Kenza Mall
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Kenza Mall
Stratégie Q uand nous avons créé Kenza Mall, nous avions deux options: soit être des acteurs reconnus dans le domaine ou mettre en place les infrastructures mutualisées pour aider les marques à développer le e-commerce», lance Thomas Bincaz, directeur général de Kenza Mall. La création du site Knooz.ma, qui propose des articles de grandes marques avec 50% de remise et plus récemment le lancement de La Redoute.ma, sont les premières opérations propres de Kenza Mall. Et ce, en attendant d’intéresser les marques déjà installées sur les grandes artères de Casablanca. La signature de dix marques en cours Kenza Mall ZAZ LANCE UN MOROCCO MALL VIRTUEL Créée en 2010 par cinq co-fondateurs dont Karim Zaz, ex-PDG de Wana, ainsi que le PDG de Ténor Groupe, Kenza Mall ambitionne de devenir une sorte de mall virtuel version XXL, en essayant d’attirer les marques, dont la notoriété n’est plus à prouver, vers le e-commerce. essor n°65 - Mai 2012 «Il faut savoir qu’il est difficile de rentabiliser une structure pareille avec un investissement de plusieurs millions de dirhams, des coûts logistiques et ceux de la plateforme Web… Il faudra attirer au moins une dizaine de marques locales et/ou internationales avant d’y parvenir. D’ici fin 2012, l’objectif est de finaliser la signature de ces contrats», déclare Karim Zaz, PDG de Kenza Mall. Des contrats sont en effet en cours de signature avec certaines enseignes dont le nom est jalousement gardé par Thomas Bincaz. Raisons invoquées: six à neuf mois sont nécessaires pour signer un contrat avec une enseigne qui souhaite souvent garder l’information confidentielle. On n’en saura pas plus sur l’identité de ces marques partenaires. Néanmoins, elles auront accepté des conditions «draconiennes». Après signature, celles-ci ne pourront se retirer qu’après cinq à sept ans d’activité de vente sur Internet sous le giron de Kenza Mall. «De plus, s’ils nous donnent leurs marques en gestion, nous devons avoir accès 32 aux stocks, du moins de manière virtuelle. C’est normal», assure Bincaz. Ce qui rendrait plus difficile la mission de Kenza Mall, à savoir convaincre les enseignes à se convertir, du moins partiellement, au e-commerce. Pour Abdellah Omari, directeur associé de C&O marketing, agence d’études de marché, les commerçants marocains sont réticents au e-commerce. «Cela m’étonnerait qu’ils y arrivent! C’est très délicat comme activité. Les Marocains sont réfractaires au changement, à la nouveauté. Ils ont toujours envie de garder la main sur leur activité», commente-t-il. Pour Amine Serhani, président de la Fédération nationale du e-commerce, ce n’est toujours pas une bonne affaire. «Il y a un risque de cannibalisation des produits», évoque-t-il. «Généralement, les marques externalisent cette activité e-commerce pour faire des tests. Si ça marche, ils se retirent du site et reprennent l’activité en propre», poursuit Serhani. Pourtant, l’avantage offert par Kenza Mall pourrait faire réfléchir les enseignes à deux fois. «Nous offrons la relation client par le biais du call center Accolade (appartenant à Ténor Group), les systèmes d’information, la logistique, l’infographiste… C’est une équipe de 10 à 16 personnes qui se chargera de ce projet e-commerce. Nous consacrons ainsi un temps de développement dont le coût est équivalent en moyenne à l’exploitation d’un magasin pour chaque marque», explique Bincaz. En d’autres termes, si une marque possède un réseau de 10 magasins, l’activité externalisée de e-commerce chez Kenza Mall lui coûtera un investissement équivalent aux dépenses de fonctionnement d’un onzième magasin. Certains considèrent ce coût particulièrement élevé. Pour Karim Zaz, c’est une question de rentabilité. «Avec ces coûts, notre plateforme e-commerce ne parviendra à être rentable que dans trois à quatre ans», développe Zaz. Pas sûr que l’argument fasse écho auprès des enseignes. Toutefois, et pour augmenter ses chances de retour rapide sur investissement, Kenza Mall dit vouloir diversifier les produits offerts à ses clients. La Redoute pour lancer la machine Outre les marques de prêt-à-porter, Kenza Mall commencera à commercialiser des articles d’électroménager, de mobilier… et ce, dans une perspective d’adaptation au marché. «Le positionnement de Kenza Mall est une structure «à coûts au maximum variables». Si les ventes explosent dans un créneau en particulier, nous continuerons à y investir», assure Zaz. Si, à titre d’exemple, le chiffre d’affaires réalisé dans l’électroménager est important, l’effort commercial de Kenza Mall sur les marques de prêt-à-porter basculerait vers ces types de produits. Le business model de Kenza Mall semble encore à ses balbutiements, comme l’est le marché du e-commerce malgré ses 513 millions de dirhams de chiffre d’affaires réalisés en 2011. En tout cas, avec ses premières expériences «encourageantes» dans Mydeal.ma et Knooz.ma, le PDG de Kenza Mall ne devrait a priori pas se faire de soucis. Sauf que le premier essai de Kenza Mall, à savoir la Redoute.ma, présente quelques inconvénients pour un consommateur pressé, exigeant et qui préfère toucher la marchandise avant de l’acheter. «La Redoute peut en effet capitaliser sur sa notoriété. Elle s’est faite un nom grâce aux ventes par correspondance», lance Omari. Mais est-ce que cela est suffisant surtout quand le client doit attendre entre 7 et 14 jours pour se faire livrer les articles commandés, sans compter des frais de livraison de 60 dirhams en moyenne? Thomas Bincaz, DG de Kenza Mall «Nous avons la gamme la plus étendue du Maroc avec 3.000 produits et plus de 50.000 références. Pour la saison estivale, nous prévoyons 5.000 à 6.000 nouveaux produits. Notre stratégie est le renouvellement rapide des gammes. Où pourrez-vous trouver une gamme aussi étendue dans un seul magasin au Maroc?», rétorque Bincaz. Pour ce qui est du délai de livraison, c’est la conséquence du choix du top management de Kenza Mall. «Nous avons choisi de travailler en flux tendu. La marchandise vient de France. Nous ne pouvons payer 30% de frais de douane et 20% de TVA sur une marchandise pour laquelle nous n’avons pas reçu de commande», lance Thomas Bincaz. Ce seraient en effet des frais engagés avec encore 0 dirhams de chiffre d’affaires réalisé. Ce qui n’est pas pour plaire aux actionnaires qui ont misé plusieurs millions de dirhams au démarrage. En tout cas, l’ambition de Kenza Mall est de lancer trois à quatre sites 33 similaires à celui de La Redoute pour atteindre ses objectifs. Pour ce qui est de la clientèle cible, le management dit s’adresser à toutes les CSP de Tanger à Dakhla, car le potentiel de livraisons hors axe Casa-Rabat est de l’ordre de 40%, selon Karim Zaz. Un bassin auquel Bincaz ajoute la population des MRE. «Ces derniers pourraient ainsi offrir à leur famille ici au Maroc toute sorte de chose. Je pense qu’ils seraient prêts à attendre au-delà de sept jours», insiste-t-il. Enfin, Kenza Mall compte signer vers le deuxième semestre 2012 d’autres marques pour l’outlet, ainsi que pour des corners (ndlr: concept similaire aux Galeries Lafayette). En revanche, pour ce qui est du positionnement du type d’articles proposé, le top management est pour sa part indifférent. «L’essentiel est de proposer de «bons produits à de bons prix qui permettront à terme de trouver les bons clients», souligne Zaz. Voilà qui est dit; reste à savoir si cette stratégie de produits tous azimuts donnera ses fruits. Par Wiam Markhouss APRÈS SIGNATURE, LES ENSEIGNES NE POURRONT SE RETIRER QU’APRÈS CINQ ANNÉES D’ACTIVITÉ SOUS LE GIRON DE KENZA MALL La notoriété de La Redoute sera-t-elle suffisante pour assurer son succès? essor n°65 - Mai 2012
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