N°55 : avril 2007 - Le galopin

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N°55 : avril 2007 - Le galopin
N'écoutez plus les perroquets de la pensée unique!
Lisez :
Un petit journal qui ne respecte rien!
Nouveau millénaire, nouvelle série – N°55 : Avril 2007
Français : 8,5 F - Européens : 1,3 € - Antilibéraux : 1 buffet
SOMMAIRE
P 1 Eh dites oh – Sarkozy chef de gare
EH DITES OH! En campagne
P 2 Martine JOHNSTON prend sa
Sortez vos drapeaux tricolores, dit Ségolène, qui
retraite ; la direction d’EDF-GDF
réinvente l’eau chaude pour les communistes qui
Savoie licencie Serge TRANCHANT !
depuis 1936 associent le drapeau rouge et le draP 3 François Auguste poursuivi pour
peau tricolore et qui au meeting de Buffet le 28
entrave à circulation d'aéronef afin de
mars à Grenoble ont ajouté avant La Marseillaise
soutenir des personnes objet d'une
et l’Internationale le tube de Sinsemilia « Tout le
reconduite à la frontière, rafle à Paris
bonheur du monde ». Tout un programme…
P 4 Le sinistre tango de Raymond
Conquérir des droits nouveaux, et obtenir déjà
Barre et de Jean-Marie Le Pen
que les droits existants soient respectés, MarieP 5 Communiqué RESF Paris Etat de
George BUFFET est la seule à incorporer dans
droit - Droit de qui? ; bilan d’activité
son programme des moyens de lutter contre la
présenté à l’A.G. de l’A.S.S.E.
répression antisyndicale. Et justement, la répresP 6 Stoppons les expulsions locatives
sion s’acharne sur des militants syndicaux des
en Rhône-Alpes
Savoie, sur un conseiller régional isérois, des miP 7 Déclaration de candidature
litants de RESF, une institutrice…
P 8-9 Sans-papiers : l’autre « chiffre »
Sarko remet à l’ordre du jour l’identité nationale
de la politique d’expulsion.
tandis que Barzy donne dans l’identité nazionale.
P 10 - 11 Bové savate le tiers monde
En Pologne l’extrême-droite lance une loi de déP 12 Quand la grève générale paralyse
communisation ; en France, les bovéistes donnent
Israël ; Des journalistes polonais
dans le négationnisme. Et Lucie Aubrac meurt !
contre la loi de « décommunisation »
Mais de nouveau résistants se lèvent, éclairent
P 13 Lettre ouverte à Michel Onfray
les chiffres cachés de la politique anti-migrants,
Achille Blondeau résistant syndicaliste
interdisent les expulsions locatives, défendent le
P 14 Brèves de campagnes
social en Israël… Et le Galopin se lance dans une
P 15 Divers Haute-Savoie
pré-campagne pour les législatives !
P 16 Perroquets
Le Galopin privilégie les alternatives.
Exclusif : DECLIC censuré. Le CLIC ne fera pas Ce numéro donne des moyens de lutter.
d’A.G.. Déclic en annonce une le 10 juin 2002 ?
Au pilon ! Sauf les exemplaires du Galopin…En
vente (pour ceux qui ne l’ont pas!) : 6,50F ou 1€.
Ceci est de la politique. DANGER !
Le Galopin reste ouvert aux articles de tout partenaire : journaliste en herbe, association, syndicat ou
parti aux infos n’intéressant pas le Dauphiné. Polémistes ou poètes aux coups de gueule ou de cour, et
surtout caricaturistes sont recherchés avec le plus
grand intérêt. Adresse : Pierre BOUKHALFA 2, rue
Pierre Mendès France 74960 CRAN-GEVRIER
Mél : [email protected]
Site : http://galopin74.free.fr
Blog : http://galopin74.gauchepopulaire.fr/
16
1
Martine JOHNSTON a décidé de prendre sa retraite
COMITE DE SOUTIEN A MARTINE JOHNSTON
Martine a décidé de prendre sa retraite le 3 mars 2007 et donc le 2° référé n'a plus d'objet par contre l'action au fond demeure pour obtenir réparation du préjudice. Voici son courrier au SNES.
Annecy, le 20 février 2007, Chers collègues bonjour,
Epuisée par le combat inégal que je mène depuis 4 ans contre la hiérarchie de l’Education Nationale, j’ai décidé de jeter
l’éponge face à une situation qui a montré publiquement que le Droit n’a plus sa place dans cette Institution. Ayant eu
confirmation récemment que je pouvais faire valoir mes droits à la retraite dans des délais qui ne relèvent pas de la procédure habituelle, je viens vous annoncer que j’ai décidé de profiter de cette possibilité pour quitter l’Education Nationale, à
compter du 3 mars 2007, ma demande ayant été acceptée ; dans mon malheur, j’ai la chance d’avoir 3 enfants et de pouvoir
ainsi bénéficier d’une retraite anticipée à jouissance immédiate.
La situation dans laquelle je suis depuis plus de quatre ans maintenant et l’acharnement caractérisé dont je suis particulièrement l’objet depuis avril 2006 m’amène donc à penser que je n’ai plus aucun avenir dans l’Education Nationale. Même si
je gagne ce 2ème référé (différé d’ailleurs au 27 février à 14 H pour cause d’indisponibilité de mon avocat à la date initiale
du 22/2) je suis absolument convaincue que le rectorat ne me laissera pas en paix et que la direction de FAURE fera tout
pour empoisonner ma vie professionnelle. Je ne le supporterai plus.
J’ai travaillé pendant les 4 ans de l’ère MAGOT dans une ambiance détestable et pesante, et c’est un euphémisme, guettée à la faute comme mes 2 collègues, risquant constamment de tomber dans des traquenards soigneusement orchestrés, et
on voit ce que ça a donné le 11 avril 2006 à l’internat. Vous aurez bien compris désormais que ma valeur professionnelle
ne les a jamais intéressés et n’a été avancée que comme un alibi fallacieux à ma mise en cause pour d’autres raisons inavouables pour le Rectorat liées au lobby des chefs d’établissement.
C’est assez, je n’en peux plus, et toute cette histoire fait que je suis parfaitement écœurée de l’EN et de cette hiérarchie
arrogante, malhonnête et répressive. J’estime m’être défendue vaillamment, et supporté beaucoup d’infamies qui en auraient fait craquer bien d’autres. Tout le monde peut en témoigner. J’ai payé un tribut suffisamment lourd je pense, en
termes professionnels évidemment, en termes d’image aussi, en termes de santé également même si je fais bonne figure par
fierté, et ceci sans parler de mes frais d’avocat (5200 € à ce jour et c’est loin d’être fini).
Celui-ci s’occupe d’étudier comment il peut faire valoir devant le TA mon départ en retraite comme la conséquence d’un
acharnement caractérisé et demander des dommages et intérêts plus conséquents. Il va de soi que si je perçois au final un
dédommagement financier, je ne manquerai pas de rendre au SNES l’avance qu’il a bien voulu me consentir comme nous
en avons convenu. Je vous tiendrai au courant de l’évolution des événements. Je remercie le SNES pour sa défense mais
force est de constater que ce qui m’est arrivé préfigure manifestement une politique nouvelle de management des personnels ; le rectorat m’a manifestement sacrifiée pour faire une démonstration de sa force aux syndicats en général et aux
personnels dans leur ensemble. Les CPE étant particulièrement visés du fait de leur positionnement dans la hiérarchie des
établissements : en quelque sorte : avis aux amateurs et je ne doute pas que le message soit entendu !
J’espère maintenant que la Région sera conciliante, comme elle l’a été jusqu’à présent, et me laissera un délai raisonnable
pour libérer mon logement de fonction. Bien cordialement
La direction d’EDF-GDF Savoie vote le licenciement de Serge Tranchant à Chambéry !
Nous venons d’assister à une parodie de justice dans le cadre de la CSP siégeant en matière de
discipline. Les douze membres de la direction ont décidé unanimement de proposer à l’autorité
compétente le licenciement de Serge Tranchant.
Malgré les 14 heures de débat en commission secondaire, l’argumentation de la défense, les vices de procédures constatés en séance, la démonstration des contradictions des témoignages à
charge, l’absence de preuves, les cadres représentant la direction d’EGD Savoie et du groupement
de centre Rhône-Alpes sont allés au bout de la machination. Comme à Paris, à Valence, à St
Etienne, à Chambéry c’est la CGT, ses militants, les femmes et les hommes qui défendent le
service public, les droits des salariés, qui sont sanctionnés.
Les syndicats CGT et UFICT de Chambéry, de la région Rhône-Alpes, de la FNME-CGT, des
Unions Départementales et régionales ne laisseront pas criminaliser l’action syndicale !
Nous assistons dans cette période à une démarche de la direction qui n’a d’autres objectifs que de faire grandir les dividendes des actionnaires et la financiarisation d’EDF et Gaz de France au détriment de leurs missions de services publics de
proximité, de l’emploi statutaire.
Il s’agit d’un déni de justice inacceptable qui vise Serge Tranchant, sa famille et toute la CGT.
La CGT réitère son exigence, et avec elle les 5000 salariés qui ont signé en quelques jours la pétition demandant le classement du dossier de Serge Tranchant à Chambéry, de Laetitia Dujardin à St Etienne, René Bohl et Sylvain Fallot à Valence.
Plus que jamais il est nécessaire de multiplier les actions auprès des directions, des pouvoirs publics, des élus pour demander le maintien dans leurs droits de nos camarades.
Partout dans le pays la FNME CGT et ses syndicats vont monter l’exigence du respect des libertés, du droit syndical, de la
dignité, le retrait des procédures disciplinaires, la suppression de toutes les sanctions. Dès la prise de travail nous vous
appelons tous à interpeller vos directions locales sur l’exigence de la relaxe de Serge Tranchant. Nous vous appelons tous à
signer la motion et à la faxer au directeur d’unité Pierre Wolf et au directeur de groupement de centre Jacques Longuet.
Le Galopin N°55 – Avril 2007 –P 2
Mélenchon : pas d'abstention,
ACLEFEU : Marie-George BUFFET dit : je signe !
La dernière allocution de Chirac
Ce 11 mars, Chirac commence par dire
« Je me présente devant vous ce soir… »
et annonce qu’il ne se représentera pas !
Piqué sur le site de l’Huma...
Au sommaire de l'édition du 15 mars
2007 ...
Qu’est-ce qui peut relancer la gauche ?
Le gouvernement met en place un
groupe de travail
Ce que proposent les candidats
13 mars : Yves Dimicoli à Annecy,
entouré de Luc Sinkiewicz (CGT EDF),
Gilles Ravache (conseiller régional) et
Francis Durand (CGT Union Locale)
Question pertinente d’un internaute à
20minutes.fr
" Dans votre article L'horizon commence
à se dégager pour les parrainages, vous
indiquez que " Cela est joué pour les 500
signatures des candidats De Villiers,
Bayrou, Royal, Sarkozy et Gérard Schivardi. Ceux qui ne l'ont pas atteint Besancenot, Le Pen, Voynet, Laguillier sont en bonne voie pour atteindre l'objectif ". Quel tour de passe-passe vous
permet de ne pas citer Mme Buffet ni
dans une situation ni dans l'autre ? ".
Pour aller au meeting de Grenoble le
28, on peut passer par la gare (photo)
Marie-George Buffet en tête sur Kelvote le lundi 12 mars avec 835 voix,
suivent François Bayrou (828) et Ségolène Royal (765).
Journée internationale de la langue
française et de la francophonie
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU
SYNDICAT CGT CARREFOUR
NÎMES-SUD (Rte d'Arles)
Chaque année désormais, le 20 mars est
décrété Journée internationale de la
langue française et de la francophonie.
Le syndicat CGT de Carrefour NîmesSud (Rte d'Arles) veut profiter de cet
événement pour essayer de sensibiliser le
personnel sur le fait de la langue et dire
que défendre le français dans le contexte
actuel de l'anglais triomphant, c'est
oeuvrer pour la liberté. Défendre la langue française contre la langue, la pensée,
la politique et l'économie uniques, voilà
le maître mot de cette action.
C'est un fait, la langue française est mal
menée dans notre entreprise : les noms
de la plupart des produits Carrefour sont
en anglais (BlueSky, Firstline, Green Cut,
Ink Set, Powder Flash, Top Bike, Number
One, Bootstore, etc.), les nouveaux concepts sont nommés en anglais sans que
l'on prenne la peine d'y mettre dessus des
mots français (le Cross-Marchandising,
le Pool-réception, le Password et le
Login, le Remodeling, la Supply Chain,
le Back et Front manager, l'Ebitda, etc.)
et la musique d'ambiance est, dans nos
magasins sur la surface de vente, à 98%
anglo-américaine. Il serait tant de réagir,
non pas contre l'anglais, bien sûr, mais
contre le TOUT ANGLAIS, pour que
vive le français et avec lui toute la diversité du monde. Voilà pourquoi nous
distribuerons dans notre entreprise, le 20
mars, en ce jour de la Francophonie en
fête, un tract appelant tout un chacun à la
résistance linguistique.
Régis Ravat Délégué syndical CGT
Ce que les média n'ont pas dit lors des
sélections françaises de l'Eurovision
Le groupe "Fatals Picards" sorti premier
des sélections françaises et représenter la
France au kitchissime concours de
l'Eurovision 2007... et c’est une double
bonne nouvelle. D'abord, les textes sont
très drôles (voir les titres La sécurité de
l'emploi, Dors mon fils). Et le groupe
était engagé pour le "Non" au TCE,
notamment avec le morceau "Mon père
était tellement de gauche" qu’on peut
voir et écouter en live à quelques jours
du référendum 2005 (lien ci-dessous).
L'Eurovision diffuse la propagande pour
le "Non" au TCE, n'est-ce pas beau?!
http://www.youtube.com/watch?v=EjKf
w10J3WU
12 MARS Journée nationale
d’actions et de manifestations contre
la dégradation du statut
d’intermittent du spectacle
Depuis des années, le MEDEF et la
CFDT s'acharnent à mettre à mal le
statut d’intermittent du spectacle, en
s'attaquant par tous les moyens possibles à la philosophie qui a présidé à sa
fondation. Aujourd'hui, ils y sont
presque arrivés. De réformes en nouveau protocole, ils sont parvenus à
transformer un système mutualisé en
système capitalisé. 40 000 artistes et
techniciens n’auront bientôt plus
d’autre choix que de postuler au RMI
La campagne électorale en cours fait
peu de cas de la culture. Les activités
culturelles sont absentes de la majorité
des programmes. Quand on y fait
référence, c'est souvent plus pour
promouvoir la pratique amateur et les
activités d'accompagnement social de la
crise, que pour présenter une orientation forte visant à développer les arts, le
spectacle et l'emploi.
La pétition mise en ligne par la Fédération du Spectacle (www.fnsac-cgt.com)
a déjà recueilli plus de 20 000 signatures
A Paris et dans les régions, faisons en
sorte que nos voix soient entendues !
Pour protester contre la crise dans
laquelle nous nous trouvons depuis
plus de 5 ans, et qui s’aggrave, le
Collectif Vigilance Artistes 74 a
appelé à un rassemblement devant le
MEDEF rue Royale lundi 12 mars
2007 à 17 H 30
31 mars, 31ème année de commémorations de la Journée de la Terre
initiative mur du Collectif Palestine
d’Annecy à Bonlieu de 14H30 à 17H
Famille HADZIKIC (suite)
Une demande de régularisation a été
adressée au préfet en réponse à la
proposition d'aide au retour…
Le Galopin N°55 – Avril 2007 -P 15
« Entrave à la circulation d'un aéronef afin de soutenir des personnes faisant l'objet d'une reconduite à la frontière »
candidat-e-s par ACLEFEU. Certains, à cette occasion ont
fait de leur venue en Seine Saint Denis un événement ! Pour
moi ce n’en est pas un ; j’y vis et j’en suis députée.
Les masques tombent : Nicolas Sarkozy est dangereux
pour la démocratie et pour les valeurs de la République
8 mars soir, sur France 2, Nicolas Sarkozy a promis, s’il
était élu, qu’il créerait un ministère « de l’immigration et de
l’identité nationale ».
Accoler immigration et identité nationale renvoie aux épisodes les plus sombres de notre histoire. Réveiller ainsi
l’époque de Vichy pour mieux donner des gages aux thèses
xénophobes et racistes du Front national est indigne d’un
candidat républicain à l’élection présidentielle. Décidément,
Nicolas Sarkozy est un homme politique dangereux.
12 candidats, 1 seule pour
Vu dans la campagne :
porter la gauche
Egalité salariale hommeOn a 3 trotskistes Schivardi,
femme Vite, très vite !
Laguillier et Besancenot, 3
écologistes Voynet, Bové et
Nihous, 2 centristes (1 PS qui
drague le centre, Royal,
l'autre toujours droite mais ne
veut plus en assumer le bilan,
Bayrou), 2 de droite extrême
(Sarkozy, Villiers), 1 d'extrême-droite (Le Pen) - il n'en
reste qu'1 à gauche, MarieGeorge Buffet.
Ce n’est pas un poisson…
10.000 le 1er avril…
vent pas dans la candidature Royal. Que leur dites-vous ? Que
j'en suis désolé. Mais encore ? Pour la gauche, le pire serait
qu'ils s'abstiennent. Qu'ils se rendent utiles en votant pour
Marie-George Buffet. (Interview à Sud-Ouest)
Enfin une bonne nouvelle pour Ségolène
L’ancien ministre de l’Éducation nationale, Claude Allègre, a
indiqué qu’il ne votera pas Ségolène Royal. Proche de Jospin,
le dégraisseur de mammouth se dit « socialiste authentique,
fidèle aux valeurs républicaines, aux valeurs de la gauche ».
Inconditionnel du nucléaire, pro-OGM, ses « convictions
personnelles de scientifique » et non « des questions de personne » l’opposent à la candidate. C’est peut-être aussi le
mauvais souvenir de leur collaboration, quand elle était ministre déléguée à l’Enseignement scolaire. « Je n’ai pas été très
content de son passage à mes côtés », lâche Allègre, qui ne lui
a pas adressé la parole depuis « 4 ans, 5 ans ». Avec un ennemi
comme cela, elle est tout de suite plus sympathique!
Décès de Lucie Aubrac : déclaration de Marie-George Buffet
« Ami quand tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place". Ce
sont les paroles du chant des partisans qui me viennent en tête
en venant d’apprendre le décès de Lucie Aubrac. Parce que
cette femme n’aura eu de cesse toute sa vie de mettre en accord
ses engagements et ses actes. Que ce soit de son combat de
jeune communiste d’hier, à son combat pour les sans papiers
aujourd’hui, à ses prises de positions courageuses contre la
dilapidation des acquis du programme du Conseil national de
la Résistance Lucie Aubrac aura été un repère dans
l’engagement de toutes et de tous les progressistes de France.
Mais c’est d’abord son combat dans la résistance qui a marqué
les esprits et les mémoires. Son courage, son abnégation sa vie
sont un exemple pour toutes les générations et tant que sa santé
lui permettait, elle parcourait la France racontant aux plus
jeunes les raisons de son engagement aux côtés de Raymond
Aubrac son mari. Je suis fière que le Département de la Seine
saint Denis et la ville de Villetaneuse ait donné le nom de
Lucie Aubrac à un collège. Des livres, des films nous permettront de continuer à voir ce que fut la vie de ce couple inséparable. Mais quel plus bel hommage pourrait lui être rendu que
celui d’entretenir la flamme de la résistance à la résignation, de
parler de raconter sans cesse ce que furent les résistants
d’alors. Aux côtés de Jean Moulin la France s’enorgueillirait
de voir une telle femme entrer au Panthéon.
Marie-George Buffet, jeudi 15 mars 2007
France infos bétonne
La radio annonce qu'à partir
du 20 mars, une répartition
équitable du temps de parole
entre candidats. Il était temps !
Car le 19, sont invités à 8h15
Gollnish (F-haine), à 18h15
Lagarde (UDF), à 19h15
Raffarin (UMP). Ca laisse
peu de place pour 1 Buffet !
Le Galopin N°55 – Avril 2007 -P 14
trave à la circulation d'un aéronef afin de soutenir des personnes faisant l'objet d'une reconduite à la frontière ". Quels sont
les faits ?
Le 2 décembre dernier, je prenais un avion, avec le responsable de la direction "relations avec les citoyens" de la région,
pour partir en Inde, en délégation officielle, pour préparer des Rencontres mondiales qui vont se tenir en décembre en
Rhône-Alpes sur le thème: "la démocratie participative du local au mondial, pour quel développement ?
" Nous devions rejoindre un expert de l'Inde à Paris, pour faire le voyage ensemble. A la file d'attente, des militants de
Réseau éducation sans frontières (RESF ) du Rhône distribuaient un tract informant les passagers qu'une famille de Kosovars, la famille Raba, s'y trouvait pour être expulsés. Je ne connaissais pas le cas de cette famille. Mais j’y ai été sensibilisé,
ayant moi-même parrainé un jeune en Isère et une famille dans le Rhône qui ont été régularisés, et ayant contribué à organiser à la Région une importante cérémonie de parrainage de sans -papiers.
Il y avait deux policiers à l'entrée de l’avion. J'ai demandé au steward et à l'hôtesse si la famille RABA était dans l’avion.
Ils m'ont d'abord dit non, puis oui. Je suis donc allé voir le commandant de bord, lui ai décliné mon identité d'élu et lui ai
demandé de ne pas faire décoller l’avion. Il m'a dit comprendre ma position au plan humain, mais qu'il ferait décoller
l’avion. Je me suis donc adressé aux passagers pour leur exposer le problème et leur demander d'agir avec moi. Je n'ai pas
eu le temps de finir mes propos. Trois policiers m'ont ceinturé, sans discuter, soulevé de terre et expulser de la carlingue
sans ménagement. Puis, à l'abri des regards, l'un d'entre eux m'a mis à terre, enfoncé le genou dans la côte, puis levé, tordu
le bras et mis face contre le mur. J'avais décliné ma fonction d’élu. On m'a répliqué que "çà ne changeait rien", que j'étais "à
égalité avec n'importe quel citoyen». Mon directeur qui n'avait pas été mêlé à mon action, a décidé de me suivre. Nous
avons été conduits au fourgon de police. J'ai pu prévenir une militante de RESF, qui avait donné son numéro de portable
aux passagers.
Nous avons ensuite été conduits au poste de police, avec des propos désobligeants : "vous êtes pires que des délinquants..." puis mis en garde à vue pendant 5 h. C'est une forte mobilisation militante, notamment d'élus communistes et
d'autres élus de gauche qui nous a libérés.
L'après-midi, j'ai appris que la famille RABA n'avait pas été expulsée, lors du transfert à Paris, dans les conditions que
l'on sait. Hélas, elle a quand même été expulsée plus tard, depuis Toulouse, par un avion militaire dépêché pour çà. Au fait,
on me passe au tribunal pour un retard d'une heure d’avion. Mais combien a coûté ce transfert militaire ?
J'ai agi naturellement avec ma conscience, en militant, en élu, en citoyen, devant une expulsion injuste et inhumaine. J'ai
été molesté : le certificat médical dit : "choc psychologique important" et "fracture fermée de côte». J'ai eu une Incapacité
Totale de Travail Personnel de 8 jours. Mais c'est moi qu'on traîne devant le tribunal correctionnel !
Je ne suis pas le seul : je suis solidaire de KADIDJA, une jeune femme de Seine Saint Denis elle aussi convoquée au tribunal pour le même motif, de Valérie BOUKOBZA, directrice d'école maternelle mise en garde à vue, de tous les militants
de RESF inquiétés ou réprimés .
Il faut mettre en échec cette volonté de l'ex- ministre de l'intérieur d'intimider l'opinion, de l'empêcher d'exprimer sa solidarité avec les sans -papiers et de s'opposer à leurs expulsions, avec notamment pour objectif de draguer les voix de l'extrême droite à son profit.
Je propose la régularisation de tous les sans papiers et une politique de coopérations mondiales fondée sur le développement humain, la justice sociale, la solidarité, pour faire reculer la misère et les inégalités entre pays et à l'intérieur de chaque
pays.
François AUGUSTE
Conseiller municipal à Echirolles
Vice-Président du conseil régional Rhône-Alpes
délégué à la démocratie participative
Communiqué de la Coordination iséroise de soutien aux sans papiers
Ce vendredi 23 mars 2007 la directrice d'une école maternelle de Belleville ( Paris 19°) a été arrêtée et mise en garde à
vue suite à une intrusion violente de la police dans son école il y a quelques jours pour arrêter un grand-père d'origine
chinoise qui s'apprêtait à venir chercher l'un de ses petits enfants. Face aux protestations indignées des parents présents, les
forces de police ont utilisé matraques et gaz lacrymogènes qui ont entraîné toux et brûlures parmi les enfants.
Autant de faits d'une gravité extrême révélateurs d'une politique honteuse, au mépris total des droits humains. L'école
n'est plus un sanctuaire mais un lieu banal, comme les restos du cœur, où les autorités savent qu'elles peuvent trouver et
arrêter les parents et les grands-parents "sans papiers" d'enfants scolarisés. Où va t'on avec de telles pratiques ? La question
est posée. La Coordination iséroise de soutien aux sans papiers dénonce avec la plus grande énergie cette dérive inqualifiable et réaffirme son soutien total aux familles comme aux isolés, qui ont été déboutés de leurs demandes, et qui aspirent à
vivre dans notre pays dans la sécurité et la dignité.
Le porte-parole de la Coordination iséroise de soutien aux sans papiers:
Jo BRIANT Centre d'Information Inter-Peuples 6 bis, rue Berthe de Boissieux 38000 GRENOBLE Tel/Fax :
04.76.87.59.79 http://www.ciip.fr
Le Galopin N°55 – Avril 2007 -P 3
Le sinistre tango de Raymond Barre et de Jean-Marie Le Pen
Raymond Barre fut, aux dires du président Giscard d'Estaing, le meilleur économiste de France. Ce qui ne l'empêcha
d'être aussi son fossoyeur. Et voilà que ce vieux croûton, qui a dépassé depuis belle lurette, une évidente date de péremption, prend la défense du défunt Papon et de Bruno Gollnish, grand révisionniste devant l'éternel. Jean-Marie Le Pen
compare les homosexuels à du gibier. Le Général De Gaulle affirmait que la vieillesse est un naufrage. Dans le cas des
deux hommes, c'est un naufrage polluant. Et pour une fois, Total n'y est pour rien.
Bref tracé des pertes blanches de Raymond la Science
L'ancien Premier ministre Raymond Barre a, dans un entretien diffusé jeudi sur France Culture, pris la défense de Maurice Papon et Bruno Gollnisch, tout en dénonçant la campagne qu'aurait menée contre lui en 1980 le "lobby juif le plus lié
à la gauche". Il n'en est pas à son coup d'essai comme en témoigne un article paru sur le site d'Amnistia.net. Étonnante
déclaration de ce vieillard que l'âge rend méchant et grotesque.
À la question de savoir si Papon, son ministre du Budget de 1978 à 1981, aurait dû désobéir et se démettre de ses fonctions (sous l'Occupation, il était secrétaire général de la préfecture de la Gironde) Barre a répondu par la négative. "Personnellement j'ai plutôt le tempérament de la désobéissance. Mais quand on a des responsabilités essentielles dans un
département, une région ou à plus forte raison dans le pays, on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu'il s'agit vraiment d'un intérêt national majeur", a souligné Barre qui visiblement n'assimile pas la déportation de pauvres gens à un
intérêt majeur. Car selon lui, "ce n'était pas le cas car il fallait faire fonctionner la France". En quelques mots et avec le
génie de la concision qu'on lui connaît, Barre a tracé la ligne de défense de tous les pétainistes et autres collabos.
Décrivant Papon comme un "bouc émissaire", Barre s'est
dit conscient de la portée de ses déclarations : "Que vous
me fassiez passer pour un antisémite, pour quelqu'un qui ne
reconnaît pas la Shoah, j'ai entendu cela cent fois et cela
m'est totalement égal. Mais ce que je viens de dire, je le
répète." C'est le même Barre qui, alors qu'un attentat avait
été commis contre la synagogue parisienne de la rue Copernic en 1980, avait déploré la mort de « trois Français
innocents » « alors que l'attentat "voulait frapper les juifs se
trouvant dans cette synagogue ». Barre entêté comme une
mule a tenu à justifier ses propos de l'époque faisant valoir
que, "dans la même déclaration", il avait affirmé que "la
communauté juive ne peut pas être séparée de la communauté française". Selon lui, une "campagne" avait été orchestrée contre lui par "le lobby juif le plus lié à la gauche".
"Je considère que le lobby juif pas seulement en ce qui me concerne est capable de monter des opérations indignes, et je
tiens à le dire publiquement", a-t-il conclu. Physique répugnant et âme à l'avenant. Cet homme est une anthologie d'une
certaine France. Interrogé par ailleurs sur Bruno Gollnisch, qui a été conseiller municipal FN de Lyon lorsqu'il était maire
entre 1995 et 2001, ville qu'il a laissée au bord de la ruine, Raymond Barre a maintenu son soutien à ce militant fasciste,
condamné pour propos négationnistes. "J'ai dit en parlant de Bruno Gollnisch que je blâmais ce qu'il avait dit mais que,
pour le reste, je l'avais connu et que c'était un homme bien. C'était un bon conseiller municipal, et que ceux qui ne sont
pas satisfaits de cela pensent ce qu'ils veulent."
Si ce n'est lui c'est donc son frère
Raymond Barre est donc devenu en une déclaration le prototype du maréchaliste fier de l'être et plus encore. Nul doute
à mon avis qu'il ira déposer sa petite crotte électorale en faveur de Jean-Marie Le Pen qui s'est une fois de plus singularisé
par des pets verbaux frappés d'un sceau brunâtre. Le Pen est un homme un vrai, un tatoué, un vérolé, comme on disait
dans les années 1900. Il l'a dit, répété. Il a quelques phobies. Il rejoint Raymond Barre dans l'idée du Juif lobbyistes,
cosmopolite et perfide. D'ailleurs, le menhir éructant a déjà mis au pinacle « le lobby juif des journalistes ». Bien qu'il ait
affirmé avoir caché un vieux fusil durant l'Occupation, signe évident à ses yeux, que son cœur balançait du côté de la
Résistance, il a quand même été le proche compagnon de nazis tels que François Brignot et n'a jamais regretté ses amitiés
particulières. Le personnage avait déjà osé quelques calembours sur les « sidaïques » qui, quel hasard, rimait dans sa
bouche avec « judaïque ». Sa fille l'a adjuré de devenir présentable, de ne plus lâcher de « Sieg Heil » quand d'aventure, il
est pris d'une nostalgie inextinguible pour le bon vieux temps. Mais il n'y peut rien, le Jean-Marie, c'est un spontané. Il
n'aime pas les étrangers, les cocos et les pédés.
Vendredi 2 mars, le gauleiter de Saint-Cloud s'est retrouvé, à la maison de la Chimie, devant un parterre de chasseurs à
défendre leurs valeurs communes. Et le voilà qui se lance dans une audacieuse comparaison entre les chasseurs, le gibier
et les homosexuels « du Marais parisien ». "Dans le Marais de Paris, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou
de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut chasser le canard en février". Eh bien moi je trouve que
Raymond Barre et Jean-Marie Le Pen devrait exiger le port de l'étoile jaune pour les Juifs, celui de l'étoile rose pour les
homosexuels, promettre des promotions éclairs avec voyage gratuit en Pologne pour les fonctionnaires zélés qui feraient
appliquer sans états d'âmes de telles dispositions. Et ainsi la France restera la France, nom de Dieu ou plutôt nom de
d'Yeu et nom d'Ysieu.
Le Galopin N°55 – Avril 2007 -P 4
Mineur, fils de mineur, fier d’être communiste.
Lettre ouverte à Michel Onfray d'Achille Blondeau, résistant, syndicaliste.
Quand une énormité était proférée devant elle, ma mère disait : « il vaut mieux entendre cela que d’être sourd ». Si elle
avait pu prendre connaissance des énormités proférées dans Libération par Michel Onfray, atteint d’un violent délire anticommuniste, elle aurait inévitablement conclu : « il vaut mieux lire cela que d’être aveugle. »
Trop c’est trop. Je m’insurge avec vigueur, avec colère, contre cette monstrueuse calomnie : « la classe ouvrière a été le
cadet des soucis du Parti communiste ».
Elle est tellement énorme qu’aucun idéologue anticommuniste n’avait osé l’énoncer. Michel Onfray, qui croit sans doute
ainsi bien servir José Bové, l’a osé !
Mon père était un mineur communiste.
Il fut un des artisans du Front populaire dans les mines du Nord. Les communistes furent dans tout le pays à la pointe de
la grande grève générale de juin 1936 qui amena, entre autres, les 40 heures et les congés payés.
Le Parti communiste m’a d’abord conduit à la Résistance à l’occupant nazi, puis à agir pour la défense des travailleurs,
ce qui m’a amené à militer à l’organisation syndicale des mineurs à laquelle j’ai voué ma vie. Mon père spirituel a été
Henri Martel, député du Douaisis, légendaire dirigeant syndical des mineurs, dont les deux fils, Germinal et Henri, furent
fusillés par les nazis.
C’est un ministre communiste, Marcel Paul, qui fut, au bout de la chaîne, l’artisan décisif pour la nationalisation des
houillères et l’adoption par le Parlement du statut du mineur. C’est un autre ministre communiste, Ambroise Croizat, qui
promulgua la Sécurité sociale minière (et aussi la Sécurité sociale qui, malgré les atteintes qu’elle a subies, demeure un
exemple pour le monde entier). Michel Onfray peut invoquer l’excuse qu’il n’était pas né à l’époque. Mais alors, qu’il se
renseigne.
J’ai été un dirigeant national de la Fédération des mineurs de la CGT. J’en ai été le secrétaire général de 1968 à 1980 qui
vit mon départ en retraite. Dans toutes les grandes luttes revendicatives que la corporation minière a menées, j’ai naturellement trouvé le PCF à ses côtés.
Je cite (pardon pour les nombreux oublis) : la grève générale de 1948 contre le démantèlement du statut du mineur, la
grève générale de 1953 contre les décrets Laniel, la grande grève générale des mineurs de 1963 (1), les grèves d’Aubrives
(1961) et Decazeville (1961-1962) Ladrech (Gard) début 1980 et (force est de dire etc. ).
J’ai toujours vu le PCF et ses élus aux côtés des mineurs.
On peut naturellement apporter des critiques à l’action de ce parti politique depuis sa naissance. Je suis prêt à en débattre,
avec n’importe qui et n’importe où (salle de réunion, télé, radio, presse etc.), j’attends les offres.
Je pourrais encore écrire des pages et des pages sur la situation passée, je préfère conclure en disant : j’ai été communiste
tout gosse (2). J’ai adhéré aux Jeunesses communistes clandestines en octobre 1940. Cela me fait près de soixante-sept ans
de Parti, de « dévot communiste » pour reprendre les termes de Michel Onfray, moi qui n’ai jamais eu aucun rapport avec
la religion. De ces soixante-sept ans de vie militante, j’en ai tiré une certitude : seul le Parti communiste a su défendre en
tous lieux et en tous temps les intérêts généraux de la classe ouvrière.
C’est pourquoi, en conclusion, je voudrais dire à tous les salariés : « les avantages sociaux dont vous bénéficiez et dont
certains sont sérieusement menacés par Sarkozy et consorts, sont le résultat des luttes dont les communistes ont été les
meilleurs artisans et les meilleurs dirigeants. Rien n’est acquis définitivement mais, croyez-moi, il est plus facile de défendre des droits acquis que d’en acquérir d’autres. Alors, ne laissez toucher à aucun de vos droits. On les menace au nom du
modernisme et on veut vous ramener aux débuts du capitalisme industriel. Rejetez les charlatans, défendez vos droits et
luttez pour en obtenir d’autres. Les richesses produites par le travail le permettent. »
Nous sommes près de l’élection présidentielle. Le choix du bulletin de vote n’est pas toujours facile. Malheureusement,
le camp antilibéral n’a pas trouvé de candidat unique. Quel que soit le souhait que nous ayons pu exprimer, les uns et les
autres, il y a peu de temps, quels que soient les regrets que l’on puisse avoir devant la dispersion des candidats, pour moi le
choix est clair : c’est celui de Marie-George Buffet, désignée majoritairement par les comités antilibéraux, et ratifié à plus
de 80 % par les membres de son parti. Il n’y a aucune équivoque, les grands changements antilibéraux auxquels j’aspire et
qui nécessiteront encore d’autres luttes importantes passent par le vote au premier tour en faveur de Marie-George Buffet
et au second tour par le vote anti-Sarkozy.
(1) 1963 : Quand toute la mine se lève, d’Achille Blondeau, Éditions Messidor.
(2) J’ai été communiste tout gosse, d’Achille Blondeau, Éditions le Geai bleu.
Réflexion personnelle La droite voudrait-elle que la gauche soit de droite?
La droite voudrait-elle que la gauche soit de droite? On peut le penser en entendant
ses commentaires sur l'équipe de Royal qui serait issue de la gauche archaïque!!!
Marie-George BUFFET ne demande pas à la droite d'être de gauche : elle est de droite
et c'est son rôle. Et le rôle de la gauche est de la battre, ce qu'elle ne fera que si le score
de Marie-George est à la hauteur... pour éviter que la gauche ne vire à droite! Son électorat le lui a déjà dit en 2002.
L'antidote au 21 avril 2002 est donc bien le vote Marie-George BUFFET.
Le Galopin N°55 – Avril 2007 -P 13
Quand la grève générale paralyse Israël d’après Pierre Barbancey (Humanité du 22 mars)
Le mouvement massif et victorieux déclenché, hier, par la centrale Histadrout met en lumière le libéralisme du pouvoir et
les répercussions de sa politique d’occupation. Israël a été paralysé une bonne partie de la journée d’hier par une grève
générale affectant l’ensemble de la fonction publique en raison du non-versement des salaires depuis des mois à des employés des collectivités locales qui travaillaient ainsi gratuitement, ce que certains appellent de l’esclavagisme. La grève a
affecté notamment les ministères (hormis la Défense), les ports, le transport ferroviaire, la Banque centrale, des compagnies
de transports, les collectivités locales, les raffineries, la compagnie d’électricité, la poste, la Compagnie publique des eaux,
les tribunaux, et enfin l’aéroport Ben-Gourion. Tous les vols ont été annulés, à l’arrivée comme au départ, à l’exception de
ceux en provenance de Grande-Bretagne pour que l’équipe de football anglaise - et ses supporters- puisse venir jouer en
Israël dans le cadre de la qualification pour l’Euro 2008. Mieux vaut être supporter de foot que palestinien !
Salaires impayés pour 3 700 fonctionnaires Histadrout avait reporté de trois heures le début du mouvement dans une
ultime tentative de conciliation. « Nous avons décidé que le non-versement des salaires dans la fonction publique devait
cesser. J’ai clairement fait savoir que tant qu’il n’y aurait pas un engagement clair de payer chacun des employés, je considérerai qu’il n’y a pas de solution et la grève continuera », a expliqué le secrétaire général du syndicat, Ofer Eini, peu avant
le début de l’arrêt du travail. Histadrout proteste contre des salaires impayés de 3 700 employés de la fonction publique, en
particulier dans les municipalités et, parmi elles, surtout dans les zones à majorité arabe. Le 27 février, le premier ministre,
Ehud Olmert, était personnellement intervenu pour promettre le règlement des salaires dus aux fonctionnaires, évitant ainsi
in extremis une grève générale. Mais Histadrout lui reproche d’avoir manqué à ses engagements. Pendant le mouvement, le
syndicat n’a pas fermé la porte aux négociations, ce qui a permis d’obtenir gain de cause.
La pauvreté existe aussi en Israël Ce mouvement social finalement rapidement victorieux, vu son caractère très massif,
souligne une fois de plus la réalité économique israélienne. Les entreprises high-tech sont parmi les leaders sur le marché
mondial mais la population israélienne est loin d’en empocher les dividendes. Certains mettent en avant les chiffres officiels : 7,6% de chômeurs (en fait plus de 15%) et un taux de croissance attendu de 5,1 % en 2007 (s’il n’y a pas de guerre)
pour se féliciter de la politique menée. Ces chiffres masquent le désengagement de l’État et les privatisations en cours ; de
nombreux Israéliens, immigrés récents ou salariés aux revenus modestes, n’ont pas profité de ladite embellie économique.
Surtout, la politique d’occupation des territoires palestiniens, l’effort en faveur de l’armée et les subventions accordées aux
colonies au détriment des services sociaux et municipalités jettent de plus en plus d’Israéliens dans la misère. Selon l’Institut
d’assurance national israélien, un tiers des habitants d’Israël vivent au-dessous du seuil de pauvreté, 15% de plus que dans
les années 90. Chez les enfants, la proportion monte à un sur trois. Les Arabes israéliens, dont la moitié vivraient en deçà
du seuil de pauvreté, se plaignent quant à eux de discrimination à l’emploi. Le fossé se creuse entre les Israéliens les mieux
lotis et le reste de la société, remarquent les analystes. « Les chiffres de la pauvreté sont, dans les faits, bien pires que ceux
que donnent les statistiques », estime Yosi Katan, professeur à l’université de Tel-Aviv, rappelant que de nombreux citoyens vivent à peine au-dessus du seuil de pauvreté établi en Israël à 1 700 shekels, soit 362 $ par mois et par personne. La
pauvreté en Israël est toutefois relative si on la compare à la situation dans les territoires palestiniens. Selon les organisations internationales, plus de la moitié des familles palestiniennes vivent avec moins de 2 $ par jour.
Des journalistes polonais contre la loi de « décommunisation » d’après Paul Falzon (l’Humanité du 16 mars 2007)
Pas question de se soumettre à la « chasse aux sorcières » : des journalistes polonais ont décidé de boycotter la nouvelle loi
entrée en vigueur hier qui les oblige à dire s’ils ont travaillé pour l’ancienne police politique (SB). « Signer aujourd’hui, sous
la menace de perdre mon travail, une déclaration qui constate que je ne me suis pas comporté comme une peau de vache à
l’époque communiste est aussi humiliant que d’avoir été contraint par la police communiste à signer une déclaration de
loyauté à l’époque de la loi martiale du général Jaruzelski », explique un des meneurs du boycott, Wojciech Mazowiecki.
L’ancienne opposante Ewa Milewicz, aujourd’hui éditorialiste pour la Gazeta Wyborcza (centre droit), a elle aussi prévenu
qu’elle refuserait de demander ce qu’elle appelle un certificat de « bons et mauvais offices » auprès de l’Institut de la
mémoire nationale (IPN). La loi prévoit que toute personne qui ne se pliera pas à cette obligation pourra être licenciée,
mesure qui devrait s’appliquer surtout pour les médias publics où le parti au pouvoir (PIS, conservateur) a placé ses hommes depuis un an. En revanche, pour le privé, on ignore comment le gouvernement pourra imposer le respect de la législation. Le président de l’IPN, Janusz Kurtyka, a jugé « peu réaliste » de voir l’État chercher à obtenir des licenciements au
sein des journaux indépendants. La presse est pour l’instant la seule profession organisée pour refuser la logique d’épuration
mise en place par les frères Kaczynski, et qui va toucher jusqu’aux anciens des Brigades internationales aujourd’hui privés
de pension (voir l’Humanité du 14 mars) pour avoir « trahi » leur pays en aidant un parti communiste (le PC espagnol). Le
nombre des journalistes opposés à la nouvelle loi irait croissant ces derniers jours, au dire des médias polonais, même s’il
était difficile hier d’obtenir une estimation chiffrée. Leur mouvement est en tout cas d’autant plus légitime qu’il s’appuie
sur des figures de l’opposition à l’ancien régime, hier ralliées à Solidarité au nom de la liberté d’expression, et qui aujourd’hui ne supportent pas de voir cet acquis menacé par le PIS. Si aucune autre des professions concernées par la nouvelle loi (directeurs d’école, avocats et notaires, diplomates) ne s’est mobilisée, la colère semble latente parmi les universitaires, d’après ce que rapportaient la presse polonaise et l’AFP hier. Des professeurs de Varsovie, tel le doyen de la faculté
de psychologie et ancien de Solidarité, Janusz Grzelak, ont décidé à titre personnel de ne pas faire de déclaration auprès de
l’IPN. D’autres jouent visiblement la montre ; d’après les estimations, le nombre de personnes obligées de faire la lumière
sur leur passé va osciller entre 400 000 et 700 000. De quoi occuper l’IPN pendant au moins 15 ans : l’institut a déjà
échoué à vérifier l’intégralité des quelque 27 000 déclarations qui lui ont été adressées ces dernières années par les élus,
magistrats et hauts fonctionnaires concernés par les précédentes lois d’épuration..
Le Galopin N°55 – Avril 2007 –P 12
A.S.S.E. : bilan d’activité présenté à l’A.G. du 15 mars 2007
Rappel : l’A.S.S.E. (Association de Soutien au Séjour des Etrangers) a été créée en 2000 pour financer le C.D.D.A.
(Comité de Défense du Droit d’Asile) et le C.S.S.P. (Collectif de Soutien aux Sans-Papier).
Pour mémoire, le premier a été créé en 1990 pour soutenir des kurdes de Turquie, le second est apparu en 1997-98
avec l’apparition de la problématique des Sans-Papier, étrangers qui avaient perdu leurs droits suite à des changements
de législation (les lois Pasqua-Debré).
Les faits marquants de l’année écoulée :
le 16 mars 2006, naissance de RESF 74 (Réseau Education Sans Frontière Haute-Savoie), le 3 octobre, naissance de RUSF (Réseau Université Sans Frontière Haute-Savoie) Université de Savoie
la lutte contre la loi Sarkozy (CESEDA) : manif le 11 mars à Grenoble (1.500 dont un car de Haute-Savoie),
13 mai manif au Pâquier (150) ; 19 mai débat salle P. Favre à l’initiative de CIMADE, Pastorale des Migrants,
CCFD et Secours Catholique ; 10 juin, manif à Bonlieu (100) + une intervention au festival d’animation (à signaler l’agression fasciste de Bernard et Gérard) ; 1er juillet, rassemblement devant la plaque aux enfants juifs
martyrs devant l’école quai Jules (150). Plusieurs centaines de pétitions contre l’immigration jetable ont été signées.
L’aide aux familles relevant de la circulaire du 13 juin concernant les enfants scolarisés (122 familles en
Haute-Savoie, 4 ont accepté l’aide au retour, 34 ont été régularisées, 63 rejetées, 21 réorientées pour un réexamen). A noter que nombre de familles ont été rejetées au motifs que les personnes ne parlaient pas le français.
La manif du 21 octobre au centre de rétention de Satolas (plus de 500 mais 7 de Haute-Savoie !)
Le parrainage de 13 familles à Cran-Gevrier le 9 décembre (pour mémoire, il y a eu 9 familles parrainées le 2
septembre à Annemasse)
Pour 2007, les 3 manifs pour la famille HADZIKIC (20 le 3 janvier, 250 le 10 et 150 le 16) et les plus de 2000
pétitions. Nous avons réussi à les faire sortir du centre de rétention. Si tout est loin d’être gagné, c’est la première fois que nous faisons reculer le préfet Caron
Le 20 janvier forum de Grenoble
Le CDDA a pris près de 240 situations en charge lors des permanences tenues chaque mardi soir. Environ 25% ont eu
leurs papiers. Les résultats ne sont pas miraculeux car nous héritons généralement de ceux qui sont au bout de leurs
démarches, il a fait de nombreux accompagnements au T.A. et s’oriente de plus en plus vers des régularisations par le
travail ou la santé, la dernière loi Sarkozy ayant quasiment anéanti le droit d’asile.
Nous avons affaire à des situations de travail au noir, des problèmes de logement, d’alphabétisation, … Nous déplorons qu’après qu’un étranger ait décroché un statut ce soit « Démerde-toi ! ». Nous avons hérité de problèmes non traités par la LDH comme la situation de divorcés qui perdent leur statut avec leur conjoint. Bref, nous ne manquons pas
de travail !!!
Nous avons été reçus 2 fois par la préfecture en 2006 : le 12 mai par M. Pasquier, directeur des libertés et le 23 novembre par M. Fétrot, secrétaire général. Mais peu de résultats !
Nous avons eu de nombreuses formations sur la législation cette année 2007.
Nous sommes également intervenus sur la question de l’accueil de jour.
Nous avons perdu une excellente militante qui a pris sa retraite (Jeannette) mais gagné une petite nouvelle (Julie).
Elections au Conseil d’administration :
membres sortants : Nicole VASSEUR, Odile MARTIN, Pierre BOUKHALFA
membres élus : Nicole VASSEUR, Odile MARTIN, Pierre BOUKHALFA, Julie MAIRE et Stéphane LITTOZ-BARITEL.
Communiqué RESF Paris ETAT DE DROIT - DROIT DE QUI?
Mercredi 14 mars, une trentaine de membres de RESF et quatre élus de la Mairie de Paris ont été privés de liberté de
circulation pendant plusieurs heures, encerclés, bousculés et même pour deux d'entre eux plaqués à terre par les forces
de l'ordre sur le trottoir de la rue d'Arcole.
Mercredi 14 mars, le candidat/ministre de l'Intérieur faisait en guise d'adieu une remise de récompenses à la Préfecture de Police de Paris. Préfecture fermée pour la matinée. Quartier quadrillé par d'innombrables forces de police.
Les membres de RESF en question n'étaient ni regroupés, ni badgés.
Pourquoi eux, au milieu de la foule habituelle de ce quartier? Parce que leurs visages sont connus des services de police. Repérés, ils étaient interpellés et rassemblés rue d'Arcole.
L'un d'entre eux, refusant d'obtempérer, a été contraint, mis à terre, menotté et arrêté pour "rébellion". Libéré après
passage au commissariat, une procédure pour "outrage" sera engagée contre lui. Il risque une condamnation.
Le délit de faciès s'étend donc maintenant des immigrés aux militants répertoriés qui peuvent sans aucun motif voir
leur banale liberté de circuler à pied dans Paris retirée pendant plusieurs heures par les services de police.
RESF proteste plus qu'énergiquement et entend bien faire respecter ce droit fondamental de circulation, pour eux
comme pour tous.
Chasse aux sans papiers qui vivent dans la peur des rafles quotidiennes, chasse aux enfants et aux lycéens sans papiers dès leurs 18 ans, criminalisation des soutiens... ne nous habituons pas à cela sans réagir.
Contacts... Pierre CORDELIER 06 81 76 39 51 Brigitte WIESER 06 88 89 09 29
Le Galopin N°55 – Avril 2007 –P 5
Vœu Stoppons les expulsions locatives en Rhône-Alpes
Présenté par Sabiha AHMINE au nom du groupe communiste Session de 22 et 23 mars 2007
Exposé des motifs :
Il y a une semaine, s’est terminée la trêve hivernale. Les expulsions locatives ont repris, alors que notre Assemblée vient de
délibérer sur un rapport important relatif à « la Solidarité et la Qualité Environnementale dans la politique régionale de
l’Habitat ». Ce rapport est un des fondements de notre politique régionale en matière de développement durable. C’est pourquoi, nous proposons d’inscrire au cœur de cette préoccupation, la volonté de la Région Rhône-Alpes de se prononcer contre
les expulsions des locataires en Rhône-Alpes.
Après la formidable mobilisation citoyenne du début de l’année qui, à Lyon comme dans tout le pays, a obligé le Gouvernement à inscrire le principe du droit opposable au logement dans la législation, cette même aspiration se poursuit aujourd’hui pour dire « Non » aux expulsions locatives. Plusieurs collectivités en France et en Rhône-Alpes prennent ainsi des
arrêtés anti-expulsions et dénoncent le désengagement de l’Etat de sa responsabilité concernant cette question sociale sensible.
En effet, le rapport 2007 sur l'état du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre, montre que l'évolution des expulsions locatives ou du contentieux locatif, ne cesse d'augmenter depuis 2000. Cette date est précisément celle de la promulgation par
le Gouvernement Jospin de la Charte pour la prévention de l'expulsion locative, qui devait être élaborée depuis dans chaque
département, avec l'ensemble des partenaires concernés. Mais, malheureusement, cette Charte a pris sept ans de retard. Aujourd’hui, le principe d’interdiction des expulsions locatives est normalement cohérent avec l’esprit de la loi instituant le
droit opposable au logement. Or, dans sa forme actuelle, cette dernière laisse espérer l’iniquité et ne dit rien sur le sujet.
Avec plusieurs collectivités en France, avec les associations de soutien aux locataires, aux mal-logés, ou aux sans logis
(comme la CGL, Alpil, la CNL ou le DAL…), nous voulons nous inscrire dans une logique de sécurité sociale du logement,
en anticipant sur une prévisible inflation des expulsions. Il ne faut pas oublier que la loi de finances 2006 a amplifié cette
insécurité, en réduisant l’enveloppe d’indemnisation des propriétaires quand un jugement d’expulsion n’est pas exécuté.
Vœu Le Conseil Régional Rhône-Alpes se prononce contre les expulsions des locataires victimes de difficultés économiques et sociales ; Et en conséquence il demande solennellement au Préfet de Région qu’il n’y ait pas d’expulsions sans relogements dans le parc public comme dans le parc privé ; Toutes les situations des locataires menacés d'expulsion doivent faire
l'objet d'un réexamen, dans l'objectif de trouver des solutions pérennes alternatives à l'expulsion.
Pour : PC – Verts – PS – PRG Contre : UMP – UDF – FN Le vœu est ADOPTÉ
Soirée réussie pour les migrants à la Turbine avec la famille Hadzikic et ses parrains : plus de 200 personnes !
Le Galopin N°55 – Avril 2007 –P 6
Mais la pire divagation hargneuse est dans un chapitre intitulé « Un épilogue épineux » où il nous entraîne dans un film à
la James Bond dont il est le héros. Nous sommes le 7 septembre, juste avant la clôture du Forum. « Les camarades de
l’Union des coopératives souhaitent me voir. [Ils] veulent des explications sur une de mes déclarations à la presse. Je me
demande bien laquelle, car je n’ai pas accordé d’interview depuis mon arrivée. » (On verra plus loin que c’est un nouveau
mensonge. Il élude une interview dont il ne souhaite pas que le lecteur connaisse la teneur. Et pour cause !). Bref, il est
trimballé dans une salle à part et les camarades cubains, qui n’aiment pas trop le double langage, le titillent sur une conférence de presse qu’il a donnée en France le 11 juillet, à propos du Forum et dont le texte vient de leur parvenir
d’Argentine. Il y expliquait un peu comment Cuba devrait fonctionner selon lui et autres petites choses mégalodésagréables qu’il s’est bien gardé de répéter pendant le Forum. Les coopérateurs lui demandent à l’issue de cet « entretien
cordial » (Ah ! pas de torture ?) le texte de son intervention de clôture du Forum. Ces choses-là se font, ici et là. Bové
refuse. Nul n’insiste ni ne le retient. Puis il nous conte encore quelques petites tracasseries invérifiables et nous entraîne à
la séance finale. Avec une audace folle, il entame son discours « bille en tête », « sans salut au líder maximo, ni Vive
Cuba. » (Vive Cuba, remarquez, c’est plutôt pour la fin.).
Et voici maintenant, chaque mot étant copié dans le livre de Bové, comment il veut faire trembler le lecteur alors qu’il
s’est déballonné devant Fidel Castro jusqu’à le combler d’aise : « L’essentiel de mon discours tient en peu de mots : le
XXè siècle a vu naître tous les totalitarismes ; ils se sont écroulés car ils étaient fondés sur le mensonge et les contrevérités.
Il en reste un malgré tout - là, je m’interromps quelques secondes et je sens 2.000 auditeurs retenir leur souffle -, le néolibéralisme ! On respire à nouveau dans la salle... ». Plus tard, Fidel Castro parle, mais sans lui répondre (muflerie ?) Puis, le
Forum étant clos, Bové écrit qu’il « quitte l’île » (suivent des considérations bobo-bucoliques sur ce pays qui serait si beau
sans la dictature castriste). Nous lisons bien, il part de sa propre volonté, après le Forum où il a dit ce qu’il a voulu, devant
Fidel Castro, sans soumettre son texte. Ni muselé, ni expulsé. Il « quitte l’île ». A ces informations, pourtant suffisantes
pour convaincre le lecteur honnête et/ou cartésien, ajoutons, en prime, la preuve par la presse.
Pendant le Forum, le 4 septembre 2001, José Bové, contrairement à ce qu’il affirme dans son livre, a accordé une interview à Radio Havane Cuba diffusée sous le titre : « José Bové confirme l’appui du mouvement des citoyens à Cuba ».
Voici le texte dans son intégralité. On y remarquera que, loin de matraquer Cuba comme il l’a fait après avoir retraversé
l’Atlantique, loin de « critiquer Castro », il se montre flatteur et solidaire. Et l’on comprend pourquoi, dans son livre, Bové
préfère en priver le lecteur. « José Bové, leader des paysans français, qui participe au Forum Mondial sur la souveraineté
alimentaire, a souligné dans des déclarations exclusives au service français de Radio Havane Cuba les points suivants :
José Bové : Je crois que ce n’est pas un hasard si aujourd’hui ce débat se poursuit ici à La Havane puisque La Havane vit
dans une situation de crise depuis plus de 40 ans, que Cuba est dans une situation d’embargo causé par les Etats-Unis et
que cet embargo a des conséquences tout à fait dramatiques en termes d’alimentation et en termes de santé publique. Donc,
le fait que ce débat ait lieu ici a une portée symbolique très forte parce qu’il montre que le mouvement international des
citoyens aujourd’hui reconnaît et défend le peuple cubain face à cette situation. En même temps, le fait que ce sommet se
réunisse ici a une importance au niveau des institutions internationales puisque la première réunion qui s’est tenue en 1947
pour définir le droit international du commerce en y intégrant le travail et le droit du travail a eu pour siège La Havane et
que les Etats-Unis à l’époque, dix ans avant la Révolution cubaine, avaient déjà dénoncé cette réunion internationale de La
Havane et décidé d’en faire une autre à San Francisco et de créer le GATT. Donc, aujourd’hui, La Havane a un double
sens qui est à la fois la défense des peuples qui sont victimes des impérialismes et en même temps le rappel historique que
le droit international doit défendre les plus faibles face aux plus forts. ». (http://stopusa.be)
Bref, en juillet 2001 à Paris, Bové attaque Cuba. En septembre 2001, à Cuba, Bové défend le peuple cubain victime des
impérialismes. Il rappelle le droit du faible étranglé par l’embargo dramatique. Pour lui, le choix de La Havane pour le
Forum a une très forte portée, doublement symbolique. Il fait un discours où il prétend que le dernier totalitarisme est le
néolibéralisme. Comment Fidel Castro pouvait-il s’en agacer ? En février 2002, loin de l’île, il la caricature dans un livre.
En septembre 2003, dans une émission télévisée de grande écoute, pour ne pas avoir à formuler sur Cuba un avis
d’altermondialiste, il dit que Castro l’a expulsé. Il castre son altermondialisme pour rejoindre les néo-conservateurs incapables d’éjaculer une autre semence que celle du venin dans le dos des peuples pauvres qui luttent pour leur souveraineté.
En mars 2007, il récidive alors même que personne ne lui parle de Cuba, grisé par l’acceptation généralisée du mensonge,
supputant le bénéfice qu’il peut électoralement en tirer, pariant sur l’ignorance des téléspectateurs, confiant dans la complicité des journalistes et de ses interlocuteurs. José Bové a menti parce que ses mensonges pouvaient le servir dans sa
marche vers l’Elysée, quel que soit le tort qu’ils occasionnaient à un pays du Tiers monde en lutte pour sa survie depuis 48
ans, au premier rang (et longtemps seul) face à l’Empire. Il a donc bâti, pour la télévision, une mésaventure glorieuse qui,
puisqu’elle ne s’est jamais produite, a échappé à la presse, à ses hagiographes, à son blog et jusqu’à lui-même quand il
écrivait son livre avant de monter sur les plateaux de télévision. L’impunité de son premier mensonge l’a convaincu que la
récidive serait aisée : les médias ne diffuseraient jamais un démenti. Bien vu ! Mais il a commis l’erreur de mésestimer le
rôle des cybermédias épris de vérité, des cybermilitants et d’un lectorat qui répercute les informations avérées.
PS. Les revues Silence (N° 341 du 12 décembre 2006) et Décroissance (N° 33 de septembre 2006), le quotidien Le
Monde (du 26 juin 2006) nous apprennent que José Bové est conseillé par le publicitaire Denis Pingaud de la multinationale Euro-RSCG C&O qui compte pour clients : Carrefour, Citroën, Peugeot, Danone Group, Canal +, l’Oréal, Airbus,
LVMH, Kraft foods Group. Quitte-les José, ils te détruisent ! Déchire ton image télévisuelle et livresque. Redeviens celui
qui nous a fait rêver et que décrit si bien... Granma.
Le Galopin N°55 – Avril 2007 –P 11
Cuba - José Bové savate le tiers monde, d’après Maxime Vivas. Mercredi 14 mars 2007.
Bové est-il homme à utiliser les médias pour savater un pays pauvre (menacé de mort par l’Empire) si cela sert sa carrière
? La réponse est oui. Hésite-t-il à mentir pour justifier l’agression ? La réponse est trois fois non. Démonstration :
José Bové s’est rendu à Cuba du 3 au 7 septembre 2001 pour participer au Forum mondial sur la souveraineté alimentaire,
avec 400 participants du monde entier à l’appel de Via Campesina, invité par l’ANAP (Associacion Nacional de Agricultores Pequenos de Cuba).
Le 25 Septembre 2003, lors de l’émission « 100 minutes pour convaincre », sur France 2, interrogé sur Cuba par Bernard
Kouchner, Bové esquive en répondant (de mémoire) : « J’ai été expulsé de Cuba par Castro pour avoir dit des choses qui lui
déplaisaient ». Cette expulsion, José Bové lui-même l’ignorait une seconde avant de l’inventer pour la télé.
Le 3 mars 2007 à 14 heures, dans l’émission « chez F.O.G. » sur France 5, Bové s’entend reprocher son « utopie communiste », par Jean-Pierre Jouyet, énarque, ancien directeur de cabinet de Jospin. Réponse textuelle : « Je suis un des rares à
avoir pu me rendre à Cuba pour critiquer Fidel Castro ; ça m’a été reproché, et j’en ai été chassé ».
On savait par la presse, qui en a rendu compte abondamment à chaque occasion, que Bové avait fait l’objet de tracasseries
au Brésil, en Israël, aux USA, à Hong-Kong, au Québec, etc. On n’a jamais rien lu sur son expulsion de Cuba. Bizarre,
quand on sait la vigilance médiatique contre l’île des Caraïbes !
Le compte-rendu final du forum était signé de Pierre W. Johnson de l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire
qui, loin de noter le moindre incident, se félicitait du choix du pays hôte : « Cuba, un pays dont l’action dans le domaine de
la souveraineté alimentaire, de la nutrition et de la santé apparaît comme exemplaire dans le contexte actuel. »
En cherchant dans les très nombreuses biographies (et hagiographies) de Bové sur Internet et sur son blog même, en lisant
les livres et les innombrables articles qu’il a publiés depuis, on ne trouve pas davantage trace de cette expulsion.
Du côté des « expulseurs » cubains, on persiste, après le Forum, à parler de Bové avec bienveillance, ainsi que me le
prouve Jean-Guy Allard, journaliste canadien en poste à La Havane qui me communique un article du quotidien cubain
« Granma international » : Le 17 Décembre 2001, après « l’expulsion », ce journal électronique publie, sous la plume
d’Angèle Savino, journaliste indépendante, un long article flatteur intitulé « José Bové : le nouveau messie de l’antinéolibéralisme ? » (www.granma.cu) Fils d’une famille « de brillants chercheurs agronomes, José Bové est acquis très jeune
au pacifisme et à l’antimilitarisme. » C’est un « fervent militant hostile à la guerre du Vietnam ». Elle retrace « l’itinéraire
d’un homme et d’une lutte » : « José Bové, le « porte-parole d’une agriculture anti-mondialiste [...] pourfendeur invétéré de
la "sale bouffe", [...] transformé en Hérault d’une lutte globale contre la marchandisation de la société [...] pose les principes
d’une agriculture cohérente, respectueuse des consommateurs et des paysans, soucieuse du présent comme de l’avenir. »
Après avoir loué son « action efficace au cours des manifestations de Seattle », elle conclut en décrivant le Bové que nous
avons aimé : « Le nouveau messie de la lutte anti-mondialiste compte parmi les condamnés les plus soutenus de la planète :
Il s’agit de liberté syndicale, d’un homme jugé pour s’être opposé à une politique, en l’occurrence la mondialisation néolibérale, qui heurte de plus en plus les consciences, [qui] continue de lutter pour ses convictions, au risque de compliquer ses
aléas judiciaires ». Le 24 février 2003, le même journal publie sous la plume de Michel Porcheron, ancien journaliste de
l’AFP, un long article empathique qui rappelle les ennuis judiciaires de Bové en France et son cri au Sommet de la Terre à
Johannesburg : « Notre maison brûle ! ». L’article citant Libération du 21 novembre 2002 se termine ainsi : « Comme l’a fait
remarquer justement un écologiste, pourquoi alors « ne pas aider un José Bové qui veut jouer les pompiers » ?
(www.granma.cu) De tels articles dans la presse cubaine cadrent-ils avec une expulsion de Bové quelques mois plus tôt ?
Première hypothèse : l’expulsion bovéienne ressemble à un phénomène incohérent et virtuel dont la vie éphémère se mesure en secondes, celles qu’il faut pour s’en prévaloir. Premier constat : elle est circonscrite en des endroits précis : les studios de télévision hors desquels elle n’existe ni pour l’expulsé, ni pour les expulseurs.
Il y a quelques jours, j’étais à La Havane et j’ai rencontré Marie-Dominique Bertuccioli, une journaliste française qui avait
couvert le forum pour Radio Havane Cuba. Des cris d’indignation lui sortent des tripes et du cœur quand je lui rapporte les
propos de Bové. Son témoignage est le suivant : pendant la visite de Bové, du 3 au 7 septembre 2001, aucune déclaration
anti-cubaine de Bové, au contraire, comme on va le voir, aucun départ anticipé ou forcé.
Amnésique, la journaliste ? Pas plus que l’affabulateur. En effet, quelques mois après son retour en France, en février
2002, il publie chez Fayard un livre (« Paysan du monde ») contenant des attaques violentes contre Cuba sous forme d’un
ramassis de beaufitudes de touriste en bermuda renseigné par RSF. Il y ironise sur « Le mythe alibi de l’île assiégée par les
vilains impérialistes ». Il y invente une « augmentation de la mortalité infantile ». Méprisant, il s’inquiète de la « santé mentale de la population » en raison de « l’omniprésence des portraits du Che ». En fait, la mortalité infantile est la plus faible de
l’Amérique latine (et de loin), ce sont les bustes de José Marti, poète, indépendantiste tué par les Espagnols, premier héros
national cubain, « apôtre de la patrie » qu’on voit partout. Le Che est moins présent que dans les allées de la fête de l’Huma
ou que la binette de Bové à la télé. Enfin, Bové prophétise l’avenir du gouvernement : « il va tomber » (Quand ?). Mais
nulle part il n’évoque la prétendue expulsion. Et pour cause : il ne l’a pas encore inventée.
Pourtant, son livre est une charge où il se donne le beau rôle, se pose en savant dont les propositions font ouvrir aux Cubains
incultes et sous-informés « des yeux grands comme des soucoupes ». Son discours érudit sur la question foncière « a terriblement ringardisé le discours de propagande des cubains qui, bien sûr, se vantent de posséder une agriculture florissante
grâce au génie révolutionnaire et anti-impérialiste de leur líder maximo ». Bové a-t-il vraiment entendu UN Cubain appeler
Fidel Castro « líder maximo » ? Rappelons que cette expression est une invention de la CIA, inusitée à Cuba. A-t-il entendu
UN seul officiel cubain dire que l’agriculture est florissante ? On pourrait produire cent textes qui le démentent.
Le Galopin N°55 – Avril 2007 –P 10
PRENEZ 2007
Pour une alternative anti-libérale
Vous avez dit non comme moi au fascisme le 5 mai 2002 et l'ultralibéralisme le 29 mai 2005.
Vous savez comme moi que le système actuel peut nous mener à l'abîme en détruisant les ressources naturelles de notre planète et peut-être même en rendant la vie impossible, en poussant à avoir
3 portables, des gadgets "made in Taiwan", des fraises "bio" acheminées par avion, et faire des
kilomètres en voiture faute de transports en commun et de services de proximité !!!
Vous savez comme moi que le système actuel et a fortiori le capitalisme débridé que droites et
extrêmes-droites veulent nous imposer mèneraient à des reculs historiques : augmentation du
temps de travail, salaire de plus en plus misérable, de plus en plus de chômage et de la misère,
dégradation des conditions de vie, exclusion toujours plus forte, appuyée par une politique sécuritaire et de stigmatisation de boucs émissaires qui peut mener au fascisme.
Comme moi, vous avez des choses à dire bien différentes de ce qui passe dans les grands média.
Je prends la parole pour vous la donner : mon blog est votre blog !
Un petit mèl à [email protected] avec une photo et une bonne idée et je me charge de tout
mettre sur le site et … dans la campagne.
Comme je l’ai annoncé à mes camarades de la Gauche Populaire et Antilibérale lors de notre dernière Assemblée Générale, je propose ma candidature pour les représenter lors des législatives de juin 2007.
Si mon action militante au jour le jour est bien connue, mon histoire l’est moins.
Si je conserve des séquelles de l’époque où j’ai subi une véritable torture morale (je peux même dire avoir été victime
d’une ratonnade morale), j’ai tenu bon grâce à mes multiples engagements qui m’ont apporté de nombreux soutiens.
Je me suis notamment engagé dans la fondation d’ATTAC74, et ai fait partie de la première Commission Exécutive en
2000-2001.
Mon premier engagement est naturellement contre le fascisme.
C’est le réseau de la Chaîne Humaine qui, par un accord « au sommet » entre un représentant des jeunes Verts et moi-même,
lance le 21 avril 2002 à 23H36 la première manifestation « pour montrer notre rejet de Le Pen » le mercredi 24 avril.
Je prends position en faveur de toutes les victimes de répression, notamment les syndicalistes :
en 2003, j’impulse la manifestation « Contre la fascisation du régime » suite à la nouvelle incarcération de José
Bové et son arrestation à grand spectacle
En 2006, je lance et soutiens les mobilisations en faveur des syndicalistes FSU victimes à leur tour de répression
Dès septembre 2001 (date non choisie !), je relance le journal Le Galopin, suivi par le site http://galopin74.free.fr, pour
diffuser les nouvelles qui n’intéressent pas les média officiels.
Mon activité militante me vaut d’être au cœur des grandes mobilisations de la gauche haut-savoyarde notamment contre la
guerre, pour la défense des retraites puis de la Sécu, contre le G8 puis la constitution Giscard, contre la précarité, pour les
migrants, pour la Palestine, contre l’OMC, pour la défense des intermittents…
J’ai manifesté contre le C.P.E. en connaissance de cause : je ne voulais pas voir institutionnaliser ce que j’avais subi !
Très attaché aux questions de démocratie, je suis du « groupe des 22 » citoyens qui présentent à la région Rhône-Alpes les
propositions des 11.000 citoyens participant à la mise en place d’une démocratie participative dans la région.
Dans une plus petite mesure, je participe à un groupe de quartier de Cran-Gevrier.
Je participe également à de nombreux événements nationaux et internationaux : Festival Mondial à Cuba, anti-G8 à Gênes, camp No Border, rassemblement du Larzac, Forum Social de Paris-St-Denis, Fêtes de l’Humanité, A.G. de la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse…
J’ai le plaisir de retrouver un rassemblement de militants divers en 2005 lors de la campagne pour le rejet de la Constitution Giscard.
Enthousiaste à l’idée de la création du collectif du 29 mai, puis des collectifs antilibéraux, je suis très critique quant à la
conception qu’en ont certains qui veulent exclusivement construire une « UMP verte » autour d’un homme providentiel, qui
se réunit en cercles fermés, fait preuve d’un anticommunisme féroce et rejette ce qui est pour moi le B.A. BA de la démocratie, le principe « Un homme = une voix ».
Le collectif national n’ayant pas trouvé le moindre consensus, je soutiens logiquement la candidate désignée par 65% des
militants des collectifs locaux, Marie-George BUFFET, notamment sur le blog http://galopin74.gauchepopulaire.fr.
2007 démarre pour moi sur les chapeaux de roues avec la rafle contre la famille HADZIKIC, dont je parraine la fille cadette née en Allemagne, le 3 janvier à l’aube.
La mobilisation a permis de les sortir du centre de rétention mais à ce jour, le préfet ne les a toujours pas régularisés.
Je déplore que le collectif national se soit focalisé sur la présidentielle et espère que l’on pourra faire mieux pour les législatives. Je suis porteur d’une partie de la diversité de par mon nom et mes engagements communiste, syndicaliste, associatif, altermondialiste, antifasciste, pacifiste.
Que ma candidature soit retenue ou non, que je sois titulaire, suppléant, ou simple soutien des candidats désignés, je
continuerai mes luttes avec une seule boussole : le refus des injustices et des exclusions a priori.
Je conclurai par le slogan de Marie-George BUFFET, qui pour moi devrait être celui de toutes celles et tous ceux qui font
de la politique au XXIème siècle : « Vivre mieux, on y a droit ! ». En tout cas, c’est pour cela que je fais de la politique.
Le Galopin N°55 – Avril 2007 –P 7
Sans-papiers : l’autre « chiffre » de la politique d’expulsion. Coût des expulsions réalisées par le ministère de
l’Intérieur depuis 2003 : l’équivalent du déficit annuel de l’assurance vieillesse par Damien de Blic le 14 mars 2007
La lutte contre l’immigration clandestine est depuis les années 1970 un objectif déclaré des politiques migratoires de la plupart des pays industrialisés. Pour la première fois cependant, il prend depuis 4 ans en France la forme d’un programme chiffrant
un nombre de reconduites à la frontière à réaliser chaque année. L’initiative est du ministre de l’Intérieur Sarkozy qui dans une
circulaire du 22 octobre 2003 demande aux préfets de doubler à court terme les expulsions d’étrangers en situation irrégulière.
La raison est dans le texte : « L’exécution effective des décisions d’éloignement est la condition de crédibilité de toute politique
publique de maîtrise de l’immigration. » La circulaire précède de peu l’adoption par le Parlement français d’une loi « relative à
a maîtrise de l’immigration et au séjour des étrangers en France » promulguée le 26 novembre qui donne à l’administration les
moyens de répondre aux nouveaux objectifs : accroissement de la durée maximale de rétention administrative, fichage systématique des demandeurs de titres de séjour, subordination de l’octroi de ces titres à des garanties d’ « intégration républicaine »
notamment. Sarkozy, très soucieux d’afficher sa fermeté en matière d’immigration pour la présidentielle de 2007, n’est pas seul
à revendiquer la politique d’expulsions massives. Premier ministre, de Villepin expose le 11 mai 2005 un « plan d’action de
utte contre l’immigration irrégulière » qui reprend à son compte les objectifs chiffrés de Sarkozy, lui assure le concours d’un
comité interministériel et propose la création de « pôles départementaux » destinés à faciliter la gestion des éloignements
d’étrangers irréguliers. Le dispositif, assorti de fortes pressions sur les préfectures à qui le Ministère fixe un nombre annuel
d’expulsions à réaliser, semble porter ses effets, d’après les chiffres bruyamment annoncés chaque fin d’année : objectif de plus
de 15 000 en 2004, près de 20 000 en 2005, 24 000 en 2006, 28 000 pour 2007.
Vu que la volonté de faire du chiffre est au principe de la politique depuis 2003, il est utile de se pencher sur l’autre chiffre de
cette politique : son coût financier pour la collectivité qui, par contraste avec celui des reconduites, n’est pas mis en avant. Seul
de Villepin évoque, comme par lapsus, l’ « effort considérable » réclamé par les reconduites massives et estime leur coût à
67.000.000 € pour 2005. Le silence qui règne s’explique aisément si on prend la (dé)mesure de l’ensemble des moyens mobilisées pour atteindre le chiffre érigé en « priorité absolue » de l’action du ministère depuis plus de 3 ans.
Expulsions à tout prix Il peut sembler déplacé d’aborder la politique de reconduite à la frontière sous l’angle monétaire. Ce
coût, avant d’être budgétaire ou économique, est bien évidemment humain : mise en danger de renvoyés dans des pays où ils
sont menacées, familles disloquées, enfants séparés d’un parent, stigmatisation et culpabilisation des étrangers résidant en
France… Ces maux répétés commencent à être connus grâce à l’activité des collectifs militants attentifs aux droits des étrangers. La mise en parallèle des moyens déployés pour maximiser les reconduites et des drames vécus par ceux qui en sont victimes met un peu plus en lumière le caractère inhumain d’une logique du chiffre poussée à l’absurde. Pour sa partie émergée, la
politique d’expulsion mobilise plus de 10.000 emplois équivalent temps plein. Mais elle a aussi besoin de moyens moins visibles, « empruntés » à des services destinés à d’autres emplois : fonctionnaires affectés aux centres de rétention, policiers pour
es interpellations, gardes à vue et transferts divers, escortes internationales vers les pays de retour, activités sans lesquelles les
nombres fixés seraient impossibles à atteindre. On peut raisonnablement les estimer au moins 15 000 emplois équivalent temps
plein. Sarkozy justifiait en 2003 sa volonté d’éloignement systématique des étrangers en situation irrégulière par la « crédibilité
» d’une lutte contre l’immigration irrégulière. Il urge d’interroger ce souci vu les chiffres : si on suppose un nombre de 28.000
expulsions fin 2007, il aura fallu pour 2 de ces expulsions l’équivalent de l’emploi annuel à temps plein d’un fonctionnaire. Ces
emplois traduits sous forme monétaire, les expulsions depuis 2003 ont coûté au total au moins 3 milliards d’euros : l’équivalent
du budget annuel du ministère de la culture ou encore 2 ans de fonctionnement de la ville de Marseille, ou le déficit de la caisse
national d’assurance vieillesse prévu pour 2007. Compte tenu du coût humain individuel –inestimable– pour tous ceux qui ont
été arrachés au territoire français et à toutes les attaches qu’ils ont pu y nouer, la démesure et l’absurde d’une politique fondée
sur des chiffres qui semblent servir une « opération de communication » apparaît évidente.
Difficile chiffrage des reconduites Dresser les comptes de la politique d’éloignement est difficile. Même la Cour des comptes, malgré ses moyens humains et matériels, a dû renoncer à une évaluation du « coût global » de la lutte contre les séjours
rréguliers, qui lui semble pourtant nécessaire vu son caractère prioritaire pour le ministère de l’Intérieur. L’extrême difficulté
du calcul a différentes causes : volonté du ministère de masquer le coût d’une politique qui risque de montrer son caractère
démesuré ; fait que les éloignements massifs reposent sur création de nouveaux moyens mais aussi redéploiement de dispositifs
destinés à d’autres actions. Certains coûts sont bien visibles. De Villepin, dans l’interview citée, annonce tripler entre 2004 et
2005 le budget de la lutte contre l’immigration clandestine, de 33 à 100 millions d’euros, et affecter 600 policiers supplémentaires à la Police de l’Air et des Frontières (PAF). L’effort financier va croissant : le budget 2007 de la Police nationale montre
une nouvelle hausse de 60% de ce volet budgétaire largement consacré aux frais d’expulsions, à 107.000.000 €. D’après Carine
Fouteau des Echos, la prise en compte de la masse salariale accroît le budget de la lutte contre l’immigration irrégulière à 687
millions d’euros, plus de 10.000 emplois équivalent temps plein.
Le gouffre des Centres de Rétention Administrative (CRA) Une partie importante du budget de la Police nationale consacré à l’immigration irrégulière est l’entretien des CRA. Créés en 1984, avec pour but de retenir les étrangers en situation irréguière avant leur éloignement du territoire national, ils constituent une pièce essentielle du dispositif d’expulsion. Or leur coût
croît dans des proportions spectaculaires. Multiplier les expulsions nécessite d’agrandir les sites existants (19 au début 2007) et
d’en construire de nouveaux (3 prévus en 2007), l’objectif est d’atteindre 1 500 places fin 2007 (un peu plus de 1 000 auourd’hui). Les dépenses d’investissement relatives aux CRA pèsent dans le budget 2007 270 millions d’euros dont 48,5 destinés à la construction des nouveaux. Le nombre moyen d’étrangers hébergés quotidiennement en CRA augmente vu le nombre
croissant d’interpellations et l’allongement de la durée moyenne de rétention qui a doublé (de 5 à 10 jours) entre 2002 et 2005,
de 370 en 2002 à 840 en 2005. Or, le coût de chaque rétention augmente fortement.
Le Galopin N°55 – Avril 2007 –P 8
L’indicateur du coût moyen d’une rétention mis en place dans le cadre de la loi organique relative aux lois de finances
prévoit 1 000 € en 2007 (600 en 2004), à cause de durées de rétention plus longues et aussi « l’amélioration des prestations
hôtelières » suite aux dénonciations des conditions inhumaines de rétention. Largement sous-évalué, il n’intègre pas, par
exemple, les heures de fonctionnaires consacrées à la rétention, 890 policiers en CRA en mai 2006.
Nombre de personnes en rétention ne sont pas expulsées : en 2005, 32% ont effectivement été reconduites à la frontière.
Une avocate toulousaine cite le cas de 4 de ses clients ayant séjourné chacun 32 jours en CRA -sans conséquences dramatique, aucun consulat ne les a reconnus. Elle calcule : « cette rétention administrative inutile a donc coûté 32 jours x 87,5 €
(chiffre 2006) x 4 personnes = 11 187,20 € au contribuable français ». Cette situation concernant le tiers des détenus, environ 10 000 en 2006, on a une dépense de près de 9.000.000 €, absurde du point de vue financier mais logique dans le cadre
d’une politique où aucune occasion d’augmenter le chiffre d’expulsés ne doit être perdue…
La face cachée de la politique d’éloignement : les rafles Le budget de la Police affecté explicitement à l’immigration
clandestine ou au fonctionnement des CRA donnent lieu à des estimations en termes de coût, quoique très sous-estimées.
Mais ces dépenses partiellement visibles masquent un ensemble de moyens non évalués déployés pour atteindre les chiffres
d’éloignement. Avant d’être en CRA, les irréguliers doivent être interpellés. Or les services de police spécialisés dans la lutte
contre l’immigration clandestine (type 12e section des R.G. de la préfecture de Paris) ne peuvent à eux seuls assurer plus de
20 000 expulsions par an. Les forces de police locales sont alors sollicitées. Les interpellations par la police « ordinaire »
des personnes en situation irrégulière prend la forme de vastes opérations de contrôles d’identité sur la voie publique. La
circulaire du 22 octobre 2003 demande aux préfets, pour assurer un nombre suffisant d’éloignements, de mobiliser toutes
les opportunités ouvertes par l’article 78-2 du code de procédure pénale qui permet, sur réquisitions écrites du procureur, de
vérifier l’identité de toute personne dans un lieu et pour une période de temps déterminés par ce magistrat. De fait, sous
couvert d’assurer la sécurité des biens et personnes ou prévenir des atteintes à l’ordre public, les opérations « article 78-2 »
prennent de plus en plus la forme de rafles où ne sont contrôlés que les susceptibles d’être irréguliers. Comme résume la
CIMADE, « la police ne tombe plus "par hasard" sur les sans-papiers, elle va les chercher ». Dans les quartiers du nord et
l’est de Paris se multiplient ainsi depuis l’été 2006 des opérations pour interpeller un maximum de sans-papiers, indispensables pour atteindre le chiffre d’éloignement fixé. Elles supposent un déploiement considérable de moyens dont le coût n’est
dans aucune ligne budgétaire de la lutte contre l’immigration clandestine.
Un officier de police judiciaire (OPJ) d’un commissariat du nord de Paris, habitué de ces opérations, a répondu ainsi sous
couvert d’anonymat : « les critères de "réussite" des opérations, dont dépend la carrière de nos chefs, sont le nombre de gardes à vue, puis le nombre de placements en rétention. A moins de 10 sans-papiers interpellés, l’opération est un échec. Pour
parvenir à ces chiffres, il faut au moins 10 fonctionnaires procédant aux interpellations sur la voie publique, sur une durée
de 2h en moyenne. Chaque garde à vue mobilise ensuite 2 à 3 fonctionnaires. Le nombre augmente pour peu qu’il y ait une
mobilisation autour d’une personne arrêtée, s’il s’agit d’un parent d’enfant scolarisé par exemple. Au coût horaire des fonctionnaires, ça commence à chiffrer vite. Il faut ajouter ensuite, pour chaque interpellé, la venue d’un traducteur et le coût de
la visite médicale, souvent demandée, et qui se situe autour de 50 €. Il faut enfin ajouter les frais de transfert vers le centre
de rétention ». Conscient du caractère « non raisonné » de la politique du chiffre, l’OPJ insiste sur la détérioration « évidente » de la qualité du travail judiciaire ordinaire que provoque la concentration des forces policières. « On est de plus en
plus nombreux à être exaspérés par ces consignes qui nous obligent à arrêter des sans-papiers plutôt que des "crapules" ».
Malgré les critiques d’un nombre croissant de policiers, le rythme des rafles s’accélère. D’une à deux par semaine en 2006,
les interpellations de sans-papiers sur voie publique sont devenues quasi-quotidiennes. Une partie du contingent policier
non destinée à la lutte contre l’immigration clandestine est ainsi amenée à consacrer une bonne moitié de son activité à la
chasse aux sans-papiers. Et pour éviter les protestations de plus en plus nombreuses des riverains et militants, les opérations
de nuit se multiplient, avec les surcoûts salariaux correspondant.
De vastes opérations sont difficiles en province ou dans des villes moyennes où les sans-papiers sont moins concentrés
que des quartiers parisiens. Les arrêter pose alors d’autres problèmes, d’où des coûts supplémentaires. Nombre de pays refusent d’accueillir leurs nationaux sans preuve de leur nationalité, indispensable pour le laissez-passer nécessaire. En
l’absence de pièces d’identité officielles, l’administration doit présenter l’étranger à son consulat, qui n’est parfois qu’à
Paris ou certaines métropoles régionales. Il est courant qu’à l’interpellation et la garde-à-vue succède un coûteux allerretour sous escorte policière du sans-papier vers Paris, Toulouse ou Marseille, sans garantie de succès de la démarche.
A rebours, pour « rationaliser » les expulsions, les opérations d’interpellations à Paris se focalisent sur les ressortissants de
pays délivrant sans difficulté le laissez-passer, les chinois en concentrent l’essentiel. Des opérations sont cassées par les
tribunaux car la police arrive sur les lieux de la rafle avec un traducteur chinois… L’ effort pour faire des économies
d’échelle en matière d’éloignement aboutit à de nombreux vices de procédures : en 2006, 1/4 des personnes en rétention
sont remises en liberté par le juge des libertés et de la détention, chiffre à apprécier en regard du coût de la rétention.
L’acharnement du gouvernement pour l’expulsion de la famille Raba (voir Galopin N°52) a un coût énorme. 21 jours en
rétention pour les 5 coûtent plus de 10 000 €. On estime à autant les trajets que la police leur a fait effectuer : Gray-Lyon,
aller-retour Lyon-Paris pour la première expulsion manquée, aller simple vers Toulouse, plus les multiples trajets entre
CRA, Tribunal administratif ou Tribunal de grande instance. L’heure de vol d’un avion militaire coûte environ 5 000 € .
Celui des Raba a volé du Bourget à Toulouse, de Toulouse à Tirana, de Tirana à Pristina, puis de Pristina au Bourget : au
moins 50 000 € pour ce seul poste, plus les frais de l’ensemble du personnel mobilisé : dix policiers et une infirmière les ont
escorté à Pristina et ont logé sur place avant de revenir, difficile de chiffrer ce poste à moins de 10 000 €. Soit 80 000 € au
bas mot, le prix consenti par les autorités françaises pour « éloigner » – et mettre en danger – 3 enfants et leur parents.
Le Galopin N°55 – Avril 2007 –P 9