Mise en œuvre des métaux et composites à matrice métallique
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Page 14 Mise en œuvre des métaux et CMM Contacts Corinne ARVIEU : [email protected] Éric LACOSTE : [email protected] Jean-Michel QUENISSET : [email protected] Publications E. LACOSTE, O. MANTAUX, M. DANIS - Numerical simulation of metal matrix composites and polymer matrix composites processing by infiltration : a review, Composites Part A : applied science and manufacturing, Vol. 33, n°12, 1605-1614, 2002 O. MANTAUX, M. DANIS, E. LACOSTE - Numerical prediction of microporosity formation during the solidification of a pure metal within a fibrous preform, Composites Science and Technology, Vol. 62, 1801-1809, 2002 E. LACOSTE, O. MANTAUX, C. DEL BORRELLO, M. DANIS - Simulation numérique des procédés d'élaboration des matériaux composites par infiltration : application au cas des plaques pour les matrices métalliques, Revue des Composites et Matériaux Avancés, Vol. 13, n°1, p. 69-83, 2003 M. DANIS, O. MANTAUX, E. LACOSTE – Modèles physiques de formation des microporosités lors de l’élaboration de CMM par imprégnation et approches numériques, Revue de Métallurgie – CIT/SGM, tome 100, n° 12, p. 1193-1202, décembre 2003 C. DEL BORRELLO, E. LACOSTE - Numerical simulation of the infiltration of a porous medium by a pure body : application of the elaboration of metal matrix composites, Num. Heat and Mass Transfer, Part A, Vol. 44, n°7, p. 723-741, 2003 C.ARVIEU, J.P. MANAUD, J.M. QUENISSET - Interaction between titanium and carbon at moderate temperatures, Journal of Alloys and Compounds, 368,116-122, 2004. C. DUDA, C. ARVIEU, J.F.FROMENTIN, J.M. QUENISSET - Microstructural characterization of liquid route processed Ti 6242 coating of SCS-6 filaments, Composites part A : applied science and manufacturing, A35, 511-517, 2004. A. CANTAREL, E. LACOSTE, M. DANIS, E. ARQUIS – Metal matrix composites production: numerical study of heat transfer between fibres and metal, Int. J. of Num. Methods for Heat and Fluid Flow, Vol. 15, n°8, 808-826, 2004 R.A. SANGUINETTI FERREIRA, C. ARVIEU, B. GUILLAUME, J.M. QUENISSET - Titanium matrix composites produced by continuous binder-powder coating (CBPC) : an alternative fabrication route, Composites part A : applied science and manufacturing, Vol. 37, Issue 10, 1831-1836, October 2006 Laboratoire Génie Mécanique et Matériaux de Bordeaux IUT Bordeaux1 15 Rue Naudet CS 10207 33175 Gradignan Cedex Tél : 05 56 84 58 45 Fax : 05 56 84 58 43 @ : [email protected] Mise en œuvre des métaux et composites à matrice métallique Mise en œuvre des métaux et CMM Page 2 Page 13 Mise en œuvre des métaux et CMM MISE EN ŒUVRE DES METAUX ET COMPOSITES A MATRICE METALLIQUE (CMM) devient incontournable de simuler numériquement l’histoire thermique de la pièce afin : 1) de connaître le champ de température à proximité du cordon de soudure ; 2) de prédire l’existence de précipités à bas points de fusion, la conjonction de précipités et de fortes températures entraînant la liquation et donc la fissuration. Modélisation des transferts de masse et de chaleur à l’échelle de la fibre dans le cas d’un métal pur L'amplitude et l'étendue de cette liquation semblent être fortement dépendantes de l'état métallurgique de l'alliage. En parallèle avec la mise en œuvre d’une modélisation sur le code ABAQUS, des investigations ont été initiées dans l’optique de minimiser la présence de précipités. Simulation numérique de l’élaboration de CMM par injection d’un alliage à travers une préforme fibreuse Étude expérimentale de l’infiltration d’une préforme fibreuse par un alliage Contrôle par simulation numérique des conditions d’élaboration par voie liquide de composites filamentaires SiC/Ti Modélisation thermique : champ 3D de température au sein de la pièce et histoire thermique d’un point à 5mm de l’axe du cordon Le modèle thermique est actuellement en cours de validation, par comparaison des résultats numériques et des mesures par thermographie infrarouge. Une fois le modèle thermique validé et couplé au calcul des contraintes au sein de la pièce, la prise en compte de l’existence de précipités permettra d'évaluer leur nocivité et de proposer des procédés de contournement. Buse TIG Baguette de métal d’apport Simulation numérique du soudage d’un superalliage base nickel Image thermique infrarouge au cours d’un soudage TIG Mise en œuvre des métaux et CMM Page 12 Simulation numérique du soudage de Page 3 Mise en œuvre des métaux et CMM Présentation générale superalliages base nickel Les superalliages base Nickel sont des matériaux très utilisés dans le domaine de l'aéronautique pour les parties les plus sollicitées mécaniquement et thermiquement ; en particulier, ils trouvent leur application dans les pièces des parties les plus chaudes des turbines à gaz. En contre partie, de nombreuses limitations technologiques en terme de mise en forme, d'usinage et d'assemblage, sont généralement associées aux superalliages. Ainsi, l'Inconel 738 (NC16KAT), alliage utilisé dans les turbines à gaz Turbomeca, implique une mise en forme par fonderie délicate et n’autorise à Exemple de pièce en Inconel 738 ce jour aucune solution industrielle d'assemblage et de récupération par soudage pour cause de fissuration. Une collaboration entre Turbomeca et le LGM²B a été initiée à travers une thèse afin de proposer des procédures Micrographie en sens transverse destinées à améliorer la du bain de fusion de l’Inconel 738 soudabilité de cet alliage en s'appuyant sur divers essais technologiques et sur la modélisation. L'origine de la fissuration de l'Inconel 738 lors du soudage est principalement attribuée à la présence de contraintes résiduelles et à un phénomène dit de liquation se traduisant par une fusion localisée (brûlure) liée à la remise en solution de précipités. Dans un premier temps, des analyses physico-chimiques ont permis de confirmer ce mécanisme de fissuration (Analyse Thermique Différentielle ATD). La Zone Affectée Thermiquement (ZAT) par le soudage est donc particulièrement sensible à ce phénomène de liquation et il L’imprégnation d’une préforme fibreuse par un métal liquide sous pression est un des procédés d’élaboration des CMM par voie liquide. Le LGM2B travaille depuis plusieurs années sur la modélisation des phénomènes induits par ce procédé d’élaboration. Une thèse soutenue au laboratoire en mars 2004, a permis d’aborder l’étude de l’élaboration d’un CMM à partir d’un alliage. Des approches microscopiques ont été développées pour expliquer des phénomènes se produisant à l’échelle de la fibre (phénomènes de solidification d’un alliage binaire et ségrégation autour des fibres par exemple) et des modèles à l’échelle macroscopique (échelle de l’échantillon composite) permettent de quantifier les phénomènes en vue d’optimiser les conditions d’élaboration du composite en fonction du cahier des charges. Un dispositif expérimental permettant de réaliser des échantillons composites par imprégnation de préformes fibreuses par un alliage base aluminium a été réalisé au Laboratoire afin de mettre en évidence les phénomènes de ségrégation de l’alliage lors de la mise en œuvre. Tous les travaux développés sont phénoménologiques et centrés sur l’étude d’un procédé d’élaboration des CMM. Dans les prochaines années, le Laboratoire va orienter ses travaux vers la recherche de solutions de problèmes technologiques, en réponse aux demandes d’industriels qui cherchent à maîtriser des procédés d’élaboration et de mise en oeuvre de matériaux métalliques pour des applications identifiées. Dans cette optique, une thèse sur l’étude de la soudabilité de superalliages base nickel utilisés par des motoristes aéronautiques a débuté en mai 2005 et un projet de développement d’un composite à matrice métallique pour optimiser des pièces mécaniques dans le domaine automobile est à l’étude. Page 4 Mise en œuvre des métaux et CMM Modélisation des transferts de masse et de chaleur à l’échelle de la fibre dans le cas d’un métal pur Le procédé d’élaboration des CMM par injection est un problème de mécanique des fluides couplé à un problème thermique incluant des phénomènes de changements de phases. Nous avons développé un modèle à l’échelle de la fibre permettant de prendre en compte ces différents phénomènes sur une géométrie simplifiée : la préforme fibreuse est représentée par un empilement périodique de couches parallèles. L’espace entre les strates est constant et dépend de la porosité ; chaque strate est représentative du renfort fibreux. Le conduit est supposé initialement saturé d’air et le métal est injecté sur sa face gauche parallèlement aux strates à une vitesse moyenne et constante, et à une température constante dans le temps et supérieure à la température de changement de phase du métal. Page 11 Mise en œuvre des métaux et CMM température et de concentration de carbone dans le filament et son voisinage lors de son passage dans le bain et pendant son refroidissement en sortie du bain. Cette simulation numérique a permis de mettre en évidence l’existence de deux fronts de solidification convergeant l’un vers l’autre au cours du refroidissement : l’un à l’interface filament / matrice, l’autre à l’extérieur de la gaine de matrice emportée par le filament, ce qui corrobore les observations expérimentales. Le problème consiste à étudier un écoulement diphasique mettant en jeu deux fluides non miscibles (le métal et l’air) couplé à des phénomènes de changement de phase (solidification et fusion de métal). Les transferts thermiques sont décrits par l’équation de la chaleur suivante : ρC(∂T +U.∇T)=∇.(λ∇T)+Q ∂t [1] Pour l’écoulement, le modèle est un modèle 1-fluide (modèle développé dans le logiciel Aquilon du laboratoire Trefle de l’Université Bordeaux 1) basé sur une discrétisation, avec un maillage fixe, de tout le domaine d’étude où les deux phases métal et air sont donc représentées. L’interface métal/air est supposée rester plane avec une vitesse de déplacement égale à la vitesse d’injection du métal. l1 Métal liquide 1/2 Fibre 2 l2 l1 Domaine d’étude Effet de la concentration de carbone sur la solidification du métal (solidification transitoire) Mettant par ailleurs en évidence les paramètres opératoires les plus influents (vitesse d’enduction, mouillabilité de la surface du filament, hauteur du bain de titane liquide…), cette étude contribue à l’optimisation du procédé dont les avantages économiques sont très importants comparativement à d’autres méthodes. Contrôle par simulation numérique des conditions d’élaboration par voie liquide de composites filamentaires SiC/Ti Une nouvelle voie de réalisation des composites à matrice métallique consiste à compresser à chaud des filaments céramique préalablement enrobés de métal. Une technique actuellement en développement chez Snecma Moteurs pour enrober les filaments est l’Enduction à Grande Vitesse (EGV). Cette technique consiste à faire défiler, à des vitesses supérieures à 1m/s, un filament de SiC revêtu de quelques micromètres de carbone, dans un bain d’alliage de titane liquide maintenu à 1810°C. Lors de l’enduction, plusieurs phénomènes physicochimiques peuvent nuire à la qualité du produit : forte réactivité entre le carbone et le titane entraînant la formation d’une zone interfaciale de carbure fragile, déficit de mouillage du filament induisant des défauts de concentricité 150 μm du revêtement métallique par rapport Filament de SiC enrobé par EGV au filament, instabilité d’alliage de titane capillaire conduisant à (présence d’un défaut de concentricité lié à un des interruptions de la déficit de mouillabilité) procédure d’enduction. Afin de contrôler les conditions opératoires de cette méthode originale d’élaboration de composites filamentaires à matrice métallique réfractaire, le couplage entre transferts thermiques avec changement de phase et transferts massiques a été modélisé et simulé numériquement à l’aide d’une méthode aux volumes finis. Il est ainsi possible de visualiser l’évolution des champs de Page 5 Mise en œuvre des métaux et CMM Finalement, si on tient compte des hypothèses faites sur l’interface qui annulent les termes de tension superficielle dans l’équation de Navier-Stokes, l’écoulement est décrit indépendamment de la position et de la géométrie de l’interface par l’équation de conservation [2] et par l’équation de Navier-Stokes [3] : ∇ .U = 0 [2] ρ(∂U + U.∇U) ρg + ∇P − μ(ΔU) + ∂t μ K =0 [3] Les résultats numériques de ce modèle microscopique sont en parfait accord avec ceux obtenus à partir des modèles macroscopiques de la littérature ; il est ainsi possible d’envisager d’étendre cette étude dans le cas où le fluide injecté n’est plus un métal mais un alliage. 850 Température (°C) Page 10 800 750 700 650 600 longueur largeur Champ thermique en l’absence de changement de phase Température (°C) Mise en œuvre des métaux et CMM 800 600 400 200 longueur largeur Champ thermique en présence de changement de phase Simulation numérique de l’élaboration de CMM par injection d’un alliage à travers une préforme fibreuse Page 9 Mise en œuvre des métaux et CMM numérique d’infiltration d’un alliage binaire à l’échelle de la fibre. Vérin hydraulique L’imprégnation d’une préforme fibreuse par un alliage métallique s’accompagne de phénomènes qui n’existent pas quand le métal injecté est un métal pur : phénomènes de diffusion des espèces chimiques, rejet de soluté à l’interface liquide-solide, phénomènes de ségrégation de l’alliage pendant l’imprégnation. Ces phénomènes vont en particulier modifier la composition de l’alliage liquide au cours de l’écoulement. Manomètre Capteur de déplacement Boîte à eau Barres de transmission Nous avons développé un modèle permettant de prendre en compte ces différents phénomènes sur la géométrie utilisée dans le cas où le métal injecté était un métal pur : la préforme fibreuse est représentée par un empilement périodique de couches parallèles. Nous reprenons les hypothèses justifiées dans le cas du métal pur sur l’écoulement du métal entre les fibres : l'écoulement de l’alliage entre les fibres est laminaire et l’alliage est supposé être un fluide newtonien ; l’interface métal-air reste plane durant l’injection et l’angle de contact avec les fibres est de 90°. [1] ρC(∂T +U.∇T)=∇.(λ∇T)+Q [2] ∂t μ ∂ U ρ( + U.∇U) ρg + ∇P − μ(ΔU) + = 0 ∂t K [3] A ces équations, sont ajoutées une équation pour traduire le rejet de soluté à l’interface liquide-solide [4] et une équation de diffusion des espèces dans la phase liquide qui tient compte des phénomènes de convection [5]. Creuset Four coquille Piston fixe Dispositif expérimental d’imprégnation de préformes fibreuses par un alliage liquide en Cu (% masse) ∇ .U = 0 Fixation moule-creuset Concentration Le modèle aux volumes finis est basé sur la résolution d’une équation de la conservation de la masse [1], couplée à l’équation de transferts de chaleur avec prise en compte des phénomènes de changement de phase [2] et à l’équation de Navier-Stockes pour décrire l’écoulement de l’alliage [3]. Moule Ensemble mobile Page 6 Mise en œuvre des métaux et CMM 16 Cu 14 12 10 8 6 4 2 0 0 10 Position (mm) 20 Concentration en Cu à la fin de l’imprégnation : la face d’injection est à gauche, le front d’imprégnation à droite Mise en œuvre des métaux et CMM Page 8 Page 7 Étude expérimentale de l’infiltration d’une préforme fibreuse par un alliage A partir de ce dispositif, nous avons réalisé des échantillons composites à partir d’un alliage Al/Cu. Les observations faites au MEB et à la microsonde ont permis de faire une étude quantitative de l’évolution de l’enrichissement en cuivre de l’alliage. L’analyse des résultats met clairement en évidence la présence de trois zones distinctes, classées en partant de la face d’injection du métal : • une zone à concentration nominale en Cu ; • une zone où la concentration en Cu est légèrement plus faible que la concentration nominale ; • une zone, située à proximité du front d’imprégnation, avec une forte augmentation de la concentration en Cu. ∂Cl + U.∇Cl = ∇.(D∇Cl ) + q ∂t 750 Position du début de la solidification 700 650 600 550 500 t = 0,5 ms t = 2,5 ms 450 0 20 40 60 80 100 120 Position (μm) Injection de l’alliage entre les fibres : évolution du champ thermique 0.07 t = 2,5 ms 0.06 t = 2 ms t = 1,5 ms 0.05 0.04 0.03 0.02 0.01 0 0 Ces résultats expérimentaux valident qualitativement le modèle [5] D’un point de vue qualitatif, les résultats numériques sont en accord avec ceux obtenus expérimentalement lors d’expériences d’imprégnation de préformes fibreuses par un alliage binaire Al/ Cu. Température (°C) Le dispositif est constitué d'un vérin alimenté par un groupe hydraulique et asservi en vitesse, qui permet de déplacer un ensemble mobile constitué du moule et du creuset solidaires l’un de l’autre. La préforme fibreuse est insérée dans le moule et le métal en fusion est contenu dans le creuset qui sert également de chemise au piston fixé au bâti. Lorsque l’ensemble mobile descend, sous l'action du vérin, le piston va pousser le métal et ainsi permettre d'injecter, sous pression, l'alliage dans la préforme. Le creuset est chauffé par un four électrique amovible formé de deux demi-coquilles. L’imprégnation se fait verticalement du bas vers le haut. La préforme n’est ainsi en contact avec le métal que lors de l’imprégnation. [4] Cs = k Cl Taux de concentration en Cu Pour mettre en évidence et quantifier l’influence des différents paramètres qui entrent en jeu lors de l’élaboration, nous avons conçu et réalisé au LGM²B un montage qui permet d'imprégner dans une direction préférentielle une préforme par un alliage liquide en faisant varier la vitesse d'imprégnation et les températures initiales de la préforme et de l'alliage. Ce dispositif expérimental nous permet de fabriquer des barres de matériau composite qui sont ensuite découpées en échantillons, observées et analysées au microscope ou à la microsonde. Mise en œuvre des métaux et CMM 20 40 60 80 100 120 Position (μm) Évolution de la concentration moyenne de l’alliage (solide et liquide) au cours de l’injection