Germaine Tailleferre est née le 19 avril 1892 à Saint-Maur
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Germaine Tailleferre est née le 19 avril 1892 à Saint-Maur
Germaine Tailleferre est née le 19 avril 1892 à Saint-Maur-des-Fossés sous le nom de Marcelle Taillefesse. Sa mère, Marie-Désirée, fut contrainte de rompre ses fiançailles pour épouser le jeune Arthur Taillefesse que son père lui avait choisi pour la simple raison qu'ils avaient le même patronyme. Ce mariage arrangé fut des plus malheureux, la seule joie de Marie-Désirée étant ses enfants. La jeune Germaine débute le piano avec sa mère et commence très jeune à composer de courtes œuvres. Malgré l'opposition de son père et à l'insu de celui-ci, elle entre au Conservatoire de Paris en classe de piano et de solfège et remporte son premier prix de solfège. Ce succès met un terme à l'opposition de son père qui l'autorise à continuer ses études, tout en refusant d'en assurer le financement... Une certaine prise de conscience, doublée d'un léger désir de vengeance, lui fait changer le patronyme - sujet à railleries - de Taillefesse en Tailleferre. Elle rencontre Darius Milhaud, Georges Auric et Arthur Honegger au Conservatoire de Paris en 1912 et commence à fréquenter dans les milieux artistiques de Montmartre et de Montparnasse, Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin, Paul Fort, Fernand Léger et le sculpteur Emmanuel Centore, qui épousera Jeanne, la sœur de Germaine. En 1913, elle remporte le premier prix de contrepoint et d'harmonie au Conservatoire et, en 1915, le premier prix de fugue. Également au Conservatoire, elle fait la connaissance et devient l'amie de la harpiste Caroline Luigini-Tardieu, fille du compositeur et chef d'orchestre Alexandre Luigini, qui était alors l'assistante d'Alphonse Hasselmans, professeur de harpe, et pour laquelle elle écrivit Le Petit Livre de harpe de Mme Tardieu (1913-1917), un recueil de dix-huit pièces brèves. Son cercle d'amis s'agrandit en 1917 de Picasso et de Modigliani, et c'est dans l'atelier de l'un de ces peintres amis qu'a lieu le 15 janvier 1918 le premier concert des « Nouveaux Jeunes » dont font partie Francis Poulenc et Louis Durey. Au programme, Jeux de plein air et sa Sonatine pour quatuor à cordes, qui allait devenir plus tard par l'addition d'un troisième mouvement, le Quatuor à cordes. C'est au critique musical Henri Collet que l'on doit l'invention du concept des « Six », en souvenir du groupe des Cinq. Deux articles publiés en 1920, dans le journal Comœdia, sont les écrits fondateurs du désormais célèbre groupe des Six. Même si leurs activités de groupe furent très peu nombreuses, ils devaient rester amis jusqu'à la fin de leur jours. La rumeur qui veut que Durey provoqua la fin du groupe en refusant de participer aux Mariés de la tour Eiffel n'est pas exacte. L'œuvre devait à l'origine être écrite par le seul Auric qui se trouvant pris par le temps ne pouvait achever cette commande. Il fit alors appel à ses amis qui devaient se partager le travail. Durey, pour la seule raison qu'il n'était pas à Paris à ce moment, ne participa pas au projet. L'esprit du groupe des Six a si bien survécu à ses membres que vingt ans après la mort du dernier d'entre eux, enfants et amis continuent de se fréquenter. La Première Sonate pour violon et piano de Tailleferre a été écrite pour Jacques Thibaud, le célèbre violoniste dont elle était l'amie. Elle fut créée à Paris en 1922 par Thibaud lui-même et Alfred Cortot. L'année 1923 voit son ballet néo-classique Le Marchand d'oiseaux connaître le succès avec les Ballets suédois. La princesse de Polignac lui passa commande d'un Concerto pour piano dans le même style ; il est créé avec succès par Alfred Cortot en 1925 à Philadelphie. C'est à cette époque que Tailleferre commence à passer beaucoup de temps avec Maurice Ravel à Montfort-l'Amaury. Elle l'avait rencontré à Saint-Jean-de-Luz près de Biarritz en 19191920. Ravel, qui s'intéresse aux jeunes compositeurs, lui donne avis et conseils tant en matière d'écriture que d'orchestration et l'encourage à préparer le prix de Rome. Ces visites régulières, ponctuées de longues promenades autour de Montfort, se terminent toujours par de longues et épuisantes heures au piano ; elles prennent fin mystérieusement en 1930. Tailleferre ne reverra plus jamais Ravel et refusera toujours d'en donner les raisons. En 1925, Tailleferre épouse le caricaturiste américain Ralph Barton et s'installe à Manhattan. Elle se lie avec les amis de son mari et en particulier Charlie Chaplin. C'est pendant cette période qu'elle compose son Concertino pour harpe, œuvre dédiée à son mari. Mais Barton prend quelque peu ombrage du succès de son épouse et ce n'est pas sans difficulté qu'elle compose pendant cette période. En 1927, à la demande de Barton, le couple s'installe en France, et Tailleferre reçoit commande de Paul Claudel d'une musique pour son ode en l'honneur du scientifique Marcellin Berthelot, intitulée Sous le rempart d'Athènes. Tailleferre complète aussi le ballet La Nouvelle Cythère, programmé pour la saison 1929 des Ballets russes mais dont la représentation fut annulée du fait de la mort soudaine de Diaghilev. L'année 1929 voit la fin de son mariage avec Ralph Barton, qui se suicide quelques mois après son retour en Amérique. Ses Six chansons françaises composées à cette époque utilisent des textes du XVe siècle au XVIIIe siècle qui parlent de la condition féminine. Chaque œuvre est dédiée à une amie femme. Ces mélodies sont l'un des rares exemples de féminisme dans l'œuvre de Tailleferre. Durant l'année 1931, le principal projet de Tailleferre est son opéra-comique Zoulaina qui n'a jamais été monté et dont il n'existe qu'un manuscrit à l'exception de la fameuse Ouverture qui est l'une de ses œuvres les plus jouées. Le 4 juin 1931, elle donne naissance à son unique enfant, Françoise, née de sa liaison avec le juriste français Jean Lageat, qu'elle épouse l'année suivante. Une fois encore, le mariage devient un obstacle à sa carrière de compositrice, son nouveau mari ne manifestant pas plus de soutien que le précédent à ses activités musicales. Tailleferre reste malgré tout très productive, composant la Suite pour orchestre de chambre, le Divertissement dans le style de Louis XV, son Concerto pour violon qui avait été perdu dans sa forme originale (la Deuxième Sonate pour violon et piano est une réduction du concerto, sans la cadence) ainsi que le Concerto grosso pour deux pianos, quatuor de saxophones, huit voix solistes et orchestre (1934). Elle inaugure aussi une longue série de musiques de films. En 1937, elle collabore avec Paul Valéry pour sa Cantate du Narcisse, pour soprano, baryton, chœur de femmes et cordes. En 1938, c'est Georges Enesco qui dirige la création de son Concerto pour violon aux États-Unis. Au début de 1942, Tailleferre complète ses Trois Études pour piano et orchestre dédiées à Marguerite Long. L'Occupation allemande l'incite avec sa sœur à quitter la France. Elles gagnent l'Espagne puis le Portugal d'où elles embarquent pour les États-Unis. Elles passeront les années de guerre à Philadelphie. Elle compose peu pendant cette période, s'occupant surtout de sa fille. Elle écrit néanmoins un Ave Maria pour voix de femmes a cappella créé au Swarthmore College (perdu). Tailleferre revient en France en 1946 et se réinstalle à Grasse, près de Nice. Sa relation avec Lageat s'est détériorée mais le couple reste marié. Sa première œuvre importante à son retour en France est le ballet Paris-Magie créé à l'Opéra-Comique en 1949, suivi de Il était un petit navire, opéra-comique sur un livret de Henri Jeanson. L'œuvre, très mal reçue par les critiques, reste peu de temps à l'affiche et ne sera pas éditée. C'est à cette époque qu'elle écrit son Concerto no 2 pour piano (perdu), sa fameuse Sonate pour harpe, le Concertino pour flûte, piano et orchestre, la comédie musicale Parfums écrite pour Monte-Carlo en 1951 (également perdue) et le ballet Parisiana créé à Copenhague en 1953. En 1955, Lageat et Tailleferre divorcent, tandis que la fille de Germaine, Françoise, donne naissance à sa fille, Elvire. Cette même année, Tailleferre rédige sa série de quatre petits opéras-comiques Du style galant au style méchant pour Radio France. Les années suivantes, elle écrit le Concerto des vaines paroles sur un texte de Jean Tardieu, dont il ne reste que le premier mouvement, Allegro concertant. En 1957, au cours d'une brève période d'expérimentation dodécaphonique, elle compose son opéra La Petite Sirène ainsi que sa Sonate pour clarinette solo et la Toccata pour deux pianos, dédiée au duo Gold et Fitzdale. Cette période s'achève avec son opéra Le Maître d'après une pièce d'Eugène Ionesco. Pendant les années 1960, elle compose de nombreuses musiques de film ainsi qu'un Concerto pour deux guitares et un Hommage à Rameau pour deux pianos et deux percussionnistes. Avec le baryton Bernard Lefort (qui allait devenir directeur de l'Opéra de Paris), elle forme un duo qui se produit en tournée dans l'Europe entière. En 1970, elle devient professeur à la Schola Cantorum, mais doit renoncer en raison du manque d'élèves. Elle rencontre alors le chef de l'orchestre des gardiens de la paix Désiré Dondeyne, qui l'encourage à écrire pour orchestre d'harmonie et l'aide à concrétiser certains projets. Elle accepte, à 84 ans, de devenir « en voisine » accompagnatrice pour les enfants à l'École alsacienne, l'une des plus célèbres écoles privées de Paris. Ce poste qui lui apporte un petit complément de retraite, lui permet surtout de garder une activité extérieure et d'achever une dernière série d'œuvres parmi lesquelles la Sonate pour deux pianos, la Sérénade en la mineur pour quatre vents et piano ou clavecin, l'allegro concertant Les Vaines paroles et la Sonate champêtre pour trois vents et piano. Sa dernière œuvre importante est écrite à 89 ans à l'occasion d'une commande du ministère de la Culture : le Concerto de la fidélité pour voix aiguës et orchestre (orchestration de Désiré Dondeyne), reprise d'une partie d'une œuvre antérieure. Elle meurt le 7 novembre 1983 à Paris et est enterrée au cimetière communal de Quincy-Voisins près de Meaux.
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