Prier sans se décourager - Paroisse Saint-Symphorien-en
Transcription
Prier sans se décourager - Paroisse Saint-Symphorien-en
Paroisse Saint-Symphorien-en-Côte-Chalonnaise > LE CŒUR DE LA PAROISSE > La messe du dimanche > Les Homélies du Dimanche > 2009-2010 Année C > Temps Ordinaire C > Prier sans se décourager Prier sans se décourager dimanche 17 octobre 2010, par Père Alain Dumont • Livre de l’Exode 17,8-13 « Les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil. » • Psaume 121(120),1-2.3-4.5-6.7-8 « Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais. » • Première lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 3,14-17.4,1-2 « Grâce à l’Écriture, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour faire un bon travail. • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 15,1-32 « Il faut toujours prier sans se décourager. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera--il la foi sur terre ? » lire l’intégralité des textes de ce jour Les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil Ce texte est typiquement oriental ! Que nous dit-il ? Il nous dit que s’il faut lever les mains pour avoir une prière efficace, alors rien n’empêche de prendre des béquilles pour avoir toujours les mains levées ! C’est de la débrouillardise, de l’inventivité qui fait rire le Seigneur, car DIEU aime que les fils de lumières soient inventifs pour être efficaces dans l’ordre du Bien. Il est facile de remarquer que l’ordre du Bien est infiniment plus inventif et varié que l’ordre du Mal. Dans ce dernier, on refait toujours les mêmes gestes, on ressasse toujours les mêmes pensées dont on est prisonnier, avec l’ennui pour seul horizon. Il y a très peu d’options dans l’ordre du Mal, alors qu’elles se multiplient à l’infini dans celui du Bien, avec l’humour en plus, car il faut lire ce texte avec le sourire au lèvres ! On ne s’ennuiera pas une seconde au Paradis ! Bref, que nous dit Moïse ? DIEU veut qu’on Le prie avec les mains levées au ciel ? Donc, tu fais comme tu veux, mais tu lèves les mains ! Si tu as besoin de deux frères, demande-leur de te tenir les bras ! Et si tu as besoin de 10 frères, convoque-les et priez ensemble les mains levées ! Etc. Et du coup, on en arrive à former une véritable communauté de prière, pour intercéder et manifester la victoire de DIEU dans les combats les plus rudes de l’existence : les combats spirituels. ** Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais Alors on dira : “c’est bien joli tout ça, mais en attendant, la prière, même les mains levées, ce n’est pas si efficace que ça !”. Ah bon ? Alors faisons une distinction : si j’appelle une “prière efficace” un mot d’ordre intimé au Seigneur pour qu’il fasse mes quatre volontés, même dans l’ordre du Bien, je risque d’être déçu ! C’est souvent le cas lorsque nos proches sont en grande difficulté : on prie, mais il semble que rien ne se passe vraiment... Peut-être parce que le premier fruit de la prière est moins d’être efficace pour les autres que d’être efficace pour moi... Avant de transformer le monde, la prière doit d’abord ME transformer, dans le sens de l’humilité, de la foi, l’espérance et l’amour. Imaginer qu’il suffise qu’on se mette à genoux pour que notre prière soit exhaussée... Le monde serait à feu et à sang, car les hommes veulent toujours tout et leur contraire ! C’est le thème du film Bruce tout puissant : le héros, qui est mis à la place de DIEU, n’en peut plus que les hommes encombrent son cerveau de leurs prières, alors pour se débarrasser, il dit "oui" à tout le monde. Résultat ? La révolution, l’émeute, la violence, la déception généralisée... Alors que la Sagesse contenue dans les Psaumes nous livre l’expérience de milliards d’hommes et de femmes qui, plutôt que de suivre leur penchant orgueilleux, on entendu l’appel du Seigneur à la foi, la confiance, à l’espérance. Les premiers, ils ont appris à être patients, sans pour autant baisser la garde de la prière : ils ont gardé les mains levées au ciel des jours, des mois, des années durant. Et, lorsque leur cœur était prêt, DIEU a accompli leur prière. C’est de cela que les Psaumes témoignent lorsqu’ils disent : Le Seigneur te gardera maintenant et à jamais ! C’est d’expérience qu’ils parlent ! Ce n’est pas un vague conseil de piètre consolation, du style : “T’en fais pas, ça ira mieux demain...” Quelle dérision ! Le psalmiste livre son expérience : écoute le Seigneur, accepte qu’Il te transforme toi, par la patience humble qui t’apprendra l’espérance, et alors Il te répondra en t’accordant infiniment plus que tu n’auras demandé. ** Grâce à l’Écriture, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour faire un bon travail Pourquoi saint Paul dit-il Grâce à l’Écriture ? Parce que l’Écriture nous livre l’expérience de tous nos frères et sœurs qui ont levé les mains au ciel sans relâche et dont le courage et l’opiniâtreté dans la prière ont porté leurs fruits. Ce sont eux qui soutiennent nos bras, qui nous invitent à rester dans l’espérance, même des années s’il le faut. Qui nous témoignent que, pour eux aussi, les choses n’ont pas été simples, mais que le Seigneur a travaillé leur cœur en profondeur par des épreuves souvent difficiles, mais dont ils sont ressortis vainqueurs. Mieux : parce que cette prière tenace les a transformés intérieurement, ils ont pu alors travailler à transformer le monde en profondeur. Tous les roitelets de l’Écriture, les riches, les puissants n’ont laissé aucune trace dans l’histoire. Seuls ceux que le Seigneur a transfigurés ont laissé des noms qui portent chacun une transformation du monde qui retentit sur chacune de nos vies aujourd’hui. Et ils semblent nous dire : tu veux que le monde aille mieux ? Tu veux travailler à transformer le monde ? Laisse DIEU travailler ton cœur comme on travaille une terre pour qu’elle soit féconde. Et alors, tu porteras un fruit qui demeure. ** Il faut toujours prier sans se décourager. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? J’aime particulièrement ce passage parce qu’il crédite toutes les humbles prières martelées à coups de chapelets, de neuvaines, de cierges et de lumignons... Autant de prières qui ont été tournées en dérision depuis les années 1970 où les chrétiens “éclairés” — et parfois des prêtres (sic !) — méprisaient ces actes de piété, croyant qu’en les envoyant à la poubelles, ils allaient enfin travailler à transformer le monde. Comme si le monde les avait attendu pour changer ! Ils ont cassé les statues des églises, brûlé les confessionnaux, scié les prie-Dieu au nom d’une efficacité “éclairée” : “finie la prière, place à l’action !”, disaient-ils... Quelle stupidité ! Alors que les véritables acteurs du changement sont justement toutes ces âmes dont personnes ne parlent, qu’on parque dans des mouroirs ou qu’on laisse chez elles, et que j’aime aller visiter pour dire une dizaine de chapelet avec elles. Ce sont ces personnes qui sont encore aujourd’hui ces veuves qui frappent à la porte de DIEU, qui n’ont pas peur de Lui casser la tête pour qu’Il les entende. Quand elles seront toutes mortes et enterrées, qui prendra la relève ? Le Fils de l’homme trouvera-t-il la foi sur terre ? Eh bien : Il nous trouvera, nous ! Il trouvera notre communauté paroissiale en prière, chaque jour grâce à notre prière du matin et du soir ; tous les quinze jours lors de nos soirées de prière, martelant les intentions déposées sur les cahiers, et apportées en offrande dans nos Eucharisties du dimanche. ** La semaine missionnaire Il nous faut être reconnaissant à la liturgie de nous introduire à la semaine missionnaire par de tels textes fondamentaux. Lors du Synode des Églises du Moyen-Orient qui se tient ces jours-ci à Rome, les pères n’ont cessé d’appeler à la prière, seul moyen pour que les chrétiens du monde entier retrouvent le chemin de la communion intime et de la solidarité fraternelle. Ils nous crient, à nous, chrétiens d’Occident, qu’ils ne pourront tenir, qu’ils ne pourront garder courage et espérance, que s’ils savent que nous martelons la porte du Seigneur de nos prières incessantes, sans arrêt ! Allons-nous entendre ce cri ? C’est le même qui jaillit de Haïti, de nos frères de Chine et de tout l’Extrême Orient, etc. Qui osera encore dire : "Pas maintenant, j’ai du travail !" ? Alors retrouvons nos chapelets dans nos fonds de tiroirs, et au moins cette semaine, disons une dizaine de chapelet quotidien : en famille, dans la voiture, dans le lit, le matin ou le soir, qu’importe ! Soyons inventifs ! Mais surtout, redécouvrons que la prière simple et insistante, et elle seule, parce qu’elle est faite d’espérance, de foi et d’amour, est missionnaire ! Avec toute mon affection fraternelle, + Père Alain