Le Musée royal de l`Afrique centrale @ BRAFA 2014 www
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FR COLLECTIONS SINGULIÈRES Le Musée royal de l’Afrique centrale @ BRAFA 2014 Version téléchargeable sur le site www.africamuseum.be COLLECTIONS SINGULIÈRES Le Musée royal de l’Afrique centrale @ BRAFA 2014 1 2 Vitrine 1 : L’ imaginaire 1. Construction d’un imaginaire Nkisi nkondi Maloango. Kongo. Bas-Congo, RDC Bois, verre, fer (et alliages) Collecté à Tshela avant 1938 par E. Dartevelle. Enregistré en 1979 EO.1979.1.346 Mieux connu sous le nom de « fétiche à clous », le nkisi nkondi était détenu par un spécialiste rituel, le nganga, qui sollicitait ce réceptacle d’esprits défunts afin de s’attaquer aux criminels ou sorciers dont ses patients étaient les victimes. C’est notamment en y enfonçant un clou qu’on activait ses pouvoirs. Dans l’esprit de beaucoup d’Européens, ces objets synthétisèrent pendant longtemps tout ce que l’on imaginait sur les pratiques religieuses africaines qui tournaient, cela va sans dire, autour de fétiches forcément malveillants et destinés à nuire. Masque, costume et accessoires. Bali. RDC Écorce battue, fibres, fer Collecté vers 1909. Acquis en 1946. Don famille Stasse EO.0.0.42665-1 La confrérie des anioto, surnommés hommes-léopards, entretenait un lien très fort avec l’association initiatique du mambela qui jouait également un rôle judiciaire dans la société bali. Déguisés en léopards, et armés d’un couteau ou de griffes de fer, les anioto terrifiaient et tuaient des personnes choisies parfois au hasard au sein d’un groupe cible. Ces meurtres ne pouvaient pour autant être considérés comme gratuits dans la mesure où ils étaient majoritairement liés à des verdicts rendus par le « tribunal du mambela » dont les anioto formaient le « bras armé ». Cette violence des anioto, alors occasionnelle, connut une recrudescence durant la mise en place des structures coloniales. L’effritement des pouvoirs religieux, politiques et judiciaires des initiés du mambela peut les avoir conduits à ériger en système le meurtre rituel, seul moyen de restaurer par la crainte le pouvoir vacillant de leurs chefs traditionnels. Il faut cependant souligner que ce type d’institution rituelle, tournée vers le meurtre, n’a vu le jour que très rarement en Afrique. Malheureusement, le succès que connut le sujet des « féroces hommes-léopards » en Europe via les films, les bandes dessinées et les romans populaires compliqua pour longtemps les recherches objectives sur le sujet. Il est toujours difficile de combattre une légende ! 3 2. Étranges combinaisons Masque. Pende. RDC Bois, pigments Collecté par Jules Auguste Fourche. Acquis en 1946 EO.0.0.43153 Ce masque mbuya jia mukanda était chargé de maintenir la discipline au sein des camps de circoncision. Les cornes d’antilopes qui ornent habituellement ce type de masque sont ici remplacées par deux « champignons » qui représentent probablement des termitières en forme de champignon et abritant les espèces de termites Cubitermes sp. Masque. Yaka. RDC Bois, pigment, fibres, textile Acquis en 1951 EO.1951.31.225 Ce masque qui dansait lors du rite de circoncision n-khanda est appelé mbaala ou kholuka. Le poisson qui orne cet exemplaire représente vraisemblablement un silure et renvoie au traitement de l’impuissance, une affection que les initiés du n-khanda traitaient. Masque kisoola. Pende. RDC Plumes, fibres, pigment, résine, textile Collecté par Albert Maesen dans le village de Kitanga, près de Kianza, chez les Pende de l’Ouest méridionaux. Enregistré en 1954 EO.1953.74.3244 Ce masque est l’équivalent du masque chikunza propre aux Lunda, aux Chokwe et à bien d’autres communautés où il joue un rôle important lors de la mukanda, le rituel de circoncision ; la coiffure du masque représente la corne de l’antilope cheval, Hippotragus equinus. Le long bourrelet vertical qui épouse la courbe de la « corne » représente le sommet effilé de la tête de la sauterelle chikunza, laquelle est réputée pour sa fécondité. 4 Tambour à friction. Kuba. Mushenge, RDC Bois, peau Enregistré en 1992 MO.1992.13.1 La caisse de résonnance de ce kwey ankaan adopte la forme du corps d’un léopard. Les tambours à friction sont joués par frottement d’un maillet sur la membrane et non par percussion. 3. Monstres sacrés Masque. Pende. RDC Bois, pigment Collecté par Jules Auguste Fourche. Acquis en 1946 EO.0.0.43126 Ce masque mbuya appelé mbangu dansait jadis lors de la clôture du rituel de circoncision. Il personnifiait un personnage frappé par le malheur et victime de la sorcellerie ; ses traits déformés sont les symptômes de la paralysie du nerf facial. Statuette. Kougni/Vili. RDC Bois, résine, pigment, fer (et alliages) Collectée par E. Dartevelle avant 1938. Enregistrée en 1979 (échange avec les MRAH) EO.1979.1.35 Chez de nombreux peuples de culture kongo la force d’un nkisi nkondi (« fétiche chasseur » / « fétiche à clous ») passe notamment par sa maîtrise d’une ou de plusieurs maladies qu’il peut communiquer ou guérir. L’iconographie bien particulière de cet exemplaire laisse entendre qu’il était en relation avec le terrible Mal de Pott. En effet, le corps torturé du nkisi représente avec une précision quasi médicale les symptômes de cette infection des corps vertébraux à un stade déjà avancé. 5 Masque Kakungu. Yaka ? RDC Bois, pigments, fibres Collecté par O. Butaye avant 1922 EO.0.0.26520 À la différence d’autres masques présents dans l’initiation masculine mukanda des Yaka et des Suku, l’exemplaire présenté ici, connu sous le nom vernaculaire de kakungu, n’était pas porté par les jeunes circoncis. Protecteur du camp de la circoncision, il était la propriété de l’isidika, le spécialiste des charmes du mukanda. Le terme de kakungu peut être traduit par « monstre » ou « spectre ». Bien qu’ayant une fonction bienveillante, le kakungu était un masque détenteur d’une force qui n’était jamais entièrement maîtrisable. Masque Gizengi. Pende. RDC Bois, pigments, fibres Don F. Wenner 1930 EO.0.0.32525 Ce masque appartient à la catégorie des masques « terrifiants », les mafuzo ; ceux-ci se multiplièrent sur la scène du rite de circoncision mukanda durant la période la plus pénible de l’ère coloniale, telle une riposte symbolique à la domination que les Pende subissaient. Le gizengi représente un ogre à plusieurs têtes dont les méfaits étaient relatés dans les contes populaires. Statuette. Yombe. Bas-Congo, RDC Bois, résine, coton, perles, textile Collectée vers 1893. Enregistrée en 1967 (échange avec les MRAH) EO.1967.63.241 Petit nkisi (charme, fétiche) personnel affligé d’une bosse dans le dos. Certaines sources attestent que ces représentations de difformités physiques sur des minkisi kongo servent à établir leur « carte d’identité » précisant ainsi leur nature et leur pouvoir. 6 Statuette rituelle. Songye. RDC Bois (Alchornea sp.), corne, cuivre (et alliage), fer (et alliages) Enregistrée en 1912 EO.0.0.3673 Ce nkishi au visage tourné de côté, geste assez rare dans la statuaire songye, pourrait se référer à la manière dont un sorcier ndoshi peut s’attaquer à ses victimes : invisible mais précédé d’une lumière intense, lukyekye, il tord le cou de sa victime en lui imprimant deux ou trois tours complets, provoquant une paralysie de plusieurs semaines. Cette figure pourrait donc être destinée à protéger contre ce danger spécifique. 4. Jumeaux, doubles, Janus Statuette rituelle nkisi nkondi. Kongo. RDC Bois (Canarium schweinfurtii), ivoire d’hippopotame, résine, pigment, fer (et alliages), textile Don 1932 EO.0.0.33907 Il arrive que certains minkisi nkondi (« fétiches chasseurs » / « fétiches à clous ») prennent l’apparence d’un canidé. Par le biais de ce choix iconographique, on vise à souligner que, à l’instar d’un chien de chasse, le nkisi est capable de débusquer, de traquer et de capturer sa proie ! Le double visage sert ici à multiplier les capacités magiques et cynégétiques précédemment mentionnées. Statuette Janus. Yaka. RDC Bois (Psychotria sp.), corne, fibres, métal Acquise auprès du Rév. Père Jan Thienpont 1956 EO.1956.89.1 Cette pièce s’apparente très clairement au fétiche khosi (le lion) sous sa forme Janus tel qu’il existe notamment chez les Yaka du nord. Le khosi se présente comme un redoutable protecteur des biens et des personnes. Il est en relation avec des pratiques d’envoûtement et de guérison. 7 Statuette Janus. Teke. Région du Pool Malebo, RDC Bois (Crossopterix febrifuga) Don famille Édouard Gustave Bunge 1931 EO.0.0.33111 Les figures rituelles buti sont censées abriter un ou plusieurs esprits de défunts bafwu qui furent capturés au sein de l’objet afin de remplir une fonction protectrice ou offensive. Ce buti, formé de deux personnages accolés, ici de sexe différent, est appelé itio ki mapila. Loin de représenter des jumeaux, il semble qu’il signifie plutôt que deux esprits importants, un homme et une femme, sont associés au sein de cet objet, dans un seul et même but. Pieu sculpté - Janus. Influence plastique lwala Bois Don M elle Marie-Jeanne Walschot 1980 EO.1980.2.1992 Ce poteau céphalomorphe Janus s’apparente clairement à un type de charme bien implanté chez les Chokwe et les Lunda et connu sous le nom de mbanji ou de lungu. La fonction de cet objet est très polyvalente (fécondité, fertilité, chasse…). L’une des faces est féminine et l’autre masculine. La création d’un mbanji doit suivre la prescription d’un devin. Pendentif amulette. Hungaan. Djuma, Bandundu, RDC Ivoire Collecté entre 1897 et 1910 EO.0.0.16707 Ce type de pendentif, appelé nkonki ou konka konka, était sans doute lié à un culte de fécondité féminin. Les Hungaan croyaient fermement en la réincarnation des défunts et ces deux visages en miroir, l’un aux paupières closes, l’autre aux yeux ouverts, pourrait combiner en une même figurine le thème de la mort et de la vie renaissante. 8 Figurine Janus. Lega. Bassin du Congo, RDC Ivoire Acquise en 1952 EO.1952.29.34 L’initiation au bwami était ouverte aux hommes comme à leur première épouse ; cette double figurine représente un couple d’initiés ayant atteint les grades suprêmes de l’association ; leurs deux corps accolés symbolisent le lien indéfectible et indissoluble qui les unit désormais. Figurine Janus. Shabunda, Sud-Kivu, RDC Ivoire d’éléphant Don Zographakis 1931 EO.0.0.33184 Cette figurine Janus symbolise l’omniscience des vieux initiés kindi, à qui rien n’échappe. Sifflet (flûte droite). Culture et prov. inconnues Bois Collecté dans les années 1930. Don M elle Marie-Jeanne Walschot 1980 MO.1980.2.1593 Ce Janus est un sifflet droit qui ne possède pas de trou de modulation. Les sifflets sont généralement joués dans le but de communiquer avec les esprits. Ils interviennent également dans les rituels de chasse ou d’initiation. Figurine Janus. Lega. Pangi, Beia, bassin du Congo, RDC Ivoire Don Daniel Biebuyck 1955 EO.1955.3.32 Ce type de figurine à têtes multiples – dont les visages placés respectivement aux deux extrémités doivent obligatoirement se trouver en position inversée – est appelée muli bwenge (présence d’intelligence, de sagesse) ou tulama-tulama (renversé-renversé). Symboles de l’omniscience des grands initiés du bwami, elles étaient utilisées lorsqu’il fallait rechercher le coupable d’une faute grave, comme le meurtre. L’objet était alors placé devant le présumé coupable pour l’intimider et l’inciter à dire la vérité. 9 Vitrine 2 : La matérialité des collections – dimensions, forme, mouvement, matériaux, couleur 1. Entre sculpture et peinture Panneau polychrome d’un auvent (8 parties). Nkanu. Rivière Benga, près du poste de mission Kimvula, RDC Bois, pigments Don Rév. Père Jozef Van Wing 1922 EO.0.0.26317 (1-8) Ces panneaux polychromes ornaient les murs de l’auvent initiatique kikaku, construit près du camp de circoncision. La veille de la clôture, les jeunes novices y étaient conduits en silence pour y contempler les panneaux et les statues, tout en peignant leur corps de rouge. Cet abri rituel mettait en scène une série de notions et d’événements évoqués durant leur longue réclusion. Tambour ngom a mwaamb. Leele. RDC Bois, pigments, peau, fibres végétales Don M elle Marie-Jeanne Walschot. Enregistré en 1980 MO. 1980.2.613 Chez les Leele, le tambour ngom a mwaamb est le symbole de l’identité et de l’unité religieuse et sociale de toute la communauté villageoise. Cet exemplaire est orné d’un étonnant personnage en bas-relief : cette représentation féminine porte un masque qui pourrait être mbwekoyo. Ce masque personnifie Mbeenga, l’épouse de Kombe a Deer, premier roi mythique des Leele et fils du héros culturel Wooto. À sa gauche figure le symbole de la constellation des Pléiades. Ce tambour intègre des formations orchestrales composées de deux à trois unités. Il forme la base polyrythmique des chants. 10 2. En mouvement Statuette nkisi. Vili. RDC Bois (Crossopterix febrifuga), pigment, verre, fer, griffe Collectée avant 1936. Enregistrée en 1967 (échange avec les MRAH) Ancienne collection S. Chauvet EO.1967.63.224 L’attitude très fluide et inhabituelle de ce personnage sculpté ainsi que son regard pénétrant ont contribué à en faire l’une des pièces « incontournables » de Tervuren. Sa fonction n’est pas clairement définie, mais il est possible que la représentation des côtes saillantes fasse référence à une maladie des voies respiratoires (pneumonie ?) sur laquelle ce nkisi (charme) exerçait un certain contrôle. Statue. Mbole. RDC Bois (Commiphora sp.) Don J. Stoclet 1945 EO.0.0.40633 L’apparence très particulière de cette œuvre qui se présente comme en lévitation ne résulte pas d’une excentricité du sculpteur. En fait, la gestuelle exprimée plastiquement par l’artiste vise à représenter le corps d’un pendu. Le rôle de cette sculpture en bois était de « figer le souvenir » d’un homme ayant contrevenu aux lois du lilwa (association régentant la vie sociale et religieuse des Mbole) et qui fut exécuté pour cela. L’une des fonctions de ces statues était de servir à éduquer les jeunes gens initiés au lilwa afin de les inviter à rester dans le droit chemin. Sanza giangbwa. Zande. Uele, RDC Bambou, bois, fibres végétales Collecté entre 1910 et 1912. Don commandant Armand Joseph O. Hutereau 1912 MO.0.0.7602 Quelques sculpteurs de génie ont réussi à dépasser le cadre rigoureux de la statuaire en position frontale et ont imprimé à leurs personnages, outre le rythme des volumes, celui du geste ou de la danse, telle cette figure zande qui semble scander de ses bras levés la mélodie qui se joue sur son ventre. 11 Statuette. Yaka. RDC Bois Coll. Dépôt Ordre des Jésuites depuis 1998 SJ.4167 Cette statuette peut être considérée comme le portrait d’un homme connu sous le nom de khaa Isiimbi qui mourut en 1941. Cet homme était gravement handicapé et ses jambes mortes étaient continuellement recroquevillées. Néanmoins, il était réputé détenir de grands pouvoirs. Pour cela, il jouissait d’un grand prestige et sa parole faisait même trembler les puissants. À sa mort, un chef qui le connaissait fit réaliser la pièce présentée ici afin qu’elle intègre sa série de sculptures du mbwoolu (un culte d’affliction bien implanté en territoire yaka). Figurine. Luluwa. RDC Bois (Crossopterix febrifuga) Collectée par le Rév. Père Emeri Cambier en 1891. Enregistrée en 1912 EO.0.0.9514 L’aspect famélique et recroquevillée de cette petite sculpture renvoie à sa fonction passée de mortier à chanvre. À la fin du xixe siècle, un véritable culte gravitant autour de la consommation rituelle de ce stupéfiant s’est implanté en territoire luluwa. Cette consommation religieuse de narcotique avait pour but d’établir le contact avec les ancêtres et le monde surnaturel ; il n’empêche que son usage excessif pouvait avoir un effet néfaste sur la santé, ce que montre, non sans humour, ce mortier. Statue. Zande. RDC Bois Enregistrée en 1967 (échange avec les MRAH) EO.1967.63.714 La plupart des pièces de ce type ne jouaient pas de rôle rituel précis. Il s’agissait plutôt « d’œuvres faites pour le plaisir » réalisées par des sculpteurs zande. Cependant, certaines d’entre elles auraient pu avoir une fonction funéraire. On les connaît parfois sous des noms vernaculaires tels que mgwa, motu, ou giangba. 12 Statue. Kongo. Bas-Congo, RDC Bois Enregistrée en 1914 (acquis avant 1897 ?) EO.0.0.16706 Cette pièce ayant l’apparence d’un reptile à tête humaine est unique en son genre et aucune information précise n’est connue sur sa fonction passée. On relèvera que l’artiste a su ingénieusement utiliser les ramifications naturelles d’une branche pour créer cette œuvre surprenante. Sculpture christiforme. Mbala. RDC Bois Collectée en 1932 par le Rév. Père Karl Cappelle Dépôt Ordre des Jésuites depuis 1998 SJ.1701 Comme dans le cas du grand reptile à tête humaine exposé dans la même vitrine, nous assistons ici à l’utilisation ingénieuse de la forme naturelle d’une racine. Ce personnage aux bras étendus répond au nom de kulunsi, terme dérivant très certainement du portugais cruz (croix). Considérant la gestuelle très christique du personnage ainsi que la consonance biblique que prend le terme de kulunsi, on est en droit de supposer que ce petit fétiche fut utilisé dans un « culte syncrétique ». 3. Des géants Masque. Mbala. RDC Bois, pigments, peau, fibres, plumes Don Ferdinand Pierre 1939 EO.0.0.38523 Les Mbala, tout comme leurs voisins Kwese, Yaka, Suku et Pende, connaissaient le rite de circoncision mukanda. Ce masque se produisait fort probablement dans le contexte de ce rite d’initiation et peut être considéré comme une variante mbala de certains grands masques cornus comme mbawa. 13 Masque mbawa. Yaka ? Suku ?. Mbao, Kimbao, RDC Bois, pigments, fibres, textile Collecté par le Père O. Butaye avant 1932 EO.0.0.34147 Mbawa représente le redoutable buffle pakasa (Cyncerus caffer). Ce masque, ainsi que kakungu (cf. EO.0.0.26520, 1e vitrine, Monstres sacrés), ont volontairement un aspect effrayant afin de contraindre les novices à obéir et à se soumettre à la volonté de leurs instructeurs. Ces deux personnages sont de puissantes créatures qui protègent les jeunes gens de toute influence maléfique ; ils ne dansent pas mais bondissent, gesticulent, apparaissent et s’évanouissent brusquement. Masque ndunga. Woyo. Bas-Congo, RDC Bois, pigments Acquis en 1998 EO. 1998.22.1 Les masques bandunga (sg. ndunga) représentent l’autorité des esprits de la terre bakisi basi (sg. nkisi si). Ils étaient portés par les membres de l’association bakama ba mwinya (« Épouses » du jour). Les membres de cette confrérie constituaient une police secrète et se chargeaient du contrôle de l’ordre social. Les bandunga, non sans cynisme et dérision, exprimaient souvent certains travers humains comme la frayeur et la colère, ou encore dépeignaient une malformation ou une maladie, comme c’est le cas ici où les petits points rouges symbolisent une personne ravagée par la variole (mbuambua). Coiffe et diadème. Karamoja, Ouganda Bois, plumes, pigments, cheveux humains, poils Coiffe collectée lors d’une mission, en 2000 ; diadème collecté en 1981, acquis en 2002. EO.2000.8.1 / EO.2002.3.1 À Karamoja (Nord-Est de l’Ouganda) les hommes arboraient traditionnellement l’etimat (« cheveux »), coiffure élaborée à la manière d’un grand chignon épaissi par l’ajout de cheveux provenant de la personne même ou d’un proche. Les hommes plus âgés, à la calvitie naissante, faisaient faire des perruques d’allure identique. Depuis les années 1980 l’utilisation de la coiffure traditionnelle a disparu et seuls quelques hommes âgés portent occasionnellement la perruque de l’etimat, mais sans plus jamais l’accompagner de l’eloket (« anneau ») si apprécié autrefois. 14 Statue nkishi. Songye. RDC Bois (Vitex madiensis), peau, plume, métal, perles, pigments blanc et rouge Collectée avant 1921. Don Jacques Schwetz 1921 EO.0.0.26055 Il s’agit de la plus grande des quelque 200 statues mankishi qui peuplent les réserves de Tervuren. Sa poitrine est peinte de rouge et de blanc, symbole de l’appartenance à l’association initiatique du bukishi, une institution disparue depuis le milieu du xxe siècle. L’une des prérogatives essentielles des grands mankishi communautaires tel celuici est de faciliter la réincarnation des esprits de défunts bikudi et, corollaire évident, d’assurer la fécondité des femmes. Enfin, la plupart de ces figures imposantes protégeaient la communautés contre le malheur et la sorcellerie. Grand buste. Kongo. Bas-Congo, RDC Bois Peut-être collecté vers 1886 par C. Janssen EO. 0.0.6684 Aucune information ethnographique précise n’est connue sur ce gigantesque personnage collecté au xixe siècle dans la zone Vivi-Matadi (Bas-Congo). Sa gestuelle particulière se retrouve sur quelques minkisi kongo, mais il est difficile de se baser sur ce seul indice pour rattacher définitivement ce buste à cette catégorie d’objets sculptés. Figure animale sculptée – cimier (?). Prov. et culture inconnues. Angola Bois (Pterocarpus angolensis). viiie - ixe s. apr. J.-C. Découverte par M.-C. Turlot (fin des années 1920) PO.0.0.14796 Cette sculpture zoomorphe fut exhumée d’un ancien lit de la rivière Liavela (Angola central), dans la partie la plus méridionale du territoire qu’occupent actuellement les Chokwe. Remarquablement conservée grâce au milieu saturé d’eau où elle gisait, cette œuvre, datée entre 750 et 850 apr. J.-C., constitue la plus vieille sculpture sur bois connue de l’Afrique centrale. S’agit-il d’un cimier de masque, comme le suggère sa forme générale ? Et quel animal représente-t-il ? Zèbre ou phacochère ? Hippopotame ou crocodile ? L’hypothèse la plus convaincante à ce jour s’oriente vers l’oryctérope. 15 Vitrine 3 : Histoires de collections 1. Un mécano collecte dans les années 1930 Photographie : Le mécanicien Joseph Seha à Kiniati en 1932 Avec l’aimable autorisation de la famille Seha Insigne de chef. Kongo. Bas-Congo, RDC Ivoire d’éléphant Collecté par J. Seha. Acquis en 1939 EO.0.0.38571 De nombreuses cultures d’Afrique centrale utilisèrent des cornes ou des défenses non travaillées et chargées magiquement comme objets de pouvoir et de statut social. Toutefois, chez certaines populations kongo ces matériaux bruts furent remplacés progressivement par des pièces d’ivoire sculptés. La pièce présentée ici est d’une iconographie relativement classique comprenant notamment la représentation du chef intronisé siégeant. Insigne de chef. Yombe. RDC Ivoire d’hippopotame Collecté par J. Seha. Acquis en 1939 EO.0.0.38572 Cette incisive d’hippopotame sculptée présente des motifs relativement atypiques tels que ce personnage dont l’attitude évoque un Christ en croix. 16 Canne de chef mvwala. Yombe. Kiniati, RDC Bois Collectée par J. Seha. Acquise en 1946 EO.0.0.43721 La canne mvwala constituait un instrument de communication avec les ancêtres ainsi qu’un symbole de légitimité du pouvoir. Plantée en terre lors de l’investiture d’un chef, la canne se trouvait alors au point de rencontre entre les vivants et les défunts ; les forces des ancêtres étaient alors censées pénétrer la canne et le corps du chef nouvellement intronisé. Sculpture. Kongo. Bas-Congo, RDC Bois Collectée par J. Seha. Acquise en 1939 EO.0.0.38539 Cet objet, dont la fonction précise reste inconnue, adopte une attitude peu classique dans l’art kongo. Il est possible que le sculpteur se soit inspiré pour son sujet de certaines majoliques portugaises du xixe siècle importées en RDC et en Angola, qui dépeignaient un singe mangeant un fruit dans une position passablement similaire. Poire à poudre. Yombe. Maduda, Bas-Congo, RDC Bois (Crossopterix febrifuga) Collectée par J. Seha. Acquise en 1946 EO.0.0.43642 Les poires à poudre en bois des chasseurs, inspirées d’un modèle portugais, étaient généralement piriformes et ornées de motifs abstraits. Cet exemplaire anthropomorphe, tout à fait inhabituel, représente une femme agenouillée. 17 Maternité pfemba. Yombe. Kangu, Bas-Congo, RDC Bois (Canarium schweinfurtii) Collectée par J. Seha. Acquise en 1946 EO.0.0.43641 Cette sculpture représente de manière tout à fait inaccoutumée une femme portant un pantalon, son bébé en train de téter. Panneau de lit. Yombe. RDC Bois (Adansonia digitata) Collecté par J. Seha. Acquis en 1939 EO.0.0.38560 Jadis, lors de leur première menstruation, les jeunes filles kongo étaient initiées au rituel kumbi et c’est durant leur période de réclusion au sein de la case nzo a kumbi (la maison de la jeune fille) qu’elles dormaient dans ce type de lit aux montants sculptés. Celui-ci représente une jeune fille enduite de ngula rouge, symbole des états de transition. Assis à sa droite, le futur époux tient dans la main une bouteille de gin importé. Sculpture. Yombe. RDC Bois, verre, métal Collectée par J. Seha. Acquise en 1946 EO.0.0.43643 Ce personnage sculpté devait initialement posséder une « charge magique » fixée au milieu du ventre. 18 2. Globalisation Santu nzaambi. Holo. Kibenga, Kasongo Lunda, RDC Bois Collecte de terrain, mission Albert Maesen. Inscrit en 1954 EO.1953.74.2551 Pendant longtemps, on a fait l’amalgame entre le culte ndzaambi, un rituel thérapeutique autochtone, et l’Être suprême qui, sous l’influence chrétienne, fut doté du même nom. Cette confusion trouve peut-être son origine dans l’art rituel des Holo, où les sculptures dédiées à ce même culte d’affliction, tel ce cadre ajouré, ont manifestement été inspirées par l’image du Christ en croix, diffusée au xviie siècle par les Capucins portugais. Siège, chaise sculptée à l’européenne. Chokwe. Kasaï méridional, RDC Bois (Vitex Donania), peau Collectée avant 1911. Offerte au musée par le secrétaire général Arnold en 1917. Ancienne collection H. Pareyn EO.0.0.20594 Les Chokwe se sont inspirés d’un type de chaise très répandu dans le Portugal des xviie et xviiie siècles. Seul le dossier des chaises portugaises était parfois orné de scènes figuratives, mais les artistes chokwe ont totalement réinterprété ce modèle, transformant ces sièges en chefsd’œuvre. Sceptre rituel. Soudan du Sud Fer, bois, peau (varan) Enregistré en 1948 EO.1948.10.1 Cette pièce aurait été collectée dans la région du Bahr el-Ghazal (actuel Soudan du Sud) vers 1898. L’objet était en possession d’un « faiseur de pluie » qui l’utilisait pour certains rituels durant lesquels il versait un peu d’eau dans la bouche de la tête cornue. Détail important, cette tête n’est pas de facture soudanaise mais plus certainement d’origine persane. Selon toute vraisemblance, on assiste ici à un cas d’usage très détourné d’un fragment de « sceptre de conteur derviche ». 19 Crucifix (xviie siècle). Kongo. Région de Kimpese, Bas-Congo, RDC Laiton Ancienne collection R.L. Wannyn HO.1955.9.11 Les crucifix en laiton des Kongo sont le résultat de la rencontre entre certaines populations kongo et le christianisme. Pour autant, les exemplaires du type présenté ici n’étaient pas destinés à orner les églises locales. Détenus par les chefs locaux et attributs de leur rang, ils intervenaient en diverses occasions telles que : l’intronisation d’un chef, la guérison d’une maladie ou bien lorsqu’il s’agissait de rendre la justice. Coiffe. Nzakara. RDC Tissus, perles Enregistré en 1914 EO.0.0.17671 Ce type de chapeau était porté par les femmes nzakara d’un certain rang dans les années 1900-1910. On dit parfois que de tels couvre-chef s’inspirèrent de certains chapeaux européens. Toutefois cette hypothèse ne va pas sans présenter un anachronisme. En effet, les chapeaux féminins occidentaux auxquels les modèles nzakara sont le plus souvent comparés sont les « cloches » des années folles donc les années 20 !! 20 3. Les Amériques et l’Océanie au MRAC Massue. Vanuatu, Mélanésie Bois Collectée en 1950. Enregistrée en 1979 (échange avec les MRAH) EO.1979.1.1423 Les massues figuratives de cette qualité sont peu fréquentes dans l’archipel du Vanuatu. Celle-ci peut être originaire des îles d’Ambrym ou de Pentecôte. Bouchon de flûte. Biwat, zone de la rivière Yuat, Papouasie Nouvelle-Guinée, Mélanésie Bois Collecté avant 1931. Enregistré en 1979 (échange avec les MRAH) EO.1979.1.1303 Cette sculpture, connue sous le nom local de wusear, était destinée à obturer l’extrémité d’un long aérophone en bambou (aiyang) utilisé lors de rituels initiatiques. Ces « bouchons » anthropomorphes relativement rares représentaient d’importants esprits. Massue. Archipel des îles Cook (île de Rarotonga), Polynésie Bois de fer Enregistrée en 1965 EO.1965.43.18 Cette arme de grande taille est connue sous le nom d’akatara. 21 Pagaie. Îles australes, Polynésie Bois Enregistrée en 1967 (échange avec les MRAH) EO.1967.63.3013 Les pagaies de ce type n’étaient pas destinées à la navigation, bien que certaines d’entre elles, collectées dans les années 1820, soient décrites comme ayant été utilisées dans les embarcations des chefs. Il s’agit plus vraisemblablement de pagaies cérémonielles intervenant lors de danses. Certaines recherches démontrent que la majeure partie de ces objets furent produits entre 1820 et 1840. Hache cérémonielle. Nouvelle-Calédonie, Mélanésie Pierre (serpentine), fibres, bois Acquise en 1979 (échange avec les MRAH) EO.1979.1.1453-1 Ce type d’objet, connu sous le nom de gi okono, tenait lieu de « sceptre » et symbolisait l’autorité du chef de clan. Masque. Embouchure du Sepik-Ramu, Papouasie Nouvelle-Guinée, Mélanésie Bois, pigments Acquis en 1979 (échange avec les MRAH) EO.1979.1.1295 Masque représentant un esprit mythique. Ce masque intervenait peut-être dans des cérémonies d’ouverture de deuil. Masque iroquois EO.1967.63.1663 Ce masque iroquois relève de la confrérie des False Faces. Différents rituels faisaient intervenir ces masques qui représentaient des êtres surnaturels. Leur rôle principal était d’éloigner et de guérir les maladies et de purifier les lieux habités par les hommes. 22 Hochet iroquois MO.1967.63.119 Ce type de hochet est confectionné à partir de la carapace, de la tête et du cou desséché d’une tortue serpentine (Chelydra serpentina). Cet instrument accompagnait les False Faces lors de leurs sorties. Le masque et le hochet présentés ici furent collectés par le chercheur belge F. M. Olbrechts en 1929. F. M. Olbrechts travailla aux MRAH dans les années 1930 avant de devenir directeur du MRAC de 1947 à 1958. Coiffe krôkrôkti. Kayapó Xikrin. Haut Rio Cateté, État de Pará, Brésil Plumes (rémiges et rectrices d’ara, plumes d’aigle, plumules blanches de héron ou d’aigle), coton Collectée en 1991. Acquise en 1992 EO.1992.6.7 Cette coiffure était portée par les participants à la cérémonie d’imposition de noms mebiôk, rituel durant lequel les noms de quelques enfants sont confirmés. Cimier akkàpa-ri (variante : manjamyjakàr pa-ri kam dja) Kayapó Mekrãgnoti. Haut Rio Iriri, État de Pará, Brésil Bois, plumes (rectrices rouges d’ara rognées et rectrices rouges et bleues de différentes espèces d’ara), roseau, coton, fibre végétale Collecté en 1975. Acquis en 1991 EO.1991.19.4 Les Mekrãgnoti distinguent près de quarante variantes de ce type de cimier appelé akkàpa-ri (« couronne de plumes sur pied »). Chaque version porte un nom différent, déterminé par l’espèce de plume qui compose la partie essentielle, la plus courte, de la couronne. Celle-ci est fixée au sommet d’une tige de bois, laquelle est plantée dans un bonnet de cire. Tous les hommes peuvent porter ce type de coiffure lors des cérémonies, mais chaque variante ne peut être arborée que par ceux qui en détiennent le privilège personnel. Davantage utilisé lors de la cérémonie du maïs. 23 Vitrine 4 : Esthétique sonore Tambour à fente. Sundi. Bas-Congo, RDC Bois (Vitex sp.), fibres végétales Enregistré le 1er octobre 1910 MO.0.0.2493 Ce type de tambour à fente, anthropomorphe, est scandé dans un contexte spécifique, celui de la communication avec le monde invisible. Il peut être considéré comme un « objet force » plutôt qu’un instrument de musique. Xylophone à une touche. Provenance inconnue (Malawi ?) Bois, calebasse, résine, poils, fibres végétales Enregistré le 18 janvier 1913 MO.0.0.3917 Cet instrument, pourtant connu dans le Sud-Est de la RDC, est ici singulier de par la forme de sa calebasse et la présence de poils – par quoi il pourrait se rapprocher des pièces récoltées au Malawi. L’instrument est appelé didimbadimba ou mbila en RDC et limba en Zambie et au Malawi. Il est joué, seul, dans le cadre de cérémonies ou de rites liés à la chasse. Sifflet en ivoire à un trou de modulation. Luluwa ? RDC Ivoire d’éléphant Enregistré le 14 novembre 1922 MO.0.0.26672 Chez certains groupes de la RDC, selon que l’intervalle musical d’un sifflet était d’une tierce mineure ou d’une tierce majeure, l’aérophone était employé dans un contexte de chasse comme instrument de signalisation ou dans un contexte de danse pour accompagner les chants. À noter ici, le culot de forme phallique. 24 Sifflets à deux trous de modulation. Chokwe. RDC Bois Enregistré le 31 juillet 1946 Enregistré le 19 mars 1951 MO.0.0.43355 MO.1951.13.27 Portés en pendentif, ces sifflets sont singuliers pour le moins. Les deux trous de modulation permettent de jouer trois notes distinctes. Ces sifflets étaient employés à la chasse, comme instrument de communication avec le monde invisible ou pour la danse. Harpe arquée à 5 cordes. Zande-Nzakara. RDC Bois, cuir Enregistrée le 28 avril 1954 MO.1954.62.3 La harpe kundi, chez les Zande, accompagne l’art la parole, que celle-ci soit chantée ou récitée, satire épopée. On remarquera l’harmonie de la forme l’instrument : la caisse arrondie répond aux courbes visage et du manche. de ou de du Photographies : Kinshasa, 2013 Bart Deputter © MRAC 25 Les extraits sonores 1 Kalesa (6:25 min) Chant de danse. Salampasu. RDC Enregistré à Ulango Mushapa en 1973 MR.2007.10.4-4 Le kalesa est une danse de style traditionnel au contenu lyrique et moderne. La musique et les paroles sont composées par des jeunes hommes qui traitent de sujets politiques contemporains. Il s’agit ici plus précisément des directives du président Mobutu Sese Seko, élaborées, à l’époque, pour donner un nouvel élan au pays. On entend un tambour ngoma, deux hochets en panier itshiantsha, un racleur ibamba mu wamula, trois lamellophones dudjimba et un musicien frappant une bouteille avec un bâton. 2 Eshidi (5:08 min) Chant « néo-traditionnel ». Tetela. RDC Enregistré à Elunga en 1975 MR.2007.10.8-7 Le chanteur et soliste Okonda Olonge interprète sur sa guitare gidale un titre populaire accompagné d’un autre chanteur qui frappe une bouteille olondo. Eshidi est le nom d’un personnage qui a tué femme et mère dans un acte de folie dû aux fétiches qu’il s’était procurés pour être le plus fort. Il fut arrêté et ensuite libéré, mais il fuira sa région. Aujourd’hui de nombreux artistes congolais puisent dans les répertoires traditionnels pour étoffer leurs compositions. C’est le cas notamment du roi de la rumba et de la sape, le chanteur Papa Wemba. Fils d’un chef de village, il revisite allègrement les chants tetela et arbore les tenues traditionnelles. 3 Gaza (3:01 min) Musique de circoncision. Ngbaka. RDC Enregistrée à Bokode en 1975 MR.2007.10.10-3 Les gaza-no (les circoncis) ne peuvent parler en public, il n’y a donc pas de chant dans cet extrait où l’on n’entend rien d’autre qu’un tambour à peau clouée biya et un ensemble de trompes gaga. Ces trompes ne produisent chacune qu’un seul son et le phrasé mélodique est obtenu par un procédé polyphonique complexe : le hoquet. Chacun des musiciens vient à son tour jouer la note de son instrument en suivant un schéma rythmique très précis qui détermine la ligne mélodique finale. 26 4 Logombe (4:20 min) Musique d’intronisation d’un nkumu (chef communautaire) ou parfois de guérison. Nkundo. RDC. Enregistrée à Mbanga-Nkotese en 1971 MR.2007.10.11-1 Le logombe est un pluriarc de grande taille qui se joue tel un luth, les cordes sont pincées à l’aide d’un plectre maintenu au bout du pouce. Dans cette pièce, interprétée par Louis Kempenda, la technique de jeu est rapide et arpégique. Le talent du musicien ne réside pas seulement dans la maîtrise et la technique du jeu de l’instrument, mais aussi dans le chant. Il doit pouvoir restituer les noms, les généalogies, les légendes et les histoires anciennes. Leur art est très apprécié. Sur cette pièce, le musicien est accompagné d’une grande calebasse ibuka bompulimpenda, dans laquelle on souffle comme dans une bouteille vide, et d’un racloir bokwasa. 5 Imbolo (5:58 min) Musique de divertissement. Ngbaka. RDC Enregistrée à Bongili en 1972 MR.2007.10.11-13 Danse de divertissement favorite des jeunes de l’ouest du pays mongo. Elle est interprétée ici par une cinquantaine de jeunes, filles et garçons, qui frappent des mains et chantent en chœur en réponse aux solistes. L’accompagnement rythmique est constitué de deux tambours à membranes ngomo. Les participants sont disposés en cercle. Un garçon vient au centre du cercle et danse quelques instants, puis il choisit une fille en se dirigeant vers elle. Celle-ci le remplace au milieu du cercle et ainsi de suite durant plusieurs heures. 27 Hors vitrine Tambour à fente zoomorphe. Barambo. Uele, Nord-Est RDC Bois (Chlorophora excelsa) Collecté par le commandant Armand Hutereau en 1912. Enregistré en 1912 MO.0.0.7278 Ce gugu, instrument de prestige, peut servir de base rythmique pour la danse aussi bien que d’objet de communication. Il permet de transmettre une phrase traduite en langage tambouriné, basé sur l’antagonisme entre ton haut et ton bas de la langue. La sculpture du gong est purement décorative et permet à l’artiste d’exprimer son talent. Ce grand tambour était d’ordinaire placé sous un hangar localisé au centre du village. 28 Collections géologues Carotte de sondage Samba, province de l’Équateur, RDC Jurassique-crétacé (200-65 millions d’années) Coll. Syndicat pour l’étude géologique et minière de la Cuvette congolaise (1955) RGG 35227 Ceci est une section de la carotte du sondage de Samba, un des deux sondages profonds (environ 2 km) exécutés dans la partie centrale du bassin du Congo dans les années 1950. Les carottes des deux sondages sont conservées au MRAC et régulièrement consultées en tant que source importante d’information sur l’évolution du bassin du Congo et son potentiel pétrolier. Malachite Katanga, RDC Coll. non identifiée RGM 17013 La malachite (Cu2CO3(OH)2) est un minéral phare de la province du Katanga, en RDC. Elle est, historiquement, une source majeure pour la production du cuivre. Des échantillons de cette taille sont rares dans les collections privées et celui-ci compte parmi les grands spécimens de malachite de la collection de géologie du musée. C’est un bel exemple d’une forme typique de dépôt de malachite. Cassitérite Rwanda Coll. Géomines RGM 14373 En tant que minerai d’étain, la cassitérite (SnO2) est une ressource minérale importante dans la partie orientale de la RDC et dans la région voisine du Rwanda. Dans ces régions, l’étain est associé au niobium-tantale (« coltan ») et au tungstène, pour lesquels des applications industrielles ont été développées après celles de l’étain. La cassitérite n’est généralement pas très recherchée par les collectionneurs, mais les collections du MRAC comprennent plusieurs spécimens remarquables, dont cet agrégat de grands cristaux aux formes bien développées. 29 Leucite Volcan Nyiragongo, Rutshuru, Kivu, RDC Coll. André Meyer (1959) RGM 16888 La collection de roches du MRAC est composée principalement de spécimens d’Afrique centrale. Cette grande pièce provient du volcan Nyiragongo situé dans la région du Kivu, en RDC. Elle a été collectée en 1959, au cours d’une campagne d’exploration importante menée dans la région des Virungas. Ce spécimen représente un type de volcanisme peu commun. Il est remarquable par la taille exceptionnelle des cristaux blanchâtres de leucite (K(Si2Al)O6) contenus dans la roche. 30 Collections zoologues Mouche tsé-tsé – Glossina palpalis ROBINEAU-DESVOIDY. Kisenga, RDC Récoltée par le docteur Schwetz en juin 1918 Glossina palpalis, mieux connue sous le nom de mouche tsé-tsé, est un diptère suceur de sang qui peut être vecteur de trypanosomes (maladie du sommeil). Les trypanosomes touchent également le bétail, ce qui provoque de pertes annuelles dans la production bovine. Mante religieuse – Idolum diabolicum SAUSSURE. Haut-Congo, RDC Récoltée par le docteur Védy en 1897 Cette espèce est communément appelée Giant Devil’s Flower Mantis (le diable géant des fleurs). La femelle peut atteindre 15 centimètres. L’espèce est actuellement classée dans le genre Idolomantis et est donc devenue Idolomantis diabolica (saussure). Le spécimen exposé ici a été récolté en 1897, ce qui en fait un des spécimens les plus anciens de notre collection. Papillon – Papilio antimachus DRURY. Femelle. Environs de Bangui, République centrafricaine Capturé en juin 2005 Papillon – Papilio antimachus DRURY. Mâle Récolté lors d’un voyage du SAR le Prince Albert en amont d’Ussangi, RDC le 3 juin 1909 L’antimachus (Papilio antimachus) est le papillon présentant la plus grande envergure parmi les espèces de rhopalocères (papillons diurnes) du continent africain. La femelle de ce papillon est très rare dans les collections (uniquement quelques spécimens connus). Elle vole à la cime des arbres et ne descend que très rarement au sol pour s’abreuver et est ainsi très difficile à capturer. Le mâle présenté ici a été capturé lors d’un voyage de SAR le Prince Albert, le 3 juin 1909. 31 © Musée Royal de l’Afrique centrale, 2014 13, Leuvensesteenweg 3080 Tervuren (Belgique) www.africamuseum.be Dépôt légal : D/2014/0254/03 Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays. Toute reproduction (même partielle), autre qu’à usage pédagogique et éducative sans fin commerciale, de cet ouvrage est strictement interdite sans l’autorisation écrite préalable du Musée royal de l’Afrique centrale, 13 Leuvensesteenweg, 3080 Tervuren (Belgique). Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit, photographie, microfilm, bande magnétique, disque ou autre constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 sur la protection des droits d’auteur. 32