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Synthèse Bibliographique en Biologie et Biotechnologie MASTER biologie-agro-santé Spécialité : BIOLOGIE-GESTION Université de Rennes 1 Année 2010-2011 SUJET : Les niches de cellules souches Remise du rapport : le 17 Janvier 2011 Auteur : Maxime HERBERT Tutrice : Stéphanie LE BRAS (Institut de Génétique et Développement de Rennes) UFR SVE Sciences de la Vie et de l’Environnement Page |2 Remerciements Je tiens à remercier Stéphanie LE BRAS, chercheuse à l’Institut de Génétique et Développement de Rennes (IGDR) et enseignante à l’Université de Rennes 1, qui m’a accordé de son temps afin de m’aider à la réalisation de cette synthèse bibliographique. Je remercie également Madame ESNAULT et Monsieur GUIRAUD pour m’avoir donné l’opportunité de réaliser ce mémoire ainsi que pour leurs nombreux conseils. [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion Page |3 Résumé Les cellules souches sont des cellules non spécialisées ayant la capacité de se diviser sans limite dans le temps, de s’auto-renouveler, et de générer des cellules filles différenciées. L’environnement dans lequel ces cellules souches résident a été suggéré pour la première fois en 1978 par Schofield, et est aujourd’hui largement étudié. Les niches de cellules souches constituent l’environnement de la cellule souche et jouent un rôle déterminant dans leur maintien et leur différenciation. Transitoirement ou en permanence présentes au cours d’une vie dans l’organisme, plusieurs modèles de niches de cellules souches ont pu être établi ces dernières années. Sommaire Résumé ................................................................................................................................................ 3 I. Introduction................................................................................................................................. 4 II. Les cellules souches ..................................................................................................................... 5 III. Les niches de cellules souches................................................................................................. 7 a) Niche Stromale ........................................................................................................................ 8 b) Niche épithéliale .................................................................................................................... 10 IV. Niches permanentes de cellules souches .............................................................................. 12 V. Niches transitoires de cellules souches ..................................................................................... 12 a) 1er modèle de niches transitoires : les cellules souches intestinales .................................... 12 b) 1er modèle de niches transitoires : les cellules souches neurales ........................................ 14 c) 2ème modèle de niches transitoires : les cellules souches hématopoïétiques ...................... 15 VI. Conclusion ............................................................................................................................. 19 VII. Bibliographie.......................................................................................................................... 20 [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion Page |4 I. Introduction Caractérisé comme le microenvironnement cellulaire complexe dans lequel se trouvent les cellules souches, les niches de cellule souches constituent un intérêt majeur de la recherche ces dernières années. Souvent inaccessible chez les mammifères, elles sont largement étudiées chez la drosophile. Aujourd’hui de nombreux modèles de niches ont été caractérisés selon le stade de développement de l’espèce et le tissu dans lequel elles se trouvent. Jusqu’à ces dernières années, un seul modèle de niches de cellules souches avait pu être caractérisé, à savoir les niches de cellules souches permanentes, présentes tout au long de la vie d’une espèce. Cependant de récents travaux ont démontré l’existence de plusieurs modèles de niches de cellules souches qualifiés comme transitoires. En effet, un article de Mathur D. et al. paru dans Science en 2010 relate de la présence d’une niche transitoire chez l’intestin moyen de la drosophile. Cette niche ne serait présente qu’à un certain stade de développement de la drosophile. C’est également le cas des niches de cellules souches neurales, ou l’on retrouve une niche différente au stade embryonnaire par rapport au stade adulte (Lathia J.D et al. 2007). Un autre modèle transitoire a également été caractérisé pour les niches de cellules souches hématopoïétiques (Baldridge M.T. et al. 2010), qui seraient activées transitoirement en réponse à un changement d’environnement. Cette synthèse bibliographique évoque les différents modèles de niches transitoires découverts ces dernières années en opposition avec les niches de cellules souches permanentes. Dans une première partie, une présentation des cellules souches et de leur capacité d’auto-renouvellement sera développée, puis une seconde partie évoquera les niches de cellules souches, en s’intéressant plus particulièrement aux niches de cellules souches stromales et aux niches de cellules souches épithéliales. Enfin une troisième et dernière partie développera les différents modèles de niches transitoires découverts ces dernières années ainsi que les niches de cellules souches permanentes. [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion Page |5 II. Les cellules souches Les cellules souches sont des cellules non spécialisées qui ont la capacité de s’auto- renouveler indéfiniment par division cellulaire et qui peuvent donner naissance, sous certaines conditions physiologiques ou expérimentales, à plusieurs types de tissus différenciés (Pearson J. et al., 2009). (Figure 1) Auto-renouvellement Cellules souches Cellules déterminées progénitrices Cellules différenciées spécialisées Figure 1 : Auto-renouvellement et différentiation d’une cellule souche. On distingue deux types de cellules souches, les cellules souches adultes et les cellules souches embryonnaires. Les cellules souches adultes de l'organisme peuvent être classées comme ceci : elles peuvent être mono-, bi- ou multipotentes, ce classement étant basé sur le nombre de types de cellules matures à laquelle elles peuvent donner naissance. Chez l'adulte, ces cellules ont pour fonction de donner naissance aux cellules matures d’un tissu donné (par [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion Page |6 exemple les cellules souches germinales produisant toutes les cellules de la lignée germinale) ou encore de réparer les tissus lésés, malades, ou simplement vieillissants. En revanche, les cellules souches pluripotentes de l'embryon ont la capacité de former tous les types de cellules du corps adulte, y compris les cellules de la lignée germinale. (Lensch W. et al., 2006) Il existe plusieurs types de cellules souches, selon le tissu au sein duquel elles se trouvent. On retrouve entre autre, les cellules souches germinales, les cellules souches musculaires, les cellules souches hématopoïétiques, les cellules souches nerveuses, les cellules souches épithéliales, les cellules souches de l’intestin. (Tableau 1). Deux autres types de cellules souches ont été découverts récemment. Il s’agit des cellules souches MUSE (Multilineage-differentiating Stress Enduring Cells) et PICs. Tableau 1 : Différents types de cellules souches selon les tissus chez les mammifères Types de cellule souche Hématopoïétiques MUSE Musculaires (Satellites) PICs Neurales Intestinales Localisation A l’origine de Références La moelle osseuse à proximité de l’endoceteum et des vaisseaux sanguins sinusoïdaux La moelle osseuse Toutes les lignées des Adams et Scadden, cellules sanguines 2006) Plusieurs tissus musculaires, nerveux Kuroda Y. et al. (2010) Sous la lame basale des fibres musculaires Situés entre les myofibres Myofibres Zone sous ventriculaire (ventricule latéral) Base des cryptes Germinales La couche basale des tubes séminifères Folliculaires Renflement des follicules pileux Dhawan et Rando, 2005 Cellules musculaires, cellules satellites Kathryn J. Mitchell et al. (2010) Astrocytes, Neurones, Oligodendrocytes Doetsch, 2003 Tous les types de cellules intestinales matures Toutes les cellules de la lignée germinale Barker et al., 2007 Epithélium folliculaire [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion Yoshida et al., 2007a; Yoshida et al., 2007b Blanpain et Fuchs, 2006) Page |7 III. Les niches de cellules souches Une niche de cellules souches peut être définie comme un microenvironnement local nécessaire pour le maintien des cellules souches (Becerra J. et al., 2010). C’est un complexe multifactoriel. Les niches de cellules souches sont composées de cellules souches, de cellules de soutien, et de signaux de la matrice extracellulaire et moléculaire. A l'intérieur de la niche, la cellule souche peut se diviser de manière asymétrique donnant naissance à de nouvelles cellules souches et à des cellules progénitrices. Ces cellules prolifèrent et donnent lieu à une population de cellules qui peuvent ainsi se différencier. Les récents progrès scientifiques ont conduit à une augmentation de la quantité d'informations concernant les données des niches de cellules souches et plusieurs modèles de niches ont pu être développés. Les modèles les mieux caractérisés de niche de cellules souches se trouvent chez la drosophile. On distingue deux types de niches : les niches stromales et les niches épithéliales. Les niches stromales se caractérisent par la présence de cellules stromales dans l’environnement de la cellule souche, jouant un rôle dans son maintien. Dans les niches épithéliales, on ne retrouve pas de cellules stromales. Chez la drosophile, les cellules souches germinales (mâles et femelles), les cellules souches escortes et les cystes germinaux se situent dans des niches stromales. Au contraire des cellules souches folliculaires qui se situe dans des niches épithéliales (Tableau 2). Chez les mammifères (la souris), aucune expérience a permis de déterminer clairement si les niches étaient stromales ou épithéliales (Morrison & Spradling, 2008) (Tableau 3). Chez les drosophiles mâles et femelles, les cellules souches germinales sont maintenues par des niches et des voies de régulation dont les caractéristiques servent de modèles pour la compréhension des cellules souches chez les mammifères (Fuller M.T., et al. 2007). Chez le mâle, la niche est limitée à l’espace adjacent à un espace étroitement serré de cellules somatiques hub à l’extrémité du testicule. Cette région est suffisante pour accueillir 7 à 12 cellules souches germinales. Chez la femelle, la niche est à côté de 4 à 7 cellules de la coiffe et prend en charge 2 à 3 cellules souches germinales (Tableau 2). [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion Page |8 Tableau 2 : Différents types de cellules souches et de niches chez la drosophile D. melanogaster (adapté à partir de Morrison & Spradling, 2008) Type de cellule Type de niche souche Nombre de cellules souches par niche Germinale Stromale 7-12 Stromale 2-3 Escorte Stromale 4-6 Cyste Germinal Stromale 14-24 Folliculaire Epithéliale 1 Intestinale Epithéliale 1? (mâles) Germinales (femelles) Tableau 3: Différents types de cellules souches et de niches chez la souris (adapté à partir de Morrison & Spradling, 2008) Type de cellule Nombre de cellules souche souches par niche Hématopoïétiques 1 Satellites 1 Neurales Plusieurs Intestinales 1 Folliculaires Plusieurs Germinales 1 a) Niche Stromale Les niches stromales de cellules souches se caractérisent par la présence de cellules stromales. On les retrouve notamment chez les cellules souches de la lignée germinale chez la drosophile. [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion Page |9 Ovaire ESC Signaux : UPD BMP NOTCH Cellule Stromale CAP Cellule Escorte Cellule souche S germinale Cystoblaste Niche CSC Signaux : UPD BMP HUB Cellule Cyste Cellule souche germinale Gonioblaste S Cellule Stromale Niche Testicule Légende : Jonction adhérentes S Spectrosome ESC = Cellule Souche Escorte CSC = Cellule Souche Cyste Centrosome Mouvement des cellules Figure 2 : Niche stromale des cellules souches germinales femelles et mâles chez la drosophile (adapté à partir de Morrison & Spradling, 2008) Les cellules souches germinales des drosophiles résident dans des niches stromales (Figure 2). Les cellules stromales, qui ne se divisent pas, retiennent les cellules souches germinales en place via des jonctions adhérentes (Morrison et Spradling, 2008). Les cellules souches germinales sont entourées par les cellules souches escortes chez la femelle ou les cellules souches cystes chez le mâle. Les divisions des cellules souches germinales sont asymétriques, les deux cellules filles adoptent des destins cellulaires différents (Jagut M. et [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion P a g e | 10 Huynh JR 2007). La cellule fille qui reste au contact des cellules de la coiffe chez la femelle ou des cellules du hub chez le mâle, restera une cellule souche germinale, permettant ainsi de maintenir un nombre de cellules souches suffisant. Quand à la cellule fille la plus postérieure, elle deviendra un cystoblaste chez la femelle ou un gonioblaste chez le mâle (Figure 2). En absence de cellules souches, la niche conserve son architecture cellulaire. Les cellules somatiques ont un rôle fondamental dans cette asymétrie. L’existence de jonctions, adhérentes et communicantes, entre les cellules souches germinales et les cellules somatiques permet de maintenir une des cellules filles à leur contact en conservant les caractéristiques des cellules souches germinales (Gilboa L et al. 2003). D’ailleurs l’absence d’un facteur, la E-cadhérine, composant principal des jonctions adhérentes, induit le détachement des cellules souches germinales de la niche, entrainant ainsi leur perte par différenciation et donc la stérilité des mouches. Les cellules stromales ont donc un rôle important dans le maintient des cellules souches germinales, ce sont des cellules de support. Elles permettent de maintenir un nombre suffisant de cellules souches dans la niche. b) Niche épithéliale Les cellules souches du follicule de la drosophile sont un modèle intéressant pour l'analyse des niches de cellules souches épithéliales. Ces cellules souches sont les précurseurs de l'épithélium folliculaire qui entoure le cyste germinal chez l’ovaire de la drosophile (Nystu T. et Spradling A. 2007). La niche de cellules souches folliculaires se distingue de la structure de la niche stromale par l’absence de cellules stromales post-mitotiques observées à proximité. [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion P a g e | 11 Cellule Escorte CSF fille Cyste Germinal Signaux : Cyste Germinal Hh WG BMP Cellule Souche Folliculaire (CSF) CSF fille Niche Légende : Mouvement des cellules Mouvement signaux Hh Membrane basale Figure 3 : Niche épithéliale de cellules souches folliculaires chez la drosophile (adapté à partir de Morrison & Spradling, 2008) Les cellules souches folliculaires de la drosophile résident dans une niche épithéliale (Morrison et Spradling, 2008). La cellule souche folliculaire est entourée par des cellules souches folliculaires filles et est aussi en contact avec des cellules souches escortes qui encadrent le développement des cystes germinaux. Les cellules souches folliculaires ne sont pas en contact avec des cellules stromales permanentes mais elles demeurent associées à une région membrane basale. Il ya plusieurs façons d’expliquer le maintien des cellules souches folliculaires dans cet environnement dynamique. En premier lieu, ces cellules peuvent être maintenues en place grâce à l'adhésion cellulaire vers les cellules adjacentes. Les deux composantes principales des jonctions adhérentes des cellules épithéliales (La b-caténine et la E-cadhérine) ont un rôle [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion P a g e | 12 important dans le maintien des cellules souches folliculaires (Song et Xie, 2002, 2003). Bien qu'il n'y ait pas de cellules stromales fixé près des cellules souches folliculaires, ces dernières peuvent aussi gagner de la stabilité grâce à des contacts transitoires cellule-cellule avec leurs cellules filles. Les différents signaux émis (Hedgehog, Wingless, BMP) permettent également le maintien de ces cellules souches. IV. Niches permanentes de cellules souches On peut définir une niche de cellules souches permanentes comme une niche qui a pour caractéristique d’être présente et fonctionnelle tout au long d’une vie d’un organisme. Ce type de niche est ce que l’on retrouve le plus couramment dans l’organisme. On la retrouve notamment chez les cellules souches neurales à l’état adulte (Lathia J.D et al. 2007) ou encore chez les cellules souches germinales de la drosophile (Margaret T. Fuller, et al. 2007). Dans une niche de cellules souches permanente, on retrouve tous les composants d’une niche de cellules souches classiques, c’est-à-dire les cellules souches, des cellules de soutien, des signaux de transmission. A l’intérieur de ce type de niche, les cellules souches se divisent lentement. V. Niches transitoires de cellules souches Depuis quelques années, les recherches ont démontré l’existence de niches de cellules souches qui ne seraient pas présente en permanence dans l’organisme mais plutôt transitoirement à un certain stade de développement ou en réponse à un stress. Les trois exemples développés ici concernent les cellules souches intestinales, les cellules souches neurales et les cellules souches hématopoïétiques. a) 1er modèle de niches transitoires : les cellules souches intestinales Chez la drosophile, les cellules souche intestinales se trouvent dans l’intestin moyen (Mathur D et Al. 2010). Cependant, on ne sait pas comment elles sont établies. Les cellules [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion P a g e | 13 progénitrices génèrent des niches qui déterminent le destin des cellules souches et qui peuvent donner des indications sur la spécification des cellules souches dans d’autres tissus. Cellules progénitrices (AMP= Adult Midgut Progenitors) Prolifération en îlots d’AMP Cellules progénitrices (AMP) Signal DPP Division asymétrique Notch Cellule périphérique agissant comme une niche Figure 2 : Mécanisme d’une niche transitoire chez l’intestin moyen de la drosophile Les cellules souches intestinales pourraient être déterminées au cours de l’organogénèse intestinale (Mathur D et al. 2010). Après division symétrique et la dispersion au cours du début du développement larvaire, l’une des premières cellules progénitrices de l’intestin moyen subit une division asymétrique et la signalisation Notch dirige ses premières filles à devenir des cellules périphériques qui agissent comme une niche. Les cellules progénitrices de l’intestin et ses filles ultérieures peuvent rester indifférenciées en réponse à un signal DPP à partir d’une cellule périphérique (Figure 2). Dans l’intestin moyen, les cellules périphériques agissent donc comme des niches pour les cellules progénitrices afin de les maintenir indifférenciées jusqu’à la métamorphose (Mathur D et al. 2010). Durant la métamorphose, la cellule périphérique n’est plus active, ce qui permet aux îlots de cellules progénitrices de l’intestin moyen de répondre à la signalisation Notch et de se différencier en entérocyte. Toutefois, une cellule progénitrice de l’intestin moyen par îlot reste indifférenciée et devient à l’avenir une cellule souche de [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion P a g e | 14 l’intestin. Le mécanisme qui permet à cette cellule de rester indifférenciée n’est pas encore connu et sera différent de celui existant avant la métamorphose. Contrairement à d’autres niches caractérisées, où à une cellule souche ou progénitrice qui s’éloigne de sa niche pour se différencier, la niche « Cellule Périphérique » est un parc d’attente, qui empêche ces cellules de s’échapper ou de se différencier jusqu’à ce que la niche se décompose. Un tel mécanisme qui donne une plus grande autonomie aux cellules souches pourrait exister dans d’autres populations de cellules épithéliales au cours de l’homéostasie de tissus ou du développement. En effet les cellules souches garderaient leurs capacités de cellules souches entre le temps ou elles quittent la niche transitoire et le temps ou elles se retrouvent dans une autre niche. Il serait intéressant de comprendre ce qui permet alors à ces cellules souches de se maintenir en tant que cellules souches sans un environnement qui permettait justement ce maintien. b) 1er modèle de niches transitoires : les cellules souches neurales Le second exemple de niches transitoires, similaire au premier modèle développé précédemment, concerne les niches de cellules souches neurales. En effet, ce dernier fait référence à une niche transitoire à l’état embryonnaire du développement de l’espèce. De nombreuses études sur les cellules souches neurales sont menées sur des cellules se divisant lentement dans le système nerveux central adulte, où les niches permettent de maintenir les cellules souches neurales tout au long de la vie. (Lathia J.D et al. 2007). En revanche, la zone ventriculaire embryonnaire est une structure transitoire qui ne remplit pas les critères classiquement utilisés pour définir une niche. Les cellules souches neurales adultes résident dans au moins trois zones structurellement et anatomiquement distinctes dans le cerveau adulte et notamment la zone subventriculaire à proximité des ventricules latéraux. Les auteurs ont donc comparé les deux microenvironnements des cellules souches neurales adultes et embryonnaires. Il en ressort que les points communs entre les signaux de régulation embryonnaire des cellules souches neurales et de ceux qui sont connus pour [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion P a g e | 15 contrôler les cellules souches adultes dans leurs niches sont nombreux. A première vue, la zone ventriculaire embryonnaire ne satisfait pas à la définition classique d’une niche permanente de cellule souche. En effet, la zone ventriculaire ne contient qu'une seule lignée de cellules, c'est-à-dire les cellules souches elles-mêmes ainsi que leurs filles. Ensuite, la structure est transitoire et se perd lors du développement postnatal. Enfin, les cellules souches embryonnaires neurales se divisent rapidement. Cependant, ces dernières années et comme on a pu le voir précédemment, il existe plusieurs modèles de niches de cellules souches et une définition trop stricte ne peut être cohérente. Il a été montré par Micchelli et Perrimon (2006) que les cellules souches de l'intestin de drosophiles adultes ont seulement aussi leurs cellules filles pour environnement et n'interagissent pas avec d’autres lignées cellulaires. Des niches transitoires au cours du développement sont également observées chez l’intestin de la drosophile (Mathur D. et al. 2010). De même, le taux de division des cellules souches dans l'embryon serait vraisemblablement plus élevé que chez l'adulte, compte tenu des exigences différentes pour la croissance et l'entretien. En outre, même si des séries d'expériences suggèrent que la zone ventriculaire embryonnaire ne peut être considérée comme une niche permanente de cellules souches classiques (Lathia J.D et al. 2007), il est évident que les mécanismes de signalisation et les nombreuses voies de régulation, présents chez l’embryon dans le zone ventriculaire, permettent de considérer ce microenvironnement comme une niches de cellule souche présente transitoirement à l’état embryonnaire jusqu’au stade de développement postnatal. c) 2ème modèle de niches transitoires : les cellules souches hématopoïétiques Un autre modèle de niches transitoires de cellules souches existe pour certaines populations de cellules souches et notamment pour les cellules souches hématopoïétiques de l’adulte. En effet d’après ce modèle, les cellules souches seraient maintenues à un état de dormance par leur niche (niche permanente), et en réponse à un stress, elles deviendraient actives. Ce modèle s’applique notamment pour les cellules souches hématopoïétiques. Comme les précurseurs des cellules sanguines, les cellules souches hématopoïétiques restent dans un état de dormance pendant la majeure partie de la vie d'un organisme, n’entrant [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion P a g e | 16 dans le cycle cellulaire uniquement lorsque cela est nécessaire pour générer différentes lignées (Baldridge M.T.et al. 2010). Les dernières recherches ont démontré qu’il pouvait exister deux types de niches de cellules souches hématopoïétiques (Renstrom J. et al. 2010). On retrouve d’abord la niche endo-osseuse, où les cellules souches hématopoïétique restent proches des ostéoblastes de l'os trabéculaire. Ensuite on peut trouver une niche périvasculaire, où les cellules souches seraient plus proches de l'endothélium vasculaire dans les sinus de la moelle. D’après Raaijmakers M. (2010), la niche de cellules souches endo-osseuse pourrait être transitoirement activée, permettant ainsi le passage des cellules souches hématopoïétiques d’un état de dormance à un état activé, ainsi que leur migration en réponse à un stress. Cellules souches logées dans la niche Homéostasie Stress Mobilisation des cellules souches en réponse à un stress Légende : Interaction adhésive Cellule souche endormie cathepsine X Cellule souche activé SDF1 Cellules ostéoblastes formant la surface endoosseuse Endothélium vasculaire Figure 3 : Modulation de la niche des cellules souches hématopoïétique en réponse à un stress (adapté à partir de Raaijmakers M. 2010) [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion P a g e | 17 Dans le système hématopoïétique, il a été démontré que la surface endo-osseuse est un environnement anatomiquement défini comme une niche pour les cellules souches (Raaijmakers M. 2010). Egalement appelée « niche ostéoblastique », la surface endo-osseuse est constituée de nombreux composants. On trouve notamment des cellules ostéoblastes à divers stades de développement, l'endothélium vasculaire, les ostéoclastes, la chimiokine SDF1 (CXCL12) qui exprime les cellules réticulaires et les protéines de la matrice extracellulaire. Les cellules souches hématopoïétiques ne restent pas en position statique dans leurs niches, mais au contraire sont connues pour migrer à des endroits distincts dans la moelle osseuse, le sang et les tissus périphériques. La cathepsine X joue un rôle important dans la mobilisation des cellules souches hématopoïétiques et dans leur trafic (Raaijmakers M. 2010). La cathepsine cystéine protéase X a été identifiée comme un nouvel acteur moléculaire jouant un rôle dans la migration et le trafic des cellules souches hématopoïétiques (Staudt N.D. et al. 2010). Les auteurs ont démontré que la cathepsine X est exprimée et sécrétée par des lignées de cellules stromales et primaires « ostéoblastiques ». La cathepsine mature X perturberait l’interaction adhésive entre les cellules souches hématopoïétiques et les ostéoblastes. Dans ce modèle, la cathepsine X favorise le trafic des cellules souches hématopoïétiques de la niche endo-osseuse par la dégradation de CXCL12 en réponse à un stress. Les cellules souches hématopoïétiques passent de l’état de dormance à l'auto-renouvellement dans des conditions de stress hématopoïétiques, comme des saignements par exemple. Un autre facteur, l’interféron-γ, faisant passer les cellules souches hématopoïétiques d’un état de dormance à un état activé, a été identifié par Baldridge M.T. et al. (2010). Les auteurs ont développé un modèle de travail présentant l’augmentation de l’activité des cellules souches hématopoïétiques en réponse à une infection bactérienne chronique. Ils ont comparé la prolifération et l’activité des cellules souches hématopoïétiques avec le niveau d’interféronγ dans des conditions physiologiques normales et dans des conditions d’infections bactériennes chroniques. Dans des conditions physiologiques normales, la prolifération et l’activité de différenciation des cellules souches hématopoïétiques est très faible et le niveau d’interféron-γ l’est tout autant. En revanche, lors d’une infection bactérienne chronique, on a une augmentation des cellules immunitaires sentinelles qui stimulent la libération en grande quantité de l’interféron-γ qui traverse la circulation sanguine pour activer les cellules souches [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion P a g e | 18 hématopoïétiques dans la moelle osseuse conduisant à la mobilisation des cellules immunitaires. En réponse à une infection bactérienne chronique et à l’augmentation de la quantité d’interféron-γ, on a donc une activation transitoire des cellules souches hématopoïétiques qui retrouvent un état de dormance lors de conditions physiologiques normales. [SBBB : Les niches de cellules souches] Maxime Herbert - Master Biologie Gestion P a g e | 19 VI. Conclusion Comme nous avons pu le voir tout au long de cette synthèse, ces dernières années ont permis de caractériser et de comprendre plus en détail l’environnement dans lequel se développent les cellules souches. Les niches peuvent être en permanence présentes dans l’organisme, ce qui semble être le cas dans la plupart des situations. Seulement de nouvelles données ont permis de caractériser des niches de cellules souches transitoirement présentes dans l’organisme à un stade précis de développement de l’espèce ou en réponse à un stress ou une infection de l’organisme. Le constat qui peut être fait au jour d’aujourd’hui, est que les recherches avancent deux grands modèles de niches transitoires de cellules souches. Le premier modèle que l’on retrouve chez l’intestin moyen de la drosophile est intéressant puisqu’on retrouve une niche « parc d’attente » qui pourrait être présente pour d’autres types de cellules souches, sachant qu’un tel mécanisme donne une plus grande autonomie aux cellules souches. On retrouve un modèle semblable chez les cellules neurales. En effet, on retrouve une niche transitoire à l’état de développement embryonnaire qui disparait au stade postnatal pour donner naissance à une niche de cellules souches permanente à l’état adulte. Le deuxième modèle est différent et concerne les niches de cellules souches hématopoïétiques. On constate qu’en réponse à un stress, l’environnement de la cellule souche est capable de réagir afin d’activer les cellules souches hématopoïétiques pour répondre aux conditions de stress. Enfin le troisième modèle, démontre que chez les cellules souches neurales, La compréhension du fonctionnement des niches de cellules souches en matière de santé est devenue un sujet majeur pour les sciences fondamentales et la médecine. Il est important de comprendre comment les cellules de la niche et les signaux extracellulaires peuvent contrôler le destin des différentes cellules souches de l’organisme. Les résultats qu’apporteront ces nouveaux outils permettront de mieux comprendre la différenciation des cellules souches de tous les types cellulaires particuliers. Ces connaissances sont susceptibles d’influencer le développement de nouvelles thérapies dans un avenir proche. La disponibilité croissante de petites molécules, couplée à la possibilité de cibler des voies de signalisation et le développement de systèmes, font de la modulation contrôlée des niches de cellules souches une approche intéressante pour la régénération des tissus et des organes ainsi que leurs réparations. 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