Concours poésie - Collège Thomas Riboud
Transcription
Concours poésie - Collège Thomas Riboud
• J ’ai déplacé la lune • Trouvé dans une bouteille Avril 2016 1 Lune, toi qui nous observes de tout ton haut Ne trouves-tu pas drôle de voir tant de haine Pour une religion ou pour une dernière part de gâteau ? L’envergure de la déficience humaine. Est-ce que chez toi, il y a des hommes qui s’aiment ? Car chez moi, le peuples ne s’aiment pas du tout. Non, ils se détestent même, et dans leurs grands yeux, La fumée noire de la guerre envahit les fous. Est-ce que dans ton monde, il y a des licornes Naïves et innocentes comme ces personnes Prêtes à se tuer pour une vie « meilleure » ? Ô toi, ma lune que j’observe et admire, « Personne n’est ni tout blanc, ni tout noir », on dit. C’est pour ça que toi, l’astre gris, tu nous vas bien. 2 Ma mamie a une très grave maladie Elle ne sait plus où elle a rangé ses lunettes Pourtant ma mamie n’est pas tellement bête Mais aussi… Ses lunettes sont vraiment riquiqui ! Elle ne se souvient plus des histoires de Winnie Le sport qu’elle pratiquait, qui était le basket, A présent elle croit qu’elle faisait des claquettes… Elle a appelé les pompiers pour qu’ils fassent le tri. Cette maladie, elle l’a trouvée dans une bouteille. Pour la guérir il faudrait déplacer la lune, Ou manger un gros pot de salsepareille. Elle a oublié le nom de ses enfants, Pourtant elle avait une mémoire d’éléphant. Il ne manquerait plus qu’elle soit dure de la feuille ! 3 Un soir d’été, il faisait beau, il faisait chaud, Je me promenais paisiblement sur la plage. J’étais seul, tranquille et je vis flotter dans l’eau Un objet que je pouvais atteindre à la nage. Je sautai dans l’eau, habillé, croyant en moi, Mais l’objet était plus loin que je ne le pensais. Quand je l’atteignis enfin, il faisait nuit… Déjà ! A la lumière de la lune j’aperçus l’objet. C’était une bouteille, une étrange bouteille ! J’aperçus dedans un jeune homme vu la veille ; Il me regardait en agitant les deux bras. Etonné, je le regardais sans comprendre Mais je ne savais pas trop à quoi m’attendre… Et quand je l’ouvris, la bouteille m’aspira ! 4 La nuit régnait, je contemplais le ciel si noir ; Une belle lune éclairait l’espace sombre, Disparaissaient les nuages et même les ombres J’ai déplacé la lune en espérant te voir ; Tellement déçue de ne plus t’apercevoir, J’ai fermé les yeux et l’espoir m’est revenu, Alors tout un autre monde m’est apparu J’ai déplacé la lune en espérant te voir. Ton absence me faisait tellement souffrir, Perdue dans mon rêve, valait-il mieux partir ? Tout mon cœur brûlait et mon âme était fébrile. La musique lunaire de ton paysage Me rappelait sans cesse ton tendre visage, Et te dire au revoir m’était si difficile … 5 Je ne m’en souviens pas très exactement De cette histoire vraie, si triste et désolante Car j’étais inconsciemment jeune et innocente… Mais je vais tâcher de vous la dire à présent. Malheureuse dans mon coin, je songe à mon père. L’homme est censé être le premier de ma vie Celui qui aurait dû m’être quelqu’un de cher Dans mon cœur, il n’y a qu’une infime partie De lui. J’aimerais juste qu’il soit avec moi Comme toutes les filles, filles à leur papa Pour pouvoir écouter à longueur de journée Sa voix, et lui parler de ce qui m’intéresse En m’aidant à défaire mes petites tresses. Mon âge, comment as donc tu pu l’oublier ? 6 Parfois on aimerait s’en aller, tout quitter, Etre loin de ce qui nous gêne, de tous ses problèmes. On aimerait pouvoir arriver à l’oublier Mais il y a toujours cette partie de nous qui l’aime. Mais elle aussi, elle devait supporter tout ça, Elle qui avait passé son enfance avec lui Et depuis quelques années, il était parti La laissant derrière lui, seule, avec moi. Se sentir seule, quelque part, trouver refuge… J’aurais décroché la lune pour le revoir, Pour oublier ce manque quotidien qui me ronge. Il ne reviendra pas mais elle refuse d’y croire. Et oui, c’est ainsi, elle ne perdra pas espoir. Absence de père est absence de repères. 7 Une bouteille à la mer brusquement jetée, Perdue dans le va-et-vient de cette eau luisante. J’ai voulu effacer la passion qui me hante Et avec le courant elle s’en est allée. Cette bouteille dans les flots, abandonnée, A vogué pour me sauver de cet amour brut Qui m’entraîne peu à peu dans sa longue chute Pour emporter avec elle mon cœur brisé. Si j’ai gravé ces quelques mots dans cette lettre, Reflets de mes pensées, miroir de tout mon être, C’est pour te dire mes tourments et ma détresse, Car j’espère un jour pouvoir tout recommencer, Réparer mon cœur blessé dont tu t’es joué, Pour oublier enfin tes doux yeux, ma déesse. 8 Aujourd’hui tu n’es pas là, tu es partie seule Pour faire un voyage là où tu avais envie. Et oui, tu es partie marchant dans les tilleuls Mais je comprends, tu ne supportais plus ta vie. Tu as commencé sans rien pour en finir loin. Vraiment tu en auras parcouru du chemin Pour venir jusqu’en France, trouver tes parents Mais tu ne les vois plus depuis bien trop longtemps. Je comprends, tu as décidé de nous quitter ; Contre cette chose tu ne pouvais plus lutter Car oui, tu étais atteinte de cette maladie, La maladie que l’on nomme schizophrénie. Tu es partie au ciel ; on se revoit là-bas Je pourrais te déplacer la lune, Tata. 9 Cette nuit- là, je fis un si drôle de rêve. Tu étais là tout en haut du ciel étoilé Tu brillais tant, alors j’ai voulu t’attraper. Il n’y a que dans mes songes que tu te lèves. Ton visage blanc et lumineux me souriait, Je pris une échelle pour aller te rejoindre ; Je m’empressai de monter pour pouvoir t’atteindre J’arrivai enfin près de toi, tu m’attendais. Je t’enlaçai tendrement, te fis un câlin ; Mais je dus te déplacer car un beau matin, Se levait doucement : je t’emmenai chez moi. J’essayai de te cacher dans la grande armoire, Mais tu étais trop grosse pour pouvoir t’asseoir, Déçue, j’ai dû te laisser repartir chez toi. 10 Au milieu de nulle part, dans l’océan Entre les fines vagues et l’azur rêvé, Dans la paisible fraîcheur du soir couchant, Un flacon nageait parmi les poissons enjoués. Pendant des jours, perdu dans le vide flottant, Il était en quête d’une rive dorée Composée de petits grains, les maîtres du temps, Un endroit moelleux, où il pourrait se poser. Lors d’un soir orageux, il la trouva enfin, Les vagues devinrent fortes et l’emportèrent. Une éclaircie vint et laissa place au matin. Arrivé comme une plume, il s’allongea. Non loin de là, une fille passa. Elle l’ouvrit ; elle y lut un message de joie. 11 Une bouteille par les vagues ballotée, Affrontait les plus grands dangers de l’océan, Des plus faibles tempêtes aux très grands requins blancs Même les cyclones n’avaient pu la briser. Elle voguait, triomphant des difficultés ; Elle résistait, plus solide qu’un diamant Et finit par atteindre un jour le continent. Mais sur cette terre, elle ne pouvait plus bouger. Enfouie sous le sable transporté par le vent, Sa légende s’éteignait, réduite à néant. Ainsi s’achevait un si périlleux voyage ! Un soir, un promeneur l’aperçut et voulut Déchiffrer son message ; il avait disparu ! L’homme alors jeta la bouteille au recyclage ! 12 Tu es ma vie, je suis ton sang, je ferais tout Pour toi. Tu m’as couvert dans ton ventre neuf mois. J’en suis sorti en bonne santé, malgré mon pouls, Et avec ça tu m’as élevé, pour toi et moi. Tu m’as fait rire comme tu m’as fait pleurer, Tu t’es occupé de moi jusqu’à ce que je parte. Maintenant j’ai une famille à protéger. Tu m’envoyais tous les jours de l’année tes pensées. Puis ce fut à mon tour de m’occuper de toi. Il y avait des hauts et des bas avec toi. Un jour tu t’es noyée dans un profond sommeil. J’aurais tout fait pour toi, même prendre la lune. Tu t’es tapie dans ma vie telle une dune ; Je l’aurais bien déplacée pour toi. Tu me manques. 13 Je me promène par ici et par là-bas Sur des chemins secs, dans les champs et dans les bois. Je cours chercher dans cette maison ici-bas Mon pain avec la bonne humeur et la joie. Pour mon retour, je passe par le petit ruisseau Couleur azur ; je l’admire, reflet pétillant Du soleil. Attiré, je m’approche de l’eau Puis décide de m’allonger pour un instant. J’ouvre un œil, puis l’autre, et vois cet objet Transparent dissimulé entre deux rochers. Je me lève durement pour m’approcher. C’était une bouteille, je l’attrape fermement. Elle s’illumine. Des petites hommes marchent, Vivent comme vous et moi et y sont enfermés. 14 Une bouteille égarée, jetée à la mer. Ballotée par les flots déchaînés, elle roule ; Bercée par les vagues, soulevée par la houle, Au gré des courants, en plein océan, se perd. Seule, dans l’immensité des lunes et des jours, Elle frôle un iceberg, court de si grands dangers ; Elle doit fuir la banquise, elle doit nager, Encore nager dans l’obscurité, toujours ! S’éloigner de cette solitude angoissante ! Elle arrive un jour, dans des eaux plus accueillantes Et échoue soudain dans les filets d’un pêcheur. Enfin parvenue au terme de son voyage, Elle peut délivrer son mystérieux message, Et ravir le cœur de son heureux sauveteur. 15 Dans mon lit, abandonnée, perdue dans le noir, J’observe le firmament, le ciel étoilé. Perchée sur la lune, impression de liberté, Je m’évade dans la nuit comme tous les soirs. Je m’éloigne enfin de ce monde plein de haine. Délivrée de mes soucis, je peux respirer. Il ne faut jamais perdre espoir, continuer, Même si la solitude toujours nous cerne. Je veux atteindre la lune, éviter la chute, Et cherche mon chemin en poursuivant ma lutte, Volant parmi les étoiles, explorant les cieux. Comment se rassurer s’il y a toujours pire ? Le reflet de cette vérité me fait rire. Je préfère alors oublier, fermer les yeux. 1. Mia blanchon 2. Pierre-Alexandre Joubert 3. Mattéo Debuire 4. Humeyra Ozgul 5. Péona Augustin 6. Olga Babolat 7. Maxime Tripot 8. Justine Debat 9. Maeva Diop 10. Benjamin Vadurel 11. Jean Froppier 12. Bilel Ziati 13. Julie Lechartier 14. Milan Joyard 15. Marcy Marques