Fred Piston et ses trompettes, "de la belle ouvrage"!

Fred Piston et ses trompettes, "de la belle ouvrage"!
Gisèle Bart
C'est devenu une tradition à Prévost. Chaque année, durant la semaine de congé
hivernal, Diffusions Amal'Gamme présente un spectacle pour enfants. Cette année, le
samedi 1er mars, ils nous proposaient l'un des spectacles de Jeunesses Musicales du
Canada, Les sept trompettes de Fred Piston. Il s'agissait d'une incursion dans l'histoire
de la trompette allant de la préhistoire à aujourd'hui et même... au-delà... Ceci par
l'entremise d'un personnage bien sympathique.
Le décor est contemporain et coloré. Peintes, des trompettes dorées stylisées dans un
labyrinthe de tuyaux. Un coffre à outils, un établi. Par terre, un sombrero et un attirail
de fils électriques. De toute évidence, on est dans un atelier. Projetée sur un écran,
l'affiche d'un Fred Piston fanfaronnant dans son habit bleu et or de fanfare, tenant entre
ses bras ses multiples trompettes. À l'avant-scène, posé à la verticale, un tuyau bariolé
d'un mètre et demi. Parmi la quarantaine de jeunes spectateurs dont, soit dit en
passant, la discipline sera exemplaire, d'aucuns ont choisi la coquetterie, d’autres, le
confort.
Se présente un homme de Cromagnon, coiffé de fourrure, soufflant tour à tour dans un
coquillage puis dans l'énigmatique tuyau de l'avant-scène. "Un tronc d'arbre creusé, l'un
des premiers instruments à vent de l'histoire de l'humanité comme le coquillage de tout
à l'heure".
À cet homme des cavernes succédera enfin le jazzman Fred Piston et sa trompette. Le
spectacle deviendra didactique, mené avec une dynamique pédagogie. Nous
apprendrons la signification de vocables du domaine de la musique ainsi que le nom et
l’usage habituel de différentes trompettes, démonstration à l’appui par Fred lui-même à
travers des extraits de belles pièces. Entre autres, le Concerto d’Aranjuez, La Marche de
Mendelssohn ainsi qu’une musique de cirque bien connue.
Après quelques facéties prisées par les enfants, une simulation d’un concert interactif
par de juvéniles trompettistes de différents pays via un téléphone intelligent avait été
concoctée, début du XXIè siècle oblige.
Aux trois-quarts du programme, Fred Piston l’agrémentera d’une musique latine
entraînante où un jeune homme au nœud papillon sera invité à jouer des maracas. J’ai
été étonnée que les enfants ne soient pas incités à frapper des mains durant ce moment
assez long. Un oubli peut-être. Puis, séducteur pour les jeunes, Fred Piston s’amusera à
faire reconnaître des pièces connues comme les thèmes de films et d’émissions de TV.
En finale, une 7è trompette nous sera dévoilée: une invention de toutes pièces de Fred
Piston, la trompette de ses rêves, la trompette du futur, « une trompette pouvant jouer
plus bas que le tuba et plus aigu que le piccolo ». Branchée sur le fameux attirail décrit
plus haut qui s’est avéré être une « loopstation », elle émettra des sons étranges,
imitant d’autres instruments. À l’écran, le graphique de la vibration sonore. Cependant,
je ne crois pas qu’il eût été déplacé d’augmenter le volume du son, tant qu’à faire. Nos
oreilles l’auraient supporté sans problème et ceci aurait procuré une sorte d’apothéose
à ce spectacle par ailleurs très bien fignolé et exécuté.
J’aimerais saluer ici l’excellent travail de scénographie de Natacha Lavoie Savard à
laquelle nous devons les nombreux et magnifiques tableaux illustrateurs, pertinents à
souhait. Saluer aussi le travail tout aussi excellent de M. Mario Boivin, à la conception et
à la mise en scène.
Enfin, il est important de souligner que le rôle de Fred Piston était tenu par un
trompettiste chevronné, M. Frédéric Demers. En effet, non seulement nous avons
bénéficié du dynamisme d’un animateur hautement pédagogique, mais également de
celui d’un virtuose de la trompette qui, pendant une heure sans pause, a tenu
l’attention de l’auditoire, jouant autant la comédie que de la trompette, questionnant,
répondant, enseignant sans jamais faillir. « De la belle ouvrage » !