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UNIVERSITÉ DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE LITUANIE FACULTÉ DE PHILOLOGIE DÉPARTEMENT DE PHILOLOGIE ET DIDACTIQUE FRANÇAISES Rasa Navickaitė ÉTUDE COMPARÉE DES ÉLÉMENTS DE LA FORMATION DE L’ADJECTIF QUALIFICATIF FRANÇAIS ET LITUANIEN Mémoire Directrice du travail: Maître de conférences dr. Rasa Matonienė Vilnius, 2013 LIETUVOS EDUKOLOGIJOS UNIVERSITETAS FILOLOGIJOS FAKULTETAS PRANCŪZŲ FILOLOGIJOS IR DIDAKTIKOS KATEDRA KOKYBINIO BŪDVARDŽIO DARYBOS ELEMENTŲ LYGINAMOJI ANALIZĖ PRANCŪZŲ IR LIETUVIŲ KALBOSE Magistro darbas Humanitariniai mokslai, filologija (04H) Magistro darbo autorė Rasa Navickaitė Patvirtinu, kad darbas atliktas savarankiškai, naudojant tik darbe nurodytus šaltinius ___________________________ (Parašas, data) Vadovas doc. dr. Rasa Matonienė ___________________________ (Parašas, data) REMERCIEMENTS Mes remerciements les plus chaleureux à dr. Rasa Matonienė, qui a accepté de faire la critique de ce travail, m’a prodigué de judicieux conseils et m’a accordé le soutien moral. Je tiens à remercier tout particulièrement l’équipe de professeurs de l’Université des sciences de l’éducation de Lituanie pour des idées significatives et pour le rayonnement de la chaleur humaine. TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS ................................................................................................................. 4 INTRODUCTION ................................................................................................................. 4 1. FONDEMENT THÉORIQUE DU FONCTIONNEMENT DES ADJECTIFS QUALIFICATIFS EN FRANÇAIS ET EN LITUANIEN ...................................................... 7 1.1. Notion de l’adjectif qualificatif français ................................................................... 7 1.1.1. Traits grammaticaux de l’adjectif qualificatif lituanien .......................................... 8 1.2. Tendances classificatoires des adjectifs qualificatifs français et lituaniens.............. 10 1.2.1. Classification grammaticale ................................................................................. 10 2. SYSTÈME DE LA FORMATION DES MOTS DANS LES GRAMMAIRES FRANÇAISES ET LITUANIENNES .................................................................................. 12 2.1. Concept de la formation des mots français et lituaniens ......................................... 12 2.1.1. Point de vue de la grammaire générative et théories transformationnelles ............ 14 2.2. Identification des éléments de la formation en français et en lituanien .................... 15 2.3. Signification dérivationnelle en français et en lituanien .......................................... 19 3. PARAMÈTRES DE LA FORMATION DES ADJECTIFS QUALIFICATIFS FRANÇAIS ET LITUANIENS ................................................................................................................ 21 3.1. Dérivation suffixale des adjectifs qualificatifs français ........................................... 21 3.1.1. Préfixation des adjectifs qualificatifs français et lituaniens .................................. 27 3.1.2. Dérivation flexionnelle des adjectifs qualificatifs français et lituaniens ................ 31 3.1.3. Dérivation parasynthétique des adjectifs qualificatifs français et lituaniens .......... 31 3.1.4. Dérivation impropre et dérivation inverse en français et en lituanien ................... 33 3.2. Composition des adjectifs qualificatifs français et lituaniens .................................. 37 CONCLUSION.................................................................................................................... 53 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 56 AVANT-PROPOS Dans ce travail nous tenons à faire une étude comparée des éléments de la formation ainsi que les procédés de formation des adjectifs qualificatifs en français et en lituanien. Nous allons analyser et établir les parentés ainsi que les différences de la formation de l’adjectif dans les deux langues. Ce travail consiste également à faire une petite revue des caractéristiques classificatoires, morphologiques, sémantiques, des nuances de la traduction de l’adjectif français et lituanien. Pour notre analyse nous allons choisir les ouvrages littéraires français, ceux de A. Camus «L’étranger», de H. de Balzac «Le Père Goriot», de G. Flaubert «Madame Bovary» et nous allons les comparer avec ceux traduits en lituanien. Les adjectifs qualificatifs français seront comparés avec les équivalents traduits en lituanien. Les ouvrages mentionnés sont traduits en lituanien par Laima Rapšytė, Vincas Bazilevičius, Dominykas Urbas et Sofija Čiurlionienė. INTRODUCTION Les auteurs Zenonas Norkus et Vaidas Morkevičius (2011, 23) affirment que «la comparaison est une opération universelle et élementaire mentale qui est inséparable de l’essentiel de la pensée. Chaque fois lorsque nous comparons ou bien fixons quelques similitudes ou différences d’un ou plusieurs objets, nous les comparons parce que la pensée n’existe guère sans comparaison». Actualité du sujet. Il est vrai qu’afin de bien maîtriser une langue étrangère et de la comparer avec sa propre langue maternelle, il ne suffit pas de connaître leurs nuance culturelles et historiques. Bien évidemment, les langues ont la tendance d’évoluer et même de changer certaines caractéristiques lexicales ou bien grammaticales, c’est la raison pour laquelle on doit perfectuer et approfondir constamment les connaissances linguistiques, enrichir son vocabulaire. R. E. Katalynaitė (2010, 43) note que «si on a besoin de développer les compétences en lecture dans une langue étrangère, c’est-à-dire bien comprendre l’information véhiculée, on doit obtenir un certain nombre de connaissances linguistiques d’éléments lexicaux et de structures grammaticales. Des relations significatives entre les mots, le rapport du lexique terminologique aux éléments du langage courant, les particularités du matériel linguistique, les règles de l’organisation du texte, ce qui soulève un certain nombre de difficultés, nécessite un certain effort, une bonne orientation et la compréhension, une pensée profonde». 4 Rūta Marcinkevičienė (2000, 11) décrit la langue comme «un phénomène complexe et multiforme, composé d’espèces de haute diversité, et afin de bien refléter la langue, il faut la décomposer en petits détails et en parler plus concrètement». Le linguiste lituanien Leonardas Dambriūnas (2010, 43) stipule que «grâce aux mots nous avons la possibilité d’exprimer non seulement les catégories générales de la pensée: un objet, une propriété, une action, etc., mais aussi les nuances les plus subtiles». Aïno - Niclas Salminen dans son ouvrage «La Lexicologie» (1997, 22) mentionne que «le lexique se répartit en classes fonctionnelles traditionnellement appelées parties du discours. Elles concernent la nature du mot, laquelle s’oppose à sa fonction. Une partie du discours est une classe d’équivalences qui rassemble les mots en catégories fonctionnant de façon identique. Les règles grammaticales s’appliquent ensuite de façon générale à ses classes. La classification des mots en parties du discours s’établit selon des critères morphologiques, sémantiques et syntaxiques». La linguiste française Jacqueline Picoche dans son article «Lexique et vocabulaire: quelques principes de l’enseignement à l’école» (2011, 2) souligne l’importance de la dérivation des mots dans l’apprentissage du vocabulaire. En parlant des principes d’action, l’auteur recommande aux professeurs de travailler sur les dérivés, par exemple, transformer une phrase de base par des nominalisations, et voilà les dérivés qui surgissent. L’auteur donne des exemples suivants: «les feuilles «changent» de couleur en automne - l’automne fait «changer» la couleur des feuilles - ce «changement» de couleur est une fête pour les yeux selon la saison, la couleur des feuilles est «changeante»… et si, au cours des manipulations, les professeurs abordent les synonymes transformer, métamorphoser, ils auront d’autres dérivés nominaux et adjectivaux et ils pourront même révéler à de plus grands élèves que form- est d’origine latine et -morph- d’origine grecque…». Les auteurs Erika Rimkutė et Neringa Pakalnytė dans leur article «Sujets de la publicité sociale et les caractéristiques linguistiques» (2010,63) écrivent: «bien que l’adjectif ne représente qu’un faible pourcentage (9%) révélant des caractéristiques linguistiques de la langue sociale et publicitaire, les auteurs supposent que les catégories grammaticales des adjectifs permettent de donner certaines nuances à la langue publicitaire, et les adjectifs qualificatifs font une partie très informative de la parole. On a constaté que la publicité sociale est dominée par des adjectifs qualificatifs (68%), par exemple, «Je me connaîtrais bien avec un gentil bonhomme de neige, qui évaluerait les relations à long terme. Une petite Extase». Les auteurs en concluent que «ce résultat n’est pas surprenant, puisque la classe des adjectifs qualificatifs est plus grande que celle des adjectifs relatifs. Les adjectifs qualificatifs peuvent être effectués sous la forme de degrés, les formes d’adjectifs, les adverbes avec le suffixe -iai, 5 la forme neutre, les noms ayant certaines particularités sont écrits avec le suffixe -umas, le diminutif et un certain nombre de caractéristiques de quantité avec le suffixe -okas, les préfixes -apy, po-. Ainsi, les adjectifs qualificatifs sont plus convenables pour mettre en évidence un élément unique de toutes les choses de la propriété du groupe (avec une catégorie de qualité convenable), et la publicité commerciale, où il est important de distinguer un produit, les adjectifs qualificatifs sont utilisés plus fréquemment (88%). Cela peut être associé à une fréquence plus élevée d’utilisation du superlatif dans la publicité commerciale et afin d’influencer plus les consommateurs, les annonceurs publicitaires choisissent consciemment les adjectifs dont la dérivation est plus convenable». Le problème concerne les liens linguistiques, c’est-à-dire les similitudes et les différences de la formation des adjectifs qualificatifs en français et en lituanien. Comme nous l’avons mentionné précédemment, ce travail repose sur une étude comparée des éléments de la formation ainsi que du fonctionnement des adjectifs qualificatifs, en tant qu’une partie du discours en français et en lituanien. Et les adjectifs qualificatifs, comment sont-ils formés en français? Est-ce que les adjectifs français sont pareils à ceux lituaniens? Alors, nous voudrions cette fois-ci nous interroger: 1. Quels sont les éléments de la formation, les types de la formation de l’adjectif qualificatif en français et en lituanien? 2. Quelles sont les similitudes et les différences de la formation des adjectifs qualificatifs français et lituaniens? 3. Quelles sont les similitudes et les différences des caractéristiques morphologiques, sémantiques, les nuances de la traduction des adjectifs qualificatifs en français et en lituanien? Objet de l’étude: les adjectifs qualificatifs français et lituaniens. Objectif de l’étude: l’étude comparée des éléments de la formation des adjectifs qualificatifs en français et en lituanien. Tâches de l’étude: 1. Présenter le fondement théorique des éléments de la formation de l’adjectif qualificatif en français et en lituanien. 2. Trouver les similitudes et les différences des caractéristiques des éléments formateurs et des nuances de la traduction des adjectifs qualificatifs en français et en lituanien. 3. Comparer et analyser les résultats obtenus. Méthodologie et méthodes d’analyse. Analyse quantitative et qualitative des adjectifs qualificatifs français et leurs équivalents traduits en lituanien dans les ouvrages littéraires. 6 Domaines d’application des résultats obtenus. Les résultats de l’étude seront mis en pratique dans l’apprentissage de la grammaire française ou lituanienne, ainsi que dans les autres domaines des recherches de la linguistique comparée et dans la traduction des textes français en lituanien. 1. FONDEMENT THÉORIQUE DU FONCTIONNEMENT DES ADJECTIFS QUALIFICATIFS EN FRANÇAIS ET EN LITUANIEN 1.1. Notion de l’adjectif qualificatif français Qu’est-ce qu’un adjectif qualificatif? Premièrement, portons notre regard sur la notion de l’adjectif qualificatif. Les grammairiens français S. Poisson-Quiton, R. Mimran, MathéoLe Coadic (2002, 94) constatent que «c’est un mot qui précise (caractérise) un nom commun: un beau film, un livre intéressant, une histoire stupide. Il s’accorde avec le nom: un beau jardin, de beaux jardins, des filles jeunes et jolies». Les auteurs Jean-Claude Chevalier, Claire Blanche-Benveniste et d’autres (2002, 190) soulignent que «l’adjectif qualificatif désigne une qualité attachée à une substance: il qualifie le substantif». L’adjectif qualificatif est un élément linguistique appartenant à une classe dont les caractéristiques peuvent être envisagées du triple point de vue: sémantique, morphologique ou syntaxique. Selon le niveau d’analyse retenu, l’extension de la classe présente certains flottements, alors même que sa compréhension ne semble pas poser de problèmes majeurs; en fait, on ne peut affirmer véritablement l’homogénéité de la catégorie des adjectifs qu’en se référant plus ou moins implicitement à un modèle non strictement linguistique qui suppose que la langue est un reflet de la réalité: dans ce cas, au «nom substantif», qui désigne l’être, s’oppose le nomen adjectivum, qui lui est adjoint au titre de la modalité attributive. Si, en contrepartie, on adopte une perspective structurale, on définira l’adjectif comme l’élément linguistique dont la distribution, dans l’énoncé non marqué, varie avec les systèmes considérés, mais est tributaire de l’élément vecteur du syntagme nominal, soit qu’on l’intercale récursivement entre le nom et le déterminant, soit qu’il suive le nom1.(document accessible en ligne sur: <http://www.universalis.fr/encyclopedie/adjectif/>) [consulté le 1 août 2012]. 7 Les auteurs Marie-Hélène Christensen, Maryse Fuchs, Dominique Korach et Cathérine Schapira (1995, 23) donnent une définition de l’adjectif qualificatif d’après son origine étymologique: «le mot «adjectif» signifie étymologiquement «qui s’ajoute». Pierre Le Goffic (1993, 30-31) fait une revue syntaxique de l’adjectif qualificatif: «l’adjectif est susceptible d’être à soi seul constituant de phrase, c’est-à-dire essentiellement l’adjectif qualificatif (à l’exclusion des adjectifs qui ne peuvent jouer ce rôle, comme les déterminants). L’adjectif, comme l’adverbe, s’emploie facilement seul et n’appelle pas nécessairement des éléments qui lui soient subordonnés (au sein d’un groupe nominal dont il est la tête), mais il peut néanmoins avoir divers types d’expansion: à gauche: très facile, très fatigué, incroyablement résistant (quantification par adverbe), beaucoup plus grand (que Paul) (sur le statut de la comparative). à droite: compléments prépositionnels, par exemple: indépendant de ce facteur, heureux de vous voir. complétive (introduite par une préposition présente ou sous-jacente (pour ce devant le que complétif, par exemple, heureux (de ce) que Paul soit revenu. corrélative: après, même, autre, tel (sous réserve des problèmes de statut de la comparative), par exemple, Paul est bien tel que je l’imaginais. Quant aux fonctions de l’adjectif qualificatif français, P. Le Goffic explique que «l’adjectif est toujours «épinglé» sur un nom, très souvent au sein d’un groupe nominal (épithète liée ou détachée). Donc, d’après l’auteur, «en tant que constituant de la phrase, l’adjectif est rapporté à un support nominal par le verbe ou mouvement de la phrase, en fonction de: Atrribut Attribut de l’objet Atrribut accessoire (du sujet ou de l’objet). Plus marginalement, d’autres fonctions sont possibles, quand le support nominal est implicite, par exemple, Il risque gros, ou contenu dans l’idée du verbe: Il voit clair (on est alors très proche de l’adverbe)». 1.1.1. Traits grammaticaux de l’adjectif qualificatif lituanien En ce qui concerne le lituanien, les auteurs K. Gaivenis, S. Keinys et K. Morkūnas (1990, 40) décrivent l’adjectif qualificatif d’une manière suivante: «c’est une partie du discours dont les mots appartenant à cette classe signifient les caractéristiques d’un objet et 8 vont généralement comme attribut du nom. Les adjectifs qualificatifs montrent les traits d’un objet directement, dans leur sens lexical». A. Paulauskienė (1994, 135) mentionne une définition suivante: «les adjectifs qualificatifs signifient l’entité d’un objet de lui-même qui est généralement indéfinissable et variable, c’est-à-dire on peut les évaluer subjectivement et souligner». Le grammairien lituanien Vytautas Ambrazas (2006, 167) note que «les adjectifs qualificatifs comprennent des adjectifs avec les terminaisons -(i)as, -(i)a; -us, -i,par exemple: geras, -a, žalias, -ia, laimingas, -a; gražus, -i. Les adjectifs qualificatifs servent à former: a) Les degrés de comparaison (geresnis, -ė, geriausias, -ia); b) Les formes pronominales: (gerasis, -oji); c) Les adverbes avec le suffixe -(i)ai (gerai, gražiai); d) La forme neutre (sena, gražu); e) Les noms de propriété avec le suffixe -umas (gražumas); f) Les formes diminutives avec le suffixe -okas, -a ou avec des préfixes apy-, po- (mažutis, -ė, mažokas, -a, apymažis, -ė, pomažis, -ė). Selon l’auteur, les adjectifs qualificatifs ont la possibilité de joindre des mots dépendants (labai geras, nepaprastai drąsus)». Quant aux degrés de comparaison des adjectifs qualificatifs lituaniens, la linguiste lituanienne Lina Česnulevičienė dans son article «Étude typologique sur le degré de comparaison de l'adjectif» (2008, 11) mentionne que «traditionnelement, on distingue: 1) le comparatif; 2) le superlatif relatif selon la manière dont le dégré de l'adjectif est évalué par rapport à autre chose. Les relatifs ne disposent pas de cette catégorie. Pourtant, les qualificatifs, eux aussi, ne possèdent pas toujours la catégorie de degrés. Cela dépend de la signification de l'adjectif et du contexte». Les auteurs lituaniens M. Ramonienė et J. Pribušauskaitė (2008, 164) distinguent deux types d’adjectifs: les adjectifs qui expriment la qualité et les adjectifs relatifs exprimant des relations entre les objets ou phénomènes qu’ils déterminent (auksinis žiedas, vakarykštis laikraštis). Cependant, ces adjectifs se diffèrent selon les caractéristiques grammaticales: Tableau No.1. Nuances classificatoires des adjectifs lituaniens Caractéristiques grammaticales Les degrés de comparaison Formes pronominales Forme neutre Adjectif qualificatif OUI Geresnis, -ė OUI baltasis, -oji OUI gera, gražu Adjectif relatif NON NON NON 9 Utilisation avec des mots dépendants OUI Labai įdomus, nepaprastai maloni NON 1.2. Tendances classificatoires des adjectifs qualificatifs français et lituaniens 1.2.1. Classification grammaticale Suite à la classification grammaticale, Eduardo Marquez (1998, 90) schématise des adjectifs en types suivants: Des adjectifs toujours considérés comme tels, mais pouvant être employés substantivement: blanc, noir, riche, pauvre; Des adjectifs dont la qualité n’est pas mise en cause mais qui sont cependant dérivés des noms: vineux; Des adjectifs possessifs (non-qualificatifs) qui sont des déterminants possessifs: mon, ton, son; Des adjectifs dits pronominaux qui doivent être considérés comme pronoms: celuici, ceux-là. L’auteur souligne que «des problèmes se posent encore pour les adjectifs comme: Français, francilien, qui pourraient être considérés dans une classe particulière de noms nationaux et régionaux; Philosophe (verbe et substantif à la fois); Ami (substantif et adjectif); Médecin (adjectif et substantif), etc. E. Marquez conclut que «l’ambiguïté qui résulte de ces difficultés n’est autre que celle que le langage impose aux interlocuteurs dans le découpage de la réalité pour la décrire, mais elle est accentuée par les compétences, les savoirs, les attitudes et les représentations que les interlocuteurs activent afin de produire une interprétation de cette réalité. La description et l’interprétation constituent la source du couple objet-sujet: objective quand les interlocuteurs ne font pas intervenir des jugements personnels sur les référents et de ce fait s’accordent avec la communauté, avec la «norme»; subjective lorsque dans l’assertion sur la réalité/vérité des individus qui composent l’univers référentiel, les interlocuteurs réalisent un jugement (qualitatif, émotionnel, ou de valeur)». Quant aux adjectifs qualificatifs et le groupe nominal, M.-H. Christensen, M. Fuchs, D. Korach et C.Schapira (1995, 24) remarquent que «les adjectifs qualificatifs (petit, rouge, élégant) n’ont aucun cas la possibilité de conférer à un nom le statut du groupe nominal. Ils 10 permettent simplement de décrire un être ou un objet en précisant une ou plusieurs de ses caractérisitiques. Son emploi, dans le groupe nominal est facultatif, tandis que l’adjectif non qualificatif, appellé déterminatif est un constituant obligatoire du groupe nominal. Les auteurs distinguent deux sortes d’adjectifs qualificatifs: Les adjectifs qui expriment une qualité essentielle ou accidentelle de l’être ou de l’objet désigné par le nom: un petit livre, un vêtement sale, un méchant homme; Les adjectifs qui établissent une relation entre le nom et un autre nom → la voiture présidentielle. L’adjectif «présidentielle» équivaut à un groupe nominal du complément → la voiture du président. Les auteurs notent que «ces deux types d’adjectifs qualificatifs se comportent différemment: les premiers peuvent varier en degrés de comparaison: un homme assez (moins, plus, très) méchant. Ils peuvent être attributs. Les seconds n’ont pas de fonction d’attribut et ne peuvent varier en degrés. Il est impossible de dire: la voiture (assez, moins) présidentielle. Cependant, les mêmes auteurs remarquent: «cette voiture est présidentielle. On peut rencontrer ce type d’adjectifs en fonction d’attribut. Ils sont alors employés dans un sens figuré: cette voiture est royale (digne d’un roi)». Les auteurs Michel Arrivé, Françoise Gadet et Michel Galmiche (1986, 33) mentionnentégalement la distinction des adjectifs qualificatifs en deux sous-classes: Certains adjectifs indiquent une qualité, ou propriété essentielle ou accidentelle de l’être ou de l’objet désigné par le nom (ou le pronom): une robe rouge, celui-ci est mauvais. D’autres adjectifs établissent une relation entre le nom et un autre élément nominal: dans le discours présidentiel, l’adjectif est équivalent d’un complément de la forme: du président; il indique une relation entre le nom discours et le référent désigné par le nom président. De même, dans le voyge alsacien du Ministre, l’adjectif alsacien (souvent orthographié avec la majuscule) est l’équivalent de en Alsace». Nous nous demandons s’il est possible de trouver des équivalents pareils en lituanien. Chez le linguiste lituanien Bronius Maskuliūnas (2009, 253) nous pouvons lire: «en lituanien, à défaut des pronoms, du génitif adnominal, la possesivité nominale peut être exprimée par les constructions adjectivales. Du point de vue sémantique, les combinaisons adjectivales de la langue parlée se divisent en deux types. Les constructions adjectivales où l’adjectif détermine la possession de certaines caractéristiques, sont les plus fréquentes et variées, comme par exemple: 11 Karališka giria (la forêt royale) → karaliaus giria (la forêt du Roi, forêt qui appartient au Roi). Il est possible d’employer cette construction adjectivale dans un sens figuré: ši mašina yra karališka (cette voiture est royale (digne d’un roi)». En ce qui concerne les déterminants, A. Halvoet et A. Judžentis (2010, 33) écrivent qu’«en lituanien, contrairement des autres langues européennes, qui possèdent des articles définis et indéfinis, les adjectifs démonstratifs exercent la fonction des déterminants, par exemple: Paduok man tą kepurę. Selon les auteurs, «les modificateurs possessifs sont également proches aux déterminants: Paduok man brolio kepurę». Le professeur Greg Lessard (1996) donne des exemples des déterminants français: «il existe une autre classe apparentée aux affixes: les clitiques. En français, la classe des clitiques comprend les déterminants comme le, ce et les pronoms comme je, le, y. Comme les affixes, les clitiques sont des éléments non-autonomes: on ne les trouve jamais seuls. Par contre, on peut séparer les clitiques et les bases par au moins un petit nombre d’éléments». (document accessible en ligne sur: <http://post.queensu.ca/~lessardg/Cours/215/chap5.html#00>) [consulté le 6 février 2013]. Donc, il s’en suit qu’on peut rencontrer ce type d’adjectifs en lituanien ainsi qu’en français. 2. SYSTÈME DE LA FORMATION DES MOTS DANS LES GRAMMAIRES FRANÇAISES ET LITUANIENNES 2.1. Concept de la formation des mots français et lituaniens Pour contourner le concept de la formation des mots, nous allons faire une petite revue de quelques ouvrages théoriques, ceux de A. Niclas-Salminen (1997) et de V. Urbutis (2009). C’est ce qu’explique A. Niclas-Salminen (1997, 46-47) de la formation des mots français: «au sens traditionnel et étymologique, la morphologie est l’étude de la forme des mots. Elle s’intéresse donc à tout ce qui relève de la structure interne des mots. La morphologie lexicale décrit surtout les mécanismes de dérivation et de composition qui président à la formation des mots. Les mots français peuvent se répartir, sur le plan de la 12 synchronie, en mots simples et mots construits. Les linguistes ont l’habitude de retenir comme mots simples les unités lexicales qui ne peuvent pas être décomposées en unités significatives plus petites (chaise, ministre, rapide)». En revache, l’auteur souligne que «les mots construits sont constitués de deux ou plusieurs morphèmes ou mots. Certains termes sont formés par dérivation (passiv-ité, re-faire, coiff-eur), d’autres sont formés par composition (bébééprouvette, lave-glace). On peut rencontrer également des locutions ou des syntagmes lexicalisés qui figent une construction syntaxique, par exemple, à pas de loup». Accordons notre attention à la définition de la formation des mots lituaniens. Le linguiste lituanien Vincas Urbutis (2009, 37) en tenant compte du rôle de la formation des mots, décrit la formation des mots comme «la méthode essentielle d’enrichissement du vocabulaire selon laquelle des mots nouveaux apparaissent en changeant leur structure morphologique à leur manière des mots déjà existants. Selon V. Urbutis, «le système de la formation se compose des schémas formels et sémantiques, dits les types de la formation des mots. Ces types de la formation se manifestent d’après les relations dérivationnelles entre les mots et la structure des dérivés dépendant de ces relations. L’auteur précise que «ces relations mentionnées déterminent des néologismes apparus. Alors, la formation des mots se manifeste de deux façons: comme le processus naturel, typique de la formation des mots et comme une certaine structure d’un dérivé». En lituanien, V. Urbutis (2009, 332) décrit quatre types principaux de la formation des mots: 1) la suffixation, grâce à laquelle les dérivés suffixaux surgissent, 2) la préfixation qui donne des dérivés préfixaux, 3) la paradigmasition (la dérivation flexionnelle) donnant des dérivés flexionnels, 4) la composition engendrant les mots composés. Selon l’auteur, «en formation synchronique des mots les premiers types sont appelés sous le nom de la dérivation. Autrement dit, la formation des mots se répartit en dérivation et en composition». En développant l’idée du concept de la formation des mots, il convient de signaler les notions de la formation en diachronie et la formation en synchronie. Donc, V. Urbutis (2009, 39) distingue: La formation en diachronie (historique) qui analyse la formation des mots sur l’aspect génétique. Pourtant, d’après V. Urbutis, ce type de la formation ne s’appuie pas sur les relations simultanées entre les mots. Elle est liée très prochément à l’étymologie. De plus, elle étudie le développement de la formation des mots, des changements de la structure des mots (la simplification, la transintégration, etc.) et leur influence sur le système de la formation des mots. La formation en synchronie (descriptive). Ce type de formation analyse l’aspect fonctionnel et se base sur les relations existantes et simultanées de la formation». 13 2.1.1. Point de vue de la grammaire générative et théories transformationnelles A. Niclas-Salminen (1997, 46) en parlant dela grammaire générative et les théories transformationnelles mentionne que «la grammaire générative du linguiste américain Naom Chomsky apparaît comme une théorie structuraliste. Elle met en relation deux structures dont l’une est tranformée à partir de l’autre. C’est un ensemble d’items munis des traits phonologiques, syntaxiques et sémantiques qui sont insérés dans la structure engendrée par les règles syntagmatiques. Selon les tendances, un sous-ensemble plus ou moins important du lexique peut être obtenu de manière transformationnelle; c’est le cas de nombreuses nominalisations (diminu(er) → diminuation, mont(er) → montage, etc.), mais cette démarche peut être étendue à des termes non analysables en surface (faire-devenir-non-vivant → tuer). Dans le langage des grammaires de l’école de N. Chomsky, «X» devient «Y» ou «X se transforme en Y» ne signifie nullement «X est chronologiquement antérieur à Y», mais simplement: «il est logiquement commode d’exposer X avant Y». A. Niclas-Salminen présente le point de vue de la lexicologie guillaumienne: «elle dénie la possibilité de réduire à un système le lexique qu’il considère trop complexe et trop enraciné dans la contingence historique. Gustave Guillaume travaillait sur la genèse et la nature du mot. Il a fondé tous ses travaux sur l’hypothèse qu’un système de pensée inconscient est sous-jacent aux systèmes sémiologiques et à leur fonctionnement. Cette théorie appelée «psycho-mécanique» distingue la langue, où chaque morphème est porteur d’un seul sens, du discours, ou le système se réalise dans des emplois (ou effets de sens) variés. D’après cette théorie, toute synchronie porte en elle les germes de son destin diachronique». C’est ce qu’explique le linguiste lituanien V. Urbutis (2009, 55): «l’étude transformationnelle générative de la formation des mots est signifiante en ce qu’elle permet d’imaginer exactement la formation réelle des dérivés dans la production de la parole en tant que mettre en évidence des catégories de ces dérivés. N. Chomsky fait la distiction entre la compétence des connaissances linguistiques de la langue maternelle de locuteur-auditeur, et l’utilisation de la langue, c’est-à-dire l’application actuelle de la langue dans une situation concrète. Le point de vue de N. Chomsky est très proche à celui de F. de Saussure, parce que l’objet de la théorie saussurienne est la langue, et N. Chomsky a pour l’objet la compétence de la langue. La grammaire générative n’est que la description claire et précise d’un locuteurauditeur idéal. V. Urbutis met en lumière trois composants principaux du modèle de la grammaire générative transformationnelle: syntaxique, sémantique et phonologique. Le composant syntaxique est le plus important parce qu’il établit la structure grammaticale des combinaisons 14 des mots dans le discours. Selon l’auteur, la base et le composant transformationnel comprennent au composant syntaxique. La base génère la structure dite intérieure de chaque phrase («la structure profonde»), qui détermine son interprétation sémantique. Le composant transformationnel change la structure intérieure abstraite en structure extérieure («la structure de surface»), qui détermine son interprétation phonologique. Les transformations différentes ont la possibilité de donner des structures extérieures différentes à la même structure intérieure, par exemple, Aš manau, kad tokios vinys kadaise būdavo iš medžio et Mano manymu, tokios vinys kadaise būdavo medinės). Alors, la structure du modèle de la grammaire générative transformationnelle montre qu’il n’est pas discutable à qui attribuer la formation des mots, à la grammaire ou à la lexicologie: la grammaire est comprise dans un sens plus large et elle englobe essentiellement toute la langue». 2.2. Identification des éléments de la formation en français et en lituanien Avant d’entamer l’analyse de ce type d’écrits, nous commencerons d’abord par définir la notion de la dérivation. Selon le dictionnaire de linguistique et de sciences du langage (2004, 52), «la dérivation consiste à l’agglutination d’éléments lexicaux dont un au moins n’est pas susceptible d’emploi indépendant, en une forme unique: refaire, malheureux sont des dérivés; on remarque que re- et -eux ne sont pas susceptibles d’emploi indépendant alors que faire et malheureux sont des unités lexicales pour elles-mêmes. Les éléments d’un dérivé sont: - le radical constitué par un terme indépendant: (faire dans refaire) ou dépendant (-fecdans réfection); - les affixes, éléments adjoints appelés préfixes s’ils précèdent le radical (re-, de-dans refaire, défaire) ou suffixes s’ils le suivent (eux-, iste-dans malheureux, lampiste)». Alors que Patrick Charaudeau (1993, 67) y voit que «la dérivation consiste à ajouter à un mot lexical de base (appelé radical) des éléments en particulier (encore appelés affixes) qui se placent devant (préfixes) ou derrière le mot (suffixes)». Carine Duteil-Mougel dans son article «La sémantique textuelle. Méthodologie et exemples d’analyse» (2009, 8) en parlant des paliers de la description linguistique, mentionne le palier du morphème. L’auteur remarque que le «morphème est le signe minimal, indécomposable dans un état synchronique donné». C. Duteil-Mougel distingue deux types de morphèmes: le grammème et le lexème. L’auteur définit le grammème comme «un 15 morphème, appartenant à une classe fortement fermée, dans un état synchronique donné, ex.:«-ir» dans «courir». Contrairement du grammème, le lexème est un morphème à une classe ou plusieurs classes faiblement fermées ex.: «cour-» dans «courir». D’après Hervé Béchade (1992, 93), «on définit la base comme un morphème, c’est-àdire une unité minimale de signification, porteur d’un sens distinctif donnant à un mot une existence sémantique propre en face des autres mots et on l’appelle pour cela morphème lexical (lexème)». Aïno-Niclas Salminen (1997, 19) note que les morphèmes lexicaux permettent au mot d’avoir une autonomie sémantique, tandis que les morphèmes grammaticaux insèrent le mot dans des séries et indiquent souvent ses relations avec d’autres éléments de la phrase. Ainsi, dans le mot dérivé chanteur, chant- est un morphème lexical qui permet de distinguer le mot des autres mots de la même série: danseur, chanteur, voleur, tandis que -eur est un indice grammatical et indique l’agent de l’action. L’auteur remarque que les morphèmes grammaticaux jouent un rôle décisif dans l’organisation grammaticale de la phrase, qu’il s’agisse des marques morphosyntaxiques (nombre, genre, personne, temps et mode). Parmi les morphèmes grammaticaux Aïno - Niclas Salminen distingue: les morphèmes liés ou affixes (-eur, -ité, -ons) qui ne peuvent apparaître que dans le cadre de l’unité mot. Ceux-ci peuvent être classifiés à leur tour en deux types de morphèmes: affixes dérivationnels (-eur, -ité) qui servent à créer une nouvelle unité léxicale à partir d’un mot déjà existant, ils peuvent changer la catégorie de sa base: passif, -ive (adjectif) → passiv –ité (nom); légal (adjectif) → il-légal (adjectif); loyal (adjectif) → dé-loyal (adjectif); affixes flexionnels (-ons, -ez, -er...). Ces affixes ne modifient jamais la catégorie grammaticale de la base à laquelle il s’adjoint. Il convient de signaler que les désinences prennent la place parmi les morphèmes liés. Les désinences sont des marques de la flexion (conjugaison, variation en nombre et genre). Les désinences s’organisent en paradigmes clos; elles servent à adopter un mot à la syntaxe de la phrase et à la référence (fonction, temps, personne, nombre, genre). les morphèmes non liés, comme le (article ou pronom), il (pronom de 3e personne), etc., auxquels on accorde généralement le statut de mot. Les affixes qui se placent devant la base sont appelés «préfixes» (il-legal, dé-loyal), et les affixes qui se trouvent après la base se nomment «suffixes» (chant-eur, pasiv-ité). 16 A. Niclas-Salminen (1997, 53) met en lumière son point de vue à l’égard des éléments de la formation: «un mot dérivé est formé par l’adjonction d’un ou plusieurs affixes soudés à une base. Les affixes se divisent en préfixes, qui se placent avant la base et en suffixes, qui se trouve après la base. La base est l’élément qui reste d’un mot dérivé si on lui enlève ses affixes. Elle constitue une unité, qui telle quelle ou assortie des désinences requises, forme un mot dont la nature détermine en retour le statut catégoriel de la base». En parlant des éléments formateurs, il est important de mentionner les notions des radicaux liés: allomorphie et supplétisme. P. et D. Corbin (1987) notent que «le radical d’un mot dérivé est le segment restant sans affixes et événtuellement les désinences, par exemple, touss-ot-er. Le radical allomorphe est une variante formelle du mot d’où vient le dérivé, par exemple: pénal, pen=, dans sinuosité, sinuo=sinueux. Du point de vue diachronique, les radicaux qui ont la forme totalement différente de celle du mot avec lequel le dérivé est en relation sémantique, par exemple: Lud-ique «qui a trait au jeu» Gastr-ique «qui concerne l’estomac». Les radicaux supplétifs remplacent le mot usuel de même sens indisponible pour des raisons variées, par exemple, gastr-ique (parce que le dérivé stomach-ique a le sens restreint de «qui facilite la digestion dans l’estomac», lud-ique (parce qu’il est difficile de former un adjectif sur jeu, pour des raisons phonétiques)». Du point de vue diachronique, l’étymon des radicaux supplétifs sont différents de ceux des mots simples correspondants, ce qui explique les différences formelles». Quant à la délimitation du radical et de l’affixe, la frontière entre le radical et le suffixe pose parfois des problèmes de segmentation à cause de certains éléments intermédiaires à statut incertain, qui sont attribués à l’un ou à l’autre ou sont traités comme des éléments de transition, par exemple, monstr-u-eux, myster-i-eux, admir-able». Fadia Kanhouche décrit les éléments de formation des mots français d’une manière suivante: «les éléments formateurs du dérivé sont solidaires et leur ordre est strict. Ils se trouvent en interaction assez complexe de sorte que la structure linéaire contraignante de son signifiant entraîne une structure sémantique, à certains égards, identique à celle de la phrase. Le dérivé est un tout qui vaut par ses éléments constitutifs eux-mêmes non valables dans le système linguistique que par leur solidarité. Le comportement d’un dérivé est la représentation efficiente du concept saussurien de valeur. Les liens entre les constituants sont d’ordre syntagmatique et associatif, ce qui limite l’arbitraire absolu du signe. On dit alors que le dérivé est relativement motivé. 17 Sans aucun doute, la motivation dérivationnelle, qui est de nature intralinguistique, a un rôle prioritaire et un caractère fonctionnel dans la prise de conscience d’un certain montage réglé dans la construction du dérivé. Bien que ce montage soit l’assemblage d’éléments préexistants, l’effet sémantique obtenu est particulier et loin d’être la somme des significations des éléments constituants, ce qui montre que la dérivation n’est point une modalité de jonction pure et simple: c’est une association d’organes vivants. L’affixe ne désigne point une donnée de l’expérience extra-linguistique comme la base, c’est plutôt une entité dénotant une réalité psychique qui exerce une certaine action sémantique sur celle-ci. Cette action, quoique non moins polyvalente que celle de la base, est en général régulière à l’intérieur d’un champ affixal grâce auquel l’affixe lui-même est caractérisé». (document accessible en ligne sur: <http://post.queensu.ca/~lessardg/Cours /215/chap5.html> [consulté le 6 février 2013]. Le dérivé est intégré sémantiquement et syntaxiquement dans l’énoncé à l’exemple des unités simples. Mais à la différence de ceux-ci, il forme par l’agencement strict de ses constituants, en quelque sorte, un graphe. Dégagée des séries plus ou moins régulières, l’analogie aide à considérer ces graphes comme des représentations sémantiques. Or, ces représentations sémantiques ne sont pas toujours transparentes: l’intersection des glossies des mots d’une même famille doit correspondre à une intersection des signifiés. Il arrive que l’intersection des signifiants soit nulle et que les changements phonétiques profonds tout comme les emprunts et les calques latins ou grecs forment une cloison opaque interdisant tout accès au sens pour un usager ordinaire et surtout étranger. En fait quand il s’agit d’expliquer les dérivés d’une filière savante juxtaposée à une autre populaire d’un même signe, le fonctionnement de la motivation relative est dérouté et l’identification d’une signification au sein d’une famille de mots devient impossible sans l’aide de la motivation génétique: Qu’est-ce qui révélerait, dans ces filières de dérivation apparentées un rapport sémantique sinon une connaissance génétique des verbes sembler – similare (lat. «être semblable»): 1- sembler-ressembler-ressemblance-semblable-dissemblable-dissemblance-… 2- similaire- similitude- dissimilitude- assimiler- assimilable- assimilation… 3- simuler - simulation - simulacre - dissimuler-dissimulateur dissimulation… Un autre phénomène déroutant est celui de la polysémie. Autant qu’un signe simple qui, une fois créé, se borne à représenter une seule idée ou un seul objet, et qui peu à peu s’emploie pour une autre idée ou un autre objet, et bientôt renvoie aux deux réalités ou s’attache à une seule, coupant toute relation avec l’autre, le dérivé, lui aussi, se soumet à cette 18 logique du système langagier». (document accessible en ligne sur: <http://www.lb.auf.org/FKANHOUCHE/main/menu/chap1.html> [consulté le 4 juin 2012]. 2.3. Signification dérivationnelle en français et en lituanien L’auteur Emmanuel Aito (2004, 7) dans son ouvrage «Morphologie dérivationnelle et construction de sens» explique que «la distorsion entre la forme et le sens d’un mot construit est implicitement basée sur le sens dérivationnellement prédictible à partir de la structure morphologique complexe du mot construit. Cet élément prédictible est défini par Danielle Corbin (1991, 11) comme «le résultat de l’action sémantique conjuguée de la règle de construction du mot utilisé, du procédé morphologique choisi et de la base». E. Aito donne des exemples: le sens dérivationnellement prédictible de lunette est «lune de petite taille, mais ce sens peut être opacifié par de nombreux facteurs. Des règles purement sémantiques peuvent s’appliquer aux étapes de la dérivation d’un mot construit et masquer le sens dérivationnellement prédictible, comme par exemple, lunette qui évoque les catégories référentielles d’objets de relativement petite taille, ayant une forme ronde, comme la lune, ou un constituant de forme ronde. Les règles sémantiques sont également valables pour les mots construits que pour les mots non construits». En développant le problème de polysémie en français, G. Lessard (1993) note qu’il existe en général deux sortes de mots: ceux qu’on possède en mémoire, et ceux qu’on peut fabriquer en se servant du système de la langue. Or, une fois qu’un mot existe en mémoire, en d’autres termes, une fois qu’il n’est plus directement le produit des règles de formation des mots, il risque de prendre un ou plusieurs sens spéciaux. Dans ces cas-là, il faut faire attention pour respecter la réalité linguistique, et ne pas imposer une analyse qui ne convient pas. L’auteur présente quelques exemples: 1. annulaire (planétaire, circulaire) 2. protestant (enseignant, manifestant) En (1), les mots entre parenthèses signifient «qui concerne N’». Par contre, annulaire ne signifie pas seulement «qui concerne les anneaux», mais aussi «troisième doigt de la main, où on met un anneau». De même, en (2), les mots entre parenthèses signifient «quelqu’un qui V’, mais le mot protestant, à cause de son histoire, signifie plus spécialement, «membre d’une église chrétienne non-catholique». (document accessible <http://post.queensu.ca/~lessardg/Cours/215/chap5.html> [consulté le 6 février 2013]. 19 en ligne sur: En lituanien, V. Urbutis (2009, 174-194) définit la signification dérivationnelle comme «le schéma sémantique approximatif montré par la structure du mot. Elle est moins définie que celle lexicale. En revanche, le sens lexical est plus concret, détaillé et riche en couleur. Pourtant, le rapport entre le sens lexical et le sens dérivationnel dans tous les mots n’est pas le même. M. Dokulil (1962, t.96) distingue les mots de triple point de vue: 1) les mots dont la tendance de lexicalisation est très insignifiante et le sens dérivationnel coïncide avec celui lexical. 2) les mots pas motivés, perdus des rapports avec des autres mots, c’est pourquoi leur «forme interne» n’est que l’objet de l’étymologie. 3) les dérivés intermédiaires, dont le sens lexical ne coïncide pas tout à fait avec celui dérivationnel, mais ils sont encore étroitement liés. V. Urbutis (2009, 177) continue la description du sens dérivationnel: «le formant dérivationnel joue un rôle important, mais son autonomie sémantique est très limitée. Toute la structure du dérivé détermine la valeur dérivationnelle (la base de la formation, le formant et leurs relations spécifiques). Cette structure se révèle dans le cadre de l’opposition avec le mot le mot de base. Le formant est l’indice formel et fonctionnel du dérivé, mais son rôle repose sur l’opposition de la formation. Il fonctionne dans un rôle du composant de la structure de formation du mot». V. Urbutis (2009, 198-199) distingue trois types du sens dérivationnel: Le sens transpositif. L’essentiel de ce terme c’est la transposition, c’est-à-dire le transfert d’une partie du discours à une autre. On rencontre très souvent le sens transpositif des adjectifs: lipnios sultys ir limpančios sultys, šiaudų stogas ir šiaudinis stogas. Le sens modificatoire. Il s’agit de la modification de la notion du mot de base dont lecontenu est enrichi par le trait supplémentaire: apysiauris, pasausas. Le sens mutationnel (nominal). La plupart des dérivés sont de ce type du sens dérivationnel. Une grande partie des adjectifs qualificatifs sont formés des autres parties du discours (des verbes, etc.) et apartiennent au groupe des dérivés ayant le sens mutationnel. Donc, après avoir porté notre regard sur la présentation de la formation des mots français et lituaniens, nous allons passerà l’analyse des procédés de formation des adjectifs qualificatifs français et lituaniens: la suffixation, préfixation, la dérivation flexionnelle, parasynthétique, le transfert de la classe grammaticale (la dérivation impropre) et la composition. 20 3. PARAMÈTRES DE LA FORMATION DES ADJECTIFS QUALIFICATIFS FRANÇAIS ET LITUANIENS 3.1. Dérivation suffixale des adjectifs qualificatifs français M. Arrivé et autres (1992, 49) définissent le procédé de la suffixation comme «l’adjonction d’un élément à la fin d’une base fournie par un mot (accident, accidentel). En parlant de classement des suffixes, les auteurs soulignent ceux qui opèrent toujours le transfert de classe: ainsi le suffixe -able sert toujours à former des adjectifs à partir de verbes ou de substantifs. Les auteurs mentionnent les suffixes adjectivaux qui peuvent être formés à partir de substantifs, de verbes ou d’adjectifs: -aire: lune → lun-aire -al: gouvernement → gouvernement-al; caricature → caricatur-al -ard: grogner → grogn-ard -âtre: rouge → rouge-âtre -aud: noir → noir-aud, ruste → raust-aud -el: concept → conceptu-el -ible: élire → élig-ible -if: exploser → explos-if, compétition → compétet-if -in: plaisant → plaisant-in. Sur le plan sémantique, il est à noter que les adjectifs verbaux ont la tendance à changer leur sens propre. J. Gardes-Tamine (1988, 154) souligne que «les adjectifs verbaux ne s’emploient pas avec un sens propre. Une insulte peut être cuisante, mais non une gifle, alors même que l’on a effectivement la joue qui cuit. Il s’agit donc là d’un comportement général de verbes que certains sont appelés verbes psychologiques, qui, au sens propre, désignent une atteinte corporelle, et au sens figuré, psychique, et pour lesquels le passage du sens propre au sens figuré se marque par des constructions syntaxiques particulières. L’emploi du participe présent comme l’adjectif specialisé dans le sens figuré en est une». A. Niclas-Salminen (1997, 54) schématise des suffixes d’après ses fonctions: 1. Ceux quisont aptes à modifier la valeur d’emploi de la base sans changer totalement son sens et n’entraîne pas la création d’un mot dérivé d’une classe grammaticale différente de celle de la base. Si la base est un adjectif, le mot dérivé est un adjectif, etc. Donc, il s’agit des suffixes diminutifs, péjoratifs et collectifs. 21 Par exemple: blanche → blanch-âtre, rouge → rouge-âtre, vin → vin-asse; faible → faibl-ard. 2. Les suffixes qui ont des fonctions grammaticales. Ils jouent assez souvent un rôle d’indicateurs de classe, c’est-à-dire, ils sont susceptibles de créer une unité lexicale faisant partie d’une classe morphosyntaxique différente de celle de la base employée comme mot simple: Fort (adjectif) → fortifier (verbe) Blanche (adjectif) → blancheur (nom). En outre, l’auteur tient également à ajouter que «l’adjonction de plusieurs suffixes successifs peut provoquer autant de changements de catégorie grammaticale par rapport au mot de départ. Ainsi, à partir de l’adjectif rouge, on peut former le verbe rougir, sur lequel on peut créer le nom rougissement ou l’adjectif rougissant». Parmi les suffixes adjectivaux, A. Niclas-Salminen distingue: Propriété, relation (base: adjectif, nom, verbe): - haut, -e → haut-ain - événement → événement-iel - mensonge → mensong-er - Dante → dant-esque - Mentir → ment-eur - Durer → durat-if Possibilité (base: verbe): lire → lis-ible, manger → mange-able Intensif: riche → rich-issime. Selon D. et P. Corbin (1987), «le suffixe -ier forme des adjectifs à base nominale (lait > laitier) qui, substantivés nomment des objets (animés ou non animés) d’après une propriété qui les caractérise (laitier résidu solide constituté d’oxydes, qui se forme à la surface des métaux en fusion dans les hauts fourneaux et qui est utilise dans divers secteurs d’activité (cimenterie, betons hydrauliques, chemin de fer notamment). Cependant, parmi les suffixes français, les auteurs distinguent l’opposition moins nette entre les affixes (suffixes) avec certaines terminaisons, par exemple, terminaison -é des adjectifs. Cette terminaison peut être considérée comme une désinence de participe passé (si l’adjectif est une relation avec le verbe; ex. doré, fatigué) ou un suffixe (si l’adjectif est en relation avec un nom, comme dans accidenté, zélé). La même chose pour -u dans résolu ou 22 dans pointu, barbu. Lorsque le verbe est lui-même dérivé d’un nom, comme dans le cas de chocolater, il paraît indifférent de dériver l’adjectif (chocolaté) du verbe et du nom (le résultat formel est le même)». Michèle Noailly (1999, 18) précise que «dans le cas du participe passé, c’est un peu différent, car lui, en tant qu’une forme verbale, s’accorde que cet accord se fasse avec le sujet dans le cas de passif ou des verbes intransitifs à l’auxiliaire être ou avec le complément d’objet, dans certaines constructions actives. Le même critère ne peut donc être invoqué, et il est beaucoup plus délicat de décider si on a affaire à un vrai participe, ou à un adjectif». Dans nos textes français analysés nous avons trouvé 285 dérivés suffixaux, ce qui font 19,33% des adjectifs qualificatifs dérivés français (voir le tableau No. 2): Tableau No. 2. Les suffixes français dans les textes analysés Suffixe -able -ible -ard Sens «qui peut être» «enclin» Origine latine abilis inconnue germanique péjoratif péjoratif, diminutif -âtre -ique -eur -el(le) -if -oïde -eux(euse) -ain -aire «qui ressemble inconnue à» inconnue inconnue inconnue inconnue inconnue inconnue inconnue inconnue Répartition dans les textes 57 21 7 7 22 2 4 57 1 98 4 5 En dévoilant les nuances des changements grammaticaux dans la traduction lituanienne à partir du français, Aurelija Lukoševičienė (2010, 24-25) mentionne le terme de la transposition comme «des changements d’une partie du discours du texte authentique par une autre partie du discours du texte traduit sans changer le contenu d’un message. Pendant le processus de la traduction le nom du texte authentique peut devenir le verbe, le verbe - le nom, le nom - l'adjectif [...], pourtant, le contenu référentiel doit rester le même». Dans nos textes analysés, nous avons aperçu que certains adjectifs français formés à partir de la suffixation peuvent acquérir les formes verbales ou nominales en lituanien, par exemple: Son châle à franges maigres et pleurardes semblait couvrir un squelette, tant les formes qu’il cachait étaient anguleuses. (Balzac, 2000, 13). 23 Jos skara su retais, išsipaišiusiais kutais atrodė uždžiauta ant griaučių – visas jos kūnas buvo išsekęs. (Balzac, 1998, 16). «Car s’il m’est arrivé au cours de ma déjà longue carrière de réclamer des peines capitales, jamais autant qu’aujourd’hui, je n’ai senti ce pénible devoir compensé, balancé, éclairé par la conscience d’un commandement impérieux et sacré et par l’horreur que je ressens devant un visage d’homme où je ne lis rien que de monstrueux.» (Camus, 1942, 145). «Nors per ilgą savo praktiką atlikti šią sunkią priedermę skatina visapusiškai apgalvotas, gerai įsisąmonintas, šventas ir įsakmus būtinumas ir siaubas, kurį patiriu, žvelgdamas į šio žmogaus veidą, neišreiškiantį nieko, tik išsigimimą.» (Camus, 1991, 94). En ce qui concerne la suffixation des adjectifs lituaniens, V. Ambrazas (2006, 191) note que «les adjectifs qualificatifs lituaniens sont divisés en adjectifs simples et adjectifs dérivés. Selon les procédés de la formation on distingue des dérivés préfixaux, suffixaux et flexionnels. L’auteur souligne qu’en lituanien, les dérivés suffixaux sont les plus nombreux. En revanche, les dérivés préfixaux sont les plus rares. M. Ramonienė, J. Pribušauskaitė (2008, 67) classifient des suffixes qui caractérisent unequalité d’une manière suivante: Tableau No.3. Suffixes lituaniens quimettent l’accent surune caractéristique ou désignent une qualité Suffixes -utis, -utė -ytis; -ytė -(i)ulis; -(i)ulė -okas; -oka -svas; -sva; -švas; -šva -zganas; -zgana -yvas; -yva Signification l’accent mis sur la plaisure Exemples mažutis, -ė gražutis, -ė l’accentuation sur la plaisure mažytis l’accent mis sur une caractéristique didžiulis, mažiulė plus qu’un montant moyen d’une caractéristique caractéristiques de l’intensité faible, il s’agit des adjectifs désignant la couleur didokas, baisokas caractéristiques de l’intensité faible, il s’agit des adjectifs désignant la couleur balzganas ne peut complètement pas être caractérisé avec le mot de base senyvas, jaunyvas 24 rusvas, pilkšvas En ce qui concerne la dérivation suffixale, l’attention du linguiste lituanien A. Smetona (2009) porte sur des dérivés suffixaux d’un nom, tels que: -ėtas, -a, gėlėta suknelė (robe à fleurs), dėmėtas švarkas (une veste tachetée), duobėtas kelias (une route rude, cahotante), žvaigždėtas dangus «nusėtas žvaigždėmis» (le ciel étoilé). Ce suffixe a la valeur de l’abondance, d’une possession et de la couverture d’une surface. -otas, -a. Il s’agit donc des caractéristiques intérieures ainsi que des extérieures, par exemple: ašarotos akys (les yeux larmoyants) au lieu de «akys pilnos ašarų» (les yeux pleins de larmes) (-i)uotas, -a : akiniuotas vyras, degutuotos rankos. Ce suffixe signifie la couverture d’une surface. V. Ambrazas (2006, 209) classifie les suffixes adjectivaux d’après les caractéristiques suivantes: Les suffixes adjectivaux désignant l’intensité et de quantité: -utis(ė), -ytis(ė), ėlis(ė),-ikis(ė), -iukas(ė), -iulis(ė) qui ont le sens diminutif. Parfois ces suffixes peuvent mettre l’accent su la signification du renforcement, par exemple mažas mažėlis; Le suffixe adjectival qui met en relief des caractéristiques similaires ou typiques. Il s’agit du suffixe -iškas,-a. Les adjectifs avec ce suffixe sont formés à partir des noms, le plus souvent des noms pas dérivés. L’auteur remarque qu’en formant des adjectifs à partir desnoms internationaux avec le suffixe -ij- et -ik-, ceux-ci sont omis, par exemple: simetrija → simetriškas, fonetika → fonetiškas. Selon l’auteur, le plus souvent ce suffixe signifie «similaire à l’objet déterminé par le mot basique». Au sens figuré il signifie la possesivité des caractéristiques de l’objet déterminé, par exemple, angeliškas balsas (la voix angélique, celle de l’ange). À propos du suffixe -iškas,-a, B. Maskuliūnas (2009, 254) remarque qu’au point de vue syntaxique, le couple des traits différentiels coordination/incoordination distingue les constructions adjectivales du génitif nominal: Dangaus tėvas/dangiškasis tėvas Dangaus tėvo/dangiškojo tėvo. B. Maskuliūnas précise la différence mentionnée au-dessus: «bien que les constructions adjectivales se diffèrent officiellement de celles nominales en ce qu’en premier cas elles n’ont pas de l’objet de la possession explicitement nommé. En revanche, dans le deuxième exemple, les constructions adjectivales n’ont pas de possesseur. Pourtant, selon B. Maskuliūnas, «ce rapport de la possesivité entre deux objets de la réalité est le même, parce 25 qu’en marquant la possession de certaines caractéristiques ou bien en indiquant la dépendance de l’objet de la possession à un autre objet, l’adjectif indique «l’insération» d’un objet à un autre». L’auteur souligne qu’il est impossible qu’une caractéristique existe sans l’objet désigné ainsi que les deux objets sont indispensables afin d’exprimer le rapport de la dépendance. Donc, les dérivés adjectivaux avec le suffixe -iškas,-a désignent les relations de la possesivité en tant que celles de la dépendance. Les suffixes adjectivaux désignant des caractéristiques intérieures. V. Ambrazas mentionne des suffixes -ingas,-a, -ėtas(a), -ytas(a), -(i)uotas(a). Ces suffixes expriment l’abondance, la plénitude des caractéristiques de l’objet désigné, par exemple, dėmesingas vaikas «enfant attentif, plein d’attention» Les suffixes adjectivaux désignant des caractéristiques extérieures: -iuotas(a), ėtas(a), -yta(a), -inas(a). Ces suffixes ont la valeur de l’abondance, d’une possession et de la couverture d’une surface, par exemple, akmenuotas kelias (la route couverte de pierres). Dans les textes lituaniens analysés nous avons trouvé 220 adjectifs suffixaux qui se sont repartis d’une manière suivante (voir le tableau No. 4): Tableau No. 4. Disposition des suffixes lituaniens dans les textes analysés Suffixe -asis(oji) -antis(i) -ingas(a) -el(is) -esnis(ė) -ėlis(ė) -ėtas(a) -iausias(a) -iškas (a) (-i)uotas(a) -okas(a) -otas(a) -svas(a) -ytis(ė) -yvas(a) -utis(ė) -(i)uistas(a) -inis(ė) Disposition dans les textes analysés 9 6 116 3 14 1 5 15 24 4 2 5 6 4 1 2 1 2 26 3.1.1. Préfixation des adjectifs qualificatifs français et lituaniens Contrairement à la suffixation, A. Salminen (1997, 60-61) souligne qu’à l’intérieur de la dérivation, la préfixation se caractérise par le fait que les affixes qu’elle emploie, les préfixes, sont toujours antéposés à la base et ils ont très rarement pour effet de modifier la classe grammaticale de celle-ci: légal→ il-legal moral→a-moral. Donc, si la base est un verbe, le dérivé est également un verbe, si elle est un adjectif, le dérivé est aussi un adjectif. Cependant, selon A. Niclas-Salminen, les préfixes ne permettent donc pas d’identifier la nature du dérivé. L’auteur signale que «certains préfixes comme par exemple, anti- ou inter- permettent de construire des adjectifs à partir des noms: brouillard (nom) → (phares) antibrouillard (adjectif) pollution (nom) → (mesures) antipollution (adjectif) ville (nom) → (jeux) intervilles (adjectif) Quant aux préfixes, d’après A. Niclas-Salminen, «ils s’adaptent très facilement à différentes classes des mots. Par exemple, avec le préfixe dé-, on a aussi bien des verbes que des adjectifs, comme par exemple, loyal →dé-loyal. L’auteur souligne que «contrairement aux suffixes, les préfixes n’ont pas de fonction grammaticale, leur fonction est exclusivement sémantique». A. Niclas-Salminen répartit les préfixes en deux catégories: ceux qui ne sont pas suspectibles d’un emploi autonome (dé-, ré-, in-...) d’autres, comme après-, avant-, contre-, en-, entre-, sur-, sous-, s’emploient également avec un sens analogue comme prépositions et adverbes: ainsi, le préfixe sous- est un préfixe dans sous-estimer, mais s’emploie comme préposition dans Je marche sous la pluie. Ce queles préfixes et suffixes français ont en commun, c’est que «comme les suffixes, les préfixes opèrent sur la base pour construire une signification nouvelle». L’auteur présente la liste des significations suivantes: Absence: moral→ a-moral, normal → a-normal Rapprochement: moral → a-moral Avant: posé →ante-posé Contre: anti-alcoolique Deux: bi-mensuel 27 Opposition: contre-signé Éloignement, à l’intérieur, mise en état: endimanché, importé, Différent: hétérosexuel Semblable: homogène Intensité excessive: hypervite à l’intérieur: intraveineux Négatif, mauvais, inexact: malhabile Nombreux: polysémique Avant, devant: prémolaire Répétition: redit, revenu Intensif: superefficace, surdoué. Le préfixe in- est un porteur d’un sensnégatif: élégant→ in-élegant. Au point du vue de sens, parmi les adjectifs formés avec le préfixe -in, J. GardesTamine (1988, 154) distingue l’adjectif incalculable. L’auteur remarque que «les seuls adjectifs dont le sens ne varie pratiquement pas sont ceux qui expriment la quantité et donc directement le degré, et ce, que soit le contexte dans lequel ils sont employés: incalculable par exemple. On ne les trouve d’ailleurs qu’avec des termes renvoyants à des objets que l’on peut compter». Dans les textes français analysés dominaient 47 adjectifs qualificatifs formés à partir de la préfixation: Tableau No. 5. Répartition des préfixes français dans les textes analysés Préfixe aadanthroposdéiiniréenexmultisupersur- Sens indique l’absence exprime l’addition «homo, espèce» privé de quelque chose privé de quelque chose «à l’intérieur», privé de quelque chose indique le contraire indique la séparation de quelque chose éloignement, «à l’intérieur», mise en état indique le passé la quantité abondante la quantité abondante la quantité abondante 28 Répartition dans les textes analysés 2 1 1 9 2 14 2 3 3 1 1 2 2 préquadri- indique l’action qui s’est passée avant «quatre» 3 1 Comparons la dérivation préfixale des adjectifs qualificatifs lituaniens. V. Urbutis (2009, 258) écrit qu’ «en lituanien, le préfixe, bien plus souvent que le suffixe, peut jouer lui-même le rôle du formant dérivationnel. Pourtant, la préfixation des adjectifs qualificatifs lituaniens est beaucoup plus rare qua la dérivation suffixale». V. Ambrazas (2006, 24) divise les préfixes qui servent à former des adjectifs qualificatifs en deux groupes: Les uns qui expriment la quantité indéfinie des caractéristiques de l’objet déterminé et sont synonymiques aux adjectifs avec le suffixe -okas(a). L’auteur met en relief les préfixes apy-, pa-, po-, prie-, pro-. Les préfixes adjectivaux désignant des caractéristiques intérieures ap-, at-, pa-, pra. Dans les textes lituaniens analysés, nous avons trouvé 274 adjectifs qualificatifs préfixaux (voir le tableau No. 6): Tableau No.6. Disposition des préfixes lituaniens dans les textes analysés Préfixe Sens Aap- privé de quelque chose la quantité indéfinie; la couverture d’une surface indique la quantité indéfinie marque un acte accompli indique une caractéristique manquante indique l’intensité, la direction «à l’intérieur» indique l’intensité, la direction «de l’intérieur», un acte fini marque le sens négatif, indique une caratéristique manquante indique la séparation de quelque chose, un acte fini indique la direction vers «le dessous», un acte de la durée courte indique l’approchement, l’intensité faible ou forte, l’abondance indique le mouvement «à coté», le commencement d’un acte apyatbeįišnenupapripra- 29 Disposition dans les textes analysés 1 32 2 17 20 14 21 37 22 34 4 8 per- suuž- indique la direction indiférenciée: «tout au long de…», la division en deux parties, le recommencement d’un acte exprime «la liaison», un acte soudain ou fini exprime le mouvement vers «derrière» ou «sur», un acte de l’intesité faible, le commencement soudain d’un acte 8 35 17 En analysant les textes littéraires nous avons trouvé que certaines constructions françaises suivies d’un mot indépendant sans (sens: privé de quelque chose), en lituanien sont traduites comme des dérivés adjectivaux préfixaux, par exemple: Lorsqu’ils se sont assis, la plupart m’ont regardé et ont hoché la tête avec gêne, les lèvres toutes mangées par leur bouche sans dents, sans que je puisse savoir s’ils me saluaient ou s’il s’agissait d’un tic. (Camus, 1942, 19). Vos susėdę, daugelis sužiuro į mane ir droviai sulingavo galvomis, jų lūpos buvo visai sukritusios į bedantes burnas. (Camus, 1991, 13). Le jour finissait et c’était l’heure dont je ne veux pas parler, l’heure sans nom, où les bruits du soir montaient de tous les étages de la prison dans un cortège de silence. (Camus, 1942, 115). Diena geso, tai buvo valanda, apie kurią nenoriu kalbėti - bevardė valanda, kada į bežadės tylos procesiją iš visų kalėjimų aukšų įsilieja vakariniai bruzdesiai. (Camus, 1991, 73). Il est à noter qu’en français certaines constructions, comme peu + adjectif (dérivé suffixal), en lituanien sont traduites comme dérivés préfixaux, par exemple: Ses vêtements simples, peu coûteux, trahissaient des formes jeunes. (Balzac, 2000, 12). Po jos prastu, nebrangiu apdaru ryškėjo jaunos formos. (Balzac, 1998, 13). 30 3.1.2. Dérivation flexionnelle des adjectifs qualificatifs français et lituaniens En grammaire française, la forme de l'adjectif qualificatif varie en fonction du genre et de nombre. En parlant de la dérivation flexionnelle des adjectifs lituaniens, chez V. Ambrazas (2009, 191) nous pouvons lire: «avec la flexion -us, -i les adjectifs qualificatifs formés à partir des verbes sont les plus nombreux. Ces adjectifs peuvent être formés des verbes simples ou des verbes dérivés. Les uns possèdent une flexion dérivationnelle -us, -i, -ias(a) tandis que les autres dérivés ont des formants consonnantiques avant la flexion, par exemple, ėd-rus,-i (:ėsti, ėdė), taiklus, -i (:taikyti, taikė). Il est important de signaler que ces formants consonnantiques ne portent aucune influence sur le sens d’un dérivé. L’auteur ajoute que «le plus souvent des adjectifs qualificatifs formés des verbes changent la voyelle du radical, par exemple: a → e(ė): skalus, -i: skelti, skėlė, išlaidus, -i: išleisti, kvapnus, -i: kvepėti a→i(y): atsparus, -i:at(si)spirti, at(si)spyrė a→o: lajus, -i: loti. L’auteur souligne également que «parfois la voyelle de préfixes des verbes et des adjectifs ont tendance à changer, par exemple, santūrus, -i: susiturėti, priekabus, -i: prikibti. Selon V. Ambrazas (2006, 201) «ce qui est typique aux adjectifs verbaux ayant la flexion -us-i, c’est que leur sens équivaut au sens de ceux formés à partir du suffixe -ingas,-a. Outre la flexion -us-i, V. Ambrazas mentionne celles-là: -lus,-i: aidlus puodas, bėglus arklys, «gerai bėgantis» -mus, -i: tūžmus žmogus, «greit įtūžtantis» -nus, -i: šaunus vaikinas: šaunas, -a «šauti į viršų» -rus, -i: stiprus, -i: stipras, -a: stipti «dvėsti» -sus,-i, šus,-i: gausus derlius (le rendement abondant), gobšus žmogus «gobiantis daug turto» (un homme avare). 3.1.3. Dérivation parasynthétique des adjectifs qualificatifs français et lituaniens En français, en définissant la dérivation parasynthétique, A. Niclas-Salminen (1997, 63) écrit que ce mode de formation constitue un cas particulier d’affixation où le mot dérivé est obtenu par l’adjonction simultanée à un radical d’un préfixe et d’un suffixe. L’auteur fait la distinction entre deux types de mots qui possèdent à la fois un préfixe et un suffixe: enrager et imperrissable en face deembourgeoiser et imbattable. Dans ce cas, d’après A. Niclas31 Salminen, l’élimination du préfixe aboutit à des bases qui existent en français: rager et périssable. Tout de même, en ce qui concerne les deux autres exemples, l’auteur mentionne que «leurs bases n’existent pas à l’état libre: bourgeoiser* et battable*. Donc, le mode de dérivation n’est pas tout à fait le même pour les uns et pour les autres. Dans nos textes analysés nous avons trouvé 54 (3,7%) adjectifs français de la dérivation parasynthétique parmi lesquels il y avait ceux formés du préfixe latin quadri- (sens: quatre) et de préfixe grec anthropos- (sens: homo, espèce): Attirée, peut-être à son insu, par la force de l’un ou par la beauté de l’autre, mademoiselle Taillefer partageait ses regards furtifs, ses pensées secrètes, entre ce quadragénaire et le jeune étudiant; mais aucun d’eux ne paraissait songer à elle, quoique d’un jour à l’autre le hasard pût changer sa position et la rendre un riche parti. (Balzac, 2000, 32). Panelė Tajfer, gal nė pati nežinodama, kaip ją traukia vieno jėga, o antro gražumas, skyrė savo baugščius žvilgsnius, savo slaptas mintis čia keturių dešimčių metų vyrui, čia jaunam studentui; tik atrodė, kad nė vienas iš jų apie ją negalvoja, nors vieną gražią dieną likimas galėjo jai nusišypsoti ir paversti ją turtinga nuotaka. (Balzac, 1998, 20). Il n’avait jamais eu ni fille ni femme; l’abus des plaisirs en faisait un colimaçon, un mollusque anthropomorphe à classer dans les Casquettifères, disait un employé au Muséum, un des habitués à cachet. (Balzac, 2000, 32 ). Niekada jis neturėjęs nei žmonos, nei dukterų; dėl besaikio ištvirkavimo jis virtęs šliužu - savotišku minkštakūniu - antropomorfišku moliusku, kepurėtųjų klasės, kaip sakydavo vienas muziejaus tarnautojas, nuolatinis valgytojas. (Balzac, 1998, 33). Certains adjectifs français de la dérivation parasynthétique, en lituanien sont susceptibles d’occuper la place de l’adverbe dans la phrase, par exemple: Le nouveau articula, d’une voix bredouillante, un nom inintelligible. (Flaubert, 1936, 8). Naujokas mikčiodamas sumurmėjo kažką nesuprantamai. (Flaubert, 1993, 9). 32 En lituanien, V. Urbutis (2009, 341-342) mentionne les autres modes mixtes de la dérivation: la parasynthèse ou la préfixation-suffixation. L’auteur souligne que «les types de la préfixation-suffixation se manifeste très souvent dans la dérivation des adjectifs lituaniens, par exemple, les dérivés verbaux: pamėtėti, pakylėti. De plus, parfois on distingue encore la parasynthèse éliptique, lièe à un certain type dans le système, et parasynthèse pas éliptique où une étape éliptique de la dérivation est quasi présupposée par le dérivé parasynthètique. Le formant discontinu de dérivés préfixaux-suffixaux est appelé circumfixe ou confixe, d’où vient la notion de la circumflexion ou de la confixation». 3.1.4. Dérivation impropre et dérivation inverse en français et en lituanien La dérivation impropre Le procédé de conversion pour A. Hamon (1993, 37) est décrit d’une manière suivante: «outre la dérivation et composition, outre le groupement de mot, le français, très souple, peut malmener le classement très rigide des neuf catégories ou classes grammaticales (nom, adj., verbe,..) provoquant ainsi de nouvelles créations dans le vocabulaire: Elle chante faux (adj. devenu adverbe)». A. Niclas-Salminen (1997, 59) stipule que «la dérivation impropre n’a aucun caractère morphologique. Il s’agit d’un mot de catégorie grammaticale sans changer de forme. La modification de la catégorie grammaticale provoque évidemment un changement de sens. Selon A. Niclas-Salminen, «au niveau sémantique, ce type de dérivation ne diffère fondamentalement de la dérivation suffixale ou préfixale, parce qu’elle permet d’affectuer les mêmes types de construction de sens nouveaux. La dérivation impropre touche toutes les classes grammaticales, mais les transferts les plus nombreux affectent surtout les catégories des noms, d’adjectifs et d’adverbes. En effet, il ya des noms qui proviennent d’adjectifs, par exemple, le vrai, le rouge, une blonde. On rencontre des adjectifs qui ont été créés à partir: d’adverbes: un homme bien de noms: les yeux marrons, un côté province De plus, d’après A. Niclas-Salminen, «des adverbes proviennent d’adjectifs, par exemple, parler fort, chanter faux. Un certain nombre d’interjonctions ont été créés à partir d’adjectifs: bon!». Les adjectifs verbaux en -ant (amusant, brillant) sont considérés comme des conversions de participes présents». 33 Tout de même, Michèle Noailly (1999, 18) entrevoit quelques désambiguïtés dans l’adjectivation des participes présents: «dans le cas des participes présents, la distinction entre l’emploi adjectif et l’emploi de participe pleinement verbal est facile, puisque les formes proprement verbales seules sont invariables, et si le verbe en question est transitif, construisent leurs compléments comme toute autre forme du verbe (des réflexions qui humilent les gens, des reflexions humiliant les gens). S’il s’agit en revanche d’un adjectif formé sur le radical du même verbe, cet adjectif connaît les variations de genre et de nombre (-ant, -ante, -ants) et n’est pas susceptible de recevoir une complémentation verbale (Des réflexions humiliantes, déstabilisantes, dévalorisantes, mais pas *des réflexions humiliantes cette femme pour des réflexions qui humilient cette femme)». L’analyse des ouvrages français nous a montré que la dérivation impropre, notamment la conversion fait la plus grande partie de la dérivation des adjectifs qualificatifs (42,53 %). Certains adjectifs français verbaux, notamment participes passés ou même les dérivés suffixaux dans le texte lituanien acquièrent la forme verbale, par exemple: Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. (Camus, 1942, 58). Mane apakino ašarų ir šviesos uždanga. (Camus, 1991, 55). Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux.(Camus, 1942, 49). Ši liepsnojanti špaga badė blakstienas ir skaudžiai žeidė akis. (Camus, 1991, 56). Quant à la construction Vcopule + Adj.qualificatif, nous avons remarqué quelques adjectifs qualificatifs français à l’impératif devenant la forme verbale en lituanien, par exemple: Restez donc tranquilles! continuait le professeur indigné, et s’essuyant le front avec son mouchoir qu’il venait de prendre dans sa toque: Quant à vous, le nouveau, vous me copierez vingt fois le verbe ridiculus sum. (Flaubert, 1936, 8). -Nurimsite gi jūs man pagaliau!-tęsė pasipiktinęs mokytojas,išsitraukęs iš po kepuraitės nosinę ir šluostėsi kaktą. (Flaubert, 1993, 10). 34 Sa femme avait été folle de lui autrefois; elle l’avait aimé avec mille servilités qui l’avaient détaché d’elle encore davantage. (Flaubert, 1936, 9). Žmona kadaise iš galvos kraustėsi dėl jo; jinai jinai jį mylėjo vergiškai, o tas tik dar labiau jį stūmė nuo jos. (Flaubert, 1993, p. 11). Dans les textes traduits lituaniens, en tant qu’en français, la conversion des adjectifs qualificatifs occupe la plus grande partie parmi des dérivés (36,2%). Quelques adjectifs verbaux lituaniens formés à partir de participe passé, dans le texte français vont en forme verbale, par exemple: Il a bégayé un peu : «On l’a couverte, mais je dois dévisser la bière pour que vous puissiez la voir.» (Camus, 1942, 11). Jis sumiknojo: ,,Karstas uždengtas, bet aš atsuksiu sraigtus, kad galėtumėte ją pamatyti“. (Camus, 1991, 8). Ce fut un vacarme qui s’élança d’un bond, monta en crescendo, avec des éclats de voix aigus (on hurlait, on aboyait, on trépignait, on répétait: Charbovari ! Charbovari !)[...]. (Flaubert, 1936, 8). Neišpasakytas klegesys kilo sulig tuo žodžiu, augo ,,crescendo“ lakstė pavieniai šaižūs šūksniai, (mes šaukėme, trypėme, kartojome; ,,Šarbovari! Šarbovari!), paskui riksmas suskilo atskirais balsais, čia vargais negalais kiek apraminamas [....]. (Flaubert, 1993, 9). La dérivation inverse (régressive) Après avoir parcouru la notion de la dérivation impropre, il convient de parler de la dérivation inverse ou régressive. Donc, A. Niclas-Salminen (1997, 60) y voit: «elle consiste à tirer un mot plus simple d’un mot plus long. Sans connaissances historiques, il est donc impossible de repérer ce type de dérivation. L’auteur tient à souligner que «la dérivation inverse élimine parfois un suffixe nominal: aristocratie → aristocrate, diplomatique → diplomateou même un e muet final, comme par exemple, châtaigne → châtain, violette → violet». De plus, A. Niclas-Salminen distingue certains affixes qui sont plus productifs que d’autres. Il s’agit de leur capacité à créer de nouveaux dérivés. Pour être productif, un affixe 35 doit se distinguer clairement des bases auxquelles il est ajouté. L’auteur remarque les différences entre les affixes fréquents et ceux appelés disponibles. Selon l’auteur, un affixe fréquent n’est pas obligatoirement disponible. Il n’est pas utilisé dans la fabrication des mots nouveaux. Le recul d’un affixe est souvent lié au développement d’un autre: les suffixes -ard et oire, par exemple, qui servent à désigner des outils ont été concurrencés par -eur/-euse», le préfixe contre- a tendance à reculer devant anti-. Un affixe devenu peu productif peut prendre de nouvelles valeurs (littéraires, archaïsantes, péjoratives...)». En ce qui concerne le lituanien, la dérivation régressive, d’après V. Urbutis (2009, 343), «c’est une notion diachronique et synchronique. On appelle le formant régressif un mot plus court morphologiquement du radical qui est un mot de base à un mot plus long situé à proximité du mot. En réalité, historiquement, ce mot est formé à partir de mot plus long. Donc, il est possible de reconstituer des adjectifs gudas, -a à partir des composants dits paprastas, įprastinis (: gudkarklis), vaivo(s) rykštė «laumės juosta» et vaivas, -a «šviesus, -i», vaiva, «šviesa» (: vaivorykštė, vaivorykštis)». En analysant les textes littéraires nous avons aperçu que quelques adjectifs français issus d’une formation régressive, peuvent prendre la forme suffixale dans la phrase lituanienne, par exemple: Madame Couture et madame Vauquer ne trouvaient pas assez de mots dans le dictionnaire des injures pour qualifier cette conduite barbare. (Balzac, 1998, 12). Ponia Kutiur ir ponia Vokė nerasdavo pakankamai žodžių keiksmų žodyne šitokiam barbariškui elgesiui nusakyti. (Balzac, 1998, 18). Certains adjectifs français formés à partir de la formation regressive traduits en lituanien acquièrent la forme parasynthétique, par exemple: Il avait prêté plusieurs fois de l’argent à madame Vauquer et à quelques pensionnaires; mais ses obligés seraient morts plutôt que de ne pas le lui rendre, tant, malgré son air bonhomme, il imprimait de crainte par un certain regard profond et plein de résolution. (Balzac, 2000, 11). Keletą kartų Votrenas paskolino pinigų poniai Vokė ir kai kuriems gyventojams, o jo skolininkai verčiau būtų sutikę mirti, negu jam skolos negrąžinti: savotiškai gilus ir tvirtas jo 36 žvilgsnis kėlė tokią baimę, kad jos negalėjo išsklaidyti nė išviršinis jo gerumas. (Balzac, 1998, 19). 3.2. Composition des adjectifs qualificatifs français et lituaniens En français, A. Niclas-Salminen (1997, 72) contourne la notion de la composition des mots comme «la juxtaposition de deux éléments qui peuvent servir de base à des dérivés. Tout de même, selon l’auteur, «certains linguistes font la différence entre les mots composés et locutions. Les unités figées complexes appartenant aux autres parties du discours (adverbes, conjonctions, interjections) et les formes comportant plus de trois éléments sont rangées sous l’étiquette «locutions». Les mots composés sont inscrits, à côté des mots simples, mots dérivés et fléchis, comme unités figées dans le code de la mémoire du sujet parlant. Cela veut dire que l’on doit reproduire tels quels, en bloc, dans le discours. Au contraire, le syntagme libre et la phrase sont des unités qui ne sont pas codés. Leurs éléments peuvent être choisis, déplacés et intervertis à volonté, dans les limites de la grammaticalité et de la semanticité. Très souvent, les éléments utilisés dans la composition sont donc susceptibles d’être employés de façon autonome dans la langue». A. Niclas-Salminen ajoute qu’afin de tracer la frontière entre ces deux concepts, les chercheurs se servent des critères grapfiques, morphologiques, syntaxiques et sémantiques, c’est-à-dire des critères de l’orthographe, de traits d’union et d’inséparabilité. L’auteur mentionne d’autres indices qui aident à identifier les mots composés et les combinaisons libres. Il s’agit d’un dérivé suffixal, par exemple, tiers-monde est considéré comme un mot composé car il a donné la naissance aux dérivés tiers-mondiste. L’auteur signale qu’il est impossible de remplacer l’un des éléments du mot composé par un synonyme ou par un antonyme, par exemple, *piquant-doux au lieu d’aigre-doux. A. Niclas Salminen (1997, 76-77) regroupe les mots composés d’origine savante, d’origine mixte ou d’origine entièrement française. L’auteur souligne que «la spécifité de la composition savante tient à l’emploi presque exclusif d’éléments empruntés directement au latin et au grec et àune formation qui tend à respecter les règles de la composition dans ces deux langues, par exemple, sensible → hypersensible. Selon A. Niclas-Salminen, «les éléments latins servant à la composition savante sont moins fréquents que les éléments grecs. La première partie de ces composés se termine généralement par une voyelle de transition -i:insect-i-cide, frigor-i-fique. 37 Quant aux éléments grecs, ils sont extrêmement nombreux, surtout dans les domaines scientifiques. La voyelle -o relie habituellement les deux éléments: bibliophile, cleptomane De plus, l’auteur distingue des composés hybrides: automobile (auto du grec autos, «soi-même, lui-même» + mobile du latin «qui se meut»). En ce qui concerne la composition populaire des adjectifs, A. Niclas-Salminen présente la liste des stuctures principales: Adjectif + adjectif: politico-commercial; Adverbe + adjectif: bien-aimé(e). Dans les textes français analysés, nous n’avons trouvé qu’un exemple où un adjectif composé était traduit en lituanien comme un adjectif relatif, par exemple: En attendant le plat suivant, elle a encore sorti de son sac un crayon bleuet un magazine qui donnait les programmes radiophoniques de la semaine. (Camus, 1942, 72). Laukdama kito patiekalo, ji vėl išsiėmė iš rankinuko mėlyną pieštuką ir žurnalą su radijo programomis visai savaitei. (Camus, 1991, 43). Accordons notre attention à la composition des adjectifs qualificatifs en lituanien. V. Ambrazas (2006, 191-228) en décrivant la formation des adjectifs qualificatifs lituaniens, divise ceux-ci en deux groupes: les adjectifs dérivés et les adjectifs composés. Selon l’auteur, «les adjectifs composés sont construits de deux radicaux indépendants liés syntaxiquement et sémantiquement. Le deuxième composant acquiert la flexion -is,-ė, par exemple, mažareikšmis, -ė, ilgakaklis, -ė. En outre, les adjectfis composés se forment grâce aux voyelles de transition -a,-ia, par exemple, šilkavilnis, keliarodis». En fonction du sens lexical des composés, V. Ambrazas (2006, 230) classifie des adjectifs composés d’après des significations dérivationnelles concrètes des composants: Les adjectifs composés d’un adjectif et d’un nom. L’auteur schématise ces adjectifs en 5 sous-classes: a) Ceux dont le deuxième composant a la valeur de la durée, de l’existence et il est déterminé par le premier composant: ilgaamžis senis, trumplalaikė sutartis; b) «Celui qui existe à un certain endroit», c’est le sens du deuxième composant qui désigne le premier, par exemple: giliavandenės žuvys; 38 c) Les adjectifs composés dont le deuxième composant prend le sens «situé dans un ordre spécifique» et détermine le premier composant, par exemple: lygiagretės linijos, plačiaeiliai pasėliai; d) Les adjectifs composés dont le deuxième composant signifie «la ressemblance à un objet que exprime le deuxieme composant» désigné par le premier composant, par exemple: juodsidabrė lapė; e) Les adjectifs composés dont le deuxième composant signifie «celui qui dépend à un objet que exprime le deuxième composant» déterminé par le premier composant, par exemple: svetimšaliai pirkliai. Les adjectifs composés de deux noms: auksaplaukis vaikas, šventadarbis žmogus. Les composants de ces adjectifs expriment la dépendance, la ressemblance des caractéristiques, la durée de l’existence, la direction de l’objet qu’ils désignent; Les adjectifs composés d’un adjectif numéral et d’un nom: dvikojis gyvūnas, dvidugnė statinė. Dans ce cas, le premier composant montre le chiffre des parties distinctives de l’objet qu’il désigne par le deuxième composant. Quant à ce groupe d’adjectifs composés, dans nos textes analysés lituaniens nous avons trouvé 6 cas de ce type des adjectifs composés: Il avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d’un roux ardent. (Balzac, 2000, 15). Pečiai platūs, krūtinė stati, raumeningas, rankos stambios, keturkampės, ant pirštų tankūs, šviesiai rudų gyvaplaukių kuokštai. (Balzac, 1993, 19). En attendant les hors-d’œuvre, elle a ouvert son sac, en a sorti un petit carré de papier et un crayon, a fait d’avance l’addition, puis a tiré d’un gousset, augmentée du pourboire, la somme exactequ’elle a placée devant elle. (Camus, 1942, 66). Laukdama užkandžių, ji atsidarė rankinuką, išsitraukė mažytį keturkampį popieriaus lakštelį ir pieštuką, iš anksto pasiskaičiavo, kiek turinti mokėti, išsitraukė iš vidinės kišenėlės pinigus [...]. (Camus, 1991, 43). 39 Il est à remarquer que certains adjectifs français prennent la forme compositionnelle en traduction lituanienne, par exemple: Des gens moins superficiels que ne l’étaient ces jeunes gens emportés par les tourbillons de la vie parisienne, ou ces vieillards indifférents à ce qui ne les touchait pas directement, ne se seraient pas arrêtés à l’impression douteuse que leur causait Vautrin. (Balzac,2000, 19 ). Žmonės, ne tokie paviršutiniški, kaip tas jaunimas, pagautas Paryžiaus gyvenimo sūkurių, arba kaip tie seniai, abejingi viskam, kas jų tiesiogiai neliečia, būtų nesitenkinę dviprasmišku įspūdžiu, kurį kėlė Votrenas. (Balzac, 1998, 21). Suivant la logique des gens à tête vide, tous indiscrets parce qu’ils n’ont que des riens à dire, ceux qui ne parlent pas de leurs affaires en doivent faire de mauvaises. (Balzac, 2000, 27). Pagal tuščiagalvių žmonių logiką, - o jie visi atvirakalbiai, kadangi neturi daugiau ko pasakyti, kaip tik niekus, - tas, kas nekalba apie savo reikalus, matyt, daro ką bloga. (Balzac, 1998, 28). Lui parlait lentement et j’ai remarqué qu’il avait l’habitude de compléter tout ce qu’il avançait par un «et je dirai plus», même quand, au fond, il n’ajoutait rien au sens de sa phrase. (Camus, 1942, 75). Jis buvo lėtakalbis ir, kaip pastebėjau, turėjo įprotį, kad ir ką besakytų pridurti «ir aš net pasakyčiau» net ir tada kai iš tiesų nieko nepridėdavo prie sakinio prasmės. (Camus, 1991, 49). Les adjectifs composés d’un pronom et d’un nom: abišalis susitarimas, keliavietis automobilis. Ces composés ont le sens dérivationnel «obtenant quelque chose du part»que montre le deuxième composant ; Les adjectifs composés d’un adverbe et d’un nom: daugiametis augalas, nūdienos problemos. Dans ce cas le pronom occupe la place du premier composant et il gère le nom. Ce type de composés exprime la valeur de la durée de l’objet désigné, la place à laquelle l’attention de l’objet désigné est accordée, par exemple, daugiaamžis patyrimas, 40 artipilnė stiklinė. Ils peuvent également avoir la valeur de la matière, d’un outil, la manière que l’objet désigné exprime: daugianytis audeklas, pusiašilkės skaros; Les adjectifs composés d’un adverbe et d’un verbe. D’après V. Ambrazas, «ce type des adjectifs composés est peu dérivationnel. Ils peuvent exprimer le chiffre de parties dont l’objet déterminé est composé: viengubas siūlas, aštuonplypis žiedas». Il est à noter qu’en français il existe un groupe des adjectifs qui changent leur sens d’après leur position dans la phrase à l’égard de l’objet qu’ils déterminent, par exemple: Le troisième étage se composait de quatre chambres, dont deux étaient louées, l’une par une vieille fille nommée mademoiselle Michonneau, l’autre par un ancien fabricant de vermicelles, de pâtes d’Italie et d’amidon, qui se laissait nommer le père Goriot. (Balzac, 2000, 19 ). Ketvirtajame aukšte buvo keturi kambariai, kurių du nuomojo: vieną sena pana, pavarde Mišono, antrą - buvęs makaronų, vermišelių ir krakmolo fabrikantas, kuris leido save vadinti tėvu Gorijo. (Balzac, 1998, 14). Par quel hasard ce mépris à demi haineux, cette persécution mélangée de pitié, ce nonrespect du malheur avaient-ils frappé le plus ancien pensionnaire? (Balzac, 2000, 15). Kaipgi atsitiko, kad panieka draug su neapykanta, ujimas, sumišęs su pagaila, tokie žiaurūs pasityčiojimai iš nelaimės užgriuvo ant seniausiojo gyventojo? (Balzac, 1998, 13). Les hommes étaient presque tous trés maigres et tenaient des cannes. (Camus, 1942, 9). Beveik visi vyrai buvo baisiai liesi ir rankose laikė meškeres. (Camus, 1991, 12). Et puis la veuve était maigre; elle avait les dents longues; elle portait en toute saison un petit châle noir dont la pointe lui descendait entre les omoplates; sa taille dure était engainée dans des robes en façon de fourreau, trop courtes, qui découvraient ses chevilles, avec les rubans de ses souliers larges s’entrecroisant sur des bas gris. (Flaubert, 1936, 24). Be to, našlė buvo džiūsna kapliadantė, žiemą vasarą apsigaubusi palaike juoda skara, kurios kampas kadaravo tarp menčių; jos prakaulus stuomuo buvo įspraustas į suknią kaip į 41 makštį, per trumpą jai ir matėsi blauzdos su pilkomis kojinėmis, ant kurių kryžiavosi išplerusių kurpių raiščiai. (Flaubert, 1993, 25). Dans nos ouvrages analysés, nous avons trouvé que certains adverbes français dans la traduction lituanienne deviennent les adjectifs qualificatifs au degré comparatif, par exemple: Les deux autres chambres étaient destinées aux oiseaux de passage, à ces infortunés étudiants qui, comme le père Goriot et mademoiselle Michonneau, ne pouvaient mettre que quarante-cinq francs par mois à leur nourriture et à leur logement; mais madame Vauquer souhaitait peu leur présence et ne les prenait que quand elle ne trouvait pas mieux: ils mangeaient trop de pain. (Balzac, 2000, 11). Kiti du kambariai buvo skirti praskrendantiems paukščiams, tai yra tiems neturtingiems studentams, kurie, kaip tėvas Gorijo, ir panelė Mišono, neįstengdavo už maistą ir kambarį daugiau kaip keturiasdešimt penkis frankus per mėnesį, nors ponia Vokė jų nemėgo ir priimdavo tik tada, kai geresnių negaudavo: jie suvalgo per daug duonos. (Balzakas, 1998, 14). Notre analyse nous a également montré que certaines locutions françaises figées, par exemple, les jeunes gens, traduites en lituanien prennent la place du nom dans la phrase: Eugène de Rastignac, ainsi se nommait-il, était un de ces jeunes gens façonnés au travail par le malheur, qui comprennent dès le jeune âge les espérances que leurs parents placent en eux, et qui se préparent une belle destinée en calculant déjà la portée de leurs études, et, les adaptant par avance au mouvement futur de la société, pour être les premiers à la pressurer. (Balzac, 2000, 13). Eugenijus de Rastinjakas-taip jis vadinosi, buvo vienas tų jaunuolių, kurie, vargo verčiami dirbti, iš mažens supranta, kiek daug iš jų laukia tėvai ir kurie ruošia sau gražią ateitį, jau skaičiuodami, kiek galėjo pasiekti savo studijomis, ir derindami jas iš anksto su būsimais visuomeniniais sąjūdžiais, kad galėtų jais pirmieji pasinaudoti. (Balzac, 1998, 14). Ce bon marché, qui ne se rencontre que dans le faubourg Saint-Marcel, entre la Bourbe et la Salpêtrière, et auquel madame Couture faisait seule exception, annonce que ces 42 pensionnaires devaient être sous le poids de malheurs plus ou moins apparents. (Balzac, 2000 15). Toks pigumas, įmanomas tik vien Sen Marso priemiestyje, tarp Burbo ir Salpetrijeri, tik ponia Kutiur buvo išimtis, bylojo, kad šiuos pensiono gyventojus turi slėgti daugiau ar mažiau regimas skurdas. (Balzac, 1998, 15). Ce vieillard lui avait légué mille francs de rente viagère, périodiquement disputéspar les héritiers, aux calomnies desquels elle était en butte. (Balzac, 2000, 16). Tas senis testamentu paskyręs jai metinės rentos ligi gyvos galvos, o jo įpėdiniai šį palikimą visaip ginčiją ir šmeižią. (Balzac, 1998, 16) Quelques adjectifs verbaux français, par exemple, les enfants gâtés, dans la traduction lituanienne suivent également la place du nom dans la phrase: Ces sept pensionnaires étaient les enfants gâtés de madame Vauquer, qui leur mesurait avec une précision d’astronome les soins et les égards, d’après le chiffre de leurs pensions. (Balzac, , 12). Šis septynetas buvo ponios Vokė vaikai lepūnėliai, kuriems ji astronomiškai tiksliai atsverdavo savo dėmesį ir rūpinimąsi pagal tai, kiek kuris mokėdavo už išlaikymą. (Balzac, 1998, 14). En revanche, dans les textes français analysés nous avons trouvé que certains noms français ont la possibilité d’être traduits en lituanien comme adjectifs qualificatifs avec le suffixe -ingas, par exemple: Ce jeune malheur ressemblait à un arbuste aux feuilles jaunies, franchement planté dans unterrain contraire. (Balzac, 2000, 18). Ši jauna nelaiminga būtybė buvo kaip medelis pageltusiais lapais, ką tik pasodintas netinkamoje dirvoje. (Balzac, 1998, 17). 43 Il est à constater aussi que quelques adjectifs qualificatifs français en lituanien deviennent les adjectifs relatifs, par exemple: Sans ses observations curieuses et l’adresse avec laquelle il sut se produire dans les salons de Paris, ce récit n’eût pas été coloré des tons vrais qu’il devra sans doute à son esprit sagace et à son désir de pénétrer les mystères d’une situation épouvantable, aussi soigneusement cachée par ceux qui l’avaient créée que par celui qui la subissait. (Balzac,2000, 13). Jei ne retas jaunuolio pastabumas ir miklumas, kuriuo jis įsigavo į Paryžiaus salonus, tai ši apysaka nebūtų nuspalvinta tais tikrovės tonais, už kuriuos ji pirmiausia turės būti dėkinga jo įžvalgumui ir jo aistringam troškimui įsismelkti į vieno šiurpaus likimo paslaptis, kurias rūpestingai dangstė tiek to likimo kūrėjai, tiek pati auka. (Balzac, 1998, 14). Si le coeur humain trouve des repos en montant les hauteurs de l’affection, il s’arrète rarement sur la pente rapide des sentiments haineux. (Balzac, 2000, 24). Jei žmogaus širdis kartais sustoja pailsėti kopdama į bičiulystės aukštybę, tai retai kada tesustoja leisdamasi staigia neapykantos pakalne. (Balzac, 1998, 27). Dans les textes analysés il y avait des exemples où les adjectifs qualificatifs français dans certaines locutions figées subissaient des changements dans la traduction lituanienne, c’est-à-dire ils ont perdu le statut d’adjectif, par exemple: Mais sa femme fut le maître; il devait devant le monde dire ceci, ne pas dire cela, faire maigre tous les vendredis, s’habiller comme elle l’entendait, harceler par son ordre les clients qui ne payaient pas. (Flaubert, 1936, 16). Bet viešpačiu ir valdovu pasidarė žmona: jis turėjo prie žmonių tą sakyti, o to nesakyti, penktadieniais pasninkauti, rengtis kaip jai patinka, jos liepiamas kvaršinti galvas pacientams, nesumokėjusiems honoraro. (Flaubert, 1993, 17). Quoique un peu rustaud, il était si bien tiré à quatre épingles, il prenait si richement en tabac, il le humait en homme si sûr de toujours avoir sa tabatière pleine de macouba, que le jour où monsieur Goriot s’installa chez elle, madame Vauquer se coucha le soir en rôtissant, 44 comme une perdrix dans sa barde, au feu du désir qui la saisit de quitter le suaire de Vauquer pour renaître en Goriot. (Balzac, 2000, 23). Nors ir truputį netašytas, jis taip gerai ir puošniai vilkėjo, taip gausiai uostė tabaką, taip netaupiai, kaip žmogus, gerai žinąs kad jo tabokinė visuomet bus pilna makubos, jog ponia Vokė tos dienos vakarą, kai Gorijo pas ją įsikūrė, kepdama, lyg kurapka taukuose, karščiausiame geisme nusikratyti Vokė marška ir taip gimti ponia Gorijo. (Balzac, 1998, 24). En analysant des textes nous avons remarqué qu’en français il y avait des adjectifs qualificatifs ayant un riche spectre des équivalents lituaniens. Il s’agit surtout d’un adjectif grand,-e: Il avait l’intention d’installer un bureau à Paris qui traiterait ses affaires sur la place, et directement, avec les grandes compagnies et il voulait savoir si j’étais disposé à y aller. (Camus, 1942, 94). Jis norėjo atidaryti savo filialą Paryžiuje, ir ten, vietoje teisiogiai vesti derybas su stambiomis bendrovėmis. (Camus, 1991, 97). En face, au-delà des toits, le grand ciel pur s’étendait, avec le soleil rouge se couchant. (Flaubert, 1936, 15). Priešais, viršum stogų, plyti tyras erdvus dangus ir leidžiasi raudona saulė. (Flaubert, 1993, 16). Quel beau jour pour sa mère ! On donna un grand dîner. (Flaubert, 1936, 15). Kokia džiaugsmo diena motinai ! Ji iškėlė puotą. (Flaubert, 1993, 17). En ce qui concerne les adjectifs français de couleur, notamment la couleur noir, -e, nous avons remarqué que dans nos textes analysés cette couleur ont la tendance d’être traduite en lituanien non seulement comme juodas, -a, mais aussi tamsus, -i, par exemple: Je lui ai dit: «C’est sale. Il y a des pigeons et des cours noires. Les gens ont la peau blanche. (Camus, 1942, 43). 45 Aš atsakiau: ,,Nešvaru. Daug balandžių ir tamsių kiemų. Žmonių oda balta. (Camus, 1991, 41). La nuit était noire. (Flaubert, 1936, 16). Naktis pasitaikė tamsi, nors akį durk. (Flaubert, 1993,17). Quant à la couleur blanc,-che, elle est capable également d’avoir des sens différents, surtout quand il s’agit de la couleur des cheveux, par exemple: Ses cheveux blancs assez fins laissaient passer de curieuses oreilles ballantes et mal ourlées dont la couleur rouge sang dans ce visage blafard me frappa. (Camus, 1942, 25). Iš po žilų, gana retų retų plaukų kyšojo keistai nukarusios, tarsi visai be kremzlių ausys: mane nustebino jų purpurinė spalva, itin ryški blyškiame veide. (Camus, 1991, 17). Après notre conversation, au contraire, je l’ai regardé et j’ai vu un homme aux traits fins, aux yeux bleus enfoncés, grand, avec une longue moustache grise et d’abondants cheveux presque blancs. (Camus, 1942, 92). Tačiau po mūsų pokalbio gerai įsižiūrėjau į jį ir pamačiau, kad vyriškis subtilių veido bruožų, giliomis, tamsiai mėlynomis akimis, aukšto ūgio, ilgais žilais ūsais ir vešliais beveik baltais plaukais. (Camus, 1991, 60). La couleur blanc,- che peut aussi avoir le forme préfixal dans le texte lituanien, par exemple: Son regard blanc donnait froid, sa figure rabougrie menaçait. (Balzac,2000, 14 ). Nuo bespalvio jos žvilgsnio imdavo šiurpas, visa jos sulinkusi figūra tarytum grasino. (Balzac, 1993, 16). Ce qui est à noter c’est que dans le roman «L’étranger» d’A. Camus, les adjectifs de couleur dominent (65 cas), surtout les adjectifs noir,-e (14 cas) et blanc,-che (16 cas), afin de dévoiler le contraste du sujet de roman, par exemple: 46 J’étais un peu perdu entre le ciel bleu et blanc et la monotonie de ces couleurs, noir gluant du goudron ouvert, noir terne des habits, noir laque de la voiture. (Camus, 1942, 27). Aš buvau truputį apkvaitęs nuo žydro ir balto ir tamsių spalvų spalvų monotonijosglitaus dervų juodumo, blausiai juodų rūbų ir juodo katafalko blizgesio. (Camus, 1991, 19). Il est intéressant de signaler que dans les textes français nous avons trouvé un exemple dont la déscription de couleur est exprimée par la partie corporelle d’un oiseau: L’ombrelle, de soie gorge de pigeon, que traversait le soleil, éclairait de reflets mobiles la peau blanche de sa figure. (Flaubert, 1936, 23). Nuo melsvai pilko skėčio, saulės spindulių peršviesto, ant balto jos veido krito mirguliuoją atšvaitai. (Flaubert, 1993, 24). Il est également à remarquer que certains adjectifs français de couleur, désignant l’apparence physique d’une personne sont capables de suivre la place d’un nom composé ou d’un nom avec le suffixe diminutif dans la traduction lituanienne, par exemple: C’était un gros petit homme de cinquante ans, à la peau blanche, à l’oeil bleu, chauve sur le devant de la tête, et qui portait des boucles d’oreilles. (Flaubert, 1936, 20). Tai buvo žemo ūgio, šviesaus gymio mėlynakis penkių dešimčių metų storulis, praplikęs iš priekio, su auskarais. (Flaubert, 1993, 21). Il était petit et rond, assez jeune, les cheveux soigneusement collés. (Camus, 1942, 93). Jis buvo žemaūgis, rubuilis, gana jaunas, sulaižytais plaukais. (Camus, 1991, 60). En ce qui concerne l’adjectif qualificatif français petit,-e, il est à noter qu’en lituanien il a la tendance d’être traduit comme le nom avec le suffixe diminutif, par exemple: Le soir, à l’Étude, il tira ses bouts de manches de son pupitre, mit en ordre ses petites affaires, régla soigneusement son papier. (Flaubert, 1936, 9). 47 Vakare, mokantis pamokas, jis išsitraukė iš suolo antrankovius, susitvarkė savo daiktelius, atsidėjęs suliniavo popierių. (Flaubert, 1993, p. 10). La pluie ne tombait plus; le jour commençait à venir, et, sur les branches des pommiers sans feuilles, des oiseaux se tenaient immobiles, hérissant leurs petites plumes au vent froid du matin. (Flaubert, 1936, 18). Nustojo lynoję, ėmė švisti, paukščiai, pasišiaušę prieš šaltą rytmečio vėją savo plunksneles, kiūtojo obelyse ant plikų šakų. (Flaubert, 1993, 19). A popros de l’adjectif français petit, il est à remarquer qu’il peut avoir différents équivalents dans la traduction lituanienne, par exemple: Les petits esprits satisfont leurs sentiments, bons ou mauvais, par des petitesses incessantes. (Balzac, 2000, 26). Siauros dvasios žmogeliai tenkina savo jausmus, tiek gerus, tiek piktus, nuolatiniais smulkmeniškumais. (Balzac, 1998, 27). Sur le plan stylistique, dans les textes analysés, nous avons remarqué quleques adjectifs au sens métonymique et métaphorique en français ainsi qu’en traduction lituanienne, par exemple: Enfin, madame Vauquer avait bien vu, de son oeil de pie, quelques inscriptions sur le Grand Livre qui, vaguement additionnées, pouvaient faire à cet excellent Goriot un revenu d’environ huit à dix mille francs. (Balzac, 2000, 19). Pagaliau ponia Vokė savo šarkos akimis įžiūrėjo valstybinių paskolų knygoje keletą skaitmenų, kurie, apgraibomis paskaičiavus, turėjo duoti tam šauniajam Gorijo nuo aštuonių iki dešimt tukst frankų metinių pajamų. (Balzac, 1998, 23). Les bouches flétries étaient armées de dents avides. (Balzac, 1998, 16). Suvytusios burnos ginkluotos godžiais dantimis. (Balzac, 2000, 13). 48 Quant à la construction Adj.+ comme Nom qui marque l’intensité, nous avons trouvé que dans les textes traduits lituaniens, quelques-unes de celles-ci acquièrent la comparaison différente, par exemple : - Ah! ma chère dame, un homme sain comme mon oeil, lui disait la veuve, un homme parfaitement conservé, et qui peut donner encore bien de l’agrément à une femme. (Balzac, 2000, 21). - Ak, mano brangioji ponia, - kalbėjo jai našlė, - vyras sveikas kaip ridikas, puikiausiai išsilaikęs ir galįs dar suteikti moteriai daug malonumų. (Balzac, 1998, 24). L’analyse a révélé que dans le roman «Le Père Goriot» de H. de Balzac non seulement les adjectifs qualificatifs dominent (13%) mais aussi l’énumération comme la figure stylistique afin de cerner au lecteur en quelques lignes un portrait descriptif réaliste, par exemple: Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l’intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. (Balzac, 2000, Jei norėtume aprašyti, kokie seni, sueižėję, supuvę, išklerę, sutrūniję, aplūžę, suluošę, išklibę buvo šie baldai [...],ir žmonės, pratę skubėti, to nedovanotų. (Balzac, 1998, 12). Les femmes avaient des robes passées reteintes, déteintes, de vieilles dentelles raccommodées, des gants glacés par l’usage, des collerettes toujours rousses et des fichus éraillés. (Balzac, 2000, 13). Moterų suknelės išėjusios iš mados, dažytos, perdažytos, mezginiai suadyti, pirštinės nuo nešiojimo nusiblizginusios, apykaklaitės parudusios, skarelės apibrizgusios. (Balzac, 1998, 15). Dans les textes français analysés, nous avons trouvé 2570 adjectifs qualificatifs, dont 1474 (57,3%) sont formés à partir de la dérivation. Les adjectifs qualificatifs dérivés se sont disposés d’une manière suivante (voir le diagramme No.1): Conversion - 627 (42,53 %) Dérivation fexionnelle - 459 (31,1%) 49 Suffixation - 285 (19,33 %) Dérivation parasynthétique - 54 (3,7%) Préfixation - 46 (3,12%) Composition - 3 (0,2%) Dérivation regressive - 3 (0,2%). Dans les textes traduits lituaniens analysés, nous avons trouvé 2456 adjectifs qualificatifs, dont 1529 (62,25%) sont formés à partir de la dérivation. Les adjectifs dérivés se sont répartis d’une manière suivante (voir le diagramme No. 2) : Conversion - 554 (36,2%) Dérivation fexionnelle - 428 (28%) Préfixation - 274 (18,0%) Suffixation - 220 (14,3%) Dérivation parasynthétique - 35 (2,2%) Composition - 18 (1,1%) Dérivation regressive - 2 (0,1%). Dérivation Préfixation Composition parasynthétique 3% 0% 4% Suffixation 19% Conversion 43% Dérivation fexionnelle 31% Diagramme No. 1. Dérivation des adjectifs qualificatifs français dans les textes analysés 50 Dérivation fexionnelle 28% Conversion 36% Suffixation 15% Préfixation 18% Dérivation Composition parasynthétique 2% 1% Diagramme No. 2. Dérivation des adjectifs qualificatifs lituaniens dans les textes traduits En ce qui concerne les adjectifs de couleur, des traits physiques et ceux de caractère, notre analyse nous a montré qu’ils se sont disposés d’une manière suivante (voir le diagramme No.3): Adjectifs de traits physiques - 287 (11 %) Adjectifs du caractère - 149 (5,8 %) Adjectifs de couleur - 115 (4,4 %). 51 12 Adjectifs de traits physiques 11,0% 10 8 Adjectifs de caractère 5,8% 6 Adjectifs de couleur 4,4% 4 2 0 Adjectifs des traits physiques Adjectifs de caractère Adjectifs de couleur Diagramme No. 3. Adjectifs français de couleur, des traits physiques et de caractère dans les textes français analysés L’analyse des textes nous a également montré que les adjectifs qualificatifs font la plus grande partie des textes (2570 adjectifs) que les adjectifs relatifs (304 cas) et ceux indéfinis (32 cas) (voir le diagramme No. 4). Adjectifs relatifs Adjectifs indéfinis 1% 11% Adjectifs qualificatifs 88% Diagramme No. 4. Répartition des adjectifs qualificatifs, adjectifs relatifs et adjectifs indéfinis dans les textes français analysés 52 CONCLUSION 1. Tout au long de cette étude, nous avons tenté de démontrer que la formation des adjectifs qualificatifs français est pareille à ceux lituaniens. De façon générale, l’analyse a permis de déterminer que la formation des adjectifs qualificatifs français n’est pas tout à fait la même que celle des adjectifs qualificatifs lituaniens. 2. Cette étude a permis de constater que la plupart des adjectifs qualificatifs français ainsi que lituaniens sont formés à partir de la dérivation (notamment 57,3 % et 62,25 %). C’est au niveau de la formation des mots que les avantages sont les plus visibles dans l’enrichissement du vocabulaire. 3. L’étude a révélé que la dérivation impropre, notamment la conversion fait la plus grande partie de la dérivation des adjectifs qualificatifs français ainsi que lituaniens (42,53 % et 36,2 %). 4. Les résultats de notre étude sur la préfixation et la composition montrent que ces types de la dérivation sont plus fréquemment employés en lituanien qu’en français. Par contre, la dérivation parasynthètique est plus nombreuse en français (4 %) qu’en lituanien (2 %). 5. Il ressort de cette étude que les adjectifs qualificatifs sont utilisés plus fréquemment (88 %) que les adjectifs relatifs (11 %) et les adjectifs indéfinis (1 %). 6. L’étude a révélé que les adjectifs des traits physiques sont plus fréquents (11 %) que ceux des traits du caractère (6 %) et de couleur (4 %). 7. Il est important de noter que certains adjectifs qualificatifs français sont susceptibles de perdre le statut d’adjectif: ceux-ci ont la tendance d’acquérir les formes verbales, nominales et adverbiales dans la traduction lituanienne. 53 RÉSUMÉ KOKYBINIO BŪDVARDŽIO DARYBOS ELEMENTŲ LYGINAMOJI ANALIZĖ PRANCŪZŲ IR LIETUVIŲ KALBOSE Šio darbo tikslas buvo ištirti bei palyginti kokybinio būdvardžio darybos elementus prancūzų ir lietuvių kalbose. Kalbėdamos apie lietuviškus kokybinius būdvardžius, Erika Rimkutė ir Neringa Pakalnytė straipsnyje ,,Socialinių reklamų tematika ir kalbinės ypatybės“ (2008, 63) daro prielaidą, kad būdvardžių gramatinės kategorijos padeda reklamoms suteikti tam tikrų niuansų, todėl būdvardžiai yra labai informatyvi kalbos dalis. Nustatyta, kad socialinėse reklamose dominuoja kokybiniai būdvardžiai (68 ℅). Toks rezultatas nestebina, nes kokybinių būdvardžių klasė gausesnė nei santykinių. Iš kokybinių būdvardžių gali būti daromos laipsnių formos, įvardžiuotinės formos, prieveiksmiai su priesaga -iai, bevardės giminės formos, ypatybių pavadinimai su priesaga -umas, mažybiniai ir tam tikrą ypatybės kiekį su priesaga -okas, su priešdėliais -apy, po-. Norėdamos palyginti šias abi kalbas mes padarėme prielaidą, kad prancūzų kalboje kokybiniai būdvardžiai turi panašių darybos bruožų kaip ir lietuvių kalboje. Tyrimui buvo pasirinkti šie prancūzų rašytojų kūriniai: Albert Camus «L'étranger» («Svetimas»), Honoré de Balzac «Le Père Goriot» («Tėvas Gorijo») ir Gustave Flaubert «Madame Bovary» («Ponia Bovary»). Prancūzų kalbos kokybiniai būdvardžiai buvo lyginami su lietuviško vertimo atitikmenimis. Tyrimo rezultatai parodė, kad abiejose analizuojamose kalbose kokybinių būdvardžių daryba nėra visiškai vienoda. Tai kas bendra prancūzų ir lietuvių kalbos kokybiniams būdvardžiams, kad jie yra sudaryti darybos būdu (57,3 % ir 62,25 %). Tai parodo, kad turtinant žodyną naujų žodžių daryba vaidina labai svarbų vaidmenį. Tyrimo metu paaiškėjo, kad tiek prancūzų tiek lietuvių kalbose didžiausią dalį kokybinių būdvardžių daryboje užima konversijos būdas (42,53 % ir 36,2 %). Tačiau lietuvių kalboje priešdėlinė kokybinių būdvardžių daryba ir sudūrimas yra kur kas labiau paplitę nei prancūzų kalboje. Lietuvių kalboje rasti 274 priešdėlinės darybos kokybiniai būdvardžiai (18 ℅ visų darybos atvejų), tuo tarpu prancūzų kalboje tik 46 atvejai (3 ℅). Kalbant apie kokybinių būdvardžių sudūrimą, lietuvių kalboje rasta 18 atvejų, kas sudarė 1℅, o prancūzų kalboje rasti tik 3 sudurtinės darybos kokybiniai būdvardžiai (0,2℅). Prancūzų kalboje parasintezės darybos kokybinių būdvardžių yra daugiau nei lietuvių kalboje (4℅ ir 2℅). Svarbu pažymėti ir tai, kad kai kurie prancūzų kalbos kokybiniai būdvardžiai, išversti į lietuvių kalbą praranda būdvardžio statusą jie įgyja nominalines, veiksmažodines bei prieveiksmines formas. 54 Reikšminiai žodžiai: prancūzų kalbos ir lietuvių kalbos kokybiniai būdvardžiai, lyginamoji analizė, žodžių daryba, darybos elementai. 55 BIBLIOGRAPHIE 1. Ambrazas V., Garšva K, Girdenis A., 2006. Dabartinės lietuvių kalbos gramatika. Vilnius: Mokslo ir enciklopedijų leidykla, p. 198. 2. Arrivé M., Gadet F, Galmiche M., 1986. La grammaire d’aujourd’hui: guide alphabétique de linguistique française. Paris: Librairie Flammarion, p. 42. 3. Baccus N., 2007. Langue française: ortographe, grammaire, conjugaison, dictées pour progresser. Paris: Librairie Flammarion, p. 36. 4. Béchade H., 1992. Phonétique et morphologie du Français moderne et contemporain, 1ière edition. Paris: PUF, p. 93. 5. Charaudeau P., 1992. Grammaire du Sens et de l’Expression, Paris: Hachette, p. 37-47. 6. 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