Coup d`oeil sur les dalits en Inde
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Coup d`oeil sur les dalits en Inde
Un coup d’œil sur les dalits en Inde En Inde, d’après le recensement de 2001, on dénombrait 166 635 700 dalits Qu’est-ce que le système de castes ? Historiquement, le système de castes constitue la base de la structure sociale et économique en Inde. Les castes en tant que système de gouvernance sociale et économique sont essentiellement basées sur les principes et sur les us et coutumes suivants : Figure 1 Une ligne invisible divise le village La population est divisée en groupes sociaux (castes), dont l’attribution des droits est déterminée par la naissance, est fixe et héréditaire. L’attribution des droits fondamentaux parmi les différentes castes est inégale et hiérarchique. Ceux qui se trouvent en haut de l’échelle bénéficient de presque tous les droits et ont moins d’obligations, contrairement à ceux en bas de l’échelle qui accomplissent le plus de devoirs et qui n’ont pas de droits. Ce système est maintenu via l’application rigoureuse de l’ostracisme social en cas de déviance. 1 Qu’est-ce que la discrimination de castes ? Les Nations unies définissent ce type de problème comme de la « discrimination basée sur le travail et l’ascendance ». Cette discrimination sociale est restée en place malgré son abolition légale pour trois raisons : d’abord à cause de sa justification religieuse, ensuite à cause de la persécution sociale et économique de ceux qui transgressaient les « règles » de castes définissant le travail accompli et, enfin, à cause de la ségrégation entre les castes. Le système brahmanique spécifiait que ceux qui étaient nés dans des familles non reconnues au sein des grandes catégories de castes seraient « intouchables » et ne pourraient jamais entrer en contact avec les Hindous de caste. La discrimination de castes perdure sous ses formes traditionnelles et rurales de ségrégation physique et professionnelle et d’exploitation économique. Elle se retrouve également dans l’accès à la terre et à la justice criminelle, dans les écoles et universités indiennes modernes, dans les mariages et la prise des repas ainsi que dans l’accès aux nouvelles opportunités d’emploi fournies par le boom des technologies de l’information en Inde. Qui sont les dalits ? Ceux qui sont en dessous du système de castes – et qui sont donc littéralement « hors-castes » aussi bien qu’ « intouchables » - s’appellent eux-mêmes « dalits ». Ce terme, qui signifie « brisé » ou « opprimé », est employé par les personnes « hors-castes » elles-mêmes pour décrire à la fois leur oppression, leur identité et leur force collective d’émancipation. L’emploi du terme « dalit », encouragé par le grand leader dalit, le docteur Ambedkar, a permis le développement d’une identité collective parmi toutes les personnes « hors-castes », indépendamment de leur sous-caste, de leur origine ethnique ou de leur religion. Cependant, le Gouvernement utilise le terme « castes répertoriées » pour désigner les dalits. À ce jour, les dalits sont les seuls qui exécutent les travaux considérés dégradants dans la société indienne, comme nettoyer les excréments humains. Les dalits montrant des signes d’ascension économique ou sociale ou d’émancipation sont brimés par les castes dominantes qui pratiquent des actes scandaleux de violence et d’humiliation connus officiellement en Inde comme des « atrocités ». La grande majorité des auteurs de ces actes procèdent en toute impunité. Qu’en est-il de la loi ? Figure 2 L'enlèvement des excréments humains, une tâche dégradante imposée aux dalits En Inde, de nombreuses lois, ainsi que la Constitution, ont interdit la discrimination de castes, l’intouchabilité et leurs manifestations. Il existe une législation 2 particulière pour contrer le ramassage manuel d’excréments humains, le servage et même les « atrocités ». Des mesures de discrimination positive ont été introduites et ont, dans une certaine mesure, permis l’accès de quelques dalits à des emplois appartenant au secteur public ainsi qu’à l’enseignement supérieur. Le problème n’est pas la loi, mais son application. On constate en effet un manque de volonté politique pour garantir l’application des lois sur le terrain. Les femmes dalits Le sexisme renforce l’impact de la discrimination de castes. Les femmes dalits subissent ainsi une double discrimination dans tous les domaines. Où peut-on rencontrer le problème de l’intouchabilité ? Une étude menée en 2006 sur l’intouchabilité rurale en Inde, couvrant 565 villages dans 11 États, a révélé à quel point l’intouchabilité – officiellement prohibée sous la Constitution de 1950 – continue d’être la réalité quotidienne de millions d’Indiens. …Dans les services publics Bien qu’elles aient un mandat constitutionnel pour promouvoir la justice sociale, plusieurs institutions locales de l’État indien tolèrent manifestement et facilitent même la pratique de l’intouchabilité. Dans 37,8% des villages, les dalits doivent s’asseoir à part dans les écoles publiques ; en général au fond des classes. Dans 27,6% des villages, les dalits n’ont pas le droit d’entrer dans des commissariats de police. Dans 33% des villages, les travailleurs de la santé publique refusent de passer au domicile des dalits. Dans 48,4% des villages dalits, l’accès Figure 3 Travailler dans les égouts sans aucune protection aux sources et puits d’eau est refusé. …Dans l’accès aux marchés Dans 35% des villages inspectés, les dalits ne peuvent pas vendre de produits sur les marchés locaux. …Au travail Dans 25% des villages, les dalits reçoivent un salaire inférieur à celui des non-dalits, travaillent plus longtemps, ont davantage de salaires différés et subissent plus d’insultes et de violences physiques. 3 Dans 37% des villages, les travailleurs dalits reçoivent leur salaire de loin pour éviter les contacts physiques. …Dans la religion et les rites 64% des dalits font face à des restrictions pour entrer dans des temples hindous. Dans presque 50% des villages, les dalits n’ont pas le droit d’accéder aux lieux de crémation. Figure 4 Les dalits préparent les morts pour la crémation, sans nécessairement avoir accès aux lieux de crémation pour eux-mêmes …Dans la sphère privée Dans 73% des villages, les dalits ne sont pas autorisés à entrer chez des non-dalits. 35,8% des dalits se voient refuser l’entrée dans des magasins de village. Atrocités contre les dalits Les atrocités sont une catégorie officielle de crimes en Inde définie par la loi de 1989, Prévention des atrocités envers les castes et tribus répertoriées. Cette loi définit les atrocités comme des crimes tels que : Jeter des excrétions ou des carcasses dans les maisons des dalits Se servir d’une position de domination pour exploiter sexuellement une femme dalit Faire défiler des dalits nus ou ayant le visage ou le corps peint Obliger les dalits à exécuter des travaux forcés ou de servitude Déposséder les dalits de leurs terres et les chasser de leur abri Empêcher les dalits de voter Corrompre ou polluer une source d’eau destinée aux dalits Utiliser du feu ou des explosifs pour endommager les propriétés dalits Inventer des preuves dans le but de déclarer coupables des dalits innocents 4 Crimes contre les dalits Selon les statistiques officielles des crimes commis en Inde, sur la période 2001-2005, on recense en moyenne : 13 dalits tués chaque semaine 6 dalits kidnappés chaque semaine 3 femmes dalits violées chaque jour Un crime commis contre un dalit toutes les 18 minutes Impunité La police a recours à plusieurs machinations pour dissuader les castes répertoriées et les tribus répertoriées de déclarer une affaire et ce pour protéger les personnes accusées d’arrestations et de poursuites judiciaires. Dans certains cas, la police elle-même inflige la violence… Les autorités locales réagissent aux incidents de violence avec apathie, négligence et passivité. En 2002, il semblerait que seulement 21,72% de toutes les affaires aient été traitées en justice pendant l’année. Sur ces affaires traitées, 2,31% se sont conclues par une condamnation. En 2005, 80,2% des crimes commis contre les dalits étaient des « procès mis en attente » par les tribunaux à la fin de l’année. Les dalits et la pauvreté Figure 5 Une femme dalit attend toujours de l'aide après les inondations Si vous êtes un dalit en Inde… Vous pouvez vous attendre à ce que plus de la moitié de vos enfants souffrent de dénutrition. Un tiers des femmes dans votre communauté sera anémique. 5 Seulement un enfant sur cinq dans votre communauté n’abandonnera pas l’école et seulement la moitié finira par savoir lire et écrire, bien qu’environ deux tiers des Indiens sachent lire et écrire. Vous aurez très peu de chances d’obtenir un diplôme universitaire (si vous êtes une femme, cette chance sera encore divisée par deux). Vous avez deux fois moins de chances d’être propriétaire de biens immobiliers et quatre fois plus de chances de devenir un travailleur asservi. L’inégalité continue d’augmenter La politique du gouvernement est censée non seulement réduire la pauvreté chez les dalits, mais également réduire l’écart sidérant entre les dalits et les non-dalits. Aussi bien dans les villes que dans les régions rurales, l’écart entre les dalits et les non-dalits augmente depuis au moins le début des années 1990. Cette différence croissante entre les castes intouchables et les castes dominantes représente une augmentation du pouvoir relatif des castes dominantes à exploiter les dalits. Les dalits et les quartiers urbains pauvres On pense souvent que la discrimination de castes est un phénomène purement rural. 79,8% des dalits vivent dans des régions rurales de l’Inde. Leur surreprésentation dans ces régions rurales signifie qu’ils représentent seulement 11,78% de la population urbaine en Inde. Cependant, ils sont également surreprésentés dans les quartiers pauvres des villes indiennes, où ils représentent 17,4% de la population. Les travaux réservés aux dalits… Le ramassage manuel des excréments Selon les statistiques du gouvernement, environ un million de dalits sont des éboueurs manuels qui enlèvent les excréments des latrines publiques et privées et qui débarrassent les animaux morts. Les estimations officieuses sont beaucoup plus élevées. Il s’agit du travail le plus ignoble au monde et il est exercé par la communauté qui occupe le statut le plus bas dans le système de castes. La prostitution dans les temples Dans les États du Sud de l’Inde, des milliers de filles sont forcées de se prostituer avant d’atteindre l’âge de la puberté. Une fois qu’elles ont commencé cette pratique, les filles ne peuvent pas se marier et sont contraintes de devenir des prostituées pour des membres de la communauté des castes supérieures. Elles finissent par être vendues aux enchères à une maison close urbaine. D’après un document IDSN de 2006, photos Jakob Carlsen Cliquez ici pour retourner au menu principal 6
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