L`Éthiopie, un pays à découvrir…

Transcription

L`Éthiopie, un pays à découvrir…
° L’Éthiopie, un pays à découvrir… °
par Mélanie Picard
et
Sophie-Anne Dufour
Depuis 2006, l'Éthiopie a occupé le territoire somalien en raison d'un sentiment
d'insécurité suite aux menaces des milices des tribunaux islamiques. Les soldats
éthiopiens ont donc pris place auprès d'institutions gouvernementales de la Somalie
pour y faire pression. Les Somaliens, qui n’ont pas aimé se faire mettre la pression par
les soldats éthiopiens, ont répondu à leur tour en effectuant des attaques violentes. En
janvier 2009, suite à ces évènements, le gouvernement éthiopien a finalement décidé
de retirer ses troupes et de se retirer de la Somalie. (Ballong, 2009) Qui est au
courant de cette situation ? Connaissons-nous sa gravité? Qui cela intéresse ?
L’Éthiopie est un pays qui est trop souvent laissé de côté et oublié par les autres
sociétés. Il est rare qu’on entende parler de ce pays qui nous semble si lointain. Ainsi,
comme ce pays ne nous est pas familier, notre première réaction est de penser que la
société éthiopienne n’est pas très évoluée. Par contre, il faut faire attention de ne pas
juger cette société sans l’avoir étudiée, même si elle n’a peut-être pas les mêmes
valeurs que la nôtre. En effet, ce pays approuve les mutilations sexuelles qui
représentent un sujet tabou dans plusieurs sociétés. Il est donc important de s’arrêter
sur ce sujet et de comprendre les motivations qui poussent les Éthiopiens à agir ainsi.
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° La culture éthiopienne °
Les mutilations sexuelles sont présentes dans plusieurs pays et de ce fait, dans
plusieurs autres cultures. Des cinq continents qui composent notre planète, c’est en
Afrique que l’on entend le plus parler des mutilations sexuelles. À ce jour, on retrouve
en Éthiopie une très grande proportion de la population qui pratique ce comportement.
Il s’avère donc pertinent de se pencher sur cette culture d’où découlent plusieurs
histoires et traditions qui concernent les mutilations sexuelles.
Voyons quelques caractéristiques de cette culture. L’Éthiopie est un pays de
l’Afrique de l’Est qui est composé de 77 431 000 habitants. Il comporte aussi une
quarantaine de groupes ethniques parlant soixante dix langues différentes et deux cent
dialectes (Dictionnaire des noms propres, 2::8). L’Éthiopie est considéré comme l’un
des pays les moins développés dans le monde et l’économie de ce pays est
complètement en ruine en raison des multiples sécheresses qui l’ont ravagé et des
résultats qu’a amenés la guerre avec l’Érythrée de 1998 à 2:::. L’espérance de vie
chez les hommes est d’environ 51 ans et chez les femmes, 53 ans. L’agriculture
représente environ 60% des exportations de ce pays et 80% des emplois (Pisano,
2005).
Chez le peuple éthiopien, le monde des esprits est fort présent. Par exemple, le
soir, on garde un morceau du repas pour le qollyé, la fée ouagabi, qui surveille les
réserves de la cuisine (les aliments, les surplus, les repas)… (Doresse, 1972). On peut
donc qualifier cette communauté comme spirituelle. En effet, elle croit en plusieurs
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forces immatérielles et supérieures. Ainsi, la magie (rituels, sacrifices…) s’avère une
pratique régulière au sein de cette société (Doresse, 1972). Les Éthiopiens sont donc
un peuple croyant, d’où naît l’importance qu’ils accordent à la religion. Cette dernière
compose un des aspects de la culture qui sera développé. Il est indispensable
d’aborder ce sujet, car les individus ont beaucoup trop de préjugés face à celui-ci. La
religion est-elle vraiment une des causes qui favorise les mutilations sexuelles? C’est
ce que nous tenterons de découvrir…
° La religion éthiopienne °
Chez les Éthiopiens, la population se subdivise comme suit : les musulmans
(48%), les chrétiens (38%), et les animistes (12%) (Dictionnaire des noms propres,
Haboury, 2008). Personnellement, nous avons longtemps cru que ces religions
pouvaient être la source qui stimule les actes de mutilations sexuelles. Cependant,
c’est faux! Bien qu’on fasse mention de l’excision et de la circoncision dans certains
écrits religieux, ce n’est pas la religion qui impose de tels actes et en conséquence, elle
n’a aucun impact direct avec les mutilations sexuelles.
Le christianisme, par exemple, représente pour les Éthiopiens un déterminant
essentiel dans leur vie quotidienne. Ainsi, cette religion accompagne le peuple à travers
les grands événements. Il en est de même lors des naissances lorsque les personnes
présentes effectuent des prières afin de supporter moralement la mère et de
s’assurer que les évènements se déroulent de la bonne façon (Doresse, 1972).
Quelques jours plus tard, si le nouveau-né est un garçon, on le circoncit ; si c’est une
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fille, c’est l’excision qui sera pratiquée. Lorsque l’enfant sera en mesure ensuite de
s’instruire, les premières choses qu’il apprendra seront les prières et les devoirs d’un
bon citoyen (Doresse, 1972). Par exemple, le jeune garçon apprend la pratique des
corvées domestiques et des travaux dans les champs. De plus (peu importe le sexe), le
contact social avec les adultes est très important, car c’est en leur présence que les
jeunes réaliseront l’importance de leur rôle au sein de la famille. Bref, la religion s’avère
une influence considérable au sein de la société.
Pour en revenir à la circoncision et à l’excision, on les perçoit plutôt comme des
symboles en mémoire de l’Ancien Testament, car elles ne découlent pas de la religion
chrétienne, mais ces formes de mutilations descendent plutôt de l’Église copte
(présente dans les sociétés égyptiennes) (Doresse, 1972). En conséquence, de telles
pratiques sont dépourvues du sens sacré. Ces mutilations sexuelles, malgré qu’elles
soient un dérivé des religions, ne sont donc pas pratiquées par les Éthiopiens dans le
but de répondre aux devoirs religieux. Bien qu’elles se produisent après la naissance,
elles peuvent aussi être présentes dans plusieurs évènements. Par ce fait, on
considère aussi l’excision comme un rituel : le passage de la vie de l’enfant à la vie de
l’adulte ou plus précisément de la jeune fille à la femme (Couchard, 2::3). Les
mutilations sexuelles font donc partie des mœurs de la communauté. On les considère
alors comme une coutume, une tradition bien ancrée chez le peuple : « tout le monde
circoncit sa fille, bien sûr, il faut le faire. C’est notre tradition. Une femme non
circoncise est considérée comme une femme de mauvaises mœurs » (Hosken, 1983.
p.169). Les propos ci-dessus appartiennent à des mères éthiopiennes qui sont
mariées à des hommes de l’État. Cette perspective émique nous permet donc de
confirmer l’idée que les mutilations sexuelles sont plutôt d’ordre traditionnel et non
religieux. De plus, l’excision impose à la jeune fille de ne point avoir de relations
sexuelles et donc, en conséquence, de garder sa virginité (Bocar Ly-Tall, 2000). Ces
croyances font partie de la société africaine et non de la religion chrétienne. Cette
civilisation considère la chasteté et la virginité comme des facteurs ultra importants.
Dans notre société actuelle, de telles valeurs ne sont plus présentes chez les
chrétiens. Pour les Éthiopiens, ces vertus sont en relation directe avec l’honneur de la
famille. Cette dernière est donc autant impliquée que le mari, c’est-à-dire qu’elle est
autant consentante dans ce processus (Bocar Ly-Tall, 2000).
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D’un autre côté, les mutilations sexuelles peuvent être pratiquées dans le but
de dominer les femmes (Hosken, 1983). Vous verrez ici-bas une perspective étique qui
explique bien ce fait. Voici la conclusion tirée des travaux du Dr Huber, un gynécologue
et obstétricien qui, dans les années 1960, est intervenu auprès du peuple éthiopien.
Après ses interventions, il est capable d’affirmer que « la circoncision féminine et
surtout l’infibulation sont des interventions sur la personnalité de la femme qui ne sont
possibles que là où elle est totalement méprisée et utilisée uniquement comme un
objet sexuel… Aucune justification rituelle ou hygiénique ne peut excuser la
perpétuation de cette tradition absurde » (p.174). Ce point de vue met l’emphase sur
le fait que l’existence des mutilations sexuelles est seulement du à la suprématie de
l’homme sur la femme. En réalité, cette manière d’agir provoque un mur entre les deux
sexes. Elle est à l’origine des relations froides et crée des liens qui sont construits sur
un rapport de peurs et de craintes. Bref, cet acte n’aide en rien en ce qui concerne les
relations entre les hommes et les femmes (Hosken, 1983).
° Le mariage : primordial pour les femmes éthiopiennes °
L’Éthiopie possède l’un des taux les plus élevés au monde concernant les
mariages précoces. Il y a environ 48 % des filles qui se marient à l’âge de 15 ans et
74 % à 18 ans, et ce la plupart du temps sans l’accord de celles-ci. Du point de vue
étique, cette situation est inacceptable et représente un « viol des droits humains des
jeunes filles » (Amin, Chong et Haberland, 2008, p.1). Elle nuit considérablement à leur
santé, que ce soit au niveau physique ou psychologique. En effet, comme l’opération se
fait à froid, les mutilations sexuelles leur occasionnent des douleurs intenses et
peuvent causer de fortes hémorragies, de la rétention urinaire et toutes sortes de
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problèmes (Amin, Chong et Haberland, 2008), Elles peuvent les marquer à vie, les
amener à avoir des troubles de comportement et comme elles n’ont plus de clitoris
après l’opération, elles perdent en quelque sorte une partie de leur identité (MansourHugues, 2::7). En d’autres mots, on leur enlève le droit d’avoir une vie sans violence
(Amin, Chong et Haberland, 2008). La pratique des mutilations sexuelles est
directement reliée au mariage, (Pisano, 2005) puisque plusieurs filles demandent à se
faire mutiler pour « garantir leur chance au mariage » (Mansour-Hugues, 2007). Les
mariages sont très précoces en raison du taux très bas de scolarisation. Plus une
femme est éduquée, plus elle se mariera tard et moins elle l’est, plus elle se mariera
tôt (Amin, Erica, Haberland, 2008).
Chez les Éthiopiens, le mariage représente beaucoup plus qu’une simple union
servant à unir pour la vie un couple pour le meilleur et pour le pire…En effet, le mariage
peut permettre à une famille pauvre de survivre lorsque la famille du mari a davantage
d’argent et subvient aux besoins essentiels de leur fille (Amin, Erica, Haberland, 2::8).
Par ailleurs, si une femme se fait exciser ou a subi une quelconque mutilation sexuelle,
elle a plus de chance d’avoir un bon mari avec beaucoup d’argent, puisqu’elle a un
statut de femme respectée obtenu grâce aux mutilations sexuelles. En d’autres mots,
elle se forge une meilleure réputation et se fait finalement reconnaître en tant que
femme, puisqu’elle fait honneur à son mari (Pisano, 2005). On peut donc dire que les
mutilations sexuelles permettent d’avoir une certaine sécurité économique,
puisqu’elles donnent aux femmes un statut social qui leur permet de se marier et
d’être mère, et finalement d’avoir plus d’argent grâce à la famille du mari. Voilà
pourquoi les femmes prennent très au sérieux les règles du mariage qui incluent les
mutilations sexuelles, afin de faire survivre leur famille.
Les filles subissent leurs mutilations sexuelles la plupart du temps entre quatre
et dix ans, mais certaines mutilations sont pratiquées à la naissance ou même juste
avant le mariage. Les filles se font souvent initier, mais avant cette fameuse initiation,
elles ne portent qu’un petit « cache-sexe » (Mansour-Hugues, 2007) pour démontrer
leur manque de maturité. Elles se font préparer pendant trois longs mois. Les fillettes
ne doivent en parler à personne et ne se font expliquer que très brièvement les
procédures, si ce n’est qu’elles n’en savent pratiquement rien. Pendant cette longue
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période, elles se font montrer plusieurs chants et devinettes, en apprennent davantage
sur la morale et se font conseiller sur le mariage. Les chants y sont particulièrement
importants, puisqu’ils sont présents lors de plusieurs étapes de leur vie, comme lors
des moissons et des cérémonies de plusieurs autres rituels. Ils peuvent être des
chants funéraires, de mariage ou même d’initiation. Les devinettes sont représentées
sous forme de « jeux de cache-cache par la parole ». Elles sont souvent très
approfondies et les gens doivent avoir une base culturelle pour les résoudre. Elles
peuvent aussi être plus simples et ainsi permettre le dialogue et le rassemblement de
tous. Les conseils donnés aux femmes sur le mariage se basent sur leur intégration
dans la société et l’identification à leur culture. (Pisano, 2::5). En somme, du point de
vue émique, l’excision peut donc paraître comme quelque chose de positif pour ces
jeunes filles, puisqu’elles vivent un moment tout à fait spécial et unique lors de leur
initiation à leur prochaine vie d’épouse. Après leur initiation, elles sont convaincues que
si elles ne se font pas exciser, le mariage leur sera interdit. Elles se font donc mutiler
en croyant que c’est la seule solution (Mansour-Hugues, 2007).
La décision de faire exciser ou mutiler les jeunes filles repose majoritairement
sur la mère ou la grand-mère, qui espère de tout son cœur de marier sa fille ou sa
petite fille et d’en faire une épouse exemplaire (Mansour-Hugues, 2::7), c’est-à-dire
une femme qui aura respecté les règles de la société et qui est intelligente, soumise à
l’homme, passive, hospitalière et modeste. De plus, une bonne épouse doit être une
bonne cuisinière et bien nourrir sa famille, elle doit transmettre les valeurs de la
société à ses enfants et bien les éduquer et finalement, taire ses désirs. (Pisano,
2005). Le rôle que la mère possède dans la famille, son expérience de vie, son niveau
d’éducation et la façon dont elle perçoit les mutilations sexuelles influencent
directement le choix qu’elle prendra concernant l’excision de sa fille. De plus, le nombre
de personnes qui vivent à la maison a un impact énorme sur la décision de la mère
concernant l’excision de sa fille, car plus elle a de membres dans son ménage, plus elle
sera poussée à suivre les normes sociales afin de garantir un bon mariage à sa fille
pour avoir de l’argent afin de nourrir tout le monde. (Pisano, 2::5).
En Éthiopie, les femmes ne doivent pas avoir de plaisir, ce qui veut dire que le
désir sexuel des femmes est totalement inacceptable et réprimé, car une femme qui a
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du plaisir lors de ses relations sexuelles est considérée comme égoïste et solitaire. Elle
manque de respect envers l’homme et lui empêche d’avoir plus de plaisir à son tour
(Mansour-Hugues, 2007). Le contrôle que les hommes ont sur la sexualité de la
femme assure leur honneur et leur réputation (Mansour-Hugues, 2007). Les
mutilations sexuelles, comme l’excision, permettent d’assurer la virginité et la fidélité
des jeunes filles envers leur mari et les empêchent d’avoir envie de commettre
l’adultère ou d’avoir des relations sexuelles avant le mariage (Pisano, 2::5). L’excision
est donc représentée comme un « gage d’honneur, un pré-requis qui permet
d’accéder aux meilleurs prospects et d’obtenir un bon prix pour la mariée, assurant
ainsi la fortune et la sécurité de la famille » (Mackie, 1996, cité dans Pisano, 2005). En
effet, si elle n’est pas excisée, elle sera moins aimée des membres de sa famille et mal
vue par les autres, puisqu’elle s’opposera aux valeurs familiales et traditionnelles de la
société et ne pourra assurer l’honneur de son futur mari, ce qui l’empêchera peut-être
même d’en avoir un. De plus, en Éthiopie, l’excision est synonyme d’amour, puisque les
parents font subir cet acte à leur fille parce qu’ils lui veulent du bien et ils veulent
qu’elle ait un bon mari. (Pisano, 2::5)
° Le mariage et la religion : deux incontournables °
L’Éthiopie possède un taux particulièrement élevé de mariages précoces. Les
filles ne sont pas suffisamment éduquées et se marient très jeunes afin de maximiser
leurs chances de survie grâce à l’argent du mari (Amin, Chong et Haberland, 2008).
De plus, elles ont peur de ne jamais pouvoir se marier si elles ne se font pas mutiler,
donc elles se font exciser. Les mutilations sexuelles leur permettent d’être de futures
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bonnes épouses, puisqu’elles leur permettent de conserver leur virginité jusqu’au
mariage, d’assurer leur réussite dans la vie et leur donne un statut (Pisano, 2::5). Les
Éthiopiennes ont donc des relations sexuelles par devoir, c’est-à-dire qu’avant le
mariage, on pratique l’excision pour que la femme s’abstienne en conservant sa
virginité et sa fidélité. La religion du christianisme en Éthiopie valorise ces valeurs
d’abstinence avant le mariage et est même totalement contre les relations sexuelles
avant de se marier. Les mutilations sexuelles sont donc étroitement liées avec ces
deux aspects de la culture éthiopienne, soit le mariage et la religion, puisqu’elles
empêchent les femmes de vouloir avoir des relations sexuelles avant le mariage ou
même de commettre l’adultère en leur enlevant leur seule source de plaisir, le clitoris.
° Les mutilations sexuelles et les moyens
de contraception sont-ils semblables ?°
Les mutilations sexuelles pratiquées en Afrique ressemblent, d’une certaine façon, aux
moyens de contraception utilisés dans la société occidentale par les hommes et les
femmes. Tout comme les pratiques mises de l’avant en Éthiopie, les moyens de
contraception d’aujourd’hui ont pour objectif principal d’avoir une maîtrise sur le corps
humain. Il existe donc un lien étroit entre ces deux pratiques qui ne proviennent pas de
la même culture. En effet, certains contraceptifs peuvent contrôler le cycle menstruel
de la femme, de manière à connaître la date précise d’arrivée de ses menstruations.
C’est le cas des pilules contraceptives qui jouent aussi un rôle dans la fertilisation (elles
empêchent les femmes de tomber enceinte).
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Il faut aussi ajouter que certains moyens de contraception ne permettent pas
simplement d’avoir un contrôle sur la femme en l’empêchant de tomber enceinte, mais
aussi en la protégeant contre les maladies. Elles ont donc comme but premier
d’empêcher les grossesses non-désirées et d’empêcher les femmes d’attraper toutes
sortes de maladies. Les mutilations sexuelles permettent aussi le contrôle du corps de
la femme, puisque celle-ci est moins portée à avoir des relations sexuelles après s’être
faite excisée, car le plaisir n’y est plus. Cela empêche donc la propagation de MTS, car
si elle ne pratique pas l’acte sexuel, elle ne peut en attraper. Les mutilations ont donc
une autre fonction : celle de protéger l’individu contre d’éventuelles maladies
transmises sexuellement.
Tout de même, l’objectif premier de l’excision ou des
mutilations sexuelles est d’empêcher les femmes d’avoir des activités sexuelles. La
jouissance leur est donc interdite ; elles ne peuvent point avoir de relation et ne
peuvent point se masturber. Les femmes ne peuvent donc pas avoir de plaisir.
Cependant, dans notre communauté, les moyens contraceptifs ne sont pas utilisés
pour empêcher l’acte sexuel.
De plus, les mutilations sexuelles comme les moyens de contraception permettent de
donner du pouvoir à la femme. En Afrique, les mutilations sexuelles permettent à la
femme d’obtenir un statut social et donc d’être reconnue en tant que femme. Elles lui
permettent d’être respectée par les autres membres de la société et de sa famille et
de démontrer qu’elle est prête à faire honneur à son mari. Les mutilations sexuelles
l’amènent à bien paraître et à avoir une bonne réputation, donc à avoir du pouvoir. Les
moyens de contraception permettent à la femme d’avoir un certain pouvoir, car ils lui
amènent la liberté de choisir si elle veut ou non se protéger avant de passer à l’acte.
En effet, depuis l’arrivée des moyens de conception dans la société occidentale,
l’égalité des hommes et des femmes s’est affermie et les femmes se sont
particulièrement libérées sexuellement. Elles ont pu obtenir le droit de vote et le droit à
l’avortement, donc les moyens de contraception leur ont permis et leur permettent
toujours en quelque sorte d’avoir du pouvoir.
Tout de même, les femmes ne subissent pas les mutilations sexuelles pour les mêmes
raisons qu’elles choisissent ou non d’utiliser des moyens de contraception. En effet,
elles se font mutiler pour ne pas être rejetées par leur société et leur famille. Elles se
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laissent convaincre que si elles ne le font pas, elles ne seront pas de bonnes épouses,
puisqu’elles feront honte à leur mari en lui manquant de respect, obtenu en se faisant
exciser. Elles ont peur d’être exclues et abandonnées par leurs proches, c’est pour
cela qu’elles se font mutiler. Le choix qu’ont les femmes de choisir d’utiliser un moyen
de contraception est fait pour elle-même et non pour les autres. Elles font ce choix
pour ne pas être enceinte, pour ne pas avoir de maladie ou pour réguler leur cycle
menstruel. Elles ne le font pas pour le reste de la société ou de leur famille, mais bien
pour elles. La femme peut prendre la décision avec son conjoint, mais celui-ci est la
plupart du temps en accord avec elle. Cette décision ne se fait pas dans la peur ou la
crainte d’avoir mal contrairement aux mutilations sexuelles. En somme, les mutilations
sexuelles et les moyens de contraception se ressemblent plus qu’on ne le pense,
même si les mutilations sexuelles semblent inacceptables pour notre société. En
Afrique, elles représentent peut-être l’équivalent des moyens de contraception dans
notre société, puisqu’elles sont très encouragées tout comme les contraceptifs le sont
dans la société occidentale et que ces deux traits culturels ont plusieurs points en
commun.
° L’Éthiopie, un pays à sauver et non à oublier °
En conclusion, le fait de ne pas « effectuer » les mutilations sexuelles peut être
vu comme un refus des valeurs de la société éthiopienne. Les mutilations sexuelles font
donc partie des traditions de cette société. En Éthiopie, une grande proportion de la
population se fait circoncire ou exciser. Une étude effectuée en 2005 dans la région
d’Amhara en Éthiopie par « The Ethiopian Demographic and Health Survey (Central
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Satistical of Ethiopia) » a permis de démontrer que le taux de mutilations sexuelles
diminue avec les années. En effet, dans les années 60, les mères qui avaient été
excisées étaient plus portées à faire exciser leurs filles, mais à partir des années 90,
le taux de mutilations sexuelles par rapport aux filles de 15 à 24 ans a
considérablement diminué, puisque les mères ont commencé à moins vouloir exciser
leurs filles. Tout de même, les mutilations sexuelles demeurent très présentes en
Éthiopie. Le gouvernement de ce pays priorise énormément l’abolition de ces
mutilations et tente de développer des organismes pour aider les femmes. Il faudrait
qu’il parvienne à augmenter le taux de scolarisation et à conseiller convenablement les
femmes sur ce qu’elles devraient faire pour être en bonne santé et éviter d’être
excisées. (Rahlenbeck et Mekonnen, 2::9). Finalement, l’Éthiopie n’est pas un pays qui
devrait être mis de côté, au contraire, puisqu’il faudrait l’empêcher de faire subir de
telles atrocités aux femmes.
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