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00_COUV_MdS97_OK_Mise en page 1 05/02/14 09:40 Page1 le magazine des directeurs et cadres de la fonction publique hospitalière Les défis pour 2014 Conditions d'exercice Stratégie nationale de santé Risques psychosociaux Le smps s'engage Réforme de la fonction publique En coulisses Retour sur le 67e congrès Diversité dans la fonction publique Regard Le malaise au travail des directeurs et cadres NUMÉRO 97 • JANVIER-FÉVRIER 2014 • 6,25 € 01-03_EditoSomm_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:30 Page1 Éditorial Christophe GAUTIER Président Fières et fiers de nos métiers au service de l’hôpital public de demain D ans un contexte marqué par une morosité ambiante qui touche, parfois avec excès, toutes les composantes de la société française, et par les profondes transformations d’un système de santé, concerné lui aussi par les exigences d’une forte politique de régulation, celle-ci bien réelle, quels doivent être la place et le rôle d’une organisation syndicale comme la nôtre? À l’aube d’une année 2014 qui verra notre syndicat proposer son projet au suffrage de nos collègues, c’est toute l’ambition de cette revue que de contribuer à en tracer les perspectives. Parce que nous portons une vision exigeante de nos métiers, nous sommes fondés à évoquer la question essentielle des conditions d’exercice, et surtout des perspectives qui doivent permettre leur amélioration, avec esprit de responsabilité mais aussi détermination. Parce que nous sommes conscients des profondes transformations de notre système de santé et des contraintes auxquelles il est confronté, nous sommes légitimes à proposer notre vision de l’hôpital public de demain. C’est tout l’enjeu de la large place que nous souhaitons donner à nos plus jeunes collègues au sein de notre syndicat. Parce que nous sommes un syndicat pragmatique, nous portons aussi l’ambition de l’efficacité de l’action syndicale. Sans céder à la tentation d’une vision autocentrée, nous redisons la contribution que les directeurs et cadres portent au développement du service public préféré des Français et la juste reconnaissance qui doit en découler. Parce que nous avons choisi d’exercer une mission de service public, nous avons notamment toute notre place à prendre dans le vaste chantier de réflexion sur l’organisation de la fonction publique dans notre pays. Stratégie nationale de santé, réforme de la fonction publique, diversité mais aussi et surtout conditions d’exercice et dossiers statutaires seront au cœur de notre action au cours de cette année 2014. Parce que les directeurs et les cadres contribuent chaque jour aux côtés des hospitaliers à la modernisation de nos établissements, parce qu’ils assument à chaque instant avec compétence et détermination de hautes responsabilités, notre syndicat sera plus que jamais au rendez-vous de l’exigence attachée à des métiers que nous demeurons fières et fiers d’exercer au service de l’hôpital public de demain. ■ NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 1 GMF Assurances. Société anonyme d’assurancee au capital it l de d 181 385 440 euros entièrement tiè t versé. ver RCS B398 972 901 - APE 660E - Entreprise régie par le Code des assurances. Siège social : 76 rue de Prony - 75857 Paris cedex 17 - réf : 0017.3 01-03_EditoSomm_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:31 Page3 Sommaire Infos en bref CAPN DS : une volonté d’aboutir ..................................................... 4 Incendie au 38 boulevard Sébastopol.............................................. 4 Projet de loi : le SMPS reçu à l’Assemblée nationale sur l’avenir des retraites ................................................................. 5 s et cadres des directeur le magazine spitalière n publique ho de la fonctio Rendez-vous au congrès extraordinaire ......................................... 5 Les défis pour Directeurs d’hôpital : des sujets essentiels en suspens malgré quelques avancées .............................................................. 6 2014 Conditions d'exercice Stratégie nationale de santé Risques x psychosociaugage Le smps s'en Réforme de la fonction publique s En coulisse Retour sur le 67e congrès Directeurs des soins : un statut qui s’est fait attendre ................... 6 Ingénieurs et cadres techniques : le SMPS demande l’ouverture du dossier statutaire… ................... 7 Comité de sélection D3S : une année 2013 pour rien .................... 7 En coulisses Diversité dans la fonction publique Regard au travail Le malaise rs et cadres des directeu • 6,25 R-FÉVRIER 2014 NUMÉRO 97 • JANVIE Le SMPS s’engage sur les risques psychosociaux ......................... 8 € Dossier Les défis pour 2014 2014 : grande réforme de la fonction publique !............... 24 Stratégie nationale de santé : l’affaire de tous Marisol Touraine ................................................................ 25 Martine Pinville.................................................................. 27 Jean-François Copé........................................................... 28 Gérard Vincent ................................................................... 29 Frédéric Martineau ............................................................ 30 Conditions d’exercice des cadres et directeurs ................ 31 Entretien avec Jean-Philippe Bouilloud ............................ 32 Diversité, égalité, parité : la nouvelle devise de la fonction publique ?...................... 34 5 questions à… Dominique Baudis ................................... 36 67e congrès La confiance dans tous ses états !................................................... 10 Irène Frachon : l’alerte ne se contractualise pas. C’est une prise de risque................................................................. 13 La crise de confiance, c’est positif ! ................................................ 14 La relation soignant/soigné peut inspirer tous les domaines de la vie politique ........................ 15 Éthique du management : nos valeurs ont du sens ....................... 16 Le SMPS s’engage pour un nouveau service public hospitalier..... 19 Le SMPS en action ........................................................................... 21 Prenez date 68e congrès national les 9 et 10 octobre 2014 ................................ 22 Formation et écoles Évolution de nos métiers : action ! .................................................. 23 Catégories directeurs d’hôpital ............................................................................ 38 Gare à la perte de confiance en l’avenir ! directeurs d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux............................................................ 39 Être un acteur public reconnu d’un parcours de santé performant directeurs des soins .......................................................................... 40 Une revalorisation et une réforme statutaire insuffisantes mais qui constituent une première étape cadres de santé..................................................................................... 41 Accompagner les cadres au quotidien cadres administratifs ........................................................................ 42 À l’aube d’une nouvelle indemnité ingénieurs et cadres techniques .............................................. 43 Les ingénieurs hospitaliers doivent être reconnus à la mesure de l’importance stratégique de leur responsabilité Directeur de la publication Christophe Gautier Conception - Réalisation Héral Rédactrice en chef Élodie Chapel E-mail : [email protected] Photo couverture Tous droits réservés Rédacteur Pascal Marion SMPS 38, bd Sébastopol 75004 Paris Tél. : 01 40 27 52 21 Régie publicitaire Héral 44, rue Jules-Ferry - CS 80012 94408 Vitry-sur-Seine Cedex Tél.: 0145 73 69 20 Fax : 01 46 82 55 15 Imprimerie Imprimerie de Champagne cadres détachés ................................................................................... 44 La mobilité interfonction publique enrichit nos parcours professionnels cadres retraités .................................................................................... 46 Au cœur du dossier des retraites Prendre le temps Voir, savoir, lire, écouter ............................................................................. 47 Adhésion /cotisation Vos élus et représentants ................................. 51 ........ 52 NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 3 04-07_InfoSBref_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:38 Page4 Infos en bref Infos en bref CAPN DS Une volonté d’aboutir L dernière a annoncé que les conseils n’intégreraient pas dans leur financement le surcoût généré par la revalorisation statutaire des directeurs d’institut de formation. Au-delà de la surprise, qu’une telle idée puisse être évoquée et que soit remise en cause l’application d’un décret démontrent que seuls les aspects économiques et financiers prévalent aujourd’hui. La faiblesse de la revalorisation et encore moins le nombre de directeurs des soins directeurs d’instituts de formation ne peuvent pourtant pas à eux seuls mettre en péril les finances publiques! Par ailleurs, cette même représentante a évoqué la perspective de repenser la gouvernance des instituts de formation en valorisant des logiques de coordination d’instituts. Le SMPS exige d’être associé à l’ensemble des discussions qui en découleront, afin a dernière commission administrative paritaire nationale (CAPN) des directeurs des soins s’est tenue à Paris au CNG le 17 décembre 2013. Elle a permis d’acter les mouvements des directeurs des soins, la titularisation des élèves directeurs des soins et le tableau d’avancement à la première classe au titre de l’année 2014. L’ensemble des dossiers soutenus par vos élus SMPS ont abouti ou sont en voie de résolution*. Et le climat de cette commission a été constructif grâce à la préparation minutieuse de l’équipe du CNG. Pour autant, tout n’est pas réglé. Nous avons fait part de notre étonnement concernant l’intervention, lors du congrès de l’Association nationale des directeurs d’école paramédicale (Andep), de la représentante des conseils régionaux. Cette que ne s’impose pas la seule logique comptable. Notre implication aura pour objectif de défendre une véritable reconnaissance et la valorisation de la fonction de directeur des soins, coordonnateur d’instituts de formation. L’absence de reconnaissance et celle d’une revalorisation spécifique pour les collègues détachés ou mis à disposition de l’EHESP, des ARS ou du ministère préoccupent aussi notre syndicat. Cela pose la question de l’attractivité de ces postes hautement stratégiques. Pour nous, une réflexion ciblée concernant ces emplois doit être vite ouverte. La nécessité d’aboutir rapidement sur les évolutions du régime indemnitaire est impérative. Il est urgent de redonner confiance aux directeurs des soins. ■ *Résultats sur http://www.smpsante.fr/ma-categorie/ directeurs-de-soins/capn-et-publications-de-postes.html Incendie au 38 boulevard Sébastopol U © Christine Khani n incendie a frappé les locaux de la délégation nationale du Syndicat des manageurs publics de santé le 20 décembre dernier au 38 boulevard Sébastopol à Paris. L’incendie a été d’une telle violence que les plafonds des cinquième, quatrième et troisième étages se sont effondrés au deuxième, ainsi que l'escalier en bois. Environ 200 sapeurs-pompiers seraient intervenus et le boulevard page 4 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 Sébastopol a été fermé à la circulation pendant plusieurs jours. L’immeuble, qui appartenait à l’AP-HP, logeait 24 personnes avec leurs conjoints et enfants, dont des collègues exerçant à l’AP-HP. Le SMPS a exprimé sa solidarité envers les familles qui ont subi d’énormes pertes matérielles et vécu une expérience particulièrement traumatisante. Nous leur envoyons à nouveau toutes nos pensées les plus sincères. La délégation nationale a cependant assuré la permanence pendant les fêtes et le mois de janvier ; elle reste à votre disposition dans le temps de recherche de nouveaux locaux, par téléphone, par mail ou par courrier aux anciennes coordonnées. Le SMPS espère avoir trouvé de nouveaux locaux pour vous accueillir lorsque ce numéro arrivera dans vos boîtes aux lettres. ■ l 04-07_InfoSBref_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:38 Page5 Infos en bref Projet de loi L e 26 septembre dernier, à l’occasion de l’examen du projet de loi sur les retraites, Annie Le Houérou, députée des Côtes-d’Armor, groupe Socialistes, républicains et citoyens, a reçu Catherine Latger, secrétaire nationale du SMPS. Le syndicat a exprimé son attachement au système de retraite par répartition, à la solidarité et aux règles actuelles de liquidation des retraites des personnels de la fonction publique. Le SMPS s’est aussi réjoui que le projet de loi prenne mieux en compte les interruptions forcées des carrières féminines dans le calcul de la retraite. Concernant l’allongement de la durée de cotisation, si l’idée d’une adaptation à l’allongement de l’espérance de vie, et aux impératifs d’équilibre budgétaire semble incontournable, il paraît nécessaire qu’une réflexion s’engage sur les fins de carrières des directeurs. Ils sont, comme les cadres, touchés par les difficultés des seniors à accéder ou à se maintenir dans des emplois à forte responsabilité. Le SMPS a surtout rappelé sa détermination à faire aboutir la question de l’intégration des primes et de l’avantage en nature, constitué par le logement, dans l’assiette de référence des cotisations. C’est une indispensable mesure de justice pour les directeurs exposés à une forte baisse de leur pouvoir d’achat dans le système actuel. D’autres corps de la fonction publique hospitalière sont d’ailleurs confrontés à cette situation défavorable. Autres points abordés : • le paradoxe qui consiste pour les assurés et pensionnés de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL) à subir une augmentation forte des cotisations vieillesse salariales et patronales sans retour en arrière sur les mécanismes de compensation et surcompensation vers d’autres régimes réalisés par le passé. Un bilan transparent de ces mouvements est hautement nécessaire. La Cour des comptes rappelle depuis 1995 que ce traitement constitue une rupture d’égalité au détriment des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers devant les charges publiques. Le décret sur les indicateurs prévus dans le bilan annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) devrait aussi contenir cette information ; • s’agissant de la création d’un compte-pénibilité, le SMPS ne s’est pas opposé à l’idée de sa transposition, en complément des différenciations des catégories actives et sédentaires qui existent déjà dans la fonction publique hospitalière. L’exposition particulièrement forte des agents de la fonction publique hospitalière avait en outre été mise en lumière par le syndicat la veille, en formation statistique du Conseil commun de la fonction publique, à partir de l’étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) parue en février 2013. La mise en place d’un compte pénibilité devrait cependant faire l’objet d’un financement sanctuarisé, sur des enveloppes supplémentaires effectivement accordées aux établissements de santé. Il conviendrait en outre que les cadres n’en soient pas écartés par principe et que les situa- © David Debray Le SMPS reçu à l’Assemblée nationale sur l’avenir des retraites tions de direction et d’encadrement particulièrement difficiles puissent ouvrir des droits sur les comptes de ■ pénibilité. NB : une concertation sur la pénibilité s’est également ouverte avec la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, dans le cadre de l’Agenda social. Le SMPS a été auditionné à cette occasion par le cabinet de la ministre. Congrès extraordinaire Rendez-vous L e congrès extraordinaire du SMPS du 5 février à l’auditorium de l’hôpital européen GeorgesPompidou (Paris, 15e) a été voulu comme un moment démocratique d’échanges sur la représentativité de notre syndicat – un choix structurant qui nous concerne tous –, sans tabou, le plus éclairé possible et ouvert à tous. L’occasion également d’aborder ensemble l’entrée du SMPS dans la préparation des échéances électorales de décembre 2014 qui nous mobiliseront tous en tant qu’adhérents. Le résultat des votes et la teneur des débats seront publiés dans le prochain numéro de Manageurs de santé. ■ NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 5 04-07_InfoSBref_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:38 Page6 Infos en bref Directeurs d’hôpital Des sujets essentiels en suspens malgré quelques avancées L es représentants du SMPS ont abordé quatre points statutaires lors du Comité consultatif national (CCN) des directeurs d’hôpital du 2 décembre. Sur ces sujets, déjà plusieurs fois évoqués, et d’une importance majeure pour les directeurs d’hôpital, l’État a proposé quelques avancées, sans résoudre l’ensemble des problématiques. Nouvelle bonification indiciaire (NBI). La situation inéquitable persiste entre les collègues bénéficiant de la NBI et ceux qui, occupant les nouveaux emplois fonctionnels, en sont privés. Aucune réponse n’est apportée pour remédier à cette inégalité de traitement. Le SMPS demande à nouveau fermement que les droits des directeurs soient respectés en appliquant la NBI aux nouveaux emplois fonctionnels. Il suffit de lire le Journal officiel du 6 décembre 2013 pour vérifier que la création de nouveaux bénéficiaires n’est pas appliquée avec autant de parcimonie dans tous les corps de la fonction publique (voir l’analyse de Jérémie Sécher, p. 38) . Emplois fonctionnels. La liste actualisée longtemps promise est parue au Journal officiel . Si elle a été adaptée en tentant de préserver les situations individuelles, la problématique de la composition des trois groupes n’a cependant pas été résolue. Le SMPS réitère fermement sa demande de recomposition afin de prendre en compte le juste niveau de part fonctions et la possibilité de création d’emplois d’adjoints fonctionnels dans certains cas. Cela constituerait une reconnaissance légitime du travail mené, notamment dans les recompositions de l’offre de soins par les directeurs à la demande de l’État. C’est aussi sous l’effet de ces rapprochements que les budgets se consolident vers le haut. Grade à accès fonctionnel (Graf). L’aboutissement semble encore loin puisque l’État n’a pas pu donner de nou- page 6 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 veau calendrier pour ce dispositif essentiel à la valorisation des fonctions à hautes responsabilités exercées par certains collègues. Prime de fonction et de résultats (PFR). Le bilan 2012, enfin publié, fait apparaître que de nombreux collègues ont pu voir leur situation indemnitaire se débloquer, après avoir stagné au plafond de l’ancien système durant plusieurs années. Les chefs d’établissement ont globalement joué le jeu d’une attribution juste de la PFR. Rappelons que le SMPS a souvent soutenu seul le déploiement de ce régime, dont il faudra garantir la pérennité dans un mouvement incertain des systèmes de primes de l’ensemble des fonctionnaires. Tout n’est pas si rose pour autant. Car les fortes disparités entre régions, notamment pour les attributions de parts résultats (PR), ne sont pas acceptables, même dans un système dont la gestion est déconcentrée. Certains chefs d’établissement pâtissent incontestablement de l’insuffisante formation des évaluateurs au nouveau système, pourtant prévue par le protocole. Le SMPS souhaite que la DGOS agisse avec fermeté pour harmoniser les écarts entre les régions concernées. D’autre part, la présentation des parts résultats sans distinguer la situation où une part exceptionnelle a pu être versée est trompeuse. Cela concerne environ un tiers des DH, dont un bon nombre d’intérims. Le SMPS renouvelle d’ailleurs sa demande d’étude d’un nouveau dispositif d’indemnisation de ceux-ci : les modalités actuelles apparaissant peu claires, parfois même aléatoires. Elles sont souvent considérées comme peu motivantes. Pour finir sur une note positive : l’ouverture de dix places supplémentaires au concours de directeur d’hôpital, évolution jugée indispensable par notre syndicat. ■ Directeurs des soins Un statut qui s’est fait attendre D ans les décrets parus début janvier concernant les statuts des DS, les critères d’éligibilité aux emplois fonctionnels des directeurs des soins sont définis à partir du budget de l’établissement, comme pour les emplois fonctionnels de DH et de D3S. Les directions communes sont considérées comme ouvrant droit à un emploi fonctionnel selon le budget consolidé des établissements les composant, avec un coordonnateur général de l’ensemble des activités de la direction commune identifié. Trois postes en HEB sont confirmés respectivement pour la coordination des soins de l’Assistance publique- Hôpitaux de Paris (AP-HP), de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et des Hospices civils de Lyon (HCL). Pour les postes en HEA, seuls 87 emplois ont pu être affectés, dont les coordinations générales des soins des 29 autres CHU. La discussion a été reportée concernant les dix autres emplois fonctionnels, pour les directeurs d’instituts de formation, afin de mieux étudier le contexte de chaque établissement. En effet, si les critères ont été clairement définis, à savoir la prise en compte du nombre d’étudiants et la coordination de plusieurs instituts, leur application est plus délicate au vu de la diversité des situations. Mais, pour le SMPS, le sort fait à la PFR des directeurs des soins est complètement insatisfaisant puisque la part F reste bloquée à 4 pour les directeurs des soins non logés. On est loin d’une juste rétribution des responsabilités exercées par les directeurs des soins à l’hôpital. ■ 04-07_InfoSBref_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:38 Page7 Infos en bref Ingénieurs et cadres techniques Le SMPS demande l’ouverture du dossier statutaire L e 17 octobre dernier, lors du discours inaugural du congrès du SMPS, Jean Debeaupuis a évoqué le positionnement managérial des ingénieurs hospitaliers. Le directeur général de l’offre de soins (DGOS) a indiqué que leur positionnement, ainsi que celui des attachés d’administration hospitalière, est inclus dans la réflexion menée sur l’étude démographique en cours, concernant les corps de direction. Il a en outre salué l’excellence de la formation des ingénieurs. Le DGOS a aussi annoncé la transposition, dans les meilleurs délais, d’un nouveau mécanisme de régime indemnitaire pour les ingénieurs et les techniciens supérieurs, en harmonie avec celui des ingénieurs des corps comparables de l’État et de la fonction publique territoriale. C’est une revendication forte portée par notre syndicat. Christophe Gautier a également demandé l’ouverture de négociations afin de rénover le statut des ingénieurs hospitaliers, sur la base des 19 propositions transmises à la ministre de la Santé en mai 2013. Cette démarche a obtenu le soutien des principales associations professionnelles concernées : les Ingénieurs hospitaliers de France (IHF), l’Association française des ingénieurs biomédicaux (Afib), l’Union des respon- sables de blanchisserie hospitalière (URBH), l’Union des ingénieurs hospitaliers en restauration (Udihr). Pour le SMPS, la rénovation statutaire ne peut pas être renvoyée à des négociations lointaines et générales sur la catégorie A de la fonction publique. Car plusieurs de ces propositions ne sont que des rattrapages. Deux programmes emblématiques de la stratégie nationale de santé et de la modernisation de l’offre de soins, Hôpital numérique et Territoires de soins numériques, reposent d’abord sur les ingénieurs hospitaliers. Qu’on se le dise ! ■ (Pour plus d’informations, cf. Catégorie cadres techniques, page 43) Comité de sélection D3S Une année 2013 pour rien C onstat amer, le 5 décembre dernier, lors du comité de sélection D3S : l’année 2013 a été marquée par une réflexion et une prise de conscience insuffisantes. Aucun engagement n’a été tenu envers les directeurs d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux. Et ce malgré la demande du SMPS de voir traiter les points suivants: • l’indemnité d’intérim: son montant est faible alors que les intérims dont sont responsables les D3S sont nombreux et que la charge de travail entraînée par ces intérims est très lourde, notamment vu la multiplication des instances; • les seuils budgétaires, qui permettent d’accéder aux emplois fonctionnels, sont si démesurément élevés qu’on ne compte que cinq établissements concernés. Il est donc impératif d’intégrer à ces données la spécificité du secteur. Et de ne pas rechercher «seulement» une équivalence avec les établissements que dirigent les directeurs d’hôpital ; • le grade à accès fonctionnel (Graf) : le dossier est bloqué depuis plusieurs mois par les directeurs d’hôpital. Le calendrier des D3S semble reporté sine die ; • le tableau d’avancement 2014. De nombreux directeurs n’avaient pas encore été évalués début décembre alors que la commission administrative paritaire nationale (CAPN) du 18 décembre devait statuer sur le tableau d’avancement 2014. Quelle reconnaissance, alors, pour ces directeurs ? Par ailleurs, le SMPS a demandé des précisions sur le projet de création d’un comité médical et d’une commission de réforme pour les directeurs. Les D3S, malgré leurs conditions d’exercice difficiles (isolement, pénurie de recrutement, etc.), font preuve d’une attitude responsable face aux enjeux locaux. Ils assument leurs responsabilités et leurs missions, même si elles sont marquées par des injonc- tions paradoxales. Ils revendiquent donc le soutien qu’ils sont en droit d’attendre de la part des ARS. Cellesci semblent parfois ne pas prendre en compte le secteur médico-social. Les D3S sont très souvent seuls à piloter leurs établissements et ils s’investissent particulièrement dans le dialogue social. Cette solitude ne doit pas en faire des cibles faciles que l’on traite sans ménagement, à qui on dénie parfois le droit à la défense et au soutien lorsque des décisions difficiles doivent être prises. ■ NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 7 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page8 En coulisses En coulisses Fonction publique Le SMPS s’engage sur les risques psychosociaux Le SMPS a pris une part active à l’élaboration du protocole sur la prévention des risques psychosociaux dans la fonction publique. Ce texte représente une grande avancée. Mais si l’encadrement fait l’objet d’une mesure entière du protocole, celui-ci reste muet sur le risque psychosocial auquel peuvent être exposés directeurs et cadres. C’ est signé! Le 22 octobre dernier, le SMPS a paraphé le protocole d’accord relatif à la prévention des risques psychosociaux dans la fonction publique. La signature intervient au terme d’une négociation démarrée en décembre 2012. Le SMPS y a pris une part très active, d’autant qu’il était la seule organisation syndicale, parmi toutes celles de la fonction publique présentes, à défendre les intérêts et des directeurs et des cadres. La participation du SMPS a pris notamment la forme d’une contribution au projet de protocole, envoyée à la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP). Cette contribution insistait sur : • une demande de clarification quant à l’utilisation de certains des six facteurs de risques à caractère psychosocial : celui de « l’exigence émotionnelle » et celui du « conflit de valeurs » ; • la nécessité d’adopter un calendrier de mise en œuvre réaliste du protocole en passant l’échéance 2014 à 2015 ; • l’intégration indispensable d’un module sur les risques psychosociaux dans la formation initiale au sein des écoles paramédicales ; page 8 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 • l’attention à porter sur le rôle, la place et les moyens de l’encadrement, acteur de prévention mais aussi sujet au risque psychosocial. • l’évaluation des risques psychosociaux à partir d’indicateurs plus pertinents que ceux qui étaient proposés (« l’absentéisme » et « le nombre de réunion du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail - CHSCT ») ; • la contradiction entre la mise en place de « lanceurs d’alerte » que contenait le projet initial et la volonté de renforcer le rôle du CHSCT. À noter : toutes les remarques du SMPS ont été prises en compte. Finalement, que contient cet accord que chaque versant de la fonction publique mettra en œuvre par circulaire? Il débute par un rappel de leurs obligations aux employeurs (cf. code du travail, art. L. 4121-2) face aux risques professionnels : les éviter, les évaluer, les combattre à la source, etc. La prévention du risque psychosocial est envisagée comme une démarche intégrée s’appuyant sur un diagnostic – une évaluation du risque insérée dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (Duerp). Le « responsable de service » devra rendre des comptes sur ce diagnostic lors de son évaluation annuelle. La première phase débute par la mise en œuvre d’un plan d’évaluation et de prévention à la lumière des six dimensions de risques à caractère psychosocial : • les exigences et l’intensité du travail ; • les exigences émotionnelles ; • le manque d’autonomie et de marges de manœuvre ; • la mauvaise qualité des rapports sociaux et des relations de travail ; • les conflits de valeurs ; • l’insécurité de la situation de travail. Initiés en 2014, ces plans devront être achevés fin 2015. Mise en place d’une commission de suivi commune aux trois fonctions publiques Les autres mesures du protocole s’attachent d’unepartàaccompagnerladémarched’évaluation et de prévention. Et ce par la mise à disposition d’un guide méthodologique sur le site www.fonctionpublique.gouv.fr, par l’intégration de la prévention des risques psychosociaux dans la formation initiale et continue et par l’implication directe des personnels à l’évaluation et à la prévention des risques psychosociaux. D’autre part, une mesure vise à évaluer les plans de formation en fonction de critères quantitatifs, comme le nombre de phases de diagnostic d’ici fin 2014, de critères qualitatifs, comme l’implication des personnels, et d’indicateurs spécifiques. Une commission de suivi commune aux trois versants de la fonction publique est mise en place et la formation spécialisée CHSCT du Conseil commun de la fonction 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page9 publique est chargée de faire des préconisations, d’être un observatoire et d’examiner le bilan d’action sur la prévention des risques psychosociaux en 2016. L’encadrement fait l’objet d’un volet entier du protocole sous le titre «Conforter le rôle, la place et les moyens de l’encadrement». C’est la mesure 6. Cette attention particulière part du constat que les «encadrants» participent à la prévention mais peuvent aussi être exposés au risque psychosocial. Pour éviter ce risque, les « employeurs publics » sont invités à donner aux «encadrants» des marges de manœuvre et de décision. Ils doivent leur permettre de faire remonter les difficultés à appliquer les décisions, ils doivent les former et enfin créer des espaces de discussion pour leur permettre d’échanger sur leurs pratiques professionnelles. Les « encadrants » voient désormais la notion « qualité de vie au travail » de leurs équipes intégrée parmi leurs objectifs annuels d’évaluation. Toutefois, le protocole fait une distinction entre les « chefs de service » ou « responsables de service», lesquels se voient rappelées dans le protocole leurs obligations juridiques en matière d’hygiène, sécurité et de prévention des risques psychosociaux, le management intermédiaire, les « encadrants » et le management supérieur. En outre, l’existence et la qualité du document unique d’évaluation des risques professionnels sont désormais prises en compte pour l’évaluation annuelle des cadres dirigeants. Une place ambivalente réservée à l’encadrement On le voit, le protocole réserve une place ambivalente à l’encadrement dans la prise en compte du risque psychosocial. Tour à tour acteur de prévention – donc potentiellement auteur – ou sujet du risque psychosocial, l’encadrant joue un rôle déterminant. Mais le protocole est muet sur le risque psychosocial auquel peut être exposé le cadre dirigeant. Pourtant, le risque psychosocial au sein des corps de direction, dans la fonction publique hospitalière, existe. C’est un risque réel et spécifique lié aux contraintes et au contexte du métier. Il n’est pris en compte pour l’instant que par les organisations syndicales confrontées aux demandes de leurs adhérents. À ce © Alexander Raths En coulisses propos, la cellule juridique et de conseil du SMPS est très sollicitée et fait preuve d’efficacité dans la prise en charge de ces demandes individuelles. En outre, face au risque psychosocial, le SMPS entend être un acteur au sein des CAPN ou des CCN, ou encore lors de ses échanges avec le CNG sur les situations individuelles. Par ailleurs, on constate au sein de la profession que colloques et revues professionnelles traitent de plus en plus des RPS. Ces expressions diverses soulignent la nécessité d’évoquer et de traiter la question des conditions de travail des directeurs au sein d’une S’adressant aux cinq millions d’agents de la fonction publique, il est conçu par le gouvernement comme la première étape d’une réflexion plus vaste tendant à faire dépasser la notion de conditions de travail, bien ancrée dans le code du travail, par celle de qualité de vie au travail. Cette réflexion sur l’amélioration des conditions de la qualité de vie au travail, menée dans le cadre de l’Agenda social par la DGAFP, se poursuit selon trois axes : • prévention de la pénibilité ; le SMPS a été auditionné le 21 janvier 2014 sur Il y a nécessité de traiter la question des conditions de travail des directeurs au sein d’une instance nationale. instance nationale du type CHSCT, audelà du rôle d’accompagnement du CNG. Il s’agirait de créer de nouveaux espaces de régulation des conditions d’exercice pour les corps à gestion nationale. Le protocole signé le 22 octobre offre désormais un cadre juridique pour traiter cette question. Vigilant quant à l’usage qui sera fait de la notion de risque psychosocial dans les établissements de la fonction publique hospitalière, le SMPS considère que ce protocole apporte une réponse à certaines situations de risque réelles. Aussi la formalisation des risques psychosociaux permet-elle d’en faire une notion partagée, ce qui favorise le dialogue social et évite d’éventuelles dérives. Ce protocole aura des prolongements. ce thème ; • qualité de vie au travail au travers de quatre thématiques : organisation du travail ; impact des technologies de l’information; rôle et place des cadres; association des agents à la réflexion sur le contenu de leur travail et la prévention des risques ; • gestion des âges tout au long de la carrière. Le SMPS sera consulté tout au long de cette réflexion et veillera à la place et au traitement réservés à l’encadrement et l’encadrement supérieur dans les mesures qui seront décidées. (Voir également notre analyse pp.31-33.) ■ Olivier Falanga NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 9 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page10 En coulisses 67e congrès La confiance dans tous ses états ! Le SMPS a tenu son 67e congrès en octobre dernier, à la Cité de la mode et du design, à Paris. Thème choisi : la confiance. L’occasion, pour nous, d’ouvrir notre horizon et de quitter l’hôpital… pour mieux y revenir. Inviter un philosophe, Raphaël Enthoven*, des politiques et un designer à s’exprimer sur ce sujet nous a permis de décliner le thème de la confiance en partant d’un point de vue général pour arriver à notre vie professionnelle quotidienne. Pari gagné ! Ce fut un beau succès auprès des 500 participants présents. Vous trouverez dans les pages suivantes le verbatim de trois moments forts du congrès, dont l’intervention très appréciée d’Irène Frachon. Rendez-vous à l’automne prochain pour le 68e congrès ! * Cf. Manageurs de santé, n° 96. page 10 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page11 En coulisses Contrôle ou confiance ? Construire des relations de confiance entre les établissements publics de santé et les autorités de tutelle, agences régionales de santé, État ou Centre national de gestion, tel était le thème de la première table ronde. Et ce dans un double contexte : celui d’une contrainte budgétaire forte et celui d’un éclatement grandissant de l’offre de soins. Si la loi HPST ne fait pas disparaître totalement la notion d’autonomie, elle fait apparaître les logiques de régulation et d’évaluation de manière plus aiguë. Alors, l’avenir est-il à la centralisation des pratiques ou à une délégation et une collaboration grandissantes ? Faut-il évaluer les agences régionales de santé ? Christophe Jacquinet – Elles le sont ! Avec la loi HPST, les établissements publics de santé (EPS) sont certes devenus des établissements publics de l’État. Mais les ARS aussi ! Elles sont aussi contrôlées que les hôpitaux, avec des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) très précis. Dans ce cadre, concernant en particulier les hôpitaux, chaque ARS a un objectif de réduction des déficits chiffré des établissements de santé publics. Et leurs directeurs généraux ont eux aussi une tutelle. Les ARS pilotent d’ailleurs aujourd’hui l’ensemble du champ de la santé : un véritable défi si l’on compare avec ce qu’avaient en charge auparavant les agences régionales d’hospitalisation (ARH). Pour les hôpitaux, il y a eu des réussites dans les politiques de coopération, mais aussi des situations critiques, financières ou liées à des tensions sociales. Celles-ci ne doivent cependant pas être l’arbre qui cache la forêt. Les ARS ont aussi conscience que les chefs d’établissement ont besoin d’avoir des interlocuteurs identifiés au sein des agences, c’est une relation qui se construit depuis quatre ans. Régulation : pour le respect des règles du jeu Philippe Domy – Les directeurs généraux de CHU admettent tout à fait la nécessité d’une régulation. Nous avons une responsabilité d’ordonnancement des dépenses publiques. Mais il y a des difficultés d’ajustement avec l’édifice institutionnel nouveau constitué par la création des ARS. Le mythe de la contrac- tualisation crée la confusion. Qui dit contrat dit engagements réciproques. Qui les respecte ? C’est l’ordonnateur hospitalier. Qui ne les respecte pas ? C’est le cocontractant (ARS ou État), qui lui-même subit des modifications des règles du jeu dues à de nombreux facteurs, dont la crise financière. Et l’on se retrouve avec le management administratif d’une tutelle qui se confronte à un management entrepreneurial sur le terrain. Ça peut être facteur de confusion ! Quelle marge de manœuvre pour l’hôpital dans le contrat signé avec l’ARS ? Jean Debeaupuis – Les engagements pris par les ARS sont tenus et respectés dans la durée, il suffit de penser aux opérations d’investissements. L’objectif partagé par tous est que les établissements ne se trouvent pas en grande difficulté et gardent la confiance de la population. Participaient à ce débat Jean Debeaupuis Directeur général de l’offre de soins. Philippe Domy Directeur général du CHU de Montpellier et président de la Conférence des directeurs généraux de CHU. Christophe Jacquinet Directeur général de l’ARS RhôneAlpes, président du collège des directeurs généraux d’ARS. Yvonnick Morice Directeur général du CHU de Lille. Danielle Toupillier Directrice générale du CNG. Gérard Vincent Délégué général de la FHF. NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 11 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page12 En coulisses Cela suppose de s’adapter constamment aux évolutions. Dès lors, on peut réfléchir tous ensemble à un outil de contractualisation. Les engagements ne sont pas seulement financiers mais concernent aussi, par exemple, la qualité des soins. Les ARS, aux effectifs relativement peu nombreux, représentent un réel succès sur le plan administratif, compte tenu des problématiques très diverses contenues dans les projets régionaux de santé. Du bon usage du contrat Christophe Jacquinet – Les contrats de retour à l’équilibre financier (Cref) peuvent être l’objet de discussions difficiles. Mais ils donnent lieu à des contreparties de la part des ARS, dont l’accompagnement pluriannuel financier. On aboutit alors à un contrat qui permet à un établissement, comme le CHU de Grenoble, de parvenir à une situation bien plus positive. Et ce avec un engagement de l’établissement comme de l’ARS qui est intégralement tenu. Donc, je ne suis pas tout à fait d’accord avec la remise en cause de la contractualisation. Danielle Toupillier – Le travail effectué avec Michel Yahiel 1 pour aboutir au pari de l’autonomie des acteurs et créer la confiance dans les relations 2 repose sur quatre piliers : • la reconnaissance de la légitimité de chacun des acteurs, • la loyauté dans la parole donnée, • la gestion du temps : la confiance se construit dans le temps, • la prise de risque : pas d’activité sans risque à l’hôpital. Quand il est avéré, il faut l’évaluer et le partager, entre les organes de contrôle et les établissements. Améliorer le processus des nominations ? Danielle Toupillier – En ce qui concerne la gouvernance interne, l’autonomie des établissements, garantie par les textes, a un sens. Le directeur nomme tous les personnels, à l’exception de ceux sous gestion nationale. S’agissant des corps nationaux, le directeur est là encore force de proposition. L’échelon régional l’est aussi, mais en fonction de critères précis. Leur transparence mérite peut-être plus de communication. N’oublions pas non plus que le CNG page 12 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 travaille avec les organisations syndicales, représentant les directeurs, pour le suivi de leur carrière et leurs nominations. Les sélections se font désormais sur des parcours professionnels extrêmement étudiés, dans une procédure très codifiée et dans le cadre d’un comité où siègent les organisations syndicales. Plus de transparence dans l’affectation des aides Gérard Vincent – Ce qui a aussi entamé la confiance, c’est que la campagne budgétaire 2013 n’a pas été particulièrement en faveur du secteur public, malgré ce qui avait été dit par la ministre. Il est nécessaire de tordre le coup à une idée : si certains établissements sont aidés par les ARS, c’est grâce à la solidarité interhospitalière, dans le cadre de l’Ondam. Aucune enveloppe ne vient en sus. Christophe Jacquinet – Je tiens à rappeler ceci : nous ne voulons pas que la totalité des marges d’intervention des ARS soit captée par les problématiques de trésorerie des établissements. Le rôle des ARS, dans le cadre de la politique régionale de santé, c’est d’aider à l’innovation et à l’investissement. Philippe Domy – Les ARS doivent fournir un effort de transparence dans les aides entre public et privé, car la transparence sera un facteur de solidarité. Les ARS n’ont pas toutes les mêmes critères de transparence et cette hétérogénéité crée la suspicion. On n’est pas dans le secret défense. Il est de la plus haute importance que les aides ne soient pas détournées de leur objectif initial. Christophe Jacquinet – Il y a un effort constant d’homogénéité. Les outils évoluent très rapidement : le fonds d’intervention régional a doublé l’an passé. Comment l’État peut-il aider à la gouvernance interne ? Yvonnick Morice – L’État doit faire un effort de simplification administrative : les procédures très complexes qu’on nous impose rendent le travail plus difficile pour tous. Et la gestion s’avère difficile, à cause du gel des crédits en début d’année. Les tarifs, déconnectés des coûts, doivent être réajustés, en particulier l’ambulatoire, mal rémunéré. Quant à la dégressivité tarifaire, elle me laisse perplexe. Philippe Domy – Si votre question est : qu’est-ce que j’attends des pouvoirs publics pour améliorer la gouvernance interne ?, ma réponse est : rien. Surtout rien. Ce n’est ni le rôle ni la compétence des ARS d’entrer dans la gouvernance des établissements. La gouvernance interne revient au chef d’établissement, en étroite concertation avec le président de la CME, les organisations représentatives et, pour les CHU, le doyen. À quoi sert le groupe de travail sur le dialogue social ? Danielle Toupillier – Le travail sur le dialogue social est inscrit dans le Pacte de confiance. Nous avons fait le pari de l’autonomie la plus large possible. Et nous avons essayé de travailler sur la légitimité de chacun des acteurs, sans oublier les cadres qui se sont sentis abandonnés dans le passé. Nous sommes partis de la base, en remontant vers l’État et en regardant qui fait quoi dans la gouvernance. Cela a servi à ajuster des textes qui avaient des zones d’ombre. Gérard Vincent – La FHF aime les ARS! Elles sont indispensables dans leur mission de régulation globale. Ce qu’on attend d’elles: la transparence. La transformation du fonds d’intervention régional (FIR) en enveloppe implique plus de transparence. On attend aussi le soutien des ARS aux chefs d’établissements. Mais elles n’ont pas à faire de dialogue social. Christophe Jacquinet – Il n’y a pas de projet de dialogue social au niveau régional, mais un projet de coordination de la gestion des ressources humaines au niveau régional. Ce qui n’est pas pareil. Je pourrais vous citer des exemples où les directeurs généraux d’ARS refusent de répondre aux sollicitations des organisations syndicales qui leur demandent audience pour les problèmes qu’elles rencontrent dans leurs établissements. Ils leur répondent de s’adresser à leur chef d’établissement et n’interviennent généralement qu’en cas de crise. ■ Propos recueillis par Pascal Marion et Élodie Chapel 1. Inspecteur général des Affaires sociales, devenu conseiller social du président François Hollande. 2. http://www.andrh.fr/information/liste-des-actualites/rapport-de-michel-yahiel-sur-la-modernisation-de-la-politique-desrh-dans-les-etablissements-publics-de-sante 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page13 En coulisses Témoignage L’alerte ne se contractualise pas. C’est une prise de risque. Décryptage d’un des plus gros scandales médicaux de ces dernières années. Irène Frachon, qui a pris des risques importants en lançant l’alerte sur le Mediator, a bénéficié de la protection jamais démentie de son CHU. ans les années 1990-2000, deux coupe-faim des laboratoires Servier ont été interdits en raison de leur toxicité cardiaque et pulmonaire, mortelle. Or, le laboratoire a ensuite décidé de laisser sur le marché un troisième produit, Mediator, dérivé des amphétamines utilisés dans les deux premiers et présenté comme un antidiabétique. Sa transformation dans l’organisme était exactement la même que les deux précédents : une petite molécule extrêmement nocive. Le Mediator, resté sur le marché avec l’aval de l’Agence du médicament, aura fait 2 000 morts durant sa commercialisation. Il était utilisé tous les jours par 400 000 personnes avant son retrait en 2009. Témoin, en tant que pneumologue au CHU de Brest, des drames de l’Isoméride, le premier coupe-faim, j’ai mis du temps à me rendre compte des faits concernant le Mediator car ils étaient parfaitement dissimulés par le laboratoire. J’ai collaboré avec les cardiologues du CHU pour démontrer sa toxicité et j’ai dû subir, dans un premier temps, la censure du laboratoire. Il avait obtenu en justice le retrait du sous-titre de mon livre, Mediator 150 mg : combien de morts ? Il y avait cette stupeur face à une histoire incroyable : comment, en France, dans un système aussi sacralisé que la santé, un scandale aussi grossier avait-il pu avoir lieu ? Comment ce médicament avait-il pu franchir toutes les portes de contrôle ? Stupeur des patients. Stupeur des médecins. Stupeur des institutions. Ce fut un ébranlement de la confiance à plusieurs niveaux. Des médecins prescripteurs formés par le labo producteur Ce scandale a donné lieu à une nouvelle législation. L’affaire Mediator a fourni une grille de lecture à un certain nombre de dysfonctionnements. Elle a aidé aussi à prendre conscience de la nécessité de faire évoluer la formation des médecins. On s’est aperçu que les médecins prescripteurs avaient été formés et informés par le laboratoire producteur, et qu’on manquait d’informations indépendantes. D’où la nécessité de clarifier les relations entre laboratoires et médecins. Et avec l’agence, devenue ensuite l’Agence nationale de sécurité du médi- © A.GELEBART/20 MINUTES/SIPA D confiance de longue date établie entre l’administration du CHU et la communauté médicale. De mon côté, je n’ai rien dissimulé de ce que j’allais entre- La santé n’est pas un lieu d’intérêts purs. Il faut sans cesse y rappeler l’intérêt général. cament et des produits de santé (ANSM). Un rapport de l’Igas a mis en évidence les circuits d’influence des industriels auprès de cette agence. Les réactions de défense et de corporatisme de la communauté médicale, face à ce scandale, ont ébranlé la confiance des patients. On s’est rendu compte que la santé n’est pas un lieu d’intérêts purs, mais qu’il faut sans cesse y rappeler l’intérêt général. J’ai eu la chance d’être une lanceuse d’alerte soutenue par une institution qui n’avait a priori rien à y gagner. La CME, le pôle, l’administration du CHU de Brest m’ont soutenue, de même que la ville de Brest. C’est le reflet d’une prendre, j’ai fait circuler le manuscrit. Même au plus fort du scandale, et malgré les menaces du laboratoire, jamais la confiance ne s’est brisée. L’hôpital m’a protégée. Je souhaitais en témoigner. Attention ! Ceux qui à l’ANSM disent « Ça n’arrivera plus jamais» se trompent. Quand vous pensez cela, vous êtes foutus. Car l’alerte qui fonctionne repose sur une inquiétude que nous devons tous partager… en confiance. L’alerte est indispensable, les médecins la connaissent bien : c’est une inquiétude de chaque jour. Elle ne se contractualise pas. C’est une prise de risque pour qui la lance. ■ Propos recueillis par Pascal Marion et Élodie Chapel NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 13 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page14 En coulisses Retour sur le congrès La crise de confiance, c’est positif ! Dominique Reynié, professeur des universités à Sciences-Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), voit dans la crise de confiance des citoyens a une espèce de généralisation de la crise de confiance et tant ceux qui gouvernent que ceux qui aspirent à le faire sont l’objet de défiance. un élément récurrent des processus démocratiques. Mieux : un espoir. À condition que la remise en cause de notre contrat social ne nous mène pas au chaos. C e qui marque aujourd’hui, c’est l’expression d’une défiance, plus grande qu’hier. Or, toutes les institutions sont désormais victimes d’un déficit de confiance. En 2010, Fondapol a mené une étude sur près de 25000 personnes dans vingt-cinq pays, dont la France, des cinq continents. Il était frappant de constater que toutes les institutions inspiraient plus de défiance que de confiance. Et pas seulement les institutions politiques ! Mais on ne doit pas considérer la défiance juste sous un aspect négatif. Que les institutions hier culturellement sacralisées fassent aujourd’hui l’objet de critiques est bon. Cela traduit aussi une certaine forme de progrès en matière d’information et de formation de longue durée. Ne pas considérer les institutions existantes comme intouchables De la confiance appliquée ou non au système de santé… Si la crise de confiance affecte le système de santé, c’est le cœur même du contrat social qui est touché. Parce que la santé est la vie et qu’elle relève d’un champ d’intervention tout à fait légitime. Le discours permanent de non-soutenabilité de notre système de santé crée la suspicion envers ce système. Il faut donc poser ensemble plus clairement les conditions qui rendent durable le système de santé. Ce serait une façon de participer à un rétablissement du lien social réel. Définissons ce qui est possible, et à quelles conditions. Définissons aussi ce qui est ne l’est pas, et les conséquences de cette impossibilité. Dominique Reynié page 14 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 L’espace public électronique a beaucoup contribué à la propagation d’un esprit critique, grâce aux échanges entre individus. En matière de santé, les forums Internet et les échanges d’informations entre usagers sont devenus une source considérable de mesure de performance de telle ou telle stratégie médicale et l’on voit apparaître une santé 2.0. Cela suppose de ne pas considérer les institutions existantes comme intouchables ! Il faut se souvenir des rapports que le grand public avait, il y a peu encore, avec les chirurgiens, considérés comme une autorité avec laquelle il était impossible de dialoguer. Mais quand, par sa force et son caractère universel, la crise de confiance débouche sur une mise en cause de la légitimité des institutions, cela devient problématique. Car on n’a plus à faire au même phénomène. D’autant qu’on n’a pas l’impression qu’émerge en parallèle un modèle alternatif. Si nous regardons le champ politique, tout responsable politique fait l’objet de défiance : au niveau national, européen et même local. Il y Les élites : malhonnêtes ou incompétentes Une autre enquête de Fondapol a mis en lumière qu’en France les électeurs vont désormais voter plus par discipline que parce qu’ils croient que leur vote changera leur vie. On observe ici une sorte de religion sans croyance. Le phénomène ne date pas d’aujourd’hui mais il s’accentue : il entraîne de plus en plus de citoyens à chaque élection et se manifeste de plus en plus souvent. La défiance touche aussi maintenant, de façon spectaculaire, de nombreux métiers, comme ceux du journalisme et de la médecine. Peu à peu, tous ceux qui ont un rôle à jouer dans la construction du lien social ne sont plus reconnus comme compétents et honnêtes. Car le raisonnement suivant prévaut : si vous êtes compétent, vous avez la solution ; si vous avez la solution et que vous ne l’utilisiez pas, alors vous n’êtes pas honnête. Donc les élites sont soit incompétentes, soit malhonnêtes ! Chacun ressent cette violence qui court. Notre société ne sait plus se réguler et l’on n’arrive plus à aboutir à des réconciliations. On s’efforce juste de ne pas perdre une étape de plus, mais on ne parvient pas à reconstruire. Et la France se reconnaît dans deux catégories de personnes : celles qui ont peur pour elles, celles qui ont peur pour leurs enfants. Bref, le futur est devenu un sujet d’inquiétude. Signe que notre société a profondément perdu confiance, on constate un état d’imprévisibilité particulièrement grave. Ce qui se profile : la remise en cause de notre contrat social. Une forme de chaos Or, si nous bâtissons une société, c’est précisément pour faire face à l’imprévisibilité, qui nous empêche d’avoir une vie d’humain digne, riche d’idéaux. Et 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page15 En coulisses La relation soignant/soigné peut inspirer tous les domaines de la vie politique chaque fois que l’imprévisibilité fait son retour, l’ordre social se délite, par une mise en cause frontale de notre société. Ce qui se profile, c’est la remise en cause de notre contrat social. Des termes surgissent qui peuvent évoquer cela, comme si parfois nous n’étions plus d’accord sur la manière d’être en désaccord. Certains échanges auxquels on assiste en ce moment montrent que nous ne nous reconnaissons plus comme membres de la même communauté. C’est pour cela que certaines formes politiques prospèrent, qu’on peut qualifier de « populistes », sur un argumentaire d’élites incompétentes ou corrompues, d’un contrat social qui n’est plus assuré, et donc d’individus qui considèrent qu’ils peuvent reprendre leur liberté. C’est une forme de chaos. L’Histoire a connu des situations semblables, qui demandent une réponse par définition politique. Nous devons être capables d’affirmer avec clarté et force les grands principes qui organisent notre communauté, les institutions chargées de les appliquer et les buts que nous nous donnons à nous-mêmes. Nous devons vraiment nous donner la capacité de répondre à ces choix. Or nous ne savons plus le faire. Voilà pourquoi cette crise, souvent commentée comme une crise de confiance envers ceux qui nous gouvernent, est plus profonde: c’est dans la communauté même que nous constituons que nous n’avons plus confiance. Cet état, par sa gravité, ne peut durer et exige une réponse. Il faut donc savoir prendre dans ce déclin de la confiance la part de progrès qu’elle cache et que nous portons tous : le besoin d’un plus haut niveau d’exigence, de compétence, de connaissance…Tout cela constitue un point d’appui pour rebâtir un système de confiance. Car les modèles anciens de confiance ne reviendront pas, il faut en inventer de nouveaux, en enracinant nos systèmes d’organisation dans ces capacités nouvelles que la société s’est donnée à elle-même. ■ Propos recueillis par Pascal Marion et Élodie Chapel Après l’intervention de Dominique Reynié, une table ronde a réuni Nora Berra, ex-secrétaire d'État à la Santé, députée européenne et conseillère municipale à Lyon (UMP), et Eduardo Rihan Cypel, député et porte-parole du parti socialiste, conseiller municipal à Torcy (PS). Ils ont débattu avec Christophe Gautier des moyens de retrouver la confiance entre politiques et citoyens. Entre soignants et soignés. Et entre soignants eux-mêmes ! (De gauche à droite) Eduardo Rihan Cypel, Christophe Gautier et Nora Berra. Nora Berra - La relation des citoyens avec le système de santé est un lieu d’expression par excellence de la confiance. La relation soignant/soigné peut inspirer tous les domaines de la vie politique. Les attentes envers les politiques sont nombreuses, fondées sur une relation de confiance plus affective que cartésienne. Eduardo Rihan Cypel - J’adhère à l’analyse de Dominique Reynié. J’ajouterai deux causes rationnelles à la défiance: les affaires de corruption de ces dernières décennies et les promesses non tenues. Le manque de cohérence entre le discours et les actes nuit beaucoup à la classe politique. Norra Berra - Les citoyens aspirent à une relation plus individuelle et plus directe avec ceux qui les représentent. La transparence à la façon des pays nordiques me semble une bonne chose mais je regrette la loi de moralisation de la vie politique, ainsi que celle du cumul des mandats. Je prêche pour plus d’autodiscipline. Eduardo Rihan Cypel- L’exemplarité et l’authenticité sont nécessaires. Revenir au grand jeu politique, c’est essayer de définir l’intérêt général. Et la confiance à l’hôpital ? « Le grand enjeu pour l’hôpital : sa relation avec l’ARS. En effet, une relation hiérarchique apparaît parfois entre ces deux entités alors qu’elle n’a pas lieu d’être puisque les hôpitaux sont autonomes. L’enjeu consiste à créer la même relation de confiance que celle créée entre la direction d’hôpital et la commission médicale d’établissement. » Nora Berra « Ne peut-il y avoir un dessein politique pour l’hôpital, au-delà des réformes successives, qui n’opposerait pas les différentes composantes de la communauté hospitalière? Car, dans la majorité des hôpitaux, les choses se passent plutôt bien et la communauté avance, soudée.» Jérémie Sécher « Je crois au dialogue et à la gouvernance interne pour faire avancer les hôpitaux. Je connais un hôpital où des médecins ont fait une pétition pour demander plus d’écoute et de dialogue. Je pense aussi qu’un réel enjeu réside dans la désertification médicale de certains territoires. » Eduardo Rihan Cypel « Je salue les manageurs de santé qui ont su dépasser les rivalités existantes pour coopérer et faire évoluer l’hôpital. À mes yeux, une grande perspective d’avenir se situe dans la réforme – qui n’a pas osé aller assez loin – concernant la séparation entre l’hôpital, qui s’occuperait juste des patients les plus graves, et une médecine générale de permanence qui se situerait aux portes de l’hôpital. Cela améliorerait beaucoup de choses dans les conditions de travail des personnels. » Nora Berra NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 15 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page16 En coulisses Éthique du management : nos valeurs ont du sens Le 67e congrès du SMPS a été l’occasion pour les groupes de réflexion constitués à l’été 2012 de restituer leurs travaux. Ces groupes ont réuni près d’une centaine d’adhérents, avec une forte volonté de mettre en avant les jeunes professionnels. Nous vous proposons ici un retour sur deux de ces groupes. D epuis plus de six décennies, le SMPS/SNCH promeut un management hospitalier moderne, en prise avec son temps. À l’origine syndicat de directeurs, il s’est ouvert progressivement à l’ensemble des cadres hospitaliers, en affirmant sa conception des responsabilités partagées dans la conduite des affaires hospitalières. Il y a peu encore, l’exercice professionnel de ses adhérents était cantonné à l’hôpital, entendu au sens large: établissements de santé et établissements sanitaires et médico-sociaux. Et les valeurs portées par le SMPS se confondaient largement avec celles du service public hospitalier. Même si, aujourd’hui, certains adhérents ont essaimé hors des enceintes hospitalières, tous ont en commun une certaine idée du management, une même lecture des relations humaines, un sens aigu du service rendu. Adapter nos valeurs communes aux mutations de nos métiers Ces valeurs communes ont été affirmées dans les chartes managériales adoptées par le SMPS au milieu des années 2000. Une charte a pour but de fixer un ensemble de principes partagés à un moment précis. C’est une réponse page 16 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 conceptualisée à des interrogations, des doutes et des demandes exprimés en situation de tension. Une charte est aussi l’affirmation d’une volonté. Quand le contexte change et que les aspirations évoluent, ou quand la crise perdure, ce patrimoine commun doit être revisité. C’est le cas aujourd’hui alors que l’hôpital est confronté à une importante évolution, s’agissant de son fonctionnement interne (gouvernance, pôles, délégation de gestion), de sa contribution aux parcours de soins (nouvelles territorialités, réseaux, coopérations entre professionnels de santé, pertinence des actes, etc.), de son mode de financement, de son obligation de rendre compte (usagers, tutelles, médias, etc.). Aujourd’hui, en créant ce groupe de travail sur l’éthique du management, le SMPS souhaite réaffirmer les valeurs que portent ses adhérents, ainsi que les repères qui guident leurs actions et les principes qui fondent leur conception du management. L’art du management est un questionnement récurrent des dirigeants. Manager, c’est diriger et gérer rationnellement une organisation, organiser les activités et fixer les buts et les objectifs, bâtir des stratégies en utilisant au mieux les hommes, la technologie et les ressources matérielles pour en accroître l'efficacité. Le management fait appel à des outils et des techniques modélisables, mais aussi à des savoir-faire et des savoir-être. Face aux doutes et aux interrogations, sa dimension humaine prend une importance singulière. Le management n’est pas une science exacte ! C’est au contraire un art vivant qui doit savoir s’adapter à l’environnement de l’organisation, aux évolutions technologiques, aux aspirations des personnels. Il est par essence singulier, puisque propre à chaque organisation, pluriel car adapté aux situations, collectif – normes, règles et outils sont partagés – et individuel, pour ce qui est de l’engagement et du ressenti. Il est affaire de savoirs, de compétences, d’aptitudes et d’attitudes. La partition managériale est riche et repose sur un ensemble de techniques et d’outils de gestion. Les interprètes de cette partition sont de plus en plus nombreux et l’œuvre est délicate à exécuter. La cohérence nécessaire à la conduite de l’action (l’ajustement) entre les différents domaines du management (stratégique, opérationnel), les techniques déployées – management de projet, de proximité, de transition – et les manières d’agir, management directif, participatif : tout cela oblige à élaborer un ensemble des règles communes, de droits et de devoirs réciproques, un cadre de référence qui engage les acteurs. Cet ensemble systémique de valeurs, de principes et de comportements façonne la carte génétique d’un mana- 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page17 En coulisses gement propre à chaque organisation. Celle du management hospitalier est singulière à plus d’un titre. L’hôpital est le lieu où l’on soigne, où l’on prend soin du malade, de la personne hébergée. Le respect de la personne – soignée et soignante – est une valeur cardinale. Cette importance de la relation à l’autre est une composante majeure d’un management qui se singularise aussi par l’existence d’une double chaîne hiérarchique et fonctionnelle inhérente au fonctionnement de l’hôpital. Le médecin, qui n’est pas dans une relation hiérarchique avec le directeur, mobilise les soignants qui sont, eux, en relation hiérarchique avec celui-ci. Ce modèle singulier de fonctionnement s’accompagne d’une troisième spécificité. Car bien qu’il n’ait pas d’autorité directe sur ces opérateurs que sont les médecins, le directeur est le responsable, au sens juridique, d’un hôpital soumis à une obligation de moyens, qui suppose une action concertée. L’éthique participe à la construction du sens Autant de caractéristiques qui font de l’hôpital une organisation parmi les plus complexes. Ce modèle unique appelle une grammaire managériale spécifique, en termes de gouvernance, d’organisation, d’interactions fonctionnelles, de relations humaines. Le management hospitalier est un management de projet, d’adhésion, de confiance, d’autonomie, de liberté, de solidarité. Ce mode de management à forte dimension humaine peut être mis à mal en période de tension, quand persistent des doutes sur le sens de l’action, quand se développe le sentiment, fort chez les hospitaliers, de n’être plus en capacité d’apporter au patient l’attention qu’il est en droit d’attendre. Il importe alors de réaffirmer les références communes qui obligent individuellement et collectivement les acteurs. L’éthique participe de cette construction du sens. Elle touche à la morale et à la déontologie. Elle questionne l’individuel et le collectif. Elle détermine une attitude, un comportement. Elle est circonscrite et relative à un espace-temps, à une situation donnée. L’Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médi- co-sociaux (Anesm), dans son guide de bonnes pratiques professionnelles (1), propose cette définition de l’éthique : « Une réflexion qui vise à déterminer le bien agir en tenant compte des contraintes relatives à des situations déterminées. » Or, agir en situation, n’est-ce pas le rôle du manageur ? L’hôpital, dans une acception large des soins, est imprégné depuis plusieurs années de considérations éthiques. La gnés. Évoquer une éthique du management, c’est affirmer un corpus de valeurs communes et transposer ces références en un ensemble de principes managériaux partagés. Trois grandes catégories irriguent le corpus identitaire du management hospitalier : • les valeurs républicaines : liberté (croyances, convictions, conscience, tolérance) ; égalité (laïcité, neutralité, impartialité, égalité des chances) ; Ce mode de management à forte dimension humaine peut être mis à mal en période de tension, quand persistent des doutes sur le sens de l’action. réflexion sur l’éthique du management y est plus récente, liée sans doute à la crise de sens qu’il traverse depuis trop longtemps, mais aussi à la prise de conscience de la responsabilité sociétale des organisations, privées et publiques. Il rejoint en cela les travaux conduits par des groupes professionnels ou des organisations patronales (2). Ces différentes réflexions présentent un trait commun: toutes réaffirment l’importance de l’humain au cœur de l’organisation. L’humain, valeur cardinale de l’hôpital Même si le progrès technologique permet des avancées notoires dans le traitement de la maladie, la prise en charge du malade est l’œuvre collective d’un ensemble de professionnels confirmés, appartenant à différents groupes professionnels, chacun porteur de valeurs identitaires fortes et d’un sens de l’action non moins affirmé. L’hôpital est une organisation à forte valeur ajoutée humaine. Les principes managériaux qui régulent les relations de la communauté hospitalière doivent en être impré- fraternité (équité, non-discrimination, solidarité) ; • les valeurs professionnelles : responsabilité, légalité, probité, loyauté, adaptabilité, continuité, efficacité, exemplarité, anticipation, innovation ; • les valeurs humaines : altérité, engagement, disponibilité, respect, confiance, reconnaissance. Les valeurs républicaines font référence à l’objet et aux missions de l’hôpital. Elles fondent le projet d’établissement, point d’ancrage du management hospitalier, qui donne sens, et s’élaborent en associant les parties prenantes, internes et externes : communautés professionnelles, cadres, élus, collectivités territoriales, usagers, opérateurs de soins, universités, donneurs d’ordres, etc. Les valeurs professionnelles prennent place dans la déclinaison thématique du projet d’établissement (projet médical, de soins, d’investissement, schéma directeur patrimonial), dans un souci partagé de cohérence, au service de la performance hospitalière, entre résultats économiques et appréciation qualitative. (1) Le Questionnement éthique dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux, 2010. (2) Voir De la responsabilité sociétale du chef d’entreprise, Medef, 2011. NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 17 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page18 En coulisses Management hospitalier : sept principes conducteurs Un management respectueux de la personne L’attention portée aux personnels doit guider au quotidien l’action des manageurs. Le respect de l’autre, la non-discrimination et l’écoute fondent un mode de relations qui doit favoriser le bien-être au travail, l’engagement et permettre de concilier vie professionnelle et vie personnelle, pour les personnels, les cadres, les dirigeants. Un management responsabilisant Donner aux manageurs un champ de liberté et d’autonomie est une obligation, fondée sur la confiance offerte aux décideurs, sur des responsabilités clairement définies, des objectifs identifiés, des moyens adaptés, des résultats partagés et des évaluations objectivées. Un management par les compétences La richesse de l’hôpital est fondée sur la complémentarité de ses personnels, toutes familles confondues, dotés d’une expertise forte dans leurs domaines de compétences. Faire fructifier cette ressource via une politique de développement des compétences, les formations individuelles et collectives, la gestion des carrières, des trajectoires et des parcours professionnels permet de renforcer le service rendu. Un management participatif Élaborer un projet fédérateur, susciter l’adhésion, maintenir la confiance : autant d’ambitions qui invitent à un management privilégiant l’action collective à l’exercice individuel. Ce management se prête au développement du sens critique, crée les conditions d’expression des personnels comme des usagers, à tous les niveaux : institutionnel, pôles, services. Il formalise aussi le partage de l’information, favorise la communication et invite les manageurs à se rendre disponibles. Un management obligeant L’adhésion au projet fonde les règles d’un jeu collectif qui oblige les parties prenantes dans l’attention portée au patient comme dans la considération Directeurs et cadres : un rôle essentiel, difficile, parfois ingrat Quant aux valeurs du projet de management, elles dessinent la dimension humaine du management hospitalier. Cet ensemble permet de définir les (bonnes) interactions des manageurs : gestionnaires, médicaux, soignants, techniciens. Il permet aussi de penser les normes sociales internes, de poser les règles, organisationnelles, fonctionnelles, relationnelles, de proposer les outils et d’établir la confiance. On touche là aux aspirations des personnels, comme la reconnaissance et la bientraitance, aux manières d’agir et aux comportements individuels et collectifs, à la liberté accordée aux manageurs : responsabilité et délégation, confiance et autonomie, objectifs et résultats, évaluation, intéressement… Et c’est ici que prend place la considération portée aux directeurs et cadres, à leur rôle essentiel, parfois ingrat, toujours difficile, parce que soumis aux injonctions paradoxales entre une hiérarchie qui demande plus d’efficacité et un médecin qui attend une plus grande disponibilité, entre des professionnels moins engagés et des patients toujours plus exigeants. ■ apportée aux personnels. Le contrat, avec son intéressement aux résultats, est la base des relations entre les différentes composantes de l’organisation. Un management solidaire Les principes de la gouvernance hospitalière renforcent l’idée de solidarité : entre les différents groupes sociaux de la communauté hospitalière ; entre les structures ; entre les membres de l’équipe de direction ; entre cadres dirigeants et cadres de proximité; entre les personnels. La solidarité appelle la transparence, la loyauté, l’adaptabilité. Un management vertueux Le manageur donne sens. Sa rigueur a valeur d’exemple, son comportement est déterminant. Il met en cohérence paroles et actes. Sa probité, son sens de l’équité et son discernement bâtissent la confiance à tous les niveaux de l’organisation. ■ page 18 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 Actes du SMPS Séminaire Insep - Juin 2013 Contribution du groupe de travail Éthique du management Coanimateurs Jean-Rémy BITAUD Chargé de mission, AP-HP Aude KEMPF Directrice de la performance, de l'organisation et du système d'information, CHU-Hôpitaux de Rouen 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page19 En coulisses Le SMPS s’engage pour un nouveau service public hospitalier La réflexion autour de l’avenir de notre système de santé est amorcée. Les jeunes professionnels des groupes de travail du SMPS apportent leurs contributions. Pour répondre aux mutations engagées, tout doit bouger, modes de financement compris ! C es derniers temps, la notion de service public a beaucoup évolué, notamment sous l’influence du droit communautaire. D’une conception du service public « à la française », définition organique axée sur la notion de structures, le droit français est passé à une notion de « missions de service public », soit une définition fonctionnelle. Ces missions sont assorties d’exigences particulières, définies par la collectivité publique. Elles sont inscrites dans un cahier des charges, et ceux auxquels elles incombent doivent les respecter strictement. Ils s’appuient pour cela sur des structures, qui consacrent à ces missions des ressources humaines et matérielles, financées, en partie ou en totalité, par la collectivité publique. Cette conception nouvelle est désormais applicable au service public hospitalier dont, aujourd’hui, les établissements publics de santé (EPS) sont, de fait, les premiers acteurs. Les EPS assurent systématiquement l’ensemble des missions qui leur sont confiées, en respectant les contraintes fixées par l’État et déclinées, le cas échéant, dans la politique régionale de santé. Aucune autre structure n’est en capacité d’assumer la totalité de ces missions en respectant les principes structurants du service public, notamment celui de continuité des soins. Il est donc naturel que les EPS soient reconnus, dans leur essence même, comme les acteurs premiers et incontournables de ces missions de service public hospitalier. Des missions en profonde mutation Un autre changement impacte les EPS : le service public hospitalier s’intègre désormais dans un service public de santé plus large, qui intègre toutes les missions conduisant à « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité », selon la définition de la santé donnée par l’OMS. Concrètement le service public de santé comprend toutes les missions qui concourent à répondre aux besoins de la population en la matière : médecine de proximité, services médico-sociaux, etc. Or, en l’état, l’EPS est un acteur central du service public de santé, vu les carences constatées chez les autres acteurs. Cette nouvelle donne devrait entraîner la constitution de filières coordonnées de soins. Enfin, dernier changement, le service public hospitalier dispose désormais d’une entité de régulation, à la fois régionale et transversale dans ses missions : l’agence régionale de santé (ARS). L’adaptation des acteurs à ce niveau de régulation nouveau – tant dans son positionnement que dans ses missions – doit se poursuivre dans une confiance réciproque et dans une dynamique commune. Il est donc nécessaire de tirer les enseignements de ces profondes mutations du service public hospitalier. Recentrer les EPS sur leur valeur ajoutée : universalité, technicité, coordination Les EPS sont avant tout des établissements de premier recours pour la population qui nécessite une hospitalisation. Ils doivent donc continuer à assumer ce rôle qui en fait l’un des piliers du service public de santé, tout en prenant la main sur l’amélioration continue du service. Celle-ci doit être globale, pour répondre aux exigences de la collectivité publique. Elle passe par des actions répondant à l’exigence de fluidité et de cohérence autour des parcours patients. Il s’agit de réfléchir à la pertinence des soins – voir le travail en cours mené par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Il faut aussi penser aux circuits de prise en charge et aux contractualisations interpôles pour définir les règles de fonctionnement interne. Une réflexion doit aussi être menée sur l’adéquation des capacités aux besoins, notamment en termes d’alternative à l’hospitalisation (chirurgie et médecine ambulatoires). Il faut aussi agir pour lier qualité et sécurité des prises en charge, pour prendre en compte la dynamique sociale de l’établissement et encore œuvrer à l’équilibre médico-économique. Pour tout cela, il importe de maintenir une veille permanente sur des indicateurs définis en concertation avec les acteurs concernés, afin d’intégrer des mesures correctives en cas d’alerte. Enfin, en ce qui concerne les CHU, n’oublions pas les actions de recherche, fondamentale, translationnelle et clinique : suivi qualitatif et quantitatif de l’activité, en lien avec les acteurs institutionnels concernés (établissements publics à caractère scientifique et technologique, université, etc.). NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 19 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page20 En coulisses Un rôle majeur de coordination Les EPS doivent aussi mettre en avant le haut niveau de technicité des prises en charge, qui fait leur spécificité au regard des autres acteurs du service public de santé. Et ce en développant les activités de pointe, qui nécessitent un plateau médico-technique lourd. Il s’agit encore d’organiser la prise en charge des patients sur le territoire, en coordination avec les acteurs concernés. Les EPS sont un maillon du service public de santé, mais ils doivent néanmoins devenir un acteur central et actes techniques et prise en charge de la polypathologie/ chronicité. Il faut aussi renforcer les soins de proximité : exercices collectifs, partenariats, interfaces ville/hôpital. Les EPS doivent encore structurer la gouvernance territoriale, en engageant les acteurs et en préparant les platesformes de coordination. Enfin, il leur faut jouer un rôle moteur dans la coordination et l’animation d’un réseau régional d’enseignement. Toutes ces nouvelles orientations relatives au rôle des EPS doivent être sou- Les EPS […] doivent néanmoins devenir un acteur central et incontournable de l’organisation et de la coordination des soins sur le territoire. incontournable de l’organisation et de la coordination des soins sur le territoire. Les relations sont à la fois verticales (pour le lien avec les tutelles, voir contribution du groupe 3) et horizontales. Celles-ci s’articulent autour d’acteurs et de partenaires divers : les établissements publics de santé, médicosociaux et sociaux ; les établissements de santé privés ; les professionnels de santé libéraux. En s’inscrivant dans ce réseau axé autour du parcours patient, les EPS doivent être moteurs dans la définition et la modélisation des parcours : il convient de segmenter ceux-ci pour identifier les phases critiques, les coûts, les inadéquations, les transferts possibles et les coordinations indispensables ; il convient aussi de répondre aux améliorations attendues, comme les hospitalisations évitables, le recul de la dépendance, la diminution de la iatrogénie, etc. Les EPS doivent aussi être moteur dans la gouvernance et le développement de partenariats territoriaux : ils sont les seuls à posséder logistique et légitimité pour ce faire. Il s’agit de concilier page 20 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 tenues et accompagnées : • par l’évaluation puis l’aménagement des outils juridiques de coopération interétablissements de santé ; • par la poursuite de la construction de modèles de coopérations simplifiées entre hôpital et ville, comme les maisons de santé pluridisciplinaires et les statuts médicaux à temps partagé ; • par la simplification juridique et économique de l’intervention des libéraux à l’hôpital ; • par la mise en place d’outils financiers incitatifs ; • par la mise à disposition d’un guide des tarifications des prestations interétablissements. Créer des modes de financement adaptés Dans la perspective de consolidation du service public, la réforme du mode de financement doit s’articuler autour des trois points suivants : • sécuriser par la tarification à l’activité (T2A) les missions de service public : évolution adaptée des tarifs, juste valorisation des missions d’intérêt général, conséquences de la permanence des soins en établissements de santé… ; • valoriser la notion de qualité et de pertinence des actes via des financements spécifiques qui viendraient récompenser le respect des indicateurs de performance imposés aux établissements : fluidité des parcours et pertinence des soins, qualité et sécurité des prises en charge, performance sociale, missions de recherche clinique ; • encourager les coordinations des parcours de soins, les innovations, y compris dans les formats expérimentaux. Là encore, des financements spécifiques pourraient être prévus. Ils correspondraient cette fois au rôle de coordonnateur des parcours de soins dans la région et de l’organisation des coopérations sur un territoire entre l’EPS et les autres acteurs du service public de santé. Enfin, le modèle de financement des missions de service public doit aussi évoluer pour permettre aux EPS de conserver un niveau suffisant d’investissement dans le renouvellement de leurs infrastructures. ■ Actes du SMPS - Séminaire Insep - Juin 2013 Contribution du groupe de travail Hôpital dans le système de santé. Paysage institutionnel, sanitaire et social Coanimateurs Julie ZIMMERMANN Directrice de la stratégie et des coopérations, CH de Valenciennes Yann LE BRAS Directeur, CH de Lavaur 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page21 En coulisses Le SMPS en action (1er trimestre 2014) AGENDA SOCIAL 15/01 Préparation accord de méthode sur la négociation parcours professionnels carrières et rémunération > Élodie Chapel 27/01 Carrière des agents investis d’un mandat syndical > Christine Khani 29/01 Modalités du dialogue social sur la MAP > Olivier Falanga 30/01 Préparation accord de méthode sur la négociation parcours professionnels carrières et rémunération > Élodie Chapel 05/02 Bilan intérim PACTE DE CONFIANCE MISSION DE SINGLY RESSOURCES HUMAINES ET PROJET RÉGIONAL DE SANTÉ 13/11 Commission > Christophe Gautier 12/12 Atelier 2 : pratiques de RH en santé en ARS > Olivier Falanga 19/12 Atelier 1 : évolution des pratiques des professionnels de santé et des organisations > Élodie Chapel 09/01 Atelier 1 : évolution des pratiques des professionnels de santé et des organisations > Élodie Chapel 15/01 Atelier 2 : pratiques de RH en santé en ARS > Olivier Falanga 11/02 Pénibilité > Élodie Chapel 12/02 Élections professionnelles > Christine Khani, Olivier Falanga 13/02 Accord de méthode sur la négociation parcours professionnels, carrières et rémunération > Élodie Chapel 16/01 Commission > Olivier Falanga 06/02 Atelier 1 et Atelier 2 > Élodie Chapel, Olivier Falanga 12/03 Commission 04/03 Qualité de vie au travail 10/04 Commission 10/03 Fonctionnement du CCFP > Olivier Falanga 22/05 Commission 11/03 Parcours professionnels carrières et rémunérations > Élodie Chapel 20/03 Prévention de la pénibilité > Élodie Chapel COMITÉS DE SUIVI DES PROTOCOLES DGAFP 26/03 Qualité de vie au travail 31/03 Comité de suivi RPS > Olivier Falanga 27/03 Elections professionnelles > Christine Khani, Olivier Falanga 31/03 Comité de suivi égalité professionnelle > Armelle Drexler PARTICIPATION DE NOS ÉLUS AUX INSTANCES CCFP ET FORMATIONS SPÉCIALISÉES CAPN et CCN DH/D3S/DS et TE DH/D3S CSFPH et réunions DGOS 06/03 CCFP plénière 09/01 CAPN > élus CAPN DH 07/01 Commission de la formation professionnelle > Reportée 18/03 Fonctionnement du CCFP 22/01 CAPN > élus CAPN D3S 14/01 Commission des statuts > Reportée 08/04 Fonctionnement du CHSCT 25/03 Comité de sélection DH > élus CAPN DH 21/01 CSFPH plénière > Reportée 28/04 Fonctionnement du CCFP 10/04 CAPN > élus CAPN DS 30/01 Comité de suivi RPS > Olivier Falanga 07/05 Comité de sélection D3S > élus CAPN D3S 11/02 Commission des statuts > Olivier Falanga 22/05 CAPN > élus CAPN DH 18/02 CSFPH plénière > Élodie Chapel, Olivier Falanga, Christine Khani 03/06 CCN DH > élus CAPN DH 11/03 Commission des statuts > E. Chapel, O. Falanga, C. Khani 05/06 CCN DS > élus CAPN DS 18/03 CSFPH plénière > E. Chapel, O. Falanga, C. Khani 19/06 CAPN D3S > élus CAPN D3S 08/04 Commission des statuts > E. Chapel, O. Falanga, C. Khani 15/04 CSFPH plénière > E. Chapel, O. Falanga, C. Khani 13/05 Commission des statuts > E. Chapel, O. Falanga, C. Khani 20/05 CSFPH plénière > E. Chapel, O. Falanga, C. Khani 10/06 Commission des statuts > E. Chapel, O. Falanga, C. Khani 17/06 CSFPH plénière > E. Chapel, O. Falanga, C. Khani NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 21 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page22 Congrès PRENEZ DATE ! 68e congrès national 9 et 10 octobre 2014 LES DOCKS EN SEINE page 22 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 08_23_RegionsCoulisses_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:36 Page23 Formation et écoles Formation et écoles Évolution de nos métiers : action ! Quelles évolutions pour nos métiers ? L’avenir de nos professions est l’objet de nombreuses attentes. Les enjeux sont importants et le SMPS travaille avec constance sur les questions relatives à la formation initiale et continue. Le groupe de travail dédié, créé par Christophe Gautier dès le début de son mandat, a présenté trois pistes de travail lors de notre congrès du 18 octobre dernier. Pour passer de la réflexion à l’action. Trois axes majeurs pour faire évoluer nos métiers Renforcer le positionnement de l’EHESP comme grande école de service public Si la légitimité de l’École des hautes études de santé publique (EHESP) est acquise, l’évolution des offres universitaires ne permet plus à l’École de s’imposer comme la seule source de formation pour les cadres et les diri- républicaine : par le biais du cycle préparatoire pour les fonctionnaires et par celui de la classe préparatoire intégrée pour les candidats au concours externe. Adapter les enseignements au changement des modes d’exercice Souvent accusée de privilégier l’aspect statutaire au détriment de la dimension stratégique et managériale, l’EHESP L’EHESP doit désormais intégrer la dimension stratégique et managériale devenue indispensable dans l’exercice quotidien des cadres et des dirigeants. geants de la fonction publique hospitalière. Or l’EHESP dispose de nombreux atouts qu’il faut valoriser. Le passage par cette école est la seule voie qui permet ou valide l’accès aux corps de direction. En outre, l’EHESP a mis en place des dispositifs qui la positionnent comme une garante de la méritocratie doit désormais s’appuyer sur ses ressources internes et sur son réseau professionnel et universitaire afin d’intégrer cette dimension devenue indispensable dans l’exercice quotidien des cadres et dirigeants. Cela passera par la densification de la formation lors des périodes rennaises. Il convient aussi d’individualiser la formation en intégrant les expériences professionnelles et les activités au cours de la scolarité (EHESP Conseil, associations, action syndicale, etc.). Favoriser la constitution d’une culture commune entre cadres et dirigeants au sein des établissements et des institutions avec lesquels nous sommes en lien Aujourd’hui, cadres et dirigeants ne peuvent plus travailler de façon isolée : ils sont en interaction permanente avec de nombreux interlocuteurs internes et externes. Il est donc indispensable de construire dès la formation initiale une culture commune où chacun pourra apporter sa vision et sa compétence au service de l’intérêt général. Cela passera par le renforcement des travaux en interfilières, en positionnant les élèves en fonction de leurs fonctions futures. Cela demandera aussi d’organiser des échanges réguliers et professionnels avec les corps comparables des fonctions publiques d’État et territoriale (École nationale d’administration, École nationale de la magistrature, Institut national des études territoriales, instituts régionaux d’administration, etc.) ou d’autres structures comme l’École nationale supérieure de la Sécurité sociale. Avis! Un appel à candidatures sera bientôt lancé auprès des adhérents et des élèves en formation afin d’élaborer un plan d’action ambitieux et réaliste. ■ Olivier Ovaguimian Directeur adjoint RH et affaires médicales, CH de Montereau NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 23 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page24 Dossier Les défis pour 2014 Dossier Les défis pour 2014 2014 : grande réforme de la fonction publique ! Réformer l’architecture statutaire de la fonction publique, ouvrir des négociations sur les rémunérations et simplifier la gestion des ressources humaines dans la fonction publique, telles sont les priorités retenues par Marylise Lebranchu du rapport Pêcheur. La ministre les a présentées aux organisations syndicales et aux représentants des employeurs le 9 décembre dernier. Dans cette négociation essentielle, le SMPS est le seul syndicat à porter la voix des directeurs et cadres hospitaliers et médico-sociaux. L e 4 novembre, le conseiller d’État Bernard Pêcheur a remis son rapport sur la fonction publique au Premier ministre et à Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l’État, de la publiques. Christophe Gautier, reçu pour le Syndicat des manageurs publics de santé, a dit le fort sentiment d’appartenance à la grande famille de la fonction publique, qui anime les cadres Rien de moins que la refonte de l’architecture et de la gestion statutaire… Ce qui pourrait impliquer la révision des corps et des catégories. Décentra lisation et de la Fonction publique. Ce rapport, commandé en mai par Jean-Marc Ayrault, a pour but de réfléchir aux « évolutions des modes de recrutement, de rémunération, de gestion et d’organisation des carrières ainsi que des parcours professionnels » des cinq millions d’agents des trois fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière). Au cours de cette mission, Bernard Pêcheur a auditionné les principaux représentants des trois fonctions page 24 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 et les directeurs du système de santé. Il a aussi exposé la spécificité et les contraintes particulières de l’exercice hospitalier et médico-social. Intégrer une partie du régime indemnitaire dans la grille indiciaire Le rapport de 200 pages propose de redonner du sens à l’action publique, tant pour les agents du service public que pour les usagers. Au programme : rénovation, simplification et unification de la gestion des ressources humaines dans les trois versants ; des parcours professionnels repensés et une politique salariale redynamisée, notamment par l’harmonisation des régimes indemnitaires. Bernard Pêcheur préconise aussi plus de transparence. Il insiste sur la nécessité d’intégrer une partie du régime indemnitaire dans la grille indiciaire, à l’occasion de la refonte des grilles qu’il préconise aussi. Cette proposition a retenu l’attention des organisations syndicales. Il s’agit d’une revendication ancienne. La ministre a dit partager cet objectif, mais elle a souligné le temps nécessaire à la refonte des grilles : un chantier titanesque qu’elle estime devoir durer au-delà du présent quinquennat. À partir des grandes mesures retenues dans le rapport par la ministre, Marylise Lebranchu a proposé une méthode de travail, présentée au SMPS le 15 janvier. Les mesures seront classées en « séquences », qui constituent autant d’étapes de discussion sur l’année 2014. La méthode est soumise à concertation, tant sur les séquences sélectionnées que sur le déroulement prévisionnel de la discussion. Ce grand chantier est fondamental pour la fonction publique hospitalière puisqu’il prévoit de traiter deux grands thèmes de manière commune aux trois versants de la fonction publique. À savoir : la rénovation de l’architecture statutaire et la politique salariale ; l’amélioration et la simplification de la gestion des emplois et des agents. Ressources humaines : harmoniser, moderniser et simplifier Concernant le premier thème, la séquence n°1 évoquera le cadre de la politique salariale. Le ministère de la Fonction 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page25 Les défis pour 2014 Dossier Stratégie nationale de santé : l’affaire de tous publique a pour ambition de lancer une harmonisation, une modernisation et une simplification des politiques de ressources humaines dans les trois versants. La séquence n°2 concerne la gestion des emplois. La concertation sur ce thème permettra de rechercher des solutions pour améliorer la mobilité et la transparence des recrutements, ainsi que, plus globalement, d’améliorer la gestion prospective des emplois. Essentiel pour nos professions et pour la gestion des établissements de santé dans laquelle les directeurs et cadres sont impliqués, la séquence n°3 ne veut rien de moins que la refonte de l’architecture et de la gestion statutaire. Cela implique potentiellement une révision des corps et des catégories A, B et C. Une évolution a eu lieu au cours des négociations sur la méthode, et la séquence n°4, qui ne devait concerner que la gestion des agents de la fonction publique d’État, concernera finalement les trois versants. C’est à ce moment-là que la proposition d’introduire des cadres professionnels interfonctions publiques sera abordée. Découlant directement de la séquence n°3, la séquence n°5 s’attachera à la refonte des grilles, censée notamment restaurer des espaces indiciaires et rééquilibrer indemnitaire et indiciaire. Enfin, le dernier chantier doit tirer les conséquences des cinq précédents sur la gestion des agents des trois versants, pour la rendre plus efficiente et attractive. La directrice générale de l’administration a précisé que l’encadrement supérieur ne serait pas traité dans ces négociations. Il s’agira donc, pour le SMPS, de défendre cette position : les cadres administratifs et techniques doivent percevoir une rémunération comparable à celle des ■ autres versants. Élodie Chapel Refonder notre système de santé, c’est l’enjeu de la Stratégie nationale de santé qui, s’appuyant sur le rapport d’Alain Cordier remis en septembre 2013, cible trois axes prioritaires. Un : la prévention. Deux : l’égal accès aux soins et leur organisation autour du patient à partir du premier recours, le médecin traitant. Trois : le renforcement de l’information et des droits des malades. Le SMPS prend part aux groupes de travail mis en place pour faire porter la vision des directeurs et cadres. Syndicat pluraliste et de professionnels, le SMPS fait s’exprimer dans ce dossier les différents points de vue sur le sujet. Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé L’hôpital doit trouver sa juste place dans le parcours de soins du patient Madame la ministre, pouvez-vous récapituler pour nos lecteurs les grands axes de la Stratégie nationale de santé ? La Stratégie nationale de santé (SNS), c’est la volonté de proposer pour la première fois dans notre pays une politique de santé globale, afin de refonder notre système de santé. Nous devons garantir que les performances de celui-ci profitent à tous les Français et, pour cela, nous devons lutter contre les inégalités sociales de santé. Nous devons aussi adapter l’organisation de notre système de santé aux besoins spécifiques du vieillissement et des maladies chroniques qui touchent aujourd’hui un Français sur cinq : il faut combattre les déterminants qui favorisent ces maladies. Quand la maladie survient, il faut aussi structurer autour des patients la prise en charge au quotidien. Enfin, nous devons garantir le financement de notre système de santé par la solidarité nationale. Face à ces défis, la feuille de route de la SNS définit le cadre de l’action publique pour les dix années à venir : • agir sur les déterminants de santé et prioriser la prévention au travers d’objectifs ciblés de santé publique ; • mieux organiser les soins et engager le virage ambulatoire en renforçant le premier recours pour garantir aux patients, à l’échelle de leurs territoires de vie, l’égalité d’accès à des parcours de santé cohérents ; • miser sur les territoires et renforcer la démocratie sanitaire. NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 25 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page26 Dossier Les défis pour 2014 La transformation que nous voulons engager s’appuie d’ores et déjà sur plusieurs dynamiques, dont le Pacte de confiance. La SNS intègre et approfondit les axes de travail du Pacte de confiance, autour de la place du service public hospitalier dans le système de soins, autour du dialogue social à l’hôpital et, bien sûr, de façon centrale, autour de l’enjeu des modes d’organisation et de fonctionnement de l’hôpital. Comment est mise en œuvre actuellement cette stratégie au niveau national et sur les territoires? Quelle est la place des établissements publics de santé et des établissements sociaux et médico-sociaux dans cette stratégie ? La SNS passe par la mobilisation de tous, car son succès reposera avant tout sur une évolution des mentalités et des pratiques de chacun. C’est pourquoi le premier levier est la concertation en région, qui a débuté en novembre, avec des forums régionaux. J’en présiderai moi-même plusieurs d’ici à la mi-février. L’objectif, c’est que les Ma conviction est que les missions de l’hôpital doivent être orientées vers la prise en charge des phases aiguës et des pathologies lourdes. L’hôpital doit trouver sa juste place dans le parcours de soins du patient. Allier le progrès médical à une meilleure réponse aux «La Stratégie nationale de santé passe par la mobilisation de tous, car son succès reposera avant tout sur une évolution des mentalités et des pratiques de chacun.» acteurs de la santé sur le terrain s’approprient la SNS, en débattent, et qu’ils nous fassent part de leurs propositions. Ces débats sont pilotés par les agences régionales de santé, qui jouent un rôle majeur pour transformer notre système de santé et l’adapter aux défis de demain. Quels sont pour vous les grands défis posés par la refondation du service public hospitalier que vous souhaitez mener à terme ? La loi HPST est venue abroger toutes les dispositions relatives au service public hospitalier. L’ensemble de la communauté hospitalière a eu le sentiment, légitime, qu’il était porté atteinte à ses valeurs fondatrices. Vous le savez, j’ai réintroduit dès 2013 la notion de service public hospitalier dans la loi. Cette notion sera confortée dans la prochaine loi de santé. J’attends par ailleurs dans les prochaines semaines les conclusions de la mission que j’ai confiée à Bernadette Devictor, qui a mené une large concertation sur le service territorial de santé au public. L’hôpital y aura toute sa place. page 26 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 attentes des patients est un enjeu fondamental dans la modernisation de nos établissements. Le développement des modes de prise en charge tournés vers l’ambulatoire, en chirurgie et en médecine, est l’un des grands défis que doit relever dès aujourd’hui l’hôpital public. © ELODIE GRÉGOIRE, AGENCE REA Comment s’articulent la mise en œuvre du Pacte de confiance et celle de la Stratégie nationale de santé ? Les établissements médico-sociaux sont au cœur de l’un des enjeux de la SNS, celui du vieillissement de la population. Nous devons redéfinir les responsabilités de chacun et nous engager résolument sur la voie du décloisonnement entre la médecine de ville, le secteur médico-social et l’hôpital. La SNS énonce sur ce point des ambitions concrètes et résolues. Enfin, la loi à venir sur l’autonomie, qui s’inscrira en cohérence avec les objectifs et les enjeux de la SNS, sera porteuse d’évolutions qui devront être intégrées par les établissements sociaux et médico-sociaux. Avez-vous un message à faire passer aux cadres et directeurs du service public de santé qui liront cet article ? Je salue leur engagement au service de valeurs qui sont au cœur de ma politique et de la SNS. Ces personnels sont soumis aujourd’hui à des exigences fortes. Il leur faut parvenir à concilier deux exigences : celle de la contrainte financière et celle de la démocratie à l’hôpital. Je veux leur dire que le gouvernement soutient l’hôpital public ; la préservation des missions d’intérêt général ou le soutien à l’investissement en sont des illustrations concrètes. La deuxième exigence est de faire vivre le dialogue social à l’hôpital. J’ai la conviction que c’est d’autant plus crucial que les temps sont difficiles. Plus les choix collectifs sont lourds, plus il est important de renforcer la solidarité et de débattre. Je sais que la SNS sera portée sur le terrain par ceux qui animent, au quotidien, la défense de nos valeurs, et je les en remercie. ■ 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page27 Les défis pour 2014 Dossier Manageurs a sollicité sur ce sujet deux grandes formations politiques: le PS et l’UMP. Martine Pinville, députée de Charente, secrétaire de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale, secrétaire à la santé au Parti socialiste Non à l’esprit de chapelle ! Quel regard porte la secrétaire de la commission des affaires sociales sur la Stratégie nationale de santé lancée par Marisol Touraine, ministre de la Santé et des Affaires sociales Prenons comme un atout la contrainte budgétaire et profitons-en pour tous discuter : professionnels de santé, État, Assurance Maladie, complémentaires, pour repenser notre système de soins. Dans un contexte où les professionnels de santé sont moins nombreux, la SNS pose un cadre pour que chacun ait accès aux soins et à la prévention, y compris les personnes en grande précarité, les personnes handicapées, les personnes âgées, les enfants. Il y a beaucoup à faire en matière de prévention. Si la France est un pays dont la population bénéficie d’une grande espérance de vie, on y vieillit moins longtemps en bonne santé que dans des pays voisins. Le but du gouvernement est de corriger la politique de santé inflationniste mais on ne peut pas tout changer d’un coup : le système de soins doit tenir compte des habitudes de vie ! On le voit avec la lente adoption des médicaments génériques. Pouvez-vous nous donner des exemples en matière de prévention ? Dans la loi sur la refondation de l’école, j’ai fait passer un amendement sur l’éducation à la santé. Ça peut aller très loin : non seulement une large information sur les boissons sucrées, mais aussi des actions en matière de santé mentale, pour qu’enfants et adolescents, dans la construction de leur esprit, apprennent à s’affirmer, à dire oui, à dire non à telle ou telle sollicitation. Cela pour anticiper des conduites addictives. On doit pouvoir aussi, dès 50 ans, apprendre à préparer sa sortie de la vie active pour ne pas souffrir de divers maux une fois en retraite. La santé doit s’imposer dans de nombreux domaines : en matière de travail, de logement, de sport, d’environnement, etc. J’y travaille au Parti socialiste. Nous discutons par exemple avec le ministère du Logement pour réserver une pièce commune, destinée aux personnes âgées, dans les nouveaux logements collectifs. C’est aussi cela la prévention. « La santé doit s’imposer dans de nombreux domaines : en matière de travail, de logement, de sport, d’environnement, etc. » Comment imaginez-vous concrètement la mise en œuvre de cette stratégie dans votre circonscription en Charente ? Je voyage beaucoup, et bien au-delà de ma circonscription. J’observe de bonnes pratiques partout. Les parcours de santé doivent être plus efficients, à chaque territoire de trouver le sien, qui peut s’appuyer sur d’autres acteurs que le médecin généraliste, comme le pharmacien d’officine, la sage-femme, etc. À Saint-Yrieix-laPerche, en Haute-Vienne, sur un territoire où la population vieillissante est nombreuse, un hôpital psychia- trique, un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), une mutuelle et des médecins libéraux travaillent tous ensemble, sur un mode complémentaire. À mes yeux, chaque territoire doit construire son offre de soins. L’hôpital est un acteur parmi les autres. Le vrai problème réside dans l’esprit de chapelle, fréquent ! ■ Propos recueillis par Élodie Chapel et Pascal Marion NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 27 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page28 Dossier Les défis pour 2014 Jean-François Copé, député de l’Oise, président de l’UMP La place des établissements dépend des situations de chaque territoire Que pensez-vous de la Stratégie nationale de santé lancée par la ministre de la Santé en septembre dernier ? Quelle est selon vous la place des établissements publics de santé et des établissements sociaux et médico-sociaux dans une redéfinition des priorités de notre système de santé ? Il est difficile de répondre à cette question simplement, car la réponse dépend des territoires. Dans certains territoires où l’offre ambulatoire est suffisante, les établissements de santé jouent le rôle de recours, de plateau technique, ce qui semble logique. Dans d’autres territoires, déficitaires en soins de ville, ils peuvent également être l’accueil de premier recours. Il n’y a donc pas une réponse univoque à votre question, la place des établissements dépend des situations de chaque territoire. Pour ce qui est des établissements médicosociaux, compte tenu du vieillissement de la population, leur rôle est majeur pour assurer une transition vers les soins de suite. page 28 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 était une demande du Premier ministre qui n’était même pas présent lors de l’annonce des propositions en septembre dernier. Cela démontre bien la faiblesse de l’engagement politique du gouvernement en matière de santé. © UMP Sur le fond, cette Stratégie nationale n’en est pas une. Le sentiment général des professionnels est la déception. Les propositions d’aujourd’hui se résument à des mesures techniques et des effets d’annonce. Dans les faits, Marisol Touraine n’a pas d’idée. C’est d’ailleurs ce qu’on lui reproche sur le terrain. Du coup, elle reprend les politiques que nous avions menées et appelle cela « Stratégie nationale de santé » : maisons pluridisciplinaires, filière de médecine générale, plans de santé publique comme le plan Cancer ou encore les objectifs des agences régionales de santé, qu’elle s’approprie habilement. C’est assez courant avec les socialistes : on fait de grandes annonces pour se différencier mais on n’a pas d’idée, alors on fait des commissions… J’ajoute que cette Stratégie nationale Quels sont, pour l’UMP, les grands enjeux auxquels doit faire face le système de santé ? Et quelles réponses souhaiteriezvous y apporter ? Les enjeux sont assez clairs : le vieillissement de la population, ou l’augmentation de l’espérance de vie, qui est une bonne chose, s’accompagne de l’explosion des maladies chroniques. Ces maladies nécessitent une prise en charge pluridisciplinaire à proximité du patient. Or, notre système n’est pas réellement adapté à ce modèle de prise en charge. Nous sommes historiquement tournés sur l’aigu. Il faut donc adapter notre système de santé pour répondre à ces nouvelles formes de pathologies. Il faut également intégrer le progrès technique continu qui améliore et change les pratiques. Enfin, il faut prendre en compte les contraintes de financement. « Marisol Touraine […] reprend les politiques que nous avions menées. » Que pensez-vous plus précisément de la refondation du service public hospitalier que la ministre de la Santé souhaite mener à terme ? Refondation ! Encore une grande annonce ! J’observe la manière dont la ministre a évolué sur ce sujet. Il y avait d’abord une position dogmatique : l’hôpital public doit s’occuper des missions de service public et avoir les ressources nécessaires à son fonctionnement. Il y a eu beaucoup de promesses, beaucoup de missions, un Pacte de confiance…Puis, confrontée aux réalités, Marisol Touraine a été contrainte d’évoluer. Il est difficile de faire des promesses lorsque la contrainte économique est forte. La gauche en campagne avait promis un objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) à 3 %. Au pouvoir, elle a voté en 2012 un Ondam de 2,7 %, et celui de cette année est à 2,4 %. Il sera à mon avis encore plus dur l’année prochaine. Dans les répartitions de ce budget, l’hôpital a été plutôt moins bien traité qu’auparavant. La dernière campagne budgétaire a été la plus dure jamais vue à l’hôpital. Il y a donc une différence majeure entre les paroles et les actes. Même sur les missions de service public, la ministre est en train d’évoluer pour les ouvrir au-delà de l’hôpital public. Je comprends donc que la déception soit grande pour les professionnels du service public hospitalier qui avaient cru aux promesses. ■ Propos recueillis par Élodie Chapel 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page29 Les défis pour 2014 Dossier Le point de vue des professionnels Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France © UMP Il faut être inventif pour compenser le manque de moyens Quels sont, pour la FHF, les enjeux majeurs auxquels notre système de santé devra faire face dans les années à venir ? À la lumière des vœux du président de la République, le 31 décembre dernier, on comprend que le secteur de la santé va être touché par des efforts d’économie. Les moyens vont croître beaucoup moins vite que l’augmentation naturelle de nos charges. Cela induit des économies sur les achats et en personnel, sans que la qualité des soins en pâtisse ; il n’y a aucune fatalité à ce sujet. Nous n’avons pas le droit de baisser les bras : il faut donc être inventif pour compenser le manque de moyens. La Stratégie nationale de santé ne doit pas se traduire par une étatisation, mais par l’autonomie des professionnels de santé et des établissements publics. Quel regard portez-vous sur la Stratégie nationale de santé ? La FHF se réjouit d’une meilleure prise en compte du grand âge et de la perte d’autonomie qu’il induit, du handicap, et de la santé mentale. Mais nous regrettons que la ministre n’ait pas fait de la lutte contre les actes inutiles l’un des leviers de transformation du système de santé. C’est une priorité absolue qui doit engager tous les professionnels de santé, quels qu’ils soient. Pour en finir avec le gaspillage, énorme, il faut évaluer la pertinence de tout ce qu’on fait. Des patients sont opérés alors qu’ils ne devraient pas l’être ! Le sujet est tabou mais on tient ici un gisement d’économies considérables. Nous aurions aussi souhaité que des expérimentations en grandeur réelle soient décidées. Menées sur l’intégralité de trois ou quatre régions, elles permettraient de tester les conditions d’une mise en œuvre cohérente et globale de filières de soins et médico-sociales dans les territoires. Quels sont pour vous les principaux défis que les cadres et directeurs devront affronter dans cette optique ? Cadres et directeurs devront être les acteurs majeurs du changement. Les directeurs doivent s’adapter aux projets qui vont intervenir, ils doivent animer et convaincre leurs équipes. Nous n’avons pas besoin d’autoritarisme mais d’imagination. Directeur d’hôpital sera toujours un métier difficile. Mais la beauté de ce métier est fondée sur l’adaptabilité : il faut sans cesse prévoir comment les choses vont bouger. Nous devons aussi en finir avec les corporatismes. Dans le cadre de l’enveloppe contrainte, il convient de s’organiser pour payer autrement. Il est par exemple anormal que les radiologues soient deux ou trois fois moins payés dans le public que dans le privé. Mais disant cela, j’ai bien conscience, je le répète, de me heurter à tous les corporatismes ! Quelles sont les conditions de la réussite de cette stratégie selon vous ? Si notre système est de plus en plus hospitalo-centré, ce n’est pas la faute de l’hôpital. Mais c’est parce que celuici doit répondre à toutes les missions, souvent non assumées par les autres acteurs. Peut-on inverser la tendance ? Le changement ne se justifie que si l’on apporte un autre système de soins. Il faut développer des alternatives : chirurgie et hospitalisation ambulatoires, centres cliniques autonomes, tant privés que publics, où l’on simplifie les procédures et où l’on diminue les frais de structure. Enfin, il faut être conscient que toute évolution ne pourra se faire qu’avec les professionnels de santé, au plus près du terrain. La Stratégie nationale de santé ne doit pas se traduire par une étatisation, mais par l’autonomie des professionnels de santé et des établissements publics. L’organisation et la gestion quotidiennes des établissements ne sont pas des compétences de l’État : les agences régionales de santé ne doivent pas s’immiscer dans celles-ci. ■ Propos recueillis par Pascal Marion NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 29 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page30 Dossier Les défis pour 2014 Frédéric Martineau, président de la Conférence des présidents de CME des centres hospitaliers Ne pas agiter le chiffon rouge de l’hospitalo-centrisme Quel diagnostic posez-vous sur notre système de santé et ses enjeux ? Que pensez-vous de la Stratégie nationale de santé, en tant que médecin et président de la Conférence des présidents de CME des CH ? Nous avons une préoccupation : la prise en charge des patients. Or il faut se rendre à l’évidence : il y a des inégalités d’accès aux soins, dont certaines offres ne sont pas de qualité. Cette modernisation est une bonne chose, et la Conférence y est favorable. Mais nous sommes préoccupés par la façon dont les choses vont se faire. Le saucissonnage en groupes de travail pour réfléchir à certains sujets qui devraient être traités de façon transversale ne nous semble pas judicieux. Et nous avons des interrogations sur le calendrier. Si j’ai bien compris, tout ce travail sur les orientations du gouvernement doit entrer, va entrer, dans le cadre d’un projet de loi au premier semestre de l’année 2014. C’est rapide. Les réponses proposées par la ministre vous semblent-elles adaptées ? L’idée de donner toute sa place à la prévention est très bonne. La France a un très grand retard dans ce domaine par rapport à de nombreux pays, dont ceux de l’Europe du Nord. Mais soyons conscients que la prévention va très loin. Elle englobe de grandes priorités de santé publique et la prise en charge de nombreux risques sanitaires. Nous sommes aussi pour la rationalisation et la simplification du parcours de soins, mais attention ! Tous les médecins traitants n’ont pas envie de devenir « Nous regrettons que la question de la pertinence des actes, initiée par la DGOS, n’ait pas été reprise. » la pierre angulaire de ce parcours. Et si nous souhaitons décloisonner les rapports ville/hôpital, nous craignons de voir agiter le chiffon rouge de l’hospitalo-centrisme. Nous ne voulons pas de procès de l’hôpital. Dans certains territoires, en matière de soins, il n’y a rien à part lui. Si trop de patients viennent aux urgences, il faut se demander pourquoi. C’est qu’il n’y a rien en ville. L’hôpital doit rester incontournable, c’est la colonne vertébrale sur laquelle le territoire va s’appuyer pour son offre de santé. Apparemment, on va aussi donner aux ARS les moyens de jouer un rôle plus important. Dans ce cadre, nous demandons davantage de transparence sur l’argent attribué via ces fonds. Y a-t-il des points que la Stratégie nationale de santé n’aborde pas et que vous souhaiteriez voir abordés ? Nous sommes en cours de réflexion pour faire des propositions. Mais nous regrettons déjà que la question de la pertinence des actes, initiée par la DGOS, n’ait pas été reprise. C’est un axe d’économie important, même s’il y a des désaccords sur le sujet. Nous proposons aussi davantage de mutualisation des moyens avec la création page 30 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 de réseaux d’offres de soins sur chaque territoire. Deux hôpitaux qui proposent les mêmes activités à 40 km de distance, cela n’a pas de sens. Et si l’on parle souvent de renforcer la coopération public/privé, il faut aussi et d’abord renforcer la coopération public/public. ■ Propos recueillis par Pascal Marion 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page31 Les défis pour 2014 Dossier Conditions d’exercice des cadres et directeurs Les conditions d’exercice des directeurs et des cadres ont été au cœur du 67e congrès sur la confiance. Décryptage de notre enquête sur ce mal-être au travail des directeurs et cadres, et regard du sociologue Jean-Philippe Bouilloud, spécialiste du sujet. L e sondage que nous avons conduit auprès des collègues directeurs et cadres dans le secteur hospitalier comme dans le médico-social avant le congrès d’octobre dernier est édifiant sur ces différents points. Il montre que les relations avec les pouvoirs publics et la confiance en l’avenir des directeurs et cadres ont évolué de manière négative, voire très négative, ces dernières années. Ainsi, plus de 78 % des sondés ont répondu que les relations entre les pouvoirs publics et les responsables d’établissements publics et médico-sociaux ne s’étaient pas améliorées selon eux depuis la création des agences régionales de santé (ARS). Encore plus inquiétant, environ 95 % des sondés ont estimé que les conditions d’exercice des dirigeants de l’hôpital et du médico-social publics s’étaient dégradées depuis 2009, avec plus particulièrement une forte perception négative des cadres soignants sur l’évolution de leurs conditions de travail, confirmant que les dernières années de réforme des prises en charge et de contraction des coûts ont pesé sur leurs épaules. Sur la question du dialogue social, ils sont également les plus pessimistes, puisqu’ils ont répondu à 70 % que les relations avec les partenaires sociaux ne correspondaient pas à leur vision du dialogue social, contre 66 % des directeurs d’hôpital et 61 % des cadres administratifs. Point d’orgue du moral en berne des directeurs et cadres, la confiance en l’avenir n’est pas au rendez-vous puisque plus de 62 % déclarent ne pas avoir confiance. Les jeunes professionnels ne font malheureusement pas exception, avec 43 % seulement des 30-39 ans qui affirment leur confiance en l’avenir. Seule lumière à l’horizon, les relations entre la communauté médicale et la direction semblent s’être apaisées ces dernières années pour 60 % des quement contraint, image qui leur est parfois très injustement renvoyée. Loin d’être « déconnectés » des tensions entre contraction budgétaire et augmentation de la demande de soins, ils sont en première ligne pour porter ces politiques et faire évoluer les organi- La question du bien-être au travail se pose avec une acuité particulière pour les dirigeants que représente le SMPS. sondés environ. Plus de 65 % des directeurs d’hôpital de ce panel affirment avoir ressenti une amélioration de ces relations. Une situation préoccupante Perte de confiance en l’avenir et dans les pouvoirs publics par la dégradation du dialogue, sentiment de frustration face au dialogue social conduit à l’intérieur des établissements…, ces constats sont des indicateurs préoccupants pour le SMPS. Le mal-être des directeurs et des cadres des secteurs hospitaliers et médico-social ne doit pas être ignoré ou perçu comme une problématique de « privilégiés » d’un système économi- sations. Le SMPS porte donc ce souci de l’amélioration des conditions d’exercice des directeurs et des cadres, et d’un plus grand soutien de l’État à ses directeurs qui traduisent les orientations stratégiques sur le terrain. La question du bien-être au travail se pose ainsi avec une acuité particulière pour les dirigeants que représente le SMPS. Nous avons interrogé à ce sujet un spécialiste de cette question, JeanPhilippe Bouilloud, sociologue, professeur au département Stratégie, hommes et organisation du campus Paris d’ESCP Europe et auteur d’un ouvrage remarqué sur le mal-être des cadres au travail, Entre l’enclume et le marteau : les cadres pris au piège. NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 31 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page32 Dossier Les défis pour 2014 Entretien Malaise au travail : le regard du sociologue Jean-Philippe Bouilloud, vous qui avez écrit un ouvrage édifiant sur le mal-être au travail, comment analysez-vous les résultats du sondage que nous avons mené auprès des directeurs et des cadres de la fonction publique hospitalière ? Je ne suis pas un spécialiste du monde de la santé, même si je le connais un peu, mais ce que vous décrivez me semble très voisin de ce que j’ai pu observer dans d’autres secteurs d’activité. J’ai le sentiment que dans le monde hospitalier, le malaise au travail est lié à une situation « paradoxale » dépendante de l’injonction, in fine contradictoire, de « faire plus » (plus d’activité, plus d’actes ou de patients traités) à des niveaux de qualité eux aussi de plus en plus exigeants, du fait des règlements ou des menaces judiciaires, mais avec des ressources qui se raréfient. Or, on sait que les injonctions paradoxales rendent schizophrènes… 1. «Entre l’enclume et le marteau : les cadres pris au piège», Seuil, 2012, p.13. Je me permets de reproduire ci-après un extrait de votre livre concernant les injonctions paradoxales, que le SMPS s’emploie à dénoncer régulièrement comme une des causes principales de la souffrance au travail des directeurs du système de santé public. Dans les années 1950, les psychologues du groupe dit « école de Palo Alto » avaient exploré la notion d’injonction paradoxale, à partir des travaux de Russell sur les paradoxes logiques. L’injonction paradoxale est un « double lien » (double bind) qui consiste en un système d’ordres contradictoires auxquels on est tenu d’obéir et qui installent celui qui y est soumis dans l’impossibilité de réussir à satisfaire la demande formulée, comme dans le cas typique de la mère qui dit à son enfant : « Sois autonome » ; elle veut être obéie et elle lui demande en même page 32 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 temps d’être indépendant. Pour Bateson, c’était une des sources « communicationnelles » de la schizophrénie, car cela met les individus dans une perspective d’échec inéluctable dont ils vont chercher à se sortir en s’échappant du réel. Les travaux de Bateson portaient essentiellement sur la famille, mais, dans les organisations actuelles, ces injonctions paradoxales se multiplient et, telle la mère « paradoxante », les institutions demandent à leurs cadres d’être, par exemple, de fidèles serviteurs et des entrepreneurs autonomes, etc. Quand les injonctions paradoxales se multiplient, quand elles sont masquées derrière les exigences rationalisées des résultats, leur effet pernicieux est renforcé et les cadres font face à une souffrance diffuse, lancinante et usante, en essayant de faire tenir ensemble les termes opposés des requêtes qui leur sont faites.(1) Cette citation a une acuité toute particulière pour les directeurs du système de santé publics, à la fois serviteurs de l’État dans un système régulé nationalement et dirigeants d’institutions hospitalières bien spécifiques avec une stratégie propre sur le territoire de santé. Comment peuton, selon vous, sortir de ces injonctions paradoxales et quelle stratégie les directeurs et les cadres doivent-ils adopter face à elles ? La première chose, face à une injonction paradoxale, est d’en prendre conscience. Ce n’est pas « soi » qui est défaillant, c’est la structure qui est « impossible ». Cette prise de conscience permet de ne pas se laisser assujettir à l’injonction, et de ne pas se laisser happer par une situation en définitive inextricable et potentiellement productrice de souffrance. La deuxième chose est de faire des choix, et de les assumer. Dans la mesure du possible, il faut essayer d’expliquer à ses commanditaires que les requêtes qu’ils adressent sont antagonistes et que vous ne pourrez répondre à tout. Les dirigeants des grandes entreprises (par exemple celles du CAC 40) sont eux aussi soumis à des injonctions paradoxales, comme par exemple développer l’activité (ce qui demande des investissements) et faire des économies en réduisant le capital investi. Les dirigeants qui « s’en sortent » sont ceux qui expliquent à leurs actionnaires les choix qu’ils font et pourquoi cette année ils vont satisfaire une des requêtes (par exemple faire du développement, donc investir) et, l’année prochaine ou dans deux ans, l’autre (faire des économies). Un bon dirigeant est un « filtre » à injonctions paradoxales : il décide de ses choix et convainc, quand il en a la latitude, ses interlocuteurs que son choix est le bon. Si on n’a pas la possibilité de décider, on est contraint de faire une «médiation» permanente : expliquer à chaque tenant d’un des termes de l’injonction que son point de vue doit tenir compte aussi de l’autre terme (par exemple les requêtes « médicales » et « gestionnaires » dans la santé). Il faut donc négocier des moyens termes relativement acceptables par chacun, des cotes mal taillées mais 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page33 Les défis pour 2014 Dossier qui permettent je crois de débloquer les situations. Mais il y a aussi, dans le milieu de la santé, une confrontation éthique des légitimités qui pose problème : si le soin, ou la nécessité de prendre en charge de syndicats qui, sauf exception, ont souvent vu les cadres comme des protégés, ce qu’ils ont été au reste pendant un certain temps. Par ailleurs, les revendications usuelles (rémunérations, postes) sont des revendications quan- « La première chose, face à une injonction paradoxale, est d’en prendre conscience. Ce n’est pas “soi” qui est défaillant, c’est la structure qui est “impossible”. » des malades, est indiscutable éthiquement, la logique gestionnaire qui s’est développée ces dernières années est elle beaucoup plus discutable et discutée. D’où le sentiment, parfois, d’un abandon de l’éthique du soin à la seule logique gestionnaire. Peut-être que cela signifie qu’il faudrait coconstruire dans ce domaine une « éthique gestionnaire » qui soit compatible, ou ouverte au dialogue, avec l’« éthique du soin » et permette de trouver des terrains d’entente. Vous soulignez le fait que les cadres sont dans une souffrance spécifique dans l’entreprise, en particulier parce qu’ils n’ont pas de recours collectif, au vu notamment de leur faible taux de syndicalisation et de la solitude dans laquelle ils se trouvent face à la violence des organisations. Quelle devrait être pour vous le centre d’action prioritaire d’un syndicat comme le nôtre pour lutter contre ce mal-être au travail et ce doute face à l’avenir ? Pendant longtemps, beaucoup de syndicats ne se sont pas véritablement préoccupés de la souffrance au travail, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la centralité de la préoccupation ouvrière a irrigué la culture de beaucoup tifiables qui sont des bases faciles de négociation et de communication. Quand le problème est celui de la reconnaissance, du malaise, qui plus est sur des populations minoritaires dans la plupart des grandes centrales, on n’a plus de mesure possible, ni de vrai intérêt. Il me semble important que les syndicats soient des relais d’une expression qui n’a pas d’espace naturel dans beaucoup d’organisations et qu’ils portent la nécessité d’une coconstruction des solutions : ce ne sont ni les seuls dirigeants ni une seule des parties prenantes (gestionnaires, médecins, pouvoirs publics, syndicats…) qui ont la clé des solutions à imaginer. En revanche, dans un processus de coconstruction, qui entend les contraintes de chacun et sait les faire dialoguer, on peut imaginer bâtir des solutions pragmatiques qui permettent in fine de réduire la souffrance au travail. Ce rôle d’animateur des processus de coconstruction de solutions, les syndicats sont à mon avis à même de le tenir, s’ils le désirent vraiment et s’ils s’en donnent les moyens. ■ Récompense Prix du Meilleur ouvrage écrit par un expert L e 6 février 2013, lors de la troisième édition du prix du Meilleur ouvrage sur le monde du travail organisée par Le Toit citoyen, le Club des élus de CE, sous la présidence de Jean Auroux, ancien ministre du Travail, Jean-Philippe Bouilloud s’est vu décerner le prix du Meilleur ouvrage écrit par un expert pour son livre Entre l’enclume et le marteau : les cadres pris au piège publié aux éditions du Seuil. ■ Propos recueillis par Élodie Chapel NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 33 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page34 Dossier Les défis pour 2014 Diversité, égalité, parité… La nouvelle devise de la fonction publique? Nul doute que 2013 aura été l’année de la diversité dans la fonction publique, au regard des travaux pilotés par la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) ou directement par le cabinet de la ministre de la Fonction publique. Cette revendication de la présence et de la valorisation de populations différentes par le sexe, l’âge, le handicap, l’origine, l’orientation sexuelle s’est avant tout manifestée sous l’angle exclusif de l’égalité hommes/femmes, ou plutôt «femmes/hommes», comme si positionner le féminin avant le masculin renforçait réellement les ambitions et moyens associés… L a traduction des négociations entre les employeurs publics et les organisations syndicales – parmi lesquelles le SMPS, seule organisation syndicale représentant spécifiquement les directeurs et les cadres de la fonction entre vie personnelle et vie professionnelle et la rémunération. Élaboration de la circulaire d’application du protocole, de la circulaire relative à la prévention du harcèlement sexuel et moral, de référentiels de formation Le SMPS a signé le protocole sur l’égalité professionnelle le 8 mars 2013 à Matignon. publique hospitalière – a été la signature du protocole d’accord relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique, à l’hôtel Matignon, le 8 mars 2013, par toutes les parties en présence 1. Depuis, trois comités de suivi du protocole se sont succédé afin de garantir cette égalité des droits et des chances entre les femmes et les hommes, réaffirmée dans le protocole, tout particulièrement en ce qui concerne l’accès à l’emploi, la mobilité, la promotion, l’articulation page 34 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 sur l’égalité professionnelle et la prévention du harcèlement à l’attention des différents publics, ou encore relecture du décret instituant les rapports de situation comparée (statistiques genrées) ont notamment été à l’ordre du jour de ces réunions. Mais tout de suite après la signature du protocole sur l’égalité professionnelle hommes/femmes, et conformément à une mesure prévue par ledit protocole, le chantier engagé a été celui de la refonte de la charte de la diversité dans la fonction publique, motivée par l’actualisation des signataires de la charte signée en 2008 (disparition de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, ministère de plein exercice) et le souhait de renforcement de la dynamique des « trois versants de la fonction publique » (la première version étant davantage centrée fonction publique d’État). Ainsi, les travaux ont été conduits au sein de la formation spécialisée « Égalité, mobilité et parcours professionnel » du Conseil commun de la fonction publique, au sein de laquelle siège le SMPS, entre avril et novembre 2013. Des « experts » des trois fonctions publiques – entendus Suivi du protocole Égalité professionnelle hommes/femmes en 2014 Le SMPS participe aux travaux qui se poursuivent dès le premier semestre 2014, avec notamment la préparation de la publication d’un guide d’information interfonction publique concernant les règles applicables et les effets en termes de carrière des choix faits en matière de congés familiaux et de temps partiel, et la révision des répertoires des métiers avec une réécriture non discriminatoire et non stéréotypée. À cela s’ajoutent la réaffirmation de l’effectivité du congé de paternité et d’accueil de l’enfant dans la fonction publique et la contribution, en ce qui concerne la fonction publique, aux négociations qui se dérouleront dans le secteur privé, notamment sur les conditions d’utilisation du congé parental par les deux parents et sa répartition entre eux. 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page35 Les défis pour 2014 Dossier ? comme des personnes ressources ayant notamment développé des actions visant à lutter contre les discriminations (forum découverte des métiers d’une collectivité locale en direction des jeunes, intégration de personnes en situation de handicap et maintien dans l’emploi, gestion du retour des agents après une longue absence, mise en place d’un dispositif « Alerte discrimination »…) – ont ainsi été auditionnés. Leurs expériences ont ainsi permis de confronter à l’épreuve des faits les grands principes énoncés dans le projet de charte. L’aboutissement de ces travaux a été la signature de la Charte pour la promotion de l’égalité et la lutte contre les discriminations dans la fonction publique par la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu et le Défenseur des droits Dominique Baudis (voir interview page suivante) le 17 décembre 2013. Simple énoncé de grands principes non contraignants ou cadre des actions menées en matière de promotion de l’égalité, chacun l’interprétera selon sa sensibilité. Il n’en demeure pas moins que ce cadre et l’outil associé représenté par le label diversité peuvent permettre de valoriser l’exemplarité de la fonction publique hospitalière. De par ses valeurs propres et l’action des directeurs et cadres, les actions de lutte contre les discriminations – telles que valorisées par d’autres collectivités ou administrations – irriguent notre quotidien, sans pour autant qu’elles soient revendiquées et portées comme des bonnes pratiques en dehors de nos établissements. Enfin, à la diversité et à l’égalité s’adjoint la parité en tant que préoccupation visant à avoir le même nombre de femmes et d’hommes dans une ins- L’égalité et la diversité au programme de l’Agenda social 2014 L’Agenda social de la fonction publique comprend en 2014 une négociation sur la diversité dans la fonction publique, présentée par la ministre de la Fonction publique, comme visant à « s’assurer que la fonction publique est à l’image de notre société », particulièrement concernant l’égalité d’accès à la fonction publique des jeunes – notamment via l’apprentissage – et l’accès et la carrière pour les personnes handicapées. L’Agenda social 2014 comporte également une négociation avec les organisations syndicales sur la qualité de vie au travail. Cette négociation sera l’occasion de relancer l’élaboration de chartes du temps, avec pour ambition de « mieux concilier, dans la fonction publique, le temps du travail et le temps de la vie personnelle, conjugale et familiale ». Le SMPS sera de toutes ces négociations, portant la voix des directeurs et des cadres de la fonction publique hospitalière, voix si particulière dans le cadre de ces réunions car elle dénote de celle des autres organisations syndicales en représentant l’encadrement, mais aussi parce qu’elle fait entendre la spécificité de la fonction publique hospitalière. tance de consultation ou de décision. Les dernières nominations dans les emplois supérieurs de la fonction publique hospitalière l’attestent, et l’objectif était affiché dès novembre 2012 dans la « feuille de route » en matière de droit des femmes du ministère de la Fonction publique, qui identifiait en deuxième mesure (sur huit) : « Favoriser l’accès des femmes aux emplois supérieurs et de direction ». Pour autant, un renforcement semble encore en marche. La ministre des Droits des femmes et la ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique ont ainsi présenté en Conseil des ministres le 23 décembre 2013 une communication relative à la mise en œuvre des engagements du gouvernement en matière de nominations équilibrées entre les femmes et les hommes dans la haute fonction publique. Pour renforcer les progrès réalisés en 2013, des actions supplémentaires ont été décidées pour 2014 : • renforcement des actions de repérage des potentiels et talents féminins ; • systématisation de la règle de présentation de trois propositions, dont un candidat de chaque sexe, pour chaque nomination sur un emploi à la décision du gouvernement ; • palmarès des administrations en matière de nominations équilibrées ; • révision des règles de mobilité géographique ou de tout autre frein pour l’avancement ou la promotion des femmes, dans la continuité de l’accord relatif à l’égalité professionnelle conclu le 8 mars 2013. À suivre donc avec attention, car si on ne peut que se satisfaire de la fin des mesures cosmétiques pour renforcer la diversité, personne n’a intérêt à sacrifier sur l’autel de l’égalité le vivier de compétences actuel, ni à balayer d’un trait l’obligation de mobilité pour la gestion des carrières dans la haute fonction publique. ■ Armelle Drexler Secrétaire nationale 1. Cf. Manageurs de santé, mai-juin 2013, p.12 NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 35 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page36 Dossier Les défis pour 2014 Cinq questions à… Dominique Baudis Défenseur des droits Comparativement aux autres versants de la fonction publique, la fonction publique hospitalière fait-elle fréquemment l’objet de réclamations déposées auprès du Défenseur des droits ? La fonction publique hospitalière, en tant qu’employeur public, ne fait pas l’objet de plus de réclamations par rapport aux deux autres versants de la fonction publique. Elle n’en demeure pas moins tout autant exposée. Or, depuis 2005, près de 20 % des réclamations portent sur l’emploi public et 80 % d’entre elles ont trait au déroulement de carrière. Les résultats de la sixième édition du Baromètre DDD-OIT sur la perception des discriminations au travail par les salariés et les agents publics (janvier 2013) 1 sont, à ce titre, révélateurs : • la fonction publique est de moins en moins perçue comme protectrice ; • plus d’un quart des agents estiment avoir été confrontés à la discrimination en tant que victimes et plus d’un tiers en tant que témoins ; • 30 % d’agents qui ont été témoins d’une discrimination n’ont rien dit. Quelles sont les discriminations le plus souvent évoquées pour la fonction publique hospitalière ? Il convient ici de distinguer les saisines et la perception des discriminations au travail que peuvent avoir les agents publics, car il est clair que les victimes ne nous saisissent encore pas toutes. De 2005 à 2011, vingt-cinq décisions ont concerné les agents de la fonction publique hospitalière dont douze dans le cadre du recrutement et sept pour le déroulement de carrière. Les critères principaux de saisine sont l’état de santé/handicap (33 %), l’origine (17 %), la grossesse (8 %). Viennent ensuite les activités syndicales (7 %), l’âge (6 %) et le sexe (4 %). S’agissant des discriminations perçues, toujours selon le Baromètre DDD-OIT, le sexe, la grossesse/maternité et l’âge sont les premiers critères de discrimination cités par les victimes, suivis de l’origine ethnique, l’apparence physique et les activités syndicales. En votre qualité de Défenseur des droits, quelles sont les actions que vous considérez comme étant particulièrement innovantes en matière de lutte contre les discriminations ? Le véritable enjeu est de faire respecter une égalité de droit mais également une égalité effective. En décembre 2008, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) a cosigné avec le ministre en charge de la Fonction publique, la Charte pour la promotion de l’égalité dans la fonction publique. Cette charte constituait déjà un engagement moral fort dans le sens des valeurs qui doivent guider l’action des administrations et page 36 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 des agents qui la composent : égalité, laïcité, impartialité et neutralité, principe de non-discrimination, attention aux besoins des usagers. Depuis, des avancées ont été réalisées, singulièrement pour une plus grande égalité des chances dans l’accès à l’emploi public. Cela se traduit notamment par des recrutements plus ouverts et diversifiés. Mais la route est longue vers l’égalité et des progrès sont encore attendus, par exemple en matière de formation de l’encadrement, de mise en œuvre de dispositifs d’écoute et de prévention des partenaires sociaux autour de la prévention des discriminations et de la promotion de l’égalité, etc. À ce titre la Charte pour la promotion de l’égalité et la lutte contre les discriminations dans la fonction publique 2 que je viens de signer avec Marylise Lebranchu me semble offrir une effectivité plus grande pour les raisons principales suivantes: • elle considère les employeurs comme 24-37_DOSSIER_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:34 Page37 Les défis pour 2014 Dossier © David Delaporte Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le label Diversité ? des partenaires actifs de l’égalité et de la lutte contre les discriminations et met en jeu leur responsabilité sociale; • elle associe les partenaires sociaux à la définition des politiques d’égalité dans l’emploi public ; • elle s’appuie sur les correspondants de la charte qui joueront un rôle essentiel dans la mise en œuvre de celle-ci. Ils participeront notamment à sa diffusion au sein de chaque administration, collectivité territoriale et établissement public relevant de la fonction publique hospitalière et verront leur statut encadré par une lettre de mission, afin d’être dotés de moyens suffisants pour leur permettre d’accomplir leur mission; • elle oblige les employeurs à rendre compte de leurs actions en matière de lutte contre les discriminations et de promotion de l’égalité et de leurs résultats. S’inscrivant dans la continuité de la Charte de la diversité, le label Diversité 3 pourrait, en effet, être un des leviers de mise en œuvre de la Charte pour la promotion de l’égalité et la lutte contre les discriminations dans la fonction publique. Ces deux engagements sont toutefois juridiquement autonomes. Initié par les pouvoirs publics, et institué par le décret du 17 décembre 2008, le label Diversité a pour objectif de promouvoir la diversité et la prévention des discriminations dans le monde du travail. Il valorise également les pratiques en matière de recrutement et d’évolution professionnelle au sein des organismes. Il s’agit d’un outil supplémentaire de promotion des bonnes pratiques « mis à la disposition » des structures privées ou publiques attestant que le bénéficiaire a mis en place une politique de promotion de la diversité et de la lutte contre les discriminations. Cette démarche est volontaire mais toutefois payante. La certification, propriété de l’État, est délivrée par l’Afnor pour une durée de quatre ans. Les premiers labellisés dans la fonction publique de l’État sont les ministères économique et financier en 2010, les ministères sociaux en 2012 (Affaires sociales, Santé, Travail, Emploi, Droits des femmes, Jeunesse et Sports, Ville et deux agences régionales de santé) ; parmi les collectivités locales, les villes de Lyon en 2010 et de Nantes en 2012 ; enfin, au sein de la fonction publique hospitalière, la maison de retraite Résidence du parc, à Lingolsheim, en 2011, ainsi que le centre hospitalier de Brie-Comte-Robert et l’établissement public gérontologique de Tournan-en-Brie en 2012. Quels types d’actions pourraient être valorisés par les employeurs hospitaliers grâce à ce label ? Il ne m’appartient évidemment pas de me prononcer sur les modalités de valorisation de ce label par les employeurs. Il me semble, en revanche, fondamental de bien articuler les différents outils actuels que sont le label, la Charte pour la promotion de l’égalité et la lutte contre les discriminations dans la fonction publique et le protocole Égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique, signée le 8 mars dernier, au risque, sinon, de brouiller le message. ■ Propos recueillis par Armelle Drexler 1. www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/upload/barometre-discriminationstravail-ifop-ddd.pdf 2. www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/carrieres_et_parcours_ professionnel/ egalite_des_chances/Charte-17decembre2013-signature.pdf 3. www.fonction-publique.gouv.fr/fonction-publique/carriere-et-parcours-professionnel-37 NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 37 38-46_Categories_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:35 Page38 Catégorie DH Gare à la perte de confiance en l’avenir ! NBI, actualisation des emplois fonctionnels : 2014 s’annonce décisive pour l’aboutissement des exigences portées par notre syndicat. Ces exigences sont la contrepartie élémentaire de la recomposition de l’offre de soins que nous pilotons. L ors de son congrès d’octobre 2013, le SMPS a réuni de nombreux collègues directeurs d’hôpital en atelier catégoriel. Ce fut l’occasion de faire le point sur l’avancement des principaux dossiers statutaires portés par le syndicat : droit à la défense individuelle, PFR, Graf, échelon spécial, NBI, actualisation des emplois fonctionnels. Force est de constater que Catégorie directeurs d’hôpital Vice-président DH Jérémie SECHER Directeur CH de Fontainebleau Tél. : 01 60 74 10 85 [email protected] page 38 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 chaque avancée requiert beaucoup d’engagement et encore davantage de patience, alors qu’il ne s’agit que de garantir un minimum d’équité et de reconnaissance, par ailleurs largement méritées par chacun. Mais vos élus sont persévérants, à votre écoute et bien décidés à défendre vos droits ! Pour un repyramidage des groupes 1 et 2 des emplois fonctionnels Et sur certains sujets comme l’élargissement de la NBI à tous les emplois fonctionnels, le SMPS a initié dès l’automne les démarches juridiques, afin d’identifier les recours possibles en cas de non-réponse des pouvoirs publics. Au moment où les NBI pleuvent dans les autres fonctions publiques, 2014 sera une année décisive. Un courrier a été adressé en ce sens par Christophe Gautier le 24 janvier dernier au Premier ministre, afin de lui exposer la rupture d’égalité que constitue cette situation sur la NBI. positions de l’offre de soins que nous pilotons, amenant à des ensembles hospitaliers plus importants, le plus souvent dans le cadre de directions communes. Alerte ! Le manque de confiance en l’avenir est grand Les hôpitaux sont en mouvement sous l’impulsion des directeurs, cela doit être compris par les pouvoirs publics. Les spécificités du métier méritent d’être reconnues et pleinement valorisées. De ce point de vue, le sondage lancé par le SMPS auprès des directeurs et des cadres constitue une alerte. 62 % des répondants disent n’avoir pas confiance en l’avenir. Ce constat est sans appel. Il renvoie à la nécessité absolue de travailler avec les pouvoirs publics sur les conditions d’exercice des manageurs hospitaliers. Le SMPS s’y consacre sans relâche. Son action permet d’accompagner de nombreux collègues et de trouver des solutions. Mais les succès obtenus ne doivent pas Les spécificités du métier méritent d’être valorisées. De même, notre syndicat a été le premier à dénoncer le principe d’une actualisation des emplois fonctionnels amenant certains collègues à être pénalisés en cas de retour de leur établissement dans un groupe inférieur. Les dispositions transitoires de maintien nous ont été concédées. Mais le compte n’y est pas. Le SMPS demande un repyramidage des groupes 1 et 2 des emplois fonctionnels dès 2014, afin que tous les établissements conformes aux seuils puissent changer de groupe. Cela est la contrepartie élémentaire des recom- occulter la multiplication des situations de défense individuelle. Il est désormais temps que les ARS, le CNG et le ministère s’emparent de cette réalité. Compte tenu des responsabilités exercées, cet enjeu relève de l’intérêt général. C’est aussi une condition essentielle de l’attractivité de notre métier, très exigeant mais tellement passionnant. Les jeunes générations du SMPS le savent : elles porteront en 2014 leur projet d’avenir pour un métier de directeur d’hôpital conforme aux valeurs et au dynamisme du service public. ■ 38-46_Categories_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:35 Page39 D3S Catégorie Une ambition pour les D3S Être un acteur public reconnu d’un parcours de santé performant Pour mieux comprendre notre métier, rien ne vaut un regard rétrospectif ; savoir d’où l’on vient permet de mieux comprendre l’ampleur des mutations qu’a connu notre métier. Mieux se connaître, c’est également mieux se projeter, pour anticiper les changements indispensables à l’évolution de notre corps. S ans remonter à la création des hôtels-Dieu, la fonction publique hospitalière s’est développée concomitamment aux progrès de la médecine et au développement de l’État providence. Le secteur sanitaire, social et médicosocial a donc suivi les évolutions de notre système de santé, aujourd’hui bousculé face aux nouveaux paradoxes que sont le grand vieillissement et la raréfaction des deniers publics. Différents corps de directeurs appelés à diriger les établissements sociaux (CHRS, foyer de l’enfance), médicosociaux (Ehpad, établissements handicaps) et sanitaires (hôpitaux locaux) coexistaient jusqu’en 2006. Ces fonctions ont évolué jusqu’à mettre celles de cadre de direction au service de la fluidité des parcours de santé et de la bonne articulation des politiques publiques. Les transformations et similitudes des fonctions sur l’ensemble de ces établissements ont conduit à la création d’un statut unique de direction: celui des D3S. Aujourd’hui, pour poursuivre la démarche, mieux positionner leur structure et participer à l’aménagement du territoire de santé, les D3S revendiquent une meilleure reconnaissance à la fois des autorités et des partenaires territoriaux. Avec confiance, le temps est venu pour les D3S de se poser une légitime question : quel avenir pour demain ? Rouage d’un système en pleine mutation, les D3S doivent évoluer dans un exercice professionnel pleinement reconnu, tant sur leurs compétences que dans leurs fonctions de direction d’établissement. Les centres hospitaliers et les Ehpad sont de plus en plus liés dans la réflexion sur les parcours de soins, l’optimisation des filières, la mise en place de fédérations de gérontologie et de partenariats permis par la loi HPST dans le cadre des communautés hospitalières. Les D3S sont alors des interlocuteurs indispensables à la mise en œuvre des organisations territoriales et des regroupements d’établissements afin de mieux servir l’intérêt des résidents. Devant une organisation territoriale en mutation rapide liée aux regroupements d’établissements, le parcours professionnel doit pouvoir s’adapter et permettre aux D3S d’obtenir un régime indemnitaire légitime face aux fonc- Catégorie directeurs d’établissements sanitaires, sociaux et médicosociaux Vice-président D3S Nathalie LE FRIEC Directrice adjointe Centre hospitalier de Port-Louis/Riantec (56) Tél. : 06 89 49 44 66 [email protected] indemnitaire des D3S, la formation statutaire doit être renforcée afin d’être davantage centrée sur le nouveau paysage territorial, le management de la santé, au service de l’atteinte des objectifs de Les D3S du SMPS souhaitent réaffirmer leur confiance dans leur syndicat pour défendre leurs revendications. tions occupées. L’action syndicale est, dans ce cadre, le meilleur levier qui permet aujourd’hui à nos collègues travaillant en équipe de direction d’être considérés au niveau permis par la comparabilité des corps. De même, les D3S chefs d’établissement revendiquent un régime indemnitaire à la hauteur de leurs responsabilités, de la et des fonctions exercées. Le bilan de l’évaluation 2012 et 2013 montre également que les taux d’évolution restent faibles, notamment pour les chefs d’établissement, certaines régions appliquant une moyenne plutôt basse (+0,3 point). Parallèlement à l’amélioration du régime santé publique et au bénéfice des personnes fragilisées. En effet, les problématiques d’exercice rencontrées par les collègues dans certains territoires ouvrent les postes publiés à des recrutements de droit privé pour lesquels aucune formation à l’EHESP n’est demandée. Renforcer la formation, c’est avant tout solidifier la constitution d’un corps unifié et légitime. Le congrès 2013 a été placé sous le thème de la confiance. Les D3S du SMPS souhaitent réaffirmer leur confiance dans leur syndicat pour défendre leurs revendications et la réelle nécessité d’un statut rénové. ■ NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 39 38-46_Categories_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:35 Page40 Catégorie DS Une revalorisation et une réforme statutaire insuffisantes mais qui constituent une première étape Les négociations sur la rénovation statutaire ont progressé. Mais insuffisamment. Et la stratégie retenue par le gouvernement est, hélas, guidée par des aspects strictement comptables. L’ année qui vient de s’écouler est, pour le corps des directeurs des soins, une année en demi-teinte. Si les résultats obtenus au cours des négociations du printemps 2013 ne sont toujours pas à la hauteur des fonctions exercées, il faut admettre que la situation de blocage qui persistait depuis 2011 a été levée. 2013 a débuté par un engagement collectif pour que les promesses du protocole d’accord de juillet 2011 soient mises en œuvre et que la parole de l’État soit tenue. La rénovation statutaire est apparue indispensable comme suite à la reva- Catégorie directeurs des soins Vice-président DS Jérôme RUMEAU Directeur des soins CH de Narbonne Tél. : 04 68 42 60 61 [email protected] page 40 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 lorisation du corps des cadres de santé, obtenue fin 2012 à l’issue d’un fort engagement du SMPS, renforcé par une pétition de plus de 5 000 signatures. Cette reconnaissance est d’autant plus indispensable que les directeurs des soins n’ont pas connu de revalorisation indiciaire depuis 2002. La spécificité de notre corps de métier doit être préservée La méconnaissance du rôle que nous exerçons dans les différents champs de notre exercice professionnel serait, nous dit-on, un frein majeur à l’aboutissement de notre reconnaissance. Au SMPS, nous sommes convaincus que le parcours des directeurs des soins constitue une plus-value au sein des équipes de direction, dans la direction des instituts de formation para- la douleur, mais toujours en adéquation avec les transformations nécessaires à une optimisation de la prise en charge des patients. Les directeurs des soins ont leur place au sein de la fonction publique hospitalière. Mais pour maintenir l’attractivité du corps, il est indispensable de permettre aux cadres et cadres supérieurs de santé de se projeter dans la fonction. Pour cela, le différentiel statutaire entre les deux fonctions doit être suffisamment significatif. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. C’est pourquoi nous avons choisi de nous engager dans un débat constructif et réaliste avec les représentants du ministère des Affaires sociales et de la Santé dès le mois de juin 2013. Si la position d’opposant systématique est a priori plus confortable, elle ne permet pas de faire progresser la reconnaissance des directeurs des soins. Notre fonction a toujours évolué en adéquation avec les transformations nécessaires à une optimisation de la prise en charge des patients. médicaux et au sein des ARS. Nous sommes donc persuadés que cette diversité et la spécificité de notre corps de métier nécessitent d’être préservées : chaque corps de direction de la fonction publique hospitalière a sa place dans l’environnement sanitaire et médicosocial. En effet, au moment où des revendications cherchent à scinder le monde hospitalier en une multitude de corps professionnels, il est indispensable que la cohésion et la cohérence de la prise en charge du patient soient assurées. Il n’est pas ici question de remettre en cause les revendications légitimes de professionnels de santé, mais il convient de rappeler que la coopération est le socle d’une organisation hospitalière cohérente. C’est pourquoi les équipes de direction, et les directeurs des soins en particulier, doivent maintenir cette cohérence. Notre fonction a évolué, parfois dans Si le niveau de revalorisation et le rythme de mise en œuvre de la réforme statutaire sont insuffisants et n’autorisent pas à envisager l’avenir en confiance ; nous devons en 2014 poursuivre les actions qui permettront d’obtenir une véritable reconnaissance en adéquation avec les missions exercées. Ces actes doivent se traduire par une mise en œuvre rapide de la nouvelle grille indiciaire et un reclassement individualisé pour chaque directeur des soins. Pourtant, au-delà de toute logique d’efficience, le gouvernement a choisi de s’engager dans une revalorisation en deux étapes à un an d’intervalle : première étape, début 2014 et la seconde au 1er janvier 2015. Au vu des impacts en terme financier par établissement, ce modèle de revalorisation constitue une aberration. Il ressort que la seule stratégie retenue a été guidée par les aspects strictement comptables. ■ 38-46_Categories_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:35 Page41 Cadres de santé Catégorie Accompagner les cadres au quotidien Cadres et cadres supérieurs sont soumis à un stress de plus en plus fort. Or, élus et délégués sont là pour les écouter ; notre rôle consiste aussi à répondre à toutes les sollicitations liées à des situations individuelles. Et ce dès le début Catégorie cadres de santé d’un conflit. N’hésitez pas à nous contacter ! L e congrès d’octobre nous a permis, comme chaque année, de nous retrouver en réunions de catégories mais aussi d’échanger de façon large et informelle. Ce fut l’occasion de faire le point sur les différents dossiers en cours et les actions engagées. Nous avons ainsi parlé des groupes de travail menés par le ministère, des éléments de statut à défendre, de la représentativité syndicale mais aussi et surtout de notre quotidien. Notamment des sollicitations nombreuses relatives aux défenses individuelles. Le thème du congrès, «La confiance», nous a renvoyés à ce que nous vivons! Se poser et prendre le temps de se confier Notre environnement de travail a beaucoup évolué et nous avons un sentiment d’accélération, non seulement des difficultés d’exercice et des responsabilités de plus en plus lourdes, mais aussi des conditions de travail et de l’ambiance générale qui se dégradent. Les contours de pôles très larges, voire bi-sites pour certains, et les équipes de direction parfois distantes géographiquement ne permettent pas de se poser ni de prendre le recul nécessaire à l’exercice de nos fonctions. Et pourtant, nous sommes bien évalués sur des résultats attendus. Si le rôle du vice-président de catégorie est bien de défendre collectivement nos conditions d’exercice et de représenter la catégorie dans les différents groupes de travail, il est aussi, au quotidien, de répondre aux questions et sollicitations des adhérents. Des méthodes qui ne seraient pas utilisées envers d’autres catégories de personnels… On dénombre des questions techniques, bien sûr, mais surtout de nombreuses demandes de défense individuelle. Elles vont de la simple sollicitation de recours relative à une notation, jusqu’au limogeage pur et simple, en passant par la fiche de poste modifiée ou la mise au placard. Les sollicitations concernent aussi les changements de direction, les chefs de pôle à forte personnalité, la mésentente individuelle avec une autre partie de l’encadrement, et trop souvent les attaques de la part d’organisations syndicales envers un encadrement qui met en œuvre la politique institutionnelle. Les contextes diffèrent mais on constate de nombreuses similitudes: les procédures ne sont pas toujours respectées, les entretiens ne sont pas réalisés de façon officielle, des pressions sont exercées, des sanctions sont détournées. Ce sont là des méthodes qui, par Vice-présidente cadres soignants Laurence-Béatrice CLUZEL Cadre supérieur de santé CH de Longjumeau Tél. : 01 64 54 30 37 [email protected] évaluer la situation et y répondre du mieux possible, il est impératif de les solliciter très en amont. Dans toutes Certaines situations individuelles vécues par des cadres ou cadres supérieurs peuvent être d’une grande violence et destructrices. ailleurs, ne seraient pas utilisées vis-àvis d’autres catégories de personnel. Les droits seraient-ils inversement proportionnels au niveau de responsabilité? Sans préjuger des motifs de départ, certaines situations individuelles vécues par des cadres ou cadres supérieurs peuvent être d’une grande violence et destructrices, d’autant plus quand elles sont énoncées tardivement. Comment oser avouer des difficultés lorsque l’on assure des responsabilités ? On risque alors de donner l’impression de ne plus « assurer ». Il faut pourtant savoir parler des difficultés que l’on rencontre, car il n’est pas toujours possible d’y faire face tout seul. Pour que les élus et les délégués de notre syndicat puissent ce situations, le SMPS, seul syndicat à représenter exclusivement les professionnels en situation d’encadrement, est là pour accompagner, soutenir, aider dans les démarches à entreprendre. ■ Groupes de travail • HCPP titulaire : Marylène Coutineau suppléantes: Laurence-Béatrice Cluzel, Hélène Guyot • Formation de l’encadrement Sylvain Perriguey, Laurence-Béatrice Cluzel • Suivi mise en place du LMD Sylvain Perriguey, Laurence-Béatrice Cluzel, Martine Drouin • Sages-femmes Sylvie Schrub, Laurence-Béatrice Cluzel NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 41 38-46_Categories_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:35 Page42 Catégorie cadres administratifs À l’aube d’une nouvelle indemnité De nos échanges au congrès d’octobre, il est ressorti que nous souffrons d’un manque de reconnaissance salariale, qui pèse de plus en plus sur nos motivations. Faute de rémunération à la hauteur de nos compétences, nous nous dépossédons de notre spécificité. La révision du régime indemnitaire s’impose ! L ors de notre congrès d’octobre, la DGOS a annoncé la mise en place prochainement d’une indemnité de fonctions, d’expertise et d’engagement professionnel (IFEEP). Elle doit remplacer la prime de fonction et de résultats (PFR), qui n’avait jamais été instaurée pour les cadres administratifs hospitaliers. Le ministère de la Fonction publique a la volonté de remettre à plat le régime indemnitaire des fonctionnaires. Il s’agit pour le gou- Catégorie cadres administratifs Vice-présidente cadres administratifs Gwénola ETORE-DAHAN Responsable logistique site Sainte-Périne Hôpitaux universitaires Paris Île-de-France Ouest Tél. : 01 44 96 31 34 [email protected] page 42 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 vernement de clarifier les systèmes indemnitaires: il y aurait actuellement quelque 1800 régimes différents! Or la PFR ne s’est pas imposée dans les administrations. L’IFEEPserait un complément indemnitaire annuel lié à l’engagement professionnel et «à la manière de servir». À terme, elle devrait regrouper l’ensemble des primes et indemnités des fonctionnaires. Le projet de décret (smps.fr) précise les critères professionnels pris en compte pour l’attribution de l’indemnité: • « Fonctions d’encadrement, de coordination, de pilotage ou de conception.» • « Technicité, expertise, expérience ou qualification nécessaire à l’exercice des fonctions. » haitable de créer un grade de fin de carrière en mettant en place un troisième grade avec le Graf. Il concernerait peu d’AAH mais offrirait une perspective intéressante à ceux qui occupent des fonctions spécifiques de haut niveau et ne souhaitent pas devenir directrice ou directeur. Notons que les perspectives en termes d’avancement de carrière sont bouchées : le principalat est de plus en plus inaccessible et le tour extérieur DH ne retient plus d’attachés principaux. Le statut des AAH n’a pas été revu depuis le décret de décembre 2001. Face à ce peu de reconnaissance, nous perdons les jeunes recrues qui, soit passent le concours de DH, D3S, soit partent vers une autre fonction publique. Nous demandons la revalorisation de l’IFTS. Par ailleurs, il nous semble souhaitable de créer un grade de fin de carrière. • « Sujétions particulières ou degré d’exposition du poste au regard de son environnement professionnel. » Le texte indique que le montant de cette indemnité fera l’objet d’un réexamen « au moins tous les cinq ans, en l’absence de changement de fonctions et au vu de l’expérience acquise par l’agent ». Être sur un pied d’égalité avec les autres fonctions publiques Des travaux pour la mise en place de l’IFEEP doivent démarrer « courant 2014 » pour les corps de la FPH, c’està-dire les attachés, les ingénieurs, les adjoints des cadres hospitaliers, les techniciens et les techniciens supérieurs. Le SMPS participera à ces groupes de travail. Souhaitons que notre persévérance et notre patience finissent par payer. Pourquoi les attachés des trois fonctions publiques ne sont-ils pas sur un pied d’égalité en termes de rémunération? En attendant, nous demandons la revalorisation de l’IFTS. Par ailleurs, il nous semble sou- Pour un responsable de filière AAH à l’EHESP Au congrès, nous avons aussi évoqué la réforme de la formation des élèves AAH (décret n° 2011-404 du 14 avril 2011). Les promotions 2012 et 2013 ont formé 42 élèves chaque année. Pour 2013, l’arrêté du 18 septembre (smps.fr) propose 83 postes et 90 en 2014. Les emplois offerts sont majoritairement dans les secteurs RH et finances ; tous les élèves ont trouvé un poste. Par ailleurs, nous restons en attente de la nomination d’un responsable de filière à l’EHESP : il est préférable d’accompagner les élèves AAH par un AAH qui connaît le métier. Pour conclure, prenons garde à l’ambiance qui prévaut en ce moment dans notre corps de métier ! La révision du régime indemnitaire s’impose. L’exercice hospitalier est difficile. L’hôpital et les structures sanitaires et sociales doivent garder leurs professionnels compétents. Cela passera obligatoirement par une rémunération à la hausse. ■ 38-46_Categories_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:35 Page43 Cadres techniques Catégorie Les ingénieurs hospitaliers doivent être reconnus à la mesure de l’importance stratégique de leur responsabilité Catégorie cadres techniques Le contexte est favorable à l’ouverture du dossier statutaire des ingénieurs ainsi qu’à la création d’un nouveau régime indemnitaire, défendues avec force par le SMPS. Il s’agit d’affirmer le positionnement managérial des ingénieurs hospitaliers. L e 17 octobre dernier, lors du discours inaugural de notre congrès, Jean Debeaupuis a évoqué le positionnement managérial des ingénieurs hospitaliers. Le directeur général de l’offre de soins (DGOS) a indiqué que leur positionnement, ainsi que celui des attachés d’administration hospitalière, est inclus dans la réflexion menée sur l’étude démographique en cours, concernant les corps de direction. Évoquant l’évolution de la composition des équipes de direction, Jean Debeaupuis a observé que « les référentiels d’activité et de compétences positionnent les cadres sur le pilotage stratégique des établissements et la direction de domaines fonctionnels davantage que par le passé. Il convient de “mesurer la place” que d’autres catégories, ingénieurs et attachés, peuvent prendre dans les fonctions de management ». Il a en outre salué l’excellence de la formation des ingénieurs. Créer un nouveau régime indemnitaire pour les ingénieurs et techniciens supérieurs Jean Debeaupuis a aussi annoncé la transposition d’un nouveau mécanisme de régime indemnitaire pour les ingénieurs et les techniciens supérieurs dans les meilleurs délais. Le SMPS rappelle que le passage à la prime de fonction et de résultats ( PFR) pour les ingénieurs hospitaliers avait déjà été annoncé lors du congrès de 2012, pour une application en juillet 2013. Or, comme suite au changement de gouvernement, la décision de substituer un nouveau dispositif à la PFR a été prise. Ce nouveau mécanisme a vocation à remplacer à terme tous les régimes indemnitaires en place dans les trois versants de la fonction publique. Il a pour nom « indemnité de fonctions, d’expertise et d’engagement professionnel » (IFEEP). Concernant les ingénieurs hospitaliers et les techniciens supérieurs, l’ouverture de la concertation relative à ce nouveau système est annoncée pour début 2014. Le SMPS souhaite que cela se traduise dans les faits par l’harmonisation du régime indemnitaire des ingénieurs hospitaliers avec celui des corps comparables des ingénieurs de l’État et de la fonction publique territoriale. C’est une revendication forte portée par notre syndicat. Rénover le statut des ingénieurs hospitaliers En outre, Christophe Gautier a demandé l’ouverture de négociations afin de rénover le statut des ingénieurs hospitaliers, sur la base des 19 propositions transmises à la ministre de la Santé en mai 2013. Cette démarche a obtenu le soutien des principales associations professionnelles concernées: les Ingénieurs hospitaliers de France (IHF), l’Association française des ingénieurs biomédicaux (Afib), l’Union des responsables de blanchisserie hospitalière (URBH), l’Union des ingénieurs hospitaliers en restauration (Udihr). Attention! la rénovation statutaire ne peut pas être renvoyée à des négociations lointaines et générales sur la catégorie A de la fonction publique. Car plusieurs de Vice-président cadres techniques Jean-Marc NOVAK Ingénieur hospitalier CH Gérard-Marchant Toulouse Tél. : 05 61 43 77 47 [email protected] ces propositions ne sont que des rattrapages, comme la demande de suppression du quota d’avancement de grade, effective depuis 2007 pour les ingénieurs territoriaux. Après les plans d’investissement Hôpital 2007 et 2012, deux programmes sont emblématiques de la stratégie nationale de santé et de la modernisation de l’offre de soins impulsés par le gouvernement: Hôpital numérique et Territoires de soins numériques. Pour leur réussite, l’investissement ne peut être que matériel, il est d’abord fondamentalement humain. Il faut investir dans ceux qui permettront d’atteindre les objectifs fixés. Et l’importance stratégique des domaines de responsabilité des ingénieurs hospitaliers fait de ceux-ci des acteurs incontournables. ■ Pour consulter le rapport « 19 propositions pour rénover le statut des ingénieurs hospitaliers » : http://www.smpsante.fr/lactu/ les-dossiers-du-snch/les-dossiers-du-snch/ article/les-19-propositions-du-smps-pourrenoverle-statut-des-ingenieurs-hospitaliers.html NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 43 38-46_Categories_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:35 Page44 Catégorie cadres détachés La mobilité interfonction publique enrichit nos parcours professionnels Quatre ans après la loi du 3 août 2009 relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique, le constat est net : la mobilité hors corps se développe. Elle enrichit nos parcours professionnels. Mais des freins demeurent. En particulier le transfert des droits compte épargne temps. Catégorie cadres détachés Francis FOURNEREAU Secrétaire général de SIH du Limousin Tél. : 05 55 43 99 00 [email protected] page 44 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 L a mobilité hors corps se développe. D’ailleurs, lors de notre congrès d’octobre dernier, Christophe Gautier, soulignant la grande qualité des corps de direction de la fonction publique hospitalière, a insisté sur la reconnaissance des organismes bénéficiant des services des collègues détachés ou mis à disposition. Si la mobilité reste discrète dans les corps des directeurs d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (D3S) et des directeurs des soins, il faut savoir que 10 % du corps des directeurs d’hôpital est détaché ou mis à disposition hors corps. Et ce dans des institutions aussi variées que les ARS, la Cour des territoriales), soit, enfin, dans un autre corps au sein de la fonction publique hospitalière, pour les directeurs d’hôpital et les D3S. La procédure est relativement simple : une fois obtenu l’accord de l’organisme qui va le recruter, le candidat à la mobilité dépose une demande de détachement auprès du CNG. Après en avoir vérifié les conditions, et notamment la qualité de l’organisme accueillant, puis après avoir consulté la CAPN, la directrice du CNG signe l’arrêté de détachement. À défaut d’éligibilité de l’organisme à recevoir des fonctionnaires, il est possible de recourir à la demande de mise en disponibilité, qui est tout de même moins protectrice pour le fonctionnaire. Dix pour cent du corps des directeurs d’hôpital est détaché ou mis à disposition hors corps. comptes, les universités, les collectivités territoriales, les structures de coopération interhospitalière telles les GIP ou les GCS, les associations, la coopération internationale, les établissements privés à but non lucratif, etc. C’est dire si les parcours professionnels se sont considérablement enrichis. Quelles formes ont ces mobilités ? L’essentiel des collègues ayant choisi la mobilité hors corps le font dans le cadre d’un détachement. Soit un détachement sur contrat, dans le cas où l’organisme ne dispose pas d’un corps de fonctionnaires de même nature, soit un détachement dans le cadre d’un emploi statutaire d’une autre fonction publique (État ou collectivités Un environnement réglementaire facilitateur… Bonne nouvelle, les orientations nationales récentes visent à élargir le champ des mobilités, notamment entre fonctions publiques. En effet, la loi n°2009-972 du 3 août 2009 relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique crée un véritable droit à la mobilité dans les trois fonctions publiques. Cette loi vise à rendre tous les corps et grades d’emploi de même niveau au sein des fonctions publiques d’État, territoriale ou hospitalière, accessibles par simple détachement, avec intégration de droit au bout de cinq ans. La circulaire du 19 novembre 2009 vient en préciser les modalités d’application. La dynamique engagée a notamment 38-46_Categories_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:35 Page45 Cadres détachés Catégorie permis l’élargissement des emplois pour lesquels les directeurs peuvent postuler. L’excellence de notre profession et le travail constant du SMPS ont ainsi permis de faire reconnaître comme accessibles aux directeurs d’hôpital les emplois de la haute fonction publique d’État ou territoriale par la voie du détachement ou de l’intégration directe. Cette liste a été récemment élargie aux professions suivantes : sous-préfet, administrateur civil, administrateur territorial issu de l’Inet, conseiller de tribunal administratif et de cour administrative d’appel (magistrat administratif), conseiller de chambre régionale des comptes, commissaire de police, magistrat judiciaire. La loi du 3 août 2009 en trois points … mais des insuffisances criantes Quelles nouveautés apporte-t-elle en matière de mobilité des fonctionnaires ? Cependant, l’arsenal réglementaire qui se met en place reste imparfait. Les freins à la mobilité ont été recensés dans un rapport publié en octobre dernier par trois inspections générales (administration, affaires sociales, finances), qui avaient pour objectif d’évaluer la mobilité des fonctionnaires dans et entre les trois fonctions publiques. On peut télécharger ce rapport à l’adresse http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapportspublics/134000710-affectation-etmobilite-des-fonctionnaires-sur-leterritoire. Le SMPS dénonce en particulier cet obstacle réel à la mobilité : la spoliation de leur compte épargne temps (CET) dont sont victimes les collègues qui réintègrent le corps après une mobilité interfonction publique. En effet, aucun texte n’ayant organisé le transfert des droits CET entre fonctions publiques, les comptables refusent de les transférer ainsi que leurs financements. Signalons notamment le cas de plusieurs collègues qui ont été détachés en ARH ou ARS : les administrations d’État concernées ont certes reconnu l’existence des droits, mais ont aussitôt refusé leur transfert et leur paiement. Le SMPS réclame donc une modification de la réglementation et, à défaut, soutiendra les recours juridictionnels pour faire respecter l’égalité des droits. ■ Qui est concerné par la loi relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique ? Sont concernés les fonctionnaires relevant de la fonction publique d’État, de la fonction publique territoriale et de la fonction publique hospitalière. Certaines mesures concernent en outre les agents non titulaires de l’État, des collectivités territoriales et du secteur hospitalier, les militaires et les ressortissants communautaires souhaitant accéder à la fonction publique française. Quel est son objectif principal ? Elle vise à faciliter et encourager la mobilité des fonctionnaires. L’objectif est de donner les moyens aux agents de réaliser leurs souhaits de mobilité tout en répondant mieux aux besoins du service public qui doit s’adapter aux attentes des usagers. • La création de nouveaux droits à la mobilité avec, notamment, la consécration dans le statut général de la fonction publique d’un droit au départ en mobilité, d’un droit à intégration au-delà de cinq ans de détachement ou encore d’un droit à « capitaliser » un avancement de grade acquis en détachement lors du retour dans l’administration d’origine. • La simplification des changements de corps ou de cadres d’emplois pour l’exercice de mobilités fonctionnelles au sein d’une même administration, collectivité ou établissement, au sein d’une même fonction publique ou au niveau interfonctions publiques. Et ce avec la suppression des obstacles juridiques au détachement et à l’intégration, l’ouverture réciproque des fonctions publiques civile et militaire et la création d’une nouvelle voie de mobilité, l’intégration directe, qui permet d’accéder à un autre corps ou cadre d’emplois que le sien sans passer par l’étape du détachement ou un concours. • De nouvelles garanties sont offertes aux agents exerçant leurs fonctions dans un service en restructuration: mise en place d’une indemnité spécifique pour éviter qu’une mobilité exercée à l’initiative de l’administration conduise à une perte de rémunération pour l’agent, création d’un dispositif d’accompagnement personnalisé de réorientation professionnelle, garantie pour les agents non titulaires en fonction dans un service transféré auprès d’une autre administration, de la reprise des clauses substantielles de leur contrat par leur nouvel employeur. • Des règles d’avancement et d’évaluation modernisées, avec notamment la généralisation de l’entretien professionnel en lieu et place de la notation, règles déjà en place dans la fonction publique hospitalière et élargies aux autres corps. Pour en savoir plus : http://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/ modernisation_de_la_fp/QR_MPPFP_20091120.pdf NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 45 38-46_Categories_MdS97__Mise en page 1 05/02/14 09:35 Page46 Catégorie cadres retraités Au cœur du dossier des retraites À l’heure où nous mettons sous presse, la réforme des retraites a été adoptée le 18 décembre 2013 . De nombreux points restent en suspens et nous préparons une plateforme de revendications pour la fonction publique, bientôt diffusée sur le site Internet du syndicat. D Catégorie cadres retraités Déléguée retraitée Nicole MONSTERLET Représentante des cadres retraités au bureau national [email protected] page 46 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 ans le cadre de notre congrès, il a surtout été évoqué la réforme des retraites, loi adoptée en décembre dernier mais dont la réflexion reste à préciser pour la fonction publique. En premier lieu, les mesures impactant les actifs, déjà largement évoquées dans notre précédent numéro : majoration de cotisations salariales, augmentation des contributions patronales (+0,1 %), allongement de la durée de cotisations à 43, voire 44 années. En second lieu, les mesures impactant mesures inscrites dans le rapport ne constituent pas, en l’état, l’essentiel des changements en gestation. D’autre part, le SMPS, reçu par la députée Annie Le Houérou le 26 septembre dernier, a évoqué, entre autres, les mécanismes de compensation pénalisant la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL) au profit des régimes spécifiques. Ce point a suscité bien des questionnements de notre part et, de fait, nous avons décidé de rédiger un article d’information sur Le SMPS a évoqué avec la députée Annie Le Houérou les mécanismes de compensation pénalisant la CNRACL au profit des régimes spécifiques. les retraités: revalorisation annuelle des pensions reportée à octobre de chaque année, alignement de la CSG sur celle des actifs (de 6,6 à 7,5%), suppression de l’abattement pour frais et fiscalisation de la majoration pour trois enfants élevés, qui pourrait être attribuée préférentiellement aux femmes; cette dernière mesure est encore en discussion. Le rapport Moreau propose aussi une sous-indexation des pensions basée sur l’inflation, voire un alignement sur le PIB, comme cela se pratique dans certains pays nordiques. D’autres ce thème, qui sera inséré dans un prochain numéro. Enfin, la catégorie Cadres retraités souhaite rédiger une plateforme de revendications que le syndicat pourrait porter et diffuser sur son site Internet. NB - La transposition du compte pénibilité dans la fonction publique est une des questions centrales posées à la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu. La question est abordée au cours des réunions sur la pénibilité de l’Agenda social. ■ 47_50_culture_MdS97__Mise en page 1 04/02/14 14:57 Page47 Prendre le temps Prendre le temps Théâtre 50 et des nuances ! © Frédéric POLETTI En tournée… par Anne Éveillard voir C’est l’un des succès de cet hiver. Cette adaptation par Amanda Sthers du bestseller Cinquante Nuances de Grey a fait salle comble à Paris. L’histoire ? Béa, Carole et Pam se retrouvent pour lire ensemble le roman que s’arrachent toutes les femmes. Commence alors une lecture effrénée, passionnée, débridée, décalée. Le tout autour d’un canapé Chesterfield posé sur des peaux de bêtes… Décapant et hilarant. Le 25 février à Tours, le 27 à Rennes, le 28 à Nantes, le 7 mars à Toulouse, le 12 à Montpellier… DVD Furie Brian De Palma (Carlotta) Le Songe d’une nuit d’été La Comédie-Française Ce grand classique de Shakespeare est ici mis en scène par Muriel MayetteHoltz, l’administratrice générale de la Comédie-Française. Au programme : décor dépouillé, absence d’artifices et mise en valeur de la personnalité des comédiens Martine Chevalier, Michel Vuillermoz ou encore Laurent Lafitte. Du 8 février au 15 juin La Comédie-Française 1, place Colette, 75001 Paris Réservation : 0825 10 1680 (0,15€/min) © 1978 TWENTIETH CENTURY FOX FILM CORPORATION. Tous droits réservés C’est « le » thriller fantastique de Brian De Palma. Certes, un peu daté, car nous sommes à Chicago à la fin des années 1970, mais le duo Kirk Douglas/John Cassavetes est brillant. La mise en scène, époustouflante. Cette nouvelle version restaurée HD de ce film sorti en salle en 1978, est également pourvue d’excellents suppléments, dont un entretien avec le réalisateur et un court métrage de Sam Irvin. Hommage à John Cassavetes Orange Studio C’est un joli cadeau pour tous les fans du cinéma de Cassavetes. Ce coffret réunit cinq films cultes du réalisateur : Shadows, Faces, Une femme sous influence, Meurtre d’un bookmaker chinois et Opening night. Chaque film est, de surcroît, présenté par un réalisateur français, parmi lesquels Alain Corneau, Claude Miller ou encore Patrick Grandperret. NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 47 47_50_culture_MdS97__Mise en page 1 04/02/14 14:57 Page48 Prendre le temps savoir Expos Joseph Vitta Evian Cette exposition met en scène les chefs d’œuvre du collectionneur d’art Joseph Vitta. À ne pas manquer: les bustes antiques, les tableaux italiens des 17e, 18e et 19e siècles, des dessins signés Delacroix, Ingres ou Rodin, les pastels et gouaches de Chéret, sans oublier quelques peintures japonaises de Hokusai, ainsi qu’un sublime rouleau en soie de 16 m de long réalisé par le peintre Xu Yang. Fascinant. Jusqu’au 1er juin Palais Lumière, quai Albert-Besson, 74500 Evian Tél : 04 50 83 15 90 Parade Ivan Messac Musée des Arts décoratifs La Seyne-sur-Mer Cette expo invite à un parcours autour des jouets liés au théâtre et au cirque. Quelque 200 jouets, jeux, affiches et décors, de la fin du 19e à nos jours, sont ainsi mis en scène. La scénographie est signée Jean-François Guillon, qui mêle jeux typographiques, couleurs, ombres, lumières, vidéos et silhouettes animées. Jusqu’au 11 mai - Musée des Arts décoratifs - 107 rue de Rivoli, 75001 Paris Tél : 01 44 55 57 50 Maïakowski, Tarzan, Gene Vincent, Luchino Visconti, Keith Richards… Leur point commun ? Ils sont tous sources d’inspiration pour Ivan Messac, qui les injecte dans ses créations, affiches, tableaux… Une œuvre multiforme et singulière, où l’artiste revisite les images qui ont marqué sa génération. Jusqu’au 9 mars Villa Tamaris, av. de la Grande-Maison 83500 La Seyne-sur-mer Tél : 04 94 06 84 00 Artapestry 3 Angers Coup d’envoi de la troisième édition d’Artapestry, à l’initiative du Forum européen de la tapisserie. Le rendez-vous de référence de la création textile contemporaine présente une sélection d’œuvres réalisées par vingt-cinq artistes liciers, en parallèle avec les collections du musée angevin, dont des créations signées Paul Klee, Alexandre Calder, Thomas Gleb et, bien sûr, Jean Lurçat. Jusqu’au 18 mai Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine 4, boulevard Arago, 49100 Angers Tél : 02 41 24 18 45 page 48 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 47_50_culture_MdS97__Mise en page 1 04/02/14 14:57 Page49 Prendre le temps bons plans lire Romans Caravansérail Francis Picabia Pour les 60 ans de la mort de Francis Picabia, l’unique roman de l’artiste est réédité. Quelle bonne idée. Dans ce texte autobiographique, Picabia règle ses comptes avec les acteurs de dada, du surréalisme et de l’art en général. Le tout rythmé par une série de tableaux aux titres évocateurs : « Dîner chez une maîtresse de maison d'avant-garde », « Roulette à Monte Carlo », « Fumeries d’opium »… Tout un programme ! Belfond - 18€ Où passer à table ? À La Chaumière, à Honfleur. Pour la vue sur la mer et la carte du chef Gérard Bonnefoy qui travaille les produits de la côte normande. Parmi ses spécialités : l’omelette de homard en gratin léger ou encore la poêlée de Saint-Jacques en risotto au fumet d’oranges. On aime le menu « Au gré du vent », à 29 euros : proposé en semaine, il comprend une entrée, un plat et un café gourmand. La Chaumière - Route du Littoral Vasouy, 14600 Honfleur Tél : 02 31 81 63 20 - Site : www.hotel-chaumiere.fr Une vie pornographique Mathieu Lindon Dépendance et indépendance. Tel est le thème du dernier roman de Mathieu Lindon. Avec l’addiction à l’héroïne en fil rouge. Les rencontres qu’elle engendre et ses points communs avec l’amour. Comme si l’addiction était obligation pour vivre, survivre. Un paradoxe qui fait tout l’intérêt de cette démonstration fort bien menée. POL - 17€ Beaux livres Où s’échapper ? Ingrid Bergman À Londres. Pour aller voir l’expo “Hello, my name is Paul”, consacrée au parcours sans détour de Paul Smith. C’est dans une boutique de 9m2, à Nottingham, que tout a commencé. Nous sommes en 1970. Paul Smith est inconnu. Il propose ses premières créations, ainsi que des vêtements signés Kenzo ou Katherine Hamnett. Quarante ans plus tard, Paul Smith est un nom, une marque et compte une soixantaine de magasins dans le monde… Jusqu’au 9 mars. Au Design museum : Shad Thames London SE1 2YD. Tél : 020 7403 6933 Site : designmuseum.org Cet ouvrage-hommage à l’actrice suédoise s’appuie sur 500 photos – signées Avedon, Beaton, Capa… – qui retracent sa longue carrière : de Casablanca à Stromboli, en passant par Les Enchaînés. Ce sublime album est complété par des textes d’Hemingway, Hitchcock ou encore Rossellini, dont l’actrice a partagé la vie. Actes Sud - 78€ Bords de mer Noëlle Bittner Elle a l’œil. Le sens de la déco et des décors. Dans son livre Bords de mer, la journaliste Noëlle Bittner passe en revue les plus belles maisons face à l’Atlantique, la Méditerranée ou d’autres côtes scandinaves. Cuisine, chambre, terrasse, jardin : elle décrypte, explique, raconte les choix, les partis pris en matière d’architecture et de déco. Une belle leçon d’art de vivre autour du monde. La Martinière - 45€ NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 49 47_50_culture_MdS97__Mise en page 1 04/02/14 14:57 Page50 Prendre le temps écouter Variétés/ pop/rock Concerts Indochine en tournée Le black city tour du groupe Indochine n’en finit pas. Après deux tournées à travers la France, le groupe reprend la route à partir de mars. En attendant un nouveau concert événement au Stade de France, à Saint-Denis, le 28 juin prochain. Indochine en concert le 15 mars à Dijon, le 21 à Lyon, le 23 à Nantes, le 25 à Toulouse… Billetterie : www.fnac.com Héros Eddy Mitchell (Polydor) Ce 35e album studio, l’artiste l’a teinté d’humeurs, d’humour, de légèreté et rythmé avec le gratin des musiciens américains. Certains ont joué avec Otis Redding ou Bob Dylan. Ajoutons à cela un charmant duo avec Nolwenn Leroy. Preuve que Mitchell ne regarde pas que dans le rétro. Le Soldat rose-2 (Bmg/Sony) Adapté du conte de Louis Chedid et PierreDominique Burgaud, créé en 2006, Le Soldat rosereprend vie sous la houlette de Francis Cabrel et avec un nouveau casting. Cette fois, c’est Thomas Dutronc qui enfile le costume du soldat Rose. À ses côtés : Nolwenn Leroy, Laurent Voulzy, Renan Luce, Gad Elmaleh, Pierre Souchon, Camélia Jordana… Les enfants vont adorer. Classique Arpeggione Gautier Capuçon et Frank Braley (Erato) Le violoncelliste Gautier Capuçon fait son grand retour, soutenu au piano par Frank Braley. Au programme : l’Arpeggione de Schubert, mais aussi des pièces de Schumann, la Sonate de Debussy et celle de Britten, dédiée à Rostropovitch. Une jolie prouesse, parfaitement maîtrisée… Paganini fantasy Nemanja Radulovic (Deutsche Grammophon) Le violoniste Nemanja Radulovic consacre son nouvel opus à Paganini. Un choix inattendu, mais Radulovic aime les défis, les partis pris, hors des sentiers battus. Un grand cru. page 50 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 51-52_3C_BureauAdhesion_MdS97__Mise en page 1 04/02/14 14:56 Page51 Adhésion Tarifs 2014 des cotisations Le montant inclut un contrat de protection juridique individuelle souscrit auprès de la GMF Montant de la cotisation pour paiement par chèque ou carte bleue Après déduction Montant de l'impôt sur le revenu CADRES DE DIRECTION Directeur hôpital hors classe sur EF 319 € 108 € Directeur hôpital hors classe 274 € 93 € Directeur hôpital classe normale 194 € 66 € Élève directeur d’hôpital 100 € 34 € D3S hors classe 214 € 73 € D3S classe normale 187 € 64 € Élève D3S 100 € 34 € Directeur des soins, Ifsi, IFCS 1re classe 178 € 61 € Directeur des soins, Ifsi, IFCS 2e classe 163 € 55 € Élève directeur des soins 100 € 34 € CADRES TECHNIQUES Ingénieur général 274 € 93 € Ingénieur en chef classe exceptionnelle 248 € 84 € Ingénieur en chef classe normale 214 € 73 € Ingénieur principal 191 € 65 € Ingénieur 155 € 53 € Technicien supérieur hospitalier 131 € 45 € CADRES PARAMÉDICAUX, SOCIO-ÉDUCATIFS ET SAGES-FEMMES CADRES Cadre supérieur de santé 151 € 51 € Sage-femme cadre supérieur 151 € 51 € Cadre supérieur socio-éducatif 151 € 51 € Cadre de santé 127 € 43 € Sage-femme cadre 127 € 43 € Cadre socio-éducatif 127 € 43 € CADRES ADMINISTRATIFS Attaché d'administration 152 € 52 € Adjoint des cadres hospitaliers 115 € 39 € CADRES RETRAITÉS Toute catégorie 45 € 15 € Membre d'honneur 67 € 23 € Montant de la cotisation pour paiement par prélèvement automatique en trois fois (– 10%) Après déduction Montant de l'impôt sur le revenu 288 € 246 € 174 € 90 € 192 € 168 € 90 € 159 € 147 € 90 € 98 € 84 € 59 € 31 € 65 € 57 € 31 € 54 € 50 € 31 € 246 € 222 € 192 € 171 € 141 € 117 € 84 € 75 € 65 € 58 € 48 € 40 € 135 € 135 € 135 € 114 € 114 € 114 € 46 € 46 € 46 € 39 € 39 € 39 € 138 € 105 € 47 € 36 € 39 € 60 € 13 € 20 € Adhérez et cotisez au SMPS Les présents bulletins sont à retourner accompagnés de votre chèque à : Délégation nationale SMPS 38, boulevard Sébastopol - 75004 Paris Tél. : 01 40 27 52 21 E-mail : [email protected] Site : www.smpsante.fr Fichier et comptabilité : Odile HOUEL Syndicat des manageurs publics de santé Syndicat des manageurs publics de santé Bulletin d’adhésion 2014 Avis de changement de situation Je soussigné(e) Mme, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mme, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (rayer les mentions inutiles) (rayer les mentions inutiles) Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Année de naissance: . . . . . . . . . . . Anciennes fonctions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Grade : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Classe : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nouvelles fonctions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fonctions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (pour les cadres de direction, préciser chef d’établissement ou directeur adjoint) Statut : ● Titulaire/stagiaire ● Contractuel Coordonnées professionnelles (pour les cadres de direction, préciser chef d’établissement ou directeur adjoint) Grade : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Classe : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pour les cadres retraités, merci d’indiquer votre catégorie d’origine : CD, CA, CT, CS (rayer les mentions inutiles) (pour les cadres en activité, à compléter obligatoirement) Coordonnées professionnelles (à compléter obligatoirement) Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Service : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Service : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse ou BP : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse ou BP : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .CP : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .CP : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cedex : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cedex : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. fixe/portable : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. fixe/portable : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Avez-vous un mandat syndical ? ● oui ● non ● Secrétaire section locale ● Élu CAP (dans ce cas, indiquez la CAP) : . . . . ● titulaire ● suppléant ● Élu CTE (dans ce cas, indiquez le collège) : . . ● titulaire ● suppléant ● Autre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Coordonnées personnelles (si vous souhaitez recevoir votre courrier syndical à votre domicile) N° :. . . . . . Rue : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .................................................................. CP : . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Déclare adhérer au SMPS et m’engage à régler ma cotisation par ● chèque établi à l’ordre du trésorier national du SMPS ● carte bleue ● prélèvement automatique en 3 fois (–10%) Fait à : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Signature : Coordonnées personnelles (si vous souhaitez recevoir votre courrier syndical à votre domicile) N° :. . . . . . Rue : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .................................................................. CP : . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 51 51-52_3C_BureauAdhesion_MdS97__Mise en page 1 04/02/14 14:56 Page52 Vos élus et représ en Bureau national Président Secrétaires nationaux Christophe GAUTIER Directeur CH de Pau Tél. : 05 59 92 47 04 [email protected] Vice-présidents Vice-président DH Jérémie SECHER Directeur CH de Fontainebleau Tél. : 01 60 74 10 85 [email protected] Vice-président DS Jérôme RUMEAU Directeur des soins CH Narbonne Tél. : 04 68 42 60 61 [email protected] Délégation nationale 38, bd Sébastopol 75004 Paris Tél. : 01 40 27 52 21 Délégués nationaux Vice-président D3S Nathalie LE FRIEC Directrice adjointe Centre hospitalier de Port-Louis/Riantec (56) Tél. : 06 89 49 44 66 [email protected] Vice-président cadres techniques Jean-Marc NOVAK Ingenieur hospitalier CH Gérard-Marchant, Toulouse Tél. : 05 61 43 77 47 [email protected] Vice-présidente cadres soignants Laurence-Béatrice CLUZEL Cadre supérieur de santé CH de Longjumeau Tél. : 01 64 54 30 37 [email protected] Marie-Odile SAILLARD Directrice CH d’Arras Tél. : 03 21 21 10 02 [email protected] Armelle DREXLER Directrice adjointe CHU de Clermont-Ferrand Tél. : 04 73 75 11 90 [email protected] Ronan SANQUER Directeur adjoint CHI d’Elbeuf-Louviers Tél. : 02 32 96 35 24 [email protected] Olivier SERVAIRE-LORENZET Directeur CH du Puy-en-Velay Tél. : 04 71 04 32 10 [email protected] Catherine LATGER Directrice CHI de Courbevoie/Neuilly Tél. : 01 49 04 30 01 [email protected] Jean-Paul MICHELANGELI Directeur général CHU de Reims Tél. : 03 26 78 74 05 jean-paul.michelangeli @chu-reims.fr Délégation à la défense individuelle Olivier FALANGA [email protected] Christine KHANI [email protected] Élodie CHAPEL [email protected] Secrétariat [email protected] [email protected] www.smpsante.fr page 52 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • NUMÉRO 97 Vice-présidente cadres administratifs Gwenola ETORE-DAHAN Cadre de pôle Hôpital Sainte-Périne Tél. : 01 44 96 31 34 [email protected] Membres fonctionnels Déléguée retraitée Nicole MONSTERLET Retraitée [email protected] Délégué détaché et MAD Francis FOURNEREAU Secrétaire général S I H du Limousin Tél. : 05 55 43 99 00 [email protected] Responsable à la défense individuelle Jacques BERNARD Directeur d’hôpital Tél. : 06 52 80 15 62 [email protected] Trésorerie nationale Trésorière nationale Zaynab RIET Directrice EPS Ville-Évrard Tél. : 01 43 09 30 01 [email protected] Trésorier national adjoint Denis FRÉCHOU Directeur CH Esquirol Tél. : 01 43 96 61 21 [email protected] 51-52_3C_BureauAdhesion_MdS97__Mise en page 1 04/02/14 14:56 Page53 és entants r Secrétaires régionaux Alsace Jacques VENNER Tél. : 03 88 06 30 01 Fax : 03 88 06 31 13 [email protected] AP-HP Contacter la délégation nationale Tél. : 01 40 27 52 21 Fax : 01 40 27 55 81 [email protected] Aquitaine Florian JAZERON Tél. : 05 53 69 70 10 [email protected] Auvergne Nicolas SAVALE Tél. : 04 73 75 12 00 Fax : 04 73 75 11 37 [email protected] Basse-Normandie Benoît VIVET Tél. : 02 21 06 47 73 [email protected] Bretagne Thierry GAMOND-RIUS Tél. : 02 97 64 90 95 [email protected] Centre Didier POILLERAT Tél. : 02 38 95 90 01 Fax : 02 38 95 90 15 [email protected] Champagne Contacter la délégation nationale Tél. : 01 40 27 52 21 Fax : 01 40 27 55 81 [email protected] Corse Contacter la délégation nationale Tél. : 01 40 27 52 21 Fax : 01 40 27 55 81 [email protected] Franche-Comté/Bourgogne Olivier PERRIN Tél. : 0384356001 [email protected] Guadeloupe Contacter la délégation nationale Tél. : 01 40 27 52 21 Fax : 01 40 27 55 81 [email protected] Guyane Contacter la délégation nationale Tél. : 01 40 27 52 21 Fax : 01 40 27 55 81 [email protected] Haute-Normandie Contacter la délégation nationale Tél. : 01 40 27 52 21 Fax : 01 40 27 55 81 [email protected] Île-de-France Éric GIRARDIER Tél. : 01 43 96 64 30 [email protected] Languedoc-Roussillon Daniel DESBRUN Tél. : 04 66 33 40 01 Fax : 04 66 89 57 41 [email protected] Limousin Francis FOURNEREAU Tél. : 05 55 43 99 00 Fax : 05 55 43 99 01 [email protected] Lorraine Jean-Pierre MAZUR Tél. : 03 29 83 84 30 [email protected] Martinique - par intérim Roland TOUSSAINT Tél. : 05 90 52 25 25 [email protected] Midi-Pyrénées Pierre PINZELLI Tél. : 05 63 71 63 71 [email protected] Nord Renaud DOGIMONT Tél. : 03 27 94 70 20 [email protected] PACA Hervé DANY Tél. : 04 92 30 14 03 [email protected] Pays de la Loire Sébastien TREGUENARD Tél. : 02 41 35 45 65 [email protected] Picardie - par intérim Bruno GUESSARD Tél. : 03 44 23 60 51 [email protected] Poitou-Charentes Contacter la délégation nationale Tél. : 01 40 27 52 21 Fax : 01 40 27 55 81 [email protected] Réunion Contacter la délégation nationale Tél. : 01 40 27 52 21 Fax : 01 40 27 55 81 [email protected] Rhône-Alpes Florence QUIVIGER Tél. : 04 50 49 65 65 Fax : 04 50 49 66 69 [email protected] Représentants CAPN et comité de sélection (CS) Représentants à la CAPN DH Titulaires hors classe Catherine LATGER [email protected] Christian SOUBIE [email protected] Marie-Christine HACHE [email protected] Suppléants hors classe Olivier SERVAIRE-LORENZET [email protected] Francis FOURNEREAU [email protected] Marie-Odile SAILLARD [email protected] Titulaire classe normale Ronan SANQUER [email protected] Suppléante classe normale Doris GILLIG [email protected] Représentants au CS DH Titulaires Catherine LATGER [email protected] Olivier SERVAIRE-LORENZET [email protected] Suppléants Marie-Odile SAILLARD [email protected] Christian SOUBIE [email protected] Représentants à la CAPN D3S Titulaire hors classe Christine KHANI [email protected] Suppléant hors classe Serge GUNST [email protected] Titulaire classe normale Sévena RELLAND [email protected] Suppléant classe normale David CATILLON [email protected] Représentants au CS D3S Titulaire Christine KHANI [email protected] Suppléante Hélène MALTERRE [email protected] Représentants à la CAPN DS Titulaire 1re hors classe Franck ESTÈVE [email protected] Suppléant 1re hors classe Rémy CHAPIRON [email protected] Titulaire 2de classe normale Jérôme RUMEAU [email protected] Suppléante 2de classe normale Catherine HARDY [email protected] NUMÉRO 97 • JANVIER - FÉVRIER 2014 • page 53 00_COUV_MdS97_OK_Mise en page 1 05/02/14 09:40 Page3 Maud Hélène La MNH est la 1re mutuelle du monde de la santé et du social. Rien de plus normal car nous partageons avec vous, professionnels du monde hospitalier,, les mêmes valeurs de solidarité et d’attention portée aux autres. Avec vec exigence et au service du bien-être bien-être de tous.
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