D`un prof … à l`autre D`un prof

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D`un prof … à l`autre D`un prof
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SOMMAIRE
1. EDITORIAL
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2. LE RÉGENDAT, AU FIL DES MOIS…
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3. LA TOILE SE DÉVOILE
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4. FLE : LES « SYSTÈMES » DU FRANÇAIS
- Les adjectifs
- Au café / au restaurant
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5. ORAL : TRAVAILLER L’EXPOSÉ
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6. GENRES DE TEXTES : LES CARTES POSTALES « PUBLICITAIRES »
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7. ATELIERS D’ÉCRITURE CRÉATIFS
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8. LA LANGUE DES CONSIGNES
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9. (RE)LU POUR VOUS
− F’MURR : AU LOUP !
− LITTÉRATURE DE JEUNESSE : ALEX COUSSEAU
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10. FORMATIONS CONTINUÉES 2008-2009
Page 33
11. ERRATA
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NB : Ce document est conçu pour pouvoir être imprimé : n’hésitez pas à le montrer à vos
collègues.
Revue du régendat en français de l’I.S.E.L.L. Sainte-Croix
61, Hors-Château
4000 Liège
Comité de rédaction : Sylvie Bougelet, Jean Kattus, Philippe Willocq
[email protected]
2
EDITORIAL
La fin de l’année approche à grands pas, et c’est (déjà) le moment d’un premier bilan pour
« D’un prof … à l’autre ».
Deux numéros ont été envoyés aux « abonnés », en novembre et en février. Comment ont-ils
été reçus ? Les articles sont-ils jugés intéressants, utiles, adaptés ? La formule d’envoi par
courrier électronique donne-t-elle satisfaction ? Dans quelles directions s’orienter pour la
suite ?... Ce sont quelques-unes des questions que nous nous posons au moment de « mettre
sous presse » ce 3e numéro.
D’ores et déjà, nous savons que nous devrons relancer la « publicité » de la revue l’an
prochain, car peu de maitres de stage se sont inscrits cette année (pour rappel, il suffit
d’envoyer un mail à [email protected] )
Nous pensons également fournir davantage d’outils didactiques concrets, des documents à
exploiter et des démarches méthodologiques porteuses, que chacun, étudiant comme maitre
de stage, pourra mettre en œuvre directement dans sa classe. Ce numéro 3 est déjà davantage
orienté dans ce sens.
Merci en tout cas à toutes les personnes qui nous ont fourni des textes et qui ont communiqué
leurs réactions enthousiastes ou critiques !
Et pour parodier une excellente compagnie théâtrale d’origine liégeoise (Arsenic) qui termine
toujours ses spectacles de cette façon :
« Si vous avez aimé notre revue, parlez-en à vos amis ; et si vous n’avez pas
aimé, parlez-en à vos ennemis : cela nous fera toujours des lecteurs ! »
Bonne fin d’année scolaire et excellentes vacances à tous !
L’équipe de rédaction du régendat en français
Sylvie Bougelet , Jean Kattus, Philippe Willocq
3
LE RÉGENDAT, AU FIL DES MOIS …
Défi-lecture : suite et fin
Le 15 février dernier, les classes de 2e et de 3e années se sont affrontées lors de la joute finale
du défi-lecture.
Vainqueur ? Le fair-play ! Car si les points ont finalement donné l’avantage à la classe de 3e,
le suspense a été intense jusqu’au dernier jeu et la matinée entière s’est déroulée sous le signe
de la bonne humeur. C’est aussi la convivialité qui a présidé le repas (formule « auberge
espagnole », de grande qualité gastronomique : bravo aux différent(e)s cuisinier(e)s)
clôturant les festivités.
Pour les étudiants, vivre « de l’intérieur » cette animation lecture poursuivait plusieurs
objectifs :
- avoir la possibilité de lire à bon marché 8 romans contemporains de qualité
- être stimulé à lire
- pouvoir apprécier la qualité de ce dispositif méthodologique et être incité à le mettre
en œuvre à l’avenir.
Chaque classe a donc conçu et animé 4 jeux différents (souvent inspirés des jeux télévisés).
Depuis « Qui veut gagner des millions ? » jusqu’à « Les Z’amours », ce ne sont pas les
formules qui manquent ! Nous en avons d’ailleurs répertorié plus d’une vingtaine.
Mais les deux jeux les plus appréciés ont aussi été les plus classiques : un jeu de piste, avec
énigmes, qui a permis de se dégourdir les jambes en parcourant l’école à la recherche des
indices, et un jeu de table (consacré au roman d’Eric-Emmanuel SCHMITT, Lorsque j’étais une
œuvre d’art), pendant lequel les participants ont dû mimer un personnage du livre, réaliser
une peinture décrite dans le roman, et confectionner un collage en 3 minutes (voir ci-dessous),
destiné à servir de couverture au roman, et reprenant un maximum d’informations sur celui-ci.
4
Cette joute finale a enfin fait l’objet d’une analyse réflexive, selon 3 axes :
ce qui est particulièrement porteur
1. Le jeu stimule la coopération entre les
membres du groupe
2. La motivation à bien répondre est très
grande à cause de la compétition
3. La diversité des jeux permet de garder
un haut degré de motivation
4. Le dispositif, dans sa totalité, pousse
réellement à lire
5. Chacun se responsabilise
6. Les questions qui permettent de
construire le sens du texte sont les plus
intéressantes
7. L’activité constitue un évènement dans
la vie scolaire, dont les élèves se
rappelleront avec plaisir.
ce qu’il faut éviter
Les jeux qui ne suscitent
pas la construction du
sens du texte par le
groupe.
ce à quoi il faut veiller
1. La clarté des consignes, des
règles du jeu (pour gagner du
temps et éviter les contestations
stériles). Nous suggérons qu’une
séquence d’apprentissage centrée
sur la rédaction des règles des jeux
soit prévue pour préparer la joute
finale.
2. Il faut veiller à une bonne
disposition du lieu, pour que
chacun puisse voir et participer
3. La délégation de « champions »
pour répondre aux questions est à
éviter, pour que tout le monde
soit vraiment actif tout le temps.
En conclusion, nous avons pu constater que le défi-lecture est une animation extrêmement
riche, qui conjugue en fait les quatre types d’animations que Christian POSLANIEC distingue
dans son livre Donner le gout de lire :
- c’est une animation d’information, qui amène les élèves à constater qu’il existe des livres
susceptibles de leur plaire
- c’est aussi une animation ludique, puisqu’elle se termine par des jeux
- c’est une animation responsabilisante : des sous-groupes sont chargés de concevoir un jeu,
des questions sur un livre, et d’animer l’activité
- c’est, enfin, une animation d’approfondissement, puisque les élèves fouillent
véritablement le texte et son sens pour poser des questions subtiles et complexes sur le livre.
Longue vie donc aux défis-lectures !
Sylvie Bougelet – Jean Kattus
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Accueil de Pie TSHIBANDA
Le 14 mai, les classes de 1ère, 2ème et 3ème années ont eu la chance de rencontrer Pie
TSHIBANDA, venu répondre à leurs questions concernant les livres qu’ils avaient lus.
Directement en phase avec le public grâce à son extraordinaire talent de conteur, Pie
Tshibanda a pu aborder de très nombreuses thématiques parmi celles qui parcourent son
œuvre : la rencontre des cultures (au cœur de son spectacle « Un fou noir au pays des
Blancs », qu’il a représenté plus de … 1200 fois !!!), l’éducation, le racisme, la mentalité
africaine, etc. Des échanges très féconds et une personnalité éminemment sympathique !
Pour préparer cette rencontre, nous avions glané des informations sur cet écrivain- conteur, et
nous vous invitons à en découvrir quelques bribes qui vous inciteront, nous l’espérons, à lire
ses livres ou à découvrir ses spectacles :
Page d’accueil de www.tshibanda.be
Bienvenue…
Vous êtes bien chez Pie Tshibanda au 31, rue de Villers à Court-Saint-Etienne en Belgique.
Vous voulez nous rendre visite ? Prenez la E 411, sortie 9, N 25 direction Nivelles, sortie
Court-Saint-Etienne - Villers-la-Ville, le premier village s’appelle Faux, les suivants
s’appellent La Roche (à gauche) et Tangissart (à droite).
Entrez dans Tangissart, arrêtez-vous au numéro 31, à côté de la pharmacie, vous êtes chez
nous. Dans notre pays on ne se cache pas, on peut rendre visite à l’improviste et dire :
« Je voulais vous faire une surprise agréable ».
Biographie extraite de www.wikipedia.com
La famille de Pie Tshibanda est originaire du Kasaï et fait partie de nombreux Congolais venus au
Katanga pour y travailler dans les mines.
Après des études de psychologie à l’université de Kisangani il travaille de 1977 à 1987, en tant que
professeur des humanités, conseiller d’orientation scolaire et directeur des études dans divers
établissements du Katanga. De 1987 et 1995, il est psychologue d’entreprise à la Gecamines (société
minière) à Lubumbashi.
En 1995 une épuration ethnique à l’encontre des Zaïrois originaires du Kasaï éclate au Katanga.
Les Kasaïens qui échappent aux massacres après avoir tout perdu, se trouvent parqués durant des
semaines dans des conditions épouvantables dans divers lieux dont la gare de Likasi en attente
d’évacuation.
Pie Tshibanda estime devoir dénoncer les massacres dont il a été témoin. Il réalise un film vidéo,
publie une bande dessinée et écrit plusieurs articles. Devenu un témoin gênant, Pie est contraint de
quitter le Congo où il est en danger de mort. Il obtient l’asile politique en Belgique.
D’intellectuel estimé, le voilà passé au statut de réfugié. À 44 ans, il se trouve alors confronté à l’exil
et à la solitude, aux problèmes de communications et aux différences culturelles. Il réalise les
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difficultés qu’il va avoir pour se faire sa place, faire venir son épouse et ses six enfants et faire
reconnaître ses diplômes. Installé dans un village du Brabant Wallon, il reprend des études
universitaires à l'UCL (licence en sciences de la famille et sexualité), s’investit dans une "école de
devoir" et n’hésite pas à forcer la rencontre avec ses voisins.
En 1999 il crée son premier spectacle : Un fou noir au pays des blancs, au cours duquel il relate son
histoire et surtout pose avec humour un regard critique sur la façon stéréotypée dont les Belges
considèrent ses compatriotes. Le succès rencontré le conduira en tournée dans toute l’Europe
francophone, au Québec, puis en Afrique ou son témoignage est également apprécié.
Ci-dessous, les 4 romans que nous avons lus et qui sont facilement disponibles en librairie. La
plupart d’entre eux sont fortement autobiographiques, et tous nous font entrer dans une façon
de voir le monde bien différente de la nôtre : de vraies leçons d’histoire (l’esclavagisme, la
colonisation, l’émigration, du point de vue des Africains) et d’anthropologie culturelle, seules
à même de lutter contre les a priori du racisme.
En lien avec les thématiques abordées par Pie TSIBANDA, nous avons aussi sélectionné et
écouté 4 chansons, qui nous paraissent particulièrement intéressantes et que nous vous
recommandons :
- Francis Cabrel : African Tour
- Pierre Perret : Lily
- Maxime Le Forestier : Né quelque part
- Yannick Noah & Disiz La Peste : Métis(se)
Jean Kattus et les étudiants de 2e année
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A vos plumes, citoyens !
Dans la petite rue des Brasseurs, à deux pas de l’école normale, surgissent régulièrement, sur
un panneau d’affichage lui-même fixé à une palissade, des graffitis racistes. Le dernier en
date disait ceci :
ARABES = DEALERS = CHÔMEURS
Allions-nous continuer à passer, indifférents, devant ce qui nous choquait quotidiennement ?
Mais comment pouvions-nous réagir de façon assertive et juste ? Car nous avions identifié le
fonctionnement linguistique pervers de ce graffiti : en français, l’absence de déterminant
généralise : Arabes = tous les Arabes. Et s’il est vrai qu’il se trouve chez les Arabes des
dealers et des chômeurs, comme dans toutes les autres « communautés », ils n’en représentent
bien sûr qu’un pourcentage infime.
Plutôt que d’effacer ce graffiti, nous avons donc décidé de le transformer pour qu’il
corresponde à la réalité. Nous avons alors pensé à tous les Arabes que nous connaissions, et
nous avons ajouté leurs professions à « celles » qui avaient été répertoriées sur le graffiti.
ARABES = DEALERS = CHÔMEURS mais aussi OUVRIERS, RESTAURATEURS,
MEDECINS, PROFESSEURS, CHANTEURS, PHARMACIENS, SECRETAIRES,
COMEDIENS, TECHNICIENNES DE SURFACE, GARAGISTES, … parmi tant d’autres.
Deux jours plus tard, le panneau d’affichage avait disparu …
Jean Kattus et les étudiants de 2e année
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LA TOILE SE DÉVOILE
Ligne de mire sur « Lire en ligne »
http://lirenligne.free.fr est un site qui permet à chacun de lire un texte en ligne
gratuitement. Il est destiné aux lecteurs en général et peut se révéler très utile pour les
professeurs de français qui recherchent des textes originaux pour leurs élèves.
Ce site a pour but de diffuser librement de nombreuses œuvres d’auteurs connus ou
inconnus, et ce dans la plus grande légalité. En outre, lirenligne propose à des écrivains en
herbe de publier leurs propres œuvres sur le site, également équipé d’un forum sur lequel les
utilisateurs pourront discuter de thèmes littéraires. L’inscription n’y est cependant pas
fonctionnelle à tout moment…
La page d’accueil est simple, mais très claire. Nous y retrouvons la barre reprenant les
différentes rubriques ainsi que des liens vers le forum, vers la page d’inscription pour les
diffusions et vers les contacts. Cette barre restera visible et usuelle quelle que soit la rubrique
ouverte.
Il est vrai que l’on peut contester la richesse du site. Certains écrivains célèbres tels que
Sartre, Vian ou encore Nothomb n’y figurent pas. Mais, malgré ce manque, un professeur de
français trouvera certainement une bonne base de textes pour ses cours. D’autant plus que le
site propose une série de liens qui renvoient à d’autres sites littéraires via google, d’où il est
impossible de manquer une recherche.
Il est tout de même préférable de ne pas se laisser distraire par les quelques publicités sans
lien avec le contenu de ce site… et d’un point de vue plus esthétique, l’absence quasi totale de
couleurs le rend moins accueillant que certains autres.
Il y a différentes façons d’accéder à un texte : soit par la recherche simple où il suffit
d’écrire le nom d’un auteur ou le titre d’une œuvre, soit par la recherche « catalogue » où les
œuvres sont classées par genres de textes. Ce catalogue est très pratique pour les professeurs
de français. Lorsque ceux-ci décident de travailler sur un genre de textes précis, ils disposent
d’un bain de textes assez riche. Malheureusement, lorsque nous explorons une certaine
catégorie dans ce catalogue, il nous est impossible de voir le nom de celle que nous visitons.
Le côté pratique du rangement, c’est qu’en plus des catégories, les textes sont classés par
ordre alphabétique. Mais il arrive par accident qu’un texte échappe à cet ordre, comme par
exemple dans la rubrique fantastique.
De plus, chaque texte est accompagné d’un petit résumé apéritif. Il est néanmoins
dommage que certaines erreurs d’orthographe y figurent…
Au niveau du téléchargement, les concepteurs du site ont créé un système afin que
l’utilisateur connaisse le temps de téléchargement de l’œuvre qu’il désire lire. Même si celuici prend beaucoup de temps, le début de l’œuvre apparaît rapidement, ce qui permet au lecteur
de commencer directement sa lecture.
Les textes sont agréables à lire : taille de police douze, times new roman. Toutefois, la
mise en évidence d’éléments tels que les noms d’auteurs et les titres des œuvres dans les
diverses catégories est dévalorisée en raison des petits caractères et d’une couleur trop claire.
Malgré les quelques failles relevées, ce site web est une richesse pour tout lecteur. Son
fonctionnement simple et ses textes font de lui un outil intéressant pour tout professeur de
français. Il nous reste à le faire connaître et à l’enrichir davantage.
Caroline CREMER et Florence THEUNISSEN / 3ème année
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LA TOILE SE DÉVOILE
LE POINT DU FLE
Annuaire du Français Langue Etrangère avec 6800 références à portée de clic !
Le site Internet www.lepointdufle.net établit un annuaire spécialisé et diversifié regroupant
des liens vers des ressources gratuites de qualité, pertinentes et utiles dans les domaines du
français langue étrangère (FLE), du français langue seconde (FLS), de l’alphabétisation, de la
prévention et de la lutte contre l’illettrisme et aussi du français langue maternelle (FLM). Il
s’adresse donc aux étudiants de français et aux enseignants exerçant dans ces différents
domaines ainsi qu’aux amoureux de la langue de Molière. Ce site est né en janvier 2002 et a
été réalisé par Hélène Weinachter (Master 2 « FLE et opérations interculturelles », université
Lumière Lyon 2 – France, 1994) de nationalité française. Le Point du FLE ne relève d’aucun
organisme et n’engage aucune institution. Il s’agit donc d’une initiative personnelle sans le
moindre but lucratif. Que nous propose ce site ?
Tout d’abord, la page d’accueil présente un menu déroulant comprenant les différentes
rubriques ; une boîte qui permet de réaliser une recherche par mots clés ; une petite
description du site ; une partie consacrée à des parcours spécifiques ; une autre présentant ce
que le « Point du FLE » propose, à savoir des ressources éducatives avec support audio, une
sélection des meilleures adresses sur l’apprentissage du français ; et une dernière proposant
des liens sur l’actualité du FLE / FLS / Formation de base. Le texte est lisible sans effort. Le
graphisme, quant à lui, est assez sobre. Il manque cependant des images qui permettraient
d’égayer le voyage au sein de ce site. La publicité ne nuit nullement à la compréhension de
l’information. La navigation est donc aussi simple qu’un clic de souris.
Ensuite, plus spécifiquement, chaque rubrique du menu déroulant présente plusieurs entrées
auxquelles on accède en cliquant. Celles-ci sont elles-mêmes divisées en différentes
catégories. Des liens transversaux invitent à consulter les thèmes complémentaires. Une
courte description accompagnée de symboles informe sur le contenu de ces adresses. Chacune
d’elles présente un intérêt pédagogique et trouve son utilité dans le processus d’apprentissage
du français. Les exercices proposés présentent une correction automatique ; ils sont
accompagnés de documents annexes clairement accessibles sur la page. Les sites répertoriés
offrent de bonnes qualités techniques (logique et rapidité d’exécution). Ces références sont
accessibles gratuitement sur le réseau Internet. Le niveau de difficulté (pour un public non
francophone) y est signalé (1 = débutant (A1, A2) | 2 = intermédiaire (B1, B2) | 3 = avancé
(C1, C2)) ainsi que les sources. Le « Point du FLE » est un annuaire en développement
permanent. Les nouveautés sont alors signalées par une pastille verte.
Pour résumer, le « Point du FLE » propose un outil pratique et convivial fonctionnant comme
un fil rouge et permettant d’accéder rapidement à la ressource recherchée. Le site offre aussi
un panorama de la grande richesse du matériel disponible en ligne et du fort potentiel éducatif
du média Internet. Il met également en valeur et fait connaître le formidable travail des
créateurs de ressources éducatives et interactives. Bref, un annuaire des plus complets à
consulter sans attendre !
Virginie GIGLIO et Pierre PLASSIARD / 3e année
10
FLE : LES « SYSTÈMES » DU FRANÇAIS
Pour acquérir une compétence de communication en français, un allophone (= personne qui
parle une autre langue) doit maitriser toute une série de « systèmes » (cfr SAUSSURE : « La
langue est un système ») imbriqués les uns dans les autres, qu’il doit solliciter simultanément
au moment de produire un énoncé.
Un exemple grammatical ? Les terminaisons des verbes forment un « système » : si on dit
« nous », le verbe sera terminé par « -ons ».
Un exemple lexical ? Les noms de métiers sont souvent terminés par « -ier » : un ouvrier, un
fermier, un charcutier, …
Un exemple pragmatique ? Un « Merci » entraine un « De rien »
Les étudiants de 3e année ont été amenés à réfléchir sur ces « systèmes » et à en reconstruire
quelques-uns. En effet, comme le français est notre langue maternelle, nous ne sommes pas
conscients de ces systèmes qui sont pour nous tout naturels et entièrement automatisés. Il est
important d’en prendre conscience pour pouvoir les enseigner aux élèves étrangers et faciliter
leur mémorisation.
Une contrainte : recourir à un métalangage minimal (dans les premiers temps de
l’apprentissage d’une langue étrangère, celui-ci est en effet plus perturbant qu’utile). Il s’agit
donc de jouer sur les illustrations, les tableaux, les couleurs, la taille des caractères (ce que
l’informatique et Internet permettent de réaliser sans trop de difficultés de nos jours) afin de
rendre l’information claire et précise – il faut que l’apprenant comprenne - sans recourir aux
mots. Une gageure parfois !
Une deuxième contrainte : partir de situations de communication authentiques, proches des
élèves du secondaire, et choisir le vocabulaire en conséquence.
Voici deux des fiches que les étudiants ont conçues : une fiche grammaticale consacrée aux
adjectifs (Alessia Amuso et Valérie Assuntini), une fiche lexicale consacrée aux actes de parole et
au vocabulaire utilisés au café et au restaurant (Pierre Plassiard et Antoine Wilkin).
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Au café…
BOISSONS CHAUDES
BOIRE
BOISSONS FROIDES
Un café
Une limonade : une
orangeade, une citronnade.
BOISSONS
ALCOOLISÉES
Une bière
Un thé glacé
Un thé
Un verre de vin blanc
Une eau pétillante
Un chocolat chaud
Un verre de vin rosé
Une eau plate
Une soupe
Un vin chaud
Un jus de fruits (pomme,
orange,…)
Un lait froid
Un verre de vin rouge
14
- Bonjour, que puis-je vous servir ?
- Je voudrais un thé glacé, s’il vous
plait.
…/…
- Voilà votre thé.
- Merci, je vous dois combien ?
- 1 euro 50.
- Voici.
- Merci beaucoup.
QUESTIONS
Que puis-je vous servir ?
REPONSES
Je voudrais un …, s’il vous plait.
Vous désirez ?
Je désirerais un …, s’il vous plait.
Qu’est-ce que vous voulez ?
J’aimerais un …, s’il vous plait.
Que buvez-vous ?
Je boirais bien un …, s’il vous plait.
Que prenez-vous ?
Je vais prendre un …, s’il vous plait.
15
Au restaurant…
Prix
PETITE RESTAURATION
Croque-monsieur………………………………………………………………………5 €
Sandwich (dagobert, thon mayo, poulet curry, jambon/beurre,…)……………………3 €
Filet américain……………………………………………………………………...4,50 €
Omelette……………………………………………………………………………….5 €
ENTRÉES FROIDES
Carpaccio…………………………………………………………………………..12,50€
Saumon fumé…………………………………………………………………………12 €
ENTRÉES CHAUDES
Quiche lorraine……………………………………………………………………….10 €
Fondue parmesane………………………………………………………………….6,50 €
Croquette de volaille………………………………………………………………..7,50 €
POTAGES
Potage du jour
Potage aux légumes verts
Potage tomate
……………………………………………………….3,50 €
SALADES
Frisée aux lardons………………………………………………………………......8,50 €
Niçoise (tomate, poivron, olive, concombre, artichaut, basilic)……………..……….10 €
César (laitue romaine + tomate, maïs, ail, moutarde)………………………….…10,50 €
PLATS
Spaghetti bolognaise………………………………………………………………..7,50 €
Pizza………………………………………………………………………………..6,50 €
Boulets à la liégeoise……………………………………………………………….8,50 €
Moules………………………………………………………………………………..15 €
Cuisse de poulet / salade……………………………………………………………...12 €
Steak tartare……………………………………………………………………….12,50 €
Assortiment de viandes grillées 800gr (porc, bœuf, volaille)………………………..20 €
Nos plats sont accompagnés de : frites, croquettes, pommes de terre (au choix).
DESSERTS
Glace (vanille, chocolat, fraise,…)…………………………………………...1 € la boule
Crêpe (chantilly, sucre, chocolat,…)…………………………………………………..2 €
Mousse au chocolat……………………………………………………………………2 €
Tarte du jour………………………………………………………………………..1,50 €
!
16
1) La commande…
- Bonsoir, avez-vous choisi ?
- Oui. Comme entrée, je vais prendre une fondue
parmesane, ensuite, des spaghettis bolognaise.
- Moi aussi, s’il vous plait.
- Et vous, Monsieur ?
- Je vais prendre du saumon fumé en entrée et un steak
tartare accompagné de frites comme plat.
- C’est noté.
…/…
- Voici votre commande. Bon appétit !
- Merci.
… / ...
- Ça vous a plu ?
- Oh oui ! C’était délicieux !
- Désirez-vous un dessert ?
- Nous prendrons tous les trois une crêpe chantilly, s’il vous
plait.
- Je vous apporte ça tout de suite.
…/…
2) L’addition…
…/…
- Garçon ! Pourrais-je avoir l’addition, s’il vous plait ?
- Je vous l’amène tout de suite.
…/…
- Voici. Cela fera 57 euros 50 centimes, s’il vous plait.
- Voilà 60 euros. Gardez la monnaie.
- Merci beaucoup. Bonne fin de soirée, au revoir.
- Au revoir.
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ORAL : TRAVAILLER L’EXPOSÉ
La présentation orale d’un sujet (en d’autres termes la pratique de l’exposé) est un exercice
certificatif auquel participent les étudiants de première année du régendat, et notamment du
régendat en français. Travailler ce genre de texte oral trouve en effet tout son sens dans la
formation des enseignants qui, face à une classe, sont amenés quotidiennement à donner des
explications claires, précises, audibles, motivantes, etc.
Afin de clarifier l’évaluation, une grille de critères est proposée aux étudiants en début de
formation.
La liste des exercices qui suivent a pour objectif de faire prendre conscience aux étudiants des
mécanismes conscients et inconscients qui entrent en jeu lors de leur prestation orale.
Une analyse des différents exercices et une réflexion portant sur les prestations individuelles
sont ensuite soumises aux étudiants afin d’en débattre.
Plan de la séquence
1. Lecture des critères d’évaluation : questions-réponses.
2. Exercices visant l’intégration des principaux critères d’évaluation.
3. Analyse réflexive, d’abord écrite, ensuite orale sous la forme de questions posées aux
étudiants après les exercices :
− Repassez-vous le fil des activités.
− Quelles ont été vos difficultés (générales et particulières) ?
− À quoi servent ces exercices… ?
4. Discussion autour des réponses fournies par les étudiants.
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Évaluation de la présentation orale1
Nom :
________________________________
Prénom :
________________________________
Classe :
________________________________
Sujet :
(au choix) ___________________________________________
T
R
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PRESTATION
1.
L'attitude est communicative (par le corps, le regard, les gestes).
2.
Le volume de la voix, bien posée, est suffisant.
3.
Les mots sont articulés.
4.
Le débit est fluide, l'intonation est modulée et variée.
5.
L'étudiant s'exprime dans une langue correcte (syntaxe, lexique) et soignée (niveau de langue,
contrôle de l'accent local).
6.
L'étudiant gère habilement son stress, il se montre assertif, sûr de lui, manifeste de l'enthousiasme
et produit un exposé spontané et sans temps mort.
CONTENU
7.
L'exposé commence par une accroche réussie et est explicitement clôturé.
8.
L'exposé est présenté selon une structure personnelle (introduction – développement – conclusion)
et par une mise en relation des différents points.
CONSIGNES À RESPECTER
9.
OUI
La durée de l’exposé est respectée.
10.
L’étudiant s’aide de ses notes (s’il le veut), mais il évite d’en lire des passages.
Commentaires
1
Librement inspirée de la grille présentée sur le site suivant :
http://users.skynet.be/fralica/dispo56/eval/evaloral/eval6241.htm
Appréciation globale
NON
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Exercices de présentation orale2
1.
L'attitude est communicative (par le corps, le regard, les gestes).
Imaginez une activité à laquelle vous aimez participer.
Si toutefois vous en avez besoin, préparez par écrit quelques mots sur ce que vous allez dire.
Parlez-en en position debout les bras le long du corps.
Parlez-en ensuite en position debout en utilisant les mains.
Refaites l’exercice avec une activité que vous détestez.
2.
Le volume de la voix, bien posée, est suffisant.
Texte Sombre instant (ci-après) :
– lire un extrait en voix de tête (« petite voix ») ;
– lire le même extrait en voix posée (« voix grave »).
3.
Les mots sont articulés.
Texte Sombre instant (ci-après) :
– lire un extrait en exagérant l’articulation ;
– lire le même extrait en tentant de se faire comprendre sans articulation.
4.
Le débit est fluide, l'intonation est modulée et variée.
Lire le texte Sombre instant (ci-après) en respectant les consignes données du texte.
5.
L'étudiant s'exprime dans une langue correcte (syntaxe, lexique) et soignée (niveau de langue, contrôle de l'accent
local).
Texte Sombre instant (ci-après) :
– choisir un extrait du texte et le lire avec un fort accent local ;
– le même extrait sans accent ;
– choisir un extrait du texte et le réécrire dans une langue familière.
6.
L'étudiant gère habilement son stress, il se montre assertif, sûr de lui, manifeste de l'enthousiasme et produit un
exposé spontané et sans temps mort.
(Voir numéro 7).
7.
L'exposé commence par une accroche réussie et est explicitement clôturé.
Un bon début (par groupes de 5)
Première partie : prestation
A. Au préalable, écris une phrase qui pourrait être la première phrase de ton allocution et mémorise-la.
B. Un étudiant s’écarte du groupe et tous les participants sont debout.
C. Il va s’asseoir.
D. Il respire profondément deux fois, les yeux fermés.
E. Il se lève, s’approche du groupe, s’arrête à un endroit déterminé pour l’allocution et écoute pour obtenir le silence.
F. Il prend la parole et dit la première phrase de son allocution.
Deuxième partie : règles à respecter
1. Durant l’étape où il se calme et s’approche, l’étudiant ne doit ni se tortiller ni jouer avec ses cheveux, ses vêtements ou
ses mains.
2. Durant l’étape d’arrêt, l’étudiant ne doit ni se tortiller ni parler.
3. Durant l’étape où il doit balayer son auditoire du regard, l’étudiant ne doit ni rigoler sottement ni éclater de rire.
4. Durant l’étape d’écoute, l’étudiant ne doit ni soupirer, ni se tortiller, ni détourner le regard de l’auditoire. (Les étapes 3
et 4 peuvent se faire simultanément, mais aucune ne doit être escamotée. Si un membre de l’auditoire parle, le
présentateur doit attendre jusqu’à ce qu’il ait obtenu l’attention de tous.)
2
Inspirés de : MIYATA, C., L'art de communiquer oralement, Montréal, La Chenelière, 2004.
20
Une fin impeccable…
Récitez les dernières lignes d’un conte populaire (ex. : « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. ») en choisissant de
sensibiliser votre auditoire sur les indices suivants :
baisser la voix
joindre ses mains
ralentir le débit
marquer un temps d’arrêt
sourire
fermer les yeux
hocher la tête
baisser la tête
faire un clin d’œil
saluer
Un étudiant choisit deux ou trois indices et passe devant le groupe en les incluant dans sa prestation. Les autres étudiants
doivent deviner les indices choisis.
Variante : l’étudiant invente un indice qui n’est pas dans la liste et les autres étudiants doivent le deviner.
8.
L’exposé est présenté selon une structure personnelle (introduction – développement – conclusion) et par une mise
en relation des différents points.
Lire le texte proposé et imaginer une suite.
Présenter ensuite votre version de la suite logique de l’histoire.
Philippe Willocq
21
GENRES DE TEXTES : LES CARTES POSTALES « PUBLICITAIRES »
Rendez-vous au café, au cinéma, dans un club de sport, et glanez-y les cartes postales
publicitaires qui s’y trouvent : elles peuvent être la source d’activités de lecture et d’écriture
amusantes, et surtout utiles !
1. Un texte rétroactif : à lire une première fois, puis à relire pour y déceler tous les indices
que l’auteur a (habilement) glissés dans son texte pour nous entrainer sur de fausses pistes
d’interprétation avant de nous donner la clé du sens dans la dernière phrase.
Et dans un deuxième temps, aux élèves de jouer sur des indices de même nature pour
composer un texte de ce genre. C’est-à-dire :
-
le recours systématique aux pronoms dont l’antécédent n’est pas donné
-
les inférences stéréotypées (par exemple ici : « Il avait déjà eu toute la durée du repas.
Mais impossible. » qui amène le lecteur à inférer qu’il s’agit d’une information très
difficile à dire, et donc grave)
-
le suspense créé par le recours systématique à la phrase courte, qu’elle soit verbale
(« Il n’a pas osé lui dire ») ou non verbale : adjectivale (« Mais impossible »),
nominale (« Le bon instant »), adverbiale (« Inévitablement »), participe (« Imaginant
tous les détours qu’il va prendre »), infinitive (« Ou du moins essayer »)
… et l’on voit ainsi que la grammaire est au service du sens !
22
2. Un texte injonctif : à lire une première fois pour rire…
… et ensuite, compléter la liste :
A coller sur la porte d’entrée :
A coller au restaurant :
A coller à la salle de bain :
………………………………………………..
………………………………………………..
………………………………………………..
… mais on peut aussi transformer les phrases en exercice grammatical portant sur
l’injonction :
Conjugue les verbes soulignés dans la deuxième colonne à l’impératif présent.
A coller sur la prise :
A coller dans la voiture :
Ne pas oublier de mettre les doigts dans la prise avant de
crier.
…………………………………………………..
Déposer les enfants à l’école avant d’aller les chercher.
…………………………………………………..
3. Un texte informatif-argumentatif :
Quelques suggestions :
-
Lire le texte et inviter les élèves à y réagir
-
Transformer le texte en article de presse,
en mettant en évidence les caractéristiques
de ce genre de texte
-
Ecrire une carte postale similaire sur
d’autres assuétudes : alcool, cigarette,
télévision, chat, jeux vidéos, gsm, …
23
4. Une liste :
Les listes constituent un genre de texte très amusant à travailler et très fécond ; ici, le travail
est déjà préparé, puisque la carte postale elle-même invite à poursuivre la liste entamée.
Mais on peut concevoir d’autres listes sur le même modèle, en y ménageant, pourquoi pas,
des contraintes grammaticales. Par exemple, l’emploi du subjonctif :
Mon cher frère,
Ma chère sœur,
Mes chers parents,
Chers professeurs,
Chers camarades,
Cher ……………….
Je propose que nous
………………………………
………………………………
………………………………
………………………………
………………………………
………………………………
………………………………
24
ATELIERS D’ECRITURE CREATIFS
Lycée St-Jacques – Mars 2008
« C'est en forgeant qu'on devient
forgeron ». Mais au Lycée SaintJacques, il en va d'une toute autre
manière : c'est en modelant qu'on
devient romancier ; c'est en lançant des
dés qu'on devient poète ; c'est en
dessinant qu'on devient écrivain…
Les étudiants de deuxième année du régendat en français ont proposé aux élèves de 1ère et de
2ème de Saint-Jacques, lors d’une journée consacrée aux conseils de classe, des activités basées
sur les multiples manières d'apprécier l'écriture. Cette expérimentation constituait
l’aboutissement d'un mois de labeur, dans le cadre du cours de didactique, consacré aux
ateliers d'écriture, source de créativité et d'expression.
Les ateliers se ressemblent, s'assemblent, se complètent et divergent : dessin, pâte à modeler,
musique, portrait, tableau, pioche au trésor, senteurs étranges, cadavres exquis, tout est permis
pour les mener jusqu'à la phase finale de production.
Le premier atelier, intitulé « Dessiner un
texte », utilise le support du dessin et du
calligramme pour inciter les participants à
écrire. Divisée en plusieurs étapes, l'activité
est menée de sorte que les élèves,
naturellement, se mettent en branle.
Colombe, flèche, camion, cœur, chat, soleil,
verrou, chocolat : toutes les réalisations
seront affichées pour le plaisir de tous. Cet
atelier favorise tout particulièrement
l'expression graphique, le soin et le choix
d’un vocabulaire précis.
Le deuxième atelier s'appelle « Réveillez vos sens ». Les fils conducteurs de l'activité sont les
cinq sens et l'écriture. Faire comprendre qu'écrire peut rimer avec plaisir, et non souffrir ou
rougir, est un de nos principaux objectifs. Dans cet atelier, les élèves travaillent en groupes,
qui passent d'atelier en atelier, chacun basé sur un des cinq sens. A partir d'une brève mise en
situation, les élèves écrivent ce qu'ils ont ressenti après avoir goûté un aliment, vu une image,
senti une odeur, touché un objet ou entendu un son. La libre expression est donc de mise,
encouragée cependant par certaines contraintes libératrices.
25
Pour faire le portrait d’un oiseau
Peindre d’abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d’utile
pour l’oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l’arbre
sans rien dire
sans bouger…
Parfois l’oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues
années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s’il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de
l’oiseau
n’ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l’oiseau arrive
s’il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l’oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des
plumes de l’oiseau
Faire ensuite le portrait de l’arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l’oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur
du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l’herbe dans la
chaleur de l’été
et puis attendre que l’oiseau se décide à
chanter
Si l’oiseau ne chante pas
c’est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s’il chante c’est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l’oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du
tableau.
Atelier suivant: « Faire le
portrait de ... ».
Dès le commencement, les
élèves sont plongés dans
l'univers
de
l'écriture.
Effectivement, comment ne
pas lire Prévert et son poème
« Pour faire le portrait d'un
oiseau » quand on veut les
mener à produire une
description
amusante ?
Dessins et textes se mêlent
alors afin de créer de
ravissants tableaux.
Jacques Prévert, Paroles (1945)
Le quatrième atelier, « Découvrez-vous l'âme d'un poète », comprend un jeu de société basé
sur les cinq sens ainsi que l'écriture d'un haïku. Le jeu de société est composé de cases
décorées de signes renvoyant à des cartes. Lorsque l'élève a pris connaissance de la carte qu'il
a piochée, il écrit un texte court. A la fin du jeu, il choisit un ou plusieurs de ses textes. A
partir de ceux-ci, il écrit un poème sur le thème du voyage.
Un cinquième atelier s’intitule « Le surréalisme sens dessus dessous ». Les élèves doivent
réaliser un portrait, une peinture, et un texte à quatre mains.
Enfin, le dernier atelier, « La pâte à mots » fait honneur au travail manuel et intellectuel.
«Voici une boite de pâte à modeler : partagez-la avec votre voisin. Ensuite, inventez une
forme». Les élèves commencent à jouer avec la plasticine et peu à peu, quelques formes
émergent : vache, soleil, poule. Bientôt, tout le monde s'y met: serpent, souris, escargot, fleur,
poubelle, bonhomme... « Une fois que vous aurez fini votre forme-personnage, inventez sa
carte d'identité. Est-il originaire de Liège, d'Afrique, de Mars? Quel est son nom, son âge? »
Les rires fusent, il y a « Carla Bruni la vache »,
« Edgard le canard » Très vite, les élèves
inventent tout un monde pour leur personnageobjet.
« Maintenant, inventez-lui une histoire ou racontez
une de ses aventures ». A la fin de l'activité, les
élèves sont invités à présenter leur personnage et à
lire leur production. Cet échange dévoile bien des
merveilles, dont certaines seront affichées dans
l'école.
26
Cette journée d’animation écriture fut une véritable réussite tant pour nous que pour les élèves
de Saint-Jacques : la bonne humeur et la productivité ont fait bon ménage, comme en
témoignent toutes les œuvres produites. Les objectifs espérés ont été atteints : faire découvrir
aux élèves qu'on peut trouver du plaisir à écrire.
Manon Giraud, 2e régendat en français
LA LANGUE DES CONSIGNES
Le « français de scolarité » est cette variété
de français qu’on utilise à l’école, et qui
constitue le plus souvent pour l’élève qui
aborde l’enseignement secondaire une
« langue étrangère », dans laquelle il a bien
du mal à se retrouver. Ne lui jetons pas la
pierre ! Qui d’entre nous prétend qu’il
maitrise toutes les variétés de français ? Il
suffit de se retrouver devant son médecin ou
son notaire pour s’en rendre compte : ces
« sociolectes » constituent aussi pour la
plupart d’entre nous des « langues
étrangères ».
Entrées Libres n°29 – mai 2008
Or, quand on veut (ou qu’on doit…) apprendre une langue étrangère, la première chose qu’on
fait, en général, c’est acheter un dictionnaire. En voici un, consacré aux verbes souvent
utilisés dans les consignes scolaires. Il est proposé par les enseignants de l’institut SaintLaurent de Fléron. Qu’ils en soient ici remerciés ! Nul doute que chacun d’entre nous trouvera
l’occasion d’exploiter dans ses classes cet outil riche et précis, par exemple en illustrant ces
verbes par des exemples issus des manuels scolaires utilisés par les élèves.
27
VERBES
souvent utilisés
dans les consignes
Tâches à effectuer
1. Analyser
Décomposer, discerner les différentes parties d’un tout, expliquer ensuite les
rapports qu’elles entretiennent les unes avec les autres
2. Appliquer
Mettre en pratique, en œuvre
3. Calculer
Mettre en œuvre les règles élémentaires d’opérations arithmétiques, estimer en
chiffres
4. Caractériser
Relever un ou des signes distinctifs de …
5. Chercher
S’efforcer de trouver, puis noter
6. Citer
Reproduire fidèlement, en le marquant par des guillemets, un texte ou une parole de
quelqu’un
7. Classer
Répartir par catégories, dans un ordre déterminé, et de manière à ce qu’apparaisse
une certaine logique
8. Commenter
Faire un commentaire à partir d’une synthèse, formuler des remarques, apporter des
explications, construire un jugement argumenté de manière positive ou négative
9. Comparer
Etablir ressemblances et différences entre deux ou plusieurs éléments
10. Compléter
Ajouter ce qui manque
11. Construire
Disposer dans un certain ordre ; réaliser un plan selon une logique convenue
12. Critiquer
Juger en faisant ressortir les éléments positifs autant que négatifs
13. Décomposer
Séparer en éléments constitutifs d’un ensemble
14. Décrire
Dépeindre par l’écrit ou la parole
15. Déduire
Tirer comme conséquence logique en partant d’une vérité générale pour l’appliquer
à des cas particuliers
16. Définir
Donner la définition, déterminer par une formulation précise l’ensemble des
caractères qui appartiennent à un concept
17. Démontrer
Rendre évident, procéder à une démonstration, établir la vérité d’une proposition de
manière rigoureuse en s’appuyant sur des preuves et sur le raisonnement
18. Déterminer
Etablir, définir de manière précise au terme d’une recherche, d’une réflexion, d’une
étude
19. Discuter
Examiner le pour et le contre et donner son avis (dans la conclusion) basé sur
l’examen
20. Encadrer
Entourer d’un cadre
21. Effectuer
Mettre à exécution
22. Enoncer
Exprimer par écrit ou verbalement, de manière claire, précise, élaborée / = formuler
23. Enumérer
Ecrire l’un après l’autre de manière ordonnée et exhaustive
24. Etablir
Mettre en application ; faire apparaître comme vrai, fonder sur des arguments solides
25. Etudier
Chercher à acquérir la connaissance ; chercher à comprendre par un examen et ainsi
connaître quelque chose
26. Expliquer
Faire comprendre, faire connaître en détail, en développant
27. Exposer
Présenter, mettre en vue
28
28. Exprimer
Manifester ses pensées ou ses connaissances
29. Factoriser
Ecrire sous la forme d’un produit de facteurs
30. Formuler
= énoncer
31. Identifier
Déterminer la nature, établir l’identité, reconnaître
32. Illustrer
Compléter une explication au moyen d’exemples exposés de manière verbale, écrite
ou iconographique (photo, plan, schéma, …)
33. Indiquer
Noter, montrer
34. Juger
Prendre une décision et la défendre ; établir un jugement sur la qualité de quelque
chose, de quelqu’un, en s’appuyant sur des critères de raison ou de conscience
35. Justifier
Donner une explication et la défendre
36. Lire
Prendre connaissance par la lecture
37. Montrer
Faire voir (par les yeux ou par l’intelligence)
38. Nommer
Désigner par un nom, un infinitif ou un groupe nominal
39. Noter
Ecrire de façon structurée, claire, précise et concise des informations ou explications
40. Organiser
Préparer une action dans le détail et en coordonner le déroulement
41. Préciser
Rendre plus exact ; entrer dans la précision, les détails, la rigueur
42. Proposer
Offrir un choix à l’appréciation de quelqu’un
43. Prouver
Etablir par des « témoignages » (objets, expérimentations, raisonnements reconnus,
expression de personnes crédibles, dignes de foi et confrontées à la contradiction…)
44. Qualifier
Exprimer ou attribuer une qualité (ou un défaut)
45. Quantifier
Déterminer la quantité par un nombre et des normes de mesure reconnues
46. Relever
Retrouver (par exemple dans un texte) et noter
47. Remplacer
Mettre à la place de …
48. Représenter
Rendre présent (perceptible) par une figure, un symbole, un signe compréhensible
49. Résoudre
Trouver une solution, une réponse
50. Résumer
Restituer en moins de mots ce qui a été dit ou écrit
51. Retracer
Raconter, rappeler au souvenir
52. Schématiser
Simplifier ou représenter par un schéma
53. Se référer à …
Se reporter à … ; s’appuyer sur des données reconnues comme valables ou des
personnes dont l’autorité ou les connaissances sont incontestées
54. Synthétiser
Présenter sous forme d’ensemble cohérent donnant une vue d’ensemble et nuancée
55. Tracer
Représenter par des lignes et des points
56. Traduire
Exprimer dans une langue ou un langage différent
57. Transformer
Changer, rendre différent par rapport à un état initial
58. Transposer
Mettre une chose à une place ou dans une situation autre que celle qu’elle occupe
59. Trouver
Découvrir et noter
60. Utiliser
Recourir à, tirer parti ou profit de…
61. Vérifier
Examiner la valeur ou la vérité de quelque chose en la confrontant avec les faits ou
en contrôlant la cohérence interne
29
(RE)LU POUR VOUS
F’murr, Au loup !
Dargaud, 1993, réédition de Pepperland 1979
Contrefables … Voici deux planches de la B.D. Au loup ! qui illustrent parfaitement deux
variantes de ce genre de texte :
- la contrefable qui raconte ce qui se passe après la fable telle que nous la connaissons
(ci-dessus)
- celle qui transforme les personnages en modifiant une de leurs caractéristiques (dans
le cas de la contrefable ci-dessous, l’âge des personnages notamment).
30
Prenez plaisir à comparer, avec vos élèves, les versions de La Fontaine et de Perrault avec
celles de F’Murr. Observez bien les détails, et puis, proposez aussi à vos élèves de « jouer »
avec les classiques !
Toutes les caractéristiques de la fable et de la contrefable sont expliquées notamment dans
Repérages 1, manuel de français publié aux éditions Van In.
31
LITTERATURE JEUNESSE
Alex COUSSEAU
COUP DE CŒUR !
Né en 1974 à Brest, Alex COUSSEAU vit en Bretagne. Il est l’auteur aux Editions du
Rouergue de cinq récits pour les plus jeunes dans la collection « Zig Zag » et de quatre autres
romans dans la collection « doAdo ».
Romans courts (100 petites pages), incisifs, sans tabous, ils interpellent et accrochent le
lecteur, jeune ou adulte. L’écriture d’Alex Cousseau est rapide, simple et efficace, sans rien
perdre en nuances. Il nous fait véritablement entrer dans le cœur et les « tripes » de ses
personnages, des adolescents d’aujourd’hui, avec leurs questions, leurs regards, leurs joies et
leurs inquiétudes. On frissonne avec eux, on perd ses repères parfois, ou bien on a vraiment
peur. La poésie apparaît au détour d’une page, se perd : qu’est-ce qui est vrai ? qu’est-ce qui
est faux ? Le monde est-il une illusion ? La vie vaut-elle d’être vécue ?
La fin ouverte (ô combien fertile pédagogiquement parlant, car elle montre que le texte n’est
pas le seul à détenir le sens, mais que le lecteur doit construire celui-ci lui-même, dans une
démarche active d’interprétation, et si possible en confrontant son interprétation à celle
d’autres lecteurs) ne frustre pas, au contraire, elle laisse à l’imagination tout le loisir
d’inventer la suite. Et les couvertures sont superbes !
A découvrir en vacances !
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ERRATA
Dans le deuxième numéro de notre revue, l'auteur du compte rendu « Chine, catalogue des
droits humains non respectés » n’était pas Adrien Deboeur (qui a cependant contribué à la
révision de ce texte), mais Laur-Anne Marée (1e régendat français). Toutes nos excuses.
FORMATIONS CONTINUÉES 2008-2009
A vos agendas !
Les professeurs de français du régendat animeront l’année prochaine 3 formations dans le
cadre du CECAFOC:
20-21 novembre 2008
19-20 janvier 2009
2 mars 2009
Jean Kattus
Remédier aux difficultés des faibles
Françoise Joiret (HeNaC) lecteurs dans le cadre du 1er degré
différencié
Pierre-Yves Duchateau
Ecrire avec de faibles scripteurs
Jean Kattus
Sylvie Bougelet
Enseigner la grammaire aux 1er et 2ème
degrés
Jean Kattus
ENVOI
La lecture de ce numéro vous a plu ?
Vous aussi, vous avez des expériences didactiques à partager ?
Alors, n’hésitez pas : communiquez-nous vos projets d’articles à
[email protected]
Post Scriptum : Peu d’accents circonflexes dans ce numéro… C’est que, en 1990, il y a
presque 20 ans déjà, l’Académie française a approuvé la recommandation (et non contrainte)
suivante :
Il n’y a pas d’accent circonflexe sur les lettres i et u (sauf quelques exceptions).
Voilà pourquoi vous rencontrerez dans ces pages des maitres de stage, et le gout de lire…