Dossier détaillé Adeus Lettres de la religieuse portugaise

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Dossier détaillé Adeus Lettres de la religieuse portugaise
Création 2010
Festival Off d’Avignon
Institut Franco-Portugais de Lisbonne
DOSSIER DETAILLE
La compagnie Art et Latte
La compagnie Art et Latte s’est créée en 2009 pour offrir à différents publics la
connaissance, la qualité et le goût d’œuvres littéraires, grâce au théâtre et aux arts vivants.
Les quatre colonnes d’Art et Latte
Offrir la littérature : auteurs classiques, modernes et contemporains, français et
étrangers, célèbres, inconnus ou bien oubliés, femmes et hommes distillant la beauté par
leur plume…
Dérouler et croiser les arts vivants : suivant les textes, les auteurs et les atmosphères
littéraires, les performances artistiques deviennent tour à tour théâtrales, musicales, vidéos,
numériques…
S’ouvrir à la rue : la compagnie crée des mises en scène et des interprétations dans des
théâtres comme sur l’espace public (places, jardins, rues) ou dans des lieux urbains
insolites (friches, chantiers). Le lieu de représentation s’inspire du caractère donné à la
performance scénique.
Interpeller les jeunes : nous réalisons des performances artistiques dans un cadre
éducatif, en lien avec les professeurs intéressés par une démarche alternative aux
approches traditionnelles de la littérature.
Les contacts de la compagnie
Compagnie Art et Latte :
10 rue du Jourdain – 75020 Paris
tel. 01 40 37 00 03
mail : [email protected]
www.artetlatte.fr
Président :
Emmanuel Brégand : 06 19 13 72 54
[email protected]
Direction artistique :
Catherine Mery : 06 07 65 67 37
[email protected]
Direction de la communication :
Magda Kalestynska : 06 18 94 17 59
[email protected]
Création graphique :
Marie-Charlotte Flandé : 06 25 86 90 39
[email protected]
Adeus d’après les
Lettres de la religieuse portugaise
En synthèse
Adeus, d’après les Lettres de la religieuse portugaise (de Guilleragues).
Production : Compagnie Art et Latte.
Adaptation et interprétation : Catherine Mery.
Régie technique et création lumières : Bernard Escoffier.
Musique : Quatrième quatuor à cordes de Dimitri Chostakovitch.
Durée : 1 heure.
La création d’Adeus en 2010
Du 8 au 31 juillet : création au Théâtre du Verbe Fou, Avignon, France (Festival Off). Le
Verbe Fou est un théâtre littéraire permanent au cœur d’Avignon, qui se veut ouvert aux mots
poétiques, philosophiques et lyriques.
Du 16 au 18 décembre : Institut Franco-Portugais de Lisbonne, Portugal. Lieu de
rencontre et de dialogue multiculturel ouvert sur l’Europe, l’Institut Franco-Portugais est un
espace de création ouvert à tous les arts.
Revue de presse
Arte (19 juillet 2010) :
« Coup de cœur ! Exemplaire performance de la comédienne qui, seule en scène, fait exister
et résonner la parole de cette religieuse passionnée (…) Cette désarmante facilité qu’elle a de
naviguer dans la langue de Guilleragues (…) Son regard si clair qui accroche les âmes de ses
auditeurs à la suite de son récit, comme autant de poussières dans le sillage d’un corps
céleste. »
Le Dauphiné Libéré (26 juillet 2010) :
« L’actrice nous sert avec brio de l’amour passion (…) Le public passe par diverses émotions.
Il est touché par un personnage qui va prendre conscience que c’est sa passion et non l’être
aimé qui importe fondamentalement. »
Les Lettres de la religieuse portugaise
A la fin du XVIIème siècle une religieuse séduite puis abandonnée par un soldat français venu
combattre aux côtés du Portugal au cours de la guerre d’indépendance, lui écrivit cinq lettres
passionnées. Elle se nommait Mariana Alcoforado, née dans l’Alentejo en 1640 : c’est au
couvent de Nossa Senhora da Conceição à Beja qu’elle fit la rencontre de Noël Bouton de
Chamilly, officier qui se battait sur le sol portugais sous les ordres de Frédéric de Schomberg ;
le Marquis de Guilleragues, un diplomate français envoyé au Portugal par Louis XIV durant la
campagne militaire, aurait lues les lettres à la demande de Chamilly et décidé de les faire
traduire puis éditer à Paris par Barbin en 1669.
Le théâtre de Racine avait fait naître le goût d'un nouveau romanesque : qu'une religieuse
exprimât en français une passion sans espoir, suscita alors l’émoi des contemporains, qui y
virent un chef d’œuvre de littérature, de sensibilité… et de mystère. Rousseau aurait dit à leur
propos : « Je parierai tout au monde que ces lettres ont été écrites par un homme » … en
l’occurrence par le marquis de Guilleragues qui était un bon lettré de son temps. La maison
d’édition lisboète Assírio & Alvim, qui assure aujourd’hui la parution des Lettres en langue
portugaise sur une traduction du poète Eugénio de Andrade, est d’avis qu’en tant que jeune
femme très cultivée et de bonne famille, la religieuse les aurait délibérément écrites en
français. A contrario, l’édition française estime que Guilleragues en est le véritable auteur.
Le couvent de Nossa Senhora da Conceição à Beja, Portugal.
Ces lettres sont-elles le témoignage d’une passion sincère ou la création littéraire d’une
personne souhaitant garder l’anonymat à l’époque ? Dès lors, est-ce une femme ou un homme
qui les aurait écrites ? De la création au réel, la question de l’authenticité des Lettres de la
religieuse portugaise semble diffuse, tant chacun peut y retrouver une part de sa
sensibilité.
Paroles d’écrivains autour des Lettres
Les esprits éclairés de toutes les époques ne s’y sont pas trompés et les Lettres portugaises
ont marqué et intrigué d'innombrables écrivains ; dans De l’amour, Stendhal donnera les
Lettres de la religieuse portugaise en exemple de « l’amour-passion » et y reviendra dans
La Vie de Rossini : « Il faut aimer comme la religieuse portugaise, et avec cette âme de feu
dont elle nous a laissé une si vive empreinte dans ses lettres immortelles. » Enfin, dans Le
Rouge et le Noir, il dira s’inspirer des Lettres en exergue de la seconde partie : « Amour !
dans quelle folie ne parviens-tu pas à nous faire trouver du plaisir ».
La religieuse portugaise, du XVIIème siècle à Matisse et Modigliani
Le grand poète autrichien Rainer Maria Rilke les traduisit en allemand et en fît un vibrant
éloge : « Les paroles de cette religieuse contiennent le sentiment tout entier, ce qu'il a
d'exprimable et ce qui est en lui indicible. Et sa voix est pareille à celle du rossignol, laquelle
n'a pas de destin ».
Plus récemment, Philippe Sollers a écrit dans son dernier ouvrage Discours parfait une
analyse très fine et sensible de ces lettres, les tenant pour authentiques « car aucun homme
n’aurait pu aller aussi loin dans la description de la folie amoureuse féminine ». Il y retient le
remerciement final de la religieuse à son amant, d’une rare élégance : « Vous m’avez donné
de grands secours, et j’avoue que j’en avais un extrême besoin. »
Le processus de création théâtrale
L’adaptation et l’interprétation théâtrale des cinq lettres sont de Catherine Mery. L’œuvre
théâtrale est créée à partir d’un matériau littéraire très riche, afin de retranscrire sur scène et
en huis clos la sincérité et les questionnements d’une femme sensible et amoureuse au XVIIème
siècle, dont l’expression garde aujourd’hui une belle intensité et une vraie résonance.
Le travail d’adaptation et de filage des cinq lettres s’est déroulé en 2008-2009 dans un esprit
de "work-in-progress" : une première version a ainsi été présentée au mois de juin 2009 puis
remaniée pour des représentations devant des professionnels du théâtre en octobre et
novembre 2009. La pièce a été créée publiquement en juillet 2010, à l’occasion du Festival Off
d’Avignon ; suite à ces représentations et aux échanges avec le public, la mise en scène s’est
étoffée à la fin de l’année 2010 en s’orientant vers une expression entière et passionnée des
lettres.
La compagnie Art et Latte est en relation étroite avec la maison d’édition Assírio & Alvim à
Lisbonne : dans ce cadre, elle réalise également une adaptation théâtrale des Lettres en
langue portugaise, sur la traduction du poète Eugénio de Andrade.
L’intention de la pièce
Ces écrits sont remarquables de sensibilité et décrivent une femme qui choisit de se donner
entièrement à la passion amoureuse ; abandonnée par l’homme qu’elle aime et livrée à la
solitude du couvent, elle se confronte à sa sensibilité et sa féminité, passant de la joie à la
tristesse, de l'attente à la colère, du désespoir à la folie, du doute à la réflexion sur soi... A
travers l’écriture, elle comprend que ce n’est pas son amant qui importe mais bel et bien le fait
de ressentir cette passion, seule respiration possible dans une société rigide, seule
échappatoire vers la vie : ainsi la religieuse portugaise parle-t-elle de la condition des femmes
de son époque et du besoin de vivre librement selon ses désirs, rejetant les devoirs sociaux et
religieux auxquels on l’a appliquée depuis l’enfance : en cela, on peut bel et bien envisager
dans cette écriture une revendication féministe, et non simplement une expression
amoureuse.
Cette création théâtrale se caractérise par l’intensité des émotions exprimées par la
comédienne seule en scène, ainsi que la volonté de transmettre la qualité littéraire et
prosodique des cinq lettres. A travers l’écriture, la religieuse dessine un univers clos, quasi
carcéral, d’où seule la force de l’amour qu’elle éprouve peut la faire s’évader : même si elle est
seule, la présence de l’être aimé est ressentie par le public. Le personnage apparaît pur et
intransigeant, c’est l’authenticité de sa passion qui lui donne son caractère. Chacune des
lettres a un esprit singulier : le spectateur y perçoit l’évolution de la religieuse au fil de
l’écriture et de l’expression de sa passion.
Le mot de la fin « Je crois même que je ne vous écrirai plus » marque le dénouement
volontaire de la relation amoureuse, dont elle sort transformée.
La mise en scène
La première lettre est celle de l’attente, de la cristallisation et des doutes. Elle montre la
sincérité, la sensibilité et le désir d’absolu de la religieuse, qui qualifiera d’ailleurs le
personnage durant toute la pièce.
La deuxième lettre est d’une longueur comparable mais diffère beaucoup sur le fond et le
rythme proposé. Elle est en effet marquée par la colère et l’amertume : le personnage se rend
compte qu’elle a été trompée par son amant et qu’il est possible que celui-ci l’ait oubliée. Le
jeu de la comédienne est sous influence, et elle fait parvenir une certaine tension au public
tout en préservant le brio littéraire.
La troisième lettre s’ouvre sur une crise d’angoisse et va prendre le personnage à la gorge
jusqu’à la faire tomber dans la folie amoureuse. Elle ne semble plus exister qu’au travers de sa
passion ; celle-ci n’étant pas partagée elle envisage de mettre fin à ses jours. Le jeu de la
comédienne illustre la perdition du personnage, jusqu’à la fin de la lettre dont le caractère
étonnamment furtif amorce un nouvel état.
La quatrième lettre est la plus longue et la comédienne y expose une palette assez large de
sentiments et d’émotions : c’est un tournant très important de la pièce et elle dévoile l’enjeu
du personnage. Reprenant au départ les sujets des deux premières lettres empreints de la
profonde agitation de la troisième, elle développe de manière continue une certaine
distanciation et une réflexion sur ses attentes. Elle constate la vacuité de l’existence qui lui est
proposée en tant que femme et choisit librement de s’y opposer en s’attachant à sa passion,
même si une atmosphère dépressive peut ressurgir dans sa solitude. Ce faisant, elle
commence à faire preuve d’un cynisme et d’une dérision assez mordante à l’encontre de son
amant, ce qui marque une évolution du personnage et lui donne une certaine forme
d’humour.
La cinquième lettre est d’une longueur comparable à la quatrième mais le personnage y
conserve un état apaisé. Cette lettre se détache nettement de la précédente par une
ouverture scénique distanciée de la comédienne. Le personnage a pris conscience que c’est sa
passion et non l’être aimé qui importe fondamentalement, car elle seule lui a permis de se
sentir vivante : elle sort de cet amour en faisant un choix qui ne concerne désormais qu’ellemême, la femme qu’elle est devenue.
Le cadre de jeu
Le décor et l’éclairage sont construits sur un entre-deux clair-obscur, dans une atmosphère de
huis clos : une pièce seule avec un fauteuil. Le décor définit une ambiance d’isolement et de
solitude. Le personnage évolue sur le plateau en parlant et écrivant successivement à son
amant ; le choix a été fait de ne donner aucune connotation religieuse au cadre de jeu comme
au personnage, d’allure très féminine et libérée.
La musique du spectacle : Quatrième quatuor à cordes de Chostakovitch
« Le quatrième quatuor à cordes de Chostakovitch date de 1949 : il apporte une tonalité très
nettement ethnique qui a toutes les apparences d’un défi. La nostalgie de "ce qui aurait pu
être" est, sans doute, une spécialité russe 1 ; mais l’association d’une détermination macabre,
de coloris folkloriques et de pédales harmoniques semblent plutôt chargées ici du sens de "ce
qui n’aurait jamais dû se passer". D’une veine plus naturellement mélancolique, le mouvement
lent, tout en tentatives inabouties, monte en puissance, comme en lutte pour se libérer d’un
joug » (Daniel Fanning, 2 août 2005)
Le personnage est en scène pendant le temps d’assise du public et réagit imperceptiblement
et sensiblement au deuxième mouvement Andantino du quatrième quatuor à cordes de
Chostakovitch. Entre chacune des quatre premières lettres, la musique de Chostakovitch
résonne durant quelques instants, accompagnant et symbolisant l’évolution de l’état du
personnage.
La comédienne Catherine Mery
Née en 1977, Catherine Mery pratique le théâtre depuis l’âge de 6 ans. Elle a été
successivement formée par le metteur en scène Charlotte-Rita Pichon à Arles puis par la
structure de formation de l’acteur « Acte Neuf » à Paris.
Elle a interprété différentes pièces du répertoire classique et contemporain : Les Trois
sœurs, Oncle Vania et Platonov d’Anton Tchekhov, L’Echange de Paul Claudel,
Grand’Peur et Misère du Troisième Reich et La Mère de Berthold Brecht, Caligula
d’Albert Camus, En attendant Godot de Samuel Beckett, Une Femme sous influence de
John Cassavetes, L’Amour de Phèdre de Sarah Kane, Les Bonnes de Jean Genet, Marie
Stuart de Friedrich von Schiller, Un Château en Novembre d’Emmanuel Roblès, L’Avare
de Molière, Baroufe à Chioggia de Carlo Goldoni, La Paix chez soi de Georges Courteline,
Knock de Jules Romains, L’Enfant mort sur le trottoir de Guy Foissy, Les Tribulations
d’une caissière d’Anna Sam.
1
Et rappelant également la saudade portugaise…
Passionnée par la littérature et le théâtre, elle s’est engagée en 2009 en tant que directrice
artistique, metteur en scène et interprète au sein de la compagnie Art et Latte.
Les Lettres de la religieuse portugaise interprétées par Catherine Mery