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Ecole nationale d’administration pénitentiaire DOSSIER DE PRESSE Agen, le 25 janvier 2016 Exposition « Le tigre et le papillon » « 4ème installation » Contacts presse Philippe Claerhout - 05.53.98.91.77- [email protected] Anne-Claire Landrieu –05.53.98.91.34 – anne-claire,landrieu@justice,fr Carine,brenac – 05.53,98.90.90 carine,brenac@justice,fr www.enap.justice.fr Edito L’administration pénitentiaire recrute en 2015 plus de 1400 surveillants, et ça reste un métier de l’ombre. Les codes et les appellations du métier ont évolué avec le temps mais dans l’imaginaire collectif demeurent des clichés. Une image du surveillant reste, celle des films bien entendu, le gardien, le maton. Au-delà de ce lieu commun, qu’en est-il aujourd’hui de ces personnes qui exercent ce métier ? Le changement de façon d’appréhender la prison, son architecture et son organisation du travail influent-ils sur la représentation qu’ont les surveillants d’eux-mêmes ? L’exercice de se voir est complexe. Avant d’exercer leur métier de surveillant, les élèves suivent un cursus au sein de l’Enap à Agen: 8 mois de formation en alternance, Depuis plus de dix ans et soutenu par le ministère de la culture et de la communication, l’Enap complète et renforce la formation de ses élèves par des propositions artistiques, exposition, concert, théâtre…. Depuis le mois d’octobre 2014 , l’Enap accueille l’artiste, Arnaud Théval en résidence. Un artiste en résidence dans une école de service public est un acte peu commun. L’artiste est alors porte-parole pour retranscrire à travers son univers artistique ce qu’il vit, partage et ressent durant ce temps de présence au sein de l’institution. L’Enap a donné carte blanche à Arnaud Théval pour qu’il porte son regard artistique sur ce métier de surveillant, mais aussi pour que ces derniers découvrent le travail d’un artiste et de son univers. La réciprocité, l’échange, l’interconnaissance et le respect nourrissent ce projet. Permettre à des élèves d’être impliqués dans un processus artistique, c’est accepter qu’ils s’interrogent et osent se décaler sur le métier dans lequel ils s’engagent. Ce projet à la temporalité singulière (sur plusieurs années) est une belle aventure humaine, une œuvre artistique et une expérience pleine de sens pour les élèves surveillants et pour le regard de l’institution elle-même. L’imaginaire travaillé de l’artiste avec ces protocoles issus des rencontres avec l'expérience des surveillants, leurs mémoires intimes dans leur espace de travail va permettre de faire émerger de l'univers carcéral, d'autres formes que celles attendues ce qui donnera lieu à plusieurs installations et projets. Arnaud Théval porte un autre regard sur l’administration pénitentiaire et ses métiers. 2 Présentation du projet Le tigre et le papillon Arnaud Théval, artiste Article 1. Démarche artistique « Le tigre et le papillon » est un projet artistique conçu par Arnaud Théval, artiste, sur l’univers carcéral, qui se construit à partir de l’expérience des surveillants, de leurs récits depuis leur formation jusque sur leurs lieux de travail. Il consiste à explorer l’espace carcéral à partir d’une attitude artistique mettant en mouvement trois acteurs : l’artiste, les surveillants et l’administration pénitentiaire. L’oeuvre consiste à produire une autre lecture de ces lieux d’enfermements en proposant des pièces impliquant et interrogeant les acteurs institutionnels de ces espaces. L’enjeu de l’art consiste à créer des moments, des formes, des lieux et des représentations déplaçant nos croyances construites par média et pré-supposés interposés. Un ensemble de connaissances sensibles qui s’appuie sur ces autres expériences de l’enfermement. Article 2. La méthode Cette démarche artistique se construit selon une méthode de négociation, d’implication et d’activation des réseaux existants au sein de l’administration pénitentiaire. Elle invente de nouveaux protocoles de travail avec eux, à destination du projet artistique. Article 3. La temporalité Le projet se construit par ajouts successifs d’informations, de découvertes et de rencontres qui augmentent la connaissance du milieu par/pour l’artiste. Afin que la notion d’altérité puisse se jouer, le temps long est un postulat de base. La lenteur et l’immersion sont revendiquées comme des moyens de générer l’espace de l’oeuvre. L’année 2011 est le point de départ de celle-ci. Article 4. Les protocoles Trois espaces de travail sont investis : les lieux de détention vidés, les lieux de détention en activité, le lieu de la formation à Agen. « Ma rencontre avec les personnes dans ces contextes génère des protocoles d’implications spécifiques avec les lieux, en lien avec leurs espaces de travail, leurs méthodes et leurs objets d’usages pour la création d’œuvres ». 3 Le projet « Le tigre et le papillon » Historique Pourquoi le tigre et le papillon ? C’est à l’issue des photographies prises dans la prison de Nantes vide le lendemain, du transfert des détenus et de sa rencontre avec les personnels de cet établissement que son projet s’est orienté vers l’Ecole, lieu où tous les surveillants transitent. Il a capté la photo d’un tigre et d’un papillon, image sur un mur d’où découle le nom du projet qu’il souhaite réaliser, A l’Enap « Dans un premier temps, j’ai rencontré les personnels de l’Enap, l’équipe pédagogique, les formateurs, les services qui sont associés au projet et y contribueront. Ce travail permet que je sois identifié et repéré. Dans le même temps, il s'agit pour moi de poursuivre mon imprégnation de cette culture pénitentiaire. Cette rencontre passe par une succession d'échanges avec les professionnels de la formation, qui grâce à leurs vécus et leurs reculs enrichissent ma compréhension des enjeux et me font découvrir des pans entiers d'un terrain particulièrement intéressant ». 4 La première installation : « la 187ème dans un premier temps » Ma première phase du travail à l‘Énap a consisté à suivre la 187ème promotion d’élèves surveillants. Je suis présent à leur arrivée, lors de la remise de l’uniforme et je les rencontre quelques jours plus tard. De cette première phase, débouchera la première installation « la 187ème dans un premier temps ». Les pièces : « la convocation », « ajustements », le « mur rouge » « retenir son souffle » sont conçues comme un remake du moment où l'administration remet à chacun d'entre eux leur uniforme. Pour ces 632 élèves c'est un moment fondateur qui se déroule dans une certaine urgence, avec une pression dûe au peu de temps qu'ils ont pour prendre possession de leur uniforme. C’est ce qu’illustre cette première exposition. La deuxième installation : « Scénettes au choc carcéral » 4 semaines plus tard, je retrouve les élèves de la 187ème promotion après le choc carcéral du premier stage, je les écoute. Lors de ce premier stage ils sont derrière le surveillant, ils ne tiennent pas encore les clefs mais déjà ils ont pu expérimenter les enjeux de la relation au détenu et à son intérieur, la cellule. Un début de phrase revient continuellement « Ce qui m’a choqué ». Certains sont pâles quand ils se lèvent pour en parler, d’autres en rigolent. Moi, je me concentre pour tout noter tant le flot de paroles est ininterrompu. Ce texte est une claque ou une habitude, c’est selon. La troisième installation : la rencontre avec les femmes de la 188ème Cette nouvelle série d’images s’appuie sur deux phrases issues du livre : Origine et évolution de la féminisation de l’administration pénitentiaire de Cécile Rambourg, enseignant-chercheur à l’Enap : « À l’intérieur de la prison, c’est un jeu de rôle, on se transforme pour se protéger », puis : « les femmes vont sur-jouer ce qu’elles pensent qu’on attend ». 5 La quatrième installation : La 189ème promotion de surveillants pénitentiaires : Tatouages Pourquoi les tatouages ? Plusieurs éléments visibles dans les murs même de l'institution ou issus de débats suite à la présentation de photos ou encore lors d'échanges en prison avec des surveillants m'ont conduit sur ce terrain du tatouage chez les surveillants. J'ai pu à plusieurs reprises lors des remises des uniformes voir les corps tatoués des surveillants ou en détention voir des surveillants avec des avants bras ou des cous tatoués. Les motifs débordent de l'uniforme, non par mépris mais parce que sans doute la culture du tatouage a changé et qu'il devient improbable de les contenir. J'ai souhaité réaliser un portrait intime de la 189ème promotion: un portrait qui révèle leurs histoires, leurs singularités, celles qui viennent d'être recouvertes pour parties par l'uniforme qui littéralement les unit en m'appuyant sur les dessins, les mots inscrits sur les corps. 6 Les protocoles d’implications autour du tatouage expliqués par l’artiste J'instaure un travail sur la photo avec les élèves surveillants, un premier temps autour d’une photo collective « la photo de classe » et dans un deuxième temps une photo individuelle autour de leurs tatouages. Pour le premier il s'agit de constituer par l'image un souvenir symbolique de leur rattachement à un corps social. La photo de groupe devient un support d'appropriation de leur arrivée. Puis, je leur propose l'autre photo, celle attenante à ma démarche artistique. Je souhaite réaliser un portrait intime de la 189ème promotion, un portrait qui révèle leurs histoires, leurs singularités, celles qui viennent d'être recouvertes pour parties par l'uniforme, qui littéralement les unit. Je reprends en expliquant que je souhaite réaliser une sorte de cartographie de la 189ème promotion en m'appuyant sur les dessins, les mots inscrits sur les corps. Je découvre alors leur peau, les signes comme un récit de leur vécu, militaire, familial ou comme un slogan d'une ligne de conduite à tenir. Ils me racontent, c'est émouvant, touchant de comprendre ses dessins parfois abstraits, le sens qu'ils y mettent. Comme tous les autres citoyens, le surveillant exprime par ces tatouages son appartenance à une tendance au cœur de la société, un fait qui déplace les normes de l'institution en douceur, progressivement. Les codes du tatouage attribués naguère aux voyous sont désormais appropriés et consommés par beaucoup d'autres citoyens, rendant obsolète le déni de leur existence ailleurs que sur eux. Le désir de se raconter constitue-t-il une menace pour assumer et assurer sa fonction ? L'apparition de ces signes qui débordent sont-ils l'expression d'une protection ou d'une faille pour celui qui les portent ? Est-il encore un signe de l'intimité ou est-il devenu à l'instar de certains usages des réseaux sociaux, une extimité ? 7 Le tigre et le papillon, never stop dreaming (2016) Tirage numérique, 250 x 350 cm 8 9 Le tigre et le papillon, beyong the skin (2016) Tirage numérique, 250 x 350 cm 10 Le tigre et le papillon, life is a battlefield (2016) Tirage numérique, 250 x 350 cm 11 Le tigre et le papillon, never stop dreaming II (2016) Tirage numérique, 250 x 350 cm 12 La place publique : « Le tigre et le papillon » Cette installation est la création d’un lieu dédié au projet « Le Tigre et le Papillon ». Elle accueille des images issues des rencontres avec les élèves en formation. L’enjeu de cet espace est de générer un lieu de débat sur les représentations travaillées par l’artiste avec l’implication des élèves. La place « Le Tigre et le Papillon » crée un espace singulier, potentiellement un espace public. ________________________________________________________________ Production : Plateforme Arnaud Théval Coordinateurs du projet Enap : Anne-Claire Landrieu , chargée de l’action culturelle et Carine Brenac, chargée de l’évenementiel Les partenaires : - Ecole nationale d’administration pénitentiaire - Ministère de la culture et de la communication - Direction Régionale des Affaires culturelles d’Aquitaine - Direction Régionale des Affaires culturelles du Pays de Loire - Énap, 440 avenue Michel Serres – CS 10028 - AGEN cedex 9 +33 (0)5 53 98 98 98 - Fax : 05 53 98 98 99 Site internet : www.enap.justice.fr Site intranet : http://e-nap.enap.intranet.justice.fr 13
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