Discographie Russie
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Discographie Russie
LES GRANDS NOMS DE LA MUSIQUE RUSSE DU XXEME SIECLE Cette bibliographie est le fruit d’une collaboration entre les bibliothécaires de Marsannay-la-Côte, Longvic, Saint-Apollinaire et de la Médiathèque Côte-d’Or (Conseil Général de la Côte-d’Or) 2 Le XXème siècle en Russie est le siècle de tous les contrastes. Comme l’exprime Frans Lemaire : « Après avoir porté tous les espoirs en la démocratie, le progrès et la modernité, le XXème siècle fut très vite celui de tous les malheurs, cumulant guerres et révolutions, pénurie et émigration, censure et oppression. Au même moment, la musique russe connaissait paradoxalement un essor extraordinaire, porté par ses trois plus grands noms : Rachmaninov, Stravinski et Prokofiev. » Notre discographie sur les grands compositeurs russes du XXème siècle, non exhaustive, est destinée à vous donner envie de découvrir « l’âme insaisissable de la musique russe »… 3 CHEDRINE, Rodion (1932 – ….) Rodion Chédrine représenta, selon l'expression de Jean-Pierre Armengaud, « le courant du modernisme toléré » dans l’U.R.S.S. post-stalinienne. À ce titre, on peut le rapprocher d'un Sviridov, qui fut lui aussi un extraordinaire créateur de pièces chorales. En 1967, le succès de son ballet Carmen suite, fondé sur une réorchestration de la musique de Bizet lui apporta une réputation internationale. ■ Carmen suite pour cordes et percussion - Russian photographs - Glorification / Rodion Chédrine ; Chamber Orchestra Kremlin ; Misha Rachlevsky, dir. – Claves Records, 2002 CHOSTAKOVITCH, Dimitri (1906 – 1975) Considéré comme l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle, Chostakovitch produisit une œuvre caractérisée par une alternance de consécrations et de réprimandes par le pouvoir soviétique. Dès 1948, accusé de formalisme il entama une double vie de compositeur, écrivant simultanément des œuvres officielles et d’autres cachées. Son style musical est tout entier fondé sur l'ambiguïté : marches grotesques, danses macabres, thèmes ironiques, mélodies hésitantes, climats délétères abondent dans ses partitions, où le tragique est souvent mêlé à l'humour. 15 symphonies et 15 quatuors à cordes forment le soubassement de cette œuvre qui comprend aussi des compositions pour piano, violon ou violoncelle, des opéras, des ballets, des lieds et même des musiques de film. ■ Symphonies n°5 et n°9 / Dimitri Chostakovitch ; Orchestre National de Russie ; Yakov Kreizberg, dir. – Pentatone, 2007 ■ Symphonies n° 7 & 8 / Dimitri Chostakovitch ; USSR Ministry of Culture Symphony Orchestra ; Gennady Rozhdestvensky, dir. – Mélodiya, 1998 ■ Symphonie n°10 / Dimitri Chostakovitch ; Berliner Philharmoniker ; Herbert Von Karajan, dir. – Deutsche Grammophon, 1984 ■ Lady Macbeth of Mtsensk : opéra en quatre actes / Dimitri Chostakovitch ; Nicolaï Gedda, ténor ; London Philharmonic Orchestra ; Mstislav Rostropovitch, dir. – EMI, 1979/1990 ■ Quatuors n°6, 8 et 11 / Dimitri Chostakovitch ; Quatuor Jérusalem. – Harmonia Mundi, 2007 ■ Piano concerto n°1 ; Piano quintet ; Concertino for two pianos / Dimitri Chostakovitch ; Martha Argerich, piano ; Renaud Capuçon, violon ; Mischa Maisky, violoncelle ; Orchestra della Svizzera Italiana ; Alexander Vedernikov, dir. – EMI Classics, 2007 4 DVD ■ Chostakovitch : Chants et danses de la mort / Jean-François Zygel. – Naïve, 2005 (La Leçon de musique) Jean-François Zygel, pianiste et pédagogue hors pair, présente une leçon de musique, illustrée au piano et avec la participation d'un quatuor à cordes. Une heure de paroles et de musique, filmée en public, pour découvrir les secrets de la musique de Chostakovitch. Livre ■ Dimitri Chostakovitch / Bertrand Dermoncourt. – Actes Sud, 2006 Critique musical et directeur de la rédaction de Classica-répertoire, Bertrand Dermoncourt dans son livre sur Chostakovitch s’est attaché à décrire une personnalité complexe dans un environnement politique terrifiant. Il fait du compositeur un portrait honnête et attachant, en privilégiant les témoignages directs et l’analyse de l’œuvre. ESHPAÏ, Andreï (1925 – ….) Andreï Eshpaï est né le 15 mai 1925 à Kozmodemiansk, dans la région de Mari. Eshpaï étudia le piano et la composition au Conservatoire de Moscou et fut l’élève de Khatchatourian. Son œuvre est influencée par le folklore de sa région natale. Il participa à l’Union des compositeurs de Russie puis à celle de Moscou. Il a composé des musiques de films, des opérettes et des musicals, et s’est aussi intéressé au jazz. ■ Concerto pour orchestre – Concerto n°2 - Symphony n °7 / Andreï Eshpaï ; USSR State Large Symphony Orchestra ; Evgeny Svetlanov, dir. – Distrart Musique, 2005 GLAZOUNOV, Alexandre (1865 – 1936) Après avoir étudié avec Rimski-Korsakov, il devint à partir de 1899 professeur de composition au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Il s’installa à Paris en 1928 et dès lors se consacra essentiellement à son activité de chef d’orchestre. Figure de premier plan dans la vie musicale russe des premières décennies du XXe siècle, Glazounov fut un compositeur prolifique. Il écrivit de la musique orchestrale, de la musique de chambre et plusieurs autres compositions instrumentales et vocales. ■ Raymonda, op. 57 / Alexandre Glazounov ; Scottish National Orchestra ; Neeme Järvi, dir. – Chandos, 1990 5 GLIERE, Reinhold (1875 – 1956) D’ascendance belge et juive, Reinhold Glière, fut professeur au Conservatoire de Moscou pendant 20 ans. Echappant en partie à la censure, il reçut de nombreux prix jusqu’à sa mort. Il s’intéressa aussi aux minorités nationales soviétiques en réalisant un vrai travail d'ethnomusicologie. Sa troisième symphonie, Ilya Muromets, composée en 1911 lui apporta une réputation internationale. Glière est également connu pour ses ballets (Le Coquelicot, Le Cavalier de bronze d’après Pouchkine, Taras Boulba d’après Gogol …). ■ Symphonie n° 3 « Ilya Muromets » / Reinhold Glière ; BBC Philharmonic Orchestra ; Edward Downes, dir. – Chandos, 1991 GOUBAÏDOULINA, Sofia (1931 – ….) Sofia Goubaïdoulina est née en 1931 à Chistopol, en République Tatare et vit depuis 1992 en Allemagne. Bien que Sofia Goubaïdoulina ait été élevée dans un milieu russe, on ne peut oublier l'importance et l'influence de ses origines tatares. Cependant, elle n'est pas une « nationaliste romantique ». Elle utilise les techniques contemporaines d'écriture issues de l'avant-garde européenne et américaine tout en restant très personnelle. Elle a mis en musique les poèmes lyriques contemporains de Marina Tsvetaieva avec qui elle partage une profonde affinité spirituelle. ■ Symphony Stimmen… Verstummen – Stufen / Sofia Goubaïdoulina ; Royal Stockholm Philharmonic Orchestra ; Gennady Rozhdestvensky, dir. – Chandos, 1993 KABALEVSKY, Dimitri (1904 – 1987) Elève de Miaskovsky, il enseigna la composition au conservatoire de Moscou à partir de 1932. Sa production, caractérisée par un lyrisme d’aspect facile et largement inspirée du folklore russe, est très appréciée en U.R.S.S. Il fait partie de la première génération des compositeurs soviétiques, mais il fut l'un des rares compositeurs majeurs de sa génération à avoir suivi les orientations de la politique officielle en matière de création musicale. ■ Piano concerto n°2 – Piano concerto n°3 – Colas Bre ugnon overture – The Comedians / Dimitri Kabalevsky ; Kathryn Scott, p ; BBC Philharmonic Orchestra ; Vassily Sinaisky, dir. – Chandos, 2003 6 KHATCHATOURIAN, Aram (1903 – 1978) Elève de Miaskovsky, il enseigna à partir de 1951 au Conservatoire de Moscou. Son ample production, souvent inspirée du folklore musical arménien, est caractérisée par des rythmes intenses, des élans mélodiques, des sonorités criardes. Outre quelques ballets, parmi lesquels Gayaneh (1942) qui comporte la fameuse « Danse des sabres » et Spartacus (1956), Khatchatourian composa un Poème sur Staline (1938), des symphonies et autres œuvres orchestrales, des concertos pour piano, violon et violoncelle, de la musique de chambre et de la musique de scène et de film. ■ Spartacus – Gayaneh / Aram Khatchatourian ; Wiener Philharmoniker ; Aram Khatchatourian, dir. – Decca, 1962 MEDTNER, Nikolaï (1880 – 1951) Pianiste et compositeur, il décida, comme son ami intime Rachmaninov de quitter la Russie en 1921. Après de nombreux voyages (Canada, Etats-Unis, Berlin, France), il s’établit définitivement à Londres en 1936. Il peut être considéré comme le dernier représentant des grands pianistes et compositeurs post-romantiques. ■ First piano concertos / Peter Tchaikovsky ; Nikolaï Medtner ; Yevgeny Sudbin, piano ; Sao Paulo Symphony Orchestra ; John Neschling, dir. - Bis Records, 2007 ■ Ambroisie / Nikolaï Medtner ; Anna Vinnitskaya, piano. – Naïve, 2009 MIASKOVSKY, Nikolaï (1881 – 1950) Miaskovsky a étudié à Saint-Pétersbourg avec Liadov et Rimski-Korsakov. Après un 1er cycle de compositions, qu’il jugea lui-même « imprégnées d’un profond pessimisme », et où l’on peut discerner l’influence de Tchaïkovski, il se fit le chantre des valeurs de la Révolution dans un langage à l’intense vigueur dramatique. Tout en restant fidèle aux valeurs tonales, il s’intéressa aux découvertes harmoniques modernes, le plus souvent sur le modèle de Scriabine, et créa un langage personnel avec une préférence marquée pour les symphonies : il est en effet l’auteur de 27 Symphonies. ■ Intégrale des symphonies / Nikolaï Miaskovsky ; Orchestre symphonique d’Etat de la Fédération de Russie ; Orchestre symphonique de l’U.R.S.S. ; Evgeny Svetlanov, dir. – Warner, 2007 7 MOSSOLOV, Alexandre (1900 – 1973) Dans la Russie des années vingt, les œuvres de jeunesse de Mossolov étaient souvent jouées, comme Les Fonderies d'acier pour orchestre symphonique, et lui ont assuré dès 1927 la célébrité. Il écrivit des œuvres qui portent la marque du style avant-gardiste occidental avec des recherches sur le traitement des timbres et sur l'intonation. Serge Prokofiev, avec humour, qualifia en 1920 les innovations des premières œuvres de Mossolov de « modernisme d'hier ». ■ Concerto pour violoncelle et orchestre n°2 ; Sympho nie en mi majeur / Alexandre Mossolov ; Dmitry Yeremin, violoncelle ; Orchestre académique et symphonique de Saint-Pétersbourg ; Alexander Titov, dir. – Northern Flowers, 2009 ■ Fonderie d'acier / Alexandre Mossolov in Ram Dam. – EMI, 1974-2002 PÄRT, Arvo (1935 – ….) La célébrité d'Arvo Pärt ne va pas sans ambigüité : détesté ou adulé pour son minimalisme immédiatement reconnaissable et qui n'emprunte rien au folklore de son pays, ce compositeur est l'un des rares musiciens contemporains à avoir accédé à une gloire universelle. Bien que la culture officielle d’Estonie ait accepté de reconnaître bon nombre de ses œuvres majeures, il s'est cependant retrouvé périodiquement en butte à la censure, du fait du caractère souvent religieux de son travail. À la fin des années 1970, Pärt émigra à Vienne avec sa femme et ses deux enfants. Il vit aujourd'hui à Berlin. ■ Fratres / Arvo Pärt. – Universal, 1995 ■ De Profundis / Arvo Pärt ; Theatre Of Voices ; Paul Hillier, dir. – Harmonia Mundi, 1996 PROKOFIEV, Serge (1891 – 1953) Dès l’âge de six ans, il composa de petites pièces pour le piano et même des opéras. Entré en 1904 au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, il fut l’élève de Glière, RimskiKorsakov et Liadov, et se lia d’amitié avec Miaskovsky avec lequel il découvrit la musique contemporaine. Opposé à la tradition et à toute forme d’académisme, Prokofiev composa son premier ballet à la demande de Diaghilev (ballet transformé en 1916 en suite d’orchestre : la Suite Scythe). Au cours des quinze années de son exil volontaire, passées en partie aux Etats-Unis et en partie en Europe, son intense activité de compositeur et d’interprète le rendit célèbre dans le monde entier. En 1927, il effectua une tournée de concerts triomphale dans son pays natal et en 1933 décida d’y retourner définitivement. Parmi les nombreuses œuvres composées au cours de ces années, certaines sont de véritables chefs-d’œuvre. 8 ■ Alexandre Nevsky – Lieutenant Kijé – Suite Scythe / Serge Prokofiev ; London Symphony Orchestra ; Chicago Symphony Orchestra ; Claudio Abbado, dir. – Deutsche Grammophon, 1991 ■ L’Amour des trois oranges / Serge Prokofiev ; Orchestre national de l’Opéra de Lyon ; Kent Nagano, dir. – EMI, 1989 ■ Fiançailles au couvent / Serge Prokofiev ; Chœur et orchestre du Kirov ; Valery Gergiev, dir. – Philips, 1998 ■ Pierre et le loup / Serge Prokofiev ; Gérard Philipe, récitant ; Orchestre symphonique de l’U.R.S.S ; Guennadi Rojdestvenski, dir. – Chant du monde, 19872000 DVD ■ L’Amour des trois oranges / Serge Prokofiev ; Don Kent, réalisation ; Philippe Calvario, mise en scène ; Mahler Chamber Orchestra ; Tugan Sokhiev, dir. – Bel Air Classiques, 2007 Conte bigarré, grotesque, bouffon mais aussi fantastique et onirique, L'Amour des trois oranges est un théâtre des métamorphoses propre à surprendre le spectateur. L'imaginaire du metteur en scène, Philippe Calvario, rehausse la flamboyance exacerbée des personnages. Ce DVD restitue la première version enregistrée de l'opéra en russe, une première mondiale. Tant par sa tension scénique, son intelligence et son efficacité dramatique que par son indiscutable cohérence vocale et musicale, la réalisation, éblouissante, s'impose. RACHMANINOV, Sergueï (1873 – 1943) Chef d’orchestre et pianiste de renom, Sergueï Rachmaninov fut aussi le dernier compositeur majeur de la grande tradition romantique russe. Le piano occupe une place majeure dans son œuvre. A l’exception de six œuvres, la plus grande partie de sa musique a été composée avant 1917, année où il quitta la Russie. Il entama alors aux États-Unis avec son ami Nikolaï Medtner une nouvelle vie et une carrière de pianiste virtuose. ■ Concertos pour piano 2 & 3 / Serge Rachmaninov ; Boris Berezovsky, piano ; Orchestre Philharmonique de l'Oural ; Dmitri Liss, dir. – Mirare, 2005 ■ Etude-tableau, op. 33 & 39 / Serge Rachmaninov ; Philippe Giusiano, piano. – Asped Alphée, 2003 ■ Les Vêpres / Serge Rachmaninov ; Cappella de Saint-Pétersbourg. – Chant du Monde, 1992 9 SCHNITTKE, Alfred (1934 – 1998) Formé à Vienne et à Moscou, Schnittke, d’origine allemande, enseigna au Conservatoire de Moscou, où il a également travaillé dans le Studio expérimental de musique électronique. Il utilise des styles différents, opposant parfois tonalité et atonalité. Il a écrit un opéra, des oratorios, des ballets, des concertos, des symphonies et de la musique de chambre. ■ Concerto pour violoncelle et orchestre n°2 – In mem oriam / Alfred Schnittke ; Mstislav Rostropovitch, violoncelle ; London Symphony Orchestra ; Seiji Ozawa, dir. – Sony Classical, 1992 SCRIABINE, Alexandre (1872 – 1915) Alexandre Scriabine est certainement l'une des figures les plus originales de la musique russe du XXe siècle. À ses débuts, il appartient avec Sergueï Mikhaïlovitch Liapounov, Vladimir Ivanovitch Rebikov et Serge Rachmaninov au cénacle moscovite, de tendance cosmopolite, ayant subi l'influence de Chopin, de Liszt, de Wagner et, dans une moindre mesure, de Debussy. Mais, depuis la création de Prométhée ou Le Poème du feu en 1911 à Moscou, Scriabine est considéré en Russie comme le chef de file incontestable du courant moderniste, prenant en charge en même temps que Schönberg, mais pour des raisons différentes, la réorganisation de l'univers sonore. ■ Préludes / Alexandre Scriabine ; Racha Arodaky, piano. – Harmonia Mundi, 2003 ■ Le Poème de l’extase – Concerto pour piano – Prométhée / Alexandre Scriabine ; Vladimir Ashkenazy, piano ; Cleveland Orchestra ; London Philharmonic Orchestra ; Lorin Maazel, dir. – Decca, 1989 SILVESTROV, Valentin (1937 – ….) Ce musicien conquit la scène musicale au début des années 1960 en tant que cerveau progressiste d’un groupe d’avant-garde de Kiev. Tonalité libre, dodécaphonisme, musique aléatoire, recours aux bruits et à l’électronique, art conceptuel et théâtre expérimental firent partie de ses expérimentations. Son écriture, très expressive, fut d'abord influencée par le post-sérialisme se pratiquant alors en Europe. Il connut rapidement le succès à l'étranger et sa symphonie Eschatofonie fit sensation à Darmstadt en 1968. ■ Bagatellen und Serenaden / Valentin Silvestrov ; Münchener Kammerorchester ; Alexeï Lubimov. – ECM, 2007 10 STRAVINSKY, Igor (1882 – 1971) Elève de Rimski-Korsakov jusqu’à la mort de celui-ci en 1908, Stravinsky rencontra Diaghilev la même année, qui lui confia la composition de L’Oiseau de feu, ballet qui fit un triomphe à Paris en 1910, suivi de Petrouchka en 1911. Le Sacre du Printemps (1913), évocation de la Russie païenne composée de blocs sonores obsédants où s’affirme la puissance du rythme déchaîné, marque d’une pierre angulaire l’histoire de la musique contemporaine. Entre-deux-guerres, la carrière de Stravinsky s’inscrivit sous le double signe de la culture française et du néo-classicisme (avec l’écriture du ballet Pulcinella sur des thèmes de Pergolèse en 1919). Après diverses œuvres néoclassiques, dont des œuvres religieuses, il aboutit à The Rake’s Progress (1951), opéra qui représente le comble du paradoxe néoclassique stravinskien. Exilé aux Etats-Unis depuis 1939 (il obtint la nationalité américaine en 1945), Stravinsky redécouvrit ensuite la technique dodécaphonique et sérielle à travers l’œuvre d’Anton von Webern, élève le plus radical de Schoenberg dont Stravinsky était pourtant l’un des plus farouches adversaires. En 1962, il retourna en Union Soviétique pour la première fois depuis la révolution, et y dirigea des concerts à Moscou et Leningrad. ■ L’Oiseau de feu – Le Sacre du printemps / Igor Stravinsky ; Orchestre symphonique de Detroit ; Antal Dorati, dir. – Decca, 1999 ■ Oedipus-Rex / Igor Stravinsky ; Jessye Norman, soprano ; Peter Schreier, ténor ; Saito Kinen Orchestra ; Seiji Ozawa, dir. – Philips, 1994 ■ The Rake’s progress / Igor Stravinsky ; London Sinfonietta ; Riccardo Chailly, dir. – Decca, 1984 ■ Stücke für Streichquartett : Double Canon (Raoul Dufy in memoriam) in Debussy / Ravel / Stravinsky ; Alban Berg Quartett. – EMI Classics, 2001 DVD ■ Le Retour de l’Oiseau de feu : L’Oiseau de feu – Petrouchka – Schéhérazade / Igor Stravinsky ; Nikolaï Rimski-Korsakov ; Andris Liepa, réalisation ; Bolshoi State Academic Theatre Orchestra ; Andrey Chistiakov, dir. – Decca, 2002 La recréation des premiers ballets russes donnés à Paris au début du siècle dernier : L'Oiseau de feu et Petrouchka de Stravinski ainsi que Schéhérazade de RimskiKorsakov. TICHTCHENKO, Boris (1939 – ….) Après des études au conservatoire de Leningrad, il devint l'un des élèves de Chostakovitch. Dès ses débuts, il témoigna d’une belle indépendance d’esprit en s’inspirant de textes de Marina Tsvetaieva ou Anna Akhmatova, longtemps proscrits par le régime. Digne continuateur de Chostakovitch son esthétique vise 11 essentiellement à un renouvellement du langage musical sans être en rupture avec la tradition. ■ Concerto pour violon, piano et orchestre / Boris Tichtchenko ; Viktoria Postnikova, piano ; Orchestre symphonique de Moscou ; Gennady Rozhdestvensky, dir. – Outhere, 2006 Livres sur la musique russe au XXe siècle LEMAIRE, Frans C. (1927 – ….) Frans Lemaire a une double carrière d’ingénieur et de musicologue. Il s’est tout particulièrement intéressé à la musique de l’ex-empire soviétique, nouant de nombreux liens avec les compositeurs issus de ces pays. Dans ces deux documents passionnés et passionnants, il retrace la vie musicale et d’une façon plus large la vie culturelle en ex-U.R.S.S. Il étudie comment cette vie fut étroitement liée aux événements politiques et au système idéologique du pouvoir soviétique. Il explique aussi quelles répercussions cette époque a eu sur les compositeurs actuels. ■ La Musique du XXe siècle en Russie et dans les anciennes républiques soviétiques / Frans C. Lemaire. – Fayard, 1994 ■ Le Destin russe et la musique : un siècle d'histoire de la Révolution à nos jours / Frans C. Lemaire. – Fayard, 2005 12