Côté Plus No 6

Côté,Plus
De même, lorsque Charlie Hebdo fut
victime d’une attaque en janvier, c’est le
monde entier qui a choisi soit de se taire,
recueilli dans un respect solennel, soit de
s’exprimer, à l’aide de divers moyens
d’expression notamment artistiques, pour
dire que ce n’est pas de ce monde-là dont
l’humanité veut. En d’autres termes, lorsque
des terroristes prennent de l’importance,
lorsqu’on voit que leur message de haine et
de mort convainc de plus en plus de gens,
c’est le monde entier qui se soulève pour
rappeler que le respect de la vie et des
mœurs a plus d’importance que n’importe
quel dieu ou prophète.
bref instant de rire qui m’a soigné l’esprit.
Merci à toutes ces personnes qui aident à
apaiser la douleur. Merci à elles pour avoir
su nous réconforter, pour nous avoir
redonné le sourire, lorsque l’actualité était
sinistre. Merci à elles, pour nous avoir
montré que la violence ne suscite pas
toujours la violence. Les explosifs avaient
pour but de diviser, mais les plumes, les
pinceaux, les crayons ont uni au-delà de
toute espérance. Merci à toi, Humanité, mon
espoir en l’avenir est sain et sauf entre tes
mains.
Diego Esteban
Côté,Plus,#6,Hiver
Page 2
Actu en images
Avec Herji, dessinateur
insolent et ironique
Page 3
L'enquête
A la découverte des
« Quebs' »
Page 3-4
O
EDIT
de Fanny Pahud
Paradoxalement, c’est lorsque les valeurs de
liberté et de démocratie sont le plus
sauvagement atteintes que leur défense
devient la plus forte. Rien qu’à Genève, un
concert spontané par-ci, une veille aux
bougies par-là, des dessinateurs et poètes
qui composent à leur façon des hymnes à la
mémoire des victimes, pour soutenir les
proches, en l’honneur de la paix, des milliers
d’étudiant-e-s, réuni-e-s à Uni Mail, ou les
élu-e-s du Conseil municipal de Thônex qui
observent une minute de silence, etc.
Gloire soit surtout rendue à celles et ceux
qui nous donnent le sourire lorsque le
monde nous fait peur. Je pense notamment à
la page facebook genevoise « poplitic », qui
écrivit que «selon les experts, l'Etat
Islamique vise les endroits où on s'amuse,
où on fait la fête, où on profite de la vie. La
Suisse alémanique a décidé de baisser son
niveau d'alerte à faible voire inexistant ». Un
HIVER
Engagement
Action « Tes vêtements
pour la dignité »
Le sourire comme défense
Certes, on en a déjà beaucoup parlé. La
tristesse a succédé à la colère, l’agressivité
au deuil, et vice-versa. On se demande si un
seul de ces aspects a été omis, tant les
médias sont devenus monomaniaques du
sujet. Mais si les attentats de ces dernières
semaines nous ont appris quelque chose, en
particulier ceux qui ont été commis à Paris,
c’est que l’humain est doué d’une
compassion et d’une solidarité qui
dépassent les frontières.
#6
La République contre la barbarie
Herji pour Le Journal International
Je pense que nous sommes
tous un peu abasourdis face
aux évènements de ces
derniers mois : violence qui
s'intensifie dans le monde,
afflux de migrants qui créé
une
crise
de
l'EU,
extrémisme exacerbé (de
Trump
à
Daesh),
avec
comme toile de fond, les
enjeux environnementaux
que vient remettre sur le
devant de la scène la COP21.
Mais
comment
se
positionner en tant que
citoyen lambda ? C'est par
nos
actions
que
nous
défendons nos valeurs et
montrons qui nous sommes.
Le projet "Tes vêtements
pour la dignité" est par cela
un
fabuleux
exemple
d'engagement qui mène à
des résultats concrets.
Page,1
Côté,Plus
Engagement
Tout a commencé avec une rencontre
entre le directeur de Caritas, Dominique
Froidevaux, et Sylvain Leutwyler, président
du Parlement des Jeunes Genevois (PJG)
lors d'un débat au mois de septembre
dernier. L'idée est simple : demander à
des jeunes s'ils souhaitent venir en aide à
d'autres jeunes. Ces jeunes en question ne
sont pas tout à fait dans la même situation
que nous, car ce sont des RMNA, c'est-àd i re d e s r e q u é ra n t s m i n e u r s n o n
accompagnés, en majorité des jeunes
hommes érythréens qui ont fui leur pays.
Ils sont logés au foyer de Saconnex, près
de Balexert et ils y sont de plus en plus
nombreux, environ cent-cinquante
actuellement, alors qu'ils n'étaient que
quarante au début de l'année 2015.
Le but est de récolter le plus de
vêtements possible pour ces mineurs non
accompagnés ! Cependant, il faut aussi
qu'ils soient de bonne qualité et
d'actualité ; de là nous est venu le slogan
« des vêtements que tu pourrais porter ».
Les besoins sont particulièrement
importants concernant
les chaussures et les
habits chauds pour l'hiver,
étant donné qu'une grande majorité
d'entre-eux est arrivée à Genève avec
uniquement une tenue qui se compose de
tongs, t-shirts et shorts, ce qui n'est pas
adéquat pour le climat suisse.
semaines après la première séance,
l'action était lancée et nous commencions
la première récolte au début du mois
d'octobre au local du PJG.
Cette première récolte fut un succès, ce
qui encouragea grandement les membres
du groupe et était de bonne augure pour
la suite. On ne peut qu'être satisfait du fait
que notre projet touche les gens et qu'ils
soient prêts à s'engager pour aider des
personnes en difficulté. Grâce à des
membres motivés, le tri a pu s'effectuer le
soir même et les habits sont partis dès le
lendemain au Vestiaire social, qui est géré
par Caritas et le Centre Social Protestant
(CSP). Une équipe de la RTS était
également présente afin de faire un
reportage sur notre action, ce qui a
permis de relayer l'information à une plus
grande échelle. Nous avons ensuite pu
participer, avec un petit groupe de la
commission, à une distribution des
vêtements récoltés au Vestiaire social. Ce
fut un moment très particulier et très
fort. En effet, voir ces jeunes migrants qui
ont quasiment le même âge que nous
Bastions ainsi qu'à Uni Mail durant la
deuxième moitié du mois d'octobre :
environ 900 kilos de vêtements furent
récoltés aux Bastions et près de 1.3 tonne
à Uni Mail.
Face au franc succès de l'opération, nous
souhaitons remercier tous les membres
du PJG, les associations d'élèves
(principalement l'Association des
étudiants en lettres et l'Association des
étudiants en science politique et relations
internationales) et les directions d'écoles
pour leur soutien et
leur mobilisation. Il faut
aussi noter que des
particuliers et des sociétés ont également
joué le jeu en apportant directement leurs
vêtements au Vestiaire social ou en
organisant une collecte au sein de
l'entreprise. Tous ces dons ont déjà permis
d'habiller une cinquantaine de jeunes. Ils
vous remercient !
« Tes vêtements pour la dignité »
Tout est ensuite allé très vite : présentation du projet à la commission
Intégration des jeunes migrants du PJG la
semaine suivant le débat et création d'un
groupe de coordination entre l'association
et Caritas, formé de Sylvain Leutwyler,
Dominique Froidevaux, Camille Lanci et
moi-même. Il n'aura fallu que quelques
r é u n i o n s p o u r d é c i d e r d e s a xe s
importants de l'action, des tâches de
chacun, ainsi que d'un échéancier pour
avancer le plus rapidement possible. Deux
Côté,Plus,#6,Hiver
avoir un tel sourire du fait que nous nous
soucions d'eux en leur trouvant des
vêtements adéquats fait vraiment plaisir et
cela nous à beaucoup touché. Le plus
important était de leur donner une veste
chaude pour l'hiver, ainsi que des gants, un
bonnet et une écharpe ; moment très
spécial pour eux étant donné qu'ils ne
connaissent pas un hiver aussi rigoureux
que le nôtre dans leur pays d'origine.
D'autres récoltes se sont ensuite mises en
place dans les établissements du
Secondaire II (Collège , Ecole de
Commerce, Ecole de Culture Générale)
en collaboration avec la Direction
générale du postobligatoire qui a diffusé
une circulaire à tous les établissements.
Cela nous a permis de convaincre d'autres
personnes d'organiser des récoltes.
Mais ce n'est pas fini ! Lors du
traditionnel stand de vin chaud du PJG qui
se tiendra le 5 décembre à la Place de la
Fusterie, une autre grande récolte aura
lieu pour toute la population. Alors venez
apporter des vêtements et partager un
verre avec nous !
Gaetan Paratte
Les récoltes en quelques chiffres :
Au moment d'écrire ces lignes,
cinq tonnes de vêtements ont déjà été
récoltés ; un chiffre que nous n'avions
même pas osé imaginer au début de cette
action. C'est tout simplement incroyable !
La mobilisation dans les établissements du
postobligatoire via nos membres ou via
les diverses associations d'élèves a été
forte et le résultat dépasse toutes nos
espérances. Notons que deux très
grandes récoltes ont eu lieu à Uni
Page,2
Côté,Plus
Herji pour l’ONG Voix Libres qui travaille à
l’alphabétisation des enfants boliviens
Retrouvez Herji, le
dessinateur insolent et
ironique sur herji.ch
Act=,en,images
Greenwashing
A la découverte
des «Quebs'»
#2
Jouons à un jeu. Si je vous dis « québécois »,
vous me répondez ? Céline Dion ! Garou !
Mais encore ? Heu les Têtes à Claque ? ... Okay,
je vois que votre connaissance de la culture
québécoise est limitée et dépassée, alors que
pourtant la « Belle Province » possède un grand
potentiel. En effet, le Québec, dû entre autre au
fait qu'il se trouve au croisement de la culture
francophone, anglophone et amérindienne, est
un foyer culturel riche et diversifié qui arrive à
pondre des artistes ambitieux et talentueux à
tous les coins de rue. Cependant, rares sont
ceux qui traversent l'Atlantique pour nous
arriver entiers (et sortir la grand voile sous le vent
n'y changera rien). Entiers dans leur
« québécitude » je veux dire ! Et oui, si Garou
atténue son accent pour se faire comprendre
outre-mer, Céline, elle, a fini par adopter l'anglais
afin de mieux s'exporter. A croire que les
québécois sont obligés de se dénaturer pour se
vendre chez nous. J'ai donc décidé de vous faire
découvrir plusieurs québécois qui m'ont touché
et qui restent profondément eux-mêmes !
Sarah-Maude Bauchesne
La fin du rêve européen
Herji pour l'association Vivre Ensemble
Côté,Plus,#6,Hiver
Si je devais mentionner une québécoise qui a sa
place dans mon coeur (et la liste est longue..), je
vous parlerais de Sarah-Maude. A part avoir un
nom imprononçable, cette écrivaine de 25 ans a
comme particularité d'avoir lancé un blog il y a
cinq ans - http://www.lesfourchettes.net - où elle
poste des nouvelles qui ont majoritairement
comme sujet les histoires adolescentes d'amour,
Page,3
Côté,Plus
d'amitié, de cul, de complexes, d'aventures
urbaines et autres introspections. Jusque
là rien de nouveau vous allez me dire : les
blogs (génération 90' rpz), twitter,
instagram, tumblr et j'en passe, regorgent
de filles qui racontent leur vie. Sauf que
Sarah-Maude est écrivaine, diplômée en
création littéraire de l'Université du
Québec à Montréal. Pis son écriture est
belle. Pis genre pas juste belle belle mais
plus comme un long fleuve vif et imagé qui
reflète la verve et le verbe québécois
qu'on a envie d'entendre brailler sur un
vélo en descendant le boulevard SaintLaurent les cheveux au vent pédalant vers
une date avec un beau brun barbu qui
donne des fourmillements dans le bas
ventre rien qu'à gouter les mots sortant
de sa bouche chaude quand il chante sur
une scène ouverte. Respiration. Pour vous
donner une idée... même s'il manque un
grand nombre d'expressions québécoises
intraduisibles ici.
Le langage est à la fois touchant de poésie
et tellement direct, surement dû à ce
caractère si spécial qu'a le français du
Québec de nous faire voir des images plus
que la signification, tout en l'exprimant
avec des mots qui sortent du coeur plus
que du dictionnaire. Les émotions elles
sont pures, comme quand on a 19 ans et
qu'on est à la recherche d'expériences de
liberté intense avec des gens formidables
ou destructeurs. C'est dramatique et
romantique, comme quand on a 19 ans, et
c'est sûr que vous vous retrouverez dans
son personnage. Bref, Sarah-Maude arrive
à retranscrire exactement et de manière
si particulière les choses de la vie : c'est
lumineux, naïf, souvent drôle et parfois
doux-amer. D'ailleurs si j'étais au Québec
en ce moment, j'en profiterais pour lui
L'enquête
demander de me raconter les anecdotes
qu'elle a vraiment vécues parmi ses
nouvelles.
Bien heureusement, son talent a été
récompensé et elle a trouvé en publie.net
un éditeur à sa hauteur. Deux recueils de
ses nouvelles ont ainsi été publiés : « Les
je-sais-pas » et « Les je-sais-pas-pantoute ». Elle a aussi sorti un roman « Coeur de
slush », écrit à l'âge de 17 ans, qui raconte
l'histoire d'une adolescente vivant ses
premières fois de liberté et d'amour. Elle
se diversifie même en créant avec Zoé
Pelchat-Ouellet une web série de quatre
épisodes, « Les Presqu'histoires », sortie
en février 2015, qui montre les relations
creuses de notre génération à travers des
moments de vie drôles et sarcastiques à la
fois.
Si le parlé québécois vous rebute toujours
après la déclaration d'amour que je viens
de lancer et que vous avez mille théories
sur le fait que « toute façon c'est pas du
français », je vous conseille tout de même
d'aller faire un tour sur son blog : vous
aurez 101 nouvelles pour parfaire votre
vocabulaire !
Xavier Dolan
Dolan en une colonne seulement ?
Ambitieux... Car malgré ses 26 ans (vous
avez remarqué que je vous fais découvrir
que des jeunes qui percent ce mois-ci !), le
jeune homme a déjà gagné sa place parmi
les grands. Cinq films en cinq ans. Un style
unique. Le prix du jury pour Mommy au
Festival de Cannes 2014 qui marque sa
consécration. Deux films prévus pour
2016 : Juste la fin du monde et The death
and life of John F. Donovan. Le tout avec des
castings affolants. Autodidacte et
polyvalent, il joue, réalise, scénarise et
produit. Même si on peut ne pas apprécier
le personnage (Dolan c'est soit on l'adore,
soit on le déteste), il faut avouer que le
garçon a du talent ! Je ne pense pas être
sortie d'un film en étant aussi bouleversée
qu'après la visualisation de Mommy ou de
Lawrence Anyway. Sa façon de mettre en
scène les comédiens, les comédiens euxmêmes qui transcendent l'écran, les
émotions si véridiquement retransmises,
l'intensité poignante des scènes, la
recherche artistique dans la réalisation.
L'ensemble créé un cocktail explosif dont
on ne ressort pas indemne.
Le réalisateur met aussi toute son énergie
à créer des rôles de femme tout en
textures et en aspérités : « Des femmes
magnifiques avec une âme, une volonté et
une force extraordinaire. Pas des victimes
ni des objets », comme il l'a appuyé dans
son hommage à Jane Campion lors de la
remise du prix du jury à Cannes en 2014.
A l'heure actuelle, Dolan représente un
modèle de réussite pour « sa génération »
et il n'a pas manqué de lui lancer un appel
lors de cette même tribune : « Mais
accrochons-nous à nos rêves, parce
qu'ensemble nous pouvons changer ce
monde qui a besoin d'être changé. Il faut
émouvoir le public, le faire pleurer, rire. Il
n'y a pas de limites à notre ambition à
part celles que l'on se construit soi-même.
En bref, je pense que tout est possible à
qui rêve, ose, travaille et n'abandonne
jamais ». Un beau message qui nous
enjoint à nous engager avec passion et
détermination dans ce qui nous plait et à
croire en nos rêves.
Fanny Pahud
Journal proposé par le Parlement des Jeunes Genevois
Avec le soutien du Canton de Genève
Nous cherchons toujours des jeunes motivés à écrire, illustrer ou
distribuer notre journal, donc si t'as la patate, un chouïa de
créativité et une bonne dose de positive attitude...
REJOINS - NOUS !!
Le Parlement des Jeunes Genevois (PJG) est une association
ouverte à tous les jeunes du canton de Genève âgés de 15 à 25 ans.
Ils sont près de 50 membres actifs aujourd’hui et ont en commun la
volonté de s’engager pour la jeunesse genevoise via divers projets.
Côté,Plus,#6,Hiver
CONTACTS :
www.pjgenevois.ch
[email protected]
www.facebook.com/PJGenevois