Franck Riboud veut être le « levier » économique d`Annecy 2018

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Franck Riboud veut être le « levier » économique d`Annecy 2018
Tous droits réservés ­ Les Echos 2010
19/2/2010
P.10
LES STRATÉGIES
SPORT BUSINESS
Franck Riboud veut être le « levier »
économique d’Annecy 2018
L
e comité de candidature de
la ville d’Annecy pour les
jeux Olympiques d’hiver de
2018 compte un nouveau soutien
de poids : Franck Riboud. Le PDG
de Danone doit annoncer
aujourd’hui la signature d’un accord de partenariat faisant de son
groupe le « supporteur » de la
préfecture de la Haute-Savoie, qui
affrontera Munich et Pyeongc h a n g ( C o ré e d u S u d ) e n
juillet 2011 à Durban devant les
membres du Comité international olympique. Mardi prochain,
le 23 février, le magnat de l’agroalimentaire se rendra à Vancouver pour participer à la vaste opération de séduction du mouvement olympique entreprise par
les Français depuis le début des
XXIes JO d’hiver.
Ambassadeur mais pas leader
Dès le 15 février, au lendemain de
la cérémonie d’ouverture, le comité de candidature a tenu une
conférence de presse devant les
journalistes présents au Canada.
Sous la houlette du Comité national olympique et sportif français
(CNOSF), sept soirées auront
permis de recevoir les représentants olympiques de différents
continents. Et, guidé par un Jean-
Claude Killy décidé à s’impliquer,
Edgar Grospiron, nommé directeur général d’Annecy 2018
(après la décision des politiques
de se cantonner à un conseil de
surveillance présidé par Guy
Monteil, président du Conseil général de Haute-Savoie), aura
rencontré quelque 65 membres
du CIO. « Nous ne sommes pas
visibles sur le plan international,
Vancouver est notre dernière
chance », a déclaré à « L’Equipe »
l’ancien champion olympique
de ski de bosses. Franck Riboud
constitue donc le maillon économique de ce plan sinon de sauvetage, du moins d’accélération de
la promotion de la candidature
française.
Tout en prétendant ne pas être
un ambassadeur plus important
qu’Aimé Jacquet ou le cuisinier
Marc Veyrat, le fils d’Antoine Riboud, qui fut proche de JeanClaude Killy et sponsor d’Albertville avec Evian, reconnaît que
« mettre en avant le nom et le
poids de Danone (15 milliards
d’euros de chiffre d’affaires,
NDLR) donne du crédit à la candidature ». Pour autant, celui qui
rappelle « avoir été élevé à
Annecy » dans une maison au
bord du lac, propriété de la famille depuis trois générations, et
qui affirme être « un excellent
skieur », « n’entend pas être à Annecy 2018 ce qu’était Arnaud Lagardère à Paris 2012 ». Ambassadeur de bonne volonté, oui,
leader d’un pool d’entreprises,
non. « Il faut m’utiliser comme un
levier », préfère-t-il.
rant des techniques de l’« ambush marketing », il prévient : « Si
la candidature est un succès, il
serait logique que l’on bénéficie
d’un renvoi d’ascenseur et que la
ville d’Evian soit intégrée aux sites
des Jeux. »
PASCAL SITTLER/REA
Tout en refusant d’être ce
que fut Arnaud Lagardère
pour Paris 2012, le patron
de Danone engage son
nom et sa filiale Evian
derrière la candidature
savoyarde aux Jeux d’hiver.
Franck Riboud, PDG de Danone.
« En réalité, précise-t-il également, ce sont les entités du groupe
situées dans la région, la source
Evian, les casinos et hôtels
d’Evian, le golf d’Evian qui soutiennent le projet, avec comme
animateur Jean-Pierre Deffis
(président d’Evian Volvic Source,
NDLR) ». « C’est avant tout un engagement politique et social local », insiste-t-il, en affirmant :
« Cela n’implique pas les autres
filiales et si Annecy obtient les
Jeux, rien ne dit que le groupe
ou l’une de ses marques sera
sponsor. »
Franck Riboud sait que CocaCola, « top » partenaire du CIO, a
préempté la catégorie boissons
rafraîchissantes des événements
olympiques. Mais, malicieux
comme son père qui avait brandi
un Carambar sur le plateau de
« L’Heure de vérité », et non igno-
« On y va pour gagner »
Modeste, ou malin, dans son positionnement, le patron de Danone ne tarit cependant pas
d’éloges sur le projet d’Annecy.
« C’est extraordinaire. Toutes les
infrastructures sportives existent
déjà et sont rodées. Les capacités
hôtelières sont là aussi. Et pour les
transports, avec le réseau autoroutier et le TGV, tout existe à 100 %. »
Pour lui, la question de savoir si
la candidature d’Annecy a une
chance face à Munich, notamment, et à la propension des
membres du CIO à privilégier
pour les Jeux d’hiver de grandes
villes, dussent-elles être situées
loin des pentes enneigées, ne se
pose pas. « On y va pour gagner.
On sait, surtout avec l’expérience
de Paris 2012, qu’il faut cocher un
certain nombre de cases, que le
dossier n’est pas tout, qu’il faut
séduire les bonnes personnes au
bon moment. Il faut le faire. »
D’ailleurs, s’il va à Vancouver,
« c’est aussi pour faire du “benchmark”, voir comment cela est organisé car les choses ont évolué depuis Albertville ». L’indice que son
intérêt pour Annecy 2018 pourrait malgré tout se prolonger audelà de la simple période de candidature…
PHILIPPE BERTRAND