Dossier x réalisé par Lucie Portejoie
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Dossier x réalisé par Lucie Portejoie y 52 y Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier SCPI En pleine mutation ‹ Quelle belle revanche ! Alors que les SCPI devaient être condamnées à disparaître du paysage de l'épargne au profit des OPCI, les voilà qui rencontrent désormais un vif intérêt. En plein cercle vertueux, elles ont entamé une métamorphose impulsée par une collecte annuelle dynamique. Rançon du succès, la concurrence s'intensifie, les sociétés de gestion redoublent alors d'efforts pour innover et trouver l'idée qui fera la différence. La mutation n'est donc pas terminée ! ‹ y 53 y Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie PARTIE I Tous les moyens sont bons pour performer ! E n 2013, le marché des SCPI a fait jeu égal avec 2012. En témoignent, les chiffres de l'IEIF(1) qui font état d'une collecte nette stable, d'un taux de distribution stable et d'une valorisation du prix moyen des parts... stable. Mais cette année « bis repetita » ne doit pas masquer la performance du véhicule d'investissement car comme le relève l'ASPIM(2), « avec un montant de plus de 3 milliards d'euros, la collecte brute des SCPI est proche de son record historique ». Pourtant ce n'était pas gagné d'avance. L'afflux de capitaux était en recul de 11 % au premier semestre 2013 par rapport à la même période de 2012. « Toute la Place s'attendait à une baisse de la collecte annuelle, mais il y a eu un rattrapage sur la seconde partie de l'année », explique Philippe Vergine, cofondateur et gérant de Primaliance. Rattrapage que personne ne semble pouvoir bien expliquer. Mais qu'importe, la collecte nette atteint précisément 2 499,83 millions d'euros et la collecte brute 3 026,27 millions d'euros. Alors oui, c'est peut-être un détail pour l'assurance vie, mais pour l'industrie de la SCPI ce chiffre veut dire beaucoup. Car en 2009, rappelez-vous, la collecte brute atteignait péniblement le milliard d'euros. L'année d'après, elle faisait plus que doubler. Ainsi depuis 2010, la collecte brute a franchi un palier supplémentaire qu'elle a chaque année confirmé. Un destin tout tracé Contrairement à ce que pressentaient les plus critiques d'entre nous, les sociétés de gestion ont très bien digéré cette déferlante de capitaux. Celle-ci a même été une véritable opportunité pour le marché, mais aussi pour l'investisseur. « Il y a quelques années, la capitalisation des SCPI oscillait autour d'une dizaine de milliards d'euros. De nombreux véhicules de petite capitalisation animaient alors le marché. Pour aller chercher du rendement, ils prenaient du risque en investissant dans des biens pour lesquels il y avait moins de demande, moins de profondeur. Sans être péjoratif, il y 54 y s'agissait bien souvent d'actifs de seconde zone situés en Province. Aujourd'hui, la capitalisation a été multipliée par trois. Grâce à l'afflux de collecte, les sociétés de gestion ont la capacité financière de se positionner sur des deals plus importants et de meilleure qualité, qui sont susceptibles d'être loués à des entreprises solides. Ainsi, en peu de temps les SCPI ont changé de nature, elles ont franchi une étape qui assure une meilleure protection du risque pour l'épargnant », fait savoir Laurent Fléchet, président du directoire de Primonial REIM. Même si certains ne veulent pas oser le rapprochement, les SCPI LE CHIFFRE 30 milliards d'euros Selon l'ASPIM et l'IEIF, la capitalisation des SCPI, en progression de 9,1 % sur les douze derniers mois, frôle la barre symbolique des n 30 milliards d'euros. Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier Dans la catégorie des plus grosses sociétés de gestion en termes de capitalisation, les lauréats sont... La Française REM (6,164 milliards d'euros), Amundi Immobilier (3,4887 milliards d'euros) et BNP Paribas n REIM (3,057 milliards d'euros). en montrant leur faculté de résistance dans un environnement d'épargne affaibli et loin d'être concurrentiel ont pu se démarquer, se faire connaître et convaincre. Il n'est pas sûr que les SCPI auraient rencontré le même destin si les marchés boursiers n'avaient pas dévissé avant d'être erratiques et si les taux longs n'avaient pas été aussi cramponnés à des niveaux planchers. « Il ne faut pas hésiter à rappeler que depuis 25 ans, les SCPI ont toujours distribué plus de 5 %. Il faut même le marteler, car quel autre produit financier peut se prévaloir du même historique ? », s'interroge Laurent Fléchet. Alexandre Claudet, directeur général délégué de PERIAL AM énonce une autre raison du succès des SCPI : « Les épargnants ont également pris conscience de la nécessité de se créer des revenus complémentaires une fois à la retraite. L'immobilier est une réponse pertinente à cette problématique patrimoniale mais l'investissement direct n'est pas à la portée de tout le monde en raison du montant du ticket d'entrée, de sa complexité et du temps de gestion qu'il exige. C'est pourquoi, je pense que les véhicules collectifs immobiliers, dont les SCPI font partie, sont aujourd'hui à la croisée des chemins, avec un développement encore plus puissant dans les années à venir ». Les souscriptions appellent les souscriptions, le succès appelle le succès... Les SCPI, comme tout produit qui voit sa cote monter, n'ont pas échappé à l'effet mou- Corum Convictions, la première SCPI en termes de rendement en 2013 ! Il y a moins de deux ans, Corum AM avait pris le marché à contre-courant en lançant Corum Convictions. « Nous avons transgressé les codes de l'investissement dans une SCPI en vendant non pas un produit immobilier mais plutôt une performance financière », fait savoir Frédéric Puzin le président de la société de gestion. Les objectifs sont pour le moins ambitieux : un rendement annuel de 6 % et une valorisation des parts comprise entre 1 et 2 % par an, en moyenne sur dix ans. Pour obtenir cette performance Corum Convictions poursuit une stratégie d'investissement très singulière. « Il faut être mobile et travailler en architecture ouverte afin de saisir les opportunités du marché », souligne Frédéric Puzin. Ainsi la SCPI peut investir en zone euro et dans tout type d'actifs : bureaux, commerces, santé, hôtels. Aucun secteur d'activité n'est privilégié. Aucun secteur n'est délaissé. « L'effet vertueux de cette stratégie est que nous ne sommes pas contraints d’acheter sur un marché défavorable aux investisseurs à un instant donné et rien ne nous empêche d’y revenir quand il offre à nouveau de belles opportunités. La conséquence naturelle de cette stratégie c’est une réelle diversification, une diversification à 360° par les profils des locataires, les typologies d'immeubles, les villes, les pays, les pratiques immobilières... et même fiscales », soutient le président de Corum AM. Avant d'ajouter : « Cette très grande diversification est un atout majeur car nous nous exposons moins au retournement potentiel d'un secteur ou d’une zone géographique comme c'est le cas de certaines SCPI dans lesquelles une classe d'actifs est prédominante ». Quelques sociétés de gestion, certainement les plus conservatrices, émettent des critiques très virulentes envers cette nouvelle génération de produit, n'hésitant pas à qualifier Corum Convictions de « SCPI fourre-tout » ou bien encore de « SCPI poubelle ». Un jugement erroné. « Nous développons un patrimoine de qualité et ça n’est pas une surprise... Corum Convictions n'a pas mis en avant un projet de SCPI « verte ». Nous n’avons pas communiqué sur la constitution d’un patrimoine composé d'actifs neufs ou très récents, et bénéficiant de baux supérieurs à sept ans. Pourtant, fin 2013, toutes ces caractéristiques sont réunies dans son patrimoine car notre liberté nous permet d’investir dans des conditions favorables », argumente Frédéric Puzin. Cette SCPI opportuniste a gagné son pari. Même si les acteurs du marché tiennent à ce qu'on analyse le support sur le long terme, on ne peut occulter que Corum Convictions se place pour la deuxième année consécutive en tête des SCPI à capital variable les plus rémunératrices en 2013 en servant 6,30 % à ses associés. Quant à la valeur de la part, elle s'est appréciée de 2 % au 1er juin 2013. Le véhicule d'investissement est uniquement distribué en direct par les CGPI qui ont collecté l'année dernière pas moins de 77 millions d'euros. « Le marché des CGPI est un marché exigeant. Là aussi les codes ont changé pour les SCPI et il ne suffit plus d’une communication chatoyante pour convaincre les professionnels dans la durée. Cette nouvelle donne est une opportunité. Je considère qu’une jeune société de gestion doit délivrer une performance et une prestation aux meilleurs standards du marché si elle veut espérer développer sa SCPI », fait savoir Frédéric Puzin. A l'heure actuelle il n'est donc pas prévu de lancement de nouveaux produits... Mais la question reste ouverte dans les prochaines années. « Quand année après année les associés, les distributeurs et le marché auront fait le constat que ma proposition est pertinente, j’envisagerai peut-être une n nouvelle offre », conclut-il. y 55 y Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 ‹ Dossier x réalisé par Lucie Portejoie } Les véhicules collectifs immobiliers, dont les SCPI font partie, sont aujourd'hui à la croisée des chemins, avec un développement encore plus puissant dans les années à venir Alexandre Claudet PERIAL AM tonnier. « Il n'y a pas si longtemps, la préconisation de SCPI était une activité à la marge pour un certain nombre de CGP. Aujourd'hui, le produit fait partie intégrante de leur offre », remarque Alexandre Claudet. Investisseurs et professionnels du patrimoine ont été certainement aussi conquis par la souscription à géométrie variable des parts de SCPI : au comptant, à crédit (cf. partie V page 71), en pleine propriété, en nue-propriété ou bien encore comme unité de compte, il y en a pour tous les goûts et tous les besoins patrimoniaux. Il est vrai qu'on peut lui reprocher son manque de liquidité, mais comme le remarque Philippe Vergine, cet inconvénient est en réalité une force : « Cela permet à la SCPI de ne pas être un produit volatil ». Le locataire en position de force Afin que la SCPI honore sa promesse d'être un produit de rente, toute cette liquidité a dû être investie. A ce sujet, le terrain de jeu des SCPI n'est plus trop le prime de Paris qui est excessivement concurrentiel provoquant alors une envolée des prix à des niveaux stratosphériques. Elles font plutôt leur marché en Ile-deFrance et dans les grandes métropoles. Mais ce n'est pas forcément de tout repos. Et l'expertise est un nécessaire préalable. « Entre 2005 et 2007, on pouvait acheter n'importe quel actif, ce n'était pas très grave puisque la valeur augmentait sans lien avec la qualité. Aujourd'hui, nous ne sommes plus dans ce monde-là. Celui dans lequel nous évoluons est bien plus compliqué. Il y a tout de même de la valeur à créer, à condition toutefois de bien acheter et de bien gérer », constate Laurent Fléchet. Certaines structures avouent tout de même n'avoir pas pu équilibrer la collecte et les investissements, les contraignant alors à placer une quote-part des capitaux en monétaire. Une pratique qui est gage de professionnalisme, mais qui a été sanctionnée par un rendement net affaibli. D'autres à l'inverse, n'ont pas attendu de collecter pour acheter. « Nous avons une dette de court terme sur Edissimmo qui sert de variable d'ajustement entre la collecte et les investissements pour éviter tout retard destructeur en termes de performance », explique Anne Duperche-Rabant, gérante SCPI au sein de Amundi Immobilier. Quant à Primonial REIM qui a été le plus gros investisseur sur 2013, il a réalisé la moitié de ses investissements en off market. Malgré l'absence de tension concurrentielle, les économies ne sont pas forcément substantielles. « C'est un peu plus intéressant d'un point de vue économique mais nous y 56 y LE CHIFFRE +35,6 % Avec un total de 522,6 millions d'euros de parts échangées en 2013, le marché secondaire des SCPI connaît une activité élevée : +35,6 % par rapport à 2012 pour les SCPI immobilier d'entreprise. Rapporté au montant de la capitalisation à fin 2013, ce marché reste toutefois une activité mesurée, le taux annuel de rotation des parts de SCPI ne dépassant pas n les 2 %. Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier Elysées Pierre de HSBC REIM : une collecte divisée par deux En 2012, la collecte brute de la célèbre SCPI de bureaux à capital variable était de 245 millions d'euros. En 2013, elle est tombée à près de 130 millions d'euros. Faut-il y voir une conséquence au désengagement de HSBC REIM sur le marché des CGPI ? Pour Dominique Paulhac, président du directoire de HSBC REIM le lien de cause à effet n'est pas si évident : « En 2012, les CGPI ont contribué pour moins de 20 % à notre collecte ». Et cette chute de la collecte ne doit pas susciter l'inquiétude. Bien au contraire. « Les niveaux drainés en 2012 étaient exceptionnels. Nous préférons travailler sur un rythme de collecte annuel de 150 millions d'euros qui est alors plus en adéquation avec notre stratégie d'investissement sélective », poursuit Dominique Paulhac. Ce dernier a voulu laisser un message aux conseillers indépendants : « Ce sont d'excellents professionnels, que ce soit en termes de conseils que de vente. Nous avons noué des relations fructueuses. Ce sont uniquement des raisons stratégiques qui nous ont motivés à produire et distribuer en interne ». Mais cette stratégie monodistributeur n'est pas pour déplaire aux sociétés de gestion concurrentes qui poursuivent leur stratégie de développement et de séduction auprès des CGPI, à l'image de Ciloger. « Nous voulons renforcer nos liens avec les conseillers indépendants et faire connaître nos produits », n explique Isabelle Rossignol. n'achetons pas non plus à un prix complètement déconnecté de la réalité. C'est un mode d'acquisition qui est gagnant pour les deux parties au contrat. En tant qu'acquéreur, il nous permet de travailler sereinement avec moins de pression, sans surenchère. Quant au vendeur, en évitant de faire un appel d'offre, il est alors en mesure de respecter ses délais de transaction », indique Laurent Fléchet De l'avis de toutes les sociétés de gestion, le gros du problème en 2013 s'est situé au niveau de la location. Il s'est alors matérialisé lors des renouvellements des baux par de généreuses mesures d'accompagnement consenties par les sociétés de gestion. « Plutôt que le locataire aille s'installer en face, nous préférons négocier avec lui », note David Seksig, gérant SCPI de Amundi Immobilier. Mieux vaut en effet faire des concessions sur le montant du loyer du locataire en place, que le laisser partir, constater une vacance et supporter des franchises importantes sur le nouveau bail signé. « Il peut y avoir d'autres sujets de négociation comme la réalisation de travaux d'amélioration », explique un gérant. Mais ces marchandages ne s'expliquent pas forcément par une situation financière délicate de l'utilisateur. « Avec les indexations successives que nous avons connues ces dernières années, les loyers peuvent atteindre des niveaux élevés, supérieurs à la valeur locative du marché pour les baux qui ont été signés avant 2008 », explique Anne DupercheRabant. Du coup, comme le souliy 57 y gne un professionnel, « en présence d'un bon locataire et si le loyer est hors-marché, il faut renégocier ». Le locataire est donc clairement en position de force. « Il y a très peu de communication sur les décotes consenties. Nous savons juste qu'elles sont importantes. Nous avons tendance à penser que l'écart se situe autour de 20 % et peut monter jusqu'à 33 % dans des zones en sur-offre pour les prises à bail de grandes surfaces appartenant à des grandes foncières (> 5 000 m²), ce qui est moins le cas dans les patrimoines de nos SCPI qui détiennent en majorité des immeubles avec des surfaces petites et moyennes (< 5 000 m²)», souligne Anne Duperche-Rabant. Mais si les efforts ont été vains, les sociétés de gestion ont profité de la vacance pour moderniser leur parc immobilier en réalisant soit des travaux, soit des arbitrages. « Les congés d'immeuble que peuvent connaître nos SCPI se transforment en opportunités », explique Alexandre Claudet. Les parades pour gonfler le rendement Dans ce contexte, le taux de distribution moyen par part s'établit à 5,13 % (4,90 % pour les 38 SCPI à capital variable). A ce sujet, nombreuses sont les sociétés de gestion à ne pas aimer cette notion de taux de distribution. « On peut lui faire dire ce que l'on veut », reproche un gestionnaire. Il suffit que le prix de la part baisse pour que le rendement soit mécaniquement en hausse... C'est pourquoi certaines structures préfèrent communiquer sur les revenus distribués aux associés en unité monétaire. Mais sur un marché abondant en liquidité et où les propriétaires et locataires jouent au marchand de tapis, certaines entités n'ont pas eu d'autre choix que de puiser dans le Report A Nouveau (RAN) pour lisser le rendement, d'autres ‹ Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie Résultats des SCPI immobilier d'entreprise en 2013 DVM 2013 (variation annuelle) Collecte nette en millions d'euros (variation annuelle) Marché secondaire réalisé en millions d'euros (variation annuelle) Collecte brute en millions d'euros (variation annuelle) Capitalisation en millions d'euros (variation annuelle) SCPI bureaux(1) 5,11 % (-2,29 %) 1 699,2 (-2,0 %) 428,4 (+47,8 %) 2 131,5 (+5,3 %) 20 224,4 (+9,1 %) SCPI commerces(1) 5,10 % (+3,45 %) 395,2 (-14,4 %) 60,4 (-8,5 %) 455,5 (-13,7 %) 4 163 (+11,6 %) SCPI spécialisées(2) 5,47 % (+4,19 %) 80,4 (+103,4 %) 1,7 (+84,9 %) 82,0 (+103,0 %) 189,6 (+66,0 %) SCPI diversifiées(3) 5,45 % (-1,27 %) 143,3 (+58 %) 21,7 (+3,8 %) 165,0 (+47,8 %) 1 752,5 (+12,4 %) SCPI immobilier d'entreprise 5,13 % (-1,35 %) 2 318,0 (-0,3 %) 512,2 (+35,6 %) 2 834,1 (+4,8 %) 26 329,6 (+10,0 %) Notes (1) Ce sont celles dont au moins 70 % du patrimoine est constitué de l'un de ces types d'actifs (2) Ce sont celles qui sont spécialisées sur un secteur identifié : logistique, Ehpad, logement étudiant, etc. (3) Ce sont celles dont aucun type d'actifs ne dépasse 70 % du patrimoine Source : ASPIM - IEIF ont versé une fraction de la plusvalue... Cette dernière manœuvre fait d'ailleurs débat au sein de la profession avec d'un côté les coutumiers du fait et de l'autre les réfractaires. « Notre politique est claire, nous ne distribuons pas de la plus-value à nos associés. Lorsque nous cédons les immeubles qui sont par exemple inadaptés au marché, nous réinvestissons le fruit de la cession », fait savoir Jean-Pierre Quatrhomme, président directeur général de Immovalor Gestion. Primonial REIM met en garde contre ce genre de pratique : « C'est un comportement palliatif qui peut être dangereux. Nous préférons servir à nos associés une distribution naturelle ». De l'autre côté du camp, Sofidy ne voit pas d'inconvénient à verser une fraction des gains. « Sur Immorente, nous avons distribué, en 2013, 1,20 ` prélevé sur les réserves de plus-values, un chiffre en diminution par rapport à l'année dernière où nous avions servi 1,38 ` de dividende exceptionnel. Il faut savoir qu'avec un patrimoine } Toute la Place s'attendait à une baisse de la collecte annuelle, mais il y a eu un rattrapage sur la seconde partie de l'année Philippe Vergine Primaliance y 58 y constitué de 1 800 actifs différents, des arbitrages doivent forcément être réalisés. Ils sont motivés par une obsolescence ou bien une offre que l'on ne peut pas refuser. Mais ces cessions restent très marginales puisqu'elles représentent moins de 1 % de l'actif », fait savoir Jean-Marc Peter, directeur général de Sofidy. Avant d'ajouter : « Nous pensons qu'il est alors tout à fait légitime qu'une partie des plus-values revienne aux associés. Dans notre cas, cette décision ne fait pas baisser le prix de la part étant donné que les biens vendus en 2013 ont été cédés à un prix supérieur à 23 % des valeurs d'expertise ». La SCPI Edissimmo d'Amundi Immobilier s'est également délestée d'une petite partie des gains réalisés au cours des dernières années. « Edissimmo est très souvent pointée du doigt du fait de son faible RAN. Je tiens à préciser qu'il a volontairement été réduit à son strict minimum avant la transformation de la SCPI en capital variable. Mais Edisimmo Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier LE CHIFFRE 12% Selon l'étude annuelle de Cushman & Wakefield, les montants investis par les SCPI sur l'immobilier d'entreprise français ont représenté 12 % de l'ensemble des investissements engagés. Ce sont les assureurs/mutuelles qui sont les premiers acquéreurs (24 %), suivis des fonds d'investissement (20 %) et des OPCI n (15 %). dispose de près de 140 millions d'euros de stock de plus-values immobilières réalisées, un véritable trésor de guerre. Cela équivaut à près de deux ans de distribution. C'est pour cette raison qu'Edissimmo peut se permettre de distribuer de la plus-value immobilière à ses associés sans que cela suppose une baisse de sa valorisation. De plus Edissimmo est une des rares SCPI ayant vendu en haut de cycle (haut du marché) et ayant pu cristalliser une plus-value latente sur des actifs qui aujourd’hui pourraient difficilement être cessibles (immeubles de seconde main avec des risques techniques et locatifs forts », tient à faire savoir Anne Duperche-Rabant. Pour dynamiser le rendement certaines SCPI n'hésitent à apporter une touche de diversification. C'est le cas par exemple de Rivoli Avenir Patrimoine et Edissimmo, deux SCPI de Amundi Immobilier, qui ont acheté en commun les murs du Club Med de Tignes à un taux de rendement immédiat de 7,25 %. « Nous avons acheté cet actif dans d'excellentes conditions, à 7,25 % de rendement, alors que des transactions comparables se sont faites plus chères sur des niveaux inférieures à 6 %. On a eu un bon timing », se réjouit David Seksig. Avant d'ajouter : « Tignes est une station de ski à haute altitude avec de la neige garantie à toutes les saisons. De plus on ne peut plus construire et l’hôtel en question se trouve au pied des pistes. Et cela a de la valeur ». Toujours dans une optique foncière, Rivoli Avenir Patrimoine veut également s'intéresser aux hôtels. Concernant la valorisation du prix de la part, l'IEIF fait état d'une très légère appréciation, de l'ordre de 0,66 %. « Cela signifie que les valeurs d'expertise se sont bien tenues. Il convient toutefois de préciser que le marché Dans la catégorie des SCPI qui ont le plus collecté, les lauréats sont... Primopierre de Primonial REIM (251,2 millions d'euros), Acimmo Pierre de BNP Paribas REIM (238 millions d'euros) et PFO2 de PERIAL n AM (224,4 millions d'euros). y 59 y est dichotomique. Dès que l'actif présente des défauts, il est très sanctionné. En revanche, pour les actifs prime très demandés, les valeurs se sont orientées à la hausse. Les SCPI achètent entre ces deux types d'actifs, c'est pour cette raison que sans surprise les valeurs ont oscillé entre -1 et +1 % », explique Philippe Vergine. Certaines SCPI s'endettent pour booster la performance. Comme celles de Sofidy avec une singularité pour Immorente 2. Ce support à capital fixe créé en juillet 2011 et en augmentation de capital jusqu'au 30 juin 2014 – sauf clôture anticipée – a pris le parti de jouer à plein l'effet de levier du crédit. Elle a recours à l'endettement pour 50 % de la valeur de son patrimoine. Il s’agit d’emprunts contractés sur des durées longues (10 à 15 ans), généralement amortissables, avec des garanties hypothécaires et sans aucun covenant financier sur la société. Au 31 décembre 2013, le coût moyen de la dette s'élevait à 3,09 %. Les emprunts à taux fixe représentaient 63,1 %, le reliquat étant des emprunts à taux variable. Avec la mise en place d'une stratégie ‹ Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie d'acquisition réalisée partiellement à crédit, le profil de performance d'Immorente 2 est orienté vers une appréciation régulière du prix de la part et une politique de distribution de dividendes plus modeste que la moyenne du secteur (objectif de 2 à 3 % les premières années). « Courant 2013, 14 nouveaux murs de commerces de centre-ville ont été acquis pour un montant global de près de 13 millions d’euros. La SCPI dispose ainsi aujourd’hui d’un patrimoine de grande qualité composé de 50 actifs entièrement loués et qui permettent de dégager de très bons résultats. Outre l’augmentation de 27 % du dividende qui passe de 6,60 ` à 8,40 ` par part, soit un PARTIE II E n 2013, selon l'IEIF, la collecte nette des SCPI fiscales s'est élevée à 181,8 millions d'euros. Un résultat en hausse de 1,3 % par rapport à 2012 mais qui est bien loin des niveaux enregistrés en 2009. A cette époque, le montant des nouvelles souscriptions avait bondi de 201 % pour s'élever à 490 millions. Du ja- Dans la catégorie des sociétés de gestion qui ont le plus collecté en 2013, les lauréats sont... Primonial REIM (374,1 millions d'euros), BNP Paribas REIM (278,4 millions d'euros) et La Française n REM (276,4 millions d'euros). taux de distribution sur valeur de marché de 3,30 % pour 2013, nous avons capitalisé en RAN plus de 5 ` par part. L’exercice 2013 vient conforter notre confiance dans Immorente 2 et dans sa capacité à générer de la performance grâce à une revalorisation régulière du prix de la part. Après la progression du prix de la part de +4,17 % en 2012 et de +2 % en 2013, les valeurs d’expertises au 31 décembre 2013 en hausse d’environ 3 % permettent d’envisager mécaniquement une hausse de la valeur de reconstitution de la part de plus de 5 % (grâce à l’effet de levier du crédit) et ouvrent de très bonnes perspectives pour 2014 », explique Sofidy dans son communiqué de n presse. Notes (1) Institut de l'Epargne Immobilière et Foncière (2) Association française des Sociétés de Placement Immobilier Les SCPI fiscales, si si ça marche ! mais vu ! Les SCPI fiscales, sous perfusion de loi Scellier avaient drainé 56 % de la collecte globale des SCPI... Aujourd'hui, la proportion est de 7 %. Un beau gadin. Il s'explique en grande partie par un enthousiasme beaucoup plus mesuré envers l'héritier du Scellier. Dès son intronisation et parce qu'il a toujours été mis en y 60 y comparaison avec son prédécesseur, le Duflot a essuyé un certain nombre de critiques. L'avantage fiscal n'était pas assez attractif, la location consentie en secteur intermédiaire était jugée trop contraignante et pas assez rémunératrice. La loi Duflot avait mauvaise presse. C'est pourtant en plein ramdam médiatique Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier Y a-t-il un marché secondaire des SCPI fiscales ? Dans la théorie, le bénéfice de l'avantage fiscal du Duflot et du Malraux est conditionné à la conservation des parts durant neuf ans, à compter de la mise en location par la SCPI du dernier logement. Pour les SCPI de déficit foncier, la durée de blocage est plus courte. L'investisseur est en effet invité à garder ses parts durant trois ans à compter de la dernière déduction des déficits fonciers sur le revenu global s'il veut conserver les économies d'impôt réalisées. Donc une fois ces délais passés, l'associé pourrait alors être en mesure de revendre ses parts... En principe... Car encore faut-il qu'il trouve un repreneur sur le marché secondaire, parce que ce dernier ne peut se prévaloir d'aucun avantage fiscal... Du coup pour compenser cet écueil, le cédant devrait alors pratiquer une sérieuse décote sur le prix de vente. « On pourrait imaginer un prix divisé par deux », note Philippe Gury. Il n'est donc pas certain que l'opération soit bien rationnelle. C'est pourquoi dans leur prospectus, les sociétés de gestion mentionnent la même petite phrase : « Le souscripteur ne peut espérer récupérer son argent qu’à la dissolution de la société ». Dissolution qui n'intervient pas avant 15 ans et qui doit prendre en compte la période inhérente à la vente du patrimoine. Mais cette illiquidité durant la vie du produit n'est pas un frein à la souscription, comme le souligne Philippe Gury : « Nous vendons nos SCPI comme des produits non disponibles, en conseillant à nos clients de conserver leurs parts jusqu'au terme. C'est plutôt bien accepté. Les investisseurs ont conscience que la SCPI s'appréhende sur le long terme, le taux de rotation est de 2 % sur les SCPI de rendement. Je ne vois pas pourn quoi ce serait différent en matière de SCPI logement ». que deux sociétés de gestion ont pris la décision de lancer une SCPI Duflot à quelques semaines d'écart : Ciloger, le pionnier avec Ciloger Habitat 4 et La Française REM en tant que challenger avec Multihabitation 7. Des têtes brûlées ? Non, car la loi Duflot au travers de l'enveloppe SCPI présente quelques atouts qui ont su vraisemblablement séduire. Les SCPI Duflot jouent l'effet de rareté Sans se soucier de la gestion locative, l'investisseur peut se prévaloir d'une réduction d'impôt de 18 % (étalée sur 9 ans ) sur la base de 95 % du montant souscrit dès l'année de souscription. Comme l'investissement se fait en parts et qu'il est possible à partir de quelques euros (600 euros pour celle de Ciloger et 1 500 euros pour celle de La Française REM), le contribuable peut calibrer son engagement pour bénéficier d'une réduction adaptée à sa situation fiscale. « La SCPI Duflot peut avoir un intérêt pour les contribuables qui n'ont pas atteint le seuil du plafonnement global des niches fiscales », indique Marc Bertrand, directeur général de La Française REM. Pour toutes ces raisons, mais aussi certainement parce que l'offre est limitée et écoulée dans des réseaux bancaires dont la frappe commerciale n'est plus à démontrer, le support a reçu un bon accueil. « Notre SCPI Ciloger Habitat 4 a collecté 22 millions d'euros. C'est très comparable à la collecte de notre SCPI Scellier de 2013 qui s'établissait à 23,5 millions d'euros », fait savoir Isabelle Rossignol, président du directoire de Ciloger. La Française REM qui avait atteint son objectif de collecte en seulement quelques mois – grâce notamment au partenariat avec l'UFF - a dû lancer un second pro- duit, baptisé de façon originale Multihabitation 8, pour satisfaire la demande. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le montant moyen souscrit n'est pas ridicule. « L'associé le plus souvent âgé entre 50 et 60 ans a souscrit en moyenne 39 000 `, un investissement généralement au comptant », précise Isabelle Rossignol. Par ailleurs, limiter l'éligibilité du dispositif aux seules locations en secteur intermédiaire est finalement plus une force qu'une défaillance. « En secteur intermédiaire, on s'aperçoit que la stabilité du locataire est renforcée, note Isabelle Rossignol. Du coup la disposition de la loi Alur qui ramène le préavis de trois à un mois dans les zones tendues va avoir moins d'incidence ». Par ailleurs comme en secteur intermédiaire les loyers sont plafonnés à 20 % en dessous des loyers de marché, l'autre mesure phare de la loi Alur qui prévoit un encadrement des loyers n'aura alors pas vocation à s'appliquer. Les contribuables n'ont pas été seulement motivés par la carotte fiscale. Ils auraient été sensibles selon les gérants à la stratégie d'investissement poursuivie. « A ce jour, nous avons quatre programmes réservés situés en région parisienne, à Lyon et à Montpellier. Tous les logements sont sélectionnés au regard des nor- } Le succès de la collecte démontre bien que la fiscalité délicate des déficits fonciers a été comprise tant par les conseillers que par leurs clients Philippe Gury Avenir Finance y 61 y Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 ‹ Dossier x réalisé par Lucie Portejoie } Nous agissons comme des artisans tout en offrant une sécurité industrielle Franck Temim Urban Premium mes environnementales et bénéficieront du label BBC ou RT2012. Le contexte immobilier devrait permettre à Ciloger Habitat 4 de bénéficier d’une fenêtre favorable auprès des promoteurs et, sur des projets très en amont, de faire prendre en compte ses propres descriptifs. Ainsi, la diversification et l’investissement par le biais du support SCPI demeurent des atouts supplémentaires », indique Isabelle Rossignol qui espère distribuer à ses associés un rendement de 2,5 % hors avantage fiscal. Les estimations de La Française sont un peu plus hautes puisque la société de gestion vise un taux de distribution compris entre 2,80 % et 3 %. Les deux véhicules sont encore ouverts à la souscription en 2014 : jusqu'au 30 novembre 2014 pour Multihabitation 8 et jusqu'au 30 juin pour Ciloger Habitat 4. « Mais nous n'excluons pas de prolonger la commercialisation jusqu'à la fin de l'année », fait savoir le président du directoire de Ciloger. Les SCPI Malraux et déficit foncier en plein épanouissement Dans la famille des SCPI fiscales, on trouve également des SCPI spécialisées dans l'immobilier ancien à réhabiliter. On entre alors dans un univers radicalement différent de celui des SCPI Duflot, dans lequel les sociétés de gestion dénichent des biens à rénover pour leur donner leur éclat d'antan. « Nous réalisons un travail de dentelle », explique Franck Temim président d'Urban Premium. Avant d'ajouter : « Nous agissons comme des artisans tout en offrant une sécurité industrielle ». Cette offre est en pleine croissance, les produits se multiplient et la collecte s'emballe. Chez Urban Premium, les capitaux drainés par ses SCPI de déficit foncier ont triplé en trois ans pour s'établir en 2013 à 32 millions d'euros. Chez Avenir Finance qui commercialise une SCPI de déficit foncier, le cru 2013 a été exceptionnel. « Entre le lancement commercial de Renovalys 4 qui a eu lieu en mai 2013 et le 31 décembre 2013, nous avons capté 25 millions d'euros. Un record ! », souligne Philippe Gury, responsable produits de la société de gestion lyonnaise. Alors qu'en 2012, les SCPI rénovant de l'ancien captaient 50 % de collecte des SCPI de logement, le taux était de 75 % l'année dernière. Une expansion qui ne s'est pas forcément faite au détriment du Duflot, comme le souligne Franck Temim : « L'immobilier à réhabiliter qui était auparavant un objet de curiosité est devenu aujourd'hui une classe d'actifs à part entière ». Bien sûr, les contribuables souscrivent en premier lieu pour optimiser leur pression fiscale. Ceux qui ont des déficits fonciers positifs s'orienteront plus naturellement vers la SCPI de déficit foncier. Ils sont d'ailleurs plutôt nombreux à être dans cette situation. « On estime à deux millions, y 62 y le nombre de personnes qui dégagent des bénéfices fonciers », précise Franck Temim. Ce type de SCPI a été lancé récemment sur le marché, en 2009 pour être précis. C'est Avenir Finance qui a été le précurseur et qui a depuis été rejoint par trois autres sociétés de gestion (Urban Premium, Intergestion et La Française REM). 2009 n'est pas une année anodine, c'est à cette date-là que la chasse aux niches fiscales a été ouverte. Car la SCPI de déficit foncier a un formidable atout, elle puise son avantage fiscal dans le régime de droit commun. Il n'est donc ni soumis au plafonnement des niches fiscales, ni aux changements d'humeurs des poliGestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier Que l'on soit sur une SCPI Malraux ou bien une SCPI de déficit foncier, c'est l'histoire qu'elles peuvent raconter aux investisseurs qui séduit, au-delà de l'avantage fiscal à la clé tiques. Au-delà d'être protégé, cet avantage fiscal est devenu puissant face à une concurrence qui s'est atténuée. Selon un exemple fourni par Avenir Finance, l'économie d'impôt (pour une personne imposée dans une TMI de 45 % Le saviez-vous ? Les SCPI Malraux et de déficit foncier cherchent à booster le rendement en investissant dans des immeubles pouvant disposer de locaux comn merciaux en pied d'immeuble. dont les revenus fonciers sont supérieurs au déficit foncier généré, et pour une souscription de Renovalys 4 de 100 000 `) va de 23 % à 28 % selon le montant des travaux alloués. Et la complexité du traitement fiscal n'est vraiment pas un frein. « Compte tenu de la nature de l'avantage fiscal, il est vrai qu'il est plus facile de vendre une SCPI Duflot qu'une SCPI de déficit foncier. Mais le succès de la collecte démontre bien que la fiscalité délicate des déficits fonciers a été comprise tant par les conseillers que par leurs clients », fait savoir Philippe Gury. Il faut par ailleurs préciser que selon les SCPI, les travaux sont ou non étalés sur deux exercices fiscaux, de y 63 y sorte que l'imputation des déficits fonciers aura lieu en totalité au titre de l'année de souscription ou sur deux années. Quant à la SCPI Malraux, elle permet une réduction d'impôt « one shot » de 18 % du montant de la souscription qui n'est pas non plus soumise au plafonnement des niches fiscales. Urban Premium remarque que les souscriptions n'interviennent pas forcément au dernier moment, quelques jours avant la fin de l'exercice fiscal : « Nous recevons des souscriptions au cours du premier semestre, ce sont souvent des contribuables qui sont dans une logique d'optimisation de leur patrimoine. Sans être pressés, ils chercheront à investir à crédit dans les meilleures conditions tarifaires ». Le véhicule d'investissement fait l'objet d'un certain nombre de préjugés, tant au niveau du sourcing qu'au niveau du rendement attendu. Préjugés que Franck Temim tient à faire taire. « Le sourcing n'est pas un frein, il n'est pas limité comme certains le prétendent. De nombreux dossiers se présentent à nous de façon spontanée et nombreux sont ceux qui ne passent pas notre filtre de validation. Nous avons sélectionné par exemple des biens en secteur sauvegardé dans des villes moyennes comme Rennes, Nîmes, Montpellier, mais également dans des agglomérations plus importantes. L'année dernière nous avons réalisé une opération dans le centre-ville de Bordeaux, à proximité de la rue Sainte Catherine ». Quant au niveau du rendement, Urban Premium signale qu'elle facture le loyer du marché. Il n'y a donc aucune majoration liée aux travaux, mais de cette façon le locataire est plus facile à trouver. « Nous recherchons un rendement cible autour de 2,30 à 2,50 % ce qui est une belle proues- ‹ Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie se pour des actifs de centre-ville. Elle est rendue possible grâce à la maîtrise des coûts des travaux », poursuit-il. Ainsi Urban Premium a l'intention de proposer cette année une offre sur le dispositif Malraux. Amundi Immobilier et Intergestion ont également prévu de commercialiser une offre en 2014. Par ailleurs, que l'on soit sur une SCPI Malraux ou bien une SCPI de déficit foncier, c'est l'histoire qu'elles peuvent raconter aux investisseurs qui séduit, au-delà de l'avantage fiscal à la clé. « Nous avons acheté un hôtel particulier à Lyon à la limite du 9e, un appartement du XIXe siècle de l'an- cien gouverneur de la Banque de France situé à Lille rue Royale, un immeuble complet à Toulouse rue Alsace-Lorraine. Ce sont des types d'acquisitions auxquelles sont sensibles les investisseurs et qui sont très sécurisés. Au-delà du potentiel de valorisation, ces biens pourront être plus facilement revendables à la liquidation du support, comme biens de rapport ou comme résidences principales », note Philippe Gury. Urban Premium affiche la même philosophie : « Notre offre est fondée sur les cœurs de ville, un positionnement motivé par le profil de risque solide des biens qui y sont situés, par leur qualité, leur capacité avérée à traverser le temps et par la volonté de la société de gestion de participer au mouvement de requalification et de redynamisation des centres-villes », fait savoir Franck Temim. Ceci étant, la société de gestion mène une politique de rénovation très singulière : « Nous sommes soucieux d'intégrer une dimension environnementale dans les travaux de réhabilitation menés étant convaincus qu'elle contribuera à la valorisation de l'actif ». La maîtrise de l'énergie n'est donc pas uniquement une problématique traitée dans l'immobilier du n neuf. PARTIE III Plaidoyer pour l'immobilier de commerce de centre-ville Interview de Jean-Marc Peter, directeur général de Sofidy. plement parce que l’immobilier commercial s’est toujours illustré comme une protection, lors de périodes de crises ou de chocs de marchés. Plusieurs facteurs participent conjointement à la valorisation et au rôle « d’amortisseur de crise » des murs commerciaux. P ourquoi ressentez-vous le besoin de défendre l'immobilier de commerce de centre-ville ? Jean-Marc Peter : Tout sim- Quels sont les facteurs auxquels vous faites allusion ? JMP : On peut tout d'abord citer la bonne tenue de la démographie et de la consommation domestique des ménages, qui depuis les années 1960 connaissent une progression régulière et résistante y 64 y dans le temps. Il ne faut pas non plus oublier le soutien des touristes. Sur ce point, il faut savoir que si la France est la première destination touristique au monde avec 83 millions de visiteurs étrangers en 2012, dont 35 à Paris, elle est 9e en termes de chiffre d'affaires généré par visiteur (647 dollars). Si on regarde le verre à moitié plein, cela signifie qu'il y a un potentiel à exploiter considérable pour générer de la consommation supplémentaire. D'autres facteurs de valorisation peuvent être cités comme la rareté des boutiques de pied d'immeuble et le phénoGestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier LE CHIFFRE 51,1 milliards d'euros Le e-commerce a généré pas moins de 51,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2013, soit une hausse de 12,5 % par rapport à 2012. Cela représente plus de 600 millions de transactions en ligne. Ceci étant, le panier moyen est en baisse en s'établissant à 84,5 ` contre 87,5 ` un an plus tôt. n mène de retour du commerce de proximité en centre-ville auquel nous assistons depuis quelques années. Justement, comment expliquezvous que les commerces de proximité partent à la reconquête des centres-villes ? JMP : Ce phénomène est la conséquence directe du vieillissement de la population. Cela n'a échappé à personne, depuis quelques années, les ex-babyboomers commencent à partir à la retraite. Or on se rend compte que ces personnes sont enclines à payer des services et des biens plus chers à la condition que ceux-ci soient proposés à proximité. Il y a un autre paramètre à prendre en compte, à savoir le renchérissement du coût du transport. L'augmentation régulière du prix de l'essence tend à restreindre progressivement les déplacements en vue d'accomplir des actes d'achats. Ainsi, les grandes enseignes se taillent un nouveau format pour réinvestir les centresvilles. C'est le cas par exemple du groupe Carrefour avec Carrefour City, de Auchan avec Little extra, de Monoprix avec Monop' ou bien de Casino avec Marché Plus. La loi handicap milite également en faveur des surfaces commer- ciales dans les centres-villes... JMP : La loi handicap qui devait s'appliquer en 2015 va certainement prendre du retard. Mais on se rend compte qu'avant même son entrée en vigueur, les activités libérales qui accueillent du public recherchent des surfaces en rez-de-chaussée compatibles avec la future loi, plutôt que de se mettre en conformité. Car bien souvent leurs locaux d'activités situés en étage ont des ascenseurs beaucoup trop étroits pour accueillir un fauteuil roulant. Le e-commerce menace-t-il les commerces de centre-ville ? JMP : Le chiffre d'affaires sur internet a connu une augmentation brutale, mais si on retraite celui des voyagistes, notamment celui de la SNCF qui est considérable, et si on considère qu'il y a une baisse du panier moyen depuis une année, le constat est plus nuancé. Je pense même qu'internet est très loin de compenser le commerce physique, notamment parce qu'il y a des services classiques que l'on peut difficilement trouver sur la toile, c'est le cas par exemple du coiffeur, du pressing, du tabac ou de la restauration. Il ne faut pas non plus oublier les services liés au soin du corps qui se développent dans les grandes agglomérations. Je pense aux instituts de beauté, ongleries et centres de remise en forme. Mais je ne suis pas pour autant en train de vous dire que le e-commerce est totalement indolore pour les surfaces commerciales. Néanmoins, lorsque les pure-players, à un moment donné dans leur stratégie de développement veulent une présence physique pour flatter leur image ou pour vendre davantage, ils privilégient les surfaces de centre-ville au détriment des surfaces en périphérie. L'exemple le plus connu c'est Apple Store, mais vous avez aussi Numericay 65 y ble. Une boutique a ouvert dans l'endroit le plus cher de la rue de Passy dans le 16e arrondissement de Paris. Les physiques vont sur internet, mais l'internet va aussi sur le physique. Les boutiques de luxe n'échappent pas non plus à ce phénomène... JMP : Tout à fait. Les enseignes du luxe ne constituent pas l'intégralité de nos locataires, mais nous en avons quelques unes. Elles ont tendance à s'exprimer dans les centres-villes. Mais celles qui sont à la lisière du luxe sont également d'importants preneurs de bail sur Paris et dans les grandes agglomérations, à l'image du Groupe CMPS (Claudie Pierlot, Maje, Sandro), ex-LVMH qui a été racheté par un fonds d'investissement. Il n'y a pas forcément que le prêt-à-porter qui veut une vitrine en centre-ville, le fabricant de matériel de sonorisation Bose qui s'était initialement développé sur internet et qui revendique un positionnement haut de gamme commence à rechercher une présence physique pour renforcer sa visibilité. Le commerce de centre-ville est-il un marché innovant ? JMP : Il ne faut pas sous-estimer l'innovation, la créativité et le dynamisme du secteur. Il y a 50 ans, il y avait des drogueries qui vendaient un peu de tout. Aujourd'hui, tout est segmenté, sous-sous segmenté, avec des leaders nationaux et internationaux. Des concepts se créent en permanence. Qui pouvait imaginer qu'il y aurait des boutiques de capsules de café qui feraient un tabac, si n'est les concepteurs ? Regardez également M&M's qui ouvre des boutiques. Ou bien encore Cash Converters, une enseigne qui à la faveur de la crise s'est développée en périphérie et que l'on retrouve maintenant sur Paris. Le secteur du luxe est ‹ Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie Part de l’investissement de commerces Evolution des loyers par produits Source : Amundi Immobilier, CBRE, Cushman & Wakefield, RCG LE CHIFFRE +0,1 % Selon l'Insee, en évoluant de +0,1 %, la consommation des ménages français est repartie en légère hausse en 2013, après avoir reculé de 0,5 % en 2012. n également innovant. Nous avons par exemple au sein de notre portefeuille un actif qui loue à Farrow & Ball, une société qui s'est spécialisée dans la vente de peinture avec une infinité de nuanciers. On entre dans cette boutique haut de gamme comme on entrerait dans une bijouterie. Dans l'hypothèse où une surface commerciale de pied d'immeuble perdrait tout ou partie de sa commercialité, quelle serait alors la valeur résiduelle de cette surface ? JMP : Vous avez tout à fait raison d'évoquer le scénario du pire. Dans cette hypothèse, nous pensons que la valeur résiduelle de l'actif situé dans les grandes agglomérations, et plus particulièrement dans Paris, n'est absolument pas nulle mais corrélée à la valeur du logement qui l'entoure. Quel rendement locatif visez-vous sur ces segments d'actifs ? Votre collecte est-elle aujourd'hui dilutive, comme certains le prétendent ? JMP : Je suis très surpris par votre seconde question. En 2013, sur Immorente, le résultat par part est en augmentation, sachant que nous avons moins versé de dividendes exceptionnels et que nous n'avons pas puisé dans le RAN. Dites-moi alors comment d'un côté nous pouvons avoir un résultat positif par part et de l'autre afficher une collecte dilutive ? Si on reprend l'exemple d'Immorente, le rendement des actifs achetés est stable d'une année sur l'autre passant de 6 % en 2012 à 5,9 % en 2013. Vous pourriez alors me demander comment en achetant à 6 %, Immorente arrive tout de même à délivrer à ses associés du 5,25 % ? C'est tout simplement en utilisant l'effet de levier du crédit. La moitié des investissements a été réalisée à crédit au taux de 3,20 %, c'est donc comme si nous achetions à 7,3 %. Sinon pour répondre à votre première question, nous acquérons nos actifs entre 5 et 7,5 %. A Paris les rendements peuvent descendre à 3 % mais des biens à 5,5 % et 6 % peuvent se trouver. Dans les grandes métropoles, le rendement locatif oscille entre 5,5 % et 6 %. Enfin dans des petites villes, comme Vichy, y 66 y les actifs rapportent entre 6 et 7 % voire plus. Mais dans les villes en dessous de moins de 100 000 habitants, il est primordial d'investir dans les meilleures rues. Par ailleurs, autant que possible, nous recherchons des biens dont les loyers sont inférieurs ou égaux à la valeur du marché permettant d'une part d'avoir un locataire qui soit le mieux à même de payer et d'autre part d'augmenter le loyer au fil du bail. Quelle analyse faites-vous des moyennes surfaces en périphérie ? JMP : Nous avons tendance à vendre ces actifs acquis dans les années 1990 dans de bonnes conditions puisque personne n'en voulait, au profit des commerces de centre-ville. Fin 2013, sur Immorente la poche des moyennes surfaces de périphérie représentait 37 % de sa capitalisation, mais elle est montée jusqu'à 50 % il y a quelques années. Je tiens à préciser que les ventes génèrent de belles plus-values, dont une quote-part est délivrée aux associés. En fait, nous procédons à de tels arbitrages parce que ce sont des actifs qui souffrent de la crise et d'internet. Si le centre-ville bénéficie d'une certaine force de rappel que nous avons évoquée précédemment, celle-ci est inexistante sur le segment des commerces Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier en périphérie, sauf peut être pour les centres commerciaux autour desquels gravitent trois à quatre petites villes. A ceci s'ajoute un marché complètement déséquilibré avec une offre supérieure à la demande en raison d'un assoun plissement réglementaire. PARTIE IV LE CHIFFRE 1,6 milliard d'euros D'après Cushman & Wakefield, 1,6 milliard d'euros ont été investis en rues commerçantes, soit 39 % de l'ensemble des volumes investis en commerces. Ce montant est en baisse de 13 % d'une année sur l'autre en n raison de la diminution du nombre des très grosses opérations. Le paradoxe du marché du bureau Interview de Dominique Paulhac, président du directoire au sein de HSBC REIM. C omment se comporte le marché du bureau ? Dominique Paulhac : En s'établissant à 1,8 million de m2, la demande placée en Ile- de-France sur le segment des bureaux s'est contractée de 25 % par rapport à 2012. Ce décrochage n'est pas une grande surprise. L'état général de l'économie française n’a pas encouragé les entreprises à se projeter dans l'avenir, et elles ont préféré rester prudentes en termes de mouvements. Cette tétanisation s'est particulièrement ressentie au niveau des grandes entreprises, les transactions locatives de grande envergure ayant subi un coup d'arrêt. Il faut savoir qu'une opération de prise à bail pour une entreprise importante est non seulement y 67 y coûteuse mais engendre un certain nombre de dérangements. S'il intervient, le déménagement n'est pas forcément motivé par des raisons économiques, il peut s'inscrire dans une logique d'efficacité, de rationalisation de l'outil de travail et de recherche d'un cadre plus agréable pour les salariés. Mais quand les temps sont incertains, la tendance est plutôt de se maintenir dans les locaux, et de résoudre d'autres problèmes plus prioritaires. La situation est-elle préoccupante ? DP : Il ne faut pas dramatiser la ‹ Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie situation, le marché locatif n'est pas inexistant. 1,8 million de m2 de bureaux placés est un chiffre significatif, la moyenne historique se situant entre 2 et 2,5 millions de mètres carrés. On estime que le marché est bien équilibré lorsqu’il y a une croissance économique légèrement supérieure à 1 point de PIB. En dessous de ce seuil, le marché est plus favorable au locataire, à l'inverse, lorsqu'on le dépasse, le climat est plus porteur pour les entreprises, qui formulent des projets et prévoient de recruter. Comment peut-on avoir d'un côté une baisse de la demande placée et de l'autre un marché de l'investissement dynamique, le volume annuel d'engagements en immobilier s'élevant à 15,8 milliards d'euros en 2013, un chiffre stable par rapport à 2012 et qui se situe dans la moyenne décennale ? N'est-ce pas une situation paradoxale ? DP : Malgré la conjoncture économique morose et l'essoufflement de la demande locative, le marché de l'investissement a été en effet très actif. Cela s'explique par le fait que les liquidités sont abondantes sur le marché de l'immobilier d'entreprise. Les taux sans risque se situent à des niveaux extrêmement bas, entre 1 et 2 %, or l'immobilier d'entreprise offre des rendements allant de 4 à 8 % suivant l'emplacement de l'actif et la situation locative. Les investisseurs institutionnels peuvent acheter de l'OAT, ce qui est bien, mais ils peuvent aussi regarder l'immobilier d'entreprise, ce qui peut être mieux au regard de la prime de risque. Du coup, le marché sur lequel nous intervenons est très concurrentiel, animé par divers acteurs, des SCPI bien évidemment, mais aussi des foncières privées, des assureurs et des fonds étrangers. Taux de rendement locatif prime au 1er janvier 2014 Bureaux Paris Centre Ouest 4,25 % - 5,50 % Bureaux La Défense 6,00 % - 7,25 % Bureaux Croissant Ouest 4,85 % - 9,50 % Bureaux 1ère couronne 5,90 % - 9,00 % Bureaux 2e couronne 6,50 % - 12,00 % Bureaux Régions 5,70 % - 8,00 % Logistique 7,00 % - 8,00 % Locaux d'activités France 8,25 % - 12,00 % Parcs d'activité France 8,00 % - 10,00 % Boutiques France 3,90 % - 9,50 % Centre commerciaux France 4,50 % - 7,75 % Retail Parks France 5,50 % - 9,50 % Source : Amundi Demande placée annuelle en Ile-de-France Source : Crédit Foncier Immobilier /IPD-Immostat Investissement immobilier d'entreprise banalisé * en France * Immobilier d’entreprise banalisé : bureaux, commerces, entrepôts, locaux d’activités Source : Crédit Foncier Immobilier /IPD-Immostat y 68 y Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier Cette pression de la demande fait-elle beaucoup baisser les taux ? DP : Je dirais que la concurrence fait baisser les taux de 50 points de base en moyenne, ce qui se répercute alors sur le prix de l'immobilier. Dans cette configuration, pour un actif affichant un rendement locatif de 5 %, les prix peuvent mécaniquement s'apprécier de 10 %. Mais il s'agit bien d'une hausse mécanique, la situation du bail peut par exemple influer sur le prix de vente. Il sera en effet plus compliqué pour un immeuble dont le bail arrive à échéance dans quelques mois de le vendre à un prix élevé. Dans ce contexte, comment se comportent les loyers et les va- leurs d'expertise ? DP : Les valeurs d'expertise sont stables voire orientées à la hausse en raison d'une légère compression des taux de rendement. Si les loyers faciaux ont tendance à se maintenir, les loyers de renouvellement ou de nouvelle location, à immeuble comparable, sont plutôt orientés à la baisse, grâce aux franchises et diverses mesures d'accompagnement. Cette dichotomie entre les loyers faciaux qui restent élevés et les loyers économiques brouille la lecture du marché et rend l'exercice d'investissement et de gestion plutôt compliqué. D'autant qu'il faut avoir une vision dynamique et arriver à se projeter. La crise ne va pas perdurer, et la reprise pourra permettre aux loyers de marché de rattraper les loyers faciaux. La situation est vraiment compliquée, même pour les experts. Est-ce que les bureaux sont plus sensibles à l'activité économique que les commerces ? DP : On a tendance à dire que les bureaux sont plus exposés. Mais je serais plus nuancé, parce que sous le vocable local commercial, se cachent des actifs de nature très hétérogène puisqu'il englobe aussi bien les centres commerciaux, que les boutiques de pied d'immeuble de centre-ville ou bien encore les zones commerciales situées dans une périphérie de zone secondaire. Or certains segments s'en sortent mieux que d'autres à l'image des grands centres commerciaux ou bien ‹ Des secteurs d’activités très dynamiques SCPI FONCIA CAP’HEBERGIMMO t3ÏTJEFODFTÏUVEJBOUFT t3ÏTJEFODFTQPVSQFSTPOOFTÉHÏFT t$FOUSFTEFDPOGÏSFODF t.BJTPOTEFSFUSBJUF t4BMMFTEFTÏNJOBJSFT t)ÙUFMMFSJFy "DDÏEF[JOEJSFDUFNFOUËMJOWFTUJTTFNFOU EBOTMIÏCFSHFNFOUTQÏDJBMJTÏ ËQBSUJSEFé Une solution d’investissement abordable avec la constitution progressive d’un capital immobilier et la distribution d’un revenu trimestriel potentiel -FT4$1*QSÏTFOUFOUVOSJTRVFEFQFSUFFODBQJUBM FUMFTSFWFOVTOFTPOUQBTHBSBOUJT >4$1*ËDBQJUBMWBSJBCMF >4PVTDSJQUJPOPVWFSUFMF >1SJYEFTPVTDSJQUJPOéQBSQBSU >4PVTDSJQUJPONJOJNBMFQBSUTTPJUé Photo non contractuelle : BLAMM Architecte - Arthur Pequin L’expertise de Foncia Pierre Gestion >BOOÏFTEFYQÏSJFODF >4$1*HÏSÏFTBTTPDJÏT >.éEFDBQJUBVYHÏSÏTBDUJGTJNNPCJMJFST * au 31/12/2013 - Source : Foncia Pierre Gestion Foncia Pierre Gestion : Société Anonyme au capital de 400.000 €. Siège social : 13, avenue Lebrun 92188 ANTONY CEDEX Agrément AMF 95-30 du 24 avril 1995. La note d’information a reçu le VISA SCPI n° 13-16 en date du 11 juin 2013. Elle est remise à tout souscripteur préalablement à sa souscription. La note d’information est également disponible sur simple demande auprès de la société de gestion ou sur le site internet : www.foncia.com, rubrique « investir ». La notice prévue à l’article 422-196 du Règlement Général de l’Autorité des Marchés Financiers a été publiée au Bulletin des Annonces Légales Obligatoires du 1er juillet 2013. !"#$#"#%&&'(")*+,-%-./("0 Contact : Monica Da Costa 01 55 52 53 16 - [email protected] y 69 y Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie encore les commerces de centreville situés dans des artères de premier plan. Et puis les commerces ont été très prisés ces dernières années, induisant une hausse des prix et une érosion des rendements. Il y a eu un véritable effet de mode, or en matière d'investissement il faut avoir une vision long terme. Sinon, il peut y avoir quelques désagréables surprises au sein de cette classe d'actifs pour laquelle on prétend qu'il n'y a pas de risque. Le marché du bureau est aussi segmenté. Quels sont alors ceux qui tirent leur épingle du jeu et ceux qui sont touchés par la crise ? DP : Parmi ceux qui s'en sortent très bien, on peut citer le marché de Paris intra-muros. Le taux de vacance y est assez faible, même si les prix les plus élevés sont difficilement atteignables. Le marché francilien du Croissant Ouest résiste également. En revanche, La Défense qui rencontre des difficultés ponctuelles et la grande périphérie de la zone parisienne sont deux zones qui souffrent. A Vélizy, par exemple, où un certain nombre d'entreprises de technologies sont implantées, la situation est délicate. La Défense est donc un quartier d'affaires à éviter ? DP : Comme je vous l'expliquais en début d'interview, les grandes transactions locatives marquent le pas. Pour vous donner un chiffre, elles sont en chute de 45 %, et La Défense est touchée de plein fouet par ce phénomène. Plus précisément, le cœur du problème c'est la livraison de tours de 50 000 m2 à 100 000 m2 dont la construction a été décidée il y a cinq ans, et qui ne parviennent pas à trouver de locataires. Pourquoi ? Parce que les grands utilisateurs de La Défense que sont les banques, les assureurs ou bien encore les groupes du CAC 40 préfèrent rester dans l'expectative. Du coup le taux de vacance à La Défense atteint 15 % alors que le quartier d'affaires concentre plus de 3 millions de mètres carrés. Toutefois les quatre tours en attente d'utilisateurs absorbent à elles seules 70 % de la vacance. Ce problème est conjoncturel et je suis convaincu qu'il va se résorber. La Défense est un quartier d'affaires exceptionnel. De très grandes entreprises y sont implantées, rendant le secteur incontournable pour certains acteurs. Nous avons par exemple loué un de nos immeubles à une société informatique qui voulait à tout prix être située à La Défense car c'est là que se concentrent ses clients. Vous avez réalisé l'année dernière d'importants travaux de rénovation et de mises aux normes environnementales. Une stratégie payante ? DP : Nous allouons 1 % de la valeur de l'actif par an à la rénovation de nos immeubles, voire plus. Nos immeubles nous rapportant entre 7 et 8 %, nous avons donc la possibilité d'effectuer un certain montant de travaux et de façon régulière. Comme vous le remarquiez, nos dépenses de travaux sont en hausse, nous les engageons quand un immeuble se libère et si seulement il y a un intérêt financier. Par exemple, à Levallois-Perret, nous avons un immeuble que nous détenons depuis 25 ans et dans lequel nous avons dépensé entre 1 200 et 1 300 ` de travaux par mètre carré. L'immeuble rénové est quasiment neuf en termes de prestations nous permettant de passer d'un loyer facial de 250 ` à 400 `. Les travaux ne sont pas uniquement un moyen de maintenir le revenu locatif, ils permettent également d'améliorer la base locative. y 70 y Les locaux rénovés trouvent-ils plus facilement un locataire ? DP : Oui, mais il faut savoir patienter ! Il y a des gestionnaires, comme HSBC REIM, qui sont équipés pour faire des travaux, qui savent les faire dans des conditions économiques adéquates et qui ont les moyens financiers suffisants pour pouvoir prendre le temps de négocier. Nous avons en effet les ressources pour obtenir ce que nous souhaitons obtenir. Par exemple, nous sommes propriétaires d'un immeuble rénové sur l'esplanade des Invalides en attente d'un locataire, la négociation est longue mais quand nous aurons trouvé le bon utilisateur, ce sera dans de bonnes conditions. Je pense qu'il est un peu trop tôt pour faire une annonce officielle, mais nous aurons d'excellentes nouvelles à annoncer prochainement à nos associés. Etes-vous confiants pour 2014 ou bien attendez-vous une reprise économique pour que le marché du bureau se reprenne ? DP : 2014 pourrait être une année difficile pour l'immobilier d'entreprise. L'effet de la reprise économique dont je ne doute pas qu'elle va intervenir ne se traduira pas immédiatement par un retournement du rapport locatairepropriétaire. Je pense qu'il faut se projeter un peu plus loin que dans les prochains mois. De mon point de vue, ceux qui auront des produits de qualité à des prix convenables seront dans une situation favorable dès 2015. Je suis assez confiant, nous ne sommes pas dans une situation de sur-production ni de déséquilibre structurel du marché. Nous sommes dans une évolution conjoncturelle. Je trouve que très sincèrement nous nous en sortons pas mal, l'industrie de la pierre-papier en général et notre SCPI Elysées Pierre en n particulier. Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier PARTIE V C' est un secret de polichinelle, la souscription de parts de SCPI à crédit peut devenir un vrai parcours du combattant... Mais pas pour tout le monde, seulement les CGPI qui conseillent des SCPI de sociétés indépendantes. La raison est simple. Les établissements de crédit deviennent frileux lorsque de tels dossiers de financement se présentent à eux... Et retors, en n'hésitant pas à conditionner leur acceptation. Les desiderata peuvent prendre alors différentes formes : domi- L'obtention d'un crédit, le sésame ? ciliation des revenus, souscription d'un contrat d'assurance vie, ou bien encore facturation d'un taux d'emprunt moins concurrentiel. « Le financement de parts de SCPI est un vrai problème, c'est très opaque, confie Ludovic Huzieux, directeur associé de Artémis Courtage. On a en définitive le même débat sur le financement des parts de SCPI que celui sur la délégation d'assurance ». Pourquoi un tel chantage ? Les SCPI sont des produits solides, certainement plus que l'investissement locatif en direct. Elles } On a en définitive le même débat sur le financement des parts de SCPI que celui sur la délégation d'assurance ont même montré leur faculté de résistance en plein maelström financier. Aucune dans l'histoire du véhicule n'a été déclarée en défaut de paiement. Pourtant certains établissements n'ont aucun scrupule à appliquer la même grille tarifaire que pour les investissements en outre-mer... « Cette réticence témoigne d'une certaine méconnaissance du produit », explique un CGPI qui essaie de trouver une excuse. Il est quand même dommage que l'architecture ouverte soit mise en avant s'agissant de la gestion d'actifs et qu'elle ne soit pas du tout à l'ordre du jour en matière de SCPI. Aussi, n'est-il pas surprenant que les établissements de crédit pratiquent la politique de l'autruche quand il ne procèdent pas à du chantage, alors que l'emprunt est traditionnellement considéré comme une arme redoutable pour capter et fidéliser la clientèle Un problème uniquement de couverture ? Ludovic Huzieux Artémis Courtage Si le risque inhérent à la SCPI est ‹ y 71 y Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie l'épicentre du problème, pourquoi les banques ne voient-elles aucun inconvénient à financer des parts de SCPI maisons ? Les SCPI de sociétés indépendantes sont-elles vraiment plus risquées que celles proposées par des structures adossées à un réseau bancaire ? « Je ne crois pas que le motif soit le risque, note Ludovic Huzieux. Je crois plutôt que c'est le manque d'intérêt commercial qui explique la pratique bancaire. Il ne faut pas non plus sous-estimer le problème de prise de garantie ». Contrairement à de l'immobilier locatif, les établissements de crédit ne peuvent pas hypothéquer les parts de SCPI. Ils doivent alors passer par le cautionnement ou bien procéder au nantissement des parts. « Les banques aiment que les prêts soient cautionnés, mais les sociétés de cautionnement ont durci leurs conditions, et les SCPI n'y ont pas échappé. Il est par exemple très difficile pour un investisseur qui n'est pas propriétaire de sa résidence principale d'obtenir un cautionnement, peu importe son niveau de revenus et d'endettement », précise Ludovic Huzieux. Avant d'ajouter : « Le problème de garantie se pose moins quand le financement porte sur des produits maisons, il n'y a pas de garantie particulière, un nantissement des parts au profit de la banque est réalisé, c'est plus facile, plus souple et donc plus rapide ». Il n'est pas rare que ce protectionnisme soit par ailleurs accompagné de prosélytisme. Les histoires relatant un banquier zélateur qui fait la promotion du couple rendement-risque des SCPI maisons ne manquent pas... Pour le président du directoire de Ciloger, Isabelle Rossignol, l'absence de garantie suffisante n'est pas la seule raison qui peut être invoquée. « Le peu d’empressement des banques à financer les parts de SCPI des réseaux concur- rents tient avant tout au choix de consacrer leurs précieux capitaux propres au financement de leurs propres clients plutôt qu’à ceux des CGPI ». Ceci étant, il ne faut pas faire de généralité, quelques établissements de crédit acceptent de financer des SCPI à crédit... « Le tableau n'est pas tout noir. On arrive toujours à obtenir un accord. Mais quand on a trouvé un établissement qui répond favorablement à notre demande, on croise les doigts pour qu'il ne change pas rapidement d'avis, avoue Ludovic Huzieux. L'acceptation n'est pas forcément liée à la politique commerciale poursuivie, certains nous donnent également leur aval car nous sommes en très bon termes. C'est un échange de bon procédé commercial », poursuit-il. Il faut tout de même savoir que l'investisseur met toutes les chances de son côté en préférant investir dans une SCPI de rendement. Pour les SCPI fiscales, plus chargées en frais et au rendement plus faible, c'est la croix et la bannière. « Les doutes sur la liquidation des SCPI fiscales freinent en effet les banques », ajoute Ludoy 72 y vic Huzieux. Pour le courtier, les banques patrimoniales indépendantes ouvrent également leurs vannes. Elles sont plutôt réactives et plus souples, mais leur taux facturé est souvent bien plus élevé que celui du marché. Et puis il y a les établissements de crédit spécialisés... Il n'en reste pas beaucoup, il est vrai. Mais parmi les derniers des Mohicans, on trouve le Crédit Foncier, qui est devenu un véritable guichet ouvert pour les CGPI. On s'en félicite mais on lui reproche dans le même temps d'avoir une politique de taux très fluctuante... « Le Crédit Foncier truste le marché, notamment en ce qui concerne le financement des parts de SCPI indépendantes lui permettant alors d'avoir les coudées franches en matière de taux, précise Ludovic Huzieux. Mais j'ai bon espoir qu'un autre acteur fasse son entrée sur le marché dans les prochaines années, qu'il soit indépendant ou filiale d'une banque de réseau. Il y a de la place pour une autre structure concurrente, ce serait même bénéfique pour le marché ». Que n la concurrence soit ! Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier INTERVIEW Le Crédit Foncier, foncièrement partenaire Rencontre avec Yoann Bobe, responsable de l'offre au sein du Crédit Foncier. Q uelle offre proposez-vous aux CGPI qui conseillent à leur client d'utiliser le levier de la dette lors de la souscription de parts de SCPI ? Yoann Bobe : Le Crédit Foncier propose depuis plusieurs années de financer des parts de SCPI par le biais de montages spécifiques et adaptés au véhicule d'investissement. Nous proposons, par exemple, pour les SCPI de rendement au travers de la Formule 3+, de différer le remboursement du prêt de 3 mois, le temps que l'investisseur perçoive les premiers revenus fonciers. La période de différé de paiement peut même aller jusqu'à 12 voire 24 mois lorsque l'investissement porte sur des SCPI fiscales. Cette offre intéresse particulièrement les CGPI mais elle s’adresse également à l’ensemble de nos partenaires. Notre objectif est de proposer des formules permettant de limiter l’effort de trésorerie des investisseurs, en tenant compte des préconisations réalisées en amont par nos partenaires. Pourriez-vous me dresser le portrait-robot de l'emprunteur ? YB : Au Crédit Foncier, l’investisseur financé en SCPI est âgé de 44 ans en moyenne. Il perçoit un revenu moyen de 85 000 ` et occupe un poste de cadre dans 70 % des cas. Quant au prêt, son montant moyen s'élève à 75 000 ` pour une maturité de 17 ans. Financez-vous toutes les SCPI ? YB : Nous finançons tous les types de SCPI : SCPI de rendement et SCPI fiscales. Ces dernières représentent aujourd'hui jusqu'à 20 % de nos dossiers traités. Il y a deux ans, sous l'effet du succès du dispositif Scellier, la proportion était de 50 %. Tout comme en matière d’investissement immobilier locatif, un comité interne analyse annuellement chaque SCPI. Il va notamment étudier la stratégie d’investissement de la SCPI, sa qualité de gestion, la composition du patrimoine et le prix de la part. Nous finançons à ce jour la très grande majorité des SCPI qui nous sont adressées. Concernant les SCPI en nue-propriété, nous intervenons également sur ce segment avec des conditions spécifiques selon les dossiers. Quel taux facturez-vous en présence d'un tel financement ? YB : Nous tarifons nos prêts en fonction des profils des clients et de la nature de la garantie. Sur ce dernier point, nous en avons deux types : le nantissement des parts y 73 y ou le cautionnement par un organisme de caution partenaire... Pour vous donner un ordre d'idée, pour un financement de SCPI sur une maturité de 20 ans en présence d'un cautionnement, les taux vont s'échelonner de 3,25 % à 3,45 %. Sur 10 ans, la fourchette sera plutôt comprise entre 2,65 % et 2,85 %. On vous reproche de faire un peu la pluie et le beau temps en matière de taux... YB : Ce n’est pas le cas puisque nos taux sont dans le marché. Par ailleurs, le Crédit Foncier représente près de 200 millions d'euros de financement de SCPI pour une collecte totale de l’ordre de 3 milliards d'euros. Au contraire, nous faisons aujourd’hui partie des rares établissements à accompagner les partenaires sur ce marché à l’échelle nationale avec des conditions de financement identiques quelle que soit la région. La force du Crédit Foncier réside dans sa capacité à promouvoir une offre spécifique pour le financement des parts de SCPI sans distinction de la société de gestion après analyse de notre comité. Le Crédit Foncier confirme ainsi son positionnement de spécialiste du financement de l’immobilier y compris en pierren‹ papier. Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie PARTIE VI U La deutsche quälitat ? ©Eric Avenel n vent nouveau souffle sur les SCPI et semble prendre la direction outre-Rhin. Il n'y a pas si longtemps, une seule SCPI, en l'occurrence Actipierre Europe de Ciloger, revendiquait des positions en Allemagne. Ce véhicule qui a vocation à chercher des opportunités aussi bien sur le marché français que sur le marché de la zone euro avait à l'époque de son lancement, en 2007, jeté un pavé dans la mare. Ce climat de réticence paraît bien loin derrière nous. Car le marché allemand semble faire désormais l'objet de convoitise. Les sociétés de gestion qui ouvrent un dossier sur cette zone géographique sont de plus en plus nombreuses. D'autres ont déjà succombé. A l'instar de Sofidy. L'entité qui est déjà investie en Belgique s'est aventurée un peu plus à l'est. « Tout le monde découvre l'Allemagne mais nous avions déjà essayé de nous y intéresser il y a cinq-six ans. A l'époque les problèmes liés à la démographie nous avaient freinés, mais des mesures ont depuis été entrepri- ses pour les résorber. L'objectif d'Immorente est d'acheter plus de 50 millions d'euros en Allemagne, et au moment où je vous parle, je dois conclure l'acquisition d'un actif de bureau dans le centreville d'Hambourg pour 6 millions d'euros. Les locaux seront occupés par la mairie de Hambourg pour un bail de 15 ans », fait savoir Jean-Marc Peter. Et puis nous ne pouvons pas faire abstraction de Paref Gestion qui n'a pas voulu faire dans la demi-mesure, en créant fin 2013 Novapierre Allemagne, la première SCPI de commerces à capital variable « made in Germany ». L'Allemagne n'est pas la zone euro } La concurrence est telle sur le marché allemand que la sécurité et la pérennité des cash-flows se paient très cher Isabelle Rossignol Ciloger y 74 y Pourquoi une telle exaltation ? Les cieux allemands sont-ils vraiment si attractifs, d'autant que cela fait des années que l'on vante les atouts du marché de l'immobilier d'entreprise outre-Rhin ? « L'Allemagne ce n'est pas l'eldorado qu'on imagine », confie Jean-Marc Bertrand. « C'est un marché mature », décrit Alexandre Claudet. Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier L'union fait-elle la force ? Lorsque les SCPI veulent s'ouvrir à l'international, bien souvent elles font appel à un partenaire implanté dans le pays convoité. Une externalisation qu'elles jugent indispensable. Une société de gestion nous explique disposer d'envoyés spéciaux dans les régions stratégiques de France et devrait poursuivre une vraie politique de recrutement si elle ne passait pas par une structure implantée hors des frontières. Laurent Fléchet est du même avis : « L'immobilier d'entreprise est un marché local, nous avons donc besoin d'équipes locales qui connaissent le secteur pour nous aider à investir. C'est pourquoi nous travaillons actuellement sur l'organisation d'un partenariat avec un asset manager reconnu ». Sofidy s'est également associée à une structure sans pour autant que ce soit une collaboration exclusive. « Nous n'excluons pas de travailler à l'avenir avec d'autres partenaires », fait savoir Jean-Marc Peter. Corum AM fait toutefois bande à part, en préférant ne compter que sur elle-même. « Nous étudions en interne les marchés et nous préférons nous déplacer dans les pays dans lesquels nous voulons investir et nous forger notre propre avis », n explique Frédéric Puzin. L'immobilier d'entreprise est victime de son succès... Les investisseurs, les poches remplies de liquidités, affluent, déclenchant des tensions sur les prix. « Les actifs allemands sont pour la plupart hors de prix, car l’Allemagne est la première destination des investisseurs en Europe et les Français n’ont pas été les premiers à avoir cette bonne idée : quand un nombre important d’investisseurs avec les poches pleines est présent sur un marché, il se crée une tension inflationniste sur les actifs. Si bien que nous préférons rester à l'écart. Pourquoi irionsnous acheter 130 un bien qui vaut 100 ? Bien entendu on est jamais à l’abri d’un accident de marché et nous saurions être réactifs si une belle opportunité se présentait », fait savoir Frédéric Puzin. Laurent Fléchet tire même la sonnette d'alarme : « Le marché du commerce allemand est très compliqué. Il peut même être dangereux sur certaines classes d'actifs, il faut nécessairement des équipes locales compétentes pour analyser chaque secteur ». Même Actipierre Europe qui avait fait la part belle au marché allemand réduit son exposition. « Jusqu'à présent, notre poche de diversification internationale était investie uniquement en Allemagne. Elle s'est diluée depuis 2 ans pour représenter aujourd'hui 20 % de notre portefeuille, sachant que nos statuts nous permettent de monter jusqu'à 40 %. La concurrence est telle sur le marché allemand que la sécurité et la pérennité des cash-flows se paient très cher. Nous ne voulons pas acheter des actifs à n'importe quel prix, c'est la raison pour laquelle nous ne nous sommes pas positionnés récemment sur ce marché. Notre dernière acquisition date de 2011 », explique Isabelle Rossignol. Ciloger compte alors se tourner vers d'autres horizons : « Nous n'excluons pas d'investir dans d'autres pays de la zone euro, en particulier l'Espagne ». Elle n'est pas la seule. D'autres entités ont des velléités internationales, comme La Française REM qui confie vouloir lancer cette année une SCPI européenne et introduire une touche de diversification internationale dans le patrimoine de ses supports existants. Primonial REIM est sur la même longueur d'onde. « Si la diversification consiste à troquer un risque France contre un risque Allemagne, je n'y crois pas trop. En revanche, je crois davantage à la diversification au travers de différents marchés d'investissement. Aujourd'hui, aux côtés de la Frany 75 y ce et de l'Allemagne, je pense qu'il faut rester sur la zone euro en regardant également l’Espagne ou le Benelux, car nos souscripteurs, s’ils cherchent une diversification pays ne veulent pas supporter le risque de change », explique Laurent Fléchet. Sofidy est dans le même état d'esprit, à quelques nuances près : « Je ne vous le cache pas nous nous intéressons également à la Hollande, ayant acquis une bonne expérience du côté de la Belgique flamande. Nous avons déjà regardé et nous continuons de regarder l'Espagne essentiellement en commerce dans des villes sécuritaires. Mais notre priorité c'est l'Allemagne. Sur le segment des bureaux, tous les indicateurs macroéconomiques sont au vert. Cela fait plus de deux ans que nous étudions le marché allemand, nous permettant d'identifier les villes attractives comme c'est le cas pour Hambourg. Mais Düsseldorf, Berlin, Stuttgart et Munich le sont tout autant, même s'il faut préciser que Munich est excessivement cher. Nous n'excluons pas d'investir également dans le commerce du fait que nos craintes liées à la démographie se sont estompées. Dans cette optique, et même si les commerces allemands ont une configuration bien différente des commerces français, Sofidy restera fidèle à sa stratégie d'investissement en centre-ville », explique Jean-Marc Peter. Avant d'ajouter : « L'idée, c'est d'avancer sur la courbe d'expérience. Pour l'instant, seulement Immorente va investir en Allemagne. Elle peut se le permettre puisque son patrimoine du haut de ses 1,8 milliard d'euros est considérable ». Corum AM est plus nuancée sur l'Espagne. Pourtant sa SCPI opportuniste Corum Convictions lancée en 2012 compte seulement un actif à l'étranger dans son patrimoine, en l'occurrence dans ‹ Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie Mais pourquoi investir hors des frontières ? la péninsule ibérique. « Nous l'avons acheté l'année dernière lorsque le marché était au plus bas. Le marché hispanique est reparti à la hausse depuis un an car il est à nouveau très convoité, notamment par les investisseurs nord-américains. On voit même revenir les investisseurs français. La hausse récente des prix rend donc plus difficile, dans le cadre d’un investissement, l’obtention d’une prime de risque cohérente avec la situation et les perspectives de l’économie espagnole », fait savoir Frédéric Puzin avant de confier qu'un prochain actif situé hors de France devrait être acquis sans pour autant apporter plus de précisions. LE CHIFFRE 31 milliards d'euros Selon BNP Paribas Real Estate, sur un volume de 152 milliards d'euros investis en Europe dans l'immobilier d'entreprise, le Royaume-Uni a capté 55 milliards d'euros, suivi de l'Allemagne avec 31 milliards d'euros et la France avec 17,9 milliards d'euros. Ces trois pays captent ainsi 68 % du marché européen. n L'Allemagne, l'atout séduction Mais alors dans ce contexte, Paref Gestion qui considère l'Allemagne comme son terrain de jeu de prédilection, aurait-elle perdu la raison (cf. interview page 77) ? Quoi qu'il en soit Novapierre Allemagne a non seulement fait le buzz depuis son lancement mais elle est aussi partie sur un rythme de collecte impressionnant. Dans son communiqué de presse rendant public le lancement de la SCPI, la société de gestion tablait sur 20 millions d'euros de collecte pour 2014 et ciblait une capitalisation de plus de 100 millions d'euros à horizon 2018. La première augmentation de capital de 10 millions d'euros n'a pas été suffisante pour satisfaire les demandes des investisseurs. Du coup, Paref Gestion a organisé une AGE durant laquelle il a été décidé d'augmenter son capital social à hauteur de 50 millions d'euros. Un départ en fanfare ! Comment l'expliquer d'ailleurs ? « Le discours et la promesse sont très séduisants et trouvent fort logiquement écho : le mot « Allemagne » fait office de sésame en France dans beaucoup de domaine », répond Frédéric Puzin. L'Allemagne est la locomotive de la zone euro et l'écart avec la France en termes d'indicateurs écoy 76 y Pourquoi les sociétés ont-elles ce besoin de se dépayser ? Cette mouvance ne masquerait-elle pas un malaise profond du marché de l'immobilier d'entreprise français ? Les sociétés de gestion ne le considérant plus suffisamment attractif lui tournerait alors le dos... Pour Philippe Vergine, la réponse est ailleurs. « Nous évoluons dans des cycles et l'histoire se répète. Fin des années 1980, les SCPI ont massivement collecté. Des SCPI thématiques spécialisées sur le commerce ou sur les régions ont fait alors leur apparition aux côtés des SCPI classiques diversifiées. C'est par exemple à ce moment-là qu'Immorente a été lancée. Du côté des SCPI de logement, des SCPI Malraux ont vu le jour. Ces produits innovants ont émergé parce que les SCPI étaient en plein développement. Mais ce phénomène n'est pas propre aux SCPI. Quand un marché prospère, les acteurs cherchent à se différencier et à capter des parts de marché dans un environnement concurrentiel. Puis dans les années 1990, les SCPI ont dû faire face à la crise de liquidités, nous avons alors vécu un mouvement inverse de fusion et de recentrage d'activité. Et depuis 4-5 ans, nous repartons dans un nouveau cycle, avec une collecte annuelle de 2,5 milliards d'euros. Forcément, cet afflux de liquidités attire les convoitises, de nouvelles sociétés se positionnent sur le marché et des noun veaux produits voient le jour ». nomiques s'est fortement creusé cette dernière décennie. « Les investisseurs sont lassés d'entendre de mauvaises nouvelles. Ils ont besoin qu'on leur parle de choses qui vont bien. Or l'histoire allemande qu'on leur raconte déborde d'optimisme », fait savoir un gérant. L'Allemagne est donc une arme commerciale redoutable... Faut-il alors en abuser ? n L'avenir nous le dira. Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier INTERVIEW Rencontre avec Thierry Gaiffe, directeur général de Paref Gestion. TG : A ce jour, à fin mars, nous P our quelles raisons avezvous lancé Novapierre Allemagne ? Thierry Gaiffe : Nous avions décidé d’investir en dehors des frontières de la France et de nous lancer sur des marchés compétitifs en Europe. Nous avons ainsi longuement réfléchi avant de nous décider pour l’Allemagne. Nous cherchions un pays offrant une force économique certaine et résiliente. Nous avons écarté les pays non membres de la zone euro afin d’éviter toute contrainte liée au taux de change. L’Espagne et L’Italie offrent de bons rendements instantanés, mais non garantis sur le long terme. En revanche, l’Allemagne, qui est la première économie européenne où règne un environnement politique, économique et fiscal stable, s’est imposée comme le meilleur choix. Nous avons souhaité nous associer à un partenaire qui connaît bien le pays, en l’occurrence Internos Global Investors. Grâce à sa stratégie d’investissement innovante et diversifiante, Novapierre Allemagne permet ainsi aux futurs associés la diversification de leur patrimoine en se positionnant sur un pays avec une économie forte et résiliente, tout en évitant les problématiques de taux de change grâce à un pays de la zone euro. Comment expliquez-vous son succès en termes de collecte ? avons déjà collecté 25 millions d'euros en moins de deux mois auprès de plus 700 clients particuliers. Ce produit correspond à une attente des épargnants. En effet, il est à la fois innovant, diversifiant avec une fiscalité attractive. L’Allemagne bénéficie d’une image rassurante et pérenne. C’est une zone prospère au cœur de l’Europe. Pour les investisseurs, l’intérêt est double. Il y a d’abord la possibilité de diversification en investissant dans le commerce en Allemagne, sur un marché de niche pérenne et performant. Le second intérêt de la SCPI Novapierre Allemagne est son attractivité fiscale. A titre informatif, l’assureur Apicil a décidé de participer à la création de la SCPI. D’ailleurs, Novapierre Allemagne est depuis mi-avril éligible à l’assurance vie chez Apicil. Vous visez un taux de distribution de 6 % pour vos associés. Dans quels biens allez-vous investir alors que le marché allemand semble être un marché très cher ? TG : Nous visons un taux de distribution de 6 % avant fiscalité allemande. Après avoir éliminé le bureau et le logement, Paref Gestion a décidé de se positionner sur le commerce et plus particulièrement sur les retails park, commerces de périphérie (moyennes et petites villes). La méthodologie est simple : se positionner sur des ensembles commerciaux de 4 à 6 cellules avec la présence d'un commerce alimentaire d’enseigne nationale (de type Aldi, Rewe, Lidl...). Pour le moment, nous nous concentrons sur des retails park parce que les centres commerciaux allemands nécessitent la mobilisation de davantage de capitaux. Nous enviy 77 y sagerons ce type d’investissement une fois que la SCPI aura atteint une taille significative. Une autre spécificité importante du marché immobilier allemand est la nature de ses baux. Les baux sont signés pour des durées fermes de 5, 10 ou 15 ans, une période plus longue que le marché français et qui permettent de passer les cycles économiques. Quel est l'avantage fiscal auquel peuvent prétendre vos associés ? Est-il vraiment si intéressant ? TG : Selon la convention fiscale franco-allemande de 1959, les revenus locatifs ainsi que les plusvalues de cession des biens réalisés de source allemande sont imposables en Allemagne. La SCPI sera soumise à la fiscalité de l'impôt sur les sociétés allemandes de 15,825 %, libératoire de toute imposition en France. Les revenus locatifs et les plusvalues de source allemande sont ainsi exonérés d’impôts sur le revenu et de prélèvements sociaux en France. Vous ne vous interdisez pas d'investir dans d'autres Etats de la zone euro... Dans quel contexte investirez-vous ailleurs qu'en Allemagne ? Et dans quelle proportion ? TG : Novapierre Allemagne a pour vocation d’investir exclusivement en Allemagne. Il s’agit de notre stratégie d’investissement qui consiste à être un produit pur. En revanche, nous envisageons de créer d’autres produits purs investis dans d’autres pays d’Europe dynamiques. Que répondez-vous à ceux qui jugent que vous n'agissez pas comme une société de gestion, puisque c'est Internos Global In- ‹ Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie vestors (IGI) qui va se charger de l'acquisition et de la gestion des biens ? TG : Pour investir dans un lieu, dans une région ou dans un pays, mieux vaut être sur place et avoir une expérience locale. Certains ont une autre approche, ils travaillent depuis Paris, avec tous les risques que cela comporte. Le passé est malheureusement là pour le démontrer. Nous avons fait un autre choix. Afin d'avoir une crédibilité sur le marché immobilier allemand, Paref Gestion s'est associée à Internos Global Investors, qui apporte son savoir-faire en asset management et une parfaite connaissance du marché immobilier en Allemagne. Celle-ci est un partenaire expert en immobilier d’entreprise reconnu sur le marché allemand et qui sélectionne les opportunités d’investissement. IGI est composé d’une équipe 29 personnes en Allemagne et gère plus d'un milliard et demi d’euros d’immobilier de commerces. C’est donc le partenaire idéal pour nous pour bien réussir les investissements de la SCPI Novapierre Allemagne. C’est Paref Gestion qui décide des investissements proposés par Internos Global Investors. Nous confortons ou non les propositions d’Internos avec une étude de marché effectuée par une société allemande spécialisée en commerce. Nous croisons les informations fournies via un tiers. A ce jour, nous sommes en cours d’acquisition de deux actifs pour un montant de 16 millions d'euros hors droits. Ces opérations devraient se concrétiser avant l’été. Nous étudions actuellement deux autres actifs situés dans le cœur de cible de n notre stratégie. PARTIE VII Les SCPI thématiques, un investissement socialement utile C ette catégorie de SCPI d'un nouveau genre connaît ces derniers temps un développement fulgurant. On pourrait penser que c'est PERIAL AM avec PFO2 qui a initié le mouvement. Cette SCPI qui a été la première à intégrer une dimension environnementale dans sa stratégie d'acquisition connaît depuis son lancement en 2009 un vif succès. Certes la collecte en 2013 a fléchi mais elle reste tout de même renversante : 224 millions d'euros nets. Quant au rendement, il s'est maintenu l'année dernière à 9,60 ` alors que la société de gestion signale qu'elle a provisionné le RAN et augmenté les dotations pour grosses réparations. Mais la société de gestion ne l'entend pas de cette oreille. « Cela me gène aujourd'hui d'étiqueter PFO2 comme une SCPI thématique. On peut la considérer comme une SCPI originale dans la mesure où elle s'intéresse à la consommation énergétique des biens dès leur acquisition qu'ils soient récents ou neufs, mais il faut bien garder à l'esprit que cette démarche environnementale est ce vers quoi vont tendre les SCPI. Car je suis convaincu que les locaux verts, moins exigeants en termes de coûts pour les locataires et valorisant en termes d'image continueront demain d'être primés et recherchés par ceux-ci », explique Alexandre Claudet. Ainsi il est plus pertinent d'estampiller une SCPI comme thématique dès lors qu'elle investit dans une classe d'actifs différentielle. Hier c'était le bureau ou le comy 78 y merce. Aujourd'hui, les secteurs privilégiés sont beaucoup plus originaux, à l'image de Primovie de Primonial REIM, commercialisée en juillet 2012 (cf. interview page 79) qui a pour objectif d'accompagner les différentes étapes de la vie en constituant un patrimoine immobilier tertiaire et résidentiel orienté sur l'éducation et la santé. D'autres sociétés de gestion lui ont emboîté le pas comme par exemple Foncia avec sa SCPI Foncia Cap'Immo ouverte au public en juillet 2013 mais rebaptisée depuis Foncia Cap'Hébergimmo (pour mieux coller à la philosophie du véhicule mais peut-être aussi pour éviter la confusion avec l'unité de compte Capimmo de Primonial). Cette SCPI entend se positionner dans Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier D'autres nouveautés Les innovations ne se situent pas forcément au niveau de la stratégie d'investissement. Des sociétés de gestion nous ont fait part de leur envie d'inverser la vocation de la SCPI et de bousculer les réflexes d'investissement, en créant non pas un produit de rente mais un produit de capitalisation. Bien évidemment il existe Pierre 48 de Paref Gestion sur ce segment, mais les structures qui sont tentées par cette aventure (et qui veulent garder leur nom sous silence) souhaiteraient chercher la valorisations des actifs sur le segment de l'immobilier tertiaire. D'autres regardent de très près les vertus d'une SCPI nue-propriété. Il s'agira alors d'un produit de capitalisation haut de gamme, si possible souscrit à crédit, qui fonctionnera comme une obligation à zéro coupon. Le marché des SCPI n'a donc n pas fini de nous surprendre ! l'hébergement des étudiants et des personnes âgées, dans l'hôtellerie et les lieux de séminaire. Et puis dernièrement, le marché a découvert Pierval Santé dédiée comme son nom l'indique aux actifs immobiliers de la santé et qui sera distribuée en exclusivité par La Française. « La stratégie d’investissement de la SCPI Pierval Santé repose sur trois piliers. Premièrement, la diversité des solutions d’investissement avec des établissements d’hébergement et de soins spécialisés dans les maladies neurodégénératives, des cliniques MCO (Médecine Chirurgie Obstétrique), SSR (Soins de Suite et de Réadaptation), des Ehpad, des cabinets médicaux et des murs de pharmacie. Deuxièmement, une tendance forte aux externalisations immobilières opérées par les grands propriétaires exploitants de santé et les groupes en développement. Et troisièmement la liquidité croissante des actifs avec le développement d’un marché secondaire entre investisseurs », fait savoir Euryale AM. Il s'agit de la première SCPI à fonds de partage, puisque le support participera à l’œuvre de la Fondation ICM (Institut du Cerveau et de la Moelle épinière) en reversant une quote-part de la collecte annuelle. « Pierval Santé offre ainsi la possibilité à chacun de ses associés de contribuer au financement de la recherche médicale au travers d’un don déductible des impôts au profit de la Fondation ICM. Le support bénéficie notamment de l’appui de quatre mutuelles, membres fondateurs (Pasteur mutualité, Mutlog, Mutlog Garantie, Ur2s) », poursuit la société de gestion. D'autres entités devraient suivre le mouvement. Une société qui veut garder l'anonymat s'est dite très intéressée par le lancement d'une SCPI spécialisée sur l'immobilier géré, en particulier les résidences de tourisme et seniors. La solution d'épargne est prévue pour la rentrée et devrait viser un n rendement de 4 %. INTERVIEW 4 questions à Laurent Fléchet, président de Primonial REIM. Q uelle est la philosophie d'investissement de Primovie ? Laurent Fléchet : Primovie a pour ambition de faire émerger une nouvelle classe d'actifs dans le monde de l'immobilier collectif : l'immobilier de santé et de bureau. Elle vise à investir dans des crèches, des écoles, des centres de formation, des résidences étudiantes, des cliniques et des Ehpad. Elle va donc au travers de ses acquisitions accompagner tout le cycle de la vie. Alors que les budgets publics alloués à ces deux secteurs diminuent, l’épargne des ménages au travers de la SCPI devient alors un relais de financement pour le secteur privé. C'est une solution d'épargne socialement utile qui présente des avantages pour l'investisseur en raison des caractéristiques des entreprises locataires : un positionnement sur des marchés à forte demande, des baux à long terme et une décorrélation des cycles économiques. Je crois que pour toutes ces raisons, Primovie a reçu un très bon accueil. Au 30 mars 2014, la capitalisation a largement dépassé les 100 millions d'euros. y 79 y Votre SCPI thématique est une SCPI de rendement... L'investisseur peut-il attendre une rémunération équivalente à celle des SCPI investies dans le commerce et le bureau ? LF : Oui. Au titre de l'année 2013, le revenu distribué aux associés s'est élevé à 9,74 ` ce qui correspond à un taux de distribution de 5,10 %. Il est donc identique au rendement moyen des SCPI d'immobilier d'entreprise qui est de 5,13 % en 2013. Il est d'ailleurs important pour nous de délivrer un revenu élevé pour l'associé, car dans le contexte économique difficile, nous ne croyons pas au développement d'un investissement qui se veut responsable si ‹ la performance n'est pas là. Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie Primovie ne poursuit-elle pas une stratégie d'investissement contraignante qui peut être dangereuse ? LF : Nous avons une conviction sur ce sujet. Si nous prenons comme exemple les SCPI diversifiées, leur gérant peut mettre un peu de tout dans le portefeuille, si bien que parfois on a des patrimoines de SCPI constitués sans cohérence. Certaines ont par exemple investi dans la logistique. Or nous sommes convaincus qu'avoir un tel actif perdu dans un patrimoine composé de bureaux et de commerces n'a pas de sens. Quand on regarde l'allocation d'actifs des institutionnels, qui ont toujours un temps d'avance sur les personnes physiques, on remarque qu'ils investissent dans des produits purs bureaux quand ils veulent du bureau. De la même façon, quand ils veulent du com- merce, ils investissent dans des produits purs commerces. Ils savent de ce fait ce qu'ils achètent. Ainsi les SCPI dans lesquelles on a un peu de tout et un peu de rien ne nous semblent pas pertinentes. Et c'est la raison pour laquelle notre SCPI bureau Primopierre ne fait que du bureau, notre SCPI commerce Patrimmo Commerce ne fait que du commerce et notre SCPI éducation et santé Primovie ne se positionne que sur l'éducation et la santé. Rien n'empêche alors le client qui veut diversifier son patrimoine de se constituer sa propre allocation de SCPI en panachant les souscriptions. Concernant l'Ehpad, on lui reproche d'être cher et on formule des doutes quant à sa valorisation. Que répondez-vous à ces griefs ? LF : Nous achetons en bloc. Nous achetons donc à un prix de marché qui n'est pas comparable au prix au mètre carré calculé pour un investissement d'un lot privatif, et nous bénéficions donc d’une décote significative. Concernant la valorisation, il faut savoir que l'investissement dans les Ehpad est très protecteur, car le nombre d'ouvertures est limité alors que les besoins sont importants et croissants. Il y a donc une vraie prime aux Ehpad existants. Par ailleurs, que ce soit pour les Ehpad mais aussi pour toutes les autres classes d'actifs qui entrent dans le patrimoine de Primovie, nous sommes vigilants à acheter des biens, qui ne soient pas monovalents, mais pour lesquels un changement d'affectation est n possible. Les nouvelles SCPI Nom de la SCPI Groupe Date de création Type Catégorie Capitalisation au 31/12/13 (en `) DVM 2013 VPM 2013 DVM 2012 Corum Convictions Corum AM 2012 CV Diversifié en Europe 87 925 020 6,30 % 1,30 % NA 13 469 000 5,60 % NA 0,12 % Cristal Rente Promogere Intergestion 2011 CV Diversifiées, commerces, résidences gérées, parkings Foncia Cap'Hébergimmo Foncia Pierre Gestion 2013 CV Spécialisée 5 392 250 4,39 % NA NA Gémméo Commerce Amundi Immobilier 2012 CV Commerces 27 285 400 2% 0% 0% Immorente 2 Sofidy SA 2011 CF Commerces 19 536 060 3,29 %(1) 4% 2,64 % LFP Opportunité Immo La Française REM 2012 CV Diversifiées 22 728 000 6% 0% NA Novapierre Allemagne Paref 2013 CV Commerces en Allemagne NA NA NA NA Primovie Primonial REIM 2012 CV Spécialisées 95 803 308 5,10 % 0% NA (1) Plutôt que le rendement immédiat, Immorente 2 vise prioritairement une performance orientée sur l’appréciation régulière du prix de la part grâce à une politique d’acquisition privilégiant la recherche de performance à moyen/long terme Source : Gestion de Fortune y 80 y Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x Pierre-papier Les 20 plus grosses SCPI à capital variable Groupe Catégorie Capitalisation au 31/12/13 (en `) DVM 2013 VPM 2013 TRI 5 ans TRI 10 ans TRI 15 ans IMMORENTE Sofidy SA Commerces 1 788 945 280 5,25 % 1,99 % 4,60 % 9,26 % 9,36 % SELECTINVEST 1 La Française REM Bureaux 1 612 551 385 4,72 % 0% 3,87 % 7,65 % 14,27 % EDISSIMMO Amundi Immobilier Bureaux 1 479 993 750 5,11 % 8,38 % 9,26 % 8,55 % NA 6,26 % Nom de la SCPI NOTAPIERRE Unofi Bureaux 1 443 787 450 5,00 % 0% 3,86 % 5,73 % ELYSEES PIERRE HSBC Bureaux 1 327 324 700 5,11 % 1,10 % 9,63 % 10,04 % 13,02 % EPARGNE FONCIERE La Française REM Bureaux 1 179 267 720 5,31 % 0,18 % 8,97 % RIVOLI AVENIR PATRIMOINE Amundi Immobilier Bureaux 1 076 599 160 4,81 % -0,15 % 13,33 % 12,06 % CREDIT MUTUEL PIERRE 1 La Française REM Bureaux 969 966 720 4,88 % 0% 3,51 % 6,77 % 10,01 % PFO 2 PERIAL AM Bureaux 795 990 650 5,27 % NA NA NA NA ALLIANZ PIERRE Immovalor Gestion (Groupe Allianz) Bureaux 774 827 200 4,70 % 0% 8,06 % 11,58 % 15,56 % PRIMOPIERRE Primonial REIM Bureaux 738 044 437 5,30 % 0% 4,08 % NA NA ACCIMMO-PIERRE Groupe BNP Paribas Bureaux 718 840 903 4,72 % 0,65 % 3,91 % 4,28 % 10,68 % LFP PIERRE La Française REM Bureaux 713 461 000 5,00 % 0% 3,25 % 6,36 % NA 9,11 % 10,19 % NA EFIMMO 1 Sofidy SA Bureaux 684 911 925 5,37 % 0% 3,91 % 8,37 % 7,18 % FICOMMERCE Fiducial Gérance Commerces 532 839 648 5,21 % 1,46 % 5,25 % 8,17 % 11,27 % ATLANTIQUE MUR REGIONS Banque Populaire Atlantique Bureaux 470 603 684 5,51 % 0% 3,43 % 5,97 % 6,92 % PIERRE 48 Paref Capitalisation 305 374 118 1,14 % 7,53 % 5,51 % 9,01 % 9,69 % IMMOFONDS 4 La Française REM Bureaux 268 161 336 5,13 % 0% 3,72 % 6,74 % 10,84 % OPERA RENDEMENT Groupe BNP Paribas Bureaux 258 404 300 NC NC NC NC NC PIERRE PLUS Ciloger Commerces 243 800 596 4,73 % 0,95 % 4,08 % 7,17 % 11,14 % Source : IEIF/Gestion de Fortune y 81 y Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014 Dossier x réalisé par Lucie Portejoie Les 20 plus grosses SCPI à capital fixe Nom de la SCPI Groupe Catégorie Capitalisation au 31/12/13 (en `) DVM 2013 VPM 2013 TRI 5 ans TRI 10 ans TRI 15 ans ACCES VALEUR PIERRE Groupe BNP Paribas Bureaux 1 119 567 308 5,37% -1,88% 8,86% 7,29% 10,95% FRUCTIPIERRE NAMI-AEW Europe Diversifiées 628 774 512 5,13% 3,62% 10,91% 9,42% 12,41% PARTICIPATION FONCIERE 1 PERIAL AM Bureaux 498 696 597 5,24 % -1,57 % 2,67 % 9,48 % 10,84 % LAFFITTE PIERRE NAMI-AEW Europe Diversifiées 419 540 240 5,00 % 0,67 % 8,12 % 10,42 % NA FRANCE INVESTIPIERRE Groupe BNP Paribas Bureaux 375 915 791 5,47 % -0,33 % 6,88 % 8,90 % 9,69 % BUROBOUTIC Fiducial Gérance Diversifiées 361 044 969 5,22 % 1,71 % 6,50 % 11,13 % 12,30 % ATOUT PIERRE DIVERSIFICATION Ciloger Diversifiées 349 749 747 5,31 % 16,53 % 13,55 % 9,07 % 16,56 % UFIFRANCE IMMOBILIER Primonial REIM Bureaux 313 393 012 5,78 % -0,05 % 4,02 % 5,79 % 6,25 % PARTICIPATION FONCIERE OPPORTUNITE PERIAL AM Bureaux 280 506 122 5,37 % -3,13 % 0,07 % 5,96 % 6,70 % FONCIA PIERRE RENDEMENT Foncia Pierre Gestion Commerces 242 831 610 5,29 % 2,91 % 6,81 % 10,27 % 12,39 % UNIDELTA Deltager (6 Caisses Régionales du Crédit Agricole) Bureaux 237 228 750 5,92 % 1,46 % 7,79 % 7,68 % 7,41 % DOMIVALOR 4 Immovalor Gestion (Groupe Allianz) Scellier 217 939 413 NA NA NA NA NA GENEPIERRE Amundi Immobilier Bureaux 216 395 996 6,70 % -7,40 % 6,16 % 5,89 % 10,33 % MULTIHABITATION 5 La Française REM Scellier 200 428 500 NA NA NA NA NA FRUCTIFONDS IMMOBILIER AEW Europe SGP Diversifiées 190 889 327 5,46 % - 7,08 % 8,09 % NA FRUCTIREGIONS NAMI-AEW Europe Diversifiées 176 507 957 5,31 % -0,14 % 7,46 % 7,13 % NA PREMELY HABITAT 2 Amundi Immobilier Scellier 173 005 246 NA NA NA NA NA PIERRE SELECTION Groupe BNP Paribas Commerces 169 756 877 4,42 % 2,44 % CILOGER HABITAT Ciloger Scellier 146 765 276 NA NA NA NA NA ACTIPIERRE 3 Ciloger Commerces 143 883 565 5,39 % -2,58 % 8,00 % 10,75 % 11,41 % 14,34 % 16,54 % 14,15 % Source : IEIF/Gestion de Fortune y 82 y Gestion de Fortune x n° 248 - Mai 2014