Maladie de Wilson - site de l`association GENS
Transcription
Maladie de Wilson - site de l`association GENS
17-060-A-10 Maladie de Wilson F. Woimant, J.-M. Trocello, N. Girardot-Tinant, P. Chaine, R. Sobesky, J.-C. Duclos-Vallée, P. Chappuis, S. El Balkhi, J. Poupon La maladie de Wilson ou dégénérescence hépatolenticulaire progressive est une affection génétique autosomique récessive à l’origine d’une accumulation tissulaire de cuivre dans de nombreux organes dont le foie, le cerveau et la cornée. On estime entre 1000 et 1500 le nombre de sujets atteints de la maladie de Wilson en France. Le gène Wilson, localisé sur le chromosome 13 code une protéine intracellulaire transporteuse du cuivre : l’ATP7B. Cette protéine permet l’excrétion cellulaire du cuivre excédentaire. Au cours de la maladie de Wilson, le déficit fonctionnel en ATP7B entraîne un défaut d’élimination du cuivre dans la bile ; celui-ci s’accumule dans le foie puis est libéré sous forme libre dans la circulation sanguine. Ainsi, la maladie de Wilson est initialement une affection hépatique. Non diagnostiquée à ce stade, elle évolue vers une affection multisystémique, avec une accumulation de cuivre dans de nombreux organes dont le cerveau, l’œil, le rein, etc. Les premiers symptômes sont le plus souvent hépatiques chez l’enfant et neurologiques chez l’adulte. Le diagnostic est porté sur un faisceau d’arguments cliniques (dont la recherche de l’anneau de Kayser-Fleischer), biologiques, radiologiques (imagerie par résonance magnétique [IRM] cérébrale) voire histologiques. L’interprétation du bilan cuprique associant typiquement une diminution de la céruloplasminémie et de la cuprémie avec une augmentation de la cuprurie, peut être difficile, et d’autres pathologies que la maladie de Wilson doivent être évoquées devant un bilan cuprique anormal. La biologie moléculaire permet de confirmer le diagnostic dans plus de 90 % des cas. Le traitement associe régime, chélateurs du cuivre ou sels de zinc. La transplantation hépatique est le traitement des formes hépatiques fulminantes et des cirrhoses décompensées. Elle reste discutée dans les formes neurologiques très sévères. Cette maladie génétique rare a un bon pronostic si le traitement est initié précocement et poursuivi à vie. Il est donc important de connaître les manifestations cliniques de la maladie et d’assurer un suivi régulier clinique et biologique des patients. © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : Maladie de Wilson ; Diagnostic ; Physiopathologie ; Cuivre ; Céruloplasmine ; Biologie moléculaire ; Traitement chélateur ; Zinc ; Transplantation hépatique Plan ■ Diagnostic de la maladie de Wilson Enquête anamnestique personnelle et familiale Bilan cuprique Biologie moléculaire Imagerie par résonance magnétique cérébrale Au total 5 5 5 7 7 9 9 ■ Historique 2 ■ Physiopathologie 2 ■ Prévalence 2 ■ Génétique 3 ■ Histoire naturelle de la maladie de Wilson ■ Manifestations cliniques Mode de révélation Manifestations hépatiques Manifestations neurologiques, neuropsychologiques et psychiatriques Manifestations ophtalmologiques Manifestations cardiaques Manifestations endocriniennes Manifestations rénales Manifestations hématologiques Manifestations ostéoarticulaires Manifestations dermatologiques 3 3 3 ■ Traitement Régime Traitement médical Évolution sous traitement Quels traitements initial et d’entretien ? Transplantation hépatique Traitements non spécifiques 9 9 9 10 10 11 11 ■ Suivi des patients atteints de maladie de Wilson 11 ■ Diagnostic familial 12 ■ Maladie de Wilson en France 12 ■ Conclusion 12 EMC - Neurologie Volume 10 > n◦ 2 > avril 2013 http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(12)58193-5 3 5 5 5 5 5 5 5 1 17-060-A-10 Maladie de Wilson Historique L’apport alimentaire quotidien en cuivre est de 3 à 5 mg. Environ 50 % du cuivre alimentaire est absorbé au niveau intestinal. Son passage dans le système porte fait intervenir le transporteur ATP7A ou ATPase Menkès. Puis, dans l’hépatocyte, le cuivre est pris en charge par le transporteur CTR1 (copper transporter 1) [13] (Fig. 1A). Il se lie dans le cytoplasme aux métallothionéines ou aux protéines chaperones spécifiques du cuivre (CCS, ATOX 1, et COX17). Ainsi, les cellules sont protégées de l’effet toxique du cuivre libre. CCS et COX17 guident le cuivre vers la mitochondrie et ATOX1 vers l’appareil de Golgi. Lorsque les concentrations intracellulaires de cuivre augmentent, l’ATP7B migre du Golgi vers le compartiment cytoplasmique permettant l’excrétion du cuivre dans la bile puis dans les fèces [14] . Dans le foie, l’ATP7B intervient aussi dans l’incorporation du cuivre dans plusieurs cuproenzymes dont l’apocéruloplasmine, formant la céruloplasmine fonctionnelle (ou holocéruloplasmine) qui est excrétée dans le sang. La céruloplasmine est la principale protéine circulante transportant du cuivre ; toutefois, elle ne semble pas jouer un rôle essentiel dans le métabolisme cuprique [15] . Au cours de la MW, le déficit fonctionnel en ATP7B ne permet plus l’excrétion du cuivre dans la bile (Fig. 1B) ; celui-ci s’accumule dans le foie, lié aux métallothionéines (protéines de stockage) et sous forme libre. Il n’est plus incorporé dans l’apocéruloplasmine ce qui entraîne une diminution de la concentration de l’holocéruloplasmine sérique et la libération de cuivre sous forme libre dans la circulation [12] . Si on a longtemps expliqué les lésions de la MW par la toxicité du cuivre sur les mitochondries, des données récentes suggèrent que le noyau de la cellule pourrait être la cible initiale du cuivre en excès [16] . La toxicose inapparente au début se poursuit insidieusement jusqu’à l’apparition des premiers symptômes cliniques. Ceux-ci résultent des lésions causées par l’excès de cuivre libre d’abord dans le foie puis, suite à son relargage dans la circulation générale, dans les autres organes [12] . Ainsi la MW est initialement une affection hépatique. Non diagnostiquée à ce stade, elle évolue vers une affection multisystémique, avec une accumulation de cuivre dans de nombreux organes dont le cerveau, l’œil et le rein. Signalée dès 1860 par Frerichs, la maladie de Wilson (MW) est décrite dans sa forme tremblante par Westphal en 1883 et Strumpell en 1898. Kayser en 1902 et Fleischer en 1903 rapportent l’anneau vert péricornéen [1] . Wilson, dans sa monographie de Brain en 1912, décrit la forme hypertonique de la maladie, appelée « dégénérescence hépatolenticulaire progressive ». L’affection, à caractère familial, associe des lésions des noyaux lenticulaires d’allure cavitaire et une cirrhose juvénile [2] . En 1921, Hall propose une transmission génétique autosomique récessive. En 1929, Vogt montre que la maladie est liée à une surcharge en cuivre [1] . L’ère thérapeutique de la maladie débute en 1951, quand Cumings propose un traitement chélateur par le british anti-lewisite (BAL ou dimercaptopropanol) [3] . En 1956, Walshe propose l’utilisation de la D-pénicillamine [4] et, en 1961, Schouwink celle des sels de zinc comme agents décuprifiants [5] . En 1984, Scheinberg et Sternlieb soulignent l’intérêt du dépistage des formes présymptomatiques [6] . En 1985, les études de liaison permettent de localiser le gène défectueux sur le chromosome 13 [7] . Le gène ATP7B de la MW est indépendamment identifié par trois équipes au cours de l’année 1993 [8–10] . Physiopathologie Le cuivre, oligoélément essentiel à tous les organismes vivants, intervient dans divers systèmes métaboliques parmi lesquels la fonction mitochondriale, la biosynthèse de neurotransmetteurs, la protection contre le stress oxydatif, le métabolisme du fer, etc. [11] . Les principaux régulateurs du métabolisme cellulaire du cuivre sont deux protéines sœurs du transport du cuivre : les CuATPases (ATP7A et ATP7B). Ces protéines ont deux principaux rôles dans les cellules : fournir le cuivre aux cuproenzymes et réguler la concentration de cuivre libre intracellulaire en exportant le cuivre hors des cellules [12] . Quelques organes expriment préférentiellement une seule Cu-ATPase, comme la glande surrénale pour l’ATP7A et l’hépatocyte pour l’ATP7B. D’autres tissus, comme le cerveau, l’intestin, le rein, le placenta, la glande mammaire, l’œil ou le poumon, expriment les deux Cu-ATPases, mais parfois différemment. Ainsi, dans les cellules épithéliales intestinales où les deux Cu-ATPases sont exprimées, l’ATP7B ne compense pas le défaut de fonction de l’ATP7A, à l’origine de la maladie de Menkès (mutations du gène de l’ATP7A entraînant une carence sévère en cuivre) [12] . En revanche, l’ATP7A du cervelet de la souris knock-out ATP7B –/–, modèle animal de la MW, semble pouvoir se substituer à l’ATP7B manquante [11] . Prévalence La prévalence de la maladie varie, en fonction des ethnies, de 12 à 30 cas par million d’habitants. La fréquence du portage hétérozygote est évaluée de un sur 90 à un sur 100 [17, 18] . La MW est plus fréquente dans les pays où les mariages consanguins sont courants [19] . On estime entre 1000 et 1500 le nombre de sujets atteints de MW en France. Apocéruloplasmine Holocéruloplasmine Cu-Cp Métallothionéine Métallothionéine Bile Bile Golgi Golgi ATP7B ATP7B ATP7B ATP7B ATP7B Cp Cp Noyau Noyau Système porte 2 ATOX1 ATOX1 CTR1 CTR1 Cu A Système porte Cu Figure 1. Transport du cuivre dans l’hépatocyte. Cu : cuivre ; Cp : céruloplasmine ; CTR1 : copper transporter 1. A. Chez le sujet normal, la protéine ATP7B permet l’élimination du cuivre dans la bile et sa liaison à l’apocéruloplasmine pour former l’holocéruloplasmine circulante. B. Chez le sujet atteint de maladie de Wilson, le déficit fonctionnel en ATP7B ne permet plus l’élimination biliaire du cuivre ; celui-ci s’accumule dans le foie fixé aux métallothionéines et sous forme libre. Il n’est plus incorporé dans l’apocéruloplasmine, ce qui entraîne une diminution de l’holocéruloplasmine circulante et la libération de cuivre sous une forme libre dans la circulation. B EMC - Neurologie Maladie de Wilson 17-060-A-10 Génétique Tableau 1. Quand évoquer la maladie de Wilson ? Le gène Wilson, localisé sur le chromosome 13, dans la région 13q14.3.-q21.1 s’étend sur 78 826 paires de bases (pb) et comprend 21 exons. Deux acides ribonucléiques messagers (mRNA) ont été caractérisés : l’isoforme a (6644 pb) qui correspond à la protéine ATP7B complète (1465 AA, 157 kD) et l’isoforme b (6001 pb) à une protéine tronquée de 1258 AA. La protéine complète est retrouvée surtout dans le foie, le cerveau et le rein [20] . Plus de 500 mutations et 100 polymorphismes ont été publiés pour le gène ATP7B [21] . Dans la population européenne et nord-américaine, deux mutations H1069Q et G1267R rendent compte de 38 % des mutations observées dans la MW [22] . Les hétérozygotes composites sont prédominants dans la MW, rendant les corrélations phénotype/génotype difficiles. De plus, dans certaines familles, la forme clinique de la maladie peut être très différente entre frères et sœurs. Ceci peut s’expliquer, en partie, par des facteurs environnementaux et en particulier nutritionnels (alimentation riche en cuivre). L’intervention de gènes modificateurs dans l’expression phénotypique de la pathologie, comme ceux de la famille COMMD, gènes responsables d’une toxicose cuprique canine, et ATOX1 est fortement suggérée [14] . Il a également été montré que l’âge de survenue des premiers symptômes pouvait être influencé par le polymorphisme M129V de la protéine prion [23] ; les patients homozygotes H1069Q ayant le génotype 3/3 de l’apolipoprotéine E ont un début de maladie souvent retardé [24] . Certaines mutations (G943S par exemple), qui n’affectent que le trafic cuivre-dépendant sans altérer la fonction de transport transmembranaire des ATPases, pourraient expliquer certains phénotypes à céruloplasminémie normale [25] . Manifestations cliniques Découverte fortuite Hépatomégalie isolée Splénomégalie isolée Manifestations hépatiques Cirrhose compensée ou décompensée Manifestations neurologiques Dysarthrie Tremblement d’attitude, en battement d’aile, de repos Dystonie focale, de fonction, généralisée Troubles de la marche Syndrome extrapyramidal Stéréotypies gestuelles ou verbales Troubles du comportement Comitialité Manifestations psychiatriques Dépression sévère Manifestations oculaires Anneau de Kayser-Fleischer quasi constant dans les formes neurologiques Maladie bipolaire Cataracte en fleur de tournesol Anomalie de l’oculomotricité (Tableau 1) La maladie se révèle exceptionnellement avant l’âge de 3 ans, reflétant probablement les capacités considérables du foie à stocker l’excès de cuivre. Elle devient symptomatique dans la majorité des cas entre 5 et 35 ans. Dans notre expérience portant sur 428 patients atteints de MW, 12 % ont révélé leur maladie après 30 ans. Dans la littérature ont été rapportés des cas de MW diagnostiqués dès l’âge de 2 ans [26] et d’autres à 72 ans par la découverte d’un anneau de Kayser-Fleischer [27] . La maladie hépatique est le mode de présentation le plus fréquent chez l’enfant, à un âge moyen de 10 à 13 ans. Les formes neurologiques se révèlent environ dix ans plus tard. Dans notre série, les manifestions initiales sont hépatiques chez 44 % des patients et neurologiques ou neuropsychiatriques chez 39 %. Dans les autres cas, les premières manifestations sont hématologiques, rénales ou ostéoarticulaires. Chez la femme, l’interrogatoire permet souvent de retrouver comme tout premier symptôme une aménorrhée ou des avortements spontanés répétés. La maladie peut également être diagnostiquée sur un examen ophtalmologique révélant des anneaux de Kayser-Fleischer. La variabilité phénotypique est importante. Dans une même famille, certains débutent la maladie par des symptômes hépatiques, d’autres par des symptômes neuropsychiatriques, certains avant 10 ans, d’autres après 40 ans. Hépatite aiguë de degré variable (voire fulminante) Hépatite chronique Manifestations endocriniennes Mode de révélation Anomalies biologiques : cytolyse, thrombopénie, anémie hémolytique (Coombs négatif) Aménorrhée Fausses couches à répétition Hypoparathyroidie Manifestations rénales Lithiases Aminoacidurie Insuffisance rénale Manifestations rhumatologiques Ostéoporose Manifestations cardiaques Troubles du rythme Ostéomalacie Cardiomyopathie Des symptômes non spécifiques tels des nausées, une anorexie, une fatigue, des douleurs abdominales peuvent révéler la maladie. Les principales formes de la maladie hépatique sont les suivantes : • une hépatite aiguë mimant soit une hépatite aiguë virale soit une hépatite auto-immune ; • une hépatopathie chronique ; • une cirrhose compensée ou non ; • une hépatite fulminante associée à une anémie hémolytique Coombs négative et une insuffisance rénale aiguë [28] . Certains patients présentent des épisodes d’ictère récidivants en rapport avec une hémolyse, alors que la maladie hépatique est encore asymptomatique. La survenue de lithiases biliaires est fréquente [29] . Après plusieurs années d’évolution, un hépatocarcinome peut se développer [30] . Manifestations hépatiques L’hépatopathie est constante et son spectre est large, allant d’une cytolyse asymptomatique à l’insuffisance hépatique aiguë [25] . Aussi, les présentations cliniques de la maladie sont nombreuses. Il peut s’agir, chez des patients asymptomatiques de la découverte fortuite : • d’une élévation des enzymes hépatiques ou d’une anémie hémolytique ; • d’une hépatomégalie ; • d’une splénomégalie et/ou d’une thrombopénie liée à une cirrhose cliniquement silencieuse avec hypertension portale. EMC - Neurologie Manifestations neurologiques, neuropsychologiques et psychiatriques Symptômes neurologiques Les premiers symptômes des formes neurologiques apparaissent insidieusement ; il s’agit très souvent d’une dysarthrie, parfois associée à de discrets troubles de la déglutition et à une hypersalivation. Des modifications de l’écriture, de discrets mouvements involontaires tels un tremblement, une maladresse inhabituelle voire des troubles du comportement peuvent être les premiers 3 17-060-A-10 Maladie de Wilson symptômes. Très fréquemment sont notés un certain désintérêt de l’activité scolaire ou professionnelle, une hyperémotivité, une labilité de l’humeur. Ces modifications du caractère survenant volontiers à l’adolescence sont souvent considérées comme banales, ce qui retarde le diagnostic. Aussi, certains patients sont initialement pris en charge par des orthophonistes ou des psychologues. Beaucoup plus rarement, favorisé par un traumatisme, un accouchement ou une intervention chirurgicale, le début est brutal, voire pseudovasculaire [31] . En l’absence de traitement, se constitue progressivement le tableau classique de la maladie qui associe : • un syndrome dystonique focal ou généralisé avec parfois des mouvements choréiques ; • un syndrome ataxique associant un tremblement postural et intentionnel et une ataxie des membres ; • un syndrome extrapyramidal avec une hypokinésie, une hypertonie essentiellement axiale et un tremblement de repos [32] . Ces symptômes neurologiques dépendent de la localisation des lésions cérébrales. Aussi, il est rare qu’un de ces symptômes soit isolé et dystonie, akinésie et ataxie sont le plus souvent présentes à des intensités variables chez un même patient. Les formes dystoniques prédominent chez l’enfant (forme hypertonique décrite par Wilson) et les formes tremblantes et extrapyramidales chez l’adulte (pseudoscléreuse décrite par Westphal et Strumpell). Des troubles neuropsychologiques complètent parfois la présentation clinique. Dystonies Les dystonies focales, de fonction ou généralisées sont liées à l’atteinte des ganglions de la base. Le syndrome dystonique débute par des signes focaux, voire une dystonie de fonction (crampe des écrivains), et évolue en l’absence de traitement vers une dystonie généralisée. Les dystonies peuvent atteindre les muscles de la face. Le faciès du patient wilsonien est souvent très évocateur : le visage est figé, la bouche entrouverte et l’hypertonie des muscles péribuccaux donne un aspect de sourire permanent. Lors des mimiques, l’ensemble des muscles se contracte sans respecter les synergies habituelles, aboutissant à une grimace dite « sardonique » [33] . La contracture peut diffuser aux muscles du cou et de la nuque, voire à ceux de la langue et du pharynx, entraînant dysarthrie et troubles de la déglutition. Une hypersialorrhée est fréquente. Les dystonies peuvent atteindre tous les segments corporels ; elles prédominent initialement aux extrémités (postures dystoniques des doigts et des pieds en hyperextension) puis diffusent à l’ensemble des membres et sont souvent très douloureuses. Elles évoluent parfois vers des postures fixées. La station debout est instable, la démarche est raide, dystonique avec le tronc en hyperlordose, sur la pointe des pieds, les bras en rétropulsion. Des mouvements choréiques peuvent être associés à la dystonie. Tremblement Le tremblement est le mouvement anormal le plus fréquent. Il peut s’agir : • d’un tremblement de repos qui, contrairement au tremblement parkinsonien, est toujours augmenté lors du maintien actif des positions ; • d’un discret tremblement d’attitude et d’action, d’allure essentielle, pouvant toucher le chef ; • d’un grand tremblement n’apparaissant que dans le maintien actif des positions [34] . Il peut n’apparaître que lors de la posture dite « du bretteur » (opposition des index devant le thorax) ; ce tremblement dit « en battement d’ailes » (wing beating tremor) est volontiers asymétrique. Il peut être associé à un syndrome cérébelleux. La localisation des lésions responsables de ce tremblement est encore débattue. Elle se situerait probablement sur les voies cérébellothalamiques. Syndrome akinétorigide Le syndrome akinétorigide associe une rigidité parkinsonienne souvent à prédominance axiale (visage, cou, tronc), l’atteinte des membres étant plus discrète. La bradykinésie est diffuse observée 4 dans les mouvements répétitifs, adiadococinésie et ralentissement des mouvements fins et alternés des mains [35] . Une hypomimie est fréquente, de même qu’une dysarthrie avec hypophonie, tachylalie et parfois pseudobégaiement. En station debout, il existe une tendance à la rétropulsion, avec une diminution des réflexes posturaux et parfois des chutes. La marche se fait à petits pas avec instabilité aux demi-tours, réduction du balancement des bras, festination et freezing. Autres mouvements involontaires D’autres types de mouvements involontaires peuvent être observés : mouvements choréiques des extrémités, mouvements balliques proximaux plus explosifs associés ou non aux postures dystoniques et myoclonies focales ou généralisées. Les stéréotypies gestuelles sont très fréquentes. Dysarthrie et troubles de la déglutition La dysarthrie est le premier symptôme de la maladie chez 40 % des patients ayant une forme neurologique de notre série. La dysarthrie est le plus souvent mixte, dystonique, ataxique, hypokinétique, reflétant la symptomatologie clinique observée par ailleurs [36] . La dysarthrie extrapyramidale associe une hypophonie, une difficulté à l’initiation et parfois une tachyphémie. La dysarthrie dystonique est souvent associée à une dystonie faciale, linguale, masticatrice et respiratoire, avec un chuchotement et un timbre étranglé. La dysarthrie ataxique avec une voix explosive et scandée est plus rare. Les troubles de la déglutition sont fréquents dans les formes neurologiques et se compliquent fréquemment de pneumopathies. Une gastrostomie peut être nécessaire. Les patients se plaignent souvent d’une hypersialorrhée ; son mécanisme n’est pas élucidé (augmentation de la sécrétion de salive ou troubles de la déglutition). Oculomotricité Il est rare que le patient se plaigne de troubles visuels, mais l’examen oculonystagmographique met en évidence très fréquemment des anomalies, en particulier de la poursuite verticale et des nystagmus optocinétiques verticaux [37] . Des crises oculogyres ont été exceptionnellement rapportées [38] . Crises d’épilepsie Elles ne sont pas rares et se rencontrent dans 5 à 10 % des cas, focales ou généralisées, mais aussi myocloniques, ou états de mal [39] . Elles répondent souvent mal au traitement anticonvulsivant. Exceptionnellement, elles révèlent la maladie [40] . Signes pyramidaux Ils sont rares : signe de Babinski, Hoffmann, hyperréflexie et clonus. Le déficit moteur est exceptionnel [41] . Atteinte périphérique Elle est exceptionnelle. De rares observations d’atrophie des muscles intrinsèques de la main ont été décrits, voire des anomalies électromyographiques ou histologiques [42] . Système nerveux autonome Une atteinte du système nerveux autonome est également rapportée associant hypotension orthostatique et réponses anormales à la manœuvre de Vasalva [43] . Des crises végétatives avec sueurs, associées ou non à une hyperthermie et à une polypnée, sont rapportées. Des troubles sphinctériens et des épisodes de gastroparésie sont également décrits [44] . Troubles neuropsychologiques et psychiques Très fréquemment, on observe un certain désintérêt de l’activité scolaire ou professionnelle, une hyperémotivité avec une grande labilité de l’humeur et des difficultés caractérielles. La frontière entre troubles cognitivocomportementaux et syndromes psychiatriques reste très imprécise. EMC - Neurologie Maladie de Wilson 17-060-A-10 Un syndrome cognitivocomportemental, lié à l’atteinte des noyaux gris centraux, est fréquent. Il associe troubles de l’attention et syndromes dysexécutifs : apathie, irritabilité, obsession, désinhibition, troubles mnésiques, attentionnels, de la planification mettant le patient en échec scolaire ou professionnel. Les manifestations d’allure psychiatrique, transitoires ou durables, sont fréquentes. Une étude récente rapporte des troubles psychiatriques chez 24 % des wilsoniens : affection bipolaire (18 %), dépression majeure (4 %) et dysthymie (2 %) [45] . Bouffées anxieuses, syndromes dépressifs, voire états mélancoliques avec tentatives de suicide, délires ou hallucinations peuvent être observés. Il est important d’évoquer la MW chez un adolescent présentant des troubles du caractère ou des modifications de l’humeur (tendance anxiodépressive ou hypomaniaque) et de ne pas les considérer comme banals. Le repli sur soi allant jusqu’à l’apragmatisme peut faire évoquer un début de schizophrénie chez un jeune homme au sourire immotivé. Cartwright a proposé d’évoquer la MW devant tout symptôme psychiatrique survenant avant 35 ans afin d’éviter par exemple d’administrer des neuroleptiques accentuant un syndrome extrapyramidal [46] . Au plan neuropsychologique, les tests révèlent des anomalies portant sur l’attention, la mémoire explicite, les troubles de l’organisation visuospatiale et la planification [47, 48] . Ces anomalies concernent les patients présentant des troubles neurologiques. Les aptitudes de raisonnement sont préservées chez la grande majorité des patients wilsoniens [49] . L’aspect physique des patients ayant une forme évoluée de MW, associant akinésie, stéréotypie et rire sardonique, peut faire croire à tort à une détérioration cognitive prononcée, ce d’autant plus que ces patients ont le plus souvent une dysarthrie majeure rendant la communication difficile. Retentissement sur les actes de la vie quotidienne L’importance des dystonies, du tremblement et du syndrome extrapyramidal peut engendrer une dépendance pour les actes de la vie quotidienne, aggravée par le syndrome dyséxécutif. Dans notre série, 13 % des patients sont dépendants. Manifestations ophtalmologiques L’anneau de Kayser-Fleischer est objectivé par un examen à la lampe à fente. Les dépôts marron, gris ou dorés localisés à la périphérie de la cornée, initialement aux pôles supérieurs et inférieurs, reflètent la surcharge en cuivre de la membrane de Descemet. Même si l’anneau n’est pas spécifique de cette maladie, puisqu’il peut être exceptionnellement observé au cours d’hépatopathies cholestatiques non wilsoniennes, il est un élément fondamental du diagnostic [50] . Il est presque toujours présent dans les formes neurologiques, mais l’expérience de l’ophtalmologiste est indispensable pour diagnostiquer des anneaux de petite taille. Il est décrit dans 42 à 62 % des formes hépatiques [25] . Chez l’enfant, dont l’atteinte du système nerveux est plus rare, l’anneau de Kayser-Fleischer est en général absent lorsque l’atteinte hépatique est modérée ; en revanche dans les formes graves avec cirrhose du foie et/ou insuffisance hépatique, il est le plus souvent présent. Une cataracte en tournesol due à la surcharge cuprique cristallienne, sans retentissement visuel, est plus rare [51] . et sont souvent les premières manifestations de la maladie. En cas de grossesse, l’avortement spontané avant traitement de la maladie est fréquent. Aussi, la survenue d’avortements spontanés doit faire évoquer la MW [52] . Une hyperparathyroïdie et une insuffisance parathyroïdienne ont également été décrits. Manifestations rénales Les anomalies des fonctions rénales sont quasi constantes : diminution de la filtration glomérulaire, défaut de réabsorption tubulaire. Une acidose rénale tubulaire distale est fréquente, un syndrome de Fanconi sur atteinte tubulaire proximale est plus rare. Une hypercalciurie et une néphrocalcinose peuvent se rencontrer. Les lithiases urinaires sont fréquentes et peuvent être inaugurales [53] . Manifestations hématologiques La MW peut se révéler par une anémie hémolytique, Coombs négative. Il peut s’agir d’épisodes répétitifs d’ictère liés à l’anémie hémolytique en dehors d’une atteinte hépatique sévère. L’anémie peut également être aiguë et importante, associée à une insuffisance hépatique sévère. Dans les cas de cirrhoses avec hypersplénisme, une thrombopénie associée à une leucopénie est fréquente [5] . Manifestations ostéoarticulaires Les modifications osseuses peuvent consister en une ostéomalacie avec fissures de Looser-Milkman. L’ostéoporose, généralisée ou non, est classiquement fréquente dans la MW. Une étude récente montre que l’ostéoporose avec fractures pathologiques est surtout présente dans les formes neurologiques sévères et chez les femmes présentant une aménorrhée [54] . Les manifestations articulaires sont le plus souvent asymptomatiques au début de la maladie. Les anomalies radiologiques les plus fréquentes sont une condensation floue et irrégulière de la plaque osseuse sous-chondrale, des calcifications para-articulaires aux points d’insertion capsuloligamentaires, des encoches et des érosions des épiphyses. Toutes les articulations peuvent être touchées. Le rachis peut présenter des plateaux irréguliers, condensés et flous, parfois une ostéochondrite vertébrale. Une chondrocalcinose des genoux, une chondromalacie rotulienne sont également mentionnées [46] . Manifestations dermatologiques Une hyperpigmentation cutanée, brunâtre, partielle ou diffuse mais respectant les muqueuses, siégeant souvent sur le dos du pied et les crêtes tibiales, est classique mais rare. La coloration bleutée des lunules des ongles est rarissime. Diagnostic de la maladie de Wilson Manifestations cardiaques Le diagnostic de MW n’est pas porté sur un seul test mais sur un faisceau d’arguments : cliniques, biologiques, radiologiques voire histologiques. Les anomalies cardiaques sont le plus souvent électrocardiographiques, présentes chez près d’un tiers des patients, probablement liées à une cardiomyopathie sous-jacente. Les troubles du rythme sont rares, mais peuvent être sévères allant jusqu’à la fibrillation ventriculaire. Enquête anamnestique personnelle et familiale Elle doit être systématiquement et rigoureusement menée. Manifestations endocriniennes Sur le plan endocrinien, ont été décrits des troubles de la glycorégulation, le diabète vrai étant exceptionnel. Chez la femme, les dysménorrhées et aménorrhées sont particulièrement fréquentes EMC - Neurologie Bilan cuprique Il doit comprendre le dosage de la céruloplasmine sérique, du cuivre sérique et du cuivre des urines des 24 heures (Tableau 2) [55] . 5 17-060-A-10 Maladie de Wilson Tableau 2. Bilan cuprique : valeurs chez le sujet sain et en cas de maladie de Wilson. Céruloplasminémie Cuprémie Sujet sain Maladie de Wilson 0,2 à 0,4 g/l < 0,10 g/l 13 à 22 mol/l Céruloplasminémie et cuprémie diminuées Cuprurie des 24 heures 0,15 g/l voire normal dans 10 % des cas Héréditaire Maladie de Wilson Élevée ou normale < 10 mol/l Portage hétérozygote du gène de Wilson Normale ou élevée Normale voire élevée en cas d’hépatite aiguë et d’hémolyse Maladie de Menkès Basse ou normale Rapport cuivre échangeable/cuivre total < 18,5 % > 18,5 % Cuprurie < 0,8 mol/24 h > 1,6 mol/24 h Cuivre hépatique Tableau 3. Étiologies des hypocéruloplasminémies et des hypercéruloplasminémies. Syndrome des cornes occipitales Normale ou basse Acéruloplasminémie Basse ou normale Portage hétérozygote du gène de l’acéruloplasminémie Normale ou basse Acquise < 0,9 mol/g tissu sec Période néonatale et premières années de la vie Normale ou basse Normal dans certaines formes hépatiques Insuffisance hépatique Normale ou basse 4 mol/g tissu sec Syndrome néphrotique Élevée ou normale Un taux normal n’exclut pas le diagnostic Carence en cuivre : malabsorption, intoxication au zinc Normale ou basse Céruloplasminémie et cuprémie élevées Céruloplasmine Probablement héréditaire La céruloplasmine est synthétisée dans les microsomes hépatiques, sous forme d’une apoprotéine. Chargée de six atomes de cuivre, elle est excrétée dans la circulation sous forme d’holoprotéine. Chez le sujet normal, 90 % de la céruloplasmine plasmatique circule sous forme d’holoprotéine et contient donc du cuivre. Le dosage de la céruloplasmine sérique est le plus souvent réalisé par méthode immunologique qui mesure simultanément l’apo- et l’holocéruloplasmine. La méthode enzymatique déterminant l’activité oxydative cuivre-dépendante de la céruloplasmine n’est pas réalisée en routine. Au cours de la MW, le déficit fonctionnel de l’ATP7B ne permet plus au cuivre d’être incorporé dans l’apocéruloplasmine, ce qui entraîne une diminution de la concentration de l’holocéruloplasmine sérique et la libération de cuivre sous forme libre dans la circulation. Le taux de céruloplasmine est donc diminué et même effondré chez les patients atteints de MW (inférieur à 0,1 g/l pour une normale entre 0,2 et 0,4 g/l). Cependant, environ 10 % des patients atteints de MW ont un taux de céruloplasmine sérique normal [56] . Une céruloplasminémie normale n’élimine donc pas le diagnostic, en particulier au cours des hépatopathies sévères où la céruloplasminémie peut être normale presque une fois sur deux [57] . D’autre part, le taux de céruloplasmine peut être diminué dans d’autres circonstances : chez 20 % des sujets hétérozygotes simples pour le gène Wilson, dans la maladie de Menkès, dans l’acéruloplasminémie, dans les carences en cuivre ou dans des affections hépatiques très sévères non wilsoniennes (Tableau 3). De plus, il existe des variations physiologiques ou liées à des traitements ou des états pathologiques du taux de céruloplasmine sérique : augmentation chez la femme en cas de grossesse ou de traitement estrogénique, en cas d’inflammation, valeur basse chez le nouveau-né et le jeune enfant sain de moins d’un an en raison de l’immaturité du métabolisme cuprique [58] . Toxicose cuprique idiopathique, cirrhose indienne de l’enfant, cirrhose tyrolienne infantile endémique Cuprémie Le cuivre sérique est fixé à 92 % à la céruloplasmine. La cuprémie totale inclut la mesure du cuivre sérique non lié ou libre et du cuivre lié à la céruloplasmine (90 % environ). La cuprémie totale est en général basse, mais non effondrée du fait de l’augmentation de la fraction non céruloplasminique du cuivre plasmatique ou cuivre libre (cuprémie inférieure à 10 mol/l pour une normale entre 13 et 22 mol/l). Le taux de cuivre libre peut être obtenu par le calcul de la différence entre le cuivre total et le cuivre fixé à la céruloplasmine. Toutefois, aux faibles concentrations dosées, ce calcul rend souvent un chiffre négatif (théoriquement impossible), en raison du manque d’exactitude des méthodes utilisées. Ce calcul, qui reste approximatif, est surtout utilisé pour le suivi de la maladie sous traitement [25] . La 6 Élevée Acquise Toxicose cuprique acquise ou chronique Élevée ou normale Grossesse Normale Estrogénothérapie Normale Hépatopathies Normale ou élevée Syndrome inflammatoire Normale Céruloplasminémie et cuprémie normales N’élimine pas la maladie de Wilson si symptomatologie clinique évocatrice Élevée ou normale mesure du cuivre plasmatique ultrafiltrable et échangeable est certainement la meilleure méthode d’analyse [59] . Le rapport cuivre échangeable/cuivre sérique total se révèle être un excellent marqueur diagnostic, les patients atteints de MW ayant un taux supérieur à 18,5 % [60] . Une cuprémie élevée n’élimine toutefois pas le diagnostic ; un taux élevé de cuivre sérique est habituel dans les MW avec hépatite aiguë ou hémolyse intravasculaire témoignant d’une libération importante de cuivre par le foie ou les globules rouges. Cuprurie Au cours de la MW, le déficit fonctionnel de l’ATP7B ne permet plus l’élimination normale du cuivre dans la bile et dans les selles. Le cuivre est donc éliminé principalement par voie urinaire. La majorité des patients wilsoniens ont une cuprurie supérieure à 100 μg par 24 heures ou 1,6 mol par 24 heures. Mais des études récentes montrent que la cuprurie avant traitement peut être inférieure à 100 g chez 16 à 23 % des wilsoniens. La limite de 40 g (0,63 mol) par 24 heures pour la cuprurie pourrait donc être un meilleur seuil [28] . Le test de provocation à la D-pénicillamine peut également être proposé [61] . L’excrétion urinaire du cuivre peut être augmentée chez les hétérozygotes simples pour le gène Wilson qui ne développeront pas la maladie. Principales pathologies à évoquer devant un bilan cuprique anormal L’interprétation du bilan cuprique peut être difficile. Les principales anomalies sont [62] : • une diminution de la céruloplasminémie et de la cuprémie et une augmentation du cuivre urinaire ; EMC - Neurologie Maladie de Wilson 17-060-A-10 • une augmentation de la céruloplasminémie, du cuivre sanguin et du cuivre urinaire ; • une diminution du cuivre sanguin et de la céruloplasminémie et une faible concentration du cuivre urinaire. Diminution de la céruloplasminémie et de la cuprémie et augmentation du cuivre urinaire Le diagnostic de MW est probable. Le bilan sera complété par la recherche d’un anneau de Kayser-Fleischer, un bilan hépatique, une imagerie pas résonance magnétique (IRM) cérébrale et une analyse génétique. Une diminution modérée de la céruloplasminémie et de la cuprémie est parfois observée chez les hétérozygotes simples qui ne développeront pas la MW et qui ne nécessitent pas de traitement. Un bilan complet (clinique et biologique) est nécessaire pour éliminer formellement une MW. Augmentation de la céruloplasminémie, du cuivre sanguin et du cuivre urinaire Ce pattern doit faire évoquer : • une intoxication aiguë au cuivre peut survenir accidentellement ou intentionnellement (suicide), en sachant que les doses létales sont 1000 fois supérieures à la prise quotidienne de cuivre [63] ; • une intoxication chronique par le cuivre contenu dans la vaisselle, les moyens de conditionnement des aliments et les canalisations est rare, montrant l’efficacité du contrôle homéostatique du cuivre. Il existe dans la littérature de rares cas de toxicoses chroniques appelées toxicoses cupriques idiopathiques, cirrhoses indiennes de l’enfant ou encore cirrhoses tyroliennes infantiles endémiques [64] . Ces toxicoses hépatiques cupriques sont probablement dues à une augmentation des apports en cuivre associée à une anomalie non encore caractérisée, autosomique récessive, du métabolisme cuprique [65] . Diminution du cuivre sanguin et de la céruloplasminémie et faible concentration du cuivre urinaire Il faut évoquer : • une carence en cuivre acquise. La diminution de la cuprémie et de la céruloplasminémie est le plus souvent modérée avec un cuivre urinaire faible. Le bilan doit être complété par : ◦ un interrogatoire recherchant un mode d’alimentation particulier, une prise médicamenteuse, une prise de zinc, un antécédent de chirurgie digestive. Une cause rare de déficit acquis en cuivre est l’intoxication par le zinc, par exemple par l’utilisation chronique de pâte adhésive dentaire riche en zinc [66, 67] , ◦ des examens biologiques : détermination de la zincémie, de la zincurie, recherche d’une malabsorption (électrophorèse des protéines, profil protéique, dosages sanguins des folates, des vitamines), numération formule sanguine à la recherche d’une pancytopénie quasi constante [68] , ◦ une IRM médullaire en cas de symptômes neurologiques (myéloneuropathie). Elle permet parfois de visualiser un hypersignal médullaire postérieur cervical ou dorsal en séquence T2 [69] ; • une acéruloplasminémie. C’est une maladie rare, autosomique récessive, causée par des mutations du gène de la céruloplasmine localisé sur le chromosome 3. La triade caractéristique de la maladie est l’association d’une rétinopathie dégénérative, d’un diabète et de symptômes neurologiques (le plus souvent syndrome parkinsonien, chorée, ataxie cérébelleuse et troubles cognitifs). La céruloplasminémie est effondrée, le plus souvent indétectable. Le cuivre sanguin peut être diminué, mais les symptômes observés sont en fait en rapport avec l’hémosidérose généralisée, y compris dans le cerveau (particulièrement dans les noyaux gris centraux, le thalamus, le cervelet) [70] . La ferritinémie est très élevée. Cette surcharge cérébrale en fer prédominant dans les noyaux gris centraux peut être visualisée à l’IRM cérébrale sous l’aspect d’un hyposignal sur les séquences en écho de gradient (T2*) ; • un portage hétérozygote d’une mutation du gène de la céruloplasmine [71] . Les principaux symptômes neurologiques sont EMC - Neurologie un syndrome parkinsonien et une ataxie cérébelleuse. Sont souvent associés un diabète et une rétinopathie. S’il existe des signes neurologiques, une IRM cérébrale avec séquence T2* doit être réalisée pour rechercher les dépôts de fer dans les noyaux gris centraux ; • une maladie de Menkès, causée par des mutations du gène ATP7A localisé sur le chromosome X (Xq13.1-q2). La forme classique de la maladie de Menkès concerne l’enfant [72] . Les symptômes de la maladie correspondent aux conséquences de la carence en cuivre par défaut d’absorption intestinale et se traduisent par une perte de fonction des nombreuses cuproenzymes. La maladie se manifeste souvent par un retard de croissance intra-utérin. L’aspect des cheveux chez l’enfant (garçon dans la majorité des cas) est assez évocateur : rares, raides, cassants et torsadés (pili torti). Il existe souvent une hyperlaxité ligamentaire, une hypopigmentation, une hypothermie et un retard de croissance. Les symptômes neurologiques associent crises d’épilepsie, hypotonie et retard mental. Du fait d’un développement anormal de la paroi des vaisseaux, des anévrismes artériels peuvent se former et se d’hémorragies, en particulier cérébrales. compliquer L’évolution est fatale dans les premières années de vie, le plus souvent avant 3 ans ; • un syndrome des cornes occipitales ou maladie d’EhlersDanlos de type IX [73] . C’est une forme particulière de la maladie de Menkès observée chez l’adulte. L’expression neurologique est moins sévère et parfois même absente. Les cornes observées correspondent à des calcifications des muscles sternocléido-mastoïdiens et trapèzes qui s’insèrent sur l’os occipital, visualisées sur des radiographies standard ; • une MW. Elle ne peut pas être éliminée formellement car, dans de rares formes hépatiques, le dosage du cuivre urinaire peut être normal. C’est dans ces cas qu’il peut être intéressant de réaliser un test de provocation à la D-pénicillamine et une biopsie hépatique. La biologie moléculaire peut apporter une certitude diagnostique si les mutations pathogènes sont mises en évidence. Biologie moléculaire La MW est causée par des mutations du gène ATP7B localisé sur le chromosome 13 (q14.3.-q21.1). Le gène Wilson contient 21 exons étendus sur 300 kb d’acide désoxyribonucléique (ADN) génomique [8] et code une protéine de 159 kD, comprenant 1465 aminoacides. La recherche directe des mutations est rendue difficile par leur nombre et par leur diversité. Si les mutations non-sens sont les plus fréquentes, les délétions, insertions, les mutations d’épissage ont aussi été rapportées. Les grands réarrangements sont rares. Plus de 500 mutations et 100 polymorphismes ont été documentés chez les patients atteints de MW. De plus, la plupart des patients sont des hétérozygotes composites, et il n’a pas été identifié de relations entre le type de manifestation clinique et le type de mutation, même si certaines mutations, dont la mutation H1069Q, paraissent plus fréquentes dans les formes bénignes à révélation tardive de la maladie [74] . La recherche de mutations par séquençage de l’intégralité de la séquence codante et des jonctions intron-exon du gène permet de confirmer le diagnostic de MW dans plus de 90 % des cas. De nouveaux variants sont souvent mis en évidence, dont la pathogénicité doit être démontrée ce qui nécessite la réalisation d’études fonctionnelles sur différents modèles levure/cellule mammifère fonctionnels (effet des mutations sur divers modèles cellulaires type levures, cellules CHO ou HepG2, etc.). Ces études sont pour l’instant inaccessibles au laboratoire de routine [75] . En France, trois laboratoires de génétique sont spécialisés dans l’étude du gène Wilson. Imagerie par résonance magnétique cérébrale L’IRM est, dans notre expérience, toujours anormale chez les patients ayant des symptômes neurologiques. Elle montre, très fréquemment une atrophie cérébrale diffuse d’importance variable 7 17-060-A-10 Maladie de Wilson A B Figure 2. Imagerie par résonance magnétique cérébrale en séquences fluid attenuated inversion recovery (FLAIR). A. Hypersignaux des noyaux lenticulaires. B. Hypersignaux des noyaux lenticulaires et de la substance blanche. C. Aspect en « tête de panda ». C et des hypersignaux en flair, T2 et en diffusion des noyaux lenticulaires, du mésencéphale et des noyaux dentelés du cervelet (Fig. 2) [76] . Ces anomalies sont également présentes chez presque 20 % des patients présymptomatiques. L’aspect caractéristique en « face de panda géant » a été décrit sur les images IRM flair et 8 T2 du mésencéphale [77] . Les lésions peuvent atteindre la substance blanche essentiellement frontale de manière asymétrique. Lorsque ces lésions sont étendues, elles sont associées à un pronostic neurologique sévère [78] . Les anomalies de la partie postérieure du corps calleux sont fréquentes, observées chez 23 % des patients [79] . Les lésions corticales sont rares. Chez les patients ne EMC - Neurologie Maladie de Wilson 17-060-A-10 présentant que des symptômes neurologiques, une diminution du coefficient de diffusion peut être mise en évidence dans le putamen avant la survenue de symptômes neurologiques [80] . Des hypersignaux en T1 des ganglions de la base, surtout des pallidums, ont été également décrits, et seraient liés à la présence d’un shunt portosystémique [81, 82] . Au total Diagnostic des formes neurologiques de maladie de Wilson Il repose sur la symptomatologie clinique, sur la présence d’un anneau de Kayser-Fleischer, sur les anomalies biologiques (bilan cuprique et biologie moléculaire) et sur l’IRM. Diagnostic des formes hépatiques de maladie de Wilson Les difficultés diagnostiques sont souvent plus importantes dans les formes hépatiques sans manifestation neurologique où manque l’anneau de Kayser-Fleischer, voire la diminution de la céruloplasminémie. Le dosage pondéral du cuivre intrahépatique peut alors être nécessaire pour confirmer le diagnostic. Chez les patients non traités, le seuil de positivité est au-delà de 4 mol ou 250 g par gramme de tissu sec. Mais, là aussi, du fait de l’hétérogénéité de la distribution du cuivre dans le foie, un taux normal n’exclut pas le diagnostic [28] . De plus, un taux élevé de cuivre hépatique ne permet pas à lui seul d’affirmer le diagnostic, puisqu’il est observé également dans des affections hépatiques, telle la cholestase chronique, qui modifie l’excrétion biliaire du cuivre. Aussi, le résultat du dosage du cuivre intrahépatique doit être interprété en fonction du contexte et des données de l’histologie hépatique. Histoire naturelle de la maladie de Wilson La maladie de Wilson est liée à une intoxication cuprique continue, présente dès la naissance. L’histoire naturelle de la maladie peut être subdivisée en deux grands stades, fonctions de l’apparition des lésions tissulaires et expliquant le polymorphisme de la maladie. Le stade 1 correspond à l’accumulation progressive du cuivre dans le foie. La maladie peut rester longtemps asymptomatique probablement en raison du caractère progressif de la toxicose. Certains patients présentent des symptômes non spécifiques (nausées, douleurs abdominales, asthénie) faisant découvrir l’hépatopathie. D’autres présentent des manifestations cliniques aiguës parfois létales (insuffisance hépatocellulaire, anémie hémolytique), qui sont probablement favorisées par des facteurs environnementaux encore mal connus. Parallèlement, le cuivre libéré du foie s’accumule dans d’autres tissus. En l’absence de traitement, les signes cliniques extrahépatiques apparaissent, réalisant le stade 2 de la maladie. Cette histoire naturelle explique que des patients puissent entrer dans la maladie ou présenter essentiellement des signes hépatiques ou neuropsychiatriques. Dans ce dernier cas, l’hépatopathie est constante, mais peut être restée asymptomatique. Les signes hépatiques sont plus fréquemment les signes révélateurs chez l’enfant ou l’adulte jeune. Les manifestations neuropsychiatriques représentent le second mode de révélation de la maladie. Les formes dystoniques et choréiques sont plus fréquentes chez les adolescents et les adultes jeunes. L’évolution spontanée est très grave, mortelle en quelques années, voire quelques mois, dans un état tétaniforme et hyperthermique ou par infections intercurrentes. Les formes tremblantes (classique pseudosclérose) et extrapyramidales sont plus tardives, intéressant les adultes plus âgés. L’évolution est plus lentement progressive. EMC - Neurologie Traitement Régime Avant l’apparition des traitements chélateurs, la MW était toujours fatale. Un régime pauvre en cuivre est recommandé en début de traitement ; le chocolat, les abats, les fruits secs et les crustacés doivent être évités et la prise d’alcool est déconseillée du fait de son hépatotoxicité. “ Point important Principaux aliments riches en cuivre Au moins en début de traitement, il est recommandé d’éviter les aliments riches en cuivre : • le chocolat noir ; • les fruits secs (noix, noisettes, amandes) ; • les abats (en particulier le foie) ; • les coquillages et crustacés. Traitement médical Le traitement médical est d’autant plus efficace qu’il est administré à un stade précoce de la maladie et poursuivi toute la vie. Le traitement chez l’enfant est le même, avec une posologie adaptée au poids. Quel que soit le traitement, l’amélioration sous traitement n’est pas immédiate et peut n’apparaître qu’après 3 à 6 mois. Le premier traitement utilisé dans la MW fut le 2-3 dimercaptopropanol (british anti-lewisite [BAL]), produit mis au point comme antagoniste de gaz de combat durant la guerre de 1914–1918. Il fut proposé par Cumings en 1951. Modérément efficace, ce traitement n’est plus utilisé. Le traitement actuel repose sur les chélateurs du cuivre (D-pénicillamine et la triéthylénetétramine [TETA]) et le zinc. Substances Chélateurs du cuivre La D-pénicillamine (Trolovol® ), mise au point par Walshe en 1956, reste le traitement de référence dans la MW. Grâce à ses fonctions thiols, la D-pénicillamine se combine au cuivre ionique pour former un complexe non toxique éliminé par voie rénale. Elle induit également la synthèse de métallothionéines, protéines fixant le cuivre. L’autre chélateur est la TETA (Trientine® ), introduit en 1982 également par Walshe. Ayant une faible absorption digestive, le TETA chélate le cuivre dans l’intestin. La partie absorbée est excrétée dans l’urine, liée aux métaux qu’il chélate : cuivre, zinc et fer. Sels de zinc Une approche thérapeutique différente a été proposée par Hovengaard en 1978. Le zinc bloque l’absorption intestinale du cuivre en induisant la synthèse d’une métallothionéine intestinale, protéine qui a plus d’affinité pour le cuivre que pour le zinc. Il augmente de ce fait, l’excrétion fécale du cuivre. Dans le foie, il induit également la synthèse de métallothionéines fixant le cuivre et empêchant son passage dans le sang. Tétratiomolybdate Ce traitement agit en formant dans l’intestin un complexe tripartite avec le cuivre et des protéines, réduisant l’absorption du cuivre. Dans le sang, il forme un complexe avec le cuivre et l’albumine. Le cuivre libre perd ainsi sa toxicité. Ce traitement reste expérimental et n’est pas actuellement commercialisé en France. 9 17-060-A-10 Maladie de Wilson Effets secondaires des sels de zinc Ce traitement induit des troubles gastro-intestinaux avec nausées, essentiellement en début de traitement. Une élévation de l’amylasémie et de la lipasémie, sans signe clinique ou radiologique de pancréatite a été rapportée. Posologie (Tableau 4) D-pénicillamine et triéthylènetétramine La dose usuelle de D-pénicillamine ou de triéthylènetétramine est de 750 à 1500 mg/j. Il est conseillé de commencer par une dose faible (150 mg/j) et d’augmenter lentement sur quelques semaines pour réduire le risque d’aggravation initiale. Le TETA doit être conservé à +4 ◦ C, ce qui complique son utilisation. Sels de zinc L’acétate de zinc (Wilzin® ) dispose d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). Chez l’adulte, la posologie de Wilzin® est de 150 mg/j. Il est conseillé de débuter par des doses faibles (25 à 50 mg/j) et d’augmenter sur quelques semaines. Figure 3. Élastomes perforants serpigineux des creux poplités chez une femme atteinte de maladie de Wilson et traitée par D-pénicillamine. Chez l’enfant Le traitement est le même, la posologie adaptée au poids. Effets secondaires des traitements Monitoring biologique des traitements Aggravation initiale Il existe, à l’instauration du traitement, un risque d’aggravation de la maladie hépatique et/ou neurologique. Celle-ci s’observe avec les trois traitements, plus fréquemment sous D-pénicillamine (13,8 %) que sous TETA (8 %) ou sels de zinc (4,3 %) [83] . Habituellement transitoire, cette aggravation peut être, chez certains patients, difficilement réversible. Son mécanisme n’est pas parfaitement élucidé : il s’agirait d’une mobilisation trop rapide et trop importante du cuivre hépatique vers le plasma avec une redistribution préférentielle du cuivre vers le système nerveux. Cette aggravation peut également survenir dans des formes suraiguës pour lesquelles l’action des traitements médicamenteux est trop lente. Une instauration progressive du traitement permettrait de prévenir ce risque d’aggravation. D’après Brewer, le risque d’aggravation neurologique initiale pourrait être moindre avec le tétratiomolybdate. Sur 55 patients traités initialement avec le tétrathiomolybdate, une aggravation des symptômes neurologiques fut observée chez seulement deux d’entre eux (4 %) [84] . L’efficacité de ces traitements est monitorée par le dosage urinaire du cuivre des 24 heures : il est élevé sous traitements chélateurs par D-pénicillamine et Trientine® , et bas, inférieur à 2 mol par jour sous sels de zinc (Tableau 4). Les trois traitements entraînent une diminution du cuivre libre sérique, qui peut être suivie par la mesure du cuivre échangeable [59] . Effets secondaires de la D-pénicillamine Les autres effets secondaires précoces de la D-pénicillamine sont des troubles digestifs : anorexie, nausées, diminution du goût. Les réactions allergiques, rash cutané, fièvre, sont habituellement transitoires et réversibles sous antihistaminique. La survenue d’une diminution du nombre de globules blancs ou de plaquettes nécessite le plus souvent l’arrêt du traitement. Les complications à moyen terme sont dominées par les glomérulopathies extramembraneuses avec dépôts d’immuns complexes ; elles se manifestent par un syndrome néphrotique ou plus simplement par une protéinurie isolée et sont constamment réversibles à l’arrêt du traitement. Les affections autoimmunes induites sont rares : lupus érythémateux disséminés, dermatopolymyosites, myasthénies, purpuras thrombopéniques, syndromes de Gougerot-Sjögren. L’élastotoxicité de la D-pénicillamine, résultant d’une action métabolique directe sur la polymérisation des fibres élastiques et du collagène, survient au bout de plusieurs années de traitement. Longtemps asymptomatique, elle entraîne des lésions cutanées bénignes (peau sèche et plissée, elastosis perforans serpiginosa, cutis elastica) et des lésions muqueuses (ulcérations buccales douloureuses) (Fig. 3) [85, 86] . L’atteinte d’autres organes (poumons, intestin grêle) est exceptionnelle [87] . L’ensemble de ces effets secondaires concerne dans notre série environ 30 % des patients. La plupart d’entre eux sont réversibles à l’arrêt du traitement. Effets secondaires de la triéthylènetétramine Les effets secondaires sont rares. Une anémie sidéroblastique réversible peut survenir, du fait de son action chélatrice du fer et des réactions lupus-like ont été rapportées [88] . Sa toxicité à long terme reste moins bien connue. 10 Évolution sous traitement L’amélioration clinique est en général lente, débutant après 3 à 6 mois ou plus de traitement. Des régressions parfois spectaculaires d’une symptomatologie prononcée peuvent être observées comme des évolutions rapidement fatales, nullement influencées par les traitements. Le tremblement, l’hypertonie des membres, l’akinésie, les épisodes psychotiques répondent souvent mieux au traitement que les dystonies axiales, la dysarthrie et les troubles du comportement [46] . La guérison neurologique peut être totale, mais, souvent, les patients conservent une monotonie de la voix, un sourire dystonique et une hyperémotivité. Les anomalies de signal en IRM diminuent sous traitement [89] . L’anneau de Kayser-Fleischer s’efface tout d’abord au niveau de ses bords latéraux, pour disparaître le plus souvent complètement. Les patients présentant une cirrhose peuvent développer une hypertension portale avec un hypersplénisme se manifestant par une leucopénie et/ou une thrombopénie et des varices œsophagiennes comportant un risque de saignement. Quels traitements initial et d’entretien ? Traitement médical initial La meilleure approche thérapeutique reste discutée, car aucune étude prospective n’a comparé ces traitements entre eux. Une revue systématique récente ne montre pas de différence entre D-pénicillamine et zinc comme traitement initial de la MW. Les deux traitements contrôlent la maladie chez la majorité des patients, avec de meilleurs résultats dans les formes présymptomatiques [90] . La décision est prise au cas par cas et la Haute Autorité de santé (HAS) recommande de prendre l’avis du Centre national de référence pour la maladie de Wilson avant d’instaurer le traitement [91] . Traitement d’entretien Le traitement doit être poursuivi à vie à une dose à adapter individuellement en fonction des données cliniques et biologiques. Lorsque la maladie est stabilisée après plusieurs années de traitement, un traitement initial par chélateur peut être remplacé par des sels de zinc du fait de leur meilleure tolérance. EMC - Neurologie Maladie de Wilson 17-060-A-10 Tableau 4. Traitements de la maladie de Wilson. Traitement Dispensation Posologie Cuprurie/24 h Adulte : 750 à 1 500 mg/j Chélateurs du cuivre D-pénicilamine (Trolovol® ) Triéthylènetriamine (Trientine® , Syprine® ) Pharmacie Enfant : 750 à 900 mg/j ATU Adulte : 750 à 1 500 mg/j Pharmacie hospitalière Enfant : 750 à 900 mg/j Pharmacie hospitalière Enfant : 75 mg/j Sels de zinc Acétate de zinc (Wilzin® ) Adulte : 150 mg/j ATU : autorisation temporaire d’utilisation. Pendant la grossesse, il est indispensable de poursuivre le traitement, tout arrêt pouvant conduire à une aggravation rapide et à une réapparition des symptômes. Les traitements par Trolovol® , Trientine® ou zinc sont donc poursuivis à des doses éventuellement réduites. Il n’y a pas de données dans la littérature sur les risques de l’allaitement sous traitement. Observance du traitement Le principal risque des formes traitées est la non-compliance au traitement. En effet, l’arrêt du traitement entraîne dans des délais très variables, mais de manière constante, une réapparition ou une réaggravation des signes. Ces rechutes (hépatiques et/ou neurologiques) souvent brutales peuvent être gravissimes, ce d’autant plus que la réponse au traitement est alors souvent médiocre. Elles peuvent également survenir chez des patients ayant été traités pour une forme asymptomatique. Transplantation hépatique Le plus difficile est la prise en charge des patients s’aggravant sous traitement médical. La transplantation hépatique est le traitement des formes hépatiques fulminantes ou des cirrhoses décompensées. Une épuration extrahépatique de type MARS® doit être envisagée dans l’attente du greffon [92] . L’étude réalisée par l’équipe lyonnaise du centre maladie rare Wilson sur 13 patients transplantés pour une forme hépatique de la maladie et suivis en moyenne dix ans montre un taux de survie de 100 %, sans récidive de la maladie ni apparition de complications neurologiques [93, 94] . Dans le cas d’aggravations neurologiques sous traitement correctement pris, la décision entre augmentation des doses, changement de traitement ou association de deux traitements est difficile. L’indication de transplantation hépatique reste controversée dans ces formes neurologiques sévères, échappant à tous les traitements médicaux, en l’absence d’insuffisance hépatique. Dans l’étude de Médici et al., 70 % des patients se sont améliorés sur le plan neuropsychologique après la transplantation [95] . L’expérience du Centre national maladie rare Wilson concerne six patients dont les symptômes neurologiques s’aggravaient sous traitement médical bien conduit : trois se sont très nettement améliorés après la greffe et sont à nouveau autonomes, trois sont décédés. La décision de greffe hépatique pour des symptômes neurologiques doit donc être discutée au cas par cas par les experts des centres de référence. Traitements non spécifiques Des traitements non spécifiques de la maladie sont associés en cas d’hypertension portale, de décompensation œdématoascitique, de tremblement ou de dystonie invalidants [91] . Ceux des formes hépatiques s’adressent également aux patients ayant des symptômes neurologiques, puisque ceux-ci ont toujours une atteinte hépatique. Ils associent : • le traitement des varices œsophagiennes et/ou gastriques compliquant une hypertension portale : bêtabloquants (propranolol), traitement endoscopique avec ligature ou sclérose de varices ; EMC - Neurologie • le régime hyposodé et les diurétiques en cas d’œdème ou d’ascite ; • la vaccination prophylactique contre les virus de l’hépatite A et B et des mesures préventives contre l’infection par le virus de l’hépatite C. Le traitement non spécifique des formes neurologiques est celui : • de la dystonie : anticholinergiques, benzodiazépines, injections de toxine botulique, associés à une prise en charge kinésithérapique ; • du tremblement : bêtabloquant ; • de la spasticité : baclofène ; • d’un syndrome dépressif : inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, antidépresseurs tricycliques ; • des troubles psychotiques : neuroleptiques atypiques de préférence (risque de majoration des signes parkinsoniens), en particulier la clozapine sous surveillance hématologique ; • de l’épilepsie symptomatique. S’associent aux traitements médicamenteux : • la rééducation motrice faisant appel aux techniques de rééducation de la maladie de Parkinson et des dystonies ; • l’orthophonie, pour rééduquer la dysarthrie, les troubles de la déglutition, les troubles attentionnels ; • l’ergothérapie pour aménager la vie quotidienne (domicile, lieu de travail, véhicule). Des interventions orthopédiques peuvent être envisagées en cas de déformations et de rétractions liées aux postures dystoniques. Des dispositifs médicaux et des éléments de compensation de déficiences sont proposés en fonction du degré de handicap. Des aménagements de la scolarité des patients sont parfois nécessaires [91] . Suivi des patients atteints de maladie de Wilson Il doit être régulier et multidisciplinaire et associer généraliste, pédiatre, hépatologue, neurologue, ophtalmologiste et parfois psychiatre, rhumatologue, etc. Ce suivi est indispensable pour s’assurer de l’observance, de l’efficacité et de la tolérance du traitement. En début de traitement, une surveillance clinique et biologique rapprochée est nécessaire du fait des risques d’aggravation de la maladie et des effets secondaires précoces des traitements (Tableau 5). L’amélioration clinique est en général lente et l’évaluation neurologique est réalisée avec l’échelle Unified Wilson’s Disease Rating Scale (UWDRS) [96] . Une aggravation clinique et biologique doit faire évoquer une mauvaise observance au traitement. À plus long terme, les patients semblent prédisposés à développer des tumeurs malignes intra-abdominales, en particulier des hépatomes ou des cholangiocarcinomes. Sur une série de wilsoniens suivis sur de nombreuses années, aucun cancer abdominal n’a été diagnostiqué au cours des dix premières années de suivi. Pour ceux ayant un suivi de 10 à 19 ans, la fréquence de ces néoplasies était de 4,2 %, de 20 à 29 ans de 5,3 % et de 30 à 39 ans de 15 %, d’où l’importance du suivi pluridisciplinaire de ces 11 17-060-A-10 Maladie de Wilson Tableau 5. Suivi biologique des patients atteints de maladie de Wilson. Examens communs à tous les patients sous D-pénicillamine, triéthylénetétramine ou sels de zinc Examens supplémentaires pour les patients sous D-pénicillamine Examens supplémentaires pour les patients sous zinc NFS Ionogramme sanguin Urée Clearance de la créatinine ASAT, ALAT, ␥-GT, Phosphatases alcalines Taux de prothrombine, facteur V Alphafœtoprotéine Cuivre urinaire Protéinurie des 24 heures Anticorps antinucléaires Amylasémie Lipasémie Zincémie Zincurie des 24 heures NFS : numération formule sanguine ; ASAT : aspartate aminotransférase ; ALAT : alanine aminotransférase ; ␥-GT : gamma glutamyl transférases. Conclusion Le pronostic de la MW apparaît d’autant meilleur que les atteintes neurologique et hépatique sont peu prononcées, l’idéal étant d’affirmer le diagnostic à son stade présymptomatique. La précocité du diagnostic représente donc un élément capital du pronostic de la maladie de Wilson. Si de nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années, permettant de mieux comprendre la physiopathologie de la maladie, de multiples interrogations persistent : quels sont les patients chez lesquels on doit craindre une aggravation de la maladie en début de traitement ? Quel est le meilleur traitement en fonction de la forme de la maladie et de son évolution ? Jusqu’où dépléter ? Références [1] [2] [3] patients [30] . Les complications tardives du traitement par la Dpénicilllamine sont à rechercher, en particulier les élastopathies cutanées. Des infirmiers formés à la pathologie assurent l’éducation du patient et de sa famille ; en cas d’atteinte neurologique, un projet de rééducation et de réinsertion est mis en place avec la famille par les médecins, les kinésithérapeutes, les orthophonistes et les assistantes sociales [97] . Le suivi psychologique de ces patients, souvent dépressifs et ayant fréquemment des difficultés dans la compliance au traitement, est particulièrement important [98] . [4] [5] [6] [7] [8] Diagnostic familial L’enquête familiale est indispensable dans cette maladie autosomique récessive. Il est indispensable de diagnostiquer la maladie dans la fratrie (risque : 25 %) et chez les enfants du patient (risque 0,5 % en l’absence de consanguinité), pour débuter précocement le traitement. Ce dépistage associe examens cliniques et biologiques. Le bilan cuprique peut être d’interprétation difficile, ne permettant pas toujours de différencier les sujets malades des sujets hétérozygotes. La biologie moléculaire permet rapidement de déterminer le statut de la fratrie. Si les mutations sont connues chez le probant, celles-ci seront recherchées dans la fratrie. Sans indication sur la mutation causale, l’étude des haplotypes permet de faire très rapidement le diagnostic [55] . [9] [10] [11] [12] [13] [14] Maladie de Wilson en France Le Centre national de référence (CNR) a été créé en 2005 et associe : • deux centres de référence : l’un à l’AP–HP (comprenant les services de neurologie de l’hôpital Lariboisière, d’hépatologie pédiatrique de l’hôpital Bicêtre et d’hépatologie adulte de l’hôpital Paul-Brousse), l’autre aux hospices civils de Lyon ; • six centres de compétences dans les hôpitaux de Lille, Besançon, Marseille/Aix, Toulouse, Bordeaux et Rennes. Les missions du CNR pour la MW sont d’améliorer la qualité de la prise en charge des patients, d’optimiser la recherche et d’assurer la surveillance épidémiologique de cette maladie rare. Aussi, un registre recensant tous les cas de MW suivis en France a été mis en place [99] . La constitution de cette base de données est essentielle pour mieux connaître la maladie et son évolution. La participation de l’ensemble des professionnels est indispensable pour obtenir la meilleure exhaustivité possible à ce registre. Les attachés de recherche clinique du CNR Wilson sont à la disposition de tous les professionnels pour inclure les patients (contact : [email protected]). 12 [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] Woimant F, Chaine P, Favrole P, Mikol J, Chappuis P. Mise au point. La maladie de Wilson. Rev Neurol 2006;162:773–81. Wilson SA. Progressive lenticular degeneration: a familial nervous disease associated with cirrhosis of the liver. Brain 1912;34:295–507. Cumings JN. The effect of BAL in hepatolenticular degeneration. Brain 1951;74:10–22. Walshe JM. Penicillamine, a new oral therapy for Wilson’s disease. Am J Med 1956;21:487–95. Hoogenraad T. Wilson’s disease. Amsterdam: Internal Medical Pubishers; 2001. Scheinberg IH, Sternlieb I. Wilson’s disease. Philadelphia: WB Saunders; 1984. Frydman M, Bonné-Tamir B, Farrer LA, Conneally PM, Magazanik A, Ashbel S, et al. Assignment of the gene for Wilson disease to chromosome 13: linkage to the esterase D locus. Proc Natl Acad Sci USA 1985;82:1819–21. Bull PC, Thomas GR, Rommens JM, Forbes JR, Cox DW. The Wilson’s disease gene is a putative copper transporting P-type ATPase similar to Menkes’ gene. Nat Genet 1993;5:327–37. Tanzi RE, Petrukhin K, Chernov I, Pellequer JL, Wasco W, Ross B, et al. The Wilson disease gene is a copper transporting ATPase with homology to the Menkes disease gene. Nat Genet 1993;5:344–50. Yamaguchi Y, Heiny ME, Gitlin JD. Isolation and characterization of a human liver cDNA as a candidate gene for Wilson disease. Biochem Biophys Res Commun 1993;197:271–7. Barnes N, Tsivkovskii R, Tsivkovskaia N, Lutsenko S. The coppertransporting ATPases. Menkes and Wilson’s disease proteins, have distinct roles in adult and developing cerebellum. J Biol Chem 2005;280:9640–5. Lutsenko S, Barnes NL, Bartee MY, Dmitriev OY. Function and regulation of human copper-transporting ATPases. Physiol Rev 2007;87:1011–46. Vulpe C, Levinson B, Whitney S, Packman S, Gitschier J. Isolation of a candidate gene for Menkes disease and evidence that it encodes a copper-transporting ATPase. Nat Genet 1993;3:7–13. de Bie P, van de Sluis B, Burstein E, van de Berghe PV, Muller P, Berger R, et al. Distinct Wilson’s disease mutations in ATP7B are associated with enhanced binding to COMMD1 and reduced stability of ATP7B. Gastroenterology 2007;133:1316–26. Valentine JS, Gralla EB. Delivering copper inside yeast and human cells. Science 1997;278:817–8. Huster D, Finegold MJ, Morgan CT, Burkhead JL, Nixon R, Vanderwerf SM, et al. Consequences of copper accumulation in the livers of the Atp7b-/- (Wilson disease gene) knockout mice. Am J Pathol 2006;168:423–34. Gollan JL, Gollan TJ. Wilson disease in 1998: genetic, diagnostic and therapeutic aspects. J Hepatol 1998;28(Suppl. 1):28–36. Schilsky ML. Wilson disease: genetic basis of copper toxicity and natural history. Semin Liver Dis 1996;16:83–95. Figus A, Angius A, Loudianos G, Bertini C, Dessi V, Loi A, et al. Molecular pathology and haplotype analysis of Wilson disease in Mediterranean populations. Am J Hum Genet 1995;57:1318–24. Achila D, Banci L, Bertini I, Bunce J, Ciofi-Baffoni S, Huffman DL. Structure of human Wilson protein domains 5 and 6 and their interplay with domain 4 and the copper chaperone HAH1 in copper uptake. Proc Natl Acad Sci USA 2006;103:5729–34. Human Gene Mutation Database (Cardiff): http://www.hgmd.cf.ac. uk/ac/index.php and Wilson’s Disease Mutation Database: http://www.wilsondisease.med.ualberta.ca. EMC - Neurologie Maladie de Wilson 17-060-A-10 [22] Thomas GR, Roberts EA, Walshe JM, Cox DW. Haplotypes and mutations in Wilson disease. Am J Hum Genet 1995;56:1315–9. [23] Merle U, Stremmel W, Gessner R. Influence of homozygosity for methionine at codon 129 of the human prion gene on the onset of neurological and hepatic symptoms in Wilson disease. Arch Neurol 2006;63:982–5. [24] Schiefermeier M, Kollegger H, Madl C, Polli C, Oder W, Kühn H, et al. The impact of apolipoprotein E genotypes on age at onset of symptoms and phenotypic expression in Wilson’s disease. Brain 2000;123:585–90. [25] Roberts EA, Schilsky ML. American Association for Study of Liver Diseases (AASLD). Diagnosis and treatment of Wilson disease: an update. Hepatology 2008;47:2089–111. [26] Beyersdorff A, Findeisen A. Morbus Wilson: Case report of a two-yearold child as first manifestation. Scand J Gastroenterol 2006;41:496–7. [27] Członkowska A, Rodo M, Gromadzka G. Late onset Wilson’s disease: therapeutic implications. Mov Disord 2008;23:896–8. [28] Ala A, Walker AP, Ashkan K, Dooley JS, Schilsky ML. Wilson’s disease. Lancet 2007;369:397–408. [29] Walshe JM. The liver in Wilson’s disease. In: Schiff L, Schiff ER, editors. Diseases of the Liver. Philadelphia, PA: JB Lippincott; 1987. p. 1037–50. [30] Walshe JM, Waldenström E, Sams V, Nordlinder H, Westermark K. Abdominal malignancies in patients with Wilson’s disease. QJM 2003;96:657–62. [31] Pendlebury ST, Rothwell PM, Dalton A, Burton EA. Stroke-like presentation of Wilson disease with homozygosity for a novel T766R mutation. Neurology 2004;63:1982–3. [32] Trocello JM, Woimant F. Case study 3. In: Schapira A, Hartmann A, Agid Y, editors. Parkinsonian disorders in clinical practice. Oxford: Wiley-Blackwell; 2008. p. 74–8. [33] Boudin G, Pépin B. Dégénérescence hépatolenticulaire. Paris: Masson; 1959. [34] Oder W, Grimm G, Kollegger H, Ferenci P, Schneider B, Deecke L. Neurological and neuropsychiatric spectrum of Wilson’s disease: a prospective study of 45 cases. J Neurol 1991;238:281–7. [35] Woimant F, Trocello JM, Debruxelles S. Maladies de surcharge intracérébrale en métaux. In: Depienne C, Goizet C, Brice A, editors. Neurogénétique. Rueil-Malmaison: Doin; 2011. p. 91–107. [36] Pernon M, Trocello JM, Vaissier̀e J, Fougeron C, Cousin C, Rémy P, et al. Débit de parole dans les dysarthries de la maladie de Wilson : étude de l’influence des troubles attentionnels et dyexécutifs en condition de double tâche. Rev Neurol 2010;52:A50–92. [37] Ingster-Moati I, Bui Quoc E, Pless M, Djomby R, Orssaud C, Guichard JP, et al. Ocular motility and Wilson’s disease: a study on 34 patients. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2007;78:1199–201. [38] Lee MS, Kim YD, Lyoo CH. Oculogyric crisis as an initial manifestation of Wilson’s disease. Neurology 1999;52:1714–5. [39] Dening TR, Berrios GE, Walshe JM. Wilson’s disease and epilepsy. Brain 1988;111:1139–55. [40] Le Fort D, Deleplanque B, Louiset P, Pautrizel B, Loiseau P. Maladie de Wilson : démonstration de lésions corticales et de la substance blanche par IRM. Rev Neurol 1988;144:365–7. [41] Marsden CD. Wilson’s disease. Q J Med 1987;248:959–66. [42] Anzil AP, Herrlinger H, Blinzinger K, Heldrich A. Ultrastructure of brain and nerve biopsy tissue in Wilson disease. Arch Neurol 1974;31:94–100. [43] Deguchi K, Sasaki I, Touge T, Tsukaguchi M, Ikeda K, Shimamura M, et al. Improvement of cardiovascular autonomic dysfunction following anti-copper therapy in Wilson’s disease. J Neurol 2005;252:495–7. [44] Kumar S. Severe autonomic dysfunction as a presenting feature of Wilson’s disease. J Postgrad Med 2005;51:75–6. [45] Shanmugiah A, Sinha S, Taly AB, Prashanth LK, Tomar M, Arunodaya GR, et al. Psychiatric manifestations in Wilson’s disease: a crosssectional analysis. J Neuropsychiatry Clin Neurosci 2008;20:81–5. [46] Le Coz P, Goldstein B, Woimant F, Haguenau M. Maladie de Wilson. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Neurologie, 17-060-A-10, 1992 : 10p. [47] Medalia A, Galynker I, Scheinberg IH. The interaction of motor, memory and emotional dysfunction in Wilson’s disease. Biol Psychiatry 1992;31:823–6. [48] Seniów J, Bak T, Gajda J, Poniatowska R, Czlonkowska A. Cognitive functioning in neurologically symptomatic and asymptomatic forms of Wilson’s disease. Mov Disord 2002;17:1077–83. [49] De Tassigny A, Pernon M, Peron-Magnan T, Loubeyre J, Leyendecker A, Trocello JM, et al. Les capacités de raisonnement non-verbal sans la maladie de Wilson. Rev Neurol 2008;164(Suppl. 1):A5–48. EMC - Neurologie [50] Ferenci P, Caca K, Loudianos G, Mieli-Vergani G, Tanner S, Sternlieb I, et al. Diagnosis and phenotypic classification of Wilson disease. Liver Int 2003;23:139–42. [51] Cairns JE, Williams HP, Walshe JM. “Sunflower cataract” in Wilson’s disease. Br Med J 1969;3:95–6. [52] Trocello JM, Leyendecker A, Chaine P, Woimant F. La maladie de Wilson. Aspects obstétrico-gynécologiques. Rev Prat Gynecol Obstet 2008;126:11–2. [53] Nakada SY, Brown MR, Rabinowitz R. Wilson’s disease presenting as symptomatic urolithiasis: a case report and review of the literature. J Urol 1994;152:978–9. [54] Quemeneur AS, Trocello JM, de Vernejoul MC, Woimant F, Lioteı̌ F. Manifestations rhumatologiques associeı̌es al̀a maladie de Wilson. Rev Rhum Monographies 2011 doi:10.1016/j.monrhu.2011.05.002. [55] Chappuis P, Bost M, Misrahi M, Duclos-Vallée JC, Woimant F. Exploration biologique de la maladie de Wilson. Ann Biol Clin 2005;63:457–66. [56] Brewer GJ, Yuzbasiyan-Gurkan V. Wilson disease. Medicine 1992;71:139–64. [57] Steindl P, Ferenci P, Dienes HP, Grimm G, Pabinger I, Madl C, et al. Wilson’s disease in patients presenting with liver disease: a diagnostic challenge. Gastroenterology 1997;113:212–8. [58] Gitlin JD. Wilson disease. Gastroenterology 2003;125:1868–77. [59] El Balkhi S, Poupon J, Trocello JM, Leyendecker A, Massicot F, Galliot-Guilley M, et al. Determination of ultrafiltrable and exchangeable copper in plasma: stability and reference values in healthy subjects. Anal Bioanal Chem 2009;394:1477–84. [60] El Balkhi S, Trocello JM, Poupon J, Chappuis P, Massicot F, GirardotTinant N, et al. Relative exchangeable copper: a new highly sensitive and specific biomarker for Wilson’s disease diagnosis. Clinical chemistry. Clin Chim Acta 2011;412:2254–60. [61] Foruny JR, Boixeda D, López-Sanroman A, Vázquez-Sequeiros E, Villafruela M, Vázquez-Romero M, et al. Usefulness of penicillaminestimulated urinary copper excretion in the diagnosis of adult Wilson’s disease. Scand J Gastroenterol 2008;43:597–603. [62] Trocello JM, Chappuis P, El Balkhi S, Poupon J, Leyendecker A, Chaine P, et al. Anomalies du métabolisme du cuivre chez l’adulte. Rev Med Interne 2010;31:750–6. [63] Bremner I. Manifestations of copper excess. Am J Clin Nutr 1998;67:1069S–73S. [64] Muller T, Muller W, Feichtinger H. Idiopathic copper toxicosis. Am J Clin Nutr 1998;67:1082S–6S. [65] Haywood S, Muller T, Muller W, Heinz-Erian P, Tanner MS, Ross G. Copper-associated liver disease in North Ronaldsay sheep: a possible animal model for non Wilsonian hepatic copper toxicosis of infancy and childhood. J Pathol 2001;195:264–9. [66] Nations SP, Boyer PJ, Love LA, Burritt MF, Butz JA, Wolfe GI. Denture cream: an unusual source of excess zinc, leading to hypocupremia and neurologic disease. Neurology 2008;71:639–43. [67] Trocello JM, Hinfray S, Sanda N, Reiner P, El Balkhi S, Fabre C, et al. Une cause méconnue de myélopathie par carence en cuivre : l’utilisation de pâte adhésive dentaire. Rev Neurol 2011;167:537–40. [68] Madsen E, Gitlin JD. Copper deficiency. Curr Opin Gastroenterol 2007;23:187–92. [69] Kumar N, Ahlskog JE, Klein CJ, Port JD. Imaging features of copper deficiency myelopathy: a study of 25 cases. Neuroradiology 2006;48:78–83. [70] Harris ZL, Klomp LW, Gitlin JD. Aceruloplasminemia: an inherited neuro- degenerative disease with impairment of iron homeostasis. Am J Clin Nutr 1998;67:972S–7S. [71] Kuhn J, Miyajima H, Takahashi Y, Kunath B, Hartmann-Klosterkoetter U, Cooper-Mahkorn D, et al. Extrapyramidal and cerebellar movement disorder in association with heterozygous ceruloplasmin gene mutation. J Neurol 2005;252:111–3. [72] Gu YH, Kodama H, Shiga K, Nakata S, Yanagawa Y, Ozawa H. A survey of Japonese patients with Menkes disease from 1990 to 2003: incidence and early signs before typical symptomatic onset, pointing the way to earlier diagnosis. J Inherit Metab Dis 2005;28: 473–8. [73] Proud VK, Mussell HG, Kaler SG, Young DW, Percy AK. Distinctive Menkes disease variant with occipital horns: delineation of natural history and clinical phenotype. Am J Med Genet 1996;65: 44–51. [74] Stapelbroek JM, Bollen CW, van Amstel JK, van Erpecum KJ, van Hattum J, van den Berg LH, et al. The H1069Q mutation in ATP7B is associated with late and neurologic presentation in Wilson disease: results of a meta-analysis. J Hepatol 2004;41:758–63. 13 17-060-A-10 Maladie de Wilson [75] Hsi G, Cullen LM, McIntyre G, Chen MM, Glerum DM, Cox DW. Sequence variation in the ATP-binding domain of the Wilson Disease Transporter, ATP7B affects copper transport in a yeast model system. Hum Mutat 2008;29:4914–501. [76] Sener RN. Diffusion MR imaging changes associated with Wilson disease. AJNR Am J Neuroradiol 2003;24:965–7. [77] Hitoshi S, Iwata M, Yoshikawa K. Mid-brain pathology of Wilson’s disease: MRI analysis of three cases. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1991;54:624–6. [78] Mikol J, Vital C, Wassef M, Chappuis P, Poupon J, Lecharpentier M, et al. Extensive cortico-subcortical lesions in Wilson’s disease: clinicopathological study of two cases. Acta Neuropathol 2005;110:451–8. [79] Trocello JM, Guichard JP, Leyendecker A, Pernon M, Chaine P, El Balkhi S, et al. Corpus callosum abnormalities in Wilson’s disease. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2011;82:1119–21. [80] Favrole P, Chabriat H, Guichard JP, Woimant F. Clinical correlates of cerebral water diffusion in Wilson disease. Neurology 2006;66:384–9. [81] Saatci I, Topcu M, Baltaoglu FF, Köse G, Yalaz K, Renda Y, et al. Cranial MR findings in Wilson’s disease. Acta Radiol 1997;38:250–8. [82] Mochizuki H, Kamakura K, Masaki T, Okano M, Nagata N, Inui A, et al. Atypical MRI features of Wilson’s disease: high signal in globus pallidus on T1-weighted images. Neuroradiology 1997;39:171–4. [83] Merle U, Schaefer M, Ferenci P, Stremmel W. Clinical presentation, diagnosis and long-term outcome of Wilson’s disease: a cohort study. Gut 2007;56:115–20. [84] Brewer GJ, Askari F, Lorincz MT, Carlson M, Schilsky M, Kluin KJ, et al. Treatment of Wilson disease with ammonium tetrathiomolybdate: IV. Comparison of tetrathiomolybdate and trientine in a double-blind study of treatment of the neurologic presentation of Wilson disease. Arch Neurol 2006;63:521–7. [85] Bécuwe C, Dalle S, Ronger-Savlé S, Skowron F, Balme B, Kanitakis J, et al. Elastosis perforans serpiginosa associated with pseudopseudoxanthoma elasticum during treatment of Wilson’s disease with penicillamine. Dermatology 2005;210:60–3. [86] Mawet J, Girardot-Tinant N, Trocello JM, Bertail MA, Rybojad M, Woimant F. L’élastome perforant serpigineux : complication de la D-Pénicillamine dans la maladie de Wilson – 7 cas. Rev Neurol 2011;167(suppl2):100. [87] Wassef M, Galian A, Pepin B, Haguenau M, Vassel P, Hautefeuille P, et al. Unusual digestive lesions in a patient with Wilson’s disease treated with long-term penicillamine. N Engl J Med 1985; 313:49. [88] Pfeiffer RF. Wilson’s Disease. Semin Neurol 2007;27:123–32. [89] Roh JK, Lee TG, Wie BA, Park SH, Chang KH. Initial and follow-up brain MRI findings and correlation with the clinical course in Wilson’s disease. Neurology 1994;44:1064–8. [90] Wiggelinkhuizen M, Tilanus ME, Bollen CW, Houwen RH. Systematic review: clinical efficacy of chelator agents and zinc in the initial treatment of Wilson disease. Aliment Pharmacol Ther 2009;29:947–58. [91] Haute Autorité de santé. Protocole national de diagnostic et de soins. Maladie de Wilson. 2008. [92] Sen S, Felldin M, Steiner C, Larsson B, Gillett GT, Olausson M, et al. Albumin dialysis and Molecular Adsorbents Recirculating System (MARS) for acute Wilson’s disease. Liver Transpl 2002;8:962–7. [93] Pabón V, Dumortier J, Gincul R, Baulieux J, Ducerf C, Trépo C, et al. Long-term results of liver transplantation for Wilson’s disease. Gastroenterol Clin Biol 2008;32:378–81. [94] Ichai P, Samuel D. Treatment of patients with hepatic failure: the difficult place of liver support systems. J Hepatol 2004;41:694–5. [95] Medici V, Mirante VG, Fassati LR, Pompili M, Forti D, Del Gaudio M, et al., Monotematica AISF 2000 OLT Study Group. Liver transplantation for Wilson’s disease: The burden of neurological and psychiatric disorders. Liver Transpl 2005;11:1056–63. [96] Członkowska A, Tarnacka B, Möller JC, Leinweber B, Bandmann O, Woimant F, et al. Unified Wilson’s Disease Rating Scale: a proposal for the neurological scoring of Wilson’s disease patients. Neurol Neurochir Pol 2007;41:1–12. [97] Péron-Magnan T, Trocello JM, Pernon M, de Tassigny A, Woimant F. De la clinique à la rééducation pour un trouble de l’écriture dans la maladie de Wilson illustré par un cas clinique. Kinesither Scient 2008;490:29–41. [98] Gravereaux M, de Tassigny A. Le rôle des psychologues auprès de patients atteints de la maladie de Wilson. J Psychol 2007;252:39–43. [99] Leyendecker A, Pelosse M, Debray D, Parker S, Fox M, Tanner S, et al. Registres sur la maladie de Wilson : de la France à l’Europe. Lettre Neurol 2008;12(Suppl. 1):14–5. F. Woimant ([email protected]). J.-M. Trocello. N. Girardot-Tinant. P. Chaine. Centre national de référence (CNR) maladie de Wilson, Hôpital Lariboisière, AP–HP, 2, rue Ambroise-Paré, 75010 Paris, France. R. Sobesky. J.-C. Duclos-Vallée. Centre national de référence (CNR) maladie de Wilson, Hôpital Paul-Brousse, AP–HP, 12-14, rue Paul-Vaillant-Couturier, 94800 Villejuif, France. P. Chappuis. S. El Balkhi. J. Poupon. Centre national de référence (CNR) maladie de Wilson, Hôpital Lariboisière, AP–HP, 2, rue Ambroise-Paré, 75010 Paris, France. Toute référence à cet article doit porter la mention : Woimant F, Trocello JM, Girardot-Tinant N, Chaine P, Sobesky R, Duclos-Vallée JC, et al. Maladie de Wilson. EMC - Neurologie 2013;10(2):1-14 [Article 17-060-A-10]. Disponibles sur www.em-consulte.com Arbres décisionnels 14 Iconographies supplémentaires Vidéos/ Animations Documents légaux Information au patient Informations supplémentaires Autoévaluations Cas clinique EMC - Neurologie Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et em-premium.com : 1 autoévaluation Cliquez ici 2 iconographies supplémentaires Iconosup 4 Anneau de Kayser-Fleischer. Cliquez ici Iconosup 5 Imagerie par résonance magnétique cérébrale en séquences fluid attenuated inversion recovery (FLAIR). a. Hypersignal du corps calleux. b. Hypersignaux des noyaux dentelés. Cliquez ici Cliquez ici pour télécharger le PDF des iconographies supplémentaires © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 05/04/2015 par Blazquez Luis (21855)
Documents pareils
Conseils de prise en charge de la maladie de Wilson
la mise en évidence des mutations pour le gène de l’ATP7B sur le chromosome 13 confirme le diagnostic. Cette recherche est réalisée à Lyon (Dr Bost Muriel : 04.72.12.96.90) ou Paris ...
Plus en détail