italian universities in the second half of the sixteenth century. The story begins in Messina, where, in 1548, the Society founded its first European school. Both the communal government of Messina and the Society saw this as an opportunity to create a new university.1 8 8 The Jesuits and the commune agreed in 1549 that the proposed university should have two parts. The commune would appoint and pay the salaries of professors of law and medicine, while the Jesuits would teach theology, philosophy, mathematics, and humanities, with the commune paying the local Jesuit house a lump sum for their services. All that remained was to settle details. 187 The major exceptions were the condemnation of the Copernican thesis and the punishment of Galileo Galilei. The effects of the Indices of Prohibited Books were also limited, as banned scholarly works on non-religious subjects continued to enter Italy. 188 There is a large bibliography on the Jesuits and the University of Messina. Start with Daniela Novarese, Istituzioni politiche e studi di diritto fra Cinque e Seicento: Il Messanense Studium Generale tra politica gesuitica e istanze egemoniche cittadine. Milan, 1994. 142 But agreement never came. The commune insisted on complete governance of the university and the authority to make all appointments. The Jesuits insisted on control of their half of the university, including the right to make appointments. Nor could the two sides agree on money. After years of fruitless negotiations, the two parties went their separate ways. The Jesuits taught Latin grammar, humanities, and rhetoric, plus the higher subjects of logic, metaphysics, natural philosophy, and theology, in their own school. The commune eventually established a civic university in 1596 without Jesuit participation. The Jesuits next tried to enter the established University of Turin. 1 8 9 The Society accepted an invitation from Duke Emanuele Filiberto (b. 1528; ruled 1533-1580), and the promise of 300 scudi in annual financial support from a benefactor, to found a college in 1567. A Jesuit school teaching the usual three lower subjects began in April 1568. Almost immediately, the duke and the rector of the Turin college, Father Achille Gagliardi (15391607), agreed that the Jesuits would provide Latin and Greek humanities instruction in their school to university students who wanted it, in return for an additional 200 scudi annual payment. The university dismissed its humanities professor. Then, between 1570 and 1572, Duke Emanuele Filiberto and Father Gagliardi worked out a plan which would insert nine Jesuits into the university to teach logic, metaphysics, natural philosophy, theology, Latin and Greek humanities, Scripture, and mathematics. Non-Jesuits would continue to teach law and medicine as before. The duke proposed a way to introduce the Jesuits into the university, one by one. Almost all university professorial contracts were of one- or two-years’ duration, and automatically renewed until the professor left or died. As the contracts of incumbent professors expired, the duke proposed to replace them with Jesuits at the rate of one or two a year. The 189 For this and the next two paragraphs, see Paul F. Grendler, “I tentativi dei gesuiti d’entrare nelle università italiane tra ‘500 e ‘600,” in Gesuiti e università in Europa (secoli XVI-XVIII). Atti del Convegno di studi, Parma, 13-15 dicembre 2001. Ed. Gian Paolo Brizzi and Roberto Greci. Bologna, 2002, pp. 37-51, at 4145, 49-51. 143 duke and the Society would introduce each new Jesuit professor to the students through a public disputation in which the Jesuit would dispute brilliantly and win the admiration of the students. In addition, the duke agreed that the Jesuits would govern their part of the university, which included arts, philosophy, and theology, as they saw fit. Indeed, the Jesuits would be permitted to make decisions on awarding degrees without interference or participation from the rest of the university, or from the college of doctors of arts. In effect, the Jesuits would have their own autonomous university within the University of Turin. But the Commune of Turin, professors, and others voiced strong opposition. In the end the duke decided that it was not worth the struggle to force the Jesuits into the university against strong local opposition. He abandoned the plan. And the Jesuit General Claudio Aquaviva transferred Father Gagliardi to Milan. The examples of Messina and Turin, plus additional evidence from Catania and Padua, demonstrated that strong opposition arose whenever the Jesuits sought to enter an established university, or were believed to seek that goal. 1 9 0 The reasons were both mundane and fundamental. If the Jesuits would become professors, the incumbent professors of arts and philosophy would lose their jobs. Naturally they fought the Jesuits. In addition, Italian universities had been in existence for one hundred to three hundred years. They had long-established habits, traditions, and operating procedures. They did not want to change. Above all, they were civic institutions ruled by commune or prince. Inserting the Jesuits into the university would change the fundamental character of Italian universities. Established universities did not need or want the Jesuits. 190 For the Jesuits and the University of Catania, see Grendler, “I tentativi, “ pp. 38-41. There is a large bibliography on the hostility of the University of Padua toward the Jesuits. John Patrick Donnelly, “The Jesuit College at Padua: Growth, Suppression, Attempts at Restoration: 1552-1606,” Archivum Historicum Societatis Iesu 51 (1982), pp. 45-79, provides an excellent study and further bibliography. 144 But princes and communes wishing to create new universities did. Jesuits with their deserved high reputation for learning would give a new university good arts instruction and instant credibility. The Jesuits became university professors by helping to found four new universities - Parma, Mantua, Sassari, and Cagliari - in the first half of the seventeenth century. The pattern was always the same. A prince or commune wishing to create a new university came to the Jesuits for help. The Jesuits agreed to teach humanities, arts, philosophy, mathematics, theology, and Scripture in return for an annual sum. Lay professors appointed and paid by prince or commune would teach law and medicine. Parma was first. In 1564, the Society of Jesus established a college in Parma with a school at the pre-university level for boys from about the ages of ten to sixteen. Then, in 1599, Duke Ranuccio I Farnese (b. 1569; ruled 1592-1622), ruler of the state of Parma and Piacenza, approached the Society with a proposal to create a university that would include the Jesuits.1 9 1 After some bargaining, agreement was reached. The Society would provide professors for logic, natural philosophy, mathematics, and theology, in return for payment of 1,000 ducatoni (large ducats of account, worth 7 lire 6 soldi instead of the normal 6 lire 4 soldi). Duke and commune would appoint and pay the professors of law and medicine. The University of Parma began with seventeen professors offering eighteen daily lectures in the academic year 1601-1602. Six Jesuits taught arts, philosophy, and theology, while seven lay professors taught civil and canon law, and four professors delivered five courses of medical lectures. The university soon expanded. In the academic 191 For the story of the Jesuits at Parma and the founding and first quarter century of the University of Parma, see Giuseppe Berti, Lo studio universitario parmense alla fine del Seicento . Parma, 1967; Alessandro D’Alessandro, “Materiali per la storia dello Studium di Parma (1545-1622),” in Università, Principe, Gesuiti: La politica farnesiana dell’istruzione a Parma e Piacenza (15451622). Rome, 1980, pp. 15-95; Gian Paolo Brizzi, “Educare il Principe, formare le élites : I Gesuiti e Ranuccio I Farnese,” in Università, Principe, Gesuiti, pp. 133-211; and Grendler, Universities, pp. 129-37. 145 year 1617-1618, the University of Parma had nine Jesuits delivering thirteen daily lectures in humanities, rhetoric, mathematics, logic, natural philosophy, metaphysics, moral philosophy, and theology. In addition, there were eleven professors of law and seven professors of medicine. 1 9 2 This made a medium-sized university of twenty-seven professors delivering thirty-one lectures daily. The University of Parma offered strong competition against the established universities of Bologna, Pavia, Ferrara, and Padua in northern Italy. The University of Parma survived the suppression of the Society in 1773. It eventually became a state university and celebrated its 400 th anniversary in the fall of 2001. Parma provided an example for princes and civil governments wanting to create a university. They could go to the Society of Jesus for help. The Jesuits could provide professors in the humanities, philosophy, and theology at relatively low cost. Parma also offered a lesson for the Jesuits. They encountered almost insurmountable opposition and great ill-will when they attempted to enter established universities. But they could enter new universities. Indeed, prince and commune welcomed them with open arms, because the Jesuits would help to bring a great benefit to the town and the state. The Society would also reap pedagogical rewards. As the Society grew and matured, it needed more institutions of higher learning to educate its own members. Duke Ferdinand II Gonzaga (b.1589; ruled 1612-1626), duke of Mantua and a man with a favorable opinion of the Jesuits, copied the example of Parma. 1 9 3 He made an agreement with the Jesuits to found a new university in Mantua, which had never had one. On November 5, 1625, Il Pacifico Gymnasio Mantuano (The Peaceful University of Mantua) opened its doors 192 For the lists of professors and courses from 1601 through 1618, see Grendler, Universities, pp. 130-35. 193 For the University of Mantua, see Grendler, “I tentativi,” pp. 45-46, for a brief summary of research in progress. 146 in the presence of Duke Ferdinand. It had nine Jesuit professors who offered twelve lectures daily. In return for their services, the duke arranged for the Jesuits to receive the income from substantial properties. The University of Mantua also had twelve professors of civil and canon law, and five professors of medicine, who delivered eight lectures daily. It quickly grew. In the academic year 1627-1628, the University of Mantua daily offered sixteen lectures in law, eleven lectures in medicine, and eleven lectures by the Jesuits in arts, philosophy, and theology. Mantua was a medium-sized university, larger than nine Italian universities, smaller than six. But war and plague destroyed the Peaceful University of Mantua. The War of the Mantuan Succession broke out in 1628. Plague appeared in the countryside in 1629, and German troops brutally sacked the city of Mantua, July 18-20, 1630. It is not likely that the University of Mantua taught beyond the spring of 1629, and it certainly was dead in 1630. It never came back to life. Two Sardinian communes sought to copy Parma and Mantua, and eventually succeeded. The Jesuits founded a college and school in Sassari in 1562 and in Cagliari in 1564. 1 9 4 Both communes wanted to establish universities from the middle of the sixteenth century onward for several reasons, above all, so that Sardinians would not have to make the long trip to mainland Italy or to Spain in order to study.1 9 5 Both communes took the opportunity afforded by the arrival of the Jesuits to begin working toward establishing universities. It took years of appeals to the Spanish crown for university charters; seeking financial 194 Mario Scaduto, L’epoca di Giacomo Lainez 1556-1565. L’azione. Storia della Compagnia di Gesù in Italia, vol. 3. Rome, 1974, pp. 338-42. 195 For what follows, see Ginevra Zanetti, Profilo storico dell’Università di Sassari. Milan, 1982, esp. pp. 70-122; Raimondo Turtas, La nascita dell’Università in Sardegna: La politica culturale dei sovrani spagnoli nella formazione degli Atenei di Sassari e di Cagliari (1543-1632). Sassari, 1988; and Turtas, “La formazione delle Università di Cagliari e di Sassari,” in Le università minori in Europa (secoli XV-XIX). Convegno Internazionale di Studi, Alghero, 30 Ottobre-2 Novembre 1996. Ed. Gian Paolo Brizzi e Jacques Verger. Soveria Mannelli (Catanzaro), 1998, pp. 675-96. 147 support from benefactors, the Sardinian parliament, and the Spanish crown; overcoming opposition from the other commune; negotiations with the Jesuits; and several false starts. But eventually, Sassari and Cagliari created civic universities with Jesuit participation. As in mainland Italy, the Jesuits taught humanities, philosophy, and theology, and laymen taught law and medicine. The proposed University of Sassari finally received a university charter from King Philip III of Spain, in 1617, authorizing it to confer degrees in philosophy and theology.1 9 6 In 1632, Philip IV gave it an expanded charter approving the conferral of degrees in civil law, canon law, and medicine as well. The commune of Sassari reached an accord with the Jesuits in 1634. With everything in place, the University of Sassari in 1635 began functioning as a university with thirteen professors, five in theology, five in law, and three for medicine, plus an undetermined number of additional lower level teachers, probably all Jesuits, who taught humanities, philosophy, metaphysics, and mathematics.1 9 7 It also had another thirty men, probably advanced students, who did some teaching as they worked toward higher degrees. Using advanced students as teachers was common in Spanish and northern European universities, but unusual in Italian universities. Cagliari also succeeded in establishing a university with Jesuit participation. After overcoming similar difficulties including opposition from Sassari, the Commune of Cagliari obtained a university foundation charter from Philip III in 1620. Then it made an agreement in 1626 with the Society of Jesus: the latter would provide teachers for eight or nine university lectures in theology, Scripture, cases of conscience, philosophy, Hebrew, and mathematics.1 9 8 The 196 See Zanetti, Profilo storico dell’Università di Sassari; and especially Raimondo Turtas, La nascita dell’Università di Sardegna. It should be remembered Sardinia came under the rule of Aragon in 1323. It then became a Spanish province with its own viceroy and parliament when Charles I became king of Spain in 1516. 197 Zanetti, Università di Sassari, pp. 104-10. 198 For the 1626 agreement see Evandro Putzulu, “La participazione dei padri gesuiti all’insegnamento nell’Università di Cagliari in un documento inedito del 148 University of Cagliari began at that time, although it is not clear how much instruction in law and medicine it offered. Neither Sassari nor Cagliari achieved long-term success. An outbreak of plague which carried away 30% of the population of the island struck Sassari in 1652 and Cagliari in 1655. The two universities offered little or no teaching for many decades in the seventeenth and early eighteenth centuries. The government of Piedmont-Savoy, which began to rule Sardinia in 1720, eventually restored them in 1764 and 1765. 1 9 9 Parma, Mantua, Cagliari, and Sassari offered a new form of university, a combination of civic university of law and medicine and a Jesuit university of arts and theology. They were different from traditional Italian universities. But more research is needed to determine the nature and extent of the differences. It would be useful to compare the lectures that Jesuits and lay professors in other universities delivered in common subjects, such as natural philosophy. Above all, little is known about the culture of the joint lay and Jesuit universities, the atmosphere within which learning and research took place. Was it very different from that of civic universities? Did universities with nine to twelve Jesuit professors exhibit a more religious tone? One wonders how much law and medicine professors interacted with Jesuit professors. Did law and medicine students attend lectures in humanities, philosophy, and theology taught by Jesuits? If so, what was the effect? Or were Parma and Mantua, Cagliari and Sassari, divided into three semi-autonomous divisions with limited interaction between the parts: a division for arts and theology, probably with more clerical students than traditional universities had; a law university with lay students and professors; and a medicine university with lay professors and students. There is much to be learned. 1626,” in Studi sardi 12-13 (1952-1953), pp. 321-26. I am grateful to Professor John Monfasani for providing me a copy of this article. 199 Turtas, “La formazione,” p. 689. 149 Competition from Re ligious Order Schools Certainly the Society of Jesus helped to expand the availability of university education in Italy and Sardinia. But the non-university schools of the Jesuits and other religious orders of the Catholic Reformation also harmed universities. The schools of the Jesuits, Barnabites (Clerks Regular of St. Paul), Somaschans (Clerks Regular of Somascha), and Piarists (Clerks Regular of the Mother of God of the Pious Schools) took students away from Italian universities. The greatest competition came from the Jesuits, because they established so many schools. The ordinary Jesuit school taught Latin grammar, humanities, and rhetoric, to boys from the ages of ten to sixteen. But many Jesuit schools added higher instruction: a three-year program of logic in the first year, natural philosophy with an emphasis on physical science in the second year, and metaphysics and natural philosophy emphasizing psychology in the third year, always based on Aristotle. They often offered courses in mathematics, theology, and cases of conscience. All were university subjects. Jesuit schools offering these higher studies attracted students who would otherwise have attended universities. A decision of the College of Physicians of Milan, the professional association which licensed physicians to practice medicine in Milan, made this clear. The college, which also had the power to confer doctorates of medicine, announced in 1584 that candidates for doctorates might count three years of philosophical studies at the Jesuit school in Milan toward the seven years of philosophy and medicine training required for the doctorate of medicine. 2 0 0 The Milanese students who did their philosophical studies at the Jesuit Brera School, which was not a university, might otherwise have studied at the University of Pavia or elsewhere. 200 Flavio Rurale, I gesuiti a Milano: Religione e politica nel Secondo Cinquecento. Rome, 1992, pp. 145-46. 150 An additional threat to universities came from the boarding schools for boys and young men, especially from those of noble blood, that the Jesuits and other new religious orders began to found in the mid-1570s. 2 0 1 By the first quarter of the seventeenth century, the Jesuits operated schools for nobles in the university towns of Turin, Parma, Bologna, Ferrara, Siena, Rome, and Naples, as well as the non-university towns of Milan, Genoa, Brescia, Verona, Ravenna, Prato, Cagliari (not yet with a university), and Palermo. 2 0 2 Other religious orders also operated a limited number of schools for nobles. These enrolled boys from about the age of eleven to twenty. The religious order schools often had two parts. The Jesuits, Barnabites, Somaschans, or Piarists also operated a number of schools which enrolled day students from the city or town and young nobles from out of town, who boarded in separate quarters supervised by the order. For example, the Jesuit school at Parma enrolled 550 boys in 1605, 644 in 1646, and 903 in 1660. About 260 of these were noble boarders in the middle of the seventeenth century, rising to 550 to 600 between 1670 and 1700. 2 0 3 Approximately one third of the total enrollment, both day students and noble boarders, at the Jesuit school at Parma were young men aged seventeen to twenty who might otherwise have attended universities. The young nobles took most or all of their regular academic classes (Latin grammar, humanities, rhetoric, etc.) in the Jesuit school. But they received additional instruction, usually from non-Jesuits, appropriate to their rank and social distinction in the boarding school. Here they learned all or some of horsemanship, singing, how to play a musical instrument, dancing, the science of fortifications, French, German, and/or Spanish, none of which 201 Gian Paolo Brizzi, La formazione della classe dirigente nel Sei-Settecento: I seminaria nobilium nell’Italia centrosettentrionale. Bologna, 1976, is the fundamental study. It concentrates on the Jesuit schools for nobles in Bologna, Parma, and Siena, and the non-Jesuit school in Modena. 202 Brizzi, La formazione, pp. 26, 59-60. 203 For the total enrollment of the Jesuit school at Parma, see Brizzi, “Educare il Principe,” 150-51. For the count of noble boarders, see Brizzi, La formazione, p. 65 note 99. 151 universities taught.2 0 4 Most important, noble boarding schools gave young patricians the opportunity to mingle with their peers from other parts of Italy and abroad, because noble boarding schools attracted a European clientele. Parents also saw a Jesuit boarding school as a better environment for learning than the university. These schools offered a physically safe, religiously disciplined, and tightly structured education, in contrast to the violence, licentiousness, and loosely organized curriculum of Italian universities. Religious order boarding schools deprived universities of the most prized students, the high-born and wealthy future leaders of society. A certain number of such students had attended universities in the fifteenth and sixteenth centuries. Only a minority obtained degrees, because they did not need degrees in order to get ahead in life. But they did attend universities, and they were helpful to professors and universities when they reached positions of power. Now they were gone. Conclusion Thus, the papacy, the Council of Trent, individual popes, and religious orders tried to change Italian universities between 1500 and 1650. The results were often positive, occasionally harmful, and sometimes had little impact. The Society of Jesus, the largest and most influential new religious organization in Italy, had the greatest impact on Italian universities. The Society helped found four new universities, and one became strong. On the other hand, the schools of the religious orders took students away from universities. The traditional Italian universities, beginning with the formation of Bologna in the late twelfth century through the foundations of Salerno and Messina in the 1590s, changed little. They were practically the same in 1650 as they had been in 1500. This was because the traditional Italian university teaching law, medicine, arts, and a little theology, served students and 204 Brizzi, La formazione, pp. 235-56, 278-92. 152 professors well. Confident of their position in learning and society, they resisted change. The papacy knew this, because many popes and high churchmen had studied law in them. Possibly for this reason, the papacy and church councils did not try to change them very much. The papacy did attempt to change the content of instruction in natural philosophy. But neither the effort to force professors to teach a Christian Aristotelianism or the introduction of Platonic philosophy into the University of Rome had much result. The changes that did happen as a result of church actions, including the conferral of more theology doctorates, less teaching of canon law (not exclusively the result of church action), and the introduction of biblical studies into half of the universities, were structural rather than doctrinal. But because the church did not make extensive efforts to change Italian universities, the latter escaped the bitter struggles typical of German universities in the sixteenth century. Early in the century German universities witnessed pitched battles between theologians and humanists, as the latter tried to insert themselves into university faculties. In the second half of the sixteenth and the early seventeenth centuries Gnesio Lutherans and Philippist Lutherans, Calvinists and Lutherans, battled over which form of Protestantism should be imposed on the university. The struggles between Protestant sects led to the dismissals or forced resignations of many professors and the departures of students. In happy contrast, Italian universities remained mostly the same. 153 LA TIARA Y LA CORONA EN LAS UNIVERSIDADES COLONIALES DE SANTO DOMINGO, LIMA Y MÉXICO Enrique González González CESU-Universidad Nacional Autónoma de México Es bien sabido que durante la Edad Media se estableció la costumbre de que tanto las autoridades seculares como las eclesiásticas confluyeran en la fundación de una universidad, tradición que empezó a resquebrajarse en la época moderna a raíz de la Reforma y, ante todo, del auge del absolutismo monárquico. Esta última circunstancia sería determinante en la América hispana de la época colonial. Por lo mismo, a la hora de constituirse universidades en el Nuevo Mundo, el rey de Castilla actuó al margen del romano pontífice, o bien recurrió a él en busca de condiciones favorables a la corona o para corroborar hechos consumados. Y en caso de emitirse una bula por iniciativa de individuos o de corporaciones, pero al margen del soberano, éste la retiraba de la circulación, a menos que los interesados obtuviesen el “pase” regio, lo que podía demorar décadas o no ocurrir. 2 0 5 Y si alguien osaba aplicar la bula sin venia real, debía afrontar la constante hostilidad de cualquier 205 A raíz de las bulas obtenidas “subrepticiamente” por el dominico fray Bernardino Minaya en 1537 (entre ellas la Sublimis Deus), Carlos V ordenó al embajador en Roma, el 18 de marzo de 1538, no permitir que particulares solicitaran bulas; además, mandó a los presidentes de las audiencias que recogieran toda clase de decretos papales no autorizados; signo de que no se trató de una medida coyuntural, ambos despachos pasaron a la Recopilación: ver I, 9.9 y I, 9.2. Para el complejo asunto, al que volveré más adelante, ver HelenRand Parish y Harold E. Weidman, Las Casas en México. Historia y obras desconocidas, México, FCE, 1980, pp. 267-315. De interés, asimismo, Harikrishnan Gopinadhan Nair, “Las nociones de autonomía en las labores misioneras y obras tardías de fray Bartolomé de Las Casas”, tesis para obtener el grado de maestro en historia de México, México, Facultad de Filosofía y LetrasUNAM, 2004, capítulo II. 154 funcionario real celoso del regio patronato, en vista de la orden del monarca para impedir su aplicación y para recogerla. Tarde o temprano, el rey acababa imponiendo al romano pontífice sus propias condiciones. Para explicar el predominio de la corona en el ámbito universitario indiano es necesario tener en cuenta, en primer término, una doble circunstancia: por concesión papal, el rey ejercía el patronato sobre la iglesia en todos sus dominios americanos; paralelamente, el monarca siempre evitó autorizar a terceros el patronato particular de las universidades del nuevo mundo. Junto a esta doble circunstancia, un factor resultaba a la postre determinante: la actuación de las autoridades civiles y eclesiásticas tenía lugar en un medio social complejo, con frecuencia poco estable, que favorecía, dificultaba o impedía la aplicación práctica de las órdenes dictadas desde arriba. Así, en varios casos la mera expedición de una cédula real o de una bula pontificia no se tradujo en una universidad; por otra parte, era frecuente que la institución surgida a raíz de tales cartas guardara poca relación con las expectativas de sus promotores. Conviene ir por partes. Ante todo, está el hecho mencionado de que Roma otorgó a los reyes castellanos el patronato universal sobre la Iglesia del nuevo mundo 2 0 6 . Esa situación de derecho dificultaba al Papa toda intervención directa en los asuntos indianos; en cambio, permitía al rey actuar casi sin contrapeso. Es más: la corona se valía del patronato para extender la potestad regia en el ámbito eclesiástico tan lejos como las circunstancias se lo permitiesen, sobrepasando en ocasiones el alcance legal de las concesiones papales. A la larga, las autoridades eclesiásticas, bastante acotadas por el monarca, tendieron a gozar de escasa autonomía y a actuar como mero brazo canónico de la autoridad real. 206 Un resumen de las implicaciones jurídicas y de las ventajas que la monarquía sacó de este privilegio papal a lo largo del tiempo, en Alberto de la Hera, Iglesia y Corona en la América Española, Madrid, Mapfre, 1992. 155 Pero las universidades, por el hecho de no constituir entidades propiamente eclesiásticas, escapaban al regio patronato. Sin embargo, el rey arbitró los medios para asegurar su control, inspirado en diversos precedentes peninsulares. Como he señalado en otros trabajos, en los albores de la época moderna surgió un nuevo procedimiento para fundar universidades en Castilla y Aragón, a partir de la figura jurídica del patronato. Precisamente por atenerse a ese derecho, el procedimiento jurídico de erección de las nuevas universidades era análogo al seguido por los fundadores de obras pías, nacidas de un bienhechor dispuesto a dotarlas, edificarlas y fundarlas. Quien consumaba ante las autoridades legítimas esa triple acción, adquiría el derecho de patronato sobre la institución por él pro movida, lo que aseguraba, a él y a los herederos, enorme grado de control2 0 7 . El modelo se aplicó, durante el último cuarto del siglo XV y primera mitad del XVI, para fundar universidades como las de Sigüenza, Alcalá de Henares, Toledo, Valencia, Sevilla, Granada, Santiago de Compostela, Osuna y otras. Bajo las nuevas condiciones, los promotores ya no pretendían crear corporaciones autónomas, con jurisdicción y sello propios, como ocurría en el medioevo; antes bien, se empeñaban en supeditar las nacientes academias a la voluntad de su fundador, quien, a título de patrono, señoreaba a su institución, y controlaba, en lo posible, la organización interna, el gobierno, todo lo relativo a finanzas y el reclutamiento de maestros y estudiantes. Los patronos del nuevo estilo de universidades fueron figuras del alto clero, nobles, órdenes religiosas y, en el caso de Valencia, el municipio. En Granada, conquistada a los infieles por el rey de Castilla, éste obtuvo el patronato sobre la iglesia. Años después, en 1526, Carlos V proyectó una universidad en la 207 Sobre la institución del patronato y su aplicación en las universidades hispánicas de la época moderna, Enrique González González, "El surgimiento de universidades en tierra de conquista. El caso de Granada (Siglo XVI)" en Università in Europa. Le istituzioni universitarie dal Medio Evo ai nostri giorni, organizzazione, funzionamento , A, Romano (coord.), Messina, Rubettino, 1995, pp. 297-325, en especial, pp. 298-309. 156 ciudad. A fin de constituirse en su patrono, la dotó, edificó y fundó, dando lugar a la primera universidad regia en sus dominios 2 0 8 . A continuación, solicitó la confirmación papal. Una vez sentado el precedente, el rey, quien ya era patrón de la iglesia americana, se reservó la fundación de universidades en esas tierras, para asegurar su control. Sin embargo, dado que el patronato era una institución onerosa 2 0 9 , el rey no siempre quería o podía cubrir los gastos inevitables para fundar universidades. Como quiera, tras convenios de muy diversa índole, a mediados del siglo XVI, el rey erigió universidades en Lima y México (1551) y en Santo Domingo (1558). Además, en 1552 autorizó una cuarta, en la audiencia de Charcas, que quedó en el papel. Desde entonces evitó autorizar nuevas universidades reales y se requirió más de un siglo, hasta 1676, para el surgimiento de San Carlos de Guatemala 2 1 0 . A pesar de la reticencia real, 2 1 1 los pobladores españoles de las principales capitales indianas constantemente demandaban universidad. En reiteradas cartas al monarca, plantearon la necesidad de dar estudios superiores y grados universitarios a sus hijos, para abrirles el camino a la burocracia media, civil y eclesiástica. Alegaban que el viaje de los jóvenes a la península (o a México y Lima, cuando éstas empezaron a funcionar), sobre caro y problemático, era riesgoso. Las peticiones afluían a la corte desde las más variadas procedencias. En todas ellas, sin embargo, la regla era solicitar universidades en beneficio de los hijos de los conquistadores y nuevos pobladores, nunca para los indios. 208 E. González G., "El surgimiento de universidades…”, pp. 309-319. P. de Curte, Iuris patronatus tractatus, Lyon, 1573, pp. 7-10. 210 Águeda Ma. Rodríguez Cruz, en Historia de las Universidades hispanoamericanas, Periodo Hispánico, Bogotá, 1973, 2 vols., ofrece un cuadro de conjunto, con un enfoque excesivamente tradicional y de tono apologético, pero imprescindible en cuanto a relación de fuentes y bibliografía. Para Guatemala, vol. I, pp. 514-543; vol. II, pp. 342-362 y 485-496. 211 E. González G., “Royal Patronage and Private Support in the Emergence of Spanish American Universities”, en Paedagogica Historica, 34, 2, 1998, pp. 507525. 209 157 Una respuesta provisional a esas demandas se dio a comienzos del siglo XVII, cuando el rey formalizó acuerdos con el Papa y con las órdenes religiosas para fundar academias de carácter interino, en espera de que mejores condiciones le permitieran erigir auténticas universidades reales en las diversas capitales indianas. Así, el rey solicitó y obtuvo bulas para permitir que los estudiantes de los conventos dominicos (1619) y de los colegios jesuitas (1621) fuesen graduados por el obispo local2 1 2 . De ahí nacieron las llamadas universidades de las órdenes religiosas, más de quince. Todo convento dominico o colegio jesuita a más de doscientas leguas de una universidad real, podía pedir grados para sus alumnos. Antes de que tales acuerdos se concretaran, dominicos y agustinos empezaron a actuar por su cuenta ante el romano pontífice. Los primeros, mediante sus procuradores, y al margen del rey, lograron bulas papales para fundar universidad en sus casas de Santo Domingo (1538) y de Santa Fe de Bogotá (1580); otro tanto ganaron los frailes agustinos para su colegio de San Fulgencio, en Quito (1586) 2 1 3 . Los regulares se servían de sus bulas hasta donde las circunstancias locales lo toleraban, pero tarde o temprano debían someterse al rey. O éste impedía en la práctica la aplicación, o terminaba por otorgar su pase, tras numerosas gestiones y conflictos que solían rebasar, con mucho, la centuria. Me propongo examinar el papel jugado tanto por las autoridades reales como las pontificias en las tres únicas universidades regias del siglo XVI, fundadas en Lima y México (1551), y en la capital de la isla de Santo Domingo (1559). Como estudioso de la corporación novohispana, me detendré más en ésta, pero el examen comparado de las tres, permitirá advertir el peso exorbitante del monarca en ellas, y el muy secundario o nulo de las autoridades pontificias. 212 Las bulas y correspondientes pases regios, en Rodríguez Cruz, Historia…, vol. II, pp. 533-538. 213 Rodríguez Cruz, Historia…, vol. I, 503-508; vol. II, pp. 482-483. 158 La intervención del rey y del Papa para erigir universidades tuvo siempre por trasfondo obligado el hecho de que la conquista fue obra de aventureros particulares que se posesionaban de una región y su gente en nombre del rey. Acto seguido, durante el tortuoso proceso de colonización, la corona pugnaba por imponer sus reales a costa de los conquistadores, y que a veces sólo se consumó después de rebeliones sofocadas a sangre y fuego. Mientras más inestable era el proceso de colonización en un territorio conquistado, menor espacio tenía el rey para afianzar su autoridad frente al poder detentado por individuos, facciones y corporaciones actuando por cuenta propia. En Nueva España la afirmación del poder real se logró sin grandes conflictos desde la llegada del primer virrey, en 1535, en Perú, las guerras civiles demoraron el proceso hasta la sexta década. Por su parte, en la isla de Santo Domingo, a pesar de los buenos augurios que los conquistadores veían en la abundancia de indios y metales, el temprano agotamiento de ambos desembocó en una crisis endémica que permanentemente ponía en cuestión la viabilidad misma del asentamiento colonial. La inestabilidad se acentuó conforme avanzaba el siglo XVI y durante las centurias siguientes 2 1 4 . Esa diversidad de circunstancias sociales, políticas y económicas de cada lugar resultó determinante para explicar la precoz consolidación de las universidades reales de México y Lima, frente a las fluctuaciones de la isla Dominicana, donde arrastraron vacilante existencia tanto la universidad promovida por los dominicos ante el Papa, en 1538, como la que los conquistadores negociaron con el rey, aprobada en 1558. 1. Santo Domingo: dos proyectos, una crisis El primer y más discutido de los casos, es Santo Domingo, donde los predicadores obtuvieron una bula pontificia, sin pase 214 Una síntesis del proceso colonizador, por mano de un maestro, J. H. Elliott, “La conquista española y las colonias de América”, en Leslie Bethell, ed., Historia de América Latina. 1. América Latina colonial: La América precolombina y la conquista , Barcelona, Crítica, 1998, pp. 155-169. 159 real, en 1538, y donde el rey erigió una universidad real en 1558, sin confirmación papal. La historiografía tradicional ha hablado de una rivalidad inicial y permanente entre ambas fundaciones 2 1 5 . A mi modo de ver, la extrema precariedad del asentamiento hispánico en la isla dio lugar a que ambas coexistieran, sin excluir periodos de inactividad, y sin clara conciencia de que la ciudad poseía dos y no sólo una universidad. Los viajeros del siglo XVI callan2 1 6 o acaso perciben la 215 La historia de ambas universidades ha sido plagada por siglos de polémica, que arreció a partir del fundamental libro de Cipriano de Utrera, Universidades de Santiago de la Paz y de Santo Tomás de Aquino y Seminario Conciliar de la ciudad de Santo Domingo de la Isla Española, Santo Domingo, Padres Franciscanos Capuchinos, 1932. En el fondo, está la disputa nacionalista sobre qué ciudad hospedó a la primera universidad de América, la República Dominicana reivindicó para sí el “privilegio”, disputado por Lima (mayo de 1551) y México (septiembre de1551). Esa lid parece haber constituido el único tema de interés para numerosos historiadores de los tres países. Fue ampliamente cuestionada la autenticidad de la bula de Paulo III, de 1538, que autorizaba a los frailes dominicos de la isla a fundar una universidad, lo que llevó a terciar a los historiadores de esa orden, como la citada Rodríguez Cruz y Vicente Beltrán de Heredia, quien en 1954 demostró que el documento papal sí fue expedido: “La autenticidad de la bula “In apostolatus culmine”, base de la Universidad de Sto. Domingo, puesta fuera de discusión”, en Miscelánea Beltrán de Heredia, Salamanca, 1973, vol. IV, pp. 467-500. Entonces, los polemistas se enfrascaron en un anacrónico debate en torno a si la bula gozó de validez jurídica, habiendo carecido de pase real. Nadie se ha preguntado, en cambio, si más allá del pergamino, aquella tuvo consecuencias prácticas. Gracias al debate se exhumaron numerosos documentos, que fueron transcritos o extractados. Para estas reflexiones provisionales me he valido, aparte de los trabajos citados, de Cipriano de Utrera, “El Estudio de la Ciudad de Santo Domingo”, en Clío, N° 82, julio, 1948, pp. 145-177; Antonio Valle-Llano, La Compañía de Jesús en Santo Domingo durante el período hispánico, Ciudad Trujillo, Seminario de Santo Tomás, 1950; y Emilio Rodríguez Demorizi, Cronología de la Real y Pontificia Universidad de Santo Domingo 1538-1970, Santo Domingo, Ed. del Caribe, 1970, con bibliografía. Un estudio a fondo tendría que revisar los originales de los manuscritos aducidos, abusados y tal vez recortados y alterados, al calor de la polémica. 216 El franciscano fray Martín Ignacio de Loyola, durante su Viaje alrededor del mundo, Madrid, Dastín (2002), pasó por Santo Domingo en 1585, meses antes de la devastadora incursión del pirata Francis Drake. Halló la tierra cálida, con mantenimientos “de poca sustancia”. Señaló haber arzobispado, audiencia, “tres conventos de religiosos y dos de religiosas”, p. 124. En cambio, de México, dice: “hay Universidad, y en ella muchas cátedras en que se leen todas las Facultades que en la de Salamanca por hombres muy eminentes cuyo trabajo es gratificado con grandes salarios y honras”, p.130. 160 existencia de una u otra, nunca de ambas. Desde el continente americano, cuando se aludía a las universidades indianas, era para referirse a México y Lima, nunca a Santo Domingo. La ciudad de Santo Domingo, cabecera del primer asentamiento colonial en Indias, perdió pronto relevancia por el precoz exterminio de los indios, el temprano agotamiento de las minas de oro y la fuga de colonizadores a los vastos territorios continentales en pos de mejores condiciones. Llegado el primer grupo estable de españoles a la isla en 1493, de los seiscientos mil indios estimados para la fecha, no se contaban sesenta mil en 1508. En los años subsiguientes se importaron unos cuarenta millares, raptados de tierras vecinas, pero en 1513 no quedaban veintiséis y, en 1519, apenas había dos, aniquilados por epidemias, hambre, guerras y, más aún, por la labor de las minas, que en 1520 dejaron de dar oro 2 1 7 . Como alternativa, se ensayó el cultivo de caña de azúcar y la ganadería, con el trabajo de costosísimos esclavos negros, pero muchos pronto se rebela ron, asentándose en parajes inaccesibles, de donde bajaban a atacar a los viajeros, hasta dejar impracticable el interior del país. Otro tanto hacían los últimos indios. En tal penuria, la presión fiscal del rey, lejos de aminorar, aumentó, fomentando una creciente e incontrolada actividad de contrabando. Peor aún, en 1564 se inició el sistema regular de flotas entre Castilla y América, y La Habana reemplazó a Santo Domingo como escala obligada, lo que arrinconó a la isla, dejada a merced de los corsarios. En 1586 Francis Drake ocupó y saqueó la ciudad durante un mes, llevándose los objetos valiosos, las armas, los cueros y las mercancías de los pobladores y de los edificios públicos, incluidas las campanas de las torres. Perecieron también los archivos, o l que obliga a reconstruir la 217 Para Santo Domingo, son imprescindibles los estudios de Frank Moya Pons, así la visión general del periodo, Historia colonial de Santo Domingo, Santiago, R. D., Universidad Católica Madre y Maestra, 1974, como los tres tomos sobre el siglo XVI, que comienzan con La Española en el siglo XVI 1493-1520. Trabajo, sociedad y política en la economía del oro, Santiago, R. D., Universidad Católica Madre y Maestra, 1973. En ellos fundo este apretadísimo resumen. 161 historia previa de ambas universidades mediante documentos sueltos, sobre todo peninsulares. En tan adversas circunstancias, los colonos españoles seguían menguando al volver unos a Castilla o pasar a las otras Antillas y la tierra firme, atraídos en especial por la Nueva España y el Perú. De casi diez mil colonos en 1505, quedaban tres mil una década después, cifra mantenida, con altas y bajas, hasta fines del siglo XVII, centuria en que la mayoría padecieron hambre y miseria. Signo de la temprana decadencia es el hecho de que el temprano virreinato (1511) no se consolidó, a diferencia de México (1534) y Lima (1546), las dos metrópolis indianas durante el resto del periodo colonial. En ese escenario vacilante, las dos univers idades procuraban afirmarse, tanto aquella promovida por los conquistadores ante el rey, como la solicitada por los dominicos al Papa. Los predicadores se instalaron en la Española en 1509, con fray Pedro de Córdoba al frente de 15 frailes que pronto reprocharon el maltrato a los indios por los encomenderos. En 1520, el asesinato de dos frailes en la Tierra Firme durante un motín de indios que rechazaban ser esclavizados, marcó una ruptura en el seno de la orden, escindida en dos bandos: los partidarios de una intensa actividad misionera y los que sólo pretendían encerrarse en sus conventos, olvidados de unos naturales, cuyo número decaía diariamente. Este segundo bando tenía a fray Domingo de Betanzos a la cabeza2 1 8 . El descubrimiento y conquista de Nueva España, en 1521, y los paulatinos asentamientos españoles en la actual Centro218 Daniel Ulloa, Los predicadores divididos. (Los dominicos en Nueva España, siglo XVI), México, El Colegio de México, 1977; Miguel Ángel Medina, Los dominicos en América. Presencia y actuación de los dominicos en la América colonial española de los siglos XVI-XIX, Madrid, Mapfre, 1992; Pedro Fernández Rodríguez, Los dominicos en el contexto de la primera evangelización de México 1526-1550, Salamanca, San Esteban, 1994; Carlos Sempat Assadourian, ‘Hacia la Sublimis Deus: Las discordias entre los dominicos indianos y el enfrentamiento del franciscano padre Tastera con el padre Betanzos’ en Historia Mexicana, enemar, 1998, vol. XLVII, núm.3. 162 américa, y pronto en el Perú y más al sur, abrieron perspectivas inimaginadas para la expansión de la orden. A pesar de las divisiones internas, los dominicos, movidos por intenso celo corporativo, quisieron ser la única orden en los vastos territorios del sur, para lo que contaban con un apoyo capital: Fray García de Loaysa. Este antiguo maestro general de los predicadores presidió el Consejo de Indias entre 1524 y 1543. Celoso del progreso de su orden, aprovechó el alto cargo como plataforma excepcional para impulsar la presencia de sus frailes en el Nuevo Mundo. A la vez que promovía el despacho de nuevas “barcadas” de dominicos, influía en la elección de ellos para casi todas las nuevas sedes episcopales. Además, su capelo cardenalicio y su prolongada estancia en Roma le daban notable influencia en la curia 2 1 9 . Esos años, el acceso a las audiencias con Paulo III dependía del también cardenal dominico Tommaso Badia, Maestro del Sagrado Palacio, bien avenido con los diplomáticos españoles 2 2 0 . Pero Loaysa sólo simpatizaba con la facción de los frailes conventuales. El convento de la isla Española era un puesto de importancia estratégica para la propagación de los dominicos en Indias. Sin embargo, su condición de lugar de paso le impidió consolidar una planta estable de frailes, prontos a partir en todas direcciones a la menor oportunidad: el mismo Betanzos pasó a México en 1526, donde se hizo con el control de sus correligionarios. En 1544, una carta del provincial de Santa Cruz al rey muestra la permanente inestabilidad del convento. Aseguraba que, de los “cerca de veinte frailes” llegados inicialmente a la isla, “solo uno quedó sepultado en esta iglesia; todos los demás, unos [pasaron] a obispar, otros a sus originales 219 Un resumen reciente de la vida de este personaje en José Martínez Millán (dir.), La Corte de Carlos V, Madrid, Sociedad Estatal para la conmemoración de los Centenarios de Felipe II y Carlos V, [2000], 5 vols.; vol. III, pp. 228-238. Fue creado cardenal en 1530, y aunque cayó en desgracia y estuvo “congelado” en Roma con encargos diplomáticos desde 1528, en 1533 volvió a Castilla y retomó el control del Consejo de Indias, justo cuando avanzaba la conquista del sur del continente. 220 Rand-Parish y Weidman, Las Casas en México..., p. 15. 163 casas”2 2 1 , sin duda en Castilla. Esto sin contar -como se lamentaba también- a los que partían a las nacientes casas del continente. Como quiera, tras la crisis de 1520, la comunidad se rehizo un tanto, gracias en especial a la iniciativa del prior, fray Tomás de Berlanga. El convento fue recibido por el capítulo general de la orden en 15182 2 2 , subordinado a la recién creada provincia Bética. Después, en el capítulo de 1530, fray Tomás logró la erección de la provincia de Santa Cruz, con cabecera en el convento de Santo Domingo y jurisdicción sobre todos los predicadores de Indias. Pero el proyecto de tan vasta provincia no se consolidó. Sólo dos años después, con apoyo del cardenal Loaysa, el conventual Betanzos logró crear en México una provincia autónoma, 2 2 3 reduciendo así a Santa Cruz al ámbito del Caribe. Se ignora el grado de continuidad, pero en 1523 ya se leía gramática en el convento2 2 4 . Al cabo de una década, en 1532, el bachiller Álvaro de Castro, tesorero catedralicio, dotó con 120 pesos de oro anuales “la primera cátedra de theología que en este mundo nuevo del mar Océano se a hecho”. Durante un cuatrienio (el tiempo requerido para completar un curso) se leería la Suma de Aquino en el convento de predicadores. Fue nombrado regente Fray Tomás de San Martín2 2 5 , quien había renunciado a su beca en el sevillano Colegio de Santo Tomás a fines de 1529, para zarpar a Indias, tal vez con Pizarro. Todo indica que el fraile no concluyó el curso, pues está documentado de nuevo en Castilla en 1534, y consta que volvió a zarpar, para Perú, en 1537. Ahí tomó posesión del cargo de primer provincial de la nueva provincia de Lima, en 1540. Desde su nueva sede 221 Utrera, Universidades…, carta de fray Alonso Burgalés al emperador, Santo Domingo, 3 de marzo de 1544, p. 166. 222 Beltrán, Miscelanea, IV, p. 470. 223 Ulloa, Los predicadores…, pp. 105-130; Fernández Rodríguez, Los dominicos…, pp. 89-171. 224 Rodríguez Demorizi, Cronología…, p. 9. 225 Rodríguez Demorizi, Cronología…, pp. 11-14. 164 promovería, poco después, la fundación de la universidad limeña 2 2 6 . Con interrupciones, pero los estudios en Santo Domingo proseguían. Así lo muestran los 111 pesos de oro anuales pagados por la corona entre 1536 y 1542, “para ayuda a sustentar doze religiosos estudiantes de la dicha Casa”2 2 7 . Durante ese preciso lapso, el provincial de Santa Cruz y el prior del convento solicitaron una universidad al Papa, asegurando que, a certo tempore citra, studium viget generale auctoritate apostolica: desde cierto tiempo atrás (la fecha parece intencionalmente ambigua) funcionaba en la isla un estudio general, fundado por autoridad apostólica2 2 8 . De haber sido así, no consta a los estudiosos actuales, ni aparece en los registros centrales dominicanos ni en los de la curia romana; antes bien, la orden sólo en 1551 concedió formalmente la calidad de estudio general a Santo Domingo 2 2 9 . ¿Cómo explicar que la bula papal de 1538 erigía universidad en un convento al que ni siquiera la orden había admitido como estudio general, donde la docencia distaba de haberse consolidado, supeditada a la azarosa disponibilidad de lectores y al ocasional apoyo de particulares o del rey? Más que a modo de coronación de un hipotético auge de los estudios en el convento, la erección de la universidad 226 Hasta donde sé, la cronología de este fraile se mantiene muy incierta. Según D.I. de Góngora, , quien vio los archivos del colegio, sitúa su renuncia a la beca el 25 de noviembre de 1529, y menciona su estancia “como regente de la audiencia” en la isla. Sin duda se refería a la regencia de la cátedra en el territorio de dicha audiencia; ahí también su nombramiento como provincial de Lima, Fundador magnífico y magnífica fundación del colegio de Santo Tomás de Aquino en... Sevilla..., en G. de la Cuadra y Gibaja, ed, Historia del colegio mayor de Santo Tomás de Sevilla, Sevilla, I. de E. Rasco, 1890, 2 vols. Ver vol. I, p.6667. Isacio Pérez Fernández documenta su retorno a Indias en enero de 1537, pero no dice en qué basa la fecha de su retorno a Castilla en 1534: Bartolomé de las Casas en el Perú, Cusco, Centro de Estudios Rurales Andinos, 1988, p. 97 y 124, nota 68. 227 Rodríguez Demorizi, Cronología…, pp. 15-16. 228 Beltrán de Heredia, Miscelánea, vol. IV, p. 489. 229 Utrera, Las universidades…, p. 167. Beltrán de Heredia, Miscelánea, vol. IV, p. 479. 165 dominicana se explicaría en el marco de la política expansiva de la orden aquellos años y en relación con los conflictos internos entre conventuales y partidarios de evangelizar y defender a los indios; 2 3 0 asimismo, como un intento de los frailes de la inestable provincia de Santa Cruz por dar arraigo a su principal convento. Santa Cruz, como dije, surgió en 1530 para regir a los dominicos de todas las Indias, pero se revelaron los frailes de Nueva España, liderados por el conventual Betanzos. Con el apoyo del cardenal Loaysa desde el consejo de Indias, Betanzos logró, en 1532, la erección de una provincia autónoma. El provincial Berlanga viajó a Castilla ese mismo año con el infructuoso intento de impedir la escisión. Derrotado, aceptó ser obispo del Darién, a donde partió el año siguiente, tras recabar un grupo de dominicos con los cuales fundar su incipiente iglesia. Uno de sus acompañantes se llamaba Bartolomé de las Casas 2 3 1 . En diciembre de 1533, al parar en Santo Domingo, camino del Darién, entregó el provincialato a otro hermano 2 3 2 . El nuevo provincial dominico se embarc ó a Castilla en 1536, sin duda para reclutar nuevos frailes y consolidar su desmembrada provincia, poco más que lugar de paso para los frailes que iban al continente o a la península. En 1537 despachó una nueva “barcada”2 3 3 y se dirigió a Roma. Ignoramos los negocios precisos que lo llevaron ahí, en un momento singularmente crítico. Como se sabe, a raíz de la expedición de una serie de bulas como la Sublimis deus (1537), impetradas por el dominico fray Bernardino Minaya, sin licencia del cardenal presidente del consejo de Indias, se suscitó un terremoto político. Carlos V ordenó a sus embajadores en Roma impedir 230 El estudio de Ulloa, si bien requiere revisiones, es el relato clásico de ese conflicto. 231 Pérez Fernández, Bartolomé de las Casas…, pp. 2 y 11, nota: y nota 100, p.79. 232 No he logrado conocer el nombre del segundo provincial, los escasos documentos que lo mencionan, incluida la bula, se limitan a llamarlo por su cargo. Ver nota siguiente. 233 Pérez Fernández, Bartolomé de las Casas…, p. 185, nota 83. Fray Bartolomá también era corresponsal de Burgalés, por muchos años provincial de Santa Cruz y autor de la citada carta de 1544 al emperador. Utrera, Las universidades…, pp. 18-19. 166 que particulares solicitaran bulas para Indias sin licencia del Consejo, y ordenó confiscar cuantas descubrieran los funcionarios reales sin pase regio 2 3 4 . En plena borrasca, el provincial de Santa Cruz aparecer en Roma solicitando bula para erigir universidad en el estudio conventual de Santo Domingo, aún tan poco asentado. La solicitud y la bula sólo exponen motivos de orden muy general2 3 5 , pero revelan que los promotores apostaron por dar lustre a la ciudad (y a la provincia de la orden) gracias al prestigio y estabilidad que se derivaría de una universidad floreciente, la única en Indias. Prueba de que se trató de una iniciativa particular del provincial, sin apoyo de las autoridades de su orden ni del cardenal Loaysa, es el hecho de que ni siquiera las primeras tomaron nota de la bula 2 3 6 , y no obtuvo confirmación real. En la citada carta de fray Alonso Burgalés al emperador, en 1544, el provincial relata las penurias de los escasos frailes, que apenas tenían para mal comer, pues los encomenderos les negaban limosna en represalia por la reciente aprobación de las Leyes Nuevas. En ningún lugar de la carta insinúa que en su convento funcionaba algo parecido a una universidad 2 3 7 . De igual modo, el capítulo de 1551, en Salamanca, otorgó rango de general al estudio de Santo Domingo, y nadie aprovechó la solemne ocasión para aludir siquiera a que ese convento poseía, desde trece años antes, un privilegio que lo confirmaba como estudio general y lo autorizaba a otorgar grados universitarios a la manera de Alcalá 2 3 8 . 234 Ver nota 1. La petición señala que Santo Domingo es una ciudad a la que concurren gentes de las islas vecinas para comerciar. De los naturales sólo señala que la isla estuvo habitada por infieles y que ahora la pueblan convertidos a la fe, Beltrán de Heredia, Miscelánea, vol. IV, p. 489-492. 236 Hay que esperar al Bullarium ordinis praedicatorum, Roma de 1732, tomo IV, p. 571 y siguientes, para que la bula tenga admisión formal por la orden; todo indica que se tomó de su primera edición en un Memorial de fray Diego de la Maza, Madrid, Juan García Infanzón, 1693. Valle-Llano, p. 158. 237 Citada en nota 17. 238 Muy de paso, Beltrán de Heredia hace notar la extrañeza de que en esa solemne circunstancia, nadie sacara a colación la bula. Miscelánea, vol. IV, p. 479. 235 167 La bula, ganada al margen de las autoridades reales y de la propia orden de predicadores, llegó a la isla en fecha incierta y, sin duda, subrepticiamente2 3 9 . La escasa documentación tampoco revela efectos inmediatos. Se ganó durante el sexenio en que la corona financiaba la instrucción de doce frailes estudiantes; el último pago conocido es de julio de 1542, a cuatro años de la bula, que ni siquiera es aludida. Además, nada indica que los frailes estudiantes se hubiesen valido de los nuevos privilegios para graduarse, pues el primer grado de maestro aprobado por un capítulo general de los dominicos (el del provincial Burgalés) sólo se dio en 1551, cuando también se admitió a dos presentados y a nadie más 2 4 0 . Todo esto explicaría por qué los resultados de la carta papal, sin apoyo de los poderosos y en un medio tan poco apto para el florecimiento de una rica comunidad de estudiosos, tardaron años para hacerse patentes. Entre los papeles exhumados en torno al discutido asunto, la primera mención explícita a la bula remite a 1559. Se acusa al presidente de la audiencia de autorizar un grado doctoral en medicina en el “Convento de Santo Domingo de esta Ciudad, por virtud de una Bula que dice tener del Papa […], no siendo, como no es, Universidad que tenga facultad para ello” 2 4 1 . Varios testigos declararon que los grados se daban sin problema desde años atrás, pero no coincidieron al precisar la fecha de inicio de la práctica. El documento revela, pues, que de un tiempo 239 De ahí que, durante años, se discutiera si esa bula que tan escaso rastro documental dejó, era genuina o una mera ficción de la orden. Y si Beltrán de Heredia demostró su autenticidad, no supo explicar ese silencio, tan problemático para los historiadores. En cambio, se torna comprensible si se plantea que el documento papal se dio a un bando que no gozaba entonces del favor político. 240 Declaramus conformiter ad nostras constitutiones, neminem posse assumere gradum magisterii in theologia nisi prius exercuerit pro forma et gradu dicti magisterii per annos quatuor ad minus in aliqua universitate, declarantes conventus universitatum, in quibus dicti actus exerceri possunt, esse infrascriptos, videlicet (sigue la enumeración de conventos, que termina así): In provincia s. Crucis Indiarum conventum civitatis Sancti Dominici, Utrera, p. 167. 241 Cit. En Antonio Valle Llano, La Compañía de Jesús en Santo Domingo durante el periodo hispánico, Ciudad Trujillo, 1950, p. 148. 168 indeterminado a esa parte, los frailes hacían uso de la bula, pero también, que las autoridades reales empezaban a tomar cartas en el asunto. La segunda y última mención conocida durante el siglo, evidencia el celo de la monarquía por impedir la acción directa de la curia romana en dominios sujetos al real patronato, así como la conciencia del brazo eclesiástico de estar sometido a la jurisdicción real. En 1568, el doctor Santiago del Riego, fiscal de la audiencia, quiso retirar la bula a los dominicos. Éstos compusieron un memorial admitiendo la necesidad de la licencia real para usar de la bula que les permitía graduar, pero alegaban –lo cual no era del todo cierto- que nadie hasta entonces había objetado la práctica. Pedían, pues, en nombre del provecho que se seguía a la ciudad con los estudios y grados, que el rey reconociera los grados ya otorgados y permitiera en adelante seguir usando de la facultad2 4 2 . Ningún documento conocido relata el desenlace. ¿En qué medida el ulterior silencio de los documentos respondió a la eficaz intervención de los funcionarios reales que habrían confiscado la bula, o hasta qué punto era consecuencia de la penosa situación de la colonia? Porque, al margen de los avatares judiciales, el tema de la bula se esfuma por más de medio siglo, y su lugar lo ocupa la cuestión acuciante de las penosas circunstancias en que se desenvolvían la provincia de Santa Cruz y la propia isla. En 1571 se abrió una información sobre el estado del convento, donde se planteó la necesidad de un noviciado, pues la casa existente se va “cayendo de vieja, porque es irreparable”. Ninguna alusión a la bula ni a los grados, en cambio, se afirma que por “la gran necesidad”, ya sólo había lecciones de “latinidad e artes”2 4 3 . En 1586 tuvo lugar la desastrosa invasión de Drake y, en 1595, la provincia solicitó al rey una cátedra de teología moral, por la falta que hacía en la 242 Cipriano de Utrera, La Inmaculada Concepción. Documentos para la historia de la Arquidiócesis de Santo Domingo, p. 42; tomado de Valle Llano, La Compañía…, p. 149. 243 Rodríguez Demorizi, Crónica, pp. 25-26, quien cita la colección inédita de documentos copiados por Utrera. 169 ciudad; pero, dato a destacar, no para leerla en su convento, sino en la universidad fundada “en dicha Ciudad e Isla” por el emperador2 4 4 . Es evidente que tampoco la institución real pasaba por su mejor momento. Para buscar las raíces de la universidad erigida por el rey, cabe referirse a la corta estancia en Santo Domingo, a partir de 1526, de Ramírez de Fuenleal, obispo y presidente de esa audiencia. Entonces, logró promover ante la corona la fundación de un "colexio do fuesen enseñados en la fee los naturales, e los fixos de los que an venido te[r]nían maestros de todas sciencias". Propuso al rey de qué medios valerse para "salariar dos clérigos quentiendan en dotrinar a los yndios y a los negros, e en visitallos la tierra adentro, para ver cómo son tratados; e aun abría para dos bachilleres que leyesen gramática". La reina Juana aprobó la propuesta y donó una casa, llamada a partir de entonces “el colegio”, en la que comenzó a enseñarse a fines de 15302 4 5 . A partir de 1558, esa misma finca hospedó la azarosísima universidad real de Santiago de la Paz, sostenida de unas rentas legadas en 1537 por Hernando Gorjón. Este mercader en azúcar y esclavos propuso al rey fundar un colegio donde leer "todas las ciencias que fueren necesarias para rehedificación de nuestra santa fee cathólica"2 4 6 . Ofreció sus cuantiosos bienes, "más de ochenta mil ducados", para crear un "colegio general [...] en que se lean todas ciencias", varias capellanías y un hospital. Pedía a cambio el título de caballero, amplias licencias para importar negros y ser reconocido "patrón, como lo son los patrones legos en los colegios destos reynos e, después de sus días [heredar el patronato a] la persona que él nombrare, juntamente con [...] la 244 Utrera, “El Estudio de la Ciudad de Santo Domingo”, en Clío, 82. Colección de documentos inéditos relativos al descubrimiento, conquista y colonización de las posesiones españolas en América y Oceanía, Madrid, 18641889, 42 vols.; v. 37, p. 563 y ss. Pero corrijo señas por sciencias. 246 Ver A. Rodríguez Cruz. Historia de las Universidades Hispanoamericanas. Período Hispánico, Bogotá, 1973, 2 vols. Vol. I, p. 137. 245 170 persona que por Nos fuese nombrada"2 4 7 . Es decir, que al morir el mercader, el patronato fuese compartido por sus herederos y por el rey. Carlos V aprobó la propuesta en unas capitulaciones concluidas en 1540 y convino en solicitar al Papa gracias e indulgencias para el hospital y colegio, y en otorgar a éste “las franquezas y esenciones que tiene el Estudio de Salamanca, con tanto que la jurisdicción dél sea nuestra, e por la horden e como Nos la pusiéremos"2 4 8 . En suma, el rey compartiría el patronato, pero reteniendo plena jurisdicción sobre las proyectadas fundaciones. Gorjón murió sin mujer ni hijos el propio año de 1540, y legó su parte al ayuntamiento de Santo Domingo, mientras el rey encomendó a la audiencia la otra mitad del patronato. En aquella sociedad en permanente crisis, el ayuntamiento se ocupó, en exclusiva, del legado de Gorjón, minado por las deudas que éste dejó y también, a medida que los años pasaban, por las sucesivas devaluaciones y la mala, si no fraudulenta, administración. Las puertas del colegio fundado en 1528 nunca se cerraron del todo y en él se hospedó, a partir de la cédula de 1558, la universidad real de Santiago de la Paz. El rey concedió los privilegios de Salamanca, pero no jurisdicción. Además, atento a las capitulaciones de 1540, encargó a los patrones, la ciudad y la audiencia, redactar estatutos y velar por su buena marcha. Signo de lo poco o nada que se sabía de la bula obtenida por los dominicos, el rey designó y dotó a dos frailes de esa orden para leer en la nueva universidad real. Con todo, sus lecciones no se consolidaron por conflictos con el ayuntamiento que, como usufructuario de las rentas de Gorjón, se pretendía patrono exclusivo. La orden, que pretendía imponer sus reglas para autorizar la docencia de los frailes, rechazó la tutela municipal. La audiencia, titular de la otra mitad del 247 C. de Utrera, Universidades de Santiago de la Paz y de Santo Tomás de Aquino y seminario conciliar de la ciudad de Santo Domingo, Santo Domingo, 1932, p. 31. 248 Asiento entre el rey y el procurador de Gorjón en Lombeck, 31 de mayo de 1540; Ibid, pp. 29-31. 171 patronato, tampoco cedió en sus demandas de controlar la institución, cuyos signos distintivos iban a ser, hasta el día de su definitiva extinción, el conflicto y la precariedad2 4 9 . En efecto, a diez años escasos de la cédula real, el ex-oidor Echagoian dijo al rey que el “colegio” tenía cuatro mil pesos de renta y apenas se enseñaban en él “gramática y una lección de teología”, con “pocos” oyentes; la ciudad y la audiencia no habían dictado estatutos; “hasta ahora –concluía- es cosa de poco momento”. Era imperativo darle apoyo, fundar doce becas para jóvenes de toda la isla y proveer quien les ensañara desde letras hasta teología. Entonces, colegio y universidad ayudarían a “ennoblecer” la ciudad y a “poblarla”; de lo contrario, todo “cesará”2 5 0 . En 1576, otro informe aseguraba que, por la mala gestión de la ciudad, “no hay quien lea gramática, ni Artes ni Teología”, noticia confirmada el siguiente año por el presidente de la audiencia 2 5 1 . En 1580, el visitador real, Rodrigo de Ribera, reorganizó las finanzas y puso bajo control exclusivo del rey el remanente de las rentas, dictó estatutos y nombró cátedras y lectores. Pero, sólo seis años después, la invasión del pirata devastó por completo a la institución que, por 1602, apenas si enseñaba gramática en sus aulas. Entonces, el arzobispo fray Agustín Dávila Padilla decidió aprovechar las instalaciones y rentas del colegio para erigir un seminario diocesano, lo que el rey aprobó en 1603. Se empezó a leer gramática, una cátedra de sacramentos y otra de casos de conciencia, a cargo de dominicos, pero en 1609 todo había cesado, según informe del arzobispo, antiguo fraile de esa orden. Según él, tampoco había quien enseñara en ninguno de los tres conventos de dominicos, mercedarios y agustinos, y menos aún, quien quisiera estudiar2 5 2 . Así las cosas, en 1628, el ayuntamiento, con apoyo de la 249 Para un resumen de las vicisitudes de la institución en los siglos XVI y XVII, menos teñido de polémica, Valle Llano, La Compañía…, pp. 118-142. 250 Utrera, Las Universidades…, p. 46. 251 Utrera, Las Universidades…, p. 47, y Valle Llano, La Compañía…, p. 127. 252 Valle Llano, La Compañía…, pp. 136-38. 172 audiencia, arrebató el seminario al arzobispo, quien se enfrascó en un largo pleito hasta recuperarlo. Paralelamente, a medida que avanzaba el siglo XVII, volvía a hablarse de docencia en Santo Domingo. Al decir de un informante, en 1632 ya se leían en él gramática, artes, teología escolástica y teología moral, y vuelve a mencionarse la bula cada vez con mayor frecuencia. De hecho, en 1679 el arzobispo Fernández de Navarrete se quejó de la “facilidad grande” con que los dominicos otorgaban grados, mientras nadie acudía a los estudios de la ciudad, con privilegio real para graduar2 5 3 . A mi modo de ver, sólo entonces se empieza a larvar el conflicto entre ambas instituciones, cuyo punto más álgido se alcanzaría en el siglo XVIII. En efecto, a partir de 1673, el arzobispo, con beneplácito de la audiencia, encomendó a tres jesuitas, todavía sin casa en la ciudad, el cuidado del seminario. A medida que se asentaban en la tierra, también se consolidaban en el colegio, y en 1703 lograron que el rey se los adjudicara, “por ahora”. Entonces, al amparo de la cédula real de 1558, procedieron a graduar. Los dominicos reaccionaron y en 1709 obtuvieron por fin la confirmación de la bula de 1538, y que el Consejo de Indias otorgase al estudio de su convento el título de universidad real y pontificia. Al inconformarse la Compañía, desencadenó un encarnizadísimo pleito que llegó hasta 1745. Entonces, mediante una “concordia” se adjudicó definitivamente a los jesuitas lo que fue el colegio de Gorjón, con el derecho a titularse universidad. Al propio tiempo, ambas órdenes reconocían la legitimidad de una y otra institución. Pero el desenlace, para que los conflictos nunca cesaran, disgustó al arzobispo, quien sintió arrebatados sus viejos derechos sobre el colegio de Gorjón en tanto que seminario diocesano. Sólo la expulsión de la orden y la supresión final del malaventurado colegio de Gorjón concluyó los pleitos. Los dominicos se convirtieron así, gracias al privilegio real de 1709, 253 Valle Llano La Compañía…, p. 151. 173 en los únicos e indisputados detentadores universidad para su instituto2 5 4 . del nombre de Resulta difícil responder a la pregunta de si la potestad pontificia prevaleció sobre la regia, o viceversa, en el oscilante espacio de Santo Domingo, donde dos universidades casi irreales lucharon durante siglos por sobrevivir y afirmarse. Sin duda alguna, los dominicos se aferraron a la bula de 1538, a pesar del empeño de los funcionarios del rey por invalidarla; además, siempre que en su convento se daban condiciones mínimas para enseñar, ellos continuaron graduando, mal que pesara a los ministros reales. En ese sentido, la tiara prevaleció frente a la corona. Sin embargo, la orden sólo ganó el cabal disfrute de su privilegio a partir de 1709, cuando el Consejo de Indias autorizó la bula, a ciento setenta años de expedida. Y si a la postre la institución dominicana sobrevivió a la fundación de Gorjón, no fue a consecuencia de la bula sino, nuevamente, de una decisión regia: expulsar de sus dominios a la Compañía de Jesús, detentadora de la universidad rival. Paralelamente, la legitimidad de la universidad erigida por cédula real en 1558, nunca fue objeto de disputa, salvo durante el feroz conflicto entre dominicos y jesuitas de la primera mitad del siglo XVIII. Incluso entonces, ningún bando cuestionó la capacidad del rey para erigir universidades, simplemente cada orden pretendía poseer en exclusiva los títulos legítimos para graduar. Una disputa que tuvo al rey como único árbitro y cuya conclusión fue sancionada sólo por él, sin intervención alguna del pontífice. Por otra parte, el rey, a pesar de lo pactado con Gorjón, no procuró demasiado, si alguna vez lo hizo, ganar bula confirmatoria para su universidad, que nació, sobrevivió y feneció sin sanción papal. Por lo demás, el caso dominicano revela hasta qué grado, sin una sociedad estable y consolidada institucionalmente, resultan de escaso valor práctico tanto las cédulas reales como las bulas pontificias. 254 Ver Utrera, Las Universidades…, en especial, pp. 235 y ss., y 367 y ss. 174 2. Lima: de la universidad dominicana a la real Las más tardías circunstancias de Lima muestran, con mucha mayor nitidez, y en circunstancias diversas, el predominio de la autoridad real sobre la pontificia. La conquista militar del Perú ocurrió con enorme presteza, entre 1531 y 1533. Poco habituados a las alturas de Cuzco, capital del derrotado imperio inca, los conquistadores fundaron la ciudad de Lima a la orilla del mar, en 1535. En cambio, la colonización sería un proceso muy tortuoso, no sólo por rebeliones indígenas como la de 1536-37, sino por divisiones entre los encomenderos, cuyos cabecillas acabaron matándose unos a otros. Además, la publicación de las llamadas Leyes Nuevas, en 1542, provocó una revuelta de encomenderos contra la corona, indignados por la drástica merma de sus privilegios en ellas contemplada 2 5 5 . Para 1548, la corona había ganado la partida tras decapitar a Gonzalo Pizarro, el líder insurrecto, y aprovechar la victoria para reconstituir los grupos locales de poder. El convento dominicano, con fray Tomás de San Martín como prior desde 1540, habría tomado el bando de la corona2 5 6 . Apenas sosegados los tumultos, el año de la derrota de Pizarro, el convento limeño del Rosario fue hecho estudio general2 5 7 . 255 Ver Elliot, “La conquista española…”, en especial, pp. 160-61. No conozco un estudio moderno sobre este importante fraile ni sobre el papel de los dominicos durante la rebelión, que difícilmente habría sido homogéneo e inequívocamente alineado desde el principio en favor del rey. Pero la gran cercanía entre el emisario real, La Gasca, y el fraile, permite situar a éste en el bando realista. 257 Isacio Pérez, Bartolomé de las Casas…, pp. 99-100. Puede decirse que la historia universitaria de Lima sigue anclada en los trabajos de Eguiguren, en los años cincuenta del siglo pasado, con más de recuperación documental que de análisis, y centrada en el siglo XVI. Todavía en el 2000, en el folleto editado para conmemorar los 450 años de la fundación, Miguel Maticorena Estrada sigue ocupándose en reivindicar la primacía limeña: San Marcos de Lima Universidad decana en América. Una argumentación histórico –jurídica y el derecho indiano, Lima, UNMSM, 2000, 64 pp. Águeda M. Rodríguez Cruz, “La Universidad del Perú: Fuentes bibliografía crítica, metodología y estado de la cuestión”, en Estudios de historia social y económica de América, Alcalá de Henares, no. 11, 1994, pp. 151-180. 256 175 Sentado el nuevo balance de fuerzas, mucho quedaba por tratar entre el rey y los peruanos. En 1550, el ayuntamiento redactó un pliego de “puntos” que un procurador debía negociar en la corte: la eterna demanda de la perpetuidad de las encomiendas, permiso para echar indios a las minas, nuevas tasaciones y otras propuestas análogas a las que gestionaba la ciudad de México por las mismas fechas, precisamente a raíz del descontento suscitado por las Leyes Nuevas. Pedían que los hijos de los vecinos, "siendo ábiles", accediesen a los beneficios eclesiásticos. De modo análogo a lo argumentado desde la isla de Santo Domingo y desde México, los encomenderos apuntaban que, por la lejanía "destas partes", era difícil enviar "a los hijos de los vezinos y naturales" a estudiar a España. Pedían pues la "merçed que en el monasterio de los domynicos desta ciudad ay[a] estudio general con los previllegios y esençiones y capitulaciones que tiene el estudio general de Salamanca"2 5 8 . La ciudad consideró, con beneplácito de la orden, que el convento dominicano era un buen punto de arranque para la universidad. Dado que el provincial, fray Tomás de San Martín, estaba por partir a la corte, el municipio decidió nombrarlo procurador, y en enero de 1550 le entregó los puntos. La autoridad ganada por el fraile en la revuelta y su habilidad como gestor, unido a que el asunto no entrañaba cargos a la real hacienda, facilitaron una rápida respuesta satisfactoria, aunque provisional, en mayo de 1551. Fray Tomás había expuesto -dice la cédula- "el buen aparejo" existente en el convento para erigir un estudio general. De aprobarse, "los hijos de los vecinos de ella serían doctrinados". Había pedido para él, "los privilegios, franquezas, libertades" de Salamanca, "o como la nuestra merced fuese". El rey, "por el bien e noblecimiento de aquella tierra", admitió al convento como sede "por el tie mpo que nuestra voluntad fuese, entre tanto que se da orden como esté en otra parte donde más convenga". Y si bien decía conocer los privilegios salmantinos, en la práctica éstos los redujo al derecho a otorgar grados, pues, como en Santo Domingo, no otorgó jurisdicción. Tampoco eximió 258 L. A. Eguiguren, Historia, I, II, p. 502-507, carta de 23 enero 1550. 176 a sus graduados de pechar. Nada indicó sobre el régimen escolar o de gobierno, simplemente ordenaba a la audiencia su cumplimiento2 5 9 . La cédula fue obedecida solemnemente por la audiencia, el arzobispo y su cabildo, el ayuntamiento, los frailes y otros "caballeros", en la sala capitular del convento, en enero de 1553. Para esta primera fundación, se dejó todo en manos de la orden, que incluso debió poner 300 pesos de su bolsa para pagar al lector de gramática, el único secular. En la práctica, la cédula fundaba una universidad convento, y a tono con ello, el capítulo de la orden erigió, en julio de 1533, junto a la mencionada de gramática, tres cátedras: artes, teología y biblia 2 6 0 . Si el modelo conventual no se consolidó, fue por el empecinamiento de los dominicos en conservar a la universidad como coto exclusivo de su orden. La carta real, bien leída, revela que el gestor dominico actuó exclusivamente en nombre de la provincia dominicana y no como comisario de la ciudad, misma que acordó, en enero de 1555, embargar sus bienes. Fray Tomás, ya obispo de Charcas fue conminado a devolver los dos mil pesos recibidos como procurador. A juicio del cabildo, volvió “sin traer rrelacion ni Recabdo de aver despachado ni negociado cosa delas que por dicha ynstruccion llevo” 2 6 1 . En 1566, el arzobispo también había retirado su apoyo y sugería crear una universidad (deliberadamente ignorando la de los dominicos) que tuviese sede en la catedral. Ahí podrían acudir los vecinos y todos los frailes, pues el monasterio dominicano “es odioso a las demás órdenes” 2 6 2 . Lo mismo hizo el visitador García de Castro, al insistir al rey en “la necesidad que ay que se aga una universidad en esta ciudad a donde vengan a estudiar los hijos de los conquistadores y vecinos” 2 6 3 , pasando en silencio la existente institución de los frailes. 259 A. Rodríguez Cruz, Historia…, vol. II, p. 457. Cédula de Valladolid, 11 mayo 1551. 260 L. A. Eguiguren, Historia, I, p. 57. 261 L. A. Eguiguren, Historia…, I, II, p.519. 262 Carta de 1 de marzo de 1566, en L. A. Eguiguren, Historia…, I, II, p.527. 263 L. A. Eguiguren, Historia…, I, II, p. 530. 177 Era tan generalizado el descontento, que cuando un hombre de decisión como el virrey del Perú, Francisco de Toledo, tomó cartas en el asunto, fue apoyado de amplios sectores. En 1570, argumentó al rey la conveniencia de dar a Lima universidad. Manifestó la necesidad de "dar salida a pretensores"; por ese medio la tierra se aseguraría: "los hijos segundos y terceros de conquistadores", carentes hasta entonces de todo "oficio, ocupación ni crianza", ya no pretenderían oficios y cargos "por méritos de los padres". Habiéndose formado ellos en letras, cesaría la expedición de reales cédulas ordenando alimentarlos. A su vez, el rey "se quitaría tan gran costo y subsidio sobre su hacienda real por los religiosos que envía a estos reinos, pues con los dichos estudios habría salida para clérigos en los beneficios del reino y para religiones y para los letrados que fuesen menester"2 6 4 . A una con el alivio financiero prometido a la corona, se advierte el propósito de solucionar el problema de conquistadores y vecinos que, con sus pretensiones señoriales, no hallaban colocación digna para sus hijos. Al negarse a todo trabajo manual o mercantil, pretendían sobrevivir del real fisco, a nombre de los paternos merecimientos. El virrey opinaba que la universidad abriría salidas dignas en tres vías: los beneficios eclesiásticos del clero secular, los conventos y la gestión civil, en ese orden. Desde México, el problema se había planteado igual: el reino carecía de medios para proporcionar salidas "sirviendo a caballeros y señores principales, así seglares como eclesiásticos". Pero si se abría la opción de dar letras a sus hijos, "los españoles" tendrían por merced que sus vástagos fuesen "probeydos" en beneficios eclesiásticos tras haber acudido a la universidad 2 6 5 . Evidentemente, mientras Toledo argumentaba la conveniencia de dotar a Lima de universidad, estaba también descali264 Carta al rey, 12 de febrero 1570, en L. A. Eguiguren. Historia de la Universidad, I, pp. 534-535. 265 Ver, E. González G. “Legislación y poderes en la universidad colonial de México (1551-1668), Tesis para obtener el doctorado en historia, Valencia, Universitat de València, 1990, 2 vols. Vol. I, pp. 101-109. 178 ficando la institución de los dominicos. Expuso al monarca cómo “no conviene que Vuestra Majestad mande que se funden estas Universidades en monasterios de religiosos”. Primero, porque si ellos se dieran a la enseñanza de leyes y medicina, se distraerían de “su profesión”. Como se vio, los dominicos se redujeron a la enseñanza de gramática, artes y teología. Por otra parte, alegaba el virrey, las universidades tendrían “más autoridad [en caso de] estar por sí y no arrimadas al amparo de ningún monasterio”. Según él, ni en España ni “en ningún lugar del mundo” ocurría tan anómala situación 2 6 6 . En 1571 pasó de las palabras a los hechos y arrebató la universidad a los frailes para transformarla en real, bajo la advocación de San Marcos. La orden intentó revertir los hechos consumados con un breve obtenido ese mismo año del Papa Pío V, de origen dominico, perpetuando y confirmando la universidad de los regulares 2 6 7 . Pero la estratagema, a falta del pase real y de un entorno favorable, no prosperó. Antes bien, Toledo se atrevió a usar el breve que confirmaba en sus derechos a los dominicos, para afirmar, en el preámbulo a las constituciones dictadas por él para la universidad real de San Marcos, en 1578, cómo “en nombre de su majestad asenté la universidad y estudio general que, por la Majestad del Emperador don Carlos [...], estaba fundada en dicha ciudad y confirmada por nuestro Santo Padre Pío Quinto, y le hice dotación de cantidad de renta”2 6 8 . El virrey entendió, pues, que sólo aportando medios para el sustento de la universidad, el rey podía declararse en forma su patrono, evitando la dependencia de los frailes, hasta ahí sus 266 Editado por Luis Antonio Eguiguren, Historia de la Universidad. La Universidad en el siglo XVI, tomo I, vol. II, Lima, Imprenta Santa María, 1951, p. 536-537. 267 La orden declaró al Papa que, por iniciativa del rey, se había establecido en Lima un estudio general en el convento del Rosario, con los mismos privilegios de Salamanca, y le pedía confirmación, sin aludir a los recentísimos conflictos. La respuesta papal fue: “Universitatem seu studium conventum seu domus huiusmodi eisudem modo et forma necnon cum eiusdem facultatibus et preuilegijs de nouo auctoritate et tenore premissis fundamus et instituimus” 25 de julio de 1571, A. Rodríguez Cruz, Historia…, vol. II, pp. 458-461. 268 Eguiguren, Historia…, I, II, p. 34. 179 únicos sostenedores. Las nuevas normas previeron la creación de claustros académicos, la elección de rectores del clero secular o laicos, la fundación de cátedras en las cinco facultades; en fin, buscaban emular en lo posible los usos salmantinos. Pero, al salir del ámbito de los dominicos, la corporación entró de lleno en la órbita real, a través del virrey y la audiencia. Como vimos, Toledo utilizó el breve con que los frailes querían neutralizarlo para pretender que daba “confirmación pontificia” a la universidad por él asentada en nombre del rey, fuera del convento y sustraída a la jurisdicción de la orden. Ésta, no sólo quedaba despojada de su universidad: también de la carta papal. El virrey, si bien osó valerse del breve para sus fines, no lo incluyó a la cabeza de los estatutos. En todo caso, al aludirlo, dio pie a la tradición de que la recién erigida universidad de San Marcos tuvo, desde su inicio, confirmación papal. Consolidada la institución real, Toledo creyó conveniente reformar sus previas constituciones en 1581, y entonces eliminó toda mención al Papa. Tres años después, el virrey Martín Enríquez fue más lejos en sus propias normas. En las páginas proemiales incluyó la bula Inter coetera, o “de la concesión” papal de las Indias a los reyes de Castilla, e incluyó la cédula real de fundación, de 1551, y otros documentos regios, pero no el breve de 1571. Éste tampoco se adujo ni incluyó al frente de los estatutos impresos en 1602 (Lima), ni en los de 1624 (Madrid), ni en 1771 (Lima); se transcribió por única vez, en la limeña de 1735 2 6 9 . En suma, la universidad de Lima, nacida por disposición real en 1551 y puesta a cargo de los dominicos, fue refundada en 1571 por iniciativa del virrey Toledo, bajo la advocación de San Marcos, quien le adjudicó rentas reales. Desde entonces, fue mantenida bajo el mando directo del rey. Al igual que la inestable universidad real de Santiago de los Caballeros, en la Dominicana, San Marcos nunca solicitó ni obtuvo confirmación pontificia. Antes bien, el documento papal ganado por los 269 92 A. Rodríguez Cruz, Historia…vol. II, Indice documental, nos. 29, 73, 77, 93 y 180 dominicos para impedir que las autoridades virreinales los privaran de su universidad, fue empleado por éstas, en un acto extremo de pragmatismo, para asegurar que la institución real poseía confirmación pontificia. 3. México, ¿universidad real y pontificia? Puede afirmarse que, en el caso de México, el título de real no ofrece dudas. La universidad fue fundada por el rey Carlos I de Castilla y Aragón mediante una serie de cédulas expedidas el 21 de septiembre de 1551 y firmadas por su hijo Felipe, príncipe gobernador. Mediante ellas, y en calidad de señor temporal, el monarca autorizó la erección de un “estudio y universidad” en la ciudad de México, le asignó un subsidio anual para su sostenimiento, procedente de su real caja, y encomendó al virrey y la real audiencia todo lo concerniente a su organización y legislación interna 2 7 0 . Como vimos, en virtud del testamento de Gorjón, el ayuntamiento tuvo un papel primordial en la universidad real de Santo Domingo, tanto en las gestiones como en su gobierno y en el manejo de las finanzas. En México, la ciudad también gestionó una universidad. Al final, de los diversos proyectos sometidos a la corona, acabó por imponerse el de los encomenderos, que la veían como un medio para beneficiar a los hijos de españoles, con exclusión de indios, negros y castas. Sin embargo, el rey negó a la ciudad toda injerencia en la institución, cuyo gobierno reservó en exclusiva al virrey y real audiencia. De ese modo, la 270 Sigue siendo fundamental, Sergio Méndez Arceo, La Real y Pontificia Universidad de México. Antecedentes, tramitación y despacho de las reales cédulas de erección, México, UNAM, 1952, (Ediciones del IV Centenario de la Universidad, XII). Reimpresión facsimilar, México, CESU-UNAM, 1990; una interpretación más reciente, Armando Pavón Romero y Enrique González González, “La primera universidad de México”, en Maravillas y curiosidades. Mundos inéditos de la Universidad, México, Antiguo Colegio de San Ildefonso, 2002, pp. 39-55. Un balance de los últimos estudios en torno a la universidad colonial, E. González González y C. I. Ramírez González, “Los estudios sobre Historia de la educación colonial en la última década del siglo XX”, en L. E. Galván Lafarga, S. Quintanilla Osorio y C. I. Ramírez González (coords), Historiografía de la educación en México, México, SEP-CESU, 2003, pp. 27-82. 181 universidad mexicana se vio libre de un sinnúmero de conflictos como los padecidos por la de Santo Domingo. De cualquier modo, México fue ajeno a las penurias financieras y la permanente inestabilidad de la isla. A pesar de la inquietud suscitada en 1542 por las Leyes Nuevas, que tanto reducían los privilegios de los conquistadores, el virrey Mendoza supo sortear la crisis y el poder real siguió afirmándose. Esa consistencia política (que sólo volvió a verse amenazada en 1565 por el conato de rebelión de Martín Cortés) facilitó el inmediato asentamiento del poder real en la universidad, a pesar de los conflictos entre las autoridades civiles y eclesiásticas por asegurarse una cuota mayor de influencia en el seno de aquella 2 7 1 . Es de notar que el rey confirió los privilegios salamantinos a la nueva universidad, pero con dos importantes restricciones: la mexicana carecería de jurisdicción, y sus doctores no gozarían de exención tributaria. Con todo, en 1562, aceptó eximirlos del pago de impuestos, y en 1597 concedió jurisdicción civil y criminal al rector, aclarando que no por ello “se quita a su majestad jurisdicción alguna” 2 7 2 . El soberano, por haber fundado, dotado y regulado jurídicamente al “estudio y universidad”, se aseguró el derecho de patronato, que le permitía intervenir en todos sus asuntos internos y externos. Los estatutos, para gozar de plena vigencia, 271 E. González González, "Oidores contra canónigos. El primer capítulo de la pugna en torno a los estatutos de la Real Universidad de México (1553 - 1570)" en Memoria del IX Congreso de Historia del Derecho Mexicano, México, UNAM, 1988, v. 1, pp. 455 - 477. 272 La cédula que eximía de impuestos a los doctores se recibió en claustro en 1563, RU., 2, f. 15v. La que otorgaba jurisdicción se publicó entre los preliminares de la edición de los Estatutos de Palafox de 1668, folios 3 v° 5. Ver E. González G., “Entre la Universidad y la corte. La carrera del criollo don Juan de Castilla (ca. 1560-1606)”, en Los universitarios en la Nueva España, Armando Pavón Romero (coord.), México, UNAM, 2003 (La Real Universidad de México. Estudios y Textos, XV), pp. 151-185. En Salamanca, la jurisdicción fue concedida por el Papa y la ejercía el maestrescuela de la catedral, funcionario de cargo vitalicio. En México, en cambio, el monarca recayó en el rector, cuyo cargo duraba un año. 182 debían ser confirmados por el rey, y sólo él tenía autoridad para visitar la universidad. De ahí que todos sus visitadores y legisladores, incluidos el arzobispo Moya de Contreras (1584-1586) y el obispo poblano, Juan de Palafox (1640-1645), hayan actuado en nombre del rey; quien los enviaba a tomar cuentas y a reformar. Dado que él la sostenía, podía supervisar el manejo de sus fondos. En consecuencia, durante todo el periodo colonial tuvo por sello corporativo las armas del rey 2 7 3 . Además, durante dos siglos, al escribir al Consejo de Indias sólo se designó a sí misma como “Real Universidad de México”2 7 4 . Los principales textos normativos corroboran expresamente el carácter real de la corporación. Así lo afirman los estatutos de 1580, del oidor Farfán, los del arzobispo Moya, de 1586, y los ensayados en 1626 por el virrey Cerralvo 2 7 5 . Pero en ningunos se 273 Las armas reales presidían la fachada del edificio; además, Palafox mandó “que en esta universidad haia dos sellos, maior y menor, que han de tener las armas de su magestad, respecto de ser fundación real; y aguardar a que su magestad se las señale propias según y como fuese servido, por ser a quien pertenece señalar y dar semejantes armas e insignias”, Juan de Palafox y Mendoza, Estatutos y constituciones hechas por ---, México, Vda. de Bernardo Calderón, 1668, const. 359. Incluso si la corporación hubiese recibido más tarde armas propias, habría sido sólo por obra del rey, único facultado para ello. En ningún pasaje se declara que el Papa comparta semejante facultad con el monarca. Ver párrafo siguiente. 274 Es difícil saber desde cuándo la universidad osó firmar su correspondencia oficial con el rey intitulándose real y pontificia. Al parecer, a mediados del siglo XVIII, pues la primera carta oficial en que el rey llama a la corporación “real y pontificia” ocurrió en 1754; el título reaparece dos veces en 1758, y muy esporádicamente de entonces hasta los años setenta, cuando nuevo uso se generaliza. Ver, John Tate Lanning, Reales cédulas de la Real y Pontificia Universidad de México, de 1551 a 1816, México, Universidad Nacional de México, 1946. 275 Farfán lo afirma en el “Capítulo preliminar”, Julio Jiménez Rueda, Las Constituciones de la antigua universidad, México, UNAM-Facultad de Filosofía y Letras, 1951, p. 74. El texto de Moya no se conserva, pero Palafox lo atestigua en las notas autógrafas marginales a sus Constituciones, ver, E. González G., "Pedro Moya de Contreras (ha. 1525-1592), legislador de la universidad de México.", en Doctores y Escolares. II Congreso Internacional de Historia de las Universidades Hispánicas (Valencia, 1995), Pról. de Mariano Peset, Valencia, Universitat de València, 1998, 2 vols.; vol. I., pp. 195-219. Proyecto de estatutos ordenados por el virrey Cerralvo (1626), México, CESU-UNAM, 1991, edición crítica y estudio de E. González G., p. 58, capítulo preliminar. 183 afirmó con tanto énfasis como en los del obispo visitador don Juan de Palafox, autor de las constituciones definitivas, dictadas en 1645, e impresas en 1668 y en 1775: Ordenamos que [la universidad] reconozca por sus patrones y fundadores a los reyes cathólicos de España, nuestros señores; y en su nombre, a los señores virreyes de estas provincias o a los que governaren, por haverla fundado, formado, establecido y dotado con tan larga y liberal mano (const. 2). Todos los legisladores, pues, admitieron sin equívocos al rey su calidad de patrono, por haberla “fundado, formado, establecido y dotado”; asimismo, que él delegó en las autoridades seculares: el virrey y la audiencia, lo concerniente a su protección y gobierno. Los estatutos destacaron, sin excepción, el carácter real de la universidad, en cambio, en ningún pasaje existe la menor mención al romano pontífice2 7 6 . ¿De dónde, pues, el mote de pontificia, que ella empezó a darse desde finales del siglo XVII, a continuación del título de real? ¿Cuándo y cómo surgió la rúbrica, ajena a los estatutos del periodo colonial? ¿Qué significado y alcances legales y prácticos tenía? Según señalé, el rey erigió y dotó el estudio general novohispano, encomendando su supervisión al virrey y la audiencia; en cambio, hasta donde los documentos revelan, no buscó confirmación papal. Dado que los reyes erigieron universidades como las de Salamanca, Valladolid y Granada, su derecho a fundar la de México estaba fuera de cuestión. En cambio, sus doctores mostraron escrúpulos por carecer de bula papal. Así, en 1587, habiendo transcurrido cinco lustros de actividades, el claustro incluyó un capítulo en las instrucciones que dio al procurador Gutiérrez de Pisa, para que gestionara una bula ante la corte. Al decir de los doctores, ...muchos días a, que se ha 276 La única excepción a la regla es que los estatutos ordenaban seguir la fórmula salmantina para conferir los grados de bachiller a doctor, en nombre de la “Auctoritate pontificia et regia”. 184 dudado si en esta Universidad se pueden dar grados en Theulogía y Cánones por no estar erigida con la bula apostólica...2 7 7 El documento expresa, sin visos de duda, que no había confirmación. Y los doctores, justo por saber de esa carencia, se preguntaban si los grados de carácter más eclesiástico: cánones y teología, eran legítimos sin refrendo papal. Es posible que la duda tuviese un trasfondo político, derivado de la visita de Moya a la universidad, en 1585. El arzobispo luchó durante años por atenuar la injerencia del virrey y los oidores en todos los asuntos universitarios 2 7 8 . Por lo mismo, si la corporación poseyese bula, con ella contrarrestaría el intervencionismo de las autoridades laicas, alegando que, a una con la jurisdicción real, estaban los privilegios papales. Razones políticas o no, al recurrir al Papa, los universitarios mexicanos proseguían una tradición medieval: apenas se constituía jurídicamente cierta corporación, veía por acrecentar sus iniciales privilegios ante muy diversas autoridades. El Consejo de Indias admitió sin réplica la petición y el rey mandó pedir bula a Roma. El trámite culminó con relativa celeridad, pues Clemente VIII confirmó al estudio general, con los privilegios de Salamanca y Alcalá, el 7 de octubre de 1595, a cuarenta y cinco años de la fundación real. Pero, como apunté, al fundar la institución novohispana, el rey le impuso dos restricciones respecto de los privilegios salmantinos: México carecería de jurisdicción y sus doctores pagarían impuestos. Antes de otorgar el pase regio, surgió un imprevisto: el fiscal del Consejo juzgó que el Papa se extralimitaba al conceder mayores privilegios que el monarca. Se habló de solicitar a Roma una nueva redacción, pero ello implicaba más trámites y gastos. Se 277 Javier Palao Gil, "Real patronato y legitimidad canónica de la universidad de México", en Claustros y estudiantes, Pról. de Mariano Peset, Valencia, Universitat de València, 1989, 2 vols., vol. II, pp. 156-176. Reimpreso en C. I. Ramírez y A. Pavón (Comps.), La universidad novohispana: corporación, gobierno y vida académica, México, UNAM, 1996, pp. 84-95. 278 E. González G., "Pedro Moya…”, pp. 195-219. 185 optó por una solución económica en todos sentidos. El Consejo retendría la bula en Madrid, sin negar ni otorgar en forma el pase regio, pero notificando al claustro mexicano la existencia de la bula 2 7 9 . El 5 de junio de 1597, la universidad registró en su libro de claustros la noticia de la carta papal, agregando que su arribo era inminente. Y si la bula permaneció en Castilla, el tema no debió preocupar demasiado, pues los claustros no vuelven a tratarlo en casi un siglo. Al parecer, la noticia de la confirmación papal disipó la inquietud, al grado de perderse memoria de la fecha y las circunstancias del otorgamiento. En fin de cuentas, de poco valdría una carta papal donde el rey y la audiencia eran los amos indiscutibles. Fue precisamente a raíz de una petición real que volvió a tratarse el asunto. En 1686, la universidad recibió orden de enviar al Consejo de Indias copia auténtica de las cédulas de fundación, las constituciones y la bula. Se respondió que el último documento no obraba en el archivo, y el Consejo mandó investigar en la curia: tan lejos estaba de recordar que la bula yacía traspapelada en sus propios archivos. En Roma apareció el registro y se envió copia certificada a Madrid. Esta vez no hubo reparos y la copia oficial, refrendada por la corona, llegó a México el 19 de octubre de 1689, a casi siglo y medio de la fundación. Una solemne procesión, de la que dio cuenta el cronista, enmarcó el acto2 8 0 . Un inventario de bienes de la universidad, del siglo XVIII, menciona que la bula se exhibía en la capilla, debajo de un dosel, “con su marco y vidrio grande”, y que había un retrato del 279 Palao Gil, “Real patronato…”; E. González G., “Entre la universidad y la corte…”, pp. 167-168. 280 Lorenzo Mario Luna Díaz, y E. González G., “Cristóbal Bernardo de la Plaza y Jaén, cronista de la Real Universidad”, en Historia de la Universidad colonial (avances de investigación), CESU-UNAM, 1987, pp. 49-66; p.59. 186 rey debajo de la bula 2 8 1 . Sin duda, su arribo favoreció la introducción muy gradual del doble apelativo de “real y pontificia”, que nunca fue oficial, pero cuyo uso se consolidó desde la segunda mitad del siglo XVIII 2 8 2 . Ahora bien, la circunstancia de denominarse pontificia debido a que contaba, por fin, con una bula, ¿modificó en algo la tradicional supeditación de la universidad al rey y a la audiencia en lo económico, lo legislativo y, sobre todo, lo jurisdiccional? Trataré de responder relatando escuetamente un par de conflictos surgidos entre la universidad y la audiencia a fines del siglo XVIII. El 5 de noviembre de 1773, una semana antes de dejar el cargo, el rector Francisco Javier Gamboa pidió al alcalde del crimen de la real audiencia la aprehensión de unos ladrones escondidos en la universidad, que fueron llevados a la cárcel 281 AGN, RU, 23, ff. 279-286, editado por Guadalupe Pérez San Vicente, “Inventario de la Real y Pontificia Universidad de la Nueva España. S. XVIII”, en Boletín del Archivo General de la Nación, XXII (3), 951, pp. 129-180; p.161. 282 A falta de un estudio sistemático, examiné las transcripciones de las carátulas de los impresos novohispanos, en José Toribio Medina, La imprenta en México (1539-1821), Santiago de Chile, En la Casa del Autor, 1908-1912, 8 volúmenes (Reimpresión facsimilar México, UNAM, 1989-1991). También examiné las carátulas de numerosas tesis en el Catálogo de ilustraciones Centro de Información Gráfica del Archivo General de la Nación, México AGN, vol.s 12 y 13, 1981. De las ahí reproducidas, la primera que habla de la “Real y Pontificia” es de 1699 (vol. 13, p. 13); en 1701 se le llama “Imperial y Pontifcia” (vol. 13, p. 15); en los años veinte se pone de moda el anagrama: R.P.A.M.: Regalis et Pontificia Accademia Mexicana. Y si todavía en 1754 se la denomina Sacra Mexicana Minerva, a partir de la segunda mitad del XVIII, el mote de Pontificia al lado de Real es casi inevitable, incluso en la correspondencia oficial con la corte (Ver nota 70). Advertí tambien que la reedición de las normas de Palafox, de 1775, contiene una dedicatoria al rey, firmada: “La Real Universidad de México”. Pero, prueba de los vaivenes de entonces, el libro posee dos portadas. En la perteneciente al primer cuadernillo se lee: CONSTITUCIONES DE LA REAL Y PONTIFICIA UNIVERSIDAD DE MÉXICO. ** SEGUNDA EDICIÓN, DEDICADA AL REY NUESTRO SEÑOR DON CARLOS III, y un pequeño escudo real. A esa carátula se agregó una falsa portada, en pliego suelto, que reza, en cambio: ESTATVTOS Y CONSTITUCIONES REALES [gran escudo real] DE LA IMPERIAL, Y REGIA UNIVERSIDAD DE MEXICO. Sin duda, la práctica de las falsas portadas era común, con fines de ornato. Pero la notable variante autoriza a suponer que esta segunda respondiera a presiones de la autoridad virreinal para realzar el carácter sólo real de la institucón. 187 real. El nuevo rector, Fernández Gaztelu, manifestó su contrariedad a los doctores universitarios, alegando la violación de sus inmunidades, en vista de “los altos fueros y privilegios que goza y debe gozar esta Real y Pontificia Universidad, así por ser lugar sagrado, como por ser casa de su Majestad y de el Real Patronato […]”2 8 3 . Se acordó que el rector enviara una consulta al virrey, narrándole el suceso y calificándolo de “extraordinario”. Sin embargo, el virrey avaló plenamente la actuación del alcalde del crimen y tachó la consulta de “irregular”, lo que dio lugar a varias misivas entre ambas partes. Un joven doctor, familiar de Haro y Peralta, el arzobispo recién llegado, propuso llevar el caso ante la jurisdicción episcopal, aprovechando su cargo de promotor fiscal de la mitra. Se trataba del doctor Fermín Fuero, quien promovió el recurso, exponiendo que la universidad era “casa religiosa” y gozaba de inmunidad por ser “un lugar piadoso y [que] usaba, al mismo tiempo que el de real, el título de pontificia”. El virrey se opuso en redondo, y en enero de 1574 envió un dictamen del fiscal a la universidad, donde afirmaba, sin cortapisas, que la institución era, en exclusiva, del rey. El auto fue enviado a la corte, y el rey lo confirmó en todo y por todo en octubre de 1776, descalificando con inusitada aspereza el recurso a los tribunales eclesiásticos. En la real cédula reivindicó los sagrados derechos del patronato y demás que incontestablemente tengo Yo en mi Universidad, como que es casa mía, sin sujeción o reconocimiento a otra potestad […] esa Real Universidad era casa mía, construida, edificada y levantada a mis expensas, campeando mis reales armas frente al edifico; dotadas sus cátedras, ministerios y empleos, de mi Real Hacienda; fundada bajo de leyes y Cédulas Reales; plantada y continuada con 283 Los claustros de 10, 13, 22 y 29 de noviembre, y de 1 de diciembre de 1773, así como los de 19 de enero y 10 de junio de 1774, dan cuenta del desarrollo del conflicto. Todos en RU, vol. 25, ff. 64 y ss. En la última fecha, el virrey lleva el pleito al Consejo, que ofrece en la cédula de 10 de octubre de 1776, un ajustado resumen de hechos: Lanning, Cedulario, pp. 242-244. Los sumarios de Alberto M. Carreño, Efemérides de la real y pontificia universidad de México, según sus libros de claustros, México, UNAM, 1963, 2 vols. v. II, pp. 657-662, a más de muy sucintos, poco claros. 188 estatutos formados y reformados por los Virreyes, Real Audiencia, y Visitadores Reales con aprobación mía y de mi supremo Consejo de Indias; sujeta a mi jurisdicción Real y de mi Vicepatrono en lo político y gubernativo; que su cuerpo moral era laical y profano, como lo es la jurisdicción de su cabeza y de sus Justicias Reales, que pueden prevenir en las causas [judiciales] dentro de las escuelas; y que por todo esto no debía llamarse un lugar piadoso, o instituido para actos de religión y piedad, sino para la instrucción de las ciencias como era de ver en la Ley de su erección, y el titularse [pontificia] no inmutaba ni alteraba su origen y naturaleza laica, profana y política, con quien repugnaba concurrir la inmunidad que pendía de otros ritos […]2 8 4 Resulta difícil imaginar una declaración regia más contundente y humillante para los defensores de la jurisdicción universitaria y del carácter pontificio de la corporación. Mientras la fulminante respuesta real se cocinaba en la corte, en noviembre de 1774, el claustro decidió nombrar por nuevo rector, previa dispensa de su corta edad, al doctor Fuero, promotor del recurso de inmunidad ante la audiencia eclesiástica. Fuero, en nuevo intento por afirmar la jurisdicción rectoral, apeló ante aquella para atraer al tribunal del estudio a un sacerdote del obispado de Puebla Francisco Javier Cavallero, preso en las cárceles arzobispales. El reo era bachiller por la universidad y abogado por la audiencia, había falsificado el título de licenciado, enviándolo a Castilla para procurar mercedes; además, firmaba de doctor y lucía en su bufete un bonete doctoral (capelo) 2 8 5 . También en esta ocasión, la real audiencia rechazó el intento del rector, alegando “exceso de jurisdicción”. Expuso que la universidad novohispana no había recibido del rey “jurisdicción mixta”, extensiva a ambos fueros, al modo de Salamanca, Alcalá y Valladolid. En México, el rector no podía apelar contra la 284 Lanning, Cedulario, p. 243. Un brevísimo resumen, en Carreño, Efemérides…,v. II, p. 670. Ver R.U. v. 25, ff. 160 y ss. 285 189 jurisdicción eclesiástica, pues sólo había recibido “la real y política limitada, contra estudiantes matriculados, y sobre estudios”. Por lo mismo, no era extensiva al caso del bachiller, quien, sobre ser sujeto del fuero eclesiástico, no estaba matriculado, y la falsificación de un título de licenciado no era asunto de estudios, “sino un delicto de falsedad”2 8 6 . Por lo demás, declaraba el fiscal, la universidad de México era pontificia sólo en tanto que la bula legitimaba la existencia de las facultades de cánones y teología y eximía de irregularidad a todos los graduados con anterioridad a la confirmación papal. En lo restante era, en todo y por todo, una institución real, así lo probaba el hecho de que la jurisdicción procedía exclusivamente del monarca. Al recibir el auto, el rector intentó el apoyo del claustro para “suplicarlo”. La áspera descalificación de la audiencia ponía a Fuero en situación comprometida. Alegó que se trataba, no de un asunto particular, sino tocante “al honor de la Escuela […], por lo que a todos conviene que no se perturbe ni altere la jurisdicción que a la cabeza [=al rector] de la universidad está concedida” 2 8 7 . Nadie del claustro lo respaldó. Aparte del temor a represalias, los doctores sabían cuán poco se podía avanzar en ese terreno. Dos años después, al leerse la citada cédula de 1776, pudo comprobarse, con toda contundencia, el poco valor práctico del mote de pontificia, reivindicado por la corporación. En suma, la universidad de México, aun gozando de bula papal y habiéndoles adjudicado el título de pontificia, no logró modificar su estatuto jurídico de institución real ni tampoco ensanchó, en la práctica, su libertad de actuación frente a los poderes regios. En México, el monarca rechazó, en el campo de los dichos y en el de los hechos, que una bula pudiese menguar el carácter real de su fundación. Así pues, la corporación podía 286 Véase E. González G., “¿Era pontificia la Real Universidad de México?”, en E. González G. y L. Pérez Puente (coords.), Permanencia y cambio en las Universidades hispanoamericanas 1551-2001, México, CESU-UNAM, en prensa; ver el Apéndice. 287 RU, v. 25, f. 163. 190 revestirse del título de pontificia como timbre honorario, pero ay de ella si pretendía emplearlo para sustraerse a su condición de universidad creada, edificada y dotada por el rey, su dueño y titular de su jurisdicción, ya que su naturaleza [era] laica, profana y política, y sin sujeción o reconocimiento a otra potestad. En suma, las tres universidades de Lima, México y Santiago de los Caballeros, en Santo Domingo, habiendo sido fundadas por el rey en el siglo XVI, nacieron y se mantuvieron bajo el patronato de la corona que, no sin reticencias, garantizó un mínimo de fondos para su sostenimiento. En la medida que las condiciones locales lo permitían, el rey las conservó bajo estrecha supervisión a través, bien de la real audiencia o del municipio, pero nunca de autoridades eclesiásticas. El monarca tampoco puso gran empeño en conseguirles bula. De hecho, Santiago de los Caballeros careció de confirmación pontificia. La real universidad de San Marcos usufructuó la bula con que Pío V confirmó, en 1572, a la universidad asentada desde 1553 en el convento dominicano de Lima. Esto significa que San Marcos nunca tuvo, como tal, refrendo pontificio. Por último, el rey accedió a solicitar bula para México, que fue emitida en 1595, pero el Consejo de Indias la retuvo, y sólo recibió el pase real un siglo después. Es cierto que los dominicos ganaron bula en 1538 para fundar una universidad en su convento de la ciudad de Santo Domingo, sin el aval del rey, pero la precaria situación de la isla no favoreció su prosperidad. Además, las autoridades virreinales hicieron lo posible por impedir que el convento siguiera graduando, y sólo en 1709 la orden logró la confirmación real. Por su parte, la fundación real de Santiago de la Paz tampoco se consolidó ni gozó de prestigio. La escasa herencia de Gorjón, mal administrada por el ayuntamiento, casi se extinguió, sin contar con la permanente penuria de la isla, que poco favorecía una afluencia masiva de estudiantes. Los obispos la transformaron en seminario diocesano en 1603, luego la dieron en administración a los jesuitas, quienes acabaron por adueñarse de ella. Durante 191 casi toda la primera mitad del siglo XVIII los jesuitas pelearon a los dominicos la exclusiva para graduar, con grande daño para ambas instituciones. Al fin, la expulsión de la Compañía dejó a los dominicos como únicos dispensadores de grados en la isla. No sorprende pues que ninguna de ellas fuese nombrada al enumerar las universidades americanas. Era una situación tan confusa que ni la Recopilación de leyes de Indias la supo precisar. Por el contrario, las universidades reales de México y Lima, asentadas en las dos boyantes metrópolis del nuevo mundo, pronto se consolidaron y gozaron de prestigio y cierta prosperidad durante más de dos siglos, hasta que las guerras de Independencia transformaron radicalmente su condición de súbditas del rey. 192 CATHOLIC UNIVERSITIES AND THE ENLIGHTENE D STATE: THE LOUVAIN CASE Jan Roegiers Katholieke Universiteit Leuven In a famous article from 1978, Roger Chartier and Jacques Revel denunciated the historiography of the European universities as “medieval, institutional and intellectual”.2 8 8 They made a plea for a broader approach, for a social history of the university, especially of the university populations. Much of their program has in the meanwhile been realized, as can be seen in the already published volumes of A History of the University in Europe and in the annual bibliography of History of Universities. The field of University History has been widened not only by applying questions and methods borrowed from the social sciences, but also by paying attention to more recent periods in the evolution of this institution of medieval descent, apart from the Catholic Church the oldest and most successful European institution, as Notker Hammerstein insisted.2 8 9 Most striking in recent literature is the attention paid to nineteenth and twentieth-century university history. Of the Early Modern Period, the sixteenth and seventeenth centuries, the period of Humanism and Confessionalization, have generally been studied in depth. The university of the eighteenth century on the contrary has only recently, in the last decade, been the subject of comparative study, of conferences and collective volumes. The main reason for this neglect was the disrepute in traditional historiography of most European universities in this period, especially those of the Catholic countries, as completely obsolete and ossified corporations, only serving the interests of a caste. According to most older studies, the interventio n of 288 Roger Chartier and Jacques Revel, ‘Université et société dans l’Europe moderne’ - Revue d’histoire moderne et contemporaine, 25 (1978), pp. 353-374. 289 N. Hammerstein, ‘Aufklärung und Universitäten in Europa: Divergenzen und Probleme’ in: N. Hammerstein (ed.), Universitäten und Aufklärung, Göttingen 1995, p. 191. enlightened State authorities had finally improved the situation in Catholic countries by introducing the necessary reforms, copied from Protestant institutions. The main enemy of these reformers was the Society of Jesus, fostering almost a monopoly in many universities. Only their dismissal and finally the abolition of the Order enabled the reformers to intervene. A conference of the Deutsche Gesellschaft für die Erforschung des 18. Jahrhunderts in Halle in 1994, 2 9 0 and an international colloquium organized by the Centre interdisciplinaire Bordelais d’études des Lumières in 1997, 2 9 1 have proposed a more differentiated presentation. The present contribution wants to illustrate some of these new insights and to add further nuances by presenting the example of Leuven University in the eighteenth century and comparing its situation and experience with those of other Catholic institutions of the same period. Lack of space will force us to narrow the scope of this contribution mainly to reforms in the sphere of university organization, without paying attention to the content of teachings. To come to a true understanding, it is necessary to follow the chronological order, but before starting the story of the many attempts at reform, it seems useful to give a general idea of this only university of the Austrian Netherlands, especially of its situation at the beginning of the eighteenth century.2 9 2 The foundation in 1425 of a university in the first town of the duchy of Brabant, a principality of the Holy German Empire, was an initiative of local authorities, of the town council and the chapter of Saint Peter’s collegiate church, representing both civil authority and the church at the local level. For their initiative they got the support of the weak duke John IV and within six 290 Proceedings published as: Notker and Hammerstein (ed.), Universitäten und Aufklärung, Göttingen 1995. 291 Published as: François Cadilhon, Jean Mondot and Jacques Verger (eds.), Universités et institutions universitaires européennes au XVIIIe siècle. Entre modernisation et tradition, Bordeaux 1999. 292 A general overview of the organization and history of the University, with further bibliography, can be found in Emiel Lamberts and Jan Roegiers (eds.), Leuven University 1425-1985, Leuven 1990. This work was also published in Dutch, but here and elsewhere in this article we prefer the English or French version of the titles mentioned. 194 months pope Martin V granted the foundation bull, establishing a studium generale with four faculties, Canon and Civil law, Medicine and the Arts. A Theology Faculty was accorded by his successor Eugene IV in 1432. 2 9 3 Like all medieval universities, Leuven was established as an independent corporation that enjoyed a number of privileges, many of them common to all similar institutions. Most fundamental was its juridical immunity, expressed by the existence of university courts of justice, an own university police and even a university prison. Also highly valued was the fiscal immunity. All suppositi, university members, the institution itself and the colleges, enjoyed immunity from certain State and City taxes, especially the excise on wine and beer. Since the seventeenth century, the University had its own duty free wine and beer cellar. Many considered the privileges of nomination to ecclesiastical benefices, granted to the University and to its Arts Faculty, as the coronation of the privileges. 2 9 4 The fourth of the main privileges was very much contested. What originally was a simple fact, that Louvain was the only university in the Burgundian or Habsburg Low Countries, later became a right. After contestations with the cities of Bruges and Tournai, Charles V recognized in 1530 the monopoly of Louvain of higher education in the Netherlands. In 1562, Philip II reduced his right by establishing a second university at Douai and, in 1575, the Dutch insurgents founded their own university at Leiden. But in the eighteenth century, since Leiden belonged to the Republic of the United Provinces and Douai had been conquered by Louis XIV, the monopoly was uncontested. It had been very different in the late sixteenth and early seventeenth century, when the University was really at war with the Jesuits who wanted to establish their own college, independent from the rector’s authority, to have their public teaching of theology and philosophy recognized, or to be enabled to establish a chair at the Theology Faculty. By mobilizing their friends among the 293 Marc Nelissen, ‘La fondation de l’Ancienne Université’ in: Jan Roegiers and Ignace Vandevivere (eds.), Leuven/Louvain-la-Neuve: Aller Retour, Leuven 2001, pp. 9-17. 294 See on this privilege the contribution to the present volume by Bruno Boute. 195 bishops and the royal counsellors, and by sending embassies to Rome and Madrid, the University could prevent any influence of the Jesuit order in the University.2 9 5 After 1640, the Jesuits took their revenge by attacking the University as the cradle of Jansenism. At the head of this privileged corporation stood the rector, elected every six months according to a rotation among the five faculties. The real authority belonged to the oligarchy of professors who met in the Congregatio, the University Senate. The dignity of chancellor, second in the University hierarchy, was by the bull of foundation given to the provost of Saint Peter’s Chapter. His only task was to grant the academic degrees by Apostolic authority. He enjoyed no other jurisdiction and did not attend the meetings of the Congregatio. The higher faculties were led by a limited group of doctors, who formed the collegium strictum. They organized faculty life, took the exams and admitted students for the various degrees. The holders of the chairs established in the fifteenth century were appointed by the town authorities. Most of them were clergymen and were remunerated by the income of a prebend of royal collation, or, if they were laymen, they received a salary. Exams and graduation in Louvain remained something serious and never degenerated into a mere formality. The Arts Faculty consisted of four paedagogia, colleges where the students were housed and taught. A few common courses were taught at a central building, the Vicus Artium. This faculty board was much larger than the one of the higher faculties and it also numbered many masters who were not teaching at the four pedagogies. Also to the Arts Faculty belonged the College of the Holy Trinity, a secondary school in 295 The dissertation of B. Boute, Academic Interests and Catholic Confessionalization in the Archducal Netherlands (1598-1621), Leuven 2003 (soon to be published) deals in detail with these problems. In 1624 and 16241627, the Theology professor Cornelius Jansenius was twice sent to Madrid by his colleagues to defend the interests of the University: Jean Orcibal, Jansénius d’Ypres (1585-1638), Paris 1989, pp. 131-156. 196 which the teaching of the humaniora, largely modelled on the Jesuit colleges’ curriculum, had been concentrated. Apart from the pedagogies, the University numbered some forty colleges, meant for the housing of students of the higher faculties, although these could also live in private houses. Most of the colleges had been established by private initiative. The first ones, founded in the fifteenth century, wanted to facilitate the studies of poor people. Rapidly they were seen as an instrume nt for discipline. At the turn of the sixteenth century, the existing colleges were reformed and new foundations established, meant for the education of a new, reformed clergy, in fact the precursors of the Tridentine seminaries. 2 9 6 Teaching was granted to the inhabitants of these colleges at their faculty; at the college they received a moral, spiritual and pastoral education. In the age of the Counter-reformation, more than twenty new colleges were added, some of them meant for the education of a Catholic c lergy for countries under Protestant rule, especially the United Provinces and Ireland, some for students of religious orders. According to the number of students, Louvain has always been an important university, reaching a peak in the middle of the sixteenth century with more than two thousand students. In the eighteenth century, apart from periods of war or political unrest, more than three hundred new students immatriculated every year. The total number of students varied between sixteen hundred and thousand eight hundred. Most of them were natives from the Austrian Netherlands or the Principality of Liège. Apart from these, there were large numbers of Catholic Dutchmen and Irish students. To come to a general characterization of the University of Louvain in the eighteenth century, one can get inspiration from 296 Edward De Maesschalck, ‘Foundation and Evolution of Colleges at Louvain in the Late Middle Ages’ in: Domenico Maffei and Hilde De Ridder-Symoens (eds.), I collegi universitari in Europa tra il XIV e il XVIII secolo, Milano 1991, pp. 155162. 197 the typology Willem Frijhoff proposed in University in Europe.2 9 7 A History of the Louvain has always followed the Paris model, taking inspiration for its statutes most immediately from Cologne, and by this way from Vienna and ultimately Paris. Within the different interpretations of the Paris model that occurred during the Early Modern Period, it was a typical “university of teachers” where the body of professors (organized by faculty and at the level of the university as a whole) took care of every aspect of university life. The existence of many colleges within the University played almost no role in teaching, - except for the Arts Faculty, - but was an element of education. In the sixteenth century, the University had incorporated some elements of the Humanist reform, especially by incorporating as early as 15171519 the Collegium Trilingue (though that was of minor importance after 1650), and by separating the studies of the humanities from the philosophical education, provided by the pedagogies. Still of major importance in the eighteenth century situation, were the elements stemming from the Catholic Reformation and Counter-reformation. Since the days of Adrian of Utrecht – better known as the a l ter pope Adrian VI – the education of a new clergy was the main purpose of most college foundations. After Louvain had been the first official institution to condemn the doctrine of Martin Luther, it became a stronghold of the Counter Reformation, where the first official Catholic Confession of faith was drafted on the demand of Charles V (1544), where the Index of forbidden books was developed as an instrument of orthodoxy (1546), where official Catholic Bible editions in Latin and the vernacular were published (1547-1550). Louvain created these and other instruments of the Counter Reformation that were later taken over by the Papacy as instruments of the Tridentine Reform. Until the end of the eighteenth century, the University boasted of its role in safeguarding, if not all, at least half of the Netherlands against 297 In: H. De Ridder-Symoens (ed.), A History of the University in Europe, Vol II: Universities in Early Modern Europe, Cambridge 1996, pp. 64-70. 198 Protestantism. In the eighteenth century, the University not only educated the elite of the country’s clergy, - some 30% of the secular priests and many members of the religious orders, - but also formed almost 90% of the Catholic clergy of the Northern Netherlands and a substantial part of the Irish Catholic priests and religious. Contrary to Douai, which was really meant to be merely a seminary, Louvain kept its character as a university, providing a broader education, which included the training of lawyers and physicians for the whole country. In all official documents, originating from the University itself or from the government, Louvain is described as the National University, in charge of granting the degrees needed for any legal profession, medical practice or the higher posts in the ecclesiastical hierarchy, - “la pépinière qui fournit des hommes à l’Église et l’État,” as they call it. It is difficult to distinguish within this role between general education, scientific or specialized formation and professional training. Another function of the University, recognized since the sixteenth century, was its role as a moral and technical authority, the advisor of the Sovereign and the ecclesiastical hierarchy. It was mainly, but not exclusively, as an instrument of the Catholic Reformation, that the University and especially the Theology Faculty, conquered this position. The University, faculties and individual professors also advised the Sovereign in legal and political matters, such as the marriage problems of Henry VIII and the territorial claims of Louis XIV, and in problems of hygiene and public health. Bishops submitted moral or canonical cases. The national State and the national Church needed the University. The University, in turn, needed State and Church. In a system where the bishops were nominated by the King, national State and national Church can hardly be distinguished. Opposition between them only originated in the later eighteenth century. It makes more sense to distinguish between the 199 national body and the Holy See. 2 9 8 Louvain needed both, as a warrant and safeguard for its privileges and social authority. As Bruno Boute explains, State interventions in the constitution of the University (especially the famous Visitation of 1607-1617 that resulted in a new organic law for the University) were provoked and prepared, if not by the University as a body, at least by some of its most influential members. They might not be described, as most older historiography has done, as brutal interventions that reduced the autonomy of the University, but as the result of a process of adaptation of the University to new political and ecclesiastical realities, a process of adaptation in which the University itself played an active role. A major result of this evolution was the gradual eviction of the City authorities from the internal affairs of the University.2 9 9 Here the interests of the University and the State fully met. The same can be said of the relationship between the national body and Rome, although we cannot neglect a regalist tradition, stemming from the French-Burgundian times, nourished by Spanish legalists and consciously developed since the middle of the seventeenth century, especially in the context of the Jansenist controversy. The work of the great canonist Zeger Bernard van Espen (16461728) formed a brilliant synthesis of these regalist ideas that had been developed in a praxis of two centuries.3 0 0 His ideas were shared by most professors of the Law Faculty, but met with opposition from a militantly anti-Jansenist Theological Faculty. Often the University was divided between its loyalty to the Holy See, which had endowed the institution with important privileges and served as a warrant against any infringement of its autonomy, and its loyalty to national legal traditions, represented in the first place by the members of the royal councils, all of 298 Jan Roegiers, ‘Louvain et Rome: six siècles d’histoire’, in: Roegiers and Vandevivere (eds.), Leuven/Louvain-la-Neuve, pp. 65-76. 299 Edward De Maesschalck, ‘The Relationship betwen the University and the City of Louvain in the Fifteenth Century’ – History of Universities, 9 (1990), pp. 4571; Jan Roegiers, ‘Ville et Université’, in: Roegiers and Vandevivere (eds.), Leuven/Louvain-la-Neuve, pp. 19-28. 300 On him: Michel Nuttinck, La vie et l’oeuvre de Zeger-Bernard van Espen. Un canoniste janséniste, gallican et régalien à l’Université de Louvain (1646-1728), Louvain 1969; Guido Cooman, Maurits van Stiphout and Bart Wauters (eds.), Zeger Bernard van Espen at the Crossroads of Canon Law, History, Theology and Church-State Relations, Leuven 2004. 200 them educated in Louvain, who defended the interests of the University on the national level. In this context, the national bishops only played a minor role. The ordinarius, the Archbishop of Mechelen, had no function in the University constitution. Some of the bishops sided more with the papal nuncio, others with the royal councils. On both sides and at the same moment, they could meet members of the University. To summarize this overview of the University’s constitution and functions, we can say that most of its characteristics are also to be found in other Catholic universities, but that the picture as a whole was unique. Very striking was the large extent of autonomy and legal immunity with which the popes had endowed the foundation: it was more generous than in any other institution of the late Middle Ages and this was retained until the eighteenth century. Very peculiar was the situation of Louvain as the national university of a whole country, in the Catholic world of the eighteenth century only to be compared with Bavaria, which was less populated. Louvain University had no rivals w ithin the country and until the middle of the eighteenth century, no other form of higher education or professional training existed, apart from the diocesan seminaries. Really unique beyond the Alps was the total absence of Jesuits in a Catholic University. Dominicans and Austin friars held posts at the Theology Faculty and members of the monastic orders attended its courses, but no Jesuit ever belonged to the University.3 0 1 This was the state of things at the University when the Austrian Habsburgs, after the Spanish Succession War (17011713), took over the Catholic Netherlands. During the first ten years, the government was hardly interested in university matters or education in general. Only when, in 1725, the Emperor’s sister, archduchess Maria Elisabeth, was appointed Governor general of the Netherlands, the Brussels government spent a lot of energy on it, with one single purpose: to eliminate 301 In fact, also this rule has its exception: Johannes Guilielmi Harlemius, a Jesuit who taught Hebrew at the Collegium Trilingue in 1568-1569. 201 the last remnants of Jansenist resistance.3 0 2 The co-operation between the governess, assisted by her confessor the Hungarian Jesuit Stephan Amiodt, the Archbishop, the Nuncio, the Jesuit order and anti-Jansenist theology professors, resulted in 1728 in the condemnation and exile of Van Espen and a dozen others. In 1730, an oath on the bull Unigenitus and on all other antiJansenist condemnations, was officially accepted by the University and imposed on all professors and all students before graduation. 1730 meant the end of a period of struggle and disputes that had divided the University during almost a whole century. The internal quarrels and the many interventions of Rome and Brussels, of the Nuncio, the Archbishop, the Council of Brabant, the Privy Council and the Governor general, had deprived the University of a lot of its autonomy, moral authority and social esteem. The governess and her confessor now wanted to use the authority of the University for the introduction of a new Index of forbidden books that would not only list Protestant and Jansenist titles, but also the works of the early Enlightenment and the main instruments of regalism. This project met with very firm opposition from the royal councils, describing the proposal as a re-introduction of the Inquisition. The University too was not inclined to support the initiative. Nothing really happened before the death of Maria Elisabeth in 1741 and the project was buried with her. Amiodt filled hundreds of pages with complaints about the University, but none of his proposals to the governess could be 302 From here onwards, this contribution is mainly based, for the facts, on my (unpublished) doctoral dissertation: J. Roegiers, De Leuvense theologen en de Verlichting: Onderwijs, wetenschap, polemiek en politiek van 1730 tot 1797, Leuven, 1979. The references to this work are limited tot the minimum. Where possible, I refer to (more recent) publications based upon this dissertation or related to the same research topic. Quotations from sources or other works are always identified. For a short summary in English of my dissertation, I can refer to Jan Roegiers, ‘The Faculty of Theology during the Enlightenment (1730-1797)’ – Louvain Studies, 5 (1975), pp. 234-251. Essential is J. Roegiers, ‘L’augustinisme de l’école de Louvain au XVIII e siècle’ in M. Lamberigts (ed.), L’augustinisme à l’ancienne faculté de théologie de Louvain, Leuven 1994, pp. 333-360. 202 put into practice.3 0 3 Most of his arguments relate to regalist and Jansenist influence and to the University’s antipathy against the regular orders, especially the Jesuits. Better justified are his reproaches concerning protectionism, discouraging students and professors coming from other institutions, the negligence in granting degrees in law and medicine, the cumulation of offices by many professors, the high taxes for graduation, the lack of discipline among students and even professors, the neglect of public teaching for the benefit of private tutorials, the selfsufficiency of most doctors. Interesting also are his remarks about the disinterest in anything that was published in Germany, whereas the professors seemed familiar with French and Dutch publications. A much similar criticism of the University situation had earlier been formulated by viscount Wynants, who, after having belonged to the councils in the Netherlands, became a member of the Supreme Council for the Netherlands in Vienna.3 0 4 Very typical for this lack of German influence is the absence in Louvain of initiatives to promote history as a university discipline. In many German universities, modernization of the curriculum, especially at the faculties of Law and Arts, started with the introduction of a chair of history.3 0 5 Many members of the University were aware of these problems and some tried to do something about it. Some rectors concentrated upon discipline and issued new rules or renewed older ones. Especially interesting are the attempts at renewal of the curriculum, where the initiatives were taken by professors or faculties who looked for support, especially financial, from the State. 303 The manuscript notes by Amiodt are kept in Vienna, Österreichische Nationalbibliothek, Handschriftensammlung, nrs. 6399-6414. 304 On Goswin Arnould de Wynants (1661-1732): Pierre Delsaerdt in Nationaal Biografisch Woordenboek, 14, Brussel 1992, col. 782-790. 305 Harald Dickerhof, ‘Die katholische Universitäten im Heiligen Römischen Reich deutscher Nation des 18. Jahrhunderts’ in: Hammerstein (ed.), Universitäten und Aufklärung, pp. 21-47, especially pp. 25-27. 203 Well known is the case of the new chair for public law, established in 1723. 3 0 6 Although the initiative was earlier ascribed to the Minister plenipotentiary Marquess of Prié, representing the always absent Governor general, prince Eugene of Savoy, the idea certainly stems from the University itself, where professors of civil law convinced the Council of State to reserve some income for a new royal chair in this field. The arguments that were used invoked the success of these new matters in German universities and in Leiden, and aimed at German and Polish nobles who, for this reason, went to Protestant universities, in the first place to Leiden. The minister saw in this chair a means to introduce absolutist ideas. The first holder of the chair, Armand Bauwens, a friend of Van Espen, used it to propagate regalism. Unfortunately for the new chair, he died after only one year of teaching. 3 0 7 Although Maria Elisabeth and Amiodt wanted to appoint a successor, who had to be more circumspect in ecclesiastical matters, they did not succeed. Many feared that the new chair would be endowed by the suppression of another one. The theologians feared the use of Protestant handbooks, like those by Grotius and Thomasius for instance. More seemed possible at the Arts Faculty, where the Aristotelian program was attacked since the mid seventeenth century. Before 1700, already the Louvain curriculum was the most Cartesian of the whole of Europe. The reforms of 1704, 1721 and 1736 excluded almost all treatises that were left from the scholastic curriculum, for the benefit of mathematics and physics.3 0 8 In 1743, the Arts Faculty asked in vain the support of 306 Ch. Terlinden, ‘Les avatars de la chaire de droit public à l’Université de Louvain au XVIII e siècle’ in: L’Université de Louvain à travers cinq siècles, Bruxelles 1927, pp. 203-209. 307 Guido van Dievoet, ‘De “Institutiones iuris publici universi” van A. Bauwens, professor van publiekrecht te Leuven in 1723-1724’ in Recht en instellingen in de oude Nederlanden tijdens de Middeleeuwen en de Nieuwe Tijd. Liber amicorum Jan Buntinx, Leuven 1981, pp. 527-548. 308 Geert Vanpaemel, Echo’s van een wetenschappelijke revolutie. De mechanistische natuurwetenschap aan de Leuvense Artesfaculteit (1650-1797), Brussel 1986; Brigitte Van Tiggelen, ‘Les réformes dans l’enseignement des sciences à la Faculté des arts de Louvain au XVIIIe siècle’ - Scientiarum Historia, 23 (1997), pp. 41-71. 204 the government for their project to install a school for experimental physics. They would renew these efforts in 1751 and even draft the rules for this schola experimentalis that had still to wait for some years to become reality.3 0 9 In the 1740’s, the government supported the initiatives of the medical faculty, where a famous professor, Henry Joseph Rega (1690-1754), fully modernized the infrastructure, partially at his own expenses. 3 1 0 Like his own teaching and practice, his reforms seem inspired by what his great example, Hermann Boerhaave (1668-1738) did in Leiden. For the chair of botany and pharmacy, a botanical garden was laid out already in the 1730’s. Dissections had been introduced in the early 16th century and practised ever since, but now the Faculty got a wellequipped anatomical theatre. The chair of chemistry, dating from 1686, was now endowed with its own laboratory. 3 1 1 Many reforms that would be introduced by Van Swieten in Vienna after 1753 and that aimed at a more practical training in medicine and narrowed the distinction between internal and external treatment, medicine and surgery, had been realized at Leuven university ten years before, or even earlier. The same Rega and two colleagues from the Law Faculty had been at the origin of a splendid new building for the University Library in the 1720’s. One cannot pretend that Louvain University in the first half of the eighteenth century was in no way aware of the changing climate in science and education. Except for Theology, all faculties introduced reforms and adapted their infrastructure, almost without support from outside and anyway at their own initiative. 309 Brigitte Van Tiggelen, ‘Du règlement de la “camera experimentalis” à la “schola experimentalis”: une page méconnue de l’histoire de la Faculté des arts de Louvain au XVIIIe siècle’ - LIAS: Sources and Documents Related to the Early Modern History of Ideas, 15 (1988), pp. 129-143. 310 On him: A. Van Driessche, ‘Bij het tweede eeuwgetij van het afsterven van de Leuvense professor H.J. Rega’ Verhandelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor geneeskunde, 16, Brussel 1954, pp. 299-330. 311 300 jaar chemie te Leuven 1685-1985, exhibition catalogue, Leuven 1985. 205 It was in fact this will to reform that from the 1750’s got the support of the government. After the Austrian Succession War (1740-1748), Maria Theresa’s government started a policy of reform in almost any field of the public sphere. In fact, the very idea of public sphere itself had changed. Domains as culture, education and welfare, that had been considered part of the domain either of the Church or of local authorities, were now invaded by the enlightened State. Chancellor Kaunitz and the Empress herself encouraged the Brussels government in this way and especially the ministers plenipotentiary Botta Adorno (17491753) and Cobenzl (1753-1770), immediate representatives of the sovereign in Brussels, were very active enlarging the sphere of action of the central government in the Austrian Netherlands.3 1 2 Usually, the appointment in 1754 of Patrice François de Neny as royal commissioner for the reform of Louvain University, is seen as the beginning of direct government ingerence in University matters. In fact this appointment was as much provoked by the University itself as it was a governmental initiative; in no way Viennese authorities have given the impetus. Neny (1716-1784) 3 1 3 was the son of an Irish immigrant, Patrick MacNeny, who finished his career as the secretary of State and War of the Austrian Netherlands of the Austrian Netherlands. The son studied law at Leuven in the late 1730’s and started his professional career as a secretary of the Privy Council. In 1744, he was appointed a member of the Privy Council. His career was very much furthered by his marriage to the daughter of the already mentioned viscount Wynants, 312 Joseph Laenen, Le ministère de Botta -Adorno dans les Pays-Bas autrichiens pendant le règne de Marie-Thérèse (1749-1753), Anvers 1901; Ghislaine De Boom, Les ministres plénipotentiaires dans les Pays-Bas autrichiens, principalement Cobenzl, Bruxelles 1932. 313 On him and his family: Une famille noble de hauts fonctionnaires: les Neny (Études sur le XVIIIe siècle, XII), Bruxelles 1985; G. van Dievoet (ed.), Patrice de Neny (1716-1784) et le gouvernement des Pays-Bas autrichiens (Anciens Pays et Assemblées d’États, LXXXVIII), Kortrijk-Heule 1987; Bruno Bernard, PatriceFrançois de Neny (116-1784). Portrait d’un homme d’état (Études sur le XVIIIe siècle, XXI) Bruxelles 1993. 206 member of the Supreme Council for the Netherlands. In 1750, Neny himself was made a member of the Supreme Council, but since he seemed indispensable in Brussels, he only spent half a year in Vienna. In 1753, he became president of the Council of Finance and, in 1758, followed his final promotion as ChiefPresident of the Privy Council. As a member of the Privy Council, Neny specialized in ecclesiastical affairs. In fact, he systematized the regalist practice of the councils and translated the ecclesiology and antiultramontane ideas of Van Espen into a political program that should result in the establishment of a national church in the Austrian Netherlands, the Église belgique, so often mentioned in his writings.3 1 4 Neny had always remained in contact with some of his former professors in Louvain and several of his fellow students. This old boys’ network later proved to be extremely useful for both sides. In the 1750’s, he also came in contact with representatives of the Jansenist International, in France as well as in Utrecht. This network too became important for Neny and his Jansenist correspondents. The first intervention of Neny in University matters followed immediately after the end of the war, when he settled an old contestation between the University and some bishops on the role of respectively the diocesan seminaries and the University and its colleges in the education for the priesthood. Since archbishop Fénelon of Cambrai in the late seventeenth century, some bishops required a more or less prolonged stay at the diocesan seminary before administering the major orders to University students. They invoked their right and duty to judge the ability of the ordinandi, but in fact they were in most cases instigated by the Jesuits who taught theology in many semina314 J. Roegiers, ‘Joséphisme et Église belgique’ - Tijdschrift voor de studie van de Verlichting, 3 (1975), pp. 213-225: Id., ‘De jansenistische achtergronden van P.F. de Neny’s streven naar een “Belgische Kerk” - Bijdragen en mededelingen betreffende de Geschiedenis der Nederlanden, 91 (1976), pp. 429-454; Id., ‘Neny en de “Belgische” Kerk’ in: G. van Dievoet (ed.), Patrice de Neny, pp. 171188. 207 ries and who accused the Louvain professors, even after 1730, of Jansenist sympathies. Very often this conflict was combined with a contestation of the privilegium nominationum. Although all these contestations had ended with a recognition of the rights of the University in clerical formation, the problem always popped up again, as was the case since 1743 with the bishop of Ghent. Neny accepted the arguments of the University and finally the bishop was not only officially blamed for his hostility towards the University, but even punished by the refusal of permission for an enlargement of his seminary. The University had the official documents on its victory printed, ordered the celebration of a mass of thanksgiving and also thanked councillor Neny. From this period dates a frequent correspondence of Neny with some Louvain professors, who were encouraged to inform him about the situation at the University and to suggest ways to improve it. In 1752, Neny started a systematic action. His former tutor, Jan Baptist Zegers, professor of Greek, was made librarian of the University and charged with a modernization of the collection and administration. The chair of public law was restored and entrusted to one of Neny’s confidents, Christophe Robert. In May 1753, a decree of the Governor general – drafted by Neny – corrected the many abuses in teaching and discipline, which Neny’s correspondents had denounced. The Arts Faculty got its long-awaited Schola experimentalis. To proceed in a more systematic way, Neny proposed a new Visitatio, an idea already propagated by his father-in-law. In June 1753, Neny left Brussels for a second time, to occupy his seat in the Supreme Council. Back from Vienna in the autumn of the same year, he disposed of the instruments that were needed for further reform. His two journeys to the capital coincided with the beginnings of the reform of Vienna University by the court-physician Gerard van Swieten (1700-1772), 3 1 5 but it is not probable that this influenced his ideas or initiatives. The contrary is possible, since many of the reforms Van Swieten 315 On him: E. Lesky and A. Wandruszka, Gerard van Swieten und seine Zeit, XXX, 1973. On his reform of Vienna University, see also: Helmut Engelbrecht, Geschichte des österreichischen Bildungswesens, Bd. 3: Von der frühen Aufklärung bis zum Vormärz, Wien 1984, pp. 189-194. 208 introduced had already been realized at Louvain by Rega. We can be sure that Van Swieten – who had started his university studies at Louvain – knew Rega and his work and most probably Van Swieten and Neny met in Vienna. It is also clear that chancellor Kaunitz – who, in 1732, had enrolled at Louvain and had kept a bad souvenir from the University, or at least the Law Faculty3 1 6 – was interested by Neny’s proposals for university reform. On July 24, 1753, the meeting of the Supreme Council, with Neny among the participants, was dedicated to the Louvain University reform. The idea of an intervention of Rome in the planned Visitatio, - defended by Botta, but already a problem in 1617, - was rejected. Detailed instructions for a restoration of discipline and a better control of the financial administration of foundations and colleges were drafted. Means had to be found to prevent students from the Austrian Netherlands to frequent Douai University, now a foreign institution where the Jesuits were too influential. An improvement of the teaching of French – for which a special chair had been established in the seventeenth century under the title of “langue bourguignonne” – could also contribute to keep Dutch-speaking students at home. What strikes in these first instructions from Vienna for a reform of the Brabant University, is their limited scope and very concrete character. They did not represent the ideas of a Viennese think tank, but the project of Neny, inspired by his Louvain correspondents. Back in Brussels, Neny changed his idea about a Visitation of the University. Since a similar action without Roman intervention would inevitably provoke a conflict with the Holy See, he convinced the Governor general, Charles of Lorraine, and the new Minister, count Cobenzl, to appoint him as a royal commissioner for the reform of the University, a function that 316 Kaunitz, who had started his studies at Leipzig and moved later to Louvain, noted : “Es ist ein verbrechen junge Herren von Stand hierher zu schicken. Anstatt etwas zu lernen, vergessen sie hier alles, was sie an einer anderen Universität hätte lernen können.” Cfr. Robert Evans, ‘Die Universität im geistigen Milieu der habsburger Länder’ in: Alexander Patschovsky and Horst Rabe (eds.), Die Universität in Alteuropa, Konstanz 1994, p. 197. 209 had already existed in the seventeenth century to implement the reforms introduced by the Visitatio of 1617. Before the plan had been approved by the Viennese authorities, Neny’s appointment was made public. The commissioner was charged “de veiller exactement à tout ce qui peut intéresser la direction, la discipline, la police et les études dans l’Université”.3 1 7 The academic authorities were obliged to communicate to him all information he needed. In the next ten years, dozens of decrees were sent from Brussels to Louvain concerning university discipline, financial administration, study program reform. The requirements for the academic degrees were newly defined and had to be strictly observed by the faculties of law and medicine. Excessive spending at the occasion of promotions was restricted. The financial administration of the colleges and scholarship foundations was regulated and put under control. Misbehaviour of the students was severely repressed. In line with older legislation that had forbidden to study abroad, a new decree prohibited studies in philosophy at a foreign university, except those under Habsburg rule. Although the decree was formulated in very general terms, the preparatory documents prove it directly aimed at Douai University, where many students, especially from Flanders or from Jesuit colleges, continued to graduate in the Arts before moving to Louvain for a higher faculty. The sixteenth century laws that were invoked as precedent were directed against institutions under Protestant influence; the new rule wanted to restrict Jesuit influence. Also the faculties and their teaching were affected by the reform. Henceforth for a doctoral degree in theology, an exam in Greek and Hebrew was required, a measure that repopulated the Collegium Trilingue. In medicine, the teaching of anatomy by dissection, of pharmacy and botany was regulated.3 1 8 Hardly anything happened these first years with regard to the law 317 Decree of C harles of Lorraine, July 18, 1754, published by Jules De Le Court, Recueil des Ordonnances des Pays-Bas autrichiens, VII, Bruxelles 1891, pp. 358359. 318 P. Lenders, Overheid en geneeskunde in de Habsburgse Nederlanden en het Prinsbisdom Luik, Kortrijk-Heule 2001, pp. 111-116. 210 faculties. Neny especially concentrated upon the Arts, where a laboratory for experimental physics was organized and endowed, and where a new building was constructed for it, the first purely neo-classical building of the country. New rules and a totally new study program were imposed upon the Collegium Sanctissimae Trinitatis, the school of humanities. The reform stressed the importance of French and Greek, introduced a study of history and stimulated the active participation of the students.3 1 9 After 1765, the Arts curriculum itself was further modernized, especially in the field of mathematics, physics and epistemology, although the elements of botany, zoology, anatomy, physiology, geography, natural and international law, anti-deistic and antimaterialist metaphysics which Neny and his advisers wanted to introduce, were rejected by the majority of the Faculty.3 2 0 At the Theology Faculty, Neny focused upon ultramontanism, which, according to him, was to be found in some handbooks and theses. Several decrees forbade such publications. He also tried to have the oaths on Unigenitus abolished or at least replaced by a more general formula. The theologians and the papal nuncio were alarmed. Since the Empress feared for a reaction from Rome, nothing could be done during her lifetime. The interventions of the royal commissioner and the government in university matters were sometimes questioned by members of the University, who were convinced that a participation, or at least an approval, of the Holy See was necessary for fundamental changes. In a conflict with the law faculties, the Privy Council – in fact Neny – put forward that “le seul doute sur l’autorité exclusive du souverain pour la législation sur la direction des études, sur l’ordre public , sur la discipline et la police d’une université, est par soi injurieux et 319 Eddy Put, ‘De hervorming van het Leuvense H. Drievuldigheidscollege in 1755’ in: Onderwijs en opvoeding in de achttiende eeuw, Amsterdam & Maarssen 1983, pp. 85-92. 320 See notes 21 and 22. 211 d’une dangereuse conséquence.”3 2 1 Henceforth, the professors learned, it was impossible to play off Rome against Brussels. In spite of some radicalism in his ideas, Neny suggested in most cases that the reforms were only the application or the renewal of older decisions. Just as in his legislation on other matters, he constantly invoked existing law, precedents and historical arguments. Just as his initiatives in ecclesiastical matters were presented as merely an application of the decrees of the Council of Trent, he also presented the university reform as in line with law, custom and tradition. He was aware of the susceptibilities of the academic body, but he also knew how grateful the professors were for his interventions in their conflicts with some bishops and others. He tried never to impose the new measures with brutal force. “Les lois trop sévères ne sont pas les mieux exécutées”, he wrote. At the same time, his esteem for academic autonomy was very limited: “La jurisdiction de l’Université n’est point un empire; c’est un ministère, réglé par les constitutions de l’État [...] et subordonné aux lois des souverains. Si on l’envisageait autrement, ce serait attacher à l’autorité de l’Université l’idée d’une puissance indépendante de toute autre.”3 2 2 For the further implementation of his reforms, Neny needed new co-operators inside the University itself. He asked his friends and acquaintances among the professors to suggest candidates whose career could be furthered and he did not hesitate to intervene in appointments and promotions. Most of the reforms in the Arts Faculty were suggested by Jean Noël Paquot (1722-1803) who, from professor of the humanities, was made holder of the chair of Hebrew, librarian of the University and royal historiographer. 3 2 3 Paquot’s predecessor as a librarian, also appointed after an intervention of Neny, was a young 321 Advice by the Privy Council, March 13, 1758: Brussels, Archives générales du Royaume, Conseil Privé 1069B. 322 Note by Neny, kept at Leuven, Rijksarchief, Oude Universiteit Leuven, 126. 323 On him: Tom Verschaffel, Historici in de Oostenrijkse Nederlanden (17151794): Proeve van repertorium, Bruxelles 1996, s.v. 212 theologian, Corneille François de Nelis (1736-1798). 3 2 4 He did a lot for the growth and the mo dernization of the collections and was very creative in finding new sources of income for the library. At his suggestion a true University Press and an academic book shop were set up. His suggestions for the establishment of a learned society for the elite of the professors stood at the origin of the foundation of a Société littéraire in Brussels, rapidly transformed into the Académie impériale et royale de sciences et belles-lettres (1772). 3 2 5 Nelis, Paquot and other reform- minded professors belonged to its first members. At the Faculty of Law, Neny furthered the career of, among others, Josse Leplat (1732-1810), who later became an enthusiastic supporter of the Josephine reform and who revealed himself to be the last Jansenist at the University.3 2 6 At the Theology Faculty, where great reforms did not seem necessary, Neny helped several young theologians to start a career, as e.g. Pierre Jacques Marant (1743-1812). Neny was also aware of the ongoing reform at the Austrian universities. In 1767, he travelled once more to Vienna, which enabled him to compare the imperial university with the Louvain situation. In letters to the minister plenipotentiary, he praised the new central university building and the observatory, but he was extremely critical towards the physics laboratory, the botanical garden, the anatomical theatre and its collections of preparata. In this field, Louvain outdid Vienna completely. He paid much interest to the teaching of public law by Peter Joseph Riegger, the father of Josephine ecclesiastical law, and to the reorganization of the University management.3 2 7 324 W.J.H. Prick, C.-F. de Nelis: Un homme d’Église libéral au Siècle des Lumières (1736-1784), Nancy 1942. 325 J. Roegiers, ‘De Academie van Maria Theresia in historisch perspectief’ in: De weg naar eigen Academiën. Acta van het colloquium der Koninkljke Academiën van België, Brussel 1983, pp. 29-42. 326 On him: J. Roegiers, ‘Un janséniste devant la Révolution: Les avatars de Josse Leplat de 1787 à 1803’ in: F. Stevens and D. van den Auweele (eds.), “Houd voet bij stuk”. Xenia juris historiae G. van Dievoet oblata, Leuven 1990, pp. 75103. 327 Neny to Cobenzl from Vienna, September 19, 1767, Brussels, Archives générales du Royaume, Secrétairerie d’État et de Guerre, 1300, f. 18-20. 213 He also came into contact with other University reformers. In 1767 and 1768, the famous Strasburg professor Jean Daniel Schöpflin and experience university reformer, visited the Low Countries and went to see Louvain University, accompanied by the librarian Nelis. Schöpflin’s report to the Brussels government almost literally reproduced some documents Nelis had communicated. He advocated the teaching of geography, history and mathematics, the establishment of chairs for international law and political history, his own specialism. And he made a plea for an old idea of Nelis, the foundation of an Academy of Sciences as a stimulus for scientific progress, - an idea soon realized. 3 2 8 Another visitor in 1767 was Pietro Maria Gazzaniga, professor of dogmatics at Vienna University, the advocate of Augustinianism and the adversary of Molinism and probabilism. He spent three days in Louvain, visited Leplat and other Jansenists in Brussels, but also the nuncio. In a report to the Brussels government, he advocated new chairs at the Theology Faculty for Church history, canon law and Oriental languages. The alarmed nuncio promised the Roman State secretary to be on his guard, by the way of trustworthy Louvain professors, for attempts against Roman jurisdiction. Things changed in 1770’s, when also in Vienna, after the death of Gerard van Swieten, a new generation of University reformers appeared, with broader interests, more influenced by the models of Ha lle and Göttingen and more and more stressing professional training.3 2 9 After ten or twelve years of university reform, the royal commissioner, now the central figure of the Brussels government, showed some fatigue. Several times he asked for an assistent in university matters. The minister of Vienna preferred to install a confidential agent at Louvain itself. The death of the titular provost of Saint Peter’s Chapter, a German noble who had never taken up residence, offered this possibility. In 1772, the Emp ress appointed Jean Marci (?-1791) 328 On Schöpflin and university reform: Jürgen Voss, Universität, Geschichtswissenschaft und Diplomatie im Zeitalter der Aufklärung: Johann Daniel Schöpflin (1694-1771), München 1979. 329 Engelbrecht, Geschichte des österreichischen Bildungswesens, Bd.3, pp. 194196. 214 as a provost, a function to which the dignity of University Chancellor was attached. The Luxemburger Marci had been director of the Department of physics and mathematics at Vienna University and preceptor of the archdukes. He was acquainted with the new system at the Imperial University and offered “de se prêter aux vues que la Cour s’était formé d’y introduire un ordre plus convenable dans les différentes parties, tant de l’enseignement que de l’économie, à l’instar des autres universités et surtout de celles des pays héréditaires”. 3 3 0 He was also made a member of the new Brussels Academy. Neny was instructed to give Marci all necessary information on the situation of the University and guide-lines for further reforms. According to Neny, the reforms already introduced sufficed. The task he saw for Marci was merely that of a controller. Only after several years, when he was really acquainted with the situation and the university people, could he propose further changes. The new chancellor did not follow this prudent advice. He was very convinced that the Vienna university model was the only true one. After a few months, he started sending reports and projects to Brussels, where they visibly irritated Neny. Marci got into conflict with many members of the University and his Chapter, who mistrusted this pedant they didn’t know and who seemed useless. At the Royal Academy, Marci proposed to charge the Academy with drafting the general principles to be implemented by the University. In his own concrete proposals, he simply applied the Vienna model. Neny’s comments were clear: these projects “ne tendent à rien moins qu’à bouleverser l’Université, par l’anéantissement d’une multitude d’arrangements que les gens les plus éclairés, et qui connaissent bien l’Université, ont regardés comme fort sages.”3 3 1 The only proposal Neny really approved was the establishment of a chair for Church history. It would take ten years before this idea could be realized. 330 E. Mailly, Histoire de l’Académie impériale et Royale des Sciences et BellesLettres de Bruxelles, Bruxelles 1883, pp. 83. 331 Neny to Crumpipen, January 28, 1774, Bruxelles, Archives générales du Royaume, Secrétairerie d’État et de Guerre, 1345, f. 96. 215 The suppression of the Jesuit order did not immediately affect the University, in which the Jesuits played no role, but nevertheless contributed to a greater awareness of the government in educational matters. Neny, who had always been a firm adversary of the Order, had a Comité jésuitique installed, charged with the liquidation of their patrimony and all other regulations necessary. It was due to the Jansenist Neny that the members of the Order were dealt with severity. Their treatment was harsher than in the other Habsburg lands. To replace the Jesuit colleges, the Comité proposed the establishment of royal colleges, directed by members of the secular clergy. This proposal was only an element of a general plan for the reorganization of the whole national education system, encompassing all levels, primary, secondary and higher education. The three general principles on which the plan was based were: ? ? ? Education in the Austrian Netherlands had to be adapted in its organization and content to the changing times; Solid schooling and instruction was a form of social education; Education was an affair of the State. In the proposed scheme, Louvain University was presented as the top of a pyramid. The University got a new task: the education of teachers for the secondary schools. More concretely, the University was charged with the appointment of teachers for the royal colleges and their inspection. The scheme also comprehended a detailed proposal for the “definitive” reform of the University. In many fields, especially in the Medical Faculty, the reforms that had been introduced, were sufficient. At the Arts Faculty, the practical applications of theoretical knowledge had to be explained, such as agronomy after natural history or “arts et métiers” after theoretical mechanics. In Civil Law, natural law had to replace most of Roman law. Much attention was paid to a reform of the teaching of canon law that had to serve the establishment of the Église belgique. It had to be taught by laymen, as in Vienna, and based 216 upon Van Espen. In theology, all elements of ultramontanism and the subtleties of scholasticism had to disappear. One of the two chairs of systematic theology could be replaced by a second one for Holy Scripture and, of course, Church history was badly needed. The whole plan was theoretically approved, but could not be realized by lack of financial means. Nevertheless, it is very interesting to see how Neny and other members of the Brussels government, without following really the Viennese model, came to proposals that were very similar to the initial projects of Joseph II, that would follow ten years later. The disappearance of the Jesuits had for the University two concrete consequences. As had been proposed by the Comité jésuitique, the University, and especially some professors in Theology and the Arts, played a role in the organization of the new royal colleges. Three of these colleges were completely entrusted to the University and, in each of them, the curriculum that had been drafted for the Louvain College of the Holy Trinity fifteen years earlier was introduced. A second point was the destination of the buildings of the Louvain Jesuit College. Here the Faculty of Theology proposed the establishment of a Collegium theologorum veteranorum. Since there was clearly a surplus of priests, educated at the seminaries and the University, many of the former theology students stayed in Louvain, waiting for an appointment, but often without any serious occupation and not always behaving accordingly to their priestly status. They now could stay at the new college and get there a thorough pastoral training. The idea was accepted by the government and the college organized by the Faculty. The parish of Saint Michael’s was transferred from its collapsing medieval church to the splendid baroque building of the Jesuits, the function of parish priest united with the presidency of the Collegium veteranorum and its inmates engaged in the administration of the sacraments and other pastoral duties. This initiative and its realization demonstrate how even the mo st ultramontane theologians were willing to introduce reforms and to co-operate with an enlightened government, stressing social utility and a practical approach. 217 An other symptom of the will of the University to reform itself, was to be found in the many proposals for adaptation of the medical curriculum the Faculty sent to the government in the 1770’s and early 1780’s. For minor adaptations of the curriculum they didn’t ask any permission. Also the successor of Rega, Adriaan van Rossum (c.1705-1789), wanted to modernize further teaching and training. As one of the first of the Low Countries, he had attended the courses of the Collège de chirurgie in Paris, that rapidly after its establishment, attracted surgeons and physicians from abroad. Van Rossum fully integrated surgery into the Louvain medical curriculum. When the Faculty demanded that their graduates would be allowed to act as surgeons, they met the opposition of the corporations of surgeons and barbers, who defended their monopoly and privileges. The Faculty also proposed several times that the education of all surgeons, obstetricians and pharmacists should be entrusted to them; they were even thinking of veterinary training. What the Faculty wanted was a uniform and centralized education in all branches of the medical profession, organized in four sections: general medicine, surgery, obstetrics and pharmacy. Passing from one specialism to another had to be easy. The country needed uniform regulations for the practice of medicine. Local medical societies were needed to propagate medical innovations. They also wanted to teach in the vernacular. The main reason why this reform was not accepted by the members of the government was that it didn’t stem from themselves, but from the University. It would only be realized in the nineteenth century.3 3 2 This generally positive atmosphere would alter after 1775. The rising tension was caused much more by some of the agents Neny had introduced into the University, than by interventions of the government. Josse Leplat, a layman to whom the royal commissioner had entrusted the main chair of canon law, was in no way circumspect in his attacks on Roman jurisdiction, on clerical abuses and superstitious practices. He was, as Maultrot in France, a typical representative of a late generation of Jansenists, who were laymen, lawyers, more interested in 332 Lenders, Overheid en geneeskunde, pp. 113-124. 218 political action than in theology, erudite and productive public ists, open to some enlightened influences, but also firm adversaries of the contemporary French philosophie. Very rapidly, Leplat got into conflict with his colleagues of the Theological Faculty, especially the young librarian and professor of Holy Scripture, Jan Frans van de Velde. At the Theology Faculty, Pierre Jacques Marant (1743-1812), since 1776 holder o f small chair, was meant by Neny as the first professor of Church History. However, it took another seven years before this appointment could be realized. Just like his colleague Leplat, he got secret instructions imposing regalist principles and an enlightened criticism. Marant was also, together with Marci, the author of a voluminous Mémoire concernant l’Université de Louvain, ordered by the government in 1778 without intervention of Neny and presented in May 1779. Although none of the proposals contained in it were realized, except for the chair of Church History, and despite the fact that the historical information is not always correct, it remains a very important source for our knowledge of the University at the end of the eighteenth century and for our understanding of the intentions of the reformers of this period. Very interesting is their definition of the function of the University, the top of a national education system: “L’Université étant la principale école de l’éducation publique et la pépiniè re des pasteurs, des conseillers et des magistrats dont dépend le bonheur des Provinces en général et des familles en particulier, les Souverains ne peuvent avoir trop de vigilance, attention et de soin, pour tenir les choses en ordre et faire en sorte que les enseignements soient proportionnés au bien qu’on peut et doit attendre d’une Université qui doit être l’École de toute la Nation Belgique.” 3 3 3 Later projects and proposals by Marci met with similar opposition from Neny and/or members of the University. In Vienna, chancellor Kaunitz, who insisted upon further reforms, was losing patience. He wanted a total reform, according to a 333 Leuven, Rijksarchief, Oude Universiteit Leuven 117, f. 8v°-9. 219 well-reasoned plan. As a model, he sent in 1782 the schemes of Vienna and Pavia. The old Neny remained convinced of the value of what he had realized. A few months later, he resigned from all his offices and duties for health reasons and died shortly afterward, on New Year’s day 1784. One of the reasons for Neny’s disappointment in his later years was the attitude of the new sovereign, Joseph II. In JuneJuly 1781, the emperor himself had visited his Netherlands. He spent half a day by visiting the University and also discussed the University problems with Neny. As a result, Neny got the permission to proceed more strictly against the University’s ultramontanism than had been possible under Maria Theresa. The oath on Unigenitus was forbidden and the Faculty of Theology was severely reprimanded for these “tendances à favoriser les opinions ultramontaines sur ce qui regarde les appels au Pape, son infaillibilité, sa supériorité sur les conciles et autres matières semblables.” Neny was not in favour of the Edict of Tolerance, published in 1781. Protest by the whole University against religious tolerance was rejected.3 3 4 More upheaval was caused by the resistance of the theologians against the new marriage legislation, which, according to them, infringed upon the sacramental jurisdiction of the Church. It would take too much space to explain the development of this dispute that finally led to a schism in the Faculty, opposing a majority of five members to a minority of three who accepted the official policy, and provoked a prohibition by the government of any graduation in theology as long as the whole Faculty would not acquiesce in the change of policy. Real panic broke out at the University when an edict of November 24 1783 abolished all papal indults, reservations and provisions in the beneficial system. The old privilege of nomination was annulled with it. According to the Faculty, this could result in a complete desertion of their classrooms. 334 J. Roegiers, ‘Les théologiens de Louvain contre l’Édit de Tolérance (17811782)’ in: R. Crahay (ed.), La Tolérance civile. Actes du colloque de Mons, Bruxelles 1982, pp. 69-78. 220 In these circumstances, Joseph II decided to proceed to more radical reforms. In a note for chancellor Kaunitz, he wrote: “Tant qu’on n’avisera pas à réformer efficacement et sans égard tout l’absurde et le monstrueux de la constitution de l’Université de Louvain, tout ce qu’on pourra faire pour les études aux Pays-Bas sera infructueux. C’est donc à cela que le gouvernement doit essentiellement s’attacher et toute autre disposition quelconque ne sera qu’un ouvrage plâtré. J’attends donc avant tout l’opinion réfléchie et bien pesée du Gouvernement sur la nouvelle forme à donner à l’Université de Louvain, espérant que d’anciens préjugés, et encore moins de craintes puériles, ne l’engagent point à des condescendances hors de saison, qui annuleraient ou reculeraient au moins le bien qu’on en peut attendre.” 3 3 5 The tone was set. At the end of 1784, the University was ordered to establish a full overview of all sources of income of the institution, its foundations and professors. College presidents and deceased professors could not be replaced. The disputes among the theologians, between Leplat and Van de Velde, were made public, as were the protests of even the Cardinal Archbishop of Mechelen, J.H. de Franckenberg, against the teaching of Marant who had characterized the corporal Assumption of the Virgin as a pia opinio, not a matter of faith. The whole clergy and the public opinion were alarmed by what was happening at Louvain. It finally lasted until 1786 before the radical measures were announced. Four directors were sent from Vienna to make a report on the situation of each faculty and to propose a new organization, study program and teachers body, as similar as possible to the Vienna model. Only at the Theology Faculty, being in full crisis, the reform had to be introduced immediately, together with the establishment of a General Seminary for the Austrian Netherlands that would enjoy a monopoly for education to the priesthood, for the regular as well as for the secular 335 Imperial resolution of July 26, 1783: Bruxelles, Archives générales du Royaume, Chancellerie autrichienne des Pays-Bas, 655. 221 clergy.3 3 6 The model for this institution had been developed in Vienna, where State intervention in the education for the priesthood and a gradual centralization had been introduced since 1752, and had afterwards been implemented at Prague, Budapest and Pavia. 3 3 7 Originally, the University had been favourable to the idea of a General Seminary at Louvain, as a solution for the loss of the privilegium nomination and a final remedy against rivalry from the diocesan seminaries. But when the detailed instructions for its establishment and the reorganization of the Theology Faculty arrived, the mood changed. All colleges for the housing of theology students were suppressed and their presidents lost their residence. All chairs of the Theology Faculty were replaced by an exact copy of the organization that had been introduced at Vienna after the plan of Stephan Rautenstrauch. The professors that had shown their willingness to co-operate with the government got the most important chairs. Leplat was appointed professor of canon law for the theology students and Van de Velde, the leader of the ultramontane opposition against the ecclesiastical policy of Joseph II, was dismissed from all his functions. The worst of all effects, according to the ultramontane clergy, was the appointment of Ferdinand Stöger as director of the Theology Faculty and the Seminary General. As a professor of Church history in Vienna, he had in 1776 been condemned by archbishop Migazzi and dismissed from his chair for his use of Protestant handbooks and criticism of many venerable traditions. 3 3 8 As Stöger was since several years considered in the Netherlands as the ultimate proof of the heterodoxy of the imperial policy, he met with open opposition. The opposition was confirmed in its opinion when they learned Stöger recommended or imposed the same handbooks as were used in Vienna. 336 On this institution: J. Roegiers, ‘Séminaire général et Séminaire filial (17861789/90)’ in: Les institutions du gouvernement central des Pays-Bas Habsbourgeois (1482-1795), Bruxelles 1995, pp. 951-960, with further bibliography. 337 Engelbrecht, Geschichte des österreichischen Bildungswesens, Bd.3, pp. 186188. 338 Elisabeth Kovács, Ultramontanismus und Staatskirchentum im theresianischjosephinischen Staat: Der Kampf der Kardinäle Migazzi und Franckenberg gegen den Wiener Professor der Kirchengeschichte Ferdinand Stöger, Wien 1975. 222 Faculty and Seminary were opened on the first of December 1786. One week later, a real insurrection broke out among the seminarians, dissatisfied with the improvised housing and the heterodox teaching. The government failed in restoring calm and order and, before the end of January, 90% of the students had left Louvain. The revolt of the seminarians became in fact the first stage of a much broader resistance against the political and judicial reforms the emperor published in March 1787. In April-May, an almost revolutionary atmosphere conquered the whole country. On May 30, the Governors general, Joseph’s sister Maria Christina and her husband Albert of Saxony-Teschen, suspended all reforms that were considered contrary to the Nations’s constitution.3 3 9 A month later, the University was restored to the situation from before 1786. Although the emperor was furious, he could not but withdraw some reforms, especially in the political and judicial fields. The clergy and the University became the scapegoat. One of the préalables indispensables for amnesty was the restoration of the University reform and the Seminary General. When the majority of the professors refused to recognize the unlimited powers of the sovereign over the University and the rector he appointed, they were all dismissed and many of them sent into exile for ten years. The reopened Seminary General remained almost empty, and when unrest continued at Louvain, Joseph II passed on to very radical measures. The whole University, except for the Theology Faculty and the Seminary General, had to be transferred within three months to Brussels. At the same time, all faculties had to be reformed according to the new Vienna model that drastically shortened the study curriculum and reduced the program to “useful”, practical, knowledge. Only at the Arts Faculty, it was extended from two to three years. For the appointment and other practical regulations, the Brussels government used the information contained in the reports of the four directors, presented already the year before, and often not 339 On this ‘Small Brabant Revolution’ of 1787: Janet L. Polasky, Revolution in Brussels 1787-1793, Bruxelles 1985, pp. 45-63. 223 so negative, about the abilities of the Louvain professors, especially in medicine. The main concession that was made, compared to the Vienna model, was that Latin was maintained for academic use. The choice between Dutch and French seemed impossible. Only for practical training, such as in pastoral theology, the vernacular, i.e. both languages, was introduced. When, on October 2, 1788, the first academic year was opened in Brussels, the professors and the rector appeared in civil dress. The traditional gown had stayed behind at Louvain. However, the situation rapidly normalized and many students came back. In Louvain, on the contrary, the Seminary General and the reformed Theology Faculty were hardly attended and met with the hostility of the population. The final death-blow was given by a Jugement doctrinal of archbishop Franckenberg, who, at the demand of the emperor, had come to inspect the Seminary General he refused to recognize. The lengthy document had been drafted by very ultramontane advisors of the cardinal, among them the exiled professor Van de Velde. It condemned the teaching of the Faculty and the Seminary General as Jansenistic and heterodox, or at least suspected in many ways. With the publication of his Jugement doctrinal, the archbishop added a final blow to the rule of Joseph II in Netherlands. The emperor, who, by his unilateral reforms, had broken his oath of loyalty to the national constitutions of the Netherlands, was not only a perjurer, he was also condemned as a heretic. The condemnation fully justified, for many inhabitants of the country, the Brabant Revolution that, during the last three months of 1789, chased out the imperial administration and the Austrian troops and installed the new republic of the United Belgian States (Verenigde Nederlandse Staten, États Belgiques Unis). 3 4 0 The last chapter of this story of reforms and reactions brings nothing really new. The Brabant Revolution restored in all aspects the situation that existed before the rule of Joseph II. The whole University was re-established at Louvain and the 340 Polasky, Revolution in Brussels, pp. 84-182. 224 exiled professors came back. Their colleagues who had cooperated with the reforms of Joseph II were excluded from the University. The oaths on Unigenitus were reintroduced and the Jugement doctrinal of the archbishop made officially by the University and all its members. What had been called ultramontanism, now got the status of State religion. The University acted and was treated by the new authorities as the national University of the new republic, enjoying all its former privileges and now also benefiting from a reputation as a victim of its glorious resistance to the oppression, a true martyr for the national cause. In this resistance, the University had recuperated much of its authority and social esteem, although this was not recognized by all citizens in a new, very divided and politicized society. The lack of support from outside and internal disputes rapidly weakened the young republic. In November 1790, the Austrians were back, almost without meeting any resistance. Once more, the clergy was blamed as responsible for the insurrection. To get the agreement of Prussia, England and the United Provinces for his reconquest, the new emperor Leopold II had to promise to respect the national constitutions of the Austrian Netherlands. According to the former insurgents, this implied a respect for the constitution of the University, legal body within the duchy of Brabant.3 4 1 The government tried in vain to reintroduce at least some of the Josephist professors and some of the reforms. The laborious negotiations with the government were interrupted by an invasion of the French revolutionaries in November 1792, coming to “liberate the oppressed neighbours”. Many people thought they could restore the liberty of 1790, but were soon disappointed. When the Austrians were back in March 1793, they were better welcomed than in November 1790. The whole attitude of the government had changed as much as that of the population. Instead of looking for revenge, they now did all they could to come to a close co-operation with the whole 341 This had been the main argument of the Recherches historiques sur l’érection, constitution, droits et privilèges de l’Université de Louvain, published anonymously in six issues by the exiled professor J.F. van de Velde in 17881789, and invoked by the University after the restoration of the Habsburg rule. 225 population, in order to mobilize the country – and especially its financial means – for the war against revolutionary France. In exchange for a very important loan, the University now got the official recognition and confirmation of its autonomy and all its privileges, be them from papal or royal origin. The feast did not last long. In July 1794, the French were back and in no way they acted as liberators. In 1795, the Austrian Netherlands were incorporated into the French Republic. Two years later, on October 25, 1797, the old University of Louvain was suppressed, not so much for its resistance against the French republican policy, as since it did not fit in the new program of national education. By way of conclusion, it makes sense to summarize what this history of Louvain University reforms had in common with what happened in other Catholic countries and in which consisted its peculiar aspects. This enables us to broaden the picture to some aspects that could not yet been touched upon. A first conclusion is that it does not make sense to oppose “reform” and “university”, where “reform” would be the monopoly of powers outside the University, in this case the enlightened State. Supporters and adversaries of reform were both to be found within the University and outside. In this way, the Louvain case is no exception at all, but confirms a general phenomenon described by Jacques Verger. 3 4 2 Nevertheless, politicians and professors had different motives for reform. For the State authorities, University reform seemed necessary since they wanted to reform State and society. For the University, reform was necessary to face the rivalry of other institutions, to maintain its functions and social esteem, or even to strengthen them. The reformers found at the University itself often acted 342 “La modernisation de l’université, entendue comme le renouvellement plus ou moins poussé de ses statuts, de ses programmes et de ses procédures pédagogiques, n’est généralement pas une révision brutale dictée de l’extérieur mais la résultante d’un processus complexe dont il est bien rare de ne pas découvrir quelques germes au sein de l’université elle-même”. J. Verger, “L’Université entre modernisation et tradition” in: Cadilhon, Mondot and Verger (eds.), Universités et institutions universitaires, p. 17. 226 less openly, but by the way of the politicians they knew and they inspired. Up to the late 1770’s, Louvain University reform is the result of a constant interaction of agents on both sides. This interaction was broken off by the government of Joseph II, when no initiative from the University was tolerated, when no adaptation to local situations was accepted, when only one model had to serve for the whole monarchy. Just as Joseph II was not interested in the development of a national Church for the Austrian Netherlands (Neny’s Église belgique), but wanted a single Church policy for all his territories, in the same way he did not accept a specific treatment of the Louvain case. Louvain was no longer a national university for the Austrian Netherlands, but an institution of the Habsburg monarchy. The Gleichförmigkeit that was stressed in all reforms in Austria since the days of Maria Theresa was now brought to a head. The limits of Gleichförmigkeit were reached in the Austrian Netherlands when the members of the regular orders, attending the courses of the General Seminary, were forced to wear the same cassock as the secular clergy and got – at State expense – a wig to cover their clean-shaven skull. It is a caricature, but it demonstrated the impotence of Joseph’s government to deal with differences. Instead of furthering reform, this attitude of Joseph II put an end to it. Here lies one of the main differences between the Belgian and the Austrian situation. The Austrian universities show a continuous development since the middle of the eighteenth century. At Louvain, reform started earlier and it came much more from the inside, but was finally discouraged and even broken down, - definitely by the French Republic. Most had been obtained under the direction or with the co-operation of royal commissioner Neny. A similar role of official reform agent was known in many other Catholic countries, - in fact, we should say, in absolutist states. Van Swieten played this role in Vienna, Ickstatt at the Bavarian University,3 4 3 others in Parma or Portugal. Whereas in many German States the university 343 Jean-Marie Valentin, ‘La réforme nécessaire des universités catholiques dans l’Empire. Les idées du baron Johann Adam von Ickstatt (1702-1776)’ in: Cadilhon, Mondot and Verger (eds.), Universités et institutions universitaires, pp. 35-48. 227 “represented a prince’s pride and joy”, 3 4 4 so the reformed or self-reforming Louvain University was Neny’s pride and he was really shocked when these feelings were not shared by his principals. Better than can be seen in any other Catholic university, the Louvain case demonstrates how university reform could be hindered by the conflict between Church and State. In fact, we could describe the conflict between the University and the government as an episode of the long-lasting struggle between the sovereign and the privileged corporations, typical for Western European history, but not for Central or Eastern Europe, where the enlightened reforms of the government did hardly meet with opposition. 3 4 5 As in France and England, 3 4 6 the traditional elites of the Austrian Netherlands feared the attack on the constitution of the University might forebode an attack on the privileges of other corporations. This made it easy to incorporate the resistance against university reform in a broader movement of resistance against the reforms of Joseph II. It is also clear that the heritage of what in German is called “das konfessionelle Zeitalter”, the period of Reformation and CounterReformation, was in the eighteenth century still alive in Louvain. If the struggle with Protestantism had been pushed into the background, the reminiscence of the disputes about Jansenism and anti-Jansenism was still very well alive. This antagonism still offered a framework both sides could use to interpret the conflicts of their own days. The reforms not only changed the curricula, the management and the infrastructure of the University, but also its functions. The traditional advisory function was not appreciated by enlightened rulers, who were convinced they knew better. Part of this function was attributed to the new Brussels Academy, which, as we have seen, was an offspring of Louvain University. Even in educational matters the Academy superseded 344 N. Hammerstein in De Ridder Symoens (ed.), A History of the University in Europe, II, p. 143. 345 John Gascoigne, ‘The Universities and the Enlightenment’ in: J. Gascoigne, Science, Politics and Universities in Europe, 1600-1800, Aldershot, 1998, p. 9. 346 Ibid., p. 12. 228 the University as an advisor to the government. In this respect the situation in the Austrian Netherlands was typical for what also happened in other countries. 3 4 7 A function that simultaneously was weakened and strengthened, was the monopoly for higher education Leuven had enjoyed. During the first half of the eighteenth century, only the diocesan seminaries could be considered a rival and they more and more acted as such, e.g. by organizing public disputations and even printing the theses, defended at this occasion. With the help of Neny, Louvain had settled with these rivals and, at a certain moment, the Seminary General seemed the final solution. The reforms in fact enhanced the importance of the University. But we may not forget that at the same time the enlightened government – just as in France and in many other countries 3 4 8 – was establishing or recognizing other types of schooling, other institutions for professional training. Architects and engineers, 3 4 9 surgeons, obstetricians and midwives, 3 5 0 were trained outside the University. A military academy,3 5 1 a nautical school, 3 5 2 a hydraulic school3 5 3 and academies of fine arts were established. In 1777, a proposal was made to establish a school for modern national law at Ghent, for the practical training of those who had got an education in Roman Law at the 347 See Jürgen Voss, ‘Die Akademien als Organisationsträger der Wissenschaften im 18. Jahrhundert’, - Historische Zeitschrift, 231 (1980), pp. 43-74. 348 See for France: René Taton (ed.), Enseignement et diffusion des sciences en France au XVIIIe siècle, Paris, 1964; L.W.B. Brockliss, French Higher Education in the Seventeenth and Eighteenth Century: A Cultural History, Oxford, 1987. 349 Dirk Van de Vijver and Krista De Jonge, Ingenieurs en architecten op de drempel van een nieuwe tijd (1750-1830), Leuven, 2003. 350 Lenders, Overheid en geneeskunde, pp. 105-108. 351 On the military academy that existed first at Mechelen and later at Antwerp in 1775-1782: Charles Terlinden, Histoire militaire des belges, Bruxelles 1931, p. 192; Antwerpen in de XVIIIde eeuw, Antwerpen 1952, pp. 361-362. 352 Greta Devos, ‘Bijdrage tot het technisch onderricht in de Oostenrijkse Nederlanden: de Hydrografische School’ in: Cultuurgeschiedenis in de Nederlanden, van de Renaissance naar de Romantiek. Liber amicorum J.Andriessen s.j. – A. Keersmaekers – P. Lenders s.j., Leuven-Amersfoort 1986, pp. 167-178. 353 P. Lenders, ‘Jointe des eaux (1772-1787). Corps et école hydraulique (17741794)’ in: Les institutions du gouvernement central des Pays-Bas Habsbourgeois (1482-1795), Bruxelles 1995, pp. 782-792. 229 University.3 5 4 It would still last a century before most of these new branches of education were incorporated into the University. A new function of the University that appeared in the first stage of reform and disappeared with Joseph II, was research, especially in the field of natural sciences. Both the Arts Faculty and the Faculty of Medicine had their laboratory where not only demonstrations were given to students, but also original research was carried out, resulting e.g. in the discovery of coal gas and its applications.3 5 5 Joseph II reduced the function of the University to professional training and cut all the means for other activities. The unachieved impression this contribution leaves is largely due to political facts that brutally interrupted a consequent evolution. The later effects of the story told here were maybe more visible on the politico-ecclesiastical field than on the domain of education. The Brabant Revolution largely eliminated those members of the clergy, some of them University professors, who advocated enlightened reforms, while it promoted those forces we could call ultramontane and reactionary. The action of Joseph II inspired the Belgian clergy with a deep mistrust against State intervention in the educational field and nineteenth century historiographers would describe eighteenth century university history in the light of the contemporary disputes between Catholics and Liberals concerning education. 3 5 6 This has often obscured the real importance of 354 J. Buntinx, ‘Post-graduate onderwijs in de Rechten te Gent (1777)’ – Archives et Bibliothèques de Belgique, XLII (1971), pp. 26-33. 355 On the research of F.J. Thysbaert and J.P. Minckelers at their laboratory of the Arts Faculty that led to the discovery and use of coal gas, see P.A.Th.M. Jaspers and J. Roegiers, ‘Le Mémoire sur l’air inflammable de J.P. Minckelers (17481824)’, LIAS: Sources and Documents related to the Early Modern History of Ideas, X (1983), pp. 217-251. On the laboratory for chemistry of K. van Bochaute at the Medical Faculty, see e.g. Anette Félix, ‘L’enseignement de la chimie à la faculté de médecine de l’ancienne université de Louvain (16851797)’, Mededelingen van de Koninklijke Academie voor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten van België. Klasse der Wetenschappen, 48/4 (1986), pp. 77-86. 356 The most striking example of course was Arthur Verhaegen, Les cinquante dernières années de l’ancienne Université de Louvain (1740-1797), Liège, 1884, important and still useful but very biased. As a leading politician of the Catholic 230 university reform in the eighteenth century before Joseph II. Later Catholic historiography has often forgotten that eighteenth century Catholics considered their university as a reformata semper reformanda. party, Verhaegen was very much engaged in the school conflict on which he also published an important volume. On him: Jan De Maeyer, De rode baron: Arthur Verhaegen 1847-1917 (Kadoc Studies 18), Leuven, 1994. With my best thanks to Hedwig Schwall for checking my English wording! 231 “PRO MURO SUNT DOMUI ISRAEL” HERETICS, ECCLESIASTICAL, BENEFICES AND ACADEMICS, IN THE CONFESSIONAL AGE Bruno Boute Section Early Modern History Katholieke Universiteit Leuven Introduction From an anthropological point of view, the beneficial system and academics are components of the same world. Beneficial law created, between the eleventh and the twelfth centuries, a common language to manage the sustainment of a clergy that had to be, since late Antiquity, ‘distinct’ from the laity: a clergy which could no longer be allowed to live on charity and labour as their predecessors in the apostolic days had done. The fragmentation of the world in the Early Middle Ages had affected the patrimony of the Churches in the same way as it had affected lay property. Until the disappearance of the ‘classical’ beneficial system at the end of the Ancien Régime, the benefice was a small, independent economic unit, obtained from church land, taxes, or both, and remunerating one single ecclesiastical office to which it was perpetually attached.3 5 7 The strong link between the benefice and the office had been created during Gregorian Reform, in an attempt to distinguish clerics, now to be controlled by ecclesiastical hierarchy in order to guarantee the sacredness of their function, from the laity. In doing so, the feudalization of church property – and, consequently, of churchmen – was countered.3 5 8 The Gregorian 357 A full legal treatise on benefices can be found in G. Mollat, ‘Bénéfices ecclésiastiques en Occident’, in R. Naz (ed.), Dictionnaire de droit canonique, 2 (Paris, 1937), pp. 406-450. 358 A very inspiring introduction in F. Kerff, “Altare” und “Ecclesia”. Zur Frühgeschichte des “Beneficium Ecclesiasticum”, in P. Landau and J. Müller, Proceedings of the IXth International Congress of Medieval Canon Law. Munich, 13-18 July 1992 (Città del Vaticano, 1997), pp. 849-870. 232 Revolution, however, was at the center of the construction of a new world with new opportunities for the circuits around bishops, popes and, in their wake, princes to make their regional or universal claims more real, with the help of new functions enabling them to control and manage areas transcending the local, fragmented realities of the early Middle Ages. In order to make these newly constructed ‘roles’3 5 9 financially viable, the vast reservoir of benefices had to be used for purposes that had not been provided for by a beneficial system blocked by canonists in order to protect it from ‘lay usurpation’. In order to make the set of offices, remunerated by benefices and negotiated in local environments, convertible into new realities, the recently constructed link between the office and the benefice immediately became highly interpretable, without being abandoned altogether. It was, consequently, not unthinkable that a cleric was endowed with a benefice of an office and canonical residence that he in fact could not hold, because of his obligations elsewhere in the service of popes, bishops and princes. Academics were among those that would benefit the most from this arrangement. Universities had surfaced in this very same context of u ‘ niversalization’. The increases in scale were managed with the help of new, ‘universal’ approaches to reality, with the help of a body of legal and theological texts which had been slumbering for centuries but which would prove to be very useful for a new understanding of the world. Those who had studied many years in order to master the complex grammars offered by these cognitive systems at international centers of learning could, therefore, increasingly impose themselves as interpreters of reality to ‘universal’ circuits encompassing the papacy and the princes as well as local potentates who were now forced to think in the same terms in their dealings with the new centers of power. As a more uniform way of looking at the world became linked to the rise of heresy - to be distinguished from 359 As the reader will notice during the reading of this article, my use of the word ‘role’, as the outcome of specific negotiations in specific contexts, is very different from that of the concept central to functional structuralism, as an exponent of an ‘objective system’. On scientific role theory, see J. Ben-David, The Scientist's Role in Society: a Comparative Study. Englewood Cliffs 1971. 233 orthodox truth -3 6 0 theologians and lawyers managed to make themselves indispensable. Centralizing bureaucracies for its administration emerged in their footsteps. Simultaneously, learning remained, up to a great extent, a distinctive quality of a lettered clergy. Only, it was not limited anymore to being preserved and passed through within the exclusive environment of monasteries: it also had to function in the world. It is hardly surprising then, that parts of the reservoir of benefices would be claimed by the secular clerics populating the Studia Generalia of Christianity in return for the services they claimed to provide. Indeed, schooling at a university became an important argument in the negotiations on the clerical job market, an evolution that was enhanced by the proliferation of universities themselves. By the end of the Middle Ages, the vast majority of canons at many cathedral and collegiate chapters had received some university education, an evolution which had been promoted by bishops and princes using benefices, and especially canonships, as a reward for the learned clerics in their service in order not to burden their own resources.3 6 1 Even among the shepherds in the parishes, figures for the fifteenth and sixteenth centuries show that rates of one third of the beneficiated pastors having visited a university are not exceptional; in the case of late medieval North Brabant, in the highly developed area of the Netherlands, rates of 50 % were reached, 40% of whom had financed their studies with the help of their rectory.3 6 2 Schooling was an exponent of protection instead of a way around it, as beneficiaries ipso facto belonged to circuits – kin, friends, clienteles – having a ‘pool’ of benefices at their disposal. 3 6 3 It is, 360 On the relationship between centralization and the birth of heresy, see R. Moore, The Formation of a Persecuting Society. Power and Deviance in Western Europe, 950-1250. Oxford 1987. 361 See, for instance, the various contributions in H. Millet (ed.), I canonici al servizio dello Stato in Europa secoli XIII-XVI. Modena 1992. 362 A.J.A. Bijsterveld, D ‘ u cliché à une image plus nuancée. La formation et la conduite des curés en Brabant du Nord de 1400 à 1570’ in J.-P. Massaut and M.E. Henneau (ed.), La christianisation des campagnes (Brussels and Rome 1996), pp. 221-233. Comparative figures for cathedral and collegiate chapters in France, England and the Empire in Idem, Laverend tussen kerk en wereld. De pastoors in Noord-Brabant 1400-1570 (Nijmegen 1993), pp. 206-207. 363 An interesting case-study of the functioning of benefices within broader networks in L. Chatellier, ‘Société et bénéfices ecclésiastiques. Le cas alsacien (1670-1730)’, in Revue Historique, 244 (1970), pp. 75-98. 234 however, not my purpose to discuss individual strategies to obtain benefices developed by clerics who happened to have studied at universities. Higher education was only in a limited number of cases a prerequisite to make a ‘good’ candidate for an ecclesiastical office. Protection wielded by family, friends and patrons was at least as important, as concrete networks operating in specific contexts would negotiate the significance of university formation, time and time again. 3 6 4 From this perspective, university alumni were, of course, not essentially different from other clerics. The functioning of benefices in ‘society’ is not the subject of this article. Instead, I will go into the ways in which academics claimed benefices as a mythical group, with explic it reference to their scholarly status. They did so by assimilating specific benefices from their direct environment into their circle, through patronage rights, privileges and incorporation. But medieval and early modern academics tried to control the beneficial market on a more regional or national level as well, with the help of the late medieval concordats or specific privileges. As such, benefices played a role in the continuous construction of an ‘academic role in society’, which had to legitimize the claims of university members in the field. From the end of the fifteenth century onwards, Louvain academics had elaborate privileges of nomination to ecclesiastical benefices at their disposal, which were contested until they disappeared with the Old University itself in 1797. The analysis of a specific episode of these conflicts (i.e. the reign of the archdukes Albert and Isabella), and its linkage to other interests at stake in the same period, will reveal, on a meso-historical level, how the secular clergy at the university in Louvain constructed its world, defined its identity and interests and negotiated it with the circuits of power in the Netherlands and in Rome. 3 6 5 Thus I will show how ecclesiastical benefices fitted into the ‘model’ of a university of, by and for the secular 364 A.J.A. Bijsterveld, ‘Les jeux d'influence et le patronage local de la haute noblesse dans le choix des titulaires de cures en Brabant du Nord (xv e-xvie siècles)’, in Revue du Nord, 77 (1995), pp. 345-363. 365 This case study is broadly inspired by my doctoral dissertation on scholarly interests and Catholic confessionalization (in preparation), which I hope to defend soon. 235 clergy in the Southern Netherlands in the context of catholic confessionalization. To conclude, a hypothetical scheme will be developed to define the relationship between ‘knowledge’ and benefices as a specific means of financing, with the help of the link between the Louvain privileges of nomination and the ‘Jansenist controversy’. 1. The domestic interests of Academia Throughout the Ancien Régime, it was not uncommon to consider benefices as mere economic units, rather small rents that were sufficient for the sustainment of one single ecclesiastical office holder. Being obtained from inalienable Church property and/or from ecclesiastical taxes, these units could also be used as very secure ways of financing new institutions. In the later Middle Ages as well as in the early modern period, incorporation into universities, faculties, colleges and chairs introduced benefices in the heart of the corporate nucleus 3 6 6 of academic finances. Incorporation could assume three forms. Benefices could be detached completely from their offices, which disappeared from the clerical job market and were consequently incorporated in an institution for its collective financing. They could be fused into single academic functions as well, the holder of which became, if he was a cleric, automatically a church official. Thirdly, ecclesiastical institutions such as chapters could be subjected to academic jurisdiction, in line with the incorporation of monasteries into universities. A textbook case of the first type is offered by the university of Alcalà near Madrid, founded by Cardinal Cisneros at the beginning of the sixteenth century. While older universities such as Salamanca and Valladolid continued to be financed in the 366 This ‘corporate nucleus’ was introduced on the international colloquium on the financing of universities and sciences in Sigriswil/Bern, 19-24 september 2001 (conference Proceedings forthcoming), as the inalienable financial rights and privileges academic communities could rely on, as distinct from increasing state financing and, therefore, intervention. The case study on the Louvain privileges of nomination will show that this distinction can be very problematic, however. A review of this colloquium in B. Boute and A. Decoster, ‘Finanzierung von Universität und Wissenschaft in Vergangenheit und Gegenwart’, in Nieuwsbrief Universiteitsgeschiedenis, 7 (2001), pp. 15-19. 236 early modern period through tithes and, later on, through royal subsidies, the core of the endowment of Alcalà, the Spanish prototype of the early modern university college for secular clerics, was initially constituted by 60 benefices in the collegiate church of San Yusto y Pastor next to 143 pensions on other benefices scattered around in the archdiocese of Toledo, the bishop of which had been closely involved in the foundation of the new university.3 6 7 The Louvain faculty of Theology possessed, from the sixteenth century onwards, the personatus of the parish of Schyndel in North Brabant and managed to collect the tithes there after the Revolt; nearby Louvain, the priory of Bierbeek was incorporated in 1561 into the faculty’s patrimony as well. Thus the faculty collected the tithes in several parishes, the income of which was largely distributed among the eight Faculty Regents.3 6 8 The share of these incorporations in the faculty’s income was considerable. In the eighteenth century, they were a main financial source and therefore represented a post in the regents’ income that was more important than the salaries attached to the chairs they often occupied. The personatus of the parish of Hamont near Liège that the faculty owned since 1480 in its quality of Headmaster of the College of the Holy Spirit, was destined to finance scholarships in that college.3 6 9 This type of financing was not at all limited to the institutions founded by, and for, the secular clergy. Regulars also used their contingent alliances with popes, princes and the diocesan clergy to finance their institutions through benefices. 367 L.E. Rodrìguez-San Pedro Bezares, ‘Structures économiques et financement des universités espagnoles’, in A. Romano (ed.), Università in Europa: le istituzioni universitarie dal Medio Evo ai nostri giorni: strutture, organizzazione, funzionamento (Manelli 1995), p. 276. 368 The regents of the Faculty of Theology were co-optated among the doctors in Theology residing in Louvain. They often occupied a public chair, but this was by no means a prerequisite. More details in the context of the 1680 conflict over the appointment of faculty regents in A. Vatican, ‘Entre Madrid et Bruxelles: les nonces et le jansénisme à l'université de Louvain, à la fin du xviie siècle’, in Bulletin de l’Institut Historique Belge de Rome, 72 (2002), pp. 45-90. 369 See the previous note. This part of an academic don’s income could only be surpassed by the total amount of benefices he may have collected, among others through the academic privileges of nomination. Cf. J. Roegiers, De Leuvense Theologen en de Verlichting. Onderwijs, wetenschap, polemiek en politiek van 1730 tot 1797, I (unpublished doctoral dissertation) (Louvain 1979), pp. 53 and pp. 136-142. 237 The Jesuits in the Empire, for instance, who could not fall back on the landed property the older orders disposed of, tried to acquire economic resources to finance their numerous colleges and universities on a very stable basis. 3 7 0 Next to perpetual rents or pensions on the monasteries of other orders, the incorporation of benefices was considered as a convenient tool to achieve these goals. In the Netherlands and Burgundy, the Jesuits of Dole and Douai as well as of the numerous colleges for the humanities relied in the early seventeenth century on the diplomatic representatives of the archdukes in Rome to implement several incorporations of priories and other benefices.3 7 1 Incorporation, however, did not necessarily imply the abolition of the offices linked to the incorporated benefices, as the financing of universities in the Ancien Régime was, in general terms, primarily focused on the remuneration of the members of the academic staff rather than on ‘academic institutions’ in their entirety,3 7 2 especially in universities where colleges only played, at least initially, a minor role. The Universitätsstifte financing the late medieval universities of the Empire, which were founded on the urge of princes and/or cities, are a classical example. 3 7 3 There, chairs were often simply connected with respective canonships remunerating them, and the appointment to a chair was consequently linked to the perferment of a single prebend by its patron or ordinary collator. University professors, therefore, were not only charged with teaching, but also with the 370 See R.A. Müller, ‘Zur finanzierung der Kollegien und Hochschulen der Societas Jesu in den deutschen Ordensprovinzen in der Frühen Neuzeit’ in the Acts of Finanzierung von Universität und Wissenschaft (to be published 2003). 371 Several incorporations are pursued in the Négociations de Rome, the diplomatic correspondence between the court in Brussels and the Corte di Roma; for instance in 1601-1605; 1612-1614; 1618-1623. ARA, Audiëntie, pp. 438-458. 372 Cf. the conclusions of the already mentioned colloquium on Finanzierung von Universität und Wissenschaft. 373 See P. Moraw, ‘Uber Typologie, Chronologie und Geographie der Stiftskirche im deutschen Mittelalter’, in Untersuchungen zu Kloster und Stift (Göttingen 1980), pp. 9-37 and Idem, ‘Stiftspfründen als Elemente des Bildungswesens im Spätmittelalterlichen Reich’, in I. Crusius (ed.), Studien zum Weltlichen Kollegiatstift in Deutschland (Göttingen 1995), pp. 270-292; see also E. Schubert, ‘Zusammenfassung’, in S. Lorenz (ed.), Attempto – oder wie stiftet man eine Universität. Die Universitätsgründungen der sogenannten zweiten Gründungswelle in Vergleich (Stuttgart 1999), pp. 238-240. 238 divine cult and the salvation of the university founder’s soul in the choir of their church:3 7 4 “Die Deutsche Universitäten sind nichts weiter als freier konstruierte Kolegiatstifte, bei denen von den beiden Funktonen dieser kirchlichen Anstalten, der Lehre und dem Gottesdienst, die Lehre das Übergewicht hat, während bei den gewöhnlichen Kollegiatstiften den Gottesdienst überwiegt und die Lehre als die weniger wichtige, aber nirgend ganz fehlende Funktion erscheint.”3 7 5 The strength of the link between the university and these collegiate churches was highly variable. In Vienna, Erfurt, Rostock, and Basel, several prebends in one or more collegiates or cathedrals had to provide the professors with the necessary finances. In Prague, Heidelberg, Tübingen, Greifswald, Ingolstadt and Wittenberg, entire collegiate churches formed the old core of university financing. 3 7 6 The composition of these Universitätsstifte was, according to a case study on the situation in Switzerland, from the fifteenth century onwards, very different from other collegiate churches, as it reflected academic views on ‘merit’ and social differentiation. Their canonships were nearly exclusively affected by chairs in the higher faculties, especially those in Law and Theology. Artists aspiring a lucrative canonship could better take their chances in other chapters, that is, if they could fall back on sufficient protection outside the university.3 7 7 374 This was not always the case. In Tübingen, for instance, Pope Sixtus IV ‘recapitalized’ the prebends of the collegiate church in favour of the university and abolished thus the chapter, a measure foreboding the destiny of the Universitätsstifte (and most other chapters) in protestant areas later on. E. Meuthen, Kölner Universitätsgeschichte , 1, Die Alte Universität (Cologne and Vienna 1988), pp. 32-34. 375 F. Paulsen, ‘Die Gründung der deutschen Universitäten im Mittelalter’, in Historische Zeitschrift, 45 (1881), p. 283. 376 W.E. Wagner, Universitätsstift und Kollegium in Prag, Wien und Heidelberg. Eine vergleichende Untersuchung spätmittelalterliche Stiftungen im Spannungsfeld von Herrschaft und Genossenschaft (Berlin 1999), pp. 16-17; See also F. Rexroth, Deutsche Universitätsstiftungen von Prag bis Köln. Die Intentionen des Stifters und die Wege und Chancen ihrer Verwirklichung im spätmittelalterlichen deutschen Territorialstaat (Cologne, Weimar and Vienna 1992), pp. 45-52. 377 C. Hesse, ‘Artisten im Stift. Die Chancen, in schweizerischen Stiften des Spätmittelalters eine Pfründe zu erhalten’, in R.C. Schwinges (ed.), Gelehrte im Reich. Zur Sozial- und Wirkungsgeschichte akademischer Eliten des 14. bis 16. Jahrhunderts (Berlin 1996), pp. 110-112. 239 When needed, the clerical infrastructure in the immediate surroundings of the university expanded. The situation in Louvain, a rather typical exponent of the so-called ‘second foundation wave’ in the Empire, offers a telling example. The foundation bull Sapientie Immarcessibilis (1425) stipulated that the city, the main instigator behind the erection of a university in Louvain, 3 7 8 had to provide for the financial and material framework of the new studium. In 1429, the salaries paid by the city to the professors were replaced by 8 prebends in collegiate churches belonging to the lay patronate of the duke of Brabant, and 7 canonships situated in Saint-Peter’s in Louvain itself. Fifteen years later, a second chapter with 10 prebends was founded exclusively for the sustenance of the academic staff, while three more prebends out of eighteen in the first foundation of Saint Peter’s were affected to university men as well. From 1444 onwards, the financial needs of the teachers, especially those of the higher faculties, were secured by 29 prebends. These were at the bestowal of the city magistrate of Louvain, which appointed all ordinary and a few extraordinary professors of the higher faculties as well as the two public chairs in the Arts.3 7 9 Its prebends were used in two ways: if the newly appointed professor was a cleric, he joined his colleagues in the choir and he had a say in the chapter; if he was not, as was the case with a fair share of the teachers in Law and Medicine, the benefice was reduced to a mere economic unit and its canonship was temporarily suspended. The same system apparently applied to the four royal chairs in Theology introduced by Charles V and Philip II. These were remunerated by the remaining unaffected prebends in the original chapter of Saint Peter’s which fell under their patronage as dukes of Brabant;3 8 0 only, their perferment, 378 Cf. M. Nelissen, De stichtingsbul van de Leuvense Universiteit 1425-1914 (Leuven 2000), pp. 58-66. 379 J. Paquet, Salaires et prébendes de l’université de Louvain au XV e siècle (Léopoldville 1958), pp. 16-23. This central position of the city magistrate was not uncommon in the Empire. See E. Demaesschalck, ‘The Relationship Between the University and the City of Louvain in the Fifteenth Century’, in History of Universities, 9 (1990), p. 50. 380 Technicalities on the balances of power in the Louvain chapters in A. Pasture, Les chapitres séculiers pendant le règne des Archiducs (Liège 1926), p. 48. See also J.L. Bax, Historia Universitatis Lovaniensis, 1, 79 preserved in the Royal Library in Brussels, Mss. 22172. 240 and therefore the appointment of the royal professors, now remained firmly in the hands of the monarch and the legists of the Privy Council in Brussels, who had developed a solid interest in academic affairs in the course of the sixteenth century.3 8 1 The Louvain ‘pool of benefices’ was completed when, in 1456, Pope Nicolas V sanctioned, on request of Philip of Burgundy, the transfer of the collegiate chapter of Eyncourt to the parish of Saint James in Louvain, which in turn hosted twelve additional canonships. 3 8 2 The chapter of Saint James was incorporated into the university as well, but in a different way than its counterparts in Saint Peter’s: its prebends were not affected to chairs, faculties or colleges, but the chapter in its entirety was submitted to the jurisdiction of the rector of the university. The difference between direct financing through the tithes (Salamanca and Valladolid) and the incorporation of benefices may seem subtle, at first sight. In Louvain (as elsewhere), the main source of income of the ‘university chapters’, the priory of Bierbeek and the two personates also consisted in the levying of tithes.3 8 3 Yet the incorporation of benefices had its advantages and its deficits. The faculty of theology was bound, as collector of the tithes belonging to the priory of Bierbeek and the personate of Schyndel, to provide for the maintenance of the local church buildings and equipment. In the eighteenth century, the scandalized regents of the Sacra Facultas were even forced, after long years of litigation, to endow two additional parishes in Bierbeek. Simultaneously, however, benefices generated other benefices. Some of the incorporated benefices (or rather, the offices formerly linked to them) included the perferment of other benefices, which were now held in gift by the office or the institution into which the benefice had been incorporated. As such, the theological faculty of Louvain had been, since the sixteenth century, the ordinary collator or the patron of the parishes of Neervelp, Opvelp, Schyndel and a few smaller 381 Cf. J. Roegiers, ‘Was de Oude Universiteit een Rijksuniversiteit?’ in Miscellanea Roger Petit (Brussels 1990), pp. 545-564. 382 Pasture, Les chapitres séculiers, p. 47. 383 The lions’ share of a chapter’s income was constituted by the tithes its canons levied in the parishes. 241 benefices situated in and around these churches.3 8 4 Through their preponderance in the chapters of Saint Peter’s, teachers could simultaneously manipulate the local beneficial market in Louvain in favour of their clients. The integration of the local church into the Louvain academic circles as well as its canals and legal tools call for further investigation. Yet this symbiosis seems to have been particularly dense, among others because of the key positions leading academics occupied in the Louvain churches. Many pastors of the city’s parishes, the appointment of whom belonged to the chapter of the first foundation, were members of academic councils at various levels. The pleban of Saint Peter’s was ex officio professor in theology and, just as the chapter’s dean, provisor of many scholarships in several colleges. It is hardly surprising that the latter, in their quality of managers of academic patronage, were prominent regents of the faculty of Theology as well. They probably used the tools at their disposal, among which the bestowal of benefices, accordingly. The chaplains of Saint Peter’s, for instance, seem to have counted many coming university men among them. In the surrounding rural deaneries of Tienen, Zoutleeuw and Geldenaken, members of the university occupied more than hundred benefices by the end of the fifteenth century.3 8 5 Such a dominance on the local beneficial market by the academic staff and its clienteles strengthened, from a macrohistorical point of view, the trend towards hierarchization and oligarchization in Academia. Universities, being an urban phenomenon, were virtually surrounded by benefices, due to the urban character of all cathedral chapters and a fair share of the collegiate churches. The amount of benefices available in larger towns and cities largely exceeded, in relative terms, the clerical infrastructure in the countryside. Cathedrals and urban parishes hosted, from the later Middle Ages onwards, dozens of chapels 384 Roegiers, De Leuvense Theologen, I, p. 53. Thus, the new orders could acquire rights of appointment to ecclesiastical benefices as well. It is in its quality of persona that the Jesuit college of Halle was the ordinary collator of a few benefices. They are mentioned as such in the Nomination Registers of the University and the Faculty of Arts, ARA, OUL, 4783. 385 “In the field of pastoral care Brabant and especially the area around Louvain became a desert.” De Maesschalck, ‘The Relationship’, p. 50. 242 as well. Consequently, individual university members had ample occasion to keep an eye on vacancies and to attract meanwhile the attention of interesting church officials with benefices in gift in their immediate environment. Their academic patrons, in return, tried to control the local distribution of benefices and largely took over, in the Louvain case, the positions formerly held by the local church magnates. Universities were too recent a phenomenon to have benefited from the so-called ‘restitution’ of benefices by the laity in the wake of the Gregorian Reform. Consequently, they missed the boat to become important collators of benefices of canon law 3 8 6 themselves, on the level of prelates, chapters and abbeys. This could be compensated for, as we mentioned before, through the incorporation of interesting benefices, but other legal instruments less prominent in Louvain, such as rights of patronage, papal nomination indults or local agreements, could also be mobilized in order to obtain a similar position in the local clerical job market. The university of Alcalà, for instance, benefited from a very complex regime regulating the perferment of the dignities and canonships in the collegiate church of San Yusto y Pastor, set up by the crown and the archbishop of Toledo in 1534. Hence, the rector of the university had the right to bestow the prebends vacating in the uneven months of the year to masters in arts and theology of Alcalà; in the even months, the archbishop could nominate doctors in theology from Alcalà, Paris, Salamanca and Valladolid, or doctors and licentiates in utroque from the same universities except for Paris, which had to clear the field for Bologna. The king, the lay patron of the church, consequently presented their respective nominees to the very same archbishop of Toledo, who provided in his quality of diocesan ordinarius the candidates with the canonical institution. 3 8 7 It is an interesting example, as it demonstrates the complexity of the beneficial law as a language of negotiation, allowing for the intervention of a multiplicity of individuals and institutions that 386 As opposed to the benefices under patronage. See J. Sieglerschmidt, Territorialstaat und Kirchenregiment. Studien zur Rechtsdogmatik des Kirchenpatronatsrecht im 15. und 16. Jahrhundert. Vienna and Cologne 1987. 387 C. Hermann, L'Eglise d'Espagne sous le patronage royal (1476-1834). Essai d'Ecclésiologie politique (Madrid 1988), p. 65. 243 each had tools at their disposal to block, if needed, the process. When academics could not simply take over the local churches, they had to enter negotiations with other circuits. In Cologne, university men appealed to the papacy and were granted a first privilege in 1398, which enabled the rector and the city provisors to present university professors for one prebend respectively in the cathedral and in the ten collegiate chapters of the metropolitan city. In the course of the fifteenth century, more benefices in the cathedral were reserved for academics and a second, rather inefficient, Pfründengnade followed in the context of the conciliarist crisis. In the middle of the sixteenth century, however, popes and bishops joined hands to launch the university of Cologne as an outpost of the counter reformation in Germany. In this context, academics successfully translated, after long negotiations in Rome, the threat of heresy into additional, elaborate beneficial prerogatives for academics. The third Pfründengnade granted the rector, the faculty deans and the city’s provisors of the university the right to bestow all canonships as well as the sacerdotal benefices in the cathedral and in the collegiate church of Saint Gereon vacating in three of the six months reserved by the papacy in the Concordat of Vienna (1448). The Cologne Pfründengnaden were not always readily accepted by other groups aspiring the same benefices in the metropolitan city, and consequently did not annihilate competition. This prerogative was not permanent and had to be renewed, in the centuries to come, every three, five or seven years. Rights of patronage were acquired at a very early stage in the history of universities. In Paris, a very rewarding system was developed to punish local authorities and citizens for manslaughter and violence committed against university members. Offenders were forced to found, as a part of their penalty, a chapel for the benefit of the souls of the deceased, which was of course to be occupied by a university man presented by the rector. For the same reasons, existing benefices were transferred to the university. In the beginning of the fifteenth century, the rector of the university thus wielded rights of patronage over ca. 244 twenty chapels and parishes. 3 8 8 The total number of benefices under law of patronage inserted throughout the centuries into Parisian academic circuits, whether these were linked to colleges, faculties or the university, largely exceeded these rather small figures. 3 8 9 Rights of patronage were a typical asset to the collegiate university, the colleges of which often were endowed with landed property bringing along private churches. An extended grasp over the beneficial system seems to have been gathered by the major colleges of Oxford and Cambridge, where the incorporation of advowsons was seen as an adequate way of endowing colleges and of ensuring the future of their graduates. In the late medieval diocese of Lincoln, about 9% of presentations to parishes were made by a few Oxford colleges. These continued to purchase advowsons after the Reformation as well, and perferred ca. half of them to their respective fellows.3 9 0 The Jagellon university of Cracow, where patronage over ca. 300 benefices scattered around in Poland constituted the core of university or faculty financing as such, offers a less typical example. 3 9 1 Incorporated benefices, legal tools to manipulate the local beneficial market and benefices falling under academic rights of patronage fit into the definition of the ‘corporate nucleus’ of university financing. This is the definition as it was introduced on the colloquium in Bern in 2001 to make the distinction with direct state intervention through subsidies. This financial resource would have been the Trojan horse of absolutism, as its significance increased together with the ‘grasp of the absolutistic state’ on the university system. Whether this distinction is really 388 P. Kibre, Scholarly Privileges in the Middle Ages. The Rights, Privileges, and Immunities, of Scholars and Universities at Bologna, Padua, Paris, and Oxford (Cambridge Mass. 1961), pp. 241-260. 389 Kibre doesn’t go into the other benefices at the bestowal of academics in Paris. He refers the reader to a seventeenth century treatise: C.E. Du Boulay, Mémoires historiques sur les bénéfices, qui sont à la présentation et la collation de l’université de Paris. Paris 1675. 390 S. Porter, ‘University and Society’, in N. Tyache (ed.), The History of the University of Oxford, VI, Seventeenth Century Oxford (Oxford 1997), p. 97. 391 Cf. M. Michalewiczowa, ‘Le bénéfice en tant qu'élément de la structure d'organisation de l'Université Jagellone’, in M. Kulczykowski (ed.), L'histoire des universités. Problèmes et méthodes. Warschau and Krakau 1978. 245 helpful to evaluate the relationship between ‘university’ and ‘the state’ or not, however, is highly questionable. Firstly, these concepts reflect, to my opinion, a wrong definition of the problem, as they tend to reify legal representations while neglecting mutual integration of academic and power elites throughout the early modern period. 3 9 2 Secondly, ‘rights’ were actually legal translations of claims, which had to be realized time and time again in day-to-day practice. To do so, universities needed protection. The incorporation of benefices may have been less problematic once the procedure was completed, as it virtually distracted benefices, by withdrawing their respective offices from the clerical job market, from the horizon of potential competitors. But in analogy with the obtainment of pensions on rich abbeys, which was often more volatile as pensions were mostly granted on a temporary basis, this was not easy and demanded, at least in the cases of Dole, Douai and Louvain, princely protection in Rome, in the fifteenth as well as in the beginning of the seventeenth century.3 9 3 Once the benefices were obtained, a lack of both legal and social protection, resulting in resistance from tax payers or in an ‘attitude problem’ among the tax collectors, did not facilitate the collection of the tithes either. 3 9 4 In the case of the Universitätsstifte, university men were, by entering in chapters endowed by the prince or the city, integrated into local, regional or territorial circuits, which made it unlikely that they would appeal, as their medieval predecessors had done, to a cessio lectionum or to an emigration of the university. Besides, such a measure would result in a loss of their benefices because a lot of ‘university canons’ were now 392 Cf. the contention of Bourdieu, that not only did the state become interested in academic affairs, but the ‘educational field’ increasingly oriented its strategies towards the ‘political field’ to ensure its (social) autonomy. See, for instance, the chapter ‘Rethinking the State: Genesis and Structure of the Bureaucratic Field’, in P. Bourdieu, Practical Reason. On the Theory of Action (Stanford 1998), pp. 3563. 393 There are ca. 600 (!) letters that contain information on the history of the universities of Louvain, Douai and Dole in the Négociations de Rome (the correspondence between the Secretaries of State at the court, or the archdukes themselves, and their resident in Rome) for the years 1600-1625 (ARA, Audiëntie, pp. 437-461). More than half of these 600 letters concerns (among others) the financing of academic institutions. 394 Cf. Chatellier, ‘Société et bénéfices ecclésiastiques’, p. 88. 246 bound by canonical residence.3 9 5 Thirdly, the Cologne example shows how academics became dependent upon protection on a perpetual basis, as the need for renewals of the Pfründengnaden and contingent competition by other circuits gave the Roman Pontiffs ample occasion to ‘re-evaluate’ their generosity towards the university.3 9 6 As such, the Cologne Pfründengnaden show some similarities with the Louvain privileges of nomination. These were, as we will see, in a strict juridical sense not limited in time. However, the need of protection in order to guarantee their efficiency called time and again for a strengthening of the ties with protectors in the Netherlands and beyond the Alps. 2. The universalist vocation of Academia The Louvain privileges of nomination had a much larger geographical impact than the Cologne Pfründengnaden. The attempt to control, up to a certain extent, the beneficial market in a wider area was as old as the universities themselves. As said, the rise of universities in the High Middle Ages was an exponent of social, cultural and economical increases in scale. The early studia generalia offered knowledge with universalistic claims to a public of clerics flowing together from all corners of the Christian world. This ‘international’ group of scholars lacked the social resources necessary to obtain ecclesiastical benefices in the direct environment of their schools. Integration of the academic elite into this local environment was not particularly intense as an ‘academic elite’ comparable to the highly visible teaching and administrative staffs of the early modern period, distinct from the masses of other scholars and students, had yet to emerge.3 9 7 The oldest learned corporations had emerged organically. Hence they were not endowed initially with benefices or other, and their members were not systematically embedded in local structures. Consequently, they did not necessarily limit 395 Wagner, Universitätsstift und Kollegium, p. 361. The author’s distinction between vertical Hersschaft and horizontal Genossenschaft is, to my opinion, too abstract to be very helpful in concrete historical contexts. 396 Meuthen, Die Alte Universität, p. 64. 397 P. Vandermeersch, ‘Teachers’ in H. De Ridder-Symoens (ed.), A History of the University in Europe, 2: Universities in Early Modern Europe (1500-1800) (Cambridge 1996), pp. 244-255. 247 their scope to the local beneficial market and turned, almost ‘naturally’, to the papacy, another motor in the fabric of a universal christianitas. Roman Pontiffs, strong supporters of the early studia, granted, in the course of the fourteenth century, the first privileges de fructibus percipiendis in absentia dispensing scholars in Paris from canonical residence on their benefices during their stay at the university and/or installing a moratorium to take, if necessary, the holy orders. 3 9 8 Privileges of this type became more or less common to medieval and early modern universities. It is significant that, in a later foundation such as Louvain (1425), these privileges were issued together with the foundation bull itself.3 9 9 With the help of these texts, scholars could use the benefices they held elsewhere as a scholarship or as a supply to their emoluments as teachers. As such, they reflect the interests of Academia in the beneficial system without the walls of the university city; interests which they increasingly realized through the impressive bureaucratical apparatus of the Avignon papacy. The growth of the papal system of provisions4 0 0 was, indeed, closely connected with the repeated requests of university members for papal support in their pursuit of benefices. Many of the earliest papal initiatives in the field were, as a matter of fact, recommendations of serviceable scholars whose alleged merits had not been appreciated enough by local church magnates to provide them with a benefice. They were often legitimized by appeals to papal charity in favour of poor clerics. As such, poverty became a very amenible cover for academics to claim benefices. The papal Regulae Cancellariae regulating the bureaucratical processing of thousands of petitions for provisions were particularly favourable to university men in general and graduates in particular. 4 0 1 Instead of going personally to Avignon 398 Kibre, Scholarly Privileges, pp. 234-235. E. Reusens, Documents relatifs I, pp. 10-13 and pp.15-17. 400 The ‘textbook’ on papal provisions is still G. Barraclough, Papal Provisions. Aspects of Church History, Constitutional, Legal and Administrative in the Later Middle Ages. Oxford 1935; technical details in M. Bégou-Davia, L'interventionnisme bénéficial de la papauté au xiiie siècle. Les aspects juridiques. Paris 1997. 401 Papal expectative graces, the most common form of papal provisions, were granted to academics with profitably antedated dates which, according to the 399 248 and Rome or employing individually expensive agents at the Roman curia, university men copied from the beginning of the fourteenth century onwards the habit of the great of the earth by sending rolls of petitions listing, in the academic variant, all petitioners of one specific university. These ilsts were, consequently, collectively approved of and signed by the vicar of Christ. The most apt moment to send a roll of petition was apparently the election of a new pope, 4 0 2 after the example of the papal provisions in forma communi pauperum in the beginning of every pontificate.4 0 3 These, as well as most other papal provisions for collative ecclesiastical benefices, were issued in the form of expectative graces, giving their holder the right to claim a benefice vacant in the future in a determined diocese, or at the perferment of a specific ordinary collator or an ecclesiastical patron. Recent historiography has discussed the individual and collective successes and failures of university men to pursue their beneficial interests with the help of the papacy.4 0 4 However, principle prior in dato, potior in jure, provided them with a concurrential position comparable to the one of the protégés of cardinals and princes. B. Schwarz, ‘Römische Kurie und Pfründenmarkt im Spätmittelalter’, in Zeitschrift für historische Forschung, 20 (1993), pp. 135-136. 402 Universities were very flexible in deciding upon other occasions to send rolls of petition. See D.E.R. Watt, ‘University Clerks and Rolls of Petitions for Benefices’, in Speculum. Journal of Medieval Studies, 34 (1959), pp. 213-229. 403 These were destined for ‘poor clerics’, that is, those that did not yet possess a benefice and could therefore appeal to papal charity at the beginning of every pontificate. An extensive treatment of expectative graces in forma communi pauperum in A. Meyer, Arme Kleriker auf Pfründensuche: eine Studie über das in forma pauperum-Register Gregors XII von 1407 über päpstliche Anwartschaften im Spätmittelalter. Cologne and Vienna 1990. An evaluation of the efficiency of this form of papal provisions in P. McDonald, ‘Poor Clerks’ Provisions: A Case for Reassessment?’ in Archivum Historiae Pontificiae, 30 (1992), pp. 339-349. 404 Cf. J. Schmutz, ‘Erfolg oder Misserfolg ? Die Supplikenrotuli der Universitäten Heidelberg und Köln 1389-1425 als Instrumente der Studienfinanzierung’, in Zeitschrift für historische Forschung, 23 (1996), pp. 145-167. His evaluation of the efficiency of the academic rolls of petitions is negative. However, the impact and efficiency of papal provisions was highly variable depending on the regions that were affected. Cf. P.H. Stump, The Reforms of the Council of Constance (1414-1418) (Leiden, New York and Cologne 1994), p. 89. The success or failure of university suppliques consequently should be approached accordingly and the results for Heidelberg and Cologne cannot be extrapolated without circumspection. On expectative graces in general, see S. Weiss, ‘Päpstliche Expektanzen in Theorie und Praxis’, in K. Amon et al. (ed.), Ecclesia Peregrinans (Vienna 1986), pp. 143-152. 249 it remains a fact that universities all over Europe time and again fell back on rotuli beneficiandorum in order to fetch benefices for their members until the system collapsed in the course of the conciliarist crisis and the resulting decline of the beneficial stock exchange in the Eternal City. The fifteenth century was characterized by the frenetic search of academics for new tools to safeguard, through benefices, funds for themselves and for their students during their stay at the university as well as interesting career perspectives afterwards. The noticeable activity of academics at the reform councils of Konstanz and Basel, during which, in the context of the discussions over papal primacy, niches on the beneficial reservoir of Christianity were renegotiated, cannot be understood without the imminent threat of losing control over the beneficial system. 4 0 5 Their success was highly variable, however. Corresponding institutional tools did not everywhere compensate for the relative decline of papal patronage. 4 0 6 I will discuss two examples here. The Concordat of Vienna (1448) sanctioned the victory of German nobility over university graduates who were left virtually empty-handed. 4 0 7 Whether academics had ever been able to challenge the nobility’s claims is, however, a moot point, especially in the cathedral chapters where papal provisions had never been, and would never be, successful without the support of the nobility.4 0 8 The text was marked by sound pragmatism, as in the aristocratic Church of the Emp ire “only appointees with sufficient feudal clout could protect the rights and possessions of many German churches against the predatory rapaciousness of 405 See, next to the already cited work of Stump, J. Sznuro, ‘Les origines du droit d'alternative bénéficiale’, in Revue des sciences religieuses, 5 (1925), pp. 1-13, pp. 389-415 and 6 (1926), pp. 1-25. 406 R.N. Swanson, ‘Universities, Graduates and Benefices in Later Medieval England’, in Past and Present, 106 (1985), p. 58. 407 A thorough study of the Concordat of Vienna and its context in A. Meyer, ‘Das Wiener Konkordat von 1448: eine erfolgreiche Reform des Spätmittelalters’, in Quellen und Forschungen aus Italienischen Archiven und Bibliotheken, 66 (1986), pp. 108-152. 408 Barraclough, Papal Provisions, 60. On the German nobility and the Church in the Early Modern Empire, see C. Duhamelle, L’héritage collectif: la noblesse d'église rhénane 17 e-18e siècles. Paris 1998. 250 their fellow nobles.” 4 0 9 Therefore, the provisory stipulations in the Concordat of Constance (1417), that one sixth of all capitular benefices and all parishes with more than 3000 inhabitants were to be reserved for graduates, were abandoned in Vienna. 4 1 0 The Concordat of 1448 enhanced, or strengthened, through its restrictions on papal intervention, a relative reprovincialization of the churches in Germany 4 1 1 and, doing so, turned upside down the hierarchies put forward by Academia. The already cited case study on graduates in the Swiss collegiate churches in the fifteenth and sixteenth centuries demonstrates how masters in arts now could aspire a prebend in collegiate churches if they could rely on local support, which they could not even have dreamed of in the heyday of papal theocracy. The jurists, once dominant under the regime of papal chancery rules, found a last refuge in Universitätsstifte which they shared with theologians if they were university teachers, or in collegiate chapters embedded safely in Episcopal or princely circuits if they were bureaucrats.4 1 2 The cathedral chapters remained, as they had always been, bulwarks of nobility, which, in the later Middle Ages, increasingly abhorred from taking academic degrees in order to distinguish itself from non-nobles. In this context, academic claims to one sixth of the canonships in cathedral churches were not likely to be honoured in a Concordat which had been negotiated directly between the German princes and the pope. 4 1 3 Their chances to obtain benefices through papal patronage dwindled further in the course of the sixteenth century, when popes tried to strengthen the position of bishops in their dioceses by delegating the apostolic rights of appointment sanctioned by the Concordat of Vienna. Career chances for graduates were limited in this area where higher church offices 409 Stump, The Reforms, p. 93. The concordat of Vienna is edited in A. Mercati, Raccolta di concordati su materie ecclesiastiche tra la Santa Sede e le autorità civili, I:1098-1914 (Vatican City 1954), pp. 177-185. 411 Meyer, ‘Das Wiener Konkordat’, p. 150. 412 Of course, most artists still had to content themselves with a chapel or a vicary, the number of canonships being limited. Hesse, ‘Artisten im Stift’, pp. 110-112. 413 As for the international diplomatic context, see Toews, ‘Pope Eugenius IV and the Concordat of Vienna (1448) - an Interpretation’, in Church History, 34 (1965), pp. 178-195. 410 251 (and, therefore, the richest benefices) were a prerogative of the nobility or, up to a certain extent, the urban patriciate, which resulted in a relative decline of attendance in the higher faculties in general and the theological schools in particular. 4 1 4 The days of the Catholic secular clergy teaching at the university were counted in the Empire, except, maybe, in the university of Cologne. This can partially be explained by these restraints on the beneficial market.4 1 5 In the context of Catholic mo bilization against heresy, the new university founders – bishops rather than princes – did not fall back on the model of the ‘classical’ university centered around a group of canons charged with lecturing to meet the new demand for trained theologians and apt parish priests, nor did they establish diocesan seminaries after the Tridentine model. The educational field in the early modern Empire was dominated by the Society of Jesus and its colleges, some of which evolved into semi- or full universities. 4 1 6 Most of the remaining Catholic universities in the Empire were infiltrated, or taken over, by the Society as well. The prestige of 414 “Allein die stark in Gewicht fallende Vermehrung der Studentenzahlen im spätmittelalterlichen Deutschland hätte rein rechnerisch eine quantitativ weit stärkere Erhöhung der Pfründen für gelehrte Theologen nötig gemacht, wenn die Theologen ihren Anteil an versorgten Graduierten hätten ‘halten’ wollen. Davon aber kann keineswegs die Rede sein: In ihrem prozentualen Anteil an der Gesamtstudentenschaft sanken die Theologen sichtlich und erheblich ab, was aber letsten Endes auch die Erfahrung war, die die anderen ‘Höheren’ Fakultäten machen mussten.” J. Miethke, ‘Karrierechancen eines Theologiestudium im späteren Mittelalter’, in R.A. Schwinges, Gelehrte im Reich. Zur Sozial- und Wirkungsgeschichte akademischer Eliten des 14. Bis 16. Jahrhunderts (Berlin 1996), p. 209. 415 Owing, partially, to the endowment of the new universities with the help of canonships, the loss of papal patronage had not affected teaching staffs immediately. Secular clerics even managed to strenghthen their position to the disadvantage of the mendicants. The proliferation of universities made it easier to attract the attention of local or regional patrons with benefices in gift. Meyer, ‘Das Wiener Konkordat’, p. 112. Secular clerics were, after all, more easily integrated into local, regional or princely circuits than the members of the internationally orientated mendicant orders. H. Dickerhoff, ‘Die katholische Gelehrtenschule des konfessionellen Zeitalters im Heiligen Römischen Reichs’, in W. Reinhard and H. Schilling (ed.), Die katholische Konfessionalisierung (Münster 1995), p. 360. 416 Cf. R.A. Müller, ‘The ‘Jesuitensystem’ in the University Structure of Early Modern Germany’, in G.P. Brizzi and R. Greci (ed.), Gesuiti e università in Europa (secoli xvi-xviii) (Bologna 2002), pp. 95-108. 252 the Jesuit Order as the hammer of heresy was immense; Jesuits managed to translate learned culture into the needs of the nobility which ensured them of the support of the cathedral chapters; and, last but not least, their numerous teachers in the humanities, in philosophy and in theology did not dream of making tedious claims to a higher beneficial career. On the other hand, Jesuits did try to promote the careers of their protégés in the secular clergy. They were the authors of the last attempt of the reform papacy to restore its protection over scholars (and to ‘reform’ thus the cathedral chapters in Germany) by reserving the concordatory apostolic months to alumni of the newly founded Collegium Germanicum in Rome, one of the Jesuit colleges founded to educate national ecclesiastical elites in the Eternal City. This attempt failed, but the Jesuits’ lack of success did not inhibit the Germaniker to occupy, in the first half of the seventeenth century, up to one third of the canonships in German cathedrals. Again, however, this should be ascribed to the increasing attractiveness of the Collegium for nobles rather than to an upgrading of academic circuits.4 1 7 In 1613, the fathers tried, in vain, to haul in the Louvain rights of appointment to ecclesiastical benefices in the Principality of Liège, an exceptionally rich beneficial market neighbouring the already well-endowed Southern Netherlands. 4 1 8 In at least one case, they were successful, as the Jesuit faculty of Theology of Pont-àMousson in Lorraine had the right to nominate its alumni to all benefices under ducal patronage becoming available during one specific month yearly. 4 1 9 Where they did not obtain legal tools to manipulate the beneficial market, the Jesuits could always rely on their powerful circuits to advance the careers of talented young clerics ‘without a name’. In seventeenth and eighteenth century Alsace, they did so by appealing to the monarch.4 2 0 That the kingdom’s feuille des bénéfices was managed by the Très 417 P. Schmidt, Das Collegium Germanicum in Rom und die Germaniker. Zur Funktion eines römischen Ausländerseminars (1552-1914) (Tübingen 1984), p. 45 and p. 109. 418 Cf. the correspondence of the archducal ambassador in Rome in 1613 and 1614 in the Négociations de Rome, vol. 12, ARA, Audiëntie, 448, f° 315v°-317v° and 449, f° 9r°. 419 J. Gérardin, Etude sur les bénéfices ecclésiastiques aux xvie et xviie siècles (Genève 1971), p. 118. 420 Cf. Chatellier, ‘Bénéfices et société en Alsace’, pp. 87-88. 253 Chrétien’s confessor – a fellow Jesuit – may have been helpful as well. In other areas governed by the Concordat of Vienna, in France as well as in the Empire, they may have used their contacts with nobility and bishops to advance talented hangerson who were not ‘born’ as canons or bishops. To which extent they did so, remains, so far, an open question. 4 2 1 Generally speaking, an ecclesiastical elite of non-noble graduates seems not to have flourished in the Empire, and this, of course, was related to the closeness of the beneficial system and the circuits playing on it.4 2 2 In the core of the French kingdom, on the contrary, academics and students had impressive legal tools at their disposal. Already in the Pragmatique of 1438 one third of the benefices of the Eglise de France had been reserved for nominations by the universities after the model of the papal expectatives. The concordat of Bologna (1516) between Francis I and pope Leo X extended this right to all graduates, with or without letters of nomination, abolished the prerogatives of the university of Paris over its sister institutions and reserved all benefices of the Church of France becoming vacant during four months – one third - of the year. In order to obtain benefices, graduates (i.e. magistri artium having fulfilled the quinquennium and the graduates of the higher faculties of theology, law and medicine) had to ‘insinuate’ to a specific ordinary collator their letters of graduation issued by a ‘famous university’4 2 3 and to 421 Cf. for instance, the strategies of academics in the English universities in the Later Middle Ages: “The increasingly fawning – almost corrupt – attitude displayed by the two English universities towards the few members of the nobility who attended them in the fifteenth century, … may thus be interpreted as attempts to create the patronage link: their careers were already assured, they could create careers for their hangers-on.” Swanson, ‘Universities, Graduates and Benefices’, p. 61. 422 A highly recommendable essay on social mobility in the Una Sancta in W. Reinhard, ‘Kirche als Mobilitätskanal in der frühneuzeitlichen Gesellschaft’, in W. Schulze (ed.), Ständische Gesellschaft und soziale Mobilität (Munich 1982), pp. 333-351. 423 I.e. a university where humanities and sciences were publically taught; where degrees in Arts, Theology, Law and Medicine were granted. As such, Orléans and Montpellier offering respectively degrees in Law and in Law and Medicine were not qualified as ‘famous universities’. J. Gérardin, Etude sur les bénéfices ecclésiastiques aux xvie et xviie siècles (Genève 1971), p. 115. The universities 254 submit testimonies that they had fulfilled the quinquennium, the minimum of five year’s study (Arts included) necessary to qualify for the privilège des gradués in the Concordat. Afterwards, the candidates had to ‘reiterate’ this insinuation every year, during Lent, until a benefice had been bestowed upon them by the ordinary collator of their choice. The latter was obliged, during an interval of six months, to perfer any benefice vacant during these four months on graduates, but he could chose whomever he wanted among them. His rights were restricted, however, in January and July, the so-called mois de rigueur during which he had to grant precedence to those disposing of letters of nomination issued by the ‘famous universities’. When competition arose between several university nominees aspiring the same benefice (which was not exceptional), the ordinary collator had to bestow his benefice on the holder of the highest academic degree, or, all things being equal, according to seniority of the degree. There were a few restrictions, some of which had also applied to the papal expectatives of yore. Graduates could only claim benefices vacant by the death of their last holder, which made the large amount of church offices passed through to family, friends and clients via resignations in favorem untouchable. 4 2 4 Benefices under the regime of lay patronage remained unaffected too, as they had always been; moreover, the Concordat did not include those benefices situated outside the territorial range of the Eglise de France, i.e. in Bretagne, Provence and the pays de conquête ‘reunited’ to the kingdom by Louis XIV. After 1745, the universities’ letters of nomination lost their validity for benefices charged with pastoral care, and already in 1606, the dignities in collegiate and cathedral ‘réputées étrangères’ (Pont-à-Mousson, Strasbourg, Douai, Nantes, Perpignan, Aix-en-Provence, Orange and Besançon), constituting more than one third of the French universities by the end of the seventeenth century, were excluded from the privilège des gradués as well. D. Julia and J. Revel, ‘Les étudiants et leurs études dans la France moderne’, in D. Julia et al. (ed.), Histoire sociale des populations étudiantes, 1, p. 205. 424 The resignatio in favorem was a common practice, which withdrew, alongside permutations, 30% up to half of the appointments from control by the ordinary collator. Sometimes resignation was the highway to obtain a benefice; in Langres, for instance, 90% (!) of the seventeenth century canons of the cathedral had obtained their prebends through resignation. G. Viard, ‘Les chanoines de Langres au xvii e siècle: recrutement, origines, fortunes’, p. 87. 255 chapters, i.e. the canonships with a special status, had been exempted from the privilège des gradués. Thus the legal terms of the Concordat were spelled out. However, “la notification des grades, si largement développée, n’est en rien la voie royale pour accéder à un bénéfice.”4 2 5 It is difficult to evaluate the efficiency of the privilège des gradués in absolute terms, because the statistical material for several eighteenth century dioceses assembled by Dominique Julia and Jacques Revel, measures the correlation between successful notifications of degrees and the totality of benefices perferred in a specific range of time instead of comparing the number of successful insinuations with the unsuccessful ones. But it is significant that the concordatory prerogatives for academics only played a minor role – 11,3% in the highly ‘scholarized’ diocese of Lisieux, 12,5 % in Le Mans – in the recruitment of the diocesan clergy, while the Concordat had to reserve 33% of the benefices in the kingdom for graduates.4 2 6 Another indication is the frequency of the insinuations. Only 20% of the graduates notifying every year their degrees to ordinary collators in Lisieux were newcomers; the others were ‘recidivists’. When departing upon a specific year of reference, 55% of them had not been successful, and had not lost hope, five years later, as they continued to insinuate their degrees; figures which only slightly diminished to 33% after 10 years, and 21% after two decades.4 2 7 As such, the expectative des gradués shows some striking similarities with the apostolic expectative graces on the heyday of papal intervention in beneficial affairs: a graduate had to be patient, to make financial investments (insinuations were not for free, nor were the letters of nomination issued by universities) and, in numerous cases, they had to suffer endless litigation in order to obtain a benefice. In analogy with the situation in the fourteenth 425 P. Loupès, Chapitres & chanoines de Guyenne aux xviie et xviiie siècles (Paris 1985), p. 253. 426 In the diocese of Reims, the rate of benefices vacating in the ‘graduate months’ and perferred through the concordatory graduate expectative did not exceed the 11%. Julia and Revel, ‘Les étudiants et leurs études’, p. 212, pp. 217220. 427 That is, in the insinuation registers of the diocese of Lisieux. Julia and Revel, ‘Les étudiants et leurs études’, p. 213. The figures of Loupès, Chapitres et chanoines, are different. 256 century, the numbers of insinuations seems to have largely exc eeded the supply of interesting benefices; on the other hand, it is unclear whether the procedure as such was as successful as the papal expectatives had been in fourteenth century France, compared with the other procedures giving access to benefices.4 2 8 “Le seul intérêt de l’insinuation est de permettre à un ecclésiastique de se faire connaître du collateur ou d’un éventuel résignant ou permutant.”4 2 9 The profile of the graduates themselves was in keeping with the efficiency of their prerogatives. Julia and Revel discuss three different types of graduates using the privilège des gradués in order to obtain benefices. Graduates from Paris, to start with, engaged in more prolonged studies than those of their provincial colleagues and took degrees in theology and law after having obtained the magisterium. They considered their insinuation as a short-term investment, a first step in a career that was not limited to a modest canonship or a pastorate, and could rely on impressive old-boy networks of former ‘Parisians’ to realize their claims without leaving their colleges. They did not reiterate that often and ‘switched’ collators easily, as they were less focused on a specific benefice. The vast majority of graduates constituted the second type. These contented themselves with their title of magister, which they had often obtained by the end of the quinquennium. They were often vicars eagerly looking for promotion to a pastorship, chaplains residing in an Episcopal city who aspired a canonship or a parish, and parish priests who were not satisfied with the benefices they held and who wanted 428 In late medieval German chapters which were ‘open’ for papal provisions (as opposed to, for instance, many German cathedral chapters, see above), almost all canonships were, under the Avignon papacy, obtained with the help of papal expectative graces; even if only a small minority of individual expectative graces (28%, in the case-study by Meyer) eventually led to the actual possession of a prebend. See A. Meyer, Zürich und Rom, pp. 86-87. Papal provisions were only used to obtain benefices worth the investment in Rome, however, and the same may apply to the graduates’ prerogatives in Early Modern France. Therefore, general figures of the share of the expectative des gradués, remaining apparently far below the 33% aimed at in the Concordat, may be deceptive. In order to measure the efficiency of the expectative as a procedure (as opposed to its efficiency as an individual act), the ‘German’ methodology of research into specific chapters should be adopted. 429 Loupès, Chapitres et chanoines, p. 253. 257 to move to another parish or, as an insurance for old age, a modest canonship in a small collegiate church. Academics (teachers and college presidents) formed a third group. For them, a benefice was a long-term investment, their chairs or administrations not being lucrative enough to make an ‘honest’ (and secure) living and did not shield them from financial needs during their old age. They patiently assembled benefices while residing in their colleges or while being sustained by their families or patrons. 4 3 0 Graduates had in common with the holders of late medieval expectative graces that they often possessed already of an income out of benefices, teachers’ emoluments or family patrimony and that they used, up to a certain extent, their privileges as an investment – which explains why they massively kept notifying their degrees to ordinary collators for decades after their stay at the university. Half of the graduates in the diocese of Le Mans admittedly obtained their first benefice through this procedure, but it is highly questionable whether they did so because of the graduates’ privileges. Their individual success was hypothecated further on in the course of the seventeenth and eighteenth centuries, when the aggrégation of many Jesuit colleges and diocesan seminaries into the French universities resulted in an ‘educational boom’; that is, a boom of graduations. With or without the concordatory prerogatives, the close link between benefices and university studies affected the educational field in France in two ways. It enhanced the provincial character of the French faculties of Theology, as chances on the clerical job market depended largely upon integration into local or regional circuits. Secondly, according to Julia and Revel, it may explain, at least partially, why the figures of attendance in France, with a general rise of Theologians and canonists in the second half of the seventeenth century, do not fit into the model of the ‘Revolution of Education’ perceived by Laurence Stone elsewhere in Europe. There, the general decline of the student populations was ascribed to a saturation in the fabric of states and confessions, enhanced by the increasingly hereditary character of the newly established institutional frames. This hypothetical assessment calls, of course, for further comparative research. After all, the Catholic church in general 430 Julia and Revel, ‘Les étudiants et leurs études’, p. 216. 258 and the beneficial system in particular were fertile environments for the development of dynastic policies as well, and an answer to the question, why the French (or, maybe, the Catholic) educational field did not evolve in line with general patterns perceived elsewhere, should consequently not be given with the help of institutional traditions associated with the Catholic beneficial system alone. 4 3 1 Thus the state of the art of the relationship between benefices and university in the early modern period. However, it is obvious that legal terms of concordats alone have little explanatory value. Moreover, the lack of research in the field for the early modern period does not facilitate an understanding of the problem either. The already cited article published by Swanson in 1985 offers some interesting, yet hypothetical, perspectives for further synchronical and diachronical research on the relationship between study, benefice-holding and the ecclesiastical career structure on the Continent in the early modern period. In a response to what they must have perceived as a crisis of patronage, universities in later medieval England sought to exchange their insecure patronage relationships for an institutionalized right guaranteeing benefices, and consequently a career, to their graduates. Swanson does not underestimate the significance of the conciliarist crisis, the unpredictability of the clerical job market as a result and the eventual loss of papal patronage in the construction of this crisis. Unlike German historiography, however, the author also pays attention to the general economical conjuncture which affected the beneficial system between 1380 and 1430 and which, consequently, profoundly influenced the relationship between benefices and university membership. In the context of the economical crisis in the fourteenth century, the number of benefices available for the sustainment of clerics studying at the English universities and elsewhere decreased significantly due to pluralism, unions of benefices and appropriations of benefices by religious houses and chapters. Bishops lacking personnel in parishes depopulated 431 Julia and Revel, ‘Les étudiants et leurs études’, 355; L. Stone, ‘The Educational Revolution in England, 1560-1640’, in Past and Present, 28 (1964), pp. 41-80. 259 by the Black Death did not grant dispensations of canonical residence easily. Neither were career perspectives for graduates after their stay at the university improved in the course of the fourteenth and fifteenth centuries. This economical and demographical context coincided with the decline of papal patronage which occurred in England a few decades earlier than on the Continent. Simultaneously, bishops, lay lords and religious houses had already trouble enough to manage their own circuits of patronage without being forced by legislation to reserve benefices for graduates. Non-graduate bureaucracies, secular and ecclesiastical, increasingly burdened the canonships in collegiate and cathedral chapters, blocking the access for university alumni. This added, according to Swanson, to the perception by English universities of their situation as highly problematic: a decline of benefices available for students was likely to cause a decline of attendance, and consequently of the income of teachers who already had to face harsh competition on the clerical job market.4 3 2 Swanson’s tentative answer to the question, how this ‘crisis of patronage’ was eventually resolved, deserves particular notice. He adopts, up to a certain extent, the interpretation developed by Lytle, who pointed out that the emergence of colleges had to compensate for the uncertainty on the clerical job market. Swanson points out that the collegiate university was likely to have provided for the needs of more students than the beneficial system had ever done. 4 3 3 Moreover, landed endowment brought along the advowson of benefices, which may have procured some relief to graduates aspiring a rectory, but there were certainly not enough of them to provide a way out of the crisis of patronage. According to Swanson, changes in the beneficial system itself, and the circuits manipulating it, did. 4 3 4 By the end of the fifteenth century, licences for absentee432 Swanson, ‘Universities, Graduates and Benefices in Later Medieval England’. G.F. Lytle, ‘Patronage Patterns and Oxford Colleges, c. 1300-1500’, in L. Stone (ed.), The University in Society , 1 (Princeton 1974), pp. 111-149. This paper has provoked a vivid debate. Literature in Swanson, ‘Universities, Graduates and Benefices’, p. 28, n.3. 434 Academics kept complaining, however, until deep into the sixteenth century. Swanson, ‘Universities, Graduates and Benefices’, pp. 59-60. 433 260 ism were more easily granted again. Laicisation in non-graduate as well as in graduate bureaucracies offered new opportunities to (other) graduates, teachers and students to enter cathedral and collegiate chapters. But, in the meantime, the crisis of patronage had also influenced academic aspirations. Benefice-holding was, out of sheer necessity, delayed to a later stage in a cleric’s career; simultaneously, college life made it possible to defer ordainment. The maintenance of an increasing proportion of students and graduates had, at least initially, to be ensured through family patrimony, through less stable sources of income such as college grants and short-term engagements, and through other forms of patronage which were not necessarily dominated by ecclesiastical circuits. Consequently, the laicisation of student populations in the later Middle Ages was also related to this perception of a crisis of patronage. By mitigating competition among graduates, laicisation may have contributed partially to its eventual resolution as well. I have gone thoroughly into Swanson’s analysis of the crisis of patronage in later medieval England for three reasons. First, in spite of its apparent immobility, the beneficial system was inextricably linked to a highly volatile clerical jobmarket, which, notwithstanding the impressive legal structures it was forced into for its protection, was affected by economical conjunctures. Academic claims to a segment of the beneficial stock, and possibly to its distribution, in the Middle Ages as well as in the early modern period, should be put into perspective in this context. Their success or failure to draw benefices into their orbit cannot be deduced from concordats or papal chancery regulations alone. Secondly, Swanson’s insights on the link between benefices and collegiate life reveal an interesting analogy with evolutions in the beneficial system that were likely to have affected academic life in early modern Europe. In the course of the sixteenth and seventeenth centuries, the amount of benefices that could be used as scholarships must have decreased once more dramatically in the context of Catholic mobilization in the war against heresy. Absenteeism, especially with respect to benefices charged with the care of souls, had been stigmatized 261 by the reformers as the most reprehensible abuse ever, which could not be legitimated any more even by a stay at the university. This implied that, in the Southern Netherlands and the principality of Liège, approximately three or four thousand rectories (compared to ca. two thousand canonships) were at one stroke beyond the reach of clerics looking for means to finance their studies. The vast reservoir of altars, which did not require strict canonical residence, was, indeed, still available and continued to be an important source of income for students and teachers;4 3 5 yet their number was in decline, due to the same redirection of means to the advantage of pastoral care. If they were not incorporated or unified with other benefices in order to make the ‘tridentine’ shepherds less dependent upon their flock, chapels were increasingly used for the sustainment of vicepastors, a new type of clerics built up for the reinforcement of the parish clergy. The so-called ‘Tridentine spirit’ consequently affected university life in more than one way. The foundation of many colleges within or outside the walls of the ‘classical’ university was, as commonly known, a response to the decrees of the Council of Trent calling for a ‘proper’ education of a ‘zealous’ (that is, ‘tridentine’) parish clergy; simultaneously, however, it may have had, in analogy with the crisis of patronage in later medieval England, to compensate for the drying up of financial support for students in the same context of Catholic mobilization. In the universities of the Netherlands, the vast majority of the clerics studying in Douai or Louvain were thoroughly crammed for their tasks in the service of the Militant Church behind the closed doors of colleges, many of which were founded, in the Louvain case, by the end of the sixteenth and in the beginning of the seventeenth century.4 3 6 As 435 Benefices were still widely available in the first half of the seventeenth century, which reflects in the high rates of aspirant-priests falling back on a benefice to constitute the titulus – a yearly income – necessary for ordainment. In between 1609 and 1712, their numbers gradually declined. See S. Vanden Broecke, Rekrutering en carrièrepatroon van de parochiepriesters in het bisdom Gent, 1609-1712 (Louvain, unedited Licenciate thesis, 1993), pp. 85-86. 436 Under the archdukes (1598-1633), fourteen new colleges were founded, six of which were destined for the regular clergy. J. Roegiers and P. Vandermeersch, ‘Les Archiducs et l’université de Louvain’, in W. Thomas and L. Duerloo (ed.), Albert & Isabella (Brussels 1998), p. 290, n. 21. 262 such, the highly desired ‘distinction’ between a disciplined, culturally more homogeneous clergy and the laity was also drawn clearer within the walls of Academia, as most of the lay students in the faculties of law and medicine in Louvain lived in private rooms. 4 3 7 In 1500, ca. 200 scholarships had to relieve approximately one seventh of the student population in Louvain; by the end of the Ancien Régime, more than 1000 of them had been accumulated throughout the ages, and ca. 90 % of them was statutorily attached to the ca. 40 resident colleges.4 3 8 The changing relationship between benefices and studies has, consequently, deeply affected patronage in ecclesiastical and academic circuits as well. The concentration of human and economical resources into colleges as a response to new definitions of the ‘role’ of the pastoral clergy and to changes on the beneficial market offered new opportunities for leading academics. The latter could increasingly impose themselves as the central managers of academic patronage in the college presidents, provisors or collators of scholarships. Pious foundations had probably become, at least numerically, more important in the exchange of favours between students and teachers than benefices had been; moreover, the rising dons probably had a major impact on the distribution of scholarships than they ever had had on the perferment of benefices. Richly endowed colleges hosting many students added greatly to the moulding of a highly visible ‘academic elite’, and thus to the oligarchization of the learned corporations in the early modern period. The members of this elite became the natural spokesmen of the community of scholars towards the circuits of power, of which they often became part themselves, and thus contributed to ‘absolutism’ from below. Academics engaged in the administration of colleges had, after all, an exquisite base of operations to perform as headhunters and were, thanks to their position, interesting 437 Lawyers and physicians would have been recruited in the higher layers of society as well. Cf. the hypothesis put forward by J. Roegiers and E. Lamberts, Universiteit te Leuven (Louvain 1986), p. 46. 438 See E. De Maesschalck, ‘Beurzen en colleges te Leuven in de 15 de en 16de eeuw’, in Spiegel Historiael, 13 (1978), pp. 556-563. The social history of student populations in Louvain, as well as the place of scholarships in it, still awaits a decent study. A list of the colleges in Louvain in E. Reusens, Documents relatifs, vol. 3-5. 263 transmitters of useful information covering the entire hinterland of the university. In this context, it becomes more understandable why Louvain academics were highly professionalized, in the sense that many among them made a lifetime career at the university.4 3 9 Thirdly, Swanson departs from perceptions and claims, instead of constellations and rights; perceptions and claims which he does not evaluate on their righteousness, but which he tries to contextualize. It is all but certain that the papal system of provisions was ever capable of promoting graduates simply because they were graduates. The already cited paper by Schmutz even suggests the opposite in the context of the German church. Whether there actually was a crisis of patronage in the later Middle Ages and at the beginning of the sixteenth century, is not the point either – this definition may well have been enhanced by a crisis on the clerical job market in general, which was probably not detrimental to academics alone. We do know that leading academics must have felt the pressure from students and graduates expecting their stay at the university to be of use, and that they used their ‘role in society’ (and the imminent threat of its destruction) in their attempts to widen the access to benefices for university members. Even where they did not succeed in compensating for the loss of papal patronage (or, at least, its promises and the notions central to it), universities did not collapse; they changed, together with the aspirations, perspectives and consequently the worlds constructed by teachers and students. Whether concordatory prerogatives or privileges such as the ones granted to the university of Louvain and its Faculty of Arts were ‘necessary’, is, consequently, not the point. The other university of the Southern Netherlands, Douai, did not have similar priv ileges in spite of its attempts to haul in parts of its elder sister’s prerogatives in the 1570s, the 1580s and the second half of the seventeenth century;4 4 0 nor could it 439 Roegiers, ‘Professorencarrières’, p. 239. The Douai academics did so, for instance, in the context of the first Jansenist controversies, which provoked vehement reactions from Louvain academics. “Dolenter intelleximus academiam Duacensem magno apparatu id agere apud Tuam Sanctitatem ut, quae duorum saeculorum ductu pontificia liberalitate et principum ac regum nostrorum sollicitudine privilegia obtenta sunt, nobis integra 440 264 benefit, after the French conquest, from the privilège des gradués as it was situated in the Pays de conquête. Two of the three colleges in the Faculty of Arts were, admittedly, Jesuit institutions, which may have lessened the pressure of the academics themselves on the beneficial market, but the theological faculty as well as the faculty board of the arts remained firmly embedded in the circuits of the secular clergy. The Douai theologians could not even fall back on incorporations of prebends into chairs, as their remuneration depended upon royal subsidies. This did not inhibit the secular clerics teaching in Douai to reconvert the local collegiate church of Saint-Amay into a de facto university chapter. 4 4 1 The integration of a provincial (later archdiocesan) and a royal seminary into the academic community from the second half of the sixteenth century onwards was likely to introduce students aspiring a career in the parishes to the convenient circuits.4 4 2 In spite of the lack of legal instruments to seduce potential students with benefices, the university of Douai was, after Paris, the biggest university of the kingdom, a ranking which it owed partially to the embarrassing reputation of Louvain as a jansenist hotbet in the later seventeenth and early eighteenth centuries. 4 4 3 And it is not unlikely that the proud doctors of the Sorbonne themselves distinctively did not appeal to the privilège des gradués in the decisive phases of their careers, as those whose credits were high enough to enter through the front gates often disdainfully neglected the (narrow) back door offered by their concordatory privileges. 4 4 4 The squeals of the Louvain academics in the course of the sixteenth and seventeenth centuries, that the Alma Mater, if their claims were not honoured, would perish while the heretics were at the gates of the house of Israel, were consequently based on too much assumptions, perceptions and et intacta perdurarunt, universitati nostrae adimant et in suam transcribant.” University of Louvain to Pope Innocent X, 30 May 1654, in: La fin de la première période du Jansénisme. Sources des années 1654-1660, I: (1654-1656), Ed. L. Ceyssens O.F.M. (Brussels and Rome 1963), pp. 94-95. 441 Pasture, Les chapitres séculiers, pp. 57-58. 442 G. Deregnaucourt, De Fénelon à la Révolution. Le clergé paroissial de l’Archevêché de Cambrai (Lille 1991), pp. 192-194. 443 G. Dehon, L’université de Douai dans la tourmente. Heurs et malheurs de la Faculté des Arts (1635-1765) (Villeneuve d’Ascq 1998), p. 208. 444 Loupès, Chapitres et chanoines, p. 254. 265 aspirations to explain them in terms of an essential ‘necessity’. University members did use their privileges of nomination enthusiastically, and its function was, indead, related to fluctuations on the clerical job market, giving graduates ample prerogatives over their colleagues educated in the diocesan seminaries. 4 4 5 But their symbolical quality should not be underestimated, as they did not only support this alleged ‘role in society’, they visualized the world academics had negotiated for themselves as well. 3. The Louvain Privileges of Nomination. Scholarly Interests and Catholic Confessionalization (1598-1621) The continuous contestation of the Louvain privileges of nomination offers an interesting starting point to reconstruct this world. I will attempt, in the following case study, to propose a hypothetical robot photo of this interwovenness of the Louvain privileges of nomination with the world leading academics in Louvain and their partners in the Netherlands and in Rome negotiated for themselves in the context of Catholic confessionalization, 4 4 6 more specifically during the reign of the Archdukes Albert and Isabella (1598-1621). To do so, I will go shortly into the Louvain privileges themselves. Consequently, the ‘anatomy of a debate’ in a specific conflict over academic postulations in the independent Principality of Liège, will be contextualized within a wider scope of other interests at stake in this period in order to make, on a meso-historical level, a robot photo of the world in which Louvain academics were operating, and the place benefices in general and the Louvain privileges of nomination in particular occupied in that world. 445 See, for instance, T. Quaghebeur, ‘Le concours diocésain dans l’archidiocèse de Malines 1586-1786’, in Revue d’Histoire Ecclésiastique, 97 (2002), pp. 846891. 446 Confessionalization is not conceived here as a ‘functional’ phenomenon within an ‘objective’ system, but as the early modern inclination to construct individual and collective identities around an ‘orthodox’ confession distinct from heresy. 266 3.1. The Jewels among Academic Privileges: the Louvain Privileges o f Nomination. In 1483, Pope Sixtus IV granted the rector of the university of Louvain the right to nominate secular clerics to all ecclesiastical institutions with benefices in gift, which were situated in the Burgundian Netherlands. Every collator having more than six benefices at his disposal in the Netherlands could be forced legally to bestow one benefice on an academic nominated at the expense of his collatorship if he was an individual, or once in twenty years when an institution – a chapter or an abbey - was involved. 4 4 7 Three decades later, the Faculty of Arts used its impressive networks (among whom the future pope Hadrian VI) to obtain her own, similar, but more elaborate privilege of nomination. 4 4 8 The frequency with which the faculty dean could burden the ordinary collators in favour of the faculty’s graduates was doubled in comparison with the rectoral privilege, and the total amount of benefices susceptible of being claimed by Louvainists was extended with the exceptionally rich clerical job market in the Principality of Liège. Subsequent papal bulls and princely charters throughout the sixteenth century countered contestation against the faculty’s privileges. In the period under investigation, ca. 800 nominations were issued by the university and the Faculty of Arts, the vast majority of which were made at the account of the Veneranda Facultas Artium.4 4 9 In 1613, academics in Louvain remained moderately positive, when, for the efficiency of their privileges, they were asked if they wanted other instruments to manipulate the beneficial stock - that is, as far as the benefices in the lands under Habsburg rule were concerned. They had good reasons to 447 The bulls Urget Nos and Admonet Nos, resp. 1483 and 1513, as well as the other princely and papal legislation on the matter, are preserved in the University Archives of Louvain, Fund Old University of Louvain, UAL, OUL, resp. 58 and without annotation. 448 Cf. B. Boute, ‘Humanists in the Corridors of Power. An Unedited Letter, 22 Feburary 1525, of Albertus Pighius’, in Lias, 26 (1999), pp. 3-16. 449 This research is based on an extensive prosopographical research into nominees and nominators during the reign of the archdukes Albert and Isabella, which shall be elaborated in my doctoral dissertation. 267 perceive their situation thus, if we compare the Louvain privileges of nomination with the privilège des gradués or the letters of nomination in France from an institutional point of view.4 5 0 In the Southern Netherlands, results were, in principle, more predictable than in France because there was no competition of graduates from other universities. Academic circles remained firmly in control of the use of their privileges, as the negotiations over who could present himself to an ordinary collator were not regulated by concordatory stipulations but by academic legislation and its ditto interpretation. Specialized committees within the university or the Faculty of Arts performed the procedures. The ordinary collator could not play out graduates against one another like in France, as he was fobbed off with only one single candidate in between the legally (or statutory) prescribed intervals. Nominations were valid as long as the graduate was still a resident suppositus in Louvain, which made it impossible for alumni of the Alma Mater to engage in a lifetime career as a graduate or a nominee (and to keep competing with younger graduates) in line with practices in France, except if they belonged to the inner circles of Academia. The latter were privileged, as prerogatives of teachers, faculty members and college presidents over other graduates in the nomination procedures were legally sanctioned in the bull Admonet Nos of 1513 and in the statutes issued by the university as well as the Faculty of Arts. The application of these prerogatives being controlled by academic circuits themselves, teachers’ rights were more likely to be lived up to than the void settlements set up for French university teachers in 1745. 4 5 1 The numerous legal disputes between Louvain nominees, especially those of the Faculty of Arts, and outsiders, had to be presented, depending on the procedure put into operation, before the apostolic conservator of the university’s privileges or before princely tribunals. 4 5 2 Already in the course of the sixteenth 450 The prerogatives of holders of letters of nomination over other graduates were often illusory, as is demonstrated by the example of the chapters in the province of Bordeaux. Cf. Loupès, Chapitres et chanoines, pp. 213-214. 451 Julia and Revel, ‘Les étudiants et leurs études’, p. 215. 452 See B. Boute, Regnum, ‘ Sacerdotium en Studium in de vroegmoderne periode. Het voorbeeld van de Leuvense benoemingsprivileges 1483-1573’, in Trajecta. Tijdschrift voor de geschiedenis van het katholieke leven in de 268 century, these stipulations proved to be crucial, given that princely and especially academic jurisdiction were powerful instruments in the hands of Louvain nominees. The emergence, in the course of the sixteenth century, of a noblesse d’Etat comparable to the French robins had resulted in a growing accommodation of academic interests with the robins in the Southern Netherlands. As the latter were largely recruited from their alumni or even their teaching staff, leading academics potentially disposed of very interesting channels of communication with the circuits of power. Consequently, academic jurisdiction was not illusory. At least academic claims were judged upon their own terms, voiced as they were by solemn papal bulls and princely placet letters.4 5 3 Graduates had good reasons to be optimistic, in the decades preceding the 1620s. Catholic restoration in a country that had been devastated by civil war and contaminated by heresy implied an intensified human resources recruitment on the behalf of re-emerging ‘Tridentine’ circuits. The overall situation on the clerical job market, marked by a shortage of priests, was only normalized after 1620. 4 5 4 From then onwards, for a lot of clerics, the step towards benefice-holding could only be taken in a more advanced stage of their career, which forced them to abide their time as poorly paid vicars or to fall back on the financial support of their family. Nominations by the rector or the Nederlanden 1483-1573, 7 (1998), pp. 154-179. On academic jurisdiction, which was very elaborate in Louvain until the end of the Ancien Régime, see C. Vandenghoer, De rectorale rechtbank van de oude Leuvense universiteit (14251797). Brussels 1987. The Curia Conservatorialis, which was competent in litigation between extranei and the university’s suppositi and intervened, therefore, in beneficial procedures in petitorio, still awaits a decent study. Lawsuits in possessorio were judged by secular tribunals. See E. Glasson, ‘De la possession et des actions possessoires au Moyen-Age’, in Nouvelle Revue historique du droit français et étranger, 14 (1890), pp. 588-633. 453 From the end of the fifteenth century onward, papal interventions in administrative and jurisprudential matters had to be ratified by a princely placet in order to be valid in the Habsburg Netherlands. In the seventeenth century, zealous robins would use the princely placet even to counter dogmatic bulls issued by Rome. See L. Willaert, ‘Le placet royal aux Pays-Bas’, in Revue Belge de Philologie et d’Histoire, 33 (1954), pp. 466-506 and 34 (1955), pp. 20-36. 454 R. Mols, ‘De seculiere geestelijkheid in de zeventiende eeuw’, in Algemene Geschiedenis der Nederlanden 8 (Haarlem 1979), p. 379. 269 dean of the Faculty of Arts became more interesting as their holders could claim, by virtue of the papal bulls of the sixteenth century, precedence over all competitors, a prerogative which was likely to shorten considerably the acquisition of their first benefice. This explains partially the fierce and orchestrated resistance of the Belgian bishops in the first half of the eighteenth century against Louvainist ‘incursions’ on a highly saturated beneficial market in the parishes. Not surprisingly, diocesan shepherds felt dubious in this context about the suitability of an academic education as a preparation to pastoral care, an impression that was enhanced by the renewal of the diocesan seminaries in the previous decades. From their point of view, academic privileges had become outdated because of the educational initiatives taken by the bishops. Their endeavours to strengthen their control over the formation of the parish clergy needs of course to be situated in the context of the Jansenist controversies, from which Louvain’s reputation had emerged as anything but undamaged. 4 5 5 In the period under investigation, however, Episcopal circuits were scarcely out of the egg, and bishops had to surround themselves with loyal administrators in the first place, by holding out canonships in the new cathedral churches to their clients. In this context, the strategies deployed by nominees to acquire benefices with pastoral care were less likely to be labelled as ‘abusive’. Bishops and cathedral chapters joined hands to counter Louvainist claims on canonships in their orbit, a battle which they lost in 1605 due to Roman intervention but which was revived again, in vain, by the bishops of the Flemish dioceses at the beginning of the 1620s. In the ecclesiastical principality of Liège, an independent enclave amidst Habsburg lands and a no man’s land between the universities of Louvain and Cologne, the alliance between academics, their ‘role in society’, dynastic interests, and princely tribunals had already proved to be deficient throughout the sixteenth century.4 5 6 There the academics lacked the support of 455 Cf. N. Leplae, Betwistingen rond benoemingen van parochieherders in de Oostenrijkse Nederlanden bijzonder in het bisdom Brugge, in de eerste helft van de XVIII de eeuw. Brussel 1972. 456 See A. Van Hove, Etude sur les conflits de jurisdiction dans le diocèse de Liège à l’époque d’Erard de la Marck (1506-1538) (Louvain 1900), pp. 44-64; M. 270 the power elites of the Netherlands and, consequently, the ‘role in society’ and its implications they had negotiated with the latter. The faculty’s privilege of nomination – the university’s privilege was limited to benefices in the territories under Habsburg rule by 1483 – met with renewed resistance from 1588 onwards. It is difficult to assess who was actually resisting the Louvain claims. The reports of the visitation of the city of Liège in 1600 by Ottavio Mirto Frangipani, the first nuncio in Brussels may lift a tip of the veil. In his report, he transmitted the pleas of the archbishop of Cologne, by then bishop of Liège, and the cathedral and collegiate chapters of the Episcopal city. They asked the Supreme Pontiff to limit the access to the canonships in the city for non-nobles in order to counter the ‘gran diminutione dello splendore et dignità della chiesa’ by the intrusions of doctors in law and theology who were ‘di bassa conditione’. 4 5 7 As such, the primary and secondary clergy of the Principality, which was a part of the Reichskirche, may have shown some similarities with the aristocratic church of the Rhineland; however, the situation may have been more complex as, already in the beginning of the seventeenth century, one third of the 60 canons in the cathedral of Saint Lambert – the biggest chapter in the Empire – belonged to the urban patriciate, and their number increased up to two thirds by the end of the seventeenth century. The fact that all of them studied in Louvain, but that the majority went to other universities to take their degrees, suggests that at least the top of the Liège ecclesiastical elites did not exactly belong to the inner core of academic old-boys networks around academic dons in the Brabant university.4 5 8 Secondly, it is obvious that also the microcosmos at the Corte di Roma, and its interests in the Liège Bruwier, ‘Les conflits jurisdictionnels et bénéficiaux entre l’Université de Louvain et l’évêque de Liège de 1425-1568’, in Revue d’Histoire Ecclésiastique, 4 (1949), pp. 569-582 and Boute, ‘Regnum, Sacerdotium en Studium’, pp. 169-174. 457 Cf., for instance, the Informatione per l’Ill.mo et Rev.mo Signor Cardinal Aldobrandini sopra i particolari dimandati a Nostro Signore dal Ser.mo S.or Elettore di Colonia, come vescovo e principe di Liegi, edited in Correspondance d’Ottavio Mirto Frangipani, premier nonce de Flandre (1596-1606), 3/2, Ed. A. Louant (Brussels and Rome 1942), pp. 119-120. 458 See O. Chapeau, ‘La formation universitaire des chanoines du chapitre cathédral de Saint-Lambert à Liège’, in Annuaire d'histoire liégeoise, 20 (1979), pp. 79-114. 271 beneficial stock through the system of papal provisions and otherwise, was involved too. It is not unthinkable that they constituted an interest group that overlapped partially with the local and regional networks operating in the principality. In academic minutes and in diplomatic correspondence, curialists seem not to have yielded pride of place for the Leodienses in their opposition to the Louvain claims. Last but not least, the devastation of the civil war in the Netherlands affected the Liège churches as well, if we may believe the outcries of the Liège clergy in Frangipani’s report, their landed property being partially situated in the newly erected dioceses in Brabant. If so, the number of attractive benefices must have decreased, a situation which was, as we saw before, not particularly favourable to strangers claiming benefices with reference to their academic ‘merits’. Appeals to academic jurisdiction by frustrated academics were answered by evocations to Rome, where the alliance between the local clergy, its agents and curialists was able to translate a conflict over benefices in a conflict between local, i.e. academic, tribunals and central, i.e. Roman, jurisdiction. In the context of the second Roman centralization after Trent, arguments that could be linked with papal claims on universal jurisdiction were powerful instruments, especially if a core of curialists voiced them. Moreover, from a Roman point of view, ecclesiastical jurisdiction was continuously violated in the Southern Netherlands, 4 5 9 which made the picture sketched by opponents of the Louvain claims all too familiar. At last, in 1616, the Concordatum Paulinum, realized by princely intervention, offered a way out of this deadlock. The bull Regimini Universalis abolished the faculty’s privilege of nomination in the Principality 459 It is significant that cardinal Aldobrandini, the nipote of Clement VIII, did not deem it necessary to send new instructions to Frangipani, the first papal representative at the Brussels nunciature, as the latter had already learned the tricks of the trade in the Cologne nunciature. As for jurisdictional matters, however, an additional warning was, apparently, desirable: “Sarà bene che ella s'informi delle cose di giurisditione, che intendo patiscono asssai in quelle parti, et avvisarme di ciò et d'ogni altra cosa minutamente che passi, tanto di Stato come di altra materia.” Aldobrandini to Frangipani, 27 April 1596, in Registro di lettere scritto a Mons. di Tricarico, nuntio in Flandria, dall'anno 1596 all'anno 1605, Archivio Segreto Vaticano, Fondo Borghese, III.40, 1r°. 272 of Liège and replaced it with full collation rights for all collative benefices becoming vacant per obitum during alternatively one, or two (apostolic) months a year. The concordat between Paul V and the Faculty of Arts sanctioned the latter’s claim on a share in the distribution of benefices and on the competence of academic tribunals to settle legal disputes between suppositi and their competitors. It did not silence, however, opposition against these claims, which would only disappear with the Old University in the revolutionary tide of 1797 dragging along the beneficial system itself. 3.2. Negotiating a Scholarly Role in Society As mentioned, in order to mobilize support, academics had to go through a process of profiling and identification. Generally speaking, academic pleas amount to this: the university of Louvain was a stronghold against the heretics, who, by the way, disposed of thriving universities themselves. It was, moreover, quasi the only bulwark of orthodox faith in the region, Douai being not worth mentioning. However, some had misunderstood the true interests of the Church as they had tried to take advantage from the temporary downfall of the famous Alma Mater during the civil war, caused by its unremitting support to the Catholic cause, to render its privileges void, privileges which had been granted by a series of popes in the fifteenth and the sixteenth centuries in order to bring some relief to the poor clerics labouring in the university. Without its privileges, this old and famous Studium would inevitably perish, and this, while the heretics were at the gates of Israel. When it came to defending the beneficial interests of the university, heretics were apparently the academics’ best friends as they could be put on the stage time and again. The same applies to poverty, academic poverty and the corresponding papal obligation of charity being central notions in the legitimization of the Louvain privileges of nomination and jurisdiction. Louvain arguments clearly consisted in a series of very amenible clichés, which were perceived as highly satisfactory given that they would be mobilized until the suppression of the Old University by the French Directoire in 1797. 273 The strength of these arguments depended, of course, on the channels of communication willing to transmit them. At all times, even before princes and ambassadors started to meddle in the affair, Louvain networks had ramifications in the immediate environment of the pope until the incomparable social resources took over in the second decade of the seventeenth century. In 1600, only two years after the university had sent the theologian Petrus Lombardus as its delegate to Rome, a confirmation of the Faculty of Arts’ claims was in the air, which is impetuously quick after Roman standards. If positions hardened and if opposition grew, it was because the case lingered in Rome, and if the case lingered, it was largely due to the ambiguity of the academics themselves. Other priorities surfaced during the period at hand, defined by shifting networks of policymakers in academia. The Louvain beneficial privileges were, indeed, perceived as an implication of their asserted role in society, but other interests at stake were defined as even more urgent in order to preserve this role. As a matter of fact, academic representations about their role were continuously challenged, which called, from their perspective, for a reorientation of their channels of communication. The latter of course being framed within social exchange as well, they could not be overheated. The Southern Netherlands, the bulwark of Catholicism in Northern Europe, 4 6 0 were crowded with other groups that claimed exactly the same role. Throughout the Catholic world, the Jesuit Order and academics waged ware over recruitment areas, financing, rituals, God and reform. Their attempt in the course of the 1590s to gain a foothold in the Faculty of Arts4 6 1 forced the secular clergy in Louvain to withdraw its attention temporarily from its beneficial issues with the Liège clergy. They felt forced to do so, because the Jesuit alternative was seen as 460 See P. Arblaster, ‘The Archdukes and the Northern Counter-Reformation’, in W. Thomas and L. Duerloo (eds.), Albert and Isabella (Turnhout 1998), pp. 8797. 461 A lot of details in A. Poncelet, Histoire de la Compagnie de Jésus dans les Anciens Pays-Bas. Etablissement de la Compagnie de Jésus en Belgique et ses développements jusqu’à la fin du règne d’Albert et d’Isabelle 2: Les oeuvres (Brussels, 1927), pp. 114-297. 274 an overall threat to their academic way of life, linking secular clerics with ecclesiastical benefices, college life, truth and Tridentine decrees. Their perception was reinforced by the successful take-over of many Catholic universities in the Empire by the Jesuits. This opposition between secular and regular clergy would, during the following two decades, indeed be invoked several times to frame the interests of the academic elite in Louvain. From their point of view, secular clerics after the Louvain model were the embodiment of Tridentine spirit, and they were the most apt teachers of the coming servants of the Militant Church. This model was not evident at all, given the growing association of theological erudition with dusty monks, the so-called ‘pedanti’, instead of with the more worldly secular clerics.4 6 2 To defend this contention, they had to redirect their strategies in Rome in the second half of the 1590s. Louvainists were victorious in 1598 in the Jesuit question, but in the meantime networks had shifted. Now dons in the higher faculties controlled the channels of communication with power. During the next two decades, these would determine the university’s policy n i Rome as well as in the Netherlands. The Faculty of Arts had to wait until 1612 in order to benefit from renewed interest of the power elites and the dynasty in their Brabant university. The famous visitation or reform of the university of Louvain (1607-1617) would indeed offer new opportunities in the Roman question, as it enabled academics to reassert their role as the ultimate representatives of Catholic reform in general. The reform of the university by the archdukes had indeed been orchestrated by the academics themselves, whose claims were now, under the cover of ‘reform’, confirmed by the highest authorities in the realm and in Christendom, to the detriment of, among others, the Jesuit order. But again, the spokesmen of the university were the dons of the higher faculties.4 6 3 Only after a settlement of the financial interests of the latter had been settled in 1612, the desiderata of the Artists 462 On ‘pedantry’ and court culture, see M. Biagioli, Galileo, Courtier. The Practice of Science in the Culture of Absolutism (Chicago and London 1994), p. 272. 463 See B. Boute, ‘Academics in Action. Scholarly Interests and Policies in the Early Counter Reformation: the Reform of the University of Louvain 1607-1617’, in History of Universities, 17 (2003), pp. 34-89. 275 came round again. Even then, however, the so-called abuses that the faculty had to remedy were rather the reflection of the interests of the higher faculties than those of the Liège clergy. The reform of the university of Louvain was an interesting moment in the oligarchization of academia. It also questions the contention, that the field of tension between academic autonomy and tutelage is one of the features of university history. Thirdly, the assessment that secular clerics were ‘naturally’ more attractive as the academic negotiation partners of the power elites because they were more manageable (partially because of the beneficial system) than members of an international order such as the Jesuits, is problematic as well. We should see this contention rather as an element in, and the outcome of, the negotiations than as an ultimate explanatory factor preceding them. The victory in Liège probably did more than just confirming the rather prosaic, material interests of Academia. It was likely to reinforce the academics’ claim to the role in society they had negotiated with their environment. Academics legitimized their beneficial interests with the help of their ‘role in society’, but it may have worked the other way as well. Academics could not only bestow benefices upon their members because they played an important ‘role in society’ as the watchdogs of orthodox faith and as the seminarium ecclesiae et reipublicae; they played as much an important role in society, or were a bullwark of orthodoxy, because they could bestow benefices upon their members. Renata Ago has explored, in her brilliant study on the ‘culture of the office’, how the prerogatives linked with one’s public status became, because of the inextricable interwovenness between the ‘public’ and the ‘private’, the prerogatives of the individual, who was likely to feel continuously the need to defend his honour in order to accumulate reputazione, credits – the very basis of power. 4 6 4 As such, the vehement quarrels over academic juris464 “Se il senso della propria identità è intessuto di una forte qualità relazionale, e si percepisce la propria collocazione come perennemente minacciata e perennemente da difendere, anche la gestione delle cariche di cui si trova investiti ne sara permeata ... Come il bisogno di difendere perennemente il proprio onore deriva dal fatto di assumere la reputazione, e quindi gli altri, a far parte della propria identità, così la necessità di rivendicare continuamente le 276 diction, beneficial privileges and theological representations have a lot in common with the endless disputes over ceremonial prerogatives (for instance, in Dole, with the Jesuits), which have, from our ‘egalitarian’ point of view, a highly exotic quality but which were constitutive for the (self-)image and visibility of historical actors in general, and academics in particular, in the Ancien Régime. Epilogue: Truth and Benefices The dependence upon Roman protection for the safekeeping of the university’s beneficial privileges was once more stressed in the academics’ allegation in the context of the visitation process, that the university was immediately subjected to the Holy See. 4 6 5 This resulted in a conflict between the legists of the Privy Council in Brussels and the papal nuncio over the authority under which the Visitatio of 1617 had to be promulgated. But the university of Louvain was ‘Rome’s daughter’ in more than one respect.4 6 6 After all, Rome had, with reference to tridentine decrees, affirmed its position as the ultimate authority over orthodox truth, which all of the most faithfully academics had relied on. From an empirical point of view, it cannot be denied that there was a relationship between these ‘intellectual’ and ‘material’ interests. The Concordatum Paulinum for instance was the result of a horse trading: in exchange for the confirmation of their claims in the Principality of Liège, the Louvain Sacra Facultas was to openly repudiate the attacks of the apostate Marcantonio De Dominis, the runaway bishop of Spalato, who had sought refuge at the English court and who criticized the Apostolic See from there. The link between benefices and truth resurfaces again, and very clearly, in the history of Jansenism. This powerful denominator had, indeed, first been introduced by Belgian Jesuits against academic circles in Louvain, to redefine proprie facoltà giurisdizionali deriva dalla mancanza di precisi confini tra i diversi poteri.” R. Ago, Carriere e clientele nella Roma barocca (Roma and Bari 1990), p. 141. 465 Boute, ‘Academics in Action’, pp. 68-69. 466 A survey in J. Roegiers, ‘Leuven en Rome: zes eeuwen’, in J. Roegiers and I. Vandevivere, Leuven / Louvain-la-Neuve. Kennis Maken (Louvain 2001), pp. 6476. 277 (in a nefarious way, for the university men) social, intellectual and political positions which had been successfully claimed by the Louvain secular clergy and which had been postulated as a unique passage point in the context of Catholic confessionalization. The international echoes of this debate need no elaboration here. “A cette époque, il était encore vrai que, quand il pleuvait à Louvain, il bruinait à Paris, à Rome, en Espagne!” 4 6 7 Roman curialists threatened, at several occasions throughout the second half of the seventeenth century, with the abolition of their privileges if the Louvain theologians did not give proof of compliance in the ‘Jansenist question’. 4 6 8 By the end of the 1660s, the Pauline Privilege was, indeed, temporarily suspended, though it has to be mentioned that by then the link with the Jansenist question, suggested by L. Ceyssens, is not particularly convincing. 4 6 9 How to define the relationship between knowledge and context, between benefices and Louvain Augustinianism or, from the point of view of the academics’ opponents, between benefices and Louvain Jansenism? Can we indeed brand Roman strategies as blackmail, i.e. as an ‘illegitimate means’ wielded by 467 T. Quaghebeur, ‘L’écho européen du conflit entre les jésuites et l’Université de Louvain, 1586-1686’, in G.P. Brizzi and R. Greci, Gesuiti e università in Europa (secoli XVI-XVIII) (Bologna 2002), p. 149. Toon Quaghebeur (KU Leuven) is preparing a doctoral dissertation on the faculty of Theology and the Jansenist question in the second half of the Seventeenth Century. I wish to thank him for the many fruitful discussions we had, and for drawing my attention upon the following source material. 468 A fragment from one of the many letters on the matter between the internuncio Mangelli and his correspondents in Rome and the Netherlands illustrates this. “Anacephalosim seu compendium professionis obedientiae praestandae per universitatem, a D.V. mihi transmissam, legi summa cum animi mei voluptate. Maximopere mihi arridet quod in schedula contenta sanciantur per publica decreta, nec uno iota demendum esse putarem, ut satisfaciat menti Sanctitatis Suae, quae serio cogitat de remediis expugnandae hujusmodi contumaciae, et signanter de revocatione privilegiorum et iuris conferendi beneficia, nisi sincere et solide obediant. … Tempus iam esse ut quoad deponendas omnes exuvias Jansenianae nedum doctrinae sed et affectionis serio cogitaretur. Dominus Deus ita disponat.” Mangelli, internuncio, to Dave, professor in Louvain, Brussels, 2 November 1653, in: La première bulle contre Jansénius. Sources relatives à son histoire (1644-1653), II: (1650-1653), Ed. L. Ceyssens O.F.M. (Brussels and Rome 1962), p. 696. Toon Quaghebeur will show in his dissertation that this is not the only example. 469 Cf. ‘L'université de Louvain et la suspension de son privilège de nomination aux bénéfices dans la principauté de Liège, 1667-1674’, in L. Ceyssens, Jansenistica, 3 (Malines 1957), pp. 155-214. 278 Roman zelanti to obstruct free, independent thought which was, according to some historians, moreover ‘more orthodox’ than the alternatives put forward by the Jesuits? The answer is negative. From a theological or philosophical point of view, the supporters of ‘Jansenism’ may have a strong point. But the question whether the so-called Doctrina Lovaniensis was heterodox or not, or whether Jansenism actually ‘existed’ or not, is to my opinion irrelevant and irresolvable from a historical point of view. Implicitly, such a definition of the problem departs from an internalist view on reality in which the core of ‘true knowledge’ is autonomous from its context and has an ‘eternal’, a-historical validity, in which the sacred texts with the help of which theological representations are constructed, have an essential meaning independent from the circumstances in which they are mobilized. This assumption may be functional in, for instance, a speculative theological context. Yet it puts serious restraints on historical analysis. Indeed, the historiography of Jansenism and anti-Jansenism often reflects the tendency to explain cognitive successes (orthodoxy) by true knowledge or ration itself, and errors, whether they were committed by ‘Romans’ or ‘Jansenists’, by society, by the nefarious influence of (illegitimate) power, by ‘human pettiness’ or ‘carrierism’. 4 7 0 However, ‘Society’ (among which benefices), or, rather, context, is present in error and truth, and there is consequently no reason to treat them differently. From the historian’s point of view, true knowledge is the outcome of negotiations in a specific context, a post-factum legitimization of the preceding negotiations. An asymmetrical approach would, consequently, only result in a history of the winner of the battle over true knowledge. The research into the patronage-bound strategies of Galileo Galilei by Mario Biagioli, for instance, reveals that social networks and the economical resources they provided did not merely create the necessary conditions for the emergence of ‘modern science’: patronage and clientelism prove to have been constitutive elements in the construction of ‘scientific’ 470 Cf. The statement of L. Ceyssens, that antijansenists had ‘interests’ in condemning jansenism – as if jansenists were not ‘interested’ in the opposite! L. Ceyssens, aanvullen. 279 representations of reality.4 7 1 For our purpose, it is clear benefices were means of sociocultural accommodation integration and, consequently, did interfere somehow with development of representations of the world from the moment they were involved in its financing. that and the very On the other hand, an externalist approach – society, or a socio-cultural ‘system’ as the ultimate explanans of knowledge – is based on an asymmetrical approach as well, as it puts everything into perspective except the social, or the socioeconomical, or the cultural ‘system’ itself.4 7 2 Louvain academics were not mere parasites depending upon patronage, even if protection was a prerequisite. The Louvain attitude towards the Monarquìa’s policy concerning the definition of the Immaculate Conception as a dogma is a telling example. In the early 1620s, the Serenissima Casa de Austria in Spain and in the Netherlands once again launched this dynastic project that would have strengthened its networks in the Triumphant as well as in the Militant Church. Louvain theologians could have strengthened by then their ties with their tested protector in Brussels, in beneficial as well as in other affairs, by adhering their prestige to the dynastic policy of the moment. The Immaculata could have become for the Louvainists what the Medicean Stars and the Sidereus Nuntius had been for Galileo Galilei. Yet they refused to 471 M. Biagioli, Galileo Courtier. The Practice of Science in the Culture of Absolutism. Chicago and London 1993. This is not a ‘premodern’ phenomenon, as the system of peer review in the contemporary world of Big Science affects the practice of science as well by enhancing sociocultural reproduction through its mainstreaming effects. Cf. my review of the colloquium on Finanzierung in Nieuwsbrief Universiteitsgeschiedenis, pp. 17-18, and the there mentioned authors. 472 A textbook case of a sociologist who is ‘playing God’ by imposing his constructions on social actors and by treating their legitimations as sheer discourse hiding ‘objective’ social relations is Bourdieu. Cf., for our purposes, P. Bourdieu, Homo Academicus. Paris 1984. As for his article ‘Génèse et structure du champ religieux’, in Revue française de sociologie, 12 (1971), pp. 295-334, I share the opinion of Vincent Viaene, who criticizes the French sociologist’s methods by stating that “Bourdieu, shrouding a quite unsophisticated marxism in a typically French cloud of words, considers self-delusion to be the very essence of religion.” V. Viaene, Belgium and the Holy See from Gregory XVI to Pius IX (1831-1859). Catholic Revival, Society and Politics in 19th-Century Europe (Louvain 2001), p. 16, n.20. 280 do so because they perceived it as contradictory to their theological constructions centered around Saint Augustine and Saint Thomas: theological constructions which were at the center of their alliances and which guaranteed, in their eyes, orthodox truth, thus constituting one of the most central elements in the framework around their postulated ‘role in society’. As such, their beliefs had proved to be functional in the management of their world for centuries. The link between benefices (or protection in general) and truth is, consequently, not a causal one. Rather, we should describe this link in terms of interdependence: orthodoxy legitimizes beneficial privileges; while these, in return, increase the credibility of their beneficiaries, and thus of their orthodoxy. The most functional approach today to the problem of the relationship between benefices and the construction of knowledge is offered by the sociology of translation. 4 7 3 There, the construction of representations of reality is seen, in analogy with the process of political decision- making, as the continuous activity of actor networks. Actor networks are the fabrics of ‘actants’ (in casu Louvain academics) who continuously try to translate the interests of other ‘actants’ (princes, popes, nuncios, power elites and Saint Augustine) in order to create powerful coalitions. These networks are not merely social, as they mobilize ‘reality’ as an actant as well, a reality that is represented, in our case, by sacred texts, papal bulls and the heretics figuring in them. 4 7 4 The more successful these coalitions proved to be in different contexts, the more they become a matter of belief and, by consequence, of identity. The fact that Louvain theologians ‘stubbornly’ stuck to their interpretation of Augustinian tradition in spite of subsequent ‘discouragements’ from Rome, should consequently not be explained by the righteousness of their beliefs nor by the 473 On a-modernism, see B. Latour, Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique. Paris 1991. 474 For a clear introduction into the Sociology of Translation, see D. Van Reybrouck, ‘Boule’s Error: On the Social Context of Scientific Knowledge’, in Antiquity , 76 (2002), pp. 158-164. Crucial are the works of B. Latour, Science in Action. Milton Keynes 1987 and M. Callon, ‘Some Elements of a Sociology of Translation: Domestication of the Scallops and the Fishermen of St Brieuc Bay’ in J. Law (ed.), Power, Action and Belief: a New Sociology of Knowledge? (London 1986), pp. 196-233. 281 ignorance of a few outdated, ‘medieval’ theologians, but by the strength of the coalitions they could continue to mobilize, networks covering, among others, benefices, Saint Augustine and connotations about their ‘role in society’. Consequently, Louvain theology should, from a historical point of view, not be evaluated in terms of ‘righteousness’ or ‘error’, but in terms of their ‘success’, or the lack of it, in the mobilization of coalitions. Roman curialists had not ‘misunderstood’ the relationship between knowledge and context when they used their power over the so-called ‘material’ interests of the university to discipline recalcitrant theologians. As a matter of fact, it is difficult to define beneficial interests as mere ly ‘material’ if academics did not do so themselves: they saw the righteousness of their beliefs confirmed and supported by the general recognition of their ‘role’ by ‘society’, that is, the (social, cultural, political, economical…) environment they const ructed around their ‘role’, and, consequently, by the day-to-day wielding of their beneficial prerogatives in favour of their friends and clients. The function of the Louvain privileges of nomination was therefore not (merely) ‘utilitarian’. They simultaneously had a highly symbolical quality because they added to the visibility, and, hence, to the crédit of academic circuits. The interplay between ‘orthodox truth’ with the corresponding ‘role in society’, visualized and realized among others by beneficial privileges, is the early modern equivalent for the ‘cycle of recognition’ 4 7 5 characterizing the world of Big Science today. 475 On the cycle of recognition, see D. Vinck, Sociologie des sciences (Paris 1995), pp. 63-64. 282 LIVING TOGETHER: CATHOLICS, PROTESTANTS AND JEWS AT EARLY-MODERN UNIVERSITIES Hilde De Ridder-Symoens Gent Universiteit, Belgium Changing student mobility 4 7 6 The Reformation and Counter-Reformation not only changed the confessional character of universities, it also profoundly affected the choice of universities and disciplines. The medieval and Renaissance pattern of student mobility was shattered and remoulded. The adage cujus regio, eius et religio (let each country follow its ruler's religion) applied to most universities. And although a rigid demarcation between the Protestant and the Catholic camps was not achieved during the sixteenth century, the ideas of an Erasmian Christendom and of the universality of higher education were over. Most of the rulers only accepted one religion within their borders and they mandated legislation prohibiting study abroad in an attempt to keep the students within their own frontiers. The argument was always the same: foreign universities were a source of religious and political contamination, and student emigration inflicted great economic and financial losses on their own university cities. The ambition of each ruler was to have his own 'controlled' university in which his officers and clergy could be trained in his particular religious and political ideas. The most frequent penalty for breaching the rules was exclusion from public office. Initially students and professors, eager to travel, paid little heed to these decrees, since rulers' means of repression were 476 For a general overview, see H. de Ridder-Symoens, 'Mobility', in: A History of the University in Europe. Volume 2: Universities in Early Modern Europe (15001800), ed. by H. de Ridder-Symoens (Cambridge, 1995), pp. 415-448. inadequate in the constantly changing and confused religious, political and military climate. As soon as there was a certain degree of political and military stability, such restrictive university legislation could have far-reaching consequences for the international character of universities and for the travelling opportunities of students. In several countries, student migration to foreign universities was hindered or even brought to a stop by the ruler. This was also the case in the Low Countries. As a result of the prohibitory legislation of Philip II and other Spanish Catholic Habsburgs (from 1570 onwards followed by several reiterations), nearly all students from the Southern Netherlands contented themselves with the approved universities of Louvain, Douai, Dole and Rome, whereas their counterparts from the Northern Netherlands continued to cross Europe in large numbers. 4 7 7 Student mobility was also contained by the fact that, on the demand of the Church of Rome and the rulers, universities required an oath in order to check on the confessional sympathies of the students. Thus, at Louvain, from 1545 on, those enrolling were required to swear an oath against the dogmas of Luther and of all other heretics, and loyalty to the Church of Rome. In 1564 Pope Pius IV generalized the oath by issuing the Bull In sacrosancta, which restricted degrees to those who professed the Catholic faith. This is the so-called professio fidei. At the same time, but to a lesser extent, Protestant universities made profession of the reformed faith compulsory. One consequence was that the registration of new students was beginning to assume greater importance. There was indeed a growing need to control the students' religious sympathies. Universities, anxious to prevent the infiltration of dubious elements, were induced to adopt more rigid and precise criteria governing the names they registered. Some of the freshmen, 477 P. Vandermeersch & H. de Ridder-Symoens, 'Verbod op studiereizen in de Spaanse Nederlanden', Spiegel Historiael, 31.4/5 (1996), pp.172-178; C.M. Ridderikhoff, 'Orleans and the Dutch Revolt', in : C.C. Barfoot and R. Todd (eds.), The Great Emporium. The Low Countries as a cultural crossroads in the Renaissance and the eighteenth century, Studies in Literature 10 (Amsterdam, 1992), pp. 74-75. 284 especially during periods of severe religious conflict, preferred not to register at all or else gave false names. 4 7 8 At Orleans, some Netherlandish students expressly wanted to remain anonymous, fearing to suffer the consequences of their attendance at this forbidden university.4 7 9 It is, therefore, obvious that the division of Western and Central Europe into three religious groups - Catholic, Lutheran and Reformed - completely changed the pattern of student migration. At the end of the sixteenth century, consequently, three kinds of universities emerged: the Protestant universities, many of them proselytising, active in training clergymen (Wittenberg, Heidelberg, Geneva and Strasburg, for example); secondly, the Catholic universities of the Counter-Reformation, also proselytising, and dedicated to educating competent clergy. In this, the Jesuits played a leading part. The studia of Paris, Bologna, Louvain, Ingolstadt, Vienna, Graz, Würzburg, Cologne, Pont-à-Mousson, Dole and others, as well as the Iberian universities, are of this kind. The third group comprises several universities that consciously adopted a tolerant attitude and did not willingly refuse students who were not of their religion; for instance on the one hand, Padua and Siena, Orleans, Bourges and Montpellier, all of them Catholic universities, or on the other hand, Leiden and the other Dutch universities, model Calvinist universities though they were. Universities and conversion There is no doubt that during these periods of foreign study students came into contact not only with new scholarly or 478 H. De Jongh, L'ancienne faculté de théologie de Louvain au premier siècle de son existence (1432-1540) : ses débuts, son organisation, son enseignement, sa lutte contre Erasme et Luther (Louvain, 1911); pp. 265-266; M.R. di Simone, 'Admission', in: A History of the University in Europe. Volume 2, pp. 293-294; R.L. Kagan, 'Universities in Italy 1500-1700', in: D. Julia, J. Revel and R. Chartier (eds.), Les universités européennes du XVIe au XVIIIe siècle. Histoire sociale des populations étudiantes, vol. I (Paris, 1986), p. 167; P. van Kessel, Duitse studenten te Padua. De controverse Rome-Italië en het protestantisme in de tijd der Contrareformatie (Assen, 1963). 479 Ridderikhoff, 'Orleans and Dutch Revolt', pp. 74-75; Di Simone, 'Admission', p. 287. 285 intellectual movements (particularly Humanism), but also with the new religion. And that was one of the things rulers were afraid of. The Brussels government after 1568 was concerned about the steadfastness of the young whose faith was being shaken, they felt, by an irrepressible passion for visiting the countries around them. 4 8 0 The Catholic authorities were afraid that in this way Protestantism might be imprinted in the still malleable minds of their young subjects, many of whom would hold important administrative posts after completing their peregrination, and therefore they had to be kept away from all kinds of temptations. 4 8 1 That this fear was not without foundation emerged, for example, from prosopographical research carried out on the religious sympathies of those citizens of Bruges who had studied abroad in the second half of the sixteenth century: almost 20% of the group were well-disposed to the new religion, while less than 2% of the Bruges students who had studied exclusively in Louvain (and had not gone on a peregrination) could be included among sympathisers. In other words, when one had studied abroad, the chance of one's being favourably disposed towards the new religion increased tenfold.4 8 2 No other global study has been done on the relation between university education and religious attitudes. For several individuals, however, we know of the link that existed between 'travelling abroad' and 'faith': a student was placed in the tempting situation of seeing things abroad that he was not allowed to observe at home. Simply observing the ways and customs of others was in itself not enough to turn the student into a revolutionary or a Calvinist, but it could be a stimulus. 480 L.P. Gachard, Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas (Brussels, 1848) I, p. 383, no. 336. 481 Ridderikhoff, 'Orleans and Dutch Revolt', p. 60:' The Brussels 'grandeza' were unanimous in the view that the country's wealthy nobles had remained predominantly Catholic; on the other hand, however, they were concerned about the steadfastness of the young, whose faith was being shaken, they felt, by an irrepressible passion for visiting the countries around them' (1565). 482 P. Vandermeersch, Een onderzoek naar de relatie stad-universiteit in de periode van het late humanisme. Bruggelingen te Leuven en aan buitenlandse studia, Unpublished master thesis, Universiteit Gent 1982-1983, pp. 169-171. 286 Well-known are John and Philip Marnix van Sint-Aldegonde, intimi of the Nassaus. John and Philip started their cursus studiorum, respectively at the age of 15 and 13 at Louvain. Two years later, they went to Paris and another two years later, to Dole in Fra nche-Comté. About 1557, Philip went to Pavia and converted to Calvinism, although all the universities visited were Catholic ones. The Calvinist theological academy of Geneva was his last stop before going home. 4 8 3 John for his part left Dole, where he was rector for a while, and visited Padua, Pavia, Bologna and Rome. Finally he met his brother in Geneva, also having converted to Calvinism. 4 8 4 In the matriculation list of Louvain, the words 'fuit postea hereticus et perduellis' (heretic and traitor) were added subsequently. The Dutch statesman Johan van Oldenbarnevelt was even more ambitious for his sons. In his will, he stipulated that they had to start with arts at Leiden. Humanities and law had to be studied in France, at Paris, Orléans, Bourges, Poitiers. In Italy, Padua and Bologna had to be visited and in the Holy Roman Empire, Basel, Geneva, Heidelberg and Vienna. Altogether this is a mix of five Catholic, four Protestant and two neutral univer- 483 Matriculation at Louvain 30-10-1553 together with his brother (A. Schillings, Matricule de l'université de Louvain, vol. IV (Brussels, 1961), p. 483, n° 44); at Dole 9-5-1557 (Bibl. municipale de Besançon, ms. 983, f° 238v); at Geneva 1561 (S. & D Stelling-Michaud, Le Livre du Recteur de l'Académie de Genève (1559-1878) I: Texte , Travaux d'Humanisme et de Renaissance, XXXIII, 1 (Genève, 1966), p. 83, n° 94). According to Elkan, Philip studied at Paris, between 1555 and 1557, or between March 1558 and the beginning of 1559, in the Collège de Boncourt; and between 1560 and 1561, he spent some time at the universities of Bologna, Padua and Rome (A. Elkan, Philipp Marnix von St. Aldegonde (Leipzig, 1910), pp. 37, 60, 66, 69, 82-83). 484 Matriculation at Louvain 30-10-1553 together with his brother (Schillings, Matricule, vol. IV, p. 483, n° 43); at Dole he became rector on 5-4-1557 (Bibl. municipale de Besançon, ms. 983, f° 225-226); at Geneva he matriculated in 1561 (Stelling-Michaud, Livre du Recteur, p. 83, n° 93) and in Padua after August 1 1557 (J. den Tex, 'Nederlandse studenten in de rechten te Padua (1545-1700)', Mededelingen van het Nederlands Historisch Instituut te Rome 3de serie, 10 (1954), p. 58, n° 40). According to Elkan, John studied at Paris between 1555 and 1557 in the Collège de Boncourt, and between 1560 and 1561, he spent some time at the universities of Bologna, Padua, Pavia and Rome (Elkan, Philipp Marnix von St. Aldegonde, pp. 36-39, 66, 69, 82-83). 287 sities. He himself had studied at the universities of Louvain, Cologne, Heidelberg and Padua. 4 8 5 Switching from Catholic to Protestant universities and vice versa during a peregrinatio academica was more a rule than an exception in the sixteenth century although this tendency declined towards the end of that century. Before 1550, 56% of Frisian students had studied at universities of a different religious character; after 1550 it was only 26 %. 4 8 6 My research on Antwerp students abroad gives even higher figures.4 8 7 As explained above, state legislation required students more and more to confine themselves to a one-denominational academic circuit. Only the so-called tolerant universities remained meeting places of students from all kinds of denominations, also in the seventeenth century. Universities and the Jews In the Early Modern Period, university attendance of Jewish students became a real issue. In the Middle Ages, Jews were forbidden to attend a university and certainly to get a degree in medicine because Jewish physicians were considered to be perfidious. 4 8 8 In addition to the threat they feared for their 485 Oldenbarnevelt’s will of 22 September 1592 “. . . daernae te reysen in Italiën ende aldaer in de universiteyten van Padue ende Bononiën ende in’t visiteren van de steden van Venetië, Roome, Florence, Napels, Milanen ende anderen te blyven den tijt van omtrent twee jaeren.” “. . . ende nyet in de landen wederkeeren, sonder genomen te hebben gradum doctoratus.” (Haak, S.P. (ed.), Johan van Oldenbarnevelt. Bescheiden betreffende zijn staatkundig beleid en zijn familie, I, 1570-1601, Rijks Geschiedkundige Publicatiën, Groote Serie, 80, The Hague, 1934, pp. 290-295; partly cited in A. Tervoort, “Doctor Ioannes ab Oldenbernevelt”. Oldenbarnevelt's Study Trip to Italy Resumed, Bulletin de l'Institut Historique Belge de Rome, (2004), in press. 486 S. Zijlstra, Het geleerde Friesland - een mythe? Universiteit en maatschappij in Friesland en Stad en Lande ca. 1380-1650 (Leeuwarden, 1996), pp. 31-33. 487 H. de Ridder-Symoens, 'Het onderwijs te Antwerpen in de zeventiende eeuw', in: Antwerpen in de XVIIde eeuw, Genootschap voor Antwerpse Geschiedenis (Antwerpenn 1989), pp. 246, 248. 488 C. Roth, 'Le università del medioevo e gli ebrei', La rassegna mensile di Israel, VI/9-10 (1932), pp. 431-445; examples of prohibition in L Thorndike, University Records and Life in the Middle Ages, Records of Civilization - Sources and Studies xxxviii (New York, 1944) pp. 83, 126, 257; on the special situation of 288 Christian patients, medical doctors also feared the competition of well-trained and skilled Jewish practitioners. In Italy, in the Renaissance, the humanists became interested in Jewish scholars, philosophers and physicians. Jews turned educators, and taught the Christian scholars Hebrew; they initiated them into Arabic philosophy and into the mysteries of the cabala. This intellectual and social acceptance of Jewish scholars opened the way for them to enter the Italian universities. At the end of the fifteenth century the popes allowed converted Jews to register in Italian medical faculties although they continued to forbid Jewish physicians to cure Christians. 4 8 9 Their laurea or degree was conferred by the Count Palatine (see below) after a private examination. A certain number of Jews did obtain their degree by special papal dispensation. 4 9 0 Padua and Siena were the most frequented studia although Jewish students were found in most northern Italian universities. 4 9 1 The first attestation of a graduation dates to 1470 at Padua, and till 1619, we have the names of 80 laureati. At the beginning of the seventeenth century, the Paduan University also accepted to graduate nonconverted Jews: between 1619 and 1721, 149 Jews got a degree in medicine. 4 9 2 The bull In sacrosancta of 1564 had no impact on the graduation of Jews since they did not graduate in publico and auctoritate veneta as did the Protestant students (see below). The University of Padua took financial advantage of the Montpellier : J. Shatzmiller, 'Étudiants juifs à la faculté de médecine de Montpellier, dernier quart du XIV e siècle', Jewish History, 6 (1992), pp. 243-255. 489 Lazare, Bernard (real name: Lazare BERNARD), L'Antisémitisme, son histoire et ses causes (Paris, 1894, several times republished, lastly in 1985), ch. 6; G. Kisch, Die Universitäten und die Juden. Eine historische Betrachtung zur Fünfhundertjahrfeier der Universität Basel, Philosophie und Geschichte 77 (Tübingen, 1961). 490 E. Veronese Ceseracciu, 'Ebrei laureati a Padova nel Cinquecento', Quaderni per la storia dell' università di Padova, 13 (1980), pp.151-152. 491 V. Colorni, 'Sull' ammissibilità degli ebrei alla laurea anteriormente al secolo XIX', Rassegna mensile di Israel, 16.6-8 (1950) 202-216; V. Colorni, 'Ebrei in Ferrara nei secoli XIII e XIV', in: Micellanea di Studi in onore di Dario Disegni (Torino, 1969), pp. 69-106; P.C. Ioly Zorattini, 'Gli Ebrei a Venezia, Padova e Verona', in: Storia della Cultura Veneta, 3.1 (Vicenza, 1980), pp. 337-576; B. Brugi, Gli scolari dello Studio di Padova nel Cinquecento (Verona, 1905), pp. 4849; Cascio Pratelli, G., L'università e il principe. Gli studi di Siena e di Pisa tra Rinascimento e Controriforma (Firenze, 1975), p. 171. 492 J. Shatzky, 'On Jewish Medical Students in Padua', Journal of the History of Medicine and Allied Sciences, 5 (1950), pp. 444-447. 289 exceptional situation: the registration cost the Jewish students three times as much as other students.4 9 3 But not only Padua and Siena welcomed Jewish students. Also the University of Pisa whose students were severely controlled on their orthodoxy, had exe mpted Jews of swearing the oath on the Catholic faith by a special privilege of emperor Ferdinand I. 4 9 4 According to the lists of registered laureati ebrei, Jews graduated in all disciplines (arts, medicine, law) and they came from all over Europe and North Africa. North of the Alps, it was not until the early seventeenth century that universities opened their doors to Jews. Many of the Jews, Marranos 4 9 5 and Moriscos4 9 6 who were repeatedly expelled from Spain and Portugal (notably in 1480-1492 and 1609) sought refuge in whatever country would accept them and allow and enable them to study. In the fifteenth and sixteenth centuries, they settled mainly in the great merchant cities of France and the Low Countries, particularly Antwerp; in the seventeenth century, they moved to the Dutch Republic and the Dutch universities became their centres of study. 4 9 7 According to 493 Di Simone, 'Admission', pp. 294-295. M. Luzzati, 'Prestito ebraico e studenti ebrei all'università di Pisa (secc. XVXVIII)', in: Studi di storia moderna e contemporanea in memoria di Nicola Carranza, spec. nr of Bollettino Storico Pisano, 49 (1980), pp. 23-38. 495 'Marranos were, by their own accounts, descendants of baptised Jews who had confessed Catholicism in Spain and Portugal. In the Republic, they converted to Judaism, although many of the immigrants had scarcely had any acquaintance with Jewish customs and assumptions in their youth': P. van Rooden, 'Jews and religious toleration in the Dutch Republic', in: R. Po-Chia Hsia & H. van Nierop (eds.), Calvinism and Religious Toleration in the Dutch Golden Age (Cambridge, 2002), p. 134. 496 Moriscos were Moors converted to Christianity after the Christian reconquest (11th–15th cent.) of Spain. In 1609, Philip III decreed their expulsion for both religious and political reasons: see H. C. Lea, The Moriscos of Spain (1901, repr. 1969). 497 H. Graetz, Geschichte der Juden. 9: Geschichte der Juden, von der Verbannung der Juden aus Spanien und Portugal (1494) bis zur dauernden Ansiedelung der Marranen in Holland (1618) (Berlin, 1998); H. Graetz, Geschichte der Juden. 10: Geschichte der Juden, von der dauernden Ansiedelung der Marranen in Holland (1618) bis zum Beginne der Mendelssohnschen Zeit (1750) (Berlin, 1998); L. Dequeker &. W. Verbeke, The expulsion of the Jews and their emigration to the southern Low Countries (15th-16th C.), Medievalia Lovaniensia Series 1, Studia XXVI (Leuven, 1998). 494 290 Hugo de Groot, Jewish immigrants had to be welcomed in the Republic because they commanded very valuable trade networks that promised profits for the cities that received them. 4 9 8 Because of the fact that Jewish immigrants never tried to integrate into Dutch society, they were treated in a different way than 'Christian heretics', such as Catholics.4 9 9 The Dutch universities too accepted that Jews kept apart. Leiden was certainly the most attractive university for the Jewish youth. It was nevertheless the Frisian University of Franeker (erected in 1585) that graduated the first medical doctor in 1624, the Sephardim Jew Benedictus a Castro Lusitanus. 5 0 0 The German Protestant studia opened their doors to Jews only at the end of the seventeenth century, and Catholic universities only in the eighteenth century. Till the end of the seventeenth century, most of the Jews entered the medical faculty; in the eighteenth century, because of multi-confessional tolerance and greater social integration, all disciplines became popular. 5 0 1 Coexistence at tolerant universities Two questions arise when speaking of religious tolerance and coexistence at universities. 5 0 2 Firstly, we can wonder how universities found ways to escape restrictive legislation and secondly, we can ask ourselves how Catholic and Protestant 498 J. Spaans, 'Religious policies in the seventeenth-century Dutch Republic', in: Po-Chia Hsia, Calvinism and Religious Toleration, p.79. 499 Van Rooden, 'Jews and religious toleration', pp. 132-147. 500 W.Th.M. Frijhoff, La société néerlandaise et ses gradués, 1575-1814. Une recherche sérielle sur le statut des intellectuels à partir des registres universitaires (Amsterdam-Maarssen, 1981); see also H. de Ridder-Symoens, 'Buitenlandse studenten aan de Franeker Universiteit 1585-1811', in: Universiteit te Franeker 1585-1811. Bijdrage tot de geschiedenis van de Friese Hogeschool 'Franeker, 1985), pp. 81-82. 501 M. Richarz, Der Eintritt der Juden in die akademischen Berufe. Jüdische Studenten und Akademiker in Deutschland 1678-1848 (Tübingen, 1974); S. Kottek, 'Sur l'ouverture progressive des universités de l'Europe centrale aux étudiants en médecine juifs au XVIII e siècle', Revue d'histoire de la médecine hébraïque, 27 (1974), pp. 113-118. There exist many detailed publications on Jews at specific universities in the Holy Roman Empire. 502 See on tolerance and coexistence W.Th.M. Frijhoff, 'Dimensions de la coexistence confessionnelle', in: C. Berkvens-Stevelinck, J. Israel & G.H.M. Posthumus Meyjes (eds), The Emergence of Tolerance in the Dutch Republic (Leiden, 1997), pp. 213-237. 291 students managed to live together. In my exploration of these two questions, I will concentrate on the studia of Padua, Orleans and Leiden, not only because they are very well documented but also because they are exemplarily 'tolerant or neutral universities'. The University of Padua had found ways to attract Protestant students and with success. They benefited from the Concordat of 1531 between the Pope and Venice. It decreed that no action could be taken against heretics within the territory of the Republic except in the presence of a representative of the secular power. The students had no need to fear the Venetian authorities who were not willing that their noble and upper-class students be threatened by the Inquisition. 5 0 3 Around 1600, Padua had many more students than its Bolognese counterpart, largely because of its lenient attitude towards heterodox students. The studium of Padua had already a bad reputation in matters of orthodoxy in the Middle Ages and it became worse in the sixteenth and seventeenth centuries with its many Protestant suppositi. From 1559 onwards, the community of students in Padua was, when perceived from the outside, divided into two groups: on the one hand, the citramontani or Italians who were Catholic, and on the other hand, the ultramontani or foreigners, being considered Germans and Protestants. In fact, the term Protestants was a collective name for all non-orthodox Catholic members of the ultramontane nations. This partition was more or less acceptable to all foreigners except a majority of the Poles who did want to belong to the German nation and certainly not to be considered Protestants.5 0 4 For the Protestant citramontani, there was no room in Padua; they were forced to study abroad, for instance in the Dutch Republic.5 0 5 503 P. van Kessel, 'The Denominational Pluriformity of the German Nations at Padua and the Problem of Intolerance in the 16th Century', Archiv für Reformationsgeschichte, 75 (1984), p. 270. 504 Van Kessel, 'Denominational Pluriformity', pp. 257-259; B. Brugi, 'Gli studenti tedeschi e la S. Inquisizione a Padova nella seconda metà del secolo XVI', in: Atti del R. Instituto Veneto di scienze, lettere ed arti, vol. 5 ser. 7 (1893-1894), pp. 1015-1033. 505 H. de Ridder-Symoens, 'Italian and Dutch Universities in the Sixteenth and Seventeenth Centuries', in: C.S. Maffioli & L.C. Palm (eds.), Italian Scientists in the Low Countries (Amsterdam, 1989), pp. 31-64; figures p. 57. 292 Especially the members of the German nation were protected. A great number among them were Lutherans and Calvinists. Both the University and the Venetian Government constantly took the side of their professors and students in conflicts with the Inquisition as long as they abstained from offensive behaviour towards the Catholic citizens and from discussing religious matters publicly. We get the impression that most of the students kept to this gentleman's agreement. The acta of the two German nations 5 0 6 are much more silent on religious affairs than, for instance, those of the German nation of Orleans. It seems that the academic community lived in toleration and considered itself as a community of Christians no matter what their confession was. The solidarity among their members was great. When German Protestant students were harassed by the Bishop or Roman Curia, their Catholic comrades supported them and together they undertook action against their 'oppressors'. 5 0 7 In fact the Protestant and Catholic Germans had most to fear from the ultra-Catholic Polish students. The riots between Germans and Poles, however, had to do not only with religion but also with nationalistic feelings. As the university of the Venetian Republic, the Padua studium had avoided the compulsory supervision of orthodoxy by a legal fiction, whereby Protestants were allowed to graduate at a private session before the Count Palatine in Venice instead of appearing before the Bishop at a formal public session. This prerogative served mainly the interests of Protestant students in Catholic parts of the Empire, particularly in Italy, where in most territories, taking a degree required an oath on the Catholic faith. This practice upheld the fiction that not the Church but the Emperor conferred the degrees. For medical students, there existed yet another way of escaping the high costs of a Paduan 506 A. Favaro (ed.), Atti della Nazione Germanica Artista nello Studio di Padova (1553-1615), 2 vol. (Venice, 1911, 1912); L. Rossetti (ed.), Acta Nationis Germanicae Artistarum (1616-1636) (Padua, 1967); L. Rossetti e A. Gamba (eds), Acta nationis Germanicae artistarum (1637-1662) (Padua, 1995); B. Brugi (ed.), Atti della Nazione Germanica dei Legisti nello Studio di Padova (15451609), vol. I (Venice, 1912); G.P. Mantovani (ed.), Acta Nationis Germanicae Iuristarum (1650-1709) (Padua, 1983). 507 P. van Kessel, Duitse studenten te Padua. De controverse Rome-Italië en het protestantisme in de tijd der Contrareformatie (Assen, 1963), p. 55. 293 degree and the religious control of the Catholic Church: heterodox students were allowed to graduate as doctor of medicine in the cheaper Collegio dei Medici in Venice, which had been given the authority to grant degrees after subjecting candidates to strict examination. The degrees were recognised by the University of Padua. The Paduan instruction in medicine was so popular that students from the British Isles and Poland had their own nations in Padua by the end of the sixteenth century. This was not the only advantage offered by the professors of Padua to their ultramontane clientele: in 1578, the university deferred to the wishes of its German nation by introducing a specialized humanist course in Roman law. Another tactic also was used to attract ultramontane students. The professors provided a number of non academic services: banking and mail service, help with passports, etc. A hostel was opened for Germans, Netherlanders (Fiamminghi), Poles and Bohemians, where they could obtain food cooked according to the fashion of their own country.5 0 8 The Paduan way of proceeding was taken over by the University of Siena that had lost popularity among foreigners after its persecution of student heretics in the 1570s and 1580s, which had caused large numbers of students to leave the studium. With the advent of religious pacification (around 1590), Protestants and Catholics were both admitted to Siena. As in Padua, a hostel for Germani was opened in 1596. By adopting these measures the Sienese Sapienza became the third most important Italian university centre for foreigners, after Padua and Bologna, the last only accepting Catholics. Bologna, belonging to the papal state since 1506, tried to counterbalance the effects of the Bull In sacrosancta by offering numerous privileges, especially reserved for the German nation, such as the awarding of particular titles and legal power to the proctors, the granting of free admission to the degree for one German 508 Ample information in: Van Kessel, Duitse studenten; R. Palmer, The Studio of Venice and its Graduates in the Sixteenth Century, Contributi alla storia dell'Università di Padova 12 (Padua, 1983); Brugi, 'Gli studenti tedeschi e la S. Inquisizione'; L. Giard, 'Histoire de l'université et histoire du savoir: Padoue (XIV e-XVIe siècles)', Revue de synthèse III, 120 (1985); Di Simone, 'Admission', pp. 285-325. 294 student per year, various fiscal exemptions, the right to bear arms, and so on.5 0 9 Nevertheless the number of foreigners constantly decreased.5 1 0 Therefore the Collegium doctorum complained to the Brussels government about the fact that the Netherlanders were no longer allowed to attend the Bolognese studium, although it was an orthodox Catholic university. In August 1573 pope Gregory XIII urged the duke of Alva without success to let Netherlandish students go to Bologna. 5 1 1 The Law University of Orleans or more particularly the German nation certainly has the best records yielding information on the coexistence of Catholics and Protestants. The libri procuratorum or reports of the proctors of the German nation give a lively and often detailed picture of the local events.5 1 2 In 1538 the Parliament of Paris decided to reduce the number of nations at the University of Orleans from ten to four: the nations of France incorporating Aquitaine, Burgundy and Touraine; Picardy merging with Champagne; Normandy also taking the Scots; and Germany incorporating Lorraine. Exactly as in the past, the German nation continued to be the meeting place for all students who regarded themselves as Germani: the Germans, Scandinavians, Swiss and, of course, the inhabitants of the Low Countries. The nation was well disposed towards the membership of English students, although their number was always extremely low, speaking in terms of one every ten years. 509 Brugi,' Gli studenti tedeschi e la S. Inquisizione'. See the figures in: R.L. Kagan, 'Universities in Italy 1500-1700', in: D. Julia, J. Revel and R. Chartier (eds.), Les universités européennes du XVIe au XVIIIe siècle. Histoire sociale des populations étudiantes, vol. I (Paris, 1986), pp. 153186. 511 G. Brom, Archivalia in Italië, belangrijk voor de geschiedenis van Nederland ('s-Gravenhage, 1908), vol. II 1, p. 213, n° 618; text edition: A. Theiner. Annales Ecclesiastici (1572-1584) (Rome, 1856), vol. I, p. 102; Archivio di Stato di Bologna. 512 C.M. Ridderikhoff en coll. avec H. de Ridder-Symoens (eds.), Premier Livre des procurateurs de la nation germanique de l'ancienne université d'Orléans (1444-1546), 1ère partie: Texte des rapports des procurateurs (Leiden, 1971); C.M. Ridderikhoff avec la coll. de C. Heesakkers, Deuxième Livre des Procurateurs de la Nation Germanique de l'ancienne Université d'Orléans 15471567. Première partie: Texte des rapports des procurateurs, 2 vol. (Leiden, 1989). 510 295 The city of Orleans itself was a bastion of Calvinism in the 1560s and 1570s. Thanks to the eyewitness report of Johann Wilhelm von Botzheim, we get a good picture of the way Catholics, Lutherans and Calvinists - citizens and foreigners lived together in the same city. In 1568 and 1572, lists were drawn up of the names of the heads of the Protestant families, the one ordered by Charles IX, the other by Catherine de Medici for 'feudal-economic' reasons. The students too were registered.5 1 3 Although Orleans was officially a Catholic university, the German nation had already in 1547 the reputation of being Lutheran. Nevertheless, the University government deliberately opted for a lenient attitude and did not concern themselves about the religious background of the students as long as heterodox students kept well away from religious disputes. And even the proctors and members of the German nation held reservations regarding re ligious matters. But it was not always easy to avoid the turmoil. 5 1 4 In April 1562 the students witnessed the war between the Protestant Condé and the Catholic Guise that was fought at Orleans. 5 1 5 The Rector, a confirmed Calvinist named Pierre Caillard, invited the proctor, Germannus Enens of Groningen, a Protestant, to take part in the struggle against that 'bloodthirsty oppressor' François de Guise.5 1 6 The Dutchman declined the invitation on the grounds that the members of the German nation had come to Orleans to study, not to take up arms. This did not prohibit the same proctor from listening with great interest to a sermon by Calvin's assistant, Theodore de Bèze. In his report of the events of spring 1562, he noted that the 'Hugenoti' left hardly a trace of an altar or sacred image in all of Orleans. The students were not to see how this crusade for 513 Madeline, Luce, 'Les Huguenots à Orléans vers 1570', Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais, n.s., T. XIV, n? 117 (1997), pp. 3-20. 514 Ridderikhoff, Deuxième Livre des Procurateurs, p. xlii. 515 Histoire d'Orléans et de son terroir. Tome I: des origines à la fin du XVI e siècle (Roanne-Le Coteau, 1983), pp. 501-518. 516 Ridderikhoff, 'Orleans and the Dutch Revolt’, pp. 71-73. The already mentioned proctor of the German nation of Orleans, Germannus Enens became on his return to Groningen involved in religious controversy, and he spent the latter part of his life exiled in the Calvinist refuge of Emden. 296 the true religion ended, for they were forced to leave the city in the summer of 1562, not because of the war, but because of the plague. 5 1 7 When the nation was revived in December 1563, a new generation of Germani saw that peace had been restored and that the Edict of Amboise of 19 March 1563, which put an end to the first French War of Religion, had provided some measure of religious freedom. Three of the five professors, among whom the rector, openly declared their adherence to the new faith and so did many members of the German nation. Throughout the rest of the 1560s, the Protestants in the German nation reigned supreme. All the proctors were Lutherans or Calvinists. The Germani asked the professors not to follow the Catholic calendar and the nation's feast of Epiphany was purged of all elements of "superstition". Under the proctorship of Obertus Giphanius from Buren (Gueldre), between 5 November 1560 and 4 January 1567; it was decided to move the annual banquet from January 6 to January 1. Instead of venerating saints and statutes, a sober agape was to be held on the first day of the New Year as it had been celebrated in antique Rome. 5 1 8 Ten years after the iconoclasm, the students were again confronted with a religious war at Orleans, this time much bloodier. Indeed, the Germani personally experienced the massacre of Saint Bartholomew's day in August 1572. We are well informed about what happened thanks to the very detailed and lively report of one witness, Johann Wilhelm von Botzheim of Strasburg, mentioned above. 5 1 9 In the course of 25 August, the proctor of the German nation was warned of the danger. He immediately looked for hiding-places for 15 students who were publicly acknowledged Protestants. Seven of them were placed 517 Ridderikhoff, Deuxième Livre des Procurateurs, p. 395. C.L. Heesakkers, 'Le procurateur Obertus Giphanius (5 novembre 1566 - 4 janvier 1567)', Études néerlandaises de droit et d'histoire présentées à l'Université d'Orléans pour le 750 e anniversaire des enseignements juridiques, éd. par R. Feenstra et C.M. Ridderikhoff, n? spécial du Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais, n.s., T. IX, n? 68 (1985), pp. 143144. 519 Ch. Read, 'La Saint-Barthélemy à Orléans racontée par Johann Wilhelm de Botzheim, étudiant allemand, témoin oculaire', Bulletin de la Société du Protestantisme français, 21 (1872), pp. 345-392. 518 297 under the protection of the Count of Hohenlohe and eight others went to the room of Botzheim because his landlady was a Catholic. Thanks to her courage and a high ransom, they survived the catastrophe and could go home in mid-September. Botzheim ended his journal with the sentence (in the French translation): 'Voilà tout ce que je puis dire sur ce tumulte d'Orléans, digne de faire envie même à Néron'. 5 2 0 Only in 1575 was new life put into the German nation. Henceforth, the students became silent about religious matters so that no denomination took the lead again. The Edict of Nantes in 1598 finally brought the desired religious peace and made a stay on the shores of the Loire safer and much more enjoyable. Nevertheless, in the second half of the seventeenth century, Orleans lost its attraction among the Germani. This had nothing directly to do with the turmoil surrounding the Revocation of the Edict in 1685 but with changing patterns in student mobility. 5 2 1 There is ample evidence that the Netherlandish students were deeply influenced by their stay at the University of Orleans in the second half of the sixteenth century. They had witnessed the foundation of a Protestant Academy in 15615 2 2 , the iconoclasm of 1562, the Catholic reaction and the massacre of the Protestants in 1572. But they had also experienced the pros and cons of living in a multi-confessional environment. Many of them became actively involved in the Dutch Revolt and in shaping a new State under the leadership of William of Orange. Others remained faithful and loyal subjects of the Spanish king and became the adversaries of their former comrades. ExAurelianenses were also implied in the foundation of the new university that was installed in Leiden in 1575 and in the Protestant Academy in Ghent in 1578 that existed till 1584. 5 2 3 520 Read, 'La Saint-Barthélemy', p. 302. H. de Ridder-Symoens, 'La Révocation de l'Edit de Nantes (1685) et la Nation Germanique de l'Université d'Orléans', in: C.M. Ridderikhoff et R. Feenstra (eds.), Études néerlandaises de droit et d'histoire, (Orléans, 1985), pp. 171-177 522 Histoire d'Orléans, p. 492. 523 Ridderikhoff, 'Orleans and the Dutch Revolt', p. 81; P. Fredericq, 'L'enseignement public des calvinistes à Gand: 1578-1584', Travaux du cours 521 298 Finally, Leiden University wanted to be a multiconfessional academic community albeit that it was primarily founded to train clergy for the newly founded Protestant churches and secondly, also to train civil servants and medical doctors for the newly founded state. As was the practice at that time, the first statutes of 1575 required an oath on the Calvinist faith from the new students. When it was noticed that the swearing of the oath by the students gave rise to difficulties, this oath was abolished by the States of Holland in 1578, 'in order that everybody may be spiritually free'. Only the students in theology had to swear their adherence to the Reformed Church. The other suppositi only had to promise to obey the rector and the Senate and to submit to the statutes and the laws of the University. A year later, article 13 of the Union of Utrecht, which can be considered as a kind of constitution, guaranteed indivi-dual freedom of conscience for every citizen of the United Provinces, also for the academics. 5 2 4 Leiden did well out of it. In the seventeenth century, it became, together with Padua, the most international university of Europe, attracting Protestants of every denomination as well as Catholics and Jews. Especially in the first 25 years, a great number of Catholics from the Seventeen Provinces5 2 5 were registered in the Album scholasticum of Leiden notwithstanding the decree promulgated by Philip II in 1582 that explicitly forbade his subjects from attending 'the pretended University of Leiden'. 5 2 6 pratique d'histoire nationale (Gent-The Hague, 1883), pp. 55-120; L.E. Halkin, 'L'académie Calviniste de Gand (1578-1584)', in: La Réforme et l'Éducation. Actes du IIIe colloque tenu par le Centre d'Histoire de la Réforme et du Protestantisme de l'Université Paul Valéry, Montpellier (1-6 oct. 1973) (Toulouse, 1974), pp. 95-100. 524 M.W. Jurriaanse, The Founding of Leyden University (Leiden, 1965), p. 15; P.A.M. Geurts, 'Het gewetensconflict van de katholieke studenten aan de Leidse universiteit +/- 1600', in: Voor Rogier. Een bundel opstellen van oud-leerlingen de hoogleraar bij zijn afscheid aangeboden (Hilversum-Antwerp, 1964), pp. 6566; W. Otterspeer, Groepsportret met dame. I. Het bolwerk van de vrijheid: de Leidse universiteit, 1575-1672 (Amsterdam, 2000). 525 actual Benelux. 526 Geurts, 'Gewetensconflict', p. 67. 299 There was a possibility for Catholic students to lodge in the house of the canon Willem van Assendelft († 1615), who not only kept a Catholic secondary school but also a boarding house for about 20 university students.5 2 7 One of the boarders was Theodorus Tack (1570-1629) from Oosterhout in the Duchy of Brabant (mentioned from 1587 till 1590). He was then enrolled as a student in the law faculty. In 1590, he went to the University of Douai, founded by Philip II as a bastion of Catholic orthodoxy, to study theology. At the age of 25, he entered the Order of the Jesuits in Douai and as a novice his supervisor was father Joannes Bargius who soon became head of the Jesuit missio hollandica. Bargius took a clear stand in the controversy concerning the oath Catholics had to swear in the hands of Protestant authorities. In a letter to Claudius Aquaviva of 1598, Bargius contended that Catholics had to be tolerated at the Calvinist University of Leiden without being deprived of the sacraments as long as they keep to the humanities, law and medicine. 5 2 8 Bargius's opinion is in conformity with the general attitude towards confessions in Dutch society after 1579. As Shia states: The Dutch Republic is a 'confessional pluralistic society with an official intolerant Calvinist Church that discriminated against Catholics, but whose pragmatic religious toleration elicited admiration and bewilderment in ancien régime Europe'. 5 2 9 The achievement of this religious toleration took some decades, in which the most restrictive anti-Catholic legislations were reprieved by counter-forces proclaiming that religious toleration for religious pluralism generated economic prosperity.5 3 0 It is within this framework that the long trial (1587-1591) against Willem van Assendelft and his school has to be considered, albeit that problems of academic immunity in legal matters also played an important part in the trial. Finally, 527 P.A.M. Geurts, 'Mr. Willem van Assendelft, kanunnik-schoolmeester te Leiden (1579-1591) en het privilegium fori der universiteit', Archief voor de geschiedenis van de katholieke kerk in Nederland, 6 (1964), pp. 3-78. 528 Geurts, 'Mr. Willem van Assendelft', p. 14; Geurts, 'Gewetensconflict', pp. 7475; Chr. Kooi, 'Paying off the sheriff: strategies of Catholic toleration in Golden Age Holland', in: Po-Chia Hsia, Calvinism and Religious Toleration, pp. 90-91. 529 Po-Chia Hsia, Calvinism and Religious Toleration, p. 2. 530 Ibidem, pp. 4-5. 300 the school and boarding house had to be closed.5 3 1 The role Catholic clerics played in Leiden also made Catholics suspicious. Dozens of Catholic priests matriculated at the University only to enjoy the academic privileges. Many of them belonged to the Holland Mission. Among them, the Jesuits were very active. In 1625, they erected a Catholic student association. Their purpose was not only to support Catholic students but also to convert 'heretics'. And sometimes they succeeded.5 3 2 There was one problem, however. Catholics were not allowed to worship public ly in a church; they had to use conventicle churches. The different Protestant religious denominations, which had their communities too, could make use of churches in the city. The English formed an official community from 1609 onwards. In 1644, they shared their church (Faliebegijnkerk) with the Scots. The German Lutherans (hochdeutsche Nation) built their own church. The Menonites and Anabaptists too could worship publicly. 5 3 3 Soon after the abolition of the oath on religion in Leiden, the number of Netherlandish and foreign students increased so dramatically that students from the different Netherlandish provinces and those from various foreign countries began to form separate national associations. Out of fear for disturbances, the collegia nationalia we re forbidden, but it was never possible to stamp them out entirely. Indeed, the records show that there were constantly troubles and rivalries among the different 'nationalistic student clubs'. But it does not seem that religious matters played a role in these clashes. They were more a consequence of drinking bouts and chauvinism. 5 3 4 531 P.A.M. Geurts, Het eerste grote conflict over de eigen rechtspraak der Leidse universiteit (1587-1588) (Utrecht, 1964); Geurts, 'Mr. Willem van Assendelft', passim W. Otterspeer, 'The Mediating Role of the University: Leiden University. Its Structure and Function during the First Two Centuries of its Existence', History of Universities, 18.2 (2003), pp. 159-160. 532 L. van Miert, 'De oudste Roomsch-Katholieke Studentenvereeniging in Nederland', Studiën, 81 (1914), pp. 453-456. 533 Otterspeer, Portret, pp. 274-275. 534 Jurriaanse, Founding, p. 15; A.C.J. de Vrankrijker, Vier eeuwen Nederlandsch Studentenleven (Voorburg, s.d.), pp. 117 ff.; Otterspeer, 'The Mediating Role', pp. 183-184. 301 As already mentioned, seventeenth-century Holland became also a place of asylum for converted and non-converted Jews who, inter alia, had fled from the Southern Netherlands in the 1580s. The Dutch universities became their centres of study. German Jews too found their way to the universities in the Dutch Republic as long as they were not tolerated at German universities.5 3 5 Although the first Sephardim Jew probably got a degree in medicine at the Frisian University of Franeker in 1624, it was the University of Leiden that attracted most of the Jewish students. Some cases show that the University did tolerate the Jewish graduates as long as they subordinated themselves to the Christians and did not publicly avow their belief. Since Christian prayers and an oath were part of a public defence, Jews were requested to take their degree in senatu, that is privately, although there are cases as in 1684 when a Jew got a public defence, though not without incident. On 5 June 1684, Philip Levi from Amsterdam concluded the defence of his thesis on pleuritis with a prayer in Hebrew. It was considered injurious for the Christian audience and the promovendus had to ask forgiveness before receiving his degree. 5 3 6 These kinds of incidents are rather infrequent. Generally speaking, Jewish students did not cause problems, living as they did along side of the Christian academic world. Conclusion It is obvious that there was a wide gap between the legislation of rulers concerning matters of politics and religion and the behaviour of the students and future elites of the same society. In the Netherlands, students went as easily to Catholic as to Protestant universities, certainly till the end of the sixteenth century. It seems that they were unconcerned about the religious character of the institution. With some exceptions, Catholic and Protestant students and professors co-existed without problems in 'privileged' environments. 535 536 See note. Frijhoff, Société, p. 55. 302 They found a modus vivendi, which mainly consisted in not manifesting too openly their belief and certainly not making an issue of it. Due to academic 'immunity', the burgers and public authorities had to accept these multi-religious communities in their cities. Some cities and universities even deliberately wanted to be 'open societies', adapting legislation and improving the living and studying conditions of students whatever their religious or political background might be. It is certainly true for the universities in the Dutch and the Venetian Republics and for the German nations of the French and Italian universities. It is not by chance that the most tolerant universities were located in Republics. For the Protestant Dutch Republic as well as for the Catholic Venetian Republic, doing business was its primary raison d'être; the public authorities had to accept and follow norms and values of the official churches to a certain extent. But they found ways to mitigate intolerance and to avoid that fundamentalism divide the country, harm the economy and drive foreigners out of the land. This lenient attitude was less a question of principle than of pragmatism. For the same kind of economic reasons, universities with German nations were very cautious with regard to their wealthy and influential clientele that came both from Catholic as well as Protestant regions. Public and academic authorities tried, as much as they were allowed, to please or at least to tolerate both confessional groups. From their side, the students and teachers with different religious and political backgrounds also had to learn to live together and to work towards the same goals. This was one of the experiences they took home in addition to their academic knowledge and professional training. As most itinerant scholars belonged to the elite of their country and later held high office, they were well placed to apply and propagate their newly acquired knowledge. Certainly in the middle of the sixteenth century, studying abroad could lead to conversion and to adhesion to the new faith. 303 With all these experiences in mind, many academics deliberately wanted to live in a tolerant society as can be shown for the Dutch Republic. For others nevertheless, these years of coexistence did not prevent them from thinking along straight lines and from handling things in a very fundamentalist way. Many examples can be given for the Spanish Netherlands. Migration was the only solution for those, on both sides of the border, who could not accept the dominant political and religious culture of their country. 304 LA CONTRUCCIÓN RETÓRICA DE LA REALIDAD COMO UNA “TEORÍA DE LA MODERNIDAD”: La Enseñanza de la Retórica en los Colegios de la Compañía de Jesús en la Nueva España* Perla Chinchilla Pawling Alfonso Mendiola Mejía Universidad Iberoamericana, México Introducción al problema Nuestro acceso al estudio de la Compañía de Jesús está planteado a partir de su coyuntural aparición en el mundo occidental, lo cual la convierte en un privilegiado universo de estudio desde el cual se puede unir lo puntual con lo estructural, para poder comprender el complejo proceso de la constitución de lo que hemos llamado "modernidad". Si aceptamos que la sociedad es comunicación, el gran problema de su pervivencia está alrededor de la aceptación de lo comunicado, que permite la reproducción social, o el rechazo de ello, que conlleva la imposibilidad de la transmisión del reglado social. El puro lenguaje no es suficiente para garantizar dicha aceptación, se necesitan ciertas construcciones sociales desde las cuales se evite el infinito proceso de cuestionamiento por los fundamentos de las afirmaciones -"la selectividad", en palabras de Niklas Luhmann-. "El que se acepten las comunicaciones, entonces, significa únicamente que su aceptación se pone en la base de ulteriores comunicaciones como premisa, independientemente de lo que se pueda verificar en la conciencia individual."5 3 7 El secreto, el misterio, el bien, la verdad, han sido * Agradecemos a la licenciada Mónica Verdugo R., su contribución en la investigación para el desarrollo de los apartados referentes a la labor educativa de los jesuitas en la Nueva España. 305 algunas de estas premisas sociales que garantizan que la comunicación habrá de continuar. Sin embargo, la escritura, con su intrínseca posibilidad analítica, ha ido denotando, a lo largo de la historia de Occidente, la dificultad de sostener tales premisas de forma incuestionada: la ciencia moderna ha sido el corolario de esos cuestionamientos. En ese supuesto, la retórica cobra un papel central, ya que ésta ha servido para elaborar parte de los géneros comunicativos de la sociedad veteroeuropea, mientras que la ciencia sólo ha producido un tipo de comunicación de la sociedad moderna. En esta hipótesis, la desigualdad entre ambas está a la base de su propia constitución, ya que mientras la sociedad premoderna es jerárquica o estratificada, la moderna es funcional. Así, ésta última no centraliza la producción de la comunicación, sino que la diversifica por medio de lenguajes especializados, mientras que la premoderna la reúne en el vértice de la pirámide social, esto es, en la élite. La predominancia de esta última forma de comunicación, nos ha llevado a plantear que la sociedad veteroeuropea tenía una "construcción retórica de la realidad". Cabe aquí de una vez aclarar, que si bien ciertamente los grupos situados en la base de la pirámide social no tenían acceso al aprendizaje de la retórica, la visión del mundo y del cosmos más allá del restringido entorno de las relaciones cara a cara, se las proporcionaba la élite que sí contaba con tal posibilidad. En consonancia con lo anterior, a cada una de estas sociedades le corresponde un medio de comunicación que le es característico, a saber, la oralidad secundaria a la primera, y la escritura impresa a la segunda. Las sociedades que han construido sus conocimientos retóricamente las situamos a partir del siglo V a. C. Hasta aproximadamente fines del siglo XVII, en el que comenzó a emerger la sociedad científica moderna. La cultura occidental, a lo largo de veintidós siglos, basó su producción de conocimiento en las prácticas retóricas, sin embargo, esta prolongada vigencia no debe hacer creer que el mundo veteroeuropeo permaneció sin cambios a lo largo de ese tiempo. Si bien el código de la retórica 537 N. Luhmann y Raffaele De Georgi, Teoría de la sociedad, tr. Bajo la dirección de Javier Torres Nafarrate, México, U. De G/UIA/iteso, 1993, p. 129 306 persuasión/no persuasión siguió regulando la producción y conservación del conocimiento durante ese tiempo, sus programas variaron con los cambios socioestructurales; no era lo mismo el ciudadano de la polis griega que el senador del imperio romano, ni el obispo del orden carolingio que el fraile del siglo XIII; pues a cada uno de éstos correspondía una institución y un público distintos. Esos cambios estructurales en la sociedad pueden perseguirse justamente en las sutiles, pero trascendentes, variaciones formuladas en los tratados de retórica. Niklas Luhmann señala al respecto: "De frente a la alfabetización de la escritura y a la consecuente expansión de la capacidad de usar la escritura en Grecia, en la época clásica se reaccionó de dos modos distintos, sin que se tematizara la diferencia de ambos. Se había agudizado la cuestión de cómo es posible motivarse para la aceptación de la comunicación cuando su selectividad es visible y ya no puede ser cuestionada [...] una vía de salida era el refuerzo de los instrumentos de persuasión o de convicción de que disponía la comunicación verbal. Por este camino, en el transcurso del tiempo (y en el Medioevo con la mediación de Cicerón, y luego de Quintiliano) se llegó a una alianza entre retórica, tópica y moral. Los puntos de vista que debían usarse en el discurso (tópoi, lugares comunes) debían buscarse y amplificarse, y esta práctica había de ser aprendida y enseñada."5 3 8 Ahora bien, ¿en qué consistía tal enseñanza? Es importante hacer de nuevo una distinción, que por otra parte nos será de utilidad para cercar diversos conceptos de retórica. Entre los siglos XVI y XVIII podríamos pensar en dos modos de concebir la retórica, uno en sentido estricto, tal como la pensamos cuando hablamos de la enseñanza que la Compañía de Jesús pudo haber llevado a cabo en sus colegios a través de tratados de retórica y de sus maestros; sin embargo, habría un modo de pensar la retórica como prudencia, y esta es la que fue absorbiendo el espacio de la educación de la élite cortesana fuera de las aulas. Lo prioritario en la formación de estas élites de la cultura oral se 538 Niklas Luhmann y Raffaele De Georgi, Teoría de la sociedad, tr. Bajo la dirección de Javier Torres Nafarrate, México, U. De G/UIA/iteso, 1993, p. 130. 307 dirigía a las formas de hablar y de conducirse, y no a la enseñanza de cuestiones técnico-artesanales; se centraba en el adiestramiento de los modales de conducta apropiados para los momentos de la interacción cara a cara. En otras palabras, se partía del presupuesto de que lo fundamental para mantener la cohesión y la reproducción sociales estaba en la educación del gusto por medio de las buenas maneras, las cuales se aprendían en el espacio cotidiano y en los manuales de urbanidad, del arte de la prudencia, la otra versión de los manuales pedagógicos de la retórica escolar, el arte del bien decir. En el primer sentido, que es el que aquí desarrollamos dado el tema del coloquio, ¿cómo entender que a pesar de que se trate de una sociedad que caractericemos como de cultura oral se utilicen en la enseñanza retóricas escritas, de las que la más conocida y longeva es sin duda la de Cicerón? La escritura, como otro medio de comunicación, aunque ciertamente ya muy utilizada desde la antigüedad clásica, no fue claramente "tematizada" entonces, y tendría que esperar muchos siglos para que, a través de la imprenta y de complejas condiciones sociales, pudiera mostrar sus posibilidades cognitivas y reflexivas. Así, tanto el mundo clásico como el veteroeuropeo heredero de la retórica de aquél- pueden considerarse sociedades de “oralidad secundaria”; en ambas se encontraba todavía presente la unidad entre conocimiento y motivación. Para conseguir esta unidad, estaba presupuesto un tipo de estructura de la verdad y la moral, en la que ambas se sostienen entre sí -están en la parte buena del mundo, en contra de vicios y errores, que se imbrican en la parte mala-. De este modo, en éste último la comunicación reglada por la retórica, se esforzaría para lograr la aceptación comunicativa a partir de las premisas de la "verdad revelada" y de las “virtudes cristianas”. Es importante destacar que, bajo estos presupuestos, la virtud y la sabiduría del emisor fueran la condición de posibilidad de la comunicación retórica propia de esta época. A partir de la Reforma, sin embargo, estas condiciones se fueron transformando en diversos sentidos, y a la Compañía de Jesús, hija de este tiempo, le tocó hacer frente a esta situación, en la que había que mantener la tradición en medio de cambios políticos y culturales que anunciaban los retos de la modernidad, o en 308 nuestros términos, defender la construcción retórica de la realidad cuando ésta empezaba a hacer visibles sus aporías. Marc Fumaroli al defender la pervivencia del humanismo italiano, hace indirectamente una descripción del problema: El combate por la retórica, lejos de ser, como lo creyó Toffanin, un signo de “fatiga” del humanismo italiano, nos parece todo lo contrario: un signo de su vitalidad y de su fidelidad, en circunstancias difíciles: defender la legitimidad del modus oratorius era resistir al desmantelamiento del humanismo laico, preservar el legado del Renacimiento. Sin embargo, el único porvenir posible de esta defensa, que, salvo Venecia, ningún otro poder laico podía sostener en Italia, debía ser un compromiso con una Contrarreforma católica consciente de sus verdaderos intereses. Fue a los jesuitas a quienes les tocó hacer esta difícil unión, formando a sus autores en las aulas de sus colegios a partir de su Ratio Studiorum. Sin embargo, no sólo llevaron a cabo esta empresa de sintetización, sino que durante los siglos XVII y XVIII tuvieron que afrontar y resolver en su labor pedagógica, el deslizamiento, lento pero ineludible, de la cultura oral a la del impreso. El medio de comunicación que hizo posible la ciencia moderna fue la expansión y consolidación de la imprenta. “El paso decisivo hacia el surgimiento de las ciencias modernas – sostiene Luhmann- se da con el invento de la máquina prensadora, no importa cómo se valoren las aportaciones e innovaciones seguramente importantes de los grandes talleres de escritura en la tardía Edad Media (uso del papel, paginación, registro, etcétera)”.5 3 9 Son las aportaciones de la imprenta las que consolidan la autopoiesis de la ciencia, pues posibilitan “la comparación de textos y la comparación de opiniones de una multiplicidad de autores y de tiempos. Por primera vez, se vuelve manifiesta la complejidad de los conocimientos existentes y, al mismo tiempo, los hace aparecer como efímeros. Los 539 Niklas Luhmann, La ciencia de la sociedad, tr. bajo la coordinación de Javier Torres Nafarrate, México, UIA/Iteso/Anthropos, 1996, p. 425. 309 receptores ahora se vuelven lectores. A los lectores no se les puede observar como a los interlocutores en la comunicación verbal; y ellos mismos no pueden observar otra cosa que los textos. Todas la bases de comprensión que son necesarias para la aceptación y la utilización continua de la información, se deben crear ahora, a partir del texto mismo” 5 4 0 , afirma. Además, la difusión impresa de la escritura acelerará la emergencia y diferenciación de los medios de comunicación simbólicamente generalizados -la verdad, el dinero, el poder, el amor, etcétera, en la terminología de este autor. Esta retórica -complejo híbrido de las sociedades de oralidad secundaria- al igual que la ciencia, es un medio de comunicación que reestructura al código binario sí/no del lenguaje oral, para facilitar la comunicación cuando aparece la escritura -que en el caso de la oralidad secundaria tenía más la función de sostén de la memoria, como anotación-. Tanto retórica como ciencia son equivalentes funcionales, sin embargo hacia el siglo XVII la escritura impresa empezó a convertirse plenamente en el medio central de comunicación en la cultura occidental, es decir, en este periodo se fueron generando los dos roles necesarios para su instauración: el escritor, el lector y el sostén tecnológico de la imprenta. Así, la importancia social de la retórica iría disminuyendo en relación directamente proporcional a la expansión de la cultura impresa. El texto escrito, y con mayor fuerza el impreso, impide –en un proceso evolutivo sumamente complejo- que la motivación de la aceptación de la comunicación se regule a partir de la presencia de los interlocutores. A partir de ello, la retórica se fue tornando obsoleta, en la medida en que se generalizaba la capacidad de leer y escribir. Los nuevos mecanismos para facilitar la relación entre selección y aceptación de la comunic ación escrita se deben a los medios de comunicación simbólicamente generalizados, arriba mencionados, dento de los cuales está el científico. “Con el tiempo [...] la impresión reemplazó el persistente predominio del oído en el mundo del pensamiento y la expresión con el predominio de la vista, que tuvo sus inicios en la escritura 540 Idem, p. 128. 310 pero que no pudo prosperar sólo con el apoyo de ésta. La imprenta sitúa las palabras en el espacio de manera más inexorable de lo que jamás lo hizo la escritura. Esta traslada las palabras del mundo del sonido a un mundo de espacio visual, pero la impresión las fija en éste. El control de la posición lo es todo en la impresión”, señala en su ya clásico estudio Oralidad y escritura. Tecnologías de la palabra, el jesuita Walter Ong.5 4 1 En resumen, si aceptamos que la sociedad es comunicación y que ésta se reproduce autipoiéticamente por medio de una sola operación (-comunicativa-), hay en consecuencia una estrecha relación entre medio de comunicación y diferenciación social. A partir de esta afirmación surge el tercer y último concepto de retórica con el que hemos construido esta propuesta de análisis sobre el peso que pudo haber tenido la enseñanza del arte por los jesuitas en sus colegios: se trata de una caracterización sociológica del término, la cual nos permite pensar en una construcción retórica de la relidad desde una teoría de la modernidad. En las sociedades de la antigüedad clásica y en la posterior veteroeuropea, la retórica -en este sentido sociológico- y la estatificación social se implicaban, en tanto que la escritura impresa -entendida también como categoría de análisis social- y la sociedad democrática moderna se sostienen entre sí. En este tenor, la enseñanza, cuyo objetivo en última instancia es la reproducción de la sociedad, de uno u otro medio de comunicación, es una brújula valiosa en la comprensión de los procesos de transformación entre ambas construcciones del mundo. Para el caso que nos ocupa, consideramos que la Compañía de Jesús fue un verdadero laboratorio de los cambios, las permanencias y las anomias que ha representado la modernidad: maestros y autores de antologías y compendios en la enseñanza de la retórica en su primera acepción; mentores, guías espirituales y autores de manuales de prudencia, de la retórica en su segunda acepción, para la élite cortesana, nos muestran los diversos caminos por los que se fue desmantelando 541 Walter Ong, Oralidad y escritura. Tecnologías de la palabra, tr. Angélica Schenp, México, FCE, 1987, pp. 120-121. 311 o refugiando la construcción retórica de la realidad, en la acepción sociológica que le hemos dado al término. 1. Hacia un concepto sociológico de retórica. Resulta indispensable partir de una teoría de la sociedad que sea lo suficientemente compleja para poder explicar cuál era el lugar y la función de los manuales de retórica en la sociedad premoderna. Sin la ayuda de una teoría de la sociedad, no sería posible entender la función social de las retóricas. En este apartado, explicaremos esquemáticamente, las causas sociales del resurgimiento de la retórica en la segunda mitad del siglo XX, con la finalidad de explicar el sentido sociológico de retórica. La pregunta se puede formular de la siguiente manera: si la retórica facilita la comunicación escrita por medio de mecanismos propios de la interacción oral, ¿cómo es posible que renazca en una sociedad donde la comunicación prioritaria y extensiva es la escrita? De otra manera, ¿qué sucedió en la segunda mitad del siglo XX para que la comunicación oral volviera a adquirir importancia? Una de las causas del fin de la retórica, por un lado, será la invención de la imprenta, gracias al nuevo diseño tipográfico de la página -lentamente, en el transcurso de casi dos siglos-. Por otro, la retórica se desvanece, en la transición de las sociedades estratificadas a la sociedades democráticas, ya que los sistemas democráticos sustituyen la ret órica por los lenguajes especializados. La división del trabajo moderna impide que haya un solo código, como era el caso de la retórica, para regular todas las comunicaciones sociales. La retórica, vía Vico, heredero de la Compañía de Jesús, es recuperada, en el siglo XX, como fundamentación de las ciencias del espíritu. Será con el nacimiento de éstas ultimas que se empezará a objetar la universalidad de la argumentación nomológica deductiva como método de la totalidad de las ciencias; aquéllas se distinguen de las ciencias explicativas, y se reconocen como hermenéuticas. Los trabajos de Hans- Georg Gadamer demuestran que la hermenéutica es un “retorno” a la retórica como productora de un tipo particular de conocimiento. 312 El razonamiento llamado dialéctico en el siglo XVII es semejante a la explicación nomológica deductiva, es decir, es un razonamiento que se hace a partir de premisas universales (leyes) que se aplican a casos particulares. Como sabemos, durante los siglos XVIII y el XIX se creyó que las ciencias sólo podían ser tales si respetaban ese tipo de explicación. La dialéctica por fin había triunfado sobre la retórica, pero su triunfo no duró mucho, pues muy pronto la retórica regresó por la puerta de las ciencias del espíritu. A partir de la década de los cincuenta del siglo XX retornó el interés por investigar los manuales de retórica. Este renacimiento se dio desde dos perspectivas complementarias: una, cuyo objetivo esencial era el de rehacer la historia de los veinticinco siglos de la práctica retórica occidental y, otra, la de elaborar una neorretórica apropiada para la estructura de la sociedad contemporánea. Ambas perspectivas son complementarias, ya que la neorretórica no sería posible sin reconstruir la historia de la retórica. Sin embargo este campo problemático en el que resurge la retórica en nuestra sociedad, crea una confusión cuando se le quiere aplicar al análisis de los sistemas comunicativos del siglo XVI, ya que se confunde la neorretórica con la retórica que funcionaba entonces. La reconstrucción histórica de las distintas etapas del uso de la elocuencia, es inevitable para evitar este anacronismo. Esto nos obliga a diferenciar lo que se entiende actualmente por retórica de lo que se entendía en el siglo XVI. El desprestigio de la retórica se dio a partir del siglo XVII en que surgió la ciencia natural moderna. Esa confrontación crítica la distingue de la retórica, presentándose la primera como neutral y objetiva, mientras que la segunda se reconoce como parcial y subjetiva. “Uno de los fines proclamados en los textos polémicos de Galileo es el de excluir la retórica de las ciencias de la naturaleza. ‘En las ciencias físicas, escribe, el arte oratorio es inútil’. En efecto, estas ciencias no tratan sobre la incertidumbre de los asuntos humanos. Ellas no buscan convencer al público de una u otra tesis controvertida y jamás enteramente sustentada. En los debates científicos, las palabras no deben añadir fuerza a las propuestas. No se trata de afrontar a otros hombres con la 313 confusión de opiniones más o menos probables, defendidas con más o menos talento, sino de descubrir las cosas mismas en su verdad, pues no se necesita multiplicar las palabras: ‘...desde que la verdad surge, su luz brilla con la claridad del sol y enseguida disipa las tinieblas de la falsedad’.” 5 4 2 Como se puede ver en la cita, la verdad de la física galileana no necesita, según el propio Galileo, de ornamentación para convencer, pues ella logra su aprobación por sí misma. La ciencia no recurre a la influencia o persuasión para que sus verdades sean aceptadas, sólo cuando se trata de los “asuntos humanos” es indispensable recurrir a éstas. Para nuestro estudio, lo más importante de la crítica de la ciencia a la retórica es lo siguiente: desde la perspectiva de la ciencia se le niega a la retórica la capacidad de producir conocimientos. Por ello la modernidad supone que la retórica sólo cumple la tarea de ornamentar el discurso, y no la de generar conocimiento. La retórica, de fines del siglo XVII en adelante, quedó reducida a una de sus cinco partes, la elocución. Nuestra posición es la contraria: la retórica -hasta fines del siglo XVII- es la técnica para producir conocimientos. El afirmar lo anterior nos obliga a mantener la diferencia entre conocimiento científico y conocimiento retórico. Por lo pronto veamos como caracteriza Luhmann al conocimiento retórico: “La tradición tópica retórica consiguiente que reacciona ya a una cultura de la escritura y a los problemas de superioridad resultantes, seguía enfrentando como problema el discurso oral, es decir, la disposición momentánea del conocimiento. Esto se muestra por la acentuación de encontrar (inventio) los elementos del conocimiento, imágenes, muletillas y argumentos almacenados en los lugares (loci). En una cultura urbana que ya dispone de la escritura, ahora se dependía aún más de la disposición momentánea, la capacidad de convicción e imposición momentánea. Y la educación de los nobles vio allí su tarea por más de dos milenios”.5 4 3 Luhmann se refiere con “disposición momentánea del conocimiento” a tener acceso al conocimiento almacenado en 542 Marc Fumaroli, (bajo su dirección), Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne 1450-1950, París, PUF, 1999, p. 604. 543 Niklas Luhmann, La ciencia de la sociedad, tr. Bajo la dirección de Javier Torres Nafarrate, México, U. De G/UIA/iteso, 1993, p. 130. 314 el momento en que se necesita de él. Este problema es el más importante para una cultura oral, pues el único recurso que tiene para acceder al conocimiento, en el momento oportuno, es la memoria. La retórica fue el medio, en esas sociedades, para desarrollar artificialmente la memoria. “La disposición sobre el recuerdo adecuado en el momento, se comprendía como don de las musas, como don divino. En un principio, la escritura alfabética probablemente se introdujo no como medio de comunicación (porque, ¿quién hubiera sabido leer?), sino como truco mnemotécnico; y al mismo tiempo, surgió una elaborada técnica del fortalecimiento de la memoria, sobre todo mediante la fijación espacial iconográfica de lo que debía recordarse en determinadas ocasiones”. 5 4 4 Por esta razón, la retórica no dejó de ser, hasta el desarrollo de la cultura de lo impreso –con sus grandes bibliotecas públicas y privadas-, un instrumento fundamental de la formación de la aristocracia europea, o mejor dicho, de su memoria. Una de las razones del retorno de la retórica, en la segunda mitad del siglo XX, se encuentra en la crítica de la concepción cientificista del conocimiento científico. Esta crítica alcanza su forma más acabada en la posición postmoderna. La postmodernidad niega la existencia de fundamentaciones últimas del conocimiento (como dice Galileo de verdades irrefutables), es decir, resulta insostenible la posibilidad de construir enunciados que carezcan de un contexto de emisión, de un estilo específico y de un receptor histórico. En contra de Galileo, la postmodernidad sostiene que aun el discurso científico debe asumir, para ser aceptado, las creencias de sus destinatarios. Aunque esas creencias sean las de la comunidad de los científicos. La crítica a la ilusión de que los enunciados verdaderos no necesitan del recurso de la persuasión, ha permitido la renovación del estudio de la retórica. Los años cincuenta redescubren que la comunicación nunca se da por encima de los lugares institucionales como sí lo pretendió la comunicación científica. Además, la comunicación científica se interpretó como una forma de razonamiento axiomático y deductivo que era evidente para todo destinatario. Actualmente sabemos que no hay argumentación que prescinda 544 Idem, p. 115. 315 de supuestos, pues todas ellas contienen afirmaciones no demostradas y cargas emotivas. De esta crítica a la concepción objetivista de la ciencia se derivó el renovado interés por la retórica. Pues ella siempre ha insistido en que toda comunicación está situada y, para ser convincente, debe asumir las creencias del público al que se dirige, el aptum. El otro factor del retorno de la retórica se debe a la aparición de la cultura de masas. Este tipo de comunicación tiene su forma más acabada en la publicidad, la cual logra su objetivo orientándose más a las pasiones que a la razón. Para Roland Barthes la retórica aristotélica ayuda más a entender la comunicación de masas que al razonamiento científico. El desarrollo de este punto sale ya propiamente del tema de esta ponencia. Vemos, en conclusión que el concepto sociológico de retórica que proponemos no es otro que la acepción de la retórica según su anclaje social; si lo referimos a la sociedad premoderna, podemos pensar en una “construcción retórica de la sociedad”, en la “sociedad científica” moderna no tiene cabida, y en la “posmoderna” se puede conceptualizar como la “neoretórica”. 2. La enseñanza de la retórica como prudencia Para poder contestar, en toda su riqueza, ¿cuál es la función social de la enseñanza de la retórica en las sociedades premodernas? es necesario responderla desde las teorías de la socialización. Los estudios de socialización parten de la siguiente cuestión: ¿cómo se integra el individuo (cuerpo y mente) a la sociedad? Precisando aún más con respecto a nuestra investigación, ¿cómo se moldea la conducta corporal de la élite para que la comunicación oral-retórica tenga éxito? o ¿cómo el cuerpo, su gestualidad, pasa a formar parte de la reproducción del sistema retórico? El interrogante también se puede formular de esta manera: ¿cómo se pasa de ser un organismo vivo independiente a ser un organismo vivo perteneciente a la sociedad?. 316 El objetivo de este apartado es estudiar cómo el aprendizaje de la retórica, no sólo moldea a la mente, sino también a los cuerpos. “En el ‘proceso de civilización’ (según Elias) se ha recurrido profusamente al cuerpo como generador potencial de gestos; se le ha refinado, en cierto sentido. El detallar los gestos permite sustituir un conocimiento que todavía no está psicológicamente disponible. La caja negra del otro cuerpo es equipada con inputs y outputs más diferenciados, sin intentar disimular lo que ocurre ‘adentro’. Alrededor del siglo XIII, sólo se disponía científicamente de una teoría de los humores y los temperamentos; los conceptos de la moral se fusionaban con los conceptos del input de la sensibilidad (sobre todo pasión y sensibilidad) y del output potencial (voluntad, valor, autodominio, eventualmente vanidad) que no permitían ninguna individualización a la orientación psicológica y menos una conclusión estratégica adecuada a las situaciones. Así pues, aún se creía en la retórica, pero también en los modales distinguidos; los suspiros, las postraciones, las lágrimas parecen ser la prueba del amor; la moral y la psicología del ladrón consisten en nexos corporales orientados a obtener un resultado. En el transcurso del siglo XVIII comienza, sin embargo, la retirada de la retórica y la gesticulación e inicia el avance de la psicología”. 5 4 5 La observación del cuerpo, hasta el siglo XVIII, se hace desde la gestualidad como significante retórico, será después cuando el cuerpo sea mirado desde lo psíquico. Las cuestiones que debemos tener presentes, para el estudio del cuerpo desde la retórica, son las siguientes: primera, las conductas del cuerpo se observan en tanto que cuerpo, y no desde interpretaciones psicológicas; segunda, no se atribuye al cuerpo interioridad (psicológica) para explicar sus comportamientos, sino estos se comprenden desde la superficie, es decir, desde la gestualidad y, tercero, la retórica se basa en una cultura del cuerpo (en la distinción corporal/incorporal), mientras que la modernidad interpreta el cuerpo desde la diferenciación funcional de los sistemas (en la distinción consciente/inconsciente). 545 Niklas Luhmann, Sistemas sociales. Lineamientos para una teoría general, 2º. edición, tr. bajo la coordinación de Javier Torres Nafarrate, Barcelona, Anthropos/UIA/CEJA, 1998, p. 229 317 “Como resultado de la extinción de la diferencia directriz corporal/incorporal –afirma Luhmann- las formas de comunicación más antiguas se vuelven obsoletas. Al mismo tiempo, sin embargo, se libera también el sentido del cuerpo para aquellas determinaciones particulares que hemos analizado: la danza, el deporte y los mecanismos simbióticos. Por un lado, el cuerpo funciona como punto de cristalización para conferir un sentido que incluye la dimensión social; por otro, está predispuesto y adaptado para su empleo en el contexto combinatorio constituido por los grandes sistemas funcionales”. 5 4 6 Este paso de la estilización de la gestualidad a la psicologización de la conducta expresa, en otro registro, el fin de la retórica en el siglo XVIII. ¿Por qué la comunicación retórica estaba basada en la gestualidad? Debido a que la retórica tematiza la motivación de la aceptación de la selectividad comunicativa desde los sistemas de interacción, es decir, desde las relaciones cara a cara, la presencia corporal es importante para ella. Mientras la conducta corporal es relevante en la comunicación oral, en cambio en la escrita o impresa no ocupa ningún lugar. Marcel Mauss habla de técnicas corporales para referirse al uso que cada sociedad hace del cuerpo, y dentro de las múltiples clasificaciones que hace de ellas, hay una que corresponde a las etapas biográficas. Las divide en técnicas de nacimiento, de infancia, de adolescencia y de adulto. Histórica y socialmente estas técnicas han ido cambiando, desde el modo en que se realiza un parto hasta las formas de reposo de los adultos. Hay un primer sustrato orgánico sobre el cual las técnicas corporales trabajan durante la infancia: el control de los esfínteres, el adiestramiento en el comer y el dominio del cuerpo. Estas técnicas las divide en: destete y después del destete. Las segundas son las que nos interesan. Mauss las describe de la siguiente manera: “Sabe ya comer y beber, se le ha enseñado a andar; se ejercita su vista, su oído, el sentido del ritmo, de la forma del movimiento, con frecuencia para la danza y la música. Aprende las nociones y costumbres de la flexibilidad y de la 546 Niklas Luhmann, Sistemas sociales... p. 233. 318 respiración, y adopta determinadas posturas que a veces son impuestas”.5 4 7 Al cuerpo del niño se le adiestra, para acoplarse a la vida social, a controlar ciertas funciones orgánicas y a disponer de su gestualidad. En las sociedades premodernas los momentos solitarios son casi inexistentes, la mayor parte del tiempo se está en sistemas de interacción, por ello al niño se le prepara para este tipo de sociabilidad. “En las sociedades más antiguas, era rara la acción solitaria, pues la casa y la vida, en general, ofrecían pocas posibilidades para el aislamiento. Sólo con el transcurso de la evolución surge un ámbito en el que se puede asumir un comportamiento solitario, libre de interacción, aunque social, un comportamiento que finalmente logra imponerse con amplias repercusiones sociales y semánticas: el ámbito de la escritura y de la lectura”. Mientras sigue dominando la oralidad, la sociedad se reproduce, básicamente, a partir de sistemas de interacción y, en consecuencia, el sistema psíquico debe estar preparado para ello. 5 4 8 Los estudios que se han hecho sobre la formación de Felipe II, describen las técnicas corporales después del destete. Primero, al recién nacido se le vestía con ropas femeninas o con un pequeño hábito religioso (un amuleto) hasta que superaba los peligros de muerte durante la lactancia. Cuando se trascendía esa etapa, se le cambiaban los faldones infantiles por sus primeras ropas de muchacho. Este momento coincidía con la conclusión de su desarrollo motriz, por lo que el niño iba a empezar a dar sus primeros pasos. El cambio de vestido se hacía dentro de una ceremonia pública: “Fue este vestido, de apariencia femenina, el reemplazado en 1531 por el hábito de galán, en un acto publico-religioso cuya trascendencia quizá puede sorprender”. 5 4 9 Si el bautismo señalaba la entrada del niño a la comunidad de los creyentes, el ritual de cambio de ropa marcaba 547 Op Cit., p. 348. Esto no significa que toda interacción deba ser armoniosa, sino que la sociedad se reproduce por medio de conciencias que perciben otras conciencias y que, a su vez, son percibidas, por eso es necesaria la estilización en las clases altas de la conducta corporal. George Duby muestra lo reglamentado de los comportamientos, en la sociedad medieval, en su obra Guillermo el Mariscal, tr. Carmen López Alonso, Madrid, Alianza, 1985. 549 José Luis Gonzalo Sánchez Molero, El aprendizaje cortesano de Felipe II, Madrid, S.E. para C. De los C. De Felipe II y Carlos V, 1999, p. 51. 548 319 su entrada en la sociedad. Es importante señalar lo siguiente: el periodo posterior al destete, se expresaba en la metamorfosis del niño de femenino a masculino, es decir, el niño empezaba a usar un traje masculino en miniatura. “En la época, las costumbres relacionadas con el traje tenían una extraordinaria importancia que hoy, en las sociedades igualitarias, se ha atemperado mucho. Entonces se era lo que se vestía, y cada grupo social y profesión gozaban de vestimenta diferenciada”.5 5 0 En una cultura del cuerpo como la retórica, la apariencia es el fondo, esto es, se es lo que se aparenta. El vestido y la gestualidad están reglamentados públicamente, basta con ver a alguien para saber todo de él. La retórica no consiste únicamente en el aprendizaje de ciertas fórmulas y esquemas eficaces para hablar elocuentemente, que si se dejan de practicar se olvidan, sino que esencialmente es un saber que se inscribe en el cuerpo del que la aprende. La retórica enseña a comportarse con decoro en las distintas situaciones que se presenten. Ella no es sólo el aprendizaje de una técnica para realizar ciertas actividades, sino una parte esencial del proceso que conformaba las respuestas gestuales. Tan es así que la nobleza entendía como pérdida de tiempo aprender cosas que sólo sirvieran para producir objetos (las artes mecánicas). Un saber utilitario, como las artes mecánicas, siempre fue visto como inferior a las artes liberales, en donde se encontraba la retórica. Para la élite de la vieja Europa, el aprender tiene como finalidad el hacerse. Educarse es cultivarse a uno mismo para adquirir la forma “humana”. La retórica forma parte de esta concepción veteroeuropea del aprendizaje. Ella conforma la civilidad o educación moral del individuo socializado. Por eso, las universidades medievales, y aún hasta el siglo XVII, no enseñaban artes mecánicas, sino artes liberales. “Las sociedades estratificadas sitúan sus instituciones educativas de acuerdo con los problemas comunicativos estructuralmente condicionados de las clases altas. Por tanto, están especializadas para las clases altas, y en lo que respecta al 550 Idem, p. 53. 320 contenido, se concentran en problemas de comunicación conciliatoria. Las instituciones educativas transmiten un patrón de orientación y comportamiento altamente selectivo y supuestamente representativo de la totalidad. Si nos basamos en los textos y en las intenciones, prácticamente no se puede distinguir educación y sociedad. Por tal razón no hay razón sensata para que existan un anhelo de autonomía o una reflexión crítica en el ámbito de las actividades educativas. Sí llega a darse, pero en este tipo de sociedad sólo se presenta en el ámbito religioso. La obra educativa de los jesuitas aún se encuentra inmersa en ese contexto, a pesar de toda la intención de modernidad. La educación encaminada a la sapiens et eloquens pietas se orienta por las funciones de la clase alta, incluso cuando acoge a niños de las clase baja. El impresionante y plenamente articulado incremento empírico se refiere a cuestiones metódicas, presupuestarias y de organización, pero la teoría se sigue tomando de textos antiguos (Cicerón, Quintiliano)”. 5 5 1 El aprendizaje de la retórica, primero como parte del trivium (gramática, dialéctica y retórica) y, para el siglo XV, como parte de los estudios humanistas, es el medio a través del cual el futuro noble se prepara para la convivialidad. Los estudios humanistas tienen por finalidad hacerte humano, y humanizarse significa integrarse a las costumbres y los comportamientos de la élite. Para ellos, lo humano, no es algo que todo miembro de la especie humana tenga, sino a lo que se accede gradualmente por medio de la educación. Se está educado en la medida en que se adquieren los comportamientos que la aristocracia ha definido como valiosos. Por eso, en las sociedades estratificadas, existen grados de humanidad. Sólo de esta manera se entiende que se debatiera en qué grado los indios americanos eran humanos. La apropiación de lo humano consiste en comportarse educadamente, podríamos decir en interiorizar la urbanidad, y este ser educado es sinónimo de ser aristócrata. Entonces, ¿qué significa ser aristócrata?, pues saber hablar como ellos, sentarse como ellos, saludar como ellos, en una palabra, 551 Niklas Luhmann y Karl Eberhard Schorr, El sistema educativo (Problemas de reflexión), tr. bajo la coordinación de Javier Torres Nafarrate, GuadalajaraMéxico, UIA/iteso, 1993, pp. 40-41. 321 ser uno de ellos. Por eso la imagen del campesino, en el siglo XVI, es la del rústico, la del incivilizado. Además, la humanidad también es algo que se puede perder y, por lo tanto, para ellos era posible regresar a la animalidad. A más refinación en la gestualidad, más humanidad. “Puesto a reducir a síntesis provisional los principales puntos de coincidencia entre las apologías de la dignidad humana y las apologías de la cultura que se alimenta en las litterae humaniores, yo propondría –dice Francisco Rico– un ‘arquetipo’ similar al siguiente. El hombre es superior a los animales por obra de la razón, cuyo instrumento esencial es la palabra. Con la palabra se adquieren las letras y las bonae artes, que no constituyen un factor adjetivo, sino la sustancia misma de la humanitas. La humanitas, por tanto, mejor que cualidad recibida pasivamente, es una doctrina que ha de conquistarse. No sólo eso: la auténtica libertad humana se ejerce a través del lenguaje, a través de las disciplinas, ya en la vida civil, ya en la contemplación”.5 5 2 Hay un objetivo central en la enseñanza de la retórica como prudencia: socializar al cuerpo. El primer momento, de la integración del organismo a la sociedad, consiste, como lo hemos señalado, en el control de ciertas funciones biológicas. Esta etapa corresponde al mundo de los primeros años del bebé. El segundo momento consiste en la apropiación del lenguaje, el estudio del trivium cumple esa tarea. Este segundo periodo, en el proceso de socialización, corresponde –en sentido estricto– a la retórica, se centra en lograr un manejo adecuado de la comunicación oral. Cada una de las disciplinas del trivium tenía una finalidad específica: la gramática, enseñar a hablar con corrección; la dialéctica trasmitiendo el manejo de las inferencias y, por último, la retórica, enseñar a hablar, no sólo con corrección, sino con elocuencia y belleza. La etapa más importante de la socialización de la nobleza se logra a través del aprendizaje minucioso del uso de la 552 Francisco Rico, El sueño del humanismo. De Petrarca a Erasmo, Madrid, Alianza, 1993, p. 171. 322 palabra. La formación del futuro aristócrata se sustenta en la ejercitación de la comunicación oral, pero este tipo de educación sólo se logra imitando conductas. El sentido de la palabra oral se encuentra encarnada en los comportamientos (sistemas de interacción) que son percibidos por las conciencias de los participantes. El niño aprende a comunicarse al poner atención a las conductas que se dan en los juegos del lenguaje en los que participa. Dicho de otra manera, el niño no aprende sentidos, sino juegos del lenguaje en los que se usan las palabras, es decir, la comunicación oral se basa en sistemas de interacción. Aprender un lenguaje es aprender una forma de vida. 3. El concepto de retórica en sentido estricto En su aspecto fundamental, la retórica es un medio especializado para elaborar todo tipo de discursos. Las retóricas analizan los dos momentos de construcción de un discurso: primero, el macroestructural, es decir, las partes que debe contener todo discurso y, segundo, el microestructural, que se refiere a las cuestiones estilísticas. La cognición (la operación) en una cultura retórica se orienta a la exposición, aún más, el conocimiento se da en la fabricación del discurso. Para una cultura científica la cognición se encuentra en los procedimientos de investigación. Mientras que la lógica de investigación se especializa en la búsqueda controlada de nuevos datos, la retórica los encuentra en la tradición: en lo ya dicho. La información, para la retórica, se extrae de la memoria (la inventio), no de la experimentación, por ello, dedica su mayor parte a la preparación detallada del discurso (dispositio y elocutio). La retórica se puede caracterizar como un conjunto de reglas para comunicar conocimientos almacenados. En la retórica no hay cabida para el conocimiento novedoso, en estas sociedades domina la tradición. Como consecuencia del avance de la distinción moderna entre investigación (conocimiento empírico) y exposición, que se dió desde fines del siglo XVI y se consolidó hasta mediados del XVII, la retórica fue reducida a una sola de sus partes: la elocución (a la microestructura del discurso). Mientras que las otras dos partes esenciales de la retórica, la invención y la 323 disposición, se incluyeron en la dialéctica. “La absorción de la memoria por la dialéctica se acompañó en la obra de Ramus, de una separación entre la teoría de la dialéctica y de la retórica. Si fue necesario separarlas, se debió a que no existían dos lógicas, una válida en el dominio de las ciencias y otra en el de la opinión, sino una sola, dividida en dos etapas absolutamente distintas, la dialéctica, constituida por la inventio y la dispositio, y la retórica, dividida en elocutio y persuasio”.5 5 3 Esta separación es muestra de la tendencia a diferenciar la demostración argumentativa (la lógica) de la ornamentación (la tropología). Según Ong, la comunicación impresa es la que permite distinguir, con mayor nitidez, la lógica de la estilística; esta separación se institucionaliza hasta el siglo XIX como ciencia y literatura. Lo que está en juego en este encogimiento de la retórica era el lugar de la memoria. Mientras la manera de recordar estaba basada en imágenes la retórica era un todo, cuando el recuerdo, para cuestiones cognitivas, abandona la imagen y hace uso del concepto (la abstracción), la retórica se fragmenta. La consolidación de la ciencia, en la segunda mitad del siglo XVII, transformó la función de la retórica. A partir de ese momento, se negó su función cognitiva, y empezó a concebirse como un instrumento sólo útil para la persuasión por medio de la ornamentación. La dialéctica, vista como un tratado de lógica, se apropió de las partes cognitivas de la retórica: la invención y la disposición. La razón más importante de este cambio se encuentra en una nueva oposición: persuadir o conocer. La ciencia de la naturaleza se basó en el siguiente postulado: el conocimiento científico no necesita del recurso de la persuasión porque es verdadero. Lo verdadero de la ciencia no es lo verdadero de la retórica, cada una de ellas tiene su noción de verdad propia. Estamos en el cambio de las formas de actualizar, en el momento necesario, el conocimiento: la retórica lo hace por medio de imágenes concretas construidas en el “alma” y, la ciencia por medio de imágenes abstractas (la lógica) construidas en el texto impreso. “En realidad, se trata menos de una 553 Marie-Dominique Couzinet, Histoire et méthode à la Renaissance. Une lecture de la Methodus de Jean Bodin, París, Vrin, 1996, p. 63. 324 eliminación de la memoria que de un retorno a algunos de sus procedimientos, y a la exclusión de otros: si Ramus rechaza los lugares y las imágenes y sobretodo la imaginación que ellos eran capaces de conmover, es porque él transfiere su poder al orden y a la disposición abstractas, visibles bajo forma de cuadros que no se dirigen más a la imaginación, sino al espíritu. El orden así impreso en el discurso no es impuesto superficialmente; éste es orden de las cosas, inscrito naturalmente en el espíritu de los hombres. Este orden fácilmente memorizable pero sobre bases diferentes de las teorizadas por las técnicas de la memoria artificial, reintroduce la memoria en el interior de la lógica”.5 5 4 En cada tipo de conocimiento, y debido a esta diferencia en la función de la verdad, se distinguirá cada vez más argumentación (memoria como secuencia lógica) de tropología (memoria como construcción de imágenes). Del lado de la argumentación se encuentra el lenguaje literal y del lado tropológico el lenguaje metafórico. Para el siglo XVIII la retórica se había vuelto una forma vacía, la belleza por y para sí misma. Esta concepción de la retórica hará que sea sustituida por las teorías estéticas. La dialéctica tanto como la retórica, en la antigüedad clásica, eran artes para ser usadas en sistemas de interacción. La retórica, en su forma paradigmática que es el discurso judicial, es un diálogo en forma de controversia, en el que se pretende convencer a un tercero de una de las posiciones en disputa. El tercero no participa en el diálogo, pero detenta una autoridad social, en el caso del género judicial, su cargo es el de juez. Esta autoridad debe decidir cual de las posiciones confrontadas es la más convincente, dicho de otra manera, emitir un veredicto. Esta clase de producción de conocimiento se basa en el medio de comunicación oral y su finalidad es la de persuadir al tercero. Por ello, la retórica se especializa en el arte de convencer al “espectador”. Pero este “espectador”, aunque no toma parte en el debate, sin embargo no es pasivo, pues debe tomar una postura a favor o en contra de los participantes. En cambio, la dialéctica, que es ejemplificada en los Diálogos de Platón, sí pretende convencer a la persona con la que se dialoga. En la dialéctica no existe un tercero que detenta un cargo, sino 554 Marie-Dominique Couzinet, Op. Cit, p. 62. 325 que la tarea consiste en convencer al interlocutor. El objetivo de la dialéctica es persuadir al interlocutor de su error. Mientras que en el ámbito de la retórica al que hay que convencer no es al interlocutor sino a un tercero (la mayoría de los casos al juez), en la dialéctica se está obligado a demostrar la inconsistencia de los argumentos del oponente. La retórica se utilizaba, en la Grecia clásica, principalmente en dos espacios públicos: el ágora y el juzgado. Mientras que la dialéctica se desarrolla en la argumentación filosófica. La diferencia básica de la dialéctica con la retórica consiste en que la primera busca convencer al oponente, mientras que en la segunda el oponente no es el objetivo. El razonamiento dialéctico, que lo ejerce el personaje Sócrates, en los Diálogos de Platón, concluye cuando el interlocutor acepta estar en un error. Esto se logra demostrando que el argumento del adversario realiza inferencias incorrectas. La incorrección de los argumentos pueden estar en un mal uso del significado de las palabras o en la inferencia que extrae de las premisas. La falsedad, en una conversación, consiste en descubrir que la conclusión de un argumento es incorrecta, por lo tanto, el error para la dialéctica se encuentra en los presupuestos. La falsedad a la que se refiere pertenece al ámbito de los enlaces lógicos: inconsecuencia entre las premisas y la conclusión. Del estudio de esta forma de comunicación nacen los tratados griegos de lógica formal. Una cuestión que es difícil de contestar es la siguiente: ¿para la cultura retórica la lógica se independiza realmente de la situación conversacional? Dicho de otra manera, ¿ se convierte la lógica formal en un medio capaz de sacar los discursos, objetivándolos, del contexto oral, como sí lo harán los análisis lógicos en la modernidad? Hay muchas razones por las cuales se puede dudar de que la lógica, en las sociedades premodernas, se haya – realmente– logrado separar del arte de la memoria propio de las retóricas. Esta separación entre lógica y comunicación oral, por lo que hemos visto, sólo se alcanza de manera plena con la expansión de la imprenta. El otro sistema de interacción que destacan los manuales de retórica es el conmemorativo (el género epídictico). Un género clásico de conmemoración es el de la oración fúnebre. La 326 oración fúnebre es un discurso en el que se alaba a los soldados caídos en batalla. Esta forma discursiva tiene como objetivo exaltar los valores del buen ciudadano ateniense y vituperar al mal ciudadano. Como se puede ver es una comunicación abiertamente moral. La interacción se da entre el orador y los ciudadanos, por lo que tiene como finalidad transmitir los valores cívicos. En los tres casos de interacción el orador debe sujetarse a las siguientes premisas: a) atraer la atención del público, b) adecuar sus argumentos al conocimiento de su auditorio y, c) persuadirlo conmoviéndolo, esto es, dirigiéndose a sus emociones. El discurso retórico persuade por medio de su elocuencia porque trata de cosas probables y verosímiles, y no de cuestiones ciertas y verdaderas. Aristóteles, en su lógica, separa estos dos campos en dialéctica para el primero y, analítica para el segundo. Por ello, sostenemos que la dialéctica forma parte, en las sociedades precientíficas, de la retórica y, se escinden hasta el siglo XVIII. Este tercero al quien se intenta convencer a partir de la retórica cumple una función parecida a lo que actualmente, las teorías de los medios de comunicación de masas, denominan el público o el espectador. Se trata de convencer al espectador por medio de un discurso que se basa en el sentido común. Esta necesidad de la retórica de partir en sus argumentaciones de las creencias del público va a obligar a que se distingan los silogismos retóricos de los analíticos. Los analíticos se basan en premisas verdaderas, mientras que los retóricos en premisas sólo verosímiles. La retórica utiliza lo que se conoce como argumentos o silogismos inacabados o débiles. Estos son silogismos que no alcanzan la verdad en sentido estricto: los entimemas. Mientras que la lógica aristotélica, en los analíticos, llama silogismos a los razonamientos que sí llegan a conclusiones de orden apodíctico. La retórica pertenece a la esfera de lo probable: de la argumentación débil. En cambio, los silogismos propios de la analítica aristotélica serán concebidos como razonamientos fuertes. Aunque, repetimos, sostenemos que ambos forman parte de la comunicación oral, hasta el siglo XVIII. 327 Desde la Grecia clásica hasta mediados del siglo XVII se mantuvo la pugna entre dialéctica y retórica, pero siempre la retórica subsumió a la dialéctica. Esta primacía del arte retórico sobre el dialéctico se debe a las siguientes razones: la primera, la comunicación escrita se logra separar, con toda precisión, de la oral hasta el siglo XVIII y, la segunda, la lógica para ser descrita en su autonomía necesita que la comunicación escinda acto de comunicar (escribir) de acto de comprender (leer), y esto sólo es posible, cuando se impone la escritura. 5 5 5 Lo anterior no niega la existencia de una institución que favoreció el desarrollo de la lógica antes del siglo de las Luces: la universidad medieval. Las universidades medievales del siglo XIII otorgan una gran relevancia a la argumentación formal. Aunque siempre bajo prácticas de la enseñanza orales. Las interpretaciones críticas de los humanistas italianos de la escolástica se basan en el siguiente diagnóstico: la escolástica da primacía a la lógica sobre la retórica. ¿Hasta dónde esta supuesta autonomía de la lógica, en la escolática, es real? Por los argumentos que hemos dado, consideramos que no es real, pues nuestro indicador clave es el lugar de la memoria en la construcción del conocimiento, y la memoria en la obra de Tomás de Aquino sigue ocupando el mismo lugar que le daba anteriormente Aristóteles. “Para la Escolástica y para la tradición de la memoria que la sucedió había un punto de contacto entre la teoría mnemónica y la teoría aristotélica del conocimiento en la importancia que ambas asignaban a la imaginación. Las afirmaciones de Aristóteles de que es imposible pensar sin un diseño mental son continuamente alegadas para sostener el empleo de las imágenes de la mnemónica”.5 5 6 Por ello, nosotros sostenemos que a pesar de este debate entre humanistas y escolásticos, la primacía la siguió teniendo la lógica figurativa sobre la lógica conceptual. 555 “El significado radical de la escritura como un medio nuevo de la difusión no debe, sin embargo, hacer pensar que la comunicación importante para la sociedad sea el día de hoy la escrita y ya no la oral. (...) Por esto, la ampliación de la competencia de la escritura estimula, antes que nada, el desarrollo paralelo de la comunicación oral”. Niklas Luhmann y Raffaele de Georgi, Teoría de la..., p. 115. 556 Frances A. Yates, Op. Cit, p. 49. 328 El sistema retórico, por lo que hemos visto, cumple una función básica para la reproducción de la cultura, en un sociedad en donde sigue dominando la oralidad: facilita el acceso al conocimiento acumulado. La retórica cumple una función, que toda sociedad debe resolver, la de poder acudir al saber acumulado en el momento en que éste es indispensable. La retórica es una ayuda- memoria que permite recordar el conocimiento en una cultura oral. ¿En una cultura oral cómo se puede buscar la información que se necesita para poder hablar de un tema? Solamente se puede hacer si se acude a una organización espacial del saber que se encuentra dentro de la mente. El manual de retórica es el medio por el cual la cultura se reproducía en una sociedad en la que el papel y la tinta, a pesar de todo, siguen siendo escasos. 4. La enseñanza de la retórica en los colegios jesuitas En su texto ya clásico sobre la "edad de la elocuencia", Marc Fumaroli hace esta afirmación: "El combate por la retórica, lejos de ser, como lo creyó Toffanin, un signo de 'fatiga' del humanismo italiano, nos parece todo lo contrario: un signo de su vitalidad y de su fidelidad, en circunstancias difíciles: defender la legitimidad del modus oratorius era resistir al desmantelamiento del humanismo laico, preservar el legado del Renacimiento. Sin embargo, el único porvenir posible de esta defensa, que, salvo Venecia, ningún otro poder laico podía sostener en Italia, debía ser un compromiso con una Contrarreforma católica consciente de sus verdaderos intereses."5 5 7 Fue a los jesuitas a quienes les tocó hacer esta difícil síntesis, formando a los oradores en las aulas de sus colegios, a partir de su Ratio Studiorum, en retórica, en el sentido estricto del término, como "arte del bien decir". Sobra afirmar que prácticamente el único espacio oficial en el que habría de ejercerse este arte era el de la elocuencia sacra. En el ambiente hispánico, incluso antes que el Concilio asociara a la Contrarreforma de la Iglesia la oratoria sagrada, el 557 Marc Fumaroli, L’ agê de…, pp. 257 y ss. 329 cardenal Cisneros había creado en la Universidad de Alcalá cátedras de retórica propias para formar predicadores. Esta alianza de la teología y de la retórica, conjugada inicialmente con la influencia de Erasmo, supuso una verdadera refundación, y por tanto una crisis, del conjunto de la cultura católica. Objeto de sospecha por parte de los teólogos tradicionales, nacía de una preocupación de la renovatio spiritus que mal se conciliaba con la conquista de las multitudes. En la misma Compañía de Jesús, los escrúpulos fueron vivos, y puede descubrirse, en las primeras generaciones de la Sociedad, un debate entre teólogos, “espirituales” y “humanistas”, sobre el lugar que debía ocupar la retórica en la nueva cultura católica, concluye el propio Fumaroli. Este debate, más vivo en España -patria de Loyola- que en otras partes, llevó a la necesidad de encontrar un término medio, entre Cicerón y San Agustín. Este fue conseguido, no casualmente, por un teólogo erudito y humanista consumado de origen español, Luis de Granada, autor de la más acabada obra de retórica sacra. La elocuencia cristiana de este "discípulo del 'espiritual' de Juan de Ávila, vino a conjugarse con la obra disciplinaria del cardenal Borromeo, para ofrecer al mundo católico un modelo de sociedad 'reformada' en la que una predicación a la vez ortodoxa, inspirada y eficaz ejercía un saludable dominio."5 5 8 Ahora bien, esa elocuencia había de ser enseñada a partir de la retórica. Esta, no obstante haber constituido durante toda la antigüedad clásica la materia académica más completa de toda la cultura occidental, dentro de las universidades medievales perdió importancia, y se situó entre las lecciones “extraordinarias”, y por tanto secundarias. Hacia finales del siglo quince, bajo la forma de un modesto arte de escribir cartas, ars dictaminis, empezó a resurgir, para suplantar en pocos años a la dialéctica, la cual reinó durante el medioevo. Este resurgimiento renacentista, se vio opacado por los conflictos religiosos, como señalamos. Pero paradójicamente, la desconfianza hacia el “ciceronianismo" y las letras paganas en general, se acompañó, sin embargo, de "un verdadero triunfo de la Elocuencia, elevada 558 Idem 330 a la dignidad del oficio sacerdotal y apostólico" –indica Fumaroli– 559 . Hija de Trento, la Compañía de Jesús se fue convirtiendo en la experta del difícil manejo de esta inestable paradoja; a lo largo de prácticamente dos siglos generó diversos espacios en los que se realizó esa imposible síntesis. Uno de ellos fue precisamente el de sus colegios, instaurados ya desde el siglo XVI. En un intento por corregir los sistemas de enseñanza de la retórica anteriores, adoptaron el sistema educativo parisienseromano y lo codificaron en la Ratio atque institutio studiorum, la cual a partir de dos versiones previas, las de 1586 y 1591, finalmente apareció en su forma definitiva en 1599 , que estuvo en vigor hasta 1773, cuando fue suprimida la orden. De hecho, muchos estudiosos consideran que fue precisamente la Ratio de 1599 la que mejor resumió y reguló el pensamiento del siglo respecto a la retórica, tanto en relación a los preceptos, como al estilo y la erudición. Dentro de la Ratio, la retórica se situaba en el nivel de los estudios inferiores, los cuales tenían una duración de cinco años, siendo común dedicar tres a la gramática –ínfima, media y suprema–, un cuarto año a las humanidades y un quinto a la retórica. Con los cursos de gramática y humanidades se proveía a los estudiantes de los elementos metódicos indispensables: lenguaje elegante, vocabulario selecto y primeros estudios de la composición. La retórica coronaba la formación del orador sacro. Su objetivo específico era la formación de la perfecta elocuencia latina, ad perfectam eloquentiam informare, que comprendía principalmente a la oratoria y de manera secundaria el arte poético. En las clases los preceptos de la retórica eran estudiados con la ayuda de las Partitions y de la Rhétorique à Herennius de Cicerón, así como de l´Institution oratoire de Quintiliano. Sin embargo, muy pronto, se consideró muy exigua la obra de Cicerón, y demasiado extensa la de Quintiliano, por lo tanto, se prefirió que fueran los mismos jesuitas los que resumieran y explicaran en sus propios términos los principios de los más célebres maestros de la retórica antigua, filtrando además los peligros de cualquier heterodoxia. Los jesuitas se convirtieron a partir de ahí, y a lo largo del siglo XVII, en 559 Marc Fumaroli, L’ agê de…, pp. 257 y ss. 331 verdaderos especialistas de lo que hoy llamaríamos textos escolares. El plan que seguían normalmente estos manuales consistía básicamente en una introducción sobre el orador, la retórica y la teoría de la imitación, y a continuación venían las cuatro partes tradicionales en su orden habitual: la invención, la disposición, la elocución y la pronunciación –voz, gesto y memoria –. En este sentido, el manual más conocido fue el De arte rhetorica del jesuita español Cipriano Soárez, publicado en el año de 1562, y en el cual se hallan contenidos los planteamientos más importantes de Cicerón, Quintiliano y Aristóteles. Este compendio, de larguísima vigencia, usado en algunos casos hasta el siglo XVIII, es el ejemplo típico de los manuales pedagógicos. El texto de Soárez representa este tipo de compendio, de un nivel teorético y verbal elemental, lo cual se hace patente en las numerosas tablas y los textos abreviados, que con el auxilio de paréntesis y esquemas trataban de aproximarse a la educación antigua. Estas tablas se entregaban frecuentemente como auxiliares didácticos junto con unos ejemplos de compendios retóricos, que ilustraban y guiaban el aprendizaje. En estas antologías impresas se mezclaban los más variados fragmentos de obras de autores clásicos, de humanistas renacentistas, así como de autoridades cristianas, entre los que se pueden citar a Cicerón, Aristóteles y Quintiliano, a Homero, Píndaro, Demóstenes, Tucídides, Jenofonte, Sófocles, Virgilio, Ovidio, César, Terencio, Salustio, San Gregorio Nacianceno, Cayo Veitio Juvenco, Celio Sedulio, Erasmo, Nebrija, Valla, Vives y Scalígero, entre otros. No obstante el resurgimiento de la retórica en las aulas de los jesuitas, en este espacio no pasó de tener una dimensión didáctica que permaneció encerrada en los manuales y compendios escolares, y que a la larga más que favorecer, volvieron esta retórica obsoleta y absurda para las nuevas necesidades de la cultura del impreso. Pero antes de extinguirse, en el seno de la propia Compañía de Jesús, se desarrolló este arte del bien decir de modos menos ortodoxos que los primeros años escolares, desarrollándose la "imitación adulta", piedra de toque de las piezas de los rétores ignacianos. 332 Según nos explica Marc Fumaroli, el humanista flamenco Lipsius, contemporáneo de los primeros jesuitas, e influyente figura en algún momento de entre los estudiosos de la orden, distinguía tres etapas en la educación de su "orador-poetaescritor": la primera, basada en la imitación escolar de Cicerón y los ciceronianos humanistas, que debía dar al estilo escrito una corrección y una claridad elementales. La segunda, habría de imitar con más libertad, a partir de esta sólida base, a los autores menos académicos. La tercera, que Lipsius calificaba de adulta, abría el ingenium erudito a “toda la gama de la literatura antigua". Así, concluye, "...esa libertad de la invención es todo lo contrario del espontaneísmo."5 6 0 Esta descripción es un buen símil de la educación retórica que los jesuitas llevaban a cabo: la primera coincide con la que se desarrollaba en las aulas de los colegios en los primeros niveles. La segunda correspondía a la formación complementaria y práctica que acompañaba a la primera. De hecho estos rétores se preocupaban principalmente por la elocución y el movimiento de la composición, cuidando especialmente el aptum, según el espíritu del auditorio: si se persuadía respecto a los lugares comunes que se querían mostrar; si se sabían entremezclar las figuras de palabra con las de pensamiento, etc. Tales propósitos, los métodos jesuitas de enseñanza de la retórica se c oncentraron más sobre la práctica y los ejercicios que en los preceptos mismos. Los usos implicaban el ejercicio en tres niveles, en el primero llamado prelección, el profesor hablaba sobre la vida misma de los autores, sobre pasajes extraídos de sus obras y sobre las reglas del arte, en el segundo nivel los alumnos debían elaborar una composición imitando estos ejemplos y, por último, se efectuaban concertaciones entre los estudiantes con el fin de averiguar sí se había llegado a dominar el punto. En este tenor, el método se complementaba con la organización frecuente de actos públicos, como representaciones teatrales, desfiles, disputas y certámenes literarios en los que se podían apreciar y medir la capacidad de los profesores y alumnos para entusiasmar y conmover al público con sus oraciones, conferencias y recitaciones latinas. Barbara Bauer comenta que realmente la fuerza pedagógica de la Compañía estaba fuera de los salones de clase, y los cambios 560 Marc Fumaroli, L’ agê de…, pp. 257 y ss. 333 en el uso e importancia de la retórica se aprecian más en las piezas que se pronunciaban en algún salón de congregaciones, en las ceremonias públicas oficiales o en los certámenes poéticos, o en las obras de teatro con las que practicaban los avances del arte del bien decir, que tenían un impacto creciente entre el auditorio cortesano. En las ediciones críticas de los dramas se hacían alusiones, tanto a las reglas modernas de la imitatio, como a la retórica escolar, ambas habían de servir para aclarar la práctica en escena. Pero la verdadera prueba del manejo del arte, de la "imitación adulta", se daba en el púlpito, en la oratoria sacra, así como en los diversos géneros de textos y manuales que produjeron los jesuitas, tanto para el clero, en forma de enseñanza de la retórica para situaciones particulareslos ejercicios de meditación por ejemplo-, como para la sociedad laica, los que constituyen los manuales de retórica en su acepción de prudencia. Así, en una primera etapa –aproximadamente de 1600 a 1660– la enseñanza de la retórica en los colegios de la Compañía guardó una mayor fidelidad a los planteamientos de la Ratio Studiorum; ésta se caracterizó por el amplio uso del latín y de un estilo ciceroniano muy sostenido y ordenado. En un segundo período, que abarcó más o menos las últimas cuatro décadas del XVII, se dio una “crisis" de la retórica tradicional, en la que el orden habitual de las partes de la misma dentro de los manuales –la invención, la disposición y la elocución– se invirtió por el de la elocución, la invención y la disposición. Estos cambios se vieron reflejados en el texto Novus candidatus rhetoricae del jesuita Francisco Pomey, el cual empezó, en ciertas partes, a relevar, a partir de 1659, al manual de Cipriano Soárez. Durante esta fase se efectuaron polémicas entre los que estaban a favor de la oratoria ciceroniana, y aquéllos que la consideraban ya obsoleta, sugiriéndose el empleo de una retórica de las pasiones, en la que la novedad y el ingenio debían estar presentes. Ello se aunó al aumentó de la importancia en el uso de las lenguas vernáculas, y la consiguiente decadencia del latín, así como el surgimiento de los progymnasmata o géneros menores. La retórica, como arte del buen decir, se adelgazó hasta quedar en casi pura elocución. 334 En el siguiente apartado hacemos un breve análisis de la enseñanza de la retórica en los colegios jesuitas de la Nueva España, tema prácticamente intocado, salvo por algunos encomiables trabajos que han desarrollado unos cuantos investigadores en forma aislada e intermitente. No obstante, se pueden filiar las mismas tendencias que para los casos europeos durante el siglo XVII, en tanto que en el siglo XVIII, mientras en Nueva España se siguió cultivando el asianismo, en Europa, en general, surgió una retórica de corte aticista, más acorde con el pensamiento ilustrado. 5. El caso de la Nueva España (1575-1767) El día 28 de septiembre de 1572 arribaron a la ciudad de México Pedro Sánchez y catorce compañeros más, con el fin de fundar la Provincia de la Compañía de Jesús en la Nueva España. 5 6 1 Los jesuitas recién llegados no fundaron de inmediato colegios, debido a las instrucciones del general de la orden, Francisco de Borja, las que indicaban debían de esperar por lo menos dos años para hacerlo, hasta que estuviesen familiarizados con las condiciones de estas nuevas tierras. No obstante, en vista de la carencia de centros de enseñanza destinados a los jóvenes de origen hispano, tanto en términos de eclesiásticos como de seglares, desde el arzobispo Pedro Moya de Contreras y el virrey Martín Enríquez, hasta los propios miembros de la élite novohispana, suplicaron a la Compañía que se abriesen lo más pronto posible escuelas de aquéllas que tanta fama le habían ganado en Europa. Ante este panorama, el provincial Pedro Sánchez solicitó le enviaran personas de letras con los cuales sustentar los estudios de latinidad en estas tierras, además, consiguió que algunos novohispanos ricos dotaran un colegio, el de San Pedro y San Pablo, y construyeran 561 Por estas fechas ésta tenía una población aproximada de sesenta mil blancos, de los cuales 2 500 eran religiosos y cerca de 4 409, 180 indios todos los cuales se encontraban repartidos en cinco obispados; la ciudad de México, por su parte, albergaba a tres mil vecinos españoles, entre los que se encontraban mineros, encomenderos, mercaderes y oficiales mecánicos, entre otros, y el resto de la sociedad lo constituía un abigarrado conglomerado de indígenas, mestizos, negros y mulatos cit en Ignacio Osorio Romero, Op. Cit, p. 17. 335 convictorios o posadas donde los alumnos se ocupasen sólo de los estudios. Con el tiempo la Compañía de Jesús llegó a tener en toda la Nueva España un total de veintidós colegios, diez seminarios –convictorios o internados– y diecinueve escuelas, aparte de ciento cincuenta y dos cátedras superiores regenteadas por miembros de la misma orden. En la ciudad de México los colegios fundados por los jesuitas fueron los de San Pedro y San Pablo en 1573, en torno al cual se abrieron tres convictorios, –San Bernardo (1574), San Miguel (1574) y San Gregorio (1575) – que posteriormente se fusionaron para dar origen al Real Colegio de San Ildefonso en 1588. El Colegio de San Gregorio se convirtió en escuela para niños indígenas en 1583, y en 1592 estableció la Casa Profesa. Cerca de la capital se encontraban la residencia de San Andrés (1626), que en diversos momentos fue juniorado, procuraduría de misiones y casa de ejercicios, la hacienda de San Borja donde funcionaba el hospicio para los misioneros europeos que pasaban para la Nueva España con destino a Filipinas, y por último, Tepotzotlán, que albergaba al colegio que fue noviciado (1585) y juniorado (a partir de 1636) y el Colegio de San Martín (1580) para niños indígenas. En segundo lugar de importancia seguía la ciudad de Puebla de los Angeles. En ella los jesuitas fundaron cinco colegios: el del Espíritu Santo (1579), dedicado a la enseñanza de la gramática; el convictorio de San Jerónimo (1580); el Colegio de San Ildefonso (1625), especializado en artes y teología; el de San Ignacio (1702), que era el seminario de filosofía de la provincia y el Colegio de San Francisco Javier (1744) para niños indígenas. Además de estas dos ciudades la Compañía había establecido colegios en Pátzcuaro (1574), Oaxaca (1576), Valladolid (1578), Veracruz (1580), Guadalajara, donde se abrieron dos colegios, el de Santo Tomás (1586) para estudiantes gramáticos y el de San Juan Bautista (1696) para teólogos y artistas, Zacatecas (1590), Durango (1593), San Luis de la Paz (1594), Santa María de las Parras (1594), Mérida (1618), San Luis Potosí (1623), Querétaro, en donde contaba con un colegio (1625) y un convictorio (1680) bajo la advocación de San Francisco Javier, Parral (1639), Chiapa o Ciudad Real 336 (1683), Monterrey (1713), Campeche (1716), Chihuahua (1718), Celaya (1720), León (1731) y Guanajuato (1732). 5 6 2 El inicio de la vida académica de los colegios jesuitas de la Nueva España estuvo sembrado de escollos y dificultades, y las clases de retórica no fueron la excepción. Entre los obstáculos principales se encontraban la carencia de profesores y de textos necesarios para satisfacer la gran demanda de alumnos inscritos en las diversas fundaciones del país, el bajo nivel de conocimientos de los estudiantes, las continuas epidemias de matlazáhuatl y las inundaciones, que paralizaban prácticamente la vida de los principales centros urbanos. Poco a poco se hizo frente a estos problemas, y en vísperas de su expulsión, la Compañía de Jesús era la institución educativa más rica y poderosa del gran virreinato. La primera clase de retórica y poética inaugurada dentro de los colegios de la Compañía fue la del italiano Vincencio Lanuchi, quien habiendo llegado a la ciudad de México en el mes de septiembre de 1574 al frente de un contingente de siete profesores, se dio a la tarea de implantar en el Colegio de San Pedro y San Pablo, el sistema educativo parisiense-romano y de organizar los estudios de gramática. El conocimiento profundo que tenía este jesuita italiano de las lenguas latina, griega y hebrea, le valieron su designación por el general de la Compañía, el padre Mercuriano, para dar forma a los estudios de latinidad. El primer problema que tuvo que enfrentar el padre Lanuchi fue el de organizar al gran número de estudiantes externos, que procedentes de todos los puntos del país, demandaban inscripción. Debido al nulo conocimiento que tenían todos estos alumnos del latín fue necesario que, al principio, se abrieran únicamente dos clases de gramática, leídas por los padres Sánchez Baquero y Pedro Mercado. Al respecto afirmaba Sánchez Baquero, “...ni por entonces eran necesarias más; porque había tanta barbarie, que aun a los mas probectos fue necesario volverlos a los principios para fundarlos bien.”5 6 3 Los 562 Ignacio Osorio Romero, Op. Cit., pp. 11-12. Juan Sánchez Baquero, Fundación de la Compañía de Jesús en Nueva España, México, Patria, 1945, p. 73. cit. en Ignacio Osorio Romero, Op. Cit., p. 22 563 337 estudiantes fueron distribuidos en cuatro clases: mínimos, medianos, mayores y prosodia, razón por la cual Lanuchi no enseñó durante este año un curso determinado sino que tuvo que encargarse de los más aventajados para prepararlos para la retórica que leería al año siguiente. El segundo obstáculo que tuvo que enfrentar fue la falta de textos necesarios para los cursos, tal como se desprende de una carta del padre Mercuriano a Pedro Sánchez: “El padre Vincentio me escribe que desearía allá una buena biblioteca de libros de humanidad; y, como esto es necesario, si no la tienen allí, V.R. verá de consolalle, dando orden al P. Esquivel al cual yo he elegido por procurador de Indias, que se los envié cuanto más presto pudiere; y esto dará ánimo y aprovechará para los estudios de latinidad, así como arriba he dicho”5 6 4 . Por su parte, desde aquí empezaron a subsanar este problema, importando e imprimiendo textos originales de varios autores, así como elaborando sus propias antologías. A pesar de todo esto, el problema existía aún en ciertos colegios cerca de la fecha de expulsión de la Compañía, si bien en otros espacios, las bibliotecas jesuitas llegaron a ser muy ricas, póngase de ejemplo la de la Casa Profesa, que para la segunda mitad del siglo XVIII, contaba con aproximadamente 1361 volúmenes y el Colegio de San Pedro y San Pablo, que para entonces contaba con más o menos 8,469. El proceso de institucionalización de la educación superior en los colegios jesuitas en ultramar es una muestra más de la homogeneidad lograda, a pesar de las diferencias y problemas locales, por la Compañía de Jesús, que naciera con este propósito expansivo. Rápidamente podemos observar como los métodos de enseñanza de retórica, intramuros y extramuros de las aulas se fueron instrumentando. Para el año de 1576 la matrícula de alumnos inscritos en el Colegio de San Pedro y San Pablo era copiosa, Francisco de Florencia señala -de manera un tanto exagerada- que eran aproximadamente 660. Los actos 564 Cartas de E. Mercuriano a Pedro Sánchez, Roma, 21 de abril de 1575 y 31 de marzo de 1576. MM., t. I, pp. 161 y 109 cit. en Ignacio Osorio Romero, Op. Cit. p. 21 338 literarios de este año fueron ya numerosos, ligándose sobre todo con las festividades religiosas de la Virgen María. Con este fin se crearon algunas congregaciones –la principal de ellas era la de la Anunciata– las cuales, de acuerdo con el modo del colegio germánico y del seminario romano, cumplían la función de fomentar el estudio entre los pupilos, además de conseguir que la Compañía se hiciese cargo de la impresión de los libros que posteriormente circulaban al interior de todos los colegios jesuitas. Así, para el curso lectivo de 1577 alumnos y profesores pudieron ya disfrutar de dos textos impresos probablemente por Lanuchi, el primero fue el Omnia…emblemata del renacentista italiano Andrés Alciato y, el segundo, P. Ovidii Nasonis tam de tristibus quam de Ponto acompañado de quibusdam carminibus divi Gregorii Nazianzani. La aparición de estos textos refleja el modelo de la Compañía arriba mencionado, respecto a esta retórica cristiana, en la que combinaban autores paganos y cristianos. Sin embargo, como puede observarse en la historia general de la orden, ello generó no pocos enfrentamientos, no sólo entre los miembros más conservadores de la orden, sino en función de los criterios específicos de selección en cada caso concreto. En Nueva España el conflicto se presentó de inmediato, aquí, entre Vincencio Lanuchi y el General, Everardo Mercuriano, ya que el primero pretendía abolir de las aulas la lectura de los poetas paganos por considerarlos peligrosos para la formación de la juventud, limitando la enseñanza del latín a partir de autores cristianos. El padre Mercuriano desaprobando esta decisión, envió una carta donde establecía “...no conviene que se dexen de leer en esas escuelas los libros de gentiles siendo de buenos auctores como se leen en otras partes de la Compañía, y los inconvenientes que Va. Ra. significa los maestros los podrán quitar del todo con el cuidado que ternán en las ocasiones que se les ofreciere”5 6 5 . El incidente ocasionó que Lanuchi regresara a Europa en la primera mitad del año 1579, substituyéndolo el padre Alfonso de Santiago en la clase de retórica. 565 MS. Epistolae PP. Generalium, de Mercurián al P. Vincencio Lenoce, 20 febrero, 1578. F. 21, cit en Xavier Gómez Robledo, Humanismo en México en el siglo XVI. El sistema del Colegio de San Pedro y San Pablo, México, JUS, 1954, p. 51. 339 En el período comprendido entre los años de 1580 y 1584 existen claros indicios de la decadencia que sufrió la enseñanza de la retórica en el Colegio de San Pedro y San Pablo, ello debido tanto a factores de orden interno como externo. En cuanto a lo que atañe a la Compañía, la fundación de colegios en otras partes del país agravó la escasez de profesores, los cuales además preferían dedicarse a la predicación que a la docencia. Entre los motivos externos que ocasionaron este deterioro se encuentran la epidemia de matlazáhuatl, que se inició entre la población indígena de la ciudad en 1575, y que para esta época había alcanzado a varios sacerdotes del colegio. Dentro de esta crisis se ubican diversos comentarios respecto al bajo nivel de la enseñanza del latín. Sirva de ejemplo la carta de Juan de la Plaza al general Acquaviva fechada el 20 de octubre de 1583, en la que, amén de traslucirse el avance ya irreversible de las lenguas vernáculas sobre el latín, cada vez más visible en las representaciones públicas que llevaban a cabo los jesuitas, denuncia: “Cuando a mí me las muestran, muéstranme la mitad de latín y la mitad de romance, y aún más; y después, al tiempo de representar, añaden casi otro tanto romance, sin avisarme a mí, pareciendo que han cumplido con lo que primero me mostraron, diciendo que no quedan sino unos entremeses que aún no están dispuestos” 5 6 6 ; sin embargo, él considera que el principal motivo para este descenso en el nivel de estudios se debía a la ausencia de profesores: “de lectores de gramática y retórica hay mucha falta en esta provincia y ésta es la principal causa de la remisión de los estudios, por no haber maestros suficientes”5 6 7 . En vista de lo anterior, el padre Aquaviva decidió enviar como provincial a Antonio de Mendoza con un grupo de veintitres jesuitas más, con la finalidad de reformar los estudios. Así arribó Bernardino de Llanos, quien después de Lanuchi fue gran organizador de los estudios de latinidad novohispanos. Con el arribo de este contingente, y en especial del padre de Llanos, se puede considerar formal y definitivamente instaurado el programa educativo jesuita. En cuanto a la Ratio Studiorum de 1599 ésta fue aplicada en los colegios de la Nueva España 566 Monumenta Mexicana, t.II, p.173, cit, en Ignacio Osorio Romero, Op. Cit., p. 46. 567 Monumenta Mexicana, t. III, p. 176, cit, en Ignacio Osorio Romero, Op. Cit., p. 46. 340 durante los primeros cinco años del siglo XVII, con lo cual, por lo menos en el papel, se definieron tanto los objetivos generales como particula res de los estudios de humanidades y de cada uno de los cursos en particular. Aquí cabe resaltar el papel central que jugó la impresión de las obras de Bernardino de Llanos, las cuales fueron consideradas como los “libros de texto” por excelencia, y en las que se ponían en práctica los lineamientos de la Ratio Studiorum definitiva. El año lectivo de 1584-85 se inició en un clima de reestructuración académica implantado por el nuevo provincial y los jesuitas recién llegados de Europa, los cuales intentaron uniformar los estudios, principalmente de gramática, siguiendo el texto del padre Manuel Alvarez, y vigilar que los alumnos cumplieran con las horas señaladas para estudiar. El padre de Llanos se dedicó de inmediato, como era común en esa época, a la enseñanza conjunta de la gramática y la retórica; ocupación que mantuvo durante más de cuarenta años, -desde 1584 hasta principios de los años treinta del siglo XVII-. Entre sus alumnos no se encontraban únicamente españoles, sino que aprendió náhuatl para impartir clases también a los indígenas. El método didáctico empleado por este jesuita consistía en supervisar a los alumnos en continuas visitas a los salones de clase y a los patios, además de hacer componer a los alumnos más aventajados poesías, epigramas, elegías y panegíricos en alabanza de la Virgen, principalmente en los días festivos. La segunda herramienta fue la edición de textos preparados por él mismo para facilitar la docencia de la gramática y la retórica. Entre las obras didácticas que él preparó pueden ser citadas: el Solutae orationis fragmenta, impresa por primera vez en 1604; Illustrium autorum collectanea, cuya primera edición es también de 1604; Poeticarum institutionum liber de 1605; Advertencias para mayor noticia de la gramática y reducir el uso y ejercicio los preceptos della de 1615. Originalmente todas estas obras aparecieron como anónimas, bajo el amparo de la Congregación de la Anunciata, ya que en palabras de Pérez de Rivas, “sólo amaba el ser desconocido y en nada reputado y toda su pretensión fue ser conocido y agradable 341 a los ojos de Dios nuestro señor”5 6 8 . El contenido de estos manuales impresos por Llanos nos ofrece una idea bastante aproximada de cuáles eran las tendencias en la enseñanza de la retórica dentro de los colegios jesuitas, así como los principales autores estudiados. Por lo que respecta al Illustrium autorum collectanea, éste contiene una antología de textos de retórica, principalmente seleccionados de entre autores del humanismo hispano-lusitano, aparecen Bartolomé Bravo, Cipriano Soárez y Pedro Juan Nuñez, junto con otros europeos como Francisco Silvio y Paulo Manucio. Fue reimpresa en 1620. El texto Solutae orationis fragmenta, dirigido a los estudiantes de retórica y a los que cursaban los tres primeros años de gramática, es una selección de obras de Cicerón, César, Salustio, Curcio, Valerio Máximo, Esopo en la traducción de Valla, y Tito Livio. Este segundo texto se reimprimió varias veces: en 1613, 1632 y 1641. El tercer libro, dirigido a los alumnos de poética, con el nombre de Poeticarum institutionum liber, variis ethnicorum, christianorumque exemplis illustratus está estructurado en tres partes; en la primera se aborda la definición del hecho poético y los recursos necesarios para quien lo practica, se presenta una detallada teoría de los géneros apoyada en los textos clásicos de la Eneida y las Eglogas de Virgilio, así como en Catulo, Claudiano, Silio Italico, las Metamorfosis, Amores, Tristes, Ponto y Heroidas de Ovidio, en Séneca y Terencio, así como en las Odas y Sátiras de Horacio, en Tíbulo, Propercio y Marcial. La segunda sección denominada Christiana Poesis, contiene una antología de los poetas cristianos contemporáneos, y la tercera ofrece una muestra de los poemas que alumnos del padre de Llanos escribían como ejercicios escolares, entre los que se encuentran emblemas, palindromas y paramofrones. Finalmente compuso la Advertencia para mayor noticia de la gramática, como una manera de reafirmar los conceptos aprendidos en los cursos inferiores. La década de los noventa dentro del Colegio de San Pedro y San Pablo se inició con un aumento apreciable del nivel 568 A. Pérez de Rivas, Crónica e historia religiosa de la Provincia de Jesús de México en Nueva España, México, Imprenta del Sagrado Corazón de Jesús, 1896, T. II, pp. 141-149, cit. en Ignacio Osorio Romero, Op. Cit., p. 57. 342 académico debido a la aplicación de la Ratio Studiorum de 1586, cuya vigencia quedó demostrada en la que algunos llaman la Ratio intermedio, promulgada en 1591. Las ordenaciones que en 1592 recibió, por ejemplo, el visitador Avellaneda hacían hincapié en la observación de la Ratio de 1591: que los estudiantes de poética y retórica hablaran siempre en latín, y que los principiantes imitaran las selectas de Cicerón. Los resultados positivos de estas medidas son apreciadas en el Annua del 31 de marzo de 1593: “hase puesto en ejecución el Nuevo Orden de estudios que poco ha nos fue enviado, con mucho gusto y aplicación de los nuestros. Y va mostrando la experiencia haber de ser muy crecido el aprovechamiento de los estudiantes” 5 6 9 . La creciente fama del Colegio de San Pedro y San Pablo le atrajo el que ingresaran no sólo estudiantes de la ciudad de México, sino también de provincia; el mismo virrey Velasco hizo que sus tres hijos vistieran la beca de los convictores, y los maestros, no perdieron la oportunidad de mostrarle los adelantos logrados por la institución, y de que estos mismos declamaran poemas alusivos a la visita de su padre. Así, este colegio se convirtió en la muestra y termómetro de los cambios y nivel escolar de sus homólogos en los siglos XVII y XVIII. Por lo que respecta a las clases de gramática y retórica, siguieron estando bajo la dirección de Bernardino de Llanos hasta el año de 1630, cuando fue substituido por Tomás González, el cual en su también largo magisterio de más de treinta años, publicó antologías y obras teóricas para impartir sus cátedras. Para la poética reorganizó el Poeticarum institutionum liber del padre de Llanos y lo volvió a publicar con el título de Florilegium ex amoenissimis tam veterum quam recentiorum poetarum en el año de 1636; elaboró una antología con su propios epigramas a los que tituló Epigrammata aliqua, que fue impresa en 1634; publicó obras teóricas como la Explicación de las sílabas sobre el libro quinto de Antonio de Nebrija, la cual tuvo tres ediciones en 1640, 1646 y 1652; el Cataloqus aliquarum syllabarum difficilium colocado como apéndice a la edición de 1641 de Solutae Orationis fragmenta; y preparó la edición novohispana, 569 Monumenta Mexicana, t. V, p. 57, cit. en Ignacio Osorio Romero, Colegios y profesores jesuitas..., p. 59. 343 elaborada en 1641, de los dos tomos del Thesaurus poetarum del jesuita español Pedro de Salas. Para los cursos de retórica reimprimió con algunas variantes los Solutae orationis fragmenta de Bernardino de Llanos en 1632 y 1641; escribió un tratado De arte rhetorica libri tres, cuya primera edición surgida en 1646 se reeditó en 1652, 1683 y 1714. Finalmente, redactó una Summa totius rhetoricae impresa en 1646 y vuelta a editar en 1653. Tomás González abandonó en 1649 la docencia pero sus obras siguieron reimprimiéndose. Otro célebre profesor de retórica y gramática fue Baltazar López llamado por sus contemporáneos “el Cicerón de nuestra Provincia”, contemporáneo de Tomás González que, en 1632 editó un tratado de retórica titulado: Quinque libri rhetoricae. También fue el autor de un libro que nunca llegó a imprimirse, con el título de In totius rhetoricae libros. Baltazar López manifestó un amplio interés por la eloqutio -signo de que en la Nueva España los jesuitas se adherían a la transformación barroca de la retórica-, lo cual se manifiesta al dedicarle en este último libro un tanto igual (50 hojas) al que le asigna, en conjunto, a la inventio y a la dispositio. En este manuscrito retomó la idea de Cipriano Soárez de que el pilar de la retórica debe ser Aristóteles, al lado del cual debe ir Quintiliano, porque supo organizar su enseñanza y Cicerón, ya que de él se aprende no sólo la teoría sino la mejor práctica. Después de estos tres grandes profesores de gramática y retórica en el Colegio de San Pedro y San Pablo hubo otros de escasa importancia, quienes no produjeron obras propias sino que prefirieron reeditar algunos manuales europeos como el Novus candidatus rhetoricae de Francisco Pomey (ediciones en 1711, 1715, 1726 y dos sin año de impresión) o la antología Illustrium autorum Flores (1712) que compila oraciones de Cicerón (las Filípicas I, IV, VI y IX) y de jesuitas de la época, como Horacio Quaranda, Famien Strada, Vicente Guignini, Nicolás Avancino y el novohispano Baltazar López. Durante el siglo XVIII, se produjo una eclosión de la literatura neolatina, denotándose con ello un renacimiento extemporáneo en este lado del Atlántico de la primera fase de la Ratio. 344 Observando el camino que siguiera la enseñanza de la retórica en los colegios de la Compañía de Jesús, puede observarse el declive de la construcción retórica de la realidad, para dar paso a la modernidad en el centro de la cultura occidental, en tanto que en los espacios de ultramar pervive aquélla y se mezcla de modos complejos con ésta. 345 UNE NOUVELLE VENUE À L’UNIVERSITÉ : LA CASUISTIQUE Pierre Hurtubise Université Saint-Paul Ottawa, Canada Vers la fin du XVIe siècle apparaît une nouvelle discipline faite d’emprunts à la théologie, au droit canonique et à la philosophie, discipline qui prend le nom de «théologie morale»5 7 0 , mais qui est de fait plutôt une science pratique de type jurisprudentiel où la théologie occupe en réalité assez peu de place5 7 1 . Comment expliquer la naissance de cette nouvelle discipline et comment expliquer surtout son entrée à l’université ? 1. Un monde changé et changeant On ne saurait le faire sans rappeler tout d’abord les mutations profondes que connaît la société européenne au XVIe siècle et, cela, dans les domaines aussi bien politique et économique que socioculturel et religieux. Émergence des premiers grands États modernes nés de l’expansionnisme intra, mais surtout extra-européen et caractérisés de plus en plus par des modes d’opérer bureaucratiques, centralisateurs, voire interventionnistes. Constitution parallèle d’une vaste économie de marché ouverte sur un monde dépassant de loin les frontières européennes et dominée par un capitalisme commercial et finan570 J. M. Aubert, «Morale», dans Catholicisme, IX, col.723-724. Voir aussi, M.Y. Congar, «Théologie», dans Dictionnaire de théologie catholique (=DTC), XV, col. 424-426, puis surtout J. Theiner, Die Entwicklung der Moraltheologie zur eigenständigen Disziplin, Regensburg, 1990, pp. 57-449. 571 Sur les liens étroits entre casuistique et droit canonique, voir l’article très éclairant de P. Legendre, «L’inscription du droit canon dans la théologie : remarques sur la seconde scolastique», dans S. Kuttner, K. Pennington, éd., Proceedings of the Fifth International Congress of Medieval Canon Law, Cité du Vatican, 1980, pp. 443-454. De même M. Turrini, La coscienza e le leggi. Morale e diritto nei testi per la confessione della prima Età moderna, Bologne, 1991, pp. 24-30, 176-188, 248-288 et J. Klein, Kanonistiche und Moraltheologische Normierung in der Katolischen Theologie, Tubingen, 1949, pp. 55-59. cier annonçant déjà le capitalisme du XIX e siècle 5 7 2 . Irruption surtout de ferveurs et d’idées nouvelles dues, les unes, aux grandes découvertes de la fin du XVe et du début du XVIe siècle, les autres, à la force de persuasion des chefs de file de la Réforme et de la Renaissance, ferveurs et idées qui entraînent une dilatation des frontières géographiques et idéologiques existantes, mais aussi, comme jamais auparavant, la mise en valeur de l’individu et, partant, de la subjectivité5 7 3 . Autre facteur qui n’est d’ailleurs pas sans lien avec le précédent : les efforts déployés par la seconde scolastique pour adapter l’œuvre des grands théologiens médiévaux, en particulier celle d’un Thomas d’Aquin ou encore d’un Duns Scot, aux besoins et aux attentes d’une société et d’une Église de plus en plus étrangères aux préoccupations et questionnements des maîtres de la première scolastique. Les commentateurs d’un saint Thomas ou d’un Duns Scot lisent ces derniers, souvent sans trop s’en rendre compte, à travers des filtres qui ne leur facilitent en rien la compréhension et l’interprétation des textes des maîtres en question. A quoi il faut ajouter qu’ils le font presque tous en fonction des particularités et des urgences de leur temps 5 7 4 . Disciple d’un Pierre Crockaert, premier commentateur de la Somme à l’Université de Paris, Francisco Vitoria réservera dix de ses quatorze années d’enseignement à Salamanque au 572 A ce sujet, voir entre autres J. Delumeau, La civilisation de la Renaissance, Paris, 1967, pp. 32-53, 249-282 et P. Chaunu, La civilisation de l’Europe classique, Paris, 1970, pp. 31-68, 111-164, 371-394. 573 Encore ici, voir J. Delumeau, op. cit., pp. 55-94, 139-170, 375-402 et P. Chaunu, op. cit., pp. 396-528. Sur la montée de l’individualisme, voir en plus E. GARIN, La cultura del Rinascimento , Rome, 1971, pp. 127-141 et surtout P.O. Kristeller, «Humanism and Moral Philosophy», dans Renaissance Humanism. Foundation, Forms and Legacy, III, Philadelphie, 1988, pp. 271-309. 574 L. Vereecke, «Les courants variés des XIV e-XVI e siècles et les Jésuites de la Contre-Réforme», dans B. Häring, La loi du Christ, 4e éd., 1960, I, pp. 129-37. J. M. Aubert, «Morale», dans Catholicisme, IX, col. 721-722. Pour une étude comparative de l’approche de Thomas d’Aquin et de celle de la seconde scolastique dans le domaine moral, voir S. Pinckaers, «Renseignements techniques» dans Somme théologique. Les actes humains, II, Paris-TournaiRome, 1966, pp. 215-276. 347 commentaire de la Secunda Pars et plus particulièrement de la Secunda Secundae, partie de la Somme qui lui paraissait la mieux à même de fonder une morale adaptée aux besoins de son temps. C’était oublier que la morale de Thomas d’Aquin débordait et de loin les limites de la Secunda Pars, mais marqué par le nominalisme auquel, comme beaucoup d’autres à l’époque, il avait été exposé, il n’était sans doute plus capable de percevoir l’unité architectonique de l’œuvre de saint Thomas. Les nombreux traités qu’à la façon d’Ockham au XIV e siècle il consacrera à l’étude des problèmes politiques et économiques de son temps s’appuient sur une lecture partielle et, par certains côtés, partiale de l’œuvre de Thomas d’Aquin, la morale de ce dernier y étant réduite à sa plus simple expression5 7 5 . Comment après cela s’étonner du fait qu’à la fin du XVIe siècle apparaisse une discipline osant encore s’appeler «morale» ou «théologie morale», mais n’ayant qu’assez peu à voir avec ce qu’on avait mis jusque-là sous l’un ou l’autre de ces vocables. Mais le facteur à lui seul peut-être le plus déterminant fut la décision du concile de Trente d’accorder une importance particulière au sacrement de pénitence comme moyen de régénération morale et spirituelle. D’où les efforts déployés en ce sens par les ouvriers de la réforme post-tridentine, Charles Borromée en tête, à la fin du XVIe et tout au long du XVIIe siècle. Le concile demandait en particulie r que les futurs prêtres soient adéquatement préparés à exercer le ministère de la confession 5 7 6 . A noter toutefois que ce qu’exigeait le concile à ce chapitre se limitait à assez peu de choses, soit quelques notions pratiques concernant l’administration des sacrements, puis surtout une initiation aux «cas de conscience». Dans le règlement qu’il donnera aux séminaires de son diocèse, Charles Borromée prescrira deux années de théologie au cours desquelles devaient être expliquées les principales parties du Catéchisme du concile, proposés des exercices relatifs à 575 L. Vereecke, art. cit., pp. 37-38. Sur Vitoria, voir entre autres T. Urdanoz, Estudios etico-jurídicos en torno a Vitoria, Salamanque, 1947. 576 C.J. Hefele, A. Michel, Histoire des conciles, X, Paris, 1938, pp. 502. A. Degert, Histoire des séminaires français jusqu’à la Révolution, II, Paris, 1912, p.168. 348 l’administration des sacrements, puis, chaque jour, étudiés un certain nombre de «cas de conscience»5 7 7 . Ce modèle, mutatis mutandis, sera repris ailleurs, mais assez souvent sur un mode encore plus réduit, le temps passé au séminaire, du moins jusqu’au début du XVIIIe siècle, se limitant pour la plupart des futurs prêtres à une seule année, voire même quelques mois 5 7 8 . 2. L’apport jésuite Mais les prescriptions du concile en la matière n’auraient sans doute pas donné naissance au type d’enseignement de la morale qui rapidement s’imposera un peu partout aux XVIIe et XVIIIe siècles sans l’apport des jésuites, ouvriers par excellence de la réforme post-tridentine, mais surtout pédagogues hors pair et casuistes réputés. Leur fondateur, Ignace de Loyola, attachait une grande importance à la confession et en avait fait un des ministères-clés de la Compagnie. D’où son insistance sur la formation à donner aux futurs profès et coadjuteurs spirituels jésuites en vue de leur permettre d’exercer avec toute la compétence et tout le discernement voulus ce difficile ministère. Ce qui avait conduit très tôt à l’institution de conférences de «cas» destinées aux prêtres et futurs prêtres de la Compagnie, plus tard à la mise sur pied de programmes d’enseignement théologique pensés surtout en fonction des coadjuteurs spirituels et, pour cette raison, réduits à deux années 5 7 9 . En effet, les coadjuteurs spirituels créés à l’origine pour pallier à un manque criant de sujets capables de remplir les fonctions de confesseurs et de professeurs d’humanités dans les collèges ne recevaient qu’une formation de base en théologie alors que les profès destinés à de plus hautes et plus exigeantes fonctions bénéficiaient de quatre, voire même dans certains cas, six années de théologie. Le cours long (cursus maior) réservé à 577 Ibid., pp. 168-169. . Ibid., pp. 170-175. 579 J. De Blic, «Jésuites. Théologie morale», dans DTC, VIII, col. 1069-1071. G. Angelozzi, «L’insegnamento dei casi de coscienza nella pratica educativa della Compagnia di Gesù», dans P. Brizzi, éd., La Ratio Studiorum. Modelli culturali e pratiche educative dei Gesuiti in Italia tra Cinque e Seicento, Roma, 1981, pp. 121-124, J. O’Malley, The First Jesuits , Cambridge-Londres, 1995, pp. 136-152. 578 349 ces derniers accordait beaucoup plus de place à la théologie, en particulier à la théologie dogmatique ou «scolastique» - d’où le nom de «théologiens» (theologi) donné à cette catégorie d’étudiants - alors que le cours abrégé (cursus minor) destiné aux coadjuteurs spirituels s’en tenait en gros à ce que le concile de Trente avait exigé en la matière, soit des connaissances de base en théologie sacramentaire et en théologie morale sous forme surtout de cours ou d’exercices leur apprenant à résoudre les «cas de conscience» - d’où le nom de «casuistes» (casisti) dont ils seront assez tôt affublés. Cette distinction sera pendant un certain nombre d’années assez mal reçue dans la Compagnie - la Ratio Studiorum de 1586 cherchera même à la faire disparaître en préconisant le retour à une formation unique tout à la fois spéculative et pratique -, mais le général Acquaviva, en poste depuis 1581, tenait à cette distinction et l’imposera partout, de sorte que dans la version finale de la Ratio promulguée en 1599 cette même distinction deviendra normative pour l’ensemble de la Compagnie 5 8 0 . Il faut dire que le nombre de coadjuteurs spirituels n’avait cessé de croître depuis leur institution au temps de saint Ignace. A peine 8% des effectifs de la Compagnie à la mort de ce dernier, on avait vu leur nombre par la suite s’accroître rapidement jusqu’à atteindre 25% de ces mêmes effectifs au temps du général Borgia et 47% sous Acquaviva. Sans compter que la Société, assiégée de demandes de toutes sortes, avait à l’époque un besoin pressant de sujets en mesure d’aller au plus tôt seconder les efforts de confrères trop peu nombreux et suffisant à peine à la tâche. Le cursus minor était donc une nécessité à l’interne, mais il permettait en même temps de répondre adéquatement aux prescriptions du concile de Trente en matière de formation sacerdotale, considération de poids aux yeux des jésuites qui, comme leur fondateur, tenaient à se 580 G. Angelozzi, art. cit., pp. 127-128, 133-156. D. Julia, «L’élaboration de la Ratio Studiorum, 1548-1599», dans A. Demoustier et al., Ratio Studiorum. Plan raisonné et institutions des études dans la Compagnie de Jésus, Paris, 1997, pp. 45-54. 350 montrer en ce domaine comme en tant d’autres «fils obéissants» de l’Église 5 8 1 . Mais si cette formule était la bonne pour les coadjuteurs spirituels de la Compagnie, combien plus pouvait-on penser qu’elle le serait pour les externes qu’en nombre grandissant les jésuites préparaient au sacerdoce dans leurs collèges, séminaires ou universités. Reprenant une suggestion faite dès 1563 par le P. Polanco, ancien secrétaire d’Ignace de Loyola, le P. Acquaviva ordonnera en 1580, alors qu’il était provincial d’Italie, d’adopter le cursus minor dans tous les séminaires de la Société à Rome, décision qu’il maintiendra, une fois devenu général l’année suivante, contre les objections de certains professeurs du Collegio romano qui ne pouvaient se résigner à ce que le Séminaire de Rome en soit réduit à n’être plus qu’un séminaire de «casuistes» (casisti). Fortes de cet exemple, de plus en plus d’institutions jésuites finiront par emboîter le pas, de sorte que, consacré par la Ratio Studiorum de 1599, le cursus minor sera au début du XVIIe siècle partout présent dans les maisons d’enseignement jésuites comportant des classes supérieures 5 8 2 . Mais ces mêmes maisons - il importe de le souligner avaient un important rayonnement extérieur qui les amènera assez rapidement à ouvrir aux clergés des villes où elles étaient implantées les conférences de «cas» au départ réservées à leurs seuls membres. Des premières expériences en ce sens seront tentées à Messine dès 1548, à Lisbonne dès 1553, à Rome dix années plus tard. Elles connurent un tel succès qu’éventuellement tous les collèges de la Compagnie se feront un point d’honneur d’offrir de telles conférences relevant de ce que nous appellerions aujourd’hui l’éducation permanente aux prêtres avec lesquels ils étaient en contact, prêtres qui, pour la plupart, restaient encore à l’époque fort mal préparés à exercer le 581 582 G. Angelozzi, art. cit., pp. 128-129, 132. Ibid., pp. 125-126, 129-131, 146-154. 351 ministère de la confession, du moins tel que défini par le concile de Trente5 8 3 . Que les jésuites se soient à ce point investis dans ce type de formation et avec autant de succès tenait nul doute au fait qu’ils étaient eux- mêmes devenus avec le temps, encouragés en cela par leur fondateur, de grands spécialistes en matière de cas de conscience et, cela, grâce à une solide initiation en ce domaine durant leurs années d’études 5 8 4 , grâce également aux conférences hebdomadaires de «cas» qui se tenaient dans chacune de leurs maisons et grâce enfin à l’obligation faite à chaque confesseur jésuite de consacrer au moins une heure par jour à l’étude de «cas de conscience»5 8 5 . L’expérience acquise sur le terrain y était sans doute aussi pour quelque chose. Ignace de Loyola et ses successeurs, ne l’oublions pas, avaient fait le choix, pour des raisons aussi bien idéologiques que stratégiques, de s’intéresser en priorité aux élites politiques, socio-économiques et intellectuelles de leur temps5 8 6 . Or ces élites étaient particu-lièrement touchées par les mutations auxquelles nous faisions allusion plus haut et les jésuites, comme éducateurs, mais aussi comme directeurs de conscience et confesseurs, avaient à cœur d’aider ces élites à se pourvoir de réponses éthiquement acceptables aux défis nouveaux posés par les mutations en question. Il suffit de lire les nombreux traités portant sur la morale des affaires produits par des jésuites au XVIIe siècle pour s’en rendre compte5 8 7 . 583 J. De Blic, «Jésuites. Théologie morale», dans DTC, VIII, col. 1070-1072, E. Moore, «Casos de Conciencia», dans Diccionario Histórico de la Compañía de Jesús, I, Rome-Madrid, 2001, pp. 691-693. 584 En plus de la formation reçue en casuistique comme telle, il ne faut pas oublier que durant leurs années de philosophie ils avaient suivi des cours d’éthique sous forme de commentaires de l’Éthique à Nicomaque d’Aristote. Cf. A. Demoustier et al., Ratio Studiorum..., p. 131. 585 J. O’Malley, op. cit., p. 147. 586 A ce sujet, voir la magistrale étude de D. Bertrand, La politique de Saint Ignace de Loyola, Paris, 1985. 587 Qu’il suffise de mentionner ici les traités sur le sujet d’un Lessius, d’un Juan de Lugo, d’un Théophile Raynaud, d’un Peter Wadding. A leur sujet, voir C. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, Bruxelles-Paris, 18901932, IV, col.1726-1754; V, col. 176-180; VI, col. 1536-1537; VIII, col. 928931. 352 3. Les jésuites et les autres Les jésuites n’étaient évidemment pas les seuls à s’intéresser aux cas de conscience à l’époque. Les ordres mendiants, franciscains et dominicains en tête, avaient une longue expérience en ce domaine. Après tout, c’étaient eux qui avaient produit la plupart des Sommes et Manuels de confesseurs parus entre le XIIIe et le XVIe siècle 5 8 8 ; c’est à eux que l’on devait l’initiative des premières conférences de «cas» qui avaient longtemps servi à préparer leurs étudiants au métier de confesseur5 8 9 et c’étaient également eux qui, dans la seconde moitié du XVIe siècle, étaient les auteurs les plus connus et les plus prolixes d’ouvrages consacrés à l’étude des «cas»5 9 0 . Mais les jésuites, de fondation récente et donc exempts de toute attache à un prestigieux passé intellectuel ou institutionnel, avaient sur eux l’avantage de pouvoir jeter un regard neuf sur tout le domaine de la théologie morale, en particulier sur les problèmes éthiques, dont certains inédits, auxquels avaient à faire face la société et l’Église du temps, puis, surtout, de se sentir parfaitement libres de pousser jusqu’au bout la logique du divorce entre théologie dogmatique et théologie morale amorcée par la seconde scolastique. Aussi n’est-on pas surpris de les voir s’imposer à la fin du XVIe siècle aussi bien comme théoriciens que comme praticiens de l’art de résoudre les cas de conscience et de voir, à partir du siècle suivant, leurs programmes de formation en la matière servir de modèles un peu partout dans les diocèses, voire les ordres religieux. Quelques chiffres suffisent à montrer jusqu’à quel point ils étaient, et de loin, les chefs de file sinon les maîtres incontestés 588 P. Michaud-Quantin, Sommes de casuistique et manuels de confessions au Moyen Âge, Louvain, 1962. Des 53 auteurs recensés, 43 (81%) sont des religieux, dans leur très grande majorité appartenant aux ordres mendiants . 589 Cette pratique viendrait des dominicains et ferait suite à une décision du chapitre général de Valence de 1259. Cf. E. Moore, «Casos de Conciencia», p.691. 590 Sur un total de 84 auteurs d’ouvrages de casuistique que nous avons pu identifier pour la période 1550-1600, plus de la moitié appartiennent aux principaux ordres mendiants. Les jésuites ne représentent que 13% des auteurs en question. 353 en la matière. En effet, sur plus de 800 auteurs connus ayant produit entre 1550 et 1799 près de 1300 ouvrages de casuistique, ils comptent pour 25% des auteurs et quelque 28% des ouvrages en question 5 9 1 . Mieux : sur les 514 de ces auteurs ayant par ailleurs exercé des fonctions d’enseignement, 186 sont jésuites, soit 38% des auteurs en question, leurs plus proches rivaux étant, d’une part, les franciscains, de l’autre, les dominicains avec 14 et 13% respectivement 5 9 2 . Et que dire du nombre considérable d’institutions - près d’une centaine au début du XVIIe siècle, peut-être trois fois ce nomb re au début du siècle suivant 5 9 3 - où ils offraient des cours de «théologie morale» et d’où sortiront au fil des ans nombre de casuistes aussi bien jésuites que non jésuites formés à l’approche et à la méthode de la Compagnie et appelés, comme professeurs, auteurs ou tout simplement confesseurs, à faire connaître et apprécier cette approche et cette méthode autour d’eux. Sans compter les 591 Tous ces chiffres, comme ceux de la note précédente, sont tirés de l’ouvrage que nous ferons bientôt paraître sur les casuistes des XVI e, XVIIe et XVIIIe siècles. Nous avons pu identifier 832 auteurs à partir d’un large éventail de sources et dresser pour chacun d’entre eux une fiche bio-bibliographique. 592 Calculs faits à partir du fichier mentionné à la note précédente. 593 Ces deux approximations sont fondées sur les chiffres fournis par L. Lukács, «De origine collegiorum externorum deque controversiis circa eorum paupertatem obortis», dans Archivum Historicum Societatis Jesu, 31 (1961), p.48-67; T. J. Campbell, The Jesuits, 1534-1921, New York, 1921, pp. 343-344; J. Brucker, La Compagnie de Jésus, Paris, 1919, p. 721; A. Hamy, Documents pour servir à l’histoire des dociciles de la Compagnie de Jésus dans le monde entier de 1540 à 1773, Paris, s.d., pp. 1 et 96. Il est difficile d’établir le nombre exact d’institutions offrant à chaque époque des cours de «théologie morale» car, si le P. Lukács fournit pour le XVIe siècle des statistiques permettant de distinguer les collèges comportant des classes supérieures (et donc l’enseignement de la théologie) de ceux n’en comportant pas, tel n’est pas le cas des autres auteurs auxquels nous avons eu recours. Hamy établit le nombre de collèges et de séminaires dirigés par la Compagnie en 1710 à 612 et 167 respectivement. Op. cit., p. 96. Si nous sommes sûrs que les séminaristes recevaient une formation en casuistique soit au séminaire lui-même soit dans les collèges auxquels la plupart des séminaires étaient rattachés, nous ne savons pas combien de collèges au total offraient une telle formation. Mais il faudrait aussi tenir compte des universités non jésuites où des membres de la Compagnie assuraient un enseignement, voire occupaient des chaires de «théologie morale» ou de «théologie pratique». A ce sujet, voir L. Willaert, Après le concile de Trente. La Restauration catholique, 1563-1648 (Fliche-Martin, 18), Paris, 1960, pp. 188-217. Il ne paraît donc pas exagéré de supposer que dans au moins 300 de ces institutions des cours de casuistique étaient assurés. 354 milliers de prêtres initiés à cette même approche et méthode par le truchement des conférences de «cas» plus haut mentionnées. Ne serait-ce d’ailleurs pas là la raison pour laquelle, jusque tard dans le XVIIe siècle, le probabilisme, devenu au cours de ce même siècle en quelque sorte l’image de marque de la Compagnie, sera, et de loin, la règle dont s’inspireront la majorité des casuistes de l’époque 5 9 4 ? Mais l’ample et rapide diffusion du modèle jésuite à l’époque tient sans doute aussi au fait que les manuels utilisés pour l’enseignement de la théologie morale aux XVIIe et XVIIIe siècles dans l’ensemble du monde catholique étaient très souvent l’oeuvre de membres de la Compagnie ou encore de disciples ou d’émules de ces derniers. Qu’il suffise de rappeler ici les noms d’un Azor, d’un Henriques, d’un Tolet, d’un Laymann, d’un Regnault, d’un Bauny, et d’un Busenbaum surtout, dont les ouvrages furent largement utilisés au XVIIe siècle comme manuels d’enseignement 5 9 5 . Et que dire des versions revues, corrigées et amplifiées de ce même Busenbaum signées par ses confrères Claude Lacroix et Francesco Antonio Zaccaria ou encore par le fondateur des rédemptoristes, Alphonse de Liguori, 5 9 6 qui connaîtront à leur tour une grande diffusion au siècle suivant. Sans oublier le célèbre manuel produit par les 594 Les conférences de «cas», comme nous l’avons déjà vu, existant dans toutes les villes où les jésuites étaient implantés et ces conférences étant très fréquentées, du moins aux XVIe et XVII e siècles, il ne fait pas de doute que des milliers de prêtres furent par ce biais initiés à la méthode et à l’approche jésuite et donc au probabilisme. Sur le probabilisme jésuite, voir T. Deman, «Probabilisme», dans DTC, XIII, col. 470-78, 484-87, 498-501, 523-530, 534546, 558; J. De Blic, «Probabilisme», dans Dictionnaire apologétique de a l foi catholique, IV, Paris, 1928, col. 318-320. 595 Au sujet de ces auteurs, voir E. Moore, «Los Jesuitas en la Historia de la Teologia Moral», dans Historia : Memoria Futuri (Mélanges Louis Vereecke), Rome, 1991, pp. 236-238, 245-248. 596 27. Sur les rééditions de Busenbaum par Lacroix et Zaccaria, voir C. Sommervogel, Bibliothèque..., IV, col. 1347-1354. Sur Alphonse de Liguori, voir T. Rey-Mermet, La morale selon saint Alphonse de Liguori, Paris, 1987, pp. 5862, 117-118, puis surtout M. Vidal, La morale di Sant’Alfonso. Dal Rigorismo alla benignità, Rome, 1992, pp. 69-106. 355 carmes déchaux espagnols, mieux connus sous le nom de Salmanticenses, qui, lui aussi, sera très répandu5 9 7 . Bien entendu, les adversaires de la Compagnie de Jésus, à commencer par les jansénistes, se refuseront à recourir à de tels modèles auxquels ils reprochaient de faire la part trop belle au probabilisme ou de flirter un peu trop ouvertement avec le «laxisme» et s’employeront donc à leur opposer des modèles à leurs yeux plus «orthodoxes», marqués par le rigorisme, un rigorisme pouvant parfois aller jusqu’au tutiorisme. Méritent ici une mention toute particulière les ouvrages d’un Genet, d’un Juénin, d’un Habert, d’un Concina et d’un Patuzzi qui, à la fin du XVIIe et tout au long du XVIIIe siècle, seront utilisés dans bon nombre de séminaires ou d’écoles de théologie, en France et en Italie notamment 5 9 8 . Sans oublier par ailleurs, aussi paradoxal et improbable que cela puisse paraître, l’importante contribution à ce même courant rigoriste d’un jésuite, Paul- Gabriel Antoine, professeur à l’Université de Pont-à-Mousson qui publiera au début du XVIIIe siècle une Theologia Moralis Universa appelée, elle aussi, à rayonner bien au-delà des frontières de sa Lorraine natale 5 9 9 . Cette offensive anti-probabiliste et très souvent anti-jésuite ne pouvait pas ne pas affecter à la longue la façon de concevoir et de pratiquer la casuistique. Il est bien connu qu’au XVIIIe siècle le probabilisme n’était plus que l’ombre de lui- même et que, fort de l’appui des plus hautes autorités ecclésiastiques, voire civiles de l’époque, le probabiliorisme régnait en maître 6 0 0 . Alphonse de Liguori peut ici nous servir de témoin, lui qui, formé 597 Sur les Salmanticenses et leur oeuvre, voir T. Deman, «Salamanque (théologiens de)», Dans DTC, XIV, col. 740-743. Sur le Cursus Theologiae Moralis, voir Teodoro del Ss. Sacramento, El curso moral salmanticense. Estudio histórico y valoración critica, Salamanque, 1968. 598 A ce sujet, voir, pour la France, A. Degert, Histoire des séminaires français jusqu’à la Révolution, II, pp. 227-236, 243-250 et, pour l’Italie, G. Cacciatore, S. Alfonso de Liguori e il Giansenismo, Florence, 1942, pp. 356, 385-404. 599 A son sujet, voir C. Sommervogel, Bibliothèque..., I, col. 419-427. 600 Cf. T. Deman, «Probabilisme», dans DTC, XIII, col. 558-566. Voir également T. Rey-Mermet, La morale selon saint Alphonse de Liguori, pp. 73-89. M. Vidal, La morale di Sant’Alfonso, pp. 107-112 et passim. 356 à l’école du rigorisme, aura toutes les peines du monde à s’affranchir de cette doctrine et à convaincre ses contemporains d’en faire autant 6 0 1 . Mais il ne faudrait pas trop vite en conclure que casuistique probabiliste et casuistique probabilioriste n’avaient rien en commun. Certes elles étaient idéologiquement ou doctrinalement parlant aux antipodes l’une de l’autre, mais, d’un point de vue strictement épistémologique et méthodologique, elles ne différaient guère, formant une seule et même discipline dont les principaux paramètres étaient pour l’essentiel ceux qu’avaient mis au point à la fin du XVIe siècle un des maîtres à penser de la Compagnie de Jésus : Francisco Suarez 6 0 2 . 4. Le modèle suarézien Esprit original, à l’aise aussi bien en droit qu’en philosophie et en théologie, grand érudit, Suarez avait en effet su exploiter à sa façon les principales sources anciennes et médiévales de même que les diverses «relectures» de ces mêmes sources faites par la seconde scolastique pour jeter les fondements d’une discipline nouvelle axée essentiellement sur la résolution des «cas de conscience», discipline s’apparentant par bien des côtés au droit, en particulier à cette branche particulière du droit qui avait nom jurisprudence. L’approche suarézienne est tout à la fois légaliste, volontariste et individualiste. A l’origine de tout, un «Dieu-Législateur» fixant sous forme de lois les normes appelées à régir l’existence humaine. Face à ce Dieu et à ses normes, un individu doué d’intelligence et de liberté auquel il appartient de déterminer jusqu’à quel point il est tenu ou non d’obéir aux normes en question. Rien ne décrit mieux le système suarézien que ce face-à-face dramatique entre la libre volonté du législateur et la libre volonté de l’individu soumis à l’autorité du législateur, en d’autres mots, entre le devoir d’obéir et le droit de s’autodéterminer. Loi d’un côté, liberté de l’autre, entre les 601 T. Rey-Mermet, Le Saint du Siècle des Lumières. Alphonse de Liguori (16961787), Paris, 1982, pp. 139-140. G. Cacciatore, S. Alfonso de Liguori e il Giansenismo, p. 378 et suiv. 602 Sur Suarez, voir P. Monnot, P. Dumont et R. Brouillard, «Suarez (François)», dans DTC, XIV, col. 2642-2652, 2690-2704. 357 deux, la conscience : la morale telle que conçue par Suarez tient pour l’essentiel en ces trois mots. A ce compte, le rôle du moraliste consiste à déterminer ou à proposer des règles permettant de décider au «cas par cas» ce que, face à telle ou telle norme, telle ou telle loi, tel individu doit ou ne doit pas, peut ou ne peut pas faire 6 0 3 . Il ne serait sans doute pas exagéré de dire que, ce faisant, Suarez transformait la théologie morale en ce que Pierre Legendre n’hésite pas à appeler «une sorte de droit canon second» pratiqué par des «juristes à moitié théologiens et des théologiens à moitié juristes»6 0 4 . Le système suarézien ne sera pas accepté tel quel par l’ensemble des moralistes des XVIIe et XVIIIe siècles, mais les bases sur lesquelles ce système reposait - volontarisme et légalisme, d’une part, individualisme, de l’autre - seront, elles, éventuelle ment acceptées par la quasi totalité des moralistes modernes, de quelque école ou de quelque robe qu’ils aient été. Aussi Louis Vereecke a-t-il raison de voir en Suarez «le père de la théologie morale moderne 6 0 5 ». Les jésuites ont donc été non seulement les promoteurs par excellence d’un nouveau type de théologie morale, mais, grâce surtout à Suarez, en ont été aussi les principaux concepteurs et élaborateurs. D’où la coloration spéciale que prendra l’enseignement de la théologie morale à l’époque, d’autant plus d’ailleurs que, comme nous l’avons souligné plus haut, plusieurs des manuels utilisés à cette fin étaient oeuvres de jésuites ou d’émules de ces derniers. 603 J. Mahoney, The Making of Moral Theology, Oxford, 1990, pp. 226-232; T.V. Mullaney, Suarez on Human Freedom, Baltimore, 1950, pp. 8-96; P. Legendre, «L’inscription du droit canon dans la théologie», pp. 446-47; R. Brouillard, «Suarez. Théologie pratique», dans DTC, XIV, col. 2692-2699; L. Vereecke, Storia della teologia morale, II, Rome, pp. 107-109. 604 P. Legendre, art. cit., pp. 446, 448. 605 L. Vereecke, op. cit., II, p. 109. 358 5. Les manuels d’enseignement jésuites ou d’inspiration jésuite Le temps est venu d’examiner de plus près les plus connus et les plus répandus de ces manuels en vue de nous faire une meilleure idée de ce qu’était, en termes de contenu aussi bien que de pédagogie, l’enseignement de la théologie morale aux XVIIe et XVIIIe siècles. Nous nous en tiendrons à cinq de ces manuels, d’une part, ceux des jésuites Juan Azor, Francisco de Toledo et Hermann Busenbaum, de l’autre, ceux des Salmanticenses et d’Alphonse de Liguori, ces deux derniers dus à la plume d’auteurs non jésuites, mais s’inspirant du modèle mis au point par la Compagnie. Ne disposant pas au départ de manuels de leur cru, les jésuites s’étaient pendant plusieurs années servis des ouvrages d’un Cajetan, d’un Fumo, puis surtout d’un Azpilcueta, mieux connu à l’époque sous le nom de Navarrus 6 0 6 , mais ils s’étaient assez vite rendus compte que, si utiles fussent-ils, les ouvrages en question ne correspondaient que très imparfaitement à leur propos. D’où le vœu exprimé par nombre d’entre eux, et cela dès les années 1560, que soit enfin mis à leur disposition un manuel mieux adapté à leurs besoins. Il appartiendra à Juan Azor, professeur au Collegio romano et un des rédacteurs de la Ratio de 1586, de leur fournir l’instrument tant attendu sous forme de trois in-folios parus à Rome entre 1600 et 1611 sous le titre d’Institutiones Morales 6 0 7 . La Ratio de 1599, reprenant en gros, mais en les précisant sur certains points les spécifications des Ratios de 1586 et 1591, prescrivait au professeur de cas de conscience de traiter, la première année, des sacrements, des censures et des obligations propres aux divers états de vie; la seconde année, du décalogue, 606 E. Moore, «Los Jesuitas en la Historia de la Teologia Moral», p. 232, note 19. Le titre exact est : Institutionum Moralium in quibus universae quaestiones ad conscientiam recte, aut prave factorum pertinentes breviter tractantur. Nous utilisons ici l’édition en trois volumes in-folios parue à Milan-Brescia en 1617. Sur Juan Azor (1536-1603), voir E. Lamalle, «Azor, Juan», dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, V, col. 1364 et A. DEMOUSTIER et al., Ratio Studiorum, p. 37 et note 571. 607 359 en particulier, pour ce qui était du septième commandement, des «contrats». Elle lui demandait en outre de s’abstenir d’aborder les questions théologiques n’ayant aucun rapport avec ces matières et pour celles qui, à son estimation, en avaient, de s’en tenir à de très brèves explications, par exemple sur les diverses sortes de péchés, sur le consentement ou «autres questions du genre». Enfin, elle exigeait qu’on aborde chaque «cas» le plus simplement possible, se contentant, «hors de tout appareil scolastique», d’énoncer la difficulté ou le doute que soulevait le «cas» en question, puis de résoudre cette difficulté ou ce doute à l’aide de deux ou trois arguments «tout au plus» et en évitant de faire appel à un trop grand nombre d’«autorités». Elle demandait, par ailleurs, qu’on limite à trois environ le nombre de «cas» étudiés sous chacun des chefs abordés en classe 6 0 8 . Ce schéma, mutatis mutandis, est celui que l’on retrouve dans la plupart des manuels de facture jésuite. Celui de Juan Azor, et pour cause, ne fait pas exception à la règle, même s’il n’y correspond pas toujours parfaitement pour des raisons que nous aurons à expliquer plus loin. Dans son « Avis au lecteur », Azor annonce qu’il va traiter des matières suivantes : 1) des dix commandements de Dieu; 2) des sept sacrements; 3) des peines et censures; 4) de la nature humaine et du problème du bien et du mal6 0 9 . En réalité, la quatrième section annoncée est de fait la première et elle occupe 17% de la surface totale de l’ouvrage, s’intéressant successivement aux actes humains, à la valeur morale de ces mêmes actes, aux vices et vertus, au péché sous ses diverses formes, puis surtout à la loi, matière qui occupe à elle seule presque la moitié de cette première section. Les autres sections n’en forment de fait qu’une, toute entière consacrée au décalogue et, accessoirement, aux commandements de l’Église, l’auteur ayant choisi de traiter des sacrements et des peines et censures à l’intérieur de ce cadre général de type manifestement «obligationniste», chacune des matières en question étant étudiée en liaison avec le commandement jugé le plus pertinent. Faudrait-il voir là l’influence de Suarez, théoricien d’une morale 608 609 Ibid., p. 121-123. Institutionum Moralium, I, fol. 3r. 360 fondée uniquement sur la loi ? Possiblement. Ce dernier, ne l’oublions pas, avait enseigné au Collège romain à la même époque qu’Azor et les deux hommes avaient sans doute eu plus d’une fois l’occasion de discuter de morale, ne fût-ce qu’au cours des conférences de «cas» auxquelles chaque semaine il leur fallait participer. Côté méthode, Azor procède par mode de questions et réponses («Quaeritur, Respondeo») et fonde ses réponses ou solutions sur un certain nombre d’arguments d’autorité et de raison. On est encore ici dans la logique de la Ratio, mais contrairement à ce que demandait celle-ci, Azor multiplie les renvois aux autorités de toutes sortes, anciennes et modernes. Peut-être voulait-il par là répondre au vœu exprimé par Ignace de Loyola et ses successeurs à l’effet que la Compagnie évite de se mettre à la remorque d’un seul auteur ou d’une seule école de pensée 6 1 0 . Mais l’explication la plus vraisemblable de cette liberté et des diverses autres prises par Azor par rapport aux exigences de la Ratio tient sans doute au fait que son manuel était destiné d’abord et avant tout aux professeurs - c’est d’ailleurs eux, comme il le souligne lui- même, qui lui en avaient fait le plus instamment la demande 6 1 1 - et qu’il avait donc décidé de leur fournir en abondance les matériaux dont ils pourraient avoir besoin pour leur enseignement, leur laissant toute liberté de choisir ceux qui leur paraîtraient les mieux à même de servir tout à la fois leur propos et les exigences de la Ratio. Pour avoir une idée plus juste de ce qui s’enseignait de facto dans les cours de «cas» offerts par les jésuites, il faut se reporter à un autre manuel paru à la même époque, mais se présentant plutôt comme un manuel de confesseurs, même s’il était plus que cela et sera d’ailleurs parfois utilisé au XVIIe siècle comme manuel d’enseignement. Nous voulons parler de l’Instructio Sacerdotum du cardinal Francisco de Toledo, mieux connu 610 X. Le Bachelet, «Jésuites (La théologie dans l’ordre des)», dans DTC, VIII, col. 1020. 611 Institutionum Moralium, I, fol. 3r. 361 en France sous le nom de Tolet, publié une première fois à Rome en 1599 6 1 2 . Cet ouvrage posthume était en réalité un assemblage plus ou moins bien réussi de notes de cours prises à divers moments par l’un ou l’autre étudiant du cardinal, à l’époque où il assurait les cours de casuistique au Collège romain6 1 3 . Or un examen attentif de l’Instructio Sacerdotum montre très bien que, en termes de contenu aussi bien que de méthode, Tolet suit presque à la lettre les directives des Ratios de 1586 et 1591. A la différence d’Azor, les considérations théoriques ne sont pas regroupées en tête d’ouvrage, mais distribuées tout au long de celui-ci et surtout s’en tiennent à l’essentiel, comme le recommandait la Ratio. Mieux : les sections consacrées aux sacrements et aux commandements sont clairement distinguées et à l’intérieur de chacune de ces sections, l’auteur s’en tient habituellement à un nombre limité de «cas» brièvement décrits, analysés et résolus avec, au besoin, les renvois au témoignage d’une, deux, parfois trois «autorités». Nous nous trouvons manifestement là devant le témoin le plus fiable de ce qu’était devenue la didactique jésuite en matière casuistique au cours du dernier quart du XVIe siècle. Il était à prévoir qu’avec le temps, s’inspirant des manuels d’un Azor et d’un Tolet, mais aussi de ceux de leurs nombreux imitateurs, un jésuite finirait par produire un ouvrage répondant avec encore plus de pertinence et d’efficacité aux préoccupations et visées pédagogiques de la Ratio Studiorum. Ce jésuite, ce sera Hermann Busenbaum qui fera paraître à Munster en 1650 une Medulla Theologiae Moralis appelée à un extraordinaire rayonnement dans l’ensemble du monde catholique 6 1 4 . 612 Instructio Sacerdotum, ac de septem peccatis mortalibus. Nous utilisons ici l’édition in-octavo parue à Paris en 1604. Sur Tolet, voir F. Cereda, «Tolet (Toleto), François», dans DTC, XV, col. 1223-1228. 613 E. Moore, «Los Jesuitas en la Historia de la Teologia Moral», pp. 236-237. 614 Nous utilisons l’édition in-12 publiée à Paris en 1657. Sur l’auteur, voir J. Brucker, «Busenbaum (Hermann)», dans DTC, II, col. 1266-68; A. De Bil, «Busenbaum (Hermann)», dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, 10, col. 1417-18. 362 Divisé en sept livres, à l’instar de l’Instructio Sacerdotum de Tolet, l’ouvrage de Busenbaum ne suivait toutefois pas l’ordre adopté par son éminent confrère et surtout ne couvrait pas exactement les mêmes matières que lui. Un premier livre traitait des «règles de l’agir humain», c’est-à-dire, pour l’essentiel, de la conscience et de la loi. Les autres notions de base, comme chez Tolet, étaient abordées en cours d’ouvrage. Suivaient un second livre consacré aux vertus théologales, puis, dans l’ordre, des livres portant sur les commandements de Dieu et de l’Église, sur les devoirs et obligations propres à certains états de vie, un livre tout entier traitant du péché, puis deux derniers livres s’intéressant, l’un, au septenaire sacramentaire, l’autre, aux peines et censures. Visiblement, Busenbaum avait su profiter de l’expérience de ses prédécesseurs, mais aussi de sa propre expérience professorale pour produire un manuel de son cru, mais un manuel correspondant tout à la fois aux exigences de la Ratio et au schéma suarézien tels que perçus ou interprétés en milieu jésuite au XVIIe siècle. L’immense succès de librairie de la Medulla Theologiae Moralis, soit dans sa forme originale, soit dans les diverses versions revues et corrigées produites plus tard, entre autres par un Lacroix ou un Zaccaria, montre à quel point Busenbaum avait vu juste et à quel point surtout sa formule correspondait à l’attente d’un vaste public 6 1 5 . Avec lui de fait s’achève la mise au point du manuel-type de casuistique version jésuite, mais pas nécessairement celle du manuel de casuistique tout court. Deux ouvrages, proches du modèle jésuite, mais s’en distinguant sur plus d’un point, vont progressivement s’imposer à leur tour au XVIIIe siècle, l’un publié par les carmes déchaux espagnols, les célèbres Salmanticenses, l’autre par un personnage controversé, mais appelé à marquer en profondeur la théologie morale au XVIIIe , puis surtout au XIX e siècle : Alphonse de Liguori. Le Cursus Theologiae Moralis publié par les Salmanticenses entre 1668 et 1724 se situe de fait dans le prolongement des cours de philosophie et de théologie dogmatique parus plusieurs 615 Sur le rayonnement de l’ouvrage de Busenbaum, voir E. Moore, «Los Jesuitas en la Historia de la Teología Moral», pp. 237-238. 363 années plus tôt. Il est en quelque sorte le point d’arrivée d’un vaste projet pédagogique mis en chantier par les carmes déchaux d’Alcalá et de Salamanque dès le début du XVIIe siècle 6 1 6 . Il faut en effet savoir que contrairement à leurs homologues jésuites, les jeunes religieux carmes n’étaient pas initiés à la théologie morale ou à la casuistique durant leurs années de formation théologique, mais, comme l’expliquait le P. Francisco de Jesús María dans sa préface au tome premier du Cursus Theologiae Moralis, au terme de leurs études philosophiques et théologiques, et cela dans le cadre d’une année consacrée exclusivement à la préparation immédiate au ministère de la confession6 1 7 . Le style et le contenu du Cursus reflètent, on ne peut mieux, cette intention d’abord et avant tout pastorale et pratique. Les notions philosophiques, théologiques et juridiques de base ne font pas, comme chez Azor et jusqu’à un certain point chez Busenbaum, l’objet d’un traitement à part, mais sont plutôt, à la façon de Tolet, distribuées tout au long de l’ouvrage en fonction de chacune des matières ou des questions abordées. Ces dernières sont, pour leur part, regroupées sous les grandes rubriques habituelles : droit sacramentaire, d’une part, commandements de Dieu, de l’autre, certaines rubriques plus particulières étant toutefois traitées séparément. C’est le cas notamment de la justice qui n’est pas étudiée, comme on pourrait s’y attendre, en lien avec les 7e et 10e commandements, mais dans une section à part consacrée exclusivement à cette matière. Mérite en outre d’être souligné le fait que contrairement à beaucoup d’auteurs jésuites qui, en cela, n’étaient pas fidèles à la Ratio Studiorum, les Salmanticenses traitent en premier lieu des sacrements et, en second lieu seulement, des commandements. A noter également que les questions soulevées tout au long du Cursus sont présentées comme chez Busenbaum sous forme de doutes (dubii) et que les «autorités» auxquelles on renvoie à longueur de pages sont, s’agissant de questions 616 Le titre complet de l’ouvrage est : Collegii Salmanticensis FF. Discalceatorum B. Mariae de Monte Carmeli Primitivae Observantiae, Cursus Theologiae Moralis. Nous utilisons ici l’édition en 6 tomes in-folio parue à Venise en 1728. 617 Cursus Theologiae Moralis, I, Prologus, p.<i-ii>. 364 doctrinales, celles que citait en abondance Azor : Écriture Sainte, Pères de l’Église, conciles, docteurs médiévaux, Catéchisme du concile de Trente et, s’agissant de questions de nature proprement casuistique, celles que privilégiait Busenbaum, soit principalement les casuistes du temps, jésuites surtout, quelques rares sommistes, puis, lorsque nécessaire, les textes canoniques appropriés : décrets pontificaux, décisions des principaux dicastères romains, textes au besoin commentés ou interprétés par des spécialistes reconnus. Autant de particularités qui ne sont pas sans rappeler le modèle jésuite, mais qui reflètent en même temps certaines préoccupations nouvelles et donc certains déplacements d’accent survenus depuis la parution des ouvrages d’un Azor, d’un Tolet, voire d’un Busenbaum. La place faite à la justice - soit 25% de la surface totale de l’ouvrage - constitue, à elle seule, un bon indice en ce sens. Alphonse de Liguori devait, lui aussi, beaucoup aux jésuites. Il était d’ailleurs le premier à le reconnaître, mais malgré cet attachement et le fait que sa Theologia Moralis ait été au point de départ une simple version revue et augmentée de la Medulla de Busenbaum, au fil des ans, tout en conservant le plan adopté par Busenbaum, il n’hésitera pas à prendre ses distances par rapport à certaines opinions émises ou certains choix faits par ce dernier, de sorte que ce qui était à l’origine un manuel typiquement jésuite deviendra avec le temps un manuel indiscutablement liguorien 6 1 8 . Ainsi Alphonse de Liguori fait-il plus de place aux sacrements (35,5% vs 27%), plus de place également aux peines et censures (8,5% vs 6%) et, par contre, beaucoup moins de place aux commandements (26,5% vs 42%) que Busenbaum. Côté méthode, il n’hésite pas, contrairement à ce dernier, à recourir fréquemment au témoignage des «anciens» : Pères de l’Église, conciles, théologiens et canonistes médiévaux, som618 Sur l’histoire des diverses éditions de la Theologia Moralis parue une première fois à Naples en 1748, voir Studia et Subsidia de Vita et Operibus S. Alphonsi Mariae de Ligorio (1696-1787), Rome, 1990 (Bibliotheca Historica Congr. SS. Redemptoris, XIII), pp. 485-543 et, surtout, M. Vidal, La morale di Sant’Alfonso, pp. 69-106. Nous utilisons ici l’édition classique publiée par L. Gaudé, Opera Moralia Sancti Alphonsi Mariae de Ligorio, 4 vol. In-quarto, Rome, 1905. 365 mistes, voire philosophes grecs et latins. Et, contrairement à ce que recommandait la Ratio Studiorum, il multiplie les références ou renvois aux «autorités» en question. Il est d’ailleurs tout aussi prolixe en ce qui concerne le témoignage des «modernes». On a calculé que, toutes sources confondues, son manuel comportait quelque 70 000 références du genre 6 1 9 . Autre trait distinctif : l’ajout à partir de 1757 d’une Praxis Confessarii à la manière de Tolet qu’on ne trouve pas chez Busenbaum. Enfin, trait plus distinctif encore : l’abandon du probabilisme un peu trop affiché de Busenbaum en faveur de ce qu’Alphonse de Liguori appellera l’«équiprobabilisme». Cela dit, la Theologia Moralis n’en conservait pas moins une forte empreinte jésuite. A preuve, le fait que les casuistes de loin les plus cités par l’auteur appartiennent à la Compagnie de Jésus, à commencer, bien entendu, par Busenbaum, même si, à partir de 1767, le nom de ce dernier n’apparaît plus sur la pagetitre de l’ouvrage. A preuve surtout, le fait que, tout en se déclarant équiprobabiliste, Alphonse de Liguori continue à prôner, à ses risques et périls, la «bénignité» comme l’avaient fait Busenbaum et la plupart des casuistes jésuites et leurs émules au XVIIe siècle 6 2 0 . Force est de reconnaître que, chacun à leur façon, les manuels que nous venons de décrire reflètent la nouvelle vision de la morale née en milieu jésuite dans le dernier quart du XVIe siècle, vision s’appuyant pour ’lessentiel sur le schéma mis au point par Francisco Suarez, maître à penser de la Compagnie. A ce compte, on n’est pas surpris de constater que la loi et la conscience, ces deux notions-clés du système suarézien, prennent d’un manuel à l’autre de plus en plus de place. D’où l’importance grandissante accordée aux questions de justice, questions qui finissent par occuper dans certains de ces manuels presque tout l’espace réservé aux commandements. D’où également le fait que les sections de ces mêmes ouvrages portant sur les sacrements ne traitent en réalité que de droit sacramentaire, c’est-à-dire des règles canoniques ou autres 619 620 T. Rey-Mermet, La morale selon saint Alphonse de Liguori, pp. 60-61. M. Vidal, La morale di Sant’Alfonso, p. 274. 366 s’appliquant tout aussi bien à l’ensemble des sacrements qu’à chacun d’entre eux. Et que dire de l’intérêt de plus en plus marqué chez les auteurs de tous ces ouvrages pour les obligations, puis surtout les circonstances propres à chaque état de vie, reflet sans doute d’une focalisation de plus en plus grande sur l’individu et sur la conscience individuelle. Autant de traits rappelant Suarez et sa vision volontariste, légaliste et individualiste de la morale. Mais, probabilisme mis à part, cette vision est aussi celle de la plupart des auteurs de manuels non jésuites, voire antijésuites. Un Genet, représentant par excellence du courant rigoriste et d’ailleurs, pour cette raison, fort admiré des jansénistes, propose une morale, par certains côtés, encore plus «obligationniste» que celle de ses adversaires probabilistes et donc, en un sens, plus conforme que la leur au schéma suarézien. Il est en tous cas frappant de voir que, de tous les auteurs de manuels de casuistique des XVIIe et XVIIIe siècles, il est celui qui accorde, et de loin, le plus d’espace à la conscience6 2 1 . 6. Un enseignement sui generis Enfermée dans les étroites limites que lui avaient fixées, d’une part, la seconde scolastique, surtout dans sa version suarézienne, de l’autre, la Ratio Studiorum jésuite, la théologie morale s’était à partir de la fin du XVIe siècle de plus en plus constituée en discipline autonome, à toutes fins pratiques coupée de la théologie dogmatique ou scolastique, attirée qu’elle était par le droit, c’est-à-dire par cette partie du droit qui avait nom jurisprudence. Aussi n’est-on pas surpris de constater que bon nombre de professeurs de casuistique aux XVIIe et XVIIIe siècles sont eux- mêmes juristes ou canonistes et qu’assez souvent ils combinent cet enseignement avec celui du droit canonique sous 621 Sur les 264 pages que compte la première section de son ouvrage, section portant sur les fondements de la théologie morale, Genet en réserve 103 à la conscience, soit près de 40%, le péché et la loi ne venant qu’en deuxième et troisième places avec 73 et 55 pages respectivement. Théologie morale, I, Paris, 1688, pp. 27-130. 367 l’égide de cours dits de «théologie pratique»6 2 2 . Les manuels d’enseignement dont nous avons fait état jusqu’ici reflètent bien cette évolution et ne permettent pas de douter de l’émergence à l’époque d’une discipline nouvelle qui osait encore s’appeler théologie mais qui n’avait plus de théologique que le nom. D’où le sentiment, pour ne pas dire la conviction largement répandue à l’époque que la morale était désormais toute entière contenue dans la science et l’art de résoudre les cas de conscience, et que, par conséquent, une solide base en théologie dogmatique, voire en théologie morale ancienne manière, n’était pas vraiment nécessaire, voire utile aux prêtres et futurs prêtres appelés à exercer le ministère de la confession. Bien entendu, la plupart des grands ordres religieux continueront à offrir à bon nombre de leurs sujets une formation théologique digne de ce nom, c’est-à-dire comprenant tous les éléments traditionnellement associés à ce type de formation et quelques éléments nouveaux tels la «positive» et la «controverse» apparus à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle 6 2 3 , mais le divorce entre théologie et morale étant à toutes fins pratiques consommé, il n’est pas sûr que les étudiants exposés à ce menu plus substantiel aient été à même d’établir un lien quelconque entre les divers éléments composant ce menu et les cours ou conférences de «c as» auxquels ils avaient droit par ailleurs. Combien moins étaient en mesure de percevoir ce lien ceux de leurs confrères et tant d’autres étudiants qui n’avaient droit qu’à un cours abrégé 622 ur les quelque 832 casuistes identifiés par nous et sur lesquels nous possédons des renseignements bio-bibliographiques, nous avons été en mesure d’établir qu’au moins 155 d’entre eux étaient canonistes. C’est le cas entre autres d’un Suarez, ce qui pourrait permettre d’expliquer l’importance accordée à la loi dans son système de théologie morale. G. Mathon, «Suarez (François)», dans Catholicisme, 14, col. 525. Chez les franciscains bavarois, au XVII e siècle, la casuistique était enseignée à l’intérieur d’un cours dit de «théologie pratique» combinant théologie morale ou casuistique et droit canonique. Il semble que cette façon de faire ait été assez répandue à l’époque. Cf. A. Teetaert, «Reiffenstuel, Anaclet», dans DTC, XIII, col. 2127. 623 A ce sujet, voir Y.M. Congar, «Théologie», dans DTC, XV, col. 417-431. Également, R. Guelly, «L’évolution des méthodes théologiques à Louvain. D’Érasme à Jansénius», dans Revue d’histoire ecclésiastique, 37 (1941), pp. 31144 et J. M. Gres Gayer, «Tradition et modernité. La réforme des études en Sorbonne (1673-1715)», dans Revue d’histoire de l’Église de France, 88 (2002), p. 367. 368 de théologie, réduit pour l’essentiel au Catéchisme du concile de Trente, aux «cérémonies» et aux «cas de conscience». Aux «cas de conscience» surtout, car dans beaucoup d’institutions, notamment les séminaires français au moins jusqu’au premier quart du XVIIIe siècle 6 2 4 , c’était là l’ingrédient principal sinon unique du concentré «théologique» servi aux étudiants en question. Il serait intéressant de savoir quelles formes prenait dans ces divers contextes l’enseignement de la casuistique. Si l’on se fie au modèle proposé par la Ratio Studiorum ou aux divers parcours suggérés par les manuels d’enseignement dont nous avons fait état jusqu’ici, il y a fort à parier que cet enseignement ne ressemblait en rien à celui de la «scolastique», étant plutôt, par contraste avec celui-ci, de nature très pratique, voire «anecdotique». On ne devait pas s’ennuyer dans les cours de «cas» assurés par un Tolet à Rome, un Lessius à Louvain, un Laymann à Ingolstadt, Munich ou Dillingen, ces trois maîtres jésuites, très au fait des problèmes ecclésiastiques, politiques ou économiques de leur temps, ne manquant sans doute pas d’exemples concrets, fruits de leur propre expérience, à offrir en pâture à leurs nombreux étudiants. Avec la multiplication des manuels, à partir surtout du second quart du XVIIe siècle, et la progressive standardisation de ces derniers, il est plus que probable que l’«anecdote» finit par céder le pas au stéréotype et que la créativité des débuts disparut au profit de la répétitivité, d’autant plus d’ailleurs que la casuistique était désormais un «territoire» sous surveillance, sous étroite surveillance même 6 2 5 . Est-on en mesure de déterminer l’impact que l’entrée de la casuistique dans les facultés de théologie et les séminaires des XVIIe et XVIIIe siècles a pu avoir sur ces institutions et, par ce biais, sur la société et l’Église du temps ? Force est tout d’abord de reconnaître que le ministère de la confession auquel, nous l’avons vu, le concile de Trente avait accordé une toute particulière importance, fut à partir de la fin du XVIe siècle très certainement affecté par la formation donnée aux prêtres et 624 A. Degert, Histoire des séminaires français..., II, pp. 168-197. A. R. Jonsen, S. Toulmin, The Abuse of Casuistry. A History of Moral Reasoning, Berkeley-Los Angeles-Londres, 1989, pp. 269-270, 274. 625 369 futurs prêtres en ce domaine, formation réduite pour l’essentiel à l’apprentissage de la science et de l’art de résoudre les cas de conscience, mais formation en même temps conditionnée par le cadre idéologique - probabilisme, d’un côté, probabiliorisme ou tutiorisme, de l’autre - à l’intérieur duquel était fait cet apprentissage. Les travaux que Jean Delumeau a consacrés à cette question permettent déjà de mesurer certains des effets que ce genre de formation a pu avoir sur les attitudes et les pratiques aussi bien des pasteurs que des fidèles face aux exigences que l’Église post-tridentine formulait à leur endroit. On ne saurait de fait trop insister sur ce premier type d’impact de nature d’abord et avant tout pastorale, tant il a marqué, dans certains cas négativement, dans d’autres positivement, les consciences6 2 6 . Mais peut-être n’a-t-on pas jusqu’ici suffisamment tenu compte d’un second type d’impact, de nature plus strictement académique celui-là, représenté, d’une part, par la constitution d’une discipline nouvelle: la casuistique, d’autre part, par l’introduction de cette même discipline dans les divers cycles de formation théologique offerts aux futurs prêtres de l’époque. Il ne semble pas qu’on se soit rendu compte au départ du caractère «subversif» de cette innovation qui, à long terme, menaçait le monopole de la «scolastique» au profit de disciplines nouvelles de nature beaucoup plus pastorale et pratique. Menace qui n’avait rien de chimérique comme le montrera la grande réforme des études théologiques entreprises par Franz Stephan Rautenstrauch à la demande de l’impératrice Marie-Thérèse, puis de son fils Joseph II au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Réforme qui, tournant résolument le dos à la scolastique, adoptera un programme de formation théologique axé presque uniquement sur le ministère, et sur un ministère «éclairé» et pastoralement efficace, c’est-à-dire, pour reprendre une formule de Rautenstrauch lui- même, visant à rendre «les hommes meilleurs et plus heureux6 2 7 ». 626 J. Delumeau, L’aveu et le pardon, Paris, 1990, pp. 137-138, 173-174. Cité par E. Vilanova, Histoire des théologies chrétiennes, III, Paris, 1997, p. 278. Sur la réforme entreprise par le bénédictin Franz Stephan Rautenstrauch (1734-1785) et le contexte dans lequel elle se situait, voir J. Diebolt, La théologie morale catholique en Allemagne au temps du philosophisme et de la Restauration, 1750-1850, Strasbourg, 1926, pp. 41-48; A. Laun, «Die 627 370 Mais, utilitarisme et joséphisme mis à part, cette réforme ne se situait-elle pas dans la logique des orientations données en ce domaine par le concile de Trente et, en ce sens, l’entrée de la casuistique à l’université à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle ne constituait-elle pas la première étape d’un processus annonçant à plus ou moins long terme le type de réforme dont Rautenstrauch et d’autres après lui allaient se faire les promoteurs dans les pays de langue allemande surtout ? Certains, encore aujourd’hui, à l’instar du grand écrivain et célèbre polémiste Blaise Pascal, reprochent à la casuistique d’avoir contribué à la «décadence» des mœurs et de la théologie aux XVIIe et XVIIIe siècles. Qu’ils aient ou non raison sur l’un et l’autre de ces points, force est de reconnaître que l’inclusion de cette discipline dans les programmes de formation théologique eut un impact réel et profond et sur les programmes en question et sur les orientations et pratiques pastorales de l’époque. Les contemporains d’ailleurs ne s’y trompèrent pas, comme le montrent amplement les débats, voire les passions que suscita cette «innovation» le jour où on se rendit compte des effets, positifs, pour les uns, négatifs, pour les autres, qu’elle avait ou pouvait avoir sur les esprits et les consciences. Par rapport à l’éventail de cours offerts dans les facultés ou écoles de théologie du temps, la casuistique était et restera un sujet «mineur», mais en termes d’impact à l’intérieur comme à l’extérieur de ces facultés ou écoles, il faut se rendre à l’évidence qu’elle représentait un facteur de changement, voire de «subversion» sans commune mesure avec son modeste statut académique. Sur ce point du moins, Pascal avait vu juste. Moraltheologie im 18. Jahrhundert unter dem Einfluss von Jansenismus und Aufklärung», dans Katholische Aufklärung und Josephismus, éd. E. Kovács, Vienne, 1979, pp. 281-285; A. Siegfried, «Die Dogmatik im 18. Jahrhundert unter dem Einfluss von Aufklärung und Josephismus», Ibid., pp. 257-261. Ce dernier auteur insiste sur le fait que la théologie, au terme de cette réforme, est réduite à une «Pastoralpraxis» (p. 261). Le but de l’exercice, comme l’explique Diebolt, est d’éliminer des programmes destinés aux futurs prêtres, toutes les matières «savantes», en particulier la scolastique, et de ne retenir que celles «utiles au bien du ministère pastoral et, partant, au bien de l’État» (p. 46). 371 L'ENSEIGNEMENT DE L'EXEGESE DANS LES UNIVERSITES CATHOLIQUES A L'EPOQUE MODERNE (16E-18E SIECLES) François Laplanche Centre d’étude des religions du livre CNRS, France A ma connaissance, ce vaste sujet n'a été traité de manière synthétique que par Victor Baroni, auteur de La Contre-Réforme devant la Bible. La question biblique, ouvrage publié à Lausanne en 1943, objet d'un reprint en 1986. Très bien informé, ce livre est pénétré d'un anticatholicisme militant qui n'aborde pas les auteurs étudiés avec une suffisante sérénité. Les trois volumes de Bible de tous les temps qui couvrent la période moderne apportent beaucoup d'éléments intéressants, mais un peu dispersés, selon les centres d'intérêt des auteurs entraînés dans le projet. Les bibliographies de ces trois volumes sont évidemment indispensables, ainsi que la brève synthèse, très documentée, de Guy Bedouelle dans le volume 5 (p.327-368). Les dictionnaires biographiques, les articles de revues d'exégèse ou d'histoire peuvent éclairer des points précis. La revue la plus spécialisée est évidemment la revue italienne Annali di storia dell'esegesi. Un instrument de travail indispensable pour l'Espagne est le répertoire en deux volumes de Klaus Reinhardt, publié à Madrid en 1990 et 1999, Bibelkommentare spanischen autoren (1500-1700). Des travaux semblables exécutés pour d'autres aires culturelles donneraient une solide base de départ à l'étude des contenus 6 2 8 . Nous ne possédons pas d'exposé systématique de l'organisation des cours d'Ecriture sainte, pour l'époque moderne, 628 Jacobo Schmutz me signale l'ouvrage suivant : M. A. Rodrigues, A catedra de Sagrada Escritura an Universidade de Coimbra. Primeiro século (1537-1640), Coimbra, 1974. Du même auteur : "Subsidios para a historia de exegese biblicá en Portuga. Escrituristas e suas obras", Revista de Universidade de Coimbra t.29 (1981), pp. 339-418. mais il est possible de prendre connaissance de cette organisation dans les collèges ou universités de la Compagnie de Jésus car elle répond au modèle défini par la Ratio studiorum. Nous possédons aussi quelques renseignements sur l'Université de Louvain 6 2 9 . Il semble qu'en général l'organisation médiévale ait été conservée, avec des modifications. A côté du cours de théologie (où le commentaire de la Somme de S.Thomas a remplacé celui des Sentences de Pierre Lombard, selon l'exemple donné par Vitoria à Salamanque), demeure la lectio d'Ecriture sainte, à raison de 3 à 5 leçons par semaine. Au collège de Clermont, les professeurs, toujours des théologiens chevronnés, donnent une leçon courte tous les jours, une leçon plus longue tous les deux jours, en pratiquant une alternance bi-annuelle pour la matière: un an l'Ancien Testament, un an le Nouveau, selon les prescriptions de la Ratio studiorum 6 3 0 . Des cours de langues anciennes (grec et hébreu) s'y adjoignent. Le professeur ne délègue plus une partie de sa tâche à des lectores. Seulement, de temps en temps, un exposé est demandé à l'un des étudiants. Le décret de la session V du concile de Trente (17.06.1546) qui organise l'enseignement de l'Ecriture dans l'Eglise catholique, ne spécifie pas les devoirs des Universités, considérées comme pourvues d'une organisation autonome ou comme déjà dotées d'un enseignement scripturaire 6 3 1 . Cependant, le mouvement de l'Aufklärung catholique en terre allemande et autrichienne (et 629 Voir R. Guelluy, "L'évolution des méthodes théologiques à Louvain d'Erasme à Jansénius", Revue d'histoire ecclésiastique, t.37 (1941), pp. 31-143. 630 Prescriptions pour les professeurs d'Ecriture Sainte dans Ratio studiorum. Plan raisonné et institution des études dans la Compagnie de Jésus. Edition bilingue latin-français. Présentée par Adrien Demoustier et Dominique Julia, Paris, Belin, 1997, pp. 109-113. Sur l'enseignement de l'Ecriture sainte au collège de Clermont: G.DUPONT-FERRIER, Du collège de Clermont au lycée Louis-le-Grand, Paris, de Boccard, 1921, 3 vol., t.I, pp. 157-159. Pour le Collège Romain, consulter R. G. Villoslada, Storia del collegio Romano del suo inizio (1551) alla suppressione della compagnia di Gésu (1773), Roma, 1954 (Analecta Gregoriana, series historica, vol.LXVI), pp. 222-223. 631 Il se peut toutefois que tel ou tel évêque se soit appuyé sur ce décret pour exiger la création d'un enseignement d'Ecriture Sainte dans une université : voir dans ce volume la communication de Paul F.Grendler. 373 donc à Louvain!) favorisera au XVIIIe siècle la création de chaires d'Ecriture sainte spécialisées 6 3 2 . Enfin l'examen des anciens catalogues de bibliothèques permet de connaître les instruments de travail dont disposait l'exégète de cette époque. Par exemple, pour la France, le Catalogue des livres du Roy, dont la division "Théologie" est publiée en 1739, par lequel on peut savoir non seulement quelles étaient les éditions disponibles des textes originaux et des différentes versions anciennes, mais aussi connaître les instruments de travail dont disposait un érudit de l'époque classique (lexiques, grammaires, concordances, recueils géographiques et historiques, chaînes de citations patristiques); ou encore la Bibliotheca sacra de l'oratorien Jacques Lelong, publiée en deux volumes à Paris en 1709 (liste des principaux manuscrits et éditions de la Bible des XVIe et XVIIe siècles) ; ou encore le "Catalogue des meilleurs livres avec les meilleures éditions pour composer une bibliothèque ecclésiastique", publié à la fin du Traité des études monastiques de Mabillon (Paris, 1691). Une importante publication du XVIIe siècle est constituée par les Critici sacri, recueil édité à Londres en neuf volumes des principaux commentaires littéraux de l'Ecriture, enrichis de dissertations chronologiques, géographiques, historiques. Ce volume fut très estimé par les érudits catholiques. Les Entretiens sur les sciences de l'oratorien Lamy en font l'éloge ainsi que le Traité de Mabillon 6 3 3 . Les érudits de toute confession, à la fin du XVIIe siècle, sont conscients des immenses progrès accomplis dans l'édition d'instruments de travail biblique 6 3 4 . 632 M.Roegiers me signale l'existence de chaires d'Ecriture sainte à Louvain au XVIII e siècle. Pour l'Allemagne, je n'ai pu obtenir de renseignements malgré la disponibilité de plusieurs correspondants. 633 B. Lamy, Entretiens sur les sciences. Edition critique présentée par F. Girbal et P. Clair, Paris, PUF, 1966 (1e éd.1684), pp. 266-268 ; J. Mabillon, Traité des études monastiques, Paris, 1691, p. 158. 634 Détails dans F. Laplanche, "Le développement de l'apparatus biblicus et l'émergence de la critique biblique en France à la fin du XVII e siècle", in La Bible imprimée dans l'Europe moderne (dir.B.E.Schwarzbach), Paris, Bibliothèque nationale de France, 1999, pp. 407-418. M.Roegiers me signale l'existence de grands catalogues de travaux bibliques à la Bibliothèque de l'Université de Leuven. 374 La communication sera divisée en trois parties : humanisme et exégèse biblique ; exégèse et controverse dans l'exégèse de la Réforme catholique ; la crise du commentaire théologique au tournant des Lumières. 1. HUMANISME ET EXEGESE BIBLIQUE 1.1. Coup d'œil sur les universités Dès qu'on aborde le sujet "Humanisme et exégèse biblique", aussitôt tous les regards se tournent vers Erasme. Malheureusement, ce candidat au premier prix n'est pas un universitaire, quoiqu'en possession d'un doctorat en théologie rapidement acquis à l'Université de Turin. Faudrait-il en conclure que le mouvement de retour aux sources qui marque "la renaissance des lettres" a contourné les universités et même s'est produit contre elles ? Les retentissantes polémiques d'Erasme avec les théologiens de Cologne, de Louvain et d'Alcala pourraient le donner à croire. Mais, en fait, la critique de la méthode scolastique traverse tout l'Occident chrétien à partir du XVe siècle et s'exprime au sein même de la théologie universitaire. Elle donne naissance à la "théologie positive", soucieuse de poser les fondements de la foi de manière philologiquement sûre, avant de spéculer sur elle 6 3 5 . Le maître- mot de ce mouvement est le retour à la Bible et aux Pères 6 3 6 . Mais ne va-t-il pas trop vite et trop loin, au gré de certains ? C'est ce qu'il faut voir de près. Au premier rang des universités touchées par le mouvement humaniste, se place évidemment celle de Alcala. Voulue par l'archevêque de Tolède, Cisneros, pour fournir à l'Espagne un clergé pieux mais éclairé, l'Université de Alcala reçoit ses premiers bâtiments de 1498 à 1508 et ses constitutions en 1510. Sa principale faculté est la Faculté de théologie qui apparaît comme novatrice, parce qu'elle réalise activement les consignes du concile de Vienne, portées deux 635 Voir Y. M. Congar, article "Théologie", DTC, t.XV, col. 426-430. Synthèse par A. Godin, De la réforme à la Réformation (1450-1530), Histoire du christianisme vol.7 (dir. M. Venard), Paris, Desclée, 1994, pp. 618-623. Egalement: G. Bedouelle, "L'humanisme et la Bible", in Le temps des réformes et la Bible, Bible de tous les temps, vol.5, Paris, Beauchesne, 1989, pp. 53-124. 636 375 siècles auparavant et prescrivant l'enseignement des langues dans les grandes universités de la chrétienté (Rome, Paris, Oxford, Bologne et Salamanque). En fait le grec et l'hébreu, mais pas l'arabe, ni le syriaque. Il s'agissait de lire la Bible dans le texte original et de cet effort est sortie la première Bible polyglotte imprimée en Europe, la Polyglotte d'Alcala, dite Biblia complutensis (du nom latin d'Alcala). Finie d'imprimer en 1517, mise en vente à partir de 1521 elle offrait les textes hébreu, latin et grec de l'ancien Testament, avec un Targum du Pentateuque ; les textes grec et latin pour le Nouveau Testament. Les conversos avaient joué un grand rôle dans la réalisation du texte hébreu. Pour le grec, Cisneros s'était entouré des plus grand hellénistes de l'Espagne, mais l'un des meilleurs, Antonio de Lebrixa, retira sa collaboration au bout d'un certain temps, parce qu'il blâmait la conception éditoriale de Cisneros : celui-ci ne voulait pas de correction de la Vulgate, sauf d'après les anciens manuscrits latins. Proche en cela d'Erasme, Lebrixa n'avait pas un respect d'archéologue pour la version de l'Eglise latine 6 3 7 . Dès le début du XVIe siècle, il est donc bien visible que se prépare un conflit entre théologiens et philologues. L'université médiévale n'avait pas ignoré la nécessité de la critique textuelle, ni rechigné à extraire le sens littéral des textes, mais ces efforts critiques se produisaient dans la sphère théologique. L'humanisme, par les réseaux de correspondance et d'éditeurs qu'il met en place, par le soutien des princes, constitue une force dans la chrétienté qui va menacer la domination culturelle de la théologie et, sûr de ses mé thodes, il regarde sans complaisance les traditions ecclésiastiques, dont l'une, et non la moindre, est le respect qui entoure la Vulgate de l'Eglise latine . A Louvain, se met en place en 1518 le Collège trilingue, à l'instigation d'Erasme. Son enseignement suscite assez vite l'inquiétude des théologiens (Latomus, Driedo) qui estiment que le vrai travail du commentaire est de dégager la doctrine de l'Ecriture, telle qu'elle est tenue par la foi de l'Eglise. Le travail du philologue se tient à la surface des choses, il n'envisage que 637 M. Bataillon, Erasme et l'Espagne, Recherches sur l'histoire spirituelle du XVIe siècle, Genève, Droz, 1998, pp. 24-47 ; M. Andrez, La teología española en el siglo XVI, Madrid, La editorial catolica S.A., 1976-1977, 2 vols., t.II, pp. 63-71. 376 les verba, non les res6 3 8 . A Paris, l'Université, Faculté des Arts mise à part, est si violemment opposée à l'introduction des méthodes humanistes que le roi François Ier , pour tourner la difficulté, introduit dans les collèges faisant partie de l'Université de jeunes maîtres de langues, non docteurs ; ils ne seront que des lecteurs payés par le roi, d'où leur nom de lecteurs royaux. Même quand ce groupe aura pris son autonomie pour devenir le Collège royal, puis le Collège de France, la distance se maintiendra par rapport à l'institution universitaire. Erasme, sollicité par François 1er de prendre une place, la première, dans la nouvelle fondation, décline l'offre mais joue de loin le rôle de "conseiller du prince" 6 3 9 . 1.2. La trace d'Erasme Malgré son statut marginal, Erasme va imprimer son empreinte sur l'enseignement de l'exégèse biblique dans les universités, aussi bien catholiques que protestantes. Il faut donc, dans un résumé nécessairement rapide indiquer les quelques thèmes érasmiens qui trouveront écho jusqu'à l'époque des Lumières. Le premier est l'affirmation de la primauté du texte original sur les versions , selon le couple d'opposés fontes/rivuli, présenté avec insistance dans l'épître au pape Léon X qui ouvre le Novum Instrumentum d'Erasme. Les manuscrits grecs utilisés par Erasme n'étaient pas excellents, juge la critique moderne, mais son texte grec du Nouveau Testament s'imposera jusqu'au XIX e siècle, devenant le textus receptus pour trois siècles .de l'histoire de la Bible chrétienne. Plus que la réussite, c'est ici le geste qui compte. Le retour à la source pure de l'Ecriture constitue pour Erasme le plus sûr moyen de réforme de l'Eglise. Mais ce but tout spirituel doit prendre des moyens très profanes , employés dans d'autres champs culturels, comme ceux de la philosophie et du droit, où un sérieux travail de nettoyage permet de retrouver le vrai droit romain, la vraie philosophie païenne. Le texte biblique a été soumis aux mêmes aléas historiques que les autres textes et il peut être corrigé par 638 R. Guelluy, "L'évolution des méthodes théologiques à Louvain d'Erasme à Jansénius", RHE, t.37 (1941), pp. 31-143 ; sur Latomus et Driedo, pp. 52-80. 639 A. Tuilier, Histoire de l'Université de Paris et de la Sorbonne, Paris, Nouvelle librairie française, 1994, 2 vol., t.I, pp. 306-316. 377 l'usage de critères rationnels, comme la confrontation des versions, ou des manuscrits de la même version, ou par la collation des textes du Nouveau Testament avec les citations des Pères. La raison philologique opère donc une véritable désacralisation du livre, car Dieu n'a pas fait pour sa conservation des miracles qui auraient arraché le texte à l'infirmité humaine . Le texte une fois reconstitué dans sa teneur la plus primitive ou la meilleure, comment travailler sur lui ? Les innovations d'Erasme se remarquent d'abord dans les formes de son écriture. Il ne compose pas de volumineux commentaires, mais des annotations philologiques sur le texte; et s'il veut extraire la doctrine contenue dans les épîtres ou les évangiles, il le fait sous forme de "paraphrase", en saisissant la pointe du message, qu'il met en relief par rapport aux leçons de la morale antique et qu'il actualise non sans décocher des malices aux moines et aux marques de superstition. L'annotation et la paraphrase vont avoir une belle carrière durant tout l'âge moderne. Si l'on passe maintenant au contenu du discours d'Erasme sur les textes bibliques, plusieurs affirmations insistent à travers l'œuvre surabondante de l'infatigable écrivain : 1) La critique de la doctrine médiévale des quatre sens, grâce à laquelle le texte peut dire n'importe quoi, bien qu'Erasme ne rejette pas tout emploi de l'allégorie dans l'exégèse et accepte la dualité du sens littéral et du sens mystique ; 2) L'usage de règles d'interprétation: il ne suffit pas d'avoir repéré le sens de quatre ou cinq petits mots, mais il est nécessaire de réfléchir à l'émetteur et au destinataire du texte, aux circonstances, aux mots employés, à l'intention de l'auteur, au contexte (ce qui précède et ce qui suit). Cette consigne s'oppose à l'usage de citations scripturaires isolées comme dicta probantia ; 3) Le renoncement à la surcharge théologique. Le "Tu es Pierre" de Mt 16/18 a reçu bien des interprétations différentes; la pierre sur laquelle repose l'Eglise peut être le Christ ou la foi de Pierre et il n'est pas requis par le texte que le fondement de l'Eglise soit l'apôtre lui- même, comme le veut l'exégèse théologique ; 378 4) La conformité aux exigences de la nature et de la raison (Erasme recommande la miséricorde envers les époux abandonnés par leur conjoint et s'oppose aux interprétations admettant la violence pour fait de religion)6 4 0 . 1.3. Le danger érasmien La lente mobilisation de l'Eglise catholique contre la Réforme protestante a contribué, comme tout effort de guerre, à figer les positions et à transformer l'apôtre de la philosophia Christi en ennemi de la vraie foi. Dès 1519-1520, sa traduction est attaquée par l'un des auteurs de la Complutensis, Diego Lopez Zuniga et pas seulement parce que les deux entreprises sont rivales, mais parce que les traductions ou les annotations d'Erasme favoriseraient l'hérésie, notamment arienne 6 4 1 . Dès lors, l'opposition à Erasme ne désarmera plus, d'autant qu'il n'accepte pas aisément de se ranger dans le camp des adversaires de Luther. La cour impériale le protège, car l'empereur espère qu'en appliquant le programme d'Erasme, l'Eglise échappera à la déchirure qui s'annonce. Quand s'ouvre le concile de Trente, les positions érasmiennes sont en faveur des cardinaux nommés par le pape Paul III (Morone, Pole, Contarini), qui a voulu aussi faire d'Erasme un cardinal. Bon nombre d'exégètes, qu'ils soient évêques, abbés ou théologiens, qui participent au concile de Trente, possèdent la sensibilité humaniste à l'usage des textes originaux et à la recherche du sens littéral 6 4 2 . Mais, sans jamais sanctionner les positions plus fermées (qu'il y aurait deux sources distinctes de la Révélation, que la Vulgate serait au dessus de tout reproche d'ordre critique) le concile dans la session IV du 8 avril 1546 organise l'étude des Ecritures dans l'Eglise catholique d'une manière qui aura pour conséquence le désaveu des positions d'Erasme. Le Concile déclare "recevoir et vénérer pari pietatis affectu et reverentia 640 Sur les procédés exégétiques d'Erasme : A. Chomarat, Grammaire et rhétorique chez Erasme, Paris, 1981, 2 vol. 641 M. Bataillon, Erasme et l'Espagne , op.cit., pp. 98-102. 642 Voir A. Vaccari, "Esegeti ed esegesi al Concilio di Trento", Biblica, t.27 (1946), pp. 320-337. 379 "les saintes Écritures et les traditions venues des apôtres concernant la foi et les mœurs. Il décrète que, parmi toutes les versions latines en circulation, seule la Vulgate en usage dans l'Eglise doit être tenue pour la version authentique des Ecritures dans les leçons publiques et les prédications. Il défend à quiconque d'interpréter l'Ecriture, en matière de foi et de mœurs, contre le sens qu'a tenu et tient la sainte Eglise, à qui il appartient de juger du vrai sens et de l'interprétation des Ecritures, ou même contre le consensus unanime des Pères. Les théologiens postérieurs les plus opposés au protestantisme durciront les affirmations des Pères de Trente. Comme ils le faisaient déjà, ils considéreront souvent comme traditions apostoliques des traditions seulement ecclésiastiques ou ne distingueront pas les matières de foi des matières indifférentes. L'authenticité de la Vulgate sera confondue avec sa supériorité critique et ce n'est qu'en 1943, avec l'encyclique Divino afflante de Pie XII, que l'ambiguïté sera définitivement levée. L'autorité des Pères sera invoquée pour défendre n'importe quelle interprétation de l'Ecriture, y compris en matière philologique ou historique. Toutes ces orientations tournent le dos aux orientations d'Erasme : la critique des traditions, la vénération des originaux de l'Ecriture, la liberté de l'interprétation. Quant à Erasme lui- même, son exégèse du chapitre V de l'épître aux Romains est mise en cause dans les débats sur le péché originel. Le concile cite le verset 12 du chapitre 5 selon la Vulgate, Adam, in quo omnes peccaverunt, mais ne condamne pas la traduction d'Erasme fondée sur le texte grec : eph'ô signifiant pour Erasme, du fait que ou parce tous ont péché. Il appuie le canon définissant la doctrine du péché originel sur l'ensemble du texte paulinien6 4 3 . Le climat de répression qui s'instaure dans l'Eglise catholique après la mort de Charles Quint et la clôture du concile de Trente s'exprime dans la confection des catalogues de livres prohibés. Une bonne partie de l'oeuvre d'Erasme entre dans les différents index publiés à Rome, aux Pays-Bas, en Espagne. Chez les grands leaders de la Réforme catholique, Melchior Cano ou Bellarmin, Erasme est considéré comme un auteur dangereux 643 Denzinger, Enchiridion symbolorum, éd. 1960, 789. 380 dont la fréquentation conduit à l'hérésie arienne ou luthérienne 6 4 4 . Même écho dans la Bibliotheca selecta de Possevino 645 . En Espagne, le reflux du courant érasmien est particulièrement fort, parce que le mouvement humaniste est alimenté par les conversos pour la connaissance de l'hébreu et que ces gens sont réputés posséder une foi douteuse ; et aussi parce que de nombreux spirituels, épris de perfection, se retrouvent dans la philosophia Christi et son aversion pour les moines, ce qui met en marche la machine inquisitoriale 6 4 6 . 1.4. L'exégèse de la Bible, enjeu théologique Avant d'être livrée à la sagacité des interprètes, la Bible est d'abord située en plein cœur des controverses qui font rage entre les deux moitiés de la chrétienté divisée. On trouve des traités De Verbo Dei ou De Scriptura sacra à la fois dans les gros traités de controverse comme ceux de Bellarmin ou dans les prolégomènes aux commentaires. L'organisation de ces textes se fait face d'une confession à l'autre, autour des points définis à Trente : l'étendue du canon de l'Ancien Testament, la valeur respective des versions hébraïque, latine et grecque ; et surtout la suffisance de l'Ecriture comme fondement de la foi. Les controversistes protestants soutiennent que l'Ecriture est claire en toutes les matières qui regardent le salut ; ses obscurités ne font pas écran au message divin ; de toutes façons, il est toujours possible d'éclairer les passages plus obscurs par ceux qui sont clairs. C'est le principe de l'analogie de la foi ou de la Scriptura interpres sui. Etant claire quant au contenu de la Parole de Dieu, l'Ecriture est par là même suffisante. Pour les catholiques, l'Ecriture est obscure et requiert, pour devenir claire, l'interprétation de l'Eglise. Mais où trouver cette interprétation de l'Eglise ? Les passages sanctionnés par l'autorité du concile général sont rares. D'ordinaire, il faut plutôt recourir à l'interprétation des Pères ou anciens docteurs. Cependant, ce recours trouve rapidement sa limite dans le fait que leur exégèse 644 M. Cano, De locis theologicis, Salamanque 1563, l.I, c.XVI et XVII ; l.III, c.I ; R.BELLARMIN, De Controversiis christianae fidei adversus hujus temporis haereticos, t.I, Milan 1721, De Christo Capite, lib.I, praefatio, col.219-222. 645 A. Possevino, Bibliotheca selecta, Cologne, 1607, t.I, p.371. 646 M. Bataillon, Erasme et l'Espagne, op.cit., pp. 781-793 et pp. 803-812. 381 est souvent allégorique. Or, dans la controverse, le sens allégorique ne peut faire autorité. Ici Bellarmin a rappelé une fameuse sentence de Thomas d'Aquin, émise dès le début de la Somme théologique : qu.1, art.10, ad 1. Se demandant si la doctrine des quatre sens est admissible parce que cette multiplicité produit la confusion, Thomas répond que l'objection n'est pas recevable. Tous les sens sont fondés sur le sens littéral ex quo solo trahi potest argumentum, ce que disait déjà S.Augustin. Ce solide appui sur le sens littéral dans la controverse a pour conséquence que l'attachement érasmien au sens littéral ou plutôt grammatical ne devient pas caduc même pour ceux qui acceptent les normes herméneutiques de Trente. D'ailleurs, cette préoccupation avait été celle du cardinal dominic ain Cajetan (14681534), dont l'œuvre exégétique est habitée par le souci de ne pas créer, avec Luther et ses disciples, des difficultés inutiles. Il admettait donc le doute sur la canonicité d'un certain nombre de textes ou de livres, il corrigeait la Vulgate par le texte grec quand besoin était, il refaisait la traduction des psaumes directement sur l'hébreu, et s'éloignait de l'exégèse allégorique 647 . Pour se défendre, les érasmiens persécutés en Espagne invoquent toujours son autorité 6 4 8 . Ce privilège du sens littéral explique le maintien d'une tendance érasmienne, non seulement dans de grands courants de l'exégèse protestante, où elle est très évidente, jusqu'à l'édition des œuvres complètes d'Erasme à Leyde par Jean Le Clerc (1703-1706), mais même dans l'exégèse catholique. C'est un élève des humanistes d'Alcala, Arias Montano, qui reprend le projet de la Complutensis à la fin du XVIe siècle, sous le patronage de Philippe II d'Espagne, en la complétant beaucoup quant aux versions et en l'enrichissant de dissertations historiques sur les res judaïcae 6 4 9 . Ceci montre bien que la quête 647 Sur l'exégèse de Cajetan : DB, t.2/1, col.47-50 ; M.J. Lagrange, "La critique textuelle avant le concile de Trente", in Cajetan, Editions de la Revue thomiste, s.l.n.d., pp. 400-409, et A. Allgeier, "Le commentaire de Cajetan sur les Psaumes", ibid., pp. 410-443. 648 M. Bataillon, Erasme et l'Espagne, op.cit., pp. 492-502. 649 Sur Arias Montano, K. Reinhardt, Bibelkommentäre Spanischer Autoren (1500-1700), Consejo superior de investigaciones científicas, Madrid, 1990-1999, 2 vol., t.I, pp. 30-42 (cité désormais Reinhardt, I, II). 382 intense du sens littéral débouche sur des interrogations d'ordre historique. L'étude de l'exégèse catholique dans les principaux centres universitaires de la Réforme va nous montrer comment les professeurs d'Écriture sainte essaient d'honorer les instructions de Trente en gardant la priorité à la détermination du sens littéral. 2. EXEGESE ET CONTROVERSE DANS L'ENSEIGNEMENT SCRIPTURAIRE DE LA REFORME CATHOLIQUE La situation nouvelle faite aux Universités catholiques par les succès des méthodes humanistes et par l'enracinement des Eglises issues de la Réforme a conduit à l'introduction dans le cursus de cours consacrés spécifiquement à la controverse. A la Faculté de théologie de Louvain, il s'agit d'une liberté laissée aux professeurs. Au Collège jésuite du même lieu, les controverses donneront lieu à un cours spécifique, professé par Bellarmin, qui le transportera à Rome. Chaque point doctrinal controversé est établi successivement par la preuve d'Ecriture, la preuve patristique, la preuve de raison. Pour le cours d'Ecriture sainte proprement dit, il est fortement incliné vers le traitement des controverses. Nous en avons un témoignage intéressant dans le rapport que fournit le théologien jésuite Juan Maldonado au général Mercurian sur l'organisation du cours d'Ecriture sainte dans la Compagnie. Le rapporteur trace d'abord le portrait du professeur : expert en trois langues, il doit aussi avoir une bonne connaissance de la géographie et de l'histoire profane, une excellente capacité aux confrontations de textes minutieuses : patientia ad conferendum locum loco, verbum verbo, syllabam syllabae, apicem apici, pene incredibilis 6 5 0 . Puis vient une pointe contre Erasme. Il est bon que le professeur d'Ecriture sainte se fasse grec et hébreu par la langue, mais il doit demeurer "animo latinus,id est, non graecorum et hebraeorum admirator." Car une trop grande admiration pour les deux langues de la Bible fait tomber dans l'erreur autant que leur ignorance6 5 1 . Maintenant, comment le professeur doit-il concrètement procéder ? Les premières opérations seront de critique textuelle. La lectio est650 651 Lukacs, Monumenta paedagogica S.J, t.IV/II, p. 192. Ibid. 383 elle une variante, une correction ? Ensuite, le commentateur donnera tout son poids à l'autorité de la Vulgate (versio nostra) et en cas de divergence avec le grec ou l'hébreu, il expliquera que l'interprète latin a lu un autre texte original que celui que nous connaissons. Si le passage de la Vulgate est manifestement corrompu, il sera licite de le corriger "tum ex fontibus, tum ex aliis latinis exemplaribus". En règle générale, il faudra exposer le sens littéral selon "notre version" et prouver qu'il est le meilleur sens. Ensuite, le professeur, "consulta prius fide catholica, deinde hebraicis graecisque exemplaribus adhibitis, collatis aliis similibus Scripturae locis, lectisque semper optimis commentariis, verum sensum enucleabit". Puis le maître soulignera la portée dogmatique du texte et réfutera si besoin en est l'interprétation des hérétiques. Ce texte est capital et éclaire non seulement la pratique exégétique de Maldonat, mais celle de la Réforme catholique en général6 5 2 . En écho à ces conseils, le texte de la Ratio de 1586 émettra la consigne que le professeur d'Ecriture sainte ne doit pas se muer en professeur de controverse, sed graviter et strenue conatur ostendere illi loco non aliam sententiam congruere quam catholicorum 6 5 3 . Dans les textes qu'il a écrits sur l'enseignement de la théologie, Maldonat dit clairement que le combat contre l'hérésie n'éloigne nullement le commentateur de son but : la pénétration du sens de l'Ecriture. Ne quittons pas ces généralités sur le commentaire, sans noter que la plupart d'entre eux furent enseignés avant d'être écrits, comme le déclarent les avertissements ou les préfaces. La publication permettait le contrôle doctrinal de l'enseignement donné. Elle se proposait aussi l'utilisation pastorale du commentaire, car l'Eglise postridentine ne tournait pas le dos à l'Ecriture sainte. Au cours de la session V du concile de Trente, en juin 1546, déjà mentionnée, le concile prescrit l'institution de leçons d'Ecriture sainte dans les églises possédant les moyens financiers de cette innovation, principalement les églises primatiales, cathédrales et collégiales, ainsi que dans les abbayes, couvents de réguliers et collèges. Dans les églises trop pauvres, 652 653 Ibid., p. 193. Ibid., t.V, p. 46. Voir indication de l'édition bilingue à la n.3. 384 il faudra instituer un maître de grammaire qui préparera les adolescents à suivre plus tard les leçons d'Ecriture sainte 6 5 4 . L'explication de l'Ecriture sainte se concentre avant tout sur les textes utilisés dans la liturgie et, pour mieux remplir leur rôle pastoral, les commentaires étaient flanqués d'annexes indiquant où trouver l'explication des péricopes utilisées dans le temporal ou le sanctoral. 2.1. L'exégèse littérale et les interprétations patristiques Un érasmien discret : Cornelius Jansen de Gand Un universitaire anglais, excellent connaisseur d'Erasme, M.A. Screech s'est penché à plusieurs reprises sur les liens entre l'œuvre d'Erasme et celle de Jansen de Gand. Il a indiqué que, de l'édition de 1577 de la Concordia de Jansen à l'édition de 1613, le nom d'Erasme fait place à la désignation anonyme quidam. Et il a démontré, avec forces preuves à l'appui, que Jansen utilise fréquemment les Annotationes in Novum Testamentum d'Erasme 6 5 5 . Cornelius Jansen (1510-1576) avait été professeur d'Ecriture sainte à Louvain après y avoir été étudiant. Il fut l'un des théologiens du concile de Trente, puis premier évêque de Gand à partir de 1564. Son œuvre principale est une Concordia evangelica publiée en 1558 à Anvers, rééditée une dizaine de fois à Louvain ou à Lyon jusqu'en 1624. La préface explique que le livre plusieurs fois remis sur le chantier se propose de rendre service aux étudiants et aux pasteurs. L'auteur a reproduit les opinions des Pères et en juge librement. Qua in re etsi non temere nec sine summo judicio et examine versati sumus, genuinum ubique et germanum scripturae sensum investigantes, libere tamen cuique quod volet eligendi potestatem relinquimus. Cette liberté d'appréciation, dans le respect de l'opinion des Pères, se constate dans les exégèses de détail. Par exemple, S. Augustin a entendu "sur cette pierre" ("Je 654 Enchiridion biblicum , éd. de 1996, pp. 65-72. D'après M. A. Screech, "Erasmus and the Concordia of Cornelius Jansen", in Colloque érasmien de Liège, Paris, 1987, pp. 297-307 ; "The Diffusion of Erasmus's Theology and New Testament Scholarship in Roman Catholic Circles", in I. Backus & F. Higman (dir.), Théories et pratiques de l'exégèse. Actes du 3e Colloque de l'histoire de l'exégèse au XVI e siècle, Genève, 1990, pp. 343-353. 655 385 bâtirai mon Eglise" Mt 16/18) du Christ et non de l'apôtre Pierre, ; Hilaire et Cyrille de la foi de Pierre, parce qu'ils ont été embarrassés par le changement de genre qui se rencontre aussi bien en latin qu'en grec, de Petros (Petrus) à Petra. Tout ceci vient d'Erasme. Mais Jansen ajoute que l'original syriaque (il ne dit pas : araméen) ne connaît pas cette distinction de genre. En outre, l'emploi par Jésus du démonstratif (epi tautên tên petran) impose que la pierre désignée soit bien l'apôtre. Ici l'usage du sens grammatical conforte donc la position catholique 6 5 6 . Mais ce n'est pas toujours le cas. Par exemple, Jansen estime que, dans l'annonce faite par l'ange à Marie, (Ideoque et quod nascetur ex te sanctum), le mot sanctum ne concerne pas la divinité de Jésus, car il doit être rattaché à nascetur, non à vocabitur. L'ange évoque ici la conception virginale de Jésus, qui lui permet d'être saint, c'est-à-dire pur, parce qu'il n'est pas né ex immundo semine comme les autres humains 6 5 7 . A propos de Jean 20/23 sur le pouvoir de remettre les péchés, Jansen estime qu'on ne peut tirer de cette parole de Jésus la nécessité de la confession des péchés. Dans l'Eglise antique, et encore aujourd'hui le baptême est conféré sans confession des péchés. La pénitence fut d'abord instituée pour les lapsi, qui pour être pardonnés devaient montrer le ur regret en confessant leur faute 6 5 8 . Comme celle-ci était publique, sa confession est plus un signe de contrition qu'un aveu. D'autres traits érasmiens se remarquent chez Jansen. Ainsi son appréciation souple de l'inspiration des évangiles. Ils ne rapportent pas toujours la même scène exactement de la même façon parce que leur récit poursuit une intention particulière. Mais ces légères différences d'expression n'altèrent pas leur accord substantiel sur les choses 6 5 9 . Un trait important de l'exégèse de Jansen le rattache sinon à Erasme du moins à l'enracinement biblique de la doctrine 656 C. Jansen, Commentariorum in suam concordiam ac totam historiam evangelicam Partes IV, Lyon, 1596, pp. 490g-491d. 657 Ibid., p. 29g-d. 658 Ibid., pp. 1074g-1075d. 659 Ibid., p. 525g-d. 386 catholique qui marque tout le mouvement humaniste, en particulier à Louvain. Il n'appuie pas la théorie des sacrements avant tout sur une argumentation grammaticale ou juridique, mais sur une histoire du salut. L'Ancien Testament vit dans l'attente de la venue de Dieu, aussi son culte se contente-t-il de mettre en place des figures des réalités promises. L'Eucharistie contient réellement le Corps du Christ au titre d'accomplissement des figures que sont la manne ou l'agneau pascal. Le baptême confère vraiment la nouvelle naissance et la rémission des péchés seulement annoncés par la circoncision. De plus, les pouvoirs sacramentels donnés à l'Eglise viennent du saint Esprit, qui n'a pas encore été donné aux apôtres avant la Résurrection et qui est donné en réalisation des promesses antérieures faites par Jésus durant sa vie terrestre (comme de remettre les péchés ou, pour Pierre, de posséder le pouvoir des clefs) 6 6 0 . Enfin les sacrements sont donnés à l'intérieur d'une communauté et Jansen ne l'oublie jamais. Le fruit de l'Eucharistie est, rappelle-til, la confection du corps mystique. En grec, les sacrements sont dits symbola, ils sont le signe de reconnaissance entre chrétiens comme la tessère antique, par laquelle l'individu se reconnaissait membre d'une troupe armée ou d'une cité. Et l'Eglise est ces deux choses à la fois : une armée, une cité6 6 1 . Ainsi les commentaires de Jansen de Gand gardent une certaine jeunesse et, à la fin du XIXe siècle, le jésuite Rudolf Cornely, professeur à l'Université grégorienne, le saluait comme un de plus grands exégètes de l'époque moderne. Du sens littéral à l'histoire Erasme est philologue et non historien. Cependant l'attention du mouvement humaniste au sens originaire des textes conduisait parfois à comprendre ceux-ci par le contexte historique où ils avaient été utilisés. Quelques amorces de cette démarche se rencontrent chez Jansen, par exemple lorsqu'il explique, dans le verset de Marc 3/20 : "Les siens partirent pour se saisir de, lui" que oi par'autou, en latin sui, désigne à proprement parler la parenté de Jésus, non ses compatriotes en 660 661 Ibid., p. 901g-d. Ibid., pp. 153g-d, 897d. 387 général. Le motif de cette décision sémantique est que les habitants de Nazareth se conforment à une loi antique, permettant à la famille d'un dément de s'emparer physiquement de lui pour l'empêcher de nuire 6 6 2 . Cette attention à l'histoire va s'amplifier dans le commentaire de l'Apocalypse. En effet, les protestants (à l’exception des Réformés français) se sont précipités dans l'exégèse de type "joachimite" qui, depuis Joachim de Flore, applique les prophéties de ce livre aux événements de la vie de l'Eglise. Le grand commentateur jésuite de l'Apocalypse au début du XVIIe siècle, Luis de Alcazar, professeur d'Ecriture sainte à Cordoue puis à Séville appelle ces interprétations les viae historiales et les oppose aux viae spirituales, qui sont des applications mystiques de l'Apocalypse au combat du bien et du mal en général 6 6 3 . Pour les commentateurs protestants utilisateurs de la via historialis, les maux annoncés par les cavaliers, les coupes et les trompettes de l'Apocalypse désignant les malheurs qui se sont abattus sur l'Eglise romaine depuis l'époque de son apogée au XIIIe siècle. Le destin de la papauté est désigné sous le symbole de la Bête d'abord triomphante, puis jetée dans l'étang de feu (chapitre 13,16,17). Contre ce type d'exégèse, qu'on trouve chez Luther à la fin de sa vie , se dressent les commentateurs jésuites: Ribeira, Salmeron, Viegas et surtout Alcazar. Celui-ci pose que l'Apocalypse est un livre de consolation destiné aux premiers chrétiens. Dans les chapitres 4 à 11, il s'agit du sort des Juifs ; de 12 à 19, le récit se tourne vers l'histoire des premiers chrétiens en proie à la puissance romaine, qui sera châtiée par l'invasion des barbares (17 à 19) et remplacée par la Rome chrétienne, dont les chapitres 20 et 22 racontent le triomphe sur la terre comme au ciel. Pour se protéger, Alcazar déclarait que son interprétation n'excluait pas l'interprétation mystique de l'Apocalypse comme lieu du combat entre le bien et le mal, car cette interprétation augustinienne avait droit de cité dans l'Eglise depuis toujours. Cette précaution n'empêchera pas son exégèse d'être sévèrement condamnée par Cornelius a 662 663 Ibid., p. 374g. Sur Luis de Alcázar, Reinhardt I, pp. 15-17. 388 Lapide : Eruditus errans errat errore erudito 6 6 4 . Mais le prophétisme de Jurieu à la fin du XVIIe siècle amènera Bossuet à se saisir en l'améliorant de l'exégèse d'Alcazar. 2.2. Sens littéral et controverse dogmatique Nous allons nous tourner maintenant vers deux œuvres majeures pour le combat doctrinal de la Réforme catholique : celle de Maldonat et celle de Estius, excellents exemples d'une démonstration de la vérité catholique basée sur l'exégèse littérale. Maldonat Juan Maldonado (1534-1583) dont le nom a été francisé en Maldonat, est d'origine espagnole comme beaucoup de jésuites qui enseignent dans les collèges de la Compagnie à travers l'Europe et comme eux aussi, il ne combat pas l'hérésie seulement par la plume, mais en se mêlant aux missions de reconquête sur le terrain 6 6 5 . Après des études à Salamanque et l'entrée dans la Compagnie, il fait un séjour à Rome où il enseigne les cas de conscience puis est envoyé au collège de Clermont, à Paris, créé au milieu d'importantes difficultés, car la France gallicane manifestait son "exception culturelle" en s'opposant aux jésuites. D'abord professeur de philosophie, Maldonat enseigne la théologie à partir de l'automne 1565. Ecarté de Paris à la fin de 1576 à la suite de conflits avec la Faculté de théologie sur l'Immaculée Conception, il est déplacé à Bourges où il se met à la composition de ses commentaires, qu'il achèvera à Rome à 664 F. Laplanche, L'Ecriture, le sacré et l'histoire. Erudits et politiques protestants devant la Bible en France au XVIIe siècle, Amsterdam-Maarssen, APA-Holland University Press, 1986, pp. 174-177 ; B. Roussel, "De Salmeron à Luis de Alcazar : 'l'école jésuite' de commentaires de l'apocalypse', in Commenter l'apocalypse dans le contexte religieux des 16e et 17e siècles, en référence à la tradition médiévale, Journées d'études EPHE-Section "Sciences religieuses (Paris) et IHR (Genève), 1996 (notes mss.). 665 Sur Maldonado, Reinhardt, II, pp. 9-19. 389 partir de 1581 6 6 6 . Les Commentaria n'ont été édités qu'en 15961597 bien après la mort de leur auteur et doublement corrigés à Rome et à Pont-à-Mousson 6 6 7 . Les éditeurs craignaient que l' exégèse de Maldonat ne fasse pas assez cas de la tradition de l'Eglise et juge trop librement des opinions des Pères 6 6 8 . En fait, Maldonat commence toujours ses exégèses par un examen philologique des versions, une étude du sens des mots et de la grammaire. Ceci peut l'amener à prendre une position indépendante de la tradition. Comme Jansen de Gand, il estime que le verset de Luc 1/35 Ideoque et quod nascetur ex te sanctum vocabitur Filius dei ne peut servir à défendre contre Nestorius la doctrine de l'unité personnelle des deux natures. Il ajoute que sanctum prend ici un sens adverbial : ce qui va naître saintement de toi. C'est-à-dire sans avoir connu la souillure du péché d'origine transmis par la génération 6 6 9 . Commentant le verset du prologue de Jean : In mundo erat, et mundus per ipsum factum est, et mundus eum non cognovit, il soutient contre la plupart des Pères que l'affirmation ne concerne pas le Verbe éternel préexistant, mais le Verbe incarné. Il en donne pour preuve le parallélisme des deux versets : In mundo erat et In propria venit et sui eum non receperunt. Il est bien vrai que Dieu peut être connu du monde par ses effets avant la création, mais indistinctement dans sa nature, non dans la distinction des personnes 6 7 0 . La théologie ne peut rien ici contre la grammaire. Quand il s'agit d'un point de doctrine fondamental comme la primauté de Pierre, Maldonat procède en trois temps. Il énumère les opinions patristiques contraires à la sienne ; il appuie celle-ci sur une soigneuse exégèse grammaticale ; il explique en la tirant à lui l'interprétation des Pères. Dans le cas considéré, la grammaire impose que la pierre fondement de l'Eglise soit l'apô666 Sur la carrière de Maldonado, voir P. Schmitt, La Réforme catholique. Le combat de Maldonat, Paris, Beauchesne, 1985 ("Théologie historique" 74). 667 D'après l'avis au lecteur des éditeurs, encore reproduit dans l'édition de 1668 à Paris, chez Billaine. 668 Voir J. Huby, "Le texte original des commentaires de Maldonat", Recherches de science religieuse, t.4 (1913), pp. 97-108. 669 J. Maldonat, Commentarii in quatuor evangelistas cum quatuor indicibus, Paris, Billaine , 1639, col. 879-881. 670 Ibid., col.1258-1259. 390 tre lui- même. Le changement de genre ne fait pas de difficulté particulière si l'on retourne à un original sémitique. Le démonstratif hanc vaut pour un relatif : Tu es petra, super quam aedificabo ecclesiam meam. L'aspect de récompense contenu dans la parole de Jésus à Pierre, en réponse à la confession de foi de celui-ci, disparaîtrait si Jésus se contentait d'imposer à Pierre un changement de nom. Si de nombreux Pères ont cru que la pierre était la foi ou la confession de foi de l'Eglise, ils entendent tout de mê me que la personne de Pierre est fondement propter fidem et confessionem 6 7 1 . D'autres fois, Maldonat recourt ouvertement à l'interprétation de l'Eglise. Par exemple, ayant consulté le Vaticanus et d'autres manuscrits grecs, ainsi que des commentateurs anciens, il sait bien que l'épisode de la femme adultère semble une addition au quatrième évangile postérieure à la rédaction de celui-ci. Elle serait le fait de Papias ou proviendrait d'un emprunt à l'évangile des Hébreux. Mais le concile de Trente en déclarant canoniques tous les livres contenus dans la Vulgate, cum omnibus suis partibus a tranché le problème. Il faut donc admettre que présent dans le texte originaire, le passage a été retranché par certains copistes parce qu'il s'intercalait entre deux discours ou parce qu'on l'a trouvé ultérieurement dans une œuvre de Papias 6 7 2 . Autre fait notable : alors que les commentateurs littéralistes interprètent la parole de Jésus à la femme pécheresse (Luc 7/47) : Propter quod dico tibi : remittuntur ei peccata multa, quoniam dilexit multum, en déclarant que conformément au contexte, l'amour est la conséquence du pardon, Maldonat tranche encore au nom de la saine doctrine. Refuser que l'amour ait précédé le pardon est une tentative calviniste pour nier le mérite des œuvres 6 7 3 . Estius Guillaume Van Est (1542-1613) est un séculier qui enseigne l'Ecriture sainte à l'Université de Douai, bastion de la réfor671 672 673 Ibid., col.339-342. Ibid., col. 1551-1552. Ibid., col.1001-1002. 391 me catholique et lieu de formation des étudiants anglais restés fidèles à la vieille Eglise. Il est l'un des approbateurs de la Bible de Douai, c'est-à-dire de la version anglaise catholique des saintes Ecritures (1600 et 1609). Son commentaire des épîtres, posthume, parut d'abord en deux volumes (1614 et 1616) et a été souvent réédité (jusqu'au XIX e siècle). Il consiste en un commentaire très précis de toutes les épîtres du Nouveau Testament. La méthode d'Estius consiste à expliquer soigneusement les termes, à discuter les interprétations opposées à la sienne et à conclure en ces termes : sensus est. Un lieu majeur de ses commentaires est évidemment le chapitre 5 de l'épître aux Romains. Propterea sicut per unum hominem peccatum in hunc mundum intravit, et per peccatum mors, et ita in omnes homines mors pertransiit, in quo omnes peccaverunt. Estius affirme que l'immense majorité des Pères grecs et latins a relié in quo à Adam, soulignant ainsi que tous ont péché en Adam, contractant en lui cette souillure que les théologiens appellent "péché originel originatum ". Erasme, il est vrai, sur les pas de Chrysostome, traduit le eph'ô grec par quatenus : "du fait que tous ont péché". Cette traduction n'est admissible que si cette universalité du péché n'est pas la somme des péchés personnels, mais la souillure contractée en conséquence du péché d'Adam. D'ailleurs le verset 19 ne laisse pas de place au doute : il met en parallèle l'universalité du péché, due à la désobéissance d'un seul, avec l'universalité de la justice, obtenue par l'obéissance d'un seul 6 7 4 . Qu'est-ce que ce péché hérité ? Quand Paul enjoint aux chrétiens en 6/12 de ne pas laisser le péché régner en eux, il entend ici par "péché" la concupiscence. Non qu'elle soit un péché, comme le veulent les hérétiques, mais parce qu'elle est provenue du péché et incline au péché. Cette domination du désir, que décrit Paul au chapitre 6, se produit-elle chez l'homme qui vit sous la loi, ou demeure-telle chez ceux qui sont renés par le baptême ? Célèbre question, tranchée différemment par les Pères grecs, pour lesquels Paul 674 G. Estius, Absolutissima in omnes Beati Pauli et septem catholicas Apostolorum Epistolas commentaria tribus tomis distincta in quibus genuinus literae sensus solide et perspicue traditur : haereses tum novae, tum veteres doctissime refutantur : mores denique varia et exquisita erudione formantur, Paris, 1679, pp. 55-61. 392 parle de l'homme sous la loi, et par les Pères latins, qui voient la concupiscence demeurer en l'homme baptisé. Cette seconde opinion est, selon Estius, plus conforme au scopus de Paul, qui veut montrer que le baptisé, bien qu'il sente en lui les mouvements de la concupiscence, est arraché par a l mort du Christ à la condamnation. Chez Estius, se rencontre donc aussi une tendance à fermer l'interprétation. Le combat, dirigé contre les hérétiques, l'est aussi pour la théologie augustinienne de la grâce. Commentant les vv.19 et suivants du chapitre 9 de l'épître aux Romains, Estius explique comment la réprobation n'échappe pas à la providence divine. La perte des incrédules est bien le châtiment de leur péché librement commis, mais Dieu a permis qu'ils tombent dans le péché, et ceci est le premier effet de la réprobation. Pourtant, s'il est écrit que Dieu "a supporté avec patience des vases de colère tout prêts pour la perdition", ceci indique assez clairement que les non-prédestinés pouvaient à tout moment se convertir 6 7 5 (il faut sauvegarder à la fois la justice de Dieu et la doctrine de la grâce efficace). A de nombreuses reprises, Estius insiste sur l'efficacité de la grâce intérieure et sur la détermination de la volonté par elle. Il ne suffit pas de soutenir comme le jésuite Lessius que Dieu "opère en nous le vouloir et le faire" par des illuminations et des attraits6 7 6 . Inspiré par des sentiments anti-jansénistes, Richard Simon reproche vivement à Estius d'avoir inspiré le commentaire en langue vulgaire de l'oratorien Amelote en donnant trop de place à l'exégèse de saint Augustin 6 7 7 . Car la doctrine de la grâce efficace a été ignorée des Pères grecs 6 7 8 . Maldonat est au contraire un auteur estimé de Richard Simon 6 7 9 . Par ces remarques perspicaces de Simon, 675 Ibid., p. 111 d. Ibid., p. 643 g et d ; voir aussi pp. 120d, 127d, 223d, 1055 g et d. 677 R. Simon, Histoire critique des principaux commentateurs du Nouveau Testament, Rotterdam, 1693, pp. 883-891. L'oratorien Denis Amelote (16091678) publia de 1660 à 1670 une traduction annotée du Nouveau Testament en 4 volumes qui fut abondamment distribuée aux "nouveaux convertis" dans le Midi de la France. 678 R. Simon, Histoire critique des principaux commentateurs du Nouveau Testament, op.cit., préface et p. 887. 679 Pour le jugement de Maldonat sur l'exégèse augustinienne, voir R. Simon, Bibliothèque critique, Amsterdam, 1708-1710, 4 vol., t.IV, lettre X. 676 393 on constate que l'exégèse de la Réforme catholique n'est pas seulement marquée par la controverse avec les protestants, mais par les controverses internes entre jansénistes (ou au moins augustiniens ) et jésuites. 2.3. Une exégèse très engagée Venons-en maintenant à deux personnages caractéristiques de leur époque, Jansénius d'Ypres et Cornelius a Lapide (15671637). Tous les deux ont enseigné à Louvain, le premier à la Faculté de théologie de 1630 à 1635, avant de devenir évêque d'Ypres ; le second au Collège jésuite de 1596 à 1616, avant d'être appelé au Collège romain . Les commentaires bibliques de Jansenius Les cours de Jansénius à Louvain ont été imprimés, le Tetrateuchus sive Commentarius in Evangelia en 1639 et le Pentateuchus sive Commentarius in quinque libros Moysis en 1641. L'un et l'autre ont été maintes fois réédités. Ils apparaissent comme des ouvrages de controverse antiprotestante, attentivement étudiés par Jean Orcibal 6 8 0 . Jansénius peut bien être dit un "littéraliste" dans la mesure où il ne s'adonne pas à l'exégèse allégorique. Mais, en fait, on trouve dans le Tetrateuchus fort peu d'exégèse littérale et beaucoup d'applications morales, avec d'abondantes citations des Pères. La préoccupation de réfuter Calvin et Bèze est partout visible, mais les positions catholiques sur la primauté de Pierre et sur l'Eucharistie sont démontrées avec les mêmes arguments que chez les autres controversistes. Jansénius est plus engagé personnellement dans le commentaire des passages où est abordée la doctrine de la prédestination. Cet engagement lui valut les critiques du grand vicaire de Rouen, Charles Mallet, docteur de Sorbonne, qui obtint la mise au bûcher du livre en 1660. Le livre fut défendu par Arnaud, qui explique que les opinions de Jansénius n'étaient autres que celles de S. Augustin. Si on les condamnait il fallait aussi condamner le grand docteur. L'orienta680 J. Orcibal, Jansénius d'Ypres (1585-1638), Paris, Etudes augustiniennes, 1989, pp. 177-191. 394 tion de Jansénius est particulièrement sensible dans le commentaire de l'évangile selon saint Jean, chaque fois qu'il est question de la grâce divine. Soit par exemple e l verset de Jean 6/37 : Omne quod dat mihi pater ad me veniet. Jansénius commente : id est quemcumque cujuscumque conditionis Pater mihi, tanquam homini hominum mediator, salvandum tradidit, ad me veniet. Id est reipsa indeclinabibliter mihi credi : quia quos Deus ab aeterno salvandoc predestinavit, hos secundum illud propositum suum vocavit : nam illos solos Christo Homini Pater dat quod elegit et praedestinavit 6 8 1 . Quand Jésus déclare aux Juifs en Jean 10/26 : Sed vos non creditis, quia non estis ex ovibus meis, Jansénius commente : Sed vos non creditis, neque verbis neque operibus. Causa est, quia non estis ex ovibus meis, id est ex praedestinatis ad vitam aeternam ; sed potius ad interitum, prout exponit Augustinus 6 8 2 . Un test intéressant est le commentaire de Luc 7/47. Pour Jansénius, ici d'accord avec Maldonat, l'amour de la femme pécheresse est la cause, non la conséquence, de la rémission des péchés : ce sont les calvinistes qui veulent à tout prix que le pardon ait précédé les signes d'amour. En fait, presque tous les commentateurs catholiques ont été embarrassés ici par la nécessité de conformer leur exégèse à la doctrine de Trente sur la justification. Car les plus littéraux, par exemple, Tolet (Francisco de Toledo), Jansen de Gand ont bien vu que le but de Jésus était de faire remarquer à Simon son erreur : la femme qui l'approche n'est plus une pécheresse, c'est pourquoi il faut entendre les signes d'amour comme la preuve et non la cause du pardon de Jésus. Mais, selon le concile de Trente, le pénitent ne reçoit pas passivement la justification, il y coopère par un premier acte de confiance et d'amour. En ce sens, l'amour a précédé le pardon. D'une manière pour nous étonnante, puisqu'il a assisté au concile de Trente, où il fut le théologien de trois papes, Salméron déclare au contraire dans son commentaire de Luc que Jésus n'a pas eu en vue toutes ces distinctions et qu'il faut voir dans l'amour, comme le contexte y invite, l'effet et non 681 C. Jansenius, Tetrateuchus sive Commentarius in sancta Jesu Christi evangelia, 1677, p. 442g. 682 Ibid., p. 472g. 395 la cause du pardon 6 8 3 . Le commentaire de Tolet et de Jansen de Gand est plus embarrassé : le texte, selon eux, peut légitimement être pris dans les deux sens 6 8 4 . Cornelis Cornelissen van den Steen (vulgairement dit Cornelius a Lapide) est plus intrépide. Professeur d'Ecriture Sainte pendant vingt ans à Louvain, il fut ensuite appelé à Rome où il enseigna de 1616 à sa mort. L'historiographe de la compagnie, Sommervogel, qui le présente dans le Dictionnaire de la Bible, après avoir dit toute la reconnaissance que l'Eglise lui doit pour ses magnifiques commentaires de l'Ecriture sainte, expliquée dans son intégralité, sauf le livre de Job et les psaumes, reconnaît que son exégèse n'est pas toujours très rigoureuse 6 8 5 . Si ses commentaires ne sont pas très utiles aux savants, en revanche ils peuvent apporter beaucoup aux prédicateurs. C'est peut-être ce qui explique leur popularité et leurs nombreuses rééditions jusqu'en 1857. Cornelius a Lapide ne craignait pas le pittoresque : ainsi donne-t-il d'abondants renseignements sur les vêtements en poil de chameau et les sauterelles à propos de Jean-Baptiste. Son souci de l'application morale le conduit à rejeter vivement l'exégèse de l'Apocalypse par Alcazar, comme nous l'avons vu. Il est certainement le meilleur représentant d'une certaine attitude catholique vis-à-vis de la Bible, dans laquelle on recherche surtout un trésor d'exempla. De cet immense effort de l'exégèse des Facultés de théologie au temps de la Réforme catholique, qu'est-il resté ? Une surprise nous attend ici : le commentaire est un genre littéraire qui décroît dans la seconde moitié du XVIIe siècle, aussi bien chez les catholiques que chez les protestants, tandis que se développe d'édition de volumes intitulés Introductio ad Scripturam Sacram ou Apparatus biblicus. Ils expliquent tout ce qu'il 683 A. Salmeron, Commentarii in evangelicam historiam et in Acta Apostolorum, Cologne, 1602, 16 vol, t.IV, pp. 304-306 . Sur Salméron, Reinhardt, II, pp. 276280. 684 F. Toletus, Commentaria in sacra Jesus Christi Domini nostri evangelia secundum Lucam, Venise, 1601, p. 490; C. Jansen, Commentariorum, op.cit., p. 369 d. Sur Francisco de Toledo, Reinhardt II, pp. 340-344 . 685 Sur Cornelius a Lapide : Dictionnaire de la Bible, t.II/1; col.1014-1015 . Bibliographie de l'oeuvre dans Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t.IV, col.1511-1526 . 396 est nécessaire de savoir pour s'attaquer à l'explication des livres saints. Mais l'explication elle- même ne progresse plus, comme en témoigne d'ailleurs le grand recueil de Calmet publié au début du XVIIIe siècle : Commentaire littéral sur tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Paris, 1707-1716 (22 vol. 4°), qui est une compilation de toutes les opinions des Pères et des commentateurs contemporains. Que s'est-il donc passé ? 3. LA CRISE DU COMMENTAIRE THEOLOGIQUE Ce qui se passe à la fin du XVIIe siècle est l'entrée de la Bible dans le temps. Loin qu'elle continue d'être l'enveloppe de tous les savoirs, en particulier le livre qui détient la clef de l'histoire humaine, elle devient le produit de cette histoire. L'éclaircissement du sens littéral ne peut se produire sans appel à l'histoire non seulement biblique, mais exotica, c'est-à-dire celle des autres religions et civilisations 6 8 6 . 3.1. La Bible et le temps Il m'est nécessaire ici d'indiquer seulement le résultat de différents travaux effectués sur le passage de l'orthodoxie protes-tante à l'orthodoxie éclairée ou, pour l'exégèse catholique, sur Richard Simon6 8 7 . Les deux études se séparent difficilement l'une de l'autre comme en témoigne le Traité des études monastiques de Mabillon, qui témo igne d'une immense largeur 686 F. Laplanche, L'Ecriture, le sacré et l'histoire, op.cit., pp. 531-643 ; sur Grotius, H. Von Reventlow, "L'exégèse humaniste de Hugo Grotius", in J.R. Armogathe (dir.), Le Grand Siècle et la Bible, Bible de tous les temps, vol.6, Paris, Beauchesne, 1989, pp. 141-154; H.J. De Jonge, "Hugo Grotius : exégète du Nouveau Testament", in The World of Hugo Grotius (1583-1645), AmsterdamMaarssen, APA-Holland University Press, 1984, pp. 97-115 ; "Grotius View of the Gospels and the Evangelists", in Hugo Grotius theologian. Essays in honour of G.H.M.Posthumus Meyjes Leiden, Brill, 1994, pp. 65-74. 687 E. Labrousse: bibliographie de ses travaux in De l'humanisme aux Lumières, Bayle et le protestantisme. Mélanges en l'honneur d'Elisabeth Labrousse, Oxford, Voltaire Foundation, 1996, pp. XVI-XXII ; J. Le Brun, "Simon (Richard), Dictionnaire de la Bible. Supplément, t.XII, col.556-586 ; M. C. Pitassi, Le problème de la méthode critique chez Jean Le Clerc, Leiden, Brill, 1986 ; F. Laplanche, Bible, sciences et pouvoirs au XVIIe siècle, Napoli, Bibliopolis, 1996 ("Istituto italiano per gli studi filosofici. Lezione della Scuola di Studi Superiori in Napoli, 19"). 397 d'esprit dans les lectures qu'il conseille, au point que Simon luimême s'en déclare surpris 6 8 8 . La constitution des sociétés savantes et la circulation des premiers périodiques savants attise le feu de la critique, et le mot d'ailleurs se répand partout . Il décore les titres des livres érudits, qui deviennent des "histoires "critiques", des dictionnaires "critiques" : entendez qu'ils examinent sur "de bons actes" la vérité des traditions antiques, médiévales ou même plus récentes. Les acteurs ou les témoins de cette évolution, pour le catholicisme, se situent en dehors des Universités. L'entrée de la Bible dans le temps, bien repérée par l'oratorien Bernard Lamy dans ses Entretiens sur les sciences, s'est produite à l'intersection de plusieurs courants. Le privilège du sens littéral ou grammatical, sous la pression du mouvement humaniste et de la controverse confessionnelle, conduit à rejeter la surcharge théologique ou dogmatique de l'exégèse. Cette pratique an-historique conduit, pour les littéralistes, à la méconnaissance complète du sens des textes. Ensuite, la réflexion sur les préceptes moraux et politiques de la "République des Hébreux" conduit les littéralistes à rejeter dans un passé révolu la pertinence de ces préceptes. Depuis le temps d'Erasme et de More, il existe un lien visible entre l'orientation a-dogmatique de l'exégèse et le combat pour la tolérance religieuse. Enfin, les débats autour de l'astronomie nouvelle conduisent les exégètes littéralistes à dépasser la solution traditionnelle du conflit entre la Bible et la science. Non seulement l'écrivain sacré parle selon les apparences, mais aussi et surtout il reproduit la cosmologie de son époque. De proche en proche, cette concession s'étend à d'autres champs culturels que l'astronomie : la démonologie, la conception de Dieu et de ses rapports avec les hommes relèvent aussi de l'explication par les représentations d'une époque. C'est évidemment Spinoza qui est allé le plus loin possible dans cette direction, en distinguant avec une parfaite clarté le sens vrai du texte et la "vérité de la chose", ce qui permet à l'histoire des religions – et donc à l'histoire de la religion de la Bible - de se 688 R. Simon, Histoire critique des principaux commentateurs du Nouveau Testament, op.cit., p. 802. 398 dégager de toute autre préoccupation que l'établissement du sens du texte 6 8 9 . 3.2. Un programme inaccessible L'article de l'Encyclopédie, à l'article "Bible", trace un programme de la critique biblique. Rapproché des introductions à la Bible de la fin du XVIIe , cet article souligne un certain malaise, car tout ce qu'il conseille de faire, les exégètes le savent bien, mais ils ne peuvent passer à l'exécution du programme. La connaissance des langues de l'Orient ancien n'est pas suffisamment développée pour que la littérature de l'Ancien Testament puisse être replacée dans le cadre qui l'a vu naître. L'archéologie du Moyen Orient n'est pas née encore. Le grand érudit protestant Jacques Basnage, conseiller du Régent pour les affaires des huguenots, s'écrie un jour : "Il faudroit présentement déterrer la ville de Harran" (première étape du clan d'Abraham vers le pays de Chanaan) 6 9 0 . Ces difficultés ont été si vivement ressenties que la théologie catholique s'est principalement appuyée sur la tradition de l'Eglise pour défendre la foi. Cette vision des choses qui court de Bossuet à Lamennais a beaucoup stérilisé l'orientation de l'érudition catholique en France vers l'étude de la Bible. Les séminaires français fondés vers la fin du XVIIe siècle en réponse aux décrets de Trente n'ont pas de chaire d'Ecriture sainte, pas plus que la Faculté de théologie, qui n'en a jamais eu. Cependant, le prince Louis d'Orléans, fils du régent, dota en 1751 une chaire d'hébreu, instituée à la faculté de théologie de Paris, pour apprendre aux étudiants à lire l'Ancien Testament dans la langue originale 691 . Cette création manifeste l'intérêt que les jansénistes portaient à la Bible, car le prince était de sympathies jansénistes 6 9 2 . 689 F. Laplanche, "Rationalisme scientifique et interprétations de la Bible au XVIIe siècle", Revue de théologie et de philosophie, 133 (2001), pp. 227-245. 690 F. Laplanche, L'Ecriture, le sacré et l'histoire, op.cit., p. 615. 691 A. Tuilier, Histoire de l'Université de Paris, op.cit., t.II, pp. 139-140. 692 Le premier professeur fut Ladvocat, qui adopta les vues de Masclef sur l'enseignement de l'hébreu, à savoir qu'il fallait débarrasser cette langue des interponctuations vocaliques pour en alléger l'apprentissage. Sur cette méthode et ces personnages, voir M. Hadas-Lebel, "Le P.Houbigant et la critique 399 Dans les terres germaniques ou apparentées, il n'est pas certain que la création de chaires spécialisées ait fait cesser "le mouvement sur place", caractéristique de la science biblique catholique à cette époque. 3.3. L'Allemagne et l'Autriche catholiques L'essor universitaire des Etats allemands au XVIIIe siècle, joint à la diffusion du piétisme, a déplacé la science de la Bible vers les Facultés de théologie protestante allemandes. Elles ont profité des recherches anglaises sur la poésie des Hébreux poursuivies à l'Université d'Oxford par Robert Lowth et se sont orientées vers des travaux de linguistique, d'archéologie et de littérature orientales. Les Facultés catholiques en ont reçu une certaine stimulation 6 9 3 . Les deux plus grands noms sont ceux de Johann Michael Sailer (1751-1832), professeur à Ingolstadt, puis Dillingen et de Martin-Johann Jahn (1750-1816), professeur à Vienne. Sailer fut davantage orienté vers l'emploi de la Bible pour la piété et la théologie, tandis que Jahn fut marqué par les efforts de la Wissenchaft von Althertum qui se développait dans les Facultés protestantes, à Halle et à Göttingen. Il a publié d'importants travaux sur l'arabe et sur l'hébreu ainsi que sur l'archéologie biblique. Mais bientôt il devint suspect et fut nommé chanoine de l'église métropolitaine Saint Etienne à Vienne en 1806. Entr'autres audaces répréhensibles, il enseignait textuelle", in Y. Belaval & D. Bourel (dir.), Le siècle des Lumières et la Bible, op.cit., pp. 103-112. 693 Y. C. Gelebart, "La Bible dans l'Aufklärung catholique", in Y. Belaval & D. Bourel (dir.), Le siècle des Lumières et la Bible, Paris, Beauchesne, 1986 (Bible de tous les temps, 7), pp. 563-577; J. M. Sailer et l'Aufklärung 1770-1794. Contribution à l'étude de l'Aufklärung catholique en Bavière, Thèse de doctorat d'Etat, Université de Haute -Normandie, 1979, 2 vol. dact. Voir encore art. "Sailer" in Theologische Realenzyklopädie, vol.29 (1998), pp. 638-641 . Indications générales sur l'Aufklärung catholique et la Bible dans B. Plongeron, Les défis de la modernité (1750-1840) Histoire du christianisme, vol.10, Paris, Desclée, 1997, pp. 276-279. 67 Sur Jahn : Ecrivains, artistes et savants de l'ordre des Prémontrés. Dictionnaire bio-bibliographique, Bruxelles, s.d., t.I, p.408-412 ; Biographisches Lexicon des Kaiserthums Oesterreich, vol.10, Wien, 1863, p. 43-47. 400 que les livres de Job, de Tobie, de Jonas étaient des Lehrgedichte (des poèmes didactiques). Plusieurs de ses œuvres finirent à l'Index 6 9 4 . Le prudent Garnier, qui fut le maître de Renan à Saint Sulpice avant Le Hir, trouvait Jahn bien audacieux et trop influencé par les protestants. L'âge d'or de l'exégèse biblique dans les universités catholiques à l'époque moderne fut certainement celui de la ContreRéforme. Il se caractérise par l'orientation du commentaire vers la controverse. Cependant, les acquis de l'humanisme se conservent dans la mesure où la discussion serrée avec l'exégèse protestante oblige à la consultation des originaux et à la détermination du sens littéral. La controverse agit aussi obliquement, pour ainsi dire, sur l'évolution de l'exégèse biblique, parce que les débats sur les doctrines primitives du christianisme développent le sens historique et qu'il devient évident que les Pères de l'Eglise n'ont pas entendu trancher les débats du XVIIe siècle. Ce courant de l'érudition converge avec le souci de l'explication philologique et historique des Ecritures pour accentuer l'effet de distance culturelle entre l'époque de la rédaction du texte et celle du lecteur. La critique philosophique et morale de la Bible au siècle des Lumières viendra renforcer ce sentiment d'étrangeté ou d'altérité culturelle. Il était réservé à l'Allemagne piétiste de tisser ensemble la lecture spirituelle de la Bible et l'amour de la philologie, en réaction contre ce qui était devenu la "scolastique luthérienne". Certes, la tradition du commentaire spirituel n'a pas déserté le catholicisme. Répandue dans des cercles marginaux, comme dans le réseau de Madame Guyon, elle persiste dans le milieu ecclésiastique, car l'érudition catholique vénère les Pères de l'Eglise. Toutefois, déliée de la préoccupation critique, comme on le constate chez Pascal, elle n'a pas porté les mêmes fruits qu'en terre allemande. Par osmose, le piétisme, ce mouvement profond de l'âme allemande a touché Sailer, ami intime du pasteur zurichois Lavater. Il a ainsi donné à l'Aufklärung catholique, dans les universités de l'Allemagne du sud, une dimension d'intériorité, moins présente dans l'ouverture aux Lumières pratiquée dans les nations latines et qui entretient un rapport certain avec l'épanouissement intel- 401 lectuel du catholicisme germanique dans la première moitié du XIX e siècle. 402 THE GERMAN UNIVERSITIES AND INTELLECTUAL FREEDOM IN THE EARLY MODERN PERIOD Prof. Wolfgang E. J. Weber University of Augsburg Germany Intellectual freedom is seen today as one of the most precious rights of the individual in civil society. Therefore, many articles and books on the topic tend to emphasize fairly abstract philosophical, ethical and legal positions or queries. Even historians of the university and of the arts and sciences seem influenced by this tendency. They look for flaming declarations of freedom from religious orthodoxies, political establishments and intellectual authorities as marking breakthroughs to modernity.6 9 5 Unfortunately, we do not find very convincing evidence of this in the early modern history of the German universities. As recent research shows, famous requests for libertas philosophandi like that of Christian Thomasius (1655–1728) or Christian Wolff (1679–1754), the self-named praeceptor Germaniae, were meant not as all-embracing freedom calls, but as limited, instrumental, even selfish, demands. 6 9 6 As Claude Weber most 695 This article grew out of a wider research project on the history of Wissenschaftsfreiheit at the German Universities. It offers an only slightly revised version of my paper. My thanks go to Hilde Ridder-Symoens, Willem Frijhoff and Thomas M. Safley (University of Pennsylvania, Philadelphia). – While there is no systematic, modern monography on the topic, it has been the object of a broad number of diverse special studies, of which only a few can be mentioned or referred to here. 696 Cf. the summary Rainer A. Müller: Vom Ideal der “libertas philosophandi” zum Dogma der “Freiheit der Wissenschaft”, in: Die Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg 1743-1993. Geschichte einer Hochschule. Ausstellungskatalog, Erlangen-Nürnberg 1993, pp. 65-73; Günther Gawlik: Thomasius und die Denkfreiheit, in: Werner Schneiders (Ed.): Christian Thomasius 1655-1728. Interpretationen zu Leben und Wirkung, Hamburg 1989, pp. 256-274; Peter Schröder: Christian Thomasius zur Einführung, Hamburg 1999; Leander Scholz: Das Archiv der Klugheit. Strategien des Wissens um 1700, Tübingen 2002; Manfred Beetz et al. (Eds.): Thomasius im literarischen Feld. Neue Beiträge zur 403 recently demonstrated, Christian Wolff’s libertas philosophandi was directed against „Sklaverey im Philosophieren“, which he saw in the principle that every philosopher should follow a celebrated or established author instead of thinking for himself. At the same time our praeceptor was convinced that he had developed the only and ultimate philosophical method. In other words, Wolff’s libertas philosophandi was nothing more than an instrument to establish the philosophia Wolffiana, because its founder definitively could not imagine an alternative, superior method in the future. Perhaps it was also a means to protect the freedom of thought and expression of the professor’s philosophy against the tyranny of theology, but it was definitively nothing more. 6 9 7 An adequate approach to the history of intellectual or academic freedom in early modern Germany has to start at another level, that is: academic freedom as a cluster of demands, rights and chances to render possible, to further and to protect the independent discovery of truth in the academy. Only such a differentiated and broad concept seems to be able to cover all the perceptions, processes, decisions, and practices that are relevant here. I hope to be able to illustrate some of the main elements of this concept. First a quick look at the late medieval situation. 6 9 8 Several events and developments indicate a broad and lively practice of academic pursuits notwithstanding the lack of a formal right of freedom. At least a few German universities were influenced by Erforschung seines Werkes im historischen Kontext, Tübingen 2003; Hans-Martin Gerlach (Ed.): Christian Wolff oder von der “Freyheit zu philosophieren” und ihre Folgen. Dokumente über Vertreibung und Wiederkehr eines Philosophen, Halle 1992; Id. (Ed.): Christian Wolff – seine Schule und seine Gegner, Hamburg 2001; Silvia Sommerhoff-Benner: Christian Wolff als Mathematiker und Universitätslehrer des 18. Jahrhunderts, Aachen 2002. 697 Claude Weber: „Von der Freyheit zu philosophiren“. Christian Wolffs Forderung einer „libertas philosophandi“ als Bedingung und als Methode der Philosophie, in: Reinhard Bach et al. (Eds.): Formen der Aufklärung und ihrer Rezeption. Festschrift zum 70. Geburtstag von Ulrich Ricken, Tübingen 1999, pp. 17-34. 698 For all general statements, cf. my recent survey Wolfgang E.J. Weber: Geschichte der europäischen Universität, Stuttgart 2002. 404 the controversies between the English and the continental or Parisian theologians of the Late Middle Ages. Jean Gerson’s Contra curiositatem studentium was widely read. We cannot deny that German students brought back ideas borrowed from the artes magicae, which were taught in Paris and elsewhere, according to the judgment of Stephan Templer in 1277. During the Great Schism, the papacy loosened its grip on the German universities. Obviously, the self-governing character of the universities and the reputation of higher learning ensured a certain room for manoeuvring, which was lost only later, a victim of the intensification of church and state power. In addition, both Gerson and Roger Bacon claimed an intellectual leading role for graduates and representatives of the universities, which implicitly postulated the existence of an early form of academic freedom. At least, as Jürgen Miethke has put it, there was a «natural freedom to ask all questions». 6 9 9 And obviously scholastic methods were flexible enough, not to put these questions aside, but, on the contrary, to sharpen them. The contribution of humanism was methodologically more decisive.7 0 0 It not only brought new material and methodological knowledge in at least the arts faculties, of which it took control during the first half of the 16th Century, but it transformed a literary genre such as the dialogue into more critical forms of expression. The richness of humanistic knowledge challenged the leadership of the higher faculties, especially theology. Of course, the dominance of theology was not generally questioned in Germany, but the ability of humanists to question clerical inter699 Jürgen Miethke: Bildungsstand und Freiheitsforderung (12.-14. Jahrhundert), in: Johannes Fried (Ed.): Die abendländische Freiheit vom 10. zum 14. Jahrhundert: Der Wirkungszusammenhang von Idee und Wirklichkeit im europäischen Vergleich, Sigmaringen 1991, pp. 221-248, quote p. 236. 700 Cf. August Buck: Humanismus. Seine europäische Entwicklung in Dokomenten und Darstellungen, Freiburg i.B. –München 1987; Wolfgang Reinhard (Ed.): Humanismus im Bildungswesen des 15. und 16. Jahrhunderts, Weinheim 1984; Klaus Bergdolt: Zwischen “scientia” und “studia humanitatis”. Die Versöhnung von Medizin und Humanismus um 1500, Wiesbaden 2001; Notker Hammerstein, Gerrit Walther (Eds.): Späthumanismus. Studien über das Ende einer kulturhistorischen Epoche, Wallstein 2000; Anthony Grafton: Defenders of the text. Humanism and the sciences 1450-1800, Cambridge et al. 1997; Günter Böhme: Bildungsgeschichte des europäischen Humanismus, Darmstadt 1986. 405 pretation of the Bible and other church sources stood as a challenge to the control of the theologians. It is in this context that we hear demands for philosophical freedom for the first time. Humanists voted for what they called digna curiositas as a legitimate motive for any intellectual activity which they felt warranted freedom. Nürnberg humanist Willibald Pirckheimer raised “die wahrhafftige weyßheit zu suchen, die Rechten warheyt zu Erfinden” a virtue.7 0 1 Humanist expertise is indispensable to understand God’s word and truth better; therefore, it has to be endowed with freedom. Pagan, libertine, or even atheistic tendencies were of course not accepted at the universities. There are indications, however, that not only official courses and lectures, but also private lessons and tutoring outside of the university occasionally dealt with problematic or forbidden authors, among them the infamous Pyrrho. Moreover, humanism and humanistic influenced “confessionalism” reflected and imp roved the didactic-pedagogical level of university teaching. 7 0 2 They developed certain ideas about human cognition in general and in relation to youth and age as well as strategies to use this knowledge to improve instruction. At the same time, they also claimed a certain liberty in deciding how to organize teaching. From a variety of letters, treatises, and publications (De vitiis eruditorum or scholarium), we can trace the rise of a specific pedagogical-professional competence. This concept postulated a certain freedom of curiosity and of experimentation (trial and error) as well as a limitation of ecclesiastical and political influences. Didactic and pedagogical needs also encouraged a reinvention of the scholastic method of dubitatio or quaestio dubitationis. Very often, this method was combined with the literary form of the dialogue, which tended to make it more and 701 Dieter Wuttke: Humanismus in den deutschsprachigen Ländern und Entdeckungsgeschichte 1493-1534, in: Id.: Dazwischen. Kulturwissenschaft auf Warburgs Spuren, Baden-Baden 1996, pp. 483-538, quote p. 526. 702 Erika Rummel: The humanist-scholastic debate in the Renaissance and Reformation, Cambridge et al. 1995; Id.: The “confessionalisation” of humanism in Reformation Germany, Oxford 2000; Lucile Kekewich (Ed.): The impact of humanism, New Haven et al. 2000. 406 more critical. Because of this humanistic background, but also the problem of compatibility of heathen knowledge with Christian revelation and confessional rivalry, dubitatio and dialogue in fact produced mainly what the 17th century will later call critica or critique.7 0 3 We know that the cultural, social, and political rivalry of confessional churches and states was accompanied by sharp scientific controversies. For example, the question of whether the Roman church or one of the reformed churches could claim to be the ancient and, therefore, only legitimate Christian church stimulated and promoted historical research. To understand a historic al document or argument correctly increasingly required professional training and knowledge. History began to move from a literary-ethical genre to a more empirical discipline. 7 0 4 Historians therefore were among the first scholars to claim freedom for their professional work. It must be mentioned here another very interesting, though not yet sufficiently analyzed, development concerning another field of study that acquired at about the same time academic status. During the second half of the 16th century, the Jesuit university at Dillingen among others installed a separate chair for the new discipline of controversia.7 0 5 The holders of this chair, a series of Jesuit controversialists, contributed to the development of a new literary genre. This genre, which flowered especially in the first half of the 17th century, aimed at gathering and disproving all adverse arguments. Unavoidably, its authors did not shy from claiming high qualification and expert professionalism against their own religious superiors. 703 Herbert Jaumann: Critica. Untersuchungen zur Geschichte der Literaturkritik zwischen Quintilian und Thomasius, Leiden et al. 1995. 704 Wolfgang Weber: Zur Bedeutung des Antiquarianismus für die Entwicklung der modernen Geschichtswissenschaft, in: Wolfgang Küttler et al. (Eds.): Geschichtsdiskurs Bd. 2: Anfänge modernen historischen Denkens, Frankfurt a.M. 1994, pp. 120-135; Markus Völkel: “Pyrrhonismus historicus” und “fides historica”. Die Entwicklung der deutschen historischen Methodologie unter dem Gesichtspunkt der historischen Skepsis, Frankfurt a.M. et al. 1987. 705 David V.N. Bagchi: Luther’s earliest opponents. Catholic controversialists 1518-1525, Minneapolis 1991; Paul Hirschbeck 1509-1545. Humanist und Theologe im Spannungsfeld der Glaubenskämpfe, Ausstellungskatalog, Amberg 1995. 407 T o these humanistic and confessional inroads against the hegemony of the theological faculties and church control of the universities must be added similar claims with regards to the control of the state. The role of the jurists, for example, was ambivalent from the start. On the one hand, these professionals acted like the German princes’ willing executioners: they collected arguments to legitimate princely expectations, transformed commands into legal mandates, etc. On the other hand, they developed an esprit de corps, a professional identity and a related claim of rank very early. Especially in the field of public law, which was formed as a distinct academic discipline around 1600, professores iuris demanded not only inspection rights in church affairs, but also consultation or even participation in nearly all state affairs, based on professional knowledge, which they argued should be taught and achieved exclusively according to professional standards, without outside interference.7 0 6 The same was claimed by another discipline, the politica, based in the arts faculty.7 0 7 This early form of political science came into being in the 1580s and 1590s in Catholic as well as Protestant regions. It was mainly a result of the reception of Aristotle’s political works, the hidden influence of Machiavelli and Giovanni Botero’s reason-of-state concept, and, last but not least, Jean Bodin’s attempt to transform the political state into a sovereign power. It was devoted to political theory – the meaning and goals of politics, the methods of the politica – but also to the theoretical and historical-empirical reality of the state, that is, on the one hand, with internal politics as the art of government, and, on the other hand, with external politics as the arts of war and diplomacy. Because their students came from all levels of Imperial government - urban republics, knights’ associations, clerical states, and territorial monarchies - the 706 Michael Stolleis: Geschichte des Öffentlichen Rechts in Deutschland. Erster Band: Reichspublizistik und Policeywissenschaft 1600-1800, München 1988. 707 Wolfgang E.J. Weber: Prudentia gubernatoria. Studien zur Herrschaftslehre in der deutschen Politikwissenschaft des 17. Jahrhunderts, Tübingen 1992; Id.: Die Erfindung des Politikers. Bemerkungen zu einem gescheiterten Professionalisierungskonzept der deutschen Politikwissenschaft des ausgehenden 16. und des 17. Jahrhunderts, in: Luise Schorn-Schütte (Ed.): Aspekte der politischen Kommunikation im Europa des 16./17. Jahrhunderts, München 2003, pp. 347-370. 408 professors of politica could not be restricted to the teaching and study of monarchy alone. Their discipline aimed at the creation of a completely new type of professional, the academic politicus, an academically trained expert in all political systems and issues. Naturally, this claim did not stand well with the nobility which considered its priv ilege and ability to rule as a birthright. At this point, academic -professional pretensions and demands for academic freedom became especially important. Professors of politica fought for the right to be able to use all the authors they felt they needed in their field. Furthermore, like their colleagues from public law, they demanded explicitly a special academic privilege, the libertas consulendi, not only as official consultants of the prince, but also as authors of advisory reports. For them, it meant, that political consultations whether in oral or written form had to be protected against punishment or retaliation of any kind because, as they explained, truth and right could be discovered only if opinions and arguments could be solicited and discussed freely and openly. In addition, they felt scholars were particularly suited to do this type of work, because they were devoid of political interests and possessed the needed intellectual qualifications. At the same time, professors of politica aimed at establishing the superiority of scientific politics over empirical politics, that is the kind the nobility claimed qualification for. They praised the utility of the litterae and of political science for an orderly respublica, and denounced the neglect of university learning as a sign of tyranny and decline. These arguments can be seen as an indirect plea for academic freedom, at least according to the point of view represented here. But this does not tell the whole story. The general practice of scholarship at the time has also to be taken into consideration. As early as 1614 and 1638 respectively, Francesco Sacchini and Jeremias Drexel – to name only the most famous – developed a more scientific approach to the problem of reading, excerpting, re-ordering, and indexing scientific knowledge. 7 0 8 This approach and its related practices, definitely further reaching than traditional didactical-pedagogical norms and forms, 708 Cf. Helmut Zedelmaier, Martin Mulsow (Ed.): Die Praktiken der Gelehrsamkeit in der Frühen Neuzeit, Tübingen 2001. 409 strengthened science as a specific academic practice and profession. It better defined it as a field of science, adding practical techniques to its organic independence. It must also be taken into consideration the fact that since the end of the 16th and the beginning of the 17th century intervened the emancipation of academic literature, especially methodological and systematizing literature, such as compendia, bibliographies, encyclopaedias and tracts, from the general catalogs of compulsory, recommended and forbidden literature. We have indications that the preference for collegia privata, which arose for financial reasons as the result of a lack of space in existing universities, made possible free lecturing. Tracts on the failings of both professors and students increased as a result.7 0 9 And the failings they mention reflect the new constellation: participation in obscure lectures (Winkelvorlesungen) that deal with scandalous topics; the reading of scandalous books and articles recommended even by professors. The accusation that students and faculty engaged in extensive criticism, immoderate pole mics and immodest conversation suggests at least a certain vitality in the academy. The accusation of reading profane texts even in diebus sacris indicates a strong will to read whatever seemed worthy. We may suspect that especially scandalous texts were popular, scandalous lectures and books attracted even more students, were financially viable therefore and encouraged students to push further the limits of academic freedom. Unfortunately, we do not know very much about the competition of German universities for students and related processes involving questions of academic freedom. Obviously, the system of the state university (Landesuniversität), which monopolized most of a given state’s students, was much more important than that of the collegia privata. Until the founding of Halle (1694) and Göttingen (1737), explicit demands and calls for intellectual or academic freedom became louder. The first unmistakable requests probably 709 Cf. for example Ahasver von Fritsch: Scholaris peccans, sive tractatus de vitiis et erroribus scholarium, Leipzig 1679, and Gottlieb Israel Musculus: Dissertatio moralis de officio docentium in republica, Leipzig 1704. 410 originated at the end of the 16th century, when Neo-Aristotelians at Helmstedt University developed a program to make philosophy independent of theology. One of the main protagonists, Cornelius Martini (1568-1621) 7 1 0 , legitimated this demand methodologically. He argued that to combine both the book of nature and the Bible in a full and correct understanding of revelation required metaphysics, an interdisciplinary logic and a general science which could be developed and used only in the absence of restrictions from theological faculties. A second push came with the transformation of late humanism and scholarly philosophy into eclecticism. It meant a liberation of teaching: professors demanded the right to select authors and works according to their utility within the established frame of knowledge. Therefore, they called for libertas philosophandi as an internal right to choose appropriate, useful texts. Good examples of such calls are supplied by the young Johann Heinrich Alstedt (1588-1638) or the older Rudolf Goclenius (1547–1628) at Marburg. A later, more mature form of eclecticism postulated the inclusion of arguments from eclectic authors and works. This foreshadowed the practice of Enlightened philosophers who thought one should be able to use and combine all arguments freely. Descartes, however, was the first author to demand a comprehensive libertas or licentia philosophandi de omnibus quae occurunt veritatem quaerere. The related tracts of his followers, Balthasar Bekker’s De philosophia cartesiana adminitio candida et sincera (1668) and Adriaan Heereboords Disputatio de libertate philosophandi (1680), were read at German universities. A Lutheran theological background characterized the struggle of Balthasar Meisner (1587-1626) against orthodox colleagues at the University of Wittenberg. 7 1 1 Although Meisner placed philosophy in a secondary position and understood it as a means to strengthen and to prove revelation’s truthfullness, he voted for a sort of a libertas philosophica justa, because he was 710 Walter Sparn: Die Schulphilosophie in den lutherischen Territorien, in: Helmut Holzey et al. (Eds.): Die Philosophie des 17. Jahrhunderts: Das Heilige Römische Reich Deutscher Nation, Nord- und Otsmitteleuropa (= Grundriss der Geschichte der Philosophie Vol. 4/I), Basel 2001, pp. 559-562. 711 Sparn, Schulphilosophie, pp. 507-509. 411 convinced of the theological reliability of philosophy. In contrast, Michael Piccart (1574-1620), the holder of philosophical professorships in Altdorf, based his demand for a libertas philosophica on Aristotelian arguments, without calling for an Aristotelian meta-science. Whereas both his faculty and university colleagues openly discussed his opinions – but did not accept them because of their many internal contradictions -, other German philosophers and theologians condemned them from the start. Epistemological reasons and a deep conviction of modesty as a means to recognize Godly truth led the last of the earlier eclectics, Clemens Timpler (1563-1624), “artist” at the Gymnasium Arnoldinum in Steinfurt, once again to an internal but alternative concept of libertas philosophandi. 7 1 2 In addition to these various requests for greater academic freedom, political-social ideas and experiences increasingly encouraged more general demands for a certain freedom of thought. Most important was the belief that conscience could not be molded by force. Combining at times didactical and pedagogical arguments, many political thinkers like Althusius, Keckermann, and even some Jesuits advocated a sort of instrumental, limited freedom of finding one’s way to God. The next step implied the extension of the time span guaranteed, then the annulment of any time limit. Political theorists like Hermann Conning (1606-1681) 7 1 3 , head of the German Neo-Aristotelians, concluded that the secular state should therefore be responsible only for the secular order and not for the content or purity of revealed religion. State control should be used only to protect a minimal standard of natural religion or ethics, all the rest being committed to reasonable tolerance. During the second half of the 17th century, these kinds of political-social positions and Cartesian approaches gained more and more weight. As early as 1689, Professor Johann Christoph Becmann (1641-1717), from 1690 on holder of a theology chair 712 Sparn, Schulphilosophie, pp. 569-571; Wilhelm Schmidt-Biggemann: Die Schulphilosophie in den reformierten Territorien, in: Holzey et al., Philosophie des 17. Jahrhunderts (FN 16), pp. 392-474, here pp. 418-423. 713 Most recent survey: Horst Dreitzel: Politische Philosophie, in: Holzey et al., Philosophie des 17. Jahrhunderts, pp. 607-748, cf. for Conring here pp. 666-672. 412 at the University of Frankfurt/Oder, declared in his tract De jure subditorum circa sacra that freedom of thought and freedom of conscience were inalienable rights of man, because man’s nature – the natura prima in the tradition of the Stoa – demanded and deserved these rights. With regard to the consequences of such an affirmation for academic freedom, however, he remained rather unclear. 7 1 4 During the period 1687-1702, the University of Marburg witnessed a bitter struggle between Cartesianists and theologians, 7 1 5 with the result that the orthodox theological faculty lost its dominance and the philosophical faculty gained the libertas docendi Cartesianae philosophiae. This did not mean that professors of philosophy could teach whatever they wanted, but rather that they were free to study and teach either traditional philosophy or the Cartesian version of modern philosophy. In other words, nothing beyond what was advocated by later eclecticism. A theoretical break-through came with Samuel Pufendorf’s (1632-1694) natural-law concept.7 1 6 In particular his collection of pamphlets Eris Scandica (1686) argued in favour of a nearly total freedom for philosophy, a freedom from which only atheists were excluded. He treated all traditional approaches as a whole and thus blended them into one single phenomenon against which the nascent Enlightenment movement could fight. In his – and in Christian Thomasius’- footsteps followed Nicolaus Hieronymus Gundling (1671-1729), who also considered libertas philosophandi as an indispensable means to find philosophical truth. His most-quoted tract De libertate Fridericiana (1711) stated clearly: Nihil esse libertate docendi, scribendique utilius. In the realm of the arts and sciences, no government or other central authority should exist, but only a republic of free dialogue. But the emphatic overtone of the tract rested in its context, that is the presence of the Prussian monarch on the occasion of celebrations held at Halle university. In fact, the situation in most universities remained undecided. Research on the German Enlightenment tends to overvalue, even overstate, 714 Cf. Horst Dreitzel: Naturrecht, in: Holzey et al., Philosophie des 17. Jahrhunderts (Vol. 4/II), pp. 749-848, here pp. 845-848. 715 Schmidt-Biggemann, Schulphilosophie, pp. 400-402. 716 Dreitzel, Naturrecht, pp. 757-812. 413 the rise of individual philosophers. German universities in general did not accept enlightened principles, and among them that of libertas philosophandi. Christian Wolff was not alone in hesitating to call for complete freedom of philosophy, probably out of fear that such a call could prove detrimental to one’s own ideas and books. Obviously, the picture we are left with at the end of the 17th and the beginning of the 18th century is not that brilliant. New concepts and texts had to be introduced into every single faculty step by step. Usually the Prince’s command rather than the professor’s consent opened the gates. Enlightened professors could only gain chairs and other university positions through princely protection and patronage. 7 1 7 The Princes, however, were not generally interested in theoretical debates. They preferred by far practical matters, such as the introduction in the university curriculum of new disciplines, like “Cameralistics”, for example, that could prove useful to fill the State’s coffers and promote general prosperity. Beyond that, they used philosophers to counter the influence of theologians and churchmen, to modernize their political system, and to improve the attractiveness of their territorial universities for foreign, well-endowed students. It is in this historical context that one has to appreciate the case of Göttingen, where the statutes of 1734/37 allowed free choice of books and authors for lecturing, but only as far as ideas that could prove threatening to religion, state, morality and good manners were not involved. 7 1 8 How can we explain this guardedness of the German universities towards practices and concepts of freedom at the time, while in the Netherlands 7 1 9 especially the wind of change 717 Cf. from the many useful contributions of Notker Hammerstein for example N. Hammerstein: Die deutschen Universitäten im Zeitalter der Aufklärung, in: Zeitschrift für Historische Forschung 10 (1983), pp. 73-90, and Id. (Ed.): Universitäten und Aufklärung, Göttingen 1995. 718 Cf. Müller, Ideal (Footnote 2). 719 Cf. Willem Frijhoff: Calvinist culture, the State and the confessions in the United Provinces, 22 pp. (MS.), and Id.: Religious toleration in the United Provinces: from ‘case’ to ‘model’, in: R. Po-chia and H.F.K. van Nierop (Eds.): Calvinism and religious toleration in the Dutch Golden Age, Cambridge 2002, pp. 27-52. 414 was already blowing at full strength? I think two factors played a decisive role. First, the Holy Roman Empire was suffused with Christian ideology much more than the other European territories as a result of confessional competition and tensions. Secondly, because of this strong Christian cultural influence, there existed a deep fear of novelty. A good example of this attitude is found in the Dissertatio de novitate in republica noxia et innoxia (1698), by Leipzig theologian and son-in-law of Samuel Pufendorf, Adam Rechenberg (1642-1721). 7 2 0 According to him, there is only one legitimate auctor novitatum, and that is God. A lot of novitates are in fact old truths that have been merely forgotten in the meantime. In most areas of practical life and thought, novelties are dangerous, or at least have to be treated with caution. Rechenberg hails Erasmus’ sentence: quic -quid novum est, fugiendum, though he is ready to concede that the situation in the field of the artes liberales and scientiae needs further examination. Novae dictiones ac phrases in philologia ac philosophia are useful in a few cases for didactic and pedagogical reasons. In general, however, they tend to spread confusion. This is especially true for the artes instrumentales like logic. In this regard, Rechenberg condemns even Petrus Ramus (1515-1572). In the field of the scientiae, he does go as far as to say: Ita, ut in iis disciplinis, quae ad philosophiam pertinent theoreticam, liberior (sicum ratione fiat, nec dogmata sana Theologiae naturalis ac revelata labefactet) novandi concedi potestas queat. But, even then, refusal prevails: Quanquam illas novitates, quae veteres scientiarum limites planes subruunt, ac turbant omnia, non censeam inoxias. In addition, Adam Rechenberg pleads for a strict control of language and certain discretion of the learned (De eruditorum loquendi licentia, Leipzig 1669). Even more restrictive are other tracts of the same period, for instance Johann Philipp Slevogt’s Oratio de libertate academica (Jena 1690, 1722), Christian Friedrich Korn’s Tractatus theologico-politicus, quo autor quidam anonymus, conatu improbo demonstratum init, libertatem philosophandi [...] posse concedi (Jena 1695), and Siegmund Wohlgemut Kocker’s 720 Published in: Adam Rechenberg: Dissertationum volumen unum, Leipzig 1698, Part II, Nr. XI, pp. 271-299. 415 historico-politicarum Dissertatio moralis. Limites libertatis cogitandi (Helmstedt 1714), although a few professors favoured what could be called a via media. 7 2 1 Only after the end of the first third of the century did voices advocating freedom begin to prevail. In 1720 Heinrich Johann Masius saw libertas philosophandi as a means to liberate imprisoned reason. Since 1748 users of Germany’s most influential encyclopaedia could read: “Ob ohne die Freyheit zu philosophieren [...] die Wissenschafften nicht höher steigen könnten? [...] Wir behaupten, daß [...] ohne die Freyheit die man denen Weltweißen erstatten muß, ihre Gedancken ohne zu besorgende Gefahr zu entdecken; unmöglich das Wachsthum der Wissenschafften stattfinden könne”.7 2 2 Not only had the concept of Wissenschafft been altered: its very practice had also changed. To produce novitates was now its most genuine task. By the same token, the role of the professors was also meant to change, that is become more and more professional. Libertas philosophandi had become a prerequisite to scientific work. 7 2 3 721 One example is Arnold Christian Beuthner: Disquisitio philosophica de sentential media in dissertationem nuperam de libertate cogitandi, Helmstedt 1714, who took part in an according controversy. 722 Heinrich Johann Masius: Dissertatio philosophica de libertate philosophandi seu carceribus sanae rationis, Jena 1720; Wissenschafft, in: Zedlers UniversalLexikon aller Wissenschafften und Künste, Vol. 57, Leipzig-Halle 1748, col. 13461517, quote col. 1424. 723 We have at least one hundred pamphlets discussing the role of the professors in this regard between ca. 1680 and 1750, for example Justus Christoph Böhmer: Prolusio de bellis litereriis, Helmstedt 1707; Samuel Grosser: Gründliche Anleitung zur wahren Erudition, 2 Parts, Dresden 1700; and Otto Philipp Zaunschliffer: Tractatio juridica de privilegiis professorum, Halle 1734. 416 CENSURES ROMAINES, CENSURES INQUISITORIALES, CENSURES UNIVERSITAIRES : Trois Expressions du Magistere Bruno Neveu (†) Académie des Sciences Morales et Politiques France La scientia notarum, ou plus justement l’ars notandi, née dans les grands studia generalia du Moyen Age, très vite adoptée par le reste des autorités enseignantes – évêques, synodes, conciles, pontife romain et ses organes – a été l’objet de perfectionnements successifs qui en ont fait à partir de l’époque tridentine un instrument de mesure quasi indispensable pour apprécier l’orthodoxie ou plus souvent l’hétérodoxie des textes et par-delà celle de leurs auteurs. Toutefois ce progrès même a conduit des esprits clairvoyants à s’interroger sur la performance de ce système désormais étroitement codifié et à proposer des améliorations simplificatrices, plus efficaces selon eux que la luxuriance des notes de censure appliquées par des experts devenus des virtuoses de la nuance et du dégradé. On voudrait ici, après un bref rappel de l’évolution pluriséculaire de ces pratiques évaluatrices, évoquer l’émulation, voire la rivalité, entre censeurs romains, inquisitoriaux et universitaires, attachés à des procédures différentes quoique fidèles à la même grille interprétative, laisser ensuite la parole à quelques auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles, effleurer enfin la question délic ate de l’autorité magistérielle accordée à ces censures par leur époque et par la nôtre. Une précision s’impose sur le titre de la présente communication : il a paru approprié de distinguer trois espèces de censures, prononcées par des entités bien distinctes. Les censures romaines figurent soit dans un acte personnel émané directement du pontife romain, soit beaucoup plus ordinairement dans un décret du tribunal de l’Inquisition romaine et universelle, dit Saint-Office romain – décret soumis à l’approbation pontificale – ou d’un des Saints-Offices subalternes (certains Etats d’Italie, Malte, Avignon, etc) auxquels le Saint-Office romain sert de cour d’appel. Les censures inquisitoriales autres que celles du SaintOffice romain et de ses délégations locales sont portées par les rares inquisitions indépendantes d’Italie, Venise surtout, et par les inquisitions ibériques, Espagne, Portugal, empires coloniaux de ces deux puissances. Ces inquisitions espagnole et portugaise, bien que reliées dans leur principe au Saint-Siège, par la confirmation qu’il accorde au choix des inquisiteurs opéré par la couronne, sont en fait des institutions d’Etat, jalousement indépendantes, qui plus d’une fois n’ont pas hésité à censurer ou à placer à l’index des auteurs et des ouvrages que Rome n’avait pas songé à condamner ou à proscrire. Si leur activité principale n’est pas l’examen des doctrines théologiques mais la poursuite des infractions disciplinaires et des déviances du comportement moral et social, elles n’ignorent pas pour autant la voie des censures, qui peut entraîner des conséquences graves sur le sort de l’auteur ou du divulgateur des propositions ainsi frappées. Les censures universitaires sont une des expressions publiques de la compétence doctrinale collective des docteurs des facultés de théologie (également des facultés de décret et des arts au Moyen Age), siégeant collégialement et se prononçant à la pluralité des suffrages. La determinatio doctorale peut en effet prendre soit la forme positive d’une déclaration ou d’une exposition – par exemple les articles de foi dressés par la faculté de théologie de Paris en 1543 – soit la forme négative d’une censure – telle celle qui à Paris encore frappe Luther en 1521. Durant l’Ancien Régime ecclésial, qui s’effondra quand les convulsions révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle entraînèrent à la fois la disparition de la plupart des universités, la suppression des Inquisitions et jusqu’à un certain point la suspension de l’activité du Saint-Office romain, la police théologique du monde catholique a été confiée, beaucoup plus qu’aux évêques – même réunis en France en assemblées du clergé à prétentions théologiques – à ces organes à la fois 418 proches et divers constitués par les collèges doctoraux, les Inquisitions d’Etat et la congrégation romaine du Saint-Office. Leur nature était différente : les facultés universitaires ne décidaient pas du sort des personnes, sauf à prononcer la radiation d’un de leurs membres, alors que les Inquisitions, pontificale ou nationales, jugeaient au pénal et formaient à la fois un tribunal et une commission théologique, prononçant aussi bien des sentences que des décrets intéressant la foi et sa périphérie, la doctrine. Cependant la manière de procéder en matière de censures était la même, puisée dans le fonds commun que la science et la pratique médiévales avaient constitué : la réduction des textes à des propositions, l’examen de ces propositions, leur condamnation par des notes dont l’usage avait assez strictement fixé la portée, tout était semblable, même si un style propre pouvait parfois transparaître. On ne s’attardera pas ici sur un rappel historique de faits bien connus : l’appréciation de la valeur positive ou négative d’écrits à caractère théologique, très généralement réduits en propositions censées les résumer fidèlement, a pris naissance dans les premières universités médiévales, et cette pratique à la fois doctrinale et disciplinaire a été aussitôt adoptée à l’envi, on vient de le dire, par les autorités ecclésiastiques. Les différents pouvoirs coopérèrent à plus d’une reprise : en 1277 l’évêque de Paris, Etienne Tempier, s’en remit entièrement à une commission de docteurs de cette « seconde capitale de la chrétienté » - selon l’expression de Gabriel Le Bras - pour dresser la liste des erreurs qu’il condamne par le fameux décret rendu tam doctorum sacrae scripturae quam aliorum prudentium virorum communicato consilio. Le studium se rapproche du concilium par l’universalité de son rôle d’arbiter fidei. 7 2 4 Il y a moins alors rivalité qu’émulation, ce qui ne sera plus le cas lorsque Rome sera lassée de la gallica pugnacitas et de son esprit particulariste.7 2 5 Les censures 724 Peter R. Mc Keon, « Concilium generale and studium generale. The Transformation of Doctrinal Regulation in the Middle Ages », dans Church History, vol.XXXV, 1966, pp. 24-34. 725 Pour l’évocation de cette première période, voir notre étude – à laquelle renvoie systématiquement toute la présente communication : L’erreur et son juge. Remarques sur les censures doctrinales à l’époque moderne, Naples, Bibliopolis, 1993, 759 p., chapitre I, pp. 81 et suiv. 419 utilisent rapidement un éventail de notes assez étendu, comme on le voit par les condamnations de Gilles de Lessines ou de Pierre-Jean Olivi. Dans son Dialogus super dignitate papali et regia, composé pour sa première partie en 1333-1334, imprimé dès 1494 et très lu par les auteurs du XVIe siècle, Guillaume d’Ockham innove d’une manière très originale, comme l’a fort bien montré le P. Constantin Koser7 2 6 , en distinguant les différentes formes de genera veritatum. Les discussions infinies sur la nature des « conclusions théologiques » contribuent elles aussi à éclairer le statut des vérités qui ne figurent pas explicite dans la Révélation, mais peuvent néanmoins apparaître de necessitate salutis credendae. A partir du XVIe siècle, la critériologie des notes se précise encore et l’on cherche à déterminer exactement le sens de chaque censure ou qualification 7 2 7 . Cependant n’est jamais élaborée ni promulguée aucune codification officielle, qui aurait fixé d’une manière canonique et indiscutable le sens et l’emploi respectifs de ces qualifications et censures : l’usage seul a forgé, retenu, imposé les termes multiples et distincts susceptibles de s’appliquer avec toute la précision requise aux énoncés soumis à l’examen des autorités de magistère ou de science. Les periti, les experts, ont enrichi peu à peu la gamme, relativement réduite aux origines, de ce processus d’évaluation, au point de constituer, à l’époque moderne, un répertoire si fourni que l’extrême précision recherchée en arrive à affaiblir ou obscurcir la portée du jugement prononcé sur le texte. Pour conjurer cet excès de raffinement critique, quelques auteurs épris de clarté et d’ordre ont proposé, on va le voir, d’établir tel ou tel système - terme et notion chers à l’âge classique - apte à rendre compte avec une rigoureuse exactitude mais avec l’efficacité voulue des assertions ou des virtualités contenues dans les écrits à incriminer ou à approuver. Ces tentatives n’ont pas abouti et l’usage a continué à conduire en souverain la 726 « Die älteste bekannte Deutung theologischer Noten : Wilhelm Okhams Dialogus, P.I, lib.II, dans Franziska- nische Studien, t.38, 1956, pp.66-77, repris dans son étude fondamentale De notis theologicis historia, notio, usus, Petropolis, Ed.Vozes, 1963, pp.64-75. 727 Bruno Neveu, L’erreur et son juge, chap.III, pp.294 et suiv. Voir aussi John Cahill, O.P., The Development of the Theological Censures after the Council of Trent(1563-1709), Fribourg (Suisse), The University Press, 1955, XXII-194 p. (Studia Friburgensia, n.s., 10). 420 plume des censeurs, en dépit des contestations incessantes élevées par les auteurs et les lecteurs sur le bien-fondé de notes qui pouvaient paraître d’autant plus arbitrairement appliquées qu’elles étaient quasi toujours rendues publiques sans aucun considérant ni explication justificative. Le laconisme d’un arrêt prononcé sans être motivé ne pouvait qu’inviter à des chicanes sans fin, dont la longue histoire du jansénisme offre le parfait exemple. Docteurs des facultés de théologie des universités, inquisiteurs ibériques, membres du Saint-Office romain, s’ils puisaient tous aux mêmes sources et se servaient du même vocabulaire pour vérifier l’aloi théologique des textes, connaissaient dans leur mode de fonctionnement institutionnel des différences qu’il suffit d’évoquer rapidement car elles ne touchent pas vraiment à la nature même de l’intervention très particulière pratiquée par le censeur. Les remarquables travaux du P. James K. Farge sur la faculté de théologie de l’université de Paris au XVIe siècle 7 2 8 et sur la censure religieuse en France, les recherches très neuves et très complètes de Jacques M. Gres- Gayer sur la même faculté aux XVIIe et XVIIIe siècles 7 2 9 , permettent de se faire une idée juste de l’activité de cette compagnie, des principes qui l’inspiraient et des pratiques qu’elle observait. C’est au cours des assemblées de prima mensis – le premier jour ouvrable du mois, dans l’aula du collège de Sorbonne – que les docteurs séculiers et réguliers, gradués de la faculté, pouvaient être appelés à 728 Orthodoxy and Reform in Early Reformation France : the Faculty of Theology of Paris, 1500-1543, Leyde, E.J. Brill, 1985, IX-311 p. (Studies in Medieval and Reformation Thought, XXXII). Voir chap.IV, pp.160-219 : “Haec propositio haeretica est. Inquisitor and Teacher”. 729 Théologie et pouvoir en Sorbonne. La Faculté de théologie de Paris et la bulle Unigenitus, Paris, Klincksieck, 1991, (Collection des Mélanges de la Bibliothèque de la Sorbonne, 22) ; « The Magisterium of the Faculty of Theology of Paris in the Seventeenth Century », dans Theological Studies, vol.53, 1992, pp.424-450 ; Le jansénisme en Sorbonne, 1643-1656, Paris, Klincksieck, 1996, IX-382 p. (Collection des mélanges de la Bibliothèque de la Sorbonne, 25) ; En Sorbonne, Autour des Provinciales. Edition critique des Mémoires de l’abbé de Beaubrun, 1655-1656, Paris, Klincksieck, 1997, XI-1082 p. (Collection des Mélanges de la Bibliothèque de la Sorbonne, 24). 421 rendre en corps un « avis doctrinal », censures comprises, à l’issue d’un vote où chacun opinait librement. C’est d’une manière très semblable que procédaient les autres facultés de théologie du monde catholique jouissant d’une autorité reconnue dans la chrétienté, y compris à Rome : en France Douai, aux Pays-Bas du Sud Louvain, en Espagne Salamanque et Alcalà, au Portugal Coïmb re, dans le Saint-Empire plusieurs universités, se prononçaient avec solennité, en espérant que leurs arrêts rendus collegialiter et dont la valeur leur semblait indiscutable seraient reçus mieux que ne l’annonçait le malicieux dit de Jean Mair : « Parisienses articuli non transeunt Sequanam neque Oxonienses Tamesiam neque Colonienses Rhenum ». Bien différent de ces débats universitaires, auxquels nos assemblées parlementaires ont emprunté sur tant de points leur mode de fonctionnement, le « style » des Inquisitions ibériques et du Saint-Office romain - tribunaux en même temps que commissions théologiques - impose aux juges et à leurs experts le respect d’autres règles, et d’abord le secret absolu, y compris sur la procédure en vigueur. L’abbé de Chantérac, envoyé à Rome par Fénelon pour y défendre la cause de ses Maximes des saints, confiait avec quelque ingénuité à l’ami qu’il représentait de son mieux, le 12 octobre 1697 : « On m’a promis que si, faute de savoir le style, aut practicam hujus fori, je manquais à quelque formalité, ou j’oubliais d’en employer quelque autre qui pût être utile à défendre mon bon droit, on m’en avertirait dans cet esprit charitatis et lenitatis dont le tribunal du Saint-Office doit être animé ». Cette opacité régnait plus encore lors du déroulement même de l’action judiciaire, engagée contre un ou des individus coupables ou suspects d’hétérodoxie : s’il s’agissait d’un écrit théologique, l’éventuelle héréticité ou erronéité de ce texte rejaillissait ipso facto sur l’auteur et l’on passait donc tout naturellement du doctrinaliter au judicialiter, de l’erreur à la faute. Les historiens des Inquisitions italienne, espagnole, portugaise et d’outre- mer, attirés presque tous par la découverte des mentalités, déviances, blasphèmes, superstitions, tels que les procès au criminel les révèlent avec une frappante authenticité, se sont fort peu préoccupés de l’activité proprement doctrinale 422 de ces organes, qui cependant exerçaient aussi leur vigilance dans ce domaine. Le même constat vaut pour la péninsule italienne. Un simple regard sur l’historiographie récente permet de vérifier ce manque d’intérêt, qui s’explique également par l’absence de l’investissement théologique et canonique indispensable à qui veut s’engager dans le labyrinthe des controverses de caractère doctrinal7 3 0 . On sait en tout cas que la structure de ces Inquisitions était fort proche de celle de la congrégation du Saint-Office romain, avec des rouages judiciaires mais aussi un personnel scientifique chargé de faire rapport sur les propos ou les écrits soumis à examen. Les censures opérées par leurs soins d’ouvrages renfermant des propositions tenues pour hérétiques ou hétérodoxes ne sont pas exceptionnelles. Il faut souhaiter que des recherches nouvelles s’attachent à mieux faire connaître cet aspect jusqu’ici tenu pour secondaire et cependant fort précieux pour l’histoire des idées. L’Inquisition romaine et universelle a été mieux étudiée de ce point de vue, surtout à la faveur de quelques grands procès ou d’épineuses controverses théologiques. Parmi les ouvrages qui offrent une description des mécanismes réglant le mouvement de la congrégation - instituée en 1542 et devenue en 1588 le premier des dicastères de la curie romaine - ou qui s’efforcent de saisir l’esprit animant un organe à la vocation judiciaire et théologique à la fois, on croit devoir citer ici trois auteurs. Le premier, l’abbé Léon Garzend, a publié en 1913 un livre qui a eu peu de retentissement en dépit de ses réels mérites : L’Inquisition et l’hérésie. Distinction de l’hérésie théologique et de l’hérésie inquisitoriale : à propos de l’affaire Galilée 731. La lecture attentive d’une véritable bibliothèque de traités et de manuels inquisitoriaux, fort abondamment cités, avait conduit L. Garzend à distinguer « deux notions de l’hérésie, deux notions concentriques dont l’une débordait l’autre […], la notion inquisitoriale, beaucoup plus compréhensive que la première, n’ayant 730 Voir le remarquable bilan dressé par Jean-Pierre Dedieu et René Millar Carvacho, « Entre histoire et mémoire. L’Inquisition à l’époque moderne. Dix ans d’historiographie », dans Annales. Histoire. Sciences sociales, 57e année, n° 2, mars-avril 2002, pp. 349-372. 731 Paris, Desclée de Brouwer & Cie et Beauchesne, s.d. [1913], XVI-541 p. 423 cours qu’au for inquisitorial où elle a trouvé naissance ». Même si, en oubliant que le versant pénal de la détection et de la punition de l’hérésie, depuis le Moyen Age (l’Inquisition fut instituée en 1184-1231), voire depuis l’Empire romain chrétien, répond déjà à la définition que donne l’auteur de son « hérésie inquisitoriale », cette thèse compromet gravement ses chances d’être adoptée par les historiens, il reste que l’ouvrage renferme une remarquable analyse de textes tout à fait oubliés et d’une importance majeure, comme nous l’avons récemment souligné dans une communication intitulée : « Y a-t-il une hérésie inquisitoriale ? » 7 3 2 . En 1993, nous avons publié L’erreur et son juge, essai qui appellerait corrections et compléments mais qui a tenté de saisir, sur le plan historico-doctrinal, l’action conduite par le SaintOffice romain aux XVIIe et XVIIIe siècles pour débusquer, évaluer et censurer les écrits véhiculant, à l’insu de l’auteur ou de sa pleine advertance, des affirmations ou des suppositions entachées d’hérésie ou d’une des formes de l’erreur. Le travail des experts - les consulteurs et les qualificateurs chargés d’éclairer les cardinaux juges - est apparu comme un exercice de lecture assez proche de la critique des textes, telle qu’on la pratiquait alors : il s’agit de relever les preuves, plus souvent les indices, de l’hétérodoxie, définie a contrario par la doctrine orthodoxe. Or l’orthodoxie, en dehors de quelques symboles, « canons » ou expositions officielles, reste un attribut dont le caractère principal est bien d’être indissociable de l’identité ecclésiale mais sans jamais se constituer par lui- même en contenu de foi. L’orthodoxie est une propriété de la véritable Eglise, elle n’est pas un corps d’énoncés dogmatiques auquel on puisse se référer directement. L’accord des théologiens, le consensus fidelium, apportent à une doctrine la validation qui garantit son appartenance, sa relation légitime à la croyance reçue comme canonique 7 3 3 . Sauf dans le cas très simple de la 732 A paraître dans les actes du symposium scientifique international sur les Inquisitions, tenu au Vatican les 29-31 octobre 1998. 733 Voir nos remarques « Orthodoxie et innovation. Rapport », dans Orthodoxie, Christianisme, Histoire, édité par Susanna Elm, Eric Rebillard, Antonella Romano, Rome, Ecole française de Rome, 2000, XXV-406 p., aux pp. 375-367. Dans le 424 négation catégorique d’un article de foi - comme on en rencontre chez Luther et d’autres réformateurs radicaux - le censeur devra, grâce à son savoir théologique et à son acuité de regard, opérer une véritable radiographie du texte soumis à son examen pour faire apparaître au jour les traits de la difformité, les signes de l’altération plus ou moins dissimulée. L’appréciation finale dépendra évidemment du degré de pénétration du censeur, de sa subtilité, mais avant tout de l’écart entre le texte incriminé et la norme en vigueur : or celle-ci ne s’applique aisément qu’énoncés directement reliés au dogme défini, tandis que le champ quasi illimité de la doctrine - périphérique au dogme - ne saurait être exploré qu’à la lumière des acquis de la science théologique, telle que l’a élaborée l’Ecole. L’hétérodoxie d’un écrit, partant d’un auteur, sera donc établie par confrontation avec les autorités reconnues. Mais là encore, comme pour l’éventail des notes de censure, rien n’est fixé ne varietur : les thomistes, les scotistes, les héritiers du nominalisme se séparent sur plus d’un point ; les grands ordres religieux sont ardemment attachés à leurs options héréditaires ; les universités conservent de même des traditions à leurs yeux sacro-saintes et Louvain, Paris, Salamanque, Padoue, le Collège romain, ne défendent pas toujours des thèses identiques. La papauté s’accommode de cette diversité et tient à préserver la liberté des écoles, dont un bon nombre échappent au reste à un véritable contrôle de sa part. Dans plus d’un cas la même proposition sera censurée de manière différente selon les pays, les organes chargés de l’examen, qui plus est, selon les vues et les convictions personnelles de chaque expert. Les divergences entre qualificateurs sont tout à fait habituelles : là où l’un usera sans barguigner d’haeretica, un second se bornera à proxima haeresi, un troisième se contentera de temeraria, un autre encore observera que la proposition peut être entendue dans un autre contexte comme catholica. Plus la question en jeu est délicate, controversée, plus divers entre eux seront les vota qui concluent les censurae où les experts exposent leur position et justifient leur avis final. 7 3 4 même volume, voir Jacques Le Brun, « Fonctions de l’orthodoxie. Rapport », pp. 367-370. 734 Sur ces caractères des notes, voir L’erreur et son juge…, chap.III, pp. 239381 : Ars censoria. 425 Tout récemment, un historien qui a déjà pu tirer un premier bénéfice de l’ouverture des archives historiques de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, M. Francesco Beretta, a livré à l’impression une partie de sa thèse de doctorat présentée en 1995 à la faculté de théologie de l’Université de Fribourg (Suisse), sous le titre : Galilée devant le Tribunal de l’Inquisition. Une relecture des sources735. Il étudie de très près, d’après les sources imprimées mais aussi les dossiers d’archives et les manuscrits accessibles en dehors du Saint-Office (ce que n’avait pas fait Garzend) le fonctionnement du Saint-Office romain et la nature du crime d’hérésie. 7 3 6 De cette analyse attentive, on peut retenir diverses indications susceptibles d’éclairer le mode de rédaction des censures doctrinales. Tribunal et commission théologique tout à la fois depuis son institution en 1542, l’Inquisition romaine et universelle forme une cour de justice dont les juges sont des cardinaux « adversus haereticam pravitatem Inquisitores generales a Sancta Sede Apostolica specialiter deputati ». La présidence est réservée au pape, et en son absence est exercée par le « cardinalis antiquior », qui laisse du reste la direction du collège des juges au « cardinale segretario », « cardinale capo ». La préparation des dossiers judiciaires sur lesquels se fonderont les décisions des inquisiteurs généraux, et aussi bien la mise à exécution des décrets de la Congrégation est confiée à des « officiales », des officiers appartenant au clergé séculier ou régulier. Le commissaire du Saint-Office remplit les fonctions de juge instructeur, assisté par un adjoint, comme lui membre de l’ordre dominicain : il interroge les témoins et les accusés, établit les propositions à censurer. L’assesseur, d’ordinaire prélat ou clerc séculier, a la charge de présenter les affaires au cours des séances de la Congrégation et de prendre note des décisions, qu’il transmet au notaire pour être transcrits dans le registre des decreta ; lorsque l’instruction est terminée, il présente le résumé du dossier judiciaire au collège des juges pour que la cour prononce son verdict. Il dispose à partir de 1605 d’un secrétaire. 735 736 Fribourg / Suisse, chez l’auteur, 1998, VII-250 p. Ouvrage cité, note 12, chap.II, pp. 51-92 ; chap.III, pp. 93-162. 426 Les délicates questions théologiques et canoniques que soulèvent un certain nombre de causes - par définition toutes celles qui roulent sur l’hétérodoxie de l’auteur d’un livre ou de propositions éveillant la suspicion - exigent le concours d’experts, prélats ou clercs séculiers, religieux de tout habit, reconnus comme compétents et capables de discernement doctrinal. Ils portent le titre de « consulteurs » : parmi eux figurent de hautes personnalités romaines de la Curie et à leurs côtés, à un moindre rang, des patres theologi, maîtres ou docteurs en sacrée théologie à la supériorité reconnue, qui s’assemblent en « congregatio particularis theologorum pro qualificandis propositionibus », d’où leur appellation de « qualificateurs », chargés d’apprécier la doctrine tirée des interrogatoires et des écrits des accusés, ou bien celle des ouvrages déférés au jugement de la Congrégation, ce qui leur vaut en ce cas de porter le nom de censores. Cette tâche peut aussi être parfois confiée à d’autres théologiens ne participant pas habituellement aux travaux du tribunal suprême. L’accusé, s’il s’agit du procès d’une personne, doit être interrogé au sujet des propositions extraites de ses déclarations ou de ses écrits et qualifiées théologiquement par des notes de censure. S’il accepte de se rétracter, il lui faudra déclarer verbalement qu’il reconnaît son erreur et la rejette ; faute de quoi, s’il s’agissait d’une proposition qualifiée d’hérétique, il serait convaincu d’hérésie du fait de sa pertinacité, de son attachement opiniâtre à l’erreur. A la materia erroris s’est ajoutée l’actus erroris. Consulteurs et qualificateurs appartiennent en apparence au même corps, même si à l’époque on les distingue assez habituellement, comme le donne à penser, entre autres témoignages, le Schema illustre et genuinum Sacrae Congregationis Sancti Officii Romani, cum elogiis eminentissimorum principum et corollario de infallibili auctoritate Summi Pontificis in mysteriis fidei proponendis ac ejusdem controversis decidendis, publié en 1676 par le Père François de Saint-Augustin Macedo, religieux franciscain observant 7 3 7 . Cet hymne au tribunal sacrosanctum, a pontifice secundum, use d’une comparaison sidérale et divise le personnel du Saint-Office en tres 737 Patavii, apud Cadorinum, 1676, [XV] 142 p. 427 luminarium formae. D’abord les inquisiteurs généraux - les astres - puis les consulteurs - les planètes - enfin les qualificateurs : tertium phaenomena, quae non semper insunt caelo sed adveniunt et contingunt certis temporibus, ut lumine suo auxiliari interdum adsint et juvent caetera, quales sunt qualificatores, quorum non est perpetua statio nec certa conditio sed pro temporum opportunitate uti se dant occasiones interveniunt et assistunt et toti ac solum occupantur in significationibus propositionum quas examinant et quarum sensus inquisitant. On comprend mieux cette hiérarchie et cette spécialisation en observant la nature des trois réunions habituellement tenues chaque semaine (en cas d’urgence des « congrégations extraordinaires » cardinalices pouvaient prendre place d’autres jours). La séance du lundi, feria secunda, se déroule au palais du Saint-Office, à gauche de la basilique Saint-Pierre, en l’absence des cardinaux, ce qui implique qu’aucune décision ne sera prise : les officiers et les consulteurs s’y retrouvent pour suivre la rédaction des dossiers judiciaires et pour préparer les affaires qui seront soumises aux inquisiteurs. Travail très important, car on décide du verdict et des peines qui seront proposés aux cardinaux juges. La séance du mercredi, feria quarta, rassemble dans le palais du cardinalis antiquior, puis à partir de 1628 au couvent dominicain de la Minerve, les cardinaux de la Congrégation et l’assesseur autour d’une table, les consulteurs se tenant derrière eux mais assis. La réunion comprend deux parties : une Secreta Congregatio qui compte les cardinaux, l’assesseur et le commissaire, où les cardinaux discutent entre eux des negotia exposés par l’assesseur ; une Congregatio ordinaria, à laquelle participent les consulteurs et les autres officiers du Saint-Office, « où les cardinaux ont en principe le droit de prononcer le jugement des causes qu’on leur soumet, ce qu’ils font dans les cas les plus simples, en adoptant ou modifiant les verdicts et les peines que les consulteurs ont proposés. Mais les affaires plus compliquées, graviores causas, quae papales dicuntur, sont soumises au jugement du souverain pontife, le lendemain ». La séance du jeudi - la fameuse et redoutée feria quinta - se tient coram pontifice, au palais apostolique, Vatican ou Quirinal selon les saisons ; les cardinaux 428 sont assis et les consulteurs debout derrière eux. Parfois les cardinaux se sont réunis entre eux avant d’entrer chez le pape, pour discuter et résoudre des affaires qu’ils n’ont pas besoin de lui soumettre. En principe la séance comporte trois phases : le pape, les cardinaux, l’assesseur et le commissaire, en l’absence de tous les autres officiers, examinent les affaires présentées en forme résumée par l’assesseur ou le summista ; ensuite l’assesseur, le commissaire et les autres officiers éventuellement présents sortent, le pape discute avec les seuls cardinaux les questions les plus délicates et prend les décisions ; enfin l’ensemble des officiers entrent dans la salle pour être mis au courant des décisions prises. La place des consulteurs, a fortiori des experts qui ne sont que qualificateurs, titulaires ou occasionnels, est secondaire ; leur rôle, lui, ne l’est pas. S’il s’agit non d’affaires criminelles mais de matières d’hérésie ou d’hétérodoxie, le jugement rendu judicialiter par les cardinaux inquisiteurs, que le pontife valide et peut corroborer par son intervention personnelle, doit être de toute nécessité précédé par un jugement rendu doctrinaliter émis par les periti, évaluation doctrinale sur laquelle lesdits cardinaux se fondent pour présenter, au cours d’une feria quarta, leur propre avis, appelé ordinairement « suffrage » sur chaque proposition incriminée. D’où la très grande importance de la censura rédigée par les examinatores - qu’ils soient seulement qualificateurs ou qu’ils appartiennent au rang plus élevé et plus restreint des consulteurs - censura qui se présente le plus souvent comme un rapport détaillé, rédigé bien entendu en latin, dont la seule conclusion, le votum - en français du temps le « vote » ou le « vœu » - énumérant les notes de censure éventuellement portées, figurera au dossier soumis aux cardinaux juges. Si l’on ne dispose que du votum conclusif, ce qui fut toujours le cas des auteurs censurés et reste le nôtre sauf heureuse exception, on ne connaît pas les raisons qui ont conduit l’expert à se prononcer en faveur d’une condamnation (ou d’un non-lieu), raisons qu’il développe précisément dans sa censura, qui atteint en plus d’un cas les proportions d’un gros mémoire. Pour saisir pleinement cette différence il suffit de songer à un procès célèbre de la fin du XVIIe siècle, celui des Maximes des saints de Fénelon. Le bref d’Innocent XII du 12 429 mars 1699, Cum alias ad apostolatus, énumère vingt-trois errores de amore erga Deum, et les censure en ces termes : « Librum praedictum …, quippe ex cujus lectione et usu fideles sensim in errores ab Ecclesia catholica jam damnatos induci possent, ac insuper tamquam continentem propositiones, sive in obvio sensu earum verborum sensu sive attenta sententiarum connexione, temerarias, scandalosas, male sonantes, piarum aurium offensivas, in praxi perniciosas [2 14 17] ac etiam erroneas respective tenore praesentium damnamus et reprobamus ipsiusque libri impressionem…prohibemus » . Le respective crée évidemment une difficulté majeure, puisque au lieu de donner sigillatim pour chaque proposition la ou les notes de censure correspondantes, l’autorité se contente d’indiquer, sans plus de précisions, que les propositions sont condamnées, toutes et chacune, par des notes d’une portée à la fois globale et distributive. Les inconvénients de cette désignation « en bloc et en tas », comme le dit Antoine Arnauld, ont été plus d’une fois soulignés, en particulier à propos de la bulle Unigenitus : par l’indécision qu’elle laisse planer, cette censure ouvre la voie aux interprétations les plus divergentes des théologiens, les uns choisissant d’appliquer à telle proposition la note la plus sévère, les autres préférant retenir la note la moins grave pour cette même proposition 7 3 8 . Un pas considérable est franchi dans l’intelligence de ce même bref Cum alias lorsque l’on peut prendre connaissance des procès-verbaux des « congrégations » (réunions) successives au cours desquelles les cardinaux inquisiteurs, bien évidemment appuyés sur les dossiers fournis par les consulteurs et aussi par leurs propres théologiens, présentent leur avis à leurs collègues. Grâce à l’admirable étude de Jean Orcibal, parue en 1968, « Documents pour une histoire doctrinale de la querelle du quiétisme. Le procès des « Maximes des saints » devant le Saint-Office, avec la relation des congrégations cardinalices (tenues pour) et les « Observationes » inédites de Bossuet »7 3 9 , on dispose à présent de l’édition des vota des inquisiteurs 7 4 0 . 738 Voir L’erreur et son juge…, pp. 353-355. Dans Archivio italiano per la storia della pietà, vol.V, 1968, pp. 413-536; tirage à part, Edizioni di Storia e Letteratura, Rome, 128 p. 740 Ibid., pp.492-504, d’après le ms. Vat. Lat. 7397, fol.301r-318v. 739 430 Chacun s’exprime avec brièveté : les notes de censure sont produites, sans motivation, sauf si une précision s’impose à l’évidence pour éviter une équivoque ou pour indiquer le sens dans lequel la proposition a été saisie (rien en effet de plus fréquent que de voir l’accusé déclarer que le sens dans lequel les propositions sont censurées n’est pas le sien). La plupart des cardinaux avaient du reste pour se déterminer plus aisément l’aide fournie d’une manière fort intéressée par Bossuet, qui avait rédigé ces Observationes détaillées d’une extrême sévérité dans leurs qualifications des XXXVIII propositions que les consulteurs et qualificateurs avaient dressées à partir du livre et que les juges eux- mêmes devaient examiner pour en évaluer à leur tour la doctrine 7 4 1 . Il faut à ce propos rappeler que les informations circulaient assez aisément, en dépit du secret du Saint-Office, dont la violation entraînait en théorie l’excommunication latae sententiae. Le serment spécialement exigé des examinateurs n’avait guère d’effet. Le cardinal Ferrari, qui semble avoir été un des plus discrets, se plaignait que « si sa ogni cosa ». Le neveu de Bossuet transmettait à son oncle une foule d’informations confidentielles, communiquées ensuite par l’évêque de Meaux à l’archevêque de Paris, à Louis XIV et à Madame de Maintenon. Le même abbé Bossuet se plaignait de son côté, non sans inconséquence, que « le grand avantage qu’a toujours eu, depuis le commencement de cette affaire, M. de Cambrai, c’est qu’il n’y a point eu de secret du Saint-Office pour ses amis, et qu’ils ont été avertis de tout dans l’instant ». Les membres du tribunal n’ignoraient rien de cette situation, qui pouvait inviter quelques cardinaux soucieux de l’avenir à certains ménagements. Innocent XII lui- même, tout en craignant de flétrir un archevêque qu’il appréciait grandement, devait prendre un luxe de précautions pour ne pas irriter la cour de France par des propos qui seraient aussitôt rapportés à Versailles, où l’abbé Bossuet l’accusait d’être dans une « prévention furieuse » en faveur de Fénelon. N’avait-il pas eu l’imprudence de déclarer, ce qui était de bon sens pour un livre aussi subtil que les Maximes des saints, que « le tout est de se bien expliquer » ? 741 Les Observationes sont éditées par J. Orcibal, art.cité, pp. 507-536 ; le texte latin des XXXVIII propositions et la version française du temps se trouvent dans Correspondance de Bossuet, édition Ch. Urbain et E. Levesque, Paris, Hachette & Cie, t.X, 1916, Appendice III, pp. 466-481. 431 Pour se faire une idée des vota cardinalices, prenons la séance de la congrégation du lundi 12 janvier 1699. Trois inquisiteurs interviennent : Ferrari, Noris, Ottoboni. Le vote du premier est modéré et nuancé : il passe sous silence les VIe et XXIX e propositions, et s’il reconnaît que la XVIIe est au moins pernicieuse en pratique et que la XXVIIIe pourrait favoriser la IV e de Molinos, il déclare résolument que la XXXe , jugée précédemment hérétique par Marescotti, ne mérite de censure ni en ellemême ni en considération du contexte Noris s’abstient aussi de censurer les XVIIe , XXIX e et XXXe propositions (les deux dernières étant ambiguës), et si la VIe , à laquelle il joint la XXXVIIe , lui paraît fausse et scandaleuse, il ne déclare la XXVIIIe suspecte qu’à cause de l’expression finale (« intérêt propre »).7 4 2 Quant à Ottoboni, que l’abbé Bossuet avait su « intimider », il marqua son revirement en abandonnant les tempéraments et les distinctions dont il avait précédemment usé, qui allaient dans le sens d’une interprétation orthodoxe, et accabla chacune des propositions sous le poids de six notes différentes, dont celles de « très erronées » et de « très proches de l’hérésie », alors que dans la séance suivante, le 14, Albani devait considérer les mêmes propositions 6, 17, 28, 29 et 30 comme « immunes a censura »7 4 3 . On multiplierait aisément les échantillons de cette extrême diversité de l’appréciation doctrinale livrée par les cardinaux au cours de leurs dix-huit séances. Même en faisant la part belle aux calculs, aux engagements de parti, il n’est pas possible d’imaginer que les notes de censure aie nt été dictées par les seuls ressorts de la passion ou de l’intérêt : le poids des considérations d’ordre théologique restait déterminant. C’est précisément ce que l’on est en état de vérifier lorsque, à la lecture des vota énumérant les notes, on peut 742 Emus Noris dixit : Propositio 6a una cum 37a est falsa et scandalosa ; 17a omittur ; 28a propter ultimas particulas videtur suspecta ; 29a omittiur pro nunc tanquam ambigua ; 30a ut ambigua dimittitur. 743 Emus Otthobonus dixit : Propositiones 6am, 17am, 28am, 29am et 30am esse valde erroneas, scandalosas, passivitatis quietistarum renovantes, perniciosas in praxi, piarum aurium offensivas, et proximas haeresi. 432 joindre celle des censurae, ces mémoires plus ou moins étendus dont les « vœux », les « suffragia », ne sont que la conclusion, seule à être prononcée. Dans ces dissertations de caractère strictement technique, l’auteur s’appuie avant tout sur sa science doctrinale pour attribuer et justifier le parti auquel il va s’arrêter en fin de compte. Bien que les observations de caractère historique ou critique puissent ne pas être absentes de ces documents d’un genre rigoureusement uniforme, voire stéréotypé, ce sont essentiellement les thèses, les méthodes, le langage de la scolastique qui servent de référence. La culture des experts, celle même des cardinaux – souvent juristes et canonistes de formation – les porte d’instinct à juger des textes qui leur sont soumis – presque toujours réduits en propositions comme le veut l’usage médiéval – à la lumière de l’Ecole. Il en va semblablement pour les facultés de théologie de l’Europe catholique, même si à Paris ou à Louvain les docteurs se montrent, mais bien discrètement, moins éloignés de la théologie positive de plus en plus en faveur chez les savants, qui met l’accent sur la tradition léguée par l’Antiquité chrétienne. Si l’on reprend le cas des Maximes des saints, texte d’autant plus singulier aux yeux des examinateurs qu’il tire ses autorités principales d’auteurs de spiritualité – les « saints » que nous appelons à présent les mystiques – qui leur sont peu familiers et plutôt suspects, on découvre en tournant les feuillets des censurae que le temps a conservé les voies empruntées par les censeurs pour établir leur évaluation. Les vota deviennent alors véritablement intelligibles. Le 25 septembre 1698, les consulteurs avaient achevé leurs mémoires assortis des notes de censure (ils se partageaient du reste en nombre égal, ce qui aurait dû entraîner le classement de l’affaire, ou une simple prohibition, « le jugement étant douteux »). Plusieurs de ces dossiers – copiés à l’intention de chaque cardinal – ont pris le chemin de bibliothèques ou d’archives et sont depuis longtemps consultables : ainsi des censurae des PP. Massoulié, Bernardini, Serrani, de Miro, de Mgr Le Drou, publiées dès le XIX e siècle 7 4 4 et qui livrent de bout en bout l’argumentation des auteurs. Aujourd’hui on dispose d’une 744 Voir Jean Orcibal, art.cité, p. 422, note 2. 433 documentation beaucoup plus étendue, complète pour ainsi dire, que nous avons présentée après avoir repéré et examiné les dossiers dans les archives du Saint-Office7 4 5 : ce dépôt renferme, en plusieurs exemplaires, la totalité des avis rendus par les consulteurs (le volume ST. st. N2 b contient, en original, les Qualificationes super propositionibus. 745 Bruno Neveu, « Nouvelles archives, nouvelle histoire ? L’ouverture des archives du Saint-Office et de l’Index », dans Histoire et Archives, n° 9, janvierjuin 2001, pp. 47-61. 434 LA VERITE ET SON DISCERNEMENT : LE MAGISTERE DE LA SORBONNE AU XVIIe SIECLE Jacques M. Gres-Gayer The Catholic Universtiy of America Etats-Unis d’Amérique C'est le fait des théologiens par leurs recherches savantes et leur application, de travailler à découvrir la vérité, souvent environnée de nuages et d'obscurités ; c'est à eux de voir et d'examiner l'Ecriture et la Tradition, et d'employer à cet effet l'étude et l'attention dont ils sont capables. C'est ce qu'on fait de tous temps les théologiens de la Faculté de Paris, dont l'éclatante réputation s'est répandue jusqu'aux extrémités de l'Univers. Plusieurs de vous, Messeigneurs, avez autrefois regardé cette Faculté comme une Mère respectable, à laquelle vous étiez redevables de votre instruction. Maintenant, quoiqu'élevés dans des places plus éminentes et devenus par votre caractère les Pères et les Docteurs de l'Église, vous vous faites un plaisir de l'honorer de vos bontés et vous l'écoutez même encore très volontiers 7 4 6 . En quelques phrases tout est dit ! Cette adresse du Syndic de la Faculté de Théologie de Paris aux prélats de l'assemblée du Clergé de 1730 marque un des aspects les plus remarquables de ce « basculement religieux » produit par la querelle sur la bulle Unigenitus 7 4 7 : l'abandon officiel et définitif d'une ancienne forme de magistère des docteurs. Venant après une réactivation de 746 Acta & Decreta Sacræ Facultatis theologiæ Parisiensis super Constitutione Unigenitus S. D. N. Papæ Clementis XI [...] observanda & executioni demandanda, Paris, 1730, pp. 87-88. La traduction affaiblit le texte latin : Est quidem Theologorum veritatem in abscondito saepe positam investigare, quid scriptum sit & traditum scrutari, illud omni studio & diligentia exquirere, qua in re non tenuem operam posuit Sacra Facultas, cujus per Orbem universum celebritas tanta & spendor divulgatur, quam plerique vestrum, olim ut Matrem & Magistram [souligné par nous] venerati estis, nunc autem estsi in altiori specula positi, etsi Ecclesiæ Patres et Doctores, colitis adhuc et auditis libenter. 747 P. Chaunu, M. Foisil, Fr. de Noirfontaine, Le basculement religieux de Paris au XVIII e siècle, Paris, 1998. 435 l'ancienne conception médiévale suscitée par la progression de la méthode théologique en une science quasi autonome, éveillant de la part des théologiens une prise de conscience plus explicite de leur capacité, voire de leur autorité, suivant, enfin, la polémique et l'affrontement direct entre les magistères ecclésiastiques, pontifical, épiscopal et doctoral, voici le tournant ou plutôt la remise en ordre : les théologiens retournent à leurs études et à leur enseignement, sous la haute direction et le contrôle direct des évêques. Mais quelque grand et célèbre que soit le nom de ses théologiens, c'est cependant à vous, Illustres Prélats de l'Église, à qui seuls il est donné de prononcer définitivement sur ce qui appartient à la foi, c'est vous que l'Esprit Saint a établi évêques pour gouverner l'Église ; cette prérogative d'être juges des controverses n'est pas du ressort des simples prêtres, encore moins des laïcs, quelque rang et quelque dignité qui les distinguent dans le monde ; ce sacré dépôt n'a été confié qu'à vous seuls, pour veiller à sa conservation et le transmettre tel que vous l'avez reçu à ceux qui doivent vous succéder, et c'est en effet ce que vous faites au grand avantage de l'Église 7 4 8 . À vrai dire, dans les autres pays catholiques, la transition était déjà faite, laissant le jugement de l'erreur au magistère romain ou l'inquisition locale, et l'application de ces condamnations à l'autorité épiscopale 7 4 9 ; ce n'est qu'en France, en fait qu'à Paris, que la Sorbonne 7 5 0 prétend intervenir non seulement pour condamner l'erreur mais aussi pour expliciter la vérité, 748 Acta & Decreta , Ibid. : Sed quantumcumque sit theologorum nomen, vestrum est Illustrissimi Ecclesiæ Præsules, de rebus fidei definite pronuntiare ; Vobis solis datum est, quos Spiritus Sanctus posuit episcopos regere Ecclesiam Dei, non Presbyteris, multo minus Laicis, quantuacumque dignitate fulgentibus, Judices esse controversiarum Fidei ; Vobis solis concreditum est illud Sacrum depositum, quod servare & ad posteros illibatum transmittere Vobis imbis, & præstatis reipsa magno Ecclesiæ adjumento. 749 B. Neveu, L'erreur et son juge. Remarques sur les censures doctrinales à l'époque moderne. Naples, 1993, pp. 85-114. 750 La Sorbonne n'est qu'une des composantes de la Faculté de Théologie de Paris, mais comme il s'agit de la Maison la plus importante et la plus prestigieuse, et que les assemblées de la Faculté se tiennent dans sa grande salle, on prend généralement la partie pour le tout. 436 « magistère ordinaire », si l'on peut dire, devant lequel les évêques se montrent de moins en moins conciliants et les romains de plus en plus réservés. Quoiqu'assez prévisible, le retournement de 1730 n'en est pas moins très rude pour les centaines de théologiens formés non seulement à l'étude de la théologie mais aussi à l'exercice de ce magistère. Comment s'est maintenue cette « exception française », en pratique d'abord, en théorie ensuite, et comment faut-il l'interpréter, tel est l'objet de cette étude. Pratique Il n'est pas nécessaire de s'étendre sur la manière pratique dont s'exerce au XVIIe siècle le magistère de la Faculté de théologie de Paris, source de fierté des docteurs depuis des siècles7 5 1 , ces activités concernent la vérification de la doctrine de façon négative, par les censures, de manière positive par les approbations de livres. Activité importante au siècle précédent, la police des livres s'est désormais réduite : il n'existe plus d'Index sorbonicus7 5 2 , peu d'ouvrages sont en fait condamnés in globo 7 5 3 . Les interventions doctrinales des théologiens parisiens concernent donc les approbations de livres, généralement par un ou deux docteurs, parfois davantage 7 5 4 . Il s'agit, du moins en principe, d'une délégation à certains docteurs du pouvoir de la Faculté tout entière, qui engage donc l'autorité du corps7 5 5 , d'où les difficultés si l'ouvrage muni d'un tel nihil obstat est condamné ultérieurement par un membre de l'épiscopat ou par l'autorité 751 J. K. Farge, « Self-Image and Authority of Paris Theologians in Early Reformation France ». Social groups and Religious Ideas in the Sixteenth Century, M. U. Chrisman et O. Gründler, éd. Kalamazoo, MI, 1978, p. 68-75. I. P. Wei, « The Self-Image of the Masters of Theology at the University of Paris in the Late Thirteenth and Early Fourteenth Century », Journal of Ecclesiastical History, 46 (1995), pp. 398-431. 752 Le dernier date de 1556, J. M. de Bujanda, F. M. Higman, J. K. Farge, Index de l'Université de Paris, Sherbrooke, 1985. 753 Cf. toute la discussion à ce sujet lors de la censure de la Mystique Cité de Dieu de Maria d'Agreda, en 1696. J. M. Gres-Gayer, D'un jansénisme à l'autre. Chroniques de Sorbonne [A paraître]. 754 Pour soutenir un ouvrage polémique, comme La Fréquente communion d'A. Arnauld, J. M. Gres-Gayer. Le Jansénisme en Sorbonne. 1643-1656. Paris, 1996, p. 32. 755 Cf. les articles de 1696. P. Féret, La Faculté de théologie, III, pp. 495-497. 437 romaine 7 5 6 . Quant à la censure proprement dite, elle s'exerce toujours selon le processus décrit dans son ensemble et finement analysé par B. Neveu. La Faculté confie l'examen de l'ouvrage suspect à une commission dont le nombre varie suivant l'importance accordée au sujet. Celle-ci peut exonérer l'ouvrage ou proposer une simple condamnation générale ; ordinairement, elle propose un projet contenant une liste d'extraits assortis de qualifications, c'est-à-dire marquant l'importance et la gravité de l'erreur, selon un barème théologique qui correspond en gros à ce qui est suivi dans les autres instances censoriales 7 5 7 . Jusqu'à présent, rien ne distingue les interventions des docteurs parisiens de celles de leurs confrères d'outre-Pyrénées ou d'outre-Quievrain, sinon l'autorité qu'ils attribuent à leur décision et, peut-être aussi, leur conception d'une doctrine officielle. En effet, chaque jugement s'intègre dans un tout qui représente non seulement un « lieu théologique », c'est-à-dire une référence autoritative pour l'élaboration dogmatique, mais une doctrine officielle, celle de l'École de Paris, liant tous les suppôts de l'institution. Cela signifie en particulier que les étudiants doivent s'y référer dans leurs soutenances de thèses, celles-ci, d'ailleurs, qui répercutent et affinent cette doctrine, s'insèrent dans le corps de références ainsi constituées7 5 8 . À cet ensemble déjà volumineux, qui au XVIIe siècle a tendance à s'articuler thématiquement, c'est-à-dire à situer les censures contemporaines dans la longue tradition du corps, par un jeu de renvois, les « preuves », afin de manifester une continuité souvent illusoire 7 5 9 , s'ajoute de plus en plus un élément qui étend manifestement le magistère de la Faculté : les Déclarations. Techniquement, une déclaration est une explication ou 756 Cas des ouvrages de J. Gerbais et de N. Alexandre condamnés par l'Inquisition. B. Neveu, L'Erreur et son juge, p. 411. 757 B. Neveu, L'erreur et son juge, p. 239-381. Les principales censures se trouvent dans l'ouvrage de Ch. du Plessis d'Argentré, un docteur de Sorbonne, Collectio judiciorum de novis erroribus. Paris, 1733-1736. 758 C'est pour cette raison qu'on s'y intéresse de plus en plus après 1648, où furent soutenues les propositions plus tard associées à l'Augustinus. Le Jansénisme de Sorbonne, pp. 57-70. 759 Cf. les publications de « preuves » des condamnations sur les thèmes ecclésiologiques. J. M. Gres-Gayer, Le gallicanisme de Sorbonne, Paris, 2002, p. 427. 438 une mise au point : un auteur suspecté déclare qu'en écrivant telle expression ou en soutenant telle proposition, il n'a pas voulu dire ceci, qui est condamnable, mais cela qui ne l'est pas. Lorsque c'est la Faculté elle-même qui est soupçonnée, comme en 1663, elle procède de la même manière, en explicitant à la fois ce qu'elle n'enseigne pas et ce qu'elle tient. C'est la fameuse Déclaration en six articles7 6 0 , fondement de la non moins fameuse Déclaration du Clergé de 1682. A la différence de cette dernière, la Déclaration de 1663 contient des articles tant négatifs que positifs, sur lesquels on a beaucoup glosé. Cette double approche correspondait simplement au désir des docteurs de se dédouaner vis-à-vis du Parlement tout en s'engageant le moins possible. Ils se sont fait piéger cependant puisque celui-ci en a fait une référence normative pour l'enseignement. Précédent que l'assemblée du Clergé a suivi en le développant et en le rendant encore plus normatif. Ce glissement sémantique de l'explication à la prise de position doctrinale était certainement fortuit, il est significatif qu'il ait été vite récupéré par l'assemblée du Clergé, agissant ainsi comme « une sorte de concile national » 7 6 1 . Car ici, comme dans une instance conciliaire, il ne s'agit plus de juger l'erreur, mais bien d'exposer la doctrine. On peut estimer que les théologiens s'engageaie nt dans une voie nouvelle, en réalité ils se rapprochaient insensiblement d'une longue tradition tombée en désuétude. La doctrine de Sorbonne Au siècle qui nous occupe, la seule manière par laquelle les docteurs intervenaient positivement sur la doctrine concernait la théologie morale au sens large du terme. Ici aussi, l'avis de « docteurs graves » représentait un lieu théologique s'insérant dans le processus d'élaboration de la doctrine. Principalement une spécialité des docteurs de la Maison de Sorbonne 7 6 2 , cette activité a eu elle aussi tendance au XVIIe siècle à s'élargir, par le 760 Le gallicanisme de Sorbonne, pp. 106-109. P. Blet, Les Assemblées du Clergé et Louis XIV de 1670 à 1693. Rome, 1972, p. 323. 762 J. M. Gres-Gayer, « Rigoristes ou réalistes : les casuistes de Sorbonne », dans B. et M. Cottret, et M.-J. Michel, Jansénisme et Puritanisme, Paris, 2002, pp. 139148. 761 439 biais des souscriptions multiples aux décisions importantes, qui parfois transforment une consultation ou un Cas de conscience en Avis doctrinal à l'autorité plus contraignante7 6 3 . Cette terminologie, d'ailleurs, paraît assez floue, représentant pour les uns un simple complément d'information auprès de personnes qualifiées - c'est la position ultramontaine 7 6 4 ; pour d'autres, une intervention de poids pouvant faire précédent - c'est la position parlementaire 7 6 5 ; pour certains docteurs, enfin, un jugement, véritable exposition de la doctrine. Sur celle-ci, il existait un clair précédent qui fait au XVIIe siècle figure de référence absolue : les Articles de 1552, produits à la demande de François I7 6 6 . Ceux-ci concernaient les points disputés par les Réformateurs, sur lesquels l'Église réunie en concile ne s'était pas encore déclarée. Tout en recevant, évidemment, les décisions tridentines, la Faculté tenait à mettre en évidence la priorité de son discernement en imposant à tous ses membres l'adoption normative de ces articles7 6 7 . C'est sans doute ce qui engagea Edmond Richer, le fougueux ré-inventeur du gallicanisme, à vouloir les compléter. Déterminé à tirer l'institution de sa léthargie et surtout à la rétablir dans son ancienne splendeur, il mit dans les objectifs de son syndicat l'établissement d'un Corps de doctrine, normatif mais aussi restrictif, destiné à représenter sur tous les points disputés la position officielle de la Faculté7 6 8 . Cette tentative n'a pas abouti et les docteurs ont dû, au contraire, ajouter aux serments des bacheliers l'adhésion aux décisions des souverains pontifes7 6 9 , mais il n'est guère surprenant qu'à l'apogée de l'opposition à l'Unigenitus, le syndic Hyacinthe Ravechet ait failli réussir là où son lointain 763 Le gallicanisme de Sorbonne. pp. 402-404. Ou celle des Jansénistes quand ils se voient condamnés. Cf. la censure d'Arnauld, Le Jansénisme en Sorbonne, p. 215. 765 Le gallicanisme de Sorbonne, pp. 269-270. 766 J. K. Farge, Orthodoxy and Reform, pp. 208-213. 767 L. Christiani, « Luther et la Faculté de Théologie de Paris », Revue d'histoire de l'Église de France, 32 (1946), p. 71. J. K. Farge, Orthodoxy and Reform, pp. 228-229. 768 E. Puyol, Edmond Richer, étude historique et critique sur la rénovation du gallicanisme au commencement du XVIIe siècle. Paris, 1876, I, p. 122. Le gallicanisme de Sorbonne, p. 17. 769 1er décembre 1629. E. Puyol, Edmond Richer, II, p. 363. Le gallicanisme de Sorbonne, p. 18. 764 440 prédécesseur avait échoué. Seule l'intervention du Régent arrêta la mise en place d'un Corps de doctrine en quatre parties, où, sur les matières controversées, la Faculté prenait partie, d'une manière définitivement normative 7 7 0 . On conclura cette succincte exposition en disant qu'il existe donc des signes qui montrent que tout au long du XVIIe siècle, la Faculté de Paris entendait participer à l'élaboration de la doctrine cat holique non seulement par le jugement de l'erreur, comme les autres instances universitaires et le magistère romain, mais aussi qu'elle prétendait déterminer la vérité et l'imposer, au moins à ceux placés sous son autorité. Par quelle autorité, c'est bien évidemment la question centrale ? Comme elle a été soulevée par ceux qui la niaient ou du moins la relativisaient, et défendue par ceux qui voulaient la mettre en évidence, il n'est pas trop difficile de répondre. Théorie Originellement, on le sait, le terme de magistère correspond à la fonction d'enseignement des maîtres en théologie 7 7 1 , c'est de cette manière, considérait-on, que s'effectuait la mise en place de la doctrine ordinaire de l'Église. Leur compétence reconnue et approuvée par le Saint-Siège, les docteurs exercent individuellement et collectivement une autorité d'enseignement. Tous s'accordent sur ce fondement, les divergences se manifestent sur son interprétation, influencée au XVIIe siècle par l'évolution de la méthode théologique. Quel est l'objet de cette compétence et surtout qui la contrôle ? En ce qui concerne la Faculté de Paris, le processus de licence fournit une première réponse. À la suite d'un long parcours d'études et de vérification des connaissances, les bacheliers en théologie, présentés par un de leurs maîtres au chancelier de l'église de Paris, chanoine de la 770 J. M. Gres-Gayer, Théologie et pouvoir en Sorbonne. La Faculté de Théologie de Paris et la bulle Unigenitus, Paris, 1991, pp. 123-156. 771 Y. Congar, « Pour une histoire sémantique du terme `Magisterium' », Revue des Sciences philosophiques et théologiques, 60 (1976), pp. 85-98 ; « Bref historique des formes du 'Magistère' et de ses relations avec les docteurs », Revue des Sciences philosophiques et théologiques, pp. 99-112. Reproduits dans Y. Congar, Église et Papauté, Paris, 1994, pp. 281-298, 299-315. 441 cathédrale exerçant cette fonction, sont licenciés, c'est-à-dire recoivent licence d'enseigner « à Paris et dans les autres lieux de la terre », de par « l'autorité apostolique », exercée en l'occasion par ce dignitaire 7 7 2 . Très clairement le « magistère des docteurs », et donc celui de la Faculté, est un munus docendi correspondant à une capacité vérifiée par ses maîtres (et collègues) et authentifiée par le représentant qualifié du magistère pontifical. En fait, c'est le glissement sémantique de licentia, ou autorisation, en munus, responsabilité ou pouvoir, qui résume toute la question. Au XVIIe siècle, nombreux sont les docteurs qui voient ce diplôme autorisant l'enseignement et d'une certaine manière le déléguant, comme la reconnaissance d'une qualification: l'autorité apostolique, c'est-à-dire transmise depuis Jésus-Christ par les douze et leurs successeurs, mais tout spécialement celle de St. Pierre qui exerce la primauté, selon un processus de vérification des connaissances mais aussi de l'orthodoxie du sujet (les nombreux serments exigés dans le parcours universitaire), non seulement reconnaît à celui-ci la capacité de concourir à la réflexion théologique, c'est-à-dire à l'exposition véritable de la doctrine catholique, mais garantit l'authenticité de ce concours. Cette interprétation est donc à replacer dans le cadre plus large du courant « richériste », au sens classique du terme, qui cherche à établir dans la structure ecclésiastique une place spécifique d'origine apostolique au ministère presbytéral. Au ministère épiscopal chargé de l'administration ecclésiale se conjugue dans une harmonie complémentaire celui des prêtres, principalement des curés ou pasteurs 7 7 3 . Richer n'a pas inventé cette distinction, elle remonte au Moyen Age, lors de la querelle entre séculiers et religieux mendiants au sein de l'université de Paris, précisément 7 7 4 . Gerson, à qui il l'a empruntée, l'a particu772 « Authoritate apostolica, qua fungor in hac parte, do tibi potestatem regendi, docendi etc. Parisiis et ubique terrarum ». Ce privilège a été accordé par une bulle du pape Nicolas Ier. E. Puyol, Edmond Richer, I, p. 215 ; P. Féret, La Faculté de théologie de Paris, III, p. 29. 773 E. Préclin, « Edmond Richer 1559-1631. Sa vie, son œuvre. Le richérisme », Revue d'histoire moderne, 5 (1930), pp. 241-269 ; 321-336. 774 Y. Congar, « Aspects ecclésiologiques de la querelle entre Mendiants et Séculiers », Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, 36 (1962), pp. 63-66. R. Gryson, « L'autorité des docteurs dans l'Église ancienne et 442 lièrement mise en évidence et commentée. Il n'est donc pas surprenant qu'avec la montée du richérisme au sein de la Faculté se soit développé tout un courant tendant à expliciter l'autorité doctrinale des docteurs. Durant cette période, en gros la seconde partie du XVIIe siècle, les interventions du corps tiennent à appuyer leur décision par l'affirmation de leur mandat. « Les docteurs que Dieu a donnés à son Église » Cette affirmation de leur mandat, c'est à la suite d'une sérieuse confrontation avec le Saint-Siège qu'on en voit la première manifestation officielle. Durant la première partie du siècle, les interventions de la Faculté portaient sur des sujets circonscrits et généralement secondaires. On observe cependant que les choix des docteurs se portent de plus en plus sur les grandes Quæstiones disputatæ du temps : théologie morale, ecclésiologie 7 7 5 , mais la Faculté a évité de se prononcer sur la grâce7 7 6 . L'observation du processus romain de condamnation du Jansénisme a certainement convaincu plusieurs de ne pas laisser passer une nouvelle occasion7 7 7 . Celle-ci s'offrit en 1664, où de sa propre initiative la Faculté censura les propositions ecclésiologiques du Carme Vernant et celles de théologie morale soutenues par le jésuite Amadeus Guimenius 7 7 8 . Chacune de ces interventions était accompagnée d'une préface qui - références bibliques à l'appui - exposait l'autorité des docteurs à procéder ainsi à la défense et l'exposition de la saine doctrine : Il est nécessaire que les docteurs que Dieu a donnés à son Eglise afin qu'ils travaillent à la perfection des saints et qu'en s'acquittant des fonctions de leur ministère ils servent à médiévale », Revue théologique de Louvain, 13 (1982), pp. 63-73. Le gallicanisme de Sorbonne, p. 430. 775 P. Féret, La Faculté de théologie, III, 63-174 ; Le Jansénisme en Sorbonne, pp. 37-38, 219-224 ; Le gallicanisme de Sorbonne, pp. 29-52. 776 En 1649, l'affaire des fameuses « Cinq Propositions » a été lancée en Sorbonne, mais la Faculté a refusé de s'en saisir. Le jansénisme en Sorbonne, pp. 57-82 et p. 215. 777 Le jansénisme de Sorbonne, pp. 98-117. 778 Le gallicanisme de Sorbonne, pp. 129-166. 443 l'édification du corps de Jésus-Christ [...] résistent [aux ennemis de la hiérarchie catholique] 7 7 9 . La Sacrée Faculté a cru devoir user de l'autorité dont elle est en possession depuis tant de siècles par le consentement de tout le monde chrétien. [...] Sachant aussi qu'il est nécessaire que des docteurs véritablement chrétiens, comme de bons ministres de N. S. J. C. [...] reprennent ceux qui enseignent ce qu'il ne faut pas enseigner7 8 0 . La condamnation dans la seconde censure d'une phrase concernant l'infaillibilité du Pape suscita tout un processus de réprobation qui culmina dans la bulle Cum ad aures nostras qui révoquait les privilèges des docteurs 7 8 1 . Le choc fut rude, mais le soutien du Parlement et l'appui du pouvoir coupèrent court au développement de cette difficile affaire. La Faculté hésita même à se réunir, mais elle se reprit et, sous l'influence de ses membres les plus engagés, répliqua en affirmant ses droits. Il faut citer ici l'opinion, c'est-à-dire l'avis proposé dans la discussion sur ce sujet, du Dr Boileau, qui fut publié par la suite, car il expose bien l'état de la question. Le futur auteur du De jure presbyterorum exposait ainsi la problématique : Ne peut-on pas dire que la bulle de N. S. P. le Pape n'est pas seulement contre nos censures, mais véritablement contre la Faculté, puisqu'il la prive dorénavant aussi bien que tous les évêques du droit de juger de ces sortes de matières et qu'en condamnant comme présomptueuses, téméraires et scandaleuses les censures de Vernant et d'Amadeus, il condamne toute l'ancienne doctrine de la Faculté de Paris, et met par conséquent toutes les personnes qui la composent hors d'état de la soutenir et de la défendre 7 8 2 . 779 Préface de la Censure de Vernant, adaptant Ep. 4 :11-12. [L. Ellies Du Pin], Histoire ecclésiastique du XVII e siècle, III, p. 255. Le gallicanisme de Sorbonne, pp. 155, 159. 780 Censure d'A. Guimenius. [L. Ellies Du Pin], Histoire ecclésiastique du XVIIe siècle, III, p. 276. 781 Le gallicanisme de Sorbonne, pp. 170-171. 782 J. Boileau, Considérations respectueuses sur la bulle, Recueil de diverses pièces, p. 126. [L. E. Du Pin], Histoire ecclésiastique du XVIIe siècle, III, pp. 341345. 444 En agissant ainsi, Alexandre VII semble récuser non seulement la Tradition authentique telle que la Faculté entend la défendre, mais aussi réduire à néant les privilèges des docteurs, dont la papauté est justement le garant. Le Pape commet la même injustice à l'égard de la Faculté qu'il prive (aussi) du droit de faire dorénavant des censures sur ces sortes de matières. Cependant elle n'a point péché non plus, parce qu'elle n'a porté qu'un jugement doctrinal et non pas de juridiction. Cette autorité lui a été ôtée, parce qu'elle lui appartient par le titre de Faculté de Théologie. Ce n'est qu'un jugement consultatif, que le Pape ne peut ôter aux docteurs sans leur ôter en même temps leurs degrés. Ainsi il faudrait que le Pape eût dégradé par la bulle tous les docteurs pour les déclarer déchus du droit de faire des censures 7 8 3 . Car, ajoutait le docteur : Ce qui est au dessus des forces de la Faculté est d'usurper une juridiction qui ne lui appartient pas. Par exemple de fulminer des excommunications, d'imposer des peines à ceux qui ne sont pas de son corps, enfin de prétendre obliger en conséquence les fidèles de suivre la doctrine des censures. L'étendue des forces de la Faculté consiste au contraire à bien étudier les matières de la théologie, à porter un jugement doctrinal et consultatif, de sorte que, quand la Faculté déclare une proposition fausse, téméraire, hérétique, cela ne veut dire autre chose, sinon que le sentiment de la Faculté est que cette proposition est fausse, téméraire, hérétique. Or la Faculté est en possession de ce droit depuis sa fondation. Les papes mêmes l'ont consultée et ont abandonné leurs erreurs quand les docteurs de la Faculté les ont condamnées 7 8 4 . Pour réaffirmer ce droit, la Faculté décida, le 12 septembre 1665, d'enregistrer et de publier les explications d'un bachelier, 783 J. Boileau, Considérations respectueuses, Ibid., p. 129. J. Boileau, Considérations respectueuses, op. cit., p. 140. transparente aux erreurs de Jean XXII sur la vision béatifique.] 784 445 [Allusion concernant le purgatoire qu'il semblait mettre en doute dans sa mineure ordinaire7 8 5 , en la faisant précéder d'un exorde où, très prudemment, elle affirmait son rôle dans la conservation du dépôt de la foi7 8 6 . Cette attitude défensive se poursuit lors de la rédaction de nouveaux Statuts en 1673, qui s'ouvrent par l'antique premier article célèbrant le rôle éminent des docteurs, « lumières de l'Église, interprètes de la vérité »7 8 7 . Elle tourne bientôt à l'offensive lorsque, chaque fois qu'elle le peut, la Faculté affirme en l'exerçant en même temps qu'en l'explicitant son autorité doctrinale. En 1683, consultée par le Parlement sur une phrase contenue dans le mandement anti-gallican de l'archevêque d'Etzergom, elle donne son « avis doctrinal », en censurant le prélat 7 8 8 . À leurs confrères qui objectent les limites de l'autorité doctorale, les docteurs majoritaires rétorquent leur qualification et leur magistère 7 8 9 . Dans la foulée, on envisage plusieurs interventions d'importance, bloquées systématiquement par l'archevêque Harlay de Champvallon soucieux d'exercer son propre magistère 7 9 0 . Loin d'arrêter ce mouvement, il semble qu'en le frustrant, ces restrictions l'amplifient. Sitôt le prélat disparu, la Faculté, en même temps qu'elle reprend le parcours universitaire de manière à mieux vérifier les compétences des étudiants7 9 1 , réorganise en les resserrant les règles d'approba- 785 Le gallicanisme de Sorbonne, p. 179. Apostolicæ doctrinæ depositum ita theologis custodiendum esse, ut ne quid detrahant vel adjiciant, Sacra Theologiæ Facultas Parisiensis et a majoribus accepit et pro sua parte proque sui muneris et officii ratione, studiose semper diligenterque retinuit. A. N. MM 253, f. 87r? . Collectio judiciorum, III-1, p. 133. 787 Vera hominis felicitas in Dei Optimi Maximi cognitione consistit, quam nullus unquam assecutus est nisi divina inspiratione aut verbi Dei auscultatione, cujus Doctores & Interpretes vera sunt Ecclesiæ lumina & quasi columnæ ædificatæ supra fundamentum Apostolorum & Prophetarum, ipso angulari capite Christo, in quo omnis campago Ecclesiæ consistit. Statuta Sacræ Facultatis Theologiæ Parisiensis, Paris, 1675, p. 1. 788 Le gallicanisme de Sorbonne, pp. 282-305. 789 Le gallicanisme de Sorbonne, pp. 304-305. 790 Il empêche la Faculté de se saisir du jugement de la Bibliothèque des Auteurs ecclésiastiques de L. Ellies Du Pin. E. Puyol, Edmond Richer, I, p. 212. 791 « Tradition et modernité. La réforme des études en Sorbonne (1673-1715) », Revue d'histoire de l'Église de France 88 (2002), pp. 350-352. 786 446 tion des livres 7 9 2 . C'était une manière de soutenir la compétence des docteurs sur ce point, comme le leur rappela le syndic Le Feuvre 7 9 3 . Ce même docteur prend l'initiative de relancer les censures doctrinales en dénonçant la Mystique cité de Dieu de Marie d'Agreda 7 9 4 . On a beau objecter qu'une commission romaine s'en est déjà saisi, on passe outre 7 9 5 . Une intervention sur le Quiétisme dans le but « d'éclairer Sa Sainteté »7 9 6 sur cette autre affaire pendante, n'aboutit pas 7 9 7 , mais en s'attaquant par deux fois à la question de la « religion des Chinois », dont ils savaient bien qu'elle était à l'étude à Rome, les docteurs s'engageaient davantage sur la voie d'une confrontation7 9 8 . Celle-ci s'annonce par le biais d'un message pontifical lourd de sous-entendu7 9 9 , mais c'est la relance du jansénisme qui va 792 P. Féret, La Faculté de Théologie, III, pp. 37; 495-497. Nihil esse doctoribus parisiensibus honorificum majus quam judicium illud doctrinale quod de libris ante emittunt quam spargantur in vulgus maxime vero de iis libris qui spectant religionis catholicæ fidem vel morum pietatem. (8 juillet 1695) A. N. MM 254, pp. 419-420. 794 J. Lebrun, La spiritualité de Bossuet, Paris, 1972, pp. 633-634. 795 Objection du Dr J. Gerbais : « Que la Faculté, par respect, ne se mélait point de censurer les livres que Messeigneurs les évêques attiraient à leurs tribunaux, avec combien plus de raison devait-on garder cette conduite envers le premier tribunal du monde ». Relation manuscrite. Bib. nat., ms. 8627, f. 298r? . 796 Bossuet à son neveu (6 mai 1697), Correspondance, éd. Urbain-Levêque, VIII, p. 245. 797 Correspondance de Fénelon, J. Orcibal, éd., VIII, p. 271, Chanterac à Fénelon (15 novembre 1698) : « Un des membres du Saint-Office, qui est fort écouté du Pape [...] me dit là-dessus [...] marquait assez qu'on n'en était pas trop content ici, et qu'on regardait cette conduite comme peu respectueuse pour le SaintSiège, de lui envoyer le sentiment de quelques docteurs particuliers qu'il n'a point demandé, lorsque, depuis plus d'un an, on est appliqué ici avec tant de soin à examiner cette affaire ». 798 La Défense de la Censure, rédigée par L. Ellies Du Pin, débute par une claire assertion du pouvoir de la Faculté : « Les Facultés de théologie ne sont pas seulement établies pour instruire et pour former les sujets capables de rendre service à l'Église, mais encore pour approuver par leurs jugements la saine doctrine et pour censurer les erreurs ». Paris, 1701, p. vii-viii. B. Neveu, L'erreur et son juge, p. 123. 799 Message transmis par l'abbé Eusèbe Renaudot au syndic Le Feuvre qui le communiqua le 1er décembre 1701, à la prima mensis. A. N. MM 255, p. 99. Lors d'une audience, après avoir assuré de son estime et de sa considération pour la Faculté, Clément XI a encore dit « qu'il avait pour la Faculté de Paris, autant d'estime et de considération qu'aucun de ses prédécesseurs sachant la doctrine, la piété, et le respect pour le Saint-Siège qu'avaient ceux qui la composaient. Qu'il n'avait jamais regardé la censure des dernières propositions, que comme un 793 447 l'amener. La publication du Cas de conscience signé par quarante docteurs pouvait représenter les prodromes d'une intervention du corps sur les thèmes moraux et ecclésiologiques associés à l'hérésie condamnée, ce qui aurait signifié un acte de guerre. On sait que ce Cas fut condamné par la constitution pontificale, précédée d'une série de brefs dénonçant la « hardiesse » et la malice des docteurs 8 0 0 . Il y fut répondu avec force que les docteurs n'avaient fait que leur devoir, car : « Jésus-Christ a toujours voulu qu'il y eut des docteurs dans son Église, c'est-à-dire des théologiens toujours occupés à l'étude de l'Écriture, des Pères, des Conciles, etc., afin d'instruire les autres, combattre les erreurs, défendre la vérité et soutenir son Église » 8 0 1 . Comme Vineam Domini ne suffit pas pour réduire les résistances, vint la constitution Unigenitus qui condamnait 101 propositions extraites des Réflexions morales de P. Quesnel, un livre approuvé par plusieurs membres de la Faculté. Avec l'Unigenitus le point de rupture a été atteint, puisqu'après avoir renaclé à enregistrer la Constitution 8 0 2 , les docteurs s'empressèrent, dès le changement de règne, de nier cet enregistrement et récusèrent le document par des écrits polémiques et bientôt des actes d'Appels qui rejetaient en les qualifiant chacune des censures pontificales8 0 3 . Ce comportement ne manqua pas de avis doctrinal, tel que la Faculté en avait donné en plusieurs occasions importantes, en étant requise par quelques Papes ses prédécesseurs. Qu'elle était trop éclairée, pour ne pas savoir, que les décisions en matière de foi n'appartenaient pas aux Facultés ». P. F. Burger, « L'Abbé Renaudot en Italie », Dix-huitième siècle, 22 (1990), p. 249-262. Dans une lettre à Renaudot, Le Feuvre fit comprendre qu'il en fallait davantage pour émouvoir la Faculté. A. S. V., fondo Albani, 120, f. 63. 800 Brefs à Louis XIV et au cardinal de Noailles, 14 et 23 février 1703. Histoire ecclésiastique du XVIIe siècle, IV, pp. 448 et 451-452. 801 « Mémoire des nullités du bref de Clément XI du 12 février 1703 contre la décision d'un Cas de cosncience faite par quarante Docteurs de Sorbonne », Histoire du Cas de conscience, Nancy, 1705, I, p. 245, qui ajoute : « la dignité de cardinal, d'archevêque, d'évêque et autre semblable ne sert de rien à ce jugement doctrinal, car ces qualités ne rendent point ceux qui les possèdent plus capables de juger si une doctrine est bonne ou mauvaise, mais au contraire l'embarras des affaires leur laisse moins de temps et ne leur permet pas d'avoir toute l'attention qui est nécessaire pour cela ». J. L. Quantin, Le Catholicisme classique, p. 143 802 Théologie et pouvoir en Sorbonne, pp. 25-33. 803 Théologie et pouvoir en Sorbonne, pp. 35-67. 448 stimuler les attaques ciblant le prétendu magistère des docteurs, suscitant une polémique courte mais virulente où s'affrontèrent deux conceptions absolument opposées du rôle des théologiens dans l'Église. Attaqués sur leur résistance à l'acceptation de la bulle, ces « simples prêtres [...] qui s'élèvent ainsi en tribunal de doctrine indépendant de celui de l'Église » 8 0 4 , répondirent fermement, par la bouche du Syndic en établissant fortement « le droit que les docteurs ont comme chrétiens, de défendre la vérité, et comme prêtres et docteurs, de rendre des avis et des jugements doctrinaux, même dans les conciles »8 0 5 . La meilleure façon de prouver un droit étant de l'exercer, on mit en route un Corps de doctrine où, en prenant position sur les principales questions disputées « pour marquer clairement quels étaient les dogmes auxquels il fallait s'attacher »8 0 6 , la Faculté prouvait bien la « possession de ce droit qu'elle a de juger des matières de doctrine »8 0 7 . En même temps, chaque censure nouvelle apportait une preuve supplémentaire de cet attachement à l'orthodoxie : la Déclaration jointe à la censure du Dr Leroux8 0 8 revendiquait le droit de « lever les incertitudes et proposer clairement la vérité »8 0 9 . À ces revendications, les adversaires de la Faculté répliquèrent par la bouche de l'archevêque de Reims « que les évêques sont les véritables docteurs que Jésus-Christ a établis pour enseigner l'Eglise » 8 1 0 . Une Lettre au Recteur de l'Univer804 Lettre de M. l'Evêque de *** à M. l'Evêque de ***, [Ve Tocsin], p. 7. Histoire des Réflexions morales, I, p. 651. 806 Histoire des Réflexions morales, I, p. 663. 807 Mémoire présenté à S. A. R... pour la défense de l'Université, p. 18, qui ajoute, p. 19 : « Ce corps doit avoir le droit de juger des matières de doctrine, soit pour approuver, soit pour condamner, car l'on ne saurait enseigner que l'on ne porte son jugement sur la doctrine qu'on enseigne et qu'on ne contredise celle qui est opposée ». 808 Théologie et pouvoir en Sorbonne, pp. 44-45. 809 Histoire des Réflexions morales, I, p. 665. 810 Lettre de Monseigneur l'archevêque, Duc de Reims [...] à M. les Cardinaux, Archevêques et évêques assemblés à Paris. [s. l. n. d.] , dans Recueil de quelques Mémoires touchant les Affaires de la Constitution, II e partie, p. 75. 805 449 sité rappelait crûment que « les docteurs ne sont point chargés de gouverner l'Eglise » 8 1 1 . Cela ne suffit pas pour arrêter le Syndic Ravechet : Il convint que les évêques étaient en effet les vrais Docteurs que Jésus-Christ avait établis ; mais il fit voir que ce droit supérieur n'excluait point celui que les théologiens avaient aussi, quoique dans un degré inférieur, d'instruire les peuples et de rendre les témoignages qu'ils devaient à la vérité, et que même les évêques ne pouvaient s'acquitter comme il fallait de la fonction éminente dont ils étaient chargés, sans consulter les théologiens, sous lequel nom on devait comprendre, non seulement les Docteurs, mais les curés qui étaient les prélats inférieurs 8 1 2 . Argument bientôt explicité : Il est vrai que les évêques sont juges de la doctrine, on n'en disconvient pas, et la Faculté l'a soutenu plusieurs fois. Leur jugement n'est pas infaillible, ils en conviennent, c'est un jugement d'autorité et de jurisdiction subordonné aux Conciles provinciaux, au Saint-Siège apostolique, et au Concile général. Mais cela n'empêche pas que les Facultés de théologie, et en particulier celle de Paris, ne soient en possession de donner leur jugement doctrinal sur les questions de doctrine et de discipline qui se présentent, de dresser des articles de doctrine et de censurer les erreurs partout où elles se trouvent, même s'il y en a dans les bulles des papes, dans les mandements des évêques et dans les livres des particuliers 8 1 3 . Ce droit à se prononcer indépendamment, les docteurs le revendiquaient au nom de leur compétence, cette « clef de la 811 Lettre d'un ancien professeur de l'Université de Paris au Sieur Monte mpuys, Recteur de cette Université. Tocsins, pp. 64-85. 812 Discours du 2 janvier 1717, Histoire des Réflexions morales, I, pp. 672-673. 813 Réponse à un écrit qui a pour titre : Mémoire présenté par plusieurs cardinaux, archevêques et évêques à Monseigneur le Régent, cité par E. Puyol, Edmond Richer, I, p. 211. 450 science » ne pouvant leur être ôtée8 1 4 . Un Mémoire au Régent pour la défense de l'Université l'expose très expressément : Il n'est pas vrai que les évêques aient seuls la clef de la science. Il est à souhaiter qu'ils l'aient tous et qu'ils prennent les moyens de l'avoir, pour n'être point exposés à se laisser tromper ni sur la doctrine, ni sur les passages qu'on leur cite; mais les prêtres et les docteurs sont aussi d'état à avoir cette clef8 1 5 . Refusant l'argumentation, les adversaires rétorquent que : la science et la vertu des simples prêtres, la réputation des Universités [...] ne peuvent leur acquérir la qualité de juger en matière de doctrine et de foi. Ce sont les seuls évêques que le Saint-Esprit a établis pour gouverner l'Église (Actes XX, 28)8 1 6 . Ils ont surtout beau jeu à souligner les limites de l'indépendance du corps, puisque celle-ci est garantie par le Saint-Siège apostolique, fondateur de l'Université8 1 7 . Or, par un bref de novembre 1716, Clément XI avait « suspendu tous et chacun des privilèges, facultés, grâces, et indults accordés par les souverains pontifes à la Faculté de Théologie de Paris » 8 1 8 . La confrontation avec le Saint-Siège se doubla d'une guerre avec de nombreux évêques qui, dans leurs mandements, s'éle814 Cf. le Mémoire présenté à S. A. R.... pour la défense de l'Université , p. 18. Mémoire présenté à S.A.R. Monseigneur le Duc d'Orléans... pour la défense de l'Université, p. 37. Arguments réfutés dans l'Examen du Mémoire, Bruxelles, 1718. 816 Mémoire à S. A. R. Monseigneur le Duc d'Orléans, Régent du Royaume, à l'occasion des entreprises de quelques Universités, Facultés de théologie, chapitres et Curés, présenté au nom des Cardinaux, Archevêques et évêques qui ont souscrit le 8 mars 1717 la Lettre adressée à S. A. R., (1717) dans Recueil de quelques Mémoires touchant les Affaires de la Constitution, VIe partie, p. 99. 817 Lettre d'un ancien professeur de l'Université de Paris au Sieur de Montempries [sic], Recteur de cette Université, dans Recueil de quelques Mémoires touchant les Affaires de la Constitution, II e partie, p. 99. 818 Bref du 18 novembre 1716. Décret de N. S. P. le Pape Clément XI portant suspension des privilèges accordés par le S. Siège à la Faculté de théologie de Paris, à la volonté de Sa Sainteté et du S. Siège, dans Recueil de quelques Mémoires touchant les Affaires de la Constitution, VI e partie, 39-49. Histoire des Réflexions morales, I, pp. 825-827. 815 451 vaient contre l'impudence des Facultés de théologie. C'est dans ce contexte que la Faculté de Paris entreprit le Corps de doctrine destiné à représenter sa position officielle sur les principaux points du dogme 8 1 9 . En ce cas extrême, les docteurs ne se contentaient pas du seul discernement de la vérité, mais se posaient en concurrents du magistère épiscopal et pontifical8 2 0 . Ces velléités furent brusquement arrêtées par l'intervention du pouvoir qui exila les meneurs, les remplaça par des hommes sûrs et imposa la « normalisation » évoquée dans l'introduction, où il est clairement affirmé que les docteurs font partie non de l'Église enseignante, mais de l'Église enseignée 8 2 1 . Désormais, la Faculté se limite à des interventions ponctuelles, principalement la censure de « mauvais livres ». En conjonction avec l'assemblée du Clergé de France8 2 2 , elle se tient à marquer l'erreur, l'illusion d'un magistère particulier est bien dissipée, reste à comprendre la signification de cette bouffée d'indépendance. Interprétation : la clef de la science Le point central, la force du pouvoir des théologiens, c'est évidemment leur science. Reprenant Vincent de Lerins, l'introduction du Corps de doctrine le proclame sans hésitation : « O prêtre ! O théologien ! O Docteur ! [...] Dieu t'a mis en état de servir l'Eglise, en te donnant du génie, de la facilité, de la science »8 2 3 . Cette citation classique est ici amplifiée par la reprise des références médiévales, particulièrement J. Gerson qui met en évidence le rôle particulier des docteurs dans l'expo- 819 Théologie et pouvoir en Sorbonne, pp. 157-184. C'est à cette occasion que l'on rappelle l'antique titre de « Concile perpétuel des Gaules », accordé à la Faculté par Charles VII, d'où l'importance des décisions prises à l'unanimité. Théologie et pouvoir en Sorbonne, pp. 197-198. 821 Théologie et pouvoir en Sorbonne, pp. 68-73. 822 M. C. Peronnet, Les évêques de l'ancienne France, Paris-Lille, 1977, 802-80. Id., « Les censures de la Sorbonne au XVIII e siècle : base doctrinale pour le Clergé de France », dans F. Lebrun et R. Dupuy, Les résistances à la Révolution, Rennes, pp. 27-37. 823 « O Sacerdos ! O Tractator ! O Doctor ! Si te divinum munus idoneum fecerit, ingenio, exercitatione, doctrina... », citation du Commonitorium de Vincent de Lerins, Première Partie des Articles de doctrine de la Sacrée Faculté de théologie de Paris, Paris, 1717, p. 6. 820 452 sition de la doctrine 8 2 4 , s'y ajoute un nouvel élément, apporté par ce qu'on appelera le « richérisme ». En effet le syndicat de Richer (1608-1611) représente une reprise de confiance de l'institution en elle- même. Après l'effervescence de la Ligue et la remise en ordre disciplinaire de l'université (1600), les docteurs replacent spontanément leur dignité retrouvée dans le long courant de leur histoire. Il s'agit ici d'un sentiment assez vague lié à la reconnaissance d'une valeur individuelle et surtout corporative, certainement pas de la perception d'un rôle précis, encore moins d'une autorité normative. L'ecclésiologie du syndic, cependant, fournit des éléments de perfectionnement de ce vague sentiment, puisqu'en offrant une interprétation théologique du ministère presbytéral, elle montre comment, à un niveau certes inférieur, les simples prêtres, dont la différence avec l'épiscopat n'a pas été véritablement explicitée à Trente, ont ou devraient avoir part au gouvernement de l'Église. À cette aspiration, soutenue par une formation identitaire et spirituelle de plus en plus efficace8 2 5 , se joint celle des compétences, aboutissement d'un parcours universitaire de plus en plus exigeant. Ajoutons, enfin, l'évolution de la méthode théologique, où le discernement de la vérité devient davantage une réflexion fondée sur la recherche et la confrontation des sources que le résultat d'un raisonnement spéculatif. Comme plusieurs l'ont noté, la mise en place de la théologie positive tendait à réduire l'autorité du magistère pontifical et épiscopal, réduit simplement à homologuer les résultats des chercheurs 8 2 6 . C'est ce que cherchait Jansenius avec son Augustinus et qui valut à l'ouvrage les ennuis que l'on 824 De examinatione doctrinarum, in J. Gerson, Œuvres complètes, XI, éd. P. Glorieux, Paris, 1973, IX 462. 825 Depuis 1616, le sacerdoce était nécessaire pour l'accession au doctorat. Ch. Du Plessis d'Argentré, Collectio judiciorum, II-1, p. 99. Cf. aussi l'interprétation de la clavis scientiæ présentée par P. Abelard et renouvelée par G. d'Ockam, insistance sur la sainteté personnelle. L. Hödl, Die Geschichte der scholastischen Literatur und die Theologie der Schlüsselgewalt von ihren Anfängen bis zur Summa aurea des Wilhelm von Auxerre, Munster, 1959, pp. 83-84. 826 B. Neveu, « Augustinisme janséniste et magistère romain », Érudition et religion, pp. 468-469. J. L. quantin, Le Catholicisme classique, p. 110. 453 sait. Mais bien d'autres auteurs, partant des mêmes pré misses, entendaient aboutir à des synthèses encore plus convaincantes. Avec pour conséquence de créer au sein de l'institution ecclésiale un corps de spécialistes choisis pour leurs qualifications afin d'effectuer ce travail de discernement. Cette même théologie historique fournissait les fondements théoriques de l'autorité ainsi distinguée, puisque des passages choisis de l'Écriture prouvaient l'existence d'une telle distinction entre pasteurs et docteurs 8 2 7 . Selon cette vision assez utopique, les deux autorités auraient collaboré harmonieusement, chacune selon sa qualification, à l'établissement de la vérité et à son affirmation. Les docteurs par leur « clef de la science » indiquant aux prélats la doctrine à enseigner, et ceux-ci par « la clef de l'autorité » la promulguant et vérifiant l'adhésion. Il est bien significatif qu'au moment de l'assemblée du Clergé de France de 1700 qui, en bien des manières s'érige en concile national8 2 8 , Bossuet s'offusque des propositions des représentants du clergé inférieur d'effectuer en cette occasion une similaire division du travail 8 2 9 , en réalité assez traditionnelle dans les assemblées conciliaires 8 3 0 . Il ne s'agit donc pas de visions d'extrémistes, mais bien d'une conception cohérente due à la prise de conscience par les théologiens professionnels de leur qualification non seulement technique mais aussi théorique. Le renouveau du Gersonianisme, c'est-à-dire des sources de l'époque conciliariste, en particulier les écrits du chancelier de l'Université de Paris, propulsé par l'interprétation richériste qui se développe au cours du siècle, ont fourni les principaux arguments pour étoffer cette vision. Elle s'est acerbée naturellement dans les polémiques autour de l'Unigenitus, mais elle existait et était disséminée de longue date. 827 La référence préférée est Cor. 12:8 et 28. P. Blet, Le Clergé de France, Louis XIV et le Saint-Siège de 1695 à 1715. Rome, 1989, p. 135. 829 Journal de Ledieu, II, pp. 85-86 : « Les évêques devraient avoir ici chacun leurs théologiens ; nous aurions bientôt dressé et qualifié toutes les propositions. On ferait comme font à Rome les qualificateurs, nous donnerions par écrit notre avis doctrinal raisonné, les prélats sur cela formeraient leur sentiment et l'assemblée son décret. » 830 N. H. Minnich, « The Voice of Theologians in General Councils from Pisa to Trent », Theological Studies, 59 (1998), pp. 420-441. 828 454 Tout ce beau système s'est effondré lorsque, loin de coopérer, les deux magistères se sont opposés, et surtout lorsque les docteurs ont prétendu faire la leçon aux évêques et au pape. Il a fallu alors se poser la question du degré d'autorité des décisions et de l'enseignement des Facultés de théologie. Traditions anciennes certes et souvent respectables, avis doctrinal érudit mais non pas jugement infaillible. Lorsque ce critère intervient sur ces thèmes, il n'est plus question d'invoquer la séparation des tâches entre les docteurs et l'épiscopat, puisque les évêques dans leur majorité ainsi que le Pape, récusent l'interprétation des théologiens français du contenu de la Constitution apostolique Unigenitus. Ceux-ci ne sont alors que des subalternes et des subordonnés qu'il faut ramener à l'obéissance et à l'humilité. On peut même considérer que leur rébellion, loin de rehausser leur prestige ; l'a singulièrement abaissé, puisque ces Maîtres, ces théologiens, ces professeurs, se trouvent maintenant explicitement compris non pas dans l'Église enseignante, Ecclesia docens, mais dans l'Église enseignée, Ecclesia discens8 3 1 . Analyse : Le Magistère des docteurs L'affaire du Magistère de la Faculté de théologie au XVIIe siècle représente une anomalie dans l'évolution de cette fonction dans l'Église post-tridentine, c'est sans doute pour cela que les historiens de la théologie n'y ont pas prêté attention 8 3 2 , anomalie mais non aberration, qui éclaire la prise de conscience ecclésiale de cette fonction dans une époque de transition. Ministères hiérarchiques Elle représente avant tout un des éléments du richérisme, ou mieux du «presbytérianisme », cet effort pour déterminer dans le contexte hiérarchique de l'ecclésiologie tridentine le rôle 831 Instruction sur l'obéissance due aux décisions de l'Église, [s.l.n.d.], p. 16 : « L'Église enseignée ou écoutante est composée des docteurs, des curés, des prêtres et de tous les simples fidèles ». 832 M. D. Place, « Trent to the First Vatican Council » et A. Dulles « The Magisterium in History: A Theological Reflection », dans Magisterium and Theologians: Historical Perspectives, Chicago Studies, 17 (1978), pp. 223-225, 271-272. F. Sullivan, Magisterium, New York, 1983. 455 du prêtre. Reprenant des catégories établies dans le contexte de la querelle des séculiers et des mendiants, Richer, fidèle en cela à Gerson, pose l'existence d'un second ordre, successeur des disciples du Christ. Il s'agit donc d'un effort de ré-équilibrage par rapport à l'autorité reconnue à l'épiscopat, mais aussi une réponse à la mise en valeur du ministère sacerdotal. Suite logique de cette ré-activation - ou plutôt réinvention - du modèle médiéval, le couplage pasteurs-docteurs, qui correspond en même temps à la meilleure formation intellectuelle du clergé, à la mise en évidence de leur fonction d'enseignement (prédication, catéchèse), à la spécialisation de la théologie et à la nécessité de répondre au besoin d'une régulation de la doctrine. Ces deux derniers points sont les plus importants. ? Essor de la théologie Quoiqu'on manque d'une vision d'ensemble sur la place de la théologie dans le Catholicisme post-tridentin, il est évident qu'en France en particulier, celle-ci a subi des mutations importantes, méthodologiques principalement, mais aussi dans la perception qu'on en a. Comme d'autres sciences religieuses, l'Écriture, l'histoire ecclésiastique, la théologie devient une science positive, avec son objet, ses règles, ses méthodes 8 3 3 . Science aux règles précises et claires, elle est recherche de la vérité ; lorsque celle-ci se manifeste de façon évidente, on ne peut qu'y adhérer8 3 4 . Ceux qui la pratiquent sont donc des professionnels, dont la capacité doit être solidement formée et vérifiée. Participant aux échanges érudits de ce qui sera bientôt la République des Lettres, ils forment collectivement un corps de spécialistes, apte à juger et à se prononcer. Dans cet ensemble abstrait qui dépasse les frontières, y compris religieuses, un corps aussi prestigieux que celui de Paris trouve une place particulière, comme formant une unité, respectable à la fois pour son histoire et sa tradition, pour la valeur de son éducation et pour la qualité de ses membres. Il n'est donc guère surprenant que ceux-ci cherchent à intervenir non seulement au plan 833 Un thème à approfondir. Cf. Ch. Gobinet, Instructions sur la méthode de bien étudier, Paris, 1690. L. Ellies Du Pin, Méthode pour étudier la théologie, Paris, 1716. 834 Le Jansénisme en Sorbonne, p. 214. 456 personnel dans leurs recherches individuelles et leurs échanges, mais en corps. Ce faisant, ils répondent à un besoin latent dans l'Église tridentine : la nécessité d'un magistère ordinaire, qui sans engager définitivement - ou infailliblement - l'Église, contribue en intervenant dans les controverses théologiques à marquer la doctrine. ? Magistère ordinaire On répondra que ce Magistère « ordinaire » existe bien, même s'il n'a pas encore pris ce nom. Il s'agit de celui du Pontife romain, exercé principalement par les organes de la Curie romaine dont c'est la fonction, Index et Inquisition, ainsi que par les interventions du Pape lui- même, généralement sous la forme d'une Constitution apostolique. Les théologiens français ne nient pas ces perspectives, même si les décisions de ces congrégations n'ont pas force de loi en France, ou si l'on exige un processus de réception pour les textes pontificaux. Selon l'angle qui ici nous occupe, ce qui les inquiète, c'est la manière dont l'autorité supérieure, Pape principalement, mais aussi évêques en leur diocèse, et même Clergé de France en ses assemblées, arrivent à leurs décisions. En un mot, ils jugent qu'à Rome les « qualificateurs » ne sont pas assez qualifiés, si l'on peut se permettre ce mauvais jeu de mot, et donc qu'avant qu'il se prononce, il est nécessaire « d'éclairer le Pape ». Il n'est besoin que de relire les journaux des représentants des délégations augustiniennes à Rome, Bourgeois en 1645, pour la Fréquente Communion, Saint-Amour et ses amis en 1650, pour les Cinq Propositions, pour comprendre l'exaspération mutuelle que ces perspectives pouvaient produire 8 3 5 . Dans ces perspectives, le recours à l'infaillibilité, latente mais non définie, peut paraître comme une manière malhonnête pour certains - d'éluder les problèmes. D'un côté, on parle d'inspiration, d'infaillibilité d'enthousiasme, d'inerrance, même dans la détermination des faits ; de l'autre, on veut des règles claires et précises, des méthodes « géométriques », des conclusions à la fois logiques et certaines. Divergences idéologiques, dira-t-on, et donc inéluctables. Ce n'est pas certain, bien des docteurs classés comme « ultramontains » partageaient sur 835 Le Jansénisme en Sorbonne, pp. 34-36, 110-115. 457 ce point les perspectives de leurs adversaires. D'ailleurs, si on le décode, le langage des tenants d'un magistère des docteurs était moins révolutionnaire qu'il ne paraît, ils ne cherchaient pas à usurper l'autorité d'enseignement de la hiérarchie, mais à y être associés dans son aspect technique : la mise en œuvre d'un jugement à portée théologique. Cela principalement au nom de leur qualification professionnelle 8 3 6 . On peut penser que beaucoup étaient sans illusions sur la manière dont de nombreux Mandements épiscopaux étaient produits, sans complaisance non plus sur la valeur des théologiens romains. On peut aussi estimer que l'accroissement du rôle d'administration - ici aussi une forme de spécialisation - du haut clergé pouvait difficilement permettre le maintien du rôle idéal de l'épiscopat, pasteur/docteur. D'où le partage des tâches, assez moderne : la théologie aux théologiens, l'administration aux administrateurs. Un des membres les plus éminents de la Faculté, qui n'avait guère de raison de soutenir le corps qui l'avait expulsé, exprime avec clarté le rôle des docteurs : La Faculté est un corps de théologiens établi et autorisé par l'Église : c'est le conseil public des évêques, c'est un tribunal fixe, auquel l'Église consent et veut que l'on dénonce les doctrines suspectes, et que les Papes même ont consulté ; et quand leurs assemblées sont libres et nombreuses, leurs jugements sont des décisions doctrinales, auxquelles on ne voit guère que les évêques ne défèrent pas.8 3 7 De telles perspectives firent frémir Bossuet, adepte convaincu du couplage pasteur-docteur, et aussi sans doute l'ensemble des évêques gradués de Paris, sans états d'âme sur la possibilité de conserver leur qualification scientifique. Humbles participants de l'autorité pontificale, les auteurs des brefs romains de condamnation de la Faculté ont été plus sévères, et ce sont eux qui ont eu le dernier mot. L'historien ne peut que constater que l'utopie des docteurs parisiens du XVIIe siècle était 836 Plus tard, dans la dérive richériste, ils mettront davantage l'accent sur la notion de « témoignage de la vérité ». Théologie et pouvoir en Sorbonne, p. 201. 837 A. Arnauld, « Discours historique et apologétique contenant la réfutation particulière des faussetés avancées dans l'Histoire des cinq propositions touchant la censure de 1656 », Œuvres d'A. Arnauld, XX, p. 822. 458 une mauvaise réponse à une bonne question. Sans vraiment en percevoir les contours, ils ont compris la nécessité, dans une période où l'absence de vie conciliaire accordait à la papauté une sorte de monopole des jugements ecclésiastiques, d'un organe apte à préparer ces décisions, continuant en quelque sorte l'action concertée des évêques et des théologiens dans les assemblées conciliaires modernes 8 3 8 . A. Arnauld parle avec justesse d'une «information préparatoire en matière de doctrine » dont l'évêque (ou le pape) fait « un usage juridique »8 3 9 . Imbus naturellement de leur importance et fiers de leur qualification, ils ont cru que leurs propres décisions seraient prises en compte, d'où leur désir d'intervenir en première instance sur des questions comme le Quiétisme ou la religion de la Chine. Il est vrai que sur ces questions, ils ont été manipulés par certains évêques, désireux de leur faire porter la responsabilité de censures dont on pouvait bien savoir qu'elles déplairaient à Rome, mais l'inciteraient à intervenir. Recherche d'un équilibre donc, réflexion encore imprécise sur les formes à prendre d'un magistère à plusieurs degrés, autorisé mais non définitif. À une époque où toute « progression du dogme » était considérée comme impossible, les théologiens évoluaient dans un système très contraignant. On peut penser que les Français avaient perçu cette difficulté et qu'ils y avaient répondu en exigeant un consensus sur les décisions concernant 838 N. Minnich, « The Voice of Theologians in General Councils from Pisa to Trent », Theological Studies, 59 (1998), pp. 420-441, montre bien que malgré, les efforts des évêques pour minimiser la part des théologiens (theologi minores), ceux-ci avaient conservé une part importante dans l'expression du dogme. 839 C'est exactement le processus suivi par Pavillon, l'évêque d'Alet, qui publie le Cas d'Alet, signé par 30 docteurs (30 mars 1666). [V. Ragot], Résolution de plusieurs cas importants pour la morale et pour la discipline ecclésiastique par un grand nombre de docteurs en théologie de la Faculté de Paris. Paris, 1666. Percin de Montgaillard, publie, lui aussi, les réponses d'une consultation concernant ses démélés avec les Récollets de son diocèse, signée par 115 docteurs. Mandement de Monseigneur l'évêque de Saint-Pons sur la publication du sentiment d'un grand nombre de Docteurs en Théologie de la Faculté de Paris qu'il a consultés sur plusieurs propositions concernant les dogmes, la morale et la discipline de l'Église. Béziers, 1699. 459 la foi8 4 0 , destiné à les réduire autant qu'à les fortifier. L'affaire du Jansénisme a considérablement compliqué ce processus en entachant d'insubordination cette recherche d'une spécificité professionnelle. Problème ancien toujours en voie de résolution... Conclusions L'affirmation au XVIIe siècle du « Magistère de la Sorbonne », négligé par les historiens de ce thème ecclésiologique important, n'est pas un simple épiphénomène relatif à l'exposition du gallicanisme. Il est lié à la prise de conscience nouvelle du Magistère ecclésiastique en général, issue du concile de Trente, ainsi qu'à l'évolution de la méthode théologique, suscitée en particulier par la controverse religieuse. Les gallicans posent une sérieuse question : quel est le fondement de l'autorité des jugements doctrinaux normatifs ? La réponse qu'ils apportent est une actualisation, en fait ré-interprétation, de la tradition médiévale : ce fondement est la qualification des décideurs. En mettant en évidence la qualification du corps des théologiens, « Conseil ordinaire de l'Église gallicane »8 4 1 et même, « Conseil de la Chrétienté » 8 4 2 , ils proposent un partage des tâches entre l'université et l'épiscopat, clef de la science d'une part, clef de la juridiction de l'autre. Si quelques évêques acceptent cette répartition 8 4 3 , la plupart la récusent, en mettant en évidence non seulement leur propre qualification, mais aussi les grâces spéciales reçues avec leur charge. Bossuet parle du don spirituel de « conseil », fruit de la consécration épiscopale 8 4 4 ; quant aux Papes, ils sont encore plus formels, « abbiamo noi lo 840 R. F. Costigan, « Bossuet and The Consensus of the Church », Theological Studies (56 (1995), pp. 652-672. 841 L. Ellies Du Pin, Histoire de l'Église et des auteurs ecclésiastiques du XVIe siècle, Paris, 1703, p. 1431. 842 « Consultant of Christendom », J. K. Farge, Orthodoxy and Reform, pp. 115159. 843 Tels ceux qui suscitent les interventions de la Faculté, ou ceux qui donnent force juridique aux consultations doctorales. On note qu'ils sont proches de PortRoyal ou marqués par le gallicanisme. 844 Correspondance de Bossuet. 460 Spirito Santo », proclame Innocent X8 4 5 . En d'autres termes, en attirant l'attention par leur comportement d'abord, par leur discours ensuite, sur le discernement de la vérité, les docteurs de Paris ont contribué à la perception d'une interrogation latente du Catholicisme post-tridentin, à savoir la nécessité d'un éclaircissement de la doctrine, au-delà de la condamnation de l'erreur, et le fondement ecclésiologique de l'autorité qui l'effectue. Sur ce dernier point, si la réponse proposée, partage harmonieux des tâches entre théologiens et hiérarques, n'a pas été acceptée sur le plan théorique à cause de son caractère richériste, il faut remarquer qu'elle a cependant été pratiquée en France. On observe en effet, une complémentarité admirable : aux censures de Sorbonne répondent les lettres d'approbation des prélats, ellesmêmes inscrites dans les registres de la Faculté. Ces lettres montrent le bon fonctionnement de l'institution ecclésiale dans la transmission des textes doctrinaux. Élaborés par les théologiens de Paris, reçus par les évêques, ils sont acheminés par leur soin jusqu'aux curés qui, à leur tour, sous la forme qui leur paraît adéquate, peuvent les faire connaître aux fidèles 8 4 6 . La révolution détruira ce beau concert gallican, mettant fin définitivement au dernier effort d'harmonisation du savoir et du pouvoir dans l'Église. Au XIX e siècle, la Sorbonne reconstituée n'est pas une véritable Faculté de Théologie, son influence sur l'épiscopat quasi-nulle 8 4 7 . Quant au « magistère ordinaire », jugement de l'erreur et exposition de la vérité, c'est le Pape qui l'exerce seul, aidé certes par des théologiens choisis pour leur valeur, mais définitivement réduits à ce seul statut de conseillers. 845 Relation du Dr Bourgeois, Œuvre d'A. Arnauld, XXVIII. pp. 689-690. J. L. Quantin, Le Catholicisme classique, p. 142. 846 Michel Peronnet, « Les censures de Sorbonne au XVIIIe siècle : base doctrinale pour le Clergé de France », dans F. Lebrun et R. Dupuy, Les résistances à la Révolution, Rennes, p. 30. 847 B. Neveu, Les facultés de théologie catholique de l'Université de France (1808-1885), Paris, 1998. 461 Bibliographie Sources imprimées [L. Ellies Du Pin], Histoire ecclésiastique du XVII e siècle, III, Travaux - Bergin Joseph, The Making of the French Episcopate. 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