Matériaux composites à matrice céramique et à renfort par fibres
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Matériaux composites à matrice céramique et à renfort par fibres
ARTICLE TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR L’expertise technique et scientifique de référence Techniques de l'Ingénieur n4803 p2645 Spectrométrie de masse - Principe Matériaux composites à matrice céramique et à renfort par fibres longues et appareillage 10/11/2014 Date de publication : 12/09/2014 Par : Gérald CAMUS Guy BOUCHOUX Chercheur CNRS, Laboratoire des composites thermostructuraux (LCTS), Pessac, France Professeur à l’université Paris XI (Orsay), École Polytechnique, DCMR, Palaiseau Christophe LORRETTE Ingénieur de recherche CEA/DEN, LCTS, Pessac, France Michel SABLIER Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau René PAILLER Ingénieur de recherche CNRS, LCTS, Pessac, France Guy BOUCHOUX Professeur à l’université Paris XI (Orsay), École Polytechnique, DCMR, Palaiseau Francis REBILLAT Professeur université de Bordeaux, LCTS, Pessac, France Michel SABLIER Bernard REIGNIER Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau Ingénieur de recherche Herakles groupe SAFRAN, LCTS, Pessac, France Francis TEYSSANDIER Chercheur CNRS, LCTS, Pessac, France Cet article fait partie de la base documentaire : Mesures - Analyses Céramiques Dans le pack : Bois, Mesures - Analyses verre, céramique et textile Matériaux et dans l’univers : Technolgies de l’information Cet article peut être traduit dans la langue de votre choix. Accédez au service Traduction à la demande dans votre espace « Mon compte ». (Service sur devis) 01/12/2014 Document délivré le : 23/06/2014 7200097598 editions ti //ingenieur nc AUTEURS // 217.109.84.129 Pour le compte : 7200100403 -- techniques // marie LESAVRE // 217.109.84.129 Pour toute question : Service Relation clientèle - Techniques de l’Ingénieur 249 rue de Crimée - 75019 - Paris par mail [email protected] ou au téléphone 00 33 (0) 1 53 35 20 20 Copyright © © 2014 2014 | Techniques Techniques de de l’Ingénieur l'Ingénieur | tous droits réservés Copyright Matériaux composites à matrice céramique et à renfort par fibres longues par Gérald CAMUS Chercheur CNRS, Laboratoire des composites thermostructuraux (LCTS), Pessac, France Christophe LORRETTE Ingénieur de recherche CEA/DEN, LCTS, Pessac, France René PAILLER Ingénieur de recherche CNRS, LCTS, Pessac, France Francis REBILLAT Professeur université de Bordeaux, LCTS, Pessac, France Bernard REIGNIER Ingénieur de recherche Herakles groupe SAFRAN, LCTS, Pessac, France et Francis TEYSSANDIER Chercheur CNRS, LCTS, Pessac, France 1. 1.1 1.2 1.3 1.4 Présentation des composites céramiques à fibres longues ..... Fibres : nature et méthodes de fabrication............................................. Armures ..................................................................................................... Matrice : nature et méthodes de fabrication .......................................... Interphases fibre/matrice ......................................................................... 2. 2.1 2.2 2.3 2.4 Comportement des CMC..................................................................... Mécanique ................................................................................................. Oxydation .................................................................................................. Thermique ................................................................................................. Irradiation neutronique ............................................................................ — — — — — 8 8 14 15 20 3. 3.1 3.2 Protections contre les dégradations en conditions d’usage .... Inhibiteurs d’oxydation ............................................................................ Revêtements externes .............................................................................. — — — 20 20 21 4. 4.1 4.2 Applications............................................................................................ Nucléaire.................................................................................................... Aéronautique et spatial ............................................................................ — — — 21 21 23 5. Conclusion .............................................................................................. — 24 Pour en savoir plus ......................................................................................... N 4 803 - 3 — 3 — 5 — 5 — 7 Doc. N 4 803 es matériaux céramiques sont durs mais fragiles. De très nombreux travaux ont été consacrés à l’amélioration de la ténacité des céramiques notamment en dispersant dans la céramique des particules ou des fibres courtes afin de dévier les fissures ou de les fractionner. Il est également possible de réaliser des matériaux céramiques tenaces en fabriquant des matériaux composites à matrice céramique (CMC) et à fibres longues. Le renfort constitué par ces fibres assure les propriétés mécaniques du matériau et la matrice céramique les protège de l’environnement. Les différents CMC L Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 1 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ tiwekacontentpdf_n4803 sont désignés sous la forme de deux intitulés séparés par une barre oblique (C/C, C/SiC, SiC/SiC...) le premier désignant le matériau de la fibre/le second celui de la matrice. Lorsque la matrice comporte des phases supplémentaires, c’est le composant principal de la matrice qui est mentionné. Ces composites, qui sont utilisés majoritairement dans des applications en conditions extrêmes, sont dits « thermostructuraux », c’est-à-dire qu’ils peuvent être utilisés à haute température comme matériau de structure et doivent donc conserver leurs propriétés mécaniques en conditions de fonctionnement. Leurs domaines d’application sont actuellement essentiellement l’aéronautique, l’espace et le nucléaire. Suivant les applications, ils sont soumis à des températures de fonctionnement allant de 400 à plus de 2 000 oC dans des atmosphères oxydantes (air, gaz de combustion de réacteur...). Ils peuvent subir des contraintes allant de simples vibrations à des contraintes multiaxiales. Enfin, dans le domaine du nucléaire, ils peuvent être soumis à des irradiations. Les fibres qui sont essentiellement des fibres de carbone, de carbure de silicium ou d’oxydes (alumine, basalte, mullite) supportent l’essentiel de la charge appliquée. Ainsi, elles doivent avoir une résistance à la rupture et un module élastique les plus élevés possibles, associés à une bonne résistance à la fatigue et une faible densité (pour les applications aéronautiques et spatiales). Selon le type d’utilisation, elles doivent également présenter une bonne résistance à l’oxydation, au fluage et à la fissuration sous critique (propagation d’une fissure, le plus souvent par corrosion, pour des facteurs d’intensité de contraintes appliquées inférieures aux contraintes macroscopiques qui déclenchent l’endommagement), une conductivité thermique élevée et être compatibles avec l’interphase ou la matrice, lors de l’élaboration ou de l’utilisation. Elles peuvent être tissées, tressées ou assemblées sous forme de produits semi-finis (feutres, nappes unidirectionnelles...), ce qui constitue une préforme de la pièce finale. Cette préforme est densifiée par une matrice en céramique qui rend la pièce dense et protège les fibres contre les agressions de l’environnement. Contrairement aux composites habituels (composites à matrice organique ou métallique CMO ou CMM), dans les CMC le module d’élasticité de la matrice est supérieur ou égal à celui de la fibre et la déformation à rupture de la matrice est inférieure à la déformation à rupture de la fibre. Les matériaux céramiques sont cependant fragiles et un troisième composant est introduit dans ces composites afin de les « défragiliser ». Il s’agit d’une interphase aisément clivable de faible épaisseur, comprise entre la fibre et la matrice. Le rôle et la conception de cette interphase seront détaillés plus loin dans l’article. Mentionnons seulement dans cette introduction qu’elle doit conférer une liaison fibre/matrice suffisamment élevée pour transférer correctement vers le renfort fibreux la charge appliquée à la pièce, mais suffisamment faible pour empêcher les fissures générées dans la matrice de se propager au renfort et de rompre les fibres. Elle joue donc le rôle de « fusible » mécanique, mais peut, suivant la nature de ces phases, également jouer le rôle de protection des fibres contre l’oxydation. Cette interphase confère au composite son caractère tenace et « endommageable » qui prévient sa rupture catastrophique. L’objet de cet article est de présenter ces matériaux dont les applications sont encore réservées à des utilisations très spécifiques. Il s’agit en particulier de présenter l’état de l’art de leur élaboration et de la compréhension de leur comportement mécanique, thermique et sous oxydation. Quelques exemples d’application seront présentés en dernière partie de cet article. N 4 803 − 2 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES 1. Présentation des composites céramiques à fibres longues Les CMC sont présentés en détaillant successivement leurs différents composants : les fibres et leur mise en forme (armure), la matrice et les interphases. 1.1 Fibres : nature et méthodes de fabrication Toutes les fibres utilisées dans les CMC appartiennent à la famille des fibres inorganiques minérales. Au sein de cette famille, on peut distinguer trois types principaux de fibres : – les fibres de carbone ; – les fibres en carbure de silicium ; – les fibres oxydes, principalement, alumine, basalte et mullite. Le choix des fibres constituant la préforme est dicté par diverses considérations telles que la tenue en température, le module élastique, le coefficient de dilatation, la résistance à l’oxydation et au fluage, mais également le coût. Les conditions d’élaboration et les propriétés des fibres céramiques utilisées pour réaliser les préformes fibreuses de matériaux composites à matrice céramique sont décrites par famille de fibres dans les paragraphes suivants. 1.1.1 Fibres de carbone Les fibres de carbone représentent l’essentiel des fibres utilisées pour renforcer des composites à matrice céramique. Cela est dû, d’une part, à leur coût modéré associé à une densité faible, mais aussi à des propriétés mécaniques et thermiques modulables dans de larges proportions. La variété de ces propriétés résulte de la diversité des précurseurs qui peuvent les générer, ainsi que des traitements thermiques et mécaniques que la fibre subit (figure 1). Les fibres de carbone sont élaborées majoritairement par pyrolyse d’un précurseur organique qui est filé puis réticulé afin de stabiliser la géométrie cylindrique des fibres. Trois types principaux de précurseurs sont utilisés pour obtenir des fibres de carbone : la rayonne (cellulose reconstituée), le polyacrylonitrile (PAN) et les brais de houille, de pétrole ou synthétiques. 700 Fibres très haut module 400 Fibres haut module Fibres très haute résistance Fibres haute résistance 300 200 Fibres bas module 100 ε= 2% 0 0 1 000 Les fibres sont constituées d’empilements de plans graphitiques dont la taille, les désorientations entre plans, la distance interplans (d002) et l’orientation par rapport à l’axe de la fibre sont les principaux paramètres responsables de leurs propriétés. Ainsi, elles peuvent avoir des modules élastiques de quelques dizaines de GPa à plus de 1 000 GPa, des contraintes à rupture d’un millier de MPa à une dizaine de milliers de MPa et des conductivités thermiques de quelques unités à plusieurs centaines de W · m–1 · K–1 (§ 2.3.2.1). 1.1.2 Fibres à base de carbure de silicium Elles ont été inventées dans les années 1970 simultanément par des chercheurs allemands [1] et des chercheurs japonais [2]. Seules les recherches japonaises ont abouti à une commercialisation sous la marque Nicalon (Nippon Carbon). Les améliorations de ces fibres correspondent à trois générations successives : – les fibres de première génération sont composées d’une phase amorphe Si-C-O au sein de laquelle sont présents des nanograins de SiC ; – les fibres de deuxième génération se distinguent des premières par un faible taux d’oxygène et sont essentiellement constituées de nanograins de SiC et de carbone graphitique ; – les fibres de troisième génération ont une composition proche de celle du carbure de silicium pur. Globalement leur module élastique et leur stabilité thermique augmentent quand leur teneur en oxygène diminue (tableau 1). % 500 ε = 0,2 Module de Young (GPa) 600 La mise en œuvre de ces différentes fibres comporte : – une étape de filage qui peut être réalisée par voie liquide ou par voie sèche selon le précurseur choisi ; – une étape de stabilisation (en général une déshydrogénation-oxydation à l’air vers 200 à 300 oC) destinée à rendre le précurseur infusible ; – une étape de pyrolyse à moyenne température (900 à 1 100 oC) sous atmosphère inerte pour éliminer l’essentiel des espèces volatiles. À ce stade, la fibre est mal organisée, plus ou moins poreuse et peut, suivant le type de précurseur utilisé, être « graphitable ». Son module élastique et sa densité sont faibles : respectivement de 50 à 220 GPa et de 1,4 à 1,8 ; – une étape éventuelle de graphitisation, selon le caractère « graphitable » de la fibre. Elle est obtenue à la suite de l’étape précédente à très haute température (jusqu’à 3 000 oC), sous atmosphère inerte et dans certains cas sous tension afin de favoriser la transformation du coke en graphite et d’aligner les plans graphitiques parallèlement à l’axe de la fibre. Ce traitement induit une augmentation notable du module élastique et de la densité. En revanche, la contrainte à rupture qui est maximale autour de 1 500 oC décroît au-delà de cette température. 2 000 3 000 4 000 5 000 Contrainte à rupture (MPa) 6 000 Figure 1 – Classement des diverses fibres de carbone : les droites qui limitent le domaine de ces fibres correspondent aux déformations à rupture minimales (0,2 %) et maximales (2 %) Ces fibres sont préparées selon un processus s’apparentant à celui mis en œuvre pour les fibres de carbone : – filage aux alentours de 300 oC d’un précurseur organosilicié à l’état fondu, afin d’obtenir une fibre de l’ordre de 20 à 30 µm de diamètre après étirage ; – stabilisation de cette fibre organique par réticulation en température sous air (formation de ponts Si-O-Si) ou par bombardement électronique sous atmosphère neutre (formation de ponts Si-C-Si) rendant le précurseur infusible ; – pyrolyse sous vide ou sous argon à une température qui dépend du taux d’oxygène engagé dans la fibre organique réticulée. Les fibres Nicalon, Hi-Nicalon et Hi-Nicalon S commercialisées par Nippon Carbon sont obtenues à partir du même précurseur : le polycarbosilane. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 3 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 Tableau 1 – Caractéristiques des principales fibres utilisées dans les CMC tiwekacontentpdf_n4803 Producteur de fibre Composition massique Diamètre (µm) Densité Contrainte à rupture (MPa) Module élastique (GPa) Toray Industries Torayca T300 90 %C, 9 %N, 1 %H 7 1,76 3 530 230 Toray Industries Torayca M60J 99 %C 5 1,94 3 920 588 Nippon Graphite Fiber Co XN05 – 10 1,65 1 250 50 Nippon Carbon Nicalon NL 202 56 %Si, 13 %O, 29 %C 15 2,55 3 000 200 Nippon Carbon Hi-Nicalon 63 %Si, 0,8 %O, 37 %C 14 2,74 2 800 270 Ube Industrie Tyranno SA3 49 %Si, 51 %C 8 3,1 2 700 387 COI Ceramics Sylramic 96 %SiC, 3 %TiB2 , 1 %B4C, 0,3 %O 10 > 2,95 > 2 700 > 310 3M Nextel 650 89 %Al2O3 , 10 %ZrO2 , 1 %Y2O3 11,2 3,9 2 300 370 3M Nextel 720 85 %Al2O3 , 15 %SiO2 12,5 3,4 2 100 260 De légères modifications du précurseur, par apport de titane, de zirconium, d’aluminium ou de bore dans le précurseur de départ, ont conduit aux fibres Tyranno commercialisées par UBE Industries. De même que pour les fibres Nicalon, ces fibres ont évolué suivant trois générations avec des taux d’oxygène variables (~ 10 at% dans génération 1, < 2 at% dans génération 2, négligeable dans génération 3) : – première génération : Tyranno M, E..., ZMI ; – deuxième génération : Tyranno ZE ; – troisième génération : Tyranno SA1-3. En parallèle, Dow Corning puis COI Ceramics ont produit la fibre Sylramic à partir d’une fibre de type Tyranno en introduisant en lieu et place de l’aluminium présent dans la fibre Tyranno SA3, une certaine quantité de bore. Pour les fibres comportant des éléments de frittage tels que le bore ou l’aluminium, le traitement à haute température conduit à la carboréduction des phases métastables et au frittage des grains de SiC avec des phases résiduelles incluant ces ajouts [3] [4]. La résistance à rupture des fibres de première génération chute rapidement dès que la température de traitement dépasse 1 200 oC, alors que les autres fibres conservent une part élevée de leur résistance initiale jusqu’à 1 400 à 1 500 oC (Hi-Nicalon, Hi-Nicalon type S), voire jusqu’à 1 800 à 2 000 oC pour la Tyranno SA3. Ces comportements très différents dépendent essentiellement du taux d’oxygène contenu dans les fibres, mais aussi de la température finale d’élaboration. En effet, l’oxygène engagé sous forme d’oxycarbure instable est évacué par la formation d’espèces gazeuses CO et SiO dès 1 100 à 1 200 oC, ce qui a pour conséquence la formation de défauts de taille d’autant plus grande que le taux d’oxygène et la température de traitement à l’issue du traitement sont élevés. Les paramètres permettant de faire varier le taux d’oxygène sont la teneur en oxygène de l’atmosphère utilisée pour l’oxydation ménagée, la température et la durée de traitement. Leur résistance au fluage est d’autant plus élevée que le taux d’oxygène est faible (fluage des zones amorphes), que la taille des grains de SiC est élevée et que la quantité de phases secondaires est faible. C’est ainsi que les fibres Sylramic, en particulier la Sylramic iBN ou les super Sylramic iBN et iC, ont une résistance N 4 803 – 4 au fluage nettement améliorée par des traitements thermiques sous différentes atmosphères. 1.1.3 Fibres oxydes à haute teneur en alumine L’emploi de ces fibres en tant que renfort dans les composites à matrice céramique a été longtemps limité en raison de leur faible stabilité en température, leur faible tenue au fluage et leur sensibilité aux impuretés qui génèrent une cristallisation locale responsable de la chute de leurs caractéristiques mécaniques, même à assez basse température. Elles sont obtenues à partir d’un précurseur constitué le plus souvent d’une solution aqueuse, d’un sel basique d’aluminium associé à des particules d’alumine submicroniques et/ou à un polymère organique de masse moléculaire élevée permettant d’ajuster la viscosité du mélange à une valeur (~ 1 000 poises à 30 oC) compatible avec une opération de filage. La fibre crue obtenue est traitée en température sous air pour donner une fibre en corindon ou un mélange de phases dont les compositions dépendent de la nature et de la quantité des ajouts (SiO2 , B2O3) (tableau 1). Dû à leur mode d’élaboration, ces fibres ont un coût moindre que les fibres à base de carbure de silicium ; cependant leur densité plus élevée limite un peu cet avantage pour des applications aéronautiques et spatiales. La plupart des fibres oxydes polycristallines présentent un diamètre moyen d’une dizaine de micromètres, une densité de l’ordre de 3 à 3,9 et un module élastique variant de 200 à 390 GPa lorsque l’on passe d’une fibre riche en silice à une fibre d’alumine pure. Les fibres de dernière génération (Nextel 650 et 720 commercialisées par 3M) présentent toutes des contraintes à rupture de l’ordre de 2 000 à 3 000 MPa et conservent ces propriétés jusqu’à 1 000 à 1 100 oC. Cependant, ces fibres ont des caractéristiques mécaniques et en particulier de résistance au fluage qui chutent énormément au-delà de 1 100 à 1 200 oC, ce qui en limite fortement l’emploi à haute température. Ces fibres étant des oxydes, elles sont potentiellement intéressantes pour des applications à moyenne température sous air ou à haute température, mais sous faible contrainte. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES 1.2 Armures 1.3.1 Dépôt chimique à partir d’une phase gazeuse Une armure est le mode d’entrecroisement des fils de chaîne et des fils de trame dans le tissage des textiles. Avant d’être utilisées au sein d’un composite, les fibres longues sont assemblées le plus souvent sous forme de fils comportant de quelques centaines à plusieurs milliers de filaments unitaires revêtus d’une matrice organique fugitive, nommée « ensimage » (agent de liaison assurant la cohésion des filaments entre eux et évitant la formation de charges électrostatiques). Le fil peut également être guipé (enroulement hélicoïdal autour du fil en céramique par un fil de nature différente généralement en PVA) pour le protéger essentiellement contre l’abrasion et rendre plus aisées les manipulations de tissage, bobinage, drapage. Ces fils peuvent être assemblés sous forme : – de semi-produits : feutres, nappes unidirectionnelles, rubans, tresses, tissus 2D (satin, taffetas, sergé, toile....) ; – de préformes 2D, 3D, 4D : les textures 4D (renfort orienté suivant les diagonales d’un cube) sont obtenues par le positionnement dans un gabarit de baguettes de fibres de carbone extrudées. D’un coût très élevé, elles ne sont utilisées que pour des applications très particulières. Pour conférer à ces assemblages la forme finale de la pièce, l’ensemble est maintenu par divers outils qui permettent, par serrage plus ou moins fort, de contrôler la fraction volumique de fibres dans le composite final et donc la porosité initiale. L’imprégnation de cet assemblage par des résines organiques ou organométalliques produit, après une première pyrolyse, une préforme mécaniquement manipulable et usinable, permettant de retirer les outils. Une autre manière de consolider la préforme est de l’infiltrer à partir d’une phase gazeuse (CVI voir ci-dessous) lors d’une première étape de densification pendant laquelle elle est maintenue dans des outils spécifiques. Les techniques d’enroulement filamentaire propres aux composites organiques ont également été appliquées aux CMC en utilisant des fils ou des rubans afin d’obtenir des préformes fibreuses permettant de fabriquer des pièces variées présentant une symétrie de révolution : tubes, réservoirs, cylindres, cônes... La cohésion interstrate, qui est très faible dans les composites issus de simples empilements de strates ou de tissus, a été accrue par l’emploi d’une méthode d’aiguilletage. Elle consiste à lier entre elles les couches de fibres (rubans, nappes, tissus) en transférant, dans la direction perpendiculaire aux strates, des fibres d’une couche supérieure vers les couches inférieures. Ce transfert est obtenu grâce à une aiguille munie d’un petit harpon. L’étape d’aiguilletage est répétée à chaque couche, ce qui confère une excellente homogénéité à la préforme. Cette technique a été développée sur des nappes ou des tissus de fibres de polyacrylonitrile préoxydées, puis transférée sur des tissus de fibres de carbone. Cette technique fournit une préforme manipulable sans utilisation de liant organique ou de consolidation CVI. Le dépôt chimique à partir d’une phase vapeur (DCPV) ou CVD (Chemical Vapor Deposition ) est un processus physico-chimique par lequel une phase solide se forme au contact d’un substrat porté à haute température par réaction chimique à partir d’une ou plusieurs espèces gazeuses. L’infiltration chimique à partir d’une phase vapeur (ICPV) ou CVI (Chemical Vapor Infiltration ) est une variante du procédé CVD. Elle permet de densifier un substrat poreux, ou une préforme dans le cas des CMC, par la croissance in situ d’un solide issu des précurseurs gazeux, par réaction chimique hétérogène. L’objectif du procédé est de remplir au maximum la porosité de la préforme : les pores intrafils (entre les filaments constituant le fil), ainsi que les pores interfils, en limitant au maximum les gradients de dépôt entre le cœur et la surface du composite. Le taux de porosité résiduel est de l’ordre de 15 à 20 %. Pour cela, il convient de favoriser le dépôt au cœur de la préforme aux dépens de celui de surface, afin de retarder la fermeture prématurée des pores de surface qui alimentent en espèces gazeuses l’intérieur de la préforme. À cette fin, la réactivité de la phase gazeuse est diminuée en réduisant la température et la pression totale. À titre d’exemple, le carbure de silicium peut être élaboré à partir d’une phase gazeuse constituée de tétraméthylsilane (TMS) ou de méthyltrichlorosilane (MTS) + dihydrogène. Le silicium et le carbone peuvent également, dans ce cas, être apportés séparément sous la forme d’un vecteur gazeux de silicium (SiH4 ou SiCl4) et de carbone (hydrocarbure). 1.3.1.1 CVI isotherme-isobare (ICVI) Dans ce procédé, le réacteur le plus souvent à parois chaudes (figure 2) fonctionne à température et à pression totale fixées. La densification conduit, selon le type de préforme, à une porosité résiduelle de l’ordre de 10 à 15 % et à un léger gradient de densité entre le cœur et la surface du composite, la densité maximale étant obtenue en surface. Dans le procédé industriel, il est parfois nécessaire d’arrêter la densification et de procéder à l’usinage des pièces afin de rouvrir l’accès des pores aux espèces réactives avant une nouvelle étape d’infiltration. Les matrices de carbone ou de carbure de silicium sont obtenues industriellement par ce procédé. Mélangeur Une autre façon d’obtenir des préformes manipulables est de réaliser des textures 3D par des métiers à tisser tridimensionnels ou des machines à tricoter. Suscepteur Bobine inductrice 1.3 Matrice : nature et méthodes de fabrication La matrice en céramique peut être constituée d’une seule phase homogène ou inclure différentes phases afin de lui conférer des propriétés spécifiques. C’est en particulier le cas des matrices autocicatrisantes (§ 2.2.2) qui incluent des composés du bore. Le procédé historique d’élaboration de la matrice est l’infiltration par voie gazeuse. Les phases ainsi déposées sont d’excellentes qualités et présentent les meilleures propriétés, cependant le procédé est long et coûteux et plusieurs autres voies d’élaboration sont actuellement mises en œuvre. Débitmètres massiques Sonde de pression Figure 2 – Exemple de réacteur d’ICVI pour la réalisation de composites à matrice SiC ou pyrocarbone (chauffage de la pièce par rayonnement d’un tube suscepteur en carbone lui-même chauffé par induction électromagnétique) Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 5 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ L’ICVI est une technique versatile de mise en œuvre relativement simple. La longue durée du processus d’infiltration est compensée par la possibilité de mettre une très grande quantité de pièces de tailles et/ou de formes variées au sein d’un même réacteur. Grâce à la modification de la composition des gaz au sein du réacteur, il est possible de faire varier la composition chimique du dépôt au cours du temps. Il est également possible de réaliser de manière successive au sein du même réacteur le dépôt d’une interphase puis d’une matrice et d’un revêtement de surface protecteur. Serpentin de condensation Des variantes de ce procédé ont été développées afin de limiter la durée d’infiltration et les gradients de densité et également d’accroître le rendement des réactions. 1.3.1.2 CVI forcée (FCVI) Dans la technique de FCVI, un gradient de pression est imposé dans l’épaisseur de la préforme à densifier, ce qui favorise le transport par convection forcée, alors qu’en CVI le transport des espèces réactives se fait majoritairement par diffusion de Knudsen dans les pores de faible dimension. Les vitesses de densification sont alors fortement augmentées : la durée de densification qui est de plusieurs centaines d’heures pour la CVI est dans ce cas réduite à quelques dizaines d’heures. Cependant, l’appauvrissement de la phase gazeuse en précurseurs lors de la traversée de la préforme peut conduire à la formation d’un gradient de densité, voire dans certains cas de composition. Une variante de ce procédé consiste alors à combiner le gradient de pression avec un gradient de température : une température modérée est appliquée sur la face d’entrée des gaz, afin de compenser la forte concentration en espèces réactives, et une température élevée est maintenue sur la face où se produit l’extraction des gaz, pour compenser l’appauvrissement de la phase gazeuse. La technique de FCVI permet de diminuer les durées d’infiltration par rapport à l’ICVI et présente un taux de conversion élevé. En revanche, le procédé n’est applicable qu’à une seule pièce à la fois, celle-ci devant être de forme simple (disques, tubes...). Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 1.3.1.3 CVI pulsée en pression (PPCVI) tiwekacontentpdf_n4803 Ce procédé, fondé sur le remplacement périodique et en totalité de la phase gazeuse dans le réacteur, a été développé dans les années 1970 afin d’accroître la vitesse de densification. Il n’a cependant pas permis d’obtenir une accélération substantielle de la densification. Il permet également de modifier la nature des dépôts obtenus successivement et d’obtenir des couches dont l’épaisseur peut être de l’ordre de quelques nanomètres. Cette faculté a été exploitée afin d’obtenir des interphases nanoséquencées de pyrocarbone (PyC)/SiC ou BN/SiC. Le fait de pouvoir contrôler le temps de résidence des espèces au sein du réacteur, ainsi que les concentrations, permet de contrôler la microstructure des dépôts et notamment la rugosité des interphases. 1.3.1.4 CVI à gradient thermique Afin d’améliorer le manque de flexibilité de la FCVI, un procédé impliquant uniquement un gradient thermique au sein de la pièce à densifier a été développé. Il est obtenu par l’utilisation d’un chauffage par induction qui crée un gradient thermique entre le centre de la préforme et l’extérieur de celle-ci, et conduit à une densification des pièces en quelques dizaines d’heures. Cette vitesse élevée de densification (10 fois plus rapide que la CVI) résulte principalement de l’obtention de températures élevées au centre de la préforme (1 200 oC). Cette technique permet à la fois d’obtenir une très bonne homogénéité en densité et de contrôler la microstructure. 1.3.1.5 Méthode de caléfaction rapide La technique de caléfaction rapide a été également développée pour augmenter la vitesse de dépôt dans le processus d’infiltration par voie gazeuse [5] [6]. Dans ce procédé, la préforme est chauffée par couplage inductif radiofréquence et immergée au sein d’un N 4 803 – 6 Pièce à densifier Bobine inductrice Précurseur liquide Figure 3 – Schéma d’un dispositif de caléfaction rapide précurseur liquide qui est porté à ébullition à son contact. La vapeur ainsi générée pénètre au sein de la préforme et fait croître un solide par réactions chimiques hétérogènes. Les vapeurs qui n’ont pas réagi sont condensées sur un circuit de refroidissement disposé dans la partie supérieure du réacteur (figure 3). Les vitesses élevées obtenues (1 000 fois supérieures à celles de la CVI conventionnelle) s’expliquent par des flux élevés de précurseurs dus à la pression atmosphérique utilisée, de forts phénomènes de convection induits par la caléfaction et une température plus élevée au centre de la préforme que sur sa partie externe. On optimise de cette façon la croissance de la matrice du centre vers l’extérieur de la préforme. En revanche, le procédé n’est utilisable que sur une pièce à la fois ou éventuellement sur des empilements de pièces similaires possédant un axe de symétrie. Ce procédé, qui a été développé pour réaliser des matrices de carbone, est transposable à la formation de matrices céramiques. 1.3.2 Imprégnation par voie liquide : imprégnation par un métal en fusion, par un polymère, autres... Trois voies liquides peuvent être distinguées : – la mise en œuvre d’un précurseur polymérique de céramique ; – la mise en œuvre d’un métal ou d’un métalloïde pur ou sous forme d’alliage liquide ; – la mise en œuvre de la solidification dirigée d’un liquide de composition proche de celle d’un eutectique. 1.3.2.1 Imprégnation par un polymère puis pyrolyse (Polymer Infiltration and Pyrolysis PIP ) Cette voie s’apparente aux techniques mises en œuvre dans les composites à matrice organique (CMO). Les précurseurs utilisés sont des brais ou des résines organiques ou organométalliques. La technique consiste à imprégner la préforme désirée (3D, empilement de strates 1D ou de tissus) par un précurseur polymérique à l’état fondu ou en solution dans un solvant. La préforme imprégnée est ensuite chauffée afin de réaliser la réticulation du précurseur (température pouvant atteindre 400 oC sous vide ou sous pression) et/ou l’élimination du solvant. Le précurseur est enfin pyrolysé afin Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES de le transformer en céramique. La vitesse de chauffage conditionne la porosité résiduelle de la céramique ainsi que l’état de fissuration de la matrice. Le choix de l’atmosphère de pyrolyse permet, à partir d’un même précurseur, d’obtenir différentes phases. Par exemple, à partir de polycarbosilane, on obtient, sous gaz neutre, une matrice contenant du carbure de silicium et du carbone ou sous dihydrogène du carbure de silicium pur. Différents précurseurs sont employés afin de fabriquer des composites : – C/SiC(O,N) ou SiC/SiC à partir de polycarbosilane, polysilazane, polysiloxane ; – C/SiBCN à partir de polyborosilazane ; – C/BN à partir de polyborazine ou de composés plus complexes. Compte tenu du rendement en céramique et du retrait volumique du précurseur lors de sa transformation en céramique, de nombreux cycles d’imprégnation/réticulation/pyrolyse (typiquement 6 à 10 cycles) sont nécessaires afin d’obtenir un composite présentant des propriétés mécaniques acceptables. Toutes ces opérations sont des opérations longues et coûteuses et il est possible de diminuer le nombre de cycles par l’utilisation de précurseurs chargés de poudres, en évitant que l’augmentation de viscosité du mélange ne limite la pénétration du polymère chargé à cœur du matériau. Des travaux [7] ont montré qu’il est possible d’améliorer le procédé en employant des poudres qui réagissent soit avec l’atmosphère du réacteur, soit avec les gaz de pyrolyse, et ainsi former des phases pouvant compenser, au moins partiellement, le retrait subi lors de la pyrolyse du précurseur. Mentionnons également les géopolymères qui ont été introduits dans la fabrication des matériaux composites dans les années 1970 en France [8]. Le principe repose sur l’action d’une base forte (soude ou potasse) sur du métakaolin, afin de produire des monomères, dimères ou trimères dont la polycondensation conduit, à basse température (40 à 60 oC), à la formation d’un solide tridimensionnel. Le rendement en céramique est élevé et la solidification s’effectue à basse température (60 à 150 oC). En outre, le retrait, lorsque les paramètres de mise en œuvre sont optimisés, est très faible. L’imprégnation de la préforme par le précurseur de la matrice, que celui-ci soit organique ou inorganique, représente une étape clé de l’élaboration des composites. Pour obtenir les meilleurs résultats, le précurseur doit être suffisamment fluide, bien mouiller la préforme et avoir une viscosité compatible avec son écoulement dans le réseau poreux. Parmi les différentes techniques de mise en œuvre d’imprégnation, on peut distinguer : – une technique ancienne, mettant en œuvre le drapage manuel de préimprégnés ou de textures sèches sur un support servant de gabarit en utilisant un rouleau afin de faire pénétrer le précurseur au sein de la préforme ; – la technique de la bâche à vide qui permet d’éliminer les bulles dans le liquide et produire ainsi des densités plus élevées que le procédé précédent ; – l’enroulement filamentaire pour réaliser des formes axisymétriques en disposant des fils ou des rubans préimprégnés (ou imprégnés au moment de l’enroulement) sur un mandrin de forme appropriée ; – le transfert d’un précurseur sous pression (RTM : Resin Transfer Molding) dans un moule contenant la préforme sèche ; – l’infusion qui se distingue du procédé précédent par une mise sous vide du moule contenant la préforme sèche, et son alimentation par le précurseur qui s’écoule sous vide. 1.3.2.2 Imprégnation, réactive ou non, par un métal liquide Dans ce cas, la porosité d’une préforme fibreuse est remplie par un métal ou un métalloïde fondu. C’est le cas de l’infiltration de préformes carbonées ou de préformes en fibres de carbure de silicium revêtues de pyrocarbone qui peuvent être imprégnées par du silicium liquide (ou l’un de ses alliages à base de titane ou de zirconium par exemple), et conduire à des composites de type Cf /PyC/SiC/Si. Cette imprégnation se produit de manière réactive avec le carbone selon les réactions suivantes : Si + C → SiC ou de manière plus globale : x M + y C → Mx Cy En fait, dans la plupart des cas, une partie du métal (titane, zirconium ou leurs alliages...) ou du métalloïde liquide (silicium ou ses alliages) réagit avec les éléments présents dans la préforme pour former des composés. La présence, dans la matrice, de métal résiduel n’ayant pas réagi peut conduire à une plus grande sensibilité au fluage du composite final. Dans ce cas, un apport de carbone dans la préforme, avant l’imprégnation par l’alliage liquide, permet d’abaisser le taux de métal libre résiduel au sein du composite, tout en limitant la réactivité du liquide avec la fibre, et en accroissant la résistance du composite. Une autre méthode est l’introduction d’éléments d’alliage qui vont donner des composés définis lorsque chacun des éléments de l’alliage réagit avec des éléments de la préforme et/ou les charges réactives. 1.3.2.3 Solidification dirigée Une troisième voie consiste à former in situ la fibre par solidification dirigée de deux phases en équilibre. Les céramiques oxydes préparées par cette voie présentent le même avantage que les céramiques obtenues par frittage. Toutefois, elles possèdent en outre des caractéristiques mécaniques à rupture plus élevées qui se maintiennent quasiment jusqu’à leur point de fusion, ainsi qu’une bonne résistance au fluage. Cela est dû à l’absence de phase vitreuse aux joints de grains. Des composites dont la matrice est constituée d’un mélange d’alumine et de YAG (Y3Al5O12) permettent d’augmenter la ténacité d’un facteur supérieur à 3 par rapport à l’alumine pure et présentent des résistances en flexion supérieures à 1 500 MPa jusqu’à pratiquement 1 600 oC. 1.4 Interphases fibre/matrice 1.4.1 Définition et rôle de l’interphase L’interphase fibre/matrice est un élément essentiel d’un CMC qui évite que le matériau ne casse de manière catastrophique au-delà de son domaine de comportement élastique. Elle joue donc le rôle de « fusible » mécanique qui permet au composite de s’endommager sans rompre. Sous sollicitations thermomécaniques, les fissures qui sont générées dans la matrice sont déviées par l’interphase, protégeant ainsi le renfort. Plusieurs types d’interphase ont été imaginés [9] (figure 4) : interphases poreuses, lamellaires, multicouches et à liaison fibre/interphase faible ou forte. Celles qui conduisent actuellement au meilleur comportement mécanique des CMC sont celles à structure cristalline lamellaire naturelle produisant des feuillets orientés parallèlement à l’axe des fibres. Le pyrocarbone est considéré comme l’interphase de référence, mais d’autres matériaux comme le nitrure de bore hexagonal ou les phases MAX (famille de carbures ternaires de formule générale Mn+1AXn , où n = 1-3, M est un métal, de transition, A est un élément des colonnes IIIA et IVA, et X est le carbone et/ou l’azote) présentent ce même type de structure lamellaire. De bons déviateurs de fissures sont également obtenus par des structures multicouches réalisées par des dépôts séquencés (parallèles à la surface des fibres), nanostructurées ou microstructurées ((PyC-SiC)n ou (BN-SiC)n) [10]. Les meilleurs résultats sont obtenus pour des couches faiblement liées entre elles et des liaisons fibre/interphase fortes. L’interphase de Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 7 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ M F a poreuse M F M b lamellaire F c multicouche Figure 4 – Différents types d’interphases type poreuse a permis dans certains cas d’observer un comportement mécanique non fragile, mais les composites ainsi obtenus supportent mal la fatigue cyclique. Les épaisseurs typiques de ces interphases sont de 50 nm à 1 ou 2 µm. Les interphases ont également d’autres rôles : elles peuvent absorber les contraintes d’origine thermique provenant de la différence entre les coefficients de dilatation des fibres et de la matrice, et ainsi limiter l’endommagement matriciel après élaboration. Elles peuvent surtout servir à protéger les fibres contre l’oxydation [11]. Le pyrocarbone est connu pour s’oxyder rapidement dès les basses températures et n’est donc pas protecteur, alors que le nitrure de bore hexagonal ou les phases MAX résistent mieux à l’oxydation. Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 1.4.2 Méthodes de fabrication tiwekacontentpdf_n4803 Les interphases peuvent être élaborées, soit sur le fil avant tissage, soit directement à l’intérieur de la préforme avant densification. Le revêtement des fibres avant tissage demeure rare en raison d’une trop grande rigidification des fibres qui deviennent alors difficilement tissables. Les interphases sont généralement élaborées par CVI et intégrées dans la séquence d’élaboration de la matrice. Comme présenté au paragraphe 2.3, le procédé CVI est suffisamment versatile pour pouvoir élaborer des interphases, soit homogènes d’épaisseur contrôlée, soit présentant un gradient de composition ou des séquences de couches alternées. Dans le procédé industriel, seules les interphases homogènes sont actuellement élaborées. D’autres procédés de revêtement susceptibles de revêtir les fibres à l’intérieur d’une préforme sont potentiellement utilisables. Mentionnons par exemple des travaux de dépôt par méthode sol-gel [12]. 2. Comportement des CMC 2.1 Mécanique La conséquence principale de cette anisotropie est que l’on observe une dépendance des propriétés thermo-mécaniques vis-à-vis de la direction de sollicitation (c’est-à-dire de son orientation par rapport aux axes de symétrie du matériau). C’est pourquoi, quelles que soient les conditions de température et d’environnement, un seul type d’essai ne suffit pas pour caractériser de façon pertinente le comportement mécanique d’un CMC. Pour des essais réalisés sur éprouvettes massives, on distingue classiquement : – les essais effectués à température ambiante de ceux réalisés à des températures plus élevées (c’est-à-dire 500 o C). Dans ce dernier cas, il convient également de distinguer les essais réalisés sous atmosphères inertes de ceux réalisés sous atmosphères oxydantes ; – les essais effectués en conditions quasi statiques de ceux effectués en conditions dynamiques tels que la fatigue, le choc... 2.1.1 Comportement sous sollicitations quasi statiques à température ambiante 2.1.1.1 Traction selon les axes du renfort fibreux ■ Pour un composite 1D, la courbe théorique de l’évolution de la contrainte en fonction de la déformation longitudinale se traduit par la succession suivante de comportements (figure 5) : – un premier domaine linéaire élastique ; Contrairement aux composites à matrice métallique (CMM) pour lesquels les fibres sont avant tout destinées à rigidifier une matrice ductile, pour les CMC, ainsi que pour les C/C et CMO (composites à matrice organique) à fibres longues, la matrice permet d’assurer une tenue mécanique adéquate en flexion, cisaillement et compression à un réseau fibreux généralement dense (et plus ou moins enchevêtré pour les tissés). En outre, dans le cas des CMC, une synergie supplémentaire entre les fibres et la matrice apparaît, puisque les fibres « défragilisent » une matrice céramique initialement fragile, à condition d’introduire une interphase adéquate. L’élaboration de CMC à partir d’une texture constituée de fils, eux-mêmes composés de fibres (ou monofilaments), confère à ces N 4 803 – 8 matériaux un caractère anisotrope, à la fois mécanique et thermique. La grande majorité de ces CMC possède de fait une symétrie orthotrope (c’est-à-dire trois plans de symétrie orthogonaux entre eux), la seule exception notable produite industriellement étant le 4D à fibres et à matrice de carbone de la société Herakles [13], mais qui n’est pas, à proprement parler, un CMC. – un domaine non linéaire à courbure positive plus ou moins prononcée correspondant à l’endommagement de la matrice : il débute à l’apparition de la fissuration matricielle et se termine avec sa saturation (le nombre maximal de fissures est atteint dans le matériau) ; – un domaine pour lequel la charge est essentiellement supportée par les fibres et qui correspond à leur déformation avant rupture. ■ Pour des composites 2D tissés, l’endommagement débute dans la matrice localisée entre les fils, puis se propage dans la matrice des fils transversaux et enfin dans la matrice des fils longitudinaux. Chaque nouvelle famille de fissuration commence à prendre place Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES Fibres Contrainte longitudinale en traction (MPa) Matrice 400 Contrainte Fissures A 350 300 250 ite pos Com re Fib 200 Rupture 150 B 100 50 M at ric e Déformation n élastique des fibres Endommagement de Déformation orm éla lastique du la matrice composite 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 Allongement longitudinal en traction (%) Déformation Figure 5 – Schéma du comportement type d’un CMC 1D en traction lorsque la saturation de la famille précédente commence à être atteinte [14]. Figure 6 – Courbes de comportement en traction de divers composites SiC/SiC : liaison fibre/matrice forte (A), liaison fibre/matrice faible (B) La figure 6 présente des résultats d’essais de traction monotone pour deux types de composites 2D tissés SiC/SiC. métalliques. Selon la force de la liaison fibre/matrice, on peut éventuellement observer une courbe dite « à plateau » suivie du troisième domaine théorique, c’est-à-dire un raidissement correspondant à la reprise par les fibres de la charge appliquée. Ces courbes contrainte-déformation présentent les deux premiers domaines mentionnés précédemment : un comportement linéaire initial plus ou moins étendu et un comportement non linéaire à courbure positive jusqu’à rupture, évoquant le renforcement par écrouissage du comportement plastique des alliages Dans tous les cas, des observations micrographiques effectuées durant les essais et/ou post-mortem mettent en évidence la présence de phénomènes d’endommagement diffus (fissures matricielles visibles sur la figure 7, accompagnées de décohésions interfils et intrafils). Fils (fibres C, interphase PyC, matrice SiC) orientés parallèlement à la contrainte imposée Fissures induites par le chargement Matrice SiC Pore résiduel Fissures présentes à l’issue de l’élaboration 100 µm Fils orientés perpendiculairement à la contrainte Figure 7 – Micrographie (plan d’empilement des tissus, LCTS) montrant l’état de fissuration après rupture d’un composite 2D C/SiC sollicité en traction Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 9 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ 2.1.1.2 Essais de cisaillement et de traction hors axes Contrainte (MPa) Pour les CMC, de même que pour la plupart des composites à fibres longues, l’essai de cisaillement le plus usité est l’essai dit « Iosipescu » [16] qui fait appel à un montage et à une éprouvette privilégiant l’effort tranchant par rapport au moment fléchissant, figure 9a. Cet essai ne permet cependant pas d’assurer l’homogénéité des champs de contraintes et de déformations jusqu’à la rupture. En effet, des phénomènes de localisation de ces champs de contrainte et de déformation (et donc de l’endommagement qui, de diffus, devient localisé) conduisent à un comportement qui s’éloigne progressivement du cisaillement pur, se traduisant sur la courbe contrainte-déformation par un plateau, voire par une phase adoucissante (c’est-à-dire à courbure négative). Cependant, la partie de l’essai précédant la localisation se traduit généralement par un domaine suffisamment étendu pour en déduire un comportement mécanique principalement lié à un cisaillement homogène. Dans cette partie homogène, les courbes contrainte-déformation présentent également, après une première partie linéaire, un comportement non linéaire de type élastique-endommageable avec déformations résiduelles (figure 9b ). 300 250 Cycle 5 200 Cycle 4 Cycle 3 150 100 Cycle 2 50 Cycle 1 0 0,00 0,10 0,20 0,30 0,40 0,50 0,60 0,70 Déformation (%) Figure 8 – Courbe de comportement en traction avec cycles de décharge/recharge d’un composite 2D tissé SiC/SiC Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 Des observations micrographiques réalisées avant les essais montrent que, pour certains CMC tels que les C/SiC, de l’endommagement est déjà présent après élaboration [15]. Cet endommagement initial est induit, soit par les différences entre les coefficients d’expansion thermique des fibres et de la matrice, soit par la phase de retrait lors d’une densification par voie liquide. Quelle qu’en soit l’origine, cet endommagement postélaboration est : – responsable d’un premier domaine linéaire nettement plus restreint ; – indicateur de la présence de contraintes résiduelles au sein du matériau. tiwekacontentpdf_n4803 L’introduction de cycles de décharge/recharge en cours d’essai, figure 8, permet de mettre en évidence les « signatures » macroscopiques de l’endommagement qui sont : – une chute du module apparent ; – des hystérèses rendant compte de phénomènes de frottement ; – des déformations résiduelles. La présence plus ou moins marquée de ces hystérèses justifie de qualifier le module identifié à partir de ces cycles d’apparent, dans la mesure où il est généralement difficile, voire impossible, de mettre en évidence une partie parfaitement linéaire sur ces courbes (on peut par exemple, pour calculer ce module, relier par une droite les points de début et de fin de décharge). Il est important de mentionner que, si les hystérèses des cycles sont induites par les décohésions permettant à divers frottements de prendre place, l’absence (ou la quasi-absence) d’hystérèse ne signifie pas forcément l’absence de décohésions. En effet, la relaxation d’une partie des contraintes résiduelles provoquée par l’apparition de l’endommagement (fissuration matricielle et décohésions induites) peut contribuer à diminuer le frettage des fibres par la matrice, ce qui est le cas des C/SiC [15]. Pour les CMC les plus étudiés actuellement, c’est-à-dire ceux élaborés à partir de préformes fibreuses tissées 2D et 2D interliées, les modules axiaux déduits d’essais de traction réalisés à l’ambiante varient de 80 à 300 GPa, selon le type de fibre et les procédés d’élaboration utilisés. Les contraintes et déformations maximales pouvant être atteintes sont respectivement de 400 à 500 MPa et 1 à 1,5 %. N 4 803 – 10 Les observations micrographiques effectuées durant les essais et/ou post-mortem ont montré que les fissures générées par une contrainte de cisaillement sont principalement orientées à ≈ 45o des axes du renfort fibreux (figure 10) [15]. Comme pour tous les composites renforcés par des fibres longues, les essais de traction uniaxiale effectués avec le chargement orienté différemment de la direction des axes d’orthotropie du matériau sont représentatifs d’essais multiaxiaux comprenant, en particulier, une composante de cisaillement qui vient s’ajouter aux composantes de traction axiale. Cette multiplicité des sources d’endommagement explique la disposition des courbes présentées dans la figure 11a, avec des comportements hors axes plus souples que suivant les axes, ce phénomène étant d’autant plus marqué que l’angle de désaxage par rapport aux axes d’orthotropie est élevé. De même qu’en cisaillement, les fissures matricielles suivent diverses orientations selon les types de matériau et de texture. Ainsi, pour les mêmes 2D SiC/SiC et C/SiC que ceux testés en cisaillement, les fissures apparaissent très désaxées par rapport aux fibres. 2.1.1.3 Essais de compression Les essais de compression effectués suivant les directions du renfort fibreux lorsque celles-ci représentent les axes d’orthotropie des composites mettent toujours en évidence un comportement linéaire élastique [15] [17]. En général, des observations micrographiques et/ou l’acquisition d’un signal d’émission acoustique révèlent la présence d’endommagement [17]. Toutefois, la direction préférentielle d’endommagement parallèlement à la charge n’influence pas le module élastique longitudinal. Du fait des faibles épaisseurs des composites généralement étudiés, la rupture intervient principalement à la suite d’un flambement. De ce fait, les contraintes à rupture mesurées sont la plupart du temps à considérer avec précautions. Les essais de compression réalisés en dehors des axes du renfort fibreux, également représentatifs d’essais multiaxiaux comprenant, entre autres, une composante de cisaillement, présentent de ce fait un comportement non linéaire élastique-endommageable jusqu’à la rupture (figure 11b ). Toutefois, à angle de désaxage égal, l’écart à la linéarité est moindre qu’en traction. Il apparaît en effet qu’une composante de compression tend à ralentir l’endommagement de cisaillement, voire même à refermer des fissures déjà présentes. Ainsi, compte tenu des diverses interactions prenant place dans le cas d’essais réalisés hors axes, tant en traction qu’en compression, on peut en conclure que la composante de cisaillement issue d’essais de traction et/ou de compression effectués à 45o n’est en général pas représentative d’un cisaillement « pur ». Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES Contrainte (MPa) 300 Chargement 250 200 Partie fixe 150 Partie mobile Échantillon Champ de contraintes Talons de positionnement 100 50 0 0 0,5 1 1,5 Déformation (%) b a Figure 9 – (a) Principe de l’essai dit de cisaillement « Iosipescu », (b) courbes de comportement en cisaillement d’un composite 2D tissé SiC/SiC Fissure présente à l’issue de l’élaboration Fissures induites par le chargement 200 µm Figure 10 – Micrographie (plan d’empilement des tissus, LCTS) montrant des fissures orientées à 45o du renfort fibreux dans le cas d’un 2D C/SiC sollicité en traction hors axes Les résultats d’essais de traction-compression alternées (c’est-à-dire des essais de traction cyclée pour lesquels les décharges sont prolongées en compression), mettent clairement en évidence le retour de la courbe sur le point initial de comportement en compression. L’endommagement créé en traction devient « passif », c’est-à-dire les fissures sont refermées [15] (figure 12). 2.1.2 Comportement sous sollicitations dynamiques à température ambiante Les études consacrées au comportement en dynamique rapide des CMC, c’est-à-dire à des vitesses de déformation nettement supérieures à 1 s–1, sont assez peu nombreuses. Ce domaine s’étend de la traction à vitesse élevée jusqu’à la fatigue dynamique. Toutefois, plus récemment, des CMC ont été soumis à des chocs de faible énergie, à l’aide d’une tour de chute instrumentée, endommageant les éprouvettes sans les rompre, afin de reproduire d’éventuels problèmes de maintenance sur des pièces utilisées dans l’aéronautique (figure 13) [18]. Dans le cas de chocs de faible énergie endommageant le matériau sans le rompre, il a été établi un concept de trou équivalent qui traduit le caractère localisé de l’endommagement et permet de représenter le comportement résiduel à la traction [18]. 2.1.2.1 Sollicitations simples Les quelques études réalisées en traction sur éprouvettes lisses à différentes vitesses de sollicitation montrent que les CMC se comportent classiquement en se rigidifiant progressivement avec l’accroissement de la vitesse de traction [19]. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 11 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ Contrainte (MPa) 0 0,1 0 Contrainte (MPa) 500 0,2 0,3 0,4 0° −100 400 45° −200 300 20° 20° −300 200 −400 45° 100 0° −500 0 0 0,5 1 1,5 Déformation (%) −600 Déformation (%) a b Figure 11 – Courbes de comportement monotone en traction (a) et en compression (b) d’un 2D C/SiC pour divers angles de sollicitation De nombreuses études ont en revanche été réalisées sur des éprouvettes diversement entaillées et sollicitées en conditions quasi statiques, surtout dans les années 1990 [20] [21]. Les principales conclusions sont que, contrairement aux matériaux monolithiques tels que les alliages métalliques, aucun lien ne peut clairement être établi entre la résistance à l’entaille en conditions quasi statiques et la résilience. Les essais sur ces éprouvettes diversement entaillées ont surtout révélé une compétition entre la rupture fragile et la capacité qu’a le composite à supporter la localisation de l’endommagement, c’est-à-dire à supporter le passage d’un endommagement diffus à une macrofissuration sans que cela n’entraîne la ruine complète d’une structure. Contrainte (MPa) 500 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 400 tiwekacontentpdf_n4803 300 2.1.2.2 Sollicitations cycliques : fatigue dynamique 200 La fatigue dynamique des CMC a été essentiellement étudiée en traction sous contraintes minimales et maximales imposées suivant les axes du renfort fibreux, d’abord sur des unidirectionnels puis sur des tissés 2D et des 2D interliés [22] [23]. Les évolutions constatées lorsque le nombre de cycles augmente sont : – une diminution du module apparent (au moins dans le cas des 1D) ; – une augmentation des déformations résiduelles, similaire à l’effet dit « de Rocher » des alliages métalliques ; – une variation éventuelle de l’ouverture des cycles (c’est-à-dire modification des hystérèses). 100 0 − 100 − 200 − 300 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 Déformation (%) Figure 12 – Courbe de comportement en traction selon l’une des directions du renfort fibreux avec interposition de cycles de décharge/recharge prolongés en compression d’un composite 2D tissé C/SiC N 4 803 – 12 Les mécanismes proposés pour expliquer ces comportements font intervenir une dégradation continue des diverses interfaces par frottement/abrasion provoquant un report progressif de la charge appliquée vers les fils et, à l’intérieur des fils, vers les fibres qui rompent alors progressivement. Cet accroissement des décohésions interfaciales conduit également à une ouverture des fissures qui se referment alors incomplètement lors des décharges, ce qui se traduit par des déformations résiduelles en augmentation progressive. Pour les composites 1D, ce même mécanisme conduit naturellement à une baisse du module apparent. Pour les composites tissés (2D et 2D interlié), Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES Côté impacté Côté opposé Échantillon 1 Échantillon 2 Échantillon 3 Figure 13 – Micrographies optiques montrant l’état d’endommagement d’un composite 2D interlié SiC/SiC impacté à différentes énergies croissantes (respectivement de 0,65, 1,31 et 2,53 joules). L’impact est réalisé par le biais d’une tour de chute munie d’un impacteur (Photo LCTS) l’endommagement est plus complexe. En particulier, le réalignement des fils rendu possible par l’ouverture des interfaces induit parfois un accroissement du module apparent en cours de cyclage [23]. De même, du fait de compétitions entre les divers mécanismes, les ouvertures des cycles peuvent augmenter, diminuer, voire demeurer stables. En effet, si la rupture des fibres tend à accroître le frottement, l’érosion des interfaces et l’écartement des lèvres des fissures qui en résulte tend à le diminuer. Les diagrammes d’endurance, c’est-à-dire les graphes représentant l’évolution du nombre de cycles à rupture avec la contrainte appliquée (maximale ou moyenne) dénommés « courbes S-N », présentent une allure classique de diminution du nombre de cycles à rupture lorsque la contrainte maximale appliquée augmente. Ce comportement est observé tant que cette contrainte n’excède pas le seuil de saturation de l’endommagement matriciel. Au-delà de ce seuil, la dispersion est nettement plus élevée, car les fibres sur lesquelles est entièrement reporté le chargement sont alors directement sollicitées en fatigue [24]. Il a également été montré que la fréquence du cyclage n’est réellement influente que pour des valeurs très élevées, de l’ordre de plusieurs centaines de Hz [25]. À ces valeurs, on observe une nette diminution du nombre de cycles à rupture par rapport à des essais effectués dans des conditions identiques, mais à des fréquences nettement moins élevées. Cette diminution est attribuée à un échauffement adiabatique suffisamment fort pour oxyder et donc fragiliser les fibres. 2.1.3 Influence de la température L’influence intrinsèque de la température, c’est-à-dire en excluant les phénomènes diffusifs tels que l’oxydation ou l’irradiation, a essentiellement été étudiée en conditions quasi statiques (traction et fluage) et en fatigue. Deux effets principaux sont révélés dans tous les cas : – la diminution des contraintes résiduelles d’origine thermique à mesure que la température d’essai se rapproche de celle d’élaboration. Pour de nombreux composites tels que les C/SiC, la matrice vient alors progressivement et notablement fretter la fibre, ce qui explique le raidissement observé de l’ambiante à 1 000 oC sur les courbes de la figure 14, représentatives d’essais de traction réalisés à diverses températures ; Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 13 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ La nature des composites varie en fonction des domaines concernés : – milieu haute température en environnement oxydant (< 1 400 oC) : SiC/SiC ; – milieu basse température en environnement oxydant (< 1 000 oC) : oxyde/oxyde. Contrainte (MPa) 600 1 000 °C 300 500 °C 25 °C 1 600 °C 0 — 0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 Déformation (%) — 300 Figure 14 – Courbes de comportement en traction dans les axes du renfort fibreux pour des essais réalisés à diverses températures (sous atmosphère inerte) sur un 2D C/SiC Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 – le fluage d’au moins un des constituants, fibre et/ou matrice. Pour les composites à matrice céramique, c’est la fibre qui, en premier, adopte un comportement visqueux à haute température (à partir de 1 100 à 1 400 oC selon le type de fibre). Cela se traduit, en traction, par une diminution de l’écrouissage d’endommagement (cf. la courbe de l’essai réalisé à 1 600 oC dans la figure 14), une augmentation des déformations résiduelles, ainsi que des cycles de décharge/recharge dont les valeurs ne coïncident plus lors de la recharge. tiwekacontentpdf_n4803 En outre, l’endommagement induit par le premier chargement, que celui-ci soit ensuite maintenu constant ou cyclé, joue un rôle majeur dans le comportement ultérieur. Ainsi, des études consacrées au fluage des CMC ont montré que, même à des températures inférieures à celles impliquant un comportement visqueux d’au moins un des constituants, une évolution temporelle significative des déformations axiales peut être observée. Elle résulte d’une propagation lente des décohésions interfaciales [26]. Les auteurs ont qualifié de fluage-endommagement ce comportement qui provoque une large ouverture des fissures matricielles et un progressif report des charges sur les fibres. Il apparaît en outre que ce comportement thermoactivé l’emporte à haute température sur le frettage fibre/matrice qui, à l’opposé, tend à diminuer les glissements aux interfaces. Le rôle majeur joué dès le départ par l’endommagement explique très certainement l’absence de domaine tertiaire (c’est-à-dire pour lequel une accélération de la vitesse de déformation annonciatrice de la rupture prend place dans le cas des alliages métalliques) dans la plupart des courbes de fluage des CMC. 2.2 Oxydation 2.2.1 Définition des environnements et domaines de température L’ensemble des applications exige aujourd’hui de développer des matériaux innovants à résistance accrue à l’oxydation/corrosion dans un très large domaine de températures (300 à 3 000 oC). Les durées de fonctionnement (ou durée de vie) attendues sont respectivement de 60 000 h et 30 s. N 4 803 – 14 L’oxygène est rarement la seule espèce gazeuse responsable de l’oxydation des CMC dans leur environnement d’utilisation. Dans l’air, la vapeur d’eau, même en faible quantité peut jouer un rôle significatif dans les processus d’oxydation des matériaux céramiques. Dans le domaine aéronautique, les températures et temps de fonctionnement diffèrent en fonction du domaine d’application : dans le militaire, les durées de vie sont de quelques milliers d’heures dans un domaine de températures s’étendant de 1 000 à 1 400 oC environ (chambre de combustion). En revanche, dans le civil, les durées de vie peuvent atteindre 60 000 h pour des températures de 400 à 800 oC. Les pressions des atmosphères environnantes sont inférieures à 1 MPa. Les compositions des mélanges représentatifs des espèces oxydantes sont généralement caractérisées par le rapport PH2O / PO2 . Ce rapport est un facteur caractéristique de la capacité de protection des composites à matrice séquencée (autocicatrisante). Les environnements dans les moteurs d’avions sont considérés en conditions de combustion riche si H2O(g) ≈ 12 à 13 % et O2 ≈ 0 % et pauvre si H2O(g) ≈ 10 à 12 % et O2 ≈ 2 à 10 % [27]. Pour être représentatif de ces conditions, les essais de vieillissement à haute pression sont généralement réalisés pour des rapports PH2O / PO2 élevés. Les domaines de l’aéronautique et du spatial requièrent des matériaux de plus en plus performants en termes de résistance aux milieux sévères. En effet, ces matériaux doivent être capables de fonctionner en présence d’environnements gazeux de grande vélocité, sous des pressions de l’ordre de 10 MPa (la centaine de bars), à des températures excédant 2 000 oC. Ces environnements peuvent inclure différentes espèces oxydantes ou corrosives en plus de O2 et H2O par exemple CO2(g) ou HCl(g) [28]. Ainsi, même pendant des temps de quelques minutes de fonctionnement, un matériau comme le carbure de silicium peut se dégrader significativement en présence de ces espèces. 2.2.2 Autocicatrisation Le concept d’autocicatrisation a été développé afin de boucher les fissures formées à l’intérieur de la matrice céramique en cours de fonctionnement et ainsi limiter la diffusion des espèces oxydantes vers le renfort fibreux. Les composites à matrice de carbure de silicium (C/SiC, SiC/SiC) ont été développés dans ce but [29]. Sous atmosphère oxydante à partir de 1 000 oC, la matrice est cicatrisée par la formation de silice qui remplit les fissures par capillarité. Plus récemment, l’introduction de bore sous forme de B4C au sein de la matrice SiC a permis d’abaisser la température de cicatrisation grâce à la formation d’oxyde de bore (B2O3) à bas point de fusion (Tf = 450 oC) [30] [31] (figure 15). Cette réaction d’oxydation s’accompagne au minimum d’un doublement du volume des phases condensées concernées. L’association de céramiques à base de silicium et de bore garantit une cicatrisation optimale dans un large domaine de températures sous environnement oxydant. Le cicatrisant est un borosilicate liquide visqueux appartenant au système SiO2-B2O3 [32]. L’oxyde de bore réagit cependant avec la vapeur d’eau pour former des espèces gazeuses qui appauvrissent la teneur en bore de la matrice et réduisent au cours du temps sa capacité autocicatrisante. Il a été montré que l’ajout de certains éléments, comme l’aluminium, permet d’augmenter la stabilité thermochimique des oxydes de bore vis-à-vis de la vapeur d’eau [33] [34]. Les phases contenant le bore peuvent être soit dispersées de manière homogène dans une matrice SiC, soit introduites par CVI Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES H2O (g) O2(g) O2(g) H2O (g) Verre liquide cicatrisant (B2O3 + SiO2) SiC SiC SiC SiC Phases solides borées SiC fibre C fibre C Figure 15 – Principe de l’autocicatrisation des CMC dès les faibles températures par formation d’oxyde de bore liquide qui bouche les fissures de la matrice par capillarité nucléaires qui doit véhiculer l’énergie dégagée par la réaction de fission vers le fluide caloporteur. Dans ce dernier exemple, des gaines de combustible en SiC/SiC sont envisagées pour remplacer l’alliage métallique Zircaloy actuellement utilisé. En revanche, pour les matériaux de protection pour la rentrée atmosphérique les structures doivent être les plus isolantes possibles. 2.3.1 Grandeurs caractéristiques et méthodes de mesure Deux propriétés thermophysiques sont nécessaires pour établir des lois de comportement : – la conductivité thermique λ qui caractérise l’aptitude du milieu à conduire la chaleur ; – la capacité thermique volumique ρcp qui traduit le pouvoir du milieu à emmagasiner la chaleur. Si ces grandeurs ne sont pas directement accessibles, d’autres propriétés comme la diffusivité a ou l’effusivité thermique E peuvent être mesurées : a= Figure 16 – Composite à matrice multicouche autoprotectrice comportant des phases borées sous forme d’une matrice multicouche à base de carbure de silicium qui combine des couches alternées de composés binaires et ternaires appartenant au système Si-B-C (figure 16). Les constituants de ces couches plus ou moins sensibles à l’oxydation et/ou à l’humidité jouent alternativement le rôle d’apport de bore, d’apport de silicium et de fusible mécanique [33] [35]. 2.3 Thermique La majorité des applications des CMC étant à haute température, leurs propriétés thermiques, conductrices ou isolantes, doivent être maîtrisées avec soin en fonction des applications. Par exemple, dans le freinage, le matériau a un rôle de puits de chaleur qui requiert une conductivité thermique élevée de même que le matériau utilisé pour le gainage des combustibles E = λρcp Dans les matériaux composites à fibres longues, les transferts de chaleur sont complexes en raison de leur nature hétérogène et de leur anisotropie. L’arrangement du renfort fibreux, la diversité des phases constitutives ou encore la présence de porosité sont autant de facteurs qui perturbent les « chemins thermiques », et les propriétés mesurées à l’échelle macroscopique sont qualifiées de propriétés « effectives ». Ainsi, l’expérimentateur qui entreprend de caractériser ces matériaux à cette échelle doit identifier le volume élémentaire représentatif (VER) de la structure étudiée. À l’échelle macroscopique, la conductivité thermique est généralement obtenue de manière indirecte en mesurant la diffusivité thermique par méthode flash [36]. La capacité thermique est mesurée par calorimétrie différentielle à balayage (de la température ambiante jusqu’à 1 200 oC) et par calorimétrie à chute (jusqu’à 2 500 oC) [37] [38]. Pour des échantillons présentant un temps caractéristique de diffusion suffisamment long, la mise au point récente de méthodes par contact de type « sonde chauffante » fondée sur l’analyse de la réponse transitoire en température à une Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 λ ρcp N 4 803 – 15 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ z Analyse de la réponse en température Tx(t) Flux Φz z z Flux Φy Ty(t) x Flux perturbateur y y x y Tz(t) x Φx Expérience 1 Expérience 2 Expérience 3 Figure 17 – Mesure de la conductivité (ou diffusivité) : expériences à réaliser pour la caractérisation thermique d’un composite orthotrope à trois directions principales (x,y,z) perturbation produite par une résistance électrique, permet d’accéder directement à la conductivité thermique de composites jusqu’à haute température [39]. L’anisotropie des composites multiplie le nombre de paramètres à identifier dans le tenseur de conductivité. Dans un repère cartésien, ce tenseur de conductivité thermique Λ s’exprime selon : λx = λ// Λ= 0 0 0 λy = λ// 0 λz = λ⊥ 0 0 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 Ces paramètres sont identifiés par l’application d’une perturbation thermique unidirectionnelle à l’échantillon, successivement selon chacune de ses directions principales (figure 17), l’analyse de la réponse thermique se faisant en face arrière. Le problème se simplifie pour la grande majorité des composites équilibrés en se réduisant au cas orthotrope à deux directions (dans le plan des strates et dans leur épaisseur). tiwekacontentpdf_n4803 Il est toutefois possible d’identifier simultanément plusieurs composantes du tenseur en utilisant des méthodes d’excitation multidirectionnelle. Le traitement de ces méthodes tire profit pour cela des transformations de Laplace ou de Fourrier [40] [41] ou exploite la séparation de variables [42]. Enfin, dans le cas des méthodes « flash », mentionnons une dernière approche fondée sur l’utilisation d’un masque périodique placé entre l’échantillon et le flux d’excitation. Celui-ci permet d’exacerber une fréquence spatiale du composite (définie par le masque) qui favorise les gradients locaux pour découpler les transferts selon la direction à caractériser. On se retrouve à résoudre un problème monodimensionnel autorisant l’accès à la diffusivité dans une direction donnée. Cette méthode est principalement utilisée pour accéder à la diffusivité thermique des CMC dans le plan [43] [44]. 2.3.2 Paramètres influençant les transferts thermiques Isotrope Radiale Oignon Panam Figure 18 – Différentes textures transverses de fibres de carbone lèle. Quatre familles de textures caractéristiques sont représentées en section transverse sur la figure 18. Dans les fibres de texture isotrope, les plans graphitiques sont répartis aléatoirement dans la section tandis que, dans les trois autres cas, ils présentent des orientations préférentielles : radiale, circonférentielle ou encore bipolaire. Ces plans ont des extensions variables dans le sens longitudinal (figure 19). Ainsi, la conductivité thermique d’une fibre à texture radiale, telle que la fibre de carbone ex-Brai P100 présentée sur la figure 20, s’exprime sous la forme d’un tenseur à trois composantes : radiales λf,R , circonférentielle ou orthoradiale λf,θ et longitudinale λf,L telles que : λf,R ≈ λf,L λf,θ La conductivité thermique longitudinale à température ambiante est connue pour plus d’une centaine de fibres de carbone : voir la figure 21 pour les fibres commerciales les plus répandues. La conductivité des fibres ex-Brai est généralement supérieure à celle des fibres ex-PAN du fait d’un degré de graphitisation plus élevé. Les moins conductrices sont les fibres ex-Cellulose élaborées à plus basse température. ■ Fibres de carbure de silicium ■ Fibres de carbone Dans le cas des fibres de carbure de silicium qui sont isotropes, les performances thermiques sont dépendantes de la microstructure et de la pureté du matériau. Les fibres les plus conductrices sont celles de troisième génération qui se rapprochent le plus du monocristal. La conductivité thermique atteint ainsi 65 W · m–1 · K–1 dans le cas de la fibre SiC Tyranno SA3, alors que les valeurs sont à peine supérieures à l’unité pour les fibres de première génération comportant majoritairement des domaines amorphes Si-O-C. Dans le cas des fibres de carbone, l’étendue et l’orientation des plans graphitiques gouvernent le transport de chaleur : la conductivité thermique perpendiculaire aux plans est nettement inférieure (typiquement d’un facteur 5 à 10) à la composante paral- Le tableau 2 rassemble les propriétés thermophysiques des principales fibres de carbure de silicium disponibles sur le marché en fonction de leur composition et des données microstructurales. 2.3.2.1 Influence de la nature des fibres Les fibres continues constituent au sein du composite des chemins privilégiés de conduction thermique. Cependant, pour une même nature de renfort, les propriétés de conduction thermique peuvent varier d’un facteur 1 à 1 000 suivant le degré de cristallinité et d’organisation de la matière. N 4 803 – 16 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES a longitudinal d’une fibre de carbone ex-PAN b tridimensionnel d’une fibre de carbone ex-PAN c radial d’une fibre de carbone ex-Brai Figure 19 – Modèles d’organisation des plans graphitiques [45] µm 22µm 3 µm a ex-Brai P100 3 µm b ex-PAN T300 c ex-Cellulose TC1 Conductivité thermique longitudinale (W · m–1 · K–1) Figure 20 – Photographie MEB (LCTS) de sections transverses caractéristiques des fibres de carbone 1000 100 10 Ex-Cellulose Ex-PAN TC1 TC2 LM HM C6000 Grafil 34 HTA IM7 M30 M50 M60J Panex33 T40 T50 T300 T650/35 T1000G E35 E55 E75 E120 E130 K1352U K1392U P25 P75 P100 P120 XN50A XN85A YSH-50A YSH-90A Ex-Brai 1 Figure 21 – Conductivités thermiques longitudinales de fibres de carbone à température ambiante Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 17 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ Tableau 2 – Propriétés thermiques de fibres SiC selon leur composition et microstructure (sources : [46] [47] [48] + valeurs mesurées) Génération 1re génération 2e génération 3e génération Nicalon NLM-202 (1) Tyranno Lox M (2) Hi-Nicalon (1) Tyranno ZE (2) Hi-Nicalon S (1) Tyranno SA3 (2) Sylramic (3) 2,55 2,48 2,74 2,55 3,00 3,10 3,05 ~ 3 nm dans Si-O-C amorphe ~ 2 nm dans Si-O-C amorphe 5 à 10 nm dans Si-O-C amorphe ~ 3,5 nm dans Si-O-C amorphe 20 nm Rapport C/Si ........................... (% at) Oxygène O ............................. (% at) 1,32 11,7 1,37 10,2 1,39 0,5 1,48 1,7 1,05 0,2 1,08 0,3 1,00 0,8 Hétéroéléments ..................... (% at) – Ti 0,7 – Zr 1,0 – Al 1, 4 B 4,2 / Ti 0,9 / N 0,6 Dilatation thermique ....... (10–6 K–1) Capacité thermique ...(J · kg–1 · K–1) Conductivité thermique ..................(W · m–1 · K–1) 3,2(25 à 500 °C) 710 3,1 735 3,5(25 à 500 °C) 670 4(25 à 1000 °C) 710 3 1,3 8 3,8 Nom commercial Densité Taille de grains 100 à 150 nm 100 à 300 nm 5,1(25 à 500 °C) 4,5(25 à 1000 °C) 5,4(20 à 1 320 °C) 700 670 615 à 750 18 65 42 (1) NGS Advanced fibers Co., Ltd. (2) UBE Industries, Ltd. (3) Dow Corning Co. 2.3.3 Influence de la matrice et de l’armure du composite Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 En raison de sa porosité résiduelle, la matrice est généralement moins conductrice de la chaleur que les fibres. En conséquence, les composites élaborés par voie gazeuse CVI ou liquide PIP, qui sont plutôt poreux (10 à 15 %), présentent des conductivités thermiques plus faibles comparativement à ceux élaborés par imprégnation de silicium fondu RMI ou par frittage, qui ont des densités élevées. Si l’utilisation de procédés hybrides peut être envisagée pour combler cette porosité, il est également possible d’inclure volontairement des phases conductrices pour en améliorer les propriétés [49]. tiwekacontentpdf_n4803 À l’échelle du composite, les propriétés macroscopiques telles que la conductivité thermique sont donc majoritairement imposées par la nature des fibres et par leur disposition (armure). La grande variété des assemblages possibles (§ 1.2) a une influence sur la conductivité effective du composite selon ses directions principales. Cette influence est illustrée dans la figure 22 qui montre que la conductivité thermique transverse du matériau évolue avec la conductivité des fibres. Pour une même nature de fibres, la conductivité augmente avec la dimension du tissage : un matériau 3D est en général davantage conducteur qu’un matériau 2D. Le tableau 3 rassemble les conductivités thermiques caractéristiques de quelques familles de composites selon le procédé de densification et le type d’armure. Conductivité thermique transverse (W · m–1 · K–1) 25 Tyranno SA3 – tissu 3D λ = 65 W · m–1 · K–1 à 25 °C 20 15 Tyranno SA3 – tissu 2D λ = 65 W · m–1 · K–1 à 25 °C Hi-Nicalon S – tissu 2D 10 λ = 18 W · m–1 · K–1 à 25 °C 5 Hi-Nicalon – tissu 2D λ = 8 W · m–1 · K–1 à 25 °C 0 0 200 400 600 800 1 000 Température (°C) 2.3.4 Évolution des propriétés en service Les propriétés des matériaux varient en fonction de la température et peuvent être modifiées au cours de leur usage en fonction de l’évolution de leur structure ou de leur composition. Figure 22 – Variation de la conductivité thermique transverse de composites SiC/SiC en fonction de la température pour différentes natures de fibre et de tissage ■ Influence de la température ■ Influence de l’endommagement La conductivité thermique des matériaux céramiques est essentiellement une conduction de réseau contrôlée par la diffusion des phonons. Elle diminue lorsque la température et le désordre structural augmentent. La figure 22 illustre cette évolution pour des composites SiC/SiC élaborés par voie gazeuse. Les sollicitations imputables à la manutention des objets et aux conditions de service peuvent engendrer, au sein des composites, un endommagement qui affaiblit les propriétés de conduction thermique. La figure 23 illustre le cas expérimental d’un composite SiC/SiC de grade nucléaire soumis à un essai de N 4 803 – 18 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES Tableau 3 – Propriétés thermiques de composites selon le procédé de fabrication et le type d’armure (sources : [50] [51] [52] + valeurs mesurées) C/ phénolique C/C Ex-PAN Armure Composites SiC/SiC- SiC/SiC- NITE SITE TSA3 TSA3 TSA3 Tissu 3D Tissu 3D UD 3D Ortho. 2,20 2,72 2,60 3,00 2,80 118 55 38 25 35 18 40 15 70 60 C/SiCCVI C/SiCRMI SiC/SiCCVI SiC/SiCPIP Ex-PAN Ex-PAN (T300) Ex-PAN TSA3 Tissu 2D imprégné Aiguilleté Tissu interlock 2,5D Tissu 3D Densité 1,65 1,75 1,85 Conductivité thermique (W · m–1 · K–1) : – dans le plan parallèle – transverse 1,8 1,2 60 10 15 6,5 Fibre 8,0E-06 500 Comportement mécanique Cycle 1 Diffusivité thermique 7,0E-06 Cycle 2 400 Cycle 3 Cycle 5 Contrainte (MPa) 6,0E-06 Cycle 4 300 5,0E-06 Cycle 3 Cycle 4 200 Cycle 2 4,0E-06 Cycle 5 Cycle 1 Diffusivité thermique transverse (m2 · s-1) Cycle 6 100 3,0E-06 Cycle 6 2,0E-06 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 Déformation longitudinale εzz (%) Les variations des valeurs moyennes de diffusivité thermique au cours de chaque cycle sont représentées suivant les flèches rouges. Les cartographies thermiques du matériau ont été mesurées à l’élongation maximale de chaque cycle. Figure 23 – Évolution de la diffusivité thermique transverse moyenne d’un composite SiC/SiC au cours d’un essai de traction uniaxiale cyclée traction cyclée, pour lequel la diffusivité thermique transverse est mesurée par thermographie IR aux différents états de chargement. Si le comportement thermique reste stable dans le domaine de déformation élastique, la diffusivité thermique diminue au-delà de ce domaine avec l’endommagement progressif du matériau jusqu’à sa rupture. La corrélation des cartographies de propriétés avec l’évolution microstructurale du composite permet d’attribuer cette baisse au développement du réseau de fissurations matricielles et aux décohésions entre fibre et matrice qui agissent comme des barrières à la propagation du front de chaleur [53]. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 19 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ 2.4 Irradiation neutronique Les applications des composites SiC/SiC dans le domaine nucléaire concernent actuellement essentiellement les gaines de combustible (§ 4.1) et seuls quelques résultats de comportement de ces matériaux sous irradiation neutronique sont rappelés ici. Le carbure de silicium s’amorphise et gonfle sous flux neutronique au-dessous de 125 oC. Au-dessus de cette température, le gonflement généré par les défauts ponctuels diminue lorsque la température augmente en raison de la restauration du matériau, pour atteindre un minimum de 0,2 % entre 800 et 1 000 oC [54]. Il est à noter que, dans ce domaine, le gonflement généré par les défauts ponctuels augmente de façon logarithmique avec la dose reçue, mais sature très vite pour des niveaux relativement modestes [quelques déplacements par atome (dpa)] (figure 24). Au-delà de 1 000 oC, le gonflement augmente en raison de la formation de clusters de lacunes par diffusion de ces dernières, et on n’observe plus de phénomène de saturation. Ce domaine demeure cependant encore mal connu. Dans le domaine du gonflement généré par les défauts ponctuels, l’irradiation induit une légère diminution du module d’élasticité à faible température (200 oC). Au-dessus, le module augmente avec la température proportionnellement à la diminution du gonflement, pour atteindre une valeur stable à 1 000 oC sa valeur normale [55]. L’irradiation dégrade également de manière significative les performances thermiques de ces matériaux. La conductivité thermique dépend de la température d’irradiation, elle est également essentiellement corrélée à l’amplitude du gonflement (figure 24). ■ Comportement des composites sous irradiation Une matrice de carbure de silicium obtenue par voie gazeuse (CVI) ou par le procédé de densification NITE (Nano-powder Infiltration and Transient Eutectic-phase [57]), supposée pure et bien cristallisée, gonfle de façon modérée jusqu’à saturation. 1 000 tiwekacontentpdf_n4803 Conductivité thermique (W · m–1 · K–1) ou gonflement (%) Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 400 °C 600 °C 800 °C 100 Conductivité thermique 3. Protections contre les dégradations en conditions d’usage De nombreux systèmes de protection contre l’oxydation et la corrosion ont été imaginés afin d’améliorer la durée de vie des composites à matrice céramique lors d’applications à haute température. Deux solutions ont été développées : Gonflement 1 L’utilisation de fibres SiC de dernière génération (Hi-Nicalon type S et Tyranno SA3), exemptes d’impuretés, associée aux procédés CVI ou NITE constituent à ce jour les seuls composites ayant démontré leur capacité à résister à un environnement irradiant aux neutrons suivant des critères de stabilité dimensionnelle et de comportement mécanique endommageable [56]. Il a été montré que ces matériaux conservent un comportement mécanique endommageable après irradiation dans un domaine de température de 300 et 1 300 oC au moins jusqu’à des doses intermédiaires de l’ordre de la douzaine de dpa et vraisemblablement au-delà [59]. Les composites élaborés selon ce schéma sont qualifiés de « grade nucléaire ». La résistance à l’oxydation ainsi que la stabilité et le maintien des propriétés mécaniques en température sont critiques pour l’application des CMC dans le secteur aéronautique et spatial [60]. En effet, dans certaines applications les températures peuvent s’élever jusqu’à 1 600 oC, dans l’air ou sous de hautes pressions de mélanges gazeux contenant des espèces oxydantes. L’utilisation de matériaux permettant d’augmenter les températures d’utilisation des pièces de moteur d’avion telles que les aubes de turbine, permettrait de s’affranchir de leur refroidissement, améliorerait le rendement des moteurs et réduirait les consommations en carburant ainsi que les émissions de NOx [61]. La durée de vie des CMC pour ces applications doit être de plusieurs dizaines de milliers d’heures. 200 °C 10 Concernant les interphases, l’interphase en nitrure de bore n’est pas appropriée à un environnement nucléaire. En effet, l’isotope 10 B présente une section de capture neutronique élevée. De plus, 5 l’interphase BN conduit, sous irradiation, à la formation d’espèces gazeuses (He) et radioactives à vie longue (14 6 C) , ce qui modifie la capacité du matériau à dévier les fissures. L’utilisation d’une interphase en pyrocarbone est acceptable, mais quelques incertitudes subsistent quant à son aptitude à conserver son pouvoir déviateur dans le temps, en raison de son comportement anisotrope sous irradiation neutronique. En effet, sous l’effet des neutrons, le pyrocarbone subit simultanément un retrait parallèle aux plans de graphène et un gonflement perpendiculaire à ces plans. Cette anisotropie génère ainsi une altération de la liaison « fibre-matrice » qui influence directement le comportement mécanique du composite. Pour cette raison, les épaisseurs déposées sont généralement très faibles. Des solutions d’interphases multicouches (PyC/SiC)n ou encore d’interphases SiC pseudo-poreuses sont également étudiées pour améliorer la stabilité sous irradiation. – les protections par inhibiteurs d’oxydation pour les fibres de carbone qui bloquent les sites actifs d’oxydation ; – les protections externes qui consistent en des revêtements limitant la diffusion des espèces oxydantes et corrosives (oxygène, vapeur d’eau) vers la surface du matériau. 0,1 200 °C 400 °C 600 °C 800 °C 3.1 Inhibiteurs d’oxydation 0,01 0,0001 0,001 0,01 0,1 1 Dose d’irradiation (dpa) 10 Figure 24 – Évolution du gonflement et de la conductivité thermique du carbure de silicium élaboré par voie gazeuse en fonction de la dose d’irradiation (extrait de [56]) N 4 803 – 20 100 L’application d’inhibiteurs d’oxydation concerne les renforts fibreux de type carbone. L’objectif est de bloquer ou du moins limiter la réactivité des sites atomiques actifs (tels les atomes de carbone des bords de plans atomiques) vis-à-vis des espèces oxydantes et corrosives. L’effet inhibiteur d’oxydation de l’oxychlorure de phosphore (POCl3) a été démontré par Wicke ou McKee [62] Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES [63] sur des matériaux carbonés. Les molécules de POCl3 forment une couche fortement adsorbée à la surface du matériau, ce qui constitue une barrière physique contre l’oxydation du carbone. McKee a mis en évidence le blocage des sites actifs d’oxydation sur les bords des plans carbonés par la décomposition vers 500 oC d’esters de phosphate ou de phosphite [64]. L’oxydation des préformes carbonées peut également être limitée par l’imprégnation d’une solution d’acide phosphorique (H3PO4) qui permet de limiter la réactivité des sites actifs d’oxydation à la surface des fibres par la formation de liaisons C-O-P [65]. Parallèlement, l’oxyde de tantale Ta2O5 a été identifié comme un candidat potentiel pour les barrières environnementales, sur des substrats à base de silicium (Si3N4 , voire SiC) [75] [76]. Ses transformations allotropiques l’empêchent cependant d’être utilisé au-dessus de 1 360 oC. Pour des applications à plus hautes températures, l’oxyde de tantale doit être stabilisé par d’autres oxydes, comme Al2O3 ou La2O3 [77] [78]. Les propriétés de ces matériaux sont résumées dans le tableau 4. Cependant, l’introduction de passivateurs de sites actifs est, à elle seule, insuffisante pour permettre l’utilisation sur de longues durées de composés carbonés sous atmosphère oxydante même à relativement basse température. De plus, l’efficacité de ces inhibiteurs disparaît à plus haute température (T > 1 000 oC) en raison de leur volatilité. 4. Applications 3.2 Revêtements externes La protection externe a pour but de protéger le matériau contre un environnement oxydant. Historiquement, les revêtements ont été développés pour protéger le composite des sels fondus. Puis, il a été démontré que, dans les conditions d’utilisation, la silice protectrice, SiO2, formée par oxydation du SiC de la matrice se volatilisait sous forme de SiO, voire d’hydroxydes Si(OH)4 en milieu humique [66]. Les efforts se sont alors orientés vers le développement de barrières contre les espèces corrosives, limitant la volatilisation de la silice et/ou diminuant les températures de surface des pièces. Deux types de solutions ont été étudiées pour accroître la durée de vie du composite : – les barrières thermiques (TBC : Thermal Barrier Coating) qui consistent à limiter la conduction de chaleur vers le cœur du matériau, et donc sa température ; – les barrières environnementales (EBC : Environmental Barrier Coating) qui forment une barrière de diffusion aux espèces oxydantes et/ou corrosives et qui ralentissent ainsi l’oxydation du composite. Les matériaux de revêtement à base de silicates sont majoritairement utilisés, en raison d’un faible coefficient de dilatation thermique et d’une compatibilité chimique avec les substrats à base de silicium. La mullite (3Al2O3.2SiO2) a été l’un des premiers matériaux étudiés pour une application en tant que barrière environnementale [67] [68] et demeure l’un des matériaux les plus étudiés et utilisés encore aujourd’hui. En raison de leur transparence neutronique et de leur bon comportement sous irradiation, les composites SiC/SiC pourraient être des matériaux de gainage du combustible nucléaire intéressants et potentiellement très innovants. Ils sont actuellement développés pour répondre aux critères de performance accrue, mais aussi pour améliorer la gestion des ressources en matière fissile. Les progrès récents dans ce domaine permettent ainsi d’espérer la qualification de nouveaux concepts pour les réacteurs du futur (quatrième génération) qui devront fonctionner sur de longues durées dans des conditions sévères d’utilisation : fonctionnement à 550 oC pour les réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium (RNR-Na) et 1 000 oC pour les réacteurs à caloporteur gaz (RNR-G) sous flux de neutrons intense ; l’intégrité des structures devant être maintenue en toutes circonstances jusqu’à 2 000 oC pour pouvoir en assurer le refroidissement. L’adjonction d’une âme métallique au composite tubulaire, comme illustré sur la figure 25, permet de satisfaire la fonction d’herméticité requise pour confiner les produits de fission radioactifs créés par l’irradiation du combustible [80]. Les événements survenus dans la centrale japonaise de Fukushima en 2011 conduisent la communauté scientifique à s’intéresser aux composites de cette nature pour améliorer la sûreté des réacteurs du parc actuel, notamment pour réduire les risques de fusion du cœur et pour faire face au risque de dégagement de dihydrogène en situation accidentelle. Composite SiCf/SiC Enroulement filamentaire Couche interne + Tressage Couche externe Liner métallique ENROULEMENT e ∼1 mm R 5 mm Figure 25 – Section d’un tube de gainage de combustible en composite SiC/SiC pour application nucléaire (selon brevet CEA [80]) Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 TRESSE Φ Lissage de surface Récemment, des études menées sur des disilicates de terre rare ont montré qu’ils possèdent un coefficient de dilatation proche du SiC, une faible constante de perméabilité à l’oxygène et un faible taux de volatilisation, avec une nette diminution de la volatilisation de la silice en la liant chimiquement [70]. Par la suite, les silicates de terre rare ont été introduits dans divers systèmes de barrière environnementale ([71] à [74]). 4.1 Nucléaire Combustible Grâce aux programmes américains NASA High Speed ResearchEnabling Propulsion Materials (HSR-EPM) et DOE Ceramic stationary Gas Turbines (CSGT) qui ont pour finalité de remplacer les liners métalliques des chambres de combustion des turbines terrestres par des liners en composites de type SiC/SiC, de nouveaux matériaux, dont le coefficient de dilatation thermique est voisin de celui de la mullite, ont été identifiés : les aluminosilicates, comme notamment le BSAS ((BaO)x.(SrO)1–x.Al2O3.2SiO2) aluminosilicate de baryum et de strontium). Il s’agit en fait d’une solution solide constituée d’aluminosilicates de baryum (BAS) et de strontium (SAS). Ces aluminosilicates, dont le point de fusion est de l’ordre de 1 750 oC, ont une conductivité thermique faible et inférieure à celle de la zircone stabilisée par l’oxyde d’yttrium (PSZ) (1,6 W · m–1 · K–1) [69]. Le développement de ces matériaux est récent et leur procédé de fabrication demeure très coûteux. C’est pourquoi, ils ne sont utilisés actuellement que dans des domaines à forte valeur ajoutée comme le spatial, l’aéronautique militaire et sont potentiellement intéressants pour le nucléaire. Des recherches sont menées afin de développer des procédés d’élaboration plus rapides et donc moins onéreux que le procédé CVI (1 000 oC, sous pression réduite, pendant plusieurs semaines), afin que ces matériaux puissent être introduits dans les moteurs pour l’aéronautique civile. N 4 803 – 21 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ Tableau 4 – Propriétés des matériaux utilisés comme revêtements des CMC Température de fusion Coefficient de dilatation (10–6 K–1) Constante de vitesse de volatilisation k (g · cm–2 · h–1) Substrat Si3N4 2 173 K 3,0 4,5 × 10–5 (1) Composite SiC/SiC 2 973 K 4,5 à 5,5 SiC 2 973 K 5,5 SiO2 (cristobalite) 2 000 K 6,0 Mullite (3Al2O3.2SiO2) 2 123 K 5,3 (293 à 1 273 K) BSAS celsian 2 023 K 4à5 (293 à 1 573 K) Al2O3 2 323 K 9,6 (1 273 K) 2,9 × 10–5 (1) ZrO2 2 973 K 12 (1 373 à 2 623 K) 3,5 × 10–7 (1) 4,99 (300 à 1 700 K) 1,2 × 10–5 (1) 8,1 (293 à 1 273 K) 2,2 × 10–5 (2) Matériaux ZrSiO4 TiO2 2 098 K 3,2 × 10–5 (1) 3,8 × 10–2 (1) 8,6 × 10–6 (2) Al2TiO5 RE2Si2O7 2 223 K 4,8 (300 à 1673 K) 2,3 × 10–6 (1) RE2SiO5 2 223 K 3,1 (300 à 1 173 K) 4,1 (1 173 à 1 673 K) < 4 × 10–7 (1) Y3Al5O12 (YAG) 2 243 K 9,1 (293 à 1 573 K) 1,8 × 10–6 (1) Ta2O5 2 145 K 3 (293 à 823 K) 4 (823 à 1 473 K) Non déterminée Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 AlTaO4 tiwekacontentpdf_n4803 Non déterminée (1) [70]. (2) [79]. RE (Rare Earth) : abréviation générique d’une terre rare. Tête Faisceau d’aiguilles Squelette métallique Partie courante (sous flux) 200 mm Tronçon hexagonal composite SiCf/SiC Pied Figure 26 – Tube hexagonal avec tronçons en composite SiC/SiC pour application nucléaire (selon brevet CEA [81]) Une seconde application envisagée pour la fission concerne le tube hexagonal enveloppant le faisceau d’aiguilles fissiles (figure 26). Un argument en faveur de ce matériau est sa faible influence sur le bilan neutronique du cœur. Une structure en N 4 803 – 22 composite SiC/SiC permettrait également d’accroître la résistance aux déformations et à la fragilisation sous flux neutronique, elle assurerait sur une plus longue durée le maintien des assemblages de cœur [81]. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES 4.2 Aéronautique et spatial Température (°C) Les composites thermostructuraux conservent de bonnes caractéristiques à haute, voire très haute température, et peuvent donc être utilisés dans des domaines pour lesquels les superalliages actuels sont en limite d’usage. De surcroît, ils ont des densités significativement plus faibles que celles des alliages métalliques utilisés pour des applications équivalentes. Ils sont donc particulièrement justifiés pour les applications aéronautiques et spatiales (figure 27). Les températures et la durée d’utilisation sont les deux paramètres essentiels pour les applications de ces matériaux. En fonction de ces paramètres et des atmosphères rencontrées en conditions d’utilisation, des composites C/C, C/SiC ou SiC/SiC peuvent être choisis. Les principaux domaines d’utilisation des composites sont présentés figure 28. Les composites thermostructuraux tels que les C/SiC ou les SiC/SiC possèdent des propriétés intéressantes pour les moteurs d’avion et d’hélicoptère. Ainsi, les volets secondaires des moteurs de l’avion Rafale (figures 29 et 30) font partie des premières pièces en CMC utilisées en série sur un moteur d’avion. Les pièces en sortie moteur subissent tout le flux du réacteur et sont capables de fonctionner à haute température dans des atmosphères agressives. 3 000 2 000 1 000 Composites à matrice céramique Carbone/carbone Composites à matrice organique 0 1 · E – 02 1 · E + 00 1 · E + 02 1 · E + 04 Durée (heures) Figure 28 – Domaines d’utilisation des composites Module spécifique (GPa) 100 SiC/SiC 90 80 70 60 50 C/SiC 40 30 Base nickel 20 Base titane 10 Base cobalt 0 0 200 400 600 800 1 000 1 200 Température (°C) Figure 27 – Comparaison entre les modules spécifiques de différents matériaux pour applications à hautes températures Herakles / Safran Éric Drouin / Snecma / Safran Figure 29 – Volets montés sur avion Rafale Herakles / Safran Figure 30 – Volet du moteur du Rafale (gauche) et volet de tuyère de moteur d’avion militaire (droite) Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 23 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ Éric Forterre / Safran Figure 31 – Plug et mélangeur en composite à matrice céramique Herakles / Safran Herakles / Safran Figure 33 – Schéma de roues de turbine (à gauche) et aube en composite (à droite) Herakles / Safran Herakles / Safran Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 Figure 32 – Accroche-flamme (gauche) et distributeur (droite) tiwekacontentpdf_n4803 L’aéronautique civile s’intéresse également aux CMC. Les pièces des moteurs de l’aéronautique civile qui s’apparentent le plus aux volets des moteurs militaires sont les arrières-corps (Plug). Des pièces CMC de démonstration ont fonctionné sur banc moteur et ont été testées sur Airbus. Elles seront prochainement à l’essai sur un avion de ligne. Le mélangeur d’un moteur CFM56 ou le plug (figure 31) sont parmi les pièces les plus représentatives des enjeux pour les futurs moteurs en raison de leur dimension et de leur architecture complexe. Des essais ont également été réalisés avec succès sur des pièces subissant des contraintes plus élevées au cœur de la combustion des moteurs. Ce sont par exemple les accroche-flammes ou le distributeur (figure 32). Cependant, le défi le plus fort concerne aujourd’hui les aubes de turbine des moteurs civils (figure 33). Elles sont en alliage métallique et résultent d’une haute technologie de mise en œuvre. De plus, leur température de fonctionnement étant proche de la limite d’utilisation de ces alliages, elles nécessitent un refroidissement interne. L’usage de CMC pourrait ainsi apporter une vraie rupture technologique. Non seulement en raison de la densité du matériau, mais aussi grâce à la suppression du refroidissement interne. Grâce à de telles pièces, les moteurs présenteront des rendements plus élevés et donc une consommation d’énergie plus faible. De plus, les températures de fonctionnement étant plus élevées, les rejets de NOx seront plus faibles. N 4 803 – 24 5. Conclusion Les CMC sont étudiés et développés depuis les années 1970. Plusieurs ruptures scientifiques et technologiques ont permis de les industrialiser : leur « défragilisation » par l’optimisation de la liaison fibre/matrice en introduisant une interphase et la mise au point d’un procédé de densification par CVI. L’autocicatrisation est une autre rupture qui a augmenté considérablement la durée de vie des pièces en CMC. Les pièces élaborées par la voie CVI ont des propriétés mécaniques élevées qui sont bien conservées à haute température et ces matériaux ont, dans un premier temps, été utilisés essentiellement pour des applications à haute valeur ajoutée pour lesquelles le coût de pièces n’est pas un facteur limitant : aéronautique militaire et spatial. Des efforts importants sont consacrés au développement de procédés de densification moins onéreux, afin de pouvoir introduire ces matériaux dans les moteurs pour l’aéronautique civile qui est un domaine beaucoup plus concurrentiel. Plusieurs pièces peuvent en effet bénéficier de la faible densité, de la résistance à l’oxydation et du comportement mécanique à haute température de ces matériaux : les arrièrescorps des moteurs, les mélangeurs de flux (ces pièces ont été réalisées en CMC et testées en vol) et les aubes de turbines. Les aubes qui sont des pièces complexes et soumises à des contraintes élevées sont un enjeu considérable pour ces matériaux. Leur industrialisation validerait définitivement l’utilisation de ces matériaux dans des applications à forte diffusion. La palette des matériaux pouvant être utilisés pour composer les constituants élémentaires des CMC (fibre, interphase, matrice) et des procédés associés augmente grâce aux travaux de recherche. Ces matériaux devraient à terme pouvoir être réalisés sur mesure pour une application donnée. Il s’agira alors d’associer tous les ingrédients nécessaires pour atteindre les propriétés recherchées dans des conditions de fabrication économiquement compétitives. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 _________________________________________________________ MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES Glossaire – Définitions Glossaire – Définitions (suite) Armure (Fabric) Mode d’entrecroisement des fils de chaîne et des fils de trame pour le tissage de textiles. Carboréduction (Carboreduction) Méthode de réduction des métaux permettant d’extraire les métaux de leurs oxydes en présence de coke, à haute température. Eutectique (Eutectic) Mélange de deux corps purs qui fond et se solidifie à température constante, contrairement aux mélanges habituels. Il se comporte en fait comme un corps pur du point de vue de la fusion. Frittage (Sintering) Procédé de fabrication de pièces consistant à chauffer une poudre sans la mener jusqu’à la fusion afin de souder les grains entre eux et assurer la cohésion de la pièce. Graphitable (Graphitable) Propriété de certaines structures carbonées très désordonnées de pouvoir être ordonnées par traitement thermique à haute température dans la forme structurale du graphite. Métalloïde (Metalloid ) Élément chimique qui ne peut être classé ni dans les métaux ni dans les non-métaux, c’est-à-dire dont les propriétés physiques et chimiques sont intermédiaires entre celles d’un métal et d’un non-métal. Métastable (Metastable) Propriété pour un état d’être stable cinétiquement mais pas thermodynamiquement. La relative stabilité de cet état résulte d’une vitesse de transformation menant à l’état stable très lente, voire quasi nulle. Préforme (Preform) Pièce dont la forme est similaire à celle de la pièce finale mais constituée uniquement par l’ensemble des fils tissés, tressés ou assemblés sous forme de moquette avant création de la matrice. Préforme fibreuse tissée 2D interliées (2D interlock fabric) Préforme constituée de nappes 2D liées entre elles par un troisième fil qui les rend solidaires. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 N 4 803 – 25 Matériaux composites à matrice céramique et à renfort par fibres longues par Gérald CAMUS Chercheur CNRS, Laboratoire des composites thermostructuraux (LCTS), Pessac, France Christophe LORRETTE Ingénieur de recherche CEA/DEN, LCTS, Pessac, France René PAILLER Ingénieur de recherche CNRS, LCTS, Pessac, France Francis REBILLAT Professeur université de Bordeaux, LCTS, Pessac, France Bernard REIGNIER Ingénieur de recherche Herakles groupe SAFRAN, LCTS, Pessac, France Francis TEYSSANDIER et P O U R E N S A V O I R Chercheur CNRS, LCTS, Pessac, France Sources bibliographiques [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] VERBEEK (W.). – Ger. Pat., no 2218960, Bayer AG, US Pat, no 3853567, nov. 1973. YAJIMA (S.), HASEGAWA (Y.), OKAMURA (O.) et MATSUZAWA (I.). – Nature, London, 273, p. 525 (1978). 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Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 Doc. N 4 803 – 1 P L U S Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 P O U R MATÉRIAUX COMPOSITES À MATRICE CÉRAMIQUE ET À RENFORT PAR FIBRES LONGUES ________________________________________________________ [35] [36] E N [37] [38] S A V O I R [39] [40] [41] [42] [43] Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 P L U S tiwekacontentpdf_n4803 [44] [45] [46] [47] [48] [49] and use. Patent Cooperation Treaty, no WO2005/ 092610, oct. 2005. CARRERE (P.). – Comportement thermomécanique d’un composite de type SiC/SiC. Thèse de doctorat, université de Bordeaux 1 (1985). HAY (B.), FILTZ (J.-R.) et BATSALE (J.-C.). – Mesure de la diffusivité thermique par la méthode flash. Techniques de l’Ingénieur, [R2955-1] (2004). 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Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 Les experts de Techniques de l’Ingénieur partagent leurs savoir-faire techniques et organisationnels. Montez en compétence grâce aux journées techniques et formations HSE ou privilégiez un parcours sur mesure développé par les conseillers formation et réalisé à vos dates et dans votre établissement. tiwekacontentpdf_n4803 Tout l’ADN de Techniques de l’Ingénieur à votre disposition. Les experts et spécialistes scientifiques de Techniques de l’Ingénieur, praticiens expérimentés, vous accompagnent tout au long de vos projets pour vous conseiller : diagnostics, recommandations techniques et montée en capacité de votre R&D jusqu’à l’innovation. LES THÉMATIQUES COUVERTES Sciences fondamentales Électronique - Automatique Génie industriel Technologies de l’information Procédés Chimie-Agro-Bio Construction Mesures - Analyse Innovations Matériaux Environnement - Sécurité Mécanique Transports Énergies Biomédical - Pharma Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 Accédez à l’information la plus pertinente, approuvée par plus de 300 000 utilisateurs parmi vos clients, fournisseurs ou partenaires, grâce à votre abonnement aux ressources documentaires et services inclus (1) : SÉMINAIRES EN LIGNE : profitez, tout COMPLÉMENT 360 : en complément des au long de l’année, de formations à distance sur le thème : « Optimiser sa veille scientifique et technologique avec Techniques de l’Ingénieur ». 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Techniques de l'Ingénieur A retourner à : Techniques de l’Ingénieur 249 rue de Crimée 75925 Paris cedex 19 Tél. : 01 53 35 20 20 Fax : 01 53 26 79 18 email : [email protected] ❏ Mme Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72/WQ/VBM1201 Ce document a été délivré pour le compte de 7200097598 - editions ti // nc AUTEURS // 217.109.84.129 d’un crédit de 1 à 5 articles au choix, à consulter gratuitement, dans les bases documentaires auxquelles vous n’êtes pas abonné. Société / Organisme : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 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