La Voix Syndicale de L`Essonne
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La Voix Syndicale de L`Essonne
de l’Essonne Prix 1,50 € N° 98 Bimestriel de l’Union Départementale CGT de l’Essonne Comité général de l’UD 91 Les Unions Locales en première ligne pages 3 à 7 SOMMAIRE Les Unions locales CGT de l’Essonne (DR) Appel 24 Évry 64 jours de grève pour la dignité Énergie : le fond des factures (pages 10-11) Élections Carrefour Market : grand chelem CGT (page 17) USR 91 : retraités en mouvement (page 19) Femmes en lutte pour l’égalité (page 20) Prud’hommes : quel avenir en 2018 ? (pages 22-23) Dossier santé Actionnaires goinfrés, maternité et psychiatrie menacées La Voix Syndicale de L’Essonne 12 Place des Terrasses de l’Agora 91 034 évry Cedex Directrice de publication : Véronique Josien tél. 01 60 78 28 41 - fax 01 60 78 55 43 [email protected] Commission paritaire N° 0715S06300 - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - Avril - Mai 2015 - pages 12 - 16 IMPROFFSET 10 avenue Emile Aillaud 91350 Grigny pages 8-9 Entre et [email protected] MACIF : MUTUELLE ASSURANCE DES COMMERÇANTS ET INDUSTRIELS DE FRANCE ET DES CADRES ET SALARIÉS DE L’INDUSTRIE ET DU COMMERCE. Société d’assurance mutuelle à cotisations variables. Entreprise régie par le Code des assurances. Siège social : 2 et 4 rue de Pied de Fond 79000 Niort. Inscrite au registre des démarcheurs bancaires et financiers sous le n°2103371860HQ. Intermédiaire en opérations de banque pour le compte exclusif de Socram Banque. COMITÉ GÉNÉRAL Comité général de l’UD CGT 91 en juin 2015 Échangerait méthodes et outils communs contre temps et efficacité L’Union départementale CGT de l’Essonne tiendra un Comité Général les 18 et 19 juin 2015, à la Maison des Syndicats d’Évry. Quels en sont les objectifs ? La Voix Syndicale a interrogé cinq responsables de la CGT : Ollivier Champetier (OC), secrétaire général de l’UD 91 ; Véronique Josien (VJ), membre du bureau de l’UD ; Jean-Louis Betoux (J-LB), secrétaire de l’UL d’Évry ; Brigitte Gabriel (BG), secrétaire de l’UL de Massy ; Philippe Madranges (PM), secrétaire de l’UL des Ulis. La Voix Syndicale. Quels sont les points principaux de ce Comité Général ? Les Unions locales sontelles au premier plan ? Véronique Josien. N’est-il pas naturel et indispensable de parler de nos UL dans un comité général de l’UD ? Nous nous situons à mi-mandat entre deux congrès de l’UD 91, mais aussi dans la préparation du 51e congrès confédéral. Il y a une forte attente des camarades sur le sujet. L’activité des UL n’est pas un supplément d’âme, mais doit être un axe permanent de l’activité et de la réflexion de chaque syndicat. Nous avons la volonté de les faire vivre et que leur place, leur rôle, leurs actions soient concrets dans tous les esprits militants. C’est le premier outil syndical interprofessionnel à la portée de nos militants et des salariés. Nos UL donnent au déploiement de la CGT l’ampleur nécessaire sur leur territoire et sont largement sollicitées sur de nombreux fronts. Comment ne seraient –elles pas la priorité de notre vie syndicale ? Ollivier Champetier. Véronique l’a dit, l’ensemble des initiatives, débats et discussions doivent se placer dans cette préparation du 51e congrès. La rencontre régionale Ilede-France des Unions Locales, qui s’est déroulée le 26 mars dernier, a rencontré un vif succès, démontrant l’intérêt des camarades pour le fonctionnement de nos structures. Nous plaçons logiquement notre Comité Général dans ce processus de construction et de décisions pour ré-imaginer l’outil indispensable à notre politique revendicative et de transformation sociale. La question centrale est : « Quel outil pour quelles constructions ? » Une part de la réponse se trouve évidemment auprès des UL. L’Union Locale est un lieu physique de rencontres et de convergences revendicatives. C’est aussi un territoire et il faut des militants pour animer celui-ci. Nous devons réflé- sur le droit du travail, assurer les formations ? Nous devons redéfinir et valider collectivement leur rôle ! LVS. Pensez-vous que les problèmes confédéraux, comme l’affaire Lepaon, ont laissé des traces chez les militants CGT et les salariés de l’Essonne ou que le changement de direction a tourné la page dans les esprits ? Brigitte Gabriel. « L’affaire Lepaon » a provoqué un choc chez nos adhérents CGT, mais plus encore chez Les Unions locales CGT de l’Essonne (DR) chir sur un triptyque : locaux, territoires et militants. Les locaux, nous les avons. Les territoires sont, peutêtre, à redéfinir. Les militants, c’est le sujet principal, avec les moyens dont ils ont besoin. C’est là qu’il faut trouver de nouvelles réponses. Comment faire mieux comprendre que l’implication dans le collectif et l’ouverture vers l’action interprofessionnelle sont pour partie les solutions à nos difficultés ? Que veut dire militer dans l’interpro ? Pour nombre de nos militants, l’UL est une évidence. Mais pour les autres ? Pourquoi va-t-on à l’UL ? Est-ce que tout le monde le sait ? Les UL ne sont-elles là que pour accueillir et renseigner nos militants qui courent après les moyens. Aujourd’hui, la page n’est pas encore tournée, car trop de choses restent dans l’ombre. Même si Philippe Martinez l’a blanchi en déclarant qu’il ne savait rien, personne ne peut croire que de tels montants soient réglés pour des travaux dans une location. Nous sommes tous conscients qu’il ne s’agit pas de « l’affaire » d’un seul homme, mais d’une organisation trop nébuleuse. Ceci dit, ce fut un mal pour un bien qui a permis de remettre à l’ordre du jour les valeurs fondamentales de la CGT et d’enfin reparler de lutte de classes. La CGT redevient un syndicat contestataire et reprend sa place - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 3 - Avril - Mai 2015 - .../... COMITÉ GÉNÉRAL Comité général de l’UD CGT 91 en juin 2015 dans la revendication pour l’émancipation sociale. Le succès de la journée interprofessionnelle du 9 avril relance cette dynamique et l’espoir de vraies conquêtes sociales. O.C. C’est vrai que le 9 avril était attendu. Pas la date en elle-même, mais cet appel confédéral pour une journée de grève et de manifestation. 11 bus sur le département, on ne l’avait pas vu depuis 2008… La preuve de cette attente des militants d’en découdre avec un gouvernement social libéral qui a fait le choix de la finance, et pas du salarié. Preuve aussi que « les affaires » CGT n’ont pas entaché la détermination à aller à la confrontation. Si notre confédération a bien compris, elle trouvera dans cette réussite une partie du fil conducteur de notre prochain congrès : redevenir un syndicat de classe et de masse, qui œuvre par la lutte à la transformation de la société. Il ne faut pas laisser refroidir ce succès du 9 avril et ne pas attendre septembre pour repartir à la bagarre. même de longue date, mais nous ne constatons pas de démissions liées directement à cette affaire. La journée du 9 avril a réellement boosté les militants. Deux cars affrétés par l’UL d’Évry, il faut remonter à bien longtemps pour avoir une telle mobilisation, y compris avec de nouvelles têtes ! LVS. De quoi votre UL a-t-elle le plus besoin ? B.G. La discussion sur les besoins des UL est récurrente. Quel besoin est le plus pressant ? De nouveaux adhérents pour le soutien financier ? Des formations syndicales pour que les nouveaux adhérents deviennent des militants appelés à être nos nouveaux cadres ? Des moyens supplémentaires en heures de délégation ? En fait, il s’agit pour toute la CGT de faire émerger la conscience des salariés. Seules la Philippe Madranges. La polémique est derrière nous. Philippe Martinez, avec les revendications sur les 32 heures, la retraite à 60 ans et le Smic à 1 700 euros, a remis les choses à leur place. Le 9 avril a montré que les militants étaient mobilisés. V.J. La période n’a pas été facile à vivre pour les militants, surtout au moment des élections professionnelles de la fonction publique en décembre 2014. Mais que les syndiqués redoublent de vigilance sur la bonne gestion de leurs structures syndicales et demandent des règles claires ne peut pas faire de mal à notre démocratie interne. Rapidement, les militants ont manifesté l’envie de se remettre au boulot sur nos questions revendicatives, c’est le bilan que je fais de la journée réussie du 9 avril. À nous de transformer l’essai ! Jean-Louis Betoux. Oui, effectivement, les histoires de la Confédé ont laissé des traces chez les syndiqués, J-L. B. Nous avons surtout besoin de l’investissement de nos camarades délégués syndicaux sur l’activité interprofessionnelle, continuer à travailler sans relâche la syndicalisation de masse. À l’UL d’Évry, nous nous félicitons des stages de forma- Jean-Louis Betoux (DR) discussion, l’éducation au plus près des salariés permettront ce réveil. Oui, mais avec quels bras ? PM. C’est le mot. Au-delà des questions financières, les UL ont surtout besoin de bras ! Sans militants, pas d’activité. Sans conscience de classe, pas de perspectives de luttes. Les syndicats doivent prendre toute leur place dans l’UL, pour travailler les convergences. L’UL n’appartient pas à quelques-uns, c’est pas une affaire de spécialistes, mais le point de départ d’une reconquête syndicale. Tous concernés ! Ollivier Champetier (DR) tion syndicale, trois par an environ. Plus d’une trentaines de syndiqués en ont bénéficié en 2014. LVS. L’interpro est la raison d’être des organisations territoriales CGT, mais d’où viennent les manques de relations entre territoires et professions ? V.J. L’interpro doit reposer sur l’engagement des syndicats professionnels d’un territoire qui décident de construire un outil commun. Actuellement, je vois deux raisons principales à ce déficit de liens . D’abord, la tentation d’un mouvement syndical de repli sur soi. Il faut y résister. C’est évident pour certains militants, moins pour d’autres. Il s’agit surtout de ne pas déléguer les questions interprofessionnelles à telle ou telle structure. Ensuite, certaines de nos structurations conduisent à des types de syndicats différents : national, départemental ou local d’entreprise. Cela va perdurer, d’autant que les problèmes de représentativité impactent aussi notre organisation. Cette diversité de situations n’aide pas toujours à créer le liant nécessaire sur un territoire défini, mais nous devons adapter notre mode de structuration et évoluer. Ce qui fait notre force, c’est le collectif ! Si nous nous engageons - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 4 - Avril - Mai 2015 - COMITÉ GÉNÉRAL Comité général de l’UD CGT 91 en juin 2015 dans une juxtaposition de syndicalismes professionnels, nous irons droit dans le mur et perdrons le sens même de notre appartenance à la CGT. L’interpro, ce n’est pas les autres, c’est tout le monde ! Cela nécessite de revoir les relations avec les professions et les Fédérations pour articuler le fonctionnement avec les UL. B.G. En matière de territoire, UL, UD et région vont dans le bon sens avec de plus en plus une réelle coopération. Quant aux professions, il y a là un grand vide avec la plupart des organisations, hormis trois ou quatre. Quant aux fédérations, nous avons le sentiment dans les UL d’être la cinquième roue du carrosse. Il faudrait au moins que nous ayons systématiquement les noms des DS et DSC qu’ils désignent. La tâche nous serait simplifiée dans nos relations dans les entreprises. Combien de fois avons-nous la surprise d’apprendre qu’une société de notre territoire fonctionne avec une CGT autonome ! OC. Nous pointons la question de notre syndicalisme: confédéré ou pas ? Des congrès fédéraux ont eu lieu et nous voyons bien que nous sommes plus sur un renfermement que sur une ouverture. De plus en plus de syndicat nationaux ou régionaux s’organisent de façon autonome, avec une perte de repères et encore une fois une défiance visà-vis d’un syndicalisme confédéré. Cela n’est-il pas aussi la conséquence des atermoiements revendicatifs de notre confédération ? Nous devons faire la démonstration que le syndicalisme rassemblé est la seule solution et que l’éparpillement nuit gravement à la santé revendicative ! P.M. Ce qui manque sur le territoire, ce sont certaines structures professionnelles comme par exemple l’Ustm, la Coordination des Services Publics, la Santé, etc. On a besoin d’animateurs Commerce avec des moyens pour développer l’activité et se faire le relais de la Fédé sur Brigitte Gabriel (DR) le terrain, avec les UL. On a aussi besoin d’être informé par les Fédés lorsqu’elles désignent un DS... J-L.B. Cela tient à notre avis à la frilosité de certaines fédérations qui, devant de mauvais résultats électoraux, devant des pertes de syndiqués dues aux restructurations incessantes des services, opèrent des replis sur soi, alors que plus que jamais nous avons besoin du tous ensemble. O.C. Des différences il y en a, les territoires, les façons de faire, les histoires et les personnalités. J’aurais tendance à dire « heureusement ». C’est aussi toute notre richesse, ces expériences différentes pour une action commune. Je pense que les missions « historiques » confiées à nos UL sont assurées, certes peutêtre de façon différenciée, mais surtout en fonction des capacités humaines de chacun. LVS. Le département est marqué par une dualité entre Nord urbanisé et Sud semi-rural. Comment des UL plus urbaines qui fonctionnent au Nord-Ouest, Massy et les Ulis, peuvent-elles coopérer avec une zone Sud en difficulté ? LVS. Les UL de l’Essonne ont un fonctionnement et des résultats inégaux. Comment expliquez-vous ces disparités ? V.J. D’abord par les différences des territoires et de leur histoire, c’est une évidence ! Les UL, comme toutes les structures CGT, n’appartiennent pas à des dirigeants. Elles sont des outils syndicaux qu’il faut faire vivre avec les syndiqués. Je le répète, il faut convier tous les camarades à venir dans les UL, pas pour voir s’il y a de la lumière, mais pour être partie prenante de l’activité. Les formations niveau 1 sont souvent une première porte d’entrée. Proposer des AG à tous les syndiqués sur un territoire d’UL, ce n’est pas si fréquent en dehors des congrès. Et pourtant, c’est en rencontrant les camarades, en leur montrant ce qui fait le quotidien d’une UL, que nous récupérerons des forces militantes. C’est aussi rester en lien avec les élus et mandatés, avoir un retour sur l’utilisation de leurs heures, sur leur mandat. Tout cela alimente la vie de nos structures, et dans les deux sens ! Philippe Madranges (DR) B.G. Le terme « dualité » me gêne… Les valeurs de la CGT m’amènent à dire que la coopération avec des UL en difficulté est une priorité, mais comment faire ? J’en reviens à une question précédente : avec quels bras ? P.M. Les Ulis ont décidé de s’inscrire dans cette coopération en allant parrainer les deux zones d’activités de Dourdan. C’est ce qu’on a fait le mardi 31 mars dans l’espoir de réanimer cette UL pour reprendre une activité revendicative sur ce territoire. Cet espace, qui dépend de UL d’Étampes, est trop grand pour marquer une présence syndicale sans soutien de l’UD. - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 5 - Avril - Mai 2015 - .../... COMITÉ GÉNÉRAL Comité général de l’UD CGT 91 en juin 2015 LVS. La réforme territoriale Hollande-Valls, aujourd’hui imprécise en Ile-de-France, va impacter le découpage administratif et politique actuel. Pensez-vous que le découpage territorial des UL doit suivre mécaniquement la carte administrative ou existe-t-il d’autres critères ? et au fonctionnement, l’implantation de certains syndicats… Tout cela est en mouvement et risque de bouger plus vite que nos structures syndicales. C’est pourquoi il faut trouver les méthodes de travail qui permettent toutes les transversalités entre territoires sans empiéter les uns sur les autres. P.M. C’est encore trop tôt pour définir une stratégie vis-à-vis du découpage territorial envisagé par ce gouvernement, beaucoup d’incertitudes planent ! La population et nombres d’élus politiques de tout bord sont attachés aux départements et aux principes républicains qui vont avec « égalité ». O.C. La réforme des territoires qui va s’engager risque d’impacter nos organisations et c’est peut-être tant mieux ! Pourquoi je dis ça ? Non pas parce que nous devrions calquer les territoires des UL sur le découpage qui se prépare, mais cela va nous contraindre à travailler ensemble entre territoires. Régions et départements vont se retrouver bousculés, nous ne pouvons plus rester enfermés dans et par des frontières invisibles. L’impact de cette réforme touchera plus, à mon avis, nos UD et nos UR que nos structures locales. Hormis les structures professionnelles, nous aurons à travailler particulièrement avec la CSD des Services Publics, car nous allons nous retrouver avec des communautés d’agglos se retrouvant sur deux départements, V.J. Ce nouveau puzzle institutionnel va accroître la perte de repères, les inégalités et la concurrence entre les territoires. Ce découpage, centré sur les métropoles et pôles d’excellence, appuyé sur des raisons économiques et financières dans le cadre d’une politique d’austérité, n’apporte pas de solutions à la crise actuelle. Il ne vise au final qu’à servir les intérêts des grandes entreprises et du capital. Il ne paraît ni possible, L’analyse des territoires est celle du tissu économique et social (DR) ni souhaitable pour le moment, que notre découpage syndical se calque sur un tel découpage administratif. Il y a des priorités qui semblent davantage impacter notre action syndicale, comme les nécessités géographiques, la répartition de la population, les zones d’activité, la localisation des bassins d’emplois, les besoins liés à la représentativité 91 et 77, mais aussi le 78, avec des élections de représentants des personnels dans ces communautés que l’on nous annonce pour 2016… J-L.B. Il ne s’agit pas pour notre UL d’Évry, mais je crois aussi pour notre UD, de suivre le découpage administratif du gouvernement et de la volonté patronale, mais d’être l’outil de proximité des salariés sur les bas- sins d’emploi, sur les zones industrielles, quand elles existent encore, les Centres Commerciaux, etc. LVS. Faut-il revoir, en termes de fusion ou de scission, la carte des UL de l’Essonne ? Véronique Josien (DR) V.J. Beaucoup de secteurs professionnels sont confrontés à des restructurations importantes. Dans la fonction publique, les politiques de décentralisation, la RGPP (Révision générale des politiques publiques), les suppressions d’emplois, les évolutions ou les suppressions de missions, conduisent à des réorganisations qui, outre leurs effets négatifs sur les personnels et les missions de service public, peuvent impacter nos structures syndicales. Dans le secteur privé, nous sommes confrontés aussi à des restructurations, fusions/acquisitions, externalisations, qui peuvent avoir des conséquences sur les champs de syndicalisation. C’est aussi pour cela que la question du redécoupage, ou non, ne se pose plus de la même façon. Cela nous a confiné dans des débats longs, techniques et internes qui ne nous ont pas permis d’être réactifs et n’ont pas débouché pas sur une amélioration de notre activité dans les territoires. Il faut dépasser ce questionnement pour le moment et être plus pragmatique. B.G. Ce sujet n’est pas à l’ordre du jour. Nous essayons déjà de faire vivre les UL existantes. Ni la fusion ni la scission ne créeront plus de moyens. - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 6 - Avril - Mai 2015 - COMITÉ GÉNÉRAL P.M. Avant de parler de fusion ou de scission, il faut d’abord faire en sorte que les structures existantes fonctionnent. O.C. La question n’est pas tant de revoir des découpages que de réfléchir au travailler ensemble ! Comme nous avons su bien le faire pour les TPE, nous devons continuer sur cette logique et l’amplifier. Quand l’UL des Ulis va distribuer à Dourdan, pourtant raccroché à l’UL d’Étampes, sommes-nous dans une OPA hostile ou dans la prémisse d’une nouvelle façon de travailler ? Nous sommes là dans l’approche qui doit nous réunir, le travailler ensemble. Peu importe la carte, le territoire, c’est la CGT qui en sort gagnante. La mise en commun de nos objectifs, actions et formations, est d’ores et déjà engagée. Nous devons la poursuivre et l’amplifier. J-L.B. En ce qui nous concerne, ni scission ni fusion, mais plutôt la recherche de mutualisation de nos moyens, au travers d’échanges, de rencontres, d’entraide matérielle, tirages de tracts, aides en matière de droit du travail au travers des permanences, etc. LVS. Ces questions de territoires et d’action militante ont déjà été évoquées dans les précédents congrès et comités généraux de l’UD. Ces débats n’ont pas généré de modifications positives sensibles. Quels sont les outils du changement réel ? O.C. Je ne suis pas sûr que tous ces débats n’aient pas eu d’effets bénéfiques. Pour exemple, la formation que nous mutualisons. Aujourd’hui, il n’y a plus de stage niveau 1 propre à chaque UL, ou même département. Nous devons pousser cette même logique pour l’ensemble des sujets qui animent la vie des Unions locales et plus largement pour nos départements. Mais nous devons passer la vitesse supérieure, en bousculant un peu nos habitudes, car c’est de cela aussi dont nous devons débattre, nos habitudes ! Pour voir plus loin. V.J. De quoi avons-nous besoin ? De moyens ! En premier lieu, il faut des bras, c’est-à–dire des militants pour participer à la vie de nos UL, mais ces militants doivent être plus nombreux, formés et organisés dans le collectif. Comment mutualiser nos forces, nos collectifs militants sur des territoires conjoints ? Peut-on envisager des réunions de travail communes ? Ensuite, comment impliquer davantage de camarades, y compris ceux qui sont mandatés sur le territoire ? Il serait intéressant de définir collectivement des règles de vie, une sorte de charte, qui nous permettent d’avancer concrètement sur ces points. LVS. L’effort de syndicalisation et une politique financière rationnelle sont minorés dans l’activité de la CGT, au profit des débats internes. Êtes-vous décidés à changer de méthodes ? P.M. Je me suis déjà exprimé sur ce sujet à la C.E. de l’UD, je trouve qu’on fait trop de réunions et pas assez de terrain. Pour plusieurs raisons. Des mandats syndicaux qui bouffent les camarades, NAO, Gpec, égalité H/F, Contrat Senior, etc, plusieurs casquettes... L’orga doit redevenir une priorité, appeler les bases pour les Fni, pour les stages niveau 1, pour la diffusion des tracts, les manifs, visiter les syndicats, faire le point avec eux, comment les aider, participation à l’activité des UL etc. La formation des nouveaux élus doit être une priorité. B.G. Nous, les UL de l’Essonne, mettons tout en œuvre pour dépasser les débats internes stériles. Nos priorités affichées sont dans la rencontre des salariés dans et hors l’entreprise. Il nous faut refuser les réunions imposées par les directions d’entreprise pour élaborer des chartes ou tout autre document inutile. Notre temps est trop précieux pour le perdre. Seules les campagnes de syndicalisation, les discussions avec les salariés, les syndiqués, les élus sont importantes. Nous devons aussi nous attacher à les former pour voir ressortir de ces stages les militants de demain. O.C. Notre comité général, l’instance entre deux congrès, est bien le moment pour parler de ça. Aujourd’hui, éparpillés, demain, rassemblés ? Nous avons à nous questionner et à mettre en place des solutions . V.J. S’il y a un but à ce comité général, c’est d’en sortir avec des méthodes de travail et des outils communs qui nous fassent gagner du temps et de l’efficacité. Ces deux jours doivent nous servir dans notre quotidien militant pour aller sur le terrain, à la rencontre des syndicats et des salariés, y compris dans les déserts syndicaux, pour mener nos campagnes revendicatives. J-L.B. La meilleure des réponses à apporter à cette question est d’arrêter de passer plus de temps à régler nos problèmes internes qu’à être sur le terrain. Inciter nos militants à retourner sur le terrain de la lutte des classes, à disputer le terrain du combat des idées au Medef et au gouvernement, et à poser en grand la question de l’adhésion à la CGT. Le programme Jeudi 18 juin (matinée) - Actualité sociale et revendicative - Bilan d’activité et mise en œuvre des orientations depuis le dernier congrès de l’UD jeudi 18 juin (après-midi) Lien et coopération entre nos organisations syndicales et nos structures territoriales Introduction - Travail en ateliers : - droits syndicaux et activité interprofessionnelle - travail commun et solidarité entre territoires Vendredi 19 (matinée) Bilan des ateliers et prise de décisions Repas fraternel - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 7 - Avril - Mai 2015 - g luttes Appel24/Sérénité24 à Évry 64 jours de grève pour la dignité Une PME en grève pendant plus de deux mois, ce n’est pas courant, sauf en cas de fermeture. Le conflit qui s’est terminé (provisoirement) le 18 mai 2015 n’est pas lié au maintien de l’emploi, mais à des conditions de travail inadmissibles. L’examen du dossier montre aussi des défaillances pour le moins suspectes des pouvoirs publics. Appel24 et Sérénité24 sont deux entreprises liées, domiciliées 48 Boulevard des Coquibus, à Évry. Elles s’occupent officiellement de « soutien aux entreprises ». Pratiquement, ce sont des centres d’appel spécialisés dans le secteur médical (prises de RV de médecins, de commandes de laboratoires, intermédiaire du numéro d’Urgence cardiologique, 7 jours sur 7 et 24 h sur 24). Le 16 mars 2015, 11 salariées sur 17 se mettent en grève. « Cette décision a été prise à cause d’une énième insulte de la direction, qui a fait déborder le vase ». Plus précisément, une cadre (très) proche du directeur, Alain Karadjian, traite une collègue de « conne » à la suite d’une réclamation de client médecin. Les revendications sont nombreuses pour des opératrices payées aux alentours du Smic et à horaires variables : 120 euros brut mensuels d’augmentation, relevé précis des heures travaillées en l’absence de pointeuse, salle de pause améliorée, et surtout respect de la direction envers des jeunes femmes considérées comme des répondeurs téléphoniques plus ou moins intelligents et corvéables à merci. Pas les moyens ? « Les revendications ont été mal accueillies », explique une négociatrice des 11 salariées, ramenées à 10 peu après le début de l’action. « Dès le début, refus catégorique de communiquer. Le patron dit ne pas avoir les moyens de nous augmenter ». C’est aller un peu vite. Le PDG n’est pas à la soupe populaire, mais à la tête de plusieurs socié- tés domiciliées à la même adresse et générant un résultat net annuel d’environ 850 000 euros (chiffres du bilan 2013). L’argument financier est donc irrecevable, mais son bénéficiaire se montre intraitable. « L’employeur propose 3 € brut sous conditions, de la provoc pure et simple », explique la CGT. Dans les grève cinq nouvelles salariées, sur des CDI avec période d’essai. Volonté de favoriser un clash avec les grévistes ? Perdu. Les relations ne s’enveniment pas et le dialogue se noue entre anciennes et arrivantes, même lors des blocages du site. Cependant, pas facile de vendre un service de qualité avec une moitié bandes dessinées du dialogue social à la sauce Macron, le dialogue devrait s’ouvrir. Chez M. Karadjian, non. Les grévistes vont donc chercher du soutien à l’extérieur. D’abord, la mairie d’Évry, dès le 16 mars. « La juriste nous a conseillé d’aller voir la CGT », dit une salariée. Commentaire d’un militant de l’Union locale : « Chaque fois qu’il y a un problème qui les dérange, la mairie nous l’envoie. C’est systématique ». Le secrétaire de l’UL, JeanLouis Betoux, résume simplement : « Les salariés sont venues nous voir et ont trouvé une écoute. L’action de l’UL d’Évry a été d’être au jour le jour auprès des salariées, de les conseiller, de les accompagner dans toutes les démarches, sans jamais faire à leur place, de populariser leur mouvement, d’appeler à la solidarité humaine et financière ». Pour discuter, il faut une volonté commune. Elle est absente chez le patron, qui embauche pendant la d’effectif. À l’extérieur, la solidarité s’organise, syndicale avec la CGT, mais aussi politique et associative. Où sont les pouvoirs publics ? La grande défaillance vient des pouvoirs publics. Après que son service juridique ait botté en touche vers la CGT, la mairie d’Évry nomme un « médiateur » qui fera deux brèves apparitions sous forme de conversations avec le directeur avant de rentrer à la maison. La justice se montre nettement meilleure. « Le 3 avril au matin », raconte Jean-Louis Betoux, « les salariées et la CGT ont été convoquées par voie d’huissier, sur demande de l’employeur au Tribunal de Grande Instance, notamment pour entrave à la liberté du travail. Au travers de cette convocation il s’agissait bel et bien d’une entrave au droit de grève et à l’action syndicale. La justice lui - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 8 - Avril - Mai 2015 - luttes a donné tort, a reconnu la liberté fondamentale des salariées d’exercer le droit de grève, le rôle et la reconnaissance de l’UL CGT d’Évry ». Côté police, l’attitude est surjouée. Chaque fois que les grévistes occupent l’entrée du bâtiment, les flics arrivent à l’appel urgentissime de la direction et restent aussi longtemps que des touristes devant une attraction foraine, demandant leurs papiers à des grévistes qui ne provoquent aucun trouble à l’ordre public et leur donnant des cours gratuits : « Connaissez pas la loi, vous ? Savez pas que c’est interdit de rester là ? J’vais vous apprendre le droit, moi... ». L’UD CGT 91 a interpellé le préfet de l’Essonne. La DIRECCTE de l’Essonne et son Inspection du Travail sont plus dis- Un autre service public est mouillé jusqu’à l’os dans cette affaire : Pôle Emploi. Comme Alain Karadjian est un homme d’affaires avisé, il s’occupe aussi de formation professionnelle, le pactole social de l’époque. Le système a déjà été décrit par la Voix Syndicale à propos des salariées du Centre Leclerc de Fleury-Mérogis, où des « stagiaires » étaient employées à plein temps en oubliant de les payer, sous couvert de « formation », avec la complicité de l’agence locale de Pôle Emploi, qui case des dossiers en arrosant des employeurs confondant formation et exploitation. Le système d’Appel24 est légèrement différent, puisqu’il ne s’adresse pas à crètes. Alors que les conditions de travail sont pour le moins discutables, en termes d’horaires et de comportement de la direction, l’agence d’Évry confirme sa politique des petits singes chinois : surdité, cécité, mutisme. « Les gens de la DIRECCTE étaient mous du genou, les pouvoirs public n’ont servi à rien », résume une gréviste. Confirmation de Jean-Louis Betoux : « On ne peut pas dire que les pouvoirs publics ont manifesté une volonté de régler cette affaire, de par leur attitude que l’on qualifiera au moins de frileuse. Mis à part le Procureur de la République, qui a débouté l’employeur de ses demandes, la DIRECCTE et la Préfecture n’ont véritablement pas agi dans un sens favorable aux salariées ». des demandeurs d’emploi, mais qu’il inclut la formation dans l’activité de ses salariées en étant payé pour cela, deux fois gagnant en somme. D’après un organisme soutenant les grévistes, ces mesures sont d’autant plus néfastes que « les salariés ne résistant pas longtemps dans l’entreprise finissent par démissionner, ils doivent alors rembourser 750 € à l’employeur, puisque le contrat de formation n’est pas respecté par le salarié en cas de désengagement avant un an ». Un protocole de fin de conflit est signé le 11 mai. Il ne comporte pas d’amélioration financière pour les salariées, mais marque des avancées sur d’autres points. « Une salle de pause et de restauration sera aménagée pour fin juin 2015 au plus tard ». L’accord promet aussi l’amé- La formation à votre service lioration des écrans et de la gestion des appels, mais aussi « une amélioration de la communication interne ». La langue de bois du texte rédigé par le conseil juridique de la direction promet que « M. Karadjian s’assurera que le processus interne de l’entreprise est bien maîtrisé par tout l’encadrement afin que celuici explique bien aux salariés les anomalies qu’ils commettent dans le traitement de certains de leurs appels ». En français de base, les gardiennes renoncent à traiter de connes les collègues qui rencontrent un problème avec un client. Une victoire morale Des élections de représentants du personnel seront organisées, « sous réserve que les conditions légales d’effectif minimum soient remplies ». À propos de la grève, ses jours ne seront pas payés, mais prélevés sur les congés et/ou les salaires jusqu’au 31 décembre. Un article du protocole est toutefois ambigu : « La société s’engage à ne notifier aucune sanction pour les faits commis pendant la grève. Cet engagement ne concerne pas les faits commis avant la grève ». La dernière phrase touche directement une salariée très impliquée dans le mouvement et en conflit avec l’employeur avant le déclenchement. Un licenciement est en jeu. Les protocoles d’accord n’excluent pas la rancune. En fait, le travail ne reprendra que le 18 mai à cause du licenciement en question. La grève aura donc duré 64 jours, du fait des mauvaises manières et de l’entêtement d’une direction d’un autre âge. Au-delà des personnalités, l’affaire Appel24 montre une forme de revendication qui se différencie en les renforçant des autres demandes syndicales : l’exigence grandissante de dignité et de respect dans le travail. Sur ce point, la victoire morale des grévistes est nette. Elle a aussi valeur d’exemple. -La LaVoix VoixSyndicale Syndicale--nouvelle nouvellesérie série--N° N°93 98--page page99--Avril Avril--Mai Mai2014 2015-- Gilbert Dubant g actualités Transition énergétique Fausse concurrence et vraies factures En France et dans le monde entier, la transition énergétique est le grand dossier des années qui viennent. Dans son numéro 97, « La Voix Syndicale de l’Essonne » a interrogé deux camarades spécialistes de cette question. On continue sur deux points précis : la « concurrence » entre fournisseurs publics et privés, ainsi que le système de facturation. Olivier Fégueux, de la Fédération CGT Mines-Énergie, répond. La Voix Syndicale. La récente transformation de GDF Suez en Engie n’a pas éclairé la fixation des tarifs de l’énergie pour le consommateur, ni la question de la concurrence entre opérateurs supposée favoriser la baisse des prix. Quel est votre avis ? Olivier Fégueux. Sous l’impulsion d’une Europe libérale, la concurrence libre et non faussé est actée dans les lois françaises et déclinée dans les accords d’entreprises. Cette soi-disant « concurrence obligée » n’est qu’un leurre et masque les réelles intentions du capital. La dérégulation nous a été vendue comme un moyen de faire baisser les tarifs et un mieux-vivre au travail pour les agents et salariés de ce secteur. Après dix ans de dérégulation, il en va tout autrement ! Depuis la privatisation d’EDF GDF, l’entreprise ne cesse de s’attaquer aux garanties collectives statutaires des agents du service public. La rentabilité à outrance est prégnante dans chaque unité de travail sur l’ensemble du territoire, séparation juridique de l’opérateur commun, prévue par la loi entre les distributeurs d’énergie (ERDF/GRDF). Pour financer les lois gouvernementales, compétitivité emploi, loi Macron, en direction du capital, et avoir ainsi du « cash-flow » disponible rapidement, l’État prévoit la vente d’actifs des filiales d’EDF (RTE, ERDF) et la création de nouvelles entreprises 100 % EDF avec des salariés en dehors du statut des électriciens et gaziers. La machine à démanteler le secteur de l’énergie et à broyer l’humain est en ordre de bataille et s’accentue ! LVS. Les professionnels ont-ils conscience de ces attaques ? O.F. Les agents et salariés de l’énergie ne sont, certes, pas tous et toutes à la même hauteur d’information, mais ils connaissent bien sûr la finalité du projet de loi sur leurs conditions de vie au travail et vie privé. Vers le 15 août 2014, la ministre de l’Énergie, Ségolène Royal, confortée par Francois Hollande, annonce qu’il y a urgence de réagir sur les questions énergétiques face à l’augmentation des GES (Gaz à Effet de Serre, NDLR). Un projet de loi Transition Energétique est présenté à l’Assemblée nationale début octobre 2014. Un grand débat parlementaire, et donc de choix de société, s’ouvrait aux citoyens. Mais afin de scléroser tout débat ou contestation possible, le projet de loi est passé en procédure accélérée. Face à l’attitude irresponsable de nos dirigeants, avec en coulisse la privatisation, la FNME CGT et ses syndicats ont décidé de réagir avec des initiatives revendicatives fortes, par exemple en coupant l’électricité lors d’une visite électorale de Manuel Valls dans le Doubs, ou des manifestations interprofessionnelles en novembre 2014 et janvier 2015. Nous allons continuer. LVS. Quand l’usager reçoit une facture d’énergie, il regarde d’abord la somme, plus rarement le reste. Comment les prix sont-ils calculés ? O.F. La facture est composée d’une part fixe, l’abonnement, et d’une part variable, proportionnelle à la quantité d’énergie consommée. Le montant de chaque facture est la somme du prix de la fourniture d’énergie proprement dite, de son acheminement via les réseaux et des taxes et contributions. Quel que soit le fournisseur et l’offre d’électricité ou de gaz naturel, le prix que chacun paie est toujours composé de trois éléments : la fourniture d’énergie proprement dite ; l’acheminement, c’est-à-dire l’utilisation des réseaux ; les taxes et contributions. Le prix de la fourniture permet au fournisseur de couvrir les coûts de ses achats d’énergie (approvisionnement en gaz naturel et en électricité), de production dans le cas de l’électricité, pour les fournisseurs qui possèdent des centrales de production, et de gestion commerciale. C’est la seule partie de la facture qui fait l’objet d’une concurrence entre les différents fournisseurs, c’est-àdire qu’elle peut différer d’un fournisseur à l’autre. Vient ensuite l’acheminement jusqu’au domicile par les réseaux de transport et de distribution, ainsi que les capacités de stockage pour le gaz naturel. La facturation de l’acheminement est l’application des tarifs d’utilisation des réseaux établis par les pouvoirs publics sur proposition de la Commission de Régulation de l’Énergie. Ce sont des tarifs régulés. - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 10 - Avril - Mai 2015 - actualités Source : observatoire des marchés de l’électricité et du gaz naturel du 3e trimestre 2014 de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). LVS. Quelles sont les différences fiscales entre les sources d’énergie ? Elle est calculée en fonction de ma consommation. Les Taxes sur la Consommation Finale d’Electricité (TCFE) sont définies par chaque commune et chaque département. Elles dépendent de la puissance souscrite et d’un coefficient multiplicateur fixé et voté avant le 1er octobre de chaque année par les conseils municipaux et généraux pour l’année suivante. La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) s’applique avec un taux réduit de 5,5 % sur l’abonnement HT et la CTA ; elle s’applique avec un taux de 20 % sur le prix de l’électricité HT, sur la CSPE et les TCFE. O.F. Pour l’électricité, il existe quatre taxes. La Contribution Tarifaire d’Acheminement (CTA) permet de financer les droits spécifiques relatifs à l’assurance vieillesse des personnels relevant du régime des industries électriques et gazières. La Contribution au service public de l’électricité (CSPE) permet de financer les obligations de service public : surcoût de production d’électricité dans les îles, soutien aux énergies renouvelables, tarif social et la moitié du budget du médiateur national de l’énergie. LVS. Et pour le gaz ? O.F. Dans le cas du gaz naturel, on a cinq taxes et contributions. La Contribution Tarifaire d’Acheminement (CTA) permet de financer les droits spécifiques relatifs à l’assurance vieillesse des personnels relevant du régime des industries électriques et gazières. La Contribution au Tarif Spécial de Solidarité Gaz (CTSSG) permet de financer le Tarif Spécial de Solidarité Gaz, au profit des clients démunis et la moitié du budget du médiateur national de l’énergie. Cette part de la facture est indépendante du fournisseur ; il la perçoit et la reverse aux gestionnaires de réseaux et de stockage, d qui sont les mêmes quel que soit le fournisseur. Les taxes et contributions s’ajoutent à la facture hors taxes. Elles sont fixées par les pouvoirs publics et perçues par les fournisseurs qui les reversent aux bénéficiaires. La Contribution bio-méthane, appelée également CSPG, Contribution au Service Public du Gaz, permet de financer l’achat de biométhane injecté dans les réseaux de gaz naturel. La taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TICGN) est appliquée, depuis le 1er avril 2014 à la consommation des particuliers. Elle est intégrée, en tant que recette, au budget de l’État. La TVA obéit aux mêmes règles que pour l’électricité. LVS. Que pensez-vous de l’utilisation de ces taxes ? O.F. En 2014, après une forte augmentation du KWH en électricité et gaz, le retour sur investissements des actionnaires a été de 3,6 milliards d’€ de la part de GDF-SUEZ et 2,5 milliards d’€ de la part de EDF ! Pour bien appréhender la facture d’énergie, le système actuel est financé d’une manière centralisée. Grâce à une taxe payée par tous les usagers et qui permet l’égalité de traitement, c’est-à-dire le même prix payé pour la même prestation, tout citoyen bénéficie quel que soit l’endroit où il vit, des mêmes conditions de fournitures et prestations. La programmation des investissements de production ou l’organisation des réseaux doivent impérativement relever d’un service public national. L’égalité de traitement et l’aménagement harmonieux du territoire ne peuvent exister qu’au travers d’un échelon national fort et démocratique. Mais demain, qu’en sera-t-il ? Un exemple : sur la CSPE, seulement 12 % de cette taxe sont alloués aux familles reconnues en difficulté et 60 % aux Energies renouvelables. Avec 11 millions de familles en précarité énergétique, c’est aberrant et scandaleux de ne leur consacrer que 12 % ! C’est sur des questions comme ça que le Pôle Public de l’Énergie, avec en son sein des entreprises nationalisées, prendrait tout son sens. Le prix des factures serait sous l’égide de l’État, donc régulé. C’est ce que propose la CGT. - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 11 - Avril - Mai 2015 - (Propos recueillis par Gilbert Dubant) g Dossier Santé Ramsay et Générale de Santé fusionnent Quelles conséquences pour l’emploi et la qualité des soins ? Fin avril 2015, les pouvoirs publics valident le rachat de la Générale de Santé (83,43 % du capital), n° 1 de l’hospitalisation privée en France, par l’australien Ramsay Health Care et Prédica, une filiale du Crédit Agricole. L’événement touche directement la région parisienne où Ramsay possède 9 établissements, contre 29 pour la Générale de Santé. En Essonne, trois sites sont concernés : la Clinique du Mousseau à Évry (Ramsay), les hôpitaux privés Jacques-Cartier de Massy et Claude-Galien de Quincy-sous Sénart (Générale de Santé). La question de la fusion se double à Massy par l’annonce du départ de la maternité vers Antony (Hautsde-Seine). Bien que les deux villes soient voisines, ce déménagement ne présage rien de bon pour les naissances massicoises et l’emploi. La santé de la population est concernée par tous les mouvements de direction, d’équipements et de personnels. Pour les usagers, la frontière entre établissements publics et privés est de moins en moins étanche et l’ARS (Agence Régionale de Santé) a clairement fait le choix de mettre les premiers au régime sec en laissant les autres s’entredévorer à leur convenance. La fusion Ramsay-Générale s’intègre à ces grandes manœuvres, pendant que la pression de l’ARS se renforce sur des pièces maîtresses de la psychiatrie en Essonne comme Perray-Vaucluse. Dans tous les cas, la CGT mène des campagnes d’explication et d’action là où c’est possible. Certains militants, dont l’UD CGT 91, souhaitent d’ailleurs une convergence des analyses et des luttes dans les secteurs public et privé, qui font partie d’un patrimoine commun à toute la société française. Olivier Poher : « Tout un travail d’éducation et d’information est à faire ! » Olivier Poher est l’animateur de la CGT à la Clinique du Mousseau à Évry. Il a aussi une activité syndicale dans le groupe Ramsay. Dans le compte-rendu du Comité d’Entreprise évryen, dont il est secrétaire, consacré le 30 mars 2015 à la fusion, il fait observer à Nicolas Champ, directeur de la clinique, d’inquiétants aspects financiers. « La fusion permet de reprendre la dette de la GDS contractée en 2007 pour une durée de 7 ans d’un montant de 1 084 800 000 € avec un crédit in fine et la dette de Ramsay SA de 240 millions d’Euros. Cela se traduit par un nouveau crédit de 1 075 000 000 € d’une durée de 6 ans assortie de contraintes bancaires, basées notamment sur un ratio entre l’endettement et l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation) consolidé. L’EBE étant composé de la masse salariale pour 40 % environ, quelles vont être les répercussions sur les conditions de travail et les effectifs ? Parmi les financements prévus dans l’emprunt, il est stipulé que 160 millions serviront au financement de distributions de toute sortes. Effectivement, cela semble respecté puisque lors de l’Assemblée Générale des actionnaires du 18 novembre 2014, ils se sont d’ores et déjà distribué des dividendes exceptionnels d’un montant de 60 377 098 € et d’un «acompte» pour 2014 de 78 998 073 €. Les actionnaires se sont donc servis sans attendre un quelconque résultat et cela à crédit sur la promesse de baisser la masse salariale. Cet endettement a pour conséquence des frais financiers importants et aggrave le déficit fiscal du groupe. Cela lui permet, alors qu’il récupère de ses filiales l’impôt sur les bénéfices dus par celles-ci, de ne pas payer d’impôt à ce titre en France. Nous pouvons nous interroger également sur ce qu’il se passera en 2020 lorsqu’il faudra rembourser le prêt. Serons-nous à nouveau rachetés par un plus gros que nous avec de nouvelles contraintes sur le personnel ? La stratégie d’entre- Olivier Poher (DR) prise vise à créer de la valeur à long terme pour les actionnaires. Nous comprenons mieux l’économie de la fusion !» Zéro augmentation Avant de formuler sans ambiguïté un « avis défavorable », le CE extraordinaire pointe d’autres points essentiels. « L’organisation de la santé privée, basée sur de grands groupes capitalistiques, ne risque-t-elle pas à terme par le biais de restructuration à visée purement spéculative d’engendrer des déserts médicaux sur le territoire national ? Est-il pertinent que l’argent des cotisations sociales, fruit du travail des salariés, aboutisse à rémunérer des actionnaires d’un groupe étranger au détriment de la sécurité sociale ? La présence de Prédica au sein de l’actionnariat ne présage-t-elle pas la prédominance des assurances complémentaires sur l’assurance maladie basé sur un système par répartition ? Quelle possibilité aura le patient vis-à-vis du choix de son médecin et quelle liberté aurait-il dans l’exercice de sa médecine ? Ne seront-ils pas soumis aux injonctions de ces groupes financiers dans leur liberté de pratique, d’installation, d’exercices et de rémunération ? » Le ratio disproportionné dividendes/ - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 12 - Avril - Mai 2015 - Dossier Santé autofinancement s’accompagne d’une « promesse de baisser la masse salariale ». Comment ? Pour Olivier Poher, la réponse est simple. « Ramsay pratique la flexibilité dans les emplois du temps à outrance, demande la libéralisation du plafond d’heures supplémentaires, fait pression sur les salariés pour adapter leurs horaires au plus près de l’activité en renvoyant les soignants à la moindre variation de la charge de travail. Ils ont également recours en toute illégalité à un nombre considérable d’emplois précaires, principalement des CDD à la journée. Ils mettent en place, en dehors de tout accord, voire en dénonçant les accords existants des organisations permettant le rappel des agents à leur domicile. Le non remplacement des personnels absent est devenu la règle. Chaque départ à la retraite est l’occasion d’une suppression de poste. Les NAO sont guidées par le siège et la règle est simple : zéro augmentation ! » Vers une action d’envergure ? La fusion Ramsay-GDS touche 39 établissements franciliens, ce qui concerne environ 11 000 postes. Mais quelle influence peut avoir un avis négatif des représentants des salariés ? « L’avis rendu par le CE de la Clinique du Mousseau n’a malheureusement aucune conséquence directe sur la fusion. Il a par contre le mérite de mettre en lumière le dessein purement financier au profit des actionnaires, contrairement à la petite musique légendaire distillée dans les établissements sur le bienfondé de la Famille Ramsay et permettra de replacer à sa place le débat lors des futures négociations ». Et l’action syndicale, en particulier celle de la CGT ? L’ampleur du rapprochement touche évidemment toutes les organisations, à commencer par la Fédération de la Santé. Quelles réactions et propositions d’action ? « L’analyse faite par le Comité d’Entreprise de la clinique du Mousseau, dont 100 % des membres ont été élus sur des listes CGT, a été diffusée à l’ensemble des délégués syndicaux CGT du Groupe GDS/Ramsay et nous nous sommes réunis en collectif fin avril à Marseille afin de partager nos expériences et envisager les moyens d’actions à venir » , explique Olivier Poher. « Cela a d’ailleurs été l’occasion de soutenir le délégué syndical d’une clinique du groupe à Marseille lors d’une assemblée générale où, suite à la dénonciation par le groupe de l’accord d’entreprise, on tente d’imposer la signature d’un nou- vel accord par tous moyens, allant jusqu’aux menaces à peine déguisées. La concentration des établissements de Santé au sein de grands groupes semble être un mouvement d’ensemble. Les attaques de plus en plus pressantes de notre convention collective (FHP) en vue de supprimer le peu d’avantages qu’elle garantit, et les derniers propos de son président, M. Lamine Gharbi qui, dans un bras de fer avec le gouvernement, promet l’arrêt de toute négociation sur les thèmes de l’emploi, des qualifications et des salaires, nous ordonne d’organiser un mouvement de grande ampleur touchant tous les établissements de la branche. C’est sur cette base, que nous proposerons à la Fédération Santé et Action Sociale une action d’envergure sur le sujet pour octobre ». Et localement, au plan départemental par exemple ? Le responsable CGT d’Évry est plus dubitatif. « Il me parait difficile aujourd’hui de fédérer uniquement sur le thème de la fusion, ses conséquences n’étant pas encore intégrées par les salariés, ou tout du moins, ils ne font pas encore le lien entre la dégradation de leurs conditions de travail et l’appartenance à un groupe financier. Tout un travail d’information et d’éducation est encore à faire ! » Maternité de Massy 730 naissances annuelles menacées de déménagement Massy est par sa population la troisième ville de l’Essonne. Sa seule maternité ce trouve à l’hôpital Jacques-Cartier, touché par la fusion Ramday-GDS. Sur les 122 établissements de la Générale de Santé en France, c’est l’un des quatre plus importants. Outre les menaces que fait peser sur l’emploi et les conditions de travail le regroupement capitaliste, la direction du groupe veut envoyer la maternité à Antony (Hauts-de-Seine). Le syndicat CGT de Jacques-Cartier (HPJC) et l’Union locale de Massy s’opposent vigoureusement à cette mesure prévue pour août 2015. La maternité existe depuis la création de l’HPJC (plus de 40 ans). C’est une maternité familiale, à taille humaine et de niveau I, avec une prise en charge immédiate et de très haut niveau en pédiatrie cardiaque. C’est aussi un symbole fort aux yeux de la population. Alors, pourquoi vouloir fermer cet équipement ? Réponse d’Anne Mingot, responsable CGT à JacquesCartier : « Ce n’est pas une fermeture administrative, ni un manque de sécurité, bien au contraire. La décision vient de la direction. La raison est uniquement financière. L’objectif est de récupérer de l’espace dans l’hôpital pour créer un service beaucoup plus rentable, au détriment des salariés, de l’avis de la population et de la liberté de choix du lieu de naissance par les futurs parents ». En fait, il s’agit plus d’un transfert vers Antony que d’une fermeture sèche. Là encore, c’est une mesure comptable. Comme la majorité des maternités du secteur privé, Antony et Massy connaissent une diminution des accouchements. Le verdict de la calculette s’appelle regroupement. Quel avenir en ce cas pour le personnel de la maternité HPJC et d’Antony ? La direction parle de transfert d’activité (personnel et naissances), mais la fusion des - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 13 - Avril - Mai 2015 - .../... Dossier Santé deux maternités entrainerait un sureffectif du personnel. « Pensez-vous sincèrement que la direction va payer du personnel en trop alors que sa politique est à la rentabilité des actionnaires? », feint de s’interroger Anne Mingot. « Un tel transfert menacerait à très moyen terme l’emploi et le statut professionnel. Notre maternité emploie 23 personnes. Les ajouter brutalement à la maternité d’Antony revient à faire entrer un éléphant par la fenêtre ». publics (Dourdan ou Arpajon dans l’Essonne), c’est plus que vraisemblable. L’autre appui est interne. Lors de l’annonce (timide) du transfert, la surveillante de la maternité, membre élue CFDT au Comité d’Entreprise, n’a rien dit aux représentants du personnel. Maintenir la maternité à l’HPJC, est ce possible? Depuis 2012, par tracts mais aussi par des discussions hou- L’ARS en renfort ? Conséquences supplémentaires pour le personnel de l’hôpital de Massy : augmentation du temps de trajet et frais kilométriques, obligation de payer le parking, modifications de planning et des conditions de travail, changements d’horaire de travail, travailler un jour en plus, bouleversements familiaux…. « Si on travaille à Massy, c’est qu’on ne veut pas travailler ailleurs ! », rappellent plusieurs salariées concernées. La direction de Jacques-Cartier a été plus que mesurée dans l’information du personnel. En fait, elle (DR) pratique le black-out, pensant bénéficier d’au moins deux soutiens. Selon le directeur, l’Agence Régionale de Santé serait favorable à la fusion. Compte tenu de la réduction à la hache des équipements leuses en CE, la CGT avait dénoncé l’incurie de la précédente direction et sa volonté de laisser la situation de la maternité se dégrader. Aujourd’hui, le projet de travaux décidé par la direction fait craindre un endettement insupportable. L’investissement envisagé, cumulé à l’énorme dette en cours, est très dangereuse pour l’avenir de l’hôpital. Depuis 2008, le turn-over des directeurs et leurs choix d’investissement ont conduit l’hôpital à un endettement phénoménal, sans amortissement. La succession de directeurs a aligné les coupes franches sur le matériel, le linge, les produits pharmaceutiques, l’alimentation, les diminutions d’actes des prestataires de service et la masse salariale. Ces choix plombent les conditions de travail et dégradent l’ambiance générale. Seule, la CGT Un autre risque pour l’HPJC est le repli sur son métier principal, la cardiologie. « Cette politique du « tout cardio », est inquiétante pour l’avenir des deux services d’hospitalisation de chirurgie générale et des services en relation direct avec ces derniers », estime la CGT. Dans la lutte pour le (DR) maintien de la maternité de Massy, plusieurs acteurs doivent être réunis. La CGT elle-même mène des actions à l’intérieur du personnel et au niveau de l’Union locale. Les salariés de la maternité ont écrit aux membres élus du CHSCT pour demander une expertise extérieure sur le projet de fermeture et le projet de restructuration associé. Ils sont en attente d’une réponse de leurs collègues. Pour l’instant, le seul élu CGT au CHSCT a accepté. Au Comité d’Entreprise, les deux membres CGT ont immédiatement accepté, les autres ont suivi. Le CE peut, en cas de carence du CHSCT, engager une expertise et demander une expertise des comptes de l’entreprise. Dans la ville et au-delà, l’UL CGT de Massy a diffusé la pétition « Non à la fermeture de la maternité » et distribué des tracts d’information. Sa secrétaire générale, Brigitte Gabriel, considère la question comme prioritaire. « C’est un dossier qui contient l’essentiel des questions sociales du moment : l’emploi, le statut, les droits des femmes, la population entière, les services sociaux dans leur ensemble. Nous n’allons pas lâcher l’affaire ». - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 14 - Avril - Mai 2015 - g Dossier Santé Psychiatrie publique La CGT lutte pour la sauvegarde de Perray-Vaucluse Depuis plusieurs années, l’ARS tente de fusionner les trois établissements qui gèrent la psychiatrie publique parisienne (Perray-Vaucluse, Ste-Anne et Maison-Blanche). Depuis un peu plus d’un an a été conclue une convention constitutive de Communauté Hospitalière de Territoire (CHT), malgré l’opposition quasi unanime des organisations syndicales, la dénonçant aujourd’hui par une opération de démantèlement de l’EPS PerrayVaucluse avec un plan social à la clef... » Depuis début avril 2015, le syndicat a multiplié les actions pour ouvrir des négociations, avec notamment la journée de grève du jeudi 16, qui a mobilisé plus de 200 salariés, sans compter les agents grévistes restés en service pour assurer les soins et la sécurité. (DR) comme l’étape ultime avant la fusion des établissements. Cette fusion se traduirait par la création d’un mastodonte de près de 130 structures réparties sur trois départements et près de 7 000 salariés, soit une gestion hospitalière sans proximité ni humanité. À Perray-Vaucluse, dans l’Essonne, l’ARS a placé ses pions avec une nouvelle équipe de direction depuis septembre 2014. « Ces gens-là s’acharnent, sans aucun état d’âme, à fermer les unités les unes après les autres, au profit de Sainte-Anne, dont le directeur, M. Chassaniol, président proclamé de la CHT, est plus guidé par ses ambitions personnelles que par l’intérêt de la psychiatrie publique de secteur », dénonce le responsable CGT, Christophe Freychet. « Concrètement, cela se traduit le rétablissement des acquis sociaux remis en cause depuis l’arrivée de cette directrice en 2014, le respect des personnels et de leurs représentants. S’y ajoutent les revendications nationales : augmentation immédiate de la valeur du point d’indice ; fin des suppressions d’emplois ; suppression des projets de regroupements hospitaliers ; reconnaissance des qualifications ; mesures contre la précarité. Le 17 avril 2015, Christophe Freychet expliquait : « Nous exigeons depuis plus de deux semaines l’ouverture de négociations entre l’intersyndicale CGT-SUD, l’ARS et la directrice : nos interlocuteurs font toujours la sourde oreille à nos exigences, préférant nous adresser des lettres de menaces de sanctions disciplinaires voire de poursuites pénales ». Les interlocuteurs en question n’ont pas changé d’attitude, mais la nouvelle attitude, plus mobilisée, des salariés, pourrait donner un nouveau visage au conflit. Sourde oreille et menaces Le soutien politique a pris une dimension régionale, avec la présence de Marjolaine Rauze, maire de Morsang sur Orge et conseillère départementale PCF, devant l’hôpital du Perray, ou celle d’Hervé Bègue, conseiller municipal du 14° arrondissement de Paris et membre du conseil de surveillance de l’EPS Perray-Vaucluse, qui a participé à l’assemblée générale organisée le 16 avril sur l’Hôpital Henri Ey à Paris. Les revendications de l’intersyndicale CGT-SUD sont de deux ordres. Au plan local, l’arrêt des attaques contre les fermetures ou les transferts de services, les suppressions de postes, est au premier rang, avec les moyens nécessaires en effectifs et qualifications, - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 15 - Avril - Mai 2015 - g Dossier Santé Qu’elle soit privée ou publique, la santé dans l’Essonne est un enjeu général, donc syndical, par le nombre de salariés concernés et l’importance du secteur pour toute la population. Les exemples cités plus haut, de la fusion Ramsay-GDS au sort de la psychiatrie publique, confirment une offensive conjointe des gouvernements successifs et du patronat pour piller le secteur public en engraissant les profits privés, au détriment de l’emploi et des salaires dans les deux cas. Les luttes ont toujours existé dans la santé. Elles demeurent. Mais les organisations de la CGT éprouvent des difficultés à les coordonner et à faire jouer les solidarités territoriales et interprofessionnelles. Évry, Massy ou Perray-Vaucluse ne sont pas les seuls lieux essonniens où le syndicalisme se bat. La maternité de Dourdan, le Centre Hospitalier Sud-Francilien, les hôpitaux d’Arpajon, d’Orsay ou de Longjumeau, luttent chacun à leur manière contre une gestion publique désastreuse, pendant que les cliniques défendent leurs emplois. Mais ces actions réelles donnent l’impression, à l’échelon départemental ou, plus encore, régional, d’un ensemble de foyers de résistance ayant peu de liens entre eux. Olivier Poher, responsable CGT à Évry, ne dément pas, mais nuance : « Sur des points précis où l’offensive est flagrante comme à la maternité de Massy qui, malgré ses 730 accouchements, se voit regrouper avec Antony, nous nous tenons régulièrement informés entre délégués syndicaux. La menace touchant également d’autres établissements faisant de l’obstétrique, l’inquiétude des salariés pourrait conduire plus facilement à une action concertée ». L’USD Santé CGT 91 fait évidemment de son mieux pour informer et coordonner, mais le travail est rendu difficile par les distances géographiques, les différences « culturelles » entre public et privé et le manque de bras syndicaux au plan départemental. Si les établissements où la CGT est présente disposent de militants aguerris, l’échange d’expériences et les luttes communes, sauf sur des revendications nationales, ne sont pas monnaie courante. La question n’a pas échappé à la direction de l’UD CGT 91, dont la préparation du Comité Général de juin 2015 renforce l’acuité, tout comme l’analyse des résultats inégaux des élections du 4 décembre 2014 dans la Fonction publique hospitalière. « La fusion capitaliste Ramsay-GDS a son pendant dans le secteur public, c’est la politique de l’Agence Régionale de Santé », estime le secrétaire général de l’UD CGT, Ollivier Champetier. « Et même si le directeur de l’ARS Ile-de-France, Claude Évin, est un ancien ministre, de la Santé justement, il ne pourrait pas faire tous ces dégâts s’il n’y était pas incité par une politique gouvernementale qui ne change pas depuis 15 ans : raboter les moyens et les prestations du service public au profit d’un secteur privé lui-même de plus en plus affamé de profits immédiats pour ses actionnaires. Les attaques incessantes contre la Sécurité Sociale, aussi bien son financement que la solidarité qu’elle représente, font partie de l’offensive générale contre ce qui fait le socle de notre système social depuis la Libération ». Sur plusieurs fronts Une fois le constat fait, comment lutter syndicalement ? Les fronts sont multiples. D’abord en recherchant l’unité là où elle est possible. L’intersyndicale CGT-SUD à PerrayVaucluse est une force, mais plus difficile à réaliser dans des établissements publics comme le CHSF, ou privés comme HPJC Massy, où les attitudes des différentes organisations sur les revendications et envers les directions sont peu compatibles et où les élections sont le théâtre de durs affrontements. Autre difficulté, les différences revendicatives entre secteurs privé et public, même si elles ont tendance à diminuer sous les coups assénés aux deux. Cependant, l’habitude n’est pas prise d’un échange constant d’informations ou de revendications communes sur un même territoire entre deux bases CGT, pas plus d’ailleurs qu’entre ces syndicats et leurs UL. Or si la préparation du 51e congrès confédéral de 2016 et du Comité Général de l’UD 91 en juin s’accordent sur la nécessité d’un travail en profondeur, au plus près des militants et des salariés, il y a encore du chemin à faire. « Je crois qu’il faut en parler avec tous les camarades concernés, à l’USD, dans les établissements et avec la Fédé », dit Ollivier Champetier. « Au niveau de l’UD, il ne s’agit pas de dire aux copains de se débrouiller tout seuls. Nous devons apporter notre pierre. Le premier boulot, c’est de réfléchir ensemble comment on peut partager les informations, nombreuses et importantes dans le secteur de la santé, et donner un coup de main efficace à toutes celles et ceux qui ont l’impression de se bagarrer dans leur coin. Mon objectif, ce n’est pas de créer une nouvelle instance plus ou moins théorique, mais d’être au plus près du terrain. Il n’y a pas d’autre recette pour avancer ». - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 16 - Avril - Mai 2015 - g élections élections professionnelles Carrefour Market La CGT à guichet fermé au Plessis-Pâté Les salariés de l’entrepôt Erteco-France du PlessisPâté, dans l’Essonne, changent plus souvent d’enseigne que de choix syndical. Les élections professionnelles de 2015 ont cependant encore renforcé l’audience de la CGT, au point de la transformer en raz-de-marée dans plusieurs secteurs. Il s’agissait de renouveler, fin mars 2015, les représentants des salariés au Comité d’Entreprise et les DP (Délégués du Personnel). Depuis le dernier scrutin en 2011, beaucoup de choses avaient changé au PlessisPâté. Le sigle actuel Erteco-France n’est que la sousmarque d’entrepôts et de magasins ballottés par une valse d’enseignes, passant de ED à l’espagnol DIA pour revenir chez Carrefour Market, marquée par le mépris des personnels, les franchises de magasins et un management local souvent dépassé. Au plan syndical, mars 2012 a marqué un tournant. Une longue grève gagnante sur les salaires et les conditions de travail, menée par la CGT, installe durablement ses dirigeants, Laurent Portala, Anne Gyamfua ou Robert Bozien, comme les représentants d’une majorité de salariés. Les habituels « syndicats maison », FO et CFTC, subissent la même défaite que la direction. En 2015, il s’agissait de savoir si le phénomène allait se réduire ou s’amplifier. Le résultat est écrasant en faveur de la deuxième hypothèse, en particulier dans le premier collège (ouvriers et employés). Au Comité d’Entreprise, la CGT recueille 108 voix (100 % des élus) contre 13 suffrages à FO et 27 à la CFTC. Dans le 2e collège (techniciens et agents de maîtrise), le résultat est moindre, mais la CGT fait jeu égal avec FO (1 élu chaque). « 85 % des salariés ont voté CGT pour les élus des délégués du personnel », observe Laurent Portala. « Pour les DP magasins, nous avons 64 voix, 11 pour la CFTC et 7 pour FO. En fait, ce sont seulement les responsables des syndicats maison qui ont voté pour eux-mêmes. Les autres salariés les ont carrément ignorés ». Comment expliquer ces résultats remarquables ? Dans l’ensemble de la grande distribution en région parisienne, on assiste depuis début 2015 à une montée des luttes revendicatives, en particulier à Carrefour Market. La grève de 2012 au Plessis-Pâté était donc en avance sur son époque. En second lieu, la montée de la CGT dans ce site est le fruit d’un travail de plusieurs années en direction d’un personnel rendu méfiant par les discours des autres syndicats affiliés à la direction. Le bilan du Comité d’Entreprise dirigé par la CGT depuis quatre ans et les multiples interventions des délégués du personnel pour améliorer les conditions de travail et les salaires ont fini par convaincre. Enfin, les responsables syndicaux ont choisi une politique de communication efficace. Elle repose essentiellement sur un travail de terrain quotidien et la publication régulière de tracts facilement compréhensibles, car argumentés par des faits vérifiables. « La confiance sans faille que nos collègues nous ont manifestée nous touche énormément », dit Anne Gyamfua. « Les scores très faibles, pour ne pas dire ridicules, des autres syndicats démontrent bien l’envie de changement ». Les retraitées de Morsang vont à Montreuil Pour la journée internationale des droits des femmes, le 5 mars 2015, quatre retraitées CGT de la Section Multipro de Morsang-surOrge sont allées au siège confédéral de Montreuil. Récit. « La salle était pleine », dit l’une d’elles. « Nous étions 185 participants de tous les coins de France. Nous avons eu des témoignages tout au long de la journée : une délégation italienne de la CGIL et espagnole des CCOO y étaient chaleureusement accueillies. Leurs re- vendications sont les mêmes que les nôtres. Deux sujets fédérateurs ont été choisis pour les débats : la pauvreté des femmes retraitées et leur place dans le syndicalisme. Pourquoi une telle initiative autour des femmes retraitées ? Au fil des années, la pauvreté des femmes s’installe de manière insidieuse, des bas salaires résultent les petites pensions. Les camarades italiennes et espagnoles nous parlent de départ à la retraite à l’âge de 69, voire 70 ans, et des difficultés dans leurs pays. Pour convaincre que leurs exigences spécifiques sont justes, qui peut mieux le faire que les femmes retraitées ? Mais pour cela, elles doivent s’organiser dans des collectifs de proximité, des associations locales pour échanger, partir de leurs vécus, des réalités, le montant des pensions, l’accès aux soins, aux transports, à tous les services publics, aux logements, etc. Quelle belle journée ! Cela nous a boostées ! » - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 17 - Avril - Mai 2015 - g Luttes SNECMA Riposte syndicale devant la goinfrerie des actionnaires Snecma-Corbeil est l’une des grosses unités de production du groupe Safran, dont les moteurs équipent les leaders industriels mondiaux, d’Ariane 5 à Boeing ou Airbus. C’est le résultat du travail de 69 000 salariés, ainsi que des milliers de fournisseurs et de sous-traitants, dont les grands gagnants sont cependant les actionnaires. Une situation qui alimente depuis plusieurs semaines une action syndicale dans la plupart des unités du groupe. Le 23 avril 2015, les actionnaires Safran tiennent assemblée générale (DR) au CNIT de la Défense, où les résultats complets pour 2014 doivent être rendus publics. Ils sont plus que satisfaisants. La CGT note cependant : « Pour la première fois en 2015, la direction du groupe veut obtenir la modération des salaires afin de réduire la masse salariale dans le but de dégager un résultat encore en hausse. La réaction des salariés a été immédiate avec 9000 personnes en grève au mois de mars pour protester contre les propositions des directions. L’unité des syndicats CGT, CGC, CFDT et FO a permis de faire bouger à la hausse les propositions Safran, mais sans obtenir ce à quoi le personnel aspire : le maintien du pouvoir d’achat et une progression de carrière. L’action a été poursuivie activement, réunissant des milliers de salariés sur différents sites comme au siège de Safran, à Corbeil ou à Villaroche, et ce malgré la démobilisation du syndicat FO et un engagement de signature de la CGC. Heureusement pour nous, ce dernier étant un syndicat catégoriel et ayant moins de 30% de représentativité dans le groupe, il ne peut signer seul ». La mobilisation syndicale n’a pas empêché la direction du groupe de décider une hausse de 7 % du dividende des actionnaires. Une autre inquiétude réside dans les désengagements successifs de l’État dans le capital de Safran, car cela augmente le capital flottant et permet l’entrée de nouveaux actionnaires comme des fonds de pensions, tout en stimulant l’appétit des anciens. En vendant ses actions, le gouvernement fait rentrer de l’argent dans ses caisses, mais se prive de recettes régulières dans l’avenir. Son rôle sera donc de plus en plus marginal dans la stratégie du groupe. Comearth ORSAY Les nouveaux syndiqués marquent des points COMEARTH est une entreprise de télé-marketing située à côté de la gare d’Orsay. Après plusieurs rencontres à l’Union Locale CGT des Ulis, les salariés décident de franchir le pas et de créer une section syndicale. À ce jour, plus de 20 salariés ont adhéré sur un ensemble de 150 environ. il faut dire que les conditions de travail sont au plus bas: salaires au niveau du Smic, prime de 130 euros à la tête du client, samedi régulièrement travaillé, pas de RTT, pas de 13e mois, pressions permanentes des managers, 20 euros demandés par mois pour le parking , un CE en Délégation Unique du Personnel qui ne fonctionne pas du tout, aucune activité, même sociale, et un important turn-over du personnel. C’est Julien Rajaoson que ses camarades ont choisi pour être représentant de la section syndicale. La direction ne se laisse pas impressionner et conteste d’office la désignation par l’UL des Ulis au Tribunal d’Instance de Palaiseau. En attendant de prochaines élections, la section prépare le cahier de doléances et Julien, pas impressionné par les avertissements qu’il reçoit, continue de syndiquer ses collègues. Déjà, la direction n’impose plus le travail du samedi tous les 15 jours, bizarrement disparu, mais le climat reste délétère. Julien Rajaoson (DR) Gageons que la confirmation de Julien par le Tribunal dans ses fonctions de RSS donnera du courage aux salariés pour affronter une direction d’un autre âge. - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 18 - Avril - Mai 2015 - Philippe Madranges g Luttes Zones industrielles du Sud-Essonne Succès des mouvements revendicatifs Les salariés de deux entreprises de la chimie, l’une à Dourdan et l’autre à Saint-Chéron, ont décidé de ne plus accepter les conditions de travail imposées par les employeurs. Dans celle de Dourdan, une PME de 25 personnes, les salariés se sont mis en colère suite à l’accord signé par les délégués du personnel sans étiquette, très proches de l’employeur, annonçant 0 % d’augmentation des salaires pour 2015. Colère justifiée ! Les 23 salariés ont décidé de se mettre en grève immédiatement. Ils étaient près d’en venir aux mains avec les délégués du personnel mais, heureusement, un syndiqué CGT a prévenu immédiatement l’Union Locale d’Étampes. Après intervention, il a enfin été possible de réunir tous les salariés autour d’une table, y compris les délégués du personnel en titre. L’employeur, contraint de négocier, a pourtant utilisé toutes les provocations pour éviter les négociations: démission des DP, présence policière devant l’entreprise. Les salariés ont cependant élu un représentant des salariés. Ainsi celui-ci, avec la CGT, a essayé de négocier une augmentation de salaire. Au bout de trois jours de grève, l’employeur a cédé et on a pu conclure un protocole de fin de grève. Les salariés ont obtenu une augmentation de salaire de 4 % sur 2015 en deux fois (2 % en avril et 2 % en septembre); une augmentation de 4 % sur trois ans actualisée en fonction de l’inflation; une réunion du CHSCT en présence de l’Inspection du Travail et du médecin du Travail ; le paiement des jours de grève ; l’organisation des élections professionnelles conformément à la loi. De Saint-Chéron à Dourdan À Saint-Chéron, les salariés sont entrain de s’organiser. Trois adhésions à la CGT ont été enregistrées. Les salariés montent un dossier sur les conditions de travail et ont demandé une rencontre avec l’inspectrice du Travail. C’est une entreprise gérée par un groupe américain. Les salariés sont venus à l’Union locale CGT ce qui leur a permis d’échanger et de s’organiser. À l’UL de Dourdan, on a évité une crise violente entre les salariés et l’employeur du fait qu’un salarié s’était syndiqué à la CGT. L’exemple montre que même un seul syndiqué CGT peut faire bouger les choses, à la condition qu’il soit en relation avec l’union locale CGT de son secteur. USR 91 Pour des transports gratuits et une vie dans la dignité Les retraités CGT de l’Essonne ont largement participé aux mobilisations et aux manifestations de mars et avril 2015. Leurs revendications s’expriment aussi par des démarches portant sur la gratuité des transports en commun dans le Val d’Orge ou la volonté réaffirmée de passer sa retraite dans la dignité. Les retraités des UL CGT de Sainte-Geneviève-des-Bois et Morsang-sur-Orge, négocient avec la Communauté d’Agglomération du Val d’Orge l’accès et la gratuité des transports en commun sur ce territoire. Les salariés actifs, les chômeurs, les étudiants perçoivent une indemnisation des transports en commun ; les retraités n’ont pas cette possibilité. Pourquoi, alors que ces mesures sont largement appliquées ailleurs ? Les retraités participent à la vie du pays, avec des responsabilités dans des structures sociales. Ils doivent disposer des moyens adéquats pour assurer leurs missions. Le STIF et la région viennent de prendre une décision (attendue) visant à uniformiser et à diminuer le coût des transports en commun en Ile de France avec la carte Pass Navigo. Quelle retombée pour les retraités ? Une réunion s’est tenue le 26 mars 2015, avec le VicePrésident chargé des transports à l’Agglomération du Val d’Orge. Il s’est engagé à saisir le STIF (Syndicat des Transports d’Ile-de-France), prendre contact avec l’Agglo de l’Arpajonnais, et étudier le coût réel de la mesure. Rendez-vous a été pris pour juin 2015 pour examiner les retombées des démarches. Une charge pour la société ? Autre sujet moins concret, mais tout aussi sensible pour les retraités : la dignité. Des militants de l’USR CGT 91 ont écrit récemment un texte dont nous publions des extraits : « Les retraités une charge pour la société ? Pendant des dizaines d’années de vie professionnelle, ces femmes et ces hommes, salariés, ont permis la création de richesses, les progrès des sciences. À l’âge de la retraite, ce sont toujours des consommateurs, leur vie en fait un moteur économique et social. Ce sont des soutiens essentiels, des appuis pour de nombreuses familles. Combien d’associations ne vivent que grâce à leur investissement ? Leur rôle dans la société exige de bénéficier des moyens nécessaires pour bien vivre sa retraite. C’était le sens de notre présence dans les rassemblements de l’année 2014 et de ces premiers mois de 2015. Le 17 mars dernier, les retraités foulaient de nouveau le pavé ; ils étaient avec les actifs le 9 avril, toujours contre l’austérité et le projet de loi Macron. Notre pouvoir d’achat se dégrade depuis deux décennies. Le projet de loi sur le vieillissement de la société, engagé sous le gouvernement Ayrault, semble aujourd’hui remisé aux oubliettes. La CGT le considère essentiel pour un grand service public de l’autonomie pris en charge et financé dans le cadre de la Sécurité Sociale ». - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 19 - Avril - Mai 2015 - g actualités Au travail, les femmes sont partout, l’égalité L’histoire de France nous a habitués à ce que des pouvoirs de droite, conservateurs par réflexe, autoritaires par habitude, s’en prennent à l’égalité républicaine. Mais ce n’était pas une fatalité sans retour, puisque l’opposition de gauche devenait l’alternative en disant non à ce recul. Aussi quand c’est au tour d’une majorité, élue par la gauche, de faire disparaître la ministre des Droits des Femmes et son ministère si fraîchement installé, comment croire que le désastre ne soit pas plus grand, pas seulement pour les femmes, mais pour l’ensemble de la société ? Quand le ministère du « Droit des femmes » devient « Affaires sociales », il n’y a pas de surprise a constater le peu d’accords d’entreprise efficients, ni même que déjà 1 500 entreprises ont fait l’objet d’une mise en demeure pour ne pas avoir respecté leurs obligations en matière d’égalité F/H, mais que seules deux ont été contrôlées et 48 sanctionnées. Déréglementer ne fera qu’amplifier les résultats d’aujourd’hui. Les inégalités hommes-femmes sont à peu de choses près les mêmes depuis 30 ans. Bien que les femmes sont partout dans l’entreprise, leurs situations reflètent pour partie le sexisme ordinaire dont sont elles sont victimes dans leur milieu professionnel. Un sexisme qui transparait nettement à travers la persistance des inégalités sur la question des salaires, des conditions de travail et des parcours de carrière. Cette situation est aggravée par la crise économique, qui voit le démantèlement de la Fonction et des services publics, alors il y a de quoi s’inquiéter pour elles qui doivent déjà, aux deux bouts de la chaîne, pallier les carences d’un véritable service public de la petite enfance et l’absence notable d’un service public pour les personnes âgées. Accidents et maladies professionnelles Qui dit égalité professionnelle, dit égalité salariale. Depuis la première loi sur l’égalité professionnelle de juillet 1983 (Yvette Roudy), plusieurs textes prometteurs visant à réduire les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, ont été votés. Le dernier en date ouvrait même la voie aux sanctions financières, mais les décrets et circulaires suivants ont fini d’amoindrir la portée du texte initial et les sanctions ont été tellement réduites que les entreprises ne craignent plus rien. Selon la dernière grande enquête de l’Insee, depuis 1990, l’écart de revenus entre les femmes et les hommes stagne. 14,1 % des femmes vivent sous le seuil de pauvreté (contre 12,9 % des hommes). Cette différence de niveau de revenus, et donc de niveau de vie, résulte notamment de la question des temps de travail. En 2010, les femmes occupent 82 % des emplois à temps partiel imposé, 9 % sont en sousemploi (3 % pour les hommes), elles sont surreprésentées dans les emplois peu qualifiés et davantage concernées par les CDD (pour 59 %). Et pourtant les femmes sont de plus en plus qualifiées, mais les entreprises les cantonnent majoritairement au bas de l’échelle des postes, les exposent à des conditions de travail stressantes ou des travaux pénibles surtout pour la catégorie ouvrière. L’étude 2011 de l’ANACT constate que le nombre d’accidents du travail des femmes augmente de 21,8 % alors que, pour les hommes, il régresse de 18,6 %. En dix ans, les maladies professionnelles reconnues ont augmenté deux fois plus vite pour les femmes (+179,5 %) que pour les hommes (91,9 %). En 2010, elles dépassaient celles des hommes. Plus 3 % de FNI Les statuts de la CGT incluent en annexe la Charte Egalité et la journée internationale de luttes des Femmes a été l’occasion d’une rencontre nationale le 5 mars dernier, qui a permis de faire le point de la place des femmes dans notre organisation. Les participants, hommes et femmes (26 hommes sur 115 présent(e)s) ont réaffirmé que l’émancipation des hommes passe par celle des femmes, que les avancées pour les femmes le sont pour tous. Le constat chiffré dans notre organisation infirme les critiques qui ont vécu jusqu’à aujourd’hui. Il y a pas de difficultés pour faire adhérer les femmes à la CGT, elles sont plus de 46 % et ne sont pas moins longtemps adhérentes puisque de 2009 à 2015, le FNI montre une progression de 3 %. Persiste par contre un déficit dans la prise de responsabilités, un turnover important lié au refus de garder les responsabilités au-delà d’un à deux mandats. L’engagement en responsabilité touche au coeur des rapports de genre et explose le rôle traditionnellement dévolu aux femmes. Elles sont plus souvent mises à l’épreuve et leur autorité est plus souvent remise en cause, dans un contexte où il n’existe pas ou peu de mouvement d’indignation pour contester des attitudes sexistes, voire réactionnaires. Garder des responsabilités implique la prise en charge financière des contraintes telles que garde d’enfants et déplacements, un respect du temps entre vies privée et - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 20 - Avril - Mai 2015 - actualités nulle part professionnelle. Cela implique des activités à des heures compatibles avec une vie personnelle et l’obligation de la parité à tous les niveaux. Dans notre organisation, des progrès sont en cours et doivent se poursuivre pour se conformer au salariat tel qu’il est, en particulier les secteurs du Commerce, la Santé et l’action sociale, qui reste très féminisée. Autre effort, le besoin de pérenniser les adhésions des femmes dans les bases nouvelles et faciliter leurs accès aux responsabilités au tous les niveaux de l’entreprise au département. Il est retenu l’amélioration du Plan d’action pour l’égalité femmehomme dans la CGT qui sera le support des repères revendicatifs repris pour l’ensemble des négociations dans les instances nationales. Annick Jeannette-Stiti La Voix Syndicale Ont participé à ce numéro 98 de la Voix Syndicale Intervenants: Pierre Benoit Claudine Berthonier Jean-Louis Betoux Ollivier Champetier Jean-Claude Clément Claude Doucet Gilbert Dubant éric Dumas Olivier Fégueux Christophe Freychet Brigitte Gabriel Anne Gyamfua Annick Jeannette-Stiti Véronique Josien Hubert Lasserre Éric Lesage Philippe Madranges Anne Mingot Olivier Poher Laurent Portala Administratif et technique : Brigitte BLANCHE Publicité : COMEDIANCE 01 49 22 74 57 ENPARTANCE : Initiatives Solidaires 2015 Plus de 50 % des français ne partiront pas en vacances encore cette année. Cette situation est en constante progression depuis trop longtemps. Le droit aux vacances n’est pas un luxe, mais demeure un besoin vital nécessaire à l’équilibre, indispensable à l’épanouissement de chacun. Un pouvoir d’achat en berne, une recrudescence de la précarité des actifs, retraités et privés d’emploi sont les causes d’une situation entretenue par nos dirigeants, favorisant la finance au détriment d’un bien-être social. Il n’est pas concevable que notre organisation syndicale se contente de faire un état des lieux sans un réel investissement de chaque structure syndicale locale, professionnelle et départementale, alors que nous avons des moyens de revendiquer des droits sociaux pour tous. Aider à faire partir des familles en vacances n’est pas une utopie et la CGT doit jouer un rôle social dont elle a vocation. Cette année, nous devons renouveler en étroite collaboration avec Enpartance île-de-France « Association fondée par les UD CGT IDF » deux grandes initiatives dont les journées à la mer à Dieppe les 25 juillet et 22 août 2015. Amplifier le succès rencontré les années précédentes avec 1 391 participants pour 2014, soit plus du double depuis le lancement en 2011 de ces journées. Chaque syndicat, Union Locale, Comités d’entreprises en Essonne est invité à prendre part à cette action solidaire afin de permettre aux familles essonniennes de partager une journée fraternelle commune inoubliable. Militer pour le droit aux vacances, c’est aussi prendre part à la tombola solidaire, ainsi permettre de faire partir des familles en 2016. 21 familles ont bénéficié en 2014 de séjours en villages vacances grâce à la vente de billets de tombola et de l’investissement de nombreux militants CGT et de l’Association Enpartance. Des billets de tombola sont disponibles dans les Unions Locales et Syndicats. Nous invitons l’ensemble de nos syndiqués à prendre part à la réussite de ces évènements, ainsi démontrer que pour la CGT la solidarité a du sens, que la concrétiser est possible. Ensemble, partageons la réussite de ces deux belles initiatives. Ensemble, renouvelons leur succès. - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 21 - Avril - Mai 2015 - g Conseils de Prud’hommes Droit des salariés et justice prud’homale Quel avenir en 2018 ? Sans changement législatif, les Conseils de Prud’hommes actuels en ont jusqu’au 31 décembre 2017. Les lois du 20 novembre 2014 et du 17 février 2015 (loi Macron) l’ont décidé, au mépris des syndicats, en particulier de la CGT. Dans son numéro précédent, la Voix Syndicale a commencé de traiter le sujet en interrogeant le président CGT du Conseil de Prud’hommes d’Évry, Éric Lesage. Nous publions la suite de l’entretien. La Voix Syndicale. Quelles sont les dispositions concernant les défenseurs des salariés et qu’en pensezvous ? Éric Lesage. Pour les représentants des salariés au sein des entreprises, aucune disposition de la loi Macron ne semble remettre en cause leurs pouvoirs. Par contre, pour ce qui est des défenseurs syndicaux, le texte de novembre 2014 s’inspire très largement du rapport Lacabarats. En clair, l’idée est d’améliorer le fonctionnement des prud’hommes par deux mesures phares. D’abord, accorder au militant syndical qui représente le salarié devant les juges, un véritable statut. Aujourd’hui, il n’existe aucune règle sur les conditions de recrutement, de formation, de travail de ces délégués syndicaux. La CGT réclame depuis des années l’existence d’un véritable statut des défenseurs syndicaux. Le nouveau statut devrait donc prévoir une rémunération de ces heures de défense des salariés, ce qui constitue une première étape, mais reste loin de nos exigences. Seconde mesure, une formation initiale obligatoire, une obligation de confidentialité qui permettra d’avoir accès aux bases de données et logiciels internes aux juridictions. Tout ceci reste au conditionnel. Depuis des décennies, la CGT tape du poing et du pied pour un véritable statut de nos défenseurs syndicaux. Pourquoi ? Parce qu’en premier lieu, les défenseurs syndicaux officient principalement dans ce qui doit rester une justice de proximité. Mais là encore, plusieurs aspects. Au fil des ans, les avocats se sont progressivement imposés dans les Conseils de Prud’hommes. Le résultat immédiat a été la complexification des procédures. Éric Lesage (Doc LVS) En second lieu, nos défenseurs syndicaux doivent bénéficier non pas d’une, mais des formations indispensables au regard de la complexité du droit du travail, qui ne cesse d’évoluer chaque jour. LVS.Les chiffres officiels donnent un pourcentage de 65 % des affaires présentées en Conseil de Prud’hommes sujettes à un appel. Ce chiffre est-il exact ? Qu’en penser en termes d’efficacité ? É.L. Oui, ce chiffre est exact au niveau national. Les Conseils de Prud’hommes d’Évry et Longjumeau connaissent les mêmes proportions. C’est encore l’un des arguments avancés par le rapport Lacabarats pour remettre en cause les prud’hommes. Mais il est simple de retourner un tel argument. Aujourd’hui, aucune statistique officielle ne permet d’établir combien d’arrêts de la Cour d’Appel sont infirmés ou cassés par la Cour de Cassation, et par voie de conséquence, donnent plus ou moins raison au Conseil de Prud’hommes. Il suffit de lire les arrêts de cassation qui tordent le cou en droit pur aux arrêts de Cour d’appel. Chaque jour, la Cour de Cassation rend entre deux et trois arrêts en matière sociale. Dès lors, l’argument ne tient pas une seconde et constitue un faux prétexte pour réformer les prud’hommes. Pourquoi, dans un dossier prud’homal, les employeurs qui perdent leur procès ont-ils tendance à faire appel de la décision ? Tout simplement pour gagner du temps. Une procédure prud’homale dure dans le meilleur des cas environ un an à Évry, entre le moment où le salarié a saisi les prud’hommes et le rendu de la décision en bureau de jugement. La moyenne des autres conseils du ressort, c’est-à-dire des conseils qui dépendent de la Cour d’Appel de Paris, est de 18 mois. Dans certains conseils, ce délai peut être facilement porté à deux ans. Si un employeur fait appel de la décision prud’homale, vous rajoutez facilement deux années de plus. Si par malheur l’employeur fait un pourvoi en cassation, rajoutez deux ans de plus. L’autre aspect est purement financier. Lorsqu’une décision prud’homale est frappée d’appel, seules sont exécutoires les sommes ayant le caractère de salaires. Les dommages et intérêts n’ont pas ce caractère et sont suspensifs, c’està-dire que pour prétendre à ces sommes, le salarié devra attendre la décision en appel confirmant le jugement prud’homal. Mais l’aspect financier n’est pas le seul motif, la possibilité offerte à l’employeur de faire traîner au maximum l’affaire peut être purement personnelle. Il existe un déséquilibre flagrant entre la situation de l’employeur et celle du salarié. - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 22 - Avril - Mai 2015 - Conseils de Prud’hommes L’employeur a les moyens financiers et le temps pour faire traîner une procédure, car l’argent ne sort pas de sa poche, mais résulte d’une provision budgétée sur les comptes de l’entreprise. LVS. Les prud’hommes ne sont pas des juristes professionnels. Sontils efficaces ? É.L. Il est vrai que les Conseillers prud’homaux ne sont pas des juges professionnels, car issus du monde du travail. Ils peuvent paraître partiaux au premier abord, alors qu’ils ont prêté serment devant le Procureur de la République. La spécificité de la juridiction prud’homale est l’impartialité. Et c’est justement parce que les juges prud’homaux, qu’ils soient employeurs ou salariés, sont issus du monde du travail que cette partialité apparente garantit l’impartialité, contrairement au juge professionnel. Sur l’efficacité, je réponds oui sans hésiter. C’est une justice efficace dès lors que l’on lui donne les moyens nécessaires. LVS. Les audiences prud’homales donnent l’impression que de nombreuses affaires font l’objet de renvois à répétition. Comment faire pour raccourcir l’attente des décisions, dans l’intérêt des salariés ? É.L. La véritable question est : que faut-il entendre par « délai raisonnable » s’agissant du traitement des dossiers ? On ne peut pas mettre systématiquement les retards de procédure sur le dos des avocats ou des défenseurs syndicaux. Quelquefois, le retard est dû aux conseillers eux-mêmes dans l’élaboration des décisions, ce que l’on appelle plus couramment les prorogés. Pour les avocats, leurs honoraires sont généralement fixés par convention pour une instance. Donc, le fait que l’affaire soit reportée n’a aucune incidence pécuniaire pour le salarié. Pour autant, il est courant que s’agissant d’un premier bureau de jugement, les avocats demandent le renvoi de l’affaire, essentiellement pour des délais de communication de pièces, notamment la veille de l’audience. En général, les délais de renvoi sont courts, entre trois et quatre mois, pour permettre aux avocats de répliquer aux conclusions tardives de leurs confrères. Ce paramètre fait donc partie intégrante du délai de 12 mois que j’évoquais précédemment. Pour les délais, oui, il est possible de les réduire à condition que les conseillers prud’hommes s’approprient des prérogatives du bureau de conciliation. En effet, le bureau de conciliation, première étape dans le procès, doit s’efforcer de concilier les parties, comme son nom l’indique. Le faible taux de conciliation partielle ou totale, d’environ 10 %, reste stable depuis plus de 30 ans. Aucune disposition du Code du Travail n’impose au juge de concilier à 100 %. C’est tout simplement impossible et le législateur le sait bien. Pour les délais au niveau des Cours d’appel, 36 seulement existent sur le territoire. Leur compétence s’étend sur plusieurs départements et elles souffrent comme les prud’hommes d’un manque récurrent de moyens et d’effectifs, alors que le nombre d’affaires ne cesse de progresser. Conséquence logique : l’allongement des délais, en matière sociale. Mais pire encore, si votre ex-employeur obtient le simple renvoi de votre affaire devant la Cour d’appel de Paris, comptez environ deux ans supplémentaires. Le gouvernement déclare avoir augmenté le budget de la justice en 2015 de 2,3 %, soit 7,98 Mds €. En 2014, il avait rapidement débloqué 20 Mds € au titre du CICE, censé relancer la croissance. On a vu le résultat. LVS. En tant que militant CGT et président du Conseil de Prud’hommes d’Évry, quelles actions allez-vous mener d’ici fin 2017 et ensuite ? É.L. Comment pourrionsnous rester un seul instant les bras croisés tant l’ampleur et la violence de ces attaques sont sans précédent ? Certes, des initiatives ont été menées dans certains conseils de prud’hommes. Certes, l’URIF et le pôle confédéral DLAJ se sont impliqués et continuent de mener des campagnes pour la défense des prud’hommes, notamment concernant la signature de pétitions au niveau régional. Mais cela ne suffit pas. Si nous voulons être écoutés, il nous faut passer à des actions fortes. Les conseillers prud’hommes sont des juges élus, et mandatés par leurs UD. A ce titre il est indispensable que la prise d’initiatives soit concertée au niveau départemental ou régional et en « interpro ». Elle doit être impulsée par nos UD et non par les conseillers prud’homaux qui décident d’actions tous seuls dans leur coin. Nous sommes en 2015 et le mandat des conseillers est repoussé jusqu’en 2017. Il n’est pas trop tard pour mener des actions fortes si nous voulons conserver le principe des élections. - La Voix Syndicale - nouvelle série - N° 98 - page 23 - Avril - Mai 2015 - g