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Frank Martin (1890-1974 ) ppella chœur a ca Messe pour double Songs of Ariel 92) Olivier Messiaen (19 08-19 Cinq Rechants O sacrum convivium Martin à Olivier musicales relient Frank Peu de correspondances rs différences les unit bien au-delà de leu Messiaen, mais leur foi compositeurs s ant ort deux des plus imp fondamentales et en fait ur a cappella chœ ble dou r pou e La Messe chrétiens du xx siècle. énique d’un um œc fession de foi très de Frank Martin est la pro Rechants, q Cin aux ant Qu re temps. chrétien fer vent de not dernier la ce , aen la écrite par Messi illeures dernière page a cappel me s] [se de ne l’“u e, comme considérait, à juste titr œuvres”… HMA 1951834 Une messe secrète pour tribut En 1966, Frank Martin (1890-1974) faisait paraître à Genève un texte profession de foi, étique et concentré, au titre sans ambiguïté : Responsabilité du compositeur 1. A soixantequinze ans, le musicien suisse y renvoyait ses auditeurs à une sorte de spiritualité morale à laquelle son œuvre entière se trouvait liée : “Je suis persuadé que chaque œuvre d’art qui mérite ce nom porte en soi une morale. […] Quels que soient les mouvements de l’âme, de l’esprit, de la sensibilité de l’artiste qui se retrouvent dans son œuvre, et même s’il s’agit de la peur ou du désespoir…, son œuvre doit toujours porter le signe de cette libération, de cette sublimation qui suscite en nous une forme parachevée… Car la beauté porte en elle une force qui libère notre esprit quelle que soit l’expression qui s’y incarne et même lorsqu’elle exprime quelque chose qui ne peut se dire par des mots.” Entre 1922 et 1926, Martin avait travaillé – dans le sens du devoir – à la composition d’une messe catholique (lui, fils de pasteur calviniste), assez austère, grégorienne, à peine juste saupoudrée d’un peu d’influence ravélienne. “Je la voyais comme une affaire entre Dieu et moi.” Or cette “affaire” fut remisée quarante ans durant avant d’être chantée à Hambourg 2, le 2 novembre 1963, et imprimée seulement quelques dix années plus tard… L’Histoire seule justifie la mise à l’écart de cette pièce autant que sa reconnaissance tardive… Si l’entre-deux guerres avait vu grandir un fort nihilisme européen accusé par l’ascension des partis totalitaires les moins enclins à la spiritualité…, il en était tout autrement aux débuts des années 1960, lorsque fut rassemblé le concile Vatican II, à l’orientation générale si proche de l’œcuménisme naturel du musicien 3. Ainsi, après les compositions d’inspiration religieuse des ultimes années de guerre (In terra pax, 1944. Golgotha, 1945-48) et de celles qui suivirent (Le Mystère de la Nativité, 1957-59), Frank Martin jugea légitimement que son ancienne Messe à huit voix des années 1920 pouvait trouver sa place au cœur de cette œuvre chrétienne, qui s’affirma encore avec Pilate (1964), puis avec l’admirable Requiem (1971-72), qui constitue l’un des sommets de la musique sacrée européenne du xxe siècle. Idéalement liturgique, cette Messe à double chœur a cappella répond aux cinq parties de l’ordinaire catholique et s’inscrit délibérément dans l’héritage grégorien. D’un style simple, diatonique et modal, le plus souvent homophone, cette page ne dévoile guère la réelle personnalité de son auteur, qui chercha visiblement ici à s’effacer. Mais bien qu’on y décèle sans peine de fortes inspirations caractérisées (médiévales dans le Kyrie, dans une partie du Gloria et dans le Sanctus, renaissantes dans le Benedictus, avec quelques éléments rythmiques typiquement “baroques” aussi de part en part…), la plastique pure de l’œuvre la garantit du patchwork. On est étonné, à l’écoute de ce qui est aujourd’hui l’une des partitions les plus fréquemment données et enregistrées de Martin, de l’extraordinaire cohésion de l’ensemble qui se veut tout à la fois le rappel de cinq siècles de tradition liturgique catholique et la profession de foi sincèrement œcuménique d’un chrétien fervent de notre temps. Cette inscription dans la durée et la permanence, fait de cette Messe une sorte de perfection isolée dans les limites qu’elle s’était fixées et où l’art du compositeur parvint à s’épanouir avec bonheur. 1 Quand parle l’Esprit de l’air Fin 1949 – début 1950, Frank Martin avait composé à l’intention de l’excellent Nederlands Kamerkoor (dirigé par Felix de Nobel), Cinq chants d’Ariel (a cappella) d’après La Tempête de Shakespeare. Depuis longtemps le sujet passionnait le musicien qui trouvait en Prospero un frère d’âme naturel. Aussi, après ce premier essai écrit directement sur le texte anglais du dramaturge élisabéthain, Martin reprit-il son chœur pour l’inclure dans l’opéra homonyme qu’il conçut entre 1952 et 1955 (Der Sturm), cette fois dans la traduction allemande d’August Wilhelm von Schlegel (langue que le compositeur maîtrisait mieux que celle d’Albion…). Curieusement, l’adaptation des Chants d’Ariel s’y fit sans pratiquement aucune modification de la musique originelle, tant la métrique adoptée par Schlegel se révélait proche de celle de Shakespeare. Pour évoquer le fidèle serviteur évanescent de Prospero, Ariel, Martin prit comme parti de dissocier (dans l’opéra) son aspect physique et ses interventions lyriques lointaines : “Ariel, esprit de l’air qui apparaît à Prospero tantôt sous la forme d’un garçon, tantôt sous celle d’une nymphe des eaux, doit avoir une telle légèreté d’allure que seul un danseur ou une danseuse pourrait donner assez l’illusion d’un être sans poids : Du, der Luft nur bist (Toi, qui n’es que de l’air), lui dit Prospero. Mais Ariel parle aussi, comme les autres. D’origine, j’avais décidé de lui donner une voix collective, la voix de la nature, et c’est un chœur mixte en coulisse qui chantait son texte.” 4 C’est cependant vers la première version, à l’atmosphère idéalement magique et trouble, qu’il convient de revenir ; là où le compositeur témoigne de son extraordinaire don d’écriture pour les voix (le chœur mixte est ici parfois divisé en seize voix réelles !) comme de sa faculté à créer d’étonnantes harmonies dans ce langage qui lui est propre, et unique. Un motet pour le Saint-Sacrement Bien peu de correspondances musicales relient Frank Martin à Olivier Messiaen (19081992), mais leur foi (l’un est calviniste, l’autre catholique) les unit bien au-delà de leurs différences fondamentales et en fait deux des plus importants compositeurs chrétiens du dernier siècle. Si Messiaen laissa peu de musique vocale d’inspiration purement religieuse (O sacrum convivium, Trois petites liturgies de la présence divine, La Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi qu’une Messe pour huit sopranos et quatre violons de 1933, et deux chœurs, Te Deum et Impropères, pour une Jeanne d’Arc écrite au cours de l’été 1941, au lendemain de sa libération du Stalag VIII A, et demeurée inédite de par la volonté de son auteur), c’est que tout le reste de son œuvre puisa largement son inspiration et sa force dans le Sacré – à commencer par son très important corpus pour orgue. Le motet pour chœur à quatre voix mixtes a cappella (parfois donné à tort dans une version pour soprano solo et orgue), O sacrum convivium, dédié au Saint-Sacrement, évolue d’ailleurs totalement dans cet univers, et transcrit pour les voix le “statisme mystificateur” (Dorothea Bossert) des grands cycles pour orgue des années 1930 (L’Ascension, La Nativité du Seigneur, Les Corps glorieux). Ecrite à la demande de l’abbé Brun en 1937, cette courte page fut la seule pièce véritablement liturgique publiée par Messiaen, qui offrait là au texte latin une lente et simple méditation en homophonie dans la “tonalité de l’Amour mystique” (Fa dièse majeur). Un chant d’amour Bien plus ambitieux et personnels, les Cinq Rechants pour douze voix mixtes de 1948, fut la seconde (et donc dernière) page a cappella écrite par Messiaen qui la considérait, à juste titre, comme l’“une de [ses] meilleures œuvres”. D’une difficulté de mise en place réelle, essentiellement rythmique, les Rechants ont été composés à l’intention de l’excellent ensemble vocal de Marcel Couraud qui, après leur création parisienne (Salle Erard, 1949), leur assura une très large diffusion de part le monde. D’une suprême invention mélodique, la partition se voulait un hommage avoué au célèbre Printemps de Claude le Jeune (1528-1600), qui alterne chants (couplets) et rechants (refrains). Ce furent cependant davantage (selon le compositeur lui-même) l’harawi (ou yaravi) péruvien et l’alba (chant de l’aube) médiéval européen (l’une des plus singulières expressions poétiques des troubadours, où une voix supraterrestre mettait en garde les amants de l’arrivée du jour, signe de leur séparation obligée et cruelle) qui donnèrent au musicien la direction de son travail sur la mélodie. 2 Tristan et Isolde, Orphée, Barbe Bleue, Viviane, Merlin, etc., les peintures de Marc Chagall ou de Jérôme Bosch, les chansons des troubadours Jaufré Rudel et Folquet de Marseille (également connu sous le nom de Foulques de Toulouse…), un peu de tout cela traverse, de part en part, cette épopée de l’Amour, où Messiaen s’adonna aussi largement à l’invention d’une langue personnelle (parfois lointainement inspirée du sanscrit et du quechua), tout entière dévolue au service d’une expression musicale essentiellement rythmique (vraie influence de la musique indienne). “Ce sont des syllabes choisies pour leur douceur ou leur violence d’attaque, pour leur aptitude à mettre en vedette les rythmes musicaux. Elles permettent d’allier facilement les quatre ordres : phonétique (timbres), dynamique (intensités), cinématique (accents), quantitatif (durées)”, précisa le compositeur. Charnelle jusqu’à l’érotisme, l’œuvre bouscula la critique qui la jugea généralement très sévèrement (alors qu’à la création le public lui fit un triomphe, ainsi qu’à son auteur…). Mais l’écoute répétée de ce chef-d’œuvre nous le fait aujourd’hui apparaître dans toute sa cohésion poétique et musicale, qui mêle si bien l’héritage culturel le plus large aux audacieuses visions d’un musicien qui livra ici, véritablement, le meilleur de son esprit et de son cœur. PHILIPPE SIMON 1. Frank Martin : Responsabilité du compositeur, Société des Arts, Genève, 1966. 2. La création de la Messe à double chœur a cappella de Frank Martin fut assurée par les membres du chœur Bugenhagen-Kantorei, sous la direction de Franz W. Brunnert. 3. Le 7 juin 1969, Frank Martin put entendre au Vatican son oratorio In terra pax (1944), choisi expressément par Paul VI pour l’universalité du message de paix qu’il diffusait. 4. Frank Martin : A propos de… Commentaire de Frank Martin sur ses œuvres, La Baconnière, Neuchâtel, 1984. 3 FRANK MARTIN Messe pour double chœur a cappella 1 | Kyrie eleison. Christe eleison. Kyrie eleison. Seigneur, prends pitié. O Christ, prends pitié. Seigneur, prends pitié. 2 | Gloria in excelsis Deo. Et in terra pax hominibus bonae voluntatis. Laudamus te, benedicimus te, adoramus te, glorificamus te. Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam. Domine Deus, Rex coelestis, Deus Pater omnipotens. Domine Fili unigenite, Jesu Christe. Domine Deus, Agnus Dei, Filius Patris. Qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Qui tollis peccata mundi, suscipe deprecationem nostram. Qui sedes ad dexteram Patris, miserere nobis. Quoniam tu solus Sanctus, tu solus Dominus. Tu solus Altissimus Jesu Christe. Cum Sancto Spiritu in gloria Dei Patris. Amen. Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Nous te louons, nous te bénissons, nous t’adorons, nous te glorifions. Nous te rendons grâce pour ton immense gloire. Seigneur Dieu, Roi du ciel, Dieu le Père tout-puissant. Seigneur Fils unique, Jésus-Christ. Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père. Toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous. Toi qui enlèves le péché du monde, reçois notre prière. Toi qui es assis à la droite du Père, prends pitié de nous. Car toi seul es Saint, toi seul es Seigneur. Toi seul es le Très-Haut : Jésus-Christ. Avec le Saint Esprit dans la gloire de Dieu le Père. Amen. 3 | Credo in unum Deum. Patrem omnipotentem, factorem coeli et terrae, visibilium omnium et invisibilium. Et in unum Dominum, Jesum Christum, Filium Dei unigenitum. Et ex Patre natum ante omnia secula. Deum de Deo, lumen de lumine, Deum verum de Deo vero. Genitum, non factum, consubstantialem Patri, per quem omnia facta sunt. Qui, propter nos homines, et propter nostram salutem, descendit de coelis. Et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine, et homo factus est. Crucifixus etiam pro nobis, sub Pontio Pilatio passus et sepultus est. Et resurrexit tertia die, secundum Scripturas. Et ascendit in coelum, sedet ad dexteram Patris. Et iterum venturus est cum gloria judicare vivos et mortuos, cujus regni non erit finis. Et in Spiritum Sanctum Dominum et vivificantem, qui ex Patre Filioque procedit. Qui cum Patre et Filio simul adoratur et conglorificatur; qui locutus est per Prophetas. Et unam sanctam catholicam et apostolicam Ecclesiam. Confiteor unum baptisma in remissionem peccatorum. Et expecto resurrectionem mortuorum. Et vitam venturi saeculi. Amen. Je crois en un seul Dieu. Le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Il est Dieu, né de Dieu, lumière, né de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré, non pas créé, de même nature que le Père, par qui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel. Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Ecritures. Et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts, et son règne n’aura pas de fin. Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père et du Fils. Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ; il a parlé par les Prophètes. Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen. 4 | Sanctus, Dominus Deus Sabaoth. Pleni sunt coeli et terra gloria ejus. Osanna in excelsis. Benedictus qui venit in nomine Domini. Osanna in excelsis. Saint, le Seigneur, Dieu de l’univers. Le ciel et la terre sont remplis de sa gloire. Hosanna au plus haut des cieux. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux. 5 | Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Dona nobis pacem. Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous. Donne-nous la paix. Five Ariel Songs Cinq Chants d’Ariel (Texts from Shakespeare’s The Tempest) (D’après La Tempête de Shakespeare) I 6 | Come unto these yellow sands, And then take hands: Curtsied when you have, and kiss’d, The wild waves whist, Foot it featly here and there; And, sweet sprites, the burden bear. Hark, hark! (Burden: Bow, wow) The watch dogs bark: (Burden: Bow, wow) Hark, hark! I hear The strain of strutting chanticleer Cry: Cock-a-diddle-dow. I Venez sur ces sables jaunes Et prenez-vous par les mains. Quand vous aurez salué et baisé Silencieusement les vagues sauvages, Dansez lestement çà et là. Vous, doux esprits, entonnez le refrain. Ecoutez ! écoutez ! Oub ! oub ! (voix) C’est l’aboiement des chiens de garde. Oub ! oub (voix) Ecoutez ! écoutez ! j’entends La voix du chantre aigu qui s’égosille A crier : Cocorico ! II 7 | Full fathom five thy father lies; Of his bones are coral made: Those are pearls that were his eyes: Nothing of him that doth fade, But doth suffer a sea change Into something rich and strange. Sea-nymphs hourly ring his knell: (Burden: ding, dong) Hark! Now I hear them, — ding, dong, bell. II Sous cinq brasses ton père gît : Ses os se sont changés en corail, Perles sont devenus des yeux. De lui rien n’a péri, Mais tout a pris la forme marine De quelque riche et étrange chose. Des naïades sonnent son glas d’heure en heure. Ecoutez ! Je les entends. Ding dong ! vole ! 4 III 8 | Before you can say ‘Come’ and ‘Go’ And breathe twice; and cry ‘So, so’, Each one tripping on his toe Will be here with mop and mow. Do you love me, master? No? III Avant que vous ayez dit : “Va et viens !” et respiré deux fois et crié : “Bravo !” tous, glissant sur la pointe du pied, nous serons ici avec une moue et une grimace. M’aimez-vous, maître ? Non ? IV 9 | You are three men of sin, whom Destiny That hath to instrument this lower world And what is in’t, the never-surfeited sea Hath caused to belch up you; and on this island Where man doth not inhabit; you ’mongst men Being most unfit to live. I have made you mad; And even with suchlike valour men hang and drown their proper selves. You fools! I and my fellows Are ministers of fate: the elements Of whom your swords are temper’d may as well Wound the loud winds, or with bemock’d-at stabs Kill the still-closing waters, as diminish One dowle that’s in my plume; my fellow ministers Are like invulnerable. If you could hurt, Your swords are now too massy for your strengths And will not be uplifted. But, remember, — For that’s my business to you, — that you three From Milan did supplant good Prospero; Expos’d unto the sea, which hath requit it, Him and his innocent child: for which foul deed The powers, delaying, not forgetting have Incens’d the seas and shores, yea, all the creatures, Against your peace. Thee of thy son, Alonso, They have bereft; and do pronounce, by me, Lingering perdition, — worse than any death Can be at once, — shall step by step attend You and your ways; whose wraths to guard you from ? Which here in this most desolate isle, else falls Upon your heads, — is nothing but heart-sorrow And a clear life ensuing. IV Vous êtes trois coupables. La destinée, qui a pour instrument ce bas monde et ce qu’il contient, vous a fait vomir, par la mer insatiable sur cette île où l’homme n’habite pas, parce que parmi les hommes, vous n’étiez plus dignes de Je vous rends furieux ! C’est avec ce courage-là [ vivre !… que les hommes se pendent et se noient ! Insensés ! moi et mes camarades, nous sommes les ministres du destin. Les éléments dont ces épées sont forgées pourraient aussi bien blesser les vents aigus, ou par des coups dérisoires, fendre les eaux qui sans cesse se rejoignent, que faire tomber une seule plume de mon aile. Mes compagnons ministres sont aussi invulnérables. Si vous pouviez nous blesser, nos épées seraient trop lourdes pour vos forces et ne se laisseraient plus soulever. Mais souvenez-vous-en c’est ce que j’ai à vous dire : vous trois, vous avez arraché de Milan le juste Prospero ! Vous l’avez exposé à la mer… qui vous en a punis, lui et son innocente enfant ! pour cette action noire, les Puissances, qui ajournent, mais n’oublient pas, ont exaspéré les mers et les plages, oui toutes les créatures, contre votre repos… Toi Alonso, elles t’ont privé de ton fils… Elles vous préviennent tous par ma voix qu’une destruction lente bien pire qu’une mort immédiate, vous suivra pas à pas dans vos chemins. Pour vous garder de leur fureur, qui autrement dans cette île désolée tomberait sur vos rêves, il ne vous reste rien que le repentir et une vie désormais pure. V 10 | Where the bee sucks, there suck I In a cowslip’s bell I lie; There I couch when owls do cry. On the bat’s back I do fly After summer merrily: Merrily, merrily shall I live now Under the blossom that hangs on the bough. V Où suce l’abeille, je suce moi ! J’ai pour lit la clochette d’une primevère : Je m’y couche quand les hiboux crient. Je m’envole sur le dos d’une chauve-souris, Après l’été, gaiement. Gaiement, gaiement, je veux vivre désormais Sous la fleur qui pend à la branche. Traduction François-Victor Hugo OLIVIER MESSIAEN Cinq Rechants I 11 | Hayo kapri tama la li la li lassaré no Les amoureux s’envolent Brangien dans l’espace tu souffles Les amoureux s’envolent vers les étoiles de la mort tktktktk ha ha ha ha ha soif L’explorateur Orphée trouve son cœur dans la mort Miroir d’étoile château d’étoile Yseult d’amour séparé Bulle de cristal d’étoile mon retour Miroir d’étoile château d’étoile Yseult d’amour… Hayoma kapritama hayoma kapritama Les amoureux s’envolent... L’explorateur Orphée trouve son cœur dans la mort Barbe Bleu(e) Château de la septième porte 5 II 12 | Ma première fois terre terre l’éventail déployé Ma dernière fois terre terre l’éventail refermé Lumineux mon rire d’ombre Ma jeune étoile sur les fleuves Ha… Solo de flûte berce les quatre lézar(ds) en t’éloignant Mayoma kapritama ssarimâ… Ma première fois… mano mano mano nadja lâma krîta mata krîma lâdja na noma noma Lumineux mon rire… III 13 | Ma robe d’amour mon amour Ma prison d’amour faite d’air léger lîla lîla ma mémoire ma caresse mayoma ssari ssari man(e) thikâri oumi annôla oumi sarî sarîsa floufî yoma trianguillo trianguillo… Robe tendre toute la beauté paysage neuf troubadour Viviane Yseult tous les cercles tous les yeux pieuvre de lumière blesse foule rose ma caresse oumi annôla oumi oumi annôla oumi sarî sarîs a flôuti yoma (cheu cheu mayo kapritama kalitmolino cheu cheu…) Robe tendre… Sarî sarî… sarî ma Tous les philtres sont bus ce soir encore IV 14 | Niokhamâ palalan(e) soukî mon bouquet tout défait rayonne Niokhamâ palalan(e) soukî les volets roses Oha amour amour du clair au sombre Oha Roma tama tama tama roma tama tama tama ssouka rava kâli vâli ssouka nahame(e) kassou rava kâli vâli roma tama... Niokamâ palalan(e)… 6 V 15 | Mayoma kalimolimo Tes yeux voyagent dans le passé Mélodi(e) solaire de corbeille courbe tktktktk Dans le passé Losangé ma sœur toujours philtre Yseult rameur d’amour flako flako Fé’e) Viviane à mon chant d’amour cercle du jour hayo hayo Foule rose hayo bras tendu Pieuvre aux tentacules d’or Persé(e) Méduse l’abeille l’alphabet majeur Fleur du bourdon tourne tourne à mort Quatre lézards la grotte pieuvre et la mort doka do do do doka doka… Corolle qui mord deuxième garde à manger d’abord… Hal Fleur du bourdon… Losangé ma fleur toujours flako flako philtre Yseult… Quatre lézards grotte pieuvre à mort la mort Quatre lézar(ds) et la pieuvre et la mort tourne à mort Corolle qui mord… Losangé ma fleur… Mayoma kalimolimo tktktktk Dans l’avenir O sacrum convivium 16 | O sacrum convivium! in quo Christus sumitur: recolitur memoria passionis ejus: mens impletur gratia. O festin sacré, où l’on reçoit Christ où la mémoire de sa passion est renouvelée où l’âme est remplie de grâce O sacrum convivium! in quo Christus sumitur: mens impletur gratia: et futurae gloriae nobis pignus datur, alleluia. O sacrum convivium! O festin sacré, où l’on reçoit Christ où l’âme est remplie de grâce où le gage de la gloire future nous est donné. Alléluia ! O festin sacré ! 7