Carnet de vol - Aviation sans Frontières Belgique
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Carnet de vol - Aviation sans Frontières Belgique
Carnet de vol n°13 Janvier 2013 Aviation sans Frontières Belgium Tchad, au croisement de plusieurs crises africaines N ous volons là où les autres ne vont pas , ne vont plus Madagascar, la photographie aérienne oblique pour surveiller les forêts D éfendre l ' environnement aujourd ' hui , c ' est prévenir les crises humanitaires de demain Dans les cieux oubliés nous sommes devenus incontournables ECHO et tant d ' autres nous ont fait confiance Accompagnés et aimés le temps d'un voyage vers la guérison D es enfants sans frontières pris par la main www.asfbelgium.org Sommaire Aller où les autres ne vont pas, ne vont plus. Depuis 1983, Aviation sans Frontières Belgique (ASF-B) met les moyens aéronautiques appropriés à la disposition des missions humanitaires d’urgence et de développement. Grâce à ses avions petits porteurs, capables de se poser sur les pistes les plus rudimentaires, l'organisation opère dans les zones les plus difficile d'accès et brise l'isolement des populations en détresse victimes de la violence, de la guerre, de la pauvreté et de la maladie, particulièrement en Afrique. En tant qu’organisation non gouvernementale, elle agit en toute neutralité et indépendance. Ses volontaires (pilotes, mécaniciens, logisticiens) consacrent bénévolement une partie de leur temps libre à la réalisation de missions d’urgence et de développement. En outre, ASF-B organise d’autres activités, telles que l’accompagnement d’enfants malades, l’escorte de migrants et des projets de développement durable. Éditeur responsable : Christian Georlette – Aviation sans Frontières Belgique La maison des ailes Rue Montoyer 1, Box 36 – B-1000 Bruxelles – Belgique N.N. 424.692.526 Tél. :+32 2 213 42 50 Fax :+32 2 213 42 59 E-mail : [email protected] Site web : www.asfbelgium.org Conception et réalisation : Ab initio graphic design Rédaction : Colette Braeckman, Sabine Schuddinck Photos : Smets/Luna, Gaborit, Vincke, Ebeling, Jasper, Jean-Jacquot, Mabeyt 2 ✈ Sommaire Édito 3 Tchad, au croisement de plusieurs crises africaines 4 Nous volons là où les autres ne vont pas, ne vont plus Madagascar : la photographie aérienne oblique pour surveiller les forêts 6 Défendre l'environnement aujourd'hui, c'est prévenir les crises humanitaires demain Dans les cieux oubliés nous sommes devenus incontournables 10 ECHO et tant d'autres nous ont fait confiance Accompagnés et aimés le temps d'un voyage vers la guérison 12 Des enfants sans frontières pris par la main Soutenir notre action Toute aide est la bienvenue L'indispensable soutien des bénévoles 14 Philippe Dehennin Édito Chère lectrice, cher lecteur, Le savez vous ? Votre association s’apprête à fêter ses trente ans ! Spécialiste de l’aviation humanitaire privée en Belgique, c’est depuis 1983 qu’Aviation sans Frontières intervient au nom de la protection des civils déplacés. Fuyant la violence des conflits armés, les violations de leurs droits, les catastrophes naturelles, les civils, dont des enfants et des personnes âgées, sont de plus en plus nombreux à quitter foyer ou patrie. Extrêmement vulnérables, ces victimes sont rarement bien accueillies -souvent même humiliées, violentéespar des hôtes qui souffrent eux-mêmes de la guerre ou du mal-développement. Les espaces humanitaires sont de plus en plus souvent menacés sinon attaqués, rendant indispensable l’intervention des organisations d’aide d’urgence. Ces dernières doivent pouvoir se rendre sur le terrain le plus rapidement possible et pouvoir compter sur la présence active de nos avions. En effet, dans la plupart des pays en crise, les régions de l’intérieur, trop éloignées ou d’un accès trop dangereux ne peuvent être atteintes par voie terrestre. L’action d’Aviation sans Frontières pour sauver des vies se poursuit depuis bientôt 30 ans. Notre parc d’intervention s’élève à 4 avions, propriété de nos donateurs, pilotés par des équipages expérimentés, entretenus par une maintenance itinérante. Au Tchad, l’essentiel du réseau aérien humanitaire est constitué par des vols ASF qui desservent à la demande les destinations les plus inaccessibles. La présence permanente de deux avions dans ce pays renforce les possibilités de transport des organisations humanitaires. Sans relâche cependant, nous continuons, en marge de nos activités, à réfléchir à la manière dont doit être pensée l’action humanitaire. En effet, si un danger peut en cacher un autre, un problème peut aussi amener vers une solution. Sachant que les déplacements de population sont souvent causés par la prédation des ressources, nous pensons aussi à la protection préventive. Ainsi, à Madagascar, à travers l’exploitation de sa technologie de photographie aérienne géoréférencée, votre association collabore activement aux efforts du WWF pour équilibrer les ressources forestières et la disponibilité des terres cultivables. Ce programme vient d’être récompensé par l’attribution du Prix belge de l’Energie et de l’Environnement 2012 dans la catégorie des réalisations belges à l’étranger. Notre mandat ne nous limite cependant pas aux zones à risques. C’est pourquoi nous poursuivons -sur les lignes aériennes commerciales- l’accompagnement d’enfants qui doivent être opérés d’urgence en Belgique. Rendre le sourire à un enfant malade, à ses parents angoissés, prodiguer la tendresse de nos accompagnatrices est une autre manière de récompenser vos dons. Depuis 30 ans, Aviation sans Frontières demeure un outil unique pour permettre de sauver des vies, de contrer la violence. Cette année encore, nous n’avons ménagé aucun effort pour aider les populations à retrouver le chemin de la sécurité, de la santé, mais l’apport de fonds nouveaux est indispensable. Depuis 1994, j’apporte mon soutien le plus total à votre association. Je vous remercie de lui rester fidèle, vous aussi, en permettant que nos avions puissent contribuer à secourir des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés. Du fond de mon coeur de pilote, je vous remercie en vous souhaitant une lecture enrichissante. Philippe Dehennin Pilote-Président Édito ✈ 3 Canary Islands (SPAIN) ALGER Tindouf La'youn WESTERN SAHARA Tamanras Nous volons là où les autres ne vont pas, ne vont plus MAURITANIA Nouakchott Tombouctou Nema Le Tchad, au croisement SENEGAL Dakar Banjul GAMBIA Bissau GUINEA BISSAU Conakry de plusieurs crises africaines Freetown MALI Niamey Bamako GUINEA BURKINA Ouagadougou BENIN GHANA IVORY COAST TOGO EQUATORIA La Centrafrique connaît une situation de “ni guerre ni paix”, le Niger est menacé de subir à son tour la contagion des mouvements islamistes qui se sont emparés du Nord du Mali et doit en outre faire face à une énième crise alimentaire, le Nord et le Sud Soudan sont au bord de la guerre ouverte tandis qu’au Darfour, frontalier du Tchad, l’insurrection continue… Dans ce contexte régional troublé, le Tchad, qui fut si souvent déchiré par les conflits ethniques et les luttes pour le pouvoir, apparaît aujourd’hui comme une oasis de tranquillité. Peut-être parce que tous ses belligérants potentiels ont été embauchés sur d’autres théâtres d’opérations ? ville du pays, les deux avions Cessna rayonnent Sao T SAO TOME & jusqu’aux frontières du Soudan et de la CenPRINCIPE trafrique. Cependant, ASF transporte aussi des missions exploratoires qui se rendent dans le Nord jusque Faya Largeau. ASF a confirmé à quel point les besoins restaient immenses dans cette zone désertique, qui est désormais totalement enclavée, puisque la compagnie nationale tchadienne elle-même a renoncé à se rendre dans les régions reculées du nord. Les seuls appareils qui traversent encore le ciel de Faya Largeau sont les avions militaires français et si quelques humanitaires font appel à leurs services, la plupart des ONG plaident en faveur d’un moyen de transport aérien souple et surtout indépendant. C’est dans le Sud Est qu’ASF a concentré ses opérations : au départ d’Abéché, la quatrième Par voie de terre, il faut compter 48 heures de piste pour faire la jonction entre la capitale 4 ✈ Le Tchad, au croisement de plusieurs crises africaines Cairo RIA LIBYA EGYPT Al Jawf Persian Gulf Aswan SAUDI ARABIA sset Zinder Kano Maiduguri CHAD Lake Chad Malabo Tome Bata ERYTHREA Asmera Khartoum Abéjé El Fashir N’Djamena SUDAN NIGERIA CAMEROON Douala Yaounde Red Sea Faya-Largeau Agadez AL GUINEA & E Port Sudan NIGER CENTRAL AFRICAN REPUBLIC Bangui DJIBOUTI Djibouti Berbera SOMALIA Addis Ababa Wau SOUTH SUDAN ETHIOPIA Juba Lake Rudolf UGANDA Bunia Mogadishu KampalaLes évolutions de la situation humanitaire reNdjamena et Faya Largeau. Ces difficultés de KENYA Libreville Lake CONGO GABON communication expliquent pourquoi les ONG quérant Nairobides assistances souples, ponctuelles, RWANDA Victoria RD CONGO internationales sont aussi rares BURUNDI dansKigali le nord la plupart des ONG ainsi que ECHO, le parBujumbura Mombasa du pays,Brazzaville à l’exception de la française Solidarité tenaire institutionnel d’ASF, espèrent qu’ASF Pointe-Noire Kinshasa Lake Pemba et de la Britannique MAG, spécialiste du démi- TANZANIA pourra desservir ces zones de crises situées ANGOLA Kananga Zanzibar Kalemie Tanganyika (Cabinda) Salaam deessa base principale, Abéché. Il ne nage. Cette dernière compte opérer surtout bien loin Dar devrait pas être impossible de répondre à ce dans le Tibesti. Actuellement, la plupart des Mbeya Luanda ONG et des grandes agences se déploient dans Kasama besoin, car deux appareils Cessna se trouvent déjà au Tchad, l’un d’entre eux servant d’apl’Ouest mais surtout dans l’Est duLubumbashi Tchad. Cette MALAWI Lake Nyasa Kitwe confronrégion immense n’est pas seulement pareil de réserve. Il est envisagé de le mettre Lilongwe ANGOLA ZAMBIA Nacala à condition de prévoir un “support en service, tée à une grave crise alimentaire et à la sécheLusaka Mahajanga Namibe technique” dans la capitale, à partir de laquelle resse qui sévit dans toute laLake sous-région, elle Kariba Harare MADAGASCAR sera mise en œuvre la “desserte Ouest” (Kadoit aussi faire face à l’afflux de réfugiés en pro- MOZAMBIQUE ZIMBABWEdes venance du Soudan ainsi qu’à la question nem, Bahr El Ghazal etAntananarivo Lac). Mauritius Beira Port Lewis Bulawayo NAMIBIA déplacés internes, toujours sans solution. Saint Denis BOTSWANA Reunion Windhoek De manière générale, le Tchad subit aussi le (FRANCE) Toliara SOUTH AFRICA Entre le Nord et le Sud Soudan, contre coup du changement de pouvoir en LiGaboronela situation de(Walvis Bay) Pretoria meure très tendue, à tel point qu’à Juba, la caMaputo bye : de nombreux Tchadiens y travaillaient et Johannesburg Luderitz Mbabane pitale du Sud Soudan, les autorités ont déci- au moment du renversement du colonel KadSWAZILAND dé de suspendre l’exploitation pétrolière qui hafi, la plupart ont préféré rentrer dans leur Maseru Durban bénéficiait surtout au Nord !LESOTHO Tous redoutent pays. Ils n’y ont plus retrouvé d’emploi et leurs SOUTH AFRICAqui affectel’éclatement d’une guerre ouverte familles ont été privées des envois d’argent sur ra de plusieurs la sous région, le Tchad lesquels elles comptaient. Parmi ceux qui ont Capefaçons Town Port Elizabeth en particulier. De plus, le Tchad accueille tou- quitté la Libye se trouvent aussi les nomades jours des milliers de réfugiés venus du Darfour. toubous, qui se battent dans l’oasis de Koufra Même si elle reçoit moins de publicité que par et ont des démêlés avec le nouveau pouvoir lile passé, la situation du Darfour n’en demeure byen, qu’ils accusent de vouloir les discriminer. pas moins très critique. A l’Ouest, d’autres ré- Là aussi, ASF souhaiterait intensifier ses services gions du Tchad sont également en souffrance, et rester présente au cas où le calme trompeur victimes d’une grave crise nutritionnelle : il s’agît que connaît le Tchad serait à nouveau réduit à du Kanem, du Bahr el Ghazal et de la région si- néant, à cause de troubles nés sur les frontières ou de mouvements militaires intérieurs. tuée aux abords du lac Tchad. Kisangani Le Tchad, au croisement de plusieurs crises africaines ✈5 Défendre l’environnement aujourd’hui, c’est prévenir les crises humanitaires demain Madagascar : la photographie aérienne oblique pour surveiller les forêts Au début, non seulement personne n’y croyait, mais beaucoup trouvaient l’idée carrément saugrenue : réaliser des photographies aériennes non pas verticales mais obliques, afin d’obtenir des informations sur les aires protégées communautaires et les parcs nationaux, était-ce bien compatible avec la raison sociale d’une ONG qui, depuis 1983, met les moyens et l’expertise de l’aéronautique au service de l’humanitaire, plus particulièrement dans les missions d’urgence ? C’est pour dissiper les doutes qu’en 2006, ASFBelgique décida de recourir à ses fonds propres pour se lancer dans l’aventure malgache. En 2003 en effet, la “Grande Ile” s’était engagée à faire passer de 1,7 à plus de 6 millions d’hectares la superficie des aires protégées, qui allaient ainsi couvrir 10% du territoire national. Séduits, les défenseurs de l’environnement se montraient très soucieux de protéger le patrimoine exceptionnel de cette île à mi-chemin entre l’Afrique et l’Asie. Mais les populations locales redoutaient d’être chassées des terres cultivables ou d’être empêchées de recourir à leurs pratiques traditionnelles, dont l’agriculture sur brûlis. Il s’agissait donc de protéger des sites exceptionnels, mais aussi de persuader les habitants du fait que le développement durable génère des ressources à long terme et peut prévenir 6 ✈ Madagascar : la photographie aérienne oblique pour surveiller les forêts des crises humanitaires ultérieures. C’est dans ce but que de nombreuses “aires protégées communautaires” ont été créées, leur gestion étant partagée entre les communautés locales, les organisations non gouvernementales et l’Etat, représenté par le Ministère de l’environnement et des forêts. Le but des “aires protégées communautaires” est de faire participer les communautés locales à la gestion de la forêt, en partant du principe que les gens apporteront plus de soin à la gestion et à la préservation de ce qui leur appartient. Les organismes comme le WWF accompagnent donc les communautés rurales dans ce processus d’appropriation, les formant et en leur donnant les moyens de s’organiser. De 2006 à 2009, en partenariat avec le bureau régional du WWF pour Madagascar et l’Ouest de l’Océan Indien, ASF-Belgique s’employa à déterminer la faisabilité d’un programme de surveillance aérienne. En plus des survols, ASF finança elle-même la mise au point d’une méthodologie de surveillance aérienne à la fois efficace, crédible et peu coûteuse. Au départ, les promoteurs du projet avaient privilégié le recours à l’ULM (Ultra Léger Motorisé), croyant qu’il serait facile d’initier les acteurs locaux à cette technologie d’usage aisé. Or il s’avéra qu’un ULM n’est ni facile à piloter, ni homologué par une instance internationale, et qu’il n’est pas possible de l’assurer depuis l’Europe. Il fallut donc songer à revenir à la formule plus classique, en l’occurrence un avion Cessna 182 loué sur place. Quant au choix des photos obliques, il fut déterminé par le souci des partenaires. En effet, les photos aériennes classiques sont verticales et leur précision est appréciée des scientifiques. Mais les photos obliques sont infiniment plus lisibles par les communautés locales, qui peuvent y reconnaître leur milieu. Deux autres principes furent mis en œuvre, le géoréférencement et la géolocalisation. Le premier consiste à localiser l’endroit à partir duquel la photo aérienne a été prise. Déterminé par GPS, ce référencement est alors reporté sur une carte suivant le plan de vol de l’avion. Cette procédure est automatique car l’appareil photo étant connecté au GPS, chaque photo présente des coordonnées géographiques associées à ses propriétés. Quant à la géolocalisation, elle permet de localiser géographiquement les différents éléments qui caractérisent le paysage apparaissant sur une photographie oblique et cela grâce à un logiciel développé par ASF-B. La méthodologie de surveillance aérienne mise au point par ASF-Belgique est nettement plus économique que le recours à l’imagerie satellitaire, dont elle est en fait, complémentaire. En outre elle est moins coûteuse que la photographie aérienne verticale, ne nécessitant pas un avion spécialement équipé et couvrant une plus grande surface en un temps de vol donné. En outre, grâce aux photographies obliques, les communautés locales peuvent retrouver des paysages, des reliefs familiers, mesurer l’ampleur de la déforestation et l’impact des feux de forêts. Last but not least, le passage de l’avion, à basse altitude, peut avoir un effet dissuasif sur les défricheurs qui redoutent des sanctions. Pourquoi est-il impératif de dissuader les agriculteurs locaux ou la main d’œuvre migrante de pratiquer l’agriculture sur brûlis ? Tout d’abord parce que ces forêts, durablement gérées, fournissent de nombreuses ressources indispensables à la vie quotidienne des ruraux comme des citadins : charbon de bois, fruits, miel, plantes médicinales, bois d’œuvre et de construction. De plus, la flore et la faune endémiques de l’île sont parmi les plus riches du monde. Or l’agriculture sur brûlis, pratiquée dans les régions isolées et non surveillées entraîne la destruction de l’écosystème : la mince couche de sol fertile est rapidement épuisée ou lessivée par les pluies tandis que sur les sols dénudés, les arbres n’arrivent plus à pousser. A terme, cette agriculture mène à la désertification. Même les pêcheurs sont affectés car les cours d’eau déversent les terres sur les massifs de corail. Privés de lumière, ces derniers meurent et disparaissent ainsi que les nombreuses espèces qui en dépendent. Madagascar : la photographie aérienne oblique pour surveiller les forêts ✈ 7 Défendre l’environnement aujourd’hui, c’est prévenir les crises humanitaires demain Madagascar : la photographie aérienne oblique pour surveiller les forêts (suite) Même si l’agriculture sur brûlis est interdite par la loi sur l’ensemble du territoire, il est important de surveiller les zones isolées et de décourager les contrevenants. L’exploitation des photographies aériennes permet d’établir un relevé détaillé des nouvelles parcelles d’agriculture sur brûlis. En fait, dès juin, les défricheurs coupent toute la végétation, y compris le bois de rose, très apprécié à l’étranger. Ils laissent sécher et mettent le feu aux parcelles entre octobre et décembre. Le feu brûle ainsi la végétation bien séchée tandis que les parcelles brûlées, de forme géométrique, sont bien délimitées. Il n’est donc pas nécessaire de trouver le point de départ du feu. Ensuite, on localise le hameau ou le village le plus proche, où il faudra se rendre pour démontrer aux habitants.que la pratique des brûlis menace l’existence même de la forêt. 8 ✈ Madagascar : la photographie aérienne oblique pour surveiller les forêts La suite de l’opération consiste à se rendre sur le site défriché et repéré (à l’aide des cartes et du GPS - dont on explique le fonctionnement aux habitants - et des photos). Les intéressés reconnaissent alors leurs actes, en s’étonnant du fait que l’on ait pu localiser ces sites isolés, souvent soigneusement cachés par des murs de végétation saine. Une fois identifiées les coupes de bois illégales et les zones de déforestation, ces informations permettent d’organiser au sol des patrouilles qui pourront soit sensibiliser soit sanctionner… A ce jour, quatre campagnes de photographie aérienne oblique ont été effectuées à Madagascar pour le compte du WWF, financées par le gouvernement norvégien et près de 35.000 photographies ont été prises. Pointe-Noire Brazzaville ANGOLA (Cabinda) BURUNDI Kinshasa Kananga Kalemie Bujumbura Lake TANZANIA Tanganyika Luanda Mbeya Kasama Lubumbashi ANGOLA Lilongwe ZAMBIA Lake Kariba NAMIBIA SOUTH AFRICA (Walvis Bay) MALAWI Kitwe Lake Nyasa Nacala Lusaka Namibe Windhoek Harare MOZAMBIQUE ZIMBABWE Mahajanga MADAGASCAR Antananarivo Beira Bulawayo BOTSWANA Toliara Gaborone Luderitz Mombasa Pemba Zanzibar Dar es Salaam Johannesburg Pretoria Mauritius Port Lewis Saint Denis Reunion (FRANCE) Maputo Mbabane SWAZILAND Maseru LESOTHO SOUTH AFRICA Durban Sur le terrain, plusieurs centaines de sites Cape Town Port Elizabeth d’agriculture sur brûlis ont été localisés, les photographies ont permis d’effectuer trente sessions de formation des communautés locales, de mener une cinquantaine de patrouilles et de procéder à une centaine d’interpellations. Durable et peu coûteuse, la réalisation mise au point par ASF-B permet par exemple de surveiller 10 aires protégées, 1.350.000 ha de forêt en vingt jours, pour un coût total de 20.000 euros, ce qui permet d’organiser durant toute une année des sessions de suivi de la couverture forestière. A Madagascar, la grande majorité de la population dépend du charbon de bois pour cuisiner. Dans la Grande Ile, l’équipe d’ASF ne s’est donc pas contentée de mettre au point un outil de sensibilisation technique efficace auprès des communautés locales : puisque le développement durable est l’affaire de tous, il importe aussi d’agir à d’autres niveaux, auprès des politiques, des décideurs, des populations urbaines qui sont les “consommateurs finaux” du charbon de bois extrait des forêts. Si le gaspillage actuel continue, les forêts disparaîtront et le prix du charbon augmentera, ce qui aura de graves impacts. Une exposition itinérante du WWF présente donc des photos aériennes obliques géantes expliquant les phénomènes de disparition rapide des forêts à cause de l’agriculture sur brûlis et la dégradation des sols, les érosions qui s’en suivent et qui affectent le récif de corail et la pêche. Cette exposition de photographies aériennes est d’ores et déjà relayée par deux ONG partenaires à Madagascar. Il importe aussi de souligner le fait que de nombreux repris de justice se réfugient dans les forêts isolées où l’agriculture sur brûlis leur permet de survivre et aussi de produire (discrètement) du cannabis. Ils commettent également d’autres méfaits comme le vol de zébus. Activité illégale punie par la loi, l’agriculture sur brûlis est donc souvent associée à d’autres délits et plusieurs de nos patrouilles menacées par des bandits armés ont été forcées de rebrousser chemin. Certains membres des communautés locales travaillant avec le WWF ont même été kidnappés durant quelques jours. Au départ de sa spécialité et de son talent particulier, ASF agit désormais en amont des crises et s’est ainsi imposée comme un acteur clé de la politique de prévention. De fait, ASF-Belgique agit pour protection des forêts afin de prévenir les causes des crises futures liées à la dégradation de l’environnement, du climat et des réserves en eau, qui entraînent beaucoup de souffrance humaine. En répondant à cette urgence humanitaire. ASF reste en phase avec sa volonté de mettre la survie et le bien-être des populations isolées au centre de ses efforts. Madagascar : la photographie aérienne oblique pour surveiller les forêts ✈ 9 ECHO et tant d’autres nous ont fait confiance Dans les cieux oubliés nous sommes devenus incontournables En trente années d’activité, ASF a réussi à s’imposer dans le paysage… aérien, mais pas seulement. Sur le terrain, notre ONG a été reconnue pour aller là où les autres n’allaient pas, n’allaient plus. Nos avions petits-porteurs ont opéré au Congo, dans l’Ituri, au Tchad, au Soudan, en Centrafrique, atterri sur des pistes transformées en marécages, dans des déserts sans balises ou sur de minces bandes de latérite tracées au milieu des forêts. A bord, nous avons embarqué des malades, des blessés, du courrier, des médicaments, du matériel agricole, des engins de déminage. Rien de ce qui peut ne pas peser trop lourd et s’avérer indispensable n’a pas été déposé dans nos avions. Mais surtout, des dizaines de membres d’ONG humanitaires se souviennent de nos vols : sûrs, réalisés à la demande, au fil des besoins et des impératifs de l’urgence. Longue est la liste de tous les partenaires qui nous ont fait confiance : Médecins sans Frontières, la Croix-Rouge, le WWF… Si notre activité a été rendue possible, c’est évidemment grâce à nos donateurs individuels, mais aussi grâce au soutien de partenaires comme ECHO. Dès le début, l’agence chargée de l’aide humanitaire d’urgence pour l’Union européenne, nous a fait confiance, alliant souplesse et pragmatisme. De 2005 jusque 2012, 12.683.611 euros nous ont été alloués et appel a été fait à nous, 10 ✈ Dans les cieux oubliés nous sommes devenus incontournables régulièrement. Certes, l’Union européenne dispose de ses propres moyens aériens, mais ASF a su conquérir une place particulière : un service aérien léger de proximité, proposant des horaires flexibles, correspondant aux besoins, adapté aux urgences et aux imprévus. De son côté, ECHO a fait valoir ses remarques, voire ses exigences, mais en veillant toujours à respecter la vocation particulière de ses interlocuteurs. Longtemps spécialisée dans l’humanitaire et l’aide d’urgence, ASF a, depuis quelques années, entrepris un virage sur l’aile, considérant que bien des crises peuvent être prévenues si l’on empêche la dégradation du milieu. C’est pourquoi, dès 2006 à Madagascar ASF a mis au point une méthodologie appropriée de photographie aérienne des forêts. Si ce projet de photographie oblique a permis à ASF d’obtenir le Prix belge de l’Energie et de l’Environnement 2012, dans la catégorie “Belgians Abroad Eco-Awards”, c’est parce qu’il répondait parfaitement à la définition du prix qui entend “récompenser les actions novatrices se soldant par une amélioration manifeste de la qualité de vie et par des retombées favorables sur l’environnement”. Cette reconnaissance d’ASF au titre d’intervenant dans le secteur du développement durable permet d’espérer que le projet entrepris à Madagascar puisse être poursuivi et exporté vers d’autres pays, où il est tout aussi nécessaire de connaître le milieu et de prévenir la dégradation des forêts. du Prix LAuréat nergie l'E belge de e et d nement l'Environ Dans les cieux oubliés nous sommes devenus incontournables ✈ 11 Des enfants sans frontières pris par la main Accompagnés et aimés le temps d’un voyage vers la guérison En Afrique centrale, nombre d’enfants souffrent de malformations cardiaques ou d’autres pathologies impossibles à soigner sur place et ils ne pourraient être sauvés que par une intervention chirurgicale en Europe. Depuis des années, la “Chaîne de l’Espoir” identifie soigneusement les enfants qui pourraient bénéficier d’une opération en Belgique et organise les conditions de leur séjour au sein de familles d’accueil. Même si l’opération est synonyme d’espoir, elle représente aussi un traumatisme, une séparation doublement douloureuse : la première fois, lorsque l’enfant quitte sa famille pour être plongé dans un milieu neuf et la deuxième, lors du voyage retour. Car de nouveaux liens se sont créés entre l’enfant et sa famille d’accueil, ce qui peut rendre la séparation difficile… A chaque fois, les accompagnateurs d’ASF-B jouent un rôle essentiel dans l’indispensable chaîne de la solidarité. Pour les familles, même bien préparées, comme pour les enfants, l’émotion se double de la crainte de l’inconnu, de la peur que suscite un long trajet en avion. Avant le départ déjà, les bénévoles doivent conseiller, rassurer. Et être prêts à tout moment à faire face à des situations imprévues, comme une attente qui se prolonge, un retard de l’avion, un malaise durant le vol, une crise de larmes… Nounous pour quelques heures ou 12 ✈ Accompagnés et aimés le temps d'un voyage vers la guérison quelques jours, nos accompagnateurs doivent être en possession de leur brevet européen des premiers secours (BEPS) de la Croix Rouge, au cas où… Sur place, ils bénéficient désormais d’un réseau local, bénévole lui aussi. Ces relations permettent d’organiser une ou deux rencontres avec les parents de l’enfant concerné, afin de les rassurer une nouvelle fois. De même, au retour, le contact avec les parents est important : ils sont désireux de recevoir des informations sur le séjour en Belgique, heureux de partager souvenirs et anecdotes. Le temps nécessaire à cet indispensable dialogue est désormais prévu dans le calendrier de la mission. Les intermédiaires locaux peuvent s’avérer bien utiles : au Burundi par exemple, Jean-Luc Kesh - découvert grâce à l’émission “les Belges du bout du monde” - a apporté une aide précieuse à Patricia, qui venait chercher Antonella, 13 ans. La petite fille venait en Belgique pour la 3eme fois, pour y subir une opération orthopédique. Depuis lors, Jean-Luc, avec d’autres, est à la disposition de tous nos bénévoles. Quant au retour, il n’est pas nécessairement plus simple que l’aller : là aussi, l’émotion est au rendez-vous. La famille d’accueil s’est attachée à son petit invité qui repart bien souvent chargé de cadeaux tandis qu’à l’arrivée, l’émotion de la famille est tout aussi forte. Les accompagnateurs doivent donc faire preuve de sang- froid mais aussi de solides qualités humaines. En échange, ils ramènent une expérience inoubliable, un véritable supplément d’âme. à l’arrivée, sa petite moue boudeuse ne résista pas bien longtemps et la longue journée se termina dans la joie… Durant l’année 2011, neuf enfants ont pu venir se faire opérer en Belgique par la Chaîne de l’Espoir, sept venaient de RDC, deux du Burundi. Début 2012, quatre enfants sont venus en Belgique pour y subir une opération du cœur, l’un venait du Burundi, les trois autres de RDC. Cécile a réussi à faire coup double : ramenant à Kinshasa le petit Destin, (4,5 ans), déjà venu en Belgique en 2010 et qui feuilletait sans cesse son album de photos, elle est revenue avec Tegra, une petite fille de 6 ans, timide et réservée. A la veille du retour, Cécile retrouva une Tegra gaie, dynamique, qui présenta ses frères et sœurs (belges) son père et sa mère d’accueil, sans oublier sa poupée Lisa…Dans l’avion, Tegra se retrouva très vite en train de jouer, de colorier, de poser mille et une questions. Désireuse de bien montrer à sa maman combien il faisait froid dans le Nord elle refusa jusqu’au bout d’ôter son pull et ses chaussettes blanches. Durant le voyage, les voyageurs de l’espoir ne sont pas livrés à eux-mêmes : depuis longtemps, Brussels Airlines leur a fourni des billets d’avion à tarifs réduits pour leurs missions. Depuis qu’ASF-Belgique a rejoint la “b-foundation” de Brussels Airlines, ce partenariat a permis de renforcer les liens et de sensibiliser l’ensemble du personnel SNBA aux attentes des bénévoles et aux spécificités de cette activité d’accompagnement d’enfants. Hier comme aujourd’hui, le personnel de bord fait tout pour mettre à l’aise l’enfant et le bénévole qui l’accompagne le temps d’un voyage vers l’inconnu. Lors du retour de Flavia, (2 ans) le soutien du personnel de bord s’est avéré bien utile, car la petite refusait d’attacher sa ceinture et hurlait. Mais l’équipage étant aux petits soins pour elle, elle finit par s’endormir et au réveil, après avoir englouti son petit yaourt, elle entreprit de parcourir par le menu son album de photos, ses livres d’images. Retrouvant sa maman Accompagnés et aimés le temps d'un voyage vers la guérison ✈ 13 Toute aide est la bienvenue Depuis trois décennies, les avions d’ASF sont présents dans les ciels d’Afrique. Ils se jouent des chefs de guerre qui entretiennent l’insécurité au sol, ils se moquent des distances, des obstacles naturels, ils offrent aux humanitaires un moyen de transport à la fois fiable et souple. Mais si nos avions font partie du paysage, si notre action est reconnue comme indispensable, c’est parce que vous aussi, vous êtes là. Fidèles, attentifs, généreux. Vous nous soutenez par vos dons, vous nous aidez à en faire plus. Vous nous donnez aussi le courage de rechercher de nouvelles pistes d’action. Voyez Madagascar : aujourd’hui, en termes de protection de l’environnement, de développement durable, notre action a été saluée d’un prix et notre exemple suscitera peut-être des émules. Mais si nous avons pu financer cette opération de photographie aérienne, au stade expérimental, c’est parce que vous nous avez fourni les fonds nécessaires, ce qui nous a permis de convaincre les sceptiques et de mettre au point les modalités techniques de notre action. En réalité, et grâce à vous, ASF participe à la protection des forêts afin d’agir en amont des crises humanitaires liées à la dégradation de l’environnement, du climat et des réserves en eau. C’est aussi grâce à votre soutien que nos bénévoles peuvent accompagner les enfants depuis l’Afrique centrale jusqu’en Belgique, où des opérations délicates tenteront de leur rendre la santé. En effectuant un don sur le compte BE37 3100 7755 5428 vous nous aiderez à poursuivre notre action et si vous remplissez un formulaire d’ordre permanent vous nous donnerez en plus des gages de votre fidélité. Rappelez-vous que tout 14 ✈ Toute aide est la bienvenue versement de 40 euros minimum donne droit à une attestation fiscale qui vous permettra de récupérer jusqu’à la moitié du montant de votre contribution. Le legs en duo peut aussi vous aider à pérenniser votre héritage. Cette formule permet de partager votre héritage entre tous les bénéficiaires (enfants, membres de la famille directe, amis éventuels) et une organisation humanitaire de votre choix. Dans ce cas, ASF-B peut prendre en charge les droits de succession des héritiers. En effet, jouissant du statut d’ASBL légalement reconnue, ASF-Belgique bénéficie de tarifs d’imposition très avantageux sur la part d’héritage qui lui est attribuée. Cette disposition permet d’augmenter la part des héritiers et de diminuer le montant des droits perçus par l’Etat. Votre notaire vous conseillera la solution la plus appropriée à votre situation particulière. Cette formule de legs en duo est particulièrement recommandée à toutes les personnes qui, n’ayant pas d’héritier direct, souhaitent à la fois limiter la part de leur patrimoine due au fisc et donner une utilité précise à leur héritage. ASF-B REMERCIE CHALEUREUSEMENT TOUS SES DONATEURS ET : L’indispensable soutien des bénévoles Restrictions budgétaires et rigueur administrative obligent : le siège d’ASB-B se réduit désormais à deux permanents. Malgré leur capacité de travail, leur bonne volonté, comment réussiraient-ils à accomplir les tâches multiples qui leur sont demandées s’ils n’étaient assurés de l’appui de bénévoles ? Qu’il s’agisse de travail administratif, dont la charge ne diminue jamais, de courrier ou de sensibilisation du public, la poursuite, sinon l’extension de notre action repose sur de multiples bonnes volontés. Qu’elle se conjugue en jours, en heures, en coups de pouce ponctuels, toute aide est la bienvenue. Nous réussirons toujours à faire de votre temps disponible un temps utile pour les causes qui nous sont chères, un temps de convivialité aussi. Les bénévoles, au four et au moulin, nous aident aussi à communiquer. Il arrive souvent qu’à l’occasion de différents événements, nous leur demandions de tenir un stand aux couleurs d’ASF-B, de répondre aux questions du public. Là aussi, leur aide, leur enthousiasme s’avèrent un apport d’une qualité inestimable. Si vous avez des idées, du temps, du dynamisme et tout cela à la fois, contactez nous au 02 213 42 50 ou envoyez nous un courrier à l’adresse : [email protected] Vous serez accueillis à bras ouverts… L'indispensable soutien des bénévoles ✈ 15 www.abinitio.be Ils nous font confiance depuis 30 ans Depuis 30 ans, nous mettons nos moyens aéro n autiques à disposition des principales ONG qui viennent en aide aux populations abandonnées dans les zones les plus troublées du monde, là où les autres opérateurs aériens ne vont pas, ne vont plus. Aviation sans Frontieres Belgium Aller où les autres ne vont plus