Flash - Cerig

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Flash - Cerig
CERIG. La typographie est-elle fâchée avec le web ?
DOSSIERS de VEILLE TECHNOLOGIQUE
URL : http://cerig/ICG/Dossiers/Typo/chap7.htm
J.C.Sohm
CERIG
Avril 2000
LA TYPOGRAPHIE des PAGES WEB
7- Cédons à la mode : Flash !
Introduction : l'image vectorielle et l'image matricielle
Il existe deux types d'image numérique : l'image vectorielle et l'image matricielle.
L'image vectorielle. Elle est constituée de courbes, d'aplats et de dégradés simples, tous
décrits par des formules mathématiques. L'image vectorielle convient aux plans, aux
schémas, aux graphiques, aux logos, et aux polices de caractères. Elle présente un double
avantage : elle donne naissance à des fichiers moins lourds que ceux correspondant à
l'image matricielle, et elle peut être redimensionnée sans perte de qualité. Elle présente
l'inconvénient de ne convenir ni aux photographies, ni aux images contenant des dégradés
complexes.
L'image matricielle. Elle est constituée de petits carrés accolés (les pixels), dont chacun à
sa couleur propre. L'image matricielle convient à tous les types d'image, mais elle donne
naissance à des fichiers plus volumineux que l'image vectorielle. De plus, son
redimensionnement s'accompagne d'une perte de qualité.
Usages. Les deux types d'image, qui présentent chacun leurs qualités et leurs défauts
propres, cohabitent depuis que l'on numérise les images. Ainsi en est-il dans les arts et
industries graphiques (en PAO en particulier), dans les SIG (Système d'Information
Géographique), dans le dessin et la conception assistés par ordinateur (CAO/DAO), etc.
Même le simple traitement de texte a connu les deux types d'image : à l'origine, les polices
de caractère étaient matricielles, aujourd'hui elles sont devenues vectorielles, ce qui
constitue un net progrès.
Le cas du web. Seul le web a fait exception à la règle : jusqu'à l'apparition de Flash, il ne
connaissait que l'image matricielle -- et personne ne peut dire les raisons d'une telle
situation. Il y a un an, le W3C (World Wide Web Consortium), qui normalise le logiciel utilisé
sur le web, a fini par s'émouvoir, et par lancer un projet intitulé SVG (Scalable Vector
Graphics). Pour l'instant, le projet SVG progresse dans l'indifférence générale, les acteurs
du web pensant que le W3C s'est réveillé trop tard : Flash occupe le terrain ! Cette affaire
n'étant pas la première du genre, on en en vient à se demander si le W3C sert à quelque
chose.
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Le logiciel Flash
Présentation. Flash est un outil logiciel de l'éditeur Macromedia, qui remplit
essentiellement trois fonctions : créer des images vectorielles, les animer, et les rendre
interactives. Il permet même d'introduire des image matricielles dans une animation
vectorielle. Flash est la dernière nouveauté qui fasse fureur sur le web, où il est en passe
de devenir incontournable. Ainsi, une étude récente du CERIG montre que 20 % des sites
web du secteur des industries graphiques contiennent des animations, réalisées pour la
plupart à l'aide de Flash. Le logiciel Flash est tellement orienté vers l'image animée que les
fichiers qu'il crée sont toujours appelés des "animations Flash", même si lesdits fichiers ne
contiennent que du texte et/ou des images fixes. Nous nous conformerons à cet usage
dans la suite de ce chapitre.
Les images fixes. La première idée qui vienne à l'esprit est d'utiliser Flash pour les images
fixes se prêtant bien à une représentation vectorielle (dessins au trait, logos, schémas,
lettrines, etc.). On peut effectivement introduire dans une page web des images fixes au
format SWF (grâce à la balise EMBED), et bénéficier des avantages inhérents au format
vectoriel en général, et au format SWF en particulier :
taille moindre des fichiers, et donc téléchargement plus rapide ;
possibilité de redimensionner les images sans nuire à leur qualité ;
enregistrement des données de transparence (canal alpha), lesquelles sont
effectivement prises en compte par le lecteur Flash.
Les images représentées ci-dessous illustrent notre propos. L'arbre a été dessiné dans
Flash, puis enregistré successivement dans les format GIF (image n° 1) et SWF (image
n° 2). La taille du fichier GIF est 2.210 octets, celle du fichier SWF 410 octets ; la taille de
l'image flashée est donc, dans cet exemple, cinq fois plus petite ! On peut, certes, diminuer
un peu la taille du fichier GIF, en réduisant le nombre de couleurs de 45 à 16 dans la
palette (cela rend la compression LZW plus efficace). Ce résultat est obtenu au prix d'une
légère dégradation de l'image (image n° 3), sans conduire pour autant à un fichier aussi
léger que celui généré par Flash.
Si vous possédez la version 5 d'Internet Explorer, utilisez la fonction "Zoom avant" pour
agrandir ces images. La différence entre une image matricielle et une image vectorielle
vous sautera aux yeux !
Image n° 1
Image n° 2
Image n° 3
La même image au format Flash
GIF (45 couleurs)
2.210 octets
SWF (Flash)
410 octets
(2 sur 8)
GIF (16 couleurs)
1.799 octets
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Pour l'instant, Flash est très rarement utilisé comme format d'image fixe, parce que les
concepteurs de sites savent que tous les internautes ne sont pas équipés du lecteur Flash.
A l'avenir, cet obstacle disparaîtra, et le format SWF remplacera le format GIF pour la
transmission des images fixes qui sont susceptibles d'un traitement vectoriel. Pour celles
qui ne le sont pas, on continuera sans doute à utiliser le format JPEG, qui a été conçu pour
cela.
Les images vectorielles animées. Créer une animation constituée d'images vectorielles
est le point fort de Flash. Ci-dessous se trouve un exemple d'animation simple réalisée
avec ce logiciel.
Animation Flash sur le thème du CERIG :
Le lecteur Flash est requis pour visualiser l'animation
Vous n'avez sans doute pas envie de voir cette animation s'agiter indéfiniment ! Vous
pouvez la piloter d'un clic droit de souris ; les fonctions suivantes s'affichent alors :
Zoom (avant, arrière, afficher tout). Modifie la taille de l'image, mais pas celle de la
fenêtre ;
Qualité supérieure. Lisse les courbes ;
Lire. Permet de lancer ou d'arrêter l'animation ;
Boucle .Pour répéter indéfiniment l'animation ou la présenter une seule fois ;
Rembobiner. Pour revenir au début de l'animation ;
En avant. Pour faire avancer l'animation d'une image à la fois ;
En arrière. Pour faire reculer l'animation d'une image à la fois.
L'interactivité. Pour la création d'images interactives (boutons avec effet de rollover, par
exemple), Flash s'avère plus commode d'emploi -- sinon plus puissant -- que le langage
JavaScript, qu'il commence à refouler hors de cette application. Il faut bien dire que le
langage JavaScript n'est ni facile à apprendre, ni commode à utiliser -- sauf pour les
inconditionnels de la programmation, bien sûr !
Les concurrents de Flash
L'image gif animée. Sur le web, Flash concurrence l'image GIF animée (format 89a), avec
l'avantage et l'inconvénient suivants :
avantage : une taille de fichier réduite. L'effet peut être très important, comme le
montre l'exemple de l'animation ci-dessus. La taille du fichier SWF est de 9,25 Ko
pour 80 vues ; celle du fichier gif correspondant est de 69 Ko, après réduction à
20 vues seulement. Cette différence considérable ne vient pas seulement du fait que
dans Flash les images sont stockées sous forme vectorielle, mais aussi du fait que
Flash n'enregistre que les images-clés (trois dans l'exemple ci-dessus) et les
trajectoires, et recalcule les images intermédiaires lors de l'affichage de l'animation ;
inconvénient : l'animation Flash nécessite le téléchargement d'un module externe
(plug-in) lorsqu'on ne dispose pas de la dernière version de l'un des navigateurs du
marché, mais cet inconvénient s'atténue progressivement.
L'image gif animée ne va pas disparaître du web du jour au lendemain, mais Flash lui fait
une concurrence de plus en plus rude. Pour l'instant, l'image gif animée est principalement
utilisée dans les bandeaux publicitaires, dont les animations sont fort rudimentaires, et
Flash ne l'a pas encore délogée de cette application. Par ailleurs, l'image gif animée a fait
des progrès : on peut désormais n'enregistrer que les modifications dans les images
successives, ce qui allège d'autant la taille du fichier pour certains types d'animation.
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L'applet Java. L'applet Java est un autre outil utilisé pour créer des animations dans les
pages web. L'applet le plus célèbre, et le plus spectaculaire, permet de simuler le reflet
d'une image quelconque dans une eau miroitante (il en existe plusieurs variantes). Mais
Java est un peu le marteau-pilon qui sert à écraser la noisette. Pour créer un applet, il faut
savoir programmer en Java, ce qui nécessite un gros effort de formation, en regard d'un
résultat modeste. C'est pourquoi Java est moribond sur le net ; vous pouvez désactiver la
JVM (Java Virtual Machine) de votre navigateur, et surfer sur le web sans vous apercevoir
de rien -- ou presque ! Flash va certainement donner le coup de grâce à l'applet, du moins
dans le domaine de l'animation.
Les formats de la vidéo. Ces formats concernent tous l'image matricielle. Ils souffrent tous
du même handicap : le débit du web est trop faible pour permettre une bonne vidéo en
direct, et la technique du streaming est un pis-aller (utilisable également avec Flash). Les
formats de la vidéo ne concurrencent pas Flash, et il ne vient à l'esprit de personne de les
utiliser pour transmettre l'image animée sur le web.
Une tentation forte : flasher les pages web
On peut enregistrer du texte sous forme de code ou sous forme d'image.
Le codage du texte. L'enregistrement codé est le plus courant, et ce pour de multiples
raisons. Le code ASCII, issu des télécommunications, s'est imposé en informatique, où il a
supplanté tous ses rivaux. Le code ASCII est d'un usage universel : tous les logiciels qui
traitent du texte le lisent, quelle que soit la plate-forme utilisée. Le texte des pages web,
bien sûr, est codé en ASCII, et les informations typographiques nécessaires à la mise en
forme des caractères sont contenues dans des balises. Comme le HTML ne prévoit pas le
téléchargement des polices de caractères, le navigateur est obligé d'utiliser celles qui se
trouvent sur la machine de l'internaute. D'où les problèmes que nous avons évoqués dans
les chapitres précédents.
La transformation du texte en image. Si le texte est traité comme une image, il est
transmis à l'internaute avec sa typographie. Le problème du téléchargement de la police ne
se pose plus, et l'internaute ne peut pas modifier la présentation. Mais la taille du fichier
résultant est plus élevée, et il faut choisir un format d'image dont on soit sûr qu'il est lisible
par la machine réceptrice.
Le flashage du texte. Le dessin d'un caractère se prêtant bien à une représentation
mathématique, l'image vectorielle convient mieux que l'image matricielle à la transmission
du texte sous forme d'image, car la taille des fichiers est moindre. Il est donc tentant
d'utiliser Flash pour transmettre du texte sur le web. La tentation est d'autant plus grande
que Flash -- comme la plupart des logiciels de dessin -- permet d'éditer du texte, et qu'il
possède de bons outils pour le mettre en forme.
La typographie dans Flash
Les fonctionnalités de Flash en matière de typographie sont partagées entre la barre
d'outils (outil "texte"), et la rubrique "Modifier" du menu. Cette dernière est divisée en quatre
sous-rubriques :"crénage", "paragraphe", "police" et "style". L'utilisateur peut ainsi choisir :
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la nature de la police. Flash traite le texte comme une image vectorielle, si bien que
ce dernier s'affiche toujours de la même manière, que la police utilisée soit ou non
présente sur la machine utilisatrice ;
la taille des caractères. Seize valeurs sont prédéfinies, mais l'utilisateur peut saisir
n'importe quelle valeur de son choix ;
le style : normal, italique, gras et gras italique. Comme un bon logiciel de traitement
de texte, Flash gère lui-même les styles gras et italiques, que l'on peut ainsi obtenir
même si la police choisie ne les comporte pas ;
la couleur des caractères. Il existe 228 couleurs prédéfinies, mais l'utilisateur peut
définir la couleur de son choix (par ses coordonnées RVB), et même gérer la
transparence du texte (canal alpha) en pourcentage. Sur le fond de page, on peut
placer la teinte et/ou le graphisme de son choix ;
le crénage. La distance entre les caractères est réglable au pixel près ; on peut
l'appliquer à un bloc de texte, ou seulement aux deux caractères (ou aux deux mots)
entre lesquels se trouve placé le curseur. La distance entre les mots, par contre,
n'est pas réglable de manière systèmatique ;
la position. Le texte peut être placé en indice ou en exposant, mais la position
correspondante n'est pas réglable ;
l'interlignage. La distance entre les lignes est réglable au point près.
Au vu de ce qui précède, on s'aperçoit que Flash possède presque toutes les
fonctionnalités requises pour réaliser une bonne typographie ; seules la chasse et la
distance entre les mots ne sont pas réglables. De plus, Flash contourne de manière
élégante le problème du téléchargement des polices. Comment se fait-il qu'il ne soit pas
plus souvent utilisé pour présenter des pages de texte ?
Pourquoi Flash est-il peu utilisé pour le texte ?
Au CERIG, nous avons recensé diverses raisons qui expliquent cet état de fait :
dans un fichier Flash, le texte est présent sous forme d'image vectorielle. Il échappe
donc à la lecture par les robots des moteurs de recherche, et de ce fait il n'est pas
indexé ;
les fichiers SWF ont une taille supérieure à celle des fichiers HTML correspondants ;
tous les internautes ne sont pas encore équipés du lecteur Flash, ou ils ne
possèdent pas la version requise ;
l'établissement de liens hypertextes est beaucoup plus facile avec le HTML qu'avec
Flash ;
on peut importer du texte dans Flash, mais la typographie et la mise en page sont
perdues, et il faut les reconstituer.
L'absence d'indexation. Ce point est très important : une page qui n'est pas -- ou très peu
-- indexée, n'apparaît pas -- ou se trouve très mal classée et n'est pas vue -- quand les
internautes interrogent les moteurs de recherche. Plusieurs responsables de moteurs de
recherche ont lancé un avertissement aux concepteurs de sites : ne flashez pas vos pages
web !
Certains webmestres pensent avoir trouvé une parade dans l'utilisation des "pages
fantômes". Un peu de programmation... et quand le robot du moteur de recherche se
présente, on lui sert une page qui n'est pas flashée en lieu et place de celle qui l'est. On en
profite pour tricher encore un peu plus, en bourrant ladite page fantôme de mots-clés
alléchants. L'internaute pris à ce piège enrage, quand il découvre que le mot-clé qui l'a
conduit vers une page n'y figure pas. Les moteurs de recherche détestent les pages
fantômes, et font de leur mieux pour ne pas indexer les sites qui se livrent à cette
tromperie. Certes, les pages fantômes ne sont pas faciles à détecter, mais patience... les
moteurs font des progrès ! Précisons tout de suite que le CERIG n'a jamais utilisé de page
fantôme, et qu'il n'a pas l'intention de changer de politique sur ce point.
L'astuce qui consiste à écrire les mots-clés dans un coin discret de la page, en utilisant
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pour les caractères une couleur identique à celle du fond, de telle sorte que le texte soit
invisible, est à proscrire. Les moteurs de recherche refusent en effet d'indexer les pages
dans lesquelles ce subterfuge est employé. Le CERIG n'a jamais utilisé ce procédé.
Une autre astuce consiste à reproduire sous forme de remarque le texte flashé. Les
navigateurs n'affichent pas les remarques, mais quelques moteurs de recherche sont
réputés en tenir compte. Le logiciel Flash, d'ailleurs, fait systématiquement l'opération pour
vous. Quelle est l'efficacité réelle de cette façon de procéder ? Faible, sans doute.
La solution qui nous parait la plus raisonnable consiste à dédoubler les pages, comme on
le fait souvent pour les pages comportant des cadres. A l'internaute, on propose de choisir
entre voir la page en version Flash ou la voir en version HTML. La page sera indexée
normalement par les moteurs de recherche grâce à sa version HTML. L'inconvénient est le
même que pour les pages comportant des cadres : la création et la maintenance des pages
dédoublées est beaucoup plus lourde. En examinant son trafic, le webmestre peut juger du
succès des pages flashées, et conclure si le jeu en vaut la chandelle. Des sites se sont
engagés dans cette voie, et l'on verra s'ils font école.
La taille des fichiers. Comme nous l'avons vu au chapitre 2, la taille du fichier d'une page
web flashée est nettement moindre que celle de la même page transformée en image gif.
Mais cette taille reste nettement supérieure à celle du fichier HTML correspondant. Pour
limiter le temps d'attente de l'internaute, on peut flasher la page en plusieurs animations
placées les unes à la suite des autres. On peut également songer à utiliser la technique du
streaming.
L'équipement des internautes. Les fichiers SWF générés par Flash (fonction "Publier") ne
peuvent être lus par le navigateur que si le lecteur correspondant a été installé comme
module externe. C'est toujours le cas avec les versions récentes des navigateurs, mais les
internautes qui possèdent une version ancienne doivent se rendre sur le site de l'éditeur
Macromedia, et télécharger gratuitement le lecteur. Au mois de mars dernier, si l'on en croit
les chiffres cités par l'éditeur, 90 % des internautes étaient équipés du lecteur Flash. Ce
taux de pénétration très élevé parait rassurant, mais la situation réelle est sans doute un
peu moins rose, pour deux bonnes raisons au moins :
il existe quatre versions différentes du logiciel Flash (et donc du lecteur
correspondant), et tous les internautes ne possèdent pas la même. Si une page web
est flashée dans la version 4, la fraction des internautes qui pourra la lire est
certainement très inférieure à 90 %. A titre d'exemple, Internet Explorer 5 est équipé
en standard de la version 3 de Flash ;
les études statistiques relatives au web sont rarement fiables. Choisir un échantillon
"représentatif" est très difficile, et le "bruit" des phénomènes liés à Internet est
important. De plus, les études sont très rarement effectuées sur un nombre suffisant
d'internautes. Les chiffres publiés à propos du web ne sont pas sûrs, et l'on observe
que leur dispersion est considérable.
Ce problème se réglera progressivement au cours du temps, car Flash est désormais
systématiquement incorporé aux deux grands navigateurs du marché.
Les liens hypertextes. Le logiciel Flash prévoit la création de liens hypertextes sur les
boutons seulement. De plus, le concepteur doit gérer lui-même le soulignement et le
changement de couleur des liens. Voilà qui est bien malcommode !
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L'importation de texte dans Flash. L'importation de texte simple (format ".txt") est prévue,
mais ne fonctionne pas. On peut copier-coller du texte, mais la typographie et la mise en
page sont perdues. Pour les reconstituer, on peut importer une copie de la page sous forme
d'image matricielle, la placer sur un calque sous-jacent, et s'en servir de guide pour
reconstituer la page sur un calque supérieur. Quand l'opération est terminée, on supprime
le calque inférieur. Ceci montre que les concepteurs de Flash songeaient à l'image, pas au
texte.
Il est clair que la fonction "Fichier / Importer..." est l'un des points faibles de Flash. Cette
fonction est essentiellement dirigée vers les images, et même ainsi elle ne fonctionne pas
toujours très bien, y compris dans la version 4. Le format 8 d'Illustrator n'est pas reconnu (il
faut procéder par copier-coller, ou utiliser le format 7), et les dégradés passent mal hors du
format swf. En pratique, il faut procéder par copier-coller quand l'importation marche mal, et
vice versa.
Présentation des pages flashées
Une erreur à ne pas commettre. Les navigateurs acceptent d'afficher directement les
fichiers au format SWF, pourvu que le module externe Flash soit en place. Nous en avons
fait l'expérience au chapitre 2, et nous pouvons la reproduire ici (le fichier s'ouvrira dans
une fenêtre séparée). L'inconvénient d'une telle solution apparaît immédiatement quand on
fait varier les dimensions de la fenêtre : le navigateur fait subir une homothétie à l'animation
Flash, de telle sorte que la fenêtre la contienne entièrement. Les barres de défilement ne
sont jamais actives. A la résolution du VGA, les caractères sont affichés dans une taille si
petite qu'il devient très difficile de lire le texte.
Il faut donc toujours appeler les fichiers SWF à partir d'une page web, grâce à la balise
EMBED. Cette dernière possède deux attributs (WIDTH et HEIGHT) précisant les
dimensions de l'animation Flash. Celles-ci peuvent être indiquées en valeur absolue (pixels)
ou en valeur relative (pourcentage). Il est donc possible de choisir entre une présentation
fixe et une présentation relative.
La présentation fixe. Les dimensions de l'animation Flash sont exprimées en pixels ; on
utilise celles de la scène, ou des valeurs homothétiques. Lorsqu'on fait varier les
dimensions de la fenêtre du navigateur, celles de l'animation Flash ne changent pas ; les
barres de défilement se mettent en place si nécessaire. Il est recommandé d'utiliser une
largeur compatible avec le VGA, car 10 % encore des internautes observent le web avec
cette résolution d'écran. A titre d'exemple, on peut examiner le fichier test.swf du chapitre 2
en présentation fixe centrée dans une page HTML, et faire varier les dimensions de la
fenêtre du navigateur (ouverture dans une fenêtre séparée).
La présentation relative. Les dimensions de l'animation Flash sont alors exprimées en
pourcentage. Lorsqu'on fait varier les dimensions de la fenêtre du navigateur, celles de
l'animation Flash varient en conséquence. A titre d'exemple, on peut examiner le fichier
test.swf du chapitre 2 en présentation relative dans une page HTML, et faire varier les
dimensions de la fenêtre du navigateur (ouverture dans une fenêtre séparée). Comme on le
constate, cette présentation présente les mêmes défauts que le chargement direct du
fichier swf : si la fenêtre du navigateur est petite, le texte est illisible. Pour du texte, cette
présentation n'est pas recommandable.
Conclusion : l'avenir de Flash
La mode Flash. Actuellement, Flash est l'objet d'une véritable mode : on met des
animations Flash n'importe où -- et en particulier là où il ne faudrait pas en mettre, c'est à
dire dans les pages tunnel et les pages d'accueil. C'est une très mauvaise idée que de
freiner l'accès des internautes à la page principale d'un site, sans apporter la moindre
information en contrepartie. Lorsque le web est encombré -- ce qui n'est pas rare -- on
empêche les internautes d'accéder au site, tout simplement.
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Les avantages de Flash. Pour l'instant, on se sert surtout de Flash pour faire du gadget,
mais cette situation ne saurait durer bien longtemps. A l'avenir, Flash sera utilisé pour ses
qualités propres, et servira à créer :
des images vectorielles fixes (en remplacement du format GIF, conduisant à des
fichiers de plus grande taille) ;
des animations réellement porteuses d'information (en remplacement de l'image gif
animée, pour la même raison que ci-dessus) ;
des éléments de navigation avec effet de rollover (en remplacement de JavaScript).
Nous pensons que le flashage de pages web complètes, par contre, restera une application
marginale, car Flash n'a pas été conçu pour cela. Les concepteurs de sites web s'en sont
aperçu, et il est rare de voir une page contenant beaucoup de texte transformée en
animation Flash. Le texte flashé est généralement limité à des blocs très courts, tels ceux
que l'on trouve dans les menus, les boutons, et les encadrés.
Le flashage de pages web complètes. Nous pouvons nous tromper, et il est possible que
le flashage de pages web entières se développe. Le cas favorable correspond à celui d'une
page dans laquelle plusieurs des conditions ci-dessous seraient simultanément remplies :
une typographie originale est désirable ;
le lissage des caractères lors de l'affichage est souhaité ;
les images se prêtent à une représentation vectorielle. Si la page contient de
nombreuses images de ce type, la version flashée peut très bien se télécharger
aussi vite que la page HTML correspondante, le temps perdu pour l'obtention du
texte flashé étant récupéré lors de l'obtention des images ;
il est réellement nécessaire d'animer une partie notable de la page ;
un effet de rollover est souhaité pour les éléments de navigation ;
les liens hypertextes sont rares, ou concentrés en un même endroit de la page, si
bien qu'on peut les traiter sans trop de mal comme des boutons.
Sans doute faudra-t-il alors offrir le choix à l'internaute : "Version Flash" ou "Version HTML".
Ainsi la page web correspondante restera-t-elle accessible à ceux qui ne disposent pas du
module externe Flash, ou qui disposent d'une connexion à faible débit... ou qui n'aiment
pas Flash ! De plus, la version HTML de la page web permettra l'indexation par les moteurs
de recherche.
L'opinion de l'auteur de ces lignes est qu'il n'est plus possible aujourd'hui d'ignorer Flash
complètement, mais qu'il faut l'utiliser :
avec prudence, tant que la quasi-totalité des internautes n'est pas équipée du
module externe correspondant ;
à bon escient, c'est à dire dans les cas où il améliore la qualité de l'information
fournie ;
sans forcer l'internaute à l'utiliser s'il n'en a pas envie.
L'avenir de Flash sur le web. Il est certain que Flash est promis à un bel avenir sur le
web, et que les errances actuelles feront place à un usage plus rationnel. On peut
cependant se demander si certains sites conserveront des animations Flash destinées
uniquement à amuser la galerie. A notre avis, c'est peu probable, parce que l'internaute
moyen recherche principalement de l'information, et non de la distraction. Il ne faut pas
confondre le web et la télévision ; à chaque média le rôle qui lui convient le mieux. Ceci dit,
ceux qui ont réussi à faire accepter aux téléspectateurs des émissions d'une nullité crasse,
vont certainement tenter de répéter l'opération avec les internautes. Il est bien difficile de
dire à quoi ressemblera le web d'ici quelques années.
Copyright © CERIG/EFPG 1996-2000
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