Carnet MM - Mur Manteau

Transcription

Carnet MM - Mur Manteau
Le carnet du mur manteau
Principes constructifs
Liaisons mur manteau-baies
Traitement des ponts thermiques
Pertinence dans la construction neuve
© Le Groupement du Mur Manteau, 2013
Table des matières
Le Groupement du Mur Manteau est une association sans but lucratif, composée de fabricants spécialisés et de divers membres institutionnels, dont l’ADEME et le CSTB.
Son objectif est de promouvoir – auprès des maîtres d’œuvre, des
bureaux d’études, des professionnels de la construction et des maîtres
d’ouvrage – les divers systèmes d’Isolation Thermique par l’Extérieur
sur le principe du mur manteau.
Dans cette perspective, le Groupement du Mur Manteau propose
des solutions constructives concrètes, abouties et fiables, issues de
la réflexion de ses membres et des experts techniques de l’Isolation
Thermique par l’Extérieur que le groupement a associés à son action.
Pour l’essentiel, les contenus du présent carnet reprennent de façon
condensée divers travaux menés à la demande du Groupement du
Mur Manteau par l’équipe de la société TBC Conseil, Recherche et
Innovation (www.tbcinnovation.fr), elle-même membre du groupement, sous la direction de M. Gérard Fleury.
Conformément à la vocation du groupement en matière de diffusion
de l’information, l’ensemble des textes, images, schémas et autres
contenus du présent carnet peuvent être repris et diffusés par des
tiers, à la condition expresse d’en mentionner explicitement la
source. Une partie des informations, et notamment des schémas et
visuels, est disponible au téléchargement en haute résolution et en
fichiers CAO natifs (.dwg) sur le site Internet du Mur Manteau
(www.mur-manteau.fr). Par ailleurs, une version complète de l’étude
sur la pertinence du mur manteau dans la construction neuve peut
être téléchargée sur le site du groupement.
Remarques importantes
Les contenus informatifs et visuels de la présente brochure – descriptifs, argumentaires, photos, schémas, données chiffrées, comparatifs,
etc. – ont une vocation strictement indicative. Ils ne sauraient engager
ni le Groupement du Mur Manteau, ni ses membres. Cela vaut
notamment pour les graphiques et schémas, qui représentent des cas
types, parfois simplifiés en fonction de considérations didactiques.
Pour toute mise en œuvre concrète des solutions et des principes
constructifs décrits dans le présent carnet, il est impératif de se référer aux dispositions réglementaires et aux indications techniques des
fabricants concernés.
j Introduction
4-5
j Les fondamentaux du mur manteau
6-9
j Les atouts spécifiques du mur manteau
10-12
j Les variantes constructives du mur manteau
13-16
j WINITE 2012 : optimiser les liaisons mur manteau-baies
17-29
j Les solutions WINITE en rénovation
30-33
j Le traitement des ponts thermiques résiduels
34-41
j La pertinence du mur manteau dans la construction neuve
42-49
Le Groupement du Mur Manteau a apporté le plus grand soin à prendre en compte les textes réglementaires en vigueur au moment de la
parution du présent carnet (septembre 2013). En fonction de l’évolution de la réglementation, certaines solutions constructives et autres
indications techniques peuvent cependant évoluer. Il appartient en
tous les cas au lecteur de vérifier la conformité ultérieure des indications du présent carnet.
Maquette et mise en forme graphique
HOPE International Communications Ltd
www.hope-communications.com
EEuropean
urropean Association
Association for
External
Ex
ternal thermal insula
insulation
tion ccomposite
omposite systems
syyst
stems
2 Le carnet du mur manteau
Le Groupement du Mur Manteau est membre de
l’EAE, l’Association Européenne des ETICS
(External Thermal Composite Insulation Systems)
Le carnet du mur manteau 3
Depuis plus de 20 ans, le Groupement du Mur Manteau fédère
les industriels de l’Isolation Thermique par l’Extérieur et assure la
promotion des différents systèmes constructifs fondés sur ce principe. Le groupement s’est employé à sensibiliser les institutions aux
avantages du mur manteau, il a participé à de nombreux groupes
de travail et commissions techniques, il s’est doté des outils de
communication nécessaires pour augmenter la notoriété et la visibilité des solutions et des systèmes, et il a contribué à démentir
les idées reçues et les préjugés.
Maison provençale rénovée
en mur manteau, Bouchesdu-Rhône : une réalisation
qui respecte parfaitement les
traditions régionales.
Photo : Tollens.
Aujourd’hui, sur un marché où l’Isolation Thermique par
l’Extérieur gagne rapidement du terrain – portée par la
réglementation et par un engouement croissant de la
part des maîtres d’œuvre et des maîtres d’ouvrage – le
groupement s’est fixé deux priorités supplémentaires : la
mise en avant de la notion de système et la sensibilisation aux impératifs de professionnalisme et de qualité de
mise en œuvre. En effet, ceux-ci conditionnent tant l’efficacité réelle que la pérennité des systèmes d’Isolation
Thermique par l’Extérieur. Sur un marché de plus en plus
convoité, où les nouveaux venus sont nombreux – et la pression
sur les prix de plus en plus sensible – la connaissance des règles de
l’art et le respect des bonnes pratiques sont plus cruciaux que jamais.
C’est dans cette perspective que s’inscrit le Carnet du mur manteau.
Sans se vouloir exhaustif, il est néanmoins riche d’exemples et de
réponses à des questions très concrètes. Il aborde ainsi la liaison, qui
ne s’improvise pas, entre l’Isolation Thermique par l’Extérieur et les
ouvertures, et offre un aperçu des exigences relatives au traitement
des ponts thermiques résiduels. Par ailleurs, dans le contexte spécifique de la construction neuve, il aborde le thème, encore controversé, de la pertinence économique du mur manteau.
Sur le plan de sa conception, le présent carnet ne se veut pas un
support de vulgarisation, mais une introduction incluant la synthèse
des études réalisées à l’initiative du groupement du Mur Manteau.
Pour part cofinancées par l’ADEME, elles ont été menées avec le
concours la société TBC Conseil, Recherche et Innovation. Le contenu intégral de ces études est disponible au téléchargement sur le
site www.mur-manteau.fr
Introduction
Par rapport aux autres pays européens, la France occupe une place
à part pour trois raisons :
j Elle a été, pendant longtemps, très en retrait sur le plan réglementaire. Alors que, particulièrement dans les pays du centre de l’Europe,
parmi lesquels l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse, la performance énergétique est une notion ancrée dans les mentalités depuis bientôt un
demi-siècle, ce n’est que récemment qu’elle constitue une priorité sur
le marché français de la construction neuve et de la réhabilitation.
matière de performance énergétique, une réglementation parmi les
plus ambitieuses – et les plus contraignantes – d’Europe. Les critères à remplir sont tels qu’ils ont entraîné une évolution très rapide
des habitudes et des choix techniques, afin de répondre aux attentes
du législateur. La réhabilitation du parc immobilier
français conformément à ces impératifs énergétiques, notamment au niveau des logements collectifs de type ‘passoires thermiques’ tel qu’ils ont été
construits jusqu’à la fin des années 70, est un enjeu
majeur. Il est devenu l’un des objectifs principaux
du Plan Bâtiment Durable, lui-même directement
issu du Grenelle de l’Environnement.
Centre culturel et sportif, Alsace :
ITE et bossages participent ici à
une esthétique très contemporaine. Photo : Sto.
j Par ailleurs, le marché français se distingue de la
plupart des autres marchés européens par la prédominance historique de l’Isolation Thermique par
l’Intérieur (ITI). Alors que chez la quasi-totalité de nos voisins, sauf
lorsque des considérations de conservation du patrimoine en proscrivent l’usage, le recours à l’Isolation Thermique par l’Extérieur est
systématique, celle-ci a longtemps fait figure de solution marginale
en France.
Une filière industrielle puissante et très structurée, des documents
normatifs bien définis, des techniques et des coûts connus et maîtrisés, sans oublier la force de l’habitude, ont conduit jusque tout
récemment à faire de l’Isolation Thermique par l’Intérieur la solution
par défaut, en dépit de ses limitations techniques notamment dans
le domaine de la réhabilitation et par rapport aux exigences de la
réglementation thermique RT 2012, et a fortiori de la RT 2020.
Cela sans oublier les effets du renforcement de la réglementation
parasismique, qui peut compromettre l’utilisation, sur le pourtour
des planchers à l’intérieur du volume habitable, de rupteurs thermiques linéiques (voir en page 6).
Logiquement, l’Isolation Thermique par l’Extérieur sur le principe du mur manteau gagne donc
très rapidement du terrain. Elle constitue désormais le choix privilégié en réhabilitation des logements collectifs et des infrastructures de type ERP.
Parallèlement, elle bénéficie d’un intérêt grandissant dans le contexte des petites copropriétés et
des maisons individuelles.
Enfin, dans le domaine de la construction neuve,
l’Isolation Thermique par l’Extérieur est le système le plus rationnel
pour répondre aux exigences énergétiques actuelles des BBC.
Ce sera encore plus vrai dans les années 2020, lorsqu’il s’agira
d’atteindre systématiquement les niveaux maison passive, zéro
énergie, zéro empreinte carbone et BEPos (Bâtiment à Energie
Positive).
En rénovation, supprimer les balcons
sur planchers traversants et les remplacer par des structures désolidarisées du bâti est la meilleure façon de
traiter adéquatement les ponts thermiques linéiques correspondants (voir
en page 6). Cette réalisation à Pessac,
de niveau BBC Effinergie Rénovation,
représente 30 000 m² de façades traitées en ITE. Photo : Zolpan.
j Cette prise de conscience tardive a pour conséquence des ambitions d’autant plus fortes. Aujourd’hui, la France a adopté, en
4 Le carnet du mur manteau
Le carnet du mur manteau 5
Les fondamentaux du mur manteau
Le mur manteau se distingue par quatre caractéristiques qui n’appartiennent qu’à lui. C’est à elles qu’il doit non seulement son originalité au niveau constructif, mais également ses qualités distinctives et
son efficacité énergétique.
Ces quatre caractéristiques sont partagées par toutes les variantes
du mur manteau présentées dans les pages qui suivent – si différentes qu’elles puissent être sur le plan technique et en matière
d’esthétique.
1. Diminution radicale des principaux ponts thermiques
Ces ponts thermiques sont le talon d’Achille de l’Isolation Thermique par l’intérieur (ITI). Ils sont très difficiles à traiter en rénovation,
et dans la construction neuve, il faut recourir à des solutions relativement complexes pour obtenir un résultat satisfaisant. Celles-ci,
fondées sur la mise en place systématique de rupteurs thermiques
à la jonction des planchers et
des murs de refend avec les
murs extérieurs, dégradent par
ailleurs les qualités statiques du
bâtiment.
1
j
Comparatif des ponts thermiques linéiques entre ITE et
ITI : coupe verticale au niveau
de la jonction entre le plancher
et le mur extérieur (représentations schématiques).
1 ITE en mur manteau (neuf
ou rénovation)
2 ITI sans rupteur thermique
(rénovation)
3 ITI avec rupteur thermique
(neuf)
4 ITE en mur manteau avec
balcon (rénovation)
5 ITI avec balcon (rénovation)
4
j
6 Le carnet du mur manteau
ITE également, la déperdition n’est pas négligeable, puisque la présence de balcon oblige à interrompre l’isolant au niveau du plancher
traversant, mais le confort n’est que faiblement affecté ; en ITI, en
revanche, la déperdition, particulièrement prononcée, compromet
notablement la performance thermique et le confort.
NB : pour éliminer à la source la problématique des planchers traversants en réhabilitation, la tendance est au découplage complet
des balcons avec mise en place d’une structure porteuse autonome
(voir fiche technique en pages 38-39).
Sur un plan général, notons que l’impact négatif des ponts thermiques est d’autant plus sensible que les attentes sont élevées en
termes de performance énergétique. Les dispositions de la RT 2012
– et plus encore celles de la RT 2020 – rendent incontournable le
traitement des véritables ‘boulevards à calories’ que constituent les
ponts thermiques linéiques.
2. Le principe du manteau protecteur
Parallèlement à la performance énergétique, le mur manteau – comme
son nom même le suggère – protège les murs extérieurs des intempéries (gel, ruissellement, pluie battante, etc.) et des
agressions chimiques d’origine environnementale ou
organique.
Par ailleurs, la mise en place de ces rupteurs
(schéma 3) engendre un coût non négligeable.
Cela vaut tant pour les produits en eux-mêmes que pour leur pose :
pour une surface habitable de 100 m² sur un niveau, la longueur
totale des ponts thermiques linéiques à traiter (planchers + murs de
refend) est de l’ordre de 50 m.
Par ailleurs, il préserve l’ouvrage d’un certain nombre de sollicitations mécaniques dommageables :
en éliminant les chocs thermiques et en limitant
fortement les variations de température à l’intérieur de la maçonnerie, il prévient en particulier les
risques de fissuration liés au phénomène de la dilatation différentielle. il minimise également, pour les
mêmes raisons, les risques de dégradation des bétons par infiltration – un phénomène qui affecte
fortement les immeubles d’habitation et les infrastructures de type ERP construits entre 1950 et
1980. Rappelons à ce propos que les logements
collectifs datant de cette période représentent encore aujourd’hui
une part majeure du parc locatif français.
À l’inverse, le principe de l’enveloppe inhérent au mur manteau
diminue radicalement les ponts thermiques linéiques – et cela
sans exiger aucun aménagement particulier au niveau de la jonction des planchers et des murs de refend avec les murs extérieurs
(schéma 1), que ce soit en travaux neufs ou en réhabilitation.
Enfin, en évitant que le point de rosée se situe à l’intérieur du volume
habitable, le mur manteau prévient l’apparition des désordres dus à la
condensation (moisissures, décollement des tapisseries, dégradation
des peintures), qui peuvent aller jusqu’à présenter un risque sanitaire pour les occupants.
2
j
5
j
Cela peut poser problème sur
les bâtiment situés en zone sis3 mique (rappelons que selon la
j
nouvelle réglementation, près
des deux tiers du territoire français sont
considérés comme présentant un risque sismique).
En réhabilitation, la mise en place de rupteurs n’est pas techniquement envisageable en liaison avec une ITI (schéma 2).
Dans la même situation, l’Isolation Thermique par l’Extérieur
offre une performance thermique et un confort sensiblement supérieurs (schéma 1). La différence est également
marquée en présence d’un balcon (schémas 4 et 5) : celui-ci
fonctionnant comme une ailette de radiateur, les déperditions par temps froid sont particulièrement importantes. En
3. Le confort en toute saison
Villa bioclimatique, construction de
type MOB (Maison à Ossature Bois),
Marseille. L’Isolation Thermique par
l’Extérieur fait alterner ici système
sous enduit mince et bardage bois.
Une approche très cohérente du
développement durable a conduit à
privilégier un isolant en fibre de bois.
Architecte : Jérôme Solari, Marseille.
Photo : Sto.
Réhabilitation en mur manteau
d’un immeuble d’habitation typique des années 60-70, niveau de
performance BBC Rénovation.
Une section relativement faible,
des balcons en ailettes, une structure en béton préfabriquée : sur le
plan de la performance thermique,
les logements collectifs de type
‘tour’ cumulent tous les handicaps.
On les qualifie communément de
‘passoires thermiques’. Le niveau
de performance atteint dans cet
exemple situé à Agen n’en est que
plus probant. Photo : Seigneurie.
La capacité du mur manteau à faire rimer confort d’hiver et confort d’été n’est pas le moindre de ses mérites. Pourtant, l’efficacité
du mur manteau reste souvent méconnue lorsqu’il s’agit de préserver la fraîcheur du volume habitable en cas de fortes chaleurs.
Nous allons y revenir en détail.
Le carnet du mur manteau 7
Le confort en saison froide
De prime abord, on pourrait penser que par temps froid, il suffit de
chauffer l’air à l’intérieur du volume habitable pour créer les conditions du confort. Dans les années 80, la mode des convecteurs de type
‘grille-pain’, aussi populaires pour leur coût d’achat minime que
décriés pour leur inconfort manifeste, nous a prouvé le contraire.
Pour le profane, pourtant, le lien de cause à effet demeure confus
jusqu’à aujourd’hui. En fait, le confort thermique est une perception
subjective, mais que conditionnent directement des
paramètres bien précis. La température effectivement perçue est la moyenne arithmétique entre celle
de l’air ambiant et celle des parois ; par conséquent, si
les parois sont froides, car mal isolées, il faudra surchauffer l’air ambiant pour compenser la sensation de
froid. Cette action, à son tour, affecte négativement les
mouvements d’air et l’hygrométrie.
Résidence de vacances, Les DeuxAlpes, Isère. À presque 1700 m
d’altitude, les mérites de l’Isolation
Thermique par l’Extérieur ne sont
que plus convaincants. Architecte : Jean-Michel Villot, Le Bourget-du-Lac. Photo : Sto.
Dans un tel contexte, il paraît également logique
d’utiliser la capacité régulatrice de l’enveloppe du
bâtiment. C’est précisément l’effet engendré par une
Isolation Thermique par l’Extérieur sur le principe du mur manteau.
Celui-ci apporte des effets positifs sur quatre plans :
j La température des parois extérieures. Bien isolées, elles permettent de se rapprocher fortement de la température de l’air ambiant.
C’est une condition essentielle du confort, puisque – comme on l’a
vu plus haut – on peut considérer la température perçue comme
étant la moyenne entre la température de la face interne des parois
extérieures et celle de l’air ambiant.
j L’élimination des effets de convection. En l’absence de ponts
thermiques linéiques, les différentiels de température sur la face
interne des murs extérieurs sont
quasiment éliminés.
Rénovation de logements
sociaux, Louvroil, Nord.
L’enveloppe met en œuvre
17 cm de PSE, et en l’absence de balcons, les ponts
thermiques sont minimaux. Résultat : un très
bon confort en toute saison. Photo : Tollens.
j L’effet de lissage dû à l’inertie des
murs extérieurs. Ceux-ci stockent les
apports solaires de la journée et les
apports gratuits, tout en prévenant
un refroidissement rapide durant la
nuit. Il en résulte des économies d’énergie significatives. À noter : ce phénomène est surtout appréciable dans les locaux à occupation permanente
(habitations, environnements médicalisés, hôtels) ; dans les
locaux à usage intermittent (tertiaires, administratifs, scolaires,
etc.), l’inertie même du bâti nécessite en revanche l’anticipation et le décalage des cycles de chauffe.
Il demeure que l’ITE sur le principe du mur manteau tire directement profit de l’inertie intrinsèque des murs extérieurs – à
l’inverse d’une Isolation Thermique par l’Intérieur.
Le confort d’été
Le mur manteau est seul à offrir un confort d’été qui se rapproche de celui des maisons aux murs épais telles qu’on les
construisait autrefois.
8 Le carnet du mur manteau
Sur une construction contemporaine, pour peu que l’inertie du bâti
soit suffisante, une Isolation Thermique par l’Extérieur offre en effet
un double avantage :
j En journée, elle protège les murs
extérieurs du rayonnement solaire
direct, évitant ainsi un réchauffement excessif de la maçonnerie.
j Parallèlement, elle n’interfère pas
avec l’absorption par les murs extérieurs des apports internes – importants même en été – comme le ferait
une ITI : en ITE, au contraire, la face
interne des murs extérieurs est en contact direct avec le volume
habitable. Aussi les murs peuvent-ils absorber en journée les apports
internes, qu’il suffit ensuite d’évacuer par une bonne ventilation nocturne. Il en résulte une fraîcheur durable, même lorsqu’une période
de températures élevées se prolonge.
4. Une double fonction – isolante et décorative
Au-delà de son effet isolant, le mur manteau habille l’ouvrage, comme sa dénomination le suggère. Il se décline dans une variété de systèmes et de finitions offrant des possibilités décoratives inépuisables.
Deux exemples méridionaux de constructions
neuves isolées en mur manteau : à gauche,
complexe mixte logements / commerces à
Juan-les-Pins (photo : PRB) ; à droite, maison
de village, construction neuve dans le respect
du style régional, Haute-Corse (photo :
Seigneurie).
Façades ventilées en verre émaillé, Pôle hospitalier Femme-Mère-Enfant, Le Mans.
Disponibles dans près de 100 teintes RAL, les
panneaux de verre se distinguent par leur brillance et leur profondeur de ton. Ils sont, par
ailleurs, quasiment inaltérables. Architectes :
Atelier de la Rize, Nantes. Photo : Sto.
Sur le plan esthétique, les systèmes constructifs disponibles
– sur lesquels nous reviendrons plus loin – se conjuguent
avec les matériaux les plus divers, disponibles dans une
variété de teintes quasiment illimitée. À cet égard, si la réglementation française impose des restrictions assez fortes
au niveau des indices de luminosité des finitions en enduit
sur isolant, d’autres possibilités existent (bardages, doubles
murs, doubles peaux) qui permettent d’utiliser des teintes
sombres allant jusqu’au noir.
Les vignettes ci-dessous donnent un aperçu succint des finitions
– qui se comptent par dizaines – proposées par les divers fabricants
de systèmes*.
Enduit sur isolant, revêtement granulat
de marbre. Une
variante originale et valorisante de l’ITE
sous enduit,
disponible dans
un large éventail de teintes.
Finition en enduit, coloris
noir, sur bardage ventilé sans
joints. Ce système constructif permet d’utiliser des enduits
très sombres
dans le respect
de la réglementation.
Mosaïque de
verre : dans un
choix de tons
vifs ou pastels,
une solution
dont le rendu
très flatteur
s’accompagne
d’une grande
résistance aux
intempéries.
Bardage ventilé
en zinc : d’une
sobriété très
contemporaine,
ce matériau se
distingue par sa
souplesse de
mise en œuvre,
sa durabilité et
son entretien
très réduit.
Enduit organique structuré à
la taloche crantée : le rendu ‘à
l’ancienne’, prédestine cette
finition artisanale et rustique
à la construction traditionnelle.
Briquettes de
parement : un
revêtement
qui imite à s’y
méprendre la
brique apparente. Il est fixé
par collage sur
une ITE de
type enduit sur
isolant PSE.
Parement lourd en
béton architectonique, effet
‘pierre sèche’.
L’enveloppe,
particulièrement
résistante, est
constituée d’éléments préfabriqués en béton
incluant souvent,
comme ici, un
décor structuré.
Finition spatulée en enduit
sur isolant :
l’utilisation
d’un enduit
très fin crée
des effets de
lissage raffinés.
En matière
d’enduits, le
choix proposé
ne cesse de
s’accroître.
Vêture : le
principe allie
peau et isolant
au sein d’un
parement compact posé sans
lame d’air. Ici,
un revêtement
composite
ciment-verre
est associé à un
isolant en PSE
graphité.
*NB : l’échelle des échantillons présentés n’est pas constante.
Le carnet du mur manteau 9
Les atouts spécifiques du mur manteau
Sur le plan pratique – tout particulièrement en réhabilitation – le mur
manteau offre une remarquable série d’avantages directement liés
au principe de l’enveloppe, et par conséquent à la position des matériaux isolants à l’extérieur du volume habitable.
1. Une mise en œuvre facile en site occupé
Les logements sociaux, les copropriétés et les maisons individuelles
construits avant les années 80 du siècle dernier, dont l’isolation thermique est au mieux médiocre et souvent inexistante, constituent jusqu’à aujourd’hui l’essentiel du parc immobilier
résidentiel en France. Aucune autre catégorie de bâtiments
n’offre un potentiel d’optimisation comparable en termes
de performance énergétique, d’économie et de confort.
Ci-dessus et à droite, deux immeubles collectifs typiques des années 60-70 réhabilités en mur manteau. Les travaux de mise
en place de l’ITE ont été effectués sans compromettre à aucun moment l’habitabilité des
logements. Photos : Tollens (ci-dessus), Allios
Jefcotherm (à droite).
Or il s’agit presque toujours de bâtiments occupés à titre
permanent, dans lesquels toute intervention lourde à
l’intérieur du volume habitable n’est possible qu’en relogeant temporairement les occupants. Cette opération est
problématique dans les copropriétés et les maisons individuelles ;
dans les logements sociaux, elle
est a priori exclue. En Isolation
Thermique par l’Extérieur, les
nuisances ne sont pas entièrement absentes, en particulier en
journée lors de la fixation de
l’isolant. Mais à aucun moment,
l’utilisation du logement n’est
compromise. Il n’en va pas de même lors de la mise en place d’une
Isolation Thermique par l’Intérieur (ITI) et de l’exécution
des travaux annexes qu’elle requiert (voir plus loin).
Cet avantage vaut également pour les immeubles tertiaires,
les infrastructures médicalisées et les ERP. Ici aussi, l’utilisation transitoire de locaux de substitution est rarement envisageable. À noter : dans les établissements d’enseignement,
les vacances d’été suffisent pour procéder à une Isolation
Thermique par l’Extérieur, éliminant ainsi toute interférence
avec l’utilisation normale des locaux. Lors d’une isolation par
l’intérieur, le respect de ce délai de réalisation peut être compromis par le temps à prévoir pour les travaux annexes, à la
fois en préalable à la pose de l’isolant et à l’issue de celle-ci.
Tours jumelles en H, une autre
configuration typique des années 60. Dans des IGH de ce
type, qui peuvent abriter
plusieurs centaines de logements, il est exclu de reloger
les occupants pour la durée
des travaux d’isolation thermique. Par conséquent, l’ITE
s’impose tout naturellement.
Photo : Caparol.
10 Le carnet du mur manteau
compter les équipements sanitaires et les éviers, souvent positionnés
directement sur la face interne des murs de façade.
À cela s’ajoute fréquemment une intervention sur les faux plafonds dans les immeubles tertiaires et les ERP. Puis, à l’issue des
travaux, il faut prévoir de redécorer au
moins partiellement toutes les pièces concernées.
Copropriété, Ermont, Val d’Oise. Cette
réhabilitation en vêture confère à l’immeuble un rendu très valorisant, encore renforcé
par l’alternance de joints alignés et décalés
et par les panneaux de différents formats.
Des parties traitées en enduit sur isolant
modèrent le coût global. Photo : Zolpan-PIZ.
3. Pas de diminution de la surface habitable
Par définition, l’Isolation Thermique par l’Extérieur n’interfère pas avec
la surface habitable. Cela permet, en fonction de la performance visée
– par exemple dans le cadre du label BBC Rénovation – d’utiliser de
fortes, voire de très fortes épaisseurs d’isolant.
À l’inverse, l’Isolation Thermique par l’Intérieur réduit la
surface habitable en réhabilitation. Cette perte, proportionnelle à l’épaisseur d’isolant utilisée, est loin d’être
négligeable : dans le cas d’une maison individuelle de type
R+1 dont la surface au sol est de 80 m², la surface perdue
est de l’ordre de 10 m² pour une épaisseur d’isolant de
15 cm. Au-delà de la perte de surface utile en elle-même,
il peut en résulter, dans les zones urbaines où le prix de
l’immobilier est élevé, une baisse de la valeur transactionnelle atteignant 20 000 à 30 000 euros, voire davantage – qui n’est pas nécessairement compensée par la valorisation liée aux travaux d’isolation.
4. De faibles nuisances environnementales
Le mur manteau est un principe constructif bien en phase avec les
cibles de la démarche HQE – Haute Qualité Environnementale – telles
qu’elles ont été spécifiées par l’Association HQE (http://assohqe.org).
Maison ‘Rénopassive’, vallée de Chevreuse, Yvelines.
L’épaisseur d’isolant requise pour atteindre le niveau de
performance maison passive sur ce pavillon datant du
début des années 80 est de 300 mm. Une isolation thermique par l’intérieur de même épaisseur aurait réduit de
15 % la surface habitable en rez-de-chaussée sans
garantir la performance thermique attendue. Architectes : Atelier Karawitz, Paris. Photo : Sto.
Le mur manteau répond en effet à 8 des 14 cibles constituant la
démarche HQE :
j La relation harmonieuse du bâtiment avec son environnement.
j Le choix intégré des produits et des matériaux de construction.
j Un chantier à faibles nuisances.
j L’éco-gestion de l’énergie.
j L’éco-gestion de l’entretien et
de la maintenance.
j Le confort hygrométrique.
2. Pas de travaux annexes à l’intérieur du volume habitable
En réhabilitation, la mise en place d’une Isolation Thermique par
l’Intérieur (ITI) entraîne des travaux généralement non négligeables
en amont et en aval. Dans un premier temps, il faut modifier tous
les réseaux – électricité, eau chaude sanitaire, chauffage – situés sur
la face interne des murs de façade. Parallèlement, il faut déplacer
presque systématiquement les convecteurs ou les radiateurs, sans
j Le confort visuel.
j Les conditions sanitaires des espaces.
5. La performance thermique sans complexité excessive
Dans la construction neuve, les différent systèmes d’Isolation Thermique par l’Extérieur sur le principe du mur manteau permettent
De type MOB, cette MARPA (Maison d’Accueil Rurale pour Personnes
Agées) est située à Sainte-Florence,
en Vendée. Elle a obtenu le label
HQE tant pour sa performance énergétique que pour son mode constructif conforme au développement
durable. Photo : Seigneurie.
Le carnet du mur manteau 11
Maison passive à Vouzon, Loir-et-Cher. Dans le cas
de cette construction neuve isolée en ITE, 300 mm
de PSE graphité ont permis d’obtenir le niveau de
performance visé. Photo : Zolpan.
d’atteindre une efficacité énergétique très élevée sans exiger la mise en
place de solutions particulièrement complexes et coûteuses. L’épaisseur
d’isolant appropriée, le traitement adéquat des ponts thermiques résiduels et le découplage des balcons suffisent pour atteindre sans difficulté le niveau de performance BBC, voire, si tel est l’objectif du maître
d’ouvrage, les critères de performance de la maison passive.
Moyennant l’installation d’équipements complémentaires, principalement en matière d’énergie solaire thermique et photovoltaïque, le mur manteau répond, dès
aujourd’hui, aux exigences à venir de la construction ‘zéro énergie’ et du BEPos – Bâtiment à Energie
Positive.
À cet égard, la possibilité d’utiliser des isolants de très
forte épaisseur est particulièrement avantageuse : en
ITE sous enduit, la pose d’un isolant PSE d’épaisseur
300 mm ne pose pas de problème particulier.
5. La simplification ultérieure de l’entretien et de la maintenance
Quelle que soit la variante constructive adoptée, le mur manteau contribue très efficacement à minimiser les interventions nécessaires pour
conserver à l’enveloppe toutes ses qualités esthétiques et fonctionnelles. Pour les doubles murs en brique et les parements lourds en béton
architectonique, l’entretien est quasi nul, et la plupart des bardages,
qu’ils soient en brique, en stratifié, en matériaux composites, en terre
cuite, en verre ou en pierre naturelle, sont quasiment inaltérables.
Réhabilitation en copropriété
d’anciens logements sociaux,
Épinay-sur-Seine. On notera,
outre la mise à niveau de la
performance énergétique, la
véritable métamorphose du
bâtiment. Photos : Zolpan.
Quant aux systèmes sous enduit, la présence d’un treillis d’armature
marouflé dans l’enduit prévient les risques de fissuration et de dégradation en surface et simplifie fortement le ravalement. De plus, des
systèmes spécifiques de surisolation permettent la remise à niveau
d’une ITE en fin de cycle de vie sans dépose de l’ancien système.
6. Une véritable métamorphose esthétique en rénovation
La majorité des immeubles d’habitation construits entre l’après-guerre
et les années 80 ne s’en tient pas à la combinaison d’une très mauvaise performance énergétique et d’un impact négatif sur l’environnement avec un confort thermique médiocre. Fréquemment, les bâtiments de cette période se distinguent de surcroît par une architecture
strictement utilitariste et sans attrait. Les barres et les tours que l’on
retrouve en périphérie de toutes les villes françaises en sont autant
d’exemples. Et lorsque les immeubles ont fait l’objet d’une certaine
recherche esthétique, celle-ci s’exprime souvent au travers d’effets de
style qui ont très mal vieilli : béton cannelé, éléments préfabriqués avec
motifs géométriques en relief, façades en partie carrelées, mosaïque en
pâte de verre, etc.
Dans une telle situation, la mise en place d’un mur manteau transforme de façon spectaculaire l’esthétique de l’ouvrage – et cela
d’autant plus qu’on tirera profit du panachage des systèmes d’ITE en
associant, par exemple, un bardage à un système sous enduit, pour
un rendu original dans le respect des contraintes budgétaires.
12 Le carnet du mur manteau
Les variantes constructives du mur manteau
Le concept de l’enveloppe isolante se prête à une déclinaison large
de variantes constructives. Les différents systèmes présents sur le
marché ne se contentent pas de partager la performance
énergétique, la durabilité, les qualités esthétiques et la protection du bâti inhérentes au principe. Ils incluent la mixité
des systèmes constructifs, offrant ainsi aux concepteurs des
possibilités inépuisables de personnaliser leur projet.
Parallèlement, un large choix de modénatures et d’ornements de façade permet de donner du caractère aux constructions neuves ou de recréer quasiment à l’identique les
ornements de façade existants, dans un souci de préservation du
style spécifique de l’ouvrage ou de respect du patrimoine.
1. L’ITE sous enduit
Elle est la plus ancienne des diverses variantes du mur manteau : c’est
en Allemagne, au tout début des années 50 du siècle dernier, que les
premiers immeubles ont été isolés en ITE. Depuis, ce système constructif jouit d’une popularité qui ne se dément
pas. Il la doit à sa souplesse, à sa relative
facilité de mise en œuvre et à son rapport
coût/performance avantageux. En fonction
de la nature de l’enduit, mince ou épais, les
techniques de pose diffèrent quelque peu,
principalement au niveau de la fixation de
l’isolant, mais le principe de base reste identique : un isolant en polystyrène expansé,
plus rarement en laine minérale (principalement dans le domaine des IGH, pour répondre aux exigences de la réglementation au feu) ou en fibre de bois,
est associé à un enduit de base et à un enduit de finition, complété
ou non par une peinture décorative. La durabilité et la résistance de
l’enduit sont améliorées par un treillis d’armature en fibre de verre
marouflé dans l’enduit de base.
Les enduits minces sont généralement de type organique ou à la chaux
aérienne. Les enduits lourds, pour leur part, sont de type hydraulique.
Lotissement de logements sociaux BBC, St-Dié-des
Vosges : un bon exemple des possibilités de panacher
les systèmes d’isolation en mur manteau. Ces constructions de type MOB combinent une ITE sous enduit
mince en rez-de-chaussée avec des tuiles posées en
bardage et un bardage bois (non visible sur la photo) à
l’étage. Architecte : Antoine Pagnoux, St-Dié. Photo :
Sto.
1
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Mur extérieur
Mortier colle*
Isolant
Enduit de marouflage
Treillis d’armature
Enduit de finition
Modénature rapportée
sans pont thermique
*complété par une fixation
mécanique de l’isolant
– non illustrée – en rénovation et pour les enduits lourds.
Harpages d’angle et encadrements de fenêtres :
deux exemples typiques
de mise en œuvre de
modénatures en matériaux légers. Photo : NMC.
Au-delà des systèmes standard conçus pour des supports maçonnés
traditionnels – et en raison de l’engouement pour le principe de l’ossature bois – les fabricants proposent désormais des ITE sous enduit spécialement adaptées aux constructions de type MOB.
La souplesse du système le prédestine par ailleurs à une série de
variantes plus spécifiques associant l’isolant à une finition en plaquettes de céramique, en briquettes de parement, en mosaïque, etc.
Un très large éventail d’ornements de façade, spécifiquement conçus
pour une utilisation en ITE sous enduit, est également disponible.
Il s’ouvre sur des possibilités décoratives originales et multiples. Lorsque le projet l’exige, généralement dans un but de protection du
patrimoine architectural, il est même possible de faire fabriquer des
Le carnet du mur manteau 13
La double peau du siège social de
Kappa France à St-Herblain, en
Loire-Atlantique, est un élément
clé de l’esthétique du bâtiment :
les ajours de la peau en aluminium découpée au laser créent
des effets changeants d’ombre et
de lumière. Architectes : Bodreau
Architecture, Nantes. Photo : Sto.
modénatures entièrement sur mesure. Cela permet de procéder, dans
le respect du cahier des charges des Architectes des Bâtiments de
France, à la réhabilitation en mur manteau de certains immeubles
classés ou situés dans un périmètre protégé.
j la pierre naturelle,
Sur le plan technique, les modénatures sont généralement réalisées en
matériaux à la fois légers et rigides – mousse thermoplastiques, granulat de verre expansé, etc. – et fixées sans pont thermique sur l’ITE.
j le bois, notamment sous forme de clins.
Une autre finition basée sur le principe de l’ITE sous enduit mérite
également une mention. Il s’agit – dans un registre très différent
et résolument contemporain – de la double peau. Fixée sans
ponts thermiques sur la façade, elle offre des possibilités valorisantes et souvent spectaculaires de mettre les jeux d’ombres
et de lumière et les effets de transparence au service du concept architectural.
On voit notamment se développer les peaux en métal découpé au laser (photo ci-contre). Elles donnent à l’architecte une
très grande liberté créative et bénéficient à ce titre d’un fort
intérêt.
2. Le bardage ventilé
Qu’il s’agisse des matières ou des coloris, le mur manteau sur le
principe du bardage ventilé offre, dans des contextes généralement
contemporains, un choix inégalable.
Cela d’autant plus que, compte tenu de son système constructif qui ménage une lame d’air entre
l’isolant et le parement, l’éventail des teintes n’est
pas limité par la réglementation, alors que celle-ci
impose des indices de luminosité élevés pour les
systèmes sous enduit (si l’on exclut les peintures et
enduits ‘froids’ réfléchissant une part du rayonnement infrarouge, telles que certains fabricants les
proposent). La finition en bardage s’impose par
conséquent lorsque le concept architectural prévoit
des teintes très soutenues, voire sombres.
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3
4
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Mur extérieur
Ossature primaire
Ossature secondaire
Isolant
Bardage
Mais c’est plus encore par la variété des matières disponibles que le
bardage ventilé se distingue. De façon non limitative, elles incluent
j le stratifié compact de type HPL (High Pressure Laminate) et les
panneaux haute densité en fibre de bois ou en laine minérale,
j la terre cuite,
Trois exemples types de bardage
et de fixation sur l’ossature
A Bardage mince, type stratifié,
fixation mécanique
B Bardage courbe postformé,
fixation invisible par agrafes
C Bardage terre cuite, fixation
par emboîtement et cavaliers
14 Le carnet du mur manteau
j les matériaux composites, en particulier la pierre reconstituée,
A
B
C
j les panneaux en verre émaillé et la mosaïque de verre,
j le métal – le zinc étant le plus utilisé,
Il existe par ailleurs un système de bardage ventilé
sans joints permettant de retrouver une finition de
type enduit en liaison avec les avantages techniques
du bardage. Il permet ainsi d’utiliser des enduits sombres allant jusqu’au noir.
Sur le plan pratique, la fixation des bardages s’effectue sur
une ossature le plus souvent double : l’ossature primaire est
fixée sur la façade, l’ossature secondaire reçoit les bardages proprement dits. Ceux-ci sont maintenus en place, selon le cas, par
emboîtement sur des profilés selon un principe de rainure et languette, par des agrafes ou par des fixations mécaniques.
En réhabilitation, le bardage offre deux avantages spécifiques : la
possibilité de compenser de forts défauts de planéité
du support par simple réglage de l’ossature, et celle
d’exercer, grâce à la lame d’air, un effet assainissant
– si nécessaire – sur la maçonnerie d’origine.
Façade ventilée en verre émaillé : la profondeur de
teintes et les effets de miroir de l’habillage valorisent
fortement ce centre de formation situé à Verrières-leBuisson, dans l’Essonne. Noter les volets coulissants
assortis. Réalisés en tôle perforée, il sont montés en
applique pour minimiser les ponts thermiques. Architectes : AFA, Courbevoie. Photo : Sto.
Traitement d’un point singulier : liaison mixte bardageenduit à la jonction entre tableau, nu extérieur du mur et
renfoncement traité en ITE sous enduit. Photo : Zolpan.
Techniquement, le bardage ventilé est cependant un
système particulièrement exigeant au stade de la pose. Il nécessite
en amont un calepinage très précis de la façade, suivi d’une grande
rigueur lors du montage sur chantier. À cela s’ajoute la nécessité de
traiter de manière adéquate l’ensemble des points singuliers, dont
beaucoup requièrent l’utilisation d’accessoires spécifiquement adaptés aux caractéristiques distinctives du produit.
3. La vêture et le vêtage
Utilisés essentiellement en réhabilitation, ces deux système constructifs
offrent l’avantage d’une mise en œuvre simplifiée, la pose s’effectuant
sans lame d’air.
La vêture est constituée d’éléments modulaires prêts à poser. De type
monobloc, ils associent l’isolant et le parement et se fixent, généralement par emboîtement et/ou rainurage, sur des profilés eux-mêmes
solidarisés à la maçonnerie. Le vêtage consiste pour sa part à rapporter
des parements de type bardage directement sur l’isolant.
Au niveau des matières, les
possibilités esthétiques et
techniques se rapprochent
de celle du bardage.
A
Rénovation en vêture d’un collège à
Jeumont, Nord. Sa
résistance aux chocs
prédestine ce système d’ITE aux bâtiments fortement exposés.
Photo : Zolpan-PIZ.
B
A. Vêture (à gauche)
Dans la pratique, cependant, sachant qu’il s’agit
de systèmes souvent choisis pour leur coût avantageux, les matériaux
composites dominent.
1 Mur extérieur
2 Rail de fixation
3 Éléments monoblocs
isolant + parement
B. Vêtage (à droite)
1 Mur extérieur
2 Isolant
3 Parement
Le carnet du mur manteau 15
4. Le double mur
Le double mur est un exemple très probant du rôle d’enveloppe protectrice que joue le mur manteau. Bien que son principe ne soit pas
lié à un matériau particulier, dans la pratique, il est généralement réalisé en briques apparentes, ce qui lui confère
un impact esthétique très marquant.
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Mur extérieur
Isolant
Double mur
Attache métallique
Console en acier
Double mur ‘3D’ (photo
de droite) : les briques en
saillie intégrées au double
mur créent une animation raffinée de la façade.
Photo : Fixinox.
Le double mur brique est un système constructif largement
utilisé en Grande-Bretagne (‘cavity wall’) et au Benelux, où il
concilie les impératifs de la performance énergétique avec le
respect des traditions architecturales.
De telles traditions existent aussi
dans certaines régions françaises, en
particulier le Nord et le Sud-Ouest,
et se retrouvent dans des ensembles
architecturaux homogènes correspondant à l’engouement d’une époque – sur le modèle de la brique de
Vaugirard des années 1900.
Parallèlement, le double mur brique a la
faveur des architectes dans le cadre de projets
contemporains. Les effets de pose de type ‘3D’
et la forte personnalité du matériau s’ouvrent
sur des réalisations originales et très valorisantes – d’autant qu’au-delà des teintes traditionnelles, les briques offrent
un choix de nuances allant de l’ocre jusqu’au gris anthracite.
WINITE 2012 : optimiser les liaisons mur manteau-baies
Pour répondre aux exigences globales de la RT 2012, il faut optimiser la qualité de l’enveloppe dès le stade de la conception, afin de
respecter les valeurs maximum en termes d’efficacité énergétique
– Bbio max – et de consommation – Cep max.
Chacune dans son domaine, l’ITE et la paroi vitrée proposent des
réponses adéquates, capables de satisfaire ces exigences. Mais le
bon traitement des liaisons, qui conditionne tant
l’étanchéité de l’ouvrage à l’air et à l’eau que
l’absence de ponts thermiques, requiert une approche rigoureuse et la mise en pratique de règles
précises. Le présent chapitre résume l’étude
WINITE 2012* et se propose d’en préciser les
tenants et les aboutissants.
Immeuble tertiaire, Vannes, Morbihan.
Cette réalisation doit sa personnalité à
l’asymétrie des fenêtres en étage et à
la façade courbe du rez-de-chaussée,
qui a été traitée en isolant PSE cintré en
usine. Architectes : Axiale Architecture,
Saint-Grégoire, Ile-et-Vilaine. Photo :
Parex Group.
L’objectif de WINITE 2012 est très concret : aboutir
à une série de solutions pratiques permettant de
traiter les liaisons mur manteau-menuiseries dans le
respect des contraintes économiques, des objectifs
de performance et des règles de l’art.
Il en a résulté une série de fiches techniques qui
décrivent les solutions requises et les bonnes pratiques en fonction
de trois critères :
j Le type de menuiserie concerné – fenêtre, porte-fenêtre, volet,
protection solaire, etc.
5. Le parement lourd
Fondé sur l’utilisation d’éléments préfabriqués en béton architectonique, souvent de grandes dimensions, le parement lourd constitue une
variante très spécifique du mur manteau. Le procédé, simple dans son principe, est techniquement complexe, notamment au niveau de la statique de l’ouvrage, sachant que
chaque élément peut mesurer 10 m² ou plus et peser plusieurs tonnes. Il est également coûteux et délicat au stade
de la mise en œuvre sur chantier. C’est pourquoi le parement lourd ne s’utilise que dans la construction neuve et
presque exclusivement dans les immeubles tertiaires, les
bâtiments publics et les établissements d’enseignement.
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Mur extérieur
Suspente en inox
Isolant
Parement lourd
Distanceur en inox
Immeuble tertiaire et commercial, ZAC Seguin, BoulogneBillancourt (photo de droite). Ici, le parement lourd imite
une maçonnerie en pierre sèche, un choix original pour un
rendu très contemporain (voir détail en page 9). Architectes : KCPA Architects & Planners, Rotterdam (Pays-Bas).
Photo : Fixinox.
16 Le carnet du mur manteau
Il allie la sobriété et la rigueur du béton à la possibilité d’intégrer des motifs ornementaux et des structures obtenus par
moulage. Il se prête également à des traitements de surface imitant
notamment la pierre naturelle brute (voir en page 9).
En termes de durabilité,
par son principe même et
compte tenu des matériaux
de base utilisés – béton et
inox – le parement lourd
est quasiment inaltérable.
j Le système constructif mis en œuvre au niveau du mur manteau.
j La position de la menuiserie considérée – au nu intérieur, en tableau/ en ébrasement, en applique extérieure.
Ainsi, l’étude WINITE 2012 complète les solutions conventionnelles faisant l’objet des documents réglementaires.
Elle permet d’intervenir de façon rationnelle et professionnelle, avec une objectif : éviter que des ponts thermiques
résiduels, générés par un traitement inadéquat ou improvisé des liaisons mur manteau-baies, viennent compromettre l’efficacité énergétique globale et la durabilité du
système constructif.
1. Les règles de l’art
Deux documents normatifs décrivent sur un plan général les liaisons
mur manteau-baies dans la construction neuve et la réhabilitation :
j La norme NF DTU 36.5 ‘Mise en œuvre des fenêtres et portes
extérieures’, datant d’avril 2010.
j L’e-Cahier n° 3709 du CSTB ‘Systèmes d’isolation thermique exté-
rieure avec enduit mince sur PSE : principe de mise en œuvre autour
*WINITE 2012 est le fruit d’une initiative conjointe du Groupement du Mur Manteau,
de l’ADEME et du groupe Millet en tant qu’industriel spécialiste des menuiseries
extérieures. L’étude a été menée par la société TBC Conseil, Recherche et Innovation.
Immeuble tertiaire, fenêtres en applique extérieure. On distingue bien
les pattes de fixation qui
solidarisent les menuiseries avec le gros œuvre
en parpaings maçonnés.
Une fois l’isolant en laine
minérale mis en place, les
fenêtres sont positionnées au nu extérieur de
l’enveloppe.
Photo : Rockwool.
Le carnet du mur manteau 17
des baies – liaisons avec une fenêtre’. Ce document, datant de mai
2012, est inspiré des solutions proposées par l’étude WINITE 2012.
2. Les ponts thermiques de la liaison mur manteau-baies
L’analyse de l’impact des ponts thermiques linéaires psi sur une fenêtre
label ACOTHERM de dimensions H155 cm x L140 cm montre que
j la fenêtre posée au nu intérieur – la variante la plus
répandue en France – conduit à un impact des qui
correspondrait à une augmentation du coefficient Uw
de l’ordre de 0,25 à 0,35 W/m2K pour un mur en
maçonnerie. Avec un mur en béton, il augmente de
0,30 à 0,45W/m2K.
Fiche 1 : Fenêtre posée en tableau, ITE sous enduit
La fenêtre à frappe posée en tableau au nu extérieur du mur correspond au cas 3 de l’e-Cahier du CSTB n° 3709 : Pose côté extérieur,
calfeutrement en tunnel/fixation en tableau.
L’embrasure extérieure peut être traitée grâce à un encadrement
associé à la menuiserie. Le traitement du retour de l’isolant fait appel
Linteau et voussure
Coupe horizontale
j la fenêtre posée en tableau conduit à un impact des qui correspondrait à une augmentation du coefficient Uw
de 0,15 à 0,30 W/m2K, et cela quel que soit le type de mur.
j la fenêtre posée en applique extérieure conduit à un impact des qui correspondrait à une augmentation du coefficient Uw
inférieure à 0,10 W/m2K.
À noter : dans la construction neuve et en fonction notamment de
l’épaisseur du mur ou de la bonne isolation des retours, les deux
premières valeurs peuvent s’avérer surestimées.
Extérieur
Intérieur
3. Le postulat du mur manteau
Volume idéal
de pose de la
menuiserie
Isolant
Mur
extérieur
La finalité de la démarche WINITE est de rationaliser la pose de la
menuiserie tout en obtenant un résultat durable et performant en
matière d’efficacité thermique comme d’étanchéité à l’air et à l’eau.
Dans cette perspective, l’étude WINITE est fondée sur un postulat
de base : le volume de pose idéal met toujours la menuiserie au
contact de la face externe du mur extérieur, à la jonction entre le
gros œuvre et l’isolant.
4. Les fiches WINITE : remarques préliminaires
Les exemples donnés se rapportent aux systèmes en ITE sous enduit
et aux bardages. Les schémas et les principes de pose sont cependant extrapolables à d’autres systèmes de mur manteau – vêtage,
vêture, etc.
à des profilés spécifiques. Deux types de fixation sont possibles :
À noter : les matériaux constitutifs de la fenêtre – bois, aluminium,
PVC et autres – ne font pas l’objet d’une approche différenciée. De
façon plus immédiatement pertinente, l’étude est centrée sur les
caractéristiques fonctionnelles des menuiseries et des composants
connexes, en particulier sur la cinématique de la fenêtre, le type
d’encadrement et les fermetures et protections.
j Fixation par l’intérieur à l’aide de pattes-brides fixées préalable-
j Fixation par l’extérieur à l’aide de pattes-brides fixées préalable-
ment soit sur la menuiserie, soit sur la maçonnerie, puis sur l’extérieur du mur ou le tableau de la baie.
ment soit sur la maçonnerie à l’extérieur du mur ou sur le tableau
de la baie, soit sur la menuiserie.
Pour optimiser le coefficient , un recouvrement de la menuiserie
par une épaisseur d’isolant suffisante s’avérera bénéfique.
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Menuiserie
Gros œuvre
Plot de colle ou fixation
Isolant
Enduit
Fixation de la menuiserie
Bavette
Jonction menuiserie-enduit
Calfeutrement menuiserie
Précautions
Les organes de rotation de la fenêtre étant proches des tableaux, une
fourrure (ou ‘fausse tapée’) ou un ébrasement oblique assureront une
ouverture plus large des vantaux. D’autre part, afin de prévenir les risques d’infiltration, la bavette doit être posée avec soin.
18 Le carnet du mur manteau
Le carnet du mur manteau 19
Fiche 2 : Fenêtre posée en applique extérieure
La fenêtre à frappe posée en applique extérieure correspond aux
cas 1 et 2 décrits dans l’e-Cahier du CSTB n° 3709 : Pose côté extérieur en applique.
Dans la variante sous enduit, l’embrasure extérieure peut être traitée grâce à un encadrement associé à la menuiserie ou par retour
du système d’ITE complété par des profilés spécifiques.
ITE sous enduit : coupe horizontale
ITE sous enduit : linteau et voussure
L’optimisation du coefficient peut s’effectuer en jouant sur
l’épaisseur de l’isolant extérieur et en dotant le retour sur la menuiserie d’une épaisseur d’isolant suffisante. Il est notamment intéressant d’effectuer un retour d’isolant sur la traverse basse.
Au niveau des pattes de fixation, on peut réduire le pont thermique
entre la menuiserie et le gros œuvre en remplaçant les pattes de fixaBardage : linteau et voussure
Bardage : coupe horizontale
Encadrement monobloc ou rapporté
tion en métal par des fixations en polymère ou composites. Ces pattes
devront être conformes aux exigences correspondantes du DTU.
Retour de l’enduit droit ou oblique
traité à l’aide de profilés spécifiques
Deux types de fixation sont possibles :
j Fixation par l’extérieur à l’aide de pattes-brides fixées préalable-
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Menuiserie
Gros œuvre
Plot de colle ou fixation
Isolant
Enduit
Fixation de la menuiserie
Bavette
Jonction menuiserie-enduit
Calfeutrement menuiserie
Habillage intérieur
20 Le carnet du mur manteau
ment soit sur la menuiserie, soit sur la maçonnerie, puis sur l’extérieur du mur ou le tableau de la baie.
j Fixation par l’intérieur à l’aide de pattes-brides fixées préalable-
ment sur la maçonnerie ou sur la menuisierie.
Calfeutrement
En complément du calfeutrement de la jonction fenêtre-gros œuvre
(mastic élastomère ou plastique et bande de mousse imprégnée), la
partie haute doit être protégée par une membrane d’étanchéité ou
un profilé rigide.
Précautions
Les organes de rotation de la fenêtre étant proches des tableaux, la
mise en place d’une rehausse ou un ébrasement oblique assureront
une ouverture plus large des
vantaux.
D’autre part, en cas d’utilisation
d’une bavette rapportée et pour
prévenir les risques d’infiltration
dans l’isolant, la bavette doit être
posée avec soin.
Fenêtre montée en applique,
ITE sous enduit sur isolant fibre
de bois (à gauche), bardages
ventilés sur isolant fibre de bois
(à droite). Noter les pattes de
fixation latérales qui solidarisent
la menuiserie au gros œuvre.
Photo : Millet.
Le carnet du mur manteau 21
Fiche 3 : Fenêtre posée au nu intérieur
La fenêtre à frappe posée au nu intérieur du mur correspond au
cas 4 de l’e-Cahier du CSTB n° 3709 : Pose côté intérieur, calfeutrement en tunnel/fixation en applique.
Calfeutrement
Le calfeutrement de la menuiserie doit s’effectuer de préférence sous
le dormant et non contre l’aile de finition du dormant.
Dans la variante sous enduit, l’embrasure extérieure peut être traitée grâce à un encadrement associé à la menuiserie ou par retour
du système d’ITE complété par des profilés spécifiques.
L’optimisation du coefficient exige, tout particulièrement pour ce
type de pose, la mise en place d’un retour d’isolant sur la menuiserie.
Cela permettra, en limitant le pont thermique, de réduire les déperdi-
ITE sous enduit : coupe horizontale
ITE sous enduit : linteau et voussure
Bardage : linteau et voussure
Bardage : coupe horizontale
Encadrement monobloc ou rapporté
tions inhérentes à ce positionnement de la fenêtre. Une forte épaisseur
d’isolant en façade et sur le retour contribuera également à améliorer
le coefficient .
Retour de l’enduit droit ou oblique
traité à l’aide de profilés spécifiques
Remarque importante
En France, le montage de la fenêtre au nu intérieur reste un cas fréquent. Cela peut s’expliquer par la force de l’habitude et la commodité d’une pose par l’intérieur. Sur le plan de la performance thermique, une telle position de la fenêtre est cependant pénalisante
– et une aberration par rapport au principe du mur manteau.
Précautions
Afin de prévenir les risques d’infiltration dans l’isolant, la pose d’une
éventuelle bavette rapportée doit être effectué avec soin.
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Menuiserie
Gros œuvre
Plot de colle ou fixation
Isolant
Enduit
Fixation de la menuiserie
Bavette
Jonction menuiserie-enduit
Calfeutrement menuiserie
Habillage intérieur
Pour tirer tout le profit d’une isolation thermique en mur manteau,
il est en effet nécessaire de positionner la fenêtre entre le milieu du
mur et le milieu de la couche d’isolant (voir schéma en page 18).
22 Le carnet du mur manteau
Le carnet du mur manteau 23
Fiche 4 : Volets roulants et stores, ITE sous enduit
Diverses solutions sont adaptées à l’intégration de fermetures et de
protections solaires dans une Isolation Thermique par l’Extérieur
sur le principe du mur manteau. Le choix proposé n’est pas limitatif et d’autres solutions peuvent être développées.
4.1 Coffre de volet roulant
posé entre tableaux
système sous enduit, la plaque d’isolant recouvrant le coffre doit être
fixée sur un lambrequin qui la désolidarise du coffre proprement dit.
La fixation de l’isolant directement sur le coffre n’est pas admise.
A. Volets roulants
4.2 Coffre de volet roulant avec trappe de visite menuisée
Dans le cas d’un système sous enduit, il est pertinent de fixer au mur
une plaque support pour assurer une bonne accroche de l’isolant.
Pour limiter le pont thermique, il est recommandé de mettre en place
un isolant à l’intérieur du coffre de volet roulant, sur la surface la plus
proche du mur. La lame finale du tablier peut contribuer à assurer
une bonne étanchéité du coffre de volet roulant. Concernant cette
4.3 Coffre de volet roulant posé en applique extérieure
Selon l’épaisseur de l’isolant, le coffre de volet roulant monté sur la
face extérieure du mur fera saillie. Pour améliorer l’esthétique, on
peut imaginer d’habiller la partie visible du coffre.
4.2 Coffre de volet roulant
avec trappe de visite menuisée
4.3 Coffre de volet roulant
posé en applique extérieure
dernière, on se reportera au DTU 25.42, et au paragraphe 5.1.6 du
DTU 36.5 pour les coffres dépassant le nu extérieur du mur.
À noter : pour les immeubles collectifs et des bâtiments dont la hauteur dépasse R+1, la trappe de visite du coffre de volet roulant doit
être accessible soit depuis l’intérieur, soit depuis un balcon.
Store vénitien posé en applique extérieure
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Menuiserie
Gros œuvre
Plot de colle ou fixation
Isolant
Enduit
Fixation de la menuiserie
Bavette
Jonction menuiserie-enduit
Calfeutrement menuiserie
Habillage intérieur
B. Protections solaires : stores vénitiens, stores enroulables, etc.
Les solutions adaptées à l’intégration d’un volet roulant dans une
Isolation Thermique par l’Extérieur peuvent être transposées aux
diverses variantes de stores. Les coffres sont alors d’épaisseur inférieure, et il n’y a pas de pont thermique.
4.1 Coffre de volet roulant posé entre tableaux
Pour limiter le risque de fissures au niveau de la jonction entre les
plaques d’isolant, la plaque de plus faible épaisseur doit dépasser de
20 cm mini. la hauteur du coffre de volet roulant. Dans le cas d’un
24 Le carnet du mur manteau
Le carnet du mur manteau 25
Fiche 5 : Volets battants et volets coulissants
La présente fiche de deux exemples types, adaptés l’un à une ITE sous
enduit, l’autre à une ITE en bardage. Dans les deux cas, la fenêtre est
montée en tableau au nu extérieur.
A. Volet battant, montage sur ITE sous enduit
Pour éviter de créer un pont thermique à l’emplacement du gond
de volet tout en assurant le déport nécessaire par rapport au gros
Linteau et voussure : volet battant,
montage sur ITE sous enduit
Coupe horizontale : volet battant,
montage sur ITE sous enduit
œuvre, la solution la
plus appropriée consiste à fixer le gond
sur un support ponctuel, lui-même rapporté sur la maçonnerie.
Ce support est réalisable dans divers
matériaux offrant de
bonnes qualités isolantes : béton cellulaire, matériaux composites, polymères, etc. À noter : il existe sur le marché des produits
conçus spécifiquement pour la fixation sans pont thermique d’accessoires tels que les gonds de volets, mais aussi les stores, garde-corps,
éclairages extérieurs, etc. Ces solutions s’adaptent à toutes les épaisseurs d’isolant.
adjacent. La zone dans laquelle le vantail vient se placer en position
ouverte est dite ‘zone de refoulement’.
Bien qu’il soit possible de ménager de telles zones de refoulement
dans un système d’ITE sous enduit, les ITE en bardage sont particulièrement adaptées au galandage : les zones de refoulement viennent
se positionner au niveau de la lame d’air, ce qui est bien en phase
avec la logique du système.
Coupe horizontale : volet coulissant à galandage intégré à un bardage ventilé
Le traitement des ponts
thermiques résiduels est
assez simple et le système est robuste. Sur le
plan esthétique, il offre
un rendu très sobre en
position ouverte comme
en position fermée, qui le
prédestine notamment
aux immeubles de style
contemporain.
Linteau et voussure : volet coulissant à
galandage intégré à un bardage ventilé
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Menuiserie
Gros œuvre
Plot de colle ou fixation
Isolant
Enduit
Fixation de la menuiserie
Bavette
Jonction menuiserie-enduit
Calfeutrement menuiserie
Habillage intérieur
B. Volet coulissant à galandage intégré à un bardage ventilé
Le principe du galandage est fondé sur l’utilisation d’éléments rétractables coulissant sur des rails. Il peut s’appliquer à la baie ou à la
porte-fenêtre proprement dite (cf. l’exemple d’une porte-fenêtre à
galandage en page 29), mais aussi au volet. C’est le cas traité ici. En
position ouverte, chacun des vanteaux s’efface à l’intérieur du mur
26 Le carnet du mur manteau
Le carnet du mur manteau 27
Fiche 6 : Solutions portes et portes-fenêtres
De telles solutions doivent répondre impérativement à deux exigences : la minimisation des ponts thermiques, bien entendu, mais
aussi l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite.
Cas de la porte ou de la porte-fenêtre sur terrasse ou jardin
En partie basse devant une porte, une épaisseur d’isolant de 6-10 cm
est suffisante pour ramener le pont thermique à une valeur acceptable.
Les deux exemples ci-dessous représentent des portes ou des portesfenêtres posées en tableau au nu extérieur du gros œuvre et s’ou-
En soubassement, il conviendra d’utiliser un isolant imputrescible, non
hydrophile et résistant à la compression, en le protégeant par un enduit d’imperméabilisation complété par une protection mécanique. Il
existe sur le marché des solutions développées spécialement
pour traiter de manière adéquate les soubassements en Isolation Thermique par l’Extérieur.
Linteau et seuil : porte ou porte-fenêtre à frappe,
ITE sous enduit
L’optimisation du coefficient peut s’effectuer en jouant
sur l’épaisseur de l’isolant extérieur et en faisant varier
l’épaisseur de l’isolant sur les jambages. Le traitement du
seuil fera l’objet d’un soin particulier. Comme indiqué plus
haut, la mise en œuvre de matériaux peu conducteurs est
recommandée.
Accessibilité aux personnes à mobilité réduite
Si des personnes à mobilité réduite doivent pouvoir accéder
aux locaux, la hauteur maximale du seuil autorisée par la réglementation est de 20 mm (arrêté du 1er août 2006 et décret
du 30 novembre 2007). Rappelons à ce propos que dans les
immeubles d’habitation collectifs, tout balcon, loggia ou terrasse dont
la profondeur dépasse 60 cm doit être accessible aux personnes à
mobilité réduite.
Seuil : porte-fenêtre à galandage, intégrée
à un mur manteau en bardage ventilé
Cela vaut pour les logements situés en rez-de-chaussée et à tous les
étages accessibles par ascenseur.
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Menuiserie
Gros œuvre
Plot de colle ou fixation
Isolant
Enduit
Fixation de la menuiserie
Bavette
Jonction menuiserie-enduit
Calfeutrement menuiserie
Habillage intérieur
Porte-fenêtre à galandage : elle est intégrée
ici à un mur manteau
de type bardage ventilé.
On reconnaît l’isolant
fibre de bois, l’ossature
primaire bois et l’ossature secondaire métallique sur laquelle est fixé
le bardage.
Photo : Millet.
vrant sur une terrasse ou un jardin. Le traitement des balcons n’est
pas illustré ici. La liaison balcon-gros œuvre – hors incidence des
menuiseries – fait l’objet d’une fiche spécifique en pages 38-39.
Deux solutions sont praticables en construction neuve :
j Le balcon en béton avec rupteur thermique entre la dalle et le
balcon
j Le balcon désolidarisé sur poteaux en bois ou métalliques ou sur
voiles béton. Seul un caillebotis assure la jonction entre le balcon et le
volume habitable. Le pont thermique est presque entièrement éliminé.
Au niveau de la pose, Il est recommandé de procéder à une fixation
en tableau dans tous les cas – même si la pose est effectuée par
l’extérieur. Cela réduira en effet les risques d’effraction. Les principes
généraux de pose sont similaires à ceux régissant les fenêtres posées
en tableau (voir fiche 1 en page 19).
La pièce d’appui recouvrant l’isolant à la verticale du seuil sera choisie
de préférence dans un matériau peu conducteur pour limiter le pont
thermique.
28 Le carnet du mur manteau
Le carnet du mur manteau 29
Les solutions WINITE en rénovation
L’étude WINITE 2012 proprement dite se limite au traitement de la
liaison mur manteau-baies dans la construction neuve. Cependant,
au sein du parc immobilier global, la proportion des bâtiments fortement déperditifs – datant notamment du boom immobilier des
‘Trente Glorieuses’, durant lequel les considérations énergétiques
étaient quasi inexistantes – reste très importante. Aussi le marché de
la réhabilitation, qu’il s’agisse d’habitations individuelles ou
A.1 Montage en tableau
avec suppression du nez de l’appui
A.2 Montage en tableau
avec suppression intégrale de l’appui
j La fenêtre existante, souvent en bois, est encore en bon état. On
peut alors la conserver tout en plaçant à l’extérieur une nouvelle
menuiserie dotée d’un vitrage isolant.
j La fenêtre existante avait déjà été traitée, grâce à la pose d’une
solution de réhabilitation intégrée positionnée sur l’ancien dormant.
Comme en travaux neufs, la liaison ITE-baies doit être soignée pour
éviter tout pont thermique
Remarque importante : les sept vues en coupe présentées sur les
pages 30 à 33 sont à considérer comme des schémas de principe.
A. Pose d’une nouvelle fenêtre en tableau avec traitement de l’appui
La solution préconisée reprend le principe de la pose en tableau, telle qu’elle
est décrite en page 18. La différence
concerne le traitement de la liaison
horizontale basse au niveau de l’appui
de fenêtre existant.
Augmentation
de la surface
d’éclairement
B. Coffre de volet roulant
posé en applique extérieure
Deux solutions, illustrées en page de
gauche, sont possibles :
A.1 Suppression du nez de l’appui
Dans ce premier cas, la reconstitution
de l’appui et la tranche de l’ITE doivent être parfaitement coplanaires
avant la pose de la traverse basse du
dormant et de sa nouvelle bavette
(débord mini. 7 cm)
A.2 Suppression intégrale de l’appui
Dans ce second cas, l’intervention est
plus lourde, mais on augmente la surface d’éclairement de façon non négligeable (voir schémas ci-contre).
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Menuiserie
Gros œuvre
Plot de colle ou fixation
Isolant
Enduit
Reconstitution de l’appui
Nouvelle bavette
Jonction menuiserie-enduit
Calfeutrement menuiserie
Habillage intérieur
Ancien appui de fenêtre
d’immeubles collectifs et tertiaires, est-il appelé à demeurer
encore longtemps, en termes de volume, le principal domaine
d’application de l’Isolation Thermique par l’Extérieur.
Certaines des solutions présentées dans les pages qui précèdent
s’appliquent également aux constructions existantes. C’est le cas lorsqu’aucun élément de l’ancienne fenêtre n’est conservé. Par suite, on
se retrouve dans le cas de la construction neuve. Mais d’autres situations et les systèmes développés spécifiquement par les fabricants de
menuiseries méritaient un éclairage particulier. Une étude complémentaire a donc été menée. Les exemples qui suivent en donnent les
orientations principales dans trois situations types :
B. Pose des volets
Dans le cas de volets battants, on
retrouve le cas présenté en page 26.
Si l’on opte pour un volet roulant, le
coffre posé en applique extérieure
sera intégré dans l’épaisseur de l’ITE,
comme l’illustre l’exemple B ci-dessus.
Rénovation à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie).
Cette maison datant du milieu du siècle dernier et
soumise aux rigueurs du climat alpin offre un
exemple probant de l’intérêt de soigner la liaison
ITE-baies. L’opération combinée de ravalement et
de mise à niveau thermique s’est traduite par un
gain de trois étiquettes énergétiques. Comme souvent en rénovation, la préférence est allée à des
menuiseries PVC. Photo : Parex Group.
j La fenêtre existante n’est pas conservée, mais l’ancien appui de
fenêtre doit faire l’objet d’un traitement adéquat pour parvenir à une
solution aboutie et cohérente.
30 Le carnet du mur manteau
Le carnet du mur manteau 31
Les solutions WINITE en rénovation (suite)
Comme mentionné en page précédente, il n’est pas rare que la
menuiserie existante en bois soit encore en relativement bon état.
Il peut alors s’avérer intéressant de conserver tout ou partie de
l’ancienne fenêtre.
C. Pose d’une nouvelle fenêtre sans suppression de l’ancienne
Trop souvent, on néglige d’envisager cette solution, qui associe
performance thermique de très bon niveau et affaiblissement
acoustique efficace – un avantage appréciable lorsque l’habitation
est située sur une voie très passante. La performance du système
sera encore meilleure si la menuiserie existante est déjà dotée d’un
double vitrage isolant de 6 ou 8 mm, comme sur la coupe horizontale ci-dessous.
C. Pose sans suppression de l’ancienne fenêtre
Coupe horizontale
La mise en place de la nouvelle fenêtre s’effectue dans le volume de
pose idéal (voir en page 18) au nu extérieur de la maçonnerie : on
aura pris soin au préalable – comme dans l’exemple A.1 présenté précédemment et pour les mêmes raisons – de supprimer le nez de l’appui
de fenêtre. Quant à la fenêtre préexistante, elle sera désormais protégée des agressions extérieures. Même si sa traverse basse est parfois
dégradée, l’ancienne fenêtre conservera, après un nettoyage et une
éventuelle peinture, toutes ses caractéristiques fonctionnelles.
Précautions
Si l’on installe une fenêtre neuve à la française, ses dimensions devront
permettre d’ouvrir celle-ci à l’intérieur de la surface d’ouverture de
32 Le carnet du mur manteau
l’ancienne fenêtre, puisque l’ouvrant et le dormant de cette dernière
sont conservés. Pour pallier cette contrainte, le recours à une fenêtre
coulissante extérieure est la solution recommandée.
Par ailleurs, pour éviter la condensation, il faudra que le double vitrage
de la menuiserie neuve ait une bonne performance thermique.
D. Pose d’une nouvelle fenêtre sur un dormant existant
De nombreux fabricants de fenêtres, notamment en PVC, ont développé des solutions spécifiques qui utilisent le dormant existant pour y
fixer un nouveau dormant réduit. Par conséquent, il s’agit d’une situation rencontrée fréquemment. Cette technique est décrite dans le
Cahier 3521 du CSTB en date de juillet 2005 ‘Conditions générales de
D. Pose sur dormant existant
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Menuiserie
Gros œuvre
Plot de colle ou fixation
Isolant
Enduit
Nouvelle bavette
Jonction menuiserie-enduit
Bavette de l’ITE
Habillage intérieur
Ancienne menuiserie
Ancien appui de fenêtre
Coupe horizontale
mise en œuvre en travaux neufs et sur dormants existants’. La partie
PVC est positionnée en décalage par rapport au tableau, au linteau
et à l’appui. Notons au passage qu’ici également, on supprime le nez
de l’appui.
Précautions
Il importe d’effectuer sur tout le pourtour de l’ouverture un retour
de l’isolant suffisant pour corriger efficacement le pont thermique
dû à la position, en elle-même peu avantageuse (voir en page 22),
de la menuiserie au nu intérieur du gros œuvre.
Le carnet du mur manteau 33
Le traitement des ponts thermiques résiduels
Les ponts thermiques dégradent d’autant plus la performance énergétique d’un bâtiment que l’isolation des parois est efficace. Par
conséquent, le traitement des ponts thermiques résiduels
était déjà partie intégrante de la RT 2005. Avec l’entrée en
vigueur de la RT 2012, il est devenu incontournable pour
atteindre le niveau de performance BBC, et a fortiori les
niveaux de performance prescrits dans le cadre des évolutions futures de la réglementation vers le BEPos (Bâtiment à Energie Positive).
Le traitement des ponts thermiques résiduels répond à trois
impératifs :
Logements collectifs, Draguignan,
Var. Ce complexe de 150 logements
est de type THPE (Très Haute Performance Energétique). Il répond également aux objectifs de la démarche
HQE. Photo : Saint-Gobain Weber.
j Le respect des exigences réglementaires
Liaison plancher-vide sanitaire isolée par rupteur
Dans un tel contexte, on préférera au recours à une chape flottante
la solution présentée, plus aboutie et plus économique. Elle est
fondée sur la mise en place d’un rupteur thermique limitant la densité du flux.
Cette solution présente trois avantages :
j L’ITE peut s’arrêter au niveau optimal en partie basse et n’engen-
dre pas de surcoût.
j L’absence de chape flottante améliore l’inertie thermique et dimi-
nue les coûts de construction.
Rupteur avec isolant béton cellulaire
Rupteur avec isolant synthétique
j Le développement durable – économies d’énergie et réduction de
l’impact environnemental
j L’élimination des risques potentiels de désordres de type condensation et moisissures.
L’Isolation Thermique par l’Extérieur, par le principe même du manteau,
minimise radicalement les ponts thermiques situés à la jonction des
murs extérieurs avec les planchers intermédiaires et les murs de refend.
Mais cette réduction globale des ponts thermiques, de l’ordre de 90 %,
ne dispense pas de traiter systématiquement les 10 % que représentent les ponts thermiques résiduels entre façades isolées en mur manteau et ouvrages adjacents.
Comme indiqué plus haut, ce traitement est crucial
pour la performance thermique globale de l’ouvrage.
Cependant, les solutions requises ne coulent pas
toujours de source. Les schémas qui suivent ont pour
vocation de les préciser et de les illustrer, en complément des solutions conventionnelles abordées dans
les règles de l’art. Ces dernières sont notamment
décrites dans les documents de référence suivants :
Groupe scolaire ‘L’Orange bleue’,
Malville, pays nantais (à gauche).
Il répond aux deux objectifs de la
municipalité : niveau de performance BBC Effinergie et conformité à la démarche environnementale HQE. Architectes : Parent
Rachdi, Nantes.
Photo : Parex Group.
Groupe scolaire ‘Zéro énergie’,
Limeil-Brévannes, Val-de-Marne (à
droite). Pour parachever l’Isolation
Thermique par l’Extérieur, des rupteurs de ponts thermiques ont été
mis en place au niveau des
acrotères.
Architectes : Serge et
Lipa Goldstein, La Courneuve.
Photo : Schöck.
*
Règles de l’Art Grenelle Environnement 2012
34 Le carnet du mur manteau
j L’e-Cahier 3035-V2 du CSTB de juillet 2013, consacré aux systè-
j Pour augmenter encore l’inertie thermique, l’épaisseur de la dalle
de compression peut être augmentée.
j Les recommandations professionnelles de la CSFE contenue dans les
Performance thermique
Sur la base d’un plancher poutrelles + entrevous isolants avec languettes, si Up < 0,25 W/(m².K), on obtient les valeurs suivantes :
dossiers 02 (isolation thermique des parois enterrées) et 04 (isolation
thermique des toitures terrasses et des toitures inclinées).
j Rupteur avec isolant synthétique : = 0,19 à 0,32 W/(m.K)
selon le type de rupteur
j Le guide RAGE 2012* ‘Mise en œuvre des rupteurs de ponts thermiques sous avis techniques’ de février 2013.
j Rupteur avec béton cellulaire : de l’ordre de 0,15 W/(m.K).
j Le guide RAGE 2012* ‘Balcons et coursives métalliques rapportés –
Précautions
j Une arase étanche doit être réalisée avant pose du rupteur.
mes d’ITE sous enduit mince.
conception et mise en œuvre pour les bâtiments neufs’ de mai 2013.
Les schémas des pages qui suivent sont extraits des solutions développées par le Mur Manteau en liaison avec la société TBC Conseil,
Recherche et Innovation. Destinés aux architectes, aux bureaux
d’études et à la maîtrise d’œuvre, ces schémas offrent une illustration
commentée des meilleures options techniques pour traiter dès le stade
de la conception, dans divers cas types, les ponts thermiques résiduels.
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Système d’ITE
Mur maçonnerie ou béton
Vide sanitaire
Isolant
Fondation
Rupteur avec isolant béton cellulaire
(à gauche) ou isolant synthétique
(à droite)
j Le dimensionnement mécanique du rupteur doit correspondre aux
charges appliquées (masses de l’ouvrage, nombre de niveaux, etc.).
j Il faut veiller à la continuité thermique entre ITE, rupteur et plan-
cher isolant.
Le carnet du mur manteau 35
Liaison plancher-vide sanitaire avec pieux et longrines
Dans un bâtiment construit sur des pieux, les ponts thermiques au
niveau du plancher bas sont ponctuels. La longrine n’étant pas posée
directement sur le pieu, mais sur des rehausses, l’espace ménagé par
rapport au sol permet d’isoler toutes les faces libres de la longrine.
L’isolant placé sur le sol sous la longrine devra être relativement
souple ; sur la flanc interne de la longrine, on utilisera des plaques
d’isolant collées.
Sur le flanc externe en partie basse, l’Isolation Thermique par l’Extérieur devra être réalisée avec un isolant imputrescible.
Isolation de la liaison : entre les pieux
Isolation de la liaison : sur un pieu
Liaison verticale local chauffé avec local non chauffé
Les configurations ci-dessous représentent trois variantes d’une
situation courante : celle où un local non chauffé, par exemple un
garage ou un cellier, jouxte le volume habitable proprement dit.
j Cas 1 : murs alignés. Cette solution simple s’utilise notamment lorsque la liaison ne joue pas de rôle structurel : les murs sont positionnés
sur une assise unique ou sur deux assises et reliés en trois points par
des épingles. Une épaisseur d’isolant de 5 cm est suffisante. Un décalage éventuel des murs supports permettra d’aligner les enduits au
même nu (cf. schéma). L’incidence de la liaison par les épingles sur la
performance thermique est négligeable, avec < 0,12 W/(m.K).
Cas 1 : liaison par épingles, murs alignés,
coupe horizontale
Cas 3 : liaison par rupteur thermique, coupe horizontale
Cas 2 : liaison par épingles,
murs décalés,
coupe horizontale
entre les épingles
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Système d’ITE
Mur maçonnerie ou béton
Vide sanitaire
Pieu
Plancher avec isolation
Longrine préfabriquée
ITE soubassement selon CPT
Rehausse de pieu
Isolation du flanc de longrine
Isolation sous longrine entre pieux
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Performance thermique
Ce type de liaison engendre des déperditions thermiques au droit du
pieu et sur la partie située entre les pieux au niveau de la longrine.
Dans le cas de pieux espacés de 6 m avec une rehausse large de
30 cm, le pont thermique ramené à une valeur linéique est de
l’ordre de 0,22 W/(m.K) :
j La part pieu est de 0,41 W/(m.K).
j La part longrine est de 0,21 W/(m.K).
Système d’ITE
Mur maçonnerie ou béton
Local non chauffé
Coupure isolante (cas 3 : par rupteur)
Isolation local non chauffé
Épingles ponctuelles
j Cas 2 : murs décalés. Il s’agit d’une variante du cas précédent, le
mur du local non chauffé pouvant être positionné librement en fonction de la destination du celui-ci et de l’architecture de l’ouvrage. Ici
aussi, l’incidence de la liaison par les épingles sur la performance thermique est négligeable, avec < 0,12 W/(m.K).
j Cas 3 : liaison par rupteur thermique. Ce cas est très fréquent dans
la construction contemporaine – garage, cellier, par exemple, ou
encore cage d’escalier dans l’habitat collectif. La mise en place d’un
rupteur thermique assure le traitement mécanique de la liaison en
toute situation. La performance thermique est variable : = 0,12 à
0,35 W/(m.K). À noter : côté local non chauffé, un complexe plaque
de plâtre + isolant peut être utilisé.
36 Le carnet du mur manteau
Le carnet du mur manteau 37
Liaisons avec les balcons à rupteurs et autoporteurs
Au-delà de la minimisation des ponts thermiques entre balcon et bâti,
ces liaisons doivent prendre en compte l’accessibilité aux personnes à
mobilité réduite, qui concerne non seulement les Etablissements Recevant du Public (ERP), mais également les bâtiments d’habitation neufs.
A. Balcons à rupteurs intégrés – Cas 1 et 2
Le rupteur thermique est une solution industrielle, disponible en diverses variantes, qui limite la transmission thermique due à un plancher
Cas 1 : balcon à rupteur dans l’axe et caniveau
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Système d’ITE
Mur maçonnerie ou béton
Plancher
Revêtement intérieur
Menuiserie
Rupteur (cas 1 et 2) ou isolation (cas 3)
Balcon
Évacuation de l’eau
Caillebotis
Dalle sur plots
Cas 2 : balcon à rupteur avec dalle sur plots
traversant. Les rupteurs font l’objet d’Avis Techniques précisant leurs
conditions d’utilisation.
Performance thermique
La déperdition linéique au droit du seuil comporte deux termes :
1. Le pont thermique résiduel dû au rupteur. Sa valeur varie entre
0,16 à 0,37 W/(m.K).
2. Le pont thermique de la partie située sous le seuil. Il est normalement affecté à la liaison menuiserie/gros œuvre. Pour le réduire,
il convient d’utiliser soit une rehausse isolante (profilé PVC ou similaire), soit un capot de protection telle qu’il est représenté sur les
schémas ci-dessus.
B. Balcons autoporteurs – Cas 3
L’utilisation de balcons autoporteurs assure la continuité de l’enveloppe isolante au droit des balcons. Par conséquent, le pont thermique au niveau de la liaison façade-plancher est quasiment éliminé.
L’épaisseur d’isolant au droit du balcon sera néanmoins inférieure à
celle des parties courantes (cf. schéma), car il est nécessaire de positionner le balcon à faible distance du mur pour deux raisons : l’accessibilité aux personnes à mobilité
réduite et la garde à l’eau.
Le balcon peut être soit construit sur des voiles en béton,
soit posé sur une ossature
légère en bois ou métallique.
Dans certains cas, le balcon est
solidarisé ponctuellement avec
la façade à l’aide de fixations
traversantes. Il conviendra dans
ce cas de limiter les ponts thermiques qui en résultent.
Cas 3 : balcon autoporteur avec caniveau
Sur un plan plus général, il importe de bien planifier le phasage du chantier pour assurer
un traitement soigné des interfaces entre les balcons et l’isolation du gros œuvre.
Performance thermique
Pour diminuer encore davantage les déperditions, on peut mettre en
place une rehausse isolante sous le seuil de la porte-fenêtre. Cette
rehausse peut également être intégrée par le fabricant des fenêtres.
On arrive ainsi à des valeurs totales de comprenant le plancher et le menuiserie inférieures à 0,25 W/(m.K).
Schémas de principe des balcons désolidarisés. Les deux principes constructifs les
plus répandus sont les voiles béton (schéma 1) et les poteaux (schéma 2) ; ces
derniers peuvent être en bois ou en métal, comme sur la photo de droite.
1
j
2
j
Résidence à Pessac, Gironde,
avec balcons désolidarisés sur
poteaux métalliques. Après
réhabilitation, ce complexe de
plus de 500 logements atteint
le niveau de performance BBC
Effinergie Rénovation.
Les anciens balcons ayant été
systématiquement remplacés
par des structures autoporteuses, les ponts thermiques
correspondants ont été quasiment éliminés. Photo : Zolpan.
Pentes conseillées offrant une bonne accessibilité aux
terrasses et balcons pour les personnes à mobilité réduite.
1 cm < H < 4 cm
4 cm < H < 10 cm
H > 10 cm
pente a = 33 %, soit rapport 1/3
pente a = 25 %, soit rapport 1/4
pente a = 10 %, soit rapport 1/10
38 Le carnet du mur manteau
Le carnet du mur manteau 39
Liaisons avec les toitures terrasses et en pente
Pour optimiser l’isolation thermique et l’étanchéité à l’air de l’enveloppe de la construction, il convient de traiter avec soin les liaisons
hautes du mur manteau avec la toiture.
A. Toiture terrasse avec rupteurs thermiques – Cas 1 et 2
3.1 Acrotère de hauteur inférieure à 0,60 cm au-dessus de la toiture
isolée. Dans ce cas, les trois faces seront isolées. En tête d’acrotère,
une épaisseur d’isolant de ± 10 cm suffira.
Ce type de toiture inclut généralement un acrotère ou un garde-corps.
Ceux-ci jouent le rôle d’une ailette présentant une surface développée
importante qui favorise les déperditions thermiques potentielles.
3.2 Acrotère de hauteur supérieure à 0,60 m au-dessus de la toiture
isolée. On isolera l’extérieur et l’intérieur de l’acrotère, sachant que
sur la face intérieure, il n’est pas nécessaire de dépasser une hauteur
Cas 1 : Acrotère en continuité,
rupteurs thermiques ponctuels
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Système d’ITE
Mur maçonnerie ou béton
Dalle béton
Système de rupteur
avec isolant synthétique
Isolation, étanchéité,
relevé selon DTU 43
Couvertine
Finition acrotère classique
à réaliser
Relevé d’étanchéité
Cas 2 : Acrotère déporté,
rupteurs thermiques ponctuels
En travaux neufs, le traitement de l’acrotère par rupteurs avec ferraillage permet de réduire fortement le pont thermique à la liaison avec
la façade, à condition d’isoler correctement les intervalles entre les
rupteurs ponctuels, pour assurer une isolation continue de la liaison.
À noter : lorsque l’acrotère est situé en prolongation de la façade, la
remontée de l’isolant sur toute la hauteur de l’acrotère n’est pas primordiale sur le plan thermique ; elle facilite en revanche le traitement
et améliore l’esthétique de l’ouvrage. Par ailleurs, le choix d’un acrotère déporté simplifie l’utilisation d’éléments préfabriqués.
Performance thermique
Sur la base d’une isolation de la terrasse Up < 0,20 W/(m².K), le
coefficient de la liaison se situe dans la fourchette suivante :
0,14 < < 0,22 W/(m.K).
Précautions
Les percements dans les rupteurs sont à proscrire, et la couvertine
doit répondre aux règles de l’art (voir en page suivante).
B. Toiture terrasse avec isolation de l’acrotère – Cas 3
Dans le cadre de travaux de réhabilitation, deux traitements de
40 Le carnet du mur manteau
l’acrotère sont possibles, selon sa hauteur au-dessus de l’isolation
de la toiture :
Cas 3 : Acrotère isolé sur deux faces
Cas 4 : Toiture en pente avec mur gouttereau
d’isolant de 0,60 m. À noter : le traitement des relevés d’étanchéité
sur la surface intérieure de l’acrotère devra répondre aux prescriptions des DTU de la série 43.
Performance thermique
Sur un plan général, le coefficient varie en fonction de la hauteur
de l’acrotère. Pour une isolation sur trois faces, le coefficient de la
liaison est de l’ordre de 0,3 W/(m.K). Pour une isolation sur deux
faces, il est de l’ordre de 0,4 W/(m.K).
1 Système d’ITE
2 Mur maçonnerie ou béton
9 Caisson chevronné
ou panneau sandwich
Précautions
La couvertine doit être conçue selon les règles de l’art : fixation résistant aux effets du vent et débord extérieur supérieur à 7 cm, pour
éviter les coulures salissantes sur les revêtements.
C. Toiture en pente avec mur gouttereau – Cas 4
La variante de toiture considérée ici est de type panneau sandwich ou
caisson chevronné.
Performance thermique
Pour obtenir un résultat satisfaisant, il est indispensable de soigner
l’étanchéité à l’air. Si cette condition est remplie, le coefficient de la
liaison sera de l’ordre de 0,035 W/(m.K).
Le carnet du mur manteau 41
La pertinence du mur manteau dans la construction neuve
j Bâtiment collectif R+3 sur base rectangulaire 14,50 m x 29 m
j Bâtiment collectif R+4 sur base rectangulaire 14,50 m x 29 m,
En rénovation, comme on l’a vu plus haut*, l’Isolation Thermique
par l’Extérieur sur le principe du mur manteau offre une série
d’avantages indiscutables. Ils en font la solution la plus rationnelle
lorsqu’il s’agit de concilier performance énergétique, développement durable, considérations pratiques et bien-être des occupants.
Dans la construction neuve, en revanche, le débat est plus ouvert.
Aussi, pour évaluer sur des bases objectives les avantages du mur
manteau, le Groupement du Mur Manteau a-t-il mené une étude
comparative. Cette étude concerne exclusivement l’ITE sous enduit
mince et l’ITI, et s’applique à des constructions BBC (Bâtiments Basse
Consommation) conformes aux exigences la RT 2012. Cofinancée
par l’ADEME, l’étude a été réalisée par la société TBC Conseil, Recherche et Innovation. Les pages qui suivent en présentent un résumé.
Méthodologie
Immeuble résidentiel, Cergy-leHaut, Val-d’Oise. Cete réalisation
labellisée BBC Effinergie abrite
près de 100 logements sociaux.
L’isolation est de type ITE sous enduit mince. Architectes : Desaleux
Soares, Paris. Photo : Sto.
A. Bâtiments d’habitation à usage collectif
Caractéristiques des bâtiments de référence
www.rt-batiment.fr/batiments-neufs/
reglementation-thermique-2005/
presentation.html
(2)
www.rt-batiment.fr/batiments-neufs/
labels-hpe/presentation.html
42 Le carnet du mur manteau
Carré
R+1
Carré
R+3
Rectangle R+1
Rectangle R+3
Cascade
R+4
Surface habitable
(SHAB) en m2
335
671
690
1380
1396
ITI : surface
hors d’œuvre
(SHON) en m2
438
876
860
1720
1757
ITE : surface
hors d’œuvre
(SHON) en m2
435
869
855
1710
1746
Nombre
d’appartements
6
12
14
28
28
Carré R+1
14,50 x 14,50 m
L’étude ayant débuté en 2009, la RT 2012 était encore en cours
d’élaboration, mais les orientations rejoignaient déjà celles du niveau
de performance BBC. Les calculs thermiques ont été effectués selon
la RT 2005(1) et le niveau de performance BBC(2), en recourant aux
logiciels de calculs thermiques Perrenoud (logements collectifs U21
et maisons individuelles U22).
Sur ces bases, une série de simulations thermiques ont
été menées, afin de déterminer les solutions constructives requises pour atteindre le niveau de performance
BBC en ITE et en ITI. Le coût de ces solutions a ensuite
été quantifié, de sorte à comparer sur des bases pertinentes les coûts
respectifs de l’ITE sous enduit et de l’ITI.
(1)
Bâtiments types
La typologie des ouvrages étudiés comprend neuf bâtiments types
inspirés des tendances constructives actuelles.
Cinq bâtiments de référence en logements collectifs et
quatre en maisons individuelles ont été définis, avec un
choix d’équipements – menuiseries, ventilation, chauffage, eau chaude sanitaire – déterminé. Pour le chauffage
et l’eau chaude sanitaire, plusieurs variantes ont été prises
en compte.
* se reporter aux pages 10-12 : ‘Les atouts
spécifiques du mur manteau’
avec toitures-terrasses en cascade
Afin d’étudier l’influence de la compacité du bâtiment et du nombre
d’étages, cinq géométries d’immeubles ont été retenues :
j Bâtiment collectif R+1 sur base carrée 14,50 m x 14,50 m
j Bâtiment collectif R+3 sur base carrée 14,50 m x 14,50 m
j Bâtiment collectif R+1 sur base rectangulaire 14,50 m x 29 m
Carré R+3
14,50 x 14,50 m
Rectangle R+1 avec acrotère
14,50 x 29 m
Modes constructifs utilisés
Systèmes
ITI
ITE
Murs
extérieurs
Béton plein 18 cm
+ isolant PSE 15 cm
Béton plein 18 cm
+ isolant PSE 15 cm
Plancher bas
sur le garage
Plancher haut
Dalle béton 15 cm + isolant PSE Th32 5 cm
+ isolation sous-face complète PS Th 38 15 cm
Pré-dalle isolée + dalle 13 cm
+ isolant PSX 25 cm
Dalle 13 cm
+ isolant PSX 25 cm
Dalle béton 15 cm avec rupPlanchers
intermédiaires teurs de ponts thermiques
Dalle béton 15 cm sans rupteurs de ponts thermiques
Refends
Béton 18 cm avec rupteurs
Béton 18 cm sans rupteurs
Balcons
Dalle béton 18 cm avec
rupteurs
Dalle béton 18 cm avec
rupteurs
Le carnet du mur manteau 43
Équipements
Évaluations économiques issues des simulations thermiques
NB : l’étude porte sur les zones climatiques H1a et H3.
En ITI, le mode constructif retenu inclut le traitement indispensable de
l’intégralité des ponts thermiques linéiques décrits dans le tableau
en page 43. Des simulations thermiques effectuées en 2009 avaient
montré qu’en ITE, le traitement des ponts thermiques au niveau des
balcons n’était pas nécessaire pour atteindre le niveau de performance BBC. Mais la RT 2012 en fait une obligation, en prescrivant
que « … le coefficient de transmission thermique linéique moyen
des liaisons entre les planchers intermédiaires et les murs donnant sur
l’extérieur ou un local non chauffé, ψ9, n’excède pas 0,6 W/(m.K) ».
j Menuiseries (posées au nu extérieur de la maçonnerie) : PVC
double vitrage avec Ug=1,2 W/m².K, Uw=1,7 W/m².K et
Ujn=1,4 W/m².K
j Ventilation : simple flux, type Hygro B
j Chauffage : électrique à effet joule direct avec panneaux rayonnants ou pompe à chaleur (PAC) ou chaudière gaz à condensation.
Petits collectifs, Mantes-la-Jolie, Yvelines.
Construites sur l’emplacement de deux
tours des années 60 récemment démolies,
ces petites unités de trois à quatre étages
alient performance thermique, qualité architecturale et agrément pour les occupants.
Architectes : Daquin & Ferrière Architecture,
Paris. Photo : Parex Group.
j Eau chaude sanitaire : électrique ou solaire thermique ou chaudière gaz mixte à condensation.
Hypothèses de coûts comparés ITE / ITI
Le coût de construction des bâtiments en euros/m² de SHON correspond à la somme
j d’un coût variable (en euros /m² SHON) lié au coût
des matériaux dont les quantités diffèrent selon le mode
constructif choisi et la géométrie du bâtiment,
Le traitement des ponts thermiques au niveau des balcons est donc
toujours inclus dans les deux variantes constructives retenues en ITE :
j Variante 1 : ITE avec traitement des balcons et retour d’isolant
sur l’acrotère.
j Variante 2 : ITE avec traitement des balcons complété par le traitement du plancher haut à l’aide d’un rupteur d’acrotère, au lieu du
retour d’isolant de la variante 1.
Le schéma ci-dessous résume les résultats obtenus.
j d’un coût fixe (en euros /m² SHON) en fonction du
coût des équipements et de tous les autres matériaux.
Comparatif des coûts entre ITE et ITI pour quatre immeubles types
Le coût variable a été chiffré à l’aide des sources traditionnelles (Batiprix, Annuel des Prix, Batitel). Pour les solutions
techniques spécifiques, les fabricants ont fourni une indication des prix de vente pratiqués par leurs installateurs.
Différentiel de coût entre ITE et ITI
Remarque importante : s’agissant d’une analyse comparative générale, tous les coûts ont été exprimés non pas sous
forme de montants précis, mais sous forme d’indices.
Le coût de l’ITE (fournitures et pose) varie notamment selon la technique employée, les points singuliers à traiter, la nature du bâtiment
et la région. De manière générale, le coût global est en nette diminution, suite à la progression de la part de marché de l’ITE – avec la
pression concurrentielle qui l’accompagne – et à l’organisation de
plus en plus structurée de la filière. Ce coût global présente cependant des disparités notables, appelées sans doute à diminuer dans
les années à venir.
Aussi, l’étude paramétrique a-t-elle pris en compte des coûts d’ITE
exprimés en indice 70, 80, 90 et 100 en logements collectifs.
ITI, valeur témoin
0
-1%
ITE, Rectangle R+1
ITE, Carré R+1
ITE, Rectangle R+3
-2%
ITE, Carré R+3
-3%
100
90
80
70 Indices de coût : ITE au m2
Le coût de l’ITI a été évalué sur la base du coût global au mètre carré
de la surface habitable. Pour le bâtiment en ITI le moins cher, soit le
rectangle R+3, ce montant constitue la base de référence (base 0 ou
base 100 en fonction du type de schéma).
Comme on le constate, dès que le coût de l’ITE passe en-deça de
l’indice 90, le coût global pour une construction isolée en mur manteau devient inférieur à celui d’un bâtiment réalisé en ITI – et cela
dans tous les cas de figure.
Les simulations thermiques ont porté sur les bâtiments de référence
en liaison, au niveau des installations de chauffage et d’eau chaude
sanitaire, avec les équipements et les variantes décrits plus haut.
Sans surprise, la différence est d’autant plus marquée que le nombre
d’étages augmente, puisqu’en ITI, la pose de rupteurs de ponts thermiques en périphérie de chaque plancher intermédiaire renchérit le
coût de construction de façon surproportionnelle.
Pour tous les calculs, la perméabilité à l’air de l’enveloppe a été fixée
à 1 m3/h/m².
44 Le carnet du mur manteau
+1%
Le carnet du mur manteau 45
Sur la base de l’indice haut (100) en ITE et de l’indice de référence
en ITI , les simulations effectuées indiquent par ailleurs que les différentiels de coût entre les deux systèmes sont extrêmement faibles.
Cela vaut quel que soit le type de traitement des ponts thermiques
en ITE : les écarts se situent à l’intérieur d’une fourchette ne dépassant pas ± 1,5 %, ce qui n’est que très marginalement significatif
dans la pratique.
Différentiel de coût ITE-ITI
en fonction du traitement des ponts thermiques
sur la base d’un indice 70 en ITE
ITI, base 100
ITE avec traitement
des balcons
100
ITE avec traitement
des balcons
et des acrotères
-1%
-2%
-3%
Carré R+1
Carré R+3
Rectangle R+1
Rectangle R+3
Lorsque les calculs se fondent sur un indice 70 en ITE, le comparatif
tourne en revanche nettement à l’avantage de l’ITE – et ce quelle
que soit la configuration du bâtiment et le traitement des ponts
thermiques mis en œuvre.
Le schéma ci-dessus illustre le différentiel de coût résultant des simulations effectuées.
Maisons individuelles
Mené à partir de simulations thermiques fondées sur les exigences de
la réglementation thermique et sur les spécificités de la construction
individuelle de type diffus, jumelée et en bande, le comparatif a porté
sur les deux modes constructifs suivants :
j Configuration ITI : traitement des ponts thermiques par rupture
isolante au droit du dallage pour le plancher bas et rupteurs thermiques sur le plancher intermédiaire des versions R+1.
j Configuration ITE : mur manteau sous enduit mince sans traite-
tion en ITI, on a retenu, pour
des raisons similaires, un indice de référence pour la maison de plain-pied (la moins
chère) réévalué de 20 %.
Maison individuelle
de plain-pied
Les quatre maisons types prises en compte dans le comparatif des systèmes disposent
toutes de quatre chambres,
d’une salle de bain, d’une salle
d’eau et d’un garage intégré.
Maisons jumelées
R+1
La surface habitable est de
104 m², à l’exception de la
maison de plain-pied (rez-dechaussée uniquement), dont la
surface se monte à 107 m². La
surface hors-d’œuvre nette
(SHON) est identique en ITE et
en ITI, en postulant que les
murs extérieurs sont de même
épaisseur pour les deux systèmes constructifs – une pratique encore
courante au début de l’étude, en 2009.
En revanche, les simulations ont pris en compte les différences de
prix constatées sur le marché, en fonction notamment de la moindre
taille des chantiers. Aussi, l’étude paramétrique a-t-elle été menée
avec des indices en ITE de de 90, 120, 135 et 150. Pour la construc46 Le carnet du mur manteau
Maisons en bande
R+1
Par ailleurs, pour tous les calculs, la perméabilité à l’air de l’enveloppe
a été fixée à 0,6 m3/h/m².
Évaluations économiques issues des simulations thermiques
Le schéma ci-dessous résume le résultat des simulations effectuées
selon les hypothèses précitées. Comme dans les logements collectifs
et pour les mêmes raisons, la présence d’un étage améliore la com-
Comparatif des coûts entre ITE et ITI pour deux maisons types
Différentiel de coût entre ITE et ITI
+ 10%
+ 8%
+ 6%
+4 %
ITE, maison
de plain-pied
ment des ponts thermiques résiduels.
Globalement, les hypothèses de coûts et les valeurs techniques de
référence procèdent d’une démarche identique appliquée aux bâtiments d’habitation à usage collectif dans les pages qui précèdent.
Maison individuelle
R+1
+ 2%
ITE, maison R+1
0
ITI, valeur témoin
150
135
120
90
Indices de l’ITE au m2
Le carnet du mur manteau 47
pétitivité du mur manteau par rapport à l’Isolation Thermique par l’Intérieur. On constate
également une convergence rapide des coûts
lorsque que le prix de l’ITE décroît.
Chalet savoyard, niveau de performance BBC Minergie. Dans les régions
à climat rigoureux, le mur manteau
marque des points sur deux tableaux :
le confort en saison froide et la protection du gros œuvre. Architecte : Lionel
Adam, SMILE Architecture, Les Houches.
Photo : Sto.
Néanmoins, pour atteindre le niveau de
performance BBC en maison individuelle –
quelle que soit la configuration du bâtiment et les coûts de référence – l’Isolation
Thermique par l’Extérieur engendre un surcoût allant de faible à sensible par rapport à
l’ITI. Notons cependant que le prix de l’ITE sous enduit, pose comprise, a connu une diminution rapide au cours des dernières années. Cela rend la partie haute de la fourchette de prix de plus en
plus théorique par rapport à la réalité du marché.
Conclusion
Que ce soit dans les immeubles d’habitation à usage collectif ou en
maison individuelle, la compétitivité de l’ITE sous enduit dans la construction neuve est d’autant plus manifeste que le nombre des étages
augmente. C’est la conséquence logique de la multiplication corollaire
des planchers intermédiaires : ils génèrent en ITI des ponts thermiques dont le traitement est impératif, renchérissant ainsi sensiblement
le coût global de la construction.
Pour finir, une remarque importante s’impose, afin de remettre en
perspective le comparatif de coûts qui précède.
L’étude menée ici sur la pertinence du mur manteau dans les BBC
est centrée exclusivement – à performances thermiques égales – sur
une évaluation des investissements initiaux. Mais
dans le domaine du bâtiment, ce sont les perspectives à long terme qui doivent prévaloir. À cet
égard, l’ITE offre deux avantages décisifs : la protection durable et très efficace du bâti contre tous
les types d’agressions extérieures – intempéries,
chocs, dégradations d’origine organique et chimique – et une simplification des opérations ultérieures de maintenance, notamment en matière de
ravalement.
Immeuble BBC à usage
mixte habitation/commerces, ZAC Claude Bernard,
Paris. La performance thermique va ici de pair avec une
esthétique très originale, que
confère au bâtiment la finition de l’ITE en plaquettes
céramiques émaillées.
Architectes : Atelier Zündel
Cristea, Paris. Photo : Sto.
Enfin, le mur manteau apporte une contribution non quantifiable,
mais néanmoins très appréciable, au bien-être des occupants. C’est
particulièrement vrai du confort d’été – un domaine dans lequel,
on l’a vu précédemment, l’Isolation Thermique par l’Extérieur dispose d’arguments qui n’appartiennent qu’à elle.
En ITE, en revanche, le principe même de l’enveloppe élimine intégralement à la source les ponts thermiques à la jonction des planchers et
des murs de refend avec les murs extérieurs. Seul le balcon, en cas de
plancher traversant, constitue un pont thermique à traiter même en
ITE. Des solution très abouties y pourvoient. Comme en réhabilitation,
la tendance est cependant aux balcons désolidarisés du
gros œuvre, ce qui réduit radicalement le pont thermique
correspondant.
À moyen terme, deux facteurs vont concourir à augmenter encore la pertinence économique du mur manteau
dans les immeubles d’habitation à usage collectif, et à
atteindre des coûts très proches de ceux de l’ITI dans la
maison individuelle :
j La rationalisation des systèmes constructifs, à laquelle
les industriels du mur manteau consacrent des efforts
constants.
j L’engouement croissant des concepteurs et des professionnels
Petit collectif social, construction de
type MOB en R+3 à Romainville,
Seine-Saint-Denis. Cette réalisation
est un excellent exemple des possibilités esthétiques offertes par la mixité
des finition et des systèmes d’ITE.
Niveau de performance : BBC Effinergie. Architecte : Benoît Bouvier, Paris.
Photo : Sto.
48 Le carnet du mur manteau
pour l’ITE : le recours à l’ITE étant désormais chose fréquente, les
techniques sont de mieux en mieux maîtrisées, les marchés sont
devenus très disputés, et sur les grands chantiers, la mécanisation
des opérations de pose gagne du terrain. Chacun de ces trois facteurs contribue de façon continue et durable à la diminution des
prix de marché dans le domaine de l’ITE. Sur le marché de l’ITI,
parvenu en phase de maturité, des évolutions similaires paraissent
beaucoup moins probables.
Le carnet du mur manteau 49
Notes personnelles
50 Le carnet du mur manteau