Quand l`école hôtelière forme à la finance ou au golf
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Quand l`école hôtelière forme à la finance ou au golf
FORMATION LES ÉCOLES ET LES DIPLÔMES POUR BOOSTER VOTRE CARRIÈRE Quand l’école hôtelière forme à la finance ou au golf La palette des débouchés se diversifie à la sortie des hospitality schools: spas, cliniques, marques du luxe et de la mode, horlogerie, banques… PHOTO: DR PAR MATTHIEU HOFFSTETTER A l’institut de Glion, il est possible de passer un master of science en «international hospitality finance». W W W. B I L A N .C H BILAN 57 FORMATION ÉCOLES HÔTELIÈRES PHOTO: KURTAY C pu aussi: j’avais une proposition en main, mais je voulais débuter ma carrière en clientèle chez Louis Vuitton, Suisse. Et les possibilités sont tellement officier RH chez Qatar Airways, directeur des opéra- vastes aujourd’hui.» Qu’est-ce qui pousse les grands noms tions de la Coupe du monde de la finance ou du luxe à venir chercher au Brésil, directeur des investissements ici leurs talents? «Aujourd’hui, nous chez Engel & Völkers, gestionnaire de devons prendre exemple sur ce qui se portefeuilles chez SYZ Asset pratique dans l’hôtellerie de luxe et non Management, cadre de vente chez dans l’horlogerie, affirme Jean-Marc Bloomberg: qu’ont en commun les Pontroué, CEO de Roger Dubuis. Nous titulaires de ces postes dans des secteurs vendons le capital sympathie autant que très divers? Tous ont suivi une formation la mécanique de précision. Et ce savoiren école hôtelière. Ou plutôt en hospitafaire, on le retrouve au top dans l’hospility management school. «L’an dernier, tality.» Sa manufacture genevoise a donc JPMorgan est venu recruter deux de nos recruté plusieurs élèves issus de filières étudiants. Aujourd’hui, 40% de nos de l’hospitality management. élèves vont vers des secteurs « LE PERSONNEL Dont Valentin Tremaud, autres que l’hôtellerie au relationship ambassador de la terme de leur cursus», exTRADITIONNEL, CERTES marque, qui raconte une plique Judy Hou, CEO de COMPÉTENT, N’A PAS vente en Asie où il a su surl’Institut de Glion, sur les TOUJOURS CETTE NOTION prendre un richissime client hauteurs de Montreux. en lui faisant un atelier cockSi les alumni des hospitality DU SERVICE TRÈS tails à son hôtel le soir: la schools ont, de longue date, HAUT DE GAMME» vente a été conclue et le client intégré des secteurs proches a signifié à Roger Dubuis sa surprise et de l’hôtellerie traditionnelle, la palette son enthousiasme. «Nous voulons créer des débouchés se diversifie de plus en l’incroyable et nous avons besoin de gens plus: spas, golfs, cliniques, compagnies audacieux», résume Jean-Marc aériennes, marques du luxe et de la Pontroué. mode, horlogerie, banques… «La finance Une démarche déjà pleinement assipropose aujourd’hui des services très milée par Anatole Chappuis, étudiant en poussés à ses clients et doit avoir une bachelor hospitality management à approche personnalisée, à l’instar de ce Glion: «Savoir susciter le waouw facteur qui se fait depuis longtemps dans l’hôtelest essentiel: on doit sans cesse se delerie haut de gamme. Nous travaillons mander ce qu’on peut apporter en plus.» donc notamment avec les domaines du Une mentalité qu’apprécie aussi Antoine private banking, mais aussi des fusionsHubert, CEO du réseau de cliniques acquisitions», développe Judy Hou. Genolier: «Chez nous, ces élèves savent Cet élargissement des débouchés apporter la touche supplémentaire qui s’associe à une réputation d’excellence permettra au patient de vivre un séjour qu’ont intégrée les jeunes élèves. Ainsi, largement plus agréable que si nous nous Marco Duerig, Bernois de 24 ans ayant contentions de personnel traditionnel, grandi à Vevey et aux quatre coins du certes compétent, mais qui n’a pas toumonde, a eu le choix entre la business jours cette notion du service très haut de school de Saint-Gall, l’une des plus gamme.» réputées du monde, et Les Roches, en Valais: «Avec 94 nationalités sur le camLes enseignements s’adaptent pus, je suis en Suisse tout en ayant la Pour arriver à transmettre cette mentalité sensation de vivre à l’étranger comme et cette exigence, Sonia Tatar, CEO de dans mon enfance», précise celui qui l’école Les Roches à Bluche, en Valais, confie avoir quatre amis du campus qui insiste sur une question: «Dès leur arrisont chez Bloomberg à Londres. «J’aurais W W W. B I L A N .C H L’école Les Roches, en Valais, propose une spécialisation en spa et health management. vée et pendant toute leur formation, les étudiants doivent se poser la question de «what comes with?» afin de porter au plus haut l’attention, bien au-delà du service de base pour lequel le client paie.» Pourquoi alors conserver des apprentissages spécifiquement liés à l’hôtellerie? «Quand un étudiant apprend à faire un lit, ce n’est pas juste savoir plier des draps, mais apprendre la rigueur, l’humilité. Idem en cuisine: nos élèves fonctionnent par groupes. Ce qui nous intéresse, c’est de leur apprendre le sens du détail, le leadership et le travail en équipe. D’ailleurs, nous ne notons pas leurs plats ou le ménage en lui-même, mais nous nous focalisons sur les valeurs transmises.» Au niveau des enseignements, les différentes écoles ont dû s’adapter. Au-delà des cursus traditionnels, la palette des spécialités s’est élargie. Spécialisations en management de clubs de golf avec des cours de design et d’entretien des greens sur le campus Les Roches Marbella, en spa et health management avec un accent sur la santé à Bluche, en luxe et management des marques à Glion… «A Glion, nous proposons un bachelor en hospitality management avec la spécialisation en luxury brand management, et un MSc en international hospitality finance», détaille Alexia Robinet, chargée des relations publiques pour le groupe américain Laureate, qui a racheté Glion en 2002. Des cours de marketing et de finance sont ainsi dispensés dans le fil des spécialisations. Mais aussi des sensibilisations BILAN 59 FORMATION ÉCOLES HÔTELIÈRES aux secteurs de la santé, des marques du luxe, des loisirs et des voyages. Avec des professionnels qui interviennent dans les campus pour faire part de leurs expériences et proposer des cas concrets aux étudiants qui doivent les résoudre et élaborer des stratégies adaptées. De sérieux atouts A l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL) aussi, les cursus se sont adaptés et les débouchés diversifiés: 7% des alumni travaillent dans le secteur de la banque, de l’immobilier et de la finance, 5% dans l’événementiel et le marketing, 5% dans la santé, et 12% dans d’autres secteurs que ceux où les écoles hôtelières envoyaient traditionnellement leurs élèves. Parmi les récents diplômés apparaissent un chargé des relations presse de Parmigiani, un manager marketing de Sotheby’s, un consultant chez BNP Paribas Real Estate, ou encore un chargé de marketing chez Rolls-Royce. Pour repérer au plus tôt ces futurs talents, les recruteurs rendent régulièrement visite aux étudiants sur les différents campus. Ils en profitent pour présenter leur marque, mais aussi et surtout pour mener des entretiens avec des ESM doyen de l’EHL. Pour lui, l’attrait de étudiants dont les profils pourraient nouveaux clients et secteurs pour les enrichir leurs équipes. «Quand nous étudiants issus de ces filières relève d’une avons reçu les responsables d’Apple tendance globale à une personnalisation récemment sur notre campus en Valais, de l’expérience client dans le haut de ils ont été sidérés par l’audace et l’invengamme. Les clients fortunés sont prêts tivité de nos étudiants qui ont analysé à mettre un prix toujours plus élevé pour l’ensemble du business de la marque et un service, qu’il soit hôtelier, bancaire, ont formulé de nombreuses pistes de du luxe ou des loisirs, mais attendent, en travail. Selon nos interlocuteurs, qui sont retour, de vivre une expérience des dirigeants de haut rang de Cupertino, personnalisée. ils ont trouvé ici un niveau d’expertise et Pour atteindre ce niveau d’excellence, des idées qu’ils ne s’attendaient pas à les «soft skills» sont enseignées de trouver hors du MIT de Boston ou d’unilongue date dans les écoles hôtelières: versités comme Stanford», glisse «Avoir une apparence soignée, connaître Clémentine Rouan, chargée des relations les différences culturelles à travers le avec l’industrie aux Roches. monde et être capable de s’y adapter, «La demande d’un service personnachercher à satisfaire le client au-delà lisé avec le développement d’un univers de ses attentes initiales mais avec une à part faisant vivre une expérience au discipline et une humilité maximales client se fait de plus en plus sentir. Il faut constitue des atouts indispensables pour donc trouver les talents aptes à créer cet convaincre les nouveaux univers relevant à la fois de la recruteurs de la finance, créativité et du domaine POUR REPÉRER du luxe, de la technologie», commercial. En ce sens-là, les CES FUTURS TALENTS, reconnaît Morris Beck, un étudiants en management LES RECRUTEURS Zurichois qui étudie actuellehôtelier ont de sérieux atouts ment sur le campus à faire valoir car c’est le RENDENT VISITE Les Roches à Marbella, créneau de l’hôtellerie de luxe AUX ÉTUDIANTS en Espagne. depuis plus d’un siècle», SUR LES CAMPUS Car les stratégies dévelopaffirme Pierre Ihmle, vice- Ecole de Management et de Communication Seule l’adresse a changé... ... le savoir-faire demeure Ch. Château-Bloch 11 1219 Genève 022 979 33 79 bachelor - master - doctorat formation continue - CAS - DAS 1ère business school francophone accréditée IACBE 60 BILAN esm.ch 10 JUIN 2015 PHOTO: DR pées se veulent complémentaires entre les écoles. Ainsi, Les Roches dispose de quatre campus désormais: en plus du site originel en Valais et de celui de Marbella, des écoles ont été ouvertes à Amman en Jordanie, et en Chine. Avec des spécialisations pour chaque site. L’école Les Roches Marbella s’est appuyée sur l’extraordinaire densité de parcours de golf en Andalousie pour proposer un cursus focalisé sur le management de ces structures. Au sein même du campus, un green et un practice permettent aux étudiants d’être familiarisés au quotidien avec ce sport. «Il est crucial que les étudiants sachent aussi organiser des événements, des ateliers et des initiations au golf, car la population qui pratique ce sport tend à vieillir et il s’agit de former les professionnels qui sauront attirer une nouvelle génération et renouveler le public», explique Veronica Paredes, chargée du développement des carrières sur le campus andalou du groupe. Le prestige inégalé de la Suisse Mais si ces écoles ont essaimé à travers le monde, les campus suisses restent souvent les plus recherchés. La tradition de l’hôtellerie de luxe et la réputation d’ex- 40% des élèves de Glion ne travailleront pas dans l’hôtellerie à l’issue de leurs études. cellence de notre pays conservent à ces sites un prestige inégalé. Ouverture sur le monde, exigence portée à son paroxysme, inventivité et capacité à innover constituent la marque de fabrique des plus prestigieuses formations helvétiques. A tel point que, dans le luxe et les autres nouveaux secteurs de débouchés, les élèves issus de ces formations deviennent la référence: «Tout ce que je fais dans une montre me semble facile. La seule chose qui me semble difficile, c’est de recruter la bonne personne qui saura manager une équipe, piloter l’ouverture d’une boutique, gérer la relation client avec brio et surprendre les gens qui aiment notre marque pour qu’ils n’oublient jamais ce que nous leur faisons vivre», détaille Jean-Marc Pontroué. Cependant, les exigences des clients évoluent de plus en plus vite. Si le luxe absolu demeure le service personnalisé, il s’agit aussi de maîtriser les nouveaux comportements et de les comprendre. D’où des campus de plus en plus connectés. «Apple n’est ainsi pas seulement un recruteur mais un exemple: quand un client achète un de ses produits, il a non seulement la sensation de rentrer dans une communauté, mais en plus de vivre une expérience globale et complète. Nous devons tendre vers ça», assure Emmanuel Soler, directeur des opérations de l’école Les Roches Marbella. C’est ainsi que l’hospitality ouvre de nouveaux horizons à ses étudiants et fait profiter à nombre de marques et de secteurs inédits des talents de ses managers. Viktor Göhlin Founder, Nokadi Alumnus 2006 Emilija Petrova Managing Director, Trade Resource GmbH Alumna 2002 Bart van Straten General Manager, Van Straten Medical Alumnus 1996 Peter von Fortsner Managing Director, Häusler Automobiles Alumnus 2010 YOU! At EU Business School, you don’t just learn from entrepreneurs, you become one! ON-SITE, ONLINE AND EXECUTIVE MBA PROGRAMS | CLASSES IN ENGLISH | INTERNATIONAL ENVIRONMENT | GLOBAL NETWORK, CAMPUS EXCHANGE POSSIBILITIES W W W. B I L A N .C H BILAN 61 GENEVA | MONTREUX | BARCELONA | MUNICH | ONLINE