L`EPR
Transcription
L`EPR
Forum nucléaire suisse Case postale 1021 3000 Berne 14 &EUILLEDINFORMATION Tél. 031 560 36 50 Fax 031 560 36 59 [email protected] www.forumnucleaire.ch Juillet 2006 L’EPR: expérience et innovation Réorientation en Finlande Après une interruption de dix ans, une nouvelle centrale nucléaire va à nouveau être construite en Europe occidentale: le 17 février 2005, le gouvernement finlandais a accordé l’autorisation de construction d’Olkiluoto 3, centrale nucléaire de 1600 MW. Il s’agit du premier réacteur européen à eau pressurisée du type EPR dans le monde. Il fait partie des centrales nucléaires dites de la troisième génération qui profite du progrès technique des dernières décennies et associe expérience et innovation. Il se caractérise également par une mise à profit plus durable des ressources en uranium. Dans le contexte de la problématique du climat, les centrales nucléaires de la troisième génération offrent une solution économique et respectueuse de Après un long processus de formation de l’opinion publique, le Parlement finlandais a pris en mai 2002 la décision de principe de poursuivre le développement de l’énergie nucléaire, parallèlement à celui des énergies renouvelables, ceci dans le but de concilier les exigences existantes en matière de sécurité d’approvisionnement, de production d’électricité économique et de protection du climat. Encore en 1993, une nouvelle extension de l’énergie nucléaire avait été rejetée. Suite à cette réorientation de la politique énergétique finlandaise, la compagnie d’électricité finlandaise Teollisuuden Voima Oy (TVO) a décidé de construire un EPR à Olkiluoto près de Pori, sur le golfe de Botnie. Olkiluoto comprend déjà deux centrales nucléaires et un dépôt géologique en profondeur pour déchets de faible et de moyenne activité. Conformément à la décision du Parlement finlandais, ce site devrait abriter aussi un jour le dépôt en profondeur pour déchets de haute activité. l’environnement pour couvrir les besoins en électricité des décennies à venir. Tête de série en France En France également, où les 59 tranches nucléaires actuelles devront être remplacées dans les décennies à venir, des considérations économiques et le besoin de sécurité d’approvisionnement ont été à la source de Photo: TVO Photomontage de l’EPR (avec la coupole ronde) en cours de construction à Olkiluoto, en Finlande. On voit au premier plan les deux centrales nucléaires déjà en service. la décision de principe, repoussée pendant des années, de construire une centrale nucléaire de la troisième génération. Electricité de France a annoncé en octobre 2004 qu’elle allait construire à partir de 2007 un EPR à Flamanville sur la Manche, à l’ouest de Cherbourg, réacteur qui servira de «démonstrateur» français avant son lancement en série. Deux tranches nucléaires sont déjà en service à Flamanville. Retour d’expérience de milliers d’années d’exploitation L’EPR est une installation typique des centrales nucléaires dites de la «troisième génération» (comme la plupart des centrales nucléaires actuellement en service dans le monde, celles dont la Suisse est équipée font partie de la deuxième génération). L’EPR n’est pas entièrement une nouveauté, mais un développement avancé des réacteurs français à eau sous pression et des centrales nucléaires allemandes «Konvoi». Ce caractère évolutionnaire a permis d’intégrer dans l’EPR les expériences et les enseignements pratiques issus de milliers d’années d’exploitation de réacteurs. Il a été tenu compte par ailleurs des résultats des décennies de 2 recherche sur la sûreté nucléaire menée en France et en Allemagne. La stratégie évolutionnaire a été choisie pour minimiser les risques de développement inhérents à toute nouveauté technique. L’EPR a été conçu à partir de 1993 par Framatome ANP, une filiale d’Areva (France) et de Siemens (Allemagne). La compagnie nationale Electricité de France, divers grands électriciens allemands, ainsi que les autorités de la sûreté nucléaire des deux pays, ont été associés à cette étroite coopération franco-allemande. Même après la décision d’abandon du nucléaire prise par le gouvernement fédéral allemand en 1998, des experts allemands de la sûreté ont continué à travailler sur le projet. Probabilité d’accident encore réduite Les centrales nucléaires suisses actuelles de la deuxième génération remplissent déjà des exigences très sévères en matière de sûreté. Les installations futures profiteront en plus des progrès techniques réalisés ces dernières décennies. Les exigences nettement plus sévères posées par les autorités de sûreté françaises et allemandes pour la troisième génération de réacteur, ainsi que Feuille d'information Juillet 2006 Forum nucléaire suisse les spécifications des électriciens européens et américains, ont constitué le fil conducteur qui a présidé au développement de l’EPR. En septembre 2004, les autorités de sûreté françaises ont constaté officiellement que dans l’état actuel du développement, l’EPR remplissait les exigences renforcées imposées en matière de sûreté. C’est ainsi par exemple que par rapport aux centrales nucléaires de la deuxième génération, la probabilité d’un accident avec fusion du cœur, probabilité déjà très faible à l’heure actuelle, a été encore divisée par dix. Dès le début des travaux de développement, des dispositions ont toutefois été prises pour que même en cas d’accident hypothétique avec fusion du cœur, aucun rejet significatif de radioactivité dans l’environnement ne se produise. Cœur du réacteur avec les assemblages combustibles Générateurs de vapeur 2 4 1 Double enceinte de confinement Réservoir d’eau intégré / Puisard 3 1 2 3 4 Quatre systèmes de sauvegarde indépendants Récupérateur de corium Schéma: Framatome ANP Préservation des ressources naturelles L’EPR renforce la contribution de l’énergie nucléaire à un approvisionnement énergétique durable. Du fait de son taux d’efficacité élevé et de la mise à profit améliorée du combustible, il consomme sensiblement moins d’uranium par kilowattheure d’électricité, ce qui préserve les ressources en uranium et réduit les déchets radioactifs à vie longue. Grâce au recyclage obtenu par le retraitement, l’EPR permet aussi de charger dans le réacteur une part plus élevée d’assemblages combustibles contenant du plutonium, ce qui préserve encore plus les ressources en uranium. Coûts de production d’électricité peu élevés Enfin, compte tenu de la libéralisation du marché européen de l’électricité, l’EPR devrait pouvoir être exploité de manière compétitive. C’est la raison pour laquelle sa puissance a été augmentée à un peu plus de 1600 MW pour pouvoir imputer les coûts de construction sur une production d’électricité plus importante (à titre de comparaison, Leibstadt, la plus grande centrale nucléaire suisse, a une puissance de 1165 MW). Parallèlement à la mise à profit optimisée du combustible, le raccourcissement de la durée de construction à quatre ans (sans la procédure d’autorisation), la maintenance simplifiée, ainsi que les arrêts plus courts et plus rares pour la maintenance et le renouvellement du combustible, contribuent également à la compétitivité. Feuille d'information Juillet 2006 Forum nucléaire suisse Développement des systèmes de sûreté Les mesures suivantes contribuent notamment à la sûreté de l’EPR: – Les systèmes du réacteur ont été examinés et optimisés sur la base de décennies d’expérience d’exploitation et de recherche sur la sûreté. Ceci a conduit dans de nombreux cas à une simplification et à une meilleure visibilité de la conception. – L’optimisation des interfaces homme-machine et la simplification du système de contrôle-commande ont diminué encore le risque de défaillance humaine. – Le bâtiment réacteur (confinement) a été doté d’une deuxième coque en béton extrêmement robuste. – L’EPR dispose de quatre systèmes de sûreté techniquement différents et entièrement indépendants les uns des autres, systèmes qui sont aménagés dans quatre bâtiments séparés si bien qu’en cas de défaillance d’un système, un autre pourrait toujours reprendre sa fonction. De plus, deux des quatre bâtiments sont protégés contre les chutes d’avion par une double coque en béton. Les deux autres se trouvent sur les côtés opposés du bâtiment réacteur de sorte que si un avion s’écrasait, un seul tout au plus de ces systèmes de réserve cesserait d’être fonctionnel. – Sous les angles du génie civil et de la sûreté, l’EPR est donc conçu de telle manière que même en cas d’écrasement d’un avion militaire ou d’un gros avion de passagers, l’installation pourrait être amenée dans un état sûr et mise à l’arrêt sous contrôle sans que ceci n’entraîne de dangers pour l’environnement. – Des fondations plus épaisses ont permis d’améliorer encore la résistance de l’installation à de graves tremblements de terre. – Si, malgré toutes les mesures de précaution prévues, un accident avec fusion du cœur devait se produire, le cœur fondu (corium) pourrait être récupéré dans un réservoir d’étalement spécial aménagé à l’intérieur de l’enceinte de confinement, et la chaleur résiduelle serait évacuée. Les substances radioactives s’échappant de fuites éventuelles seraient recueillies dans l’espace annulaire entre les deux parois du confinement et filtrées avant d’être rejetées dans l’environnement. 3 L’EPR, la meilleure solution pour la Finlande Les concurrents de l’EPR Les coûts effectifs de la production d’électricité varient selon le site et le pays. L’EPR d’Olkiluoto, qui est financé sur une base privée par l’exploitant TVO avec l'engagement des consommateurs d'électricité, sans aide de l’Etat finlandais, coûtera quelque 3 milliards d’euros (intérêts compris) et devrait fournir de l’électricité à un prix d’environ 2,4 centimes d’euro par kWh. Selon des études approfondies de l’Université technique de Lappeenranta, le nucléaire livre en Finlande une électricité nettement meilleur marché que le charbon, le gaz naturel, la tourbe, le bois et le vent, même si l’on ne tient pas compte des échanges de droits d’émission de CO2 dans l’UE. L’industrie et les syndicats escomptent donc de l’EPR des prix de l’électricité stables, prévisibles et concurrentiels au niveau international. La construction de l’EPR profitera enfin aussi à l’économie régionale: plus de 50% des commandes d’investissement seront passées à des entreprises finlandaises. L’EPR offrira à la Finlande d’autres avantages: il remplacera des anciennes centrales à combustible fossile et contribuera ainsi au respect des obligations de réduction du CO2 contractées par la Finlande dans le cadre du Protocole de Kyoto. Le pays réduira en plus sa dépendance des importations d’électricité. L’EPR d’Olkiluoto est un investissement à long terme et devrait livrer de l’électricité pendant 60 ans à partir de 2009. L’exemple finlandais montre que la construction d’une nouvelle centrale nucléaire présente un intérêt économique même sur les marchés de l’électricité européens libéralisés. Prix de revient de l’électricité en Finlande (en centimes d’euro par kWh) 5,01 5 Frais de combustible 4,68 1,00 4 3,12 Frais d’exploitation * sans l’échange de droits d’émission de CO2 3,46 2,56 3 2,37 Frais de capital 3,29 2 0,27 1,79 1,79 0,82 0,72 0,74 1 1,38 4,01 2,24 0,35 0,53 0,76 0,65 1,02 1,30 Energie Gaz Houille* Tourbe* Bois nucléaire naturel* Taux d’intérêt réel de 5% par an, niveau des prix en mars 2004 (source: Université technique de Lappeenranta, TVO) 4 8000 heures d’exploitation par an Eolien Des centrales nucléaires de la troisième génération sont proposées sur le marché mondial par des constructeurs d’Amérique du Nord, d’Asie de l’Est, d’Europe et de Russie. Les deux réacteurs japonais à eau bouillante de Kashiwazaki 6 et 7, du type ABWR (Advanced Boiling Water Reactor), sont considérés comme les premières centrales nucléaires de cette 3e génération. Leur puissance électrique unitaire est de 1315 MW, leur mise en service industrielle datant de 1996 et de 1997. Elles ont été développées conjointement par General Electric, Hitachi et Toshiba. Parmi les concurrents potentiels de l’EPR, on peut citer encore les installations suivantes: – le réacteur à eau bouillante SWR-1000 de Framatome ANP (1000 –1300 MW), – le réacteur à eau bouillante ESBWR (Economic and Simplified Boiling Water Reactor) de General Electric (1380 MW), – les deux réacteurs à eau sous pression AP 600 et AP 1000 (Advanced Passive Plant) de Westinghouse (600, resp. 1090 MW), – le réacteur à eau sous pression APR 1400, qui se base sur le «System 80+» d’ABB Combustion Engineering Nuclear Power, repris par Westinghouse, et qui devrait devenir le futur type standard de la Corée du Sud (1400 MW), – le réacteur à eau sous pression avancé APWR 1500, un développement avancé des réacteurs à eau sous pression japonais de Mitsubishi Heavy Industries et de Westinghouse (1500 MW), – des développements avancés de la filière russe de réacteurs à eau sous pression VVER (640, 1000 et 1500 MW), – le réacteur à eau lourde ACR-700 d’Energie Atomique du Canada Limitée (EACL), un développement avancé des réacteurs «Candu» (700 MW). La troisième génération comptera également des réacteurs de petite taille tels que le réacteur à haute température refroidi au gaz PBMR (Pebble-bed Modular Reactor, réacteur modulaire à lit de boulets) d’Afrique du Sud (120 à 160 MW), et Iris (International Reactor Innovative and Secure), réacteur de taille moyenne techniquement très innovant de Westinghouse d’une puissance électrique de 335 MW. 2200 heures d’exploitation par an Feuille d'information Juillet 2006 Forum nucléaire suisse
Documents pareils
L`EPR. Sa place dans le nucléaire Finlande Flamanville Abou Dhabi
sûreté du personnel, et l’existence d’une autorité de sûreté nationale indépendante de l’exploitant,
ayant tout pouvoir pour autoriser, refuser si nécessaire, la construction, la mise en exploitati...