ault-onival (somme

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ault-onival (somme
Quaternaire, 22, (3), 2011, p.221-233
DATATION ET RECONSTITUTION PALÉOENVIRONNEMENTALE
D’UN SITE PALÉOLITHIQUE MOYEN SUBMERGÉ EN MANCHE EST :
AULT-ONIVAL (SOMME, FRANCE)
n
Pierre ANTOINE1, Patrick AUGUSTE2, Jean-Jacques BAHAIN3
& Sophie LOUGUET4
RÉSUMÉ
La paléofalaise, la formation continentale périglaciaire et le très riche gisement paléolithique moyen d’Ault-Onival (Somme) ont
suscité l’intérêt des géologues et des préhistoriens depuis le début du xxe siècle. Cependant, ce site est très difficile d’accès en raison
de sa localisation dans un niveau découvert seulement lors des plus basses mers, ce qui en complique l’étude. Si l’industrie lithique
a fait l’objet de travaux détaillés à partir des riches assemblages provenant des prospections sur l’estran et de comparaisons avec les
sites de référence de la Somme, la formation de versant périglaciaire (Formation d’Ault) n’avait jusqu’à récemment jamais été étudiée
en détail. Des investigations ont donc été menées pendant plusieurs années à l’occasion des grandes marées et à la suite de périodes
d’érosion de la surface des dépôts quaternaires par la mer. Des observations ont ainsi pu être effectuées sur la stratigraphie de la partie
supérieure des sédiments et complétées par des sondages à la tarière et une prospection du niveau paléolithique en place. L’approche
paléontologique a été basée sur l’analyse des collections conservées au Musée d’Abbeville et chez un chercheur amateur qui prospecte
le site depuis de nombreuses années, mettant en exergue la présence du mammouth laineux. Les premiers résultats de cette étude permettent de confirmer un âge weichselien pour la mise en place de ces dépôts périglaciaires, ainsi que la formation du niveau durant une
période pléniglaciaire. Une datation ESR/U-Th sur émail dentaire (dent de cheval) permet d’attribuer à ce niveau un âge de 55 ± 10 ka.
La synthèse des données géologiques, paléontologiques et géochronologiques situe le niveau au Pléniglaciaire inférieur (SIM 4) ou à
la charnière Pléniglaciaire inférieur-Pléniglaciaire moyen (SIM 4-3). Par ailleurs, la prise en compte de l’ensemble des données et du
contexte structural suggère que la préservation de la Formation d’Ault est liée au rejeu récent (depuis le Pléistocène supérieur) d’une
faille de direction N60-70, longeant la paléofalaise et à l’affaissement relatif du compartiment nord du substrat crayeux local.
Mots-clés : côtes de la Manche, paléo-falaise, périglaciaire, Paléolithique moyen, mammouth laineux, néotectonique
ABSTRACT
DATING AND PALAEOENVIRONMENTAL RECONSTRUCTION OF A SUBMERGED MIDDLE PALAEOLITHIC SITE IN
THE EASTERN CHANNEL: AULT-ONIVAL (SOMME, FRANCE)
The fossil cliff, the chalky periglacial deposits and the very rich Palaeolithic site of Ault-Onival (Somme) have attracted the
interest of geologists and specialists of Palaeolithic studies since the beginning of the twentieth century. This site is nevertheless very
difficult to access owing to its location close to the low tide level, which therefore complicates its study. The Palaeolithic industry has
already been the subject of detailed studies based on rich assemblages collected during systematic surveys of the foreshore and on
comparisons with the reference sites of the Somme basin, although the periglacial deposits (Ault Formation) have never been studied
in detail until now. New investigations have thus been carried out over several years during low tide episodes and also thanks to the
erosion of the deposits by storms. Direct stratigraphical and sedimentological observations, complemented by hand auguring have
thus been made on the upper part of the formation and completed by a survey of in situ Palaeolithic artefacts. The palaeontological
study was based on the analysis of the assemblages (mainly Woolly Mammoth) preserved at the Museum of Abbeville and those
collected by an amateur researcher who surveyed the site over many years. The initial results allowed confirmation of the attribution
of the faunal assemblage to the Weichselian and the deposition of the sediments to a periglacial environment. ESR/U-series dating
on a horse tooth provided an age of 55 ± 10 ka BP for this level. The synthesis of geological and palaeontological data, together with
the geochronological results, correlate the deposits and the associated Palaeolithic site with the Weichselian Pleniglacial (MIS 4) or
with the transition between MIS 4 and MIS 3 at about 58-60 ka. In addition, by taking into account previously-acquired data and the
structural context, it is proposed that the preservation of the Ault Formation is linked to the movement during the Late Pleistocene of
a N60-70 fault bordering the palaeo-cliff (subsidence of the northern part of the chalk bedrock).
Key-words: Channel coasts, fossil cliffs, periglacial deposits, Middle Palaeolithic, woolly mammoth, neotectonic
1
UMR CNRS 8591 - Laboratoire de Géographie Physique, Environnements quaternaires continentaux, dynamique naturelle et
anthropisation, 1 place Aristide Briand, F-92195 MEUDON cedex. Courriel : [email protected]
2
FRE 3298 CNRS - Laboratoire Géosystèmes, Université Lille 1, Bâtiment SN5, F-59655 VILLENEUVE D’ASCQ cedex.
Courriel : [email protected]
3
Département de Préhistoire du Muséum National d’Histoire Naturelle, UMR 7194 CNRS, 1 rue René Panhard, F-75013 PARIS.
Courriel : [email protected]
4
Communauté d’Agglomération du Douaisis - Département d’Archéologie Préventive – ZI Dorignies – F-59500 DOUAI.
Courriel : [email protected]
Manuscrit reçu le 13/03/2011, accepté le 01/07/2011
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1 - INTRODUCTION
Le secteur d’Ault-Onival se situe sur la côte sud du
bassin de la Manche Est, à environ 15 km au sud de
l’estuaire de la Somme (fig. 1 et 2), à proximité de la
zone d’ancrage du cordon de galets qui constitue la flèche
littorale de Cayeux (fig. 2).
La mise en évidence sur l’estran d’Ault d’un site
paléolithique submergé, uniquement accessible lors des
marées de fort coefficient, remonte au début du xxe siècle
avec les premières notes manuscrites de Ponchon en
1918, citées par Agache (1963, 1978, 1991), puis les
observations de Briquet (1930, 1933).
Plus récemment, c’est surtout Roger Agache qui,
grâce à une prospection systématique du secteur lors
des grandes marées, a pu démontrer la présence de silex
taillés paléolithiques en place associés à des restes de
grands mammifères pléistocènes, dans une formation de
versant crayeuse à silex gélifractés préservée à proximité
d’une ancienne falaise érodée (Agache, 1963, 1968,
1978, 1991).
Parallèlement, des milliers d’artefacts paléolithiques
et des restes osseux et dentaires de grands mammifères
ont été récoltés sur l’estran d’Ault-Onival par Jean-Marie
Michel depuis les années 1970 à la faveur des grandes
marées. L’étude de l’industrie lithique récoltée par Agache
et Mariette, publiée par Perpère (1999), montre que ce
site correspond à un atelier de débitage du Paléolithique
moyen, dont la localisation est liée à l’abondante matière
première disponible. A l’époque, l’attribution par cet
auteur de l’industrie d’Ault au Pléistocène moyen récent
s’est basée sur une comparaison avec des sites de la
Somme, comme Sains-en-Amiénois, dont la révision a
depuis montré qu’ils étaient en fait contemporains du
Dernier glaciaire (Antoine et al., 2003c).
La datation de cet assemblage lithique exceptionnel
(plusieurs milliers de nucleus et éclats) est donc
un sujet d’importance pour les préhistoriens. Par
ailleurs, la Formation d’Ault et la paléofalaise associée
Fig. 1 : Localisation du site d’Ault dans une carte paléogéographique
simplifiée du bassin de la Manche avec figuration des paléochenaux
du Fleuve Manche et position des niveaux marins à -120 et -60 m
(Dernier glaciaire).
PSE : Paléo-Seine, PSO : Paléo-Somme.
Fig. 1: Location of the Ault site within a simplified palaeogeographical
map of the Channel Basin including the palaeochannels of the Channel
River and the location of sea levels at -120 and -60 m (Last Glacial).
PSE : Palaeo-Seine, PSO : Palaeo-Somme.
Fig. 2 : Localisation, contexte géologique et morpho-tectonique du secteur d’Ault-Onival (d’après la carte géologique de Saint-Valéry-surSomme, Eu à 1/50000 ; Broquet et al., 1985).
Fig. 2: Location, geological and morpho-tectonic context of the area of Ault-Onival (according to the geological map of Saint-Valéry-sur-Somme, Eu;
Broquet et al., 1985).
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constituent actuellement un jalon unique pour l’étude
de l’évolution du littoral picard depuis le Pléistocène.
Enfin, les nouvelles investigations sur le site d’Ault
s’intègrent dans le renouveau des recherches sur les
sites paléolithiques submergés du domaine MancheMer du Nord (SPLASHCOS « Submerged Prehistoric
Archaeology and Landscapes of the Continental Shelf »
et « Deukalion » Projects).
Le but de cet article est de :
1 ) faire le point sur les données actuellement disponibles
sur ce gisement majeur de la préhistoire picarde ;
2) fournir un premier bilan de l’étude des restes de
grands mammifères des collections Agache et Michel
étudiée récemment par Patrick Auguste et Sophie
Louguet ;
3) préciser l’âge radiométrique de la formation par le
biais d’une datation ESR/U-Th sur émail dentaire ;
4) enfin de proposer des hypothèses concernant la
préservation de la Formation d’Ault en rapport avec
l’évolution du littoral et le contexte tectonique régional.
2 - gÉOMÉTRIE DE LA FORMATION D’AULT
La formation continentale d’Ault s’étend sur une
surface de plusieurs milliers de m2 sur l’estran de la plage
d’Ault-Onival où elle affleure sous la forme d’un dépôt
fortement hétérogène à blocs de silex et matrice crayeuse
à limono-crayeuse. Elle est limitée au sud-est par une
marche d’environ 50 cm, dont le tracé rectiligne (N60
à N65), bien visible sur l’estran d’Ault-Onival ainsi que
sur les photos aériennes (fig. 3A), se situe dans l’axe de
la falaise morte.
Son extension exacte au nord de cette limite est
cependant très délicate à déterminer en raison de sa
position par rapport au niveau des basses mers et de
son fréquent recouvrement par une couverture sableuse
actuelle dont l’épaisseur et l’extension varient en
permanence au grès des conditions météorologiques.
La marche dans la craie, qui délimite la formation au
sud-est, est interprétée comme la trace d’une ancienne
falaise (paléofalaise) au pied de laquelle se sont
accumulées des formations de versant périglaciaires lors
de périodes de retrait de la mer (Briquet, 1933). Cette
interprétation est renforcée par la comparaison avec
la coupe de Sangatte, dans le Pas-de-Calais (fig. 4),
qui montre sur plusieurs centaines mètres une épaisse
formation de versant crayeuse incluant des faciès du
même type que ceux d’Ault, en recouvrement d’un
niveau de plage du Pléistocène moyen (Sommé, 1975 ;
Balescu & Haesaerts, 1984 ; Antoine, 1989 ; Balescu et
al., 1992 ; Sommé et al., 1999). Cependant, l’épaisseur
de la Formation d’Ault est très mal documentée. Seul un
ancien sondage (Houllier, 1927), dont la position exacte
n’est malheureusement pas connue, l’a traversée sur
11 m, mais sans en reconnaître la base.
Enfin, le contexte structural du secteur compris entre
Saint-Valéry et Le Tréport (fig. 2) se caractérise par la
présence de plusieurs failles de direction moyenne N65-
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70 et N10, à rejeu localement holocène (Broquet, 1980 ;
Beun & Broquet, 1980 ; Broquet & Beun, 1981 ; Beun &
Robert, 1983 ; Broquet et al., 1985). La faille de SaintValéry affecte en particulier le cordon pléistocène de la
falaise ancienne à Poutricourt, à une dizaine de kilomètres
au NE d’Ault (fig. 2).
D’un point de vue géologique et géomorphologique,
la Formation d’Ault pose donc un certain nombre de
questions concernant l’évolution de cette portion du
littoral en relation avec les variations du niveau marin
et le contexte structural : extension, épaisseur et âge des
dépôts, conditions de préservation lors de la transgression
holocène.
3 - FACIèS SÉDIMENTAIRE
La formation continentale qui contient les artefacts
paléolithiques (Formation d’Ault), n’est accessible que
lors des plus basses mers (coefficient 100 minimum)
(fig. 3B). Elle est constituée par un faciès de boue
crayeuse à granules, petits blocs de craie, et abondants
silex hétérométriques fortement gélifractés correspondant
à la “presle” des anciens auteurs (fig. 3B et 3C). Elle est
le plus souvent recouverte à l’affleurement par un banc
de silex hétérométriques fortement roulés dont la mise
en place résulte de l’érosion et du remaniement de sa
partie sommitale par la dynamique de déferlement dans
la zone intertidale. C’est d’ailleurs ce faciès qui a livré
des milliers de nucleus et éclats Levallois aux arêtes
émoussées collectés par différents amateurs.
La Formation d’Ault possède des caractéristiques
semblables à celles des heads crayeux des coupes de
Normandie (Lautridou, 1985) et à celle des coulées
crayeuses gélifluées, que l’on rencontre souvent entre le
sommet des nappes alluviales des terrasses de la Somme
et leur couverture lœssique, à proximité des anciens talus
crayeux (Antoine, 1990 ; Antoine et al., 2000, 2007).
Des prospections menées pendant plusieurs années
lors des basses mers de vives-eaux ont permis d’effectuer
de nouvelles observations à la faveur de coupes subperpendiculaires à la paléofalaise, dégagées par l’érosion
marine actuelle sur environ 0,5 à 0,6 m d’épaisseur sous
le niveau à blocs remaniés. A cette occasion il a aussi été
possible de découvrir des artefacts paléolithiques en place
dans la formation sédimentaire (fig. 3B) ou faiblement
remaniés par la mer (fig. 3D).
Ces observations ont montré que la Formation d’Ault
en place était nettement stratifiée et qu’elle comportait
des lits et des lentilles de limons calcaires brun jaune à
faciès lœssique (fig. 3B), plus ou moins riches en granules
et nodules de craie (lœss remaniés par gélifluxion et
ruissellement). Parallèlement, des essais de sondage à
la tarière manuelle n’ont pu être menés que jusqu’à 1 m
de profondeur en raison de la densité des rognons de
silex présents dans la masse crayeuse. Ces observations
permettent d’attribuer les dépôts de la Formation d’Ault
à un environnement typiquement périglaciaire et donc à
une phase de type Pléniglaciaire.
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Fig. 3 : Le site pléistocène d’Ault.
A - Localisation du site paléolithique et de la paléofalaise d’Ault sur une vue aérienne de l’estran d’Ault (d’après un cliché de R. Agache).
B - Conditions typiques d’affleurement des dépôts de la Formation d’Ault sous les sables de l’estran à marée basse (cliché P. Antoine, 2001). C - Détail
du faciès « presle » à granules et blocs de craie et silex épars associés à une matrice lœssique calcaire (cliché P. Antoine, 2001). D - Exemple d’artefact
paléolithique (éclat levallois préférentiel) découvert en surface sur l’estran d’Ault (cliché R. Agache). E - Mandibule de Mammuthus primigenius
découverte en place dans la Formation d’Ault (cliché R. Agache, 2007).
Fig. 3: The Pleistocene site of Ault. A - Location of the Palaeolithic site and of the palaeo-cliff of Ault from an aerial picture of the foreshore (according
to a photo of R. Agache). B - Typical outcropping conditions of the deposits of the Ault Formation located below the marine sands of the present day
foreshore at low tide (photo P. Antoine, 2001). C- Detailed view of the « presle » facies including chalk granules, chalk blocks and scattered flints
imbedded in a calcareous loess matrix (photo P. Antoine, 2001). D - Example of Palaeolithic artefact (Levallois flake) discovered on the foreshore
surface (photo R. Agache). E - Woolly Mammoth mandible discovered in situ within the Ault formation (photo R. Agache, 2007).
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Fig. 4 : Coupe simplifiée de la partie sud-ouest de la falaise quaternaire de Sangatte (Pas-de-Calais) montrant les dépôts de head crayeux
périglaciaires en recouvrement du cordon littoral interglaciaire pléistocène (d’après Sommé, 1975, modifié).
Fig. 4: Simplified cross-section of the south-western part of the Sangatte Quaternary cliff (Dover Strait) showing the thick chalky periglacial deposits
(heads) overlying the Pleistocene Interglacial marine pebble bar (according to Sommé, 1975, modified).
4 - DATATION ESR/U-TH
tissus analysés par spectrométrie alpha (tab. 1), ce qui
a permis d’obtenir les rapports 234U/238U et 230Th/234U
indispensables au calcul des facteurs d’incorporation pour
chaque tissu. Cette double analyse a également permis
d’estimer, en croisant les données α et γ, les éventuelles
fuites de radium et radon, éléments très mobiles dont
les descendants sont d’importants émetteurs α, β et γ
(Bahain et al., 1992, 1993) (tab. 2). Les activités des
différents radionucléides du sédiment ont également été
mesurées par spectrométrie γ, de façon à calculer leur
contribution aux doses β et γ reçues par les échantillons
(tab. 3).
Une dent de cheval provenant de la collection Michel
a été analysée par la méthode ESR/U-Th combinant les
données de l’uranium-thorium (U-Th) et de la résonance
de spin électronique (ESR).
La dent a été préparée selon le protocole expérimental
décrit dans Bahain et al. (2002). Au laboratoire, les tissus
dentaires ont tout d’abord été séparés mécaniquement.
Les activités des différents radionucléides présents dans
la dentine et l’émail (essentiellement 238U, 226Ra et 222Rn)
ont été mesurées par spectrométrie gamma, puis ces
Tissu dentaire
cément
U (ppm)
17,41
234U/238U
1,332 ± 0,026
230Th/232Th
> 100
230Th/234U
0,745 ± 0,025
Age (ka)
136 +10 / -9
dentine
21,16
1,275 ± 0,028
> 100
0,283 ± 0,011
36 ± 2
émail
2,61
1,219 ± 0,044
> 100
0,242 ± 0,013
30 ± 2
Tab. 1 : Données U-Th obtenues par spectrométrie alpha sur les tissus dentaires de l’échantillon analysé provenant du site pléistocène d’Ault.
Tab. 1: U-series data obtained by alpha-spectrometry on the dental tissues of the analyzed sample from the Ault Pleistocene site
Tissu
cément
émail
dentine
226Ra/230Th
0,374
1,000
0,388
222Rn/230Th
0,224
0,479
0,227
Epaisseur initiale
de l'émail (µm)
956 ± 106
Epaisseur d'émail enlevée
côté dentine (µm)
côté cément
(µm)
891 ± 100
820 ± 102
Tab. 2 : Rapports 226Ra/230Th et 222Rn/230Th déterminés par croisement des données obtenues par spectrométries alpha et gamma sur les tissus
dentaires de l’échantillon analysé provenant du site pléistocène d’Ault et mesures des épaisseurs de la lamelle d’émail utilisé pour la datation
combinée ESR/U-Th avant et après préparation.
Tab. 2: 226Ra/230Th and 222Rn/230Th ratios determined by crossing of alpha- and gamma spectrometry measurements on the dental tissues of the analyzed
sample from the Ault Pleistocene site and thicknesses of the enamel layer used for the ESR/U-series dating before and after preparation.
Paramètre
D interne
Dß externe D(DŽ+cosm)
Age
ESR /U-Th
Paléodose d'incorporation moyenne * moyenne** externe***
(Gy)
p
(Gy/an)
(Gy/an)
(Gy/an)
(ka)
cément
-1,000 ****
233 ± 74
225 ± 74
190 ± 5
émail
35,7 ± 1,5
-0,24 ± 0,27
55 ± 10
dentine
-0,52 ± 0,29
Tab. 3 : Paléodose, paramètres d’incorporation, contributions des différents rayonnements au débit de dose annuel et âge ESR/U-Th obtenus sur
l’échantillon analysé provenant du site pléistocène d’Ault.
* un facteur k (efficacité alpha) de 0,13 ± 0,02 a été utilisé en accord avec Grün et Katzenberger-Apel (1994). ** les atténuations béta ont été calculées en
utilisant les données de Brennan et al. (1997). *** la dose gamma a été calculée à partir des activités en radioéléments mesurées par spectrométrie gamma
(U : 0,69 ± 0,05 ppm ; Th : 1,04 ± 0,03 ppm ; K : 0,17 ± 0,01 %). La dose cosmique a été calculée à partir des données de Prescott et Hutton (1994).
Tab. 3: Palaeodose, U-uptake p-parameters, contributions of the different ionizing rays to the annual dose rate and ESR/U-series age obtained on the
analyzed sample from the Ault Pleistocene site. * a k-value (alpha efficiency) of 0.13 ± 0.02 was used according to Grün and Katzenberger-Apel (1994).
** Beta attenuations were calculated using data from Brennan et al. (1997). *** gamma dose-rate was calcuted from radioelements activities measured by
gamma spectrometry (U: 0.69 ± 0.05 ppm; Th: 1.04 ± 0.03 ppm; K: 0.17 ± 0.01 %). Cosmic dose was calculated from Prescott and Hutton (1994) data.
Tissu
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Les lamelles d’émail ont été pour leur part nettoyées
au moyen d’une fraise de dentiste afin d’éliminer toute
contamination par de la dentine, du cément ou du sédiment. Ce nettoyage, effectué sur une épaisseur minimale
de 50 µm, permet d’éliminer la contribution des rayons α
« externes » à l’émail, mais cette préparation nécessite de
mesurer l’épaisseur de la lamelle d’émail avant, au cours
et après la manipulation, afin de corriger les doses β tant
interne, c'est-à-dire liée aux radioéléments présents dans
l’émail, qu’externe, issue des radioéléments de la dentine,
du cément et/ou du sédiment (tab. 2).
L’émail a ensuite été broyé mécaniquement, puis tamisé.
La fraction 100-200 µm, récupérée lors de ce tamisage a
été séparée en dix aliquotes, dont neuf ont été irradiées
au Laboratoire National Henri Becquerel du CEA (CEN
Saclay) à l'aide d'une source gamma au 60Co (IBL460) à
des doses de 63, 125, 200, 400, 630, 800, 1000, 1250 et
1500 Gy. Les intensités ESR des dix aliquotes ont ensuite
été mesurées avec un spectromètre Bruker EMX, puis
l’émail a été analysé successivement en spectrométrie γ
et en spectrométrie α (tab. 1).
La dose annuelle externe a été calculée à partir des
teneurs en radioéléments de sédiments prélevés au cours
des travaux de terrain réalisés en 2000 et 2001 et mesurés
en laboratoire par spectrométrie gamma (tab. 3). Enfin
les âges ESR/U-Th, les différentes contributions à la dose
annuelle et les paramètres d’incorporation de l’uranium
pour chaque tissu dentaire ont été calculés (tab. 3).
L’âge ESR/U-Th obtenu pour l’échantillon d’Ault est de
55 ± 10 ka. Il faut toutefois signaler que l’impossibilité de
réaliser des mesures dosimétriques sur le site, compte tenu
de la taphonomie du gisement, et la difficulté d’attribuer
la dent analysée à une unité sédimentologique précise
sont d’importantes sources d’incertitude, notamment au
niveau de la dose externe reçue par l’échantillon qui n’a
pu être déterminée dans ce travail qu’à partir de l’activité
des sédiments correspondant au niveau archéologique,
expliquant l’erreur importante associée à l’âge. Ce
résultat permet cependant d’attribuer clairement les
A
dépôts de la Formation d’Ault et le niveau paléolithique
associé au Pléniglaciaire inférieur (SIM 4) ou au début
du Pléniglaciaire moyen (début du SIM 3).
5 - NOUVELLES DONNÉES
PALÉONTOLOgIQUES
Dans le cadre de nouvelles recherches sur le site d’Ault,
la détermination et l’étude détaillée des restes de grands
mammifères (fig. 3E) représentent une première étape
dont les résultats permettent de préciser l’attribution
chronologique du gisement paléolithique et de la Formation
d’Ault, ainsi que son contexte paléoécologique.
La faune mammalienne découverte à Ault est peu
importante en quantité, mais elle revêt un caractère
particulièrement intéressant par la possibilité qu’elle
offre de proposer un âge pour la formation du dépôt
archéologique auquel elle est associée.
Nous avons pu examiner deux collections qui se
complètent, celle de Roger Agache, dont une partie est
déposée au Musée d’Abbeville et une autre au Musée
d’Amiens, et celle de Jean-Marie Michel dont la
dévolution définitive sera le Musée d’Amiens. Dans les
deux cas, les vestiges dentaires et osseux indiquent presque exclusivement la présence d’un proboscidien. Signalons également dans la collection Michel la présence
d’un fragment de bourgeon de dent jugale supérieure de
cheval, qui a fait l’objet de l’étude géochronologique.
Le proboscidien est représenté essentiellement par des
éléments dentaires :
Collection Agache (Musée d’Abbeville) : une mandibule
portant deux dents, une D4 et une M1 ; quatre molaires
isolées ; un fragment de tibia ; une phalange ; un os
carpien.
Collection Agache (Musée d’Amiens) : une mandibule
portant quatre dents, M2 et M3 gauches et droites
(fig. 5) ; un fragment de fémur (fig. 6) ; un fragment de
tibia (fig. 6).
B
Fig. 5 : Mandibule de mammouth laineux d’Ault (découverte R. Agache, 2007).
A : vue latérale ; B : vue occlusale. Echelle : 10 cm (clichés P. Auguste).
Fig. 5: Mandible of Woolly Mammoth from Ault (R. Agache discovery, 2007). A: lateral view; B: occlusal view. Scale: 10 cm (photos P. Auguste).
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de deux adultes âgés de près de 22 à 35 ans et d’un adulte
plus âgé (approximativement 22-35 ans).
Les fragments de diaphyse de fémur et de tibia découvert par Agache en 2007 présentent tous les deux des
stigmates caractéristiques d’une fracturation anthropique
dynamique sur os frais réalisée à l’aide d’un percuteur
(fig. 6). Ce point est important, car il permet de mettre
en évidence une intervention humaine indubitable
sur des ossements de mammouth et ainsi de relier les
accumulations fauniques et lithiques.
La morphologie des dents du proboscidien, identique
dans les deux collections, est tout à fait caractéristique
de celle des animaux de la lignée du mammouth (genre
Mammuthus), et nous permet donc d’exclure une
attribution à l’éléphant antique (Palaeoloxodon antiquus).
Plusieurs caractères anatomiques discriminants permettent de préciser l’espèce de mammouth concernée :
en effet, cette lignée évolutive montre tout au long
du Pléistocène une augmentation du nombre des
lames d’émail des dents, ainsi qu’une diminution de
l’épaisseur de cet émail. Ainsi les premiers mammouths
européens (M. meridionalis) du Pléistocène inférieur
ont une fréquence laminaire (nombre de lames sur 10
centimètres) faible et un émail très épais, tandis que
les mammouths laineux typiques (M. primigenius) du
Pléistocène supérieur montrent des fréquences laminaires
très élevées et un émail peu épais.
Les analyses de la mandibule complète (avec les M2 et
M3) et de 3 molaires inférieures indiquent que les vestiges
sont clairement attribuables au mammouth laineux
typique, Mammuthus primigenius. En effet, la faible
épaisseur d’émail, associée à une fréquence laminaire
élevée, à un indice d’hypsodontie conséquent et à un
sinus complexe (forme caractéristique du ruban d’émail)
caractérisent sans conteste le dernier représentant de la
lignée des mammouths (fig. 7 et tab. 4).
Le mammouth laineux Mammuthus primigenius,
le plus évolué de la lignée, possédait des molaires
adaptées à une alimentation végétale variée essen-
B
A
Fig. 6 : Fragment de diaphyse d’os longs du mammouth d’Ault
(découverte R. Agache, 2007) portant des indices de percussion
anthropique (points d’impact et fracturation hélicoïdale).
A : fémur, vue corticale à gauche, médullaire à droite ; B : tibia, vue
corticale à gauche, médullaire à droite. Echelle : 10 cm (clichés P.
Auguste).
Fig. 6: Femur and tibia of Woolly Mammoth from Ault (R. Agache
discovery, 2007) with anthropogenic marks (impact and spiral
fractures). A: femur, cortical view left, medullar right; B: tibia, cortical
view left, medullar right. Scale: 10 cm (photos P. Auguste).
Collection Michel : une hémimandibule gauche portant
une M2 ; deux molaires inférieures isolées (M1 et M3) ;
un fragment de mandibule deux fragments de côtes ; un
fragment de coxal gauche ; un fragment de scapula ; un
fragment d’épiphyse distale de fémur.
La prise en compte des stades d’usure dentaire
(Louguet-Lefebvre, 2005, 2006) a permis, sur les quatre
individus considérés, de mettre en évidence la présence
d’un jeune adulte, approximativement âgé de 12-22 ans,
Représentation Position
N
Nd
Nf
Li
l
H
h
dent isolée
M2 inf. g.
17
’ 16 x
9
214
75
131 175
dent isolée
M3 inf. d.
18
13
262
90
151 168
dent isolée
mandibule
complète
mandibule
complète
mandibule
complète
mandibule
complète
M1 inf. d.
11
’ 17 x
’ 10 x
11
174
75
122
-
M2 inf. g.
12
’ 12 (’)
12
-
66
-
M2 inf. d.
13
’ 13 (’)
13
145
71
-
M3 inf. g.
13
x 12 -
5
-
76
M3 inf. d.
10
x9-
5
-
77
u
e
F
C
Sinus
sinueux
1,8 10 subparallèles
sinueux
1,2 10,5 subparallèles
C
1,4
13
complexe
-
D1
1,2
9
complexe
-
D1
1,2
8
complexe
132 174
B2
1,2 10,5 -
135 175
B2
1,2 10,5 -
B4
Tab. 4 : Descriptif morphologique et morphométrique des molaires inférieures du mammouth d’Ault.
N : nombre de lames, Nd : formule laminaire, Nf : nombre de lames fonctionnelles (ouvertes) ; ∞ : lames disparues par usure (∞) : lames disparues par
contact, x : lamelle, - : cassure ; h : indice d’hypsodontie, soit H/l x 100 (rapport hauteur largeur) ; u : stades d’usure : A : dent neuve, B : nombre croissant
de lames en fonction (de B1 à B4), C : dent en milieu de vie (fonction optimale), D : disparition progressive des lames (D1 à D4), e : épaisseur d’émail
(en mm), F : fréquence laminaire (nombre de lames sur 10 cm, F mesurée à mi-hauteur, de préférence sur la surface occlusale) ; Sinus : morphologie du
ruban d’émail.
Tab. 4: Morphological and morphometrical datas for the lower molars of the Ault’s mammoth. N: number of plates, Nd: plate formula, Nf: number
of functional plates (open); ∞: plates absent through wear, (∞): plates disappeared by contact, x: plate, -: broken; h: hypsodonty index, H/l x 100
(height/weight ratio); u: attrition stages: A: unworn tooth, B: increasing in functional plates (B1 to B4), C: middle life tooth wear (optimal function),
D: decreasing of the plates (D1 to D4), e: enamel weight (in mm), F: plate frequency (number of plates in 10 cm, measured at mid-height preferably on
occlusal surface); Sinus: enamel band morphology.
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1/09/11 12:52:07
228
Fig. 7 : Deuxièmes molaires inférieures du mammouth d’Ault provenant de la mandibule de la figure 5.
A : molaire droite, vue latérale en haut, occlusale en bas ; B : molaire gauche, vue latérale en haut, occlusale en bas. Echelle : 5 cm (clichés P. Auguste).
Fig. 7: Lower second molars of the Woolly Mammoth from Ault, same individual as in figure 5. A: right molar, lateral view above, occlusal below; B: left
molar, lateral view above, occlusal below. Scale: 5 cm (photos P. Auguste).
tiellement composée de graminées. Les lames d’émail
constitutives de ses dents jugales étaient ainsi plus
nombreuses pour une longueur de dent moindre,
impliquant des lames plus serrées, le nombre de
lames d’une troisième molaire définitive de M.
primigenius étant situé entre 18 et 25 (Musil, 1968).
Par ailleurs, si le nombre de lames et la hauteur de
celles-ci augmentent au cours de l’évolution de la
lignée, l’épaisseur d’émail diminue quant à elle de
façon significative ne dépassant que rarement 2 mm.
De plus, les rubans d’émail sont chez le mammouth
laineux fortement plissés et présentent une dilatation
médiane quasi systématique (sinus complexe). Les
lames d’émail, plus fines et plus nombreuses, vont
contribuer à accroître la fonction de râpe de la molaire
tout en limitant son abrasion. Cette augmentation
N
L
l
H
h
e
F
M. trogontherii
Süssenborn
14 - 21
260 - 370
85 - 120
158
132 - 186
1,8 à + de 2 ,5
5,3 - 8,1
Mammouth
saalien
La Fage
24
300 - 305
96 - 102
152 - 158
149 - 154
1,5 - 2
6,1 - 6,8
de surface dure et résistante aura pour conséquence
de permettre aux animaux de broyer tous types de
végétaux et surtout plus de graminées.
La comparaison des données obtenues sur deux M3
inférieures du mammouth d’Ault a été effectuée avec
les mesures moyennes obtenues sur le Mammuthus
trogontherii de Süssenborn (Guenther, 1969), puis sur le
mammouth saalien de la Fage (Beden & Guérin, 1975),
et enfin avec les données obtenues sur deux individus
provenant de la grotte de Jaurens en Corrèze (Beden,
1980) et sur la population typique de mammouth laineux
de Predmosti, situé en République Tchèque (Musil,
1968), tous deux attribués au Pléistocène supérieur
(tab. 5). Cette comparaison confirme l’appartenance
spécifique du mammouth d’Ault à la forme terminale
typique, M. primigenius.
M.
M.
primigenius primigenius Mammouth
Predmosti
18 - 25
225 - 250
75 - 104
157 - 174
167 - 209
1,6 - 2,1
9,5 - 10,3
Jaurens
96
1,5 - 2
8
Ault-Onival
18
~ 262
76 - 90
~ 151
168 - 175
1,2
10,5
Tab. 5 : Comparaison des dimensions de M3 inférieures de mammouths du Pléistocène moyen et supérieur avec celles du mammouth d’Ault.
N : nombre de lames ; L, l, H : longueur, largeur, hauteur (en mm) ; h : indice d’hypsodontie, soit H/l x 100 (rapport hauteur largeur) ; e : épaisseur d’émail
(en mm) ; F : fréquence laminaire (nombre de lames sur 10 cm) ; ~ : environ.
Tab. 5: Comparison of measurements of lower M3 of Middle and Upper Pleistocene Mammoths with M3 of the Ault Mammoth. N: number of plates; L,
l, H : length, weight, height (in mm); h: hypsodonty index; e: enamel weight (in mm); F: plate frequency (number of plates in 10 cm); ~: around.
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229
M. primigenius, qui apparaît en Sibérie orientale il y a
environ 800 000 à 600 000 ans, n’aurait gagné l’Europe
occidentale qu’au cours des stades isotopiques marins
7 ou 6, aux alentours de 190 000 à 150 000 ans (Lister
& Sher, 2001). En France septentrionale (Auguste,
2009), il apparaît dans le cortège faunique de manière
certaine à la fin du Saalien, durant le SIM 6, comme à
La Cotte de Saint-Brelade dans l’Île de Jersey (alors
reliée au continent). Mais il ne devient courant au sein
des accumulations de faune qu’à partir du début glaciaire
weichselien vers 100 - 110 000 ans comme au MontDol en Bretagne (Auguste, 2009). Sa dernière présence
confirmée se situe à Hénin-sur-Cojeul dans le Pas-deCalais durant le Pléniglaciaire moyen vers 45 000 ans au
cours du SIM 3 (Auguste, 2009).
Le proboscidien présent à Ault est donc un Mammuthus
primigenius typique, il indique par conséquent un dépôt
au moins plus récent que la fin du Pléistocène moyen, ou
fort probablement plus récent que le dernier interglaciaire
(Eemien) et plus ancien que le Tardiglaciaire. Ses
exigences écologiques en font l’hôte privilégié de
l’écosystème identifié durant les phases glaciaires du
Pléistocène, un milieu dominé par de vastes étendues
herbeuses de type steppique sous un climat froid, sec et
bien plus continental que l’actuel. La date obtenue sur
la dent de cheval indiquant la formation du dépôt vers
55 000 ± 10 000 ans est donc en parfait accord avec la
détermination spécifique. Par ailleurs, les conditions
périglaciaires du contexte sédimentaire sont également
en adéquation avec le paysage et le climat induit par la
présence de ce mammouth laineux, témoignant de la
présence de ces animaux mais également de l’Homme
durant une phase froide du Pléistocène supérieur, très
probablement au cours du Pléniglaciaire inférieur
(SIM 4).
6 - SYNTHèSE
D’une manière générale, les observations concernant la
structure et la sédimentologie des dépôts d’Ault montrent
que leur mise en place résulte essentiellement de processus
de gélifluxion de la craie à silex et des dépôts de versants
limoneux sus-jacents en liaison avec des alternances geldégel particulièrement marquées. La gélifraction massive
des silex et l’ampleur de la dynamique sédimentaire
indique vraisemblablement un contexte pléniglaciaire
à permafrost. Par ailleurs, la comparaison avec les
données régionales et notamment avec les coupes de
séquences de recouvrement des terrasses de la Somme
(Haesaerts & Dupuis, 1986 ; Antoine, 1994 ; Antoine
et al., 2003a, 2007), montre que ce type de dépôts se
met en place en contexte pléniglaciaire à la faveur de
phases de déstabilisation particulièrement intenses du
permafrost sur versant (mise en place de heads crayeux
à silex et matrice argileuse, cailloutis à matrice limonoargileuse...).
Les données paléontologiques sont en accord avec cette
interprétation et situent la mise en place de ces dépôts dans
1107-050 Mep.indd 45
un contexte de type pléniglaciaire et un environnement
de steppe froide de type « steppe à Mammouth ».
Compte tenu de la marge d’erreur, la datation ESR-U/
Th sur dent de cheval nous place soit au Pléniglaciaire
inférieur (65-55 ka) soit au début du Pléniglaciaire moyen
(55-45 ka).
La craie étant un matériau particulièrement sensible
au gel, la déstabilisation de la falaise vive initialement
formée en période de haut niveau marin pendant le dernier interglaciaire (Eemien) a vraisemblablement débuté
dès le premier stade froid du Début glaciaire (SIM 5d)
dans un contexte de régression (-20 m minimum, Sommé
et al., 1994) pour s’accentuer ensuite au cours du
Début glaciaire weichselien dans un climat continental à
gel saisonnier marqué (Antoine et al., 1998, 2003c). La
comparaison avec la coupe de Sangatte, qui contrairement
à Ault permet d’observer l’ensemble de la séquence de
versant post-niveau marin interglaciaire, apporte des
éléments pour l’interprétation de cette période. En effet,
les premiers dépôts de boue crayeuse massive recouvrant
la séquence de plage fossile pléistocène de Sangatte
contiennent une faune malacologique et des assemblages
polliniques indiquant des conditions continentales
froides mais non périglaciaires, de type Début glaciaire
(Sommé, 1975, 1979, Munaut, 1993, inédit ; Antoine,
1989). Dans ce contexte, les premiers stades d’érosion
de la falaise crayeuse résultent des alternances gel-dégel
qui entraînent la formation de boues crayeuses redéposées en pied de falaise par le ruissellement.
Par contre, les caractéristiques de la faune, la
datation et la nature des sédiments nous montrent que
la Formation d’Ault, telle qu’elle affleure aujourd’hui,
traduit un contexte climatique et des processus de
gélifluxion beaucoup plus poussés qui n’apparaissent
que dans une phase plus avancée du cycle climatique de
type Pléniglaciaire avec le développement du permafrost.
En effet, les premières traces de permafrost indiquées
régionalement par la présence de pseudomorphoses de
grandes fentes à coins de glace dans les séries lœssiques
sont datées du Pléniglaciaire inférieur vers ± 60 ka BP
(Antoine et al., 2003b). Le développement de ce premier
épisode majeur de permafrost continu pourrait d’ailleurs
être contemporain de l’événement de Heinrich H6 daté
d’environ 60 ka (Grousset, 2002 ; Grousset et al., 2000 ;
Svensson et al., 2008), comme semble l’indiquer des
travaux sur les lœss du Pléistocène supérieur d’Europe
occidentale (Antoine et al., 2009).
Dans cette hypothèse, la phase de solifluxion majeure,
responsable de la régularisation de la falaise, de
l’accumulation de l’immense masse de dépôts crayeux
à silex et de la finalisation du glacis, pourrait résulter
d’un (ou de plusieurs) épisodes de réchauffement
rapide qui suivent H6, comme les GIS 17-16 (vers 59.458.2 ka) ou GIS 15-14 (55.8-54.2 ka) (Svensson et al.,
2008). L’occupation humaine aurait alors pu s’effectuer
en début d’interstade vers 59-58 ka dans un contexte
environnemental plus stable (arrêt des épisodes majeurs
de solifluxion) et dans des conditions sensiblement
moins rigoureuses. Au cours de cette période, l’affleu-
1/09/11 12:52:15
230
rement d’une abondante masse de rognons de silex de
bonne qualité, fraîchement dégagés par les processus
de solifluxion antérieurs, constitue une configuration
particulièrement favorable à l’établissement d’activités
de débitage de grande ampleur.
A cette époque, le niveau marin se situant autour de -60
à -80 m par rapport au niveau actuel (Waelbroeck et al.,
2002), la Manche était presque entièrement exondée et
le littoral se localisait au minimum à 200 km à l’ouest
d’Ault, entre le Cotentin et l’Ile de Wight (fig. 1). L’occupation d’Ault n’a donc aucun caractère littoral comme
c’est le cas par exemple pour certains sites du Cotentin,
comme Port-Racine ou Saint-Germain-des-Vaux (Cliquet
& Lautridou, 2006). Les hommes paléolithiques qui ont
occupé le secteur d’Ault à cette époque avaient donc accès
à une immense plaine reliant la France et l’Angleterre,
parcourue par les vastes chenaux fluviatiles en tresses du
« fleuve Manche » et notamment par la Paléo-Somme et la
Paléo-Seine (fig. 1). Cette plaine recouverte de graminées
constituait un biotope idéal pour les grands mammifères
tels les mammouths et les chevaux.
Le site paléolithique d’Ault, bien qu’il soit difficile
d’accès et pratiquement impossible à fouiller, représente
donc un point de comparaison important pour les nombreuses occupations du Paléolithique moyen récemment
découvertes dans la France septentrionale (Locht et al.,
2010), comme Beauvais (Locht et al., 1995), Fitz-James
(Teheux, 2000), Sains-en-Amiénois (Fagnart & Fournier,
1982) ou Savy (Locht et al., 2006).
Un essai de reconstitution de l’évolution du littoral et de
la paléofalaise d’Ault sur la base des données existantes,
résumé par la figure 8, montre que la préservation de la
Formation d’Ault constituée par des dépôts relativement
meubles, dans le contexte très fortement érosif de la
plate-forme littorale, est difficilement envisageable sans
l’intervention d’un affaissement relatif du substratum
crayeux au nord de la paléofalaise depuis le dépôt (création
d’un piège sédimentaire au nord de la falaise). En effet,
en l’absence de mouvement relatif du substratum et donc
de structure piège, les dépôts de versant périglaciaires
accumulés en pied de falaise sur le cordon de galets à la
suite d’un épisode de baisse du niveau marin du Dernier
glaciaire auraient logiquement du être entièrement
décapés lors de la transgression holocène. Cette hypothèse est compatible avec l’existence de plusieurs failles
normales sub-parallèles à la paléofalaise (failles de SaintValéry et de Mers-Amboise, fig. 2), qui provoquent un
affaissement en gradins de la craie vers le nord (Broquet
et al., 1985), et avec le caractère intensément fracturé de
la falaise actuelle entre Ault et Le Tréport (Antoine, obs.
pers.). La présence de cette fracturation pourrait d’ailleurs
être un des facteurs intervenant dans l’accentuation du
recul des falaises dans ce secteur et dans la localisation
du point d’accroche de la flèche de galets du cordon
des Bas-Champs de Cayeux ; flèche dont l’initiation au
Subatlantique pourrait résulter d’épisodes d’éboulement
massifs de la falaise.
La vérification de cette hypothèse de conservation
de la Formation d’Ault à la faveur d’un affaissement
1107-050 Mep.indd 46
d’origine tectonique nécessite cependant une recherche
sur la géométrie exacte des dépôts et leurs rapports avec
la paléofalaise. Ces recherches pourront se baser sur des
travaux complémentaires associant des investigations
géophysiques (géoradar, sismique réflexion) et des
sondages (si possible à la pelle mécanique).
La prise en compte de l’âge maximum des dépôts,
d’après l’étude des restes de mammouth, de l’âge ESR/
U-Th, et de la position de la Formation d’Ault et de la
paléofalaise associée montrent que la vitesse de recul
actuelle (0,2 à 0,3 m/an, Lageat et al., 2006 ; Dolique,
1991) est sans commune mesure avec le bilan du recul
au cours des phases récentes du Pléistocène (300 m pour
65 000 ans au maximum). Cependant, seule la datation
(14C) des tourbes qui apparaissent lors des grandes marées
sur la plage d’Ault (Agache et al., 1963), permettrait de
calculer une vitesse de recul de la falaise en relation
avec la remontée du niveau marin au cours de l’Holocène
récent et de la comparer à la vitesse de retrait constatée
actuellement. La présence de ces tourbes montre par
ailleurs qu’au cours de la remontée du niveau marin
holocène, un marais littoral a existé entre la falaise et un
cordon littoral actuellement disparu.
7 - CONCLUSION
La paléofalaise et la Formation d’Ault, ainsi que le
site paléolithique associé, constituent un objet d’étude
original qui intéresse à la fois les géomorphologues, les
géologues et les préhistoriens. Sur la base des données
géologiques et géochronologiques disponibles et des
nouvelles investigations menées récemment sur la
grande faune, il est aujourd’hui possible d’attribuer le
gisement paléolithique d’Ault et les dépôts de versant
qui l’ont fossilisé à la fin du Pléniglaciaire inférieur à la
transition SIM 4-SIM 3 vers 58-60 ka. Cette interprétation débouche donc sur un âge sensiblement plus
récent que ceux qui avaient été proposés antérieurement
sur la base de comparaison des industries lithiques et
qui a le mérite d’être beaucoup plus cohérent avec les
données actuelles concernant le Paléolithique moyen
récent régional. Le site d’Ault est actuellement un des
rares sites paléolithiques submergé daté et resitué dans
un contexte chronoclimatique précis au niveau du bassin
de la Manche.
Ces recherches nous permettent également de reconstituer l’évolution des paléoenvironnements de cette région
en liaison avec les variations du climat et du niveau marin
depuis la fin du dernier interglaciaire.
Dans ce contexte, la prise en compte de la géométrie
des dépôts et du contexte structural local caractérisé par la
présence de failles sub-parallèles à la paléofalaise permet
de penser que la préservation de la Formation d’Ault est
liée à la présence d’un piège sédimentaire résultant de
l’affaissement d’un compartiment de craie situé au nord
de la paléofalaise.
Enfin, l’étude de la Formation d’Ault et de la paléofalaise
montre que la vitesse de recul actuellement très élevée
1/09/11 12:52:16
231
Fig. 8 : Essai de reconstitution de l’évolution morphosédimentaire du littoral d’Ault entre l’Eemien (SIM 5e) et l’Holocène.
1 - Craie (Crétacé supérieur) ; 2 - Argile à silex ; 3 - Lœss ; 4 - Cordon de galets pléistocène ; 5 - Formation de versant crayeuse périglaciaire à silex et
lentilles lœssiques.
Fig. 8: Attempt to reconstruct the morphosedimentary and palaeoenvironmental evolution of the shore at Ault between the Eemian interglacial (MIS5e)
and the Holocene. 1 - Chalk (Upper Cretaceous); 2- Clay with flints; 3 - Loess; 4 - Pleistocene pebble bar; 5 - Chalky periglacial slope formation with
flints and loessic lenses.
1107-050 Mep.indd 47
1/09/11 12:52:19
232
de la falaise dans le secteur d’Ault (depuis le début du
Subatlantique) est sans rapport avec la vitesse moyenne
d’évolution des falaises à l’échelle du Pléistocène récent
qui apparaît beaucoup plus lente (± 5 mm/an).
REMERCIEMENTS
Les auteurs tiennent à remercier vivement R. Agache
de leur avoir fait découvrir le site et partager sa passion
pour le littoral picard, ainsi que J.-M. Michel pour son
accueil très chaleureux et sa disponibilité qui ont permis
à P. Auguste et S. Louguet d’étudier dans de très bonnes
conditions les restes de grands mammifères collectés à
Ault depuis plus de 25 ans. Leurs remerciements vont
aussi à C.Montoya du Service régional de l’Archéologie
de Picardie pour l’aide apportée. Ils remercient également
J.-M. Dolo qui a réalisé les irradiations, R. Grün, qui a
fourni le programme de calcul, et H. Tissoux et S. Hameau
pour leur aide lors de l’acquisition des données U-Th.
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